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La mangue sauvage, le rotin ou encore le gnetum (communément appelé Okok, Eru), sont des

ressources forestières exploitées au Cameroun et dans la plupart des pays d’Afrique centrale.
Ils
sont récoltés, pour subvenir à des besoins vitaux variés, dans les forêts près desquelles vivent
des
populations qui en sont fortement dépendantes. Le régime juridique des forêts camerounaises
prévoit des dispositions qui encadrent l’exploitation des produits forestiers non ligneux. Il
s’agit
dans cet article d’apprécier l’influence de cet encadrement juridique sur le développement des
localités près desquelles ces ressources sont prélevées. L’analyse permet d’affirmer que le
cadre
juridique de l’exploitation des produits forestiers non ligneux présente des mesures favorables
à
un développement durable des localités riveraines des forêts exploitées. Toutefois, si l’on
considère le postulat du développement durable qui exige la prise en compte des aspects
économiques, sociologiques et écologiques, on fait face à des incomplétudes qui amenuisent
leur
effectivité. D’où la nécessité de renforcer la législation en matière d’exploitation des produits
forestiers non ligneux

La forêt camerounaise fait partie du bassin du Congo, deuxième réserve mondiale de


carbone. Elle couvre plus de 22 millions d’hectares de forêt, soit 47 pour cent du territoire
national
(Globalforestwatch 2000). Cette étendue forestière regorge d’une grande diversité de
ressources
biologiques, parmi lesquelles les produits forestiers non ligneux. La doctrine
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considère comme non
ligneux toutes ressources autre que le bois d’œuvre. Les arguments restent toutefois partagés
sur les
produits qui rentrent dans cette catégorie. Pour certains, les ressources du règne animal à
l’instar des
crevettes, des escargots et des insectes divers qu’on retrouve dans les forêts sont des produits
forestiers non ligneux ( FAO 2008) au même titre que les végétaux spontanés tels les fruits
forestiers
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et résines
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diverses. Qu’à cela ne tienne, les produits forestiers non ligneux font référence
ici aux produits spontanés d’origine végétale et à certaines espèces de microfaunes
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dont
l’importance reste capitale pour les populations. Au Cameroun, comme dans la plupart des
pays en
développement disposant d’un couvert forestier, les produits forestiers non ligneux assurent le
maintien de la sécurité alimentaire. Plusieurs ménages en sont tributaires pour leur
subsistance. Ils
utilisent ces produits pour se soigner, se nourrir ou tirer des revenus nécessaires pour subvenir
aux
dépenses de première nécessité. Les activités liées à l’exploitation des produits forestiers non
ligneux concourent à l'autonomisation financière des femmes rurales qui représentent les
personnes
les plus actives dans la filière de valorisation (CIFOR 2007). Les produits forestiers non
ligneux
représentent pour les populations riveraines, les éléments anthropologiques et culturels
fondamentaux. Ils y tirent l’essentiel du matériel artisanal, les représentations de leur
gastronomie,
les bases du mystico- religieux, et les composantes de leur pharmacopée traditionnelle.
La gestion durable des produits forestiers non ligneux est désormais une constante de la
politique forestière internationale et nationale, qui fait de la ressource non ligneuse un
potentiel
économique exploitable. Les règles régissant cette exploitation sont consignées dans
l’ensemble des
textes relatifs à la gestion des ressources forestières. Les orientations générales de la politique
forestière camerounaise font de la valorisation des produits forestiers non ligneux l’un des
points
d’encrage de la lutte contre la pauvreté. Elles prévoient une stratégie de dynamisation de
l’exploitation des produits forestiers non ligneux ayant pour objectif une contribution à
l’économie
nationale, à la lutte contre la pauvreté, sans pression écologique sur la ressource
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. Les localités
riveraines des forêts où sont exploités les produits forestiers non ligneux doivent également
profiter
de ces bienfaits, car elles restent plus vulnérables au dépérissement de la ressource. Il se pose
donc
le problème de l’appréciation locale de l’exploitation des produits forestiers non ligneux.
Les études menées à ce sujet (Lescuyer 2010) montrent que les effets de l’exploitation des
produits forestiers non ligneux sur les moyens de subsistances locales restent assez relatifs. Il
s
pose en fait le problème des facteurs du développement durable dans les localités où sont
exploités
les produits forestiers. Celui-ci ouvre la voie à l’appréciation de l’efficacité de la
réglementation de
l’exploitation des ressources forestières face aux objectifs de développement durable. Au
centre de
la problématique de la présente contribution, il est question de savoir si le régime juridique de
l’exploitation des produits forestiers non ligneux au Cameroun peut influencer le
développement
durable des localités riveraines des forêts.
La profusion des appels à la reformulation des cadres légaux de gestion et d’exploitation des
ressources forestières, et la rareté des analyses juridiques relatives aux ressources forestières
non
ligneuses justifient la pertinence de la question. .la résolution de ce questionnement passe par
le
truchement de l’approche exégétique et systémique. Aussi, l’analyse de la législation en
vigueur et
celle des données collectées
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, montre qu’il existe des dispositions légales favorables au
développement durable des localités riveraines, mais celles-ci restent perfectibles

Elaborer des stratégies politiques à même de promouvoir le développement


du secteur PFNL; 2. Compléter et renforcer l’application des textes
règlementaires d’une façon harmonisée en prenant en compte les PFNL; 3.
Elaborer une fiscalité appropriée et harmonisée relative aux PFNL; 4.
Quantifier le potentiel de ressources naturelles fournissant des PFNL
majeurs faisant l’objet d’échanges et de commerce; 5. Elaborer et appliquer
les plans d’aménagement prenant suffisamment en compte les PFNL; 6.
Elaborer des approches communes de gestion des PFNL en conformité
avec le cadre de la convention sur la biodiversité; 7. Encourager et appuyer
l’organisation des structures professionnelles des filières PFNL; 8. Collecter
et disséminer des informations relatives aux opérateurs économiques
exerçant sur le secteur PFNL; 9. Collecter et disséminer des données
statistiques sur le commerce des PFNL; 10. Publier périodiquement des
informations relatives au secteur PFNL; 11. Renforcer l’échange
d’informations et des données relatives aux recherches sur les PFNL.

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