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La similarite en marketing : perimetre, mesure et champs dapplication

Article  in  Recherche et Applications en Marketing · July 2016


DOI: 10.1177/0767370116653551

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2 authors:

Christophe Bezes Maria mercanti-guérin


ISTEC Business School Paris Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne
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653551
research-article2016
RAM0010.1177/0767370116653551Recherche et Applications en MarketingBèzes et Mercanti-Guérin

Pédagogie RAM
Recherche et Applications en Marketing
2017, Vol. 32(1) 86­–109
La similarité en marketing : © l’Association Française du Marketing, 2016
Reprints and permissions:
périmètre, mesure et champs sagepub.co.uk/journalsPermissions.nav
DOI: 10.1177/0767370116653551
d’application ram.sagepub.com

Christophe Bèzes
Istec, France

Maria Mercanti-Guérin
CNAM, France

Résumé
Le concept de similarité est central dans la recherche en marketing. Ses domaines d’applications sont très
variés. Pourtant, ce concept plus complexe qu’il ne paraît, reste encore méconnu. Il doit être distingué
d’autres concepts très proches comme la similitude, la différence, le fit et la congruence. Cet article montre
que le type de similarité utilisé (littérale ou relationnelle) a des conséquences différentes sur les processus
cognitifs des consommateurs. Ceci peut modifier radicalement les résultats d’une expérimentation. Il en va
de même du type de mesure utilisée.

Mots-clés
congruence, extension de marque, fit, similarité littérale, similarité relationnelle

Introduction
La similarité est très utilisée en marketing. Elle Toutefois, l’opérationnalisation de la similarité
permet de catégoriser des produits, d’étudier le en marketing fluctue fortement d’une recherche à
positionnement concurrentiel d’une marque ou l’autre, au moins pour trois raisons. D’abord, la
d’évaluer sa capacité à s’étendre vers une autre similarité est fréquemment confondue avec les
catégorie de produits. L’importance opérationnelle concepts de congruence et de fit (Maille et Fleck,
de ce concept est renforcée par le fait que de 2011) ; ces trois termes peuvent d’ailleurs coexister
nombreuses techniques statistiques y recourent  : dans une même recherche sans être réellement
analyses en composantes principales, regroupements définis. Ensuite, le type de similarité mis en
hiérarchiques, méthode des nuées dynamiques … La évidence dépend de la manière dont les stimuli ont
similarité permet en effet de catégoriser et de été préalablement catégorisés par le chercheur.
partitionner des groupes d’objets, de valeurs ou de Enfin, des écarts peuvent apparaître selon que la
données dans des espaces ou des systèmes en similarité est mesurée « objectivement », c’est-à-
calculant leur proximité, donc leur degré de similarité. dire déterminée par un ensemble de traits ou

Auteur correspondant:
Christophe Bèzes, Istec, 12 rue Alexandre Parodi 75010 Paris, France.
Email: c.bezes@istec.fr
Bèzes et Mercanti-Guérin 87

attributs communs indépendants de l’observateur, l’environnement (Ratneshwar et al., 2001). Des


ou subjectivement, c’est-à-dire fondée sur des choses semblables tendant à être regroupées (Medin
classements « sans critères » visant surtout à établir et al., 1993), la similarité permet en effet de cerner
des catégories (Thibaut, 1997). une catégorie sans même avoir à la définir : « la
Une interprétation aussi fluctuante et contingente catégorisation est donc plus une question d’évaluation
de la similarité obère alors la possibilité de comparer de la similarité que d’application d’une définition »
de manière fiable les résultats d’une étude à l’autre. (Medin et Smith, 1984  : 117). C’est d’ailleurs
Cet article a donc pour objectifs de mieux délimiter pourquoi la catégorisation holistique, soutenue par
le concept de similarité par rapport aux concepts des prototypes, définis comme des « images abstraites
connexes (similitude, différence, fit et congruence), incorporant les caractéristiques ou attributs les plus
d’en présenter différentes applications pratiques et usuellement associés aux membres de la catégorie »
de montrer de quelle manière les conditions d’une (Sujan, 1985 : 32), ou par des exemplaires (membre
expérimentation peuvent faire varier le type de de la catégorie qui la définit le mieux), est désormais
similarité et sa mesure. privilégiée par rapport à la catégorisation analytique
à partir d’un ensemble d’attributs (Fiske et al., 1987;
Sujan et al., 1986). La typicalité qui se définit comme
La similarité, un concept une relation de proximité entre un objet et une classe,
central mais dual ne serait d’ailleurs qu’une «  forme déguisée de
similarité » (Medin et Smith, 1984  : 117) qui
Un concept central dans les théories assurerait la médiation entre la similarité et la
de l’apprentissage catégorie (Rips et Collins, 1993).
Concept fondamental, omniprésent dans les théories
de l’apprentissage et du comportement (Tversky,
Un concept dual : de la similarité
1977), la similarité constitue une heuristique qui
littérale à la similarité relationnelle
permet aux individus, « en l’absence de connaissance
spécifique », d’établir des suppositions avisées qui Longtemps, la psychologie et le marketing n’ont
les guideront « pour l’action » (Medin et al., 1993 : considéré la similarité que comme un « type de
258). Dans un environnement complexe, elle rend la comparaison » (Medin et al., 1993 : 259) qui permet
pensée humaine plus efficace et plus rapide. En de juger d’une « relation de proximité entre deux
effet, les catégories qui regroupent des objets objets » (Tversky, 1977 : 347). Mais aujourd’hui, la
similaires sont au cœur de la cognition humaine littérature distingue deux grands types de similarité :
(Monneret, 2014). La loi de la similarité régit, par la similarité littérale (ou taxonomique) et la
exemple, les rapports de sympathie et d’attraction similarité relationnelle (ou thématique). La
entre des individus qui présentent les mêmes traits distinction entre la similarité basée sur les attributs
de personnalité (Byrne et al., 1967). Elle est, à ce et celle basée sur les relations est ici fondamentale
titre, prédictive des comportements  : « si un (Gentner et Gunn, 2001). En effet, «  des
organisme rencontre dans une nouvelle situation, représentations mentales consistent en des systèmes
des éléments semblables à ceux pour lesquels il a hiérarchiques qui codent des objets, des attributs
déjà donné une réponse, il aura tendance à répéter d’objets », mais aussi « des relations entre objets et
ses réactions » (Reed,1927 : 111). C’est pourquoi la des relations entre relations » (Gentner et Markman,
similarité est fréquemment mobilisée pour étudier 1994 : 152). La similarité littérale est dominée par
les comportements des consommateurs (Hem et les caractéristiques des objets alors que la similarité
Iversen, 2002  ; Ratneshwar et Shocker, 1991), non-littérale est plus large et plus profonde (Gentner
notamment en matière de catégorisation des produits et Gunn, 2001). Par exemple, une bière Budweiser
(Cohen et Basu, 1987) et d’extensions de marques. est littéralement similaire à un cola Budweiser,
Sa faculté à guider les comportements humains mais relationnellement similaire à des chips
s’explique par son rôle clé dans le processus de Budweiser car elles sont souvent consommées
catégorisation qui permet de réduire la complexité de ensemble (Estes et al., 2012).
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La conception initiale de la similarité : la similarité litté- des relations a un impact direct sur le type de simi-
rale.  La similarité littérale correspond à la concep- larité utilisé (Goldstone et al., 1991).
tion initiale de Tversky (1977). Formalisée dans le Les premiers développements d’une conception
modèle des contrastes, elle marque un net progrès élargie de la similarité remontent à Ortony (1979).
par rapport au modèle de distance mentale de She- Celui-ci les justifie par l’incapacité de la similarité
pard (1962) ou de Rips et al. (1973). Fondée sur les littérale à relier des domaines jusqu’ici jugés trop
propriétés tangibles des objets comparés, et notam- éloignés et trop différents. En s’appuyant non plus
ment sur leurs attributs les plus saillants, elle repose sur des attributs identiques, mais sur des attributs
sur l’intuition que plus des objets partagent des « hautement similaires » (Ortony, 1979 : 165) ou sur
caractéristiques communes, plus ils sont similaires des relations entre attributs, voire entre objets,
(Tversky, 1977). Les attributs y sont définis comme Ortony multiplie les degrés de similarité depuis la
des composantes primitives et insécables des sti- forme la plus littérale où tous les attributs saillants
muli (Medin et al., 1990). Indépendantes de l’objet, et identiques coïncident indépendamment du
ces propriétés peuvent être concrètes ou abstraites contexte (« les panneaux d’affichage ressemblent
(Gregan-Paxton et John, 1997). En effet, Tversky à des pancartes »), à des formes non littérales
(1977 : 329) ne nie pas que ces caractéristiques comme les métaphores (« les panneaux d’affichage
« puissent refléter des attributs abstraits tels que la ressemblent à des verrues ») qui peuvent se révéler
qualité ou la complexité » ; les caractéristiques phy- « non pertinentes ou inappropriées  » dans un
siques des produits demeurent néanmoins prépon- contexte particulier (Ortony,1979 : 162). Même si
dérantes. Allant au-delà de la simple apparence qui elles n’y font pas explicitement référence, trois
ne compare que des attributs de surface, la simila- conceptions non-littérales de la similarité découlent
rité littérale compare à la fois les attributs et les rela- des propositions d’Ortony.
tions étroites que ces attributs génèrent. Elle épouse La théorie de la cohérence conceptuelle comble
ainsi la conception de Leibniz (1995) et des mathé- certaines lacunes du modèle des contrastes en
maticiens qui se référent à des attributs géomé- termes de catégorisation. En effet, la similarité
triques et concrets, directement proportionnels et littérale est trop sensible aux pondérations des
dotés de composantes essentielles identiques. attributs, au contexte et aux instructions données
Outil privilégié de la catégorisation, cette lors de l’expérimentation (Medin et al., 1993). C’est
similarité littérale sert de base à la théorie probabiliste pourquoi elle n’est pas « suffisamment contraignante
(Rosch et al., 1976) et à celle de l’exemplaire. pour déterminer la cohérence d’un concept » et est
Toutefois, si la catégorisation par similarité littérale donc incapable d’expliquer à elle seule la formation
de Tversky s’est substituée à la théorie classique, d’une catégorie (Murphy et Medin, 1985 : 289). En
plus lourde en matière de verbalisation, de s’inspirant du raisonnement par analogies, la théorie
connexions causales et d’explications (Murphy et de la cohérence conceptuelle permet de maximiser
Medin, 1985), elle a été rapidement remise en cause le chevauchement et les différences conceptuelles
par d’autres approches faisant appel à des niveaux entre les objets comparés. Elle suggère que le
d’abstraction plus élevés. jugement de similarité consiste à rechercher le
meilleur alignement structurel possible des
La conception élargie de la similarité : la similarité rela- informations activées : le concept ou la catégorie
tionnelle ou thématique. Plusieurs courants de doit présenter dans sa structure interne des
recherche se sont émancipés du modèle des « propriétés connectées par des relations
contrastes, jugé trop restrictif car trop centré sur des fonctionnelles ou par un schéma causal », et ne doit
caractéristiques perceptuelles (plutôt que concep- pas contredire la base de connaissances déjà
tuelles). En effet, « la similarité implique beaucoup acquises sous peine d’être « instable ou rapidement
plus qu’un simple calcul effectué sur un ensemble oubliée  » (Murphy et Medin, 1985  : 313). Les
de caractéristiques fixes … (Elle) aligne des carac- individus peuvent d’autant mieux juger de la
téristiques plutôt que de juste les additionner » similarité que les différences sont alignables, c’est-
(Medin et al., 1993 : 275). Le poids des attributs et à-dire reliées à une structure commune (Gentner et
Bèzes et Mercanti-Guérin 89

Markman, 1997 ; Goldstone et al., 1991) et plus Cette conception duale (littérale mais aussi
mémorisables (Loken, 2006). Le recours à relationnelle) de la similarité brouille les frontières
l’alignement structurel des différences aboutit à un avec certains concepts voisins, en premier lieu avec
jugement plus fin et plus sûr que le modèle des celui de congruence.
contrastes (Medin et al., 1993). D’ailleurs, pour
Murphy et Medin (1985 : 313), « la forte similarité
La similarité face aux
entre membres de la catégorie et la faible similarité
entre catégories n’est qu’un sous-produit de la concepts proches
structure interne  ». Dans le cas où les objets Le sens commun considère les jugements de
comparés présentent peu de caractéristiques similarité comme de parfaits symétriques des
communes et ne peuvent donc pas être alignés, jugements de différence. Il n’en est rien (Goodman,
l’intégration relationnelle s’impose (Bassok et 1972). En 1913, Hollingworth constatait déjà ce
Medin, 1997). Deux théories y font référence. phénomène : « le plus semblable n’est pas … le
Barsalou valide la structure hiérarchisée des moins différent, pas plus que le moins similaire est
catégories ad hoc en utilisant une conception identique au plus différent » (Hollingworth, 1913:
relationnelle, donc moins stricte, de la similarité. En 289). En effet, « la similarité est une relation où se
se basant sur les usages (Ratneshwar et Schocker, combinent différence et identité » (Monneret, 2014 :
1991 ; Ratneshwar et al., 2001) ou sur les buts 7). Tversky (1977), Medin et al. (1990) ou Dubé et
(Barsalou, 1983  ; 1985), cette théorie part du Schmitt (1999) montrent ainsi que les jugements de
principe que les individus peuvent constituer similarité confèrent plus d’importance aux
spontanément des catégories pour atteindre un but caractéristiques communes alors que les jugements
dans un contexte nouveau. Ces catégories, qui ne de différence se focalisent sur les points distinctifs.
sont révélées que par un contexte particulier, Les premiers sont aussi plus globaux et moins
diffèrent des catégories naturelles parce qu’elles ne analytiques que les seconds, ce qui les rend plus
sont pas logées dans la mémoire à long terme (sauf faciles, plus naturels et plus cohérents dans le temps
si elles sont fréquemment mobilisées) et parce (Hollingworth, 1913). La distinction entre ces deux
qu’elles peuvent « inclure des produits disparates concepts pose en premier lieu le problème des
qui partagent peu ou pas de caractéristiques de échelles de mesure utilisées pour évaluer tout autant
surface  » (Ratneshwar et al., 2001  : 148). Par la similarité que la différence (Medin et al., 1990).
exemple : des chips et des glaces comme prototype Sur un plan plus managérial, elle explique aussi
de produits anti-diététiques (Boush, 1997). pourquoi, selon qu’ils sont évalués en termes de
Une dernière approche se concentre sur une similarité ou bien de différence, des produits
forme extrême de relations : les relations thématiques. proches qui partagent des attributs communs (Coca-
La différence essentielle entre les catégories ad hoc Cola et Pepsi plutôt que jus de fruits ou bière) seront
et les relations thématiques tient au fait que les jugés tout à la fois comme plus similaires et plus
premières sont organisées autour d’un but commun dissimilaires que les autres (Johnson, 1981).
que les propriétés internes communes à chaque objet A l’inverse, la similarité est souvent confondue à
(Estes et al., 2012) permettent de servir de manière tort avec les concepts de similitude, de congruence
pertinente (Barsalou, 1983). Sans ce but commun, et de fit.
aucune cohérence entre ces objets n’existe. En
revanche, les relations thématiques sont totalement
Similarité et similitude
extérieures aux objets et reposent sur des éléments
qui doivent jouer des rôles très différents et Bien que possédant la même étymologie, la similarité
complémentaires dans un même thème ou scénario. n’est pas synonyme de similitude. En effet, la
Dans ce cas, la complémentarité semble presque similitude désigne une ressemblance complète
fortuite : par exemple, interaction inattendue mais (identité) entre deux entités alors que la similarité
réussie d’un iPod et d’une chaussure dans les Nike+ renvoie à une ressemblance approchante (Thibaut,
(Estes et al., 2012). 1997). Parce qu’elle se fonde sur plusieurs
90 Recherche et Applications en Marketing 32(1)

similitudes, la similarité est donc plus globale que la En tant que concept (et non comme liaison
similitude. Par ailleurs, contrairement à celle-ci, la entre deux concepts), le fit est presque
similarité implique toujours un sujet (l’objet exclusivement utilisé en marketing pour évaluer
considéré) et un référent (l’objet auquel il est l’opportunité d’une extension de marque1 : « il y a
comparé). Ce dernier est généralement favorisé pour fit quand le consommateur accepte le produit
sa saillance (Dubé et Schmitt, 1999 ;Tversky, 1977), comme étant logique et s’attend à voir ce produit
c’est-à-dire pour son intensité et sa prévalence dans sous cette marque » (Tauber, 1988: 28). Pour cet
la classification utilisée à ce moment-là (principe de auteur, il constitue avec l’effet de levier (capacité
« diagnosticité »). Le recours obligatoire à un de la marque à s’imposer dans la catégorie en
référent explique d’ailleurs pourquoi, contrairement extension) l’une des deux conditions de réussite
au jugement de similitude en mathématique, le du transfert d’attitude vis-à-vis de l’extension.
jugement de similarité en psychologie est toujours Mais la conception du fit varie fortement au fil des
« directionnel » (Tversky, 1977 : 328), c’est-à-dire recherches, puisqu’il peut s’agir d’un « lien direct
non transitif et asymétrique. La stratégie de ou indirect en terme de type de produit (même
positionnement par similarité d’un nouvel entrant technologie ou savoir-faire de fabrication,
peut alors échouer quand les consommateurs ont du produits complémentaires), des attributs physiques
mal à attribuer « un nombre limité de bénéfices et/ou fonctionnels, des cibles ou des bénéfices
clairement identifiables » au leader référent (Dubé et consommateur en commun, ou encore des
Schmitt, 1999 : 212) ; un nouvel entrant aura au évocations symboliques (statut social,  …)  »
contraire davantage de chances de réussite s’il (Dimitriadis, 1993 : 26).
capitalise sur un attribut unique très distinctif (Cunha Les premiers travaux sur l’extension de marque
et Laran, 2008). Parce que la propriété asymétrique (Boush et al., 1987) ont d’abord introduit la
de la similarité « implique le transfert asymétrique similarité entre les catégories de produits pour
de l’affect » (Boush 1997 : 425), Boush préconise, modérer le fit, c’est-à-dire le transfert d’affect entre
par exemple, qu’une marque nouvelle cultive l’évaluation globale de la compagnie et une nouvelle
d’abord sa réputation sur le produit prototypique de marque que celle-ci a créée. En effet, l’affect généré
la catégorie avant de s’étendre à d’autres produits de par une marque ne suffisait pas à lui seul pour
la même catégorie ad hoc. Cette propriété de la garantir une extension atypique. L’extension est
similarité a aussi été utilisée dans le domaine de la alors d’autant moins bien perçue que la similarité
publicité comparative par Johnson et Horne (1987) entre les catégories de produits est faible et que
et dans celui des produits hybrides par Saaksjarvi et l’image de la marque est excellente mais très
Pulkkinen (2009). spécialisée.
Enfin, pour que l’objet comparé puisse « entrer Quelques travaux, minoritaires en nombre mais
en correspondance » avec son référent (Kruhmans, pas en intérêt, maintiennent cette distinction
1978 : 452), la similarité est toujours construite par conceptuelle entre la similarité et le fit, en faisant
l’individu. Cette capacité d’infléchir à sa guise ce du premier concept non plus un modérateur, mais
jugement permettra toujours à une vieille tante de un antécédent du second. Pour Park et al. (1989),
trouver à un nouveau-né quelqu’air de ressemblance les jugements de similarité se distinguent des
avec ses propres aïeux (Shanon, 1988). jugements de fit car ils opèrent au niveau des
produits (attributs concrets et caractéristiques
fonctionnelles), et non pas au niveau des marques
Similarité et fit
(valeurs symboliques et concepts abstraits). Tout
Dans la littérature en marketing, le concept de comme Broniarczyk et Alba (1994), ces auteurs
similarité n’est quasiment jamais délimité par identifient deux antécédents du fit : l’un lié à la
rapport à des concepts connexes tels que ceux de similarité entre produits ou entre catégories de
congruence et de fit. Il est même le plus souvent produits ; l’autre lié à la perception de cohérence
confondu avec eux. Pourtant, il s’agit initialement du concept de la marque en extension, c’est-à-dire
de concepts bien distincts. aux associations induites par la marque. La
Bèzes et Mercanti-Guérin 91

distinction entre similarité, cohérence du concept (1992) sont emblématiques de cette conception,
et fit expliquerait selon eux, pourquoi les équivoque car indéfinie, de la similarité. La
extensions de marques de prestige (plutôt que complémentarité des deux classes de produits
fonctionnelles) pourraient présenter un bon fit sans (capacité à être « consommées conjointement pour
que pour autant il y ait similarité d’attributs, de satisfaire un besoin particulier ») et la substituabilité
propriétés ou d’usages entre leur catégorie (capacité à se remplacer l’un l’autre et « à satisfaire
d’origine et celle en extension. Prolongeant le les mêmes besoins ») sont les deux dimensions
travail de Czellar (2003), Bèzes et Dubois (2013) retenues par Aaker et Keller (1990 : 30), comme
montrent que la similarité relie des croyances alors constitutives du fit, donc de la similarité. Or, la
que le fit relie des attitudes en y apportant un sens, substituabilité repose sur une similarité concrète,
c’est-à-dire un jugement de valeur. Les croyances donc littérale, alors que la complémentarité fait
étant les antécédents des attitudes, la similarité référence à une similarité abstraite et relationnelle
pourrait donc être un antécédent du fit comme Park car fondée sur des usages ou sur des buts (Mao
et al. (1991) l’ont modélisé. et al., 2012 ; Taylor et Bearden, 2002). En outre, la
Les recherches qui persistent à dissocier les deux conception du fit chez Aaker et Keller est fluctuante
concepts relativisent aussi beaucoup plus que les puisque le fit est d’abord relationnel (Aaker et
autres le rôle de la similarité en matière d’extension Keller, 1990) puis littéral (Keller et Aaker, 1992).
de marque : sauf pour certains produits, la similarité D’où la nécessité pour Bridges (1989), Bridges
n’agirait pas directement sur l’évaluation de et al. (2000) ou Seltène (2004), de le scinder en fit
l’extension mais indirectement via le fit (MacInnis produits/extension fondé sur une similarité littérale,
et Nakamoto, 1991, in Cegarra et Merunka, 1993 : et en fit image/extension, fit association et fit
66). L’impact du fit serait davantage lié aux contexte, fondés sur une similarité relationnelle ou
associations spécifiques de la marque par rapport à sur une congruence.
ses concurrentes qu’à la similarité (Broniarczyk La nécessité de mieux distinguer la similarité
et Alba, 1994 ; Park et al., 1991). En effet, si les du fit d’une part, et la similarité littérale de la
jugements de similarité sont susceptibles de faciliter similarité relationnelle d’autre part, rend donc les
les jugements de fit (Park et al., 1991), Broniarczyk contributions pionnières de Park et al. (1989 ;
et Alba (1994) doutent que les consommateurs aient 1991), de Broniarczyk et Alba (1994) ou de Herr
besoin de procéder à un jugement de similarité et al. (1996) aujourd’hui très pertinentes en matière
globale entre les deux catégories. Pour ces auteurs, d’extensions de marques.
peu importe que les produits soient similaires ou
pas en termes d’attributs ; ce qui compte c’est qu’ils
Similarité et congruence
correspondent aux bénéfices escomptés dans une
situation donnée (similarité relationnelle et non pas Ce besoin de clarification conceptuelle est tout
littérale). D’ailleurs, plus la marque est associée aux aussi urgent pour distinguer la similarité de la
attributs de son produit d’origine, moins elle semble congruence. Pourtant, la plupart des exemples de
extensible hors de sa catégorie initiale ; au contraire, congruence étudiés en marketing portent sur des
plus l’utilité de la marque est reconnue, plus celle-ci objets qu’il serait impossible de comparer dans le
est extensible (Rangaswamy et al., 1993). D’où cadre de la similarité de Tversky (1977) : une
l’intérêt de repérer le type de similarité à l’œuvre marque et un produit (Meyers-Levy et al., 1994), un
dans ce processus (Hem et Iversen, 2009). parrain et l’événement auquel il s’associe (Kamins
Cependant, un autre courant de recherche, et Gupta, 1984), des éléments verbaux et picturaux
toujours dominant, a très vite assimilé la similarité dans une publicité (Heckler et Childers, 1992),
au fit, mais sans définir précisément ce qu’il l’image de l’utilisateur d’un produit et l’image de
entendait par similarité (parmi les auteurs les plus soi (Sirgy, 1982), le goût et l’odeur d’un produit
connus : Aaker et Keller, 1990, Dacin et Smith, alimentaire (Maille, 2007), une musique et une
1994 ou Brudvig et Raman, 2006). Les travaux publicité (Galan, 2009 ; Kellaris et al., 1993), ou des
d’Aaker et Keller (1990) et de Keller et Aaker magasins et des sites marchands (Bèzes, 2013).
92 Recherche et Applications en Marketing 32(1)

Théorisée par Mandler (1982) et opérationnalisée jugement de congruence (Cech, 1989), ce qui rend
en marketing par Meyers-Levy et Tybout (1989), la ce jugement symétrique et transitif, au contraire du
congruence est définie «  comme la cohérence jugement de similarité. Dans sa dimension
descriptive entre des attributs et des attentes « pertinence », la congruence pourrait même, dans
associées, des contextes, ou des schémas » (Kirmani certains cas, intégrer un jugement antérieur de
et Shiv, 1998 : 44) et l’incongruence comme « une similarité littérale (Maille et Fleck, 2011).
violation des attentes » (Bruner et Postman, 1949 :
208). La notion de schéma mental2 qui supporte des
Synthèse
attentes et des prévisions est donc centrale dans le
concept de congruence (Mandler, 1982 ; Meyers- La figure 1 montre que la plupart des concepts
Levy et Tybout, 1989) : c’est par rapport à ce schéma précédemment discutés se différencient
mental que l’on peut juger si la congruence est essentiellement par le nombre d’attributs concrets
pertinente et/ou attendue. En revanche, la similarité communs et de relations communes qu’ils prennent
fait davantage référence aux catégories. Or, les en compte. La similitude porte sur un attribut
schémas diffèrent des catégories parce qu’il s’agit commun partagé par les deux objets comparés alors
de «  structures spatialement et temporellement que la similarité prend en compte un faisceau
organisées  » (Stayman et al., 1992  : 240) qui d’attributs concrets partagés, donc de similitudes.
intègrent comme les catégories, « des connexions De son côté, la congruence se focalise sur des
verticales entre une catégorie supérieure (nom de la relations plus abstraites entre ces objets, ce qui lui
catégorie) et une catégorie subalterne (membre) », permet de relier entre eux des objets physiquement
mais aussi des connexions horizontales « basées moins proches. En revanche, le fit se distingue de la
sur la relation temporelle, spatiale et causale » congruence car il intervient au niveau des attitudes,
(Khan et Paivio, 1988 : 558). C’est d’ailleurs et non pas des croyances. Bèzes et Dubois (2013)
l’activation du schéma associé qui déclenche prennent l’image de deux prises électriques, l’une
l’effort de catégorisation (Pavelchak, 1989). mâle, l’autre femelle : bien que n’ayant aucune
Une deuxième distinction entre la similarité et la caractéristique physique commune (absence de
congruence concerne les types de stimuli mis en similarité littérale), elles partagent des propriétés
relation. La congruence implique une comparaison d’usage (congruence) qui peuvent selon les cas, se
sur une base extrinsèque (plutôt qu’intrinsèque) aux traduire par un bon ou un mauvais fit. Sur l’axe
objets et moins concrète que la similarité (Leibniz, « croyances-attitudes », la congruence se positionne
1995). En effet, elle met en jeu des équivalences plus haut que la similarité littérale ; elle peut en effet
indirectes entre objets pouvant être de natures relier des croyances intermédiaires (bénéfices ou
différentes, alors que la similarité implique une buts) et ainsi intervenir plus tard dans le processus
comparaison directe entre attributs ou objets de décision du consommateur.
semblables et homogènes, c’est-à-dire de même Finalement, l’extension du concept de
nature (Bèzes, 2010). Cette capacité de la similarité, au-delà de la seule comparaison des
congruence à rapprocher des entités de natures très attributs (Tversky, 1977), pourrait l’avoir rendu
différentes s’explique par sa faculté à explorer des « vide de sens » (Medin et al., 1993 : 254 se
relations structurelles plus profondes, toujours par référant à Goodman, 1972). En effet, la similarité
analogie donc avec des niveaux d’abstraction plus relationnelle n’est-elle pas simplement de la
élevés et avec moins d’attributs partagés que la congruence ? Etonnamment, cette question n’est
similarité (Bèzes, 2010  ; Gentner et Markman, quasiment jamais abordée dans la littérature en
1997 ; Gregan-Paxton et John, 1997 ;Leibniz, 1995 ; psychologie ou en marketing. Seul Barsalou
Ortony, 1979). (1983), dans son expérimentation 2b, hésite sur le
A ce titre, la congruence intègre ou combine les processus d’élaboration des catégories ad hoc :
stimuli en présence alors que la similarité les comparaison par similarité, ou bien une autre
compare. Grâce à ce mécanisme d’intégration, le relation d’équivalence sans comparaison (comme
premier objet présenté (le référent) ne biaise pas le la congruence) ?
Bèzes et Mercanti-Guérin 93

Figure 1.  Distinction conceptuelle entre la similitude, la similarité, la congruence et le fit.

Au-delà de cette zone d’ombre conceptuelle, (lancement de nouveaux produits ou services). La


un consensus se dégage néanmoins sur trois points seconde partie de l’article dresse un panorama
qui font de la similarité un processus « dynamique » synthétique de son utilisation en marketing en
(Medin et al., 1993 : 275) : 1/ le jugement de distinguant l’influence interpersonnelle de la
similarité est davantage construit par l’individu similarité (action sur la personne), sa capacité à
que déterminé par les caractéristiques des objets dégager de nouvelles voies créatives tant dans la
en présence ; 2/ un modèle dual de similarité, communication, la marque ou le produit (action sur
mesuré par les attributs et/ou sur les relations, le processus), son apport dans l’analyse des champs
s’est imposé chez les psychologues. En effet, deux concurrentiels ou culturels nouveaux pour
processus distincts peuvent agir dans (Bassok et l’entreprise (action sur l’environnement). Par la
Medin, 1997) ou sur (Gentner et Gunn, 2001) les suite, nous présenterons les principaux facteurs qui
jugements de similarité  : l’un compare les influencent le type de similarité mis en œuvre dans
propriétés des stimuli lorsqu’elles sont d’une les processus cognitifs et les principaux outils
manière ou d’une autre alignables ; l’autre les disponibles pour la mesurer.
intègre relationnellement dans un scénario
commun, notamment lorsque ces stimuli sont Les champs d’application de
difficilement alignables ; 3/ la nature des stimuli
en présence conditionne le processus cognitif mis
la similarité en marketing
en œuvre : comparaison et non pas intégration La similarité est très utilisée en marketing en tant
(Bassok et Medin, 1997). que mesure ou en tant que concept. L’une de ses
Le concept de similarité est transverse à toutes applications les plus connues concerne l’analyse
les politiques marketing, depuis la gestion de des marchés et de la concurrence. Elle est aussi
produit jusqu’à la communication, en passant par la fréquemment mobilisée pour étudier la relation
créativité des processus ou des productions client-vendeur ou les extensions de marques.
94 Recherche et Applications en Marketing 32(1)

La similarité au fondement des selon la situation d’usage envisagée par le


analyses des marchés et de la consommateur, la similarité est en revanche stable
concurrence d’une situation à l’autre et se fonde sur l’asymétrie
entre marques. Cette asymétrie est liée au fait que les
Chandon et Strazziéri (1986) soulignent le lien
marques d’un même marché sont considérées comme
conceptuel entre ensemble évoqué et similarité.
des sous-ensembles d’attributs de la marque
Compte tenu de leur similarité, les marques
prototypique. Les recherches étudient principalement
concurrentes exercent le même attrait et la même
les relations de la similarité sous l’angle concurrentiel
configuration de bénéfices pour le consommateur.
et son influence sur les heuristiques décisionnelles.
Pham (1996) utilise ainsi un mapping des similarités
Bien que les jugements de préférence ne puissent
à deux dimensions (distance et qualité) pour illustrer
pas être assimilés à des jugements de similarité,
quatre effets de contexte essentiels dans le choix
certains auteurs considèrent qu’ils s’influencent
d’un restaurant (effet d’attraction, de contraste, de
très fortement (Derbaix et Sjöberg, 1994).
compromis et d’humeur).
Néanmoins, les jugements de préférence chez les
La similarité des marchés est aussi considérée
consommateurs reposeraient sur l’analyse des
comme le préambule à une stratégie
bénéfices utilitaires ou hédoniques alors que les
d’internationalisation efficace. Il s’agit ici d’identifier
jugements de similarité reposeraient sur l’analyse
des marchés similaires pour adapter le mix-marketing
des attributs physiques d’un produit (Creusen et
à ces zones mais aussi réaliser des économies
d’échelle. Hofstede et al. (2002) segmentent les Schoormans, 1997). Même si ces auteurs n’y font
marchés internationaux en prédéfinissant des zones pas allusion, ce résultat pourrait illustrer à quel
géographiques supposées homogènes en termes de point la similarité littérale centrée sur les attributs
styles de vie, de valeur et donc de comportements de concrets des objets considérés n’agit pas au même
consommation. En utilisant une approche bayésienne niveau du processus d’élaboration et de décision
hiérarchique, ils développent un modèle général. De des consommateurs qu’une similarité relationnelle
même, Douglas et Craig (1996) analysent les davantage centrée sur des bénéfices ou des buts. La
similarités entre unités géographiques et portefeuilles similarité littérale constitue vraisemblablement une
d’activités ; pour eux, les indices d’une bonne croyance de base alors que la similarité relationnelle
similarité inter-marchés résident dans un constitue une croyance intermédiaire plus
comportement des consommateurs (goûts, intérêts, subjective, ce qui explique la forte part d’affectivité
achats) et un environnement identiques (régulation, repérée par Collange (2005) dans les jugements de
distribution, infrastructures, publicité). Grein (2000) préférence. Parce que, pour cette raison, les
propose une mesure de la similarité entre marchés marques les plus littéralement similaires ne sont
fondée sur l’évaluation du PIB par tête et un score pas obligatoirement les plus concurrentes, Chandon
de proximité culturelle adaptée des travaux et Strazziéri (1986) recommandent d’ailleurs
d’Hofstede. Il montre que la publicité et la d’utiliser de façon combinatoire des cartes
détermination des prix sont les variables du mix les perceptuelles concurrentielles et des cartes
plus influencées par la similarité de marchés. Dans perceptuelles fondées sur la similarité.
une optique plus organisationnelle, Kim et Parkhe Dans le domaine de la communication
(2009) distinguent, quant à eux, la similarité de également, la similarité est considérée comme une
compétition et la similarité de coopération. Ils variable essentielle de la concurrence entre
proposent une échelle de mesure à quatre dimensions marques. La recherche de Poncin et al. (2006)
(contexte culturel, contexte national, corporate, fondée sur la théorie de l’assimilation-contraste
pratiques managériales). montre que les annonces placées dans un même
Du côté du consommateur, l’étude de la écran publicitaire sont d’autant plus concurrentes
concurrence recourt à trois concepts clés  : la qu’elles sont perçues comme similaires. Elle
substituabilité, la similarité et l’intensité de prouve que les réactions positives associées tant à
concurrence reposant sur l’ensemble de considération la dimension plaisir qu’à la dimension excitation
(Mercanti-Guérin, 2010). Si la substituabilité varie sont influencées par les réactions affectives
Bèzes et Mercanti-Guérin 95

déclenchées par l’annonce précédente en cas traditionnels, le Web en fait aussi un concept central
d’annonces dissimilaires. Par ailleurs, plus dans la construction d’algorithmes de recommandation
l’implication est forte à l’égard du produit, plus les sociale et personnalisée. Celle-ci se fonde sur une
annonces sont traitées de façon systématique et mesure multidimensionnelle de la similarité sur la
plus la similarité ou la dissimilarité peuvent être base de critères individuels en termes d’âge ou de
perçues comme importantes. Pour sa part, Law genre (Gefen et Straub, 1997) ou en termes de
(2002) analyse la répétition de slogans de marques motivations d’achat (Hassanein et Head, 2006). Outre
perçues comme similaires et leur impact sur la cette similarité littérale, elle prend aussi en compte
mémoire. Cet auteur met en évidence la confusion des similarités plus relationnelles, en comparant les
mémorielle induite par la répétition de slogans de parcours de navigation, les recherches effectuées ou
deux marques similaires et insiste sur l’importance les sites visités. La similarité est ainsi utilisée pour
de ses résultats dans un contexte concurrentiel recommander l’achat de mots clés : des algorithmes,
aboutissant aux lancements de produits me-too. La comme ceux utilisés par Google Adwords, calculent
répétition publicitaire dans un contexte de marché des indices de similarité contextuelle entre les mots
encombré a ainsi pour effet une neutralisation des clés achetés par les annonceurs et les pages Web sur
concurrents entre eux. lesquelles vont s’afficher les publicités. Elle est aussi
Schweidel et al. (2006) étudient la manière de mobilisée pour insérer sur les sites, des publicités
faire évoluer la communication d’une marque Display : les bannières d’un annonceur sont adressées
dans le temps et en fonction de la concurrence, aux internautes ayant manifesté un intérêt pour des
tout en conservant les attributs spécifiques qui ont sites similaires en termes de produits ou de contenus.
fait sa force (sagas publicitaires). Ils proposent un Plus récemment, le look-alike modeling3 a étendu ce
modèle de mesure de la similarité qui prend en ciblage comportemental aux prospects les plus
compte un score de similarité élaboré en fonction fortement similaires aux bons clients.
de publicités présentées par paires, une évaluation
de la distance entre les items publicitaires et le
La similarité interpersonnelle :
noyau central (items spécifiques conservés quelle
un objet d’études aux multiples
que soit la communication). Seules trois
applications
dimensions apparaissent explicatives de la
perception de la similarité entre annonces  : Un autre champ d’application de la similarité en
l’humour, les caractéristiques-produit et marketing concerne la similarité interpersonnelle.
l’impression de continuité entre les annonces. Celle-ci constitue une des causes principales de
La similarité est aussi utilisée en matière de l’attraction ressentie entre deux individus. Cette
publicité comparative. Celle-ci est définie comme attraction interpersonnelle comporte plusieurs
une exécution publicitaire qui copie les attributs dimensions dont l’intelligence perçue, la désirabilité
produit spécifiques dans le but d’associer les ou la proximité physique (Byrne et Griffith, 1973).
caractéristiques physiques de la nouvelle marque Mobilisée en marketing dans la conception de
avec les caractéristiques physiques de la marque produits, la distribution, la communication ou la
dominante (Wilkie et Farris, 1975). La publicité gestion de la force de vente, la similarité
comparative est plus efficace pour détourner vers interpersonnelle a fait l’objet de recherches assez
une nouvelle marque les acheteurs d’une marque disparates tant en termes de mesures que de
dominante qu’une imitation de son packaging ou de conclusions. Elle a été étudiée sous l’angle strictement
ses attributs-produit (Dröge et Darmon, 1987). En interpersonnel (similarité entre consommateurs) ou
recourant au modèle des contrastes, Johnson et sous un angle plus transitif (similarité entre
Horne (1988) montrent en effet que la publicité consommateurs via le produit ou similarité entre
comparative renforce les associations entre marques consommateurs et représentants de la marque). Ici,
et accroît leur similarité perçue. nous lui conférons un statut plus large de relation :
Si la littérature donne une place importante à relation entre clients, entre clients et force de vente,
l’utilisation de la similarité par les médias mais aussi entre individus et avatars.
96 Recherche et Applications en Marketing 32(1)

Les effets de la similarité entre deux individus réassurance, ce qui n’est pas le cas lorsque le genre
sont relativement aisés à démontrer. L’hypothèse de est identique. Cette influence est modérée par le
similarité-attraction prédit en effet que des type d’interactions entre clients et par le nombre de
personnes similaires ont plaisir à être ensemble clients présents sur le point de vente.
(Nass et al., 1995). Néanmoins, les effets de la Concernant la conception de produit, Damak
similarité interpersonnelle ne sont pas toujours (1997) effectue des mesures morphologiques
positifs. Swartz (1984) montre ainsi qu’il n’existe (réelles et perçues) en rapport avec le design de
pas de relation entre l’expertise perçue de l’émetteur flacons de parfum. Sa recherche confirme la
et la similarité perçue avec le récepteur. Cette tendance à préférer des formes physiquement
absence de relation doit donc être nuancée en similaires chez les individus qui ont une image
fonction de la catégorie de produits. Dans le positive de leur corps (concept de soi) et des formes
domaine des cosmétiques, la perception d’une différentes ou complémentaires chez ceux qui en
faible similarité avec le mannequin présent dans la ont une image négative (volonté de rapprocher son
publicité aboutit à une faible expertise perçue. Pour soi perçu de son soi idéal). Si, dans la recherche de
des produits plus technologiques et peu liés au Damak, on peut encore parler de similarité, il
corps, comme l’achat d’une télévision, il existe un convient davantage de parler de congruence (Sirgy,
lien entre faible expertise et forte similarité comme 1982) dans les recherches qui traitent de l’image
si l’expert ne pouvait ressembler au novice. d’un produit et du concept de soi, puisque les objets
Dernièrement, Bourcier-Bequaert et De Barnier comparés ne sont pas du tout de même nature.
(2014) ont montré que la similarité d’âge subjectif L’interface individu–site Internet fait également
entre un mannequin dans une annonce publicitaire appel à une similarité avec de nouvelles perspectives
et des consommatrices seniors a un effet indirect sur conceptuelles. La similarité peut ainsi être vue
l’attitude envers la marque, mais que cet effet est comme une similarité physique, de mouvement4
renforcé lorsque les consommatrices peuvent (même façon de se déplacer pour un individu et son
aisément s’identifier à un mannequin « ordinaire ». avatar) ou sociale (sentiment de même appartenance
En matière de contexte d’achat, la seule présence sociale entre l’avatar et l’individu). Cette similarité
de consommateurs similaires à soi influence la étendue passe par une vision anthropomorphique de
satisfaction induite par le shopping, via un processus l’objet comparé à l’individu (Nowak, 2004).
tant affectif que cognitif (Kwon et Ha, 2013). Zhang L’internaute tend à personnifier son ordinateur
et al. (2014) étudient comment les facteurs sociaux (Moon, 2000), d’où la tendance à socialiser et à
peuvent influencer la visite en magasin. Ils mettent humaniser les contacts sur les sites Internet pour
en évidence que les contacts du client avec d’autres améliorer l’expérience en ligne (Lemoine et Cherif,
clients, mais aussi avec les vendeurs, modifient le 2012). C’est ainsi que les rapports qu’entretiennent
temps et le parcours d’achat du consommateur. Le les consommateurs et les avatars sont étudiés sous
processus d’achat est davantage influencé par les l’angle de la similarité interpersonnelle. David-
interactions clients–clients que par les interactions Ignatieff (2012) montre que la similarité perçue
clients–vendeurs. Néanmoins, en cas d’interactions d’âge entre le consommateur et l’avatar a une
clients–vendeurs, la similarité perçue avec la force influence sur l’achat5. Nass et al. (1995) prouvent
de vente (notamment au niveau de l’âge, du genre et que les internautes privilégient les avatars de même
de l’ethnie) a une influence sur les comportements apparence ethnique qu’eux, qu’ils leur font plus
d’achats. Jiang et al. (2010) montrent ainsi que la confiance et jugent la qualité de leurs arguments
similarité dite incidentale entre consommateurs et plus élevée que celle d’avatars moins similaires.
vendeurs (partager le même prénom, la même date Générer de la similarité interpersonnelle
de naissance, vivre dans le même quartier) a une représente donc un vrai enjeu pour les sites de ventes
influence favorable sur les attitudes et les intentions en ligne mais aussi pour les distributeurs et leurs
d’achat en magasin. Lorsque l’âge ou l’ethnie est forces de vente. Ce défi les amène à créer de
similaire, le client a moins de contact physique avec nouvelles formes d’interaction et à imaginer d’autres
le produit. Il éprouve un besoin plus faible de formes de communication ou de distribution.
Bèzes et Mercanti-Guérin 97

La similarité comme source de plus difficiles à interpréter. L’hybridation courante


créativité en marketing aujourd’hui de produits technologiques pose donc
des problèmes cognitifs aux consommateurs ; les
La similarité est de plus en plus utilisée par les entreprises doivent les prévenir en investissant
praticiens pour donner une cohérence à leur davantage dans l’explication et dans la publicité.
politique marketing dans le cadre de lancements de Une autre application de la similarité dans le
produits, d’adoption de formes de communication domaine de la créativité concerne la co-création de
inédites mais aussi d’extension de marque ou de produits. Thompson et Malaviya (2013) examinent
canal de distribution. Elle peut même être considérée les conditions dans lesquelles une annonce
comme un fondement de la créativité. En effet, un publicitaire dont la création a mobilisé des
consommateur créatif est un individu qui dispose consommateurs est efficace auprès de
d’un réseau cognitif dense lui permettant de relier consommateurs non impliqués dans sa conception.
des concepts entre eux (Hirschman, 1980). Le En général, une telle initiative est source de
réseau inter-concepts est mesuré en soumettant au scepticisme eu égard aux compétences des
consommateur une liste diversifiée de produits co-créateurs. Mettre en avant des consommateurs
représentatifs de différents domaines de co-créateurs a seulement un effet positif sur les
consommation (transports, loisirs, nourriture). Ces consommateurs aux ressources cognitives limitées,
produits sont arrangés par paire, et les individus très fidèles à la marque et qui partagent certains
doivent lister les similarités et les ressemblances à traits communs à ceux des co-créateurs.
l’intérieur de chaque paire. Plus le consommateur Mais concernant la création de nouveaux
sait déceler des liens de similarité ou de produits, la similarité est surtout utilisée dans les
« dissimilarité » entre les produits ou les différents extensions de gammes et de marques. Ce thème a
attributs de ces produits, plus sa créativité est jugée déjà été largement abordé pour distinguer
forte, car son aptitude à résoudre un éventuel conceptuellement la similarité du fit ; nous y ferons
problème de consommation est accrue par sa à nouveau référence lorsque seront examinées les
capacité à effectuer une comparaison la plus variables qui conditionnent les mécanismes de la
exhaustive possible des différents produits et à similarité et ses effets.
sélectionner un produit supérieur. Un consommateur
expérimenté dispose donc d’un réseau inter-
concepts plus développé qu’un consommateur Les mesures de la
moins expérimenté. La créativité liée au produit similarité et les facteurs qui
trouve une partie de ses fondements dans le modèle l’influencent
associationniste de Mednick et Mednick (1962).
Les mesures de la similarité
Décrite comme une façon d’atteindre une solution
créative, la similarité créative est considérée par ces Les méthodes pour mesurer la similarité sont
auteurs comme le fondement d’arts tels que la presque aussi variées que ses applications. Il peut
rhétorique ou la musique. s’agir de méthodes qualitatives ou quantitatives
Gill et Dubé (2007) étudient la création de indirectes qui, à partir de traits ou de dimensions
nouveaux concepts de produits à partir de la communes, permettent d’analyser les proximités
combinaison de deux concepts de produits déjà entre objets comparés. Il peut aussi s’agir de
existants. Les concepts de nouveaux produits créés méthodes directes, plus subjectives, qui recourent à
en combinant relationnellement des concepts des échelles pour mesurer une similarité globale ou
existants sont plus rapidement et plus facilement des similarités plus spécifiques (littérale ou bien
interprétés que ceux créés en associant littéralement relationnelle). Si les mesures indirectes paraissent
les concepts. Parmi les concepts créés de manière plus objectives, elles ont néanmoins l’inconvénient
littérale, ceux qui combinent ou modifient les de prendre en compte des antécédents de la
fonctions de deux types de produits (plutôt que similarité que l’individu n’aurait pas forcément
leurs caractéristiques non-fonctionnelles) sont aussi considérés de prime abord (Maille et Fleck, 2011).
98 Recherche et Applications en Marketing 32(1)

Le tableau 1 dresse un panorama non exhaustif forme d’images plutôt que décrits
de ces instruments de mesure par domaines verbalement, plus leurs caractéristiques
d’application. Il exclut les outils qui ne font pas distinctives prennent d’importance (Medin
explicitement référence au concept de similarité, et al., 1990) ;
mais plutôt à ceux de congruence ou de fit. C’est
- le type de comparaison demandée et l’option
pourquoi par exemple, les travaux d’Aaker et Keller
focale qui impose une direction, c’est-à-dire
ne sont pas ici répertoriés ici alors qu’ils le sont
le choix d’un sujet et d’un référent (Tversky
dans la synthèse livrée par Estes et al. (2012) auquel
et Gati, 1982) ;
le lecteur peut se reporter.
Seules les recherches sur les extensions de - la situation (Barsalou, 1983 ; Corfman, 1991 ;
marque n’utilisent que des échelles de mesure. En Schmitt et Dubé, 1992) ;
revanche, celles qui portent sur les autres champs
- les caractéristiques personnelles des individus
mentionnés dans le tableau 1 (analyses de
(Alba et Hutchinson, 1987 ; Sujan, 1985).
marchés, similarité interpersonnelle, cross-
culturalisme), utilisent tout aussi bien des mesures
Les types de jugements de similarité mobilisés
indirectes que directes. Cette diversité de mesure
pour évaluer des extensions de marque permettent
de la similarité indépendamment du domaine
d’illustrer de manière concrète ces différents
étudié constitue indéniablement une opportunité
points.
d’enrichissement et d’approfondissement pour les
Tout d’abord, les catégories d’objets à comparer
chercheurs qui sauront les croiser ou les associer.
lors d’une expérimentation peuvent
En outre, les techniques de référencement naturel6
involontairement biaiser les résultats en orientant
sur le Web font désormais appel à des indices de
les répondants vers tel ou tel type de similarité.
similarité. Leur objectif est de distinguer le
Les consommateurs recourent à la similarité
contenu original du contenu copié ou plagié, peu
relationnelle lorsqu’ils doivent mettre en relation
valorisé par les moteurs de recherche tels que
des catégories d’objets éloignées en termes de
Google. Ces méthodes, qui analysent des
contenu et que la marque mère de ces produits est
ensembles de mots, présentent des points
prestigieuse (Monga et John, 2010). En effet, cette
communs avec les analyses sémantiques utilisées
mise en relation nécessite d’examiner des éléments
en marketing et traitant de la similarité : elles
plus abstraits (Gentner, 1988 ; Johnson, 1984 ;
analysent des ensembles de mots7 et mettent en
Markman et Wisniewski, 1997 ; Ozanne et al.,
avant les similarités entre deux pages Web.
1992). Une marque-mère symbolique pourra donc
Cette extrême diversité d’outils peut néanmoins
plus facilement s’étendre sur des catégories de
être source de complexité en faisant apparaître des
produits symboliques. En effet, les consommateurs
écarts inexpliqués de résultats selon la méthode
partiront alors de l’abstrait, c’est-à-dire des
utilisée. Mais au-delà de divergences de mesures,
caractéristiques mémorisées de la marque-mère
ces écarts peuvent être dus à des facteurs personnels
pour évaluer les produits en extension (évaluation
ou contextuels.
de type top-down) : Park et al. (1989) donnent ici
l’exemple de Gucci qui propose des sacs, des
Les facteurs personnels ou parfums mais aussi des stylos. En revanche, si la
contextuels qui influencent le type de marque mère commercialise des produits
similarité utilisé fonctionnels, les consommateurs jugeront de la
pertinence de l’extension, en examinant la
Plusieurs facteurs sont susceptibles de faire varier la
similarité littérale entre les attributs concrets des
perception de la similarité mais aussi ses conséquences
produits de la marque (évaluation de type
sur le comportement des consommateurs :
bottom-up) : Park et al. (1989) donnent l’exemple
de Honda qui proposent des produits dont le point
- la manière dont les stimuli sont présentés. Par commun est d’être économiques en carburant
exemple, plus les stimuli sont présentés sous (motos, voitures compactes, …).
Tableau 1.  Panorama non exhaustif des principales mesures de la similarité par domaines d’application en marketing.
Auteurs Objet de recherche Hypothèse principale Opérationnalisation de la mesure Limites

Mesures de la similarité : l’approche sectorielle


Kim et Parkhe Analyse des alliances d’entreprises. Les alliances entre firmes trop similaires en Echantillon de 70 firmes américaines des industries Le fait d’avoir scindé en 4 construits différents
(2009) termes de ressources et de couverture des chimiques, électroniques ou électriques. les mesures de la similarité coopérative ne
marchés (similarité compétitive) produisent Utilisation d’une échelle de mesure multi-items pour permet pas véritablement une comparaison
un résultat négatif à l’inverse des alliances mesurer la similarité compétitive et de plusieurs avec le construit de similarité compétitive qui,
fondées sur une similarité coopérative (même construits pour mesurer la similarité coopérative. au contraire, est totalement agrégé.
socle culturel, même origine nationale, même
pratiques de management).
Bèzes et Mercanti-Guérin

Hofstede et al. Segmentation internationale des Les similarités spatiales entre régions Approche bayésienne hiérarchique avec spécification Terrain réalisé sur l’Europe avec des pays et
(2002) marchés : application à l’image des conditionnent les similarités des perceptions et des niveaux de dépendance spatiale ; test comparatif régions qui partagent une « culture historique
magasins de viande en Europe. besoins des consommateurs. de 4 modèles de prévision. importante » et qui peut ainsi avoir favorisé la
segmentation a priori.
Grein (2000) Analyse des stratégies marketing Plus les pays sont similaires, plus les stratégies Calcul d’un score global intégrant différents Prise en compte de variables essentiellement
internationales des constructeurs marketing des constructeurs le sont aussi. éléments (PIB par tête, échanges commerciaux macroéconomiques.
automobiles. entre pays …) puis de la distance euclidienne pour
chaque paire de pays comparés.
Creusen et Analyse des effets sur les préférences Les jugements de préférence sont davantage Etude qualitative sur 89 personnes et sur 2 types Aucune comparaison des effets de la similarité
Schoormans (1997) de différents types de similarité. influencés par des bénéfices ou des de produits. littérale basée sur les attributs concrets des
attributs d’image alors que les jugements de objets et de la similarité relationnelle basée
similarité sont davantage influencés par les sur les attributs d’image et les bénéfices.
caractéristiques concrètes des produits.
Green et al. (1978) Définition des préférences à l’égard de Utilisation de l’analyse conjointe afin de Classement de 7 lieux de vacances (groupe 1). Limites en termes de notations attribuées
lieux de vacances. déterminer des groupes de préférence fondés Classement de 6 attributs en trois niveaux selon (validité inter-juges), de validité externe et de
sur la similarité des perceptions. leur similarité perçue avec les lieux (groupe 2). choix des attributs.
Soumission de 18 profils de lieux de vacances
(groupe 3) et utilisation de l’analyse conjointe.
Jain et Pinson (1976) Mise en évidence de l’importance L’ordre de présentation des comparaisons Utilisation du modèle Indscal (individual difference Pas de différence de jugement de similarité
de l’ordre des stimuli, de l’attention par paires produit des poids différents pour scaling) sur 136 répondants. Ce modèle permet pour aucune des manipulations effectuées
des répondants et de l’implication chaque dimension. Par ailleurs, augmenter le d’étudier les différences entre juges. (ordre, attention, implication). La manière
dans les jugements de similarité. Les niveau d’attention des individus aboutit à une d’opérationnaliser ces trois variables est
jugements de similarité ont porté sur augmentation artificielle du poids de chaque discutée et présentée comme peu pertinente.
un échantillon de 8 villes américaines. dimension perçue.
Neidell (1972) Mesures de la similarité appliquée au Utilisation de la comparaison par paires Expérimentation 1 : choix de deux médicaments Difficulté de notations concernant
marché du médicament. afin de générer des indices de similarité et parmi trois considérés comme les plus similaires l’expérimentation 1. L’expérimentation 2
comparaison avec la méthode dite de points et de deux considérés comme les moins similaires est plus riche en termes d’indications sur
d’ancrage. entre eux (sémantique différentielle). les produits mais ne fonctionne que pour un
Expérimentation 2 : soumission d’une échelle de nombre limité de stimuli (n=10).
mesure par stimulus, notation de chaque produit sur
chaque échelle (point d’ancrage). Les stimuli sont
générés par les répondants.
Fry et Claxton Mesure de la similarité de 12 marques Utilisation de l’analyse sémantique différentielle Sélection de 216 fumeurs londoniens. Mesure de la Congruence forte entre les deux méthodes
(1971) de cigarettes. et des jugements directs de similarité. similarité de 12 marques de cigarettes, sélection de de mesure. Méthodes jugées complémentaires
Comparaison des deux méthodes. 4 marques parmi les 12 jugées les moins similaires plutôt qu’exclusives. Les limites de l’analyse
en termes d’image. Application d’une analyse différentielle résident dans l’estimation
sémantique différentielle concernant les 4 marques des intervalles de mesure et dans le risque
choisies. d’omettre une dimension.
Utilisation du programme Torsca d’analyse
multidimensionnelle.
99
Tableau 1. (suite)
100

Auteurs Objet de recherche Hypothèse principale Opérationnalisation de la mesure Limites

Comparaison des méthodes de mesure de la similarité


Johnson et Hudson Evaluation de la perception des La représentation spatiale de la similarité Phase 1 : les sujets ont classé par paires six stimuli, Limitation des résultats aux analyses
(1996) utilisateurs des méthodes d’analyse est plus intuitive et mieux assimilée par chacun correspondant à 12 produits ou services. concurrentielles.
des marchés. Deux méthodes sont les managers que la représentation par Phase 2 : différentes cartes et classifications ont été Stimuli choisis parfois trop protypiques ce
évaluées : les méthodes dites spatiales classification. élaborées. Une échelle de mesure de l’utilité perçue qui confère aux solutions fondées sur la
permettant d’évaluer la similarité des Les deux méthodes seraient complémentaires des deux méthodes a été soumise à un deuxième catégorisation un avantage sur les méthodes
marques et des produits sur une carte dans leur approche de la similarité. La échantillon. spatiales.
et les méthodes dites de clustering ou représentation spatiale permettrait d’évaluer Les résultats montrent que les deux types d’analyse
classification. la concurrence entre marques de la même sont perçus comme plus utiles dans le cas de la
catégorie alors que les méthodes de concurrence entre marques qu’entre catégories.
classification apportent un éclairage sur la Par ailleurs, la familiarité préalable avec les marques
concurrence entre catégories elles-mêmes. ou catégories analysées ont une influence sur la
perception de l’utilité des deux types d’études.
Wilkes et Wilcox Réflexion sur la validité et fiabilité Mesure via les jugements directs de similarité Deux échantillons d’individus ont noté deux types Dans l’expérimentation de Summers et
(1977) des jugements de similarité. (comparaison de paires). de stimuli (automobile et emplacement de campus) MacKay (1976), les sujets s’étaient révélés
Commentaires autour d’une recherche Les données ont été triangulisées, agrégées puis incapables d’identifier leur propre mapping.
faite par Summers et MacKay (1976) retestées sur un deuxième groupe un mois plus Les jugements directs de similarité ne sont
sur le marché automobile et les tard. Trois cartes perceptuelles ont été soumises pas une mesure valide des perceptions.
emplacements de campus. deux semaines après (carte données individuelles et La duplication de Wilkes et Wilcox (1977)
agrégées). Pour chaque carte, les sujets notaient la sur des étudiants aboutit à une conclusion
carte sur une échelle à 7 modalités (ne correspond différente en effectuant des rotations des
pas à ma perception ou reflète ma perception). mappings (rotation de 90° par rapport à la
source). Néanmoins, les auteurs insistent
sur la difficulté des consommateurs à faire
un lien entre une carte perceptuelle et une
combinaison par paires.
Lehmann (1972) Mise en place d’une procédure La similarité entre deux marques peut être vue L’utilisation du programme multidimensionnel Difficulté d’utiliser les matrices de transition
d’élaboration d’un mapping perceptuel comme la moyenne des probabilités d’abandon Torsca a permis d’établir une carte perceptuelle, comme matrice de similarité : insuffisance
fondé sur les préférences. Utilisation d’une marque pour une autre. base de l’élaboration de la matrice de transition. d’homogénéité des individus étudiés,
d’une matrice de transition comme 8 soft drinks ont été proposés à 264 personnes problème de détermination des périodes
matrice de similarité. durant une période d’achat de 12 mois. Les d’achat, multi-dimensionnalité des critères de
Etude de l’influence de la similarité abandons et les changements de marque ont été choix et de leur poids dans l’achat, recherche
perçue des marques dans les cas mesurés (matrice de transition) et comparés aux de variété …
d’abandon d’une marque pour une autre. différentes mesures effectuées de similarité.
Mesures de la similarité interpersonnelle
Bourcier-Bequaert Effets de la similarité d’âge subjectif sur La similarité d’âge subjectif du mannequin et Test de deux annonces avec deux mannequins N’ont été étudiés que les effets de mannequin
et De Barnier la marque présente dans la publicité. du récepteur agit directement sur la similarité d’âges différents, sur 221 femmes âgées de 60 à jeune et âgé sur des femmes seniors. Nécessité
(2014) globale (source-récepteur) et indirectement 70 ans de tester les effets d’un mannequin entre deux
sur l’attitude à l’égard de la marque et sur la Utilisation des échelles de mesure directe de Guiot âges et de prendre en compte un échantillon
considération d’achat. (2001), Chang (2008) et McKirnan et al. (1983). plus large en termes d’âge et de genre.
David-Ignatieff Similarité perçue à l’égard d’un avatar : Echelle sémantique qui mesure un construit Utilisation de deux dimensions de l’échelle à savoir Difficulté à confirmer la dimension similarité
(2012) élaboration d’une échelle de mesure multidimensionnel fondé sur 4 types de la dimension d’attitude et la dimension d’apparence des valeurs (l’avatar pense comme moi). Une
définissant l’homophilie comme le similarité : la similarité d’attitude, la similarité (items, l’avatar est très similaire à moi, me seule dimension est conservée dans l’analyse
degré de similarité des agents qui d’éducation, la similarité des valeurs, la ressemble physiquement, a une apparence comme confirmatoire (la similarité d’apparence).
interagissent. similarité d’apparence. la mienne, pense beaucoup comme moi). L’échelle
a été testée sur 320 participants soumis à un site
Internet avec différentes versions d’avatars.

(suite)
Recherche et Applications en Marketing 32(1)
Tableau 1. (suite)
Auteurs Objet de recherche Hypothèse principale Opérationnalisation de la mesure Limites

Mesures de la similarité appliquée aux recherches cross-culturelles


Watchravesringkan Etude cross-culturelle de la perception Utilisation de l’analyse factorielle confirmatoire Sur un échantillon de 950 étudiants, mise en Utilisation d’un échantillon de convenance
et al. (2008) des prix pour quatre pays du sud-est multigroupes afin d’examiner le degré de évidence de cinq dimensions constitutives de la rendant les résultats peu généralisables.
asiatique : Chine, Corée du Sud, similarité des perceptions du prix dans un perception du prix : perception du rapport qualité-
Taiwan et Thailande. contexte multiculturel. prix, sensibilité au prestige, conscience de la valeur,
propension à la vente, expertise-prix.
Van Auken et al. Etude cross-culturelle de l’âge cognitif Test de différentes échelles de mesure : une Analyse effectuée sur deux échantillons de seniors Manipulation délicate des mesures du fait
Bèzes et Mercanti-Guérin

(2006) afin de dégager des similarités entre échelle sémantique différentielle, une échelle de japonais et américains. La variance la plus forte a été du caractère considéré comme abstrait de
les différentes dimensions du construit Likert et une échelle de ratio. observée pour l’échelle sémantique différentielle sur certaines notations pour les Japonais.
(Etats-Unis par opposition au Japon). l’ensemble des dimensions du construit : âge cognitif,
âge idéal, âge le moins désiré. L’échelle de ratio met
en évidence plus de similarité entre répondants que
l’échelle sémantique différentielle ou l’échelle de Likert.
Les plus fortes similarités se situent entre les seniors
japonais (hommes et femmes) et les plus fortes
différences entre les Japonais et les Américains.
Mesures de la similarité dans les extensions de marques
Völckner et Sattler Analyse de 10 facteurs qui expliquent 5 extensions réelles de 25 marques différentes Interrogation de la part de Völckner et Sattler
(2006) la réussite d’une extension de marque. prises en compte, évaluées par 2426 étudiants. sur ce qui constitue vraiment le fit.
La similarité globale entre la marque-mère et son
extensions est intégrée dans l’échelle de mesure
du fit, au même titre que la capacité de la marque à
réaliser l’extension.
Klink et Smith Analyse des facteurs qui modèrent Les facteurs qui modèrent la relation entre la La similarité globale entre la marque mère et la Limite méthodologique : le construit de
(2001) la relation entre la similarité globale similarité globale et l’évaluation de l’extension catégorie en extension (le fit pour ces auteurs) est similarité globale est en fait formatif (et non
(fit) et l’évaluation de l’extension de de marque. mesurée par un instrument de mesure qui regroupe réflectif) puisqu’il est constitué de deux types
marque. tout à la fois des items décrivant une similarité littérale de similarité. Il devrait donc être dissocié ou
(caractéristiques et fonctions du produit, processus validé comme un construit formatif. Nécessité
de fabrication) et des items décrivant une similarité de dupliquer l’analyse avec la conception du fit
relationnelle (besoins satisfaits, situations d’usage). de Broniarczyk et Alba (1994).
Dacin et Smith Nombre possible, qualité et liaisons Le manque de cohérence dans le portefeuille Similarité entre les produits de marque-mère Extension fictive décrite trop succinctement.
(1994) des extensions avec la marque-mère de produits de la marque réduit l’appréciation et ceux de son extension mesurée par 3 items
qui ne fragilisent pas la marque-mère. de la qualité de l’extension. (mêmes types de besoins satisfaits, mêmes situations
d’utilisation, caractéristiques physiques des
produits).
Smith et Park (1992) Analyse des effets des extensions de La forte similarité entre le produit et les autres Analyse factorielle de la similarité qui permet de Les extensions analysées étant des extensions
marques sur la part de marché et produits référents de la marque maximisent les distinguer une similarité intrinsèque (littérale) et une réussies, les scores de force de la marque et
l’efficacité publicitaire. effets de l’extension. similarité extrinsèque (relationnelle). de similarité sont trop élevés pour évaluer si
des scores plus faibles diminueraient l’effet sur
la part de marché.
Park et al. (1991) Analyse des effets de la similarité L’extension d’une marque fonctionnelle est Evaluation par 30 individus de la similarité entre Nécessité de dupliquer l’analyse sur d’autres
littérale et de la similarité relationnelle davantage favorisée par une similarité basée sur deux marques de montres (Timex et Rolex) et marques.
sur l’évaluation des extensions de les caractéristiques des produits alors qu’une leurs extensions. Codage des réponses en aveugle Les usages des produits entreraient plutôt
marques. extension de prestige est favorisée basée sur par deux codeurs qui isolent une similarité littérale dans la concept de similarité relationnelle.
des éléments plus abstraits. (caractéristiques des produits, usage et fonctions
des produits) et une similarité plus relationnelle
(catégories fonctionnelles ou prestigieuses).
101
102 Recherche et Applications en Marketing 32(1)

Ensuite, le déroulement de l’expérimentation, relationnelle tandis que l’humeur maussade les rend
notamment le temps laissé pour comparer les objets plus analytiques, donc plus critiques envers
entre eux, peut aussi inciter les participants à l’extension, ce qui encourage le recours à la
privilégier tel ou tel type de similarité. La pression similarité littérale (Sar et al., 2011).
temporelle favorise le recours à une similarité Si ces variables personnelles ou contextuelles ne
relationnelle fondée sur un jugement de type sont pas prises en compte, la contingence des
holistique, plus affectif et réputé plus rapide que le résultats aux conditions de l’expérimentation rend
recours à une similarité littérale plus sélective mais délicate toute interprétation des recherches. Par
aussi plus lente à mettre en œuvre (Monga et John, exemple, l’analyse par des professionnels de 54
2010). Cet avantage de la similarité relationnelle extensions réelles de marques montre que la
s’explique par la conformité à un schéma mental similarité littérale explique 16 à 17% de la variance
déjà établi, nourri par des expériences antérieures, de leur évaluation alors que la similarité relationnelle
et par le fait que les réactions affectives de en explique 25% (Estes et al., 2012). Ce résultat
préférence, de plaisir ou de déplaisir précèdent toute peut être interprété de quatre manières : soit qu’il est
autre forme d’évaluation cognitive (Zajonc, 1980). plus facile d’étendre une marque en utilisant des
Etant holistique, donc plus économe en ressources associations abstraites (similarité relationnelle),
cognitives, le jugement de similarité relationnelle notamment lorsque le nom de marque est typique,
précèdent d’éventuelles évaluations plus analytiques c’est à dire fortement associé à une catégorie
(Fiske et al., 1987). Ceci se traduit inévitablement (Heineken plutôt que Ralph Lauren : exemple donné
par des extensions de marques jugées plus par Batra et al. 2010) ; soit que la plupart des
familières, moins nouvelles et plus positivement extensions évaluées dans cette recherche
évaluées (Estes et al., 2012). concernaient des catégories de produits éloignées et
Enfin, le choix des participants peut des produits plus symboliques que fonctionnels ;
considérablement faire varier les résultats d’une soit que la durée de l’évaluation était très restreinte ;
expérimentation à l’autre. En effet, même si tout soit tout simplement, que les évaluateurs étaient des
individu est capable de porter des jugements hommes, d’origine orientale, peu experts, peu
littéraux et relationnels, ses caractéristiques impliqués et en outre d’excellente humeur !
personnelles peuvent lui faire privilégier tel ou tel
type de similarité. Les individus d’origine orientale
Conclusion
(Asie et Méditerranée) sont ainsi plus enclins à
recourir à une similarité relationnelle car ils sont Alors que de nombreuses applications en marketing
plus flexibles, plus interdépendants (Ahluwalia, y font appel, le périmètre et les mécanismes de la
2008) et tolèrent mieux l’ambivalence (Thompson similarité demeurent toujours aussi mystérieux
et Zanna, 1995). Au contraire, en décontextualisant (Medin et al., 1993). Pour mieux utiliser ce concept
l’objet de son contexte, les cultures occidentales dans les recherches à venir, ce travail avait pour but
mettent davantage l’accent sur la similarité littérale. d’éclaircir deux points essentiels.
Des facteurs plus individuels peuvent également Le premier concerne la délimitation du concept
intervenir. Plus les consommateurs sont éduqués, de similarité par rapport à des concepts très proches.
experts, impliqués ou orientés vers un but, plus ils Une revue de la littérature en marketing et en
font appel à une similarité littérale (Hutchinson et psychologie a mis en évidence que la similarité
Alba, 1991). Inversement, les hommes semblent n’est pas l’inverse exact de la différence, ce qui
avoir plus de capacité que les femmes à mobiliser la pose inévitablement des problèmes de mesure en
similarité relationnelle ; c’est pourquoi ils jugent termes de distance ou de proximité8. Ensuite, la
plus favorablement qu’elles une extension similarité se situe en amont du processus de décision
dissimilaire réalisée par une marque fonctionnelle des consommateurs, c’est-à-dire au niveau des
(Monga et Gürhan-Canli, 2012). La bonne humeur croyances de base, alors que le fit intervient en aval
des individus au moment de l’exposition à de ce même processus, au niveau des attitudes. De
l’extension favorise aussi les jugements de similarité plus, ce dernier est un transfert d’affect et non pas
Bèzes et Mercanti-Guérin 103

une comparaison. Enfin, dans sa conception des instructions méthodologiques qui


littérale, la similarité ne permet de relier que des favorisent involontairement tel ou tel type de
objets de même nature sur la base de caractéristiques similarité. Ceci s’ajoute au biais lié au
concrètes alors que la congruence, qui se fonde sur caractère asymétrique du concept de
des relations plus abstraites, permet de relier des similarité qui conduit les répondants à choisir
objets de natures très différentes. Ces distinctions comme référent le premier objet présenté ou
conceptuelles, qui complètent le travail de Maille et celui qu’ils ont connu le plus tôt (Cunha et
Fleck (2011) sur la congruence, devraient aider de Laran, 2008) ;
futurs chercheurs à opter pour les concepts les
- 
la similarité littérale et la similarité
mieux adaptés à leur problématique.
relationnelle s’appuient sur des processus
Le deuxième apport concerne l’existence de
cognitifs différents (comparaison analytique
deux grands types de similarités, une similarité
pour l’un, intégration holistique pour
littérale et une similarité relationnelle, très proche
l’autre). Or, toute comparaison conduit à
voire confondue avec la congruence. La similarité
considérer les objets en présence comme des
littérale, historiquement la plus connue et la plus
substituts relativement proches. Un lien
utilisée, repose sur un jugement de comparaison
entre similarité littérale et substituabilité est
analytique des attributs ou des propriétés concrètes
d’ailleurs constaté par Aurier (1993). Ceci
des objets en présence. Ceux-ci sont jugés d’autant
augmente les risques potentiels de
plus similaires qu’ils sont de même nature, c’est-à-
cannibalisation puisqu’une marque de
dire qu’ils appartiennent à la même catégorie.
substitution similaire à la marque initiale
Toutefois, ce type de similarité renforce
bénéficie d’une image supérieure à celle de
systématiquement les différences (Medin et al.,
la marque initiale (Collange, 2005). Au
1990). En revanche, la similarité relationnelle
contraire, l’intégration de ces mêmes objets
(probablement de la congruence) permet de relier
dans un jugement d’ensemble (similarité
des objets de natures différentes, en se référant à un
relationnelle) permet au consommateur de
schéma établi et en activant une pensée analogique
penser ces objets comme complémentaires,
fondée sur des éléments extrinsèques. Elle accentue
ce qui met davantage l’accent sur de possibles
les similarités (Gentner et Gunn, 2001) et favorise
fertilisations croisées (Estes et al., 2012).
une évaluation plus rapide et souvent plus favorable
Mao et al. (2012) établissent eux aussi, un
des stimuli en présence.
lien entre similarité littérale (relationnelle) et
Bien que cette distinction ne soit pas récente, peu
substitut (complément).
de travaux en marketing en tirent toutes les
conséquences méthodologiques ou managériales : - 
Bien exploitée, cette distinction peut
déboucher sur des applications extrêmement
instructives dans le domaine des extensions
- 
la plupart des échelles existantes,
de gammes ou de marques. La similarité
principalement dans le domaine de
littérale semble être ici plus pertinente pour
l’extension de marque, mixent ces deux
étudier des extensions de marque ou plus
conceptions plutôt que de les distinguer, ce
encore de gamme, très associée aux attributs
qui réduit d’autant la compréhension du
de son produit d’origine. Par exemple, les
phénomène étudié. La mise au point
extensions basées sur « l’image fruitière »
relativement aisée d’échelles de mesure
d’Andros sont de ce type (maîtrise du
distinctes pour évaluer d’un côté, la similarité
processus de préparation du fruit et
littérale et de l’autre, la similarité relationnelle
déclinaison de cet univers dans des univers
comblerait donc un vide certain ;
proches tels que les confitures, les produits
- l’ensemble du dispositif d’une recherche peut laitiers et les boissons). Au contraire, la
être biaisé par le choix des objets présentés similarité relationnelle est plus apte à analyser
mais aussi par le profil des répondants ou par les extensions de marques distantes : cas de
104 Recherche et Applications en Marketing 32(1)

Weight Watchers ou de Taillefine qui se sur les dernières différences restantes jugées très
développent sur différents marchés sans sévèrement (Mori, 1970).
véritable rapport les uns avec les autres, en 5 La similarité perçue avec un avatar est également
s’appuyant uniquement sur une image de désignée par le terme d’homophilie (Lemoine et
Cherif, 2012  ;McCroskey et Richmond, 1990).
marque centrée sur la diététique. Distinguer
Lazarsfeld et Merton (1954) définissent l’homophilie
la similarité littérale et la similarité
comme le degré de similarité perçue entre
relationnelle peut donc permettre aux l’observateur et l’agent observé. David-Ignatieff
managers de piloter différemment les (2012) s’appuie sur deux types d’homophilie  :
extensions de marques (Hem et Iversen, l’homophilie de statut (âge, sexe, religion, emploi)
2009), par exemple en réduisant la durée et la ou l’homophilie de valeurs et d’attitudes.
répétition des spots publicitaires des 6 Le référencement naturel regroupe l’ensemble des
extensions relationnellement similaires techniques qui améliore la position d’un site dans les
(Estes et al., 2012). résultats des recherches des moteurs comme Google
ou Bing.
Les recherches nouvelles devraient donc 7 L’indice généralement utilisé est celui de Jaccard,
qui permet d’étudier la similarité entre des objets
impérativement préciser le type de similarité
constitués d’attributs binaires et particulièrement
mobilisé, les raisons de cette utilisation et les
les ensembles d’objets. Cet indice consiste à diviser
conséquences que ce choix conceptuel et le nombre d’objets communs aux deux ensembles
méthodologique a sur les résultats obtenus. En effet, par le nombre d’objets distincts. Webrankinfo et
« si la définition et la mesure de la similarité sont Seoquake, qui sont des outils de référencement
ambiguës, le rôle de la similarité dans le transfert de naturel, proposent ainsi des calculs de similarité.
connaissance et d’affect doit aussi être ambigu » 8 Dans la théorie de la Gestalt, la loi de similarité
(Martin et Stewart, 2001: 472). stipule que notre cerveau regroupe les éléments qui
paraissent semblables, c’est-à-dire qui partagent un
Notes certain nombre de propriétés. Elle diffère de la loi
de la proximité pour laquelle le cerveau regroupe les
1. Utiliser une marque établie pour lancer un nouveau éléments qui apparaissent souvent ensemble, dans
produit ou service dans une catégorie différente de une même zone perceptive.
la marque-mère (plutôt que dans la même catégorie :
extension de gamme).
2 Les schémas sont « des structures organisées de
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