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Centre National TA P U S C R I T

Théâtre Ouvert
des Dramaturgies
Contemporaines Théâtre Ouvert

Nicole est de retour dans la région.


Elle refait sa vie avec son nouvel
amant, Chat.
Mais Stéphane, son mari dont elle est
séparée depuis quelques mois,
voit en ce retour l’occasion de la
reconquérir.
Qu’est-on prêt à faire pour conserver
sa famille ?

Françoise Dô A PARTÉ
I S B N 9 7 9 -1 0 - 9 5 4 8 1 - 0 6 - 5
9 791095 481065

Françoise Dô est née en 1981. Autrice,


metteuse en scène et comédienne, elle
a suivi une formation en art dramatique
au Cours Florent. En 2016, elle fonde la
Françoise Dô
A PARTÉ
compagnie Bleus et Ardoise, en résidence
de création à Tropiques Atrium - Scène
nationale de Martinique. En janvier 2017,
elle met en scène sa première pièce
Aliénation(s), lauréate du concours En avant
10 e T T C la création de Tropiques Atrium, lors du
Festival Les Petites Formes. En octobre,
sa deuxième pièce A PARTÉ est lauréate
du programme Écritures de la Cité
internationale des arts de Paris. À travers
l'écriture et le récit théâtral, elle explore
les tabous et les non-dits au sein de la
famille et de la société. Elle la met en voix
à Théâtre Ouvert pendant le Zoom #4
en mai 2018.
139 T A P U S C R I T
TA P U S C R I T

Le Tapuscrit, pour Théâtre Ouvert, est un moyen


de faire circuler un texte de théâtre choisi parmi les
quelque 600 manuscrits reçus chaque année.

Parce que le théâtre contemporain, pour être


découvert et joué, a besoin d’être lu, Théâtre Ouvert
cherche à provoquer une rencontre entre un
auteur, son texte, des praticiens et des spectateurs.
Ainsi, chaque nouvelle publication est envoyée
gratuitement aux professionnels du théâtre en France
comme à l’étranger et également mise en vente
au public sur place et chez les libraires.

Créée en 1978, cette collection poursuit son objectif :


faire connaître des textes inédits, révélateurs de ce
qui s’écrit aujourd’hui.
© 2018
Théâtre Ouvert éditions
TA P U S C R I T
Tous droits de reproduction,
d’adaptation, de représentation
et de traduction réservés
pour tous pays.

ISBN 979-10-95481-06-5

Il est diffusé par :


Centre National des
Dramaturgies Contemporaines
Théâtre Ouvert
(association subventionnée
par le ministère de la Culture
et de la Communication
et la Ville de Paris)

4 bis cité Véron 75018 Paris


Téléphone : 01 42 55 74 40
accueil@theatreouvert.com
www.theatre-ouvert.com
Françoise Dô
A Parté

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En octobre 2017 A Parté est lauréate du programme Écritures
de la Cité internationale des arts de Paris.

Une mise en voix de A Parté a été présentée à Théâtre Ouvert,


le 25 mai 2018, lors du Festival Zoom #4.
Mise en voix par et avec Françoise Dô et Nelson-Rafaell Madel.

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À Valérie R.

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D I STRIBU TION

Clothilde
Julie
Nicole
Stéphane

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Dans le salon

NICOLE

Ce soir est le grand soir mais déjà je trouve qu’il me dévore la bouche
de façon étrange.

J’essaie de suivre sa mécanique.


Son corps est tendu de désir.
Mon corps est inerte, impassible sous ses doigts, impassible sous ses
lèvres.

Je ne comprends pas. Je me concentre. Je vais bien finir par ressentir


quelque chose.
Je caresse quand il caresse, j’enlace quand il enlace. Je suis sa
mécanique.

Je sens son nez s’écraser contre mon cou.


Il me remonte une odeur de salive séchée, aigre et acide, l’odeur.
Ses mains sont douces. Je ne pensais pas qu’un homme de son âge
pouvait avoir la peau et les mains aussi douces. C’est normal en même
temps, c’est plutôt un…

Il se met à me masser vigoureusement les fesses.

C’est bizarre.
Il y a des hommes qui aiment s’attarder sur les fesses, d’autres sur les
seins. Lui c’est sur les fesses.
C’est bizarre.
Non c’est étrange.
De trouver les lèvres, le goût, l’odeur, la texture de la peau, l’envergure

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d’un autre homme que Stéphane. Ce premier grand soir après lui est…
Stéphane lui était…
Il pouvait passer des heures dans ma poitrine.
Il paraît que quand des hommes s’attardent sur les seins, il y a un
rappel à la mère : le sein nourricier.
Et que quand des hommes s’attardent sur les fesses…

Je crois que mon corps commence à se réveiller quand même.


Finalement je ne suis pas si impassible à l’idée d’une communion
avec sa bite.

Je me torture l’esprit.
Je n’ai pas envie que l’on prenne notre temps.
J’ai tout de suite senti mon âme liée à la sienne.
Je veux juste tortiller mon cul sur lui.
“Je t’aime déjà. Saute-moi !”

Je ne le lui dis pas.

Ce prélude me semble interminable.


Pourtant je suis prête, j’ai pris le temps de me faire épiler jusqu’au
sillon interfessier.
C’est peut-être une démarche antiféministe de se faire épiler jusqu’au
sillon. Qu’est-ce que les esthéticiennes peuvent bien penser de cette
manie ? “Tiens v’là une excitée de l’hygiène !” ou “Encore une qui plie
devant la mode des films pornos.”

Je dois rester focus sur mes sensations.


Je le respire à plein nez.
Mon Chat a la mauvaise habitude de se couvrir de parfum.
Je ne sais pas à quoi ressemble l’odeur de sa peau.
Il a peut-être peur que je prenne sur lui une odeur de vieux ?

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L’odeur de la mort statistiquement plus proche de lui que de moi.

Je sens le chlore.
Je sors de la piscine.
J’ai pu tout oublier dans l’eau, mais là mon cerveau repasse en mode
“surchauffe”.

Chat me met sur le dos délicatement.


Il me regarde comme si j’étais la plus belle chose du monde.
Je fais attention à mon poids.
Ma mère m’a bien heureusement appris à aimer les légumes vapeur.
Bref elle n’a rien à faire là.

Chat me prend.
L’air concentré, il fait avec ses hanches de grands mouvements
d’hélicoptère.
Je crois que j’aime ça.

Il s’arrête.
Me demande s’il n’y va pas trop fort.
J’éclate de rire, heureuse de sa prévenance.
J’exagère. Mes éclats de rire sont trop explosifs. Il pourrait être pris
d’une panne.
Il paraît que les hommes de cet âge peuvent être pris de panne à
n’importe quel moment.
Je m’en voudrais de le sortir de sa virilité.
À mes yeux, c’est l’homme le plus viril qui soit. Auprès de lui, je
me sens comme un phœnix pouvant faire face à n’importe quelle
situation.
Inutile de lui expliquer tout ça, pour lui sa virilité passe par une
belle bandaison.

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Il attend ma réponse.
Je dis “Non-non. Ne t’arrête pas.”
Il referme ses yeux et nous reprenons l’amour.
“Qu’est-ce que tu me fais bien l’amour…” me dit-il, encore.
Qu’est-ce qu’il me fait bien l’amour.

Je peux donc être heureuse.


J’ai eu raison de quitter Stéphane.
J’ai eu raison de revenir ici.

De cet homme-là je veux un enfant.

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À la piscine

STÉPHANE

Nicole n’a pas été heureuse dès le départ comme une future maman
aurait dû l’être.
Je désirais éperdument notre petit j’étais le plus heureux des hommes.

Ce jour-là Nicole est enceinte de trois mois.


Attends.
Trois mois et un jour pour pouvoir aller chez maman et lui annoncer
la bonne nouvelle.

Mais ce jour-là, elle n’attend pas dans le salon comme maman


demande à chaque fois.
Je vois Nicole qui ouvre la porte.
Elle referme la porte.
Je cours vers elle.
Puis je marche.
Car Nicole marche posément on peut la suivre à l’eau qui dégouline
de ses jambes.
De l’eau poisseuse par endroits et délicatement ensanglantée.
Nicole marche posément vers sa chaise dans le salon comme si…
Elle s’assied posément puis ne bouge plus.

Je me rapproche d’elle.
“Nicole ?”
Elle ne réagit pas.
Je dois presser ma main sur son épaule “Nicole… tu perds de l’eau.”

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Elle écarte les pieds elle pousse un cri de flûte.

Maman nous regarde de l’encadrure de la porte on doit aller tout de


suite à la clinique.

J’ai peur de la perdre.

C’est juste le petit qui est parti.

Tous les jours qui suivent je la regarde avec attention Nicole me fixe
elle me regarde elle ne dit rien.
“Parle-moi.”

On dirait qu’elle n’a gardé aucun souvenir de ce qu’elle a vu.

Elle est tout pour moi.


Je suis tout pour elle.

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3
Dans le salon

NICOLE

Mon Chat est iranien.

Un homme peut-il être plus exotique ?


Je reviens jusqu’ici pour tomber amoureuse d’un Iranien.

Chat me dévore du regard.


Obviously il est trop. Trop âgé pour moi. On va dire un peu trop âgé
pour moi mais je suis captivée par lui.
Il me dévore du regard. Il a les yeux si verts, si rieurs.
Je rougis, autant que faire se peut.
On est trop en plein délire là.

Chat vient me parler.


Il me demande de qui je suis l’amie dans cette soirée.
Badinerie.
Il veut me manger.

Je comprends à peine ce qu’il dit.


Je regarde sa bouche babiller au-dessus d’une mâchoire très carrée.
Anormalement carrée. Parfaitement carrée. Comme tous les Iraniens
en fait mais je ne le savais pas.
Je ne suis pas encore habituée à son accent.
Je souris donc bêtement à ses lèvres, acquiesçant à ce que je crois
comprendre.

Il est au cœur de l’attention.


Ils mettent pour lui faire plaisir de la musique de chez lui.

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De la musique orientale.
Ce doit trop être l’histoire de sa vie : des gens qui veulent lui faire
plaisir partout.

Et là.
Il se met à danser.
Devant moi. C’est pour moi.
Lentement.
Délicatement.
Avec ses mains en l’air et ses doigts qui claquent en rythme.
Je ne perds pas le fil : je me mets à bouger.
Attentive à ne pas trop remuer des reins.
Attentive au rythme qu’il me propose.

J’adore ça.

Nous dansons les yeux accrochés l’un à l’autre.


À distance respectable.
Mais suffisamment proche pour danser à deux.

Il est anormalement grand.


Juchée sur mes plus hauts talons il me donne une confortable tête.
J’apprends qu’il mesure 2 m 01.
En vrai, il adore dire qu’il mesure 2 m 01.
Grande taille, grande…

Je le regarde tout faire pour me séduire.


Il se rapproche trop près de moi pour me dire des choses anodines.
Il rit de toutes ses dents de carnassier.
Il veut me manger.
Il me sourit de toutes ses dents de mangeur de viande.
Il va me manger…

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Et je me vois, moi, moi-même, Nicole, lever les mains de façon
asymétrique.
Je constate que je claque des doigts moi aussi.
Mon corps bouge au loin, mais au rythme du sien.
Il parade de sa danse.
Je me laisse séduire.
Je lui pose des questions idiotes.
Il me répond avec son accent incroyable comme si mes questions
étaient intelligentes.
Son accent incroyable me fait monter dans les tours : tous les “r”
roulent, mais pas comme chez nous, son accent est chantant, mais
pas comme chez nous.

God! Ses yeux sont si rieurs. Je peux peut-être essayer de vivre.

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À la piscine

STÉPHANE

J’ai cru mourir lorsque j’ai dit ses quatre vérités à maman.

J’ai besoin d’oublier son visage dans l’eau.


J’opte pour la piscine.
Aligner quelques longueurs me fera du bien.
Je n’ai rien prévu pour. Je me dirige vers le bureau du directeur de
la piscine.
Il est mon ami d’enfance.
Il a toujours des serviettes de bain à ma disposition.
Séverine, sa secrétaire, me demande de patienter.
Je ne dois pas montrer ma contrariété.
Contrarié, je le suis déjà assez.

Le cœur ou le sang ?

Toutes ces femmes qui m’aiment soi-disant mais qui ne peuvent pas
être heureuses ensemble mon cœur est écartelé entre mon épouse
et ma famille j’ai dû choisir là où d’autres hommes n’ont jamais dû
choisir je pense à retourner sur mes pas…

Je me suis exclu tout seul de la maison de mon enfance.

Je suis l’homme de Nicole.


Oui. Quoiqu’il se soit passé où que Nicole décide d’aller où qu’elle
puisse être quoi qu’elle soit en train de faire elle est toujours ma
femme.

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Nicole n’a pas été heureuse dès le départ comme une future maman
aurait dû l’être je désirais ardemment notre petit je ne pouvais pas
être plus heureux Nicole est la seule femme que j’ai rencontrée qui
est mieux que ma mère.

La porte s’ouvre.
Mon ami sourit et me donne un sac plastique.
Armé de ma serviette, je longe la baie vitrée menant aux vestiaires.
Et je vois Nicole qui sort du bureau de Jean-Claude.
Par l’arrière.

C’est Nicole j’en suis sûr pas besoin de voir plus.


Je bondis vers la baie.
Elle a déjà disparu.
Pourquoi ni Séverine ni Jean-Claude ne m’ont fait remarquer sa
présence ?

Elle est revenue.


Je m’assieds par terre.
C’est elle.
Nicole est une excellente nageuse, c’est normal qu’elle vienne à la
piscine.
Attends.
Depuis quand est-elle là ?

Attends.
Les coudes au sol, le sac plastique collé à mon ventre, je retourne vers le
bureau en rampant. La porte est entrouverte. Ils discutent à voix basse.

“Je ne pense pas qu’il faille le lui dire de cette façon.” Elle chuchote.
“Il faudra tôt ou tard mettre fin à cette situation, tout le monde est
au courant.” Il dit.

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Attends.
Ils parlent de moi bien sûr...
De Nicole.

Attends.
Je ne dois pas aller leur poser de questions.
Je ne dois pas passer pour un mari qui ne sait pas ce que fait sa
femme.

Réfléchir, pas bouger.


Retrouver ma voiture, Nicole a dû reconnaître ma voiture.
Savoir où elle est et ce qu’elle fait.

Elle est tout pour moi je suis tout pour elle.

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Au théâtre

NICOLE

J’entre la première dans le petit hall du théâtre et je les remarque


tout de suite.

Ils sont rassemblés.


Leurs femmes veillent à ne jamais tomber dans le perpétuel overdress
local, jamais rien de trop moulant, jamais rien de trop brillant.

Je me surprends à jeter un coup d’œil à ma tenue.


J’ai appris chez eux la sobriété.
Troublée, je dis bonjour, même si c’est le soir.
Ils ne me répondent pas.

Revenue peut-être depuis trop peu de temps, je me sens encore entre


deux eaux.

J’ouvre mon regard à l’ensemble du hall.


Je suis prise de honte.
Honte une fois.
Puis doublement honte.
Honte des pensées qui me viennent à propos des “miens”.

Depuis mon retour, mon regard est devenu trop aiguisé.

Il y a sans nul doute une volonté de plaire.


Il y a une belle majorité de femmes dont la moyenne d’âge est la plus
haute des lieux que je fréquente.
Mais l’élégance semble, ici, avoir renoncé à déloger le sexy.

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Le sexy subsiste, contre vents et marées, de façon collante et sirupeuse.
Des seins sont exposés.
Des fesses à deux doigts de l’être.
Quasiment toutes portent ces talons… trop hauts.

Il y a une rédemption dans ces jambes exhibées, qui semblent ne pas


vieillir.
Ces jambes taillées dans la salle de sport, racées comme des pattes de
chevaux de course sur la fin, des jambes de compétition qui rêvent de
verts pâturages, mais qui craignent l’abattoir.

La femme expose ses atouts.


Tous ses atouts, d’un coup, pour être sûre qu’on en rate aucun.

Plus femme que femme, aucune ne veut être entachée de l’unique


attribut de mère.

Était-ce ce qui m’attendait ? Toujours cacher ma maternité ?


Toujours quémander l’attention des autres par un jeunisme ostentatoire ?

Je suis mal à l’aise dans les fucking talons dont je me suis affublée.
Je commence, sans prêter attention, à entrer dans le moule de celle qui
doit plaire à tout le monde.

Chat n’arrive toujours pas.

Je suis morte.
D’abord la piscine, puis notre amour et cette attente interminable dans
ce lieu bruyant.

Tout ne s’est pas bien passé à la piscine.


J’ai pu tout oublier dans l’eau, mais en sortant j’ai eu la désagréable
surprise de croiser le directeur, grand ami de Stéphane dont je suis
séparée depuis tant de mois.

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Cela semble ne rien changer pour personne.
Ils font tous comme si nous étions toujours ensemble.

Il insiste pour m’offrir un café dans son bureau.


Sa secrétaire le rejoint.
Ils plaident la cause de Stéphane, qui m’aime toujours, à qui je dois
pardonner, qui a des circonstances atténuantes, on est si beaux
ensemble, c’est une étape difficile pour tous les couples, nous sommes
plus forts que ça… “Ça ne se fait pas de t’afficher avec un homme alors
que tu es encore mariée.”

Qu’est-ce que ça peut bien leur foutre ?

J’ai souri à mes deux assaillants.


Comme je sais si bien le faire.
Je me suis même éclipsée en laissant entendre que j’y réfléchirai.
Ridicule.

Comment est-ce qu’ils osent me parler de mon bébé ?

Chat n’arrive toujours pas.


J’espère qu’il va éviter la valse de ces femmes qui veulent entrer dans
son monde.

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6
Face au théâtre

STÉPHANE

Cela fait des heures que j’erre.

Je m’assieds là à même le trottoir de l’autre côté de la rue face au


théâtre.

J’attends.
La pièce va bientôt commencer.
Nicole est toujours à l’heure je suis sûr qu’elle est déjà à l’intérieur.
Je l’attends.

Mes yeux se contentent des rapides entrées de la foule de retardataires.


Partout de petites femmes endimanchées.
Des châles.
De petits sacs à main, du satin.
De la broderie, du brillant, des fines, des vieilles, des chapeaux…
Une femme enceinte.

Elle est seule…


Comment un homme, un vrai, peut-il laisser sa femme ainsi seule ?

Nicole n’a pas été heureuse dès le départ comme une future maman
aurait dû l’être je désirais ardemment notre petit je ne pouvais pas
être plus heureux Nicole est la seule femme que j’ai rencontrée qui
est mieux que ma mère je suis irréprochable depuis le jour de notre
mariage je ne couche plus qu’avec elle ma mère avait...

Julie passe.
Il ne faut pas qu’elle me voie.

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Elle est accompagnée de Clothilde, une dame au bras long qui l’accapare
de son amitié.

Il ne faut pas que Julie me voie.


Je me glisse derrière le poteau électrique.
Elles aussi vont au théâtre.

Elle est toujours aussi jolie, Julie.


Elle a toujours ses grands yeux tristes.
Tellement douce.
Comme toute femme devrait être.

Elle m’avait récupéré au plus bas quand Nicole avait quitté la région.
Elle et toute sa douceur m’avaient fait du bien.
Mais elle n’est pas Nicole.
Chaque regard posé sur elle contraste avec Nicole.
Julie en demandait trop.
J’attends Nicole.

Elle m’a vu, Julie.


Elle marche d’un pas déterminé vers moi, le visage rougi.

JULIE

Stéphane ? Stéphane. J’ai besoin de te parler.

STÉPHANE

Ce n’est pas le moment Julie s’il te plaît.

JULIE

C’est Nicole ? Nicole ? C’est elle que tu attends ? Elle est avec quelqu’un
tu le sais ça ?

STÉPHANE

Tais-toi !

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JULIE

Attends ! Pardon. Pars pas. J’ai tort… Je ne sais pas. Excuse-moi. Je ne


comprends pas pourquoi d’un coup...

STÉPHANE

Ce n’est pas le moment Julie s’il te plaît.

JULIE

Mais qu’est-ce que j’ai fait ?

STÉPHANE

Ce n’est pas toi. C’est juste… Écoute. Pas ce soir. Plus tard. Après.
O.K. ?

JULIE

Je peux changer quelque chose…

STÉPHANE

Tu n’as rien fait je te dis. Attends...

JULIE

C’est par rapport à mon père c’est ça ?

STÉPHANE

Je ne veux pas te parler maintenant !!!

Julie recule vers Clothilde.

J’attends Nicole.
Elle est tout pour moi. Je suis tout pour elle !

24
7
Au théâtre

NICOLE

Il règne une odeur de vieux dans ce hall.


Cette odeur de combat contre la mort.

Pour faire son entrée dans le monde, chaque femme s’est enduite de
parfums capiteux.

On reconnaît aisément l’homme alpha de la pièce à son odeur.


Toutes ont voulu afficher une proximité en l’embrassant de façon
appuyée.
Elles lui pissent dessus avec leurs parfums.

On le reconnaît à son odeur et à ses joues bardées de rouge à lèvres


chatoyant.

Voici mon Chat !


C’est un homme alpha.
Il est au centre de l’attention.
Il se laisse embrasser, entraîner, présenter, picoter, ballotter, sans
jamais repousser personne.
C’est très exactement l’accessoire qu’elles s’étaient promis d’avoir
quelques minutes au bras, dans le monde.
Il est leur chose.
Le pantin qu’elles vont utiliser maintenant.

Mlle Clothilde fonce vers Chat.


Elle est suivie d’une petite chose ronde et blonde qui n’a pas plus que
moi sa place ici.

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Mlle Clothilde est la cheftaine des pisseuses.
Cette dame est de toutes les soirées et il serait mal vu de ne pas
l’inviter.
Elle a toujours quelque chose à dire à Chat, à part.
Elle ne veut jamais prendre rendez-vous à son bureau.
Mlle Clothilde le prend donc à part au milieu du hall.
Accrochée à son bras, elle chuchote à son oreille.
La petite chose ronde et blonde est docilement aux côtés du duo le
plus épié de la salle.

Une file d’attente se crée doucement autour d’eux.


Autour d’eux, les femmes ont l’œil attentif au moindre mouvement
de recul de Mlle Clothilde.
Elles veulent être suffisamment proches pour être les prochaines.
Elles veulent être suffisamment éloignées pour ne faire preuve d’aucune
attente.
Chat est tendrement espionné.
Toutes veulent montrer qu’elles font partie du monde en côtoyant un
homme du monde.
En venant ici, mon Chat sait que son corps ne lui appartient plus.
Il se laisse imbiber de leur amour parfumé.
Un amour qu’elles offriront, toutes, à un même autre, une fois qu’il
aura disparu du monde auquel elles veulent toutes appartenir.

Moi je veux lui offrir plus que de l’amour : un enfant qui aura ses
yeux et mon sourire. 

26
8
Face au théâtre

STÉPHANE

J’attends.
Je suis assis là sur le trottoir de la rue en face du théâtre.
J’attends Nicole.
Elle est tout pour moi.
Je suis son homme.
Je serai toujours là pour elle.
Je suis un homme. C’est ça être un homme.

Nicole n’a pas été heureuse dès le départ comme une future maman
aurait dû l’être je désirais ardemment notre petit je ne pouvais pas
être plus heureux Nicole est la seule femme que j’ai rencontré qui
est mieux que ma mère je suis irréprochable ma mère avait trouvé
la solution.

Je me contentais maintenant de lui sucer les seins.

En a parté elle me demandait parfois d’au moins passer sous sa jupe


pour la satisfaire de mes doigts ou de ma bouche comme elle m’avait
appris à le faire ma mère est toute lisse.
Nicole m’avait étonné la première fois avec sa pilosité heureusement
elle n’avait pas rechigné à tout enlever par la suite elle est devenue
parfaite.

Ma mère a toujours été là pour moi elle m’a élevé seule c’est difficile
pour une mère seule de faire de son garçon un homme j’ai toujours
été son homme.

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Parce qu’elle m’aimait elle n’avait jamais refait sa vie quand mon père
est parti.
Mon père est parti quasiment le jour de ma naissance.
Ma mère disait qu’il était jaloux de son amour pour moi.

Elle a toujours tout fait pour me faire plaisir.

Je m’occupais d’elle.
C’est ce qu’on fait quand on aime une femme c’est ça être l’homme
de la maison.
Veiller à ce que la femme ne soit jamais triste.

Déjà nous avons toujours dormi ensemble.


Il était hors de question que ma mère se sente seule.
Nous prenions aussi le bain ensemble.
Elle me frottait bien que je sois un garçon propre : le dos le ventre les
jambes entre les jambes.

Elle me demandait de la frotter à son tour : le dos le ventre les jambes


entre les jambes. J’adorais l’heure du bain on pouvait y rester des
heures le soir après l’école avant le coucher.

Ma mère passait beaucoup de temps avec moi.


Je sais que d’autres laissaient leurs enfants seuls ils préparaient leur
goûter seuls faisaient leurs devoirs seuls se douchaient seuls et se
couchaient seuls.

Parfois dans l’eau je devenais tout dur alors ma mère me prenait dans
sa bouche c’était pour me faire plaisir.
Elle savait que j’aimais ça d’ailleurs souvent c’est moi qui lui demandais
de le faire.
Toutes les mères devaient être comme la mienne.

28
Un peu plus tard, elle m’a expliqué que bientôt la puberté arriverait
et qu’il fallait que j’apprenne à faire plaisir à une femme.
Aussi elle voulait m’initier à l’amour.
“Est-ce que tu veux ? Je vais te faire plaisir et tu vas me faire plaisir.”
“Oui.” J’ai dit.
“Juste que ce sera notre secret, les gens sont toujours jaloux de
l’amour qu’un fils porte à sa maman.” Maman a dit.

J’ai longtemps fait silence puis j’ai dit les quatre vérités à maman.
C’est ça être un homme.
Je suis l’homme de Nicole.
Je lui ai donné un petit.
Ce n’est pas de ma faute s’il est parti.
Elle est tout pour moi. Je suis tout pour elle !

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9
Au théâtre

NICOLE

La porte de la salle de spectacle s’ouvre.


Traverser le hall jusqu’à moi est un exercice pour Chat.
Je ne l’attends pas.
Je suis la petite foule qui s’agglutine, mue par la grande crainte de ne
pas être correctement placée.
Moi aussi, je veux que nous soyons correctement placés.
Tout le monde essaie de garder une certaine contenance dans son
empressement.
Personne ne veut avoir l’air pressé.
Tout le monde l’est.

J’ai chaud.
J’envie la majorité des femmes de la salle si décolletées qu’elles ne
risquent pas de souffrir de la chaleur.
Elles osent.
Elles me rappellent ma mère que j’ai toujours admirée et qui en même
temps m’a toujours fait un peu honte.

Certains visages sont déjà tordus d’agacement.


L’agacement du fauve venu dézinguer une pièce qu’il n’a pas encore
vue.
Ils connaissent ce metteur en scène, qui n’a jamais fait que de la
merde.
Ils connaissent cette actrice, qui n’a que le talent de faire le grand
écart sur l’objet qui la désire, pour obtenir le rôle convoité.

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Ils connaissent ce théâtre qui, de toutes les façons, ne propose pas une
programmation à la hauteur du public qu’il a.

Mlle Clothilde et sa petite chose discutent à côté de moi. “Stéphane”


répète plusieurs fois la petite chose. J’écoute.

JULIE

Vraiment Clothilde, je ne comprends pas… Je fais tout pour être agréable


et Stéphane me demande d’arrêter de l’appeler… J’ai l’impression que
tout est de la faute de cette discussion qu’on a eue au sujet de mon père…

CLOTHILDE

Je ne vois pas pourquoi tu t’obstines avec ce mec. C’est un bon à rien.


C’est normal que tu t’occupes de ton père. Qui l’aurait fait ? Tu es fille
unique. Il devrait comprendre. Il est fils unique. Allez ! Regarde tous
les gars intéressants qu’il y a autour de toi. Beaux, jeunes, bons partis.
Et puis qu’est-ce que tu as à lui raconter comme c’était dur de t’occuper
de ton père mourant ?! Les hommes aiment les femmes jeunes,
fraîches et souriantes. Déjà t’es jeune toi, profites-en. Sois fraîche et
souriante maintenant.
Sérieusement… Pourquoi tu t’obstines avec ce genre de gars… Ce sont
des coureurs.

JULIE

Il me dit qu’il aime sa femme.

CLOTHILDE

Ben pire il aime sa femme. Laisse tomber.

JULIE

J’ai eu tort de parler à Stéphane de mon père. C’est de ce jour qu’il m’a
regardée différemment. À mon homme je peux parler quand même.

31
CLOTHILDE

Julie, je te comprends. Mais déjà ce n’était pas ton homme. Il a été


clair dès le départ. Ne lui retire pas ça. Enfin ma chérie ce n’est pas le
moment détendons-nous. Tout le fric est réuni ici ce soir. On est dans
mon monde là. Tu as la chance de fréquenter le gratin avec moi. Une
petite blonde comme toi a toutes ses chances ici. Ne me déçois pas.

NICOLE

Julie lève la tête.


Ses yeux tombent dans les miens.
Elle me dévisage et rougit violemment.
Jusqu’aux oreilles.
Des larmes semblent lui monter aux yeux.
Elle a dû sentir que je les écoutais.
Je tourne la tête.
Mes yeux tombent dans ceux de deux aimables vieilles dames qui
patientent tranquillement dans cette non-file d’attente.
Ce sont des touristes.
Leurs petits-enfants leur ont certainement offert ce voyage.
Je les salue d’un signe de tête.
Elles me répondent d’un même signe de tête.
Je serai un jour une bonne grand-mère comme elles…

Une main passe entre mes cuisses par-dessous ma robe, sans gêne,
dans le tohu-bohu bien rangé, bien compacté.
Je ne réagis pas.
Je suis coincée par la foule.
Je ne me retourne pas.
C’est mon Chat.
Je sais que c’est lui.

32
Son odeur me...
De toutes les façons personne ne voit ses propres pieds dans cette
queue.
Je tourne la tête.
Il me donne un baiser.

J’entends mes aimables voisines “Look at that pretty girl... I never


understood why such a good looking man could be with that negroe… It
must only be for the sex”.

Je m’en fous.
J’aime son odeur, j’aime ses mains, j’aime ses yeux.

33
10
Face au théâtre

STÉPHANE

Attends.
Qu’est-ce que Nicole fout avec ce…
Cette espèce de porc qui ne doit être là que pour son cul !
Il pense qu’il peut tout acheter avec son fric ?
C’est quoi… C’est quoi ça ?
Pourquoi elle… ?
C’est qui ça…

Je les suis.
Ils entrent dans ce restaurant à la bouffe minimaliste qu’elle m’a
toujours dit détester.

J’attends.
Je fais le tour du bâtiment.
Une fois.
Deux fois.
Ici.
On peut voir la cour et le jardin à travers ces grillages.
Le ciel est clair, on voit la lune.
Je la connais.
Elle va sortir.
J’attends.

Elle sort.
Nicole.
Elle a toujours aimé regarder la lune.

34
Pour ne plus avoir à réfléchir.
Cela fait des heures que j’erre et je peux enfin me poser là avec elle
derrière le grillage du jardin du restaurant.
Elle pense à moi.
Elle attend que je la rejoigne pour reprendre notre vie.
Elle porte une robe...
Sa peau est plus...
Elle rayonne plus que toutes.
Une robe dans laquelle elle flotte un peu.
C’est normal après ce qui lui est arrivé.

Elle est revenue…

Je suis là pour elle.


Je vais lui parler.

35
11
Au restaurant

NICOLE

Je souris.
Autour de la table, des messieurs, qui avaient déjà le ventre rond avant
même d’avoir mangé, me regardent comme le dessert de leur compagnon
de tablée qu’ils auraient bien voulu s’envoyer.
Je souris.

Je n’arrive pas à profiter de la bonne nourriture.


Il devient difficile d’ignorer, les bouteilles de vin aidant, les regards de
mes voisins qui essayent de deviner la fermeté de mes seins ou quel
peut être le bruit de mes fesses quand on me prend sans délicatesse
par derrière.
Ça me bouffe de l’énergie.

Il fait froid dans ce resto.


Je me lève de table en jetant un coup d’œil à mon Chat qui valide mon
déplacement d’un hochement de tête.
Dehors le ciel est clair.
Je vais dans le jardin de la cour d’où je peux encore voir la salle.

Partout où Chat m’emmène, je découvre une vie parallèle, des décors


parallèles, des personnalités parallèles, vivant dans un environnement
toujours bien climatisé.
Une autre vie.
La vie d’expat’.

Chat se lève pour saluer les dames de la table d’à côté.

36
Il en enlace une.
Il dépose un rapide baiser sur l’épaule nue d’une autre.
Et toutes elles rient.
Elles ne sont pas plus des poules que lui n’est une espèce de… coq de
basse-cour.

Il s’arrête auprès d’une femme à la poitrine opulente que ne soutient


visiblement aucune lingerie.
Elle est plus jeune que moi, qui suis déjà jeune, plus mince aussi.
Une…
Une qui est à sa place ici.
Il se penche vers elle pour glisser à ses oreilles… pas plus de trois
mots.
Elle lui sourit discrètement avec des yeux de biche.
Il lui fait un clin d’œil.
Je regarde ce qui est mon Chat.

Mon cerveau devient cotonneux.


Il me fait ce même genre de clin d’œil.
Pourquoi m’a-t-il invitée si c’est pour m’humilier ?

Une douleur me prend à la gorge.


Mon cerveau devient cotonneux.
Je sens le poison du doute et de la jalousie s’infiltrer dans mon sang.
Je me mets à vouloir l’oublier.
Je me mets à attendre la fin de notre histoire.
Je me mets même à comprendre la jalousie de Stéphane.

Je suis encore mariée à Stéphane donc…


Il ne se gêne pas pour me le rappeler et me demander où je suis et
ce que je fais.

37
Est-ce qu’il a raté des épisodes de notre vie ?

Enfin ce n’est pas surprenant.


Je suis devenue sa chose dès le lendemain de nos noces.
Il s’est mis à terminer toutes ses phrases par “maintenant qu’on est
mariés…”
La première fois, je le dévisage quelques secondes ne sachant pas si
je dois trouver ça mignon.
Puis je pousse mon doute sous le tapis.
Mais une fois l’histoire terminée, je comprends que ce genre de doute
ne ment pas.

Il y a eu plusieurs fins à notre histoire.


Ma fin.
Sa fin.
La fin pour notre entourage.

Selon sa fin, il me quitte.


Pour une femme qui doit céder à toutes ses demandes, comme moi
avant.
“Assieds-toi, j’ai à te parler.” A-t-il dit d’un ton mi-criard mi-cassant
à l’autre bout du fil. “Assieds-toi !!! J’ai dit. Ne m’énerve pas... J’en ai
marre que tu pompes mon énergie. Tu es assise ?”

Ce jour-là je sors de ma sidération.


Il revient rapidement vers moi, surpris que je ne veuille plus partager
sa vie comme avant.
Après tout c’est fini avec cette femme, d’ailleurs il n’y avait jamais
vraiment eu quelque chose…
Comme si notre séparation était due à une aventure extraconjugale.
Comme si nous n’avancions pas depuis longtemps dans le goudron
de la tête aux pieds.

38
Il y a un élément déclencheur à tout ça.
C’est ce qu’on appellera ma fin.
Je tombe enceinte.
Et après l’avoir annoncé à tout le monde à trois mois et un jour, le
bébé part.

Pour notre entourage, je suis responsable de la fin.


Tout le monde comprend : Stéphane a une aventure avec une femme
dans un grand moment de douleur paternelle.
“Tu ne peux pas le quitter pour ça.”
“Après tout vous êtes mariés, tu ne pensais tout de même pas que cela
ne t’arriverait pas.”
“Vous en ferez un autre le moment venu.”
“Soit compréhensive, les pères souffrent aussi après la perte d’un
enfant aussi précocement en plus.”

Tout est de ma faute.


Je ne veux pas d’enfant de cet homme-là.
C’est pour ça qu’elle est partie.
Elle.
Je suis sûre que c’est une fille.
Une fille rieuse.
Une fille qui danse joliment toutes les fois où des notes de musique
s’accrochent à ses oreilles.
Une fille dont la peau a l’odeur d’un avocat fraîchement pelé.

J’ai envie de crier.


Je veux le ciel.
Seule ici avec le ciel clair.

Des lèvres glacées se posent sur le milieu de mon dos nu.

39
Un des lascars au regard libidineux de la table à langoustes m’a suivie.
Il pose ses lèvres glacées sur le milieu de mon dos nu.

Je me mets à rire.
Comme je sais si bien le faire.
Comme une poule.
Je ris : en imaginant les ongles de mes pouces enfoncés dans les
yeux de cet homme, en imaginant le plaisir que pourrait me procurer
la texture de glaire des deux billes que j’aurais alors sorties de
leurs orbites.
Je n’ai pas d’autres solutions légales que celle de rire.
Je suis fatiguée.
J’ai envie de crier.
Rien ne sort jamais de ma gorge.

Le lascar de la table à langoustes se rapproche de moi… Il pose sa


main sur ma hanche… Il…

STÉPHANE

Lâche-la !

Silence. Nicole regarde Stéphane. Stéphane regarde Chat qui arrive der-
rière Nicole. Nicole regarde Chat.

NICOLE (à Chat)
Chat.

STÉPHANE (à Nicole)
Nicole…

NICOLE (à Stéphane, avec douceur)


S’il te plaît Stéphane ce n’est pas le moment…

40
STÉPHANE (à Nicole)
C’est qui lui ?!

NICOLE (à Stéphane, très fermement)


S’il te plaît Stéphane ce n’est pas le moment !!!

41
12
Au marché

STÉPHANE

Ce n’est juste pas le moment.


J’attends.
Je dois juste attendre.
Ce n’est juste pas le moment.
Je me pose.
Là.
Près du marché.
Cela fait des heures que j’erre.

Fin de journée.
Heure bâtarde où l’on ne distingue rien où l’on peut être Personne.
Partout le vide.

Un faux vide qui se remplit.


Au compte-gouttes.
Des esseulés la bouche tordue par le plaisir d’une pipe.
Leurs fumées s’élèvent dans de soudaines bouffées.

La féerie en pleine misère.

Je suis bien là auprès d’eux.


J’ai envie de me joindre à eux.
Pour n’avoir plus à réfléchir à ma vie.
Plus que la recherche de crack…
La mort qui viendrait lentement me chercher et je m’en foutrais.
Je ne veux pas dormir…

42
J’attends…
Nicole…

Elle est tout pour moi. Je suis tout pour elle.


Attends !

43
13
Au marché

NICOLE

Nous sommes déjà réveillés.


Il est tôt.
Chat a repris le temps de m’aimer.
Après avoir quitté le restaurant et à notre réveil.
C’est important pour lui.
Il ne m’a pas posé de questions.
Il veut juste m’aimer.
Je ne lui en pose pas non plus.
Je veux juste...

Il est assis sous moi.


Il n’est plus en représentation, je l’ai massé ce matin : les pieds, le
dos et les mains.
Sur ses mains, je vois une multitude de petites taches brunes qui ont
déjà apparu. Des sillons profonds en font le tour.
Il est crevé.
Il veut vivre.
Je veux un enfant.
Ses yeux se plissent pour un oui pour un non.
Quel plaisir ce doit être d’avoir un enfant avec ces yeux qui plissent.
Je veux son enfant.

Je dis “Chat ?”
“Oui.” Il me répond.

Chat, est-ce que tu veux un enfant ?

44
Mais je ne le lui dis pas.

“Chat ?... On sort ? Je veux t’emmener dans un vrai endroit. Lève-toi !”

Direction le marché.
Je ne suis pas prête à lui parler.
Je devrais raconter ce qui s’est passé avant lui, ce que j’ai vu.

Je m’y dirige pour la énième fois de ma vie sur ce marché.


Les gens adorent cet endroit, je n’ai jamais compris pourquoi : des
rues étroites, des trottoirs défoncés et mal aménagés, une quantité
extravagante de drogués demandant des pièces ou des Tickets-
Restaurants, une odeur de pisse à tous les bouts de coins ombragés
et de grosses bonnes femmes à moitié nues comme si le prétexte du
climat justifiait tout.

Je dis “Il ne faut pas aller chez ce vendeur. Ses bouteilles sont déjà
fermées. Certains vendeurs rajoutent de l’eau dans ces bouteilles pur
jus qu’ils vendent déjà fermées. Je ne veux pas qu’on te traite comme
un touriste. Chat… tu m’écoutes ?”

Chat s’en fout. Il m’embrasse goulûment.


C’est qu’il réveille à chaque fois mon désir ce vieux con.
Est-ce qu’il pourra me donner mon enfant ?
“Chat, est-ce que tu veux un enfant ?”

45
14
Au marché

STÉPHANE (interpellant Nicole)


Nicole !

NICOLE

Tu m’as suivie…

STÉPHANE

Non… Non-non, non Nicole enfin voyons…

NICOLE

Quand Stéphane s’est présenté à moi je n’ai pas eu peur. Je l’attendais.


Je veux respirer à nouveau cette odeur d’avocat fraîchement pelé.
Je n’ai pas envie d’essayer de vivre.
Je n’ai pas envie de parler de ce que j’ai vu.

STÉPHANE (interpellant Nicole)


Nicole !

NICOLE

Tu m’as suivie…

STÉPHANE

Non… Non-non, non Nicole enfin voyons… (Faussement léger.)


Comment vas-tu ? Ça fait super longtemps que… Excuse-moi je
reprends mon souffle… Je t’ai juste reconnue au loin… Et… Comme
je t’ai vue au restaurant… Est-ce que ?… (En hurlant.) Mais enfin c’est
qui ça ?”

46
NICOLE

Chat !!!

STÉPHANE

Elle me regarde.
Toujours elle reste figée face à moi.
Parle-moi.
Elle est avec cet homme.
Comme ça devant tout le monde.
Un…
Je ne comprends pas.
Pourquoi elle fait ça ? Avec cet homme.
Je le frappe. Je l’assomme.
Une pluie de coups s’abat sur ma tête, sur mon dos, mais je ne sens
rien.

NICOLE

Quand Stéphane s’est présenté à moi je n’ai pas eu peur. Je l’attendais.


Je veux respirer à nouveau cette odeur d’avocat fraîchement pelé.
J’aurais déjà dû partir le même jour qu’elle.
La seule enfant que j’aie jamais voulue.
Stéphane n’a pas changé, il a le même regard depuis le jour où je les
ai vus.
Il est prêt à faire n’importe quoi.
Chat !!!

STÉPHANE (interpellant Nicole)


Nicole !

NICOLE

Tu m’as suivie…

47
STÉPHANE

Non… Non-non, non Nicole enfin voyons… (Faussement léger.)


Comment vas-tu ? Ça fait super longtemps que… Excuse-moi je
reprends mon souffle… Je t’ai juste reconnue au loin… Et… Comme
je t’ai vue au restaurant… Est-ce que ?… (En hurlant.) Mais enfin c’est
qui ça ?

NICOLE

Chat !!!

STÉPHANE

… Attends. Je veux juste te parler.

Elle me regarde.
Toujours elle reste figée face à moi.
Parle-moi.
Elle ne dit rien.
Elle est figée face à moi.
Lui ne bouge plus.
Elle ne parle pas.
Parle-moi.
Ma main serre et elle ne parle toujours pas.
Du sang sort du petit trou que j’ai fait dans sa gorge.
J’ai enfoncé une petite pique qui traînait trop proche de ma main.
Parle-moi.
Une pluie de coups s’abat sur ma tête, sur mon dos, mais je ne sens
rien.

NICOLE

Quand Stéphane s’est présenté à moi je n’ai pas eu peur. Je l’attendais.


Je veux respirer à nouveau cette odeur d’avocat fraîchement pelé.

48
Je n’ai pas envie d’essayer de vivre.
Je ne veux pas parler de ce que j’ai vu.
Je ne sais plus crier.
Il faudrait que je crie ?

La mère de Stéphane avait crié, elle.


À l’annonce de notre mariage. “Pour quoi faire ce mariage ?”
Nous avions attendu trois mois et un jour pour lui annoncer la nouvelle
de ma grossesse.
Trois mois est le temps qu’il faut attendre avant d’annoncer une
grossesse.
Le bébé est bien accroché.
On peut le dire à tout le monde.
Commencer à se faire chouchouter.
Elle était furieuse.
Style “Elle ne comprend pas que je sois enceinte”.
Comme si cela aurait changé quelque chose à ma situation, elle a
exigé que Stéphane la rejoigne dans son bureau, en a parté.

J’ai attendu une heure dans le salon.


Je me suis levée.
Je me suis dirigée vers le bureau.
J’ai ouvert la porte.
Je les ai vus.

Stéphane et sa mère.

Lui, sa bouche accrochée à son sein, sa main entre ses jambes.


Elle et lui.
En a parté.

49
Un liquide chaud a coulé entre mes jambes.
C’est notre fille.
Elle a trois mois et un jour, et elle part.

Je l’ai laissée partir la première.


Je n’avais pas le droit de la laisser partir la première.
J’aurai dû partir avec elle.
Une mère ne doit pas laisser son enfant partir avant elle.

Quand Stéphane s’est présenté à moi je n’ai pas eu peur. Je l’attendais.


Je n’ai pas envie d’essayer de vivre.
Je veux respirer à nouveau cette odeur d’avocat fraîchement pelé.

Stéphane n’a pas changé, il a le même regard depuis le jour où je les


ai vus.
Il est prêt à faire n’importe quoi.
Il s’acharne sur le corps de Chat.
Je ne sais plus crier.
Ses mains serrent ma gorge.

Il faudrait que je crie ?


Je n’ai pas envie d’essayer de vivre.

50
Itinéraire de l’autrice

Françoise Dô est née en 1981. Autrice, metteuse en scène et


comédienne, elle a suivi une formation en art dramatique au Cours
Florent.

En 2016, elle fonde la compagnie Bleus et Ardoise, en résidence de


création à Tropiques Atrium - Scène nationale de Martinique.

Cette année-là, elle est assistante à la mise en scène de Hassane


Kassi Kouyaté, en janvier pour L’Orchidée violée de Bernard G. Lagier
et, en février, pour 4h du matin de Ernest J. Gaines.

En janvier 2017, elle met en scène lors du festival Les Petites Formes
sa première pièce, Aliénation(s), lauréate du concours En avant la
création de Tropiques Atrium.

De mars à mai, elle assiste Domenico Carli pour la mise en scène de


la pièce de théâtre pour enfants Barbichette et de juillet à novembre
Stéphanie Loïk pour la création de Dix histoires au milieu de nulle
part, adaptation théâtrale de La Fin de l’homme rouge de Svetlana
Aleksievitch.

En octobre, sa deuxième pièce, A Parté , est lauréate du programme


Écritures de la Cité internationale des arts de Paris.

La pièce est mise en voix à Théâtre Ouvert en mai 2018 pendant le


Zoom #4, avant sa création en janvier 2019 à Tropiques Atrium.
Collection
Théâtre Ouvert
TA P U S C R I T

1 Rue du Temple de Michel Quint


2 Les Incertains de Jean-Paul Wenzel
3 Fugue en mineur(e) de Pierre Léaud
4 Un balcon sur les Andes de Eduardo Manet
5 Les Sables mouvants de Jacques-Pierre Amette
6 Voici Solange, Paris ou ailleurs de Cosmas Koroneos
7 Combat de nègre et de chiens de Bernard-Marie Koltès
8 Détruire l’image de Louise Doutreligne
9/10 Voyage de Madame Knipper vers la Prusse orientale et Carthage encore
de Jean-Luc Lagarce

11 Paroles de voyage dans la maison immobile de Claude Vercey


12 Point sublime de Michel Boudon
13 Laura dans l’olivette de Philippe Minyana
14 Leçons de bonheur de Liliane Atlan
15 Toutes les îles se touchent… de Gérard Le Cam
16 Stravaganza de Claude Prin
17 Partage de Michel Deutsch
18 Fin d’été à Baccarat de Philippe Minyana
19 Regarde les femmes passer de Yves Reynaud
20 Bibi le Kid de Yves-Fabrice Lebeau

21 Madame Sarah de Madeleine Laïk


22 Ern (possession en neuf temps) de Serge Ganzl
23 Entrevue au parloir de Fernand Seltz
24 Vagues souvenirs de l’année de la peste… de Jean-Luc Lagarce
25 Noises de Enzo Cormann
26 Dîner de Laurent Renou
27 Le Coin d’ombre de Corinne Atlas
28 Usinage de Daniel Lemahieu
29/30 Cabale et Temporalia de Enzo Cormann
31 Dodéca ou De l’audition - Céladon - Métisse - Figures de Gérard Lépinois
32 Face de carême de Jacques Kraemer
33 Mendoza, en Argentine… de Eduardo Manet
34 Images de Mussolini en hiver de Armando Llamas
35 Retour à la citadelle de Jean-Luc Lagarce
36 Surtout quand la nuit tombe… de Arlette Namiand
37/38 Double Commande et Les Voyageurs de Madeleine Laïk
39 Les Autres de Emmanuel Loi
40 Les Guetteurs de Bernard Sarrut

41 Soleil nuit de Judith Gershman


42 L’Annexe de Agnès Mallet
43 Paroli de Jean-Claude Mouyon
44 Tohu-Bohu de Claude Prin
45 Les Deux Frères de André Gunthert
46 Effacement de Colette Fayard
47 Les Chiennes de Eduardo Manet
48/49 Rose, la nuit australienne et L’Entre-deux de Noëlle Renaude
50 Derniers remords avant l’oubli de Jean-Luc Lagarce

51 Remarques sur l’horizon et ses habitants de Yves Nilly


52 Tonkin-Alger de Eugène Durif
53 Le Voyage à Arezzo de Anne Barbey
54 Toute ressemblance de Madeleine Laïk
55 Un peu d’effroi de Josanne Rousseau
56 Les Corps simples de Yves Nilly
57 Le Renard du Nord de Noëlle Renaude
58 L’Arbre de Jonas de Eugène Durif
59 Lisbeth est complètement pétée de Armando Llamas
60 Meurtres de la princesse juive de Armando Llamas

61 Djurdjura de François Bourgeat


62 Après nous de Jacques-Pierre Amette
63 Corps et tentations de Didier-Georges Gabily
64 Le Maître de fabrique de Serge Ganzl
65 Gustave n’est pas moderne de Armando Llamas
66 L’Arbre de Jonas (version bilingue franco-allemande) de Eugène Durif
67/68 Petits Rôles et Blanche Aurore Céleste de Noëlle Renaude
69 Inaccessibles amours de Paul Emond
70 Corps plongés dans un liquide de Christine Angot
71 Les Petites Heures de Eugène Durif
72 Chemin de feux de Jacques Doazan
73 Celle-là de Daniel Danis
74 Passage des lys de Joseph Danan
75 Kammerspiel de René Fix
76 Les Nuages de terre de Daniel Danis
77 De quelques choses vues la nuit de Patrick Kermann
78 Trop loin une île de Jean-Marie Prevel
79 Nous, les héros de Jean-Luc Lagarce
80 Caprices d’images de Paul Emond

81 J’étais dans ma maison et j’attendais que la pluie vienne de Jean-Luc Lagarce


82 Opéra savon de Jean-Daniel Magnin
83 Le Chant du Dire-Dire de Daniel Danis
84 L’Excuse du temps de Jacques Doazan
85 Nefs et naufrages de Eugène Durif
86 Onysos le furieux de Laurent Gaudé
87 Comment cela est-il arrivé ? de Joris Lacoste
88 Meurtres hors champ de Eugène Durif
89 Pluie de cendres de Laurent Gaudé
90 La Gelée d’arbre de Hervé Blutsch

91 Badier Grégoire de Emmanuel Darley


92 La Langue des chiens de roche de Daniel Danis
93 Qui se déchire de François Bon
94 Gouaches de Jacques Serena
95 Bruit de François Bon
96 Anne-Marie de Philippe Minyana
97 Une ombre de Emmanuel Darley
98 Un épisode du monde moderne de Ivan Grinberg
99 Souterrains de Emmanuel Darley
100 Rimbaud sur les bords de l’Oder de Andreas Marber

101 Eddy, F. de pute de Jérome Robart


102 Ervart ou les derniers jours de Frédéric Nietzsche de Hervé Blutsch
103 R. S/Z. Impromptu Spectre de Joseph Danan
104 Deux morceaux de verre coupant et Le Petit frère des pauvres de Mario Batista
105 Disparu(e)(s) de Frédéric Sonntag
106 Les Habitants de Frédéric Mauvignier
107 Intrusion de Frédéric Sonntag
108 Choses tendres de Marie de Beaumont
109 Maman est folle de Frédéric Mauvignier
110 C’est ma maison de Frédéric Vossier
111 Langue Fourche de Mario Batista
112 Rêve de jardin de Frédéric Vossier
113 Art’Catastrophe de Jalie Barcilon
114 Faire de Frédéric Mauvignier
115 Toby ou le saut du chien de Frédéric Sonntag
116 Alta Villa - Contrepoint de Lancelot Hamelin
117 Dépaysage de Guillermo Pisani
118 La Séparation des songes de Jean Delabroy
119 Le Problème de François Bégaudeau
120 Tout doit disparaître de Eric Pessan

121 Ciel ouvert à Gettysburg de Frédéric Vossier


122 Cancrelat de Sam Holcroft
123 Fractures de Linda McLean
124 Les Inaboutis de Eric Pessan
125 Le Foie de François Bégaudeau
126 Choco Bé de Laura Tirandaz
127 Je pars deux fois et Jour de Nicolas Doutey
128 Des idiots nos héros suivi de De la blessure de Moreau
129 Au bout du couloir à droite d’Aurore Jacob
130 La Fusillade sur une plage d’Allemagne de Simon Diard

131 L’Incroyable Matin de Nicolas Doutey


132 Seuls les vivants peuvent mourir d’Aurore Jacob
133 Des territoires (Nous sifflerons la Marseillaise…) de Baptiste Amann
134 L’Ennemi intérieur de Marilyn Mattei
135 Paranoid Paul (You stupid little dreamer) de Simon Diard
136 Convulsions d’Hakim Bah
137 Des territoires (…D’une prison l’autre…) de Baptiste Amann
138 Le Moment psychologique de Nicolas Doutey

Tapuscrits épuisés
1 à 38, 42, 45, 47 à 61, 63 à 74, 76, 77, 79,
80, 81, 83, 85, 86, 88, 89, 90, 92, 93, 95.

Les titres épuisés sont disponibles


en photocopies avec participation aux frais,
renseignements au 01 42 55 74 40.
Et aussi,
collection Théâtre Ouvert / Enjeux

Transat de Madeleine Laïk


Avec les témoignages de Anne Laurent Variations,
Michelle Marquais La Spiritualisation, André Marcon L’intuition,
Christiane Cohendy L’éphémère, Brigitte Lauber L’ailleurs,
Michel-Charles Gaffier L’espace-temps, Alain Marchal La subtilité,
Madeleine Laïk La séduction

Vater Land de Jean-Paul Wenzel et Bernard Bloch


Avec des textes de Arlette Namiand De pères allemands
et Sous les décombres, Jean-Paul Wenzel Des nuits sans sourires,
Bernard Bloch Une errance calculée et comprenant Vater Land,
récit de Jean-Paul Wenzel et Vater Land, théâtre de Jean-Paul Wenzel
et Bernard Bloch

La Waldstein de Jacques-Pierre Amette


et Les Orphelins de Jean-Luc Lagarce

Le Mal du pays et Les Sables mouvants, de Jacques-Pierre Amette


Avec le témoignage de Dominique Nores, Ecrire

Usinage, Amours de famille de Daniel Lemahieu


Suivi de Préludes et figures

L’Etalon Or de Daniel Lemahieu


Comprenant Pour la comédie de Daniel Lemahieu (extraits d’un article
publié dans Loisir, périodique de la Comédie de Caen) et un témoignage
de Michel Dubois, metteur en scène, Bilan et dépôt de bilan

Radiodrames
Maison d’hôtes de Eugène Durif, Delft de Joël Jouanneau,
Ce qui s’appelle crier de Joris Lacoste et Lit de Gilles Saoud
avec les témoignages de Christine Bernard-Sugy, Claude Guerre
et Blandine Masson
Diptyque
Comment cela est-il arrivé ? et Nouvelles révélations sur le jeune homme
de Joris Lacoste
Préface de François Bon
Proposition dramaturgique de la compagnie Coué
Interview de l’auteur

Prologue, Entente cordiale, Anne-Marie de Philippe Minyana


suivis de Paroles d’auteurs avec Michel Azama, François Bon, Enzo Cormann,
Magnus Dahlström, Eugène Durif, Roland Fichet, Jon Fosse, Rodrigo Garcia,
Christophe Huysman, Joël Jouanneau, Daniel Lemahieu, Philippe Minyana,
Gregory Motton, Lars Norén, Jean-Marie Piemme, Noëlle Renaude, Alejandro
Tantanian

Par les routes de Noëlle Renaude


Textes et témoignages sur le thème “Des écritures dans l’espace”
de Hervé Blutsch, Robert Cantarella, Damien Chaîne, Rodolphe Congé,
Céline Hersant, Frédéric Maragnani, François Raffinot et Noëlle Renaude

Entre les murs de François Wastiaux


Théâtre-récit d’après le roman de François Bégaudeau
Entretiens avec François Bégaudeau et François Wastiaux

Meurtres de la princesse juive de Armando Llamas (nouvelle édition)


Entretien avec Micheline Attoun
Parcours d’auteur, 20 ans avec Théâtre Ouvert, vol. 1

Images de Mussolini en hiver et Comment te le dire ? de Armando Llamas


Correspondance avec l’auteur
Portrait par Olivier Goetz
Parcours d’auteur, 20 ans avec Théâtre Ouvert, vol. 2

J’ai 20 ans, qu’est-ce qui m’attend ?


de François Bégaudeau, Arnaud Cathrine, Aurélie Filippetti,
Maylis de Kerangal, Joy Sorman
Entretiens avec les auteurs
Témoignage de Cécile Backès et Maxime Le Gall
Conception graphique
Atelier ter Bekke & Behage
avec la collaboration de
Sophie-Liesse Morin
Achevé d’imprimer en août 2018
Média Graphic, Rennes

Dépôt légal : septembre 2018

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