Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
N° 19BX04087
Inédit au recueil Lebon
RÉPUBLIQUE FRANCAISE
AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS
Vu la procédure suivante :
Procédure en appel :
Par un arrêt avant-dire droit du 10 juillet 2019, la cour régionale des pensions de
Poitiers, a réformé ce jugement et ordonné une expertise.
Par des mémoires enregistrés les 25 novembre 2019, 21 février, 3 juillet et 31 août
2020, la ministre des armées conclut au rejet de la requête.
Elle fait valoir que : l'expert n'a constaté aucune augmentation de l'insuffisance
respiratoire et n'a relevé aucune doléance de M. G... à ce sujet ; l'aggravation de 10
% retenue pour l'augmentation du nombre de plaques pleurales ne correspond pas à
une aggravation de la gêne fonctionnelle ; le préjudice d'anxiété ne peut être pris en
compte dès lors que la demande n'a pas été présentée à ce titre.
Par des mémoires enregistrés les 10 février, 28 février et 7 juillet 2020, M. G...,
représenté par Me D..., doit être regardé comme demandant à la cour :
1°) d'annuler le jugement du tribunal des pensions militaires de la Vienne du 24
septembre 2018 ;
2°) d'enjoindre à l'Etat de porter le taux de sa pension à 55 % à compter du 16
septembre 2013 ;
3°) de mettre à la charge de l'Etat le versement au profit de son conseil d'une somme
de 1 500 euros au titre des dispositions combinées des articles L. 761-1 du code de
justice administrative et 37 de la loi du 10 juillet 1991 relative à l'aide juridique.
Il soutient que :
- l'expert a constaté un nombre de plaques pleurales plus important en 2003 qu'en
1991, ainsi qu'une atteinte parenchymateuse plus marquée en 2013, ce qui justifie
une majoration du taux d'invalidité ; il n'appartient pas à la ministre des armées de
remettre en cause le taux initial de 45 % attribué initialement par le tribunal des
pensions de la Charente-Maritime ;
- la ministre des armées n'apporte pas la preuve de l'absence d'aggravation de
l'insuffisance respiratoire, laquelle n'avait pas été évaluée initialement ;
- il s'est toujours plaint d'une gêne fonctionnelle assimilable au port d'un corset ;
l'expert indique que le principal symptôme fonctionnel est une douleur thoracique
permanente dans l'hémichamp thoracique droit évoluant par poussées ; elle est liée à
l'épaississement pleural qui a évolué et suffit à justifier un taux d'aggravation de 10 %
;
- il ne demande pas l'indemnisation d'un préjudice d'anxiété mais la prise en compte,
pour l'augmentation de son taux d'invalidité, de l'anxiété face au risque de
développer un mésothéliome, caractérisant une atteinte à l'état général.
M. G... a été admis au bénéfice de l'aide juridictionnelle totale par une décision
modificative du 16 janvier 2020 annulant et remplaçant la décision du 8 février 2019.
1. M. G..., né le 10 juillet 1937, est titulaire d'une pension militaire d'invalidité au taux
de 45 % avec effet au 22 avril 1991 pour une asbestose en lien avec son exposition
à l'amiante alors qu'il était affecté en Algérie en qualité de mécanicien d'escadrille
militaire entre le 11 février 1957 et le 19 novembre 1958. Le 16 septembre 2013, il a
sollicité la révision de cette pension pour aggravation. Par une décision du 19
octobre 2016, le ministre de la défense a rejeté sa demande au motif qu'après
expertise médicale, aucune aggravation n'avait été constatée. Par un jugement du 24
septembre 2018, le tribunal des pensions militaires de la Vienne a rejeté la demande
de M. G... tendant à l'annulation de cette décision et à l'organisation d'une expertise.
Par un arrêt avant-dire droit du 10 juillet 2019, la cour régionale des pensions de
Poitiers a réformé ce jugement et ordonné une expertise, dont le rapport a été
enregistré au greffe de cette juridiction le 19 septembre 2019.
2. La loi du 13 juillet 2018 relative à la programmation militaire pour les années 2019
à 2025 et portant diverses dispositions intéressant la défense et le décret du 28
décembre 2018 portant transfert de compétence entre juridictions de l'ordre
administratif, pris pour l'application de l'article 51 de cette loi et portant diverses
dispositions intéressant la défense, ont eu pour effet de transférer aux juridictions
administratives de droit commun le contentieux des pensions militaires d'invalidité.
Par suite, la cour administrative d'appel de Bordeaux est compétente pour statuer sur
l'appel transmis en l'état par la cour régionale des pensions de Poitiers.