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Les mutilations génitales féminines désignent toutes les interventions visant à une ablation partielle ou totale
des organes génitaux externes de la femme ou toute autre mutilation des organes génitaux féminins pratiquée
à des fins non thérapeutiques.
Si les pratiques de MGF persistent dans les 25 pays où elles sont le plus couramment pratiquées et pour les-
quelles des données plus récentes sont disponibles, 68 millions de filles seront exisées entre 2015 et 2030.
L’enjeu est non seulement de protéger les filles actuellement à risque, mais également de veiller à ce que
celles qui vont naître soient à l’abri des dangers de la pratique. Ceci est particulièrement important compte
tenu du fait que la plus part des pays pratiquant les MGF couramment, connaissent généralement une forte
croissance démographique et une forte population de jeunes. En 2019, on estime qu'environ 4,1 millions de
filles courraient le risque d’être excisées. Si la tendance continue, ce sont 4,6 millions de filles qui seront vic-
times de la pratique chaque année d'ici 2030.
En 2020 et 2022, la COVID-19 a aggravé la vulnérabilité des filles et des femmes, en particulier celles à
risque de MGF. La pandémie a encore enraciné les inégalités entre les sexes, les disparités économiques et
les risques sanitaires auxquels sont confrontées les femmes et les filles, et a perturbé les programmes de pré-
vention pour l'élimination des MGF et d'autres pratiques néfastes. L'UNFPA estime qu'en raison de la CO-
VID-19, deux millions de cas de MGF pourraient se produire au cours de la prochaine décennie qui auraient
autrement été évités, ce qui entraînerait une réduction de 33 % des progrès vers la fin de la pratique des
MGF.
Quel est l’impact des MGF sur la santé des femmes et des filles ?
Les MGF ont des répercussions graves sur la santé sexuelle et reproductive des filles et des femmes.
Leurs effets dépendent de plusieurs facteurs, comme le type de MGF pratiquées, l’expérience des
praticien(ne)s, les conditions d’hygiène dans lesquelles l’intervention est réalisée, la résistance et l’état de
santé général de la personne qui subit l’intervention. Des complications peuvent survenir quel que soit le
type de MGF, mais elles sont particulièrement fréquentes avec l’infibulation.
Certaines complications peuvent survenir immédiatement : douleur violente, choc, hémorragie, tétanos ou
infection bactérienne, rétention d’urine, ulcération génitale et lésion des tissus adjacents, infection de la
plaie, infection urinaire, fièvre et septicémie. En cas d’hémorragie ou d’infection graves, les mutilations gé-
nitales féminines peuvent entraîner la mort.
Parmi les conséquences à long terme, on peut citer l’anémie, la formation de kystes et d’abcès, la formation
de cicatrices chéloïdes, des lésions à l’urètre entraînant l’incontinence urinaire, la dyspareunie (rapports
sexuels douloureux), la dysfonction sexuelle, l’hypersensibilité de la zone génitale, le risque accru de trans-
mission du VIH et de complications lors de l’accouchement, ainsi que des répercussions psychologiques.
L’infibulation peut entraîner la formation de cicatrices épaisses, des difficultés pour uriner, des troubles du
cycle menstruel, des infections récidivantes de la vessie et des voies urinaires, la formation d’une fistule et la
stérilité. La fermeture presque complète de l’orifice vaginal qu’entraîne l’infibulation provoque une accumu-
lation de flux menstruel dans le vagin et l’utérus.
Les femmes qui ont subi une infibulation ne peuvent avoir de rapports sexuels ou accoucher. Pour permettre
à nouveau les rapports sexuels, il est nécessaire de procéder à une réouverture graduelle de l’orifice vaginal.
Il arrive souvent que les femmes concernées soient désinfibulées le jour de leur mariage, par leur mari ou par
une exciseuse, afin de permettre au mari d’avoir des rapports sexuels avec son épouse. Pour beaucoup de
femmes, il est également nécessaire de pratiquer une désinfibulation au moment de l’accouchement, car
l’orifice vaginal est trop étroit pour permettre le passage du fœtus. L'infibulation est également liée aux
troubles menstruels et urinaires, aux infections récurrentes de la vessie et des voies urinaires, aux fistules et à
l'infertilité.
Pour les femmes qui ont subi une infibulation, le travail est prolongé et compliqué pouvant parfois entraîner
la mort du fœtus et l’apparition d’une fistule obstétricale. Le risque de décès à la naissance est plus élevé
chez les nouveau-nés dont la mère a subi les formes les plus graves de MGF.
Selon des estimations très récentes de l’OMS, de l’UNICEF, de l’UNFPA, de la Banque mondiale et de la
Division de la population des Nations Unies, la plupart des pays dans lesquels la prévalence des MGF est
élevée affichent également un taux élevé et un nombre important de décès maternels. Parmi les quatre pays
qui comptabilisent le plus grand nombre de décès maternels au monde, deux ont une prévalence élevée de
FGM. Parmi l’ensemble des pays à prévalence élevée, cinq affichent un taux de mortalité maternelle supé-
rieur ou égal à 550 pour 100 000 naissances vivantes.
En outre, en raison des dommages causés aux organes génitaux féminins, les rapports sexuels peuvent entraî-
ner une lacération des tissus, augmentant fortement le risque de transmission du VIH. L’hémorragie post-
partum est également un facteur d’aggravation du risque de transmission du VIH.
Type I, aussi appelé clitoridectomie : ablation partielle ou totale du clitoris et/ou du prépuce.
Type II, aussi appelé excision : ablation partielle ou totale du clitoris et des petites lèvres, avec ou sans exci-
sion des grandes lèvres. La quantité de tissus enlevée varie fortement d’une communauté à l’autre.
Type III, aussi appelé infibulation : rétrécissement de l’orifice vaginal par la création d’une fermeture, réal-
isée en coupant et en repositionnant les petites lèvres et/ou les grandes lèvres. L’infibulation peut être prati-
quée avec ou sans ablation du clitoris.
Type IV : toutes les autres interventions nocives pratiquées sur les organes génitaux féminins à des fins non
thérapeutiques, telles que la ponction, le percement, l’incision, la scarification et la cautérisation.
L’incision fait référence à l’incision du clitoris ou à l’ablation du prépuce clitoridien, mais se rapporte égale-
ment à des incisions pratiquées dans la paroi vaginale ou à l’incision du périnée ou de la symphyse.
La désinfibulation consiste, chez une femme infibulée, à sectionner la cloison formée par l’accolement des
lèvres afin de permettre les rapports sexuels ou l’accouchement.
La réinfibulation consiste à pratiquer une nouvelle suture des grandes lèvres après une désinfibulation.
Quels sont les types de MGF les plus courants ?
Les types I et II sont les plus répandus, mais la situation varie selon les pays. Le type III, l’infibulation, re-
présente environ 10 % des cas de MGF et se rencontre surtout en Somalie, au nord du Soudan et à Djibouti.
Pourquoi existe-t-il différents termes pour parler des MGF, comme l’excision ou la circoncision féminine ?
La terminologie relative aux MGF a évolué.
Selon certains, ce terme tend à masquer les graves conséquences physiques et psychologiques de l’excision
sur les femmes. L’UNFPA n’encourage pas l’emploi du terme de « circoncision féminine », car les consé-
quences de la circoncision sur la santé ne sont pas du tout les mêmes pour les femmes que pour les hommes.
Le terme de « mutilation génitale féminine » est employé par un large éventail d’organisations œuvrant pour
la santé des femmes et les droits de l’homme. Il établit une distinction claire avec la circoncision masculine.
L’emploi du terme de mutilation reflète également la gravité de l’acte et souligne que les MGF sont une vio-
lation des droits humains fondamentaux des femmes et des filles. L’expression s’est répandue à la fin des an-
nées 1970 et, depuis 1994, elle est utilisée dans plusieurs documents officiels issus des conférences des Na-
tions Unies, et a servi d’outil de plaidoyer et d’élaboration de politiques. Dans la résolution 65/170, les États
membres des Nations Unies ont clairement indiqué que le terme « mutilations génitales féminines » devaient
être utilisé pour faire référence à cette pratique néfaste.
À la fin des années 1990, le terme d’« excision » a été introduit, en partie parce que celui de « mutilation
génitale féminine » n’était pas satisfaisant, soit parce que les communautés risquaient de le trouver dévalori-
sant, soit parce qu’il pouvait laisser entendre que les parents ou les praticiens qui réalisent cette intervention
sont malveillants. Certains craignent que le terme « mutilations génitales féminines » n’ostracise les commu-
nautés dans lesquelles les MGF sont pratiquées, voire qu’il n’entraîne une réaction négative, au risque d’aug-
menter le nombre de filles qui en sont victimes.
Certaines organisations ont quant à elles adopté les deux termes et parlent de « mutilations génitales
féminines/excision » ou « MGF/E »
Aujourd’hui, un grand nombre de pays ont interdit les MGF, et un nombre croissant de communautés se sont
engagées à les abandonner, ce qui montre que les perceptions sociales et culturelles de la pratique qui sont
remises en cause par les décideurs à l’échelle nationale, régionale et internationale, le sont aussi par les com-
munautés elles-mêmes. Le moment est donc venu d’accélérer la dynamique en faveur de l’abandon complet
des MGF, en mettant l’accent sur les droits humains.
En outre, le terme de mutilations génitales féminines est employé dans un certain nombre de documents des
Nations Unies et de déclarations interinstitutions. Parmi les documents importants et récents dans ce cas, on
peut citer la première résolution de l’Assemblée générale des Nations Unies (Résolution 67/146) sur l’« in-
tensification de l’action mondiale visant à éliminer les mutilations génitales féminines ». Parmi les autres do-
cuments utilisant le terme « mutilations génitales féminines », on peut citer le Rapport du Secrétaire général
« Mettre fin aux mutilations génitales féminines », la Communication de la Commission au Parlement euro-
péen et au Conseil : « Vers l’éradication des mutilations génitales féminines », le Protocole à la Charte afri-
caine des droits de l’homme et des peuples relatif aux droits des femmes en Afrique, la Déclaration et le pro-
gramme d’action de Beijing et Éliminer les mutilations sexuelles féminines : déclaration interinstitutions.
Enfin, chaque année, les Nations Unies observent la « Journée internationale de la tolérance zéro à l’égard
des mutilations génitales féminines ».
Elle est établie dans certaines communautés de 33 pays d’Afrique : Afrique du Sud, Bénin, Burkina Faso,
Cameroun, Côte d’Ivoire, Djibouti, Égypte, Érythrée, Éthiopie, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée-Bissau,
Kenya, Liberia, Malawi, Mali, Mauritanie, Niger, Nigéria, Ouganda, République centrafricaine, République
démocratique du Congo, République-Unie de Tanzanie, Sénégal, Sierra Leone, Somalie, Soudan, Soudan du
Sud, Tchad, Togo, Zambie, Zimbabwe.
Certains groupes ethniques de pays asiatiques pratiquent les MGF, dont des communautés en Inde, en
Indonésie, en Malaisie, Aux Maldives, au Pakistan et au Sri Lanka.
Au Moyen-Orient, les MGF sont pratiquées à Oman, aux Émirats arabes unis et au Yémen, ainsi qu’en Iraq
et dans l’État de Palestine.
En Europe de l'Est, des informations récentes montrent que certaines communautés pratiquent les MGF en
Géorgie et en Fédération de Russie.
En Amérique du Sud, la pratique est établie chez certaines communautés de Colombie, d’Équateur du Pana-
ma et du Pérou.
Enfin, dans de nombreux pays occidentaux, dont l’Australie, le Canada, les pays européens et les États-Unis,
les MGF sont pratiquées au sein des communautés de la diaspora originaires de régions où elles sont
répandues.
Dans certains cas, ce sont des professionnels de santé qui réalisent l’intervention. On parle alors de « médica-
lisation » des MGF. Selon des estimations récentes de l’UNFPA, environ 20 % de filles ayant subi des MGF
a été excisée par un prestataire de santé. Dans certains pays, cette proportion peut atteindre 75 % des filles
excisées. Selon des estimations réalisées à partir d’enquêtes démographiques et de santé et d’enquêtes par
grappes à indicateurs multiples, les pays dans lesquels la majorité des MGF sont pratiquées par des profes-
sionnels de la santé sont l’Égypte (38 %), le Soudan (67 %), le Kenya (15 %), le Nigéria (13%) et la Guinée
(15 %).
Les facteurs cités pour expliquer la pratique des MGF peuvent en général être classés en cinq catégories :
Facteurs psychosexuels : les MGF sont un moyen de contrôler la sexualité des femmes, que l’on considère
parfois comme insatiable si certaines parties des organes génitaux, le clitoris en particulier, ne sont pas reti-
rées. Elles sont censées garantir la virginité avant le mariage et la fidélité de l’épouse, et augmenter le plaisir
sexuel de l’homme.
Facteurs sociologiques et culturels : les MGF sont considérées comme faisant partie de l’initiation d’une fille
au statut de femme adulte et du patrimoine culturel d’une communauté. Parfois, des mythes relatifs aux or-
ganes génitaux féminins (p. ex. le clitoris finira par grossir et atteindre la taille d’un pénis s’il n’est pas cou-
pé, les MGF améliorent la fécondité ou favorisent la survie de l’enfant) contribuent à perpétuer la pratique.
Facteurs esthétiques et liés à l’hygiène : dans certaines communautés, les organes génitaux externes de la
femme sont considérés comme malpropres et laids. On justifie alors leur ablation par des arguments liés à
l’hygiène et à des considérations esthétiques.
Facteurs religieux : bien que ni l’Islam ni le Christianisme ne les cautionne, les MGF sont fréquemment jus-
tifiées par une supposée doctrine religieuse.
Facteurs socioéconomiques : dans de nombreuses communautés, les MGF constituent une condition préa-
lable au mariage. Lorsque les femmes dépendent en grande partie des hommes, la nécessité économique peut
être un facteur majeur d’acceptation de cette pratique. Les MGF constituent parfois un prérequis au droit
d’hériter. Elles peuvent également représenter une source importante de revenus pour les personnes qui pra-
tiquent les excisions.
Les MGF sont donc davantage une pratique culturelle que religieuse. De fait, de nombreux chefs religieux
l’ont dénoncée.
Peut-on proscrir les MGF bien qu'elles relèvent d’une tradition culturelle ?
Oui. La culture et les traditions fournissent un cadre au bien-être des êtres humains et des arguments cultu-
rels ne sauraient être utilisés pour cautionner des violences à l’égard d’hommes ou de femmes. En outre, une
culture n’est jamais statique, elle évolue et s’adapte en permanence. Néanmoins, les activités visant à élimi-
ner les MGF doivent être conçues et mises en œuvre en tenant compte du profil culturel et social des commu-
nautés dans lesquelles elles sont pratiquées. Les comportements peuvent évoluer dès lors que les personnes
comprennent les dangers de certaines pratiques et qu’elles réalisent qu’il est possible d’abandonner celles qui
sont nocives sans renoncer pour autant à des aspects importants de leur culture.
Peut-on remettre en cause des pratiques culturelles ancestrales comme les MGF ?
Tous les enfants ont le droit d’être protégés de la violence, à tout moment et quel que soit le contexte. Le
mouvement en faveur de l’élimination des MGF, souvent d’origine locale, vise à protéger les filles d’une
forme profonde, permanente et totalement injustifiée de violence. Les faits montrent que la plupart des
hommes et des femmes des pays concernés par les MGF souhaitent mettre fin à cette pratique et que le sou-
tien aux MGF diminue globalement, même dans les pays où la cette pratique est fréquente (comme l’Égypte
ou le Soudan). L’élimination des MGF passera par une collaboration intensive et continue entre tous les or-
ganes de la société (familles et communautés, chefs religieux et autres dirigeants, médias, gouvernements) et
la communauté internationale.
Il existe toutefois des exceptions. Au Sénégal, par exemple, le taux de prévalence des MGF chez les femmes
mandigues varie fortement selon la région où elles vivent : 56% dans les zones urbaines contre 79% dans les
zones rurales. De même, la prévalence des MGF chez les poulars varie de 39% dans les zones urbaines à
67% dans les zones rurales.
Comment les femmes et les filles qui ont subi des MGF en parlent-elles ?
Les femmes du monde entier parlent de leur expérience et prônent le changement.
« C’est ce que ma grand-mère appelait les trois peines de la femme : le jour de la circoncision, la nuit de
noces et la naissance d’un bébé ». – Extrait d’un poème somalien, « Les Trois peines de la femme ».
« Mes deux sœurs, ma mère et moi avons rendu visite à ma famille au pays. Je pensais que nous partions en
vacances. Un peu plus tard, on nous a dit que nous allions être infibulées. La veille de l’opération, une autre
fille a été infibulée et elle est morte à cause de l’opération. Nous étions terrorisées et ne voulions pas subir le
même sort. Mais nos parents nous ont dit que c’était une obligation, alors nous y sommes allées. Nous nous
sommes défendues, car nous croyions vraiment que nous allions mourir tant la douleur était grande. Une
femme vous met la main devant la bouche pour vous empêcher de crier, deux femmes vous tiennent la poi-
trine et deux autres les jambes. Après l’infibulation, on nous a attaché les jambes avec une corde et c’est
comme si nous avions du réapprendre à marcher. On devait essayer d’aller aux toilettes. Si on ne pouvait pas
uriner au cours des 10 jours suivants, c’est qu’il y avait un problème. On peut dire qu’on a eu de la chance.
On s’est rétablies progressivement et on a survécu, pas comme l’autre fille. Mais les souvenirs et la douleur
ne disparaissent jamais complètement. » – Zainab, infibulée à l’âge de 8 ans (Source : OMS)
« Je n’infligerai jamais de MGF/E à mon enfant si c’est une fille et je lui expliquerai quelles sont les consé-
quences de cette pratique dès son plus jeune âge. » – Kadiga, Éthiopie
« Dans mon village, il y a une fille plus jeune que moi qui n’a pas été excisée, car j’ai évoqué la question
avec ses parents. Je leur ai dit à quel point l’opération m’avait fait mal et traumatisée et comment j’en étais
arrivée à ne plus faire confiance à mes propres parents. Ils ont décidé qu’ils voulaient épargner cela à leur
fille. » – Meaza, 15 ans
En 2010, une stratégie mondiale interinstitutions conjointe pour empêcher les prestataires de soins de santé
de pratiquer les MGF a été publiée. En 2016, l'OMS a également publié des lignes directrices sur la gestion
des complications de santé liées aux MGF. Cette stratégie reflète le consensus entre les experts internatio-
naux, les entités des Nations Unies et les États Membres qu'ils représentent. En outre, l'engagement mondial
d'éliminer toutes les formes de MGF d'ici 2030 est clairement énoncé dans la cible 5.3 des objectifs de déve-
loppement durable (ODD).
Les MGF pratiquées par du personnel de santé qualifié ne sont-elles pas plus sûres que celles réalisées par
une personne sans aucune formation médicale ?
Les MGF ne sont jamais « sûres ». Même lorsqu’elles sont réalisées dans un environnement stérile par un
professionnel de la santé, les interventions peuvent avoir des conséquences graves sur la santé, immédiate-
ment ou plus tard au cours de la vie. La médicalisation des MGF procure une fausse sensation de sécurité.
Toutes les formes de MGF sont associés à des risques graves, y compris celles qui sont pratiquées par du
personnel de santé.
Les professionnels de la santé qui pratiquent des mutilations génitales féminines enfreignent le droit des
filles et des femmes à la vie, à l’intégrité physique et à la santé. Ils violent également un principe déontolo-
gique fondamental de la médecine : « ne pas nuire ».
De plus, la croyance qu'une coupure génitale «mineure» aidera à éviter des formes plus sévères de MGF n'est
pas prouvée. Plusieurs études ont montré que les filles peuvent subir des MGF à plusieurs reprises lorsque
les membres de leur famille ou de leur communauté ne sont pas satisfaits des résultats des procédures anté-
rieures. Il existe également des preuves que les procédures «mineure» de MGF sont souvent des formes plus
graves de MGF. Une étude au Soudan a révélé que, parmi les femmes qui prétendaient avoir subi un type de
mutilation génitale féminine considérées comme «mineure», environ un tiers avaient en fait subi une infibu-
lation, et toutes avaient subi l'ablation de leur clitoris et labia minora.
Lorsque le personnel médical effectue des MGF, il légitime à tort la pratique comme médicalement saine ou
bénéfique pour la santé des filles et des femmes. Et parce que le personnel médical détient souvent pouvoir,
autorité et respect dans la société, il a le pouvoir d’institutionnaliser davantage la procédure.
Des réseaux de chefs religieux, de parlementaires, d’organisations non gouvernementales, de militants des
droits des jeunes et des droits de l’homme soutiennent cette campagne. Des organisations de la société civile
ont été mobilisées et leur capacités renforcées pour organiser des séances d’éducation et de dialogue commu-
nautaires sur les droits de l’homme et la santé. Ces réseaux aident un nombre croissant de communautés à
proclamer l’abandon des MGF. Un changement a eu lieu parmi les chefs religieux : beaucoup de ceux qui
cautionnaient autrefois les MGF, les condamnent activement aujourd’hui. Un nombre croissant de déclara-
tions publiques pour affirmer l’absence de lien entre les MGF et la religion et soutenir l’abandon de la pra-
tique ont également été recensées.
Les conseils et le soutien techniques de l’UNFPA ont permis d’augmenter considérablement le nombre d’ac-
tivités visant à renforcer le rôle des services de santé publique dans la prévention des MGF, et si possible, la
prise en charge des victimes de cette pratique et l’atténuation de ses effets négatifs sur la santé des femmes.
Le personnel de santé a été formé pour traiter les complications liées aux MGF, avec notamment l’intégra-
tion de la prise en charge relative aux mutilations génitales dans le programme des études de médecine. Des
systèmes d’orientation ont été renforcés pour faire le lien entre les initiatives communautaires et les presta-
taires de santé.
Plusieurs pays ont adopté de nouvelles lois interdisant les MGF et élaboré des politiques nationales pré-
voyant des mesures concrètes pour favoriser l’abandon de la pratique. Des stations de radio ont diffusé des
émissions sur les préjudices causés par les MGF, avec des appels en direct. L’utilisation des médias pour mo-
biliser l’opinion publique contre cette pratique a contribué à changer les mœurs, et la perception des filles
non excisées.
Quels sont les pays qui disposent d’une loi interdisant les MGF ?
Afrique : Algérie (2015) ; Bénin (2003) ; Burkina Faso (1996) ; Cameroun (2016) ; République centrafri-
caine (1996, 2006) ; Tchad (2002) ; Comores (1982); République du Congo (2002) ; Côte d'Ivoire (1998) ;
Djibouti (1994, 2009) ; République démocratique du Congo (2006) ; Égypte (2008) ; Érythrée (2007, 2015) ;
Éthiopie (2004); Gambie (2015) ; Ghana (1994, 2007) ; Guinée (1965, 2000, 2016) ; Guinée Bissau (2011) ;
Libéria (2018, par décret exécutif d'un an) ; Kenya (2001, 2011) ; Malawi (2000); Mauritanie (2005) ; Mo-
zambique (2014) ; Niger (2003) ; Nigéria (2015) ; Sénégal (1999) ; Sierra Leone (2007) ; Somalie (2001)* ;
Afrique du Sud (2005) ; Soudan (2020); Soudan du Sud (2008) ; Tanzanie (1998); Togo (1998); Ouganda
(2010) ; Zambie (2005, 2011) ; Zimbabwe (2006).
Autres : Australie (6 États sur 8 entre 1994 et 2006) ; Autriche (1974, 2002) ; Bahreïn (1976); Belgique
(2000); Brésil (1984); Bulgarie (1968); Canada (1997); Colombie (2006, Résolution n° 001 de 2009 des au-
torités autochtones) ; Croatie (2013); Chypre (2003); République tchèque (2009); Danemark (2003); Estonie
(2001); Finlande (2013) ; France (1979); Hongrie (2012) ; Inde (1860); Italie (2006) ; Iran (1991); Irak
(2011, uniquement applicable au Kurdistan) ; Irlande (2012); Koweït (2015); Géorgie (Allemagne (2013) ;
Grèce (1951) ; Lettonie (2005) ; Lituanie (2000) ; Luxembourg (sur les mutilations uniquement, pas spécifi-
quement sur les mutilations « génitales », 2008) ; Malte (1854) ; Mexique (2020) ; Pays-Bas (1881); Nou-
velle-Zélande (1995); Norvège (1995); Oman (2019), Pakistan (1860); Panama (2007); Pérou (1991);
Philippines (1930); Pologne (2003); Portugal (2007); Roumanie (2017); Slovaquie (2005); Slovénie (2008);
Espagne (2003); Suède (1982, 1998); Suisse (2005, 2012); Trinité-et-Tobago (2012); Royaume-Uni (1985;
2003); Royaume-Uni États-Unis (1996).
Les peines encourues varient de six mois d’emprisonnement à la réclusion à perpétuité. Dans plusieurs pays,
la peine prévue comprend également une amende.
*La Constitution somalienne stipule expressément que « l'excision des filles est interdite ». Cependant, au-
cune législation nationale ne met expressément en œuvre cette disposition constitutionnelle, et il n'existe au-
cun cas connu où des délits de MGF ont été poursuivis en vertu de dispositions pénales générales. Le projet
de loi sur les MGF est bloqué dans le processus législatif depuis plusieurs années.
Le Programme d’action demande aux « gouvernements et [aux] communautés [de] prendre d’urgence des
mesures pour mettre un terme à la pratique des mutilations génitales féminines et pour protéger les femmes
et les filles contre toutes pratiques similaires dangereuses et injustifiées. Pour éliminer cette pratique, il fau-
dra notamment lancer de vastes programmes de sensibilisation au niveau des communautés, avec la partici-
pation des chefs de village et des chefs religieux, des programmes d’éducation et d’orientation sur les réper-
cussions qu’ont ces pratiques sur la santé des filles et des femmes, et dispenser des traitements et une réédu-
cation post-traumatique pour les filles et les femmes victimes de mutilation. Il faudrait notamment des ser-
vices de sensibilisation destinés aux femmes et aux hommes pour décourager cette pratique », (paragraphe
7.40).
Le chapitre IV, paragraphe 4.4 stipule que « Les pays devraient entreprendre de promouvoir les femmes et
d’éliminer les inégalités entre hommes et femmes le plus rapidement possible : en éliminant les pratiques
discriminatoires à l’égard des femmes ; en aidant les femmes à faire valoir et à exercer leurs droits notam-
ment dans le domaine de la santé en matière de reproduction et de sexualité ». Le paragraphe 4.9 stipule
quant à lui que « Les pays devraient prendre toutes les mesures pour éliminer toutes les formes d’exploita-
tion, de sévices, de harcèlement et de violence contre les femmes, les adolescentes et les enfants (...) ».
Quelles sont les lois internationales et régionales qui peuvent être invoquées pour l’élimination des MGF ?
La plupart des pays dans lesquels les MGF sont pratiquées ont ratifié des conventions et des déclarations in-
ternationales contenant des dispositions relatives à la promotion et à la protection de la santé des femmes et
des filles.
Origine de l’excision
L’excision des filles existait bien avant l’lslam, dans diverses régions d’Afrique, en Égypte, dans la Vallée
du Nil et au bord de la Mer Rouge. L’infibulation était pratiquée sous l’Empire romain, et viendrait des
peuples de la Mer Rouge. La raison invoquée pour en perpétuer la pratique est la pureté, la virginité ou la
santé.
Dans la Corne de l’Afrique elle permet la protection de la virginité de la fille : à Djibouti, par exemple, les
filles, chargées de garder les troupeaux, étaient ainsi protégées des agressions sexuelles de rôdeurs ou de tri-
bus hostiles. Paradoxalement, elles auraient donc été plus indépendantes et libres de leurs mouvements en
étant infibulées.
L’excision est également justifiée par des raisons d’hygiène et de santé, dans une dialectique de pur et
d’impur. La pureté, synonyme d’ordre et de culture, s’oppose à l’impureté, synonyme de chaos naturel. Le
maintien de la pureté, par la chasteté, ordonne la suppression du clitoris, cet organe laid, inutile, voire nui-
sible et dangereux (il peut blesser le sexe de l’homme lors du coït, et tuer l’enfant lors de la naissance),
source de pollution physique et morale, et donc de désordre (luxure et maladie). Une femme non excisée est
« sale » et aucun homme n’en voudra. Desmond Morris, en 1985, avait fait le compte de tous les pseudo-
avantages avancés pour justifier les mutilations sexuelles : un des plus anciens est que la circoncision du
garçon lui garantit l’immortalité.
La clitoredectomie fit son apparition en France et en Europe au 17ème siècle… pour guérir certaines formes
d’insomnie. Elle fut utilisée aux États-Unis jusqu’en 1925, pour les mêmes raisons auxquelles s’ajoutaient
des motifs « d’hygiène ». Il se trouva même un médecin du Texas qui pratiquait l’excision pour guérir la fri-
gidité !
L’excision est pratiquée à tout âge, du bébé de quelques jours à l’âge adulte avec deux pics de fréquence,
entre 2 et 4 ans et entre 7 et 12 ans.
Dans les milieux animistes, ces excisions sont ritualisées et s’inscrivent dans un schéma initiatique. Ces rites
de passages élaborés, collectifs, comportant des festivités, obéissent à un calendrier rigoureux et sont généra-
lement exécutés juste avant la puberté. En milieu musulman, elles ont plutôt un caractère individuel et privé,
sans calendrier particulier. Avec la dégradation des schémas initiatiques sous l’influence de l’acculturation,
la pratique des sociétés animistes tend à se rapprocher de celle des sociétés musulmanes.
Les mutilations sexuelles des femmes sont dangereuses pour la santé. Alors, la solution serait peut-être de les
médicaliser. Il suffirait d’opérer sous anesthésie, dans de bonnes conditions d’hygiène et d’asepsie, en milieu
hospitalier. Dans les pays d’infibulation (Somalie, Éthiopie), on considère que l’excision médicalisée est un
moindre mal. C’est bien la preuve que tout rôle initiatique a disparu. Cette caution médicale a certes
quelques avantages immédiats concernant la santé de l’enfant. Mais elle a l’inconvénient majeur d’entériner
le principe même des mutilations. L’accepter, ce serait oublier que mutiler sciemment une enfant ou une
femme, même proprement, c’est nier le droit fondamental de l’être humain à l’intégrité de sa personne. C’est
décider pour elle qu’elle ne connaîtra jamais aucune jouissance et que son sexe ne servira qu’au seul désir de
l’homme.
L’excision se pratique plus en plus tôt, parfois sur des bébés de 15 jours, qui « résistent » moins, et l’aspect
initiatique disparaît. L’opération, détachée de son contexte rituel, peut même être réalisée en milieu médical,
tendance de plus en plus marquée dans les classes sociales supérieures urbaines. Dépourvue du rituel de pas-
sage à l’âge adulte, l’excision reste aujourd’hui un marquage du corps de la femme, qui le désigne comme
féminin, donc destiné à faire des enfants. L’excision indique sa place à la femme dans la société, l’autorise à
avoir un mari donc des enfants. En fait, l’excision et l’infibulation n’ont rien à voir avec la religion : elles
sont plutôt l’apanage des sociétés patriarcales, souvent polygames, et permettent aux hommes de contrôler la
sexualité féminine. En réduisant ou en supprimant le plaisir sexuel, elles préservent la pureté et la sexualité
féminine n’est plus orientée que vers la procréation. Une femme « coupée » ne risque pas de tromper son
mari, même absent. L’infibulation contribue en outre, par le rétrécissement de l’orifice vaginal, au renforce-
ment du plaisir masculin, et ce « bienfait » est toujours invoqué dans les sociétés de l’est-africain.
10% des MSF sont pratiquées dans les milieux ruraux, et 9% dans les milieux urbains. L’excision touche en
majorité la communauté musulmane (50%) et catholique (40%).
29% des femmes de 15 à 49 ans qui ont entendu parler des mutilations sexuelles féminines pensent que cette
pratique devrait se poursuivre.
La prévalence de mutilations sexuelles féminines reste au même niveau, depuis deux décennies.
Législation
Tradition séculaire ancrée chez certains peuples, l’excision est pratiquée essentiellement en Afrique. Si, à
l’heure actuelle, on situe avec certitude son origine géographique et historique – l’excision serait apparue en
Égypte il y a près de 3000 ans – il est difficile d’en comprendre les motivations tant elles sont diverses.
Celles-ci vont de la préservation de la virginité à certaines croyances, y compris religieuses. L’excision est
aussi bien pratiquée par les musulmans, par les chrétiens que par les animistes. Bien que les types d’excision
varient en fonction des régions et de l’appartenance ethnique, on recense généralement trois formes d’exci-
sion : l’ablation du clitoris (clitoridectomie), l’ablation du clitoris et d’une partie des petites lèvres
(excision)1 et l’ablation du clitoris et des grandes et petites lèvres avec suture du sexe de la femme (infibula-
tion). Les conséquences immédiates et à long terme de cette pratique sur la santé varient selon le type et la
gravité de l’intervention. Malgré la mobilisation internationale pour tenter de mettre fin à cette pratique et les
mesures répressives mises en place par certains pays africains, les statistiques actuelles ne laissent guère pré-
sager du déclin de cette pratique. Au Tchad, la volonté politique du gouvernement de prendre en compte la
lutte contre la pratique de l’excision s’est traduite par des actions telles que la Loi 006 de 2002 sur la Santé
de la Reproduction qui condamne toutes les formes de violences faites aux femmes dont les Mutilations Gé-
nitales Féminines (MGF). La déclaration de politique de population de 1994 révisée en 2003 et la déclaration
de la politique de l’intégration de la femme au développement condamnent elles aussi la pratique de l’exci-
sion. Par ailleurs, on a pu constater que plusieurs associations féminines (CELIAF, CONOCIAF, AFJT, etc.)
mènent des campagnes de sensibilisation auprès des différentes couches de la population pour enrayer cette
pratique jugée dégradante et comportant beaucoup de risques pour les femmes. Au Tchad, aucune donnée sur
l’excision n’avait été collectée au cours de la précédente enquête et on ne disposait que de données parcel-
laires sur la fréquence de cette pratique. L’introduction de ce module dans l’EDST-II a permis de collecter
des informations pour obtenir une estimation de sa prévalence et pour connaître l’opinion des femmes et des
hommes à ce sujet. Les résultats sont présentés dans ce chapitre.
Afin de lever toute ambiguïté sur les différents termes qui désignent la pratique de l’excision, dans le ques-
tionnaire individuel, on a utilisé la terminologie utilisée dans chacune des langues locales du pays.
11.1 CONNAISSANCE ET PRATIQUE DE L’EXCISION CHEZ LES FEMMES ENQUÊTÉES 11.1.1
Connaissance de l’excision parmi les femmes enquêtées
Au Tchad, la connaissance de l’excision est très répandue puisque chez les femmes comme chez les
hommes, au moins huit sur dix (85 % de femmes et 83 % d’hommes) ont déclaré connaître cette pratique (ta-
bleau 11.1). De plus, quelles que soient les caractéristiques sociodémographiques, ces proportions sont très
élevées. Dans les zones 3 (Batha, Guéra et Salamat) et 8 (Mandoul et Moyen Chari), la totalité des femmes et
des hommes ont déclaré connaître cette pratique. À l’opposé, dans les zones 2 (BET, Kanem et Lac) et 6
(Mayo Kebbi Est et Mayo Kebbi Ouest), ces proportions sont bien plus faibles.
La pratique de l'excision, qui consiste en l'ablation d'une partie des organes génitaux externes de la femme,
est une coutume assez répandue en Afrique. Plusieurs formes peuvent être pratiquées : l'ablation d u e l i t o r
is(ilitoridectomie),l'ablationduclitorisetd'unepartiedespetiteslèvres
( e x c i s i o n 1) e t l ' a b l a t i o n du clitoris et des grandes et petites lèvres, avec suture du sexe de la
femme (infibulation). L'excision est le plus souvent pratiquées par des exciseuses traditionnelles, dans des
conditions d'asepsie souvent peu satisfaisantes. Cette pratique peut avoir des répercussions importantes sur la
vie des femmes. Au-delà du traumatisme causé par la douleur, des hémorragies, des infections (y compris le
risque de transmission du VIH, puisque le même instrument est utiliséplusieurs fois sans qu'il soit stérilisé)
ainsi que des cicatrices douloureuses peuvent s'ensuivre; en outre, les femmes peuvent rencontrer des pro-
blèmes fréquents et graves pour uriner; de même, des difficultés peuvent survenir au moment des règles, des
rapports sexuels ainsi que des complications au cours de l'accouchement. Selon les résultats de l'enquête, il
semble que cette pratique soit peu répandue au Niger, où elle est limitée à certains groupes ethniques. Cepen-
dant, jusqu'à présent, aucune campagne nationale de lutte contre cette pratique n'a été menée dans le pays.
Seules que/ques initiativeslocales,leplussouventconduitespardesorganisationsnon-gouvernementales,on-
tétéentreprises.
Pourévaluerl'importancedecettepratique,I'EDSN-IIacollectédesinformationssurrexcisiondes femmesde
15à49ans,enpa~iculier,surletyped'excisionpratiquée,surl'âgedesfemmesaumomentde rexcision et sur le type
de personne qui a procédé à rexcision. Des questions supplémentaires sur rexcision de la fille aînée (si la
femme en a une), sur l'âge à rexcision de la fille, ainsi que sur le type de personne qui a procédé à rexcision
ont aussi été posées, cela pour savoir dans quelle mesure cette pratique se perpétue d'une génération de
femmes à l'autre. Pour connaître l'opinion des femmes au sujet de l'excision, une série de questions a égale-
ment été posée sur les objections faites lors de rexcision de la fille aînée et sur la poursuiteoul'arrêtdecette-
pratique.Onaégalementdemandéauxhommess'ilsconnaissaientcettepratique et qu'elle était leur opinion à ce
sujet.
Afin de lever toute ambiguïté sur les différents termes qui désignent cette pratique, dans le questionnaire in-
dividuel, on a utilisé pour chaque type d'excision la terminologie en vigueur au Niger dans les différentes
langues; cette terminologie a été revue par une spécialiste du Comité Nigérien pour les Pratiques Tradition-
nelles (CONIPRAT).
10.1 CONNAISSANCE ET PRATIQUE DE L'EXCISION
10.1.1 Connaissance de rexcision parmi les femmes enquêtées
La pratique de l'excision est très mal connue au Niger, puisque sur les 7 577 femmes de 15-49 ans enquêtées,
seulement 28 % ont déclaré la connaître (tableau 10.I). Ce sont les femmes de Niamey (61%), celles ayant un
niveau secondaire (54 %) et celles appartenant aux groupes ethniques Zarma (51%) et Peul (57 %) qui ont le
plus fréquemment déclaré connaître l'excision. En fait, le niveau de connaissance est lié, d'une part, à l'accès
à l'information, les femmes de Niamey et celles de niveau secondaire étant les mieux informées et, d'autre
part à la fréquence de la pratique, les ethnies Zarma et Peul étant celles chez qui l'excision est le plus fré-
quemment pratiquée.
Elles sont aujourd’hui 200 millions à vivre avec une forme de mutilation génitale féminine (MGF). Si les
tendances actuelles se poursuivent, 86 millions de filles supplémentaires âgées de 15 à 19 ans risquent, elles
aussi, de subir pareille pratique d’ici à 2030. Sorcellerie, commandement religieux, chasteté, honneur fami-
lial… tour d’horizon des idées reçues sur l’excision.
Inconvénient
C'est une pratique bénéfique pour les filles
l'excision se pratique traditionnellement juste avant le mariage, afin de rendre la future jeune mariée « pure »
aux yeux de son futur mari et de maintenir l'honneur de sa famille. Pourtant, ces mutilations ne présentent
aucun bienfait pour elles.
Principaux faits
Les mutilations sexuelles féminines recouvrent toutes les interventions incluant l'ablation partielle ou totale
des organes génitaux externes de la femme ou toute autre lésion des organes génitaux féminins qui sont prati-
quées pour des raisons non médicales.
Ces pratiques ne présentent aucun avantage pour la santé des jeunes filles et des femmes.
Elles peuvent provoquer de graves hémorragies et des problèmes urinaires, et par la suite des kystes, des in-
fections ainsi que des complications lors de l'accouchement, et accroître le risque de décès du nouveau-né.
On estime que plus de 200 millions de jeunes filles et de femmes, toujours en vie, ont été victimes de mutila-
tions sexuelles pratiquées dans 30 pays africains, du Moyen Orient et de l'Asie où ces pratiques sont concen-
trées.(1)
Elles sont pratiquées le plus souvent sur des jeunes filles entre l'enfance et l'âge de 15 ans.
Les mutilations sexuelles féminines sont une violation des droits des jeunes filles et des femmes.
L'OMS dénonce toutes les formes de mutilations sexuelles féminines, et l’Organisation est opposée à ce
qu’elles soient pratiquées par le personnel médical (médicalisation des mutilations sexuelles féminines).
Le coût du traitement des complications découlant des mutilations sexuelles féminines dans 27 pays à forte
prévalence s’élève à US$1,4 milliard par an.
Les mutilations sexuelles féminines recouvrent toutes les interventions incluant l'ablation partielle ou totale
des organes génitaux externes de la femme ou toute autre lésion des organes génitaux féminins qui sont prati-
quées pour des raisons non médicales.
Cette intervention est le plus souvent pratiquée par des circonciseurs traditionnels, qui jouent souvent un rôle
central dans les communautés, notamment en tant qu'accoucheurs. Dans de nombreux endroits, les mutila-
tions sexuelles féminines sont pratiquées par le personnel médical du fait de la croyance erronée selon la-
quelle l’intervention est moins dangereuse lorsqu’elle est médicalisée (1). L’OMS engage vivement les pro-
fessionnels de santé à ne pas se livrer à de telles pratiques.
Les mutilations sexuelles féminines sont internationalement considérées comme une violation des droits des
jeunes filles et des femmes. Elles sont le reflet d'une inégalité profondément enracinée entre les sexes et
constituent une forme extrême de discrimination à l'égard des femmes. Elles sont presque toujours pratiquées
sur des mineures et constituent une violation des droits de l'enfant. Ces pratiques violent également les droits
à la santé, à la sécurité et à l'intégrité physique, le droit d'être à l'abri de la torture et de traitements cruels, in-
humains ou dégradants, ainsi que le droit à la vie lorsqu'elles ont des conséquences mortelles.
Type 1 : ablation partielle ou totale du gland clitoridien (petite partie externe et visible du clitoris et partie
sensible des organes génitaux féminins) et/ou du prépuce/capuchon clitoridien (repli de peau qui entoure le
clitoris).
Type 2 : ablation partielle ou totale du gland clitoridien et des petites lèvres (replis internes de la vulve), avec
ou sans excision des grandes lèvres (replis cutanés externes de la vulve).
Type 3 : l'infibulation: rétrécissement de l’orifice vaginal par recouvrement, réalisé en sectionnant et en repo-
sitionnant les petites lèvres, ou les grandes lèvres, parfois par suture, avec ou sans ablation du prépuce/capu-
chon et gland clitoridiens (type 1).
Type 4 : toutes les autres interventions néfastes au niveau des organes génitaux féminins à des fins non médi-
cales, par exemple, piquer, percer, inciser, racler et cautériser les organes génitaux.
La désinfibulation fait référence à la pratique consistant à sectionner la cicatrice vaginale chez une femme
qui a subi une infibulation, ce qui est souvent nécessaire pour améliorer la santé et le bien-être ainsi que pour
permettre les rapports sexuels ou faciliter l’accouchement.
Les mutilations sexuelles féminines ne présentent aucun avantage pour la santé et sont préjudiciables à bien
des égards aux jeunes filles et aux femmes. Elles comportent l’ablation de tissus génitaux normaux et sains
ou endommagent ces tissus et entravent le fonctionnement naturel de l’organisme féminin. D’une manière
générale, plus l’intervention est importante (correspondant ici à la quantité de tissus endommagés) plus les
risques augmentent. Cependant, toutes les formes de mutilations sexuelles féminines sont associées à un
risque accru pour la santé.
Les complications immédiates peuvent être douleur violente, choc, hémorragie, tétanos ou septicémie (infec-
tion bactérienne), rétention d'urine, ulcération génitale et lésion des tissus génitaux adjacents.
douleur violente;
saignements excessifs (hémorragie);
gonflement des tissus génitaux;
fièvre;
infections, telles que le tétanos;
problèmes urinaires;
problèmes de cicatrisation de la blessure;
lésions des tissus génitaux adjacents;
état de choc;
décès.
Les complications à long terme sont notamment:
Plus de 200 millions de jeunes filles et de femmes qui sont en vie aujourd’hui ont été victimes de ces pra-
tiques, selon les informations émanant de 30 pays où de telles données de population existent. (1)
Cette pratique est la plus commune dans l'ouest, l'est et le nord-est de l'Afrique, dans certains pays d'Asie et
au Moyen-Orient, ainsi que chez les migrants originaires de ces régions. C'est donc un problème mondial..
Les raisons pour lesquelles les mutilations sexuelles féminines sont pratiquées varient d’une région à l’autre
et au fil du temps, et divers facteurs socioculturels au sein des familles et des communautés sont en cause.
Les raisons les plus fréquemment citées sont les suivantes:
Là où les mutilations sexuelles féminines relèvent d’une convention (norme) sociale, la pression sociale qui
incite à se conformer à ce que font ou ont toujours fait les autres, ainsi que le besoin de reconnaissance so-
ciale et la crainte du rejet par la communauté, constituent une forte motivation pour perpétuer cette pratique.
Dans certaines communautés, les mutilations sexuelles féminines représentent une pratique quasi universelle,
qui est très rarement contestée.
Les mutilations sexuelles féminines sont souvent considérées comme faisant partie de la nécessaire éducation
d'une jeune fille et de sa préparation à l'âge adulte et au mariage.
Les mutilations sexuelles féminines sont souvent motivées par des croyances relatives à ce qui est considéré
comme un comportement sexuel approprié. Elles visent à assurer la virginité prénuptiale et la fidélité conju-
gale. Selon les croyances de nombreuses communautés, les mutilations sexuelles réduiraient la libido fémi-
nine, ce qui aiderait les femmes à résister aux actes sexuels extraconjugaux. Lorsqu’une ouverture vaginale
est obstruée ou rétrécie (type 3), la crainte de douleurs en cas de réouverture, et la peur que cette réouverture
soit découverte, sont aussi censées décourager les femmes d’avoir des relations sexuelles hors mariage.
On pratique ces mutilations dans les environnements où l'on croit que cela favorise le marriage de la jeune
fille.
Les mutilations sexuelles féminines sont associées à des idéaux culturels de féminité et de modestie, selon
lesquels les jeunes filles sont «propres» et «belles» après l’ablation de parties de leur anatomie considérées
«malpropres», «non féminines ou masculines».
Bien qu'aucun texte religieux ne prescrive cette intervention, les praticiens pensent souvent qu'elle a un fon-
dement religieux.
Les autorités religieuses adoptent des positions variables à l'égard des mutilations sexuelles féminines: cer-
taines les préconisent, d'autres les considèrent comme étrangères à la religion et d'autres encore contribuent à
leur élimination.
Les structures locales de pouvoir et d'autorité, telles que les responsables communautaires, les chefs reli-
gieux, les circonciseurs et même certains membres du personnel médical peuvent contribuer au maintien de
ces pratiques. De même, lorsqu'ils sont informés, ils peuvent devenir des partisans efficaces de l'abandon des
mutilations sexuelles féminines.
Dans la plupart des sociétés, les mutilations sexuelles féminines sont considérées comme une tradition cultu-
relle, argument souvent avancé pour les perpétuer.
Dans certaines sociétés l'adoption récente de cette pratique s'explique par la volonté de copier les traditions
de groupes voisins. On trouve parfois à son origine un mouvement de recrudescence religieuse ou tradition-
nelle.
Une charge financière pour les pays
L'OMS a réalisé une étude sur les coûts économiques du traitement des complications des mutilations
sexuelles féminines et a constaté que les coûts actuels pour 27 pays où des données étaient disponibles s'éle-
vaient à US$ 1,4 milliard sur une période d'un an (2018). Ce montant devrait passer à 2,3 milliards d'ici 30
ans (2047) si la prévalence des mutilations sexuelles féminines reste la même - ce qui correspond à une aug-
mentation de 68 % des coûts de l'inaction. Toutefois, si les pays abandonnent ces pratiques, ces coûts dimi-
nueront de 60 % au cours des 30 prochaines années.
Action internationale
S’appuyant sur les travaux réalisés au cours des décennies précédentes, en 1997, l’OMS a publié, avec le
Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) et le Fonds des Nations Unies pour la population
(FNUAP), une déclaration conjointe condamnant la pratique des mutilations sexuelles féminines.
Depuis 1997, de grands efforts ont été entrepris pour lutter contre les mutilations sexuelles féminines, grâce à
la recherche, à la collaboration au sein des communautés et à l'introduction de changements dans les poli-
tiques publiques. Parmi les progrès réalisés au plan international et local, on relève:
un plus grand engagement international pour mettre un terme aux mutilations sexuelles féminines;
la mise en place d'organes de surveillance internationaux et l'adoption de résolutions condamnant cette pra-
tique;
des cadres juridiques révisés et une volonté politique croissante de mettre fin aux mutilations sexuelles fémi-
nines (notamment l’adoption d’une loi contre les mutilations sexuelles féminines dans 26 pays d’Afrique et
du Moyen-Orient, ainsi que dans 33 autres pays accueillant des populations migrantes originaires de pays où
ces mutilations sont pratiquées); et
dans la plupart des pays, un recul des mutilations sexuelles féminines et une augmentation du nombre de
femmes et d'hommes favorables à leur suppression dans les communautés où elles sont pratiquées.
Les recherches montrent que si ces communautés décident elles-mêmes d'abandonner les mutilations
sexuelles féminines, cette pratique pourrait disparaître très rapidement. En 2007, le FNUAP et l’UNICEF ont
lancé le programme conjoint sur les mutilations génitales féminines/l’excision pour accélérer l’abandon de
cette pratique.
En 2008, l’OMS ainsi que 9 autres partenaires des Nations Unies ont publié une déclaration sur l’élimination
des mutilations sexuelles féminines afin de contribuer à une plus grande mobilisation en faveur de l’abandon
de la pratique, sous le titre: Éliminer les mutilations sexuelles féminines: déclaration interinstitutions. La dé-
claration présentait les données recueillies au cours de la décennie précédente sur la pratique des mutilations
sexuelles féminines.
L’OMS a publié en 2010 une Stratégie mondiale visant à empêcher le personnel de santé de pratiquer des
mutilations sexuelles féminines en collaboration avec d’autres grands organismes des Nations Unies et orga-
nisations internationales. L'OMS apporte un soutien aux pays pour mettre en œuvre cette stratégie.
En décembre 2012, l'Assemblée générale des Nations Unies a adopté une résolution sur l'élimination des mu-
tilations sexuelles féminines.
En 2013, l’UNICEF a publié un second rapport sur la prévalence des mutilations sexuelles féminines dans 30
pays, analysant les croyances, les attitudes, les évolutions, et les réponses programmatiques et politiques face
à la pratique au niveau mondial.
En 2016, en collaboration avec le programme conjoint UNFPA UNICEF sur les mutilations génitales
féminines/l’excision, l’OMS a publié les premières lignes directrices fondées sur des bases factuelles pour la
prise en charge des complications dues à des mutilations sexuelles féminines. Ces lignes directrices ont été
élaborées en se fondant sur un examen systématique des meilleures données factuelles concernant les inter-
ventions sanitaires pour les femmes ayant subi des mutilations sexuelles
En 2018, l’OMS a publié un manuel clinique sur les mutilations sexuelles féminines afin d'améliorer les
connaissances, les attitudes et les compétences des prestataires de soins de santé en matière de prévention et
de prise en charge des complications qui sont liées à ces pratiques.
Action de l'OMS
L’Assemblée mondiale de la Santé a adopté en 2008 une résolution (WHA61.16) sur l'élimination des muti-
lations sexuelles féminines soulignant qu’une action concertée est nécessaire dans les secteurs tels que l’édu-
cation, les finances, la justice et les affaires féminines.
Les efforts de l'OMS en vue d'éliminer les mutilations sexuelles féminines mettent l'accent sur:
renforcer la riposte du secteur de la santé: en élaborant des lignes directrices, des outils, des supports de for-
mation et des politiques pour faire en sorte que le personnel médical puisse dispenser des soins et fournir des
conseils aux jeunes filles et aux femmes ayant subi des mutilations sexuelles, et communiquer en vue de pré-
venir ces pratiques ;
établir des données factuelles: en obtenant des connaissances sur les causes, les conséquences et les coûts de
ces pratiques, y compris les raisons pour lesquelles des prestataires de soins procèdent à ces pratiques, savoir
comment les éliminer et comment soigner celles qui ont subi des mutilations sexuelles ;
informer davantage: en élaborant des publications et des outils de sensibilisation pour permettre des actions
au niveau international, régional et local afin de mettre fin aux mutilations sexuelles féminines, notamment
des outils permettant aux décideurs politiques et aux partisans de l’abandon de ces pratiques d'estimer la
charge pour la santé que constituent les mutilations sexuelles féminines ainsi que les avantages potentiels
pour la santé publique et les économies qui peuvent être réalisées grâce à la prévention.
Référence bibliographique
À l’heure actuelle, les MGF sont considérées comme « une affaire de femmes ». Les hommes n’inter-
viennent que très rarement dans le processus de la pratique des MGF et leurs positions sur le sujet sont sou-
vent floues. Or, les MGF concernent tous les membres de la communauté. La lutte contre les MGF passe
donc aussi par l’implication des hommes et leur sensibilisation à la pratique. Par exemple, il y a une discor-
dance entre ce que les hommes pensent et ce que les femmes croient qu’ils pensent. Dans de nombreux cas,
les femmes la pratiquent en croyant répondre à une demande des hommes, bien souvent sans connaître leur
avis sur la question.
Solutions
L’EXCISION
L’ONG Plan International dénonce l’excision comme une violation fondamentale des droits des femmes et
des enfants.
Nous sensibilisons les communautés pour mettre fin aux mutilations génitales féminines. Pour cela, nous :
travaillons auprès des mères, des pères, des chefs de communautés et des chefs religieux afin d’attirer leur at-
tention sur les conséquences de cette pratique traditionnelle néfaste pour la santé des filles et pour faire chan-
ger les opinions sur cette pratique ancestrale.
formons des bénévoles issus des communautés afin qu’ils puissent diffuser les messages aux populations,
aux chefs de village et au sein même des gouvernements.
attachons une grande importance aux associations locales dans les pays où nous intervenons afin d’avoir un
plus grand impact dans la société.
mettons en place des cérémonies alternatives de passage de l’enfance à l’âge adulte, pour remplacer l’exci-
sion des filles qui signifie qu’elles sont devenues femmes.
menons un travail de plaidoyer auprès des gouvernements afin que ceux-ci continuent de mettre en place des
actions pour favoriser l’abandon de cette pratique et, qu’à terme, une loi interdisant l’excision soit votée dans
tous les pays concernés.
soutenons l’éducation des filles, en mettant l’accent sur leur droits pour qu’elles puissent se défendre face à
l’excision. L’excision entraîne d’autres problèmes qui privent les filles de leurs droits : le mariage précoce et
le rejet de la scolarité des filles sont aussi des pratiques ancrées dans la société.