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Contexte et justification

La grossesse chez les adolescentes est un phénomène mondial dont les causes sont clairement
connues et les répercussions sanitaires, sociales et économiques sont graves.

 Dans le monde

Chaque année, près de 3 millions de filles âgées de 15 à 19ans subissent des avortements à
risque avec des conséquences sur leur santé mentale et physique. Selon l’OMS, on estime à
peu près 15 millions, le nombre de femmes dont l’âge est compris entre 15 à 19 ans, qui
donnent naissance à un enfant de manière précoce. Ce qui représente plus de 10% des
naissances à travers le monde. Environ 12,8 millions d’adolescentes sont directement
touchées par ce phénomène, soit plus de 90% des cas recensés dans le monde. Selon les
études sur les facteurs de risque et de protection liés à la grossesse chez les adolescentes dans
les pays à revenu faible ou intermédiaire, les niveaux ont tendance à être plus élevés chez les
personnes peu instruites ou en situation de précarité économique. Plusieurs facteurs
contribuent aux grossesses et aux accouchements chez les adolescentes, premièrement dans de
nombreuses sociétés, les filles subissent des pressions pour qu’elles se marient et qu’elles
aient des enfants. En 2021, on estimait à 650 millions le nombre de filles mariées dans le
monde : les mariages d’enfants exposent les filles à un risque accru de grossesse, car elles ont
généralement peu de chances d’influer sur la prise de décision concernant le report d’une
grossesse ou l’utilisation de moyens de contraception. Deuxièmement, dans de nombreux
endroits, les adolescentes n’ont pas facilement accès aux moyens de contraception, même
lorsqu’elles peuvent en obtenir, elles n’ont pas les connaissances nécessaire pour savoir
comment les utiliser. Troisièmement, nous avons des abus sexuel commis sur les enfants.
D’après un rapport de l’OMS datant de 2020, 120 millions de filles âgées de moins de 20 ans
ont subi une forme de contact sexuel forcé. A l’échelle mondial, le taux de natalité chez les
adolescentes a diminué, passant de 64,55 naissances pour 1000 femmes en 2000 à 42,5
naissances en 2021. Toutefois, les variations sont inégales d’une région à l’autre.

 En Europe

Les naissances précoces sont plus fréquentes dans les départements d’outre-mer. En 2018,
10,2% des naissances en Guyane sont précoces et 9,9% à Mayotte. C’est aussi dans ces deux
départements que la part des jeunes femmes parmi la population féminine est la plus
importante : respectivement 9,4% et 9,9% des femmes ont entre 15 et 19 ans. A la Réunion,
5,7% des naissances sont précoces, 3,9% en Martinique et 3,1% en Guadeloupe. La part des
naissances précoces est supérieure à la moyenne nationale dans le nord de la France, et dans
une large zone traversant la France depuis la région Grand Est jusqu’à la Charente, et enfin
dans le Sud, dans les Pyrénées Orientales et l’Aude (2,2%). En moyenne, en 2017, dans
l’ensemble de l’union européenne (UE), 2% des naissances concernent des mères de moins de
20 ans. Quatre pays de l’Est de l’Europe ont une proportion de naissances précoces
importante : la Bulgarie (8,3%), la Roumanie (8,3%), la Slovaquie (5,1%) et la Hongrie
(4,8%). Dans ces pays, le nombre important de grossesses adolescentes est attribué aux
difficultés d’accès à la contraception. Dans de nombreux pays d’Europe Orientale, l’accès aux
services de santé sexuelle et reproductive est soumis à l’autorisation parentale et a un coût
discriminant pour une part non négligeable de la population (sedgh et al., 2015). Le manque
d’éducation sexuelle, les mariages précoces et des normes familiales différentes de celles de
l’Europe occidentale contribuent également à expliquer le niveau élevé des naissances (sedgh
et al., 2015).

 En Amérique

Le taux de natalité chez les adolescentes affiche en outre des différences marquées au sein
d’une même région. En Amérique latine et dans les Caraïbes, par exemple, le Nicaragua a
enregistré selon les estimations, le taux le plus élevé à 85,6 pour 1000 adolescentes en 2021,
contre 24,1 pour 1000 au Chili. La région de l’Amérique latine et des caraïbes se classe au
deuxième rang en termes de maternité adolescente avec 62 naissances pour 1000 adolescentes
âgées de 15 à 19 ans, lesquelles vivent généralement dans la pauvreté et avec un accès limité
aux services de sociaux de base. Sans surprise, la situation a été exacerbée par la perturbation
des services de santé sexuelle et reproductive causée par la pandémie de COVID-19, dans de
nombreux pays, les centres de santé ont été fermés et la disponibilité de ressources financières
pour l’exécution de programmes de santé sexuelle et procréative destinés aux adolescentes et
aux jeunes a été limitée (UNFPA, 2020).

 En Asie et Océanie

Les philippines affichent le taux de grossesse précoce le plus élevé d’Asie de Sud-Est. Ce
taux est encore plus élevé dans les zones rurales et pauvres. Les jeunes filles et femmes
philippines en particulier dans les zones rurales, ont peu accès à l’éducation sexuelle et aux
enseignements sur la santé reproductive. Les jeunes femmes enceintes et les mères comptent
pour 75% de l’incidence des décès maternels dans le pays. Sur 53,8 millions de grossesses
non désirées qui ont lieu chaque année en Asie selon les estimations, 35,5 millions (soit 65%)
se terminent par un avortement. En Océanie, il y’a 4000 grossesses non désirées par an, dont
1520 (soit 38%) sont interrompus volontairement. Le taux annuel moyen d’avortement pour la
période allant de 2010 à 2014 est estimé à 36 pour 1000 femmes en âge de procréer en Asie et
à 19 pour 1000 en Océanie.

 En Afrique

En Afrique les taux les plus élevés de grossesses d’adolescentes sont enregistrés et plus de la
moitié des femmes d’Afrique subsahariennes accouche avant l’âge de 20 ans. En 2021,
l’Afrique subsaharienne affichait le nombre le plus élevé, avec 6114000 naissances chez les
adolescentes de 15-19 ans. En Afrique du sud, la province très peuplée de Gauteng aurait
enregistré plus de 23000 grossesses chez les adolescentes entre avril 2020 et mars 2021.

Au cours des trois premiers mois de confinement au Ghana, la communauté d’Efua, situé dans
le district de Krachi ouest, a connu une augmentation des grossesses précoces chez les
adolescentes dont le nombre a pratiquement été multiplié par neuf. Entre mars et mai 2020,
environ 50 filles sont tombées enceintes, contre six cas de grossesses précoces rapportés
durant toute l’année 2018. Cette tendance ne se limite pas à Krachi ouest, Word vision
international, l’un des membres de la coalition mondiale pour l’éducation de l’UNESCO en
réponse à la Covid-19, a publié un nouveau rapport qui met en évidence une augmentation des
grossesses chez les adolescentes, phénomène accentué par la fermeture des écoles en période
de crise.

Au Cameroun, près d’une adolescente sur quatre tombe enceinte entre 14 et 21 ans, selon une
enquête nationale menée en 2019, le pourcentage reste élevé en raison de plusieurs facteurs :
la consommation des stupéfiants par les adolescentes, la pauvreté, l’absence d’éducation, le
chômage ainsi que les jeunes filles qui subissent des pressions pour se marier et avoir des
enfant tôt sont à l’origine de cette situation. Selon les résultats clés de la cinquième enquête
démographique et de santé au Cameroun, réalisée en juin 2018 et en janvier 2019, par
l’institut national de la statistique, en collaboration avec le ministère de la santé publique, la
prévalence des grossesses chez les adolescentes est 24% dont 5% sont enceintes de leur
premier enfant, et 19% ont eu au moins un enfant. «Au Cameroun, les jeunes font leurs
premières expériences sexuelles très tôt>> explique Dr Armand. Une étude confirme que les
relations sexuelles avec plusieurs partenaires sont fréquentes chez les adolescentes au
Cameroun. Armand tente d’expliquer : d’une part, il existe des incitations financières <<les
familles pauvres reçoivent de l’argent des amis de leurs filles surtout s’il y’a un enfant
commun>> (kamerungo, 2021). Le manque d’éducation dans les zones rurales est un autre
problème, et aussi les moyens de contraceptions nécessaires ne sont souvent tout simplement
pas disponibles, ce qui rend difficile la prévention d’une grossesse.

PROBLEME

Les grossesses chez les adolescentes constituent un problème majeur car la sexualité est un
domaine critique de la santé et du bien-être qui nécessite une attention particulière chez les
adolescents en général. Les résultats obtenus à partir d’une enquête par questionnaire au près
d’un échantillon représentatif des élèves du secondaire au Cameroun montrent que les besoins
éducatifs des jeunes en sexualité vont bien au-delà de l’information sur le SIDA et les IST.
Des connaissances sur l’anatomie et la physiologie sexuelle à la relation à soi et à l’autre en
passant la procréation et les rôles sexuels. Les zones d’éducations prioritaires (ZEP) avaient
été pensées au Cameroun pour de manière générale, résorber les inégalités en matière
d’éducation dans la région de l’Est et dans la partie septentrionale du pays. Cette politique
trouve son équivalent dans une stratégie du ministère de l’éducation nationale et de la
jeunesse(2018), pour qui, <<la politique d’éducation prioritaire a pour objectif de corriger
l’impact des inégalités sociales et économiques sur la réussite scolaire par un renforcement de
l’action pédagogique et éducative dans les établissements scolaires des territoires qui
rencontrent les plus grandes difficultés sociales>>. Certains pédagogues estiment que l’âge
approprié pour recevoir cette éducation est celui requis pour l’admission au collège, c’est-à-
dire 12ans. Pour l’UNESCO(2015), l’enjeu est si grand pour que cette éducation soit différée
FEUZEU(2020). Les besoins des jeunes sont multidimensionnels et nécessitent une prise en
charge éducative globale pour développer les compétences nécessaires à la santé sexuelle des
jeunes, et une implication tant des parents que des partenaires extérieures. Cependant, nous
nous rendons compte d’un échec de cette éducation des jeunes, car jusqu’ici on se heurte
encore au phénomène de grossesse précoce même chez les jeunes étudiantes. Les
complications liées à la grossesse et à l’accouchement constituent la deuxième cause de décès
pour les filles de 15 à 19 ans. A cause de leurs grossesses précoces, certains jeunes étudiantes
sont stigmatisées ce qui développe des effets psychologiques préjudiciables à leur santé
(dépression, stress…), d’autres présentent des affections physiques qui peuvent varier selon
l’âge de la jeune fille, tels que : les hémorragies, les naissances prématurées, les infections des
voies urinaires, pré éclampsie, l’anémie, des déchirures vaginales à l’accouchement.

PROBLEMATIQUE
La présente recherche s’inscrit dans le champ des pratiques des sciences infirmières, plus
précisément dans la classification des diagnostics infirmiers avec pour référentiel conceptuel
le model de la pyramide des besoins d’Abraham Maslow, car en comprenant mieux l’humain
que nous avons en face de nous, nous pouvons plus facilement l’aider à satisfaire un besoin.

La maternité précoce est devenue un phénomène qui se focalise aujourd’hui sur l’adolescence,
son ambiguïté, ses contradictions, ses troubles, ses désirs et ses passions. Différente selon les
cultures et spécifique dans chaque contexte social, la maternité précoce interroge les
professionnels de la santé et de l’éducation. La prévention anté et périnatale de la parentalité
précoce ouvre la voie à des questions à la fois éthiques, prophylactiques et thérapeutique. La
grossesse précoce est une réalité qui chaque année, concerne des centaines de jeunes filles qui
deviennent mère adolescentes, rappelons que les complications de la grossesse et de
l’accouchement sont la deuxième cause de décès chez les jeunes filles âgées de 15 à 19 ans
dans le monde, indique l’OMS, 194 filles meurent chaque jour de suites d’une grossesse
précoce. On observe chez les jeunes des suivis insuffisants ou tardifs de leur grossesse,
certaines ignorent même l’existence de leur grossesse. L’absence de soins prénataux, les
conduites à risque et le contexte psycho-social de ces futures mamans adolescentes exposent
davantage le bébé à certains risques. L’adolescente enceinte est discriminée et ne peut pas
compter sur l’aide dont elle a besoin, ce qui entraine une fréquence plus grande de
l’hypertension artérielle, de l’éclampsie/pré éclampsie, de la toxémie gravidique, de la
septicémie puerpérale, et la prématurité (MFEGUE, 2019).

Les parents adolescents et leurs enfants sont deux patients d’âge pédiatrique pour les
dispensateurs de soins, et ont chacun leurs propres besoins de santé. Les jeunes parents et leur
enfant peuvent être à risque de voir leur santé en souffrir, non pas directement à cause de
l’âge de la mère, mais de la pauvreté et des autres inégalités en matière de déterminants
sociaux de la santé. La théorie d’Abraham Maslow suggère que les êtres humains ont un
ensemble de besoins qui doivent être satisfaits pour atteindre leur plein potentiel, qu’il appelle
aussi <<réalisation de soi>>, d’après la conception de Virginia Henderson, une personne est
en santé tant qu’elle peut satisfaire seule à ses besoins. Les adolescents aujourd’hui
expérimentent très tôt la pratique des rapports sexuels sans toutefois se poser la question de
savoir comment faire pour éviter une grossesse, ou alors sont dans la grande ignorance des
complications liées à une grossesse précoce, sans parler de l’insouciance du devenir du bébé
après la naissance (MFEGEU, 2019).

Sara est une adolescente qui à 17 ans s’est rendu compte qu’elle était enceinte en novembre
2016, elle vivait dans un village rural des Comores, déclare t’elle : <<je sortais avec un jeune
homme de 20 ans et nous utilisions que rarement des préservatifs>>, de plus : <<mes cycles
étaient réguliers et je me contentais de calculer le jour de l’ovulation pour prendre des
précautions, mais ça n’a pas été efficace. >> . La jeune Sara a mené sa grossesse à terme dans
le plus grand secret, jusqu’à son accouchement dans les toilettes d’un hôpital. <<je ne savais
pas quoi faire, a-t-elle expliqué. J’étais complètement perdue… Mon père est très croyant et
n’aurait pas accepté que cela arrive à sa fille ainée. Je pensais qu’il me tuerait. >> . Elle a
demandé à ses parents de l’amener à EL-Marouf, un hôpital local soutenu par l’UNFPA. Aux
urgences, elle a dit aux infirmières avoir mal à l’estomac, puis elle a demandé à aller aux
toilettes, d’où elle a donné naissance à son enfant. Il en est de même que Lois, jeune étudiante
à l’école d’infirmière qui a accouché en juin 2019. Âgée de 20 ans, elle a découvert sa
grossesse non planifiée à la rentrée de sa deuxième année : <<la directrice m’a fait un
planning aménagé pour la fin de ma grossesse, je pouvais suivre uniquement les TD
obligatoires pour valider l’examen et je sautais le reste>>, précise-t-elle.

En octobre 2022 lors de mon troisième stage académique au dispensaire catholique de Godon
dans la ville de Bafia, plus précisément en consultation prénatal, près de la moitié des femmes
dont nous accueillons étaient des adolescentes dont l’âge variait entre 13 et 20 ans, la plupart
d’entre elles n’était pas des bourgeoises c’est-à-dire que leurs conditions de vie semblaient
déjà pas facile sans parler de la grossesse qui rendait la situation encore plus compliqué de tel
sorte qu’elles n’arrivaient pas à réaliser la totalité des examens recommandés, sans oublier
l’abandonne des études pour certaines. Pendant les causeries éducatives avec ces jeunes
adolescentes, on se rendait toute suite compte que leurs grossesses étaient une chose
inattendue pour elles.

1) Questions de recherche
Question générale

 Quel sont les besoins éducationnels des jeunes étudiants sur les grossesses précoces ?

Questions spécifiques

 Quels sont les connaissances des jeunes étudiantes sur l’utilisation correcte des
moyens de contraceptions ?
 Quels sont les connaissances des jeunes étudiantes sur les complications liées aux
grossesses précoces ?

1) Hypothèses de recherche
Une hypothèse de recherche est une réponse provisoire à la question préalablement
posée. Pour mener à bien notre étude, nous formulons quelques hypothèses
fondamentales autour desquelles sera bâti notre travail, énoncées ainsi qu’il suit :

Hypothèse générale

 Les jeunes étudiantes ayant de bonnes connaissances sur l’éducation sexuelle et ses
enjeux ont moins de chance de s’exposer à des grossesses précoces

Hypothèses spécifiques

 Les jeunes étudiantes ayant des connaissances sur l’utilisation correcte des moyens de
contraceptions sont moins exposées aux grossesses précoces
 Les jeunes étudiantes ayant reçus une éducation sur la grossesse précoce et ses
conséquences sont moins vulnérable à ce sujet

2) Objectifs de recherche

Objectifs générale

 Evaluer les besoins éducationnels des jeunes étudiants sur les grossesses précoces
Objectifs spécifiques

 Eduquer les jeunes étudiantes sur les connaissances et l’utilisation correcte des
moyens de contraception
 Sensibiliser les jeunes étudiantes sur les complications liées aux grossesses précoces

3) Intérêts de l’étude

Intérêt scientifique

La grossesse précoce est un phénomène mondial qui a de nombreuses répercutions, ainsi cette
étude va permettre aux chercheurs de faire une analyse qualitative et quantitative de ce
phénomène et proposer des solutions réalistes et pertinentes à cela.

Intérêt socio-économique

Sur le plan socio-économique, cette études va permettre de lever les tabous, d’éveiller
les consciences quant à l’éducation et l’encadrement correcte des jeunes étudiantes
afin de prévenir des grossesses précoces, réduire la pauvreté et le chômage. Pour les
adolescentes qui ont des grossesses précoces, elle va leurs permettre d’éviter une
éventuelle rechute, ainsi que le rejet et la stigmatisation de la part de leur proche.

Intérêt professionnel

Les professionnels de santé sont des acteurs de soins. Cette étude va donc permettre à ces
derniers de prodiguer des soins de qualité et de pratiquer ainsi une relation d’aide auprès des
jeunes qui ont des grossesses précoce.

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