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Introduction aux mathématiques pour économistes

By F. CANDAU

Ce cours résume les bases de l’algèbre, rappelle les propriétés des


fonctions puissances, logarithmiques et exponentielles. Un rappel
de la résolution de systèmes d’équations simples (deux équations à
deux inconnus) est aussi réalisé avant d’aborder des notions nou-
velles dans deux chapitres dédié à la dérivation et à l’optimisation.
Les dérivées partielles sont notamment étudiées et ce cours se ter-
mine par une introduction à l’optimisation sous contrainte.

I. Introduction

Les mathématiques sont l’ensemble des savoirs issus de raisonnements logiques


appliqués à des objets divers comme par exemple les nombres, les structures, les
formes etc. En d’autres termes, alors que les autres sciences sont souvent basées
sur l’expérience ou sur l’observation, les mathématiques sont uniquement le fruit
d’un raisonnement intellectuel fondé sur des axiomes déclarés vrais. Ce raison-
nement formel, est dénommé démonstration et permet d’établir des théorèmes ou
des propositions qui seront ensuite utiles soit au développement des mathématiques
pures soit à des applications plus concrètes dans des disciplines telles que la
physique, l’informatique, la philosophie, ou l’économie. Les mathématiques sont
divisés en plusieurs branches dont notamment l’algèbre et l’analyse, toutes deux
utilisées en économie.
Il est important de comprendre que les “maths” sont un raisonnement et que
les signes, les équations ou autres objets ne sont que des inventions visant à
faciliter le raisonnement. L’humanité fait ainsi des maths depuis la nuit des
temps, alors que les objets mathématiques que nous manipulons ont une histoire
plus récentes. Par exemple, le plus vieil objet mathématiques découvert à ce jour
est le bâton d’Ishango, datant de plus de 20000 ans, il témoigne d’une étude de
comptage propre à l’arithmétique mais les symboles + et - n’apparaissent qu’au
15ième (Leipzig), et le signe = au 16ième, il est introduit par Robert Recorde avec
l’argumentation suivante “parce que deux choses ne sauraient être plus égales que
deux lignes parallèles”.
L’objectif de ce cours, sera de présenter les notations mathématiques, puis
d’introduire les raisonnements et résultats mathématiques utiles à l’analyse économique.
J’insiste sur l’importance des notations. Trop souvent, les notations sont la
première barrière qui empêche les étudiants d’accéder aux mathématiques, ce qui
est fort regrettable.
L’analyse économique est fondée principalement sur deux branches des mathématiques,
l’algèbre et l’analyse.
L’algèbre est une branche des mathématiques qui permet d’exprimer les pro-
1
2

priétés des opérations et le traitement des équations et aboutit à l’étude des


structures algébriques. Selon l’époque et le niveau d’études considérés, elle peut
être décrite comme :
• une arithmétique généralisée, étendant à différents objets ou grandeurs les
opérations usuelles sur les nombres
• la théorie des équations et des polynômes
• l’étude des structures algébriques (algèbre générale ou abstraite).
L’analyse est liée au calcul infinitésimal, elle traite des notions de limite, de
continuité, de dérivation et d’intégration.

II. Algèbre élémentaire et notions mathématiques de bases

A. Somme
P
Les sommes sont souvent désignées par le signe :
3
X
xi = x1 + x2 + x3
i=1

Quelques propriétés des sommations:


n
X n
X n
X
(xi + yi ) = xi + yi
i=1 i=1 i=1

n
X n
X
axi = a xi
i=1 i=1
Il faut aussi savoir reconnaı̂tre quelques formules, par exemple la moyenne
arithmétique:
n
1X
x̄ = xi
n
i=1
Lorsqu’on travaille avec des sommes, il faut faire très attention aux indices,
notamment dans les cas des doubles sommes. Les doubles sommes s’utilisent
souvent lorsqu’on a besoin de calculer des indicateurs économiques à partir d’un
tableau de données. Imaginons par exemple le tableau suivant où chaque éléments
du tableau est noté xij avec 1 ≤ i ≤ m et 1 ≤ j ≤ n (ici les i représentent une
colonne précise et les j une ligne, il y a en tout m×n observations dans ce tableau):

x11 x12 ··· x1n


x21 x22 ··· x2n
.. .. ..
. . .
xm1 xm2 · · · xmn
3

La variable xij peut par exemple être le chiffre d’affaire d’une firme multinationale
dans différent pays
P i àPdifférente date j. La somme de toutes les observations de ce
tableau s’écrit: mi=1
n
j=1 xij . L’ordre de ces sommes n’a ici aucune importance,
Pn Pm
i.e. j=1 i=1 xij .
P2 P3
Application: développez la somme suivante: t=1 i=1 at xi .

B. Puissances

Quelques règles sur les puissances:

a0 = 1
1
= a−n
an

at az = at+z
at
= at−z
az
z
at = atz
Attention: (a + b)3 6= a3 + b3 . Pour développer cette expression on peut utiliser
la formule du binome de Newton.
Application: Simplifiez x2 x3 , x21 x32 /x−2 −3
1 x2 , K
0.5 L−0.5 /L.

III. Equations, systèmes et fonctions

A. Equations

En classe de terminale, il était fréquent d’employer des équations à une incon-


nue, du style:
y = ax + b
où y et x sont des variables et a et b des paramètres.
Par rapport à cette équation, les étudiants à l’université sont perdus pour deux
raisons. Premièrement les variables en économies ne sont plus toujours notées x
ou y, elles sont par exemple notées q pour les quantités, et p pour le prix.
Une fonction de demande/d’offre prendra par exemple la forme:

q = ap + b

Deuxièmement, les étudiants sont souvent troublés dès qu’il y a plus de deux
variables, or les équations à trois variables sont très fréquentes en économie. Par
exemple la fonction de production peut s’écrire:

Y = aK α Lβ
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où Y , K et L sont des variables représentant respectivement le niveau de pro-


duction, la quantité de capital et la quantité de travail (où d’heures travaillées).
Le paramètre a dans cette fonction est parfois considéré comme un indicateur de
progrès technique. Les paramètres α et β comme des indicateurs de technologies
stipulant le contenu en capital et en travail de la fonction de production.
Les économistes emploient aussi souvent le vocable de variable “exogène” et
de variable “endogène”. Une variable endogène dépend d’une autre variable du
modèle. Une variable exogène n’est rien d’autre qu’un paramètre.
Par exemple en macro-économie, l’égalité sur le marché des biens et des services
nous est donnée par

(1) Y =C +I +G

où C peut être défini comme une variable endogène dépendant de Y suivant la
théorie keynésienne:

(2) C = aY + b

alors que I et G seront considérés comme exogènes pour différente raisons (sou-
vent pédagogique, par exemple pour calculer le multiplicateur keynésien de façon
simple).
Il est considéré comme pré-requis i) le tracé d’une équation ii) la résolution d’un
système de deux équations
Exercices:
1) Soit une fonction de demande q = −p + 2 et une fonction d’offre q = 4p − 3.
Représenter l’offre et la demande graphiquement et déterminer le prix et les
quantités en résolvant ce système.
2) Soit une fonction Y = aK α Lβ , avec Y = 16, a = 1, α = β = 0.5.
Réprésenter cette équation dans un repère (L,K).
3) Résolvez le système 1 et 2 avec a = 0.5, b = I = G = 100. Que pouvez vous
dire des termes a, b, I et G dans cet exemple? Est-ce toujours vrai?

B. Les fonctions

Une fonction d’une variable réelle x avec un domaine de définition D est une
règle qui assigne un nombre réel unique à chaque valeur de la variable x appar-
tenant à D. On désigne les fonctions par des lettres, telle que f , et on désigne par
f (x) les valeurs que la fonction (la règle) f fait correspondre aux valeurs de x.
En notant y la variable qui prend ces valeurs, on peut écrire:

y = f (x)

où x est appelé variable indépendante, explicative, exogène ou argument de f


alors que y est la variable dépendante.
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Les fontions du premier degré sont de la forme:

f (x) = ax + b

où la constante a est égale à la variation que subit la valeur de la fonction


lorsque la variable x augmente d’une unité:

f (x + 1) − f (x) = a(x + 1) + b − ax − b = a

cette constante est appelée pente de la fonction lorsqu’elle est représentée graphique-
ment. La constance b est l’ordonnée à l’origine que l’on obtient pour x = 0.

Les fonctions de premier degré, aussi qualifié de linéraire sont souvent employé
en économie. Par exemple la demande, ou l’offre vont souvent prendre cette
forme. Mais pour expliquer/générer ces fonctions, les économistes vont souvent
employés des fonctions du deuxième degré. Par exemple:

f (x) = ax2 + bx + c

où a, b et c sont des paramètres. Le graphique de cette fonction est une parabole.
Ses branches sont dirigées vers le haut lorsque a>0 et vers le bas lorsque a<0.
Dans le premire cas, la courbe admettra un maximum, dans le second un miminum.
Nous reviendrons sur ce point en étudiant les dérivés. D’une façon générale au
délà du premier degré on parle de polynomes.

On rencontrera aussi des fonctions rationnelles de la forme R(x)=P(x)/Q(x) et


des fonctions puissances du style f (x) = Axr dont il est utile de reconnaı̂tre la
forme graphique. Lorsque r ∈ [0, 1] la courbe est concave, lorsque r est supérieur
à 1, la courbe augmente de plus en plus vite, sa représentation graphique est
convexe.
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Figure 1. Fonctions Puissances

Les fonctions exponentielles sont de la forme suivante:

f (x) = abx

avec a et b des paramètres. La constante b est nommée la base. Si on considère


que x représente le temps, alors on peut dire que la quantité obtenue par cette
fonction croit exponentiellement par unité temps, du fait de sa multiplication par
un facteur constant b. On va typiquement rencontrer cette fonction exponentielle
lorsque les économistes étudient les taux d’intérêt ou les taux de dépréciation.
Les fonctions exponentielles sont utilisées dans de nombreuses modélisations en
économie et dans d’autres disciplines comme en démographie (croissance de la
population) ou en physiques (désintégration radioactive).
Il existe de nombreuse base, mais l’une est particulièrement utilisée, c’est celle
qui emploie le nombre irrationnel e (légérement supérieur à 2.7).
La fonction logarithme est définie par rapport à la fonction exponentielle, de
telle sorte que le nombre que le nombre ln a est définie par:

eln a = a
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Il est important de connaı̂tre plusieurs règles concernant les logarithmes dont:

ln(xy) = ln x + ln y
x
ln = ln x − ln y
y
ln xp = p ln x
ln 1 = 0
ln e = 1
ln ex = x

IV. La dérivation

A. Définition

En économie nous avons constamment besoin de savoir comment évoluent différentes


variables (la demande, l’offre, le taux de chomage etc). Pour ce faire les économistes
utilisent la dérivation qui est à la base de l’analyse en mathématique. Initialle-
ment inventées par Newton et Leibnitz, les dérivés permettent d’analyser le taux
de variation d’une fonction. La dérivée de la fonction f au point a, notée f 0 (a)
est de la forme suivante:
f (a + h) − f (a)
(3) f 0 (a) = lim
h→0 h

Application: déterminer la dérivée de f (x) = x2 solution f (x + h) = (x + h)2 =


x2 + 2xh + h2 , f (x) = x2 donc limh→0 f (x+h)−fh
(x)
= limh→0 (2x + h) = 2x.
d
Les dérivés sont écrites avec une notation différente: dx f (x) qui stipule simple-
ment de la dérive la fonction f par rapport à x.

B. Les dérivés sont le résultat de variation infinitésimale

Les dérivés permettent de savoir comment évolue une fonction:

• f 0 (x) > 0 pour tout x de l’invervalle I ⇔ f (x) est croissante sur I

• f 0 (x) < 0 pour tout x de l’invervalle I ⇔ f (x) est décroissante sur I

• f 0 (x) = 0 pour tout x de l’invervalle I ⇔ f (x) est constante sur I

Sachant que le taux de variation d’une fonction, noté 4f , si l’on considére une
variation h de x est définie par :

f (a + h) − f (a)
4f =
h
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En considérant des variations infinitésimales de h, soit h → 0 on retrouve la


définition de la dérivée (3). Le taux de variation instantané de f en x est donc
f 0 (x). Le taux de variation relatif est

f 0 (x)
f (x)

Graphiquement la dérivée d’une fonction en un point particulier est la pente


de la tangente de la courbe en ce point. Les dérivés sont employées constamment
en économie, en fait beaucoups de raisonnement sont des raisonnements dit “à
la marge” et ce terme renvoie justement à l’idée de petite variation qui sont ap-
proximé par des dérivés. En micro-économie on se posera par exemple la question
de savoir comment évolue la satisfaction/utilité d’un consommateur lorsque son
consommation augmente d’une unité, on calcule alors la dérivée qui se nomme
utilité marginale. Idem on étudiera commment le cout total d’un production
évolue s’il produit une unité de plus, on calculera alors la dérivée de ce coût total
par rapport aux quantités produite que l’on qualifiera de coût marginal. En bref
dès que vous voyez “marginal” ou “variation” dans un énoncé économique pensez
aux dérivées.

C. Règles sur les fonctions

En utilisant les limites on peut déterminer les dérivés de plusieurs fonction.


Nous ne présenterons pas ici ces démonstrations, mais il est par contre essentiel
de connaı̂tre ces règles de dérivation:

f (x) = a ⇒ f 0 (x) = 0

f (x) = 2x ⇒ f 0 (x) = 2

f (x) = xa ⇒ f 0 (x) = axa−1

f (x) = ln x ⇒ f 0 (x) = 1/x

f (x) = ax ⇒ f 0 (x) = ax ln a
où a est une constante. Notons que la base l’exponentielle est e d’après la
dernière formule nous obtenons que f (x) = ex ⇒ f 0 (x) = ex , ce qui est une parti-
culiarité remarquable de la fonction exponentielle dont la variation est exactement
égale à la fonction.
Application: dériver f (x) = B/xa , f (x) = 2ax
Si deux fonctions sont dérivables en x, alors la somme de ces fonctions (ou la
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différence) est aussi dérivale:

F (x) = f (x) ± g(x)


⇒F 0 (x) = f 0 (x) ± g 0 (x)

La règle concernant la dérivé d’un produit est la suivante:

F (x) = f (x)g(x)
⇒F 0 (x) = f 0 (x)g(x) + g 0 (x)f (x)

et enfin concernant la dérivée d’un quotient:

F (x) = f (x)/g(x)
f 0 (x)g(x) − g 0 (x)f (x)
⇒F 0 (x) =
(g(x))2

Application: calculer les dérivées de F (x) = (3x − 5)(x − 2) et de F (x) = 3x−5


x−2 .
Il est parfois aussi nécessaire de dériver une fonction qui est une fonction de la
variable qui varie, par exemple y dépend de u et u dépend de x. La dérivation
d’une fonction composée répond à la règle suivante:

dy(u) dy du
=
dx du dx
Ce qui nous donne par exemple pour y = ua

y 0 = aua−1 u0

Application: calculer dy/dx


√ pour a) y = u5 et u = 1 − x3 , b) pour y = 10/u7 et
u = x2 + 4x + 5, c) y = x2 + 1

D. Dérivées d’ordre supérieur

Les dérivées que nous avons étudiées jusqu’ici, du style f 0 (x), sont des dérivés
de premier ordre. Pour savoir comment ces dérivés évoluent on étudie ... leur
dérivées, f 00 (x) dites dérivée seconde. On obtient évidemment les même relations
que précédemment:
• f 00 (x) > 0 pour tout x de l’invervalle I ⇔ f 0 (x) est croissante sur I
• f 00 (x) < 0 pour tout x de l’invervalle I ⇔ f 0 (x) est décroissante sur I
• f 00 (x) = 0 pour tout x de l’invervalle I ⇔ f (x) est constante sur I
La dérivée seconde s’écrit souvent ainsi:
d2 f (x)
f 00 (x) =
dx2
10

Une courbe est dite convexe lorsque sa dérivée seconde est positive et concave
dans le cas inverse.
Ces dérivés seconde nous indique comment varie la variation. En macroéconomie,
lorsqu’on parle par exemple de l’augmentation du taux d’inflation, on parle d’une
dérivée seconde des prix (puisque l’inflation indique justement l’augmentation des
prix). En microéconomie lorsqu’on parle de la “loi” des rendements décroissants
qui établie que lorsqu’on utilise de plus en plus un facteur de production la pro-
duction augmente mais de moins en moins vite, on parle du signe de la dérivé
seconde qui est négatif.
Application: soit une fonction de production y = L0.5 déterminer la dérivée
seconde, qu’en déduisez vous sur l’évolution de la production lorsque L augmente.
Représenter cette fonction et illustrer le concept d’une dérivé seconde négative.

E. La règle de l’Hospital

Si f (a) = g(a) = 0 mais que g 0 (a) 6= 0 alors la règle de l’Hospital établie la


relation suivante:
f (a) f 0 (a)
lim = 0
x→a g(a) g (a)
Application: soit f (x) = ex − 1 et g(x) = x déterminer la limite de ce rapport de
x 0
fonction lorsque x tend vers zéro. Solution:limx→0 e x−1 = e1 = 1

F. Théorème des valeurs intermédiaires et méthode de Newton

Existe t-il toujours une solution à une équation et comment trouver cette solu-
tion?
Théorème: Soit f une fonction continue sur l’intervalle fermé [a,b]
a) si f(a) et f(b) sont de signes contraires, il existe au moins un nombre réel c,
élément de ]a, b[, tel que f (c) = 0
b) si f (a) 6= f (b) alors pour toute valeur intermédiaire y de l’intervalle ouvert
entre f (a) et f (b), il existe au moins un nombre réel c, élément de ]a, b[ tel que
f (c) = y.
Application: démontrez que la fonction x6 +3x2 −2x−1 = 0 admet une solution
entre 0 et 1. Solution: f(0)=-1 et f(1)=1, donc d’après le théorème précédent il
exite bien une solution sur cet intervalle telle que f(c)=0.
Ce théorème des valeurs intermédiaires assure qu’il y a existence d’une solution
mais ne permet pas de la déterminer. La méthode de Newton est une technique
numérique pour approximer cette solution.
Tant que f 0 (xn ) 6= 0, la méthode de Newton engendre la suite de valeurs données
par la formule:
f (xn )
xn+1 = xn − 0 , n = 0, 1, ...
f (xn )
Application: Approximez la solution de x6 + 3x2 − 2x − 1 = 0 à l’aide de la
méthode de Newton. Solution: On choisit x0 = 1, soit f (x0 ) = f (1) = 1, on
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calcule la dérivé et on obtient f 0 (1) = 10 ce qui nous donne d’après la méthode


de Newton:
f (1) 1
x1 = 1 − 0 =1− = 0.9
f (1) 10
V. Optimisation dans le cas d’une fonction à une variable

A. Condition de premier ordre

En économie on étudie souvent des fonctions de type parabole qui n’ont qu’un
seul maximum ou qu’un seul minimum, dans ces cas lorsque la dérivée première
s’annule on obtient respectivement le maximun ou le minimum de la fonction.
• Courbe en U pour les coûts.
• Courbe en U-inversé pour les profits
Ce point où le minimum ou maximum est atteint est appelé point stationnaire
ou point critique et cette annulation de la dérivée en ce point est dénommée
“condition de premier ordre”. De façon plus rigoureuse:
Théorème: Soit une fonction f dérivable sur un intervalle I et soit c un point
intérieur de I. Pour que f (c) soit un max ou un min de f sur I, il est nécessaire
que c soit un point stationnaire de f , cad que x = c satisfasse à l’équation

f 0 (x) = 0

Application: Soit une fonction de profit de la forme π = 2q 2 + 3q + 1 déterminer


la production maximisant les profits.

B. Condition de second ordre

Comment savoir si on a obtenu un maximium ou un minimum? Il faut calculer


la dérivée seconde.
Théorème: Soit f une fonction deux fois dérivable sur un intervalle I, et soit c
un point intérieur de I.
f 0 (c) = 0 et f 00 (c) < 0⇒ f admet un maximum local strict en x = c
f 0 (c) = 0 et f 00 (c) > 0⇒ f admet un minimum local strict en x = c

C. Théorème des accroissements finis

Théorème: Si f est une fonction continue sur un [a,b] et dérivable sur ]a,b[,
alors il existe au moins un point intérieur tel que:

f (b) − f (a)
f 0 (x∗ ) =
b−a
Appliquer le théorème des accroissements finis à la fonction f (x) = x3 − x sur
l’intervalle [0,2]. Solution, on a f (2)−f
2−0
(0)
= 3, d’autre part f 0 (x) = 3x2 − 1, et

3x2 − 1 = 3 a deux solution dont 2 3/3 appartient à l’intervalle.
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D. Points d’inflexion

Le point d’inflexion est définie par la dérivée seconde. Pour le déterminer il


faut que f 00 (c) = 0 ET que f 00 (x) change de signe en c.
Application: déterminer les points d’inflexion de f (x) = x6 − 10x4 . Solution:
on trouve que f 00 (x) = 30x2 (x − 2)(x + 2), donc il y a deux points d’infection en
−2 et 2.

VI. Fonctions à plusieurs variables

Une fonction f de deux variables réelles x et y dont le domaine de définition


est D est une règle qui associe un nombre unique réel f(x,y) à chaque couple (x,y)
de D.
Exemple: F (x, y) = Axa y b est une fonction à deux variables très utilisées,
souvent qualifiée de fonction Cobb-Douglas du nom des deux économistes qui
l’ont employés dans les années 20 pour représenter une fonction de production.

A. Dérivée partielle

Lorsqu’il y a deux variables, on ne plus utiliser les mêmes notations que précédemment
pour les dérivées, il faut en effet spécifier par rapport à quoi la fonction varie.
Lorsqu’une seule des variables varie et que l’autre est constante on utlise la
dérivée partielle.
∂z
Soit z = f (x, y) alors ∂x désigne la dérivée de f (x, y) par rapport à x lorsque
∂z
y est constant, de façon similaire ∂y désigne la dérivée de f (x, y) par rapport à y
lorsque x est constant.
La dérivée partielle est parfois notée différemment, on trouve par exemple les
notations suivantes qui sont équivalente: fx0 (x, y) ou encore fx (x, y). Formelle-
ment la définition de la dérivée partielle est la suivante. En considérant une
variation infinitésimale de x de h telle que:

f (x + h, y) − f (x, y)
fx0 (x, y) = lim
h→0 h
Les dérivées partielles de premier ordre sont extrêmement utiles et utilisées en
économie.
Par exemple, si l’on souhaite savoir comment varie une fonction de production
qui dépend de la quantité de capital K et du nombre d’heures travaillées L,
notée Y (K, L), lorsque l’on augmente seulement le nombre d’heures travaillées
(la quantité de capital, de machines par exemple, restant la même) alors il faut
calculer la dérivée partielle de Y (K, L) par rapport à L.
Idem pour une fonction d’utilité dépendant de la consommation de deux biens
x1 et x2 , notée U (x1 , x2 ), si l’on souhaite savoir comment varie cette fonction avec
x1 lorsque x2 est constant, on calcule Ux1 (x1 , x2 ).
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Les dérivées partielles sont utilisées pour le calcul marginal, ainsi la dérivée par-
tielle de la production par rapport au travail est appelée productivité marginale du
travail. La dérivée partielle de Y (K, L) par rapport à K est nommée productivité
marginale du capital. La dérivée partielle de la fonction d’utilité U (x1 , x2 ) par
rapport à un bien représente l’utilité marginale de ce bien.
Lorsque la dérivée est positive, la fonction augmente, à l’inverse si la dérivée
est négative la fonction est décroissante par rapport à cette variable. Donc
YK (K, L) > 0, signifie que la production augmente avec K.
Application: Déterminer les dérivées partielles

• de f (x, y) = x3 y + x2 y 2 + x + y par rapport à x puis à y.

• de U (x1 , x2 ) = x0.2 0.3


1 x2 par rapport à x1 puis à x2 .

• de Y (L, K) = La K b par rapport à L puis à K.

B. Dérivée d’ordre supérieur

Les dérivées partielles d’ordre supérieur fonctionnent de la même façon que les
dérivées d’ordre un que nous venons de définir. Les notations sont les suivantes:
∂ ∂f ∂2f 00
∂x ( ∂x ) ou encore ∂x2 ,voire fyy (x, y) ou fyy (x, y).
Ces dérivées partielles sont très souvent employées en économie pour savoir par
exemple si une fonction augmente de plus en plus vite, dans ce cas la dérivée
seconde est positive, ou de moins en moins vite, dans ce cas la dérivée seconde
est négative.
Dit autrement, la dérivée seconde indique comment la dérivée première varie
lorsqu’on fait varier une variable.
Par exemple si la satisfaction liée à la consommation d’un bien x, notée U (x),
augmente de moins en moins à mesure que l’on consomme ce bien (effet satura-
tion), alors la dérivée seconde est négative.
Cela signifie que l’utilité marginale de la consomation du bien x est décroissante.
Idem, si la production d’un bien qui utilise du capital et du travail Y (K, L),
augmente de moins en moins vite à mesure que l’on augmente le nombre de
travailleur (effet de court terme, le capital étant fixe il y a un effet de congestion
sur les machines K), alors la dérivée seconde est négative.
On dit alors que la productivité marginale du travail est décroissante.
Application:

• Soit f (x, y) = x3 y 2 + x7 , déterminer fxy (x, y), fxx (x, y).

∂ 2 U (x1 ,x2 )
• Soit U (x1 , x2 ) = x0.2 0.3
1 x2 , déterminer ∂x21
. Commenter ce résultat.

∂ 2 Y (L,K)
• Soit Y (L, K) = La K b , déterminer ∂L2
. Commenter ce résultat.
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C. Fonction composée

Si z = F (x, y) avec x = f (t) et y = g(t) alors

dz dx dy
= Fx0 (x, y) + Fy0 (x, y)
dt dt dt
La lettre d au lieu du ∂ désigne la dérivée totale.
Application: déterminer la dérivée de z = (at + 1)2 + (bt + 1)3 par rapport
à t (aide: vous pouvez observer que l’on a ici z = x2 + y 3 avec x = at + 1 et
y = bt + 1).

D. Fonction implicite

Parfois les économistes ont besoin de la dérivée d’une fonction qui ne peut être
définie qu’implicitement, par exemple:

F (x, y) = c

comment déterminer la dérivé de y par rapport à x alors que nous n’avons pas de
forme explicite de la fonction y? Il suffit de dériver l’équation précédente et l’on
obtient:
dx dy
Fx0 (x, y) + Fy0 (x, y) =0
dt dt
soit au final:
dx Fy0 (x, y)
=− 0
dy Fx (x, y)
Application: Calculez la pente de la tangente au point (2,1) de l’équation im-
plicite x3 + x2 y − 2y 2 − 10y = 0.

VII. Optimisation sous contrainte

La méthode de Lagrange permet de déterminer les extremums d’une fonction


sous certaines contraintes d’égalité. Soit le problème suivant consistant à trouver
l’extremum de f (x1 , ...xk ) sous contrainte de gj (x1 , ...xk ) = bj , j = 1, 2...m. La
fonction f est la fonction objectif, gi une contrainte particulière et bi une con-
stante. Il est à noter que k est strictement supérieur à m, k − m représente le
degré de liberté de ce problème.
Le Lagrangien s’écrit:
m
X
L(x1 , ..., xk , λ1 , ..., λm ) = f (x1 , ..., xk ) + λj (bj − gj (x1 , ..., xk ))
j=1

où les λ sont des constantes dénommées multiplicateurs de Lagrange. Nous


supposerons que toutes les contraintes sont linéaires. En égalisant à zéro les
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dérivées partielles du langragien par rapport à ses arguments nous obtenons:


m
∂L ∂f (x) X ∂gj (x)
= − λj =0
∂xi ∂xi ∂xi
j=1

∂L
= bj − gj (x) = 0
∂λj
avec j = 1, ..., m et i = 1, ..., k.
En résolvant ces équations nous obtenons les points critiques de la fonction de
Lagrange notés x∗ = (x∗1 , ..., x∗k ). Pour savoir si ces points sont des minimums
ou des maximums il nous faut étudier la matrice hessienne du Lagrangien (une
matrice hessienne de A c’est simplement la dérivé seconde de A). Comme nous
n’avons pas encore abordé l’étude des matrices, nous supposerons que le Lagrang-
ien est concave dans les cas où le programme est une maximisation, dans ce cas
x* est un maximum global et à l’inverse que le langragien L est convexe dans le
cas d’une miminimisation, dans ce cas x* est un minimum global.
Application: Maximiser la fonction f (x1 , x2 ) = xa1 xb2 sous contrainte de R =
x1 p 1 + x2 p 2 .

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