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Annales historiques

compiégnoises

Source gallica.bnf.fr / Bibliothèques de la Ville de Compiègne


Société d'histoire moderne et contemporaine (Compiègne, Oise).
Auteur du texte. Annales historiques compiégnoises. 1980-10.

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ANNALES HISTORIQUES
COl\1PIEGNOISES
1SS
0182-5461
MODERNES & CONTEMPORAINES

N°12 SPECIAL 3' A N N EE

.
2 0F . OCT. - DEC. 1980

PATRIMOINE ( Il ) LES ORGUES :

DE COMPIEGNE & SA REGION

ORGANE DELA SOCIETE D'HISTOIRE (M.&C.) DE COMPIEGNE


SOCIETE D'HISTOIRE DE COMPIEGNE

MODERNE ET CONTEMPORAINE

SIEGE : Secrétariat - Jacques BERNET 82bis, rue de Paris


- 60200 COMPIEGNE Tél. 420.26.52
-
BUREAU : Président d'Honneur : M. Albert SOBOUL
Professeur à l'Université de Paris I
Président : M. Claude GRIMAL
* Proviseur du Lycée Pierre d'Ailly de Compiègne
Vice-Présidents : Mlle Florence GAUTHIER, M. Elie
FRUIT
Secrétaire Général : M. Jacques BERNET
Secrétaire adjointe : Mme Josane JOUHET
Trésorier : M. Jacques LECURU
Membres : M. Alain J.M. BERNARD, Mme Armelle DELAMOTTE,
M. Jacques DEMARCQ, M. Olivier KOVAL, Mlle Elisabeth
LAVECOT (relations avec la Somme), M. Christian MAX,
M. Bernard VINOT (relations avec l'Aisne), M. Daniel
GUERIN (à titre d'honneur).
C.C.B. de la Société : à l'ordre de la Société : B.N.P. 020.766/59 COMPIEGNE

Créée en octobre 1977, la SOCIETE D'HISTOIRE DE COMPIEGNE moderne et contemporaine


est affiliée à la SOCIETE DES ETUDES ROBESPIERRISTES, fondée par Albert MATHIEZ et^
reconnue d'utilité publique en mai 1936. Le siège de la Société nationale est situé
à Paris au domicile de son secrétaire général, M. Albert SOBOUL.
La Société d'Histoire de Compiègne s'adresse à tous les amateurs d'histoire locale
et nationale du XVIIIe siècle à nos jours. Elle se donne pour but d'impulser faire et coor-
donner les recherches historiques locales modernes et contemporaines, de les
connaître par des conférences, excursions, expositions et publications. Elle vise
aussi à populariser les résultats de travaux d'importance nationale, dans un esprit
scientifique et pluraliste.
ADHESIONS : année 80/81 :
Il suffit d'en faire la la Société et de régler sa cotisation annuelle au
demande à
trésorier. Jacques LECURU, professeur au Lycée Pierre d'Aillt - 136 bd des Etats-
Unis 60208 COMPIEGNE. Libeller les chèques à l'ordre de la Société.
TARIF 80/81 : Membre actif bienfaiteur : 50 F et plus
Membre actif : 25 F
Lycéen, étudiant, chômeur, personne âgée : 15 F

ANNALES HISTORIQUES COMPIEGNOI


modernes et contemporaines
SES
Organe trimestriel de la Société Historique compiégnoise (m. et c.)
Prix unitaire : 15 F Numéros
-50 (40 spéciaux et doubles : 20 F et 25 F
Abonnement : 4 N®s : F F pour les sociétaires)
Etranger, soutien : 60 F
(commandes et abonnements à adresser au trésorier de la Société).
Directeur de publication et secrétaire du Comité de Rédaction : Jacques BERNET
Comité de rédaction : le BUREAU DE LA SOCIETE. Les articles sont tous signés et n'en-
gagent que leurs auteurs.
Communications, critiques, demandes à adresser à Jacques BERNET, secrétaire.
COPYRIGHT A.H.C. m. et c. - Tous droits de reproduction réservés.
Commission paritaire N° 61934
ANNALES HISTORIQUES COMPIEGNOISES
MODERNES ET CONTEMPORAINES

N° 12 SPECIAL OCTOBRE-DECEMBRE 19 80

- Carte des orgues de l'Est de l'Oise (A.J.M. BERNARD) P. 3

- Les instruments compiègnois (J. RIBES) P* 7

- Les orgues de la cathédrale de Noyon (L. BERTRAND) P. 35

- L'orgue de l'Abbaye d'Ourscamps (J. BOUTEILLER) P. 47

- L'orgue d'Estrées Saint-Denis (G. BOUYSSOU) P. 49

- L'orgue à cylindre de Lachelle (J. BERNET) P. 51

- Verberie : un des premiers Cavaillé-Coll (J. BERNET) P. 57

- L'orgue de Béthisy St Pierre (J. RIBES) P* 69

- Les grandes orgues de Pierrefonds (J.P. GROSCLAUDE) P. 70

- L'orgue de l'Eglise Saint-Denis de Crépy en Valois (J.B. FURET) P. 75

- Note historique :
Qu'est-il advenu des orgues de Compiègne sous la Révolution Française
(J. BERNET) P. 81

- Note technique :
Petit lexique de la facture d'orgue (J. RIBES) P. 91

~ L'Association des Amis des Orgues de Compiègne et ses environs (G.LAMBERT)


(G. LAMBERT, Président) P. 94
.
- Un musicien et organiste picard : Pierre du Mage P. 95
- Un ensemble discographique exceptionnel : l'anthologie de l'orgue
français édité par la maison CALLIOPE (J. Le Calvé) P. 97
- Index des articles parus dans la revue en 1980 P. 101
(Les rubriques habituelles "Vie de la Société"&Ubibliographiesu ont été exceptionnel-
lement reportées au numéro suivant). ,

Drde publication : J. BERNET Impr. CIR.COP. COMPIEGNE


Commission paritaire N° 61.934 Dépôt légal : 4e Trim. 1980
:
Publié avec le concours de la Municipalité de Compiègne, du Conseil Général de l'Oise &
du Secrétariat d'Etat à la culture et la communication.
Organe trimestriel de la SOCIETE D'HISTOIRE moderne et contemporaine de COMPIEGNE, af-
filiée à la Société des Etudes Robespierristes et à la Fédération des Sociétés savantes
de Paris et l'Ile de France.
Notre couverture : Buffets de l'Orgue de St Jacques à Compiègne (photo C. MAX)
CONTENTS :
Préface : Denise LAUNAY
Foreword : Jacques BERNET

STUDY : HERITAGE (II) THE ORGANS OF COMPIEGNE AND ITS AREA

- A mapof the organs of the Eastern part of Oise. ( A.J.M. BERNARD )


Instruments of Compiègne ( J.RIBES )
-
The organs of Noyon Cathedral ( L.BERTRAND )
-
The organ of Ourscamps Abbey ( J.BOUTEILLER )
-
The organ of Estrées St Denis (G.BOUYSSOU)
-
The barrel organ of Lachelle ( J.BERNET )
-
- Verberie : one of the firsts Cavaillé Coll ( J.BERNET )
The organ of Béthisy St Pierre ( J.RIBES )
-
- Pierrefonds : an organ which has been successfully rebuilt ( J.P.GROSCLAUDE )
The organ of Crépy en Valois ( J.B.FURET )
-
+ A historical note : what happened to the organs of Compiègne during the French Révolution ? (J.BERNET)
+ A technical note : a short glossaryof the organ-builder. (J.RIBES)
+ The Association of the Friends of the organs of Compiègne and its area. (G.LAMBERT)
+ A Picard musician and organist : Pierre du MAGE (1676-1751) (J.BERNET)
+ Discography : the golden book of the french organ (J.LE CALVE)
PHOTOS : sets I to XII : page setting and photos by J.DEMARCQ and C.MAX.

INDICE :
Prefazione : Denise LAUNAY
Avvertenza : Jacques BERNET
STUDIO : PATRIMONIO (II) : GLI ORGANI DI COMPIEGNE E DELLA SUA REGIONE

- Carta degli organi dell'Est del dipartimento dell'Oise (A.J.M.BERNARD)


Gli strumenti di Compiègne (J.RIBES)
-
Gli organi della catedrale di NOYON( L.BERTRAND )
-
L'organo dell'Abbazia di Ourscamps ( J.BOUTEILLER )
-
L'organo di Estrees St Denis ( G.BOUYSSOU )
-
L'organo cilindro di Lachelle ( J.BERNET )
- a
Verberie dei primi Cavaillé Coll ( J.BERNET )
- : uno -
L'organo di Béthisy St Pierre ( J.RIBES )
-
Pierrefonds ricostruzione molto riuscita ( J.P.GROSCLAUDE )
- : una
L'organo di Crépy en Valois ( J.B.FURET )
-
+ Nota storica : che cosa sono divenuti gli organi di Compiègne sotto la Rivoluzione Francese ? (J.BERRET)

+ Nota tecnioa : piccolo glossario del fabricatore d'organo ( J.RIBES )


+ L'Associazione degli amici degli organi di Compiègne e la sua ragione ( G.LAMBERT )
+ Un musicista e organista della Picardia : Pierre du MAGE ( J.BERNET )
+ Discografia : il
libro d'oro dell'organo francese ( J.LE CALVE )
FOTOGRAFIE ( Fuori Testo ) : tavole I a XII ; plastico e foto J.DEMARCQ, C.MAX

1 N H A L I:
Einleitunq : D.LAUNAY
Vorwort : J.BERNET

STUDIE : ERBE (II) DI ORGELN IN COMPIEGNE UND UMGEBUNG

- Karte liber die Orgeln in ostlichen Teil des Besicker "Oise" ( A.BERNARD )
- Die instrumente in Compiègne ( J.RIBES )
- Die Orgeln der Kathedrale von Noyon ( L.BERTRAND )
- Die Orgel des Abbei von Ourscamps ( J.BOUTEILLER )
- Die Orgel von Estrées St Denis ( G.BOUYSSOU )
- Die Zylinder - Orgel von Lachelle ( J.BERNET )
- Verberie : einer der ersten CAVAILLE - COLL ( J.BERNET )
- Die Orgel von Béthisy St Pierre ( J.RIBES )
- Pierrefonds : eine sehr gut gelungene Rekonstruktion ( J.P.GROSCLAUDE )
- Die orgel von Crépy en Valois ( J.B.FURET )

+ Geschichtliche Unmerkunq : was geschah mit den Orgeln von Compiègne zur Zeit des franzÕsischen Révolution ?
+ Tecnische Unmerkung : kleiner glossar einersOrgelbauers ( J.RIBES )
+ Verbund der Orgelfreunde von Compiègne und Umgebung ( G.LAMBERT )
+ Ein Musicker und Organist der Pikardie : Pierre du MAGE ( 1676-1751 ) ( J.BERNET )
+ Plattendiagramm : "Das goldene Buch " des franzÕsisches Orgel ( J.LE CALVE )

FOTOS ( I bis XII ) : C.MAX und J.DEMARCQ


PREFACE

Que peut on attendre de l'auteur d'une préface ? Des éloges, sans doute, à l'adresse de l'au-
teur du livre ; quand il s'agit, comme c'est ici le cas, d'un ouvrage collectif, les éloges sont
mis au pluriel, car il y a lieu de louer, sincèrement, ces fervents de l'orgue qui ont su consacrer
du temps à prospecter la région, inventorier les instruments, les classer, puis les décrire et, en-
fin, à rédiger le résultat de leurs travaux en ces articles dont plusieurs sont substantiels et
compétents.

De la lecture d'une Préface on peut attendre autre chose, ne serait-ce que quelques conseils
pratiques, comme ceux-ci :

En premier des pouvoirs publics sur l'intérêt que présente la conser-


lieu, attirer l'attention
vation (et, éventuellement, la restauration) d'instruments dont certains appartiennent aux paroisses,
d'autres, aux communes. Dans ce cas comme dans l'autre, ils font partie du patrimoine artistique.

Ilimporte donc de savoir, et de faire savoir,les orgues sont fragiles et périssables.


que
Avant même de songer à les restaurer, il faut les protéger contre leurs ennemis qui sont, outre
les intempéries, courants d'air, fuites d'eau, etc ..., les hommes eux-mêmes : du simple "casseur",
qui détruit par plaisir ou par désoeuvrement, à l'amateur se prétendant "averti", et qui bricole
tuyaux, sommiers et abrégés avec une égale assurance, il y a place pour d'autres catégories, plus
nuisibles les unes que les autres. Car il est facile de persuader un maire ou un curé qu'une restau-
ration artisanale lui coûtera moins cher qu'un travail de professionnel.

Après les mises en garde préliminaires il faut envisager les tâches. La première est de se
bien documenter en prenant contact, si possible, avec des Associations analogues à la nâtre,telles
qu'en possèdent certaines villes du Midi (Toulouse, Bordeaux, Vinça, Montpellier, etc ...)
ou d'au-
tres régions de la France (Guéret, Dijon, Saint-Nazaire, Lille, Macon, Chartres, Le Mans, Beauvais,
etc). Leur expérience peut nous instruire.

Quant au travail local,.déjà bien commencé, le prouve le présent recueil, il faut le


ainsi que
poursuivre, canton après canton. Là où peut être envisagée, soit une simple révision, soit une res-
tauration, il faut bien peser le pour et le contre : l'instrument devra-t-il être restitué à son
état d'origine (y compris les défauts ...), ou remanié ? Du choix de cette orientation dépendra
celle du facteur qui se chargera de faire le travail souhaité. Car il existe des incompatibilités,
en matière de facture d'orgues : certains enrichissements, souhaités par un organiste dont le ré-
pertoire est varié, s'avèrent nuisibles à la pureté de la sonorité, lorsqu'ils sont intégrés à
l'ensemble.

Un ultime voeu servira de conclusion : celui de voir naître, en l'Ecole de musique de Compiè-
gne, une classe d'orgue qui puisse attirer les jeunes à l'instrument à tuyaux qui, à tout prendre,
surpasse tout de même les machines à sons aujourd'hui dénommées "Orgues" et vendues sous ce nom,
sans honte aucune, sur tous les marchés ...

D. LAUNAY. (•)

(.1 Organiste honoraire de Notre-Dame de Lorette à Paris, musicologue (N.D.L.R.)


Avant propos
La présente publication, présentée aujourd'hui comme un N° spécial des ANNALES HISTORIQUES COMPIE-
GNOISES est à la fois un aboutissement et un début.
Premier débouché de l'intérêt et des recherches menées depuis plusieurs années par un certain nombre
d'amateurs d'histoire et de musique d'orgue, ébauche géographique aussi d'un travail de longue haleine
devant porter sur l'ensemble du département de l'Oise et peut être toute la Picardie.
Il y a cinq ans un premier pas avait été fait avec la sortie d'une modeste brochure ronéotypée sur
l'orgue Cavaillé Coll de Verberie, dans le cadre du Lycée Pierre d'Ailly de Compiègne. Le succès de cette
brochure avait été immédiat, mais n'avait pu aboutir à l'un de ses buts ; favoriser la création d'une or-
ganisation de sauvegarde de l'instrument, réunir les fonds privés et publics nécessaires à sa restauration.
Pendant ce temps diverses initiatives venues de tous côtés aboutissaient quant à elles à la renaissan-
ce spectaculaire de certains instruments dans l'Oise : réfection et agrandissement du grand orgue de la
cathédrale de Senlis, plus récemment reconstruction complète des grands orgues de la cathédrale de Beau-
vais et de l'église de Pierrefonds, pour ne citer que des exemples parmi les plus réussis. On a vu à cette
occasion l'importance du rôle des Associations créées localement pour stimuler le zèle des collectivités
locales et des pouvoirs publics, seuls Mécènes possibles en notre temps. D'autres tentatives n'ont malheu-
reusement pas pu aboutir comme à Pont Ste Maxence où le bel instrument du XVIIIe siècle classé monument
historique reste en attente de restauration, les amateurs locaux ayant dû se résoudre en attendant à l'usa-
ge d'un instrument plus modeste acheté d'occasion.
A côté de ces travaux de grande envergure, on
a assisté à de nombreuses initiatives réussies pour met-
tre en valeur les instruments existants, par des concerts et des animations organisées dans toute la Pi-
cardie (On peut citer notamment les manifestations du festival des cathédrales et les pauses musicales
des Séries de Compiègne) ; même des instruments plus difficiles à jouer, du fait de leur mauvais état,
comme ceux de Verberie ou de Crépy en Valois, ont pu être largement entendus d'un public qui a manifesté
un intérêt croissant pour les orgues. Tout près de nous le bel instrument de Pierrefonds, très beau tra-
vail de la maison KOENIG de Sarre Union - copie conforme d'un orgue français à la fin du XVIIème siècle -
nous promet de belles séries de concerts très divers ; on y parle d'une Académie d'Orgue pour les pro-
chaines années.

Mais auprès de ces satisfactions, que de sujets d'inquiétude pour les orgues qui subsistent dans une
région où le Pape des instruments a tant souffert de l'histoire, de la fin du XVIIIe siècle aux deux guer-
res mondiales ayant tout spécialement meurtri villes, villages, églises et instruments picards.
Il nous est donc apparu on ne peut plus urgent d'opérer dans un premier temps un recensement le plus
exhaustif possible du patrimoine subsistant actuellement en matière d'orgues dans le département, de le
faire connaître par des publications documentées auprès d'un large public dont le rôle sera essentiel
pour sauver ce qui peut l'être et même si possible augmenter ce patrimoine par des créations, favoriser
sa mise en valeur musicale pour la satisfaction de tous.
C'est dans ce but que fut lancée en 1978 une enquête départementale auprès de toutes les paroisses,
à l'initiative de Mme le conservateur des Antiquités et Objets d'art du département, enquête à laquelle
notre Société d'Histoire a participé ainsi que d'autres Associations historiques du département,tel le
GEMOB de Beauvais. Il
en est résulté une masse d'informations fournies par les questionnaires
retournés,
qu'il s'agissait ensuite de vérifier, défricher, exploiter et mettre en valeur. Vue l'ampleur du travail
et la faiblesse des forces capables de le mener a bien, on a dû abandonner le projet d'une seule publica-
tion sur l'ensemble du département, d'autant que l'édition d'un tel monument posait de gros problèmes de
financement.
Les Associations parties prenantes du projet ont donc préféré procéder plus modestement, à partir
de leurs propres possibilités locales,et se sont donc partagées géographiquement le département, l'Ouest
pour le GEMOB, autour de Beauvais, l'Est pour notre Société d'Histoire, autour de Compiègne.

Ajoutons que l'année 1980, consacrée au Patrimoine, était tout à fait propice pour mener à bien ce
travail et en publier les premiers résultats ; l'intérêt pour l'orgue y a trouvé son compte tant du cô-
té des collectivités locales et des pouvoirs publics que de celui de diverses initiatives spontanées. On
a classé l'orgue à cylindre de Lachelle, exemple picard unique de ce genre de facture, au cours de l'été
dernier ; des Associations de sauvegarde sont nées, comme à Estrées St Denis et surtout à Compiègne. Cet-
te dernière Association, qui sera présentée par son Président dans la présente publication, créée en Juil-
let dernier dans le cadre des Activités des Séries de Compiègne, a déjà pris un départ fulgurant depuis
cet automne : elle vise à mettre en valeur ou faire restaurer les instruments de Compiègne et ses envi-
rons, de Noyon à Crépy en Valois, de Lachelle à Verberie, soit dans un secteur géographique englobé dans
un rayon de 30 km depuis Compiègne. Elle a déjà permis la rencontre des organistes et amateurs de la ré-
gion, organisé visites et concerts ; elle aura été essentielle pour cette publication, car nous avons
ainsi facilement fait appel aux meilleures compétences locales pour rédiger les monographies.

Ce N° spécial vouloir prétendre être définitif ni exhaustif, représente donc une pre-
de revue, sans
mière approche sur notre sujet, dans une aire géographique qui correspond à
peu près à celles des activi-
tés de l'Association des amis des orgues de Compiègne et ses environs. A cette occasion le tirage de la
revue a été porté à 1.100 exemplaires et le prix à 20 F, en raison du surcoût occasionné par l'abondance
des photos, toutes prises par les sociétaires, amateurs de talent. Nous comptons sur le franc succès de
cette première édition, qui sera, nous l'espérons, ultérieurement retirée sous une forme améliorée et
augmentée.
Nous souhaitons aussi que le travail de recensement et sa mise à la portée du public par l'édition,
9e poursuivent de proche en proche, afin de couvrir assez vite tout le département. Nous faisons ici
appel à toutes les personnes intéressées par le prolongement d'un tel inventaire, afin qu'elles se mettent
en rapport avec les amis des orgues de Compiègne ou d'autres associations locales. Nous aurons ainsi oeu-
vré efficacement en faveur d'un patrimoine qui n'est certes pas toujours spectaculaire, car en dehors des
orgues de St Jacques de Compiègne (restauré à la fin des années 60) et du Cavaillé Coll 1843 de Verberie,
nous n'avons pas particulièrement à faire à des instruments "historiques" ; fruits souvent modestes de la
facture des XIXe et XXe siècles, ils n'en sont pas moins intéressants ; heureusement on commence aujourd'
hui à se préoccuper de monuments qui ne sont plus uniquement des châteaux célèbres ou de grandes cathé-
drales ; on se rend compte à raison de l'intérêt et du charme d'objets plus modestes et familiers ; on
découvre trop souvent après coup que leur perte est irréparable : qu'il n'en soit pas ainsi pour les or-
gues, même les plus frustres, de notre région.

Jacques BERNET
LES ORGUES DE COMPIEGNE

J. R I B ES

La ville
de Compiègne possède à l'
heure actuelle quatre orgues à tuyaux,
tous placés dans une église ou une cha-
pelle ; nous les étudierons successive-
ment en commençant par le plus presti-
gieux d'entre eux, celui de Saint-Jac-
ques .
Notre lecteur trouvera l'ensemble
de nos sources non citées en note au
dossier " orgue " des Archives munici-
pales, reconstitué en collaboration avec
Mademoiselle DURRIEUX, archiviste muni-
cipale.
soient ici remerciées les per-
Que
sonnes qui nous ont aidé dans nos re-
cherches et en particulier MM. AUBRAIS,
FICHELLE et VILLAIN.

I) LES ORGUES DE L'EGLISE ST JACQUES

L'église Saint-Jacques, très bel édifice élevé du XIIIe au XVIe


siècle, jadis paroisse royale grâce à sa proximité du Palais, possédait
dès le XVe siècle un orgue, tenu dans les années 1460-63 par "maistre
Fremin ARMEL", également organiste en l'église Saint-Antoine et "profes-
seur" d'orgue. (1)
A cet instrument primitif succéda un orgue édifié sous Henri II,
dont il reste aujourd'hui la belle tribune et le soubassement conservé
lors de la reconstruction du grand buffet au XVIIIe siècle. La tribune
possède un plafond orné de trente-deux caissons à motifs armoriés divers
dont l'un porte la date de 1556 ; sa balustrade, sculptée de pilastres
cannelés et d'arcades,fut déplacée en 1882 et avancée jusqu'à la façade
du positif.
double buffet que nous admirons aujourd'hui est en place depuis
Le
1768. En fait, celui du positif semble remonter au règne de Louis XIV :
il présente trois tourelles en V de cinq tuyaux chacune encadrant deux

(1) Comptes de la ville de Compiègne CC 22/24


-
plates faces de neuf tuyaux ; dôme à écailles et pot-à-feu couronnent
chacune des tourelles latérales tandis qu'une statue de Sainte-Cécile
surmonte la tourelle centrale.
L'imposant buffet du grand orgue, du style Louis XV, présente, lui,
un plan en forme de mitre, avec trois tourelles - la plus haute au milieu -
de cinq tuyaux chacune (montre de 16 pieds) et deux plates-faces de qua-
torze tuyaux (montre de 8) ; une statue de Saint-Jacques surmonte la tou-
relle centrale et des trophées d'instruments de musique décorent les tou-
relles latérales.
Que l'instrument des XVII-XVIIIe siècles ? Peu de
savons-nous de
choses : il fut réparé en 1726 par le facteur François DESLANDES (1) ;
en 1738, des travaux eurent lieu, ainsi qu'en témoigne l'inscription gra-
vée sur le premier ut du cromorne du positif : "Jay été posé le 23 avril
1738 par Mesir Antoine PATERRE, curé de cette paroisse" ; enfin, l'instru-
ment fut reconstruit en 1768 par le facteur rémois Louis PERONARD (2)
comme l'attestait
jadis un parchemin placé au-dessus des claviers (3) con-
firmé par cette inscription figurant encore sur l'une des portes du buf-
fet de positif :
" L'an 1768s cet orgue a été reconstruit à neuf et considérablement
" augmenté du temps de Messire Claude Boulanger, curé et de ME Char-
" les Bonaventure Racineorganiste". (4)
En 1791, l'église Saint-Jacques fut la
seule paroisse maintenue à
Compiègne et eut la chance de ne pas subir, comme Saint-Antoine, de dé-
gradations ; elle put conserver l'ensemble de son mobilier et fut entre-
tenue en 1793-94 en tant que Temple de la Raison puis de l'Etre Suprême.
En l'an 3 (1795), le 13 germinal, l'église et ses effets mobiliers
furent adjugés pour cent livres de redevance annuelle à l'apothicaire
MARTIN. Quelques jours plus tard, le 23 germinal, l'orgue fut vendu aux
enchères en vertu de l'arrêté pris le 16 ventôse précédent par le Comité
des Finances de la Convention Nationale ; il
fut adjugé au même MARTIN
moyennant la somme de 6.250 assignats. L'instrument resta en
livres en
fait en place et, au moment du rétablissement du culte catholique, le 22
septembre 1795, MARTIN le céda à la paroisse contre remboursement de sa
dépense. L'orgue fut donc à nouveau utilisé comme par le passé mais il
servait également pour le culte décadaire(remp}açant celui de l'Etre Su-
prême) qui se poursuivit jusqu'en lbOl. Aussi l'organiste jouait-il à la
fois le dimanche pour les messes et chaque décadi pour les cérémonies ci-
viques, étant rétribué par l'un et l'autre cultes !
Au cours du XIXe siècle, l'orgue de PERONARD allait subir de nom-
breuses restaurations et transformations. Il est vrai, si l'on en croit
l'historien local J.A.F. LERE (1761-1837), que "cet instrument a été fait
avec tant de précipitation qu'il s'en faut beaucoup qu'il rende l'effet
qu'on devrait en attendre". (5)
...
Une première réparation fut effectuée à partir de septembre 1807
par le facteur BAUDOUX de Beauvais : l'orgue renfermait à l'époque 800
tuyaux en positif et 1220 dans le grand buffet. (5)

(1) Jean MARTINOD : "Répertoire des travaux des facteurs d'orgues du IXème siècle à nos jours" (Fisch-
bacher, 1970)
(2) Cette reconstruction de 1768 a également été attribuée à François-Henri CLICQUOT ; nous n'avons pu,
quant à nous, en trouver confirmation dans nos recherches
...
(3) "... plane fuit redintegratum ac sumptuose amplificatum Lud. Peronard Organario" inscription rappor-
tée notamment par LAMBERT DE BALLYHIER, "Compiègne historique et monumental" (Compiègne, 1842)
(4) RACINE, déjà organiste en 1749, l'était encore en 1795, date à laquelle lui fut adjoint Louis Lau-
rent POL.
(5) Notes datées du 3 Octobre 1825 dans le XIe volume du manuscrit de LERE (Bibliothèque municipale de
Compiègne).
1C1P.4LITÉ
MUN DE
J E fouffigné, Receveur du Difh iva de Com-
piegne . reconnois avoir reçu y - ^^ . x

la fanIme de

?- compte-=fee l'acquifition faille

montant à

dépendant ci-devant

A Compiegne le l'an de la
République Françaife, une & indivifible.
Le 11 juin
le Conseil de Fabrique passa marché avec Pierre
1825,
Claude DOSSEREAU, facteur d'orgues domicilié à Crépy-en-Valois, pour un
relevage de l'instrument comprenant :
- la reconstruction de la soufflerie et son transfert dans la tour
du clocher,
- la réfection, l'harmonisation et l'accord de la tuyauterie,
- le remplacement de la voix humaine par une flûte 4 ou un bourdon
8, le tout pour 1.600 francs.
Un additif à ce devis initial, d'un montant de 200 francs, fut
signé par la suite, le 24 octobre 1825, prévoyant notamment la réfection
des mécaniques de positif et de pédale et la pose d'un dessus de flûte 8
ouvert à la place de la voix humaine à supprimer.
Le relevage de DOSSEREAU traînant en longueur, un violent diffé-
rend s'éleva entre le Conseil de Fabrique et le facteur, à qui il était
reproché notamment de "faire du bruit" pendant les messes (pour accorder
l'orgue) mais, par contre, de "perdre beaucoup de temps dans le cours des
après-midi" au lieu de travailler sur l'instrument. L'affaire s'envenima
au point que la Fabrique envisagea d'entamer des poursuites judiciaires
à l'encontre de DOSSEREAU.
Celui-ci termina néanmoins son travail fin Juillet 1826. L'on fit
alors venir, pour expertiser l'instrument, le facteur CAULIER-DUBOIS de
Lille, qui critiqua tant le travail de DOSSEREAU que celui-ci s'engagea à
apporter les retouches nécessaires pour les 15 septembre ; en guise de
dédommagement pour ce supplément de travail, lui furent attribués "les
trois vieux sommiers
... supprimés il y a des années et qui se trouvent
encore dans la tribune de l'orgue".
Mais, suite aux conclusions d'un premier procès-verbal de récep-
tion dressé par LECHOPIE "organiste de l'Eglise de Senlis", une nouvelle
convention passée le 25 septembre 1826 entre le Conseil de Fabrique et
DOSSEREAU stipula qu'une seconde expertise de LECHOPIE aurait lieu après
travaux complémentaires à l'orgue. La réception définitive eut lieu le
12 octobre 1826 : l'organiste de Senlis y conclut à
... l'irrécevabilité
de l'orgue (soufflerie défectueuse, mécanique impraticable, mauvais tra-
vail sur la tuyauterie). DOSSEREAU offrit alors, pour en finir avec le
différend l'opposant à la Fabrique (1) de renoncer à ce qui lui était dû,
en échange de quoi on réglerait à sa place les dettes contractées pour
la réparation de l'orgue, soit 1.750 francs.
peine huit ans plus tard, la Fabrique décidait de financer à nou-
A
.veau un relevage de l'orgue, qui se trouvait en état de délabrement en
dépit - ou à cause - des travaux de DOSSEREAU. Elle s'adressa pour cela,
tout naturellement, à CAULIER, naguère appelé comme expert et qui, depuis,
avait construit un nouvel instrument en l'église Saint-Antoine. Le fac-
teur, qui résidait alors à Valenciennes, proposa, le 11 juin 1834, pour
la somme de 6.000 francs, une réfection de la soufflerie, des claviers,
de la tuyauterie défectueuse, enfin l'harmonisation et l'accord général
de l'instrument. Mais ces travaux, achevés le 14 octobre 1836, furent
mal exécutés et la Fabrique, malgré plusieurs plaintes, ne parvint pas à
faire revenir CAULIER à Saint-Jacques pour réparer les insuffisances de
son travail. Ayant renoncé finalement en 1840 à une action en justice,
elle diminua de plus de la moitié le solde dû au facteur, qui de 3.000 F.
fut réduit à 1.200 F.
Suite aux travaux de CAULIER, l'orgue présentait la composition
suivante, qui avait très peu évolué depuis 1768 (2) :

(1) On avait placé un cadenaspour lui interdire l'accès de l'orgue ...


(2) Nous avons fait suivre d'un point d'interrogation les noms de jeux dont la présence - probable -
n'est attestée par aucun document.
Grand Orgue (54 n.) Positif de dos (50 n.)
1. Montre 16 1. Prestant 4
2. Montre 8 2. Bourdon 8
3. Bourdon 8 3. Flûte (?)
4
4. Flûte 8 4. Nazard 2 2/3
5. Prestrant 4 5. Doublette 2
6. Flûte 4 6. Tierce 1 3/5
7. Grosse Tierce 3 1/5 7. Larigot 1 1/3
8. Nazard 2 2/3 8. Cornet 5 rangs (?)
9. Quarte de nazard 2 9. Fourniture 5 rangs
10. Petite tierce 1 3/5 10. Cymbale 2 rangs (?)
11. Cornet 5 rangs 11. Trompette 8
12. Fourniture 12. Cromorne 8
13. Cymbale (?)
14. 1ère trompette 8
15. 2ème trompette 8
16. Clairon 4

Réci t Pédale
1. Cornet 5 rangs 1. Flûte 8
2. Trompette 8 2. Flûte 4
3. Trompette 8
4. Clairon 4
Quelques années après les "expériences malheureusesé de DOSSEREAU
puis CAULIER-DUBOIS, la Fabrique fit
appel à la maison CAVAILLE-COLL pour
restaurer son instrument. Les facteurs, "Dominique Yacinthe CAVAILLE-COLL,
père, Vincent de Paul CAVAILLE, aîné et Aristide CAVAILLE, fils
ca- fils
det, tous trois demeurant à Paris rue Pi gale n° 22", proposèrent le 24
août 1843 devis de restauration, complété un peu plus tard par un ad-
un
ditif ; ils envisageaient, sur une période de six mois à compter de la
conclusion du marché, le relevage général de l'instrument et la construc-
tion à neuf de la soufflerie, des sommiers de grand-orgue et de récit, des
claviers et d'un certain nombre de jeux. Le montant total des travaux pré-
vus s'élevait à 15.000 francs. Sur la base de ce devis, un marché fut si-
gné le 27 décembre 1843 entre la Fabrique et Aristide CAVAILLE-COLL, re-
présentant ses père et frère.
La restauration des CAVAILLE-COLL dura finalement bien plus long-
temps que prévu et ce n'est que le 15 octobre 1845 que l'instrument put
être expertisé par HAMEL, juriste beauvaisien et éminent expert organier
(1) qui rédigea un très long rapport donc voici les conclusions :

"...
D'après toutes les observations qui précèdent, j'estime :
" 10 que les claviers doivent être adoucis au point de pouvoir être joués
" facilement lorsqu'ils sont tous accouplés soit que, pour y parvenir,
" les facteurs en modifient le mécanisme, soit qu'ils en changent le sys-
" tème
"20 que les altérations, les tremblements et les houppements qui se font
" sentir dans le jeu, soit pour l'effet des dimensions des portevents,
" soit par l'emploi des réservoirs élastiques, soit par toute autre cause,
" doivent disparaître entièrement
"3° que le timbre la force et l'harmonie de tous les jeux doivent être
" rectifiés et régularisés. _,

" 40 que les tuyaux de montre et ceux de bombarde doivent être solidement
" assujettis consolidés et accrochés de manière à ne pouvoir plus friser3
3

(1) Il avait reconstruit à partir de 1827 le grand orgue la Cathédrale de Beauvais, en collaboration
de

avec COSYN ; il devait installer en 1852 à Marissel-les-Beauvais l'ancien orgue de St Firmin-le-Con-


fesseur d'Amiens.
" ni s 'affaiser ;
"5° qu'il doit être mis à "la place du hautbois au Récit, un jeu
" de cor anglais à anches libres,
" 6° que le jeu d'octavin peut rester en place du cornet de trois
" tuyaux3 mais qu'il y aura lieu de s'entendre avec M.M. Cavaillé
" sur la suppression des 74 tuyaux qu'ils devaient mettre au récit
" d'après le n° 4 art. 11 de leur devis.
" 7° que l'on droit rendre les registres du positif plus étanches
" qu'ils ne le sont et empêcher les fuites d'air que l'on entend
" dans le pied de l'orgue.
" 8° que l'on doit donner aux laies des sommiers de récit et de
" grand orgue un accès facile et commode ce qui sera praticable au
" moyen de trappes que l'on peut ouvrir sous les planchers.
°
"9 enfin que tout l'orgue doit être soigneusement raccordé sans
" avoir recours aux moyens employés pour quelques tuyaux neufs du
" récit, qui sont déchiquetés par en haut et pincés avec les doigts,
" et qu'au lieu de fermer outre mesure les tuyaux comme on en voit
" dans le grand orgue, on rallongera ceux qui se trouveraient irrop
" courts afin qu'ils conservent leur véritable harmonie.
" Nota. je ferai observer que l'orgue de St Jacques ne m'ayant
" point paru arrivé au degré de perfection qu'il doit avoir pour
" être reçu3 je n'ai signalé que les défauts qui doivent être cor-
" rigés, sans m'occuper des qualités que cet instrument réunit et
" qui caractérisent les travaux de facteurs aussi distingués et
" aussi conscientieux que M.M. Cavaillé."
Comme on peut le constater à la lecture de ces conclusions de M.P.
HAMEL, le travail des facteurs était loin d'être irréprochable et il est
probable que la Fabrique leur demanda de remédier aux insuffisances cons-
tatées dans le procès-verbal d'expertise. A la suite de quoi l'orgue se
présentait ainsi en 1846 :
Grand Orgue (54 n.) Positif (50 n.) Récit expressif (37 n.)
1. Montre 16 1. Prestant 4 1. Bourdon 8
2. Montre 8 2. Bourdon 8 2. Flûte harmonique 8
3. Bourdon 8 3. Flûte 8 (27 n.) 3. Flûte octaviante 4
4. Salicional 8 4. Gambe 4 4. Octavin 2
5. Prestant 4 5. Voix céleste 4 5. Trompette 8
6. Flûte douce 4 6. Nazard 3 6. Cor anglais 8
7. Fl ûte octaviante 4 7. Doublette 2 7. Voix humaine 8
8. Nazard 3 8. Larigot 1 1/3
9. Doublette 2 9. Cornet 5 rangs
10. Plein-jeu 3 rangs 10. Trompette 8
11. Cornet 5 rangs 11. Cromorne 8
12. Bombarde 8-16 12. Hautbois (34 n.)
13. Trompette 8
14. Clairon 4
Pédale (25 n.) Pédales de combinaison :
1. Flûte 8 Trémolo ; tirasse grand orgue ; accouplements
2. Flûte 4 positif/grand orgue et récit/grand-orgue ; appel
3. Bombarde 16 anches grand orgue (basses, basses et dessus,
4. Trompette 8 dessus) ; expression récit.
5. Clairon 4
Suite à un contrat passé avec la Fabrique le 18 mai 1846, prévo-
yant une révision annuelle d'un montant de 300 francs, A. CAVAILLE-COLL
assura l'entretien de l'instrument au moins jusqu'en 1854.
Puis, en 1858, un "nettoyage" de l'orgue fut confié au facteur SAU-
VAGE, de Metz, qui avait préalablement fourni un orgue de choeur. (1)
Ce fut à nouveau CAVAILLE-COLL qui réalisa, moins de dix ans plus
tard, un nouveau relevage, dirigé par son contremaître THIEMANN : les ré-
parations, entreprises suite à un contrat en date du 23 juillet 1867, s'
achevèrent fin juillet 1868 et coûtèrent 2.800 francs (2.500 francs de
travaux au grand orgue et 300 à l'orgue de choeur). CAVAILLE-COLL se vit
refuser une indemnité supplémentaire pour son travail, plus complet que
prévu, ce dont il se plaignit auprès du trésorier de la Fabrique : " ...
Je regrette seulement de m'être chargé de ce travail que j'avais perdu de
vue depuis plus de 20 ans et qui a exigé la correction de notables dété-
riorations provenant d'un mauvais entretien de l'instrument. Cette partie
du travail imprévue a considérablement augmenté ma tâche et mes dépenses
me laissent réellement en perte". La Fabrique décida néanmoins-d'accorder
une gratification aux employés de CAVAILLE-COLL qui se trouvaient alors
(première quinzaine d'août 1868) chez M. MOSSELMANN à Verberie.

On pourrait penser l'orgue ainsi relevé (pour la cinquième fois


que
en un peu plus de quarante ans ...) allait enfin donner entière satisfac-
tion pendant de nombreuses années : il n'en fut rien, et vers 1880, CA-
VAILLE-COLL (à nouveau ...), MERKLIN, VAN BEVER, et STOLTZ étaient sur
les rangs pour une nouvelle restauration de l'instrument.
MERKLIN, par exemple, dénonçant notamment l'insuffisance de la souf-
flerie et la mauvaise alimentation de la montre, proposa une restauration
complète, chiffrée à 25.800 francs, en quatre étapes : 1°) relevage ac-
compagné de l'extension du pédalier à 27 notes et du transfert ou de la
création de divers jeux ; 2°) remplacement des flûte 4 et clairon de pé-
dale par une flûte 16 ; 3°) extension du récit à 54 notes ; 4°) transfert
du positifde dos à l'intérieur
de l'orgue.
VAN BEVER, lui,
estimant insuffisant un simple relevage (qu'il
évaluait à 2.000 francs) soumit un premier devis, se montant à 15.100 Frs
où ilénumérait les "vices" de l'instrument : soufflerie insuffisante,
sommiers de grand orgue et de récit à restaurer, mécanique de mauvaise
construction et dans un état déplorable. Ses propositions : pose de ré-
(1) qui devait demeurer à St Jacques jusqu'en 1876 puis être transféré à Béthisy Saint-Pierre.
réservoirs d'air sous les sommiers ; sommiers neufs au positif et à la
pédale ; reconstruction de la mécanique du positif et réfection de celles
du grand orgue et du récit ; pédalier neuf de 30 notes ; remplacement ou
transfert de divers jeux. Un second devis, du 16 décembre 1881, plus mo-
deste, puisque chiffré à 7.600 francs, prévoyait, sans transformation de
la tuyautereie : des sommiers et mécaniques neufs pour le positif (porté
à 54 notes) et pour le pédalier, la réparation de la soufflerie et la
mise de l'orgue au ton d'orchestre avec fourniture d'un tuyau aigu à tous
les jeux.
STOLTZ, quant à lui, proposa le 5 août 1880, quatre projets, al-
lant du simple relevage, accompagné de quelques "améliorations urgentes",
jusqu'à la transformation complète en un instrument de trois claviers de
56 notes avec positif intérieur et nouvelle console tournée vers le choeur;
les prix s'échelonnaient, selon les projets, de 7.800 à 23.000 francs.
Et c'est STOLTZ qui emporta le Fondée en 1846 par M. Stoltz père, né à
marché, conclu le 15 décembre 1881 sur Bouzonville (Moselle). M. Slolz prit part à
l'Exposition universelle de 1855, où il ex-
la base de son premier projet et pour posa un grand orgue qui fut acheté par le
un prix réduit à 7.500 francs. ministère des cultes pour la cathédrale J'A-
Etaient prévus : le relevage des som- gen el qui lui valut une médaille de bronze.
miers, de la mécanique et de la tuyau- Depuis, cet le maison construisit succes-
sivement les orgues des cathédrales de
terie (dont remise à neuf de la mon- Cahors, de S:lillt-Jcan-de-Maurien[)o et de
tre), l'ajout notes aiguës au
de deux Chatons ; à Paris, celle de Saint Genûam.
pédalier et le remplacement de plu- des-Prés, Je Sainte-Marie, de Saint-Pierre,
sieurs jeux à chaque plan sonore : de Saint-Elui, de Saint-Joseph, de Notre-
Dame d'Auteuil, des couvents du Sacré-
flûte douce 4, flûte octaviante 4 et Cœur, du lion-Secours, des Père* oblals,
nazard du grand orgue par une flûte etc., etc.
harmonique 8 ; gambe 4, voix céleste Dans le département de l'Oise, la maison
4 et nazard du positif par une gambe Stoltz a installé les orgues du Sarre-Cœur et
de l'église Saint-Etienne de lieauvais, et a
8 ; flûte harmonique et octavin du réparé l s orgues de la cathédrale de Noyon.
récit par les gambe et voix céleste du A l'Exposition de 1807, M. Slollz, quit-
positif décalées en 8 pieds ; flûte 4 tait adjoint SCII fils, exposa un graud orgue
qui fut acheté par l'église Saint-Géry à Ar-
de pédale par une contrebasse 16.
ras et récompensé d'une médaille.
A dater de ce moment, la maison Slollz
Le 2 mars 1882, une convention prit une nouvelle impulsion à la suite de
fut signée entre les facteurs et la Fa- laquelle elle produisit une grande quantité
d'instruments pour Paris, la province on l'é-
brique, prévoyant, outre les travaux tranger, parmitesquets nous citerons ceux
ci-dessus : de Saint-Quentin, Lisieux, Vannes, Rennes,
- l'addition au positif des qua- Marseille, Toulon, Langres, Brives, la Ha.
tre notes
manquantes (UT 1, vane, AItJp. Trichinopoli, Quito, Lima, etc.
En <874. !a mort ayant frappé M. 8toltl
MIb5, MI5, FA5), pire, la maison fut continuée par MM. Stoltz
- le remplacement du nazard et frères qui, suivant la tradition paternelle,
du du positif par un
larigot s'attachèrent à lui conserver sa double ré.
salicional 8 de 43 notes, putaliou de bonne confection et de bonmar*
ché.
- le complément du clavier et du
sommier de récit dans les bas-
ses, L'Echo de l'Oise du 17 Octobre 1882

- la fourniture d'un orgue de


choeur (1) ;
ces travaux complémentaires se montaient à 4.500 francs financés personnel-
lement par le curé PICART (avec l'appoint de dons, quêtes et d'une alloca-
tion Fabrique).
de la
D'ultimes transformations, proposées un peu plus tard par les frè-
res STOLTZ, furent également prises en charge par le curé : remplacement
des trois jeux d'anches du grand orgue et pose de deux pédales de combi-
naison, dont une d'orage (2) pour un supplément de 1.000 francs.

(1) Installé pour le 18 mars 1882, il se trouvait encore à Saint-Jacques au début de ce siècle.
(2) "Vous réservant par là des tonnerres c'est le cas de le dire d'applaudissements concentrés de la
- -
part de vos paroissiens ..." (STOLTZ au Curé de Saint-Jacques).
Finalement, la restauration se monta à la somme de 12.700 francs,
dépassant de beaucoup les prévisions et ... les ressources de la Fabrique.
L'inauguration de l'orgue eut lieu le 15 octobre 1882 et sa récep-
tion fut assurée, le lendemain, par les abbés GEISPITZ (maître de chapel-
le et organiste à Notre Dame de Paris) et DE MAINDREVILLE (curé de St-
Germain de Compiègne), Clément LIPPACHER, organiste de St Eugène à Paris,
et Julien BENARD, titulaire. Tous donnèrent au travail des facteurs une
appréciation élogieuse : jeux de caractère, mécanique facile et précise,
pédales de combinaison commodes.
L'orgue avait alors la composition suivante (on notera quelques
discordances avec les devis) :
Grand Orgue (54 n.) Positif (54 n.) Récit (54 n.)
1. Montre 16 1. Prestant 4 1. Bourdon 8
2. Montre 8 2. Bourdon 8 2. Gambe 8
3. Bourdon 8 3. Gambe 8 3. Voix Céleste 8
4. Flûte harmonique 8 4. Salicional 8 4. Flûte octaviante 4
5. Kéraulophone 5. Flûte 4 5. Octavin 2
6. Prestant 4 6. Nazard 2 2/3 6. Trompette 8
7. Doublette 2 7. Doublette 2 7. Basson-Hautbois 8
8. Plein-jeu rangs
3 8. Trompette 8 8. Voix humaine 8
9. Cornet 5 rangs 9. Cormorne 8
10. Bombarde 16 10. Hautbois 8
11. Trompette 8
12. Clairon 4

Pédale (27 n.) Pédales de combinaison :


1. Flûte 16 trémolo ; orage ; tirasse grand orgue ; appel
2. Flûte 8 anches pédale ; accouplements positif/grand-
3. Bombarde 16 orgue et récit/grand orgue ; appel anches
4. Trompette 8 grand orgue (basses, basses et dessus, dessus) ;
5. Clairon 4 expression récit.
Après la restauration des STOLTZ, l'instrument ne connut pas de tra-
vaux importants pendant plus de 80 ans (signalons simplement la pose d'un
ventilateur électrique en 1926 et un relevage de 10.000 francs par Félix
VAN DEN BRANDE en 1942). Aussi, au début des années 1960, son état était
alarmant au point que la tribune fut fermée en septembre 1964. La partie
instrumentale de l'orgue ayant été classée Monument Historique le 20 dé-
cembre 1960, une restauration prise en charge par l'Etat put avoir lieu
et fut confiée à la maison HAERPFER-ERMAN de Boulay (Moselle).
Le démontage de l'instrument commença le 3 août 1965 et les travaux
durèrent jusqu'en 1967 ; les facteurs reconstruisirent à neuf sommiers,
mécanique, console et soufflerie et fournirent une tuyauterie neuve pour
restituer l'orgue des XVII-XVIIIe siècles (jeux de mutation, jeux de fonds
de l'écho, flûte 4 de pédale). L'inauguration du nouvel instrument eut
lieu le 17 décembre 1967 avec la participation de Maurice DURUFLE et Nor-
bert DUFOURCQ.

Depuis lors, les 34 jeux de l'orgue sont ainsi répartis (dans l'or-
dre des jeux aux sommiers) :

(1) Tuyauterie dans le soubassement du grand buffet.


Grand Orgue (54 n.) Positif de dos (54 n.) Echo (30 n.)
(1) (UT3-FA5)
1. Montre 16 1. Montre 4
2. Montre 8 2. Dessus de flûte 4 1. Flûte 4
3. Cornet 5 rangs 3. Bourdon 8 2. Bourdon 8
4. Bourdon 8 4. Nazard 2 2/3 3. Hautbois 8
5. Grosse Tierce 3 1/5 5. Doublette 2
6. Prestant 4 6. Larigot 1 1/3
7. Nazard 2 2/3 7. Tierce 1 3/5
8. Doublette 2 8. Fourniture 3 rangs
9. Tierce 1 3/5 9. Cymbale 2 rangs
10. Fourniture 5 rangs 10. Trompette 8
11. Cymbale 4 rangs 11. Cromorne 8
12. Bombarde 16
13. Trompette 8
14. Clairon 4

Pédale (30 n.) Accouplement positif/grand orgue à tiroir ;


tirasse grand orgue.
1. Clairon 4
2. Trompette 8
3. Bombarde 16
4. Flûte 4
5. Flûte 8
6. Flûte 16

La reconstruction d'HAERPFER-ERMAN fut, pour l'orgue de St-Jacques,


un "retour aux sources" ; l'instrument tel qu'il se présente depuis 1967
est en effet particulièrement bien adapté à l'exécution du répertoire
classique, plus précisément de la musique française des XVIIe et XVIIIe
siècles. (2) D'ailleurs, en 1971, André ISOIR y enregistra pour le disque
des oeuvres de RAISON, BOYVIN et NIVERS.

Actuellement en parfait état et désormais régulièrement entretenu


grâce à la Municipalité et à l'Etat, l'instrument de Saint-Jacques est
plus que jamais aujourd'hui un foyer d'animation musicale pour Compiègne
et toute sa région.

(1) Tuyauterie dans le soubassement du grand buffet.


(2) On pourra regretter cependant la faible étendue du clavier d'écho et l'absence d'un jeu de cornet
à ce même clavier.
ÉGLISE SAINT-ANTOINE

INAUGURATION

GRANDES ORGUES
DES

RECONSTRUITES
PAR m. ADRIEN VAN 73EVER, DE "BRUXELLES
MARDI 19 DÉCEMBRE 1882

— PROGRAMME —
PREMIÈRE PARTIE
1. M'"" DESLOGES : Moi-ceit I d'entrée (Lemmens).
( A. LEMMENS: Marche pontificale Lemmens).
1 B. LEMMENS : Prière (Lefebure).
3. LAMARCHE, Il'1' prix de rOpëra : David devant Saiil, solo de Ténor.
4. GIGOUT : Fugue en rt; mineur de Xiedermeyer.
5. MARIOTTI : Piècc pour Violoncelle et Orgue.
6. DE MAINDRKVILLE : Scène pastorale. (Grand Orgue).
7. LAMARCHE : Chant dr.: 'Pâques, de ROllgnon, accompagne sur la Harpe par
BOUSSAGOL, de ïOpéra, et par le grand Orgue.
8. GKISIMT/. :
Prière. iG. and Orgue).
DEUXIEME c.PARTIE
9. Sermon par le R. P. JOLIN, prieur des Dominicains de Paris
10. LEMMENS : Scherzo symphonique.
JI. GIGOUT : Versets du Laudate Doiiii;iziti-i de cœlis.
12. Bénédiction de l'Orgue par M. l'abbé Roseau, archiprêtre de Noyon.
TROISIÈME "PARTIE : SALUT
13. BÉNARD : entrée. s(Grand Orgue).
14. LAMARCHE et F. LECOMTE : O Salutaris de DIETSCH ; duo pour ténor et baryton.
15. MARtOTTi: Violoncelle et Orgue.
16. LAMARCHE: Ave, éftfaria. sur l'air de la Pâque (Halévy). Accompagnement de
Harpe par BOUSSAGOL.
17. GIGOUT: Sortie; Grand chœur dialogue.
ORGUE DE SAINT-ANTOINE
1{econstruit par M. oAdrien VAN 73EV VER, de ?3ruxelles,

L'Orgue se compose de 26 Jeux effectifs répartis sur deux Claviers à mains et


un Pédalier de 27 Notes ; il compte aussi 7 Pédales de combinaisons.

¡l'" Clavier. - Grand Orgue : 12 Jeux.

l. Bourdon 16 p. JEUX DE COMBINAISONS


2. Bourdon 8 p. 8. Grand Cornet 8 p.
3. Flûte harmonique 8 p.
9. Nazard 3 p.
4. Mélophone 8 p.
10. Trompette 8 p.
5. Montre 8 p.
Prestant Clairon 4 p.
-
6. 4 p. 11.
7. Doublette - - - - - - - - -
2 p. 12. Cromhorne
.............. 8 p.

2" Clavier. —
kT{écit expressif : .9 Jeux.

1. Gambe 8 p. JEUX DE COMBINAISONS


2. Bourdon 8 p.
3. Voix céleste 8 p. 7. Trompette 8 p.
---
4. Flûte octaviante 4 p. 8. Basson et Hautbois 8 p.
5. Flûte d'écho 4 p.
Voix humaine
(). Pi':co!o ................... 1 p. 9. ............. 8 p.

Pédales séparées.

Flûte. 16 p. JEUX IJE COMBINAISONS


Violoncelle. 8 p.
2.
Sous-basse 16 p. 4. Bombarde .... 16 p.
3.
l'ar tranSIlI;ss¡"n'j 5. Trompette ................. 8 p.

(Pedales d'accouplement et de combinaisons.

1. Pédale réunissant le premier Clavier au Pédalier.


2. réunissant le Clavier du récit expressif à celui du grand Orgue.

3. d'introduction des Jeux de combinaisons du récit expressif.

4 ouvrant les Jeux de combinaisons du grand Orgue.

5 fermant les Jeux de combinaisons du grand Orgue.

f».

d'expression.
Î. — de trémolo.
11) LES ORGUES DE ST ANTOINE

la vieille ville, Saint-Antoine date, tout


Deuxième paroisse de
comme Saint-Jacques, du XIIIe siècle mais l'édifice a été profondément
remanié à la Renaissance, époque dont il conserve une façade et un por-
tail remarquables.
La présence d'un orgue y est attestée en 1722 dans un "mémoire pour
la paroisse de Saint-Antoine de Compiègne" (1) relatant les malversations
de certains marguilliers depuis plus de quarante ans parmi lesquelles
"partie des revenus et des fonds dissipés, d'autres employés pour le paye-
ment des orgues. Bien au delà de ce qu'elles ont coûtés, la visite et es-
timation en feront foi Nous pouvons encore relever des mentions de
l'organiste et du souffleur en 1725 et 1729 (2) ainsi que de l'instrument
en août 1784 (3). Malheureusement nous n'avons pu retrouver de documents
d'archives précis relatifs à cet orgue du XVIIIe siècle.
De la Révolution, l'église Saint-Antoine souffrit terriblement. En
octobre 1793 l'édifice fut fermé par les autorités, l'orgue y étant enco-
re mentionné - pour la dernière fois - le 24 brumaire an 2, soit le 14 no-
vembre 1793 (4). Le 13 pluviôse an 2 (2 février 1794), le District de Com-
piègne mit en adjudication les pierres pavant l'église, avec obligation
pour l'attributaire de vider l'édifice, d'emporter dalles, banc d'oeuvre,
chaire et de recouvrir le "terrain" de sable. C'est un nommé Pierre MILLON
qui emporta la vente pour la somme de 1.145 livres (4). Quant au mobilier
de l'église (alors non énuméré exhaustivement : lambris, stalles, devants
d'autels, bancs, etc ...), il fut vendu aux enchères le 15 germinal an 2,
soit le 4 avril 1794 (5). Enfin, le mois suivant, l'église fut louée à
COUET, fournisseur de fourrages à l'armée, et transformée en grange, usa-
ge qui occasionna d'importantes dégradations à l'édifice.
Pendant cette période malheureuse, quel sort a été réservé à l'or-
gue ? A-t-il fait l'objet d'une vente, comme l'ensemble du mobilier de
l'église, ou bien a-t-il été victime d'un pillage ? Sans pouvoir pour le
(1) abbé AUGER, manuscrit (ville de Compiègne, n° 44) pièce n° 13
(2) abbé AUGER. OD. cité. Dièces n° 17 et 21
1909)
(3) P. GUYNEMER, "Etude sur la paroisse et l'église St Antoine de Compiègne" (Compiègne,
(4) Archives départementales de l'Oise liasse 1Q2-692
-
(5) Archives départementales de l'Oise - liasse 102-1436
moment répondre à ces questions, nous devons admettre (1) qu'au moins la
tribune, le buffet du positif de dos et le soubassement du grand buffet
sont restés en place jusqu'en 1816, et très probablement jusqu'en 1830.
Mais l'instrument par lui-même devait être muet depuis l'époque révolu-
tionnaire puisque vers 1805 un horloger nommé CHARLOT prêta à l'église
un petit orgue de sept jeux pour accompagner les offices (2). A la mort
de CHARLOT et après tractations avec sa veuve, la Fabrique put acquérir
l'instrument, le 21 août 1809, moyennant la somme de trois cents livres (3).
En ces années 1800, l'orgue était tenu par un certain NOCQ, ancien
organiste de l'Abbaye Saint-Corneille, que l'on retrouvera au futur grand
orgue en 1830. Signalons également la mention du passage sur ce petit ins-
trument d'un facteur d'orgues nommé MONSIGNY qui reçut pour son travail,
le 28 Septembre 1805, la somme de 18 livres. (4)
Même si, au goût de LERE (5), cet orgue
rendait pas les sons"ne
mélodieux et suave de l'harmonica" (!), il devait rendre service jusqu'au
moment où l'on songea à doter l'église d'un nouvel orgue - ou tout au
moins d'un orgue d'occasion. Cette intention parvint en 1826 jusqu'au fac-
teur lillois CAULIER-DUBOIS par l'intermédiaire du notaire CRETE, du Con-
seil de Fabrique de Saint- Jacques (6). Le 8 décembre 1826 ce dernier re-
çut du facteur la réponse suivante :
" (...) suis reconnaissant de l'avis que vous voulez bien
Je vous
" me donner touchant l'intention de Messieurs les administrateurs
" de la fabrique St Antoine ; l'occasion qu'ils cherchent est dif-
"
"
il
ficile à trouver3 serait beaucoup mieux et plus avantageux
dans faire une neufs elle serait construite comme désirerait. il
" Toutefois si je ne craignais d'abuser de votre obligeance je vous
" prierais de vouloir lui présenter mes offres de service et j'ose
" vous assurer d'avance que vous n'aurez jamais lieu d'en être fâ-
" ché ..."
... Ce qui fut certainement fait
puisque, deux ans plus tard, la Fa-
brique n'avait pas oublié les offres de CAULIER et s'adressa à lui pour la
construction d'un orgue neuf. (7)
Entre-temps, le 1er septembre 1828, le petit orgue autrefois ache-
té à CHARLOT était remis à l'église Saint-Germain, récemment réouverte au
culte.
Et le 21 décembre 1828 le Conseil de Fabrique approuvait la cons-
truction par CAULIER du nouvel instrument, sur la base d'un devis de dix
mille francs. Une inscription figurant encore aujourd'hui au-dessus de la
console commémore ainsi l'installation de l'orgue :

"L'An de Grâce 1830


" M. Jean B. - Amand Auger., Chanoine Hon.

(1) dessin figurant dans le XIIe volume du manuscrit de LERE (Bibliothèque Municipale de Compiè-
Au vu du
gne) et que nous reproduisons à l'article consacré par J. BERNET à la Révolution.
(2) Orgue probablement acquis par ledit CHARLOT au moment de la vente des biens ecclésiastiques sous la
Révolution ; une attestation de prêt lui fut délivrée par la Fabrique le 16 août 1805 ("Registre d'ad-
ministration pour la Fabrique de la Succursale de St Antoine de Compiègne", folio 32 - Archives munici-
pales de Compiègne).
(3) Registre d'administration pour la Fabrique folio 73
(4) Registre d'administration folio 33
...,
(5) Manuscrit, volume XII
...,
(6) CRETE connaissait CAULIER qui venait, quelques mois plus tôt, d'expertiser l'orgue de St Jacques suite
aux travaux de DOSSEREAU (cf. notre article sur les orgues de St Jacques).
(7) Le curé AUGER venait (ou était sur le point) d'obtenir une aide de la reine Marie-Amélie, à quiil
avait fait appel pour la dotation en mobilier de son église ; aide qu'il consacra en partie au finance-
cement de l'orgue. Cf. Archives Municipales - liasses Correspondance 1830-38 (lettre du 5 octobre 1832)
" de Beauvais, étant Curé de la Paroisse3
" M. Boudeville puis M. Santerre3
" vicaires, et M. Nocq, organiste ;
"et Mess. De La Vallée De Calfeuxs
" M. De Champlieux, le Comte de
" Béthune, Laurent, et le Comte de
" La Bélinaye, étant membres du
" Conseil de la Fabrique ;
" A la faveur d'une souscription ouverte dans la paroisse, confor-
" mément au voeu de feu M. Bourgeois,ancien curé, et d'une per-
" sonne pieuse qui a donné une somme considérable, et d'après une
" délibération du Conseil en date du 21 Xbre 1828, le présent or-
" gue a été fait et posé par M. Caulier-Dubois de Valenciennes".
L'instrument de CAULIER est toujours en place de nos jours sur une
tribune du XVIIIe siècle à balustrade pleine, ornée d'une série de pan-
neaux simplement moulurés, et soutenue par quatre colonnes cannelées à
chapiteauxcorinthien s.Le buffet double est élégant dans sa sobriété :
Au positif de dos, trois tourelles en V de cinq tuyaux chacune en-
cadrent deux plates-faces de treize tuyaux (montre de 4 pieds). Les culs-
de-lampe sont ornés de feuilles d'acanthe et d'une pomme de pin. A l'enta-
blement, horizontal, quelques motifs de feuillages. La tourelle centrale
est surmontée d'une horloge (qui n'est pas d'époque ...).
Au buffet du grand orgue sont reproduits les mêmes éléments décora-
tifs, à l'entablement comme aux culs-de-lampe. Là encore, trois tourelles
de cinq tuyaux (montre de 8) entourent deux plates-faces, portées ici à
quinze tuyaux (montre et prestant). Lors de la reconstruction de 1882 un
motif sculpté semblable à celui de l'entablement, reposant sur un écoin-
çon et portant trois faux tuyaux, a été ajouté, de part et d'autre des
tourelles latérales, afin de masquer les grands panneaux de tissu dissi-
mulant la nouvelle tuyauterie de pédale.
Ce buffet renfermait en 1830 un instrument de conception classique
de 22 jeux, soit 14 au grand orgue et 8 au positif dorsal. (1). Nous pou-
vons reconstituer en grande partie sa composition, d'après les indica-
tions données par des devis postérieurs. (2)
Grand Orgue (54 n.) Positif de dos (54 n.) Pédalier (12 marches)
1. Montre 8 1. Prestant 4 en tirasse permanen-
2. Prestant 4 2. Bourdon 8 te sur le grand orgue
3. Cornet 5 rangs 3. Flûte à cheminée 4 (sans jeux propres)
4. Bourdon 8 4. Nazard (?)
5. Flûte à cheminée 4 5. Doublette 2
6. Nazard 3 6. Tierce (?)
7. Doublette 2 7. Cromorne 8
8. Tierce (?) 8. Dessus de Hautbois 8
9. Dessus de flûte 8 (?)
10. Fourniture (?)
11. Cymbale (?)
12. 1ère Trompette 8 Accouplement Positif/Grand Orgue à tiroir
13. 2ème Trompette 8
14. Clairon 4

Après la construction del'orgue de Saint-Antoine, CAULIER, alors


installé à Valenciennes, obtint le marché de la restauration de l'orgue de
Saint-Jacques : son travail avait donc été apprécié à Saint-Antoine. Pour-
tant, les facteurs qui passèrent sur cet orgue après lui ne manquèrent pas
(1) Archives municipales Inventaire divers St Antoine (non datés)
-
(2) Les noms de jeux suivis d'un point d'interrogation sont ceux dont la présence n est pas attestee par
un document
ultérieur.
de relever l'insuffisance de la soufflerie et des portevents, la médiocre
construction des sommiers (faible profondeur des gravures notamment) et
des défectuosités dans la mécanique.
semble que CAULIER lui-même ait été chargé de l'entretien de
Il
son instrument, au moins jusqu'à la fin des années 1830 (1). L'orgue, lui,
ne connut pas de grands travaux jusqu'en 1882, si ce n'est un relevage
de MERKLIN-SCHUTZE qui coûta 800 francs en 1870. juillet
Pourtant, en 1852, l'organiste BAUTREMONT contacta le facteur DU-
CROQUET de Paris pour une réparationtransformation de l'instru- ou une
ment. Le facteur (2), après avoir vu l'instrument, remit un projet de de-
vis le 16 mars 1852. Du lendemain fut daté son devis définitif, proposant
un orgue de 28 jeux répartis sur trois claviers manuels et un pédalier :

Positif (54 n.) Grand Orgue (54 n. ) Récit expressif (42 n.)
1. Flûte 8 1. Montre 8 1. Flûte traversière 8
2. Bourdon 8 2. Flûte 8 à pavillon 2. Flûte harmonique 4
3. Salicional 8 3. Bourdon 16 3. Gambe 8
4. Prestant 4 4. Bourdon 8 4. Trompette 8
5. Doublette 2 5. Prestant 4 5. Hautbois 8
6. Trompette 8 6. Quinte 3 6. Cor anglais 8
7. Cromorne 8 7. Doublette 2
8. Cornet 5 rangs
9. Plein-jeu 5 rangs
10. 1ère trompette 8
11. 2ème trompette 8
12. Bombarde 16
13. Clairon 4

Pédalier (25 n) Pédales de combinaison accouplements posi-


:
tif/Grand Orgue et Récit/Grand Orgue ; appel
hUVi£ , et retrait 2ème trompette et bombarde Grand
2. dBombarde
2. h 16 Orgue ; expression du Récit.

DUCROQUET chiffra le coût de l'opération à 22.000 francs, en accor-


dant une garantie décennale s'il assurait lui-même l'entretien de l'ins-
trument (soit deux interventions par an pour 100 francs). Le 28 avril 1852
la construction de ce nouvel instrument fut retardée en attendant la ven-
te de l'orgue de CAULIER.
Finalement, aucune suite ne devait être donnée à ce projet ambi-
tieux ; nous en ignorons la raison, que nous supposons financière.
Une réparation fut à nouveau envisagée, par le projet de budget
1857, et estimée à 2.000 francs (3). A cette époque, l'organiste,
pour
nommé CARDON, s'occupait de l'entretien de l'instrument et donnait égale-
ment des leçons de chant aux enfants de choeur ; son salaire d'organiste
s'élevait annuellement à 400 francs ; le souffleur, lui, était rétribué
60 francs par an.
En 1870, le maître de chapelle GARDERES, dont la fille était l'orga-
niste,- avait la charge d'entretenir l'instrument, alors que - fait éton-
nant - c'est une femme qui actionnait la soufflerie de l'orgue...
Le 21 octobre 1878, un organiste parisien nommé DARDET, remerciant
le curé de Saint-Antoine de lui avoir permis de jouer l'orgue, lui conseil-
la une réparation ou une "notable augmentation" et recommanda pour cela
MM. FERMIS (ou PERMIS) et PERSIL, maison, qui disait-il, "vient de prendre
la première place à côté de M. CAVAILLE-COLL, sur lequel elle a l'avantage
de faire payer 100 % moins cher" (!). Mais sa proposition, chiffrant les
travaux à 21.000 francs, resta sans lendamain...

(1) Il gravera son nom


à la tribune en 18390
(2) DUCROQUET avait succédé à DAUBLAINE et CALLINET, rue St Maur St Germain à Paris ; son "directeur de
travaux" était BARKER.
(3) Arch. par. non classées. A notre connaissance cette réparation n'a pas été effectuée.
Pourtant, il semble bien qu'à cette époque l'orgue, quoiqu'entre-
tenu régulièrement (1), nécessitait une grosse réparation, qui fut décidée
en 1881. Et dans cette perspective qui devait condamner pendant plusieurs
mois l'instrument au mutisme, le curé LECOT commanda à la maison DEBIERRE,
de Nantes, un orgue de choeur (2). Louis DEBIERRE lui proposa, le 22 dé-
cembre 1881, un petit instrument composé de quatre jeux de fonds, d'un
prix de 2.400 francs qui venait d'obtenir une médaille d'or à l'exposition
de Saint-Brieuc. (3) L'orgue fut acheminé en janvier 1882 jusqu'à Compiè-
gne, accompagné des instructions du facteur pour son installation (il
était très ingénieusement conçu pour être déballé et installé par une per-
sonne non qualifiée).
Ce petit instrument, placé derrière le maître autel, était assez
semblable à celui qui se trouve aujourd'hui dans la chapelle Notre Dame de
Bon Secours. (4) : encombrement comparable (largeur 155 cm ; profondeur
175 cm, hauteur 140 cm) ; meuble ajouré ; un clavier transpositeur de 56
notes ; soufflerie sous le banc actionnée soit par l'organiste lui-même
soit par un aide.
Sa composition était la suivante :
1. Quintaton 16 (demi-jeu)
2. Bourdon 8 (basses) ; bourdon 8 (dessus)
3. Flûte octaviante 4 (basses) ; flûte octaviante 4 (dessus)
4. Diapason 8 et violoncelle 8 (dessus).
Cet orgue de choeur resta en place jusqu'aux années 1960 puis fut
transféré à Méru (Oise). (5)
Quant au grand orgue de CAULIER, le curé LECOT décida, fin 1881,
de confier sa restauration aux facteurs VAN BEVER. Comment n'aurait-il pas
été favorablement impressionné par leur réputation de sérieux et de modi-
fié des prix ainsi vantée :

" nous l'avons vu à l'oeuvre3 il


est consciencieux jusqu'à la mi-
" nutie les travaux ne tratnent pas avec eux3 ce n'est pas à
...
" nos ouvriers français qu'il
" faudrait demander cette as-
" siduité. Les journées com-
" mencent avec le jour et fi-
" nissent souvent à 9 H (du)
" soir en été ; actuellement
" à St Jacques, ils commencent
" à 6 H du matin. C'est ce qui
" fait la grande modération de
" leur prix. Je mettrais pour
" ma part au défi aucun de nos
" facteurs français de vous
" faire pour moins de 11 à 12
" mille francs le travail qu'
" ilsvous proposent ... j'ai
" réellement de la reconnais-
" sance pour la manière dont
" ils ont transformé notre
" instrument de St-Pierre (6)

(1) Depuis 1871, l'entretien en était confié à FOUQUET,serrurier et organiste, moyennant 50 francs par an
(Archives paroissiales).
(2) Indiquons ici qu'il existait avant 1881 un orgue de choeur a St Antoine, mentionne en 1857 1866 et
,
1874, mais dont nous ne savons rien.
(3) L. DEBIERRE écrit : "C'est le modèle le plus parfait que j'aie fait".
(4) Voir, plus loin, notre article consacré à l'orgue de Notre Dame de Bon Secours.
(5) Renseignements communiqués par MM. AUBRAIS et VILLAIN.
(6) Lettre de M. MARGUET au curé de St Antoine le 17 sept. 1881 depuis Roye.
Les VAN BEVER, Adrien, dirigeant l'affaire,
et Salomon (1), étaient
originaires de Belgique où ils
conservèrent un établissement dans le fau-
bourg bruxellois de Laeken (2). s'installèrent à Paris, en qualité de
Ils
successeurs de H. LORET, et leurs travaux en France (3) s'échelonnèrent
de 1880 (construction de l'orgue d'Aubigny-sur-Nère, dans le Cher) à 1925
(relevage de l'orgue de Notre Dame à Mamers, dans la Sarthe). travail- Ils
lèrent beaucoup dans l'Oise, où leur passage est signalé à Senlis (Collège
Saint-Vinvent), Neuilly-en-Thelle, Baboeuf, Méru, Crèvecoeur-le-Grand ...
En 1881-82 ils résidaient à Amiens, travaillant à l'orgue de l'é-
glise St Jacques, à l'inauguration duquel se rendirent, en observateurs in-
téressés, les abbés LECOT et MAINDREVILLE, curés de St Antoine et St Germain
de Compiègne.
Pour Saint-Antoine, ils présentèrent deux projets de
l'orgue de
restauration : - un premier projet conservant le positif de dos, se mon-
tant à 5.900 francs ;
- un second projet avec récit expressif, pour 8.100 francs
qui fut finalement retenu par la paroisse.
Entre-temps, le 19 décembre 1881, le facteur STOLTZ (qui venait,
trois jours auparavant, de passer contrat pour la réparation de l'orgue de
Saint-Jacques) manifesta sa déception de ne pas avoir été choisi également
à Saint-Antoine où il avait pourtant proposé ses services. Et, ne s'avouant
pas vaincu pour autant, il avança ses propositions : pour lui, conserver
les parties essentielles de l'orgue serait une erreur (soufflerie à refai-
re, sommiers de médiocre construction, mécanique défectueuse). Il proposa
donc la construction d'un instrument neuf avec réemploi "des bois de la
soufflerie, du buffet, des tuyaux de montre et d'une partie des jeux". La
composition qu'il projetait était la suivante (pour 12.500 francs, "tout
posé") :

Premier clavier Deuxième clavier


1. Bourdon 16 1. Flûte harmonique 8
2. Montre 8 2. Bourdon 8
3. Bourdon 8 3. Flûte octaviante 4
4. Salicional 8 4. Viole de Gambe 8
5. Pres tant 4 5. Voix céleste 8
6. Plein jeu rangs
5 6. Basson-Hautbois 8
7. Bombarde 8-16 7. Voix humaine 8
8. Trompette 8
9. Clairon 4

proposait également en "adjonction possible"


STOlTZ une pédale sépa-
rée de 27 notes et 4 jeux : - contrebasse ouverte 16
- flûte 8
- bombarde 16
- trompette 8
portant le prix de l'orgue à 19.600 francs. (4)
Peine perdue, le choix des VAN BEVER par la Fabrique était défini-
tif ... En effet, le 8 janvier 1882, un "projet de traité pour la restaura-
tion des grandes orgues" fut établi entre le Conseil de Fabrique et les
facteurs, reprenant en gros le second devis des VAN BEVER, pour un montant
total de 9.775 francs (la pose de trois jeux de pédale étant en outre envi-

(1) Ils avaient au moins un autre frère qui ne semble pas avoir travaillé avec eux.
(2) et où ils construisirent un certain nombre d'instruments dont l'un, celui de St Pierre à Jette (ban-
lieue de Bruxelles) a fait récemment l'objet d'un disque SCHOTT.
(3) cités par Jean MARTINOD dans son "répertoire des travaux des facteurs d'orgues du IXème siècle à nos
jours" (Fischbacher, 1970).
(4) On notera les différences de prix entre STOLTZ et VAN BEVER.
sagée pour un supplément de 3.600 francs). Les principales clauses de la
convention étaient les suivantes :

" ... Art. 1. La soufflerie sera regarnie à neuf avec renouvellement des
" soupapes dans l'intérieur du soufflet.
" Pour fqciliter dans l'avenir l'addition d'un pédalier effec-
" tif
qui occasionnerait alors une bien plus grande dépense de vent, les
" pompes seront remplacées par des neuves beaucoup plus puissantes : elles
" auront lm 30 de largeur sur 0,90 de long. sera établi une bascule pour Il
" souffler aux pieds.
" On ajoutera un nouveau porte-vent pour obtenir le parfait
" équilibre de l'alimentation des sommiers.
" Art. 2. On établira un réservoir sous les sommiers, pour empêcher l'
" altération des jeux.
" Art. J. On démontera les sommiers du grand-orgue pour agrandir les
" trous dans les chapes, les coulisses et la table, afin de mieux alimenter
" les tuyaux qui ne reçoivent pas assez de vent actuellement.
" La même opération sera faite au Positif3 qui sera déplacé,
" installé derrière le grand orgue, et converti en récit expressif au moyen
" d'une armoire à jalousies3 en bois fort, parfaitement construite.
" Art. 4. Les conduits de vent, beaucoup trop petits, seront remplacés.
n
" Art. 8. Le pédalier sera refait entièrement r. neuf. Les touches seront
" à l'allemande, au nombre de 27, soit deux octaves et deux notes d'ut gra-
" ve à ré aigU. Tout le mécanisme en sera également neuf ...
rr
" • • •
Art. 12. Récit sera entièrement remanié et restauré.
Le sommier du Il
" sera agrandi3 et on y ajoutera de nouvelles chapes pour recevoir les jeux
" neufs.
" Art.13.... j la mécanique du Récit sera neuve.
n
" • • •
Art. 15. Jeux neufs. Il sera fourni
pour le grand orgue un Bourdon de
" 16. Les 27 notes graves seront en bois de lep choix ; le surplus en métal
" de choix, ensemble 54 notes ; 20 une flûte harmonique de 8, dont la basse
" sera aussi en bois, pour mieux résister aux vibrations.
" Pour le récit expressif : 1° une Viole de Garrbe tout en étain
" fin ; 20 un Salicional, qui formera par sa réunion à la gambe la voix cé-
" leste de 42 notes. Ces deux jeux seront indépendants ; 3° une Trompette
" de 54 notes ; 40 une flûte octaviante de 54 notes ; 5° une Voix Hurraine de
" 54 notes ; 60 deux octaves graves de basson pour compléter le Hautbois.
" La matière de ces jeux neufs sera, ou en étain fin, ou en bois de 1er
" choix, le tout d'une épaisseur convenable. (1)
" Art.16. Les jeux de Trompette3 Clairon3 Hautbois et Cromorne, qui exis-
" tent revevront des anches, lames et rasettes neuves. Les autres jeux an-
" ciens conservés seront remis en parfait état.
" Art.17. L'orche (sic) sera mis au diapazon normal.
" Art.18. Le facteur s 'engage à exécuter tous les travaux ci-de s sus dé-
" signés, et à fournir les jeux neufs d'une manière absolument irréprocha-
" ble sous tous les rapports3 moyennant la somme de 9.775 francs.
n
" Art.24. Dates de paiement. sera remis au facteUp
" après un mois de travaux faits à l'église
Il , 2.000 F
" à la fin du second mois de 2.000 F
" à la fin du 3ème mois 2.000 F
" Après la réception de l'orgue 1.775 F
" et enfin, après un an qui suivra la réception, le solde de lA
" somme totale, qui produira intérêt de 4 pour cent l'an, au 7.775 F
" profit du facteur.

(1) Au récit un piccolo neuf, également prévu, a


été omis dans la rédaction de cet article.
Annexe
" Si la Fabr. désire par la suite avoir un instrument complet, on pourra à
" toute époque ajouter un pédalier effectif, qui recevrait trois jeux : une
" grosse flûte de 16, une bombarde de 16, et un violoncelle de 8. Le prix
" total de cette nouvelle fourniture serait de 3.600 francs, sommiers et
" mécanique compris si le travail se faisait en même temps que la répara-
" tion dès aujourd'hui arrêtée, et 3.800, si on le plus tard. fait
ii H

Une convention reprenant ce projet avec pédalier effectif fut accep-


tée comme engagement provisoire par VAN BEVER le 3 mars 1882, les modifica-
tions suivantes étant portées par ailleurs en fin de ladite convention :
au grand orgue, mélophone au lieu de la flûte à cheminée
.
au récit, hautbois neuf au lieu de l'ancien
.
au pédalier, jeu de trompette de 8 en plus
.
enfin, clavier neuf.
Les facteurs, qui avaient commencé les travaux par la confection en
.

atelier des tuyaux de bois, des pompes du soufflet et de la botte expressi-


ve, menèrent la reconstruction de l'orgue sur toute l'année 1882 jusqu'au
19 décembre, jour de l'inauguration. Le coût de cette reconstruction, tel
qu'il figure au budget définitif pour 1882 (1), se chiffra finalement à
15.486,75 francs.
Pour pouvoir placer nouveaux sommiers et nouvelle tuyauterie, les
facteurs durent surcharger un buffet et une tribune conçus pour un instru-
ment plus modeste et si la console en fenêtre était désormais plus dégagée
grâce à la suppression du positif de dos, en revanche le récit était "ni-
ché à l'étroit entre le grand orgue et le mur du fond de nef ; quant aux
sommiers et tuyaux de pédale ajoutés par les VAN BEVER, faute de place à
l'intérieur ou à- l'arrière du soubassement, ils furent installés de part et
d'autre du buffet, à hauteur du récit, masqués par des tentures couleur
pierre peu esthétiques ...
Pendant soixante-dix ans, l'orgue de 1882 ne fut pas modifié mais
entretenu régulièrement semble-t-il, en premier lieu par les VAN BEVER eux-
mêmes au cours des années 1880 et 1890.

Durant la Grande Guerre, des éclats de vitraux brisés lors des bom-
bardements de la ville vinrent s'éparpiller dans l'instrument ; un releva-
ge fut entrepris en 1932 par le facteur amiénois Félix VAN DEN BRANDE, qui
installa le ventilateur électrique actuel.
Enfin, en décembre 1951 et janvier 1952, l'orgue connut une der-
nière restauration, menée par Robert BOISSEAU (2). Un relevage de l'instru-
ment (nous ignorons son importance) s'accompagna de quelques modifications
de la composition dans une optique "néo-classique" : c'est ainsi qu'au
grand-orgue, mélophone, nazard et cromorne cédèrent la place à une fourni-
ture, une cymbale et une bombarde sans première octave ; au récit, la flû-
te d'écho de 4 pieds et le piccolo furent remplacés respectivement par na-
zard et doublette.
Depuis cette intervention de BOISSEAU, l'instrument est ainsi com-
posé (nous donnons 1'ordre des jeux sur les sommiers) :
Grand Orgue (54 notes)
1. Montre 8 7. Flûte harmonique 8
2. Pres tant 4 8. Doublette 2
3. Cornet 5 rangs 9. Bourdon 16
4. Bourdon 8 10. Bombarde 16 (à UT2)
5. Cymbale 3 rangs 11. Trompette 8
6. Fourniture 3 rangs 12. Clairon 4

(1) Arc. mun. Comptes de la fabrique St Antoine 1866-69 et 1880-93. A noter que l'ensemble des "quêtes ex-
traordinaires" au profit de l'orgue rapporta en 1882 la somme de 6.607,70 Frs.
(2) A cette époque, l'atelier BOISSEAU était représentant à Poitiers de la maison Roethinger de Strasbourg»
Récit expressif (54 notes) Pédalier (27 notes)
1. Voix humaine 8 1. Trompette 8
2. Hautbois basson 8 2. Bombarde 16
3. Trompette 8 3. Violoncelle 8
4. Doublette 2 4. Flûte 16
5. Gambe 8 5. Soubasse 16 (UT1- UT3)
6. Nazard 2 2/3 emprunt du Bourdon 16 du grand-
7. Voix céleste (à UT2)
8. Flûte octaviante 4 orgue
9. Bourdon 8

Pédales de combinaison au-dessus du pédalier : tirasse grand orgue ; accou-


plement récit/grand orgue ; appel anches récit ; appel et renvoi anches
grand-orgue et pédale ; expression récit (à cuillère) ; trémolo récit.
Traction des notes et tirage des registres sont mécaniques (à balan-
ciers pour les notes). Le clavier de grand orgue ayant gardé sa place ini-
tiale à la console (clavier supérieur), le récit se retrouve originalement
clavier inférieur.
grand orgue a conservé ses deux demi-sommiers d'origine : la tu-
Le
yauterie y est symétriquement répartie en "côté UT dièse" ; quant au récit,
il réutilise l'ancien sommier du positif de dos auquel les VAN BEVER ont
ajouté une chape pour la voix humaine. La pédale, elle, est répartie sur
deux demi-sommiers diatoniques encadrant la boite expressive du récit.
Voici la répartition des vingt-cinq jeux réels de l'instrument :
huit jeux et demi (soit 34 %) remontent à CAULIER (certains tuyaux, dans
.
les anches du grand orgue par exemple, étant même antérieurs) ;
onze jeux et demi (soit 46 %) sont de VAN BEVER, dont 1'ensemble du péda-
.
lier ;
cinq jeux, enfin (soit
ont été placés par
20 %) BOISSEAU qui a réutilisé
.
partiellement la tuyauterie en place.

L'orgue de Saint-Antoine fête cette année son cent-cinquantenaire,


que l'on aimerait marqué par l'annonce d'une restauration prochaine : c'est
là en tout cas l'un des buts de 1' "Association des Amis des Orgues de Com-
piègne et ses environs". L'instrument se trouve en effet en mauvais état gé-
néral et nécessite un relevage complet comportant notamment :
- colmatage des fuites d'air au réservoir,
- nettoyage complet et révision des sommiers et de la tuyauterie,
- réglage de la mécanique,
- replacage des claviers,
- traitement au xylophène de l'ensemble de l'instrument, attaqué
de longue date par des parasites du bois,
- accord général.
pourra souhaiter également quelques améliorations qui donneraient
On
à l'instrument des possibilités nouvelles : pédalier porté à 30 notes, ti-
rasse de récit, décalage de la bombarde du grand orgue en trompette, rempla-
cement du violoncelle de pédale (d'usage restreint et actuellement vermoulu)
par une flûte de 8 pieds, etc. Par ailleurs, la suppression de la partie pé-
dale placée inesthétiquement de part et d'autre du buffet remettrait ce
dernier en valeur ; mais comment envisager de renoncer à une pédale indé-
pendante (1) ?
Disons en terminant que cet instrument de St Antoine, malgré ses évi-
dentes limites "quantitatives" sonne fort bien dans l'édifice et donne sa-
tisfaction à l'organiste dans 1linterprétaion d'un répertoire relativement
vaste ; enfin, il constitue dans notre cité l'heureux complément romantique
du classicisme de l'orgue de St Jacques.
(1) Le placement de demi-sommiers de pédale trois jeux (y compris l'emprunt du bourdon 16 du gd-orgue)
pour
pourrait éventuellement être prévu à l'intérieur du buffet, de part et d'autre du grand orgue et du ré-
cit. Le retour au positif de dos avec suppression du récit romantique résoudrait évidemment le problème
mais avouons que la présence de ce récit romantique est aujourd'hui appréciée ...
III) LES ORGUES DE ST GERMAIN

Les origines de l'église St Germain,


autrefois "extra-muros" et aujourd'hui au
coeur de la ville, remontent au Vlème siè-
cle ; l'édifice actuel a été reconstruit
en 1482 et son clocher date de 1620.

L'église possédait-elle un orgue


avant la Révolution ? Nous n'avons pu en
trouver la confirmation jusqu'à présent.
En 1793, nous apprennent les archives de
la paroisse, le curé Jean-Louis-Simon
BEAUGRAND, mettant à profit la dispersion
du mobilier des communautés religieuses
dissoutes, fit
venir à St Germain un or-
gue et des colonnes torses (1) provenant
de l'église des Minimes de la ville. Nous
pouvons avancer qu'il s'agit ici de l'or-
très bonne facture "
gue " de 4 pieds, de
adjugé pour 80 livres, le 5 décembre
1791 (2), au notaire L. PENON qui dut le
céder un peu plus tard à l'église Saint-
Germain. Et c'est certainement cet orgue
nouvellement transféré qui est mentionné
dans un mémoire de travaux exécutés pour l'église par le peintre EVRART
(ou EVRAUD) entre le 1er février et le 30 mai 1793 (2) ; l'artisan y énu-
mère ses travaux de peinture aux quatre colonnes, aux plafonds de tribune
côté nef et côté clocher, à la balustrade et au buffet d'orgue, "y com-
pris les 2 vaze au-dessus du buffet".
Au mois d'août de la même année, le buffet est déposé puis remonté
(à l'occasion de travaux à la tribune ?) par le menuisier CLAIN (3) :

" Mémoires des ouvrages de Menuiserie faits pour la ci-devant


" Eglise de St Germain les Compiègne les dits ouvrages faits par
" Clain dans le courant d'août 1793 vieux stile ...

Premièrement
"Avoir fait a deux compagnon chacun douze journée pour déposer et
" reposer le buffet d'orgue a raison de trois livres par jour
" fait pour - 72
" Avoir fourny une échelle en chaine de neuf pieds de Menier pour
" monter a le dit orgue .... 24 -
" Avoir fournÿ douze livres de doux a raison de vingt cinq sols
" la livre 15 -

Total ...... 111 - (...)"


(1) Il semble que ces colonnes torses, au nombre de quatre, qui soutiennent encore aujourd'hui le buffet
la tribune même de l'orgue des Minimes mais appartenaient plutôt
de St Germain, ne provenaient pas de
rétable Léré, effet, décrit et dessine dans manuscrit (volume XI) la tribune de
à un : J.A.F. en son
place portail d'entrée. Au sujet des colonnes tor-
pierre des Minimes, encore en en 1817 au revers du
consulter les notes Jean-Marie MEIGNIEN, la 74 de son ou-
ses de tribunes d'orgues, on page
peut de a

vraqe sur " l'orgue historique de Chaource " (Troyes, 1978).


(2) Cf l'article de Jacques Bernet consacré à la période révolutionnaire.
(3) Archives départementales de l'Oise, liasse 1 Q2-693
Cet orgue survécut-il aux épreuves de la période - si difficile
pour St Germain - allant depuis la Révolution jusqu'à la fin de la Res-
tauration ? Nous ne le pensons pas. L'église, en ce début de XIXème siè-
cle, tombait en effet pratiquement en ruine et ne connaissait plus d'of-
fices depuis 1814, année de la mort d'un curé qui ne devait pas être
remplacé.
L'historien Léré nous apprend qu'en 1822, le maire, LANCRY, fit
porter le mobilier de St Germain à l'église St Antoine, après quoi l'édi-
fice put être réparé sa réinauguration eut lieu le 28 mai 1828
; ...
sans orgue donc, avons-nous tout lieu de croire.
Quelques mois plus tard, le 1er septembre 1828, le petit instru-
ment de 7 jeux, utilisé en l'église Saint-Antoine depuis un peu plus de
vingt ans (1) fut cédé à Saint-Germain. Il y servit pendant quelque cin-
quante années (2) puis fut mis au rebut, dans le bûcher du presbytère,
et finit par être détruit. (3)
La paroisse acheta alors un nouvel instrument à la maison MERKLIN
et les 6.600 F qu'il coûta furent financés à la fois par la Fabrique et
les dons de particuliers. Son inauguration eut lieu le 24 novembre 1881.

(2) Période pour laquelle des documents d'archives nous manquent. Nous avons seulement releve,une mention
de l'orgue en 1842 et, dans le budget prévisionnel établi le 3.4.1864 pour l'année 1865 (archives dé-
partementales, liasse I V 148), les traitements de l'organiste et du souffleur,d'un montant global de
200 Frs.
(3) Les archives paroissiales précisent que cet orgue était "sans aucune valeur".
Nousidentifierons le nouvel orgue de Saint-Germain à l'instrument
décrit par MERKLIN sur le document ci-contre, non daté, que nous avons
retrouvé dans les archives municipales.
Il s'agissait donc d'un instrument d'occasion de sept jeux, entiè-
rement expressif (en dehors de la montre) et de conception romantique.
Trente ans, presque jour pour jour, après son inauguration, cet
orgue fait l'objet
d'une requête du curé au Conseil Municipal de Compiègne
qui, lors de sa séance du 21 novembre 1911, évoque l'urgence d'un rele-
vage dans ces termes :

" Le grand orgue de Saint-Germain est devenu presque inutilisable


" et le curé Humbert nous demande d'en effectuer la réparation.
" Devis a été demandé à Félix Van Den Brande3 qui s 'engage à fai-
" re les travaux pour 4.000 F (restauration complète).
" Les 4.000 F sont votés à l'unanimité du Conseil, et seront pris
" sur le budget supplémentaire de 1911 et sur les budgets prirrri-
" tifs de 1911 et 19123 en raison du long délai d'exécution ré-
" clamé par l'entrepreneur ".

Ce crédit ainsi voté ne sera finalement pas utilisé :

" Par lettre du 1er courant3 M. le Curé de St Germain nous a


" fait savoir qu'il s'était
procuré les ressources nécessaires
" à l'exécution de ce travail3 en nous demandant de ne pas donner
" suite au vote du Conseil Municipal. Nous avons donc classé le
" dossier de cette affaire".

Le problème du financement résolu, les travaux furent confiés au


facteur amiénois Van Den Brande, très certainement dans le courant de l'
année 1912. L'instrument fut remis en état et doté d'une transmission
pneumatique ainsi que d'un bourdon de 16 pieds (parlant au manuel et au
pédalier) et d'une voix céleste - ces deux jeux remplaçant prestant et
doublette de Merklin. L'orgue restauré se composait d'un clavier manuel
de 61 notes (UT1 - -UT6)1 un pédalier de 27 notes (UT, - RE3) et sept
jeux réels :

1. Bourdon 16 basses ; bourdon 16 dessus


2. Bourdon 8 basses ; bourdon 8 dessus
3. Montre 8
4. Salicional 8
5. Voix céleste 8
6. Flûte octaviante 4 basses ; flûte octaviante 4 dessus
7. Trompette 8 basses ; trompette 8 desus
(au pédalier) 8. Soubasse 16 (par emprunt du bourdon 16).
Basson 8 (basses) et hautbois 8 (dessus) étaient prévus mais ne
furent pas posés.
Etaient en outre à la disposition de l'organiste quatre registres
de combinaison : - basse solo
- voix céleste
- jeux de fonds
- grand choeur,
ainsi qu'une tirasse, un appel d'anche, un trémolo et une pédale d'ex-
pression à bascule.
Cet instrument, modifié depuis, existe toujours, enfermé dans un
buffet double, sans tuyaux de montre, la façade étant, naguère encore,
"habillée" de rideaux. Dans la partie gauche du buffet prennent place le
réservoir d'air et les 12 premiers tuyaux de bourdon 16. Dans la partie
droite, le reste de .la tuyauterie, contenu dans une boite expressive, est
disposé sur le sommier principal, à registres et à soupapes tirées par
des soufflets disposés sous la laye en deux étages (traction pneumatique).
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- •
La console se trouve à l'avant du buffet, tournée vers le choeur de l'é-
glise.
début des années cinquante, l'orgue se trouvait en mauvais
Au
état (poussière, fuites, tuyaux affaissés ou muets, ...). Deux devis de
réparation furent établis, le premier le 25 juin 1955 et le second le 29
juillet 1959, par la maison BEUCHET-DEBIERRE qui proposa, outre un rele-
vage complet, l'échange de la trompette, jugée trop puissante, par une
autre plus menue, et l'adjonction, sur la chape laissée libre par Van
Den Brande, d'un plein jeu de trois rangs. Ces travaux étaient chiffrés
à 537.000 F en 1955 et à 875.000 F en 1959.

suite ne fut donnée à ces devis et l'orgue devint bientôt


Aucune
pratiquement injouable. Le curé de l'époque, le chanoine SEZILLE, décida
alors - c'était en août 1963 - de lancer une souscription de 6.000 francs
en faveur de son instrument et demanda à la maison ROETHINGER de propo-
ser un devis de réparation, ce qui fut fait le 28 août. E.A. Roethinger
s'engagea à relever l'instrument avant Noël 1963 pour la somme de 13.450
francs. Il proposa également, pour l' "amélioration esthétique" de l'or-
gue, la pose d'un plein jeu de trois rangs, le remplacement de la flûte
4 par un prestant d'occasion et du salicional par une doublette neuve,
tout ceci pour 5.400 francs. D'autre part, les rideaux devaient être
remplacés par un treillage de lattes de bois, à faire installer par un
menuisier local. Le 23 septembre, le curé de Saint-Germain donna son ac-
cord pour ces travaux, qui se montèrent finalement à la somme de 18.972,90
francs.
Après Roethinger, l'orgue est ainsi composé
cette restauration de
(on notera quelques discordances avec le devis) :
De gauche à droite à la console, les registres étant disposés au-
dessus du clavier :

1. Soubasse 16 (parle au pédalier)


2. Bourdon 16 basses
3. Bourdon 16 dessus
4. Bourdon 8 basses
5. Bourdon 8 dessus
6. Montre
7. Salicional
8. Jeux de fonds (bourdon 8, montre, salicional et flûte 4)
9. Grand Choeur (tous les jeux)
10. Doublette 2
11. Flûte 4 basses
12. Flûte 4 dessus
13. Plein jeu 4 rangs
14. Trompette basses
15. Trompette dessus
Tirasse ; ; pédale d'expression (à bascule).
appel d'anche ; trémolo
Traction pneumatique ; clavier de 61 notes (coupure à MI~/FA3 pour les
demi-jeux) et pédalier de 27 notes.

Cet instrument sonne fort


bien dans une église qui possède une ex-
cellente accoustique.Certains de ses jeux ne manquent pas d'intérêt, nous
citerons volontiers Bourdon 8, montre et doublette. Mais l'ensemble est
actuellement en mauvais état et nécessite un relevage complet, que nous
souhaitons vivement, accompagné d'une réfection totale - ou du remplace-
ment de la traction pneumatique, source de beaucoup de maux
...
IV) L ORGUE DE NOTRE DAME DE BONSECOURS

Cette chapelle du XVIIème siècle possède, sur sa petite tribune,


un orgue à tuyaux, transféré là en 1972 depuis la toute proche église
Saint-Germain, dont il
était naguère l'orgue de choeur.
L'instrument, construit entre 1880 et 1900 (1) est dû aux facteurs
belges VAN BEVER, ainsi que l'indique la plaque apposée au-dessus du cla-
vier ' " Médaille d'or à Anvers
A Van Bever Frères
Amiens et Bruxelles".
Il renferme cinq jeux dans un meuble ajouré, sans montre, de la
taille d'un gros harmonium.
En voici la composition (à la console, de gauche à droite) :

1. Montre 8 - basses (2)


2. Montre 8 - dessus
3. Bourdon 8 - basses
4. Bourdon 8 - dessus
5. (Plaque enlevée) Principal 4
6. Flûte 4 - basses
7. (Plaque enlevée) Flûte 4 - dessus
8. Voix céleste 8 - basses (à partir d'UT2)
9. Violina 8 - dessus
A l'exception principal de 4 pieds, tous les jeux sont coupés en
du
basses et dessus (coupures à l'UT3). Ils prennent place sur deux demi-som-

(1) Il
est mentionné à Saint-Germain en 1901 et 1904 ; lors d'un inventaire le 29 janvier 1906, il
est es-
timé 1.800 francs.
(2) Le jeu de montre 8 n'est réel (tuyaux en métal ouverts) qu'a partir de Mi2 ; chacune des seize premie-
1

) soit (auquel est ajouté tuyau de 4 pieds)


res basses (UT1 à RE^ n'est qu'un emprunt du bourdon un
soit du principal de 4 pieds.
miers diatoniques, les tuyaux les plus graves étant postés sur les côtés.
Le clavier unique, d'une étendue de 56 notes (UT^ à SOL,), est
transpositeur. Depuis les touches, la mécanique descend, par pilotes
et grand abrégé, jusqu'aux sommiers placés pratiquement au niveau du sol,
laye à 1'arriére.
Les tirants de registres, circulaires et à plaques de porcelaine
pour l'indication des jeux, sont disposés horizontalement au-dessus du
clavier.
L'alimentation de l'orgue est assurée par deux soufflets cunéifor-
mes, situés à l'arrière du meuble, entre le banc de l'organiste et le buf-
fet, et actionnés soit par l'organiste lui-même, soit par un souffleur,
grâce à un levier.
Cepetit instrument n'est pas utilisé à l'heure actuelle dans la
chapelle Notre-Dame-de-Bon Secours ; il est, de plus, couvert de poussiè-
re et en mauvais état mécanique. Mais sa tuyauterie - de bonne facture -
est encore intacte.
Une remise en état qui conserverait scrupuleusement le matériel en
place est donc souhaitable ; elle pourrait être complétée par la pose
d'un ventilateur électrique qui permettrait une utilisation aisée de 1'
instrument. Ces travaux ne se justifieraient toutefois que par le trans-
fert de l'orgue dans une église paroissiale - ou, éventuellement, dans une
salle de concert - dans laquelle, restauré, il pourrait être utilisé com-
me instrument d'accompagnement, au concert comme au culte.

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NOYON LES ORGUES
DE LA CATHEDRALE

L. BERTRAND (-)

A - LES GRANDES ORGUES

La cathédrale de en 1688 un orgue installé


NOYON possédait déjà
sur un Jubé au bas de la nef, au dessus de la porte du grand portail.
Il
avait coûté la somme de 825 livres.
Il
se composait de 23 jeux, répartis sur deux claviers manuels et
un clavier de pédales, de la façon suivante :

1er clavier
1
- Montre de 4 pieds
2 - Deux Bourdons de 4 pieds bouchés sonnant le 8 pieds
3 - Flûte de 4 pieds
4
- Nazard, donnant la quinte du 4 p (donc 2 p 2/3)
5
- Doublette 2 pieds
6 - Tierce 1 3/5
7
- Larigot 1 1/3
8 - Basse de Flageolet, dont la hauteur n'est pas précisée
9
- Cornet (sans autre indication)
10 - Fourniture
11 - Cymbale
12 - Trompette Pieds à deux registres (Basses et dessus)
8
13 - Clairon Pieds à deux registres (Basses et dessus)
4
14 - Voix Humaine 8 Pieds à deux registres (Basses et dessus)

2ème clavier, baptisé ECHO

15
- Bourdon 8 pieds
16 - Prestant 4
17 - Nazard
18 - Doublette
19 - Tierce
2u - Fourniture
21 - Cromorne

Clavier de Pédales

22 - Flûte de Pédale (Probablement de 8 p.)


23 - Trompette de pédale

dressé par la Chanoine trésorier,


Dans un "MEMOIRE" de RECETTES
nous trouvons la vente aux R.P. Bénédictins de NOYON, vers Tan 1700 du
Il VIEIL ORGUE " moyennant la
somme de 1.000 livres.

(*) Organiste titulaire de l'orgue de choeur de la cathédrale de Noyon, ancien employé dans la facture
d'orgue.
Etait-ce l'orgue décrit ci-dessus ? il ne semble pas car dans un
"Mémoire" de Philippe PICARD, facteur d'orgues, demeurant à NOYON, il est
question de la restauration d'un orgue primitivement installé en tribune,
avec agrandissements et améliorations.
Ace dit "Mémoire" figurent également d'autres ressources et même
la vente de Cloches.
C'est donc vraisemblablement entre les années 1697 et 1702 que fut
édifié le Nouvel Orgue, car au chapitre des "DEPENSES" nous trouvons qu'il
avait été réglé :
1) Une somme de 825 livres au sieur DOLLE, charpentier pour la charpente-
rie du Jubé du dit nouvel orgue.
2) Aux sieurs PICARD, facteurs d'orgues, demeurant à NOYON la somme de
5.300 livresvaloir sur celle de 6.000 prévue pour le nouvel orgue,
à
suivant marché du 7 Septembre 1701, plus 400 livres, plus une gratifi-
cation de 200 livres à la date du 1er Janvier 1702.
3) Une somme de 2.258 livres payée aux menuisiers Jean PETIT et Jean
ENARME pour la menuiserie du BUFFET (réglée le 22 Août 1702).
4) Au sieur BAUDRIMONT la somme de 1.000 livres pour la soufflerie, qui
après plusieurs transactions et changement d'emplacement, fût instal-
lée dans un petit bâtiment construit en bois sur la terrasse hors de
la Nef au pied de la grande Fenêtre (ce travail fût exécuté en Novem-
bre 1699).
le mémoire de PICARD il est question de SIX soufflets ou HUIT
Dans
si on les éloigne en les mettant sur les voûtes des collatéraux de l'é-
glise, les dimensions des dits soufflets étant de 6 pieds de long et 3
pieds de large.
Mais finalement les soufflets ont été installés comme il est dit
ci-dessus.
On pouvait passer de l'Orgue à la soufflerie par une porte qui a
été refaite au même emplacement lors de la reconstruction de la grande
fenêtre, dont l'architecture a été modifiée puisqu'elle est maintenant à
3 meneaux.

En fait, Philippe PICARD parait avoir produit 3 Mémoires, disons


plutôt 3 devis descriptifs où il était question :

a) Dans un premier devis de :


1) Faire à neuf des grands sommiers pour un orgue de 16 P.
2) Faire à neuf un Bourdon de 16 P.
3) Faire à neuf un CORNET séparé, qui est ordinairement accompagné d'une
Trompette de Récit
4) Faire à neuf QUATRE grands soufflets de 6 pieds de long et de 3 p. de
large.
5) Faire à neuf un grand Buffet avec une MONTRE de 16 p. en mettant en de-
dans les quatre premiers gros tuyaux, pour ménager la vue de la Grande
Fenêtre.
La montre de 16 p. accompagnée de celle de 8 pieds, les deux en étain
fin, poli et bruni.
6) Il est en outre mentionné "On placera sur les sommiers du Grand Buffet
tous les jeux, étain, plomb, fer blanc ou en bois provenant du "VIEIL
ORGUE".
7) Remettre au ton Naturel et ordinaire des Orgues tous les jeux en "ajou-
tant les plus gros tuyaux à la première touche de chaque jeu et en re-
poussant les autres
8) Replacer dans le Grand Buffet le jeu d'ECHO.
Faire deux sommiers neufs en deux corps pour la PEDALE qui doivent
également contenir les jeux de CLAIRON et de PRESTANT.
9) Refaire à neuf la mécanique complète des sommiers de Grand Orgue.
10) Refaire un clavier de Pédale de 30 touches en remplacement de l'ancien
clavier de 17 touches.
11) Refaire également les CLAVIERS, porté au nombre de QUATRE, de 48 tou-
ches chacun plaqués en ébène et ivoire.
Le 1er pour le POSITIF de
Le 2ème pour le Grand Orgue
Le 3ème pour le Cornet séparé
Le 4ème pour le Jeu d'Echo

b) Dans un deuxième "Mémoire" il est question de la construction


d'un SOMMIER de POSITIF neuf de 12 registres (voir ci-après composition).
c) Dans un troisième mémoire, avec description minutieuse des tra-
vaux (sur laquelle nous ne nous étendrons pas), nous trouvons la COMPOSI-
TION complète et définitive de cet instrument et qui est la suivante :

Premier clavier POSITIF (de dos) de 12 jeux, comprenant :


.
Montre de 4 p. donnant le 8 pieds
.
Bourdon 4 p. bouché donnant le 8 p. la première octave en chêne.
.
.
Prestant 4
p.
Flûte de 2 p. bouchée, sonnant le 4 p. et à cheminées
.
Nazard 2 2/3 bouché
.
Doublette 2 p. coupée en ton, les corps en étain, les pieds en plomb
.
(forgé ...)
.
Tierce 1 3/5 idem
.
Larigot 1 1/3 idem
.
Fourniture de 3 rangs également corps étain, pieds plomb
Cymbale 3 rangs Il " Il "
.
Cromorne 8 p.
.
Voix humaine 8 p.
.
Il y avait 2 tremblants, un à vent doux, l'autre à vent perdu.
Deuxième clavier .
GRAND ORGUE, 19 jeux
MONTRE 16 pieds. Il était prévu les quatre gros tuyaux au dedans
de 16 p. effectifs.
.
du buffet,
.
MONTRE 8 pieds. Toute la Montre contiendra 71 tuyaux pour garnir
les 25 pieds de façade du Buffet.
.
BOURDON 16 pieds. 24 tuyaux en Chêne
.
BOURDON 8 pieds. 12 tuyaux en Chêne
PRESTANT 4
.
.
FLUTE 4 ouverte (postérieurement fermée et à cheminées).
GROSSE TIERCE 6 3/5 Bouchée, à cheminées, ouverte s/3 Octaves
.
NAZARD 2 2/3 Ouvert
.
DOUBLETTE 2
.
.
PETITE FLUTE 2 Traitée en Quarte de Nazard
PETITE TIERCE 1 3/5
.
FLAGEOLET 1 p.
.
.
CORNET 5 rgs, surrelevé, commençant au 3ème DO

.
FOURNITURE 4 rgs le plus gros tuyaux faisant la QUINTE de la
doublette
GROSSE FOURNITURE 2 rgs à l'unisson de la Doublette
.
CYMBALE 3 rgs
.
TROMPETTE 8 p.
.
CLAIRON 4 p.
.
VOIX HUMAINE 8 p.
.
Tous ces jeux sur Sommiers neufs.
Troisième clavier .
CORNET SEPARE

CORNET 5 rgscommençant au 3ème DO


.
TROMPETTE 8 de Récit
.
également sur sommier neuf
Quatrième clavier .
ECHO

.
BOURDON 8p. de 3 Octaves
PRESTANT 4
.
NAZARD 2 2/3
.
DOUBLETTE 2
.
TIERCE 1 3/5
.
CROMORNE 8 p.
.
également sur sommier neuf
Clavier de PEDALES - 30 touches
FLUTE 8 p. 30 notes, avec ravalement à partir du FA de
.
12 p.
PRESTANT 4
.
TROMPETTE 8
.
CLAIRON 4
.
sur deux sommiers en deux corps de 15 notes.
Comme dans toutes les orgues anciennes on remarque l'absence de
16 pieds à la Pédale.
engagement de Philippe PICARD et de son fils Antoine à la
Suit un
bonne exécution des travaux décrits, lequel est daté du 13 Mars 1698 (ce
qui équivaut à Garantie).

Nous trouvons sur un autre feuillet Philippe


mentionné mala-
PICARD
de à la date
du 16 Mars 1700. Quant à la date de son décès elle se situe
entre Mars 1700 et Janvier 1702, car nous trouvons alors en date du 5 Jan-
vier 1702 une reconnaissance, concernant les sommes déjà encaissées signée
de :
Geneviève TARTA, veuve de Philippe PICARD
Antoine PICARD, et également de
Joseph PICARD, dont il n'avait pas encore été fait mention dans
aucun mémoire, lequel Joseph deviendra Organiste de la Cathédrale.
réception de cet orgue eut lieu le 4 Janvier 1702 sur le témoi-
La
gnage écrit du sieur Jean VUISBECQ, facteur d'Orgues, demeurant à REIMS,
et ce après sa visite du 30 Décembre 1702.
faite le 29 Avril 1750, par le sieur Nicolas Joseph
Sur expertise
MANCEAU, organiste de l'Eglise Royale de ST QUENTIN, une restauration fut
entreprise par le Frère VEJUX, Moine conventuel de St François et facteur
d'orgues, sous la surveillance du sieur FERRAND, facteur d'orgues à PARIS.
B - PETIT ORGUE

trouvons également dans les archives en date du 8 Avril 1704


Nous
le "mémoire" de la construction d'un petit Orgue (le nom du facteur n'est
pas précisé) et dont la composition était la suivante :
Premier clavier de 4 Octaves

.
BOURDON 8 pieds Grosse taille
GROSSE FLUTE 4
.

Deuxième clavier de 4 Octaves

DOUBLETTE 2 pieds
.
NAZARD 2 2/3
.
TIERCE 1 3/5 dessus seul de 4 Octaves
.
CROMORNE 8 il
.

Le Buffet, en chêne, comportait déjà un système d'expression.


Les dimensions étaient les suivantes :
3 pieds 1/2 de largeur
2 pieds 1/2 de profondeur et
2 pieds 8 pouces de hauteur, y compris l'épaisseur des bois.
soufflets se trouvaient sur le dessus du Buffet de toute la lar-
Les
geur de façon que la corniche et le dessus du buffet, séparé en deux, fis-
sent le dessus des soufflets.
Le tout "rendu à la voiture à PARIS" 7 mois après commande moyennant
la somme de 600 livres.
Il s'agissait donc plutôt d'un orgue dit Portatif ou Positif.

En ce qui concerne le GRAND ORGUE je retrouve une description où


il est question d'un
"Magnifique Buffet de style classique et traditionnel qui à cette époque
se composait de deux corps, le Grand Corps comportait 5 Tourelles et 4
Plate -faces, les deux grandes aux extrémités prévues pour recevoir la
Montre de 16 pieds, deux moyennes et une petite au centre.
Le petit Buffet, au niveau de la tribune se composait de 3 tourelles et
deux plate-faces.
L'ensemble reposait sur une tribune accrochée en arrière au mur du
fond de la Nef et en avant aux deux énormes piliers de l'entrée de la Nef,
supportant les tours.
On la tribune par l'escalier de la tour Sud, on passait
accédait à
par la galerie, où se trouvait une porte donnant accès à un petit escalier
tournant qui descendait sur la tribune
Il est évident que cet orgue dut subir plusieurs interventions de
facteurs d'orgues au cours des siècles.
dernière a trait à une restauration, comportant d'importantes mo-
La
difications techniques et harmoniques décrites dans un DEVIS fourni par le
facteur belge ANNESENS daté du 12 Janvier 1900.
Ce facteur a :
Refait entièrement la soufflerie
.
Remplacé les anciens sommiers à registres du 17ème par des sommiers neufs
.
à système tubulaire pneumatique.
.
Refait 3 claviers manuels de 56 notes chacun, plaqués Ivoire
et 1 pédalier cintré et concave de 30 notes.
tout placé dans une console séparée, placée de telle façon
Le que
l'organiste se tournant à gauche, ait vue directement sur l'autel.
Les travaux d'ANNESENS comportaient aussi :

boîte Expressive
d) Une munie de jalousies, en bois de sapin ren-
fermera les jeux du Récit.
e) Toute la partie mécanique des claviers, registres, accouple-
ments remplacée par des tubes de plomb dur épais et sans soudure.
f) Il était stipulé que TOUS les ANCIENS JEUX seraient revus et ré-
parés, ceux qui auraient des défauts irrémédiables seraient remplacés par
des tuyaux neufs, etc
...
g) L'Orgue était garanti 20 ans !!
il faut croire que cette garantie n'ait pas porté ses fruits
longtemps, car dans un extrait de séance du 4 Septembre 1905,
il est dit que "le Trésorier s'entendra avec MM. REYGART Frè-
res, facteurs d'orgues à AUXERRE, pour réparations à faire aux
Grands Orgues).

L'article devis donnait la nouvelle composition qui


15 du était la
suivante, avec les changements que subiront les jeux.
Premier clavier - GRAND ORGUE
- 56 notes

.
MONTRE 16 pieds ouvert jusqu'en bas
.
BOURDON 16 pieds
.
MONTRE 8 pieds
.
VIOLON 8 pieds jeu neuf
.
FLUTE HARMON. 8 le dessus sera neuf et octaviant
BOURDON 8
.
PRESTANT 4
.
NAZARD 2 2/3
.
DOUBLETTE 2
.
GRAND CORNET aura sa première rangée en tuyaux bouchés pour
.
rendre le jeu moins clair ?
.
CLARINETTE 8 jeu neuf
BOMBARDE 16 à remanier complètement
.
TROMPETTE 8
.
CLAIRON 4
.

Deuxième clavier - POSITIF - 56 notes

.
MONTRE 8 laisser le jeu tel qu'il est mais le renforcer
BOURDON 8
.
.
DULCIANA 8 à renforcer pour la mettre en identité avec le
Salicional ?
PRESTANT 4
.
DOUBLETTE 2
.
.
TROMPETTE 8 Remanier anches et languettes
CROMORNE 8 If
.
CLAIRON. 4
.
Troisième clavier - RECIT EXPRESSIF

QUINTATON 16 pieds jeu neuf


.
FLUTE D'ORCHES. 8 les 12 premiers et tout le dessus seront neufs
pour savoir donner à ce jeu son vrai timbre
.

COR DE NUIT
8
.
VIOLE DE GAMBE 8 Jeu neuf
.
VOIX CELESTE 8
.
FLUTE OCTAVIANTE 4
.
OCTAVIN HARMON. 2
.
CARILLON 2 rgs
.
.
PLEIN JEU 2-3-4-5 rangs transformé
place réservée pour un Basson de 16 p. accoustique
TROMPETTE HAR. 8 pieds Jeu neuf
.
BASSON HAUTBOIS 8 " complètement
.
VOIX HUMAINE 8
.

Clavier de PEDALES - 30 notes - ut à Fa

16 pieds
GROSSE FLUTE OUVERTE jeu neuf
.
VIOLONCELLE-CONTREBASSE 16 pieds
.
SOUS BASSE 16 pieds par transmission
.
GROSSE FLUTE 8
.
BOMBARDE 32 jeu neuf
.
BOMBARDE 16
.
TROMPETTE 8
.

suit la description des Pédales d'accouplements et combinaisons classiques


y compris EFFET D'ORAGE
une série de 42 boutons ordinaires
une série de 42 boutons de combinaisons
17 touches de combinaisons.

La restauration et différents aménagements avaient à cette époque


coûté la somme de 20.000,00 Francs OR.

Comme on le voit certainement très loin de la


nous nous trouvons
composition des PICARD. Adieu les belles mutations, les Larigpts, Piccolo,
Tierces, Fournitures et Cymbales qui donnent tant de brillant et à l'orgue
son véritable caractère, mais un fatras de jeux voulant "singer" les ins-
truments de l'orchestre ...
Enfin nous n'en sommes pas à faire le procès de cet instrument puis-
que le terrible incendie qui a ravagé la partie Ouest de la Cathédrale pen-
dans la guerre de 1914 - 18 l'a réduit en cendres et qu'il n'a jamais été
reconstruit.
pleine deuxième guerre mondiale la VILLE DE NOYON, pro-
En 1941 en
priétaire légale de la Cathédrale et de son mobilier, (donc des dommages
de guerre) avait acquis tous les éléments d'un Grand Orgue de 58 jeux pro-
venant d'une salle de concerts parisienne, en vue de la restitution de
notre Grand Orgue. Cet instrument était sorti des ateliers Cavaillé-Coll
Convers. (1)

Malheureusement tous les travaux de maçonnerie, ayant été stoppés


au début de la guerre 1939-45, la tribune n'a pas été reconstruite et les
matériaux de l'orgue stockés sont restés pendant de nombreuses années dans
une chapelle latérale.

(1) Successeur de la maison Cavaillé-Coll-Mutin.


Enfin un jour un grand pas fut fait ... Une équipe de cantonniers
s'empara de tout ce matériel et le hissa dans la Galerie Sud pour un nou-
veau repos ... prolongé.

En 1950 il avait été sérieusement envisagé de rendre à notre Cathé-


drale la grande voix de ses Orgues.
Un projet de Tribune et de buffet de style Moderne avait été élabo-
ré par Monsieur J.P. PAQUET, alors Architecte en Chef des Monuments histo-
riques, une étude sérieuse avait été faite par le facteur Nantais J. BEU-
CHET-DEBIERRE, un devis avait été déposé, voilà bientôt 30 ans, mais au-
cune suite ne fut donnée à ce projet.

La cause en est aussi qu'à cette époque la Cathédrale n'était pas


rendue au culte en totalité et qu'une grande cloison isolait encore la
Nef du Narthex.
Lorsqu'au moment des cérémonies pour le retour des Reliques des
Saints Noyonnais en 1952,les services des Monuments historiques eurent
enfin fait abattre cette cloison, un spectacle s'offrit alors à beaucoup
de vieux Noyonnais, qui n'avaient jamais joui de la beauté de ce Narthex,
celui-ci étant antérieurement encombré par les tribunes des Orgues.
Lesavis furent donc très partagés entre les membres de la Muni-
cipalité et du clergé quant à l'installation d'un nouvel orgue à cet em-
placement, et tout fut remis en question. Des études furent même faites
quant à l'installation des éléments de l'Orgue dans les chapelles du Choeur,
de façon que l'orgue soit entendu mais pas vu et puis l'on changea de
...
municipalité laquelle eut d'autres projets notamment en locaux sportifs
et "sommiers, console, tuyaux continuèrent de dormir sur les galeries et
dans la salle dite du trésor".

Vint ensuite le Concile Vatican II et les nouvelles directives au


point de vue liturgique.
Messe face au peuple et mai tri ses rapprochées des fidèles pour en-
trai ner au chant collectif, ont fait remettre l'affaire en question.
raison de l'emplacement de l'orgue du Choeur dans l'avant der-
En
nière travée de celui-ci, l'organiste se trouvait complètement isolé du
Célébrant et des Maitrisiens et ne pouvait suivre l'office que le truche-
ment d'un haut parleur. Cela devient encore plus catastrophique étant
donné que l'organiste est aussi obligé pour les mariages ou enterrements
de participer aux chants.

Un nouveau projet fût mis à l'étude :

bien démonter le petit orgue et l'installer


Ou à proximité de la
chapelle du Sacré-Coeur (première du Bas-côté Sud),
bien monter les différents éléments de ce qui aurait pu être le
ou
Grand Orgue dans les premières travées des Galeries de la Nef (Nord et
Sud).

Mais une fois encore ce l'eau :


projet tomba à
D'abord les dommages de Guerre afférents à 1914-18 se trouvaient
frappés de forclusion et ensuite la municipalité n'était pas intéressée
par la restauration des orgues de la Cathédrale.

Les en général ayant lieu à la Salle Capitulaire, qui se


offices
prête mieux à l'ordonnancement des cérémonies communautaires. La Cathédra-
le ne servant que lors des Grandes Fêtes, ou certains mariages ou enterre-
ments et étant donné les conditions financières actuelles, faudrait il
considérer comme une folie la reconstruction d'un Grand Orgue au fond de
de la Cathédrale.
D'abord son prix catastrophique,
son service réduit ...
Peut-être l'absence de titulaire ?

Nous en venons donc à parler de l'orgue du Choeur.

C - L'ORGUE DE CHOEUR

Avant la guerre de 1914-18 la cathédrale possédait également un or-


gue installé dans le choeur.
Cet orgue fut partiellement détruit lors de la chute des voûtes du
choeur lors des nombreux bombardements que subit la ville de NOYON.

Il fut reconstruitneuf, avec agrandissement du buffet, par le


à
facteur anglais John ABBEY, alors installé à Montrouge, qui appliqua le
système électro-pneumatique (qu'il était allé étudier aux Amériques prin-
cipalement au Canada où il profita des dernières techniques de la firme
,
CASAVAN. )

Cet orgue fut


et inauguré le 29 Décembre 1929 à la satisfac-
béni
tion générale (d'après le Bulletin paroissial paru en Février 1930) par
Monsieur MULET, organiste titulaire du Grand Orgue de l'église St Philippe
du Roule à Paris.
Il se compose de 16 jeux réels et
jeux par emprunts disposés sur :
2
2 claviers manuels de 61 touches (les sommiers comportant 68 notes,
les octaves algues sont donc réelles jusqu'au Sol n° 6)
et 1 clavier de Pédales concaves de 32 notes.

La composition actuelle est donc la suivante :

Clavier de Grand Orgue

BOURDON 16 pieds
.
MONTRE 8
.
FLUTE HARMON. 8
.
SALICIONAL 8
.
PRESTANT 4
.
NAZARD 2 2/3
.

Clavier de RECIT EXPRESSIF

FLUTE TRAVERS. 8 pieds


.
CORD DE NUIT 8
.
VIOLE DE GAMBE 8
.
VOIX CELESTE 8
.
FLUTE OCTAVIANTE 4 pieds
.
.
PLEIN JEU 4 rgs (2 - 1 1/3 - 1
- 2/3) avec deux reprises
.
BASSON 16 pieds
TROMPETTE 8
.
BASSON HAUTBOIS 8
.

Clavier de PEDALES

.
SOUBASSE 16 pieds Réelle
.
BASSE 8 par extention
.
BOURDON 16 par emprunt du G.O.
Tirasses,
Accouplements en 16 - 8 - 4 au G.O. et au RECIT et entre-eux
Appel des Anches
Appel du Trémolo.

Il est
en outre doté de :
4 combinaisons fixes P. - M.F. - F. - Tutti - Annulat
4 combinaisons enregistrables,
commandées soit par :
4 pistons au-dessus du pédalier
soit par 4 boutons poussoirs disposés sous chaque clavier.
Les combinaisons enregistrables établies suivant le système Casavant
ont action sur les Registres disposés en tableaux de chaque côté des cla-
viers
à gauche : la pédale 3 registres
le G.O. 6 registres
à droite : le Récit 9 registres
Les accouplements, appel anches et Trémolo étant commandés par des Dominos
à mouvement de coeur, disposés au-dessus du deuxième clavier.

Le meuble de console est fermé par un rideau coulissant.

L'harmonisation fut faite par M. Fernand PRINCE, qui était considé-


ré parmi les facteurs d'orgues, comme "le Prince des harmonistes".
Le bulletin paroissial déjà cité, ne tarit pas d'éloges sur la per-
fection de cet orgue.
Malheureusement cet instrument n'a pas été suivi régulièrement par
un facteur d'orgues.
Une restauration a été faite en 1952 par le facteur Nantais J. BEU-
CHET-DEBIERRE qui a procédé à une révision du système électrique et au
nettoyage de la tuyauterie, l'harmonie primitive fût respectée.
Malgré un entretien courant depuis cette date l'orgue aurait besoin
d'une sérieuse réfection.

REVISION - TRANSFERT - AMELIORATIONS -


REVISION :

Il faudrait procéder à :
Une révision complète du système électrique, en particulier les
.
combinaisons ajustables dont on ne peut plus se servir.
Rendre plus accessibles certaines parties, tels les contacts des
.
claviers à rouleaux difficilement réglables.
Remplacer toute la peausserie des membranes individuelles à chaque
.
note, revoir ou remplacer les ressorts des dites membranes.
Revoir également les commandes de notes au besoin en simplifier
.
le système, de même pour les commandes de jeux, car si les tuyaux sont
faux ou muets, c'est plus par les défauts des commandes de notes qui fonc-
tionnent mal, que du fait des tuyaux.
TRANSFERT ;

L'orgue au moment de sa restauration ayant été agrandi il se trouve


être enfermé dans un buffet plus encombrant qui détruit la perspective du
déambulatoire Nord, et Monsieur J.P. PAQUET avait déjà souhaité le voir
disparaitre de cet emplacement, ce qui n'a pas pu être fait.
Aussi toutes ces raisons :
Eloignement du célébrant,
manque de cohésion avec la chorale, etc ...
nous ont amené à envisager le programme suivant :

1) Le transfert de l'Orgue dans une chapelle du Bas-côté Nord (en


fait celle de Ste Godeberthe, qui retrouverait place dans la chapelle con-
tigue à celle de St Médard).
adaptant les divers éléments de l'Orgue, après restauration des
En
sommiers et de la tuyauterie.

2) Adjonction d'un clavier


et modification de la compo-
de POSITIF
sition. Pour ce faire, il serait fait utilisation de la console à 3 cla-
viers en stock dans la galerie.
On utiliserait alors, après révisions certains éléments de ce qui
aurait dû être le Grand Orgue soit : deux sommiers modifiés.
3) Console
Celle-ci pourrait être installée à proximité de l'autel, auprès du
pilier du choeur au p. droit de la grille, ce qui mettrait l'organiste en
contact plus étroit avec le célébrant et le Maitre de Chapelle et pour-
rait permettre dans certains cas des exécutions avec Orgue et Orchestre
lors de concerts organisés à la Cathédrale.

COMPOSITION SOUHAITABLE DE CE NOUVEL ORGUE :

Clavier de Grand Orgue


1er Sommier (celui en service actuellement comportant) :

.
BOURDON 16 pieds
.
MONTRE 8 18 tuyaux en façade
.
SALICIONAL 8 10 tuyaux en façade
FLUTE HARMON. 8
.
.
PRESTANT 4 6 tuyaux en façade
.
DOUBLETTE 2 en remplacement du Nazard
2ème Sommier (emploi partiel après transformation du sommier G.O.)

.
BOURDON 8 pieds jeu en stock
FLUTE OUVERTE 4
.
FLAUTINO 2
.
.
SESQUIALTERA 2 2/3
1 3/5
.
FOURNITURE 3.4.5 rgs à recomposer
.
TROMPETTE 8 jeu en stock
CLAIRON 4 Il
.
Clavier de POSITIF (emploi partiel du sommier pos. en stock).
.
PRINCIPAL pieds jeu en stock
8
.
BOURDON en cheminée 8 pieds "
FLUTE DOUCE 4
.
.
NAZARD 2 2/3 actuellement au G.O. choeur
.
FLAGEOLET 2 jeu existant
.
TIERCE 1 3/5 jeu existant
LARIGOT 1 1/3 à recomposer
.
CYMBALE 4 rgs jeu neuf
.
CROMORNE 8 p.
.
VOIX HUMAINE 8
.

Clavier de RECIT EXPRESSIF (remploi des jeux actuels)


FLUTE TRAVER. 8 pieds
.
CORD DE NUIT 8
.
VIOLE DE GAMBE 8
.
FLUTE OCTAVIANTE 4
.
VOIX CELESTE 8
.
.
PLEIN JEU
BASSON
4
16
rgs (2
pieds
-1 1/3 - 2/3 deux reprises)
.
TROMPETTE 8
.
BASSON HAUTBOIS 8
.
Les sommiers actuels sont dotés de 68 notes, l'Octave aîgue est
donc réelle jusqu'au SOL n° 6.

Clavier de PEDALES - 32 notes ut à sol


SOUBASSE 16 pieds réelle
.
.
BASSE 8 par extention
BOURDON 16 emprunt du P 16 du G.O.
.
FLUTE 8 emprunt de 12 notes à la Flûte du G.O.
.
.
FLUTE 4 par extention
FLUTE 2
.
BOMBARDE 16 Menue taille
.
.
TROMPETTE 8 par extention
CLAIRON 4 il
.
soit un total de 13 jeux au G.O.
10 POS
9 RECIT
9 PEDALE

41 Jeux

Les Tirasses ordinaires + Récit/Pédale en 4

Copula en 16 - 8 - 4 à tous les claviers


Appel Anches Grand Orgue - Récit - Pédale

EXPRESSION par pédale à bascule et transmission électrique


CRESCENDO GENERAL

5 COMBINAISONS LIBRES avec action sur les Registres


5 COMBINAISONS FIXES (p. méf. F. FF. Tutti) Annul.
projet aurait le grand avantage d'utiliser un matériel existant
Ce
(après complète révision), ce qui serait moins onéreux qu'un matériel neuf,
d'autant plus que certains éléments (charpente, supplément de Boîte Expres-
sive, Transformation de la façade du Buffet) pourraient être exécutés par
les ateliers de la ville de NOYON.
Mais pour réaliser
projet il faudra nécessairement des capitaux
ce ?
La Paroisse et la Ville pourront y participer mais il faudra faire appel
à la générosité des Paroissiens, des Noyonnais
... et autres amis des Or-
gues .
L'ORGUE DE L'ABBAYE D'OURSCAMP

J BOUTEllLER*

A l'inverse la plupart des orgues qui constituent le patrimoine


de
français et dont les restaurations et les transformations successives
alimentent les polémiques de bon nombre d'experts, l'orgue de l'Abbaye d'
Ourscamp n'a pas d'histoire puisqu'il a été construit au lendemain de la
deuxième guerre mondiale. Commandé, dès la fin de la guerre par le Comte
Biver qui avait déjà doté la Chapelle de l'Abbaye d'un autel monumental
et d'une fort belle série de stalles, il a été achevé et installé en
1947 dans la "Salle des Morts" (l'ancienne infirmerie de l'Abbaye) trans-
formée en chapelle après la destruction de l'église abbatiale.
Sa conception, résolument romantique, a longtemps laissé imaginer
que l'instrument aurait pu être un orgue de salon construit par Cavaillé-
Coll. Certains en situent même la provenance dans l'Est de la France. Les
Archives de l'Abbaye, appuyées par une confirmation très formelle du Père
Supérieur de la Communauté installée depuis 35 ans dans l'actuelle abba-
ye, montrent cependant que l'instrument a bien été construit, pour l'ab-
baye d'Ourscamp, par le facteur alsacien Roethinger.

Le souci initial
du créateur placer l'organiste
de l'instrument de
au milieu des stalles pour l'insérer dans la communauté des moines et le
faire participer plus directement à l'expression musicale de l'office a
conduit à une disposition inhabituelle de la console, séparée du buffet
par une trentaine de mètres. Outre qu'elle impose, bien évidemment la
transmission électrique, cette disposition entraîne un décalage entre le
jeu de l'organiste et sa perception de la note jouée qui crée, pour lui,
une difficulté supplémentaire bien inutile. On peut d'autant plus regret-
ter cette installation isolée de la console que l'esprit de réforme li-
turgique qui a cru devoir bannir la musique et le Plain Chant des Offices
religieux, a, en même temps, chassé les moines de leurs stalles, les éloi-
gnant du même coup de l'organiste, isolé, en fin de compte, tant de la
communauté monastique que de son instrument. Cette disposition, enfin,
ne va pas sans poser de problèmes techniques du fait de la multiplicité
des câbles électriques qui relient la console au buffet et dont la lon-
gueur augmente évidemment la vulnérabilité. Un entretien régulier de l'en-
semble de l'installation électrique a permis, jusqu'à une époque récente,
un fonctionnement satisfaisant de l'instrument. La fragilité d'un câblage
qui a maintenant plus de trente ans rend cependant nécessaire une révi-
sion complète de l'ensemble de la transmission électrique. Cette révision
sera vraisemblablement réalisée au début de l'année 1981.
A l'exception
du remplacement d'une Trompette au clavier de grand
orgue par un Bourdon de 8 pieds, il y a une vingtaine d'années, la compo-
sition des jeux est celle d'origine. L'orgue comporte 28 jeux répartis
sur trois claviers manuels de 61 notes et un clavier de pédale de 32 no-
tes. Cette composition est la suivante :

Grand Orgue : Bourdon 16 Prestant 4


Bourdon 8 Doublette 2
Montre 8 Cornet V rangs
Flûte Harmonique 8 Fourniture V rangs

(*) Organiste titulaire de l'instrument.


Positif : Cor de nuit 8 Nazard 2 2/3
Flûte douce 4 Tierce 1 3/5
Flageolet 2 Cromorne 8

Récit : Diapason 8 Mixture IV rangs


Flûte creuse 8 Basson de 16
Gambe 8 Trompette 8
Voix céleste 8 Clairon 4
Flûte octaviante 4 Tremblant
Octavin 2

Pédale : Soubasse 16 Basse 8


Flûte 16 Basse 4
Récit et le Positif sont expressifs. Les accompagnements des
Le
claviers manuels sont possibles en 16 pieds et 4 pieds (c'est-à-dire à 1'
octave inférieureet à l'octave supérieureen dehors de l'accouplement di-
rect). Aux trois tirasses normales, s'ajoute une tirasse en 4 pieds du
Récit. Enfin, l'orgue dispose de deux combinaisons générales, de cinq
combinaisons fixes et d'un appel progressif des jeux par pédale de cres-
cendo.
l'inconvénient important de la traction électrique
Ayant souligné
"à distance" il convient, en contrepartie, de constater les possibilités
multiples que réserve cette même traction électrique au plan des accou-
plements et des tirasses ainsi que des appels de jeux. La composition de
l'orgue appelle également quelques réserves, notamment la faiblesse des
jeux de pédale où l'on ne trouve aucun jeu de mutation et aucun jeu d'an-
che et où le jeu de 8 et le jeu de 4 pieds ne sont qu'un même jeu en ex-
tension. Ces observations étant faites, il faut en fin de compte se ré-
jouir de disposer, dans notre région, d'un orgue bien entretenu, joué en
concert et adapté à la très vaste littérature musicale post-classique.
Il nous permet de rappeler que la musique et la créativité musicale ne
se sont pas arrêtées à la fin du XVIIIe siècle. C'est un mérite qui vaut
d'en oublier les imperfections.
L'ORGUE D'ESTREES ST DENIS

G BOUYS S OU

(La petite VÂULZ d'E6tltée6 St VztuA, tnavzsazz peut la toute de6 FlandAZA,
poAAzdz une ckojvmantz égltsz au canactznz tAZÂ JtuJuLt, bltuéz au centte du
noyau de l'
anuen bowig, à quzlquzà c.ent1úne6 de mztJizJ* de la nationale.
E,stxéu, qui poKta le d'E6tAézj> Fnanctadz sous la Révolution Fnançai-
nom
6Z, avait Azmblz-t-tl déjà un OHJQUZ au XVIIIe &<izclz, pui.6que l'on men-
l'
ilonne, dam> lzi> Jteg-il>tJr.e./.) de déHbénatioYiA du cLUtsUct de Compiègne,
Ubag e
de 6on bu^zt poux bznvÂJi de :tJúbune à la Société VopulaÂJiz du
lieu dans l'égliôz tsianb 60Jtmée en Temple de la Ration en 1793-95 ... L'inô-
tltumen-t aurait donc dispatu au COUAA de la déc.hWilaYLi6a:Uon, Aan6 que
l'on AacJiz tien de 6a tatltz ni de 6ZA qualité*. Nous ignoton6 A-i cet ins-
btument &ut Jtec.oYlJ.>tltUÁ;t ou sizmplacé avec. le Kztûuh. du cuttz catholtquz, au
début du. XIXe btzdLz, comme pounxatt le £aÀJiz Auppo&zA £-'impoxtance du
bou/ig (pluô de 1.000 habttantij.
L'actuzJL tn&tSLumznt, datant au pluA du début du bi.zetz, de puAz faactu/iz
ptcawdz, Y/.OM ZAt ici
décrut pan. J.>0n actuzZ tiXulouuiz, M. G. BouyAAou,
pkaAmacizn à La Uzu\jÂJULzh.oy. N.D.L.R. )

exacte de l'installation d'un orgue dans l'Eglise d'Estrées


La date
St Denis est ignorée. En effet, cet instrument a été offert à sa paroisse
par le chanoine la desservant, ainsi les frais d'achat n'apparaissent pas
dans les comptes et les archives de la Cure. Mais il est certain que son
installation est antérieure à la guerre de 14/18 et d'après les souvenirs
des " anciens ", on peut situer aux alentours de 1910 l'inauguration de
cet instrument. En 1916 une bombe a atteint le choeur de l'église, mais
l'orgue semble avoir résisté à cette sombre période.
L'orgue, installé en tribune au fond de la nef, a été construit par
la Maison VAN DEN BRANDE d'Amiens, suivant un système mécano-pneumatique
propre facteur.
à ce
L'instrument se compose de 14 jeux réels et de 2 jeux par emprunt
répartis sur 2 claviers manuels de 56 notes (ut à sol), le premier étant
transpositeur, et un clavier de pédale incomplet de 27 notes seulement
(ut à ré). La composition actuelle des jeux est la suivante :
.
clavier de Grand Orgue : Bourdon de 16 ; Bourdon de 8 (2 octaves commu-
nes au bourdon de 16) ; Montre de 8 et Près tant de 4.
.
clavier de Récit expressif : Voix céleste de 8 ; Gambe de 8 ; Cor de
nuit de 8 ; Flûte harmonique de 8 (la 2ème octave est commune à la Flûte
de 4) ; Flûte octaviante de 4 ; Quinte de 2 2/3 ; Octavin de 2 (commence
au 2ème do) ; Tierce de 1 3/5. Ces trois derniers jeux ont été ajoutés sur
un petit sommier pneumatique de 44 notes en surélévation en arrière du ré-
cit, ce qui rend pratiquement impossible l'accord de ces 3 jeux.
Trompette et Basson-Hautbois de 8.
.
clavier de pédale : Soubasse de 16 (par emprunt de Bourdon de 16 du G.O.)
Basse de 8.
Il y a 3 registres de combinaisons : Fonds 8 et 4 ; Fonds et Anches ; Plein
Jeu (ce registre appelle les 3 jeux de Flûte 4, Octavin et Quinte).
Pédales de combinaison : Tirasse G.O. ; Tirasse Récit ; Copula Récit /
.
G.O. ; Appel des Jeux du G.O. ; Appel des Anches ; Trémolo ; Expression
pédale à bascule.

Une restauration partielle a été faite voici une vingtaine d'an-


nées, par les Etablissements ROETHINGER de Strasbourg, avec installation
d'une soufflerie électrique. Une révision a été faite au cours de l'année
1976 pour parer en partie aux dégâts occasionnés par la sécheresse anor-
male de cette année-là. Mais de graves défauts existent encore et certains
jeux ont été rendus muets ; sommiers fendus, membranes en peau durcies ou
trouées, ressorts mouillés souvent cassés, mécanique instable, équerres
et crochets de vergettes oxydés et cassants, transmission pneumatique des
sommiers de basses ou de façade très fantaisiste provoquant des corne-
ments ou des notes muettes, appel des jeux très irrégulier suivant les
saisons, tout ceci en fait un instrument parti culièrement capricieux (On
comprend pourquoi, au pluriel, orgue est au féminin ...). Combien de fois,
au cours d'un office, j'ai été contraint de m'interrompre pour arrêter le
cornement intempestif d'un tuyau Et pourtant cet instrument possède de
1

réelles quantités surtout en ce qui concerne les jeux de fond qui ont une
"rondeur" et un "moëlleux" très remarquables. Il était donc urgent que
l'on fît quelque chose pour sauver cet instrument et ce, dans un double
but : cultuel les offices devenant de plus en plus difficiles à accom-
,
pagner en raison de la non-fiabilité du mécanisme mécano-pneumatique de
l'instrument, mais aussi culturel de façon que la richesse du répertoire de
l'orgue pénètre de plus en plus tous les milieux. Beaucoup considèrent
encore, par ignorance le plus souvent, que la musique d'orgue est avant
tout une musique religieuse et partant fastidieuse, pour ne pas dire
soporifique ! Quel dommage, quand on songe à certaines pièces follement
gaies de Clérambaut, tout l'humour des musiciens français du XVIIIe, au
lyrisme d'un Franck, aux grandioses épanchements d'un Vierne et de tant
d'autres. Tant de richesses ignorées !
C'est pourquoi été fondée depuis juin 1980 l'Association pour la
a
Sauvegarde des Orgues d'Estrées St-Denis qui veut remplir ce double ob-
jectif en obtenant, par tous les moyens à sa disposition, la restauration
de l'instrument. Le premier concert donné en juin par Mme Bertrand titu-
laire des Grandes Orgues de St Etienne à Beauvais et Mr Mauro Maur, trom-
pettiste a connu un franc succès, tout à fait encourageant d'autant que
l'effort de publicité a été des plus réduits. Le 15 novembre 1980, c'est
Claude Moreau, titulaire des Grandes Orgues de la Cathédrale de Senlis,
qui a bien voulu, par un concert exceptionnel, poursuivre cet effort d'ani-
mation culturelle autour de cet instrument. Il est certain que notre orgue
sort petit à petit d'une trop longue période d'oubli et en qualité de
président de l'Association je ne peux que m'en réjouir.

COMMUNIQUE DU PEUPLE FRANCAIS :

Le Peuple Français informe ses abonnés, lecteurs et amis qu'il a dû suspendre sa


parution trimestrielle pour des raisons financières.
Il fait appel à eux pour l'aider à redresser sa situation en les invitant à ache-
ter soit des séries de N°s (1 à 10 de la nouvelle série pour 50 F), soit les dos-
siers disponibles des Editions FLOREAL : "1906, la catastrophe de Courrières" ;
"Les années munichoises 1938-40" "Luttes ouvrières du XVIe au XXe siècle" : 80 F
pour l'ensemble.
S'adresser 32, rue Chartraine 27000 Tél. 16/32. 38.30.39
EVREUX
-
L' ORGUE A CYLINDR E

DE
LACHELLE
J. BERNET

Situé à quelques kilomètres au


Nord Ouest de Compiègne, à l'écart des
grandes routes, le joli village de
LACHELLE offre le charme de ses ancien-
nes maisons picardes de pierre et sa jo-
lie église du XVIe siècle, d'où l'on dé-
couvre en contrebas un agréable site va-
lonné et boisé. Cet édifice en cours de
restauration possède notamment une curio-
sité intéressante ; un ancien ORGUE A
CYLINDRES du XIXe siècle, maintenant hors
d'usage, placé en fond de nef sur une
petite tribune bois - croulante - à
en
laquelle on accède tant bien que mal par
un escalier latéral en bois. Masqué der-
rière un faux buffet très sommaire ;
l'instrument, maintenant dans un affli-
geant état d'abandon, a été redécouvert
il y a quelques années par la Conserva-
tion des Monuments Historiques et Objets — Dessin d'un orgue à cylindre extrait du « Nouveau
d'art de l'Oise ; visité par des spécia- manuel du facteur d'orgues >-, par HAMEL (1849).
listes, Pierre HARDOUIN, il
notamment M.
a été jugé assez intéressant pour que l'on
entame à son propos une procédure de clas-
sement, laquelle a abouti en juillet 1980.

De fait
petit instrument de LACHELLE, orgue mécanique à cylindres cepen-
ce
dant pourvu d'un petit clavier, par ailleurs accompagné d'une importante collec-
tion de rouleaux, nous offre un des rares témoignages oisiens - voire picards -
d'un type de facture qui fut très florissante il y a un siècle et demi. Le fait
que nous ayons, grâce à elle, un des plus anciens cas d' "enregistrements" de mu-
sique n'est pas son moindre intérêt.

I - DES ORGUES A CYLINDRES : (XVIIIe - XIXe SIECLES) (1)

collectionneurs d'instruments automatiques ne manquent pas de rechercher


Les
les orgues mécaniques, serinettes, de Barbarie, instruments à cylindres destinés
à accompagner le culte dans les modestes paroisses ; l'origine de ces derniers re-
monte à la seconde moitié du XVIIIe siècle, époque où si l'orgue commençait à con-
naitre un déclin, on s'intéressait vivement aux automates musicaux.

(1) Pour ce § nous ne pouvons que recommander aux lecteurs de se reporter à l'excellent petit ouvrage de M. J.Marie
MEIGNIEN sur "l'orgue à cylindre de Moussey" dans l'Aube. (Troyes, Impr. Patton 1974). Cet ouvrage très documenté
publié à l'occasion de la restauration de cet instrument champenois, nous a fourni de nombreuses données et ré-
férences pour cet article.
célèbre et savant traité de DOM BEDOS, " L'art du facteur d'Or-
Le
gue " (1778), ne dédaigne pas de consacrer un chapitre entier à ce type
d'instrument, dont il connait bien la technique et apprécie les mérites :
de la plus petite "serinette" au vrai grand orgue à cylindre, l'invention
permet aux paroisses et aux communautés religieuses de pallier l'absence
d'organiste ou le peu de talents de celui-ci. (1)
Le père ENGRAVELLE avait même consacré en 1775 un traité entier à
la "tonotechnie" ou art de noter les cylindres, problème que d'ailleurs
Dom Bedos aborde dans tout le chapitre 4 de son ouvrage.
Au milieu du siècle suivant, l'orgue à cylindres, dont on a alors
fabriqué de nombreux modèles en France, inspire d'importants développe-
ments à HAMEL dans son "Nouveau manuel du facteur d'orgues" (1849).

De fait
la facture de ce type d'instruments avait nettement fleuri
dans la première moitié du XIXe siècle ; on trouvait quelques fabricants
à Paris (DAVRAINVILLE, FOURNEAUX, VERDURE ...), mais surtout à Mi recourt
dans les Vosges, centre bien connu d'artisanat musical. Les fabriquants
d'instruments de musique ne négligeaient pas le marché des horloges musica-
les, jeux de flûtes, serinettes et autres engins mécaniques, parmi les-
quels prospéraient les orgues à cylindres destinés aux églises de campa-
gne.
noter que ce type d'orgue fut aussi construit par des grands fac-
A
teurs, constructeurs ou restaurateurs d'instruments célèbres : on peut ci-
ter ainsi Nicolas Antoine LETE, important facteur pour le Nord Est de la
France, et dont la maison fabriqua les orgues à cylindres de Moussey et
Chessy les Prés, en Champagne méridionale. (2) Parmi les spécialistes mi-
recurtiens de la construction d'orgues à cylindres, on trouve surtout
CLEMENT, les frères CLAUDE, ROLLIN, POIROT, authentiques facteurs et non
simples vendeurs de bric à brac.

L'orgue de est le fruit de cette facture vosgienne ; bien


LACHELLE
que l'on ne soit pas totalement sûr du nom de son constructeur, on peut
émettre la plus grande probabilité, laquelle provient de l'inscription
imprimée figurant sur tous les rouleaux conservés : il s'agirait de "CLE-
MENT DUMONT", successeur de F.G. DUMONT à Mi recourt."

II - L'INSTRUMENT DE LACHELLE : (3)

Beaucoup plus modeste que celui de MOUSSEY, totalement dépourvu


de Montre, l'orgue de LACHELLE se présente derrière un "buffet" des plus
sommaires, formé d'un grossier bâti de bois sur lequel on a collé une faus-
se façade de tuyaux en bois peints au minium.
Sa date exacte de construction reste ignorée. L'arrêté de classe-
ment du 18 juillet
1980 indique " facture vosgienne, début XIXe siècle " ;
nous ignorons sur quels indices on a pu fournir cette approximation ; M.
Pierre HARDOUIN l'estime des années 1840.La seule indication précise fi-
gure peinte derrière le pseudo-buffet ; décembre 1863. S'agit-il de la da-
te de fabrication de cet ornement ? de l'installation de l'orgue lui-même,
sans doute en même temps ? Ceci nous paraît le plus probable. Cependant
l'instrument peut avoir été acheté d'occasion et donc être nettement anté-
rieur. En l'absence d'archives paroissiales, faute de références dans les
archives communales consultées, nous ne pouvons répondre.

(1) cf. la reproduction de la 1ère page du chap. III de DOM BEDOS.


(2) Outre ces deux instruments, dont le premier a été restauré, J.M. MEIGNEIN en cite a Berulle (Aube),
Escamps (Yonne) ; on trouve encore des rouleaux à Montigny/Aube (Côte d'Or) et Heilz (Marne) dûs à
Clément de Mirecourt. D'autres ont récemment disparu dans l'Aube à Pouan et Gyé/Seine.
(3) Cette description est due surtout aux compétences techniques de M.P. HARDOUIN et aux renseignements
fournis par le devis de restauration rédigé en mars 1980 par M.Jacques PETIT FALAIZE, facteur à
Signy l'Abbaye dans les Ardennes.
L'orgue lui-même est un petit instrument de 5 jeux, pourvu d'un pe-
tit clavier à l'arrière, fonctionnant par ailleurs avec des cylindres dont
il reste 15 exemplaires en bon état, placés deux par deux dans des caisses
de bois rangées dans un petit magasin ménagé entre l'instrument et la fa-
çade.

Le bâtibois abritant la mécanique et la tuyauterie mesure 1,77m


de
de haut, large, 72 cm de profondeur.
96 cm de
On y trouve un sommier à doubles soupapes en opposition : la rangée
supérieure est actionnée par des pilotes mus par le cylindre ; la rangée
inférieure l'est par des bascules mises en oeuvre par le clavier de 28 no-
tes (Sol à ré), situé en arrière du meuble.
Le sommier alimente directement deux jeux (Bourdon 8 et Prestant)
et indirectement, par l'intermédiaire d'une pièce gravée placée en avant
en surélévation, les registres et chapes de 3 jeux supposés être une Dou-
blette, un Nazard (ou une Quinte) un sifflet (ou une Tierce). De faux
sommiers maintiennent les tuyaux en hauteur.

Le clavier de 32 notes a ses 4 premiers dièzes muets, rappelés par


un ressort ; les dimensions des touches sont sensiblement les mêmes que
sur les claviers actuels, les naturelles en ivoire, les diezes et bémols
en bois recouvert d'ébène.
Les registres étaient simplement tirés directement par la gauche
et sont encore maniables. Des glissières de planches rainurées permettaient
de faire coulisser le rouleau et un clavetage aujourd'hui disparu assurait
son bon positionnement. Chaque cylindre était actionné par une manivelle
de fer tournant à droite et agissant sur une vis sans fin en laiton, au-
jourd'hui bien usée. Une bielle en bois couplée à ce mécanisme permettait
de faire fonctionner dans le même temps un groupe de pompes à double ef-
fet, situées, ainsi que le réservoir, au-dessous de l'instrument. Il était
donc nécessaire de tourner la manivelle même pour jouer sur le clavier
seul.
position "automatique", la manivelle faisait tourner le cylin-
En
dre - dont une révolution complète durait, selon HAMEL environ 20 secon-
des ; des agrafes métalliques fichées soigneusement sur le rouleau de bois
dur, selon une technique mise au point dès le XVIIIe siècle, soulevaient
suivant leur position et leur taille les pilotes de bois reliés aux soupa-
pes supérieures correspondant chacune à une note ; le ou les tuyaux cor-
respondants (suivant les jeux utilisés) parlaient pendant une durée corres-
pondant à la longueur de l'agrafe en saillie. On obtenait ainsi une poly-
phonie répétée autant de fois que l'on voulait ; chaque rouleau contient
l'enregistrement de plusieurs cantiques dont les titres sont inscrits à la
main sur le rebord. Leur audition nous donnera de précieuses indications
sur le contenu et la forme de la musique religieuse au début du XIXe siè-
cle ; elle nous permettra aussi de mieux savoir comment on l'interprétait
à 1'époque.

indiqué plus haut la registration probable de l'instru-


Nous avons
ment de Lachelle, nettement moins riche qu'à Moussey ou à Chesny les Prés
(1) Il ne subsiste plus guère dans l'instrument même que 9 tuyaux de pin
et de hêtre correspondant aux basses de Bourdon et de Prestant ; on a heu-
reusement retrouvé presque toute la tuyauterie métallique, dont certains
éléments sont récupérables, les autres pouvant fournir des modèles pour la

(1) Largue restauré à MOUSSEY dispose de 8 registres (Flûte 8, Prestant 4, Doublette 2, Plein Jeu, Bour-
don 8, Flûte 4, Nazard 3, Trompette 8), soit 280 tuyaux et 28 notes parlant au clavier manuel. Celui
de Chessy les Prés n'a pas moins de 650 tuyaux, 11 registres, 1 clavier manuel de 53 notes, 1 péda-
lier de 12 notes. Ces deux instruments ont une Montre réelle et sont dotées d'importantes collections
de rouleaux (21 pour le 1er, 16 pour le second). L'orgue de Lachelle s'apparente plutôt à celui de
Berulle (5. registres, 115 tuyaux). (Selon J.M. MEIGNEIN, op. cité).
restauration : on a ainsi regroupé dans la sacristie 14 tuyaux de Bourdon
à calottes soudées et à oreilles - il n'en manque qu'un ; 7 tuyaux ou-
verts marqués de la lettre P. (Prestant) ; 9 tuyaux ouverts avec la lettre
Q, ce qui semble indiquer Quinte - il s'agirait plutôt d'un Nazard - ;
19 tuyaux ouverts avec la lettre D, que l'on peut supposer signifier Dou-
ble tte ; enfin une douzaine de tuyaux sans marque et de petite taille, soit
de Tierce, soit Larigot ou encore Sifflet.

Si l'on
dispose à LACHELLE d'une importante série de rouleaux in-
tacts - seuls les pignons en sont abimés par usure-, en revanche l'état de
l'instrument lui-même est vraiment défectueux (pièces disparues ou cas-
sées, bois attaqué par les parasites, saleté repoussante de l'ensemble ...)
Avant même le classement intervenu le 18 juillet 1980, à l'initiati-
ve de la Commission des Orgues appelée par maire de Lachelle,
M. LAMBERT,
ce dernier avait fait
faire un devis de restauration par un spécialiste
de ce genre d'instrument, M. Jacques PETIT FALAIZE de Signy l'Abbaye dans
les Ardennes, en mars 1980.
Les frais
transport, démontage, restitution complète et remonta-
de
ge de l'orgue étaient alors chiffrés à près de 100.000 F (nouveaux). L'ad-
jonction d'un ventilateur électrique coûterait 4600 F supplémentaires, la
restauration des cylindres 440 F par exemplaire.
Ce devis assez élevé ne tient pas compte de la réfection nécessai-
re de la tribune dont l'état est inquiétant ; il faudrait aussi supprimer
l'horrible pseudo-buffet et le remplacer par une boiserie ou une façade
factive de tuyaux. Ces derniers travaux risquent de doubler la note et
sont d'un coût bien élevé pour une toute petite commune qui a d'ailleurs
déjà fait
de gros emprunts pour les autres travaux nécessaires dans l'é-
glise. Le classement de la partie instrumentale de l'orgue donne aux Beaux
Arts - donc à l'Etat - la charge financière d'une part importante des frais
de restauration. C'est la dessus que compte M. LAMBERT, l'actif
maire de
LACHELLE, qui a déjà sollicité l'appui et le concours financier des col-
lectivités locales (département et région) pour cet instrument. Espérons
qu'en dépit de la dépense, le projet pourra prochainement aboutir, en sor-
te que nous puissions entendre ce petit orgue si curieux et rare, dans une
charmante église qui pourra facilement devenir un lieu d'animation musi-
cale.
uniquement pour plus déjà par naire Ceur! nous que bayes d'Eglife qu les de
très-poflible cifion tourner lindre fans induftrieux obligé bitude fait que n'exigent des UN
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pauca Marguerite.
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Notage
du

Roi.
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Imprimeur

Auguflill
dans

les
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LAUDATE DOMINUM
... IN ORGANO - PS. 150

INAUGURATION
DE

L'ORME DE TRIBUNE DE L'Ê&LISE DE VERBERIE

SORTI DES ATELIERS DE M. CAN'AILLÉ. DE PAtUS

Xe" ^Plnvaitctc- 19 0ctoluo 1890, (t ltôL.'\.... frcute»U

PROGRAMME
Bénédiction de l'Orgue, par M. le Curé de Yeiberie.
Morceau d'entrée, exécuté sur l'Orgue, par M. buc, organiste de Samte-Marguerite, à P...j..

(sHANT D»p V BPI^Ej5>


Versets des Antiennes et de l'Hymne, exécutés sur l'Orgue par M. l'Abbé DF. MAIMIREVILLE, CIIH:

de Saint-Antoine, Chanoine honoraire de Heauvais.


Versets du Magnificat, exécutés par M. GALLOIS, ancien organiste du Sénat.

Allocution prononcée par M. l'Abbé de Maindreville

Morceau pour Orgue et Violon.


PALUT AU JEÎAINT-JEÎAG^EMEIIT
Ave Verum. solo par M. <..\LLms. Ave Maria, solo par M. t;.\LLIlI:o".

Morceau d'orgue, par M. ISAAC. Verset, par M. l'abbé DE MAINUKEVILLK.

BÉNÉDICJlJlI°.11 DU ^AINT-JSAS^BMBNT
Sortie, par^.!. GALLOIS.

Pendant le Salut la Quête Sera faite }


Madame Léon Dk %IAINDitEVILLE, pour subvenir aux frais
-ai
de l'installation de l'Orgue.
VERBERIE :

UN DES PREMIERS

( /f u/ / y//////yi /V'///y
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J BERNET

En 1973,l'occasion d'un concert de musique classique dans l'é-


à
glise St Pierre de Verberie, un musicien eut la curiosité de venir voir
la console de l'orgue, juché sur sa tribune en bois au fond de la nef :
il eut la surprise de lire au dessus des claviers l'étiquette suivante :
" CAVAILLE-COLL, père et fils 1843 Cette "redecouverte" était d'autant
plus intéressante que la date indiquait pour un spécialiste averti que
l'on avait affaire à un des PREMIERS instruments construits par le grand
facteur du XIXe siècle, rénovateur de l'orgue en son temps, créateur mê-
me de l'instrument romantique en France.
Le jeune organiste de Verberie, Philippe GEOFFROY entreprit donc
avec quelques amis une recherche historique sur cet instrument, afin de
le faire mieux connaître du public et de mener une campagne en faveur de
sa restauration devenue chaque jour plus urgente, en profitant d'ailleurs
du regain d'intérêt qui commençait alors à se manifester en faveur des
instruments romantiques, trop longtemps déconsidérés et négligés par les
amateurs.
Desconcerts furent organisés avec l'orgue, des chorales locales,
des ensembles instrumentaux et les recherches aboutirent à la confec-
...
tion d'une petite publication ronéotypée qui connut un succès certain puis-
que les 1000 exemplaires publiés en 1975 et 1978 furent rapidement épui-
sés. Hélas l'intérêt suscité n'alla jamais jusqu'à l'organisation à Ver-
berie même d'une Association des amis de l'orgue et si les pouvoirs pu-
blics ont manifesté de l'intérêt pour l'instrument, il faut maintenant
espérer trouver une solution on ne peut plus urgente du côté des amis
compiègnois de l'orgue.
Le présent article reprend pour l'essentiel les données de la bro-
chure de 1975, complétées par quelques nouvelles informations trouvées
depuis, grâce notamment à M. J. RIBES, biographe des orgues de Compiègne
et à M. P. HARDOUIN, qui visita l'orgue de Verberie en juin 1980 et rendit
compte de son passage dans une notice publiée dans le n° 35 de sa revue
"Connaissance de l'orgue" (été 1980). Une importante trouvaille archivis-
tique due à M. le Curé de Verberie, savoir la correspondance d'Aristide
CAVAILLE-COLL avec le curé du bourg en 1890, au moment du remontage de
l'orgue dans l'église, nous a confirmé dans l'opinion que nous avions af-
faire ici à un instrument intégralement de la main du grand facteur roman-
tique , ce qui en fait à coup sûr ce que les amateurs de facture authenti-
que appellent un "O.C.R." (orgue à conserver rigoureusement).
I - LES INSTRUMENTS PRECEDENTS DANS ST PIERRE DE VERBERIE :

L'actuel orgue Cavaillé-Coll daté de 1843, installé en fait en


1890 dans l'église paroissiale, n'est pas, de loin, le premier instrument
signalé à Verberie ; les archives paroissiales qui - chose rare - remon-
tent ici au XVIIIe siècle, nous en révèlent au moins deux ayant existé
aux XVIIIe et XIXe siècles. (1)

1) Verberie I (l'orgue du XVIIIe siècle)


plus ancienne mentiond'un orgue dans l'église St Pierre remonte
La
au 8 novembre 1739, date à laquelle est question de il
réparations néces-
saires pour la tribune de l'orgue qui menace de s'écrouler ...
Une autre délibération, datée du 15 octobre 1747, nous apprend, à
l'occasion de la succession de l'organiste F. SARRON, que celui-ci étant
déclaré titulaire de l'instrument " depuis 20 ans ", l'orgue existait au
moins depuis 1727.
Cinq ans plus tard, le même registre paroissial nous donne même de
précieux renseignements sur la composition de l'orgue, à l'occasion d'un
devis très détaillé des réparations urgentes y effectuer. (2) à

De taille modeste, cet orgue possédait un seul clavier manuel, 528


tuyaux et 10 registres, typiques de la composition des petits instruments
français de la fin XVIIe - début XVIIIe siècle :
Montre Fourniture
Bourdon Cymbale
Doublette Trompette
Nazard (dessus et basse) Voix humaine
Flageollet Dessus de Tierce
Tremblant fort et tremblant doux.

Outre un relevage d'ensemble, l'organiste demandait la réfection


complète de la mécanique de traction et des soufflets, l'adoucissement du
clavier, l'augmentation de la registration avec adjonction d'un second
clavier en tirasse.
Ces travaux furent effectués par le facteur parisien Robert AUDOIN
pour la somme de 350 k ; l'instrument réceptionné en avril 1752 par l'or-
ganiste de St Jacques de Compiègne, reprit ainsi un second souffle jus-
qu'en 1790.
cette dernière année, l'organiste se plaignit auprès de
En mai de
la fabrique de l'état critique de l'instrument et recommanda l'achat d'un
nouvel orgue, en mettant à profit les circonstances qui, avec la fermeture
de nombreux couvents, mettaient un grand nombre d'orgues en vente dans la
région. La fabrique autorisa le titulaire à s'enquérir d'un nouvel instru-
ment en janvier 1791.

2) Verberie II ( 17 ? - 1791 - 1890)

En mars 1791 (3) conseilla à la fabrique d'ac-


l'organiste
SARRON
quérir provenant de l'ex-abbaye de Long-
pour la somme de 600 b un orgue
pré, située non loin du bourg, dans la vallée de l'Automne, sur le terri-
toire de la commune d'Haramont. La paroisse emprunta 1000 b pour l'achat,
les frais de démontage, de transport et de remontage ; la tâche fut con-
fiée au facteur parisien SOMER que l'on vit à Verberie dès le mois d'avril
(1) Délibérations du Conseil de fabrique de St Pierre de Verberie ; folio 1 (1738-84) et II (1785-94).
Cure de Verberie
(2) Source citée F. I, p. 7 cf. reproduction en fac simile, infra.
(3) Fils du précèdent ; les SARRON furent titulaires de l'instrument de St Pierre de Verberie au aeDux
1

du XVIIIe siècle au moins à 1845, se succédant de


père en fils.
1791 ; il demanda 600 L pour les travaux qu'il s'engageait à terminer pour
la Pentecôte et garantir 3 ans.
à
En juin 1791 le facteur demanda une rallonge pour augmenter l'ins-
trument " d'un jeu de clairon sonnant l'octave au-dessus de la trom-
pette ...
pour soutenir le jeu de trompette absolument trop faible ..."
ainsi ... d' " un dessus de 8 pieds composé de 25 tuyaux ..."
que
Nous
...
ignorons si la fabrique s'autorisa cette dépense supplémentai-
re ; en tout cas l'instrument était prêt pour le 21 juin 1791, jour la de
fuite du Roi Louis XVI à Varennes. Les experts convoqués - les organistes
de St Jacques de Compiègne et de St Arnould de Crépy en Valois - se décla-
rèrent pleinement satisfaits du travail. (1)
Nous ne connaissons rien de la registration de ce second orgue,
installé en fond de nef sur la tribune transportée depuis Longpré, avec un
buffet identique, dont il
subsiste encore quelques débris entreposés dans
un coin de la tribune derrière l'actuel instrument : pilastres cannelées,
bases de tourelles et ornements divers nous font supposer à un style de
menuiserie propre à la seconde moitié du XVIIIe siècle; (2)
Ce second orgue fonctionna de 1791 à 1890, touché par des SARRON
jusqu'en 1845. Après le décès du dernier de la lignée, son successeur, un
Sr LANEUVILLE, qualifié de "facteur organiste" (3) quelques répara- fit
tions pour la somme de 190 F ; hormis ce nettoyage de l'orgue, n'en il
est plus question jusqu'en 1890, date où, bien vieilli, place à il fit
l'actuel instrument, remonté par Aristide Cavaillé-Coll et son fils, mais
construit près de 50 ans avant par le grand facteur et son père.

II - L'ORGUE CAVAILLE-COLL (1843 - 1890 A NOS JOURS)

Paradoxalement, l'orgue le plus récent nous est le moins connu, du


moins dans la première partie de sa carrière - privée - de 1843 à 1890.
L'actuel instrument fut en effet construit par Aristide CAVAILLE-COLL et
son père en 1843 non pour l'église paroissiale mais pour orner le salon
(ou la chapelle ?) du château d'Aramont, situé tout près de Verberie. Il
y subsista près de 45 ans, meuble discret aux lignes géométriques, juste
construit à la taille du plafond, les tuyaux de montre étant protégés par
un rideau.
entretien fut semble-t-il régulièrement assuré par les soins de
Son
la maison Cavaillé-Coll : une référence contenue dans les archives parois-
siales de St Jacques de Compiègne (4) nous indique en effet avec précision
la date de passage d'une équipe d'ouvriers du facteur, sous la direction
du contremaîtreTHIEMANN, " chez M. MOSSELMANN à Verberie " du 1er au 15
août 1868. ne Il fait
pas de doute qu'il
s'agit bien de l'instrument du
château d'Aramont, sur lequel on fit
visiblement alors un travail impor-
tant, probablement un bon relevage.
En 1890 la chatelaine d'Aramont, Mme de Maindreville, don fit à la
paroisse de Verberie dont l'orgue était arrivé en fin de carrière.
Contrairement à ce primitivement pensé, la généro-
que nous avions
sité de la Dame n'était pourvoir aux frais de démontage
pas allée jusqu'à
et réinstallation de l'instrument ; la commune n'ayant pas apparemment
pu ou voulu financer l'opération, cette lourde charge incomba à la parois-
se et au curé. Ce dernier se fit
bien des cheveux blancs pour cette affai-
re de financement, comme nous le relate sa correspondance avec la maison

(1) Arch. Par. Rg. délib. de la fabrique, folio II.


(2) De même nous verrons que les statues surmontant l'actuel buffet et les tuyaux muets du second étage
proviennent de ce second instrument.
(3) Ilest présenté comme ayant travaillé dans la Somme a Montdidier et Peronne. (Copie d une délibéra-
tion du Conseil de la fabrique de Verberie. A.D. Oise - série 0, dossier Verberie).
W Liasse non classée de ce fonds déposé récemment dans les Arch. Mun. de Compiegne.
Cavaillé-Coll. (1) On peut y suivre les épineuses négociations entre les
deux parties, mais surtout connaître le détail des conditions de réins-
tallation de l'orgue dans l'église.
Le curé Pâris s'était enquis du coût de l'opération auprès de la
maison Cavaillé-Coll en janvier ou février 1890 ; en mars le facteur s'in-
quiète du silence du curé, lequel recherchait sans doute alors les moyens
de financer un devis qui avait été dans un premier temps fixé aux alen-
tours de 2.000 F.
En août 1890 Aristide Cavaillé-Coll envoie sur place son propre
fils afin de préciser les conditions financières : le résultat est une
sensible augmentation de la note, puisque le devis " ... des travaux de
translation, nettoyage, réparation et perfectionnement à faire à cet ins-
trument et dont le prix à forfait est fixé la somme de 3.000 F. Les dé-
à
tails techniques fournis à cette occasion par le facteur sont pour nous
particulièrement intéressants : il ne prévoit aucune modification dans la
registration des 2 claviers ni du pédalier en tirasse ; la description
initiale de l'instrument nous révèle la même composition qu'aujourd'hui
et nous prouve que Cavaillé-Coll l'a conservée intégralement. Il prévoit
simplement un nettoyage des tuyaux, une révision de la mécanique de trac-
tion et des claviers. Seul changement important : déplacer le RECIT expres-
sif jusque là à l'extérieur du buffet, pour le remonter dans le buffet du
Grand Orgue au-dessus de sa" tuyauterie, d'où un certain nombre de modifi-
cations dans la mécanique, l'alimentation en air et l'expression, la fa-
brique de Verberie devant prendre à sa charge l'agrandissement de la boi-
serie du buffet. (2)
Le curé de Verberie trouva exhorbitante la somme de 3.000 F, la
fabrique n'en ayant prévu que 2.000 ; il s'ensuivit un mois de tractations
avec la maison Cavaillé Coll pour obtenir un rabais ; le curé proposait
au facteur de récupérer en compensation les matériaux utilisables de l'an-
cien orgue ; Cavaillé Coll répond le 27 août que :
" le pJcix de. 3.000 F auquel noub avOn6 estimé le démontage,
" ...
ta népanation, ta pO.6e,ta mue. en harmonie. et l'accotid de VOK-
" gue du château d' A/iamont dom votne. Eglise., n'ut nuttemcnt exa-
" géhJé pouA xoie. ce tnavail avec le .6o-<-n que nou6 comptons y met-
" Vie,. Il 6 ejuoJJi facile, de 6aiJte ce ViavcuLt à ta légère, et poux
" un pAÂx pluA modelé, ; maÂ6 nouà tenOn6 avant tout à bien fiaOïe.,
" à phjo fyuteji de ce démontage zntceA de. l'
Inôtsuime.nt pooJt f-e AemeX-
" tsie. ab.601ument en pansait état et JtemécUeJL à touâ le* déjuxnge.-
" me.nt& qui ont pu -de phjoduJjie. de.pui& enviJwn 50 an6 de. tejwtce.".

Cavaillé-Coll fait cependant un bon geste en abaissant son prix à


2.500 F, s'il
récupère les matériaux de l'ancien orgue. On s'entendit fi-
nalement pour 2.200 F, le curé avançant personnellement le surplus de
200 F - la fabrique payait les 2.000 F à l'aide d'une souscription dans
le bourg.
L'accord conclu, le marché fut signé le 6 septembre 1890 et les
travaux furent vite engagés ; le 12 les menuisiers de Verberie avaient
déjà démonté l'ancien orgue, consolidé la tribune et refait l'escalier
d'accès ; ils attendaient l'arrivée du fils de Cavaillé Coll et de ses
ouvriers pour s'occuper du nouveau buffet. L'équipe du facteur travailla
de la mi septembre à la mi-octobre. Tout était en place pour la cérémo-
nie inaugurale du 19 octobre, occasion d'un grand concert spirituel où
interviennent plusieurs organistes locaux et parisiens. (3) L'Echo de
l'Oise en rend ainsi compte :

(1) Arch. Par. de Verberie. liasse retrouvée en 1978 par M. le Cure.


(2) Ce travail de menuiserie, ainsi que celui concernant la tribune, sera effectue par un artisan de

Verberie.
(3) Voir la reproduction du programme imprimé de cette inauguration.
" L'excès, VenbeAie a été dimanche, témoin d'une intéAessante
de.
" cérémonie. On y ^ouUcuX en eiiet Vinauguration d'un Oftgue. de.
" M. CAUAILLE, le. célêbfte 6a.cte.uSL de. Paxis. L'instrument provenant
" du château d'Áfta.mont, avait été généreusement ofâent à l'égtue,
" remplaçant avantageusement un instournent kofis d'usage. La céfié-
" monte qui avait attiré beaucoup de. monde a présenté un vi6 inté-
net. Plusieurs organistes 6e sont ait entendre : M. GALLOIS,
"
"
"
ancien organiste au Sénat ; M. ISAAC ( ofiganiAte de. S te MM-
guerite a Paris, M. l'abbé de MAIVREVILLE, curé de St Antoine à
1 ,
" Compiègne., qui a prononcé un intéressant discours de. c..Vtc.oYL6ta.n-
" ce sur le fiole de. l'ofigue dan6 le6 églises,
" Pendant le salut qui a clos fa cérémonie on a entendu un déli-
" deux morceau d'ofigue et de violon, et M. BREGY de. Paris a chanté
" plusieurs motets d'une voix magistrale et puissante.
" La quête a été fiaire pendant le salut pat Mme de MAINVREVILLE, la
" gfiacieuse châtelaine d'Aftamon,t. Nous croyons savoin. que cette
" quête a été fructueuse". (2)

CAVAILLE COLL de Verberie n'a


Passé ce grand moment, l'orgue fait
l'objet d'aucune intervention notable depuis, ce qui nous garantit son au-
thenticité. On se contenta de lui adjoindre une soufflerie électrique en
1950 ; quelques années plus tard un artisan de Compiègne, M. TISSERAND
opéra quelques travaux de nettoyage et de réharmonisation. Le bois du buf-
fet a aussi été traité contre les parasites. (3)
Depuis 1973 été plus régulièrement accordé et entretenu
l'orgue a
pour les concerts ; malgré ses 90 ans il continue d'accompagner vaillamment
les services religieux, prouvant, en dépit de quelques signes de faiblesse d
la mécanique, sa grande robustesse.

III - DESCRIPTION DE L'INSTRUMENT :

1) Aspects extérieurs :

+ La située au fond de la grande nef, formée d'un plancher


tribune :
supporté par de grosses solives, appuyé sur deux piliers de l'église, 3 co-
lonnes de bois et un pilier de fer, elle est assez vaste pour supporter le
buffet, la console et un groupe de choristes. Son installation remonte à
1791, mais on l'a consolidée et refaite en 1890 ; la balustrade de bois
ajouré de style néo-gothique en avant, celle de fer forgé sur le côté gau -
che en regardant le choeur, datent de cette dernière époque. Un petit esca-
lier de bois en colimaçon, situé sur ce même côté gauche, seulement refait
en 1890 permet d'accéder à la tribune.
,
+ Lel'apparence extérieure de l'orgue est d'une grande so-
buffet :
briété, presque décevante : les boiseries sont plates et de formes géomé-
triques très dépouillées. (Il s'agissait à l'origine d'un orgue de salon
pour lequel la place était limitée). On distingue nettement deux étages,
celui du grand orgue, en bas - le seul d'origine -, celui du récit au-des-
sus, rajouté en 1890.
L'étage du G.O. est formé de 3 panneaux occupés par les tuyaux réels
de la Montre de 8 pieds ; l'ensemble est encadré de pilastres surmontées
de denticules et pourvues d'ornements géométriques (cercles, losanges et
triangles), sur les côtés, de simples lambris au-dessus et au-dessous des

(1) Ce jeune organiste aveugle avait été recommande a la fabrique par Cavaille-Coll pour devenir titulai-
re de l'instrument.
(2) Echo de l'Oise du 21 Octobre 1980. La quête faite ce jour la dans l'église
; avec 01- rapporta 4UU t

autres dons la fabriaue disposait alors F environ ; elle ne payera le solde qu'en 1891.
de 1300
vers
(3) Un prospectus de la maison Henri FIRMIN de Granville, daye des années 1920, mentionne cependant Ver-
berie parmi les orgues sur lesquels ce facteur avait fait des travaux.
tuyaux de la façade.
L'étage du récit a été visiblement rajouté en 1890, afin de masquer
la nouvelle place du sommier et de la boite expressive d'une part, de
mieux adapter l'instrument à l'église d'autre part. On a en effet agrandi
les boiseries vers le haut en construisant des lambris et une caisse d'al-
lure géométrique devant laquelle se trouve une rangée de tuyaux qui ne
parlent pas et proviendraient de la montre de l'orgue précédent. (1) Cette
partie supérieure du buffet est surmontée d'une croix, encadrée par ail-
leurs d'ornements de bois aux lignes sinueuses et de deux statues repré-
sentant des anges musiciens, de part et d'autre de la fausse montre du ré-
cit. Le style de ces éléments et de ces statues tranche nettement d'avec
la sobriété géométrique du reste de la boiserie ; tout nous porte à croi-
re qu'il s'agit d'ornements récupérés sur l'ancien orgue du XVIIIe, pla-
cés là pour rappeler le précédent instrument et pour égayer le style un
peu froid du reste du buffet. Malgré cette hétérogénéité l'ensemble of-
fre une pureté de lignes que l'on peut préférer à la fadeur des buffets
néogothiques de la seconde moitié du XIXè siècle.

console : Aristide Cavaillé-Coll avait ici innové en la pla-


+ La
çant détachée en avant du buffet, et non plus "en fenêtre" contre le buf-
fet du Grand Orgue. L'organiste fait face au choeur de l'église, mais la
transmission mécanique s'en trouve compliquée, les claviers plus durs,
surtout en position d'accouplement.
L'organiste dispose des moyens suivants, tous d'origine (1843) :
1 clavier de Grand Orgue de 54 notes, situé bas.
- en
1 clavier restreint de 37 notes correspondant au récit, placé au- des-
-
sus (2)
- 1 pédalier incomplet de 18 notes, sans jeux indépendants, fonctionnant
tirasse sur les basses du Grand Orgue.
uniquement en
- 14 tirages de jeux répartis de part et d'autre des claviers, avec leurs
étiquettes d'origine.
1 pédale d'accouplement des deux claviers manuels.
-
- 1 pédale d'expression pour le récit, dite à cuiller (3)
- 1 pédale d'appel des anches du grand orgue
- 1 pédale de trémolo.
- 1 pédale d'octaves graves.

console, construite dans le même bois et avec les mêmes lignes


La
géométriques que le buffet d'origine, a été placée sur un socle de bois
sous lequel passent les vergettes de transmission vers les deux sommiers.

2) Composition :

Il de bien voir que l'instrument de Verberie, situé au dé-


importe
but de la carrière du facteur, fait
partie des petits instruments de Ca-
vaillé-Coll, de surcroît destiné au départ à un salon de château et non
pas à des fonctions liturgiques. Comme l'écrit
M. F. SABATIER dans un très
intéressant article sur la palette sonore de Cavaillé-Coll, les petits
instruments ne reflètent que schématiquement son esthétique mais nous
éclairent sur ce qu'il pouvait considérer comme la base fondamentale de
tout orgue. (4)

(1) Il s'agit bien ea effet d'anciens "vrais tuyaux" qui aujourd'hui ne parlent plus. La fabrique avait
indiqué désir de conserver une rangée de la montre de
en 1890 son l'orgue précédent. (Correspondan-
ce Cavaillé-Coll/curé Paris).
(2) Les basses du clavier de récit fonctionnent sur les jeux du G.O.
(3) Le facteur a conservé ce système primitif en 1890, qui ne permet que deux positions pour les jalou-
sies de la boite expressive (ouvertes ou fermées) alors qu'aujourd'hui l'on peut produire un effet
d'ouverture ou de fermeture progressive.
(4) "La palette sonore de Cavaillé Coll", essai de F. SABATIER. Jeunesse et Orgue N° spécial de 1979.
L'orgue Verberie peut donc être comparé à des petits orgues d'
de
accompagnement à deux claviers réalisés par A. Cavaillé-Coll en assez
grand nombre pour qu'il en ait fait des devis modèles. (1) Mais faut il
ajouter à cela la date précoce de notre orgue dans la carrière du facteur,
témoignant en quelque sorte de sa "première manière" où l'on observe main-
tes traces de la tradition : étendue réduite et caractère soliste du Ré-
cit, caractère de transition de la registration en particulier au Grand
Orgue (2). Si l'instrument de Verberie se signale par un certain nombre
d'intéressantes innovations techniques et esthétiques, n'en reste pas il
moins marqué de souvenirs de la période classique, que ne sauraient effa-
cer les nouveaux noms donnés à des jeux anciens. L'instrument de Verberie
se trouve donc vraiment à la charnière entre l'orgue classique et l'orgue
romantique ; on pourrait le qualifier de "pré-romantique".
On observe en effet la registration suivante :

G.O. : Montre 8 - Flûte harmonique 8 - Bourdon 8


Prestant 4 - Dulciana 4 - Doublette 2
Trompette 8 - Clairon - Hautbois 4 8 -
Récit : Flûte traversière 8 - Voix celeste 8 - Bourdon 8
Fl ûte octaviante 4
Cromorne 8 - Hautbois 8.

Pour une partie des jeux Cavaillé Coll a utilisé une autre dénomi-
nation qui apparait sur les étiquettes de la console ; ainsi,
au Grand Or-
gue indique-t-il VIOLONCELLE au lieu de Montre 8, FLUTE DOUCE au lieu
de
Bourdon 8, OCTAVIN à la place de doublette 2 ; au Récit on trouve CLARI-
NETTE pour le Cromorne 8, COR ANGLAIS pour le Hautbois 8.
apparaissent typiques de la volonté
Ces changements de noms nous
du facteur de "moderniser" la registration en la rapprochant des instru-
ments de 1'orchestre.
+ Lesjeux du Grand Orgue :
Parmi les FONDS nous trouvons la famille des PRINCIPAUX (Montre 8,
Prestant 4, Doublette 2). Il faut attribuer à leur taille moyenne leur
sonorité mordante incisive et cependant chaleureuse. A leur côté chante
la Flûte harmonique, dont les tuyaux aigus, deux fois plus grands que la
normale, ont un corps percé d'un trou à mi-hauteur. Le Bourdon 8 est au
contraire composé de tuyaux deux fois plus petits que ceux de la Montre,
mais bouchés par une calotte, si bien qu'il résonne à l'unisson avec el-
le, avec une sonorité plus douce que celle des Principaux, un chant plus
discret et plus intime. La Dulciana est un jeu romantique typique, ici
d'une finesse digne du grand Cavaillé-Coll ; elle peut chanter en solo ou
juxtaposée au Bourdon de 8, combinaison qui lui donne un style musette
non dépourvu de charme. L'ensemble des fonds du G.O. a une belle sonorité
toute empreinte de légèreté. (3).
Le sommier du G.O. étant composé de deux layes, certains jeux re-
çoivent l'air à une pression plus forte que les autres : c'est précisé-
ment le cas des ANCHES qui imposent leur chant majestueux aux jeux de fond
dans les tutti ; la trompette a ici un bel éclat doublé d'un riche tim-
bre ; l'autre jeu d'anches est ici plus complexe puisqu'il comporte un
dessus de hautbois 8 et une basse de clairon 4, intéressante innovation
de Cavaillé-Coll qui fournit une assise dans les aigus tout en conservant
de la légèreté aux basses. (4)

(1) Voir l'article cité p. 16 ; l'auteur cite 3 modèles à 1 ou 2 claviers.


(2) On peut comparer l'orgue de Verberie aux trois devis faits par Cavaillé-Coll pour l'église Luthé-
rienne de la Rédemption à Paris en 1842-43 qui comporte exactement les mêmes jeux au G.O., un Récit
de 37 notes avec la Voix céleste en moins, une soubasse 16 et un Violoncelle 8 à la Pédale, ici in-
dépendante en plus.
(3) M. P.Hardouln a noté que les Bourdons avaient été recalottés et se demande s'ils étaient originelle-
ment à cheminée. (Connaissance de l'Orgue n° 35 - art. cité).
(4) A noter aussi une autre innovation intéressante : l'appel des Anches du G.O.
Notons cependant que sur ce petit instrument Cavaillé-Col 1 a fait
totalement disparaître les jeux de Mutations.

+ Les jeux du Récit :

Sur ce clavier restreint à 37 notes, Cavaillé-Coll a déjà


récit au
mis à l'honneur les flûtes harmoniques parmi les FONDS : flûte traversiè-
re 8 et flûte octaviante 4. Leur sonorité est douce et leur chant plein
de tendresse. Elles voisinent avec un Bourdon de 8 et la Voix Céleste
dont on peut se demander si elle est effectivement d'origine, ce qui en
ferait un des premiers exemples du genre. (1) Le Bourdon de 8, en l'absen-
ce de gambe, permet de chanter avec elle, notamment pour l'interprétation
des oeuvres suaves de la fin XIXe, par exemple César FRANCK.
Les deux ANCHES solo, Cromorne et Hautbois, donnent un aspect en-
core archaïque à ce Récit et permettent de jouer les pièces de maîtres
classiques tels COUPERIN ou CLERAMBAULT. Le timbre du Cromorne est très
prenant ; se il
détache nettement, malgré son corps réduit, sur les fonds
qui l'accompagnent avec un chant non dépourvu de verdeur. Le hautbois,
plus neutre que le Cromorne, moins caractéristique que son frère du Grand
Orgue peut cependant être utilisé pour l'interprétation des chorals de
BACH par exemple.
Le Récit limite les possibilités de dialogue
clavier réduit du
avec le Grand Orgue ; en revanche les fonds de 8 du G.O. conviennent par-
faitement à l'accompagnement des Flûtes et des Anches du Récit. L'accou-
plement est presque aujourd'hui impraticable du fait de la dureté des cla-
viers, ce qui est bien regrettable car les dessus d'Anches du G.O. au-
raient besoin d'être soutenus par le Hautbois et le Cromorne dans les
Grands Jeux.

pédalier :
+ Le
L'instrument de Verberie, conçu pour le salon d'un château, n'offre
qu'un pédalier (à l'allemande) très restreint de 18 notes, sans jeux pro-
pres, ne fonctionnant qu'en tirasse sur le Grand Orgue. Cette disposition
pose souvent de gros problèmes d'interprétation et oblige à des réductions
des parties de pédale.

bilan, l'orgue de Verberie apparait bien comme un petit instru-


Au
ment de transition, déjà bien pourvu en jeux romantiques caractéristi-
ques (fonds de 8 pieds, gambes du type Dulciana et Voix Celeste, Flûtes
du Récit, traversière et octaviante), totalement dépourvu de Mutations,
mais conservant quelques souvenirs de la facture classique, notamment
par la présence du Cromorne.
3) Avenir de l'instrument :

L'intérêt de l'orgue de Verberi.e n'est plus à démontrer ; témoigna-


ge presque intact des débuts de la facture d'Aristide Cavaillé-Coll, il
doit être restauré et conservé intégralement. Selon l'avis des meilleurs
spécialistes, on risquerait de le défigurer si on lui ajoutait un sommier
de pédale avec par exemple un 16 pieds et un 8 pieds ; à la rigueur on
pourrait concevoir l'agrandissement du pédalier actuel, ce qui cependant
imposerait de gros travaux et poserait le problème des nouveaux tuyaux
à placer dans le buffet du G.O. Il nous semble meilleur de concevoir une
réfection rigoureuse en sorte que l'instrument donne pleinement ses pos-

(1) La Voix Celeste est citée par Cavaillé-Coll comme un des Jeux existant dans le Récit lorsque celui-
ci rédige son devis de translation en 1890 ; il
ne l'a donc pas rajoutée à cette date. Il
se peut
cependant qu'elle ait été adjointe lors des travaux de 1868. L'examen des tuyaux nous donne cepen-
dant à penser qu'elle date de la construction de l'orgue.
sibilités. qu'espèrent voir prochainement les amis de cet orgue,
C'est ce
priorité des priorités dans la région de Compiègne, élément majeur de no-
tre patrimoine qu'il est urgent de classer, sauver et surtout faire
pleinement revivre.

SOURCES ET BIBLIOGRAPHIE :

+ Sources :
Archives Paroissiales de Verberie (Presbytère)
-
Délibérations du conseil de fabrique de la paroisse St Pierre
Rg. 1 et 2 (1738-84 ; 1785-94)

Correspondance entre Cavaillé-Coll et le curé de Verberie (1890) 1 liasse.

Archives communales de Verberie : (Hôtel de Ville)


-
Dossier P 2 (église) XIXe siècle

- Archives Départementales de l'Oise (Beauvais)


Série 0 : dossier église paroissiale de Verberie (XIXe siècle)
Imprimés : Echo de l'Oise (année 1890)

+ Bibliographie :

- J. MARTINOD : Répertoire des travaux des facteurs d'orgue, Paris Fischbacher 1970
CI. NOIZETTE DE CROZAT : L'orgue romantique (La revue musicale, 1977)
-
M. VANMACKELBERG : L'esthétique d'A. Cavaillé-Coll (l'Orgue 1968)
-
F. SABATIER : La palette sonore de Cavaillé-Coll (Jeunesse et Orgue 1979)
-
C. et E. CAVAILLE-COLL : Aristide Cavaillé-Coll,ses origines, vie, son oeuvre, Paris
- sa
Fischbacher, 1929

J. BERNET, Ph. GEOFFROY : Un instrument historique, l'orgue Cavaillé Coll de Verberie (Ed. ronéo
-
Compiègne 1975).

P. HARDOUIN : Compte rendu sommaire d'une visite de l'orgue de Verberie en juin 1980, N° 35
-
Connaissance de l'orgue - été 1980.
ARISTIDE
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.
CAVAILLE-COLL -

AVENUE DU MAINE,13 &15,PAlQS


-

AUTBUl\ »JlS erouse-


DE ST DENIS, DE LA MADELEINEJE ST VINCENT-DE-PAUL,DE S" CLOTILDE.DELAT^NITÉ
DE ST SULPICE. DE NOTICE -DAME-DE -PAI^I S
ET DU GI^AND O^GUE DE LA SALLE DES FÊTES DU TR0CADEI\0

MEDAILLES D'OR.. AUX PRINCIPALES EXPOSITIONS NATIONALES


OL^ANDE MÉDAILLE D'HONNEUR EN 15,55 HOI^S CONCOURS EN 1867
PREMIER, GX^ND PRJX. EXPOSITION DE F^OME EN 1670

J\.AND PRJX, OIV^NDE MÉDAILLE. EXPOSITION DE 18 7

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L'ORGUE DE BETHISY ST PIERRE

J. R 1 BES

L'église paroissiale de Béthisy-St-Pierre possède un petit orgue de


tribune acheté en 1876 à l'église Saint-Jacques de Compiègne par le curé
de l'époque, l'abbé BIET.

Cet instrument a été construit en 1857/58 par le facteur SAUVAGE,


de Metz. Il devait être fourni préalablement aux travaux prévus au grand
orgue de Saint-Jacques pour 1858. Nous n'avons pu en retrouver ni le devis,
accepté en mars 1857, ni le coût total (1) ; nous savons seulement que son
buffet plat, dans le style gothique en faveur à l'époque, est l'oeuvre d'un
menuisier local, SANSADE aîné.
En le choeur de l'église Saint-Jacques,
1876, cet orgue, placé dans
a besoin d'être réparé. Comme il ne sert que rarement, il est vendu au cu-
ré de Béthisy pour la somme de 2000 - 2800 francs. C'est l'organiste de
Saint-Antoine de Compiègne, FOUQUET, qui vient l'installer, l'accorder et
qui l'inaugure le 15 octobre 1876. (2)

1953,
En il est restauré par J. TISSERAND de Compiègne et, depuis
quelques années, il est doté d'un ventilateur électrique.
[[]]
L'instrument qu'un clavier manuel de 54 notes et un pé-
ne possède
dalier de 18 marches (UT, - FA2) en tirasse permanente. La console est
placée sur le côté gauche du buffet : la traction est mécanique.

Voici l'ordre des registres (de gauche à droite) :

1. Dessus de Trompette
2. Basse de Trompette
3. Prestant
4. Dessus de Bourdon (8)
5. Basse de Bourdon (8)
6. Salicional (8)
7. Violoncelle (8)
Cette composition semble être celle d'origine.

et le violoncelle - qui fait office, ici de montre -


Le bourdon
sont deux jolis jeux ; le prestant et la trompette, qui ne manquent pour-
tant pas de puissance, n'arrivent bien sûr pas à donner la plénitude d'un
orgue plus complet à cet instrument, dont la vocation première fut d'être
orgue d'accompagnement. Néanmoins, le petit orgue de Béthisy, tel qu'il
est, a le mérite d'exister et de pouvoir être régulièrement utilisé au
service de la communauté chrétienne.

(1) premier versement de 1.600 Francs au facteur figure au budget paroissial pour 1857, 1.420 Francs
Un

sont payés au troisième trimestre 1858 et 600 Francs au quatrième trimestre 1858.
(2) Un prospectus de la maison FIRMIN de Coutances signale des travaux effectués sur l'orgue dans les
années 1920.
LES GRANDES ORGUES DE PIERREFONDS

J P GROSCLAUDE

L'instrument actuel remplace un petit orgue qui avait été offert


au milieu du siècle dernier à Pierrefonds par l'Impératrice Eugénie et
construit par les frères Damiens de Vernon.
La seule protection de l'instrument était constituée par des pan-
neaux de contreplaqué sur les côtés et à l'arrière et un montage de faux
gothique en façade.
La composition était la suivante :

Grand Orgue Bourdon 16'


Bourdon 8'
Flûte 8'
Prestant 4'
Doublette 2'
Trompette 8'
Clairon 4'
et jeu coupé comprenant le 8', le prestant et le nazard avec reprise
un
jusqu'au milieu du clavier et sans reprise sur le dessus avec appellation
de :

Fourniture pour le grave et


Cornet pour le dessus
Il n'y avait par conséquent ni plein jeu ni cornet puisque pour ce
dernier mélange il manquait le 21 et surtout la tierce.

Dessus de récit Bourdon 8'


Flûte octaviante 41
Hautbois
Basson
Voix Humaine
Voix céleste
pédalier n'avait pas de jeu propre mais fonctionnait en tirasse
Le
permanente sur le Grand Orgue.
Nous avions donc un instrument de 4 pieds en montre dont la compo-
sition et les possibilités ne permettaient d'interpréter ni la musique
classique ni l'oeuvre romantique.
L'épreuve du temps et les méfaits de deux guerres eurent raison de
la mécanique et des sommiers de sorte que de remettre l'instrument en état
de marche devenait une opération plus coûteuse et sans intérêt du point de
vue musical que de reconstruire à neuf.

Nous avions une base solide pour partir, c'était toute la tuyaute-
rie de l'orgue qui était d'une facture irréprochable.

En abordant la reconstruction se pose tout naturellement la ques-


tion du choix de l'esthétique.
On parle de l'orgue siècle - voir déjà du 21ème - sans
du 20ème
savoir ce qu'il pourra être. Par ailleurs, pendant plus de 30 ans on a
construit des instruments-compromis appelés à jouer la musique de toutes
les époques et toutes les écoles. Cette conception a été abandonnée car
on s'est aperçu que ces orgues avaient perdu leur âme et que si effective-
ment elles permettaient de tout jouer aucune musique ne leur convenait.
problème à Pierrefonds était assez simple. La dimension de la
Le
nef ne permettait pas un instrument symphonique ni romantique qui deman-
dait de l'espace. La solution du grand huit pieds en montre classique s'
imposait naturellement et puisque nous sommes en France pourquoi aurait
on construit un orgue classique allemand ? Notre facture française des
17ème et 18ème siècles a produit des instruments prodigieux et par bon-
heur nous possédons des documents très précis de l'époque.
C'est ainsi que nous avons classique français,
construit un orgue
absolument pur, un grand 8', parfaitement proportionné à l'édifice avec 4
claviers de 51 touches pour le positif et le grand clavier, 32 touches
pour le récit et l'écho,la pédale possédant 33 marches.
grand buffet en chêne se compose de 3 tourelles et deux plates
Le
faces, les 2 tourelles latérales étant les plus élevées. On retrouve au
positif de dos deux tourelles latérales et une plate face centrale. Il se
trouve que l'harmonie des proportions du buffet permettent d'entrer en
consonance avec le premier Ut du clavier. Les jeux de pédale ont été pla-
cés en dehors du buffet, derrière le grand orgue. La console des claviers
se trouve en fenêtre, l'organiste étant placé entre le grand orgue et le
positif. Les claviers sont plaqués d'ébène et les dièses en poirier. Le
pédalier est français c'est-à-dire à chevilles comme sur les instruments
anciens. Les 4 claviers sont encadrés par 34 tirants de jeux se terminant
par des pommeaux en poirier.
Voici la composition de l'orgue :
1er clavier, positif de dos 2ème clavier, grand orgue
Bourdon 8' Bourdon 16'
Montre 4' Montre 8'
Nazard 2 2/3' Bourdon 8'
Doublette 2' Prestant 4'
Tierce 1 3/5' Flûte 4'
Larigot 1 1/3' Grosse Tierce 3 1/5'
Fourniture 3 rangs Nazard 2 2/3'
Cymbale 2 rangs Doublette 2'
Cromorne 8' Tierce 1 3/5'
Fourniture 4 rangs
Cymbale 3 rangs
3ème clavier : Récit Grand Cornet 5 rangs
Trompette 8'
Flûte 8' Clairon 4'
Flûte 4' Voix Humaine 8'
Cornet 3 rangs
Hautbois 8' Pédale
Flûte 8'
4ème clavier : Echo Flûte 4'
Cornet Trompette 10'
5 rangs Clairon 5'
tous les claviers la mécanique est de type suspendue. Les touches
A
sont donc axées en queue, l'accrochage se faisant par le milieu.
Lamécanique foulante du positif se fait par pilotes et bascules
en chêne, celle du grand orgue par vergettes et abrégé en chêne.
La mécanique du Récit passe par deux abrégés, celle de l'Echo est
accrochée directement par vergettes en-éventail.
La mécanique du pédalier se fait par deux équerres et un abrégé en
chêne. L'accouplement du positif sur le grand clavier est un accouplement
à tiroir. La tirasse au grand orgue fonctionne par fourchettes.

Tousles sommiers sont construit en chêne. Nous avons deux sommiers


diatoniques pour le grand orgue,placés au niveau de la grande façade. Les
huit premières notes sont à double soupape.
Le sommier du positif placé dans le petit buffet au niveau de la
tribune est diatonique sur la première octave, la suite étant chromatique.
Le sommier du récit, placé dans le haut de la tourelle centrale est
diatonique, en mitre. Le petit sommier de l'écho, placé dans le soubasse-
ment du grand buffet est chromatique. Les deux sommiers de pédale placés
derrière le buffet sont diatoniques. L'alimentation des tuyaux postés se
fait par postages en plomb.
Les dimensions des soupapes sont calculées de façon à alimenter
convenablement le grand jeu de tierce, mélange classique consommant le
plus de vent.
L'alimentation des sommiers se fait par un réservoir unique donnant
une pression unique pour tous les sommiers. Cette pression est de 73 mm.
Tous les porte vents sont en bois. Un tremblant doux est monté dans le
porte vent principal.
Les tuyaux de métal sont martelés. Les alliages sont de 25 % d'é-
tain, 75 % de plomb pour les tuyaux en étoffe ; 85 % d'étain et 15 % de
plomb pour les tuyaux en étain.
Tous les tuyaux sont coupés au ton. Les bourdons sont à calottes
soudées.
L'orgue est accordé au ton ancien soit 442 vibrations/seconde pour
le si.
Le tempérament est inégal suivant le schéma de Lambert Chaumont.
Pour l'harmonisation, nous avons recherché la rondeur et l'ampleur des so-
norités de l'orgue classique français.
L'orgue de Pierrefonds n'est pas une copie d'un instrument ancien.
C'est un instrument conçu et réalisé par un facteur du 20ème siècle, en
l'occurence la maison Koenig de Sarre-Union. Tous les éléments de l'orgue,
autant la conception du buffet et de la mécanique que la taille ou l'har-
monisation des tuyaux ont été dictés par l'expérience personnelle du fac-
teur. Cet orgue a donc le double intérêt de faire entendre des sonorités
classiques françaises mais sur un orgue neuf, donc en parfait état de mar-
che.
L'orgue de Pierrefonds appartient déjà au patrimoine français, dé-
passant les limites géographiques locales. Les visiteurs viennent de par-
tout en France et même de l'étranger, ainsi cette délégation d'organistes
et facteurs d'orgues danois, passionnés par ce qu'ils ont vu et entendu.
Des cours d'interprétation de la musique française sont donnés par le Maî-
tre Michel CHAPUIS à des élèves de haut niveau et c'est ainsi qu'on voit
arriver une fois par mois les participants français et étrangers de l'Aca-
démie de Musique Française de Pierrefonds.
Ace rôle éducatif de l'instrument s'ajoute une activité musicale
autour de l'orgue et qui est constituée par une série annuelle de 5 à 6
concerts appelés les RENDEZ-VOUS DE PIERREFONDS.
Bien sûr l'orgue a une place de choix dans ces concerts mais nous
tenons à diversifier les possibilités d'écouter de la bonne musique. C'est
ainsi que les mélomanes ont pu applaudir le Pro Arte de Münich, la Gran-
de Ecurie et Chambre du Roy, l'Orchestre Paul Kuentz, le quatuor Parrenin
etc ...
Nous devons cette activité et surtout la réalisation de l'ogue à la Mu-
nicipalité de Pierrefonds conduite par Monsieur Louis LESUEUR qui ainsi
est entré dans l'histoire de l'Orgue Français.

Les personnes qui désirent être tenues au courant par lettre des Rendez-
Vous de PIERREFONDS peuvent figurer au fichier en retournant leur adres-
se à la MAIRIE DE PIERREFONDS, Pierrefonds, 60350 CUISE LA MOTTE.

LES ANNALES HISTORIQUES COMPIEGNOISES


modernes et contemporaines

Revue trimestrielle de la Société d'Histoire (moderne et contemporaine) de


Compiègne, affiliée à la Société des Etudes Robespierristes et à la Fédéra-
tion des Sociétés Savantes de Paris et d'Ile de France.
Les N°s 1 à 5 (Janvier 1978 à Janvier 1979) sont totalement épuisés.
N° 6 : COMPIEGNE DANS L'ENTRE DEUX GUERRES (avril 19 79)
8 7 p. offset - 12 F (disponible)
N° 7 : RELIGION ET REVOLUTION (1789-95) (Juillet 1979)
72 p. offset - 12 F (épuisé)
N° 8 : LA FORET DANS L'HISTOIRE (XVIIe-XXe) (octobre 1979)
84 p. offset - 12 F (presque épuisé)
N° 9 : COMPIEGNE ET L'OISE A LA BELLE EPOQUE (janvier 1980)
95 p. offset -(épuisé)
15 F
Suppléments au N° 9 : (disponibles)
- Tramways de Picardie (4 pages avec photos) 4F :
- Si Nogent sur Oise m'était conté (cartes postales anciennes)
par J.M. TOURNEBIZE - 50 F (40 F pour les sociétaires et les abonnés)
N° 10 : GOURNAY SUR ARONDE XVIe - XVIIle - XXe (avril 1980)
90 p. offset - 15 F (disponible).
N° 11 : PATRIMOINE (I) : Chemins de fer, cuisine, éducation ...
84 p. offset - 15 F (presque épuisé)

Pour se procurer les N°s encore disponibles, écrire ou téléphoner au


Siège de la Société, 82bis, rue de Paris, 60200 COMPIEGNE - (4)420.26.52
Libeller les chèques bancaires à l'ordre de la Société d'Histoire de
Compiègne et les chèques postaux à celui de M. Jacques LECURU.
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LES ORGUES
-
DE L'EGLISE SAINT DENIS

CREPY EN VALOIS

J. B. FURET

(La capitale historique du Valois, si


charmante dans sa partie ancienne, ne
possède plus guère qu'un orgue en servi-
ce, dans l
'église paroissiale St Denis,
bien située dans le vieux quartier, au
bord du rempart. Les restes d'autres bâ-
timents religieux tels l'abbaye St Ar-
nould à proximité, ou l'église St Thomas
à l'autre bout de la ville, nous permet-
tent seulement d'imaginer les pertes su-
bies par CREPY dans le domaine des or-
gues. Le seul instrument subsistant,
présenté ici par son jeune titulaire né-
cessite aussi des travaux urgents .,*)
(NDLR)

L'actuel orgue de l'église St Denis de Crépy en Valois, placé sur


sa tribune en fond de nef, fut inauguré en 1840, le dimanche des Rameaux.
L'originalité de son buffet tient au fait que l'on utilisa pour la façade
des éléments provenant d'un instrument antérieur, dont les boiseries ont
un style XVIIIe siècle, et qui pose quelques problèmes quant à son origine.
Tout ce qu'indiquent les maigres allusions contenues à ce propos
dans les archives paroissiales (1) nous laisse supposer qu'il existait en
1839 dans l'église un petit instrument de médiocre qualité, en tout cas
devenu presque inutilisable. (2)
Le curé (alors l'abbé CONVREUR) et le conseil de fabrique
de Crépy
décidèrent à cette date de financer la construction d'un nouvel orgue. Ils
firent pour cela appel à la maison DAUBLAINE et CALLINET, située 17 rue St
Maur - St Germain à Paris.
Le premier devis fait par cette maison le 4 novembre 1839 propo-
sait de construire pour la somme de 7.500 F un petit instrument à 2 cla-
viers doté de la composition suivante :

(1) Cure de Crépy en Valois


(2) Selon un article récent de M. J.M. TOMASINI, l on aurait transporte au début du XiAe siècle,
.1 cans yc
Denis, le "petit orgue" (de choeur ?) de l'église St Thomas démolie ; installé alors sur sa tribune
il aurait été le petit instrument remplacé en 1839, dont on aurait alors simplement récupéré la faça-
(cf.
de, pour l'orgue CALLINET-DAUBLAINE - La tribune était - et le restera jusqu'en 1928 notre des-
sin) supportée elle-même par des piliers de style corinthien "en bois du buffet d'orgue de St Thomas"
(JM.T). Ces piliers seront réutilisés pour orner des autels après 1928. Cette interprétation ne nous
semble pas être tout à fait corroborée par les archives accessibles ; il est en effet question en 1839-
40 non pas d'un buffet de "petit orgue", mais d'un ancien Positif ; ne s'agirait-il pas en fait du Po-
sitif de l'ancien orgue de St Thomas transféré à St Denis en 1802, les colonnes corinthiennes provenant
quant à elles de la boiserie du buffet de Grand Orgue ? (Ce qui suggère l'existence d'un seul orgue
à 2 buffets dans St Thomas et non pas 2 instruments différents.)
1er clavier (G.O.) 54 notes : 2ème clavier (Récit) 37 notes :

- Bourdon 16 - Flûte 8
- Bourdon 8 - Prestant 4
- Flûte 8 - Hautbois
- Prestant 4
- Doublette 2
Pédalier notes15
Quinte 2 2/3 :
- (en tirasse sur G.O.)
- Trompette 8
- Clairon 4 Avec accouplement G.O. /R.

curé entama alors des discussions pour obtenir un orgue un peu


Le
plus important sans guère payer plus ; le résultat de ces laborieuses né-
gociations fut un second devis, donnant la même composition au Grand Or-
gue, mais une augmentation sensible du Récit puisqu'aux trois jeux primi-
tifs s'ajoutaient un Bourdon 8, un Cornet 5 rangs. (1). De plus le Récit
était désormais doté d'une boite expressive.
L'ensemble se montait à 7.750 F, soit une augmentation très mini-
me compensée pour le facteur par la reprise de débris de l'ancien orgue.
Le devis précise aussi : "Il sera fait un buffet simple (dont la
façade sera en chêne et le fond en sapin), destiné à contenir tout l'orgue.
Le buffet actuel du Positif ne devant servir que de décoration ..."

là l'explication de cette étrange façade actuelle, avec


Nous avons
son bâti géométrique style XIXe, très sobre car réalisé au plus bas prix,
encadrant une ancienne boiserie XVIIle avec ses bases de tourelles ornées
de feuilles d'acanthe ; les tuyaux de Montre provenant de l'ancien Posi-
tif avaient été réparés, remis à neuf et pour certains refondus. La conso-
le était en fenêtre, comme on le faisait encore pour ce type d'instrument
à l'époque. Sa registration est typiquement celle d'un petit instrument
de transition entre l'orgue classique finissant et le tout début de l'or-
gue romantique, plus de tradition cependant que d'avant garde.

archives paroissiales sont totalement muettes sur l'instrument


Les
de son inauguration en 1840 à 1927. A cette dernière date le curé VIEUBLED
songea à faire réparer et améliorer,selon le goût de l'époque un orgue
semble-t^il resté identique depuis sa construction. Plusieurs devis furent
faits pour un bon relevage et des modifications de registration, l'exten-
sion du pédalier, l'adjonction d'un ventilateur électrique, le retournement
de la console. Plusieurs maisons furent alors en concurrence (Henri FIRMIN
de Granville, Haerpfer de Boulay, Gutschenritter de Paris), mais rien n'a-
boutit, car la fabrique ne pouvait financer une telle dépense.
En 1928 l'allure extérieure
l'orgue changea passablement du fait
de
de travaux destinés à modifier la tribune : on supprima les 4 piliers de
bois la supportant et les décorations XVIIIe de style corinthien furent
utilisées pour les deux nouveaux autels de la Vierge et de Ste Agathe pla-
cés dans des chapelles latérales - ils y sont encore aujourd'hui. On au-
rait également opéré des modifications au buffet, en supprimant un buffet
factice (?) et en en reprenant les tuyaux pour l'actuelle Montre (2).
Le décor de l'orgue avait changé, mais la partie instrumentale at-
tendait toujours son relevage. Celui-ci n'aura lieu qu'à la fin de llan-

(1) Cecornet avait été suggéré par l'organiste, qui conçoit plus son 2ème clavier comme de Positif que
comme Récit ; il demandait cependant en même temps une boite expressive, ce qui nous montre bien que
nous sommes alors en pleine période de transition esthétique et technique.
(2) Selon J.M. TOMASINI (art. cité). Là aussi nous émettons quelques doutes en ce qui concerne le buffet,
car l'actuelle façade est bien celle d'un Positif classique dont il
reste la boiserie ancienne autant
que la tuyauterie ; à moins de supposer qu'elle ait été masquée de 1840 à 1928 par un autre élément
décoratif, comme le suggère le dessin de la page précédente.
Deux des plus beaux intruments picards :
Buffets classique et néo-renaissance
MANUFACTURE DE GRANDES ORGUES
TH. JACQUOT & FILS
DE RAMBER VILLE RS (VOSGES)

AGENCE GÉNÉRALE
ET ATELIERS
9. RUE FRIANT. 9
PARIS (14c)
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Vente de 4 orgues des couvents de Compiègne le 5 décembre 1791


NOTE HISTORIQUE :

QU'EST-IL ADVENU DES ORGUES DE COMPIEGNE


SOUS LA REVOLUTION FRANÇAISE ?

J. BERNET

abordant ce délicat sujet nous n'ignorons nullement qu'il n'a


En
jamais cessé de susciter polémiques et lamentations de la part des orga-
nistes, amateurs ou professionnels de la facture et de la musique d'orgue.
La plupart des publications ne manquent jamais de souligner - et d'ail-
leurs souvent avec raison - les "pertes irrémédiables" causées par la
tourmente révolutionnaire dans le Patrimoine des instruments français.
Nul ne songerait à contester les faits quand ils sont bien établis, mais
leur ancienneté devrait permettre aujourd'hui de les dédramatiser, d'es-
sayer de les expliquer, à défaut de les justifier.
Remarquons cependant que bien d'autres évènements historiques,
dont on parle beaucoup moins, dégâts, aussi considérables si-
firent des
non plus dans ce patrimoine, en particulier les deux guerres mondiales,
la première ayant spécialement touché notre région et l'ensemble de la
Picardie, secteurs du front pendant 4 ans ; de cette période date la perte
d'un grand nombre d'instruments, ne serait-ce que le grand orgue de la
cathédrale de Noyon, jamais reconstruit depuis 1918. (1)
La négligence et l'impéritie des hommes ont ajouté leur part à ce
bilan négatif et il
est certain que depuis 2 siècles le nombre d'instru-
ments en état diminue absolument, sans que des reconstructions trop ra-
res - comme à Beauvais et Soissons pour nos régions - viennent compenser
vraiment les pertes.
Celles de la Révolution Française apparaissent à certains comme
d'autant plus scandaleuses qu'on les attribue souvent à une volonté sys-
tématique d'iconoclasme, voire de " pillage " de la part des révolution-
naires : une opinion fort exagérée, car si la Révolution s'en prit à cer-
tains moments précis à l'Eglise - et ce pour des raisons politiques et
sociales complexes que nous ne pouvons développer ici - il n'y eut jamais,
à notre connaissance aucun plan systématique visant les orgues ; mieux,
dans un certain nombre de cas les évènements contribuèrent à perpétuer ou
sauver des instruments menacés de disparition, notamment dans les cou-
vents.
Il se fait,
la Révolution coïncide de manière semi-
trouve qu'en
fortuite avec une fin du XVIIIe siècle qui connaissait un net déclin de la
musique et partant de la facture d'orgue en France, pour des raisons à la
fois idéologiques et esthétiques. Le malheureux instrument avait alors la
malchance d'être intimement lié à l'Eglise et à la religion, à une époque
où celles-ci connaissaient une crise sinon un déclin profond : il en su-
bit inévitablement le contre coup. Dès avant la Révolution, l'évolution
des goûts musicaux conduisait à un abandon progressif de l'orgue en dépit
de sa sécularisation ; pendant et après les évènements révolutionnaires,
ce déclin ne fit
que se confirmer, même à l'époque de la restauration du
culte catholique. Dans la première moitié du XIXe siècle, avant la rénova-
tion de l'instrument par CAVAILLE COLL et les facteurs romantiques, on
pouvait même croire que le Pape des instruments était en train de subir

(1) Voir à ce propos l'étude de M. BERTRAND dans le présent N°.


le sort du clavecin., chassé par le piano forte. Un BERLIOZ n'annonçait-
il pas alors la fin de l'orgue tout en lui préférant de nouveaux instru-
ments comme l'harmonium ?

révolutionnaire et à ses conséquences


Si nous revenons à l'époque
sur les instruments compiègnois, il nous paraît nécessaire de distinguer
2 grandes périodes de la Révolution où ce patrimoine particulier subit de
gros dégâts, pour des raisons d'ailleurs assez différentes : 1790-91
d'une part, époque de la "nationalisation" de l'Eglise et du Clergé de
France, dont les biens furent récupérés par la Nation dans le cadre d'une
vaste réorganisation politico-administrative ; la période 1793-95 d'au-
tre part, où il s'agit cette fois d'une véritable tentative idéologique
et politique d'élimination des anciens cultes chrétiens, au profit d'ail-
leurs d'une sorte de religion civique à caractère déiste ou panthéiste,
laquelle ne manquera pas d'essayer d'exploiter à sa manière et à son pro-
fit les effets envoûtants de la musique d'orgue sur l'âme des foules.
la première période (1790-91) ne s'en prit aucunement au conte-
Si
nu de la religion catholique - contrairement à ce que l'on a trop souvent
écrit - elle eut certainement les effets les plus importants sur les
biens de l'Eglise et en particulier les orgues.
Pour des raisons au départ financières, l'Assemblée Constituante
avait, en novembre 1789, décidé de mettre à la disposition de la Nation
les immenses richesses de l'Eglise, essentiellement des terres (10 % du
sol national), des immeubles et des biens meubles. Véritable Etat dans
l'Etat avant cette réforme, l'Eglise avait jusque là une véritable indé-
pendance matérielle et le premier ordre du royaume perdit du même coup
l'immense avantage de cette situation. Soulignons que la décision de la
Constituante à l'égard de l'Eglise ne constituait pas une totale nouveau-
té ; on y songeait plusieurs années avant les évènements révolutionnai-
res et dans les années 70-80 avait fonctionné officiellement une "Commission
des Réguliers" destinés à réviser la carte monastique en supprimant les
communautés religieuses aux effectifs trop réduits ou jugées inutiles :
plusieurs avaient ainsi disparu dans la région de Compiègne dès 1787, no-
tamment les établissements des Célestins en forêt (St Pierre en Chastres
et Ste Croix d'Offémont), dont l'évêque de Soissons avait récupéré les
biens. Le retour à la Nation d'une partie des biens de main morte était
d'ailleurs souvent réclamé en Picardie par les partisans des réformes et
les paysans affamés de terres : dans maints villages du plateau picard,
où l'on trouvait jusqu'à un tiers du terroir aux mains de l'Eglise, les
cahiers de doléances de mars 1789 réclament souvent la suppression des
couvents inutiles (il s'agit des contemplatifs) et la mise en vente de
leurs biens fonciers.
Or en 1790 on ne concevait nullement la séparation de l'Eglise et
de l'Etat et même si la déclaration des Droits de l'Homme d'août 89 avait,
in extremis - et à la grande fureur de la hiérarchie catholique - reconnu
la liberté de conscience, il ne pouvait alors être question de "privati-
ser" l'Eglise ; elle ne pouvait donc alors être que nationalisée, inté-
grée, subordonnée à l'Etat, son personnel étant par ailleurs transformé
en un corps de fonctionnaires ; car en compensation de ses pertes maté-
rielles et financières l'Eglise devaient être prise en charge par la Na-
tion, le Clergé salarié par l'Etat au même titre que les juges et admi-
nistrateurs - ce qui impliqua logiquement l'élection des curés et évê-
ques, selon les conceptions de l'époque.
Une série de lois et décrets furent votés au cours de l'année 1790
dans la suite logique de ce nouveau statut de l'Eglise et du Clergé.
En février 1790 on interdit l'émission des voeux monastiques, afin
d'éteindre progressivement le clergé régulier, jugé anachronique, surtout
dans les établissements purement contemplatifs (ceux d'enseignement, de
charité ou hospitaliers étaient bien sûr conservés en attendant de modi-
fier leur statut). Au cours du printemps et de l'été 90 les nouvelles ad-
ministrations procédèrent à un inventaire général des couvents, biens et
personnels. Religieux et religieuses furent invités à opter pour leur
maintien en communauté ou leur sécurisation : l'immense majorité des pre-
miers se prononcèrent pour le retour à la vie civile tandis que presque
toutes les religieuses manifestèrent clairement le désir de "vivre et
rit
mouri dans leur établissement. (1)

A dans ses environs immédiats (St Germain, Royal lieu


Compiègne et
inclus) existaient de nombreuses communautés religieuses, plus ou moins
nombreuses, comme dans toutes les villes de France à l'époque, soit pour
des hommes, principalement quatre grands établissements : les Bénédic-
tons de St Corneille, aussi titulaires du Collège de Compiègne depuis
l'expulsion des Jésuites ; les Jacobins et les Cordeliers, ordres men-
diants, enfin les Minimes tenant des écoles primaires à des Frè- l'instar
res des Ecoles Chrétiennes. On trouvait aussi des Capucins à St Germain,
les Célestins de St Pierre et Ste Croix ayant été antérieurement suppri-
més. A ces communautés régulières d'hommes s'ajoutait la collégiale St
Clément à laquelleétaient rattachés un certain nombre de chanoines et de
vicaires chapelains. (2)
La plupart religieuses masculines de
des membres des communautés
Compiègne, ayant manifesté le désir de rentrer dans le siècle, ces cou-
vents furent fermés, leurs biens recensés en 1790 et mis en vente l'an-
née suivante au profit de la Nation.

C'est ainsi que nous apprenons l'existence d'un ensemble de 4 ins-


truments, figurant dans les procès verbaux de recensement et les actes
de vente.

l'abbaye bénédictine de St Corneille, la plus ancienne et la plus


+
riche de la ville, possédait une grande église au centre de Compiègne,
destinée aux moines et à la minuscule paroisse féodale de Crucifix. (3)
On y trouvait un instrument, ainsi sommairement évoqué dans l'ac-
te de vente du 5 décembre 1791 : (4)
"
... un ofiQixo, de. 8 px,e.d& avec péclaie. et tinaJbbe, ... de. ;ftU bon-
" ne. 4actitte ..."

Mis en vente le 8 juin 1791, cet orgue fut adjugé, avec sa tribune,
lors des enchères du 5 décembre, au notaire compiègnois Louis PENON, qui
obtint l'ensemble pour 655 t. Cette somme n'était pas négligeable pour
l'époque, mais elle était sans doute loin d'atteindre la valeur d'un ins-
trument sur lequel les archives nous donnent tout de même quelques pré-
cisions. (5) Il avait été acquis par l'abbaye compiègnoiseen 1691, rache-
té à celle de Prémontré (6) pour la somme de 1500 6 ; un menuisier com-
piègnois avait construit la tribune en fond de la grande nef, confection-
né un nouveau buffet de 12 pieds de large, celui de Prémontré étant inu-
tilisable. L'inauguration de ce nouvel instrument eut lieu le 24 décembre
1691. Profitant du passage à Compiègne du facteur parisien DESLANDES, en

(1) les établissements maintenus à la suite des voeux de ces religieuses furent tous fermes et nationali-
sés à la suite de la nouvelle législation consécutive a la "2de Révolution" du 10 août 1792,
laquelle
la chute de la monarchie et une nouvelle phase de la Révolution.
amena
(2) Sur les établissements religieux de Compiègne à la veille de la Révolution, voir un article de M. H.
Hist. Compiègne (1950) "Les paroisses de Compiègne enj?89".
MULLER publié dans le Bull. de la Soc. de
(3) Cette paroisse qui ne servait guère qu'aux religieux et aux fermiers de l'abbaye, sera la première
supprimée dans la ville, en décembre 1790.
(4) A.D. Oise 1 Q III- 790 dossier orgues et horloges.
(5) A.D. Oise H 2169 (dossier orgue de St Corneille) et 2146 + pp. 86 et 147
(6) Il s'agit probablement de Premontre actuellement oans î Aisne.
juillet firent relever l'instrument auquel furent alors
1726, les moines
apportées quelques améliorations : réfection des piliers de la tribune,
adjonction d'un jeu en Positif, fabrication d'un buffet pour ce dernier
qui, par économie semble-t-il, en était jusque là dépourvu. (1) Une tra-
dition, non confirmée par les archives en notre possession, veut égale-
ment que cet orgue ait fait ultérieurement l'objet de travaux de la
part de François CLICQUOT.
En
cas tout St Corneille était encore en bon état en
l'orgue de
1790, tenu par deux titulaires, Mathurin MARIELLE et Albin Claude Fran-
çois NOCQ, ce dernier étant le professeur de musique du Collège, alors
tenu par les Bénédictins de St Corneille.
Nous ignorons ce que put bien faire le notaire PENON de son acqui-
sition ; comme il
acheta en même temps un autre des 4 orgues alors mis en
vente, nous pensons qu'il dut les mettre en pièces détachées pour en re-
vendre tous les matériaux et éléments monnayables.

+ Mis en en même temps que le précédent, l'orgue


vente et adjugé
du couvent des Cordeliers, établissement situé non loin de l'église pa-
roissiale St Antoine et aujourd'hui totalement disparu, nous est ainsi
présenté en 1791 : (2)
"
... un oigue, de. 8 pied6 avec. tuwAbe, et baux po^ÂJU.^
... de
" &ioj> bonne ficLcXu/ie,".

Il s'agissait donc d'un instrument plus modeste dépourvu de jeux


de pédale indépendants et orné d'un vide ; ne fut
buffet de positif il
d'ailleurs mis à prix qu'à 100 6 et adjugé à 180. L'acquéreur était cet-
te fois un laboureur du proche bourg de Rémi, situé sur le plateau picard
au Nord Ouest de Compiègne. On note à cette occasion l'intervention dans
les enchères du curé du village de Rémi pour le compte de la fabrique ;
il nous parait probable que l'achat du laboureur avait la même destina-
tion, les deux hommes s'étant vraisemblablement concertés pour s'assurer
de l'acquisition. De ce fait l'orgue des Cordeliers de Compiègne a pu
être remonté dans l'église paroissiale du bourg de Rémi ; s'il a aujourd'
hui disparu, on peut éventuellement trouver là l'origine des boiseries
XVIIIe siècle qui subsistent sur la tribune au fond de l'église du villa-
ge.
Troisième instrument signalé dans les mêmes circonstances, l'orgue
du couvent des Jacobins, dont l'emplacement est encore visible aujourd'
hui par les ruines de son cloître situées dans les jardins du musée Vive-
nel, au bord de l'Oise.
On le décrit en 1791 comme

"
... un otigue, de 8 pied6 à cJtavleJiÀ avec. pédale. et écho,
" ficuix. 6 ...
pO.6itÁ.. d'une ttàA t
bonne fiacXuAe, ..."
(3)

Il s'agissait
là aussi d'un orgue assez important puisque dé-
donc
pourvu de 3 claviers et d'un pédalier à jeux indépendants ; si deux des
claviers nous sont connus (Grand Orgue et Echo - ou dessus d'Echo), on
peut s'interroger sur l'identité du 3° qui eût dû être logiquement un Po-

(1) Le dossier 2169 mentionne un instrument précédent de 7 jeux, acheté 450 fc au facteur parisien P.
H

THIERRY en 1664 ; les religieux le jugeant insuffisant, essayèrent en vain d'acheter un autre orgue
mis en vente à St Rémi de Reims en 1666. Rappelons que St Corneille jouissait d'une illustre tradi-
tion en matière d'orgue : elle avait abrité dès le Ville siècle le premier instrument connu en Fran-
ce, cadeau de l'Empereur Byzantin Constantin V à Pépin le Bref en 757, placé dans l'abbaye à l'occa-
sion d'un concile de 120 Evêques et abbés.
(2) A.D. Oise 1 Q III
- 790 dossier orgues et horloges.
(3) Même source que précédemment.
sitif de dos, mais on parle ici d'un "faux positif" ce qui suggère un pe-
tit buffet vide en avant de l'instrument ; placé le Positif avait-il été
initialement ou ultérieurement dans le corps du buffet du Grand Orgue ou
au dessus, comme on nous l'indique précisément pour un autre instrument
compiègnois à l'époque ? Nous l'ignorons, en l'absence d'autres référen-
ces sur cet orgue. Soulignons aussi que les auteurs des affiches n'étaient
pas forcément des spécialistes de la facture ...
En tout cas cet instrument important ne fut mis en vente que pour
la somme dérisoire de 50 k, vendu à 165 6, tout de même, au terme des en-
chères de décembre 91. L'état défectueux de l'orgue explique peut être la
modicité de la somme. L'acquéreur fut cette fois un personnage local im-
portant : l'
imprimeur de Compiègne L.F. BERTRAND, alors secrétaire du
district, homme politique bien en vue puisqu'on l'appelait alors le "Mi-
rabeau compiègnois", leader des Jacobins du lieu, futur Conventionnel
suppléant et Procureur syndic du district sous la Convention. (1) Là aus-
si nous ignorons le but de son achat et la destination qu'il en f1t ; la
taille de l'instrument nous incite à penser qu'il dut le démonter et en
récupérer les matériaux pour lui-même ou pour les revendre.
Enfin un quatrième et dernier instrument nous est mentionné dans
la même fournée : celui possédé par l'ex-couvent des Minimes, situé der-
rière l'Hôtel de Ville et dont existe toujours la belle chapelle, trans-
formée aujourd'hui en salle de sport et stand de tir.
Cet instrument était le plus modeste des quatre :

"... un petit oàgue. de. 4 p<te.di ptioptie. poun. un couvent ou un appoui-


" tement
... de. .t!tè-6 bonne 6ac..tWLe..."
Mis à prix il fut
acquis pour 80 par le même notaire PENON
50 L
qui avait déjà racheté l'instrument de St Corneille. Plusieurs référen-
ces des archives paroissiales de Compiègne nous indiquent que ce petit
orgue fut remonté, avec sa tribune aux colonnes torses de style baroque,
dans l'église paroissiale St Germain, à la suite d'un achat du curé. On
y signale des travaux de peinture et de menuiserie en février et août
1793.
A l'inverse leurs homologues masculins, les biens des
de ceux de
communautés religieuses féminines conservées en 1790 à la demande de
leurs membres, restèrent en place jusqu'à la suppression de septembre 92 ;
leur mise en vente n'intervint que l'année suivante. Il n'existait appa-
remment aucun instrument ni chez les Visitandines, ni à l'hôpital, ni à
l'école de la Ste Famille ni a fortiori chez les austères Carmélites. (2)
On ne mit en vente le 13 juillet 1793 que deux instruments d'éta-
blissements religieux féminins : celui de la riche abbaye bénédictine de
Royallieu d'une part ; celui de l'Hôtel Dieu St Nicolas du Pont d'autre
part, établissement hospitalier tenu par les Augustins, sécularisées mais
maintenues à leur poste en septembre 1792.
L'un et l'autre de ces orgues existaient au moins depuis 1726 puis-
que l'on sait qu'à cette date le facteur parisien DESLANDES y des tra- fit
vaux, selon le témoignage de la chronique religieuse de l'abbaye de St
Corneille citée plus haut. (3)
(1) Ce
personnage essentiel au plan local et connu nationalement, se révélera en 1793 comme un très ac-
tif
déchristianisateur. On peut lire à son propos une notice biographique, d'ailleurs peu flatteuse,
rédigée au siècle dernier par l'historien local A. SOREL. (Publ. de la Soc. Hist. de Compiègne.)
Nous l'avons largement évoqué dans nos articles sur la déchristianisation à Compiègne (cf. Bull.
de la Soc. des Antiquaires de Picardie - N° 4 1980 et A.H.R.F. N° 4 de 1978).
(2) Cet ordre recourait peu à l'usage de l'orgue ; le répertoire des facteurs d'orgue de J. MARTINOO si-
gnale par erreur un instrument récent dans l'actuel couvent des Carmélites de Compiègne, reconstitué
au XIXème siècle.
(3) A.D. OISE H 2146 p. 147
Par ailleurs, si tout de la taille et de l'allure
nous ignorons
de l'instrument de l'Hôtel Dieu St Nicolas, celui de la puissante abbaye
bénédictine, placée assez loin au Sud Ouest de Compiègne, nous est un
peu mieux évoqué par les procès verbaux de recensement des biens de l'ab-
baye, datés d'août 1790 et septembre 1792 : (1)

" ... le choeur des religieuses occupant une partie de l'église


" séparé par une grille de fer3 est garni de stalles et précédé
" d'un avant choeur3 au dessus duquel est une tribune où est pla-
" cé le buffet d'orgue ; derrière cet avant choeur est une partie
" de bâtiment en appentis adossée à l'église où se trouve l'es-
" calier pour monter à l'orgue ..."
" ... dans le choeur des Dames, un petit buffet d'orgue de 8 pieds
" avec un positif dans le corps du grand orgue ..."
Il s'agit instrument pourvu d'au moins deux claviers (G.O
donc d'un
et Positif), placé en hauteur, à la limite du choeur et de la nef de 11
abbatiale aujourd'hui disparue. (2) Nous savons qu'en 1790 cet instrument
avait pour titulaire une des religieuses de choeur, Reine Angélique PRAT,
dite Sr Bernard.
d'archivé concernant la vente de ces deux instru-
Faute de pièce
ments, nous ignorons complètement combien et comment ils furent vendus et
acquis, par qui, et a fortiori ce qu'il put en advenir ultérieurement.
Leur disparition ne fait guère de doute, d'autant que si l'Hôtel Dieu fut
maintenu au cours des évènements révolutionnaires, l'ex-abbaye de Royal-
leur - rebaptisée Beaulieu au moment de la déchristianisation - fut trans-
formée en hôpital militaire dès 1793.

Le bilan
de la fermeture et de la suppression des couvents compiè-
gnois en 1790-92 nous fait donc apparaître l'existence d'au moins 6 ins-
truments d'importance diverse, parmi lesquels celui de l'abbaye St Cor-
neille, daté du XVIIe siècle, était, semble-t-il le plus grand et le plus
intéressant. Ce chiffre est minimum, car nous ne savons rien sur les biens
de couvents disparus un peu avant la Révolution, comme les Célestins de
St Pierre en Chastres et Ste Croix d'Offémont, ni sur ceux des Capucins
de St Germain ou du monastère cistercien de Monchy Humières. Quatre de
ces six instruments au moins ont à coup sûr disparu entre 1791 et 1793,
le cinquième ayant peut être poursuivi sa carrière dans une église parois-
siale de village, le sixième (celui des Minimes) dans St Germain de Com-
piègne.

Juillet 1790 l'Assemblée Constituante avait adopté la célèbre


En
Constitution Civile du Clergé, organisant administrativement l'Eglise sous
l'égide de l'Etat. Ce texte, qui fut à l'origine d'un véritable schisme
religieux aux lourdes conséquences politiques, prévoyait notamment une
simplification de la carte ecclésiastique par mesure d'économie et pour
adapter les structures religieuses à celles des autres instances créées en
1790 ; on ne comptait plus qu'un évéché par département, une paroisse par
commune jusqu'à 6.000 habitants, d'où la suppression de nombreux édifices
jusque là consacrés au culte. La mesure touchait particulièrement les vil-
les anciennes pourvues de nombreuses cures, telles Noyon, Senlis ou Beau-
vais pour notre région.
A Compiègne, ville de création relativement plus récente, les "dé-
gâts" furent moindres car on ne comptait guère que 3 paroisses intra muros

(1) A.D. Oise 1 Q II 1644, états des 9/8/1790 et 17/9/1792.


t2) Une partie des bâtiments de l'ancienne abbaye sont encore visibles de nos jours (palais abbatial du
XVIIIe siècle, communs et ferme) ; la cour en a été récemment transformée en parc ouvert au public,
à proximité des nouveaux quartiers de la ville.
(St Jacques, St Antoine et Crucifix) ; avec l'annexion du village de St
Germain en Janvier 1791, s'en ajoutait une quatrième, sans compter les
proches cures de Margny et Venette.

autorités municipales de Compiègne, qui avaient en vain tenté


Les
d'obtenir le siège de l'évéché de l'Oise pour la ville, s'efforcèrent de
conserver au moins les deux principales paroisses du centre ville, St Jac-
ques et St Antoine, arguant d'une population (quelque peu gonflée pour la
circonstance) de 8000 paroissiens. Les édifices de St Germain et Venette
auraient été conservés comme succursales tandis que l'on prévoyait l'aban-
don de St Corneille et de l'église paroissiale de Margny, cette dernière
étant croulante. (1)
Mais ce plan fut déjoué par la loi de juin 1791 qui réduisait Com-
piègne à une seule paroisse (St Jacques), St Germain et Margny étant alors
érigées en succursales. On protesta très vigoureusement à Compiègne et la
municipalité se refusa à appliquer la loi ; St Antoine fut ainsi conser-
vée comme église paroissiale à l'instar de St Jacques ; St Germain garda
aussi son curé - un chaud patriote, homme politique bien en vue à Compiè-
gne puisqu'il fut un temps Procureur de la commune. De ce fait les trois
églises de Compiègne - St Jacques, St Antoine et St Germain continuèrent
de fonctionner comme par le passé, conservant chacune son orgue en usage,
et ce jusqu'à l'automne 1793.
A cette époque, Compiègne, l'Oise et la Picardie connurent, comme
d'autres régions de la France cet étrange phénomène politico-social, si
controversé, que l'on a appelé la "déchristianisation" ; après quelques
signes avant coureurs en septembre et octobre 1793, le mouvement visant
la suppression du culte catholique éclata vraiment début novembre à Com-
piègne, surtout avec l'arrivée dans la ville des sans culottes parisiens
de 1' "armée révolutionnaire" (2) et le passage du Conventionnel en mis-
sion amiénois André DUMONT, chargé de contrôler la situation dans l'Oise
et la Somme. Ce dernier, initiateur du mouvement dans la Somme, réputé
grand pourfendeur d' "animaux noirs", arrivé à Compiègne le 11 novembre
1793, donna le feu vert à des autorités locales jacobines qui brûlaient
de supprimer totalement ce qu'on appelait désormais " le fanatisme et la
superstition
Dépouillement des églises de leurs ors, argenteries, cuivres et
ornements, abdication des prêtres, interdiction des cérémonies extérieu-
res du culte catholique, et finalement fermeture des églises .paroissia-
les - pour en rouvrir quelques unes comme "Temples de la Raison", telles
furent les principales mesures prises en quelques semaines par les chauds
patriotes locaux, peuplant la Société Populaire, et les autorités consti-
tuées (Municipalité, district, Comité de Surveillance).
L'église St Antoine, dont le maintien était illégal depuis juin
1791, fut la première victime : fermée et dépouillée dès le 11 novembre,
elle faillit devenir le premier "Temple de la Liberté" de la ville, mais
fut bientôt désaffectée pour être utilisée comme magasin à fourrages mi-
litaires. Le 18 Novembre St Jacques était à son tour fermée au culte ca-
tholique, mais sa taille et sa situation au coeur de la ville, à proximi-
té de la Maison Commune, la vouaient tout naturellement au culte civique
substitué aux cérémonies catholiques : l'église fut solennellement dédiée
à la Raison au cours d'une grandiose fête célébrée le 20 décembre 1793.
Le sort des orgues était lié au nouvel usage de ces bâtiments re-
ligieux ; dès le 17 novembre 1793, un membre de la Société Populaire de
Compiègne - le club des Jacobins local
- avait fait la motion
" les deux orgues des Temples soyent conservés pour y fai-
... que
" re retentir les hymnes patriotiques ..." (3)

(1) projet municipal comportait une arrière pensée politique, car Compiègne s'efforçait déjà d'annexer
Ce
le proche village de Margny.
(2) Troupe particulière, chargée de contrôler les voies d'approvisionnement de Pans ; elle joua un rô-
le idéologique et politique essentiel dans la période à Compiègne.
(3) A.D. Oise L 4
- délibérations de la Société Populaire de Compiegne. Rg. 2
Finalement seul l'orgue de St Jacques eut vraiment cet usage, lors
des grandes fêtes civiques et pour les cérémonies républicaines organi-
sées chaque décade en remplacement des anciennes messes, où l'on chantait
des hymnes patriotiques en lieu et place des cantiques. De la sorte le
culte de la Raison - puis de l'Etre Suprême à partir de mai 1794 - contri-
bua à la conservation de ce bel instrument de St Jacques, dont nous admi-
rons toujours les buffets 17ème et 18ème siècles.
En revanche, les édifices de St Antoine et St Germain furent pas-
sablement dévastés par leurs usages militaires ; toutefois les orgues n'y
furent nullement démolies et subsistèrent tant bien que mal dans un en-
vironnement peu propice à leur bonne conservation.
En l'an III (été 1795), les circonstances politiques nationales
ayant changé, la Convention thermidorienne finissante connut une irrésis-
tible poussée populaire en faveur du rétablissement du culte catholique.
Le statut de l'Eglise avait bien changé : totalement séparée de l'Etat
depuis septembre 1794, devenue donc privée, appauvrie et suspecte aux
yeux des autorités républicaines, celle-ci devait jouer très serré pour
récupérer ses lieux de culte ; or les anciennes églises étaient des bâti-
ments nationaux ou municipaux : il fallut donc une forte pression popu-
laire en même temps que des artifices juridiques - comme la location -
pour rouvrir St Antoine puis St Jacques aux cérémonies du culte catholi-
que. (1)
Pour St Jacques, restée lieu d'un culte civique aussi décadent qu'
il était décadaire, les catholiques durent contenter de partager l'édi-
se
fice avec les autorités : selon les jours et les heures, on pouvait y
entendre des cantiques ou des hymnes patriotiques, toujours accompagnés
par l'orgue resté en état de marche et profitant de ce "simultaneum".

(1) Pétitions des habitants en septembre 1795 (Arch. Comm. 1 D 5)


Audébut du Directoire, les autorités locales reçurent l'ordre de
vendre tout ce qui pouvait subsister d'édifices religieux et de biens meu-
bles d'origine ecclésiastique. C'est ainsi que l'orgue de St Jacques fut
officiellement mis en vente le 19 germinal an IV (9 avril 1796). En réa-
lité la vente fut fictive : avec la complicité des autorités, l'acquéreur,
un certain MARTIN, apothicaire à Compiègne, simple prête nom des parois-
siens - et aussi locataire officiel de l'église - n'en l'achat que fit
pour éviter la disparition de l'instrument. Celui-ci resta donc bien en
place sur sa tribune, ayant heureusement traversé cette période troublée
sans trop d'encombres, pour vraiment retrouver définitivement son usage
ancien avec le rétablissement officiel du culte catholique sous le Consu-
lat.
Quant aux instruments de St Antoineet St Germain, il n'en est plus
question après la fermeture des édifices au culte catholique au cours de
l'automne 93 ; tout nous porte à croire cependant que ces deux orgues,
peut être hors d'usage, subsistèrent à l'état de meubles jusqu'à leur
remplacement au cours du XIXème siècle. Pour St Antoine, dont il subsiste
toujours la tribune du XVIIIe siècle, l'instrument lui-même existait tou-
jours en 1816, puisqu'il est représenté à cette date par un dessin du
Compiègnois LERE. (1) Son mauvais état motiva son remplacement en 1830
par l'actuel instrument à la suite d'un don généreux. (2)
L'instrument St Germain, venu avec sa tribune actuelle de l'an-
de
cien couvent des Minimes, reste mentionné au XIXème siècle, remplacé par
un petit orgue venu de St Antoine puis par l'actuel MERKLIN à la fin du
siècle. (3)

Le bilan négatif la Révolution peut apparaître assez lourd à


de
Compiègne dans le domaine des orgues : sur 8 instruments attestés en
1789 il n'en subsiste aujourd'hui plus qu'un (St Jacques) ; 4 des 6 or-
gues de communautés religieuses ont à coup sûr disparu pendant les évène-
ments : parmi eux, ceux de St Corneille et de Royallieu semblent avoir été
de grands sinon beaux instruments et il
est sans doute dommage qu'ils n'
aient pu être remontés ailleurs, comme ceux des Cordeliers et des Minimes
(à moins que leur état ne l'ait pas permis). Il serait cependant très
exagéré de présenter les orgues de Compiègne comme victimes d'un vanda-
lisme systématique
...

(1) Bibli. Mun. de Compiègne Manuscrits de Léré. Cf. la reproduction ci-jointe.


-
(2) Voir l'étude de J. RIBES sur les instruments compiègnois actuels.
(3) Idem. Références provenant des archives paroissiales de Compiègne.
PETIT LEXIQUE DE LA FACTURE D'ORGUE

J.RIBES

ABREGE : voir MECANIQUE


ALIMENTATION l'alimentation de l'orgue en air sous pression se fait par une soufflerie, aujourd'hui électrique
:
(ventilateur), autrefois actionnée par un ou plusieurs souffleurs. L'air, dont le débit est modulé par une
"boîte régulatrice" est envoyé dans un ou plusieurs réservoirs ou soufflets (lestés de poids pour obtenir la
pression recherchée) puis distribué aux différents sommiers par des porte-vent en bois ou en métal.
ANCHE : voir JEU et TUYAU
BALANCIER : voir MECANIQUE
BOUCHE : voir TUYAU
BUFFET : meuble renfermant l'ensemble des organes d'un instrument. Ses fonctions : protéger (de la poussière notam-
ment), diriger la propagation des sons ; composé, de bas
en haut, d'un soubassement, d'une façade de tuyaux
(montre) soit plate soit alternant "tourelles" et "plates-faces", et d'un entablement, parfois richement dé-
coré.
CLASSIQUE FRANÇAIS (orgue) : il s'agit de l'orgue siècles, qui se perpétua en gros jusqu'aux
des XVIIe et XVIIIe
années 1330. Illustré notamment
par quelques grandes dynasties de facteurs : les Clicquot, les Thierry, les
Lefebvre, les Silbermann, etc Pour ses caractères, cf. l'orgue de Pierrefonds.
...
CLAVIERS : au nombre d'un à six ; 3 ou 4 pour un instrument "moyen" :
Pédalier (ou clavier à pédale), actionné par les pieds de l'organiste ; couvre généralement 2 octaves 1/2
-
(30 ou 32 notes), parfois plus modeste.
Clavier (s) manuel (s), dénommé (s) suivant l'emplacement et l'importance ou le type de la tuyauterie cor-
-
respondante ; on peut trouver :
.
clavier de grand orgue : clavier principal, le plus complet et le plus puissant ; tuyauterie située immé-
diatement derrière la façade du buffet.
. clavier de positif de dos : le clavier inférieur à la console ; second plan sonore complet dans l'orgue
classique français, dialoguant avec le grand orgue. Tuyauterie à l'intérieur d'un petit buffet placé à 1'
avant du buffet principal, dans le dos de l'organiste.
clavier de récit : clavier incomplet (sans basses), avec quelques jeux solistes (cornet, hautbois, ...)
, .
jusqu'au dernier siècle ; puis dans le grand orgue symphonique, ensemble expressif complet de jeux de
fonds et d'anches.
.
clavier d'écho : clavier, traditionnellement incomplet, faisant parler un petit nombre de jeux situés sou-
vent dans le soubassement du buffet principal.
.
clavier de bombarde : dans les grands instruments, 4ème ou 5ème clavier manuel, avec notamment une "batte-
rie" d'anches complète.
CONSOLE les claviers et les "tirants" (ou commandes) de registres, ainsi qu'un ensemble de péda-
: organe regroupant
les de combinaison ; peut être placé en "fenêtre" pratiquée dans le soubassement de l'orgue (formule classique)
ou à l'avant du buffet, l'organiste tournant alors le dos à l'instrument (époque romantique). Elle peut égale-
ment se trouver plus ou moins éloignée du buffet (cf l'orgue d'Ourscamp) grâce à une transmission électrique.
ECHO (clavier d'): voir CLAVIERS
ELECTRIQUE (traction DU transmission) : transmission par courant électrique et électro-aimants, remplaçant l'ensemble
des pièces d'une traction mécanique et donnant à l'organiste des possibilités nouvelles : changements de regis-
tration aisés, enregistrement préalable de certaines combinaisons de jeux, console mobile
EQUERRES î voir MECANIQUE
...
EXPRESSIF : (récit, clavier) : dont la tuyauterie est contenue dans une boîte fermée, munie de jalousies mobiles
actionnées par l'organiste pour obtenir des effets d'éloignement et de rapprochement des sons. La boîte ex-
pressive est une constante de l'orgue symphonique.
FONDS : (jeux de) : voir JEU
JEU : ensemble de tuyaux de même timbre (ou ou plusieurs tuyaux par note de clavier) appelé par un tirant de registre
et disposé au sommier sur une seule rangée. On distingue :
1/ Les jeux à bouche, décomposables en :
jeux de fonds, a la base de l'édifice sonore de l'orgue, comprenant :
-
les principaux, à tuyaux ouverts, de taille moyenne (montre, prestant, doublette, etc ...) ;
.
les flûtes et bourdons, à tuyaux ouverts ou bouchés de taille large, aux sonorités rondes et douces ;
.
les gambes, jeux de taille étroite, à la sonorité mordante, à tuyaux ouverts (gambe, voix céleste, sali-
.
cional, etc ...)
mixtures (ou mutations), simples (un tuyau par note) ou composées (plusieurs tuyaux ou "rangs" par note),
-
associées aux jeux de fonds et donnant leurs harmoniques : jeux de nazard, larigot, fourniture, cymbale
2/ Les jeux d'anches, aux sonorités puissantes, éclatantes ; les plus courants : trompette, clairon, bombar-
...
de, hautbois, basson, voix humaine, cromorne.
MECANIQUE (traction
transmission) ; mot souvent employé comme substantif) : ensemble des pièces de bois ou de mé-
ou
tal assurant la liaison entre les touches des claviers et les soupapes des sommiers : verqettes (baguettes
de bois effectuant un tirage), pilotes (pièces assurant une poussée), équerres, balanciers (inversant un ti-
-
rage en poussée, ou vice-versa), abrégé (ensemble de rouleaux de bois ou de métal faisant passer la mécanique
de la largeur des claviers à celle des sommiers). Le tirage des registres, comme celui des soupapes, peut se
faire sous forme "mécanique" par l'intermédiaire de pièces similaires.
PILOTES voir MECANIQUE
:
PNEUMATIQUE (traction ou transmission) : type de transmission par petits tubes de plomb véhiculant l'air comprimé
qui assure l'ouverture des soupapes du sommier.
POSITIF : voir CLAVIERS
RANGS (de mixtures) : voir JEU
RECIT (clavier de) : voir CLAVIER
REGISTRE : voir JEU, MECANIQUE et SOMMIER
ROMANTIOJE : voir SYMPHONIQUE
SOMMIER : grande pièce de bois supportant les pieds des tuyaux et constituée dans sa partie inférieure d'une "laye"
recevant l'air
comprimé venant de la soufflerie. Dans la laye est disposé un jeu de soupapes (actionnées par
l'abaissement des touches des claviers - une soupape par note) commandant l'introduction de l'air dans la
partie supérieure du sommier. L'air libéré par l'ouverture des soupapes arrive, par des canaux appelés gra-
vures jusqu'au pied des tuyaux, à la condition que soient tirés par l'organiste un ou plusieurs registres,
pièces de bois coulissantes commandant chacune un jeu. Les tuyaux reposent au sommier sur des planches per-
cées de trous, les chapes, et sont maintenus verticalement par des "faux-sommiers". Certains tuyaux, à cause
de leur encombrement et de leur "voracité" peuvent être "postés" ( = placés sur des sommiers auxiliaires).
SOUFFLERIE voir ALIMENTATION
:
SOUPAPES : voir MECANIQUE et SOMMIER
SYMPHONIQUE ou ROMANTIQUE (orgue) : conçu dans les années 1840,c'est l'orgue de la seconde moitié du XIXe siècle et
du début du XXe, illustré notamment par A. Cavaillé-Coll (1811-1899). On peut le caractériser schématiquement

par d'importantes innovations et améliorations techniques, la place primordiale accordée aux grands ensembles
de fonds et d'anches au détriment des jeux de détail ou brillants, la création de nouveaux timbres (jeux har-
moniques, gambes, etc ...).
TUYAU : l'élément sonore de l'orgue ; en bois (chêne, sapin ...) ou en métal (étain, alliage étain/plomb,plomb, cui-
vre), ouvert ou fermé, à corps cylindrique, parallélépipédique ou conique, de taille plus ou moins large. Se-
lon le mode d'émission du son, on distingue deux familles de tuyaux (voir également JEU) :
1) Les tuyaux à bouche, dans lesquels la colonne d'air contenue dans le corps du tuyau est mise en vibration
par l'air venu du pied et ayant frappé contré le biseau de la bouche. La hauteur du son dépend de celle du
tuyau : plus le corps du tuyau est long, plus le son émis est grave. La hauteur des tuyaux s'exprime en
pieds (env. 0,33 m) ; c'est par la hauteur du premier tuyau (UT1) d'un jeu que l'on définit ce dernier (ex.
la montre 8 est un jeu dont le tuyau le plus grave mesure 8 pieds de hauteur, soit environ 2,60 m).
2/ Les tuyaux à anche : le son émis résulte du battement d'une languette de laiton contre un canal appelé an-
che, le corps du tuyau jouant le rôle de résonnateur. Ici, la hauteur du son est fonction de la longueur
vibrante de la languette.
VERGETTE : voir MECANIQUE
L'ASSOCIATION DES AMIS DES ORGUES
DE COMPIEGNE ET SES ENVIRONS
G.LAMBERT 0
L'Association des Amis des Orgues de Compiègne et ses environs
est née
...
Il est
apparu important en effet, de défendre un patrimoine extrê-
mement riche dans le département de l'Oise et notamment dans la région de
Compiègne.
Nous nous sommes réunis autour d'un double projet
tout d'abord, :
sauvegarder les orgues dans leur cadre historique, c'est-à-dire les res-
taurer en respectant les traditions artisanales ; puis leur donner une
nouvelle existence en les faisant connaître à ceux qui, sensibles à la
fois au passé et à l'art, ne manqueront pas d'écouter leurs échos renais-
sants.
tous et aux jeunes en particulier, le désir de connaître
Donner à
et aimer des lieux et des chefs d'oeuvre, nous semble être la justifica-
tion essentielle de l'Association.
Créée en juillet
1980 et déclarée comme Association loi de 1901,
les Amis des Orgues de Compiègne et ses environs s'intéressent aux instru-
ments d'un secteur géographique situé dans l'Etat de l'Oise, environ dans
un rayon d'une trentaine de km autour de Compiègne, de Noyon à Crépy en
Valois, de Lachelle à Verberie. On y trouve une douzaine d'orgues de pé-
riodes et d'importance variables, mais qui méritent toutes d'êtres connues,
entretenues ou restaurées, mises en valeur par des animations et des con-
certs.
L'Association s'efforcera de sensibiliser le public local au sort
des instruments les plus menacés ou nécessitant des travaux urgents ; el-
le fera tout son possible pour réunir des fonds pour cette oeuvre, tant
du côté des particuliers que des pouvoirs publics et collectivités loca-
les.
Au cours du dernier trimestre de 1980 l'Association a organisé
deux excursions afin de faire connaître les orgues d'Estrées-St-Denis et
Lachelle, d'une part, de Pierrefonds et Crépy en Valois d'autre part. Le
concert organisé avec les trompes de chasse du grand Débuché de Paris à
Ourscamps, en octobre dernier, a connu un vif succès ; en novembre ce sont
les orgues de St Jacques et St Antoine de Compiègne qui feront l'objet
de concerts-animations, avec le concours de Mlle Denise LAUNAY, organiste
de Notre Dame de Lorette à Paris.
Nous ne sommes qu'au début des activités d'une Association très
jeune mais espérant rassembler bientôt de nombreux adhérents et créer un
vaste mouvement d'opinion en faveur des orgues de notre région. C'est
pourquoi nous appelons tous les amateurs de musique d'orgue à rejoindre
rapidement nos rangs.

(*) Président, maire de LACHELLE

BULLETIN D'ADHESION : à adresser à M. Robert MASSONI


- 117 Bd des Etats-Unis - 60200 COMPIEGNE

Mme, Mlle, M. :
Profession
Adresse

désire adhérer l'Association des Amis des Orgues de Compiègne et ses environs.
à

Ci-joint le règlement de la cotisation annuelle : Membre bienfaiteur : à partir de 100 F


Membre actif : 20 F
: jeune, étudiant, lycéen : 10 F

A
,
le
Signature
UN MUSICIEN ET ORGANISTE PICARD :

PIERRE DU MAGE (1676-1751)


J.BERNET

né à Beauvais en 1674 ou 1676,


Vraisemblablement d'un musicien fils
de la cathédrale, PIERRE DU MAGE est un compositeur picard méconnu et
pourtant un des grands maîtres de l'âge d'or de la musique d'orgue fran-
çais, aux côtés des CLERAMBAULT, GRIGNY et François COUPERIN, ses contem-
porai ns.
Comme maints musiciens de son temps, il
vie assez itiné-
mena une
rante qui cependant le rattacha nettement à la Picardie, surtout Laon et
St Quentin (1). Le fait même qu'il ait fait carrière en province plus
qu'à Paris explique sans doute sa moindre notoriété de son temps et a
fortiori de nos jours.
Il est vrai aussi que l'on n'a guère conservé de lui que huit piè-
ces figurant dans son " 1er livre d'orgue " édité par "Cliquot facteur
d'orgue rue Phelipot " (à Paris) en 1708 et dédié " à Messieurs les Véné-
rables Doyen Chanoines et Chapitre de l'église roTale de St Quentin
alors qu'il était " organiste de ladite église
La préface de cet ouvrage nous donne quelques indications sur le
personnage et le compositeur ; P. du Mage s'y déclare notamment disciple
de MARCHAND, compositeur parisien illustre chez qui il avait appris 1'
orgue :

" ... j'ay tâché de faire selon la savante école et dans le goût
" de l'illustre Monsieur MARCHAND mon Maître ..."

Il y fait aussil'éloge de l'orgue de la basilique de St Quentin


" qui est sans somptueux et
contredit un des plus grands, des plus
...
des plus parfaits instruments du monde " (2) ; de fait cet orgue achevé
en 1701 par Robert CLICQUOT, père de François Henri, était avec ses 4
claviers manuels et son pédalier, par sa taille et ses possibilités, un
des plus beaux de France. Pierre du Mage eut la chance d'en être nommé
titulaire au début du siècle et d'y commencer jeune sa carrière d'orga-
niste. Nul doute que les qualités d'un tel instrument aient influé sur
ses compositions.
Pierre du Mage composa un second livre d'orgue qui n'a jamais été
retrouvé et sans doute d'autres oeuvres dont nous n'avons pas de traces.
On sait qu'en 1710 il avait obtenu par concours la charge d'organiste de
la cathédrale de Laon, où il disposait là aussi d'un bel instrument,
construit en 1697 par le Père RICART (3). Sa vie est ensuite mystérieu-
se ; il aurait abandonné l'orgue en 1719 pour entrer dans l'administra-
tion ; mais en 1733 on le retrouve aux côtés de d'Aquin et Clérambault
pour réceptionner le nouvel orgue de Notre Dame de Paris, oeuvre du fac-
teur François THIERRY. En tout cas Pierre du Mage est mort à Laon en
1751.

(1) Citons le cas de son contemporain champenois Nicolas SIRET, organiste de la cathédrale de Troyes
qui préféra finalement la vie de saltimbanque à celle d'organiste.
(2) Restauré en 1967 après 50 ans de silence, l'orgue de St Quentin est un des plus grands et plus beaux
instruments français, fréquemment enregistré.
(3) Il en reste aujourd'hui le buffet, mais l'instrument,
très modifié au XIXe est actuellement en cours
de restauration.
Dans les huit pièces composant une suite où Ton trouve l 'ensemble
de son 1er livre d'orgue (Plein Jeu, Fugue, Trio, Tierce en taille, Basse
de trompette, Récit, Duo, Grand Jeu), notre compositeur picard se montre
bien disciple de MARCHAND ; cette oeuvre mi-liturgique, mi profane pré-
tend défendre la tradition de la "savante école" et son "zèle pour le ser-
vice divin", en se fondant avant tout sur la polyphonie à 4 voix, qui
laisse d'ailleurs une large place à la Pédale. Enregistrée, comme l'a fait
André ISOIR, sur un bel instrument restitué tel l'orgue KERN de St Seve-
rin à Paris, elle permet de mettre en valeur les sonorités si riches et si
variées de l'orgue français du début du XVIIIe.
Discographie CALLIOPE Cal. 1914 Arpège 1974 ; N° 14 du Livre
: -
d'Or de l'Orgue Français. André ISOIR - St Séverin
à Paris (l'autre face contient des oeuvres de Jean-
François d'ANDRIEU).

Denise LAUNAY sur l'Orgue de Notre Dame de Lorette


(disque hors commerce)

Bibliographie :

André RAUGEL : "Les grandes orgues de St Quentin et les organistes de la


Basilique de St Quentin" (Argenteuil - 1925).
Félix RAUGEL : "L'organiste Pierre Du Mage" (in Mélanges, Paris 1955)
"Notes sur Pierre Du Mage" (in Revue française de Musico-
logie, juillet 1960).

Page de titre du " Livre d'orgue " de Pierre Du Mage "


LE LIVRE D'OR DE L'ORGUE FRANCAIS

J. LE CALVE

La publication de ce numéro spécial sur les orgues de la région de Compiègne est pour
nous une occasion de présenter un éditeur de disques français qui nous touche d'autant
plus qu'il s'agit d'un Compiègnois bien connu, Jacques Le Calvé, vingt ans disquaire
d'Arpège, et maintenant uniquement éditeur des disques CALLIOPE.
Une de ses premières réalisations a été consacrée à des oeuvres de trois compositeurs
en première rrondiale,enregistrée sur l'orgue St Jacques de Compiègne, premier des
trente disques de la prestigieuse série LE LIVRE D'OR DE L'ORGUE FRANCAIS, considérée
par la presse comme "l'une des plus grandes réalisations de toute l'histoire du dis-
que" et couronnée par le Grand Prix 1977 du Président de la République.
Nous sommes donc particulièrement heureux de laisser ici
la plume à M. Jacques Le Calvé.

L'OCCASION
Il faut croire à sa bonne étoile. Il faut croire
la chance, mais aussi reconnaître
à
que les conjonctions ont une grande importance : voici presque exactement dix ans, la
réfection tant attendue de l'Orgue St Jacques de Compiègne me poussa à célébrer cette
réalisation par un disque, la clientèle fidèle et confiante que je m'étais constituée
en dix ans de disquaire à Compiègne me permettant de prendre le risque financier im-
portant d'une telle réalisation.
Amoureux de la perfection, il n'était pas question "d'utiliser les moyens du bord" :
magnétophone semi-professionnel et organiste amateur. Depuis plusieurs années, j'admi-
rais un ingénieur du son exceptionnel, alliant perfection technique et musicalité.
Pour l'interprète de ce disque, je demandai conseil à plusieurs directeurs artistiques
amis, dont celui d'Erato. Une unanimité - une conjonction - s'accomplit pour André
ISOIR. Avec un pincement au coeur, je joignis donc cet organiste en lui suggérant d'en-
registrer des oeuvres de Bach. Avec bonhommie mais fermeté, il me répondit :
"Comment i Un instrument de facture française pour du Bach ! Vous n'y pensez pas. Il
faut enregistrer des contemporains français de Bach inconnus comme Boyvin, Ni vers et
Raison".
- Ah ?
Nous rions encore, André ISOIR et moi de ce "ah" qui suivit cette "défense et illustra-
tion de la musique française". Je découvrais un univers qui m'était étranger et qui al-
lait me passionner pendant sept ans ...
Les trois nuits de l'enregistrement me révélèrent un prodigieux artiste, aussi simple
qu'exigeant pour lui-même, aussi épanoui que draconien pour se juger. L'ingénieur du
son se révéla être ... mon jumeau (malgré un poids double). Loin de l'astrologie, est-
il courant de trouver un ... russe blanc né le même jour, à la même heure, la même an-
née que soi ?
LE PLAN
Toutes ces conjonctions ne pouvaient ne suite : ma connaissance du ca-
point avoir de
talogue discographique me permettait d'être étonné qu'il n'y ait aucune version récen-
te de l'oeuvre d'orgue de Franck, de Messiaen, que cette musique française pour la-
quelle je commençais à me passionner était presque totalement inédite.
Ainsi, follement mais méthodiquement, je suggérais à André Isoir de batir une vaste an-
thologie - aux allures d'encyclopédie - dressant un panorama de la musique d'orgue
française, de la Renaissance à nos jours
- Et si on faisait des découpages de trois disques ?
- Pourquoi trois disques ?

- Parce que Franck, cela fait trois disques, Grigny aussi et Messiaen deux fois trois
disques et parce que (en 1973) on peut proposer ces coffrets juste en-dessous de
cent francs.
- Bon, soit, mais c'est pas commode pour le reste. Je vais réfléchir.
Cette réflexion, c'est ce découpage conçu avec les suggestions du musicologue Harry
Halbreich : dix coffrets de trois disques :
LES PRECURSEURS - LE GRAND SIECLE - COUPERIN-MARCHAND - GRIGNY-LEBEGUE - LE SIECLE DE
LOUIS XV - AUTOUR DE LA REVOLUTION - FRANCK - L'ORGUE SYMPHONIQUE - MESSIAEN 1 et 2
Un survol de cinq siècles d'orgue français, comportant forcément des choix, des om-
bres, des coupes, des développements, où il ne pouvait être question de retenir toutes
les symphonies de Vierne (six disques), où il était nécessaire de développer des oeu-
vres de génie jamais enregistrées (Titelouze), de souligner les oeuvres charnières, d'
illustrer parfois une grande période par des oeuvres mineures mais qui suggèrent la
continuité.
Au deux cents oeuvres de soixante compositeurs dont plus de la moitié d'inédits.
total,
Que l'on veuille bien remarquer le travail colossal d'André Isoir qui a réussi à faire
de chaque face d'inédits de véritables récitals où jamais les tonalités ni les tempi
ne se heurtent, mais au contraire constituent de véritables "suites", le tout en ayant
suffisamment d'imagination et de connaissance de la facture pour choisir des instru-
ments représentant le mieux la période illustrée.
Nous touchons là une des particularités remarquables de cette entreprise : avoir choi-
si douze instruments représentatifs de la facture française de la Renaissance à au-
jourd'hui, ainsi que l'utilisation d'un orgue régale, construit par André Isoir lui-
même. Pour achever de faire de toutes ces conditions une véritable quadrature, sachez
que le bon usage veut qu'un organiste n'enregistre pas une oeuvre sur le même instru-
ment que celui choisi par un de ses confrères. Sachez encore que tel instrument de rê-
ve se révèle impossible à utiliser parce que le clavier n'est pas assez étendu ou que
le pédalier ne permet pas de respecter la registration demandée. Reste que tel instru-
ment idéal est situé dans une église jouxtant un carrefour où la circulation automo-
bile est importante même la nuit, et vous aurez un pâle reflet de la véritable quadra-
ture cercle d'un enregistrement de haut niveau, surtout si l'on lève le voile sur
du
l'état mécanique de tels instruments prodigieux et rarissimes: sait-on que le prodi-
gieux orgue Isnard de la basilique Saint-Maximim de Provence tient "avec des bouts de
ficelle", que l'enfoncement du clavier varie d'une note à l'autre du millimètre au
centimètre ? Que le nombre de tuyaux muets de l'orgue Clicquot de Poitiers empêche 1'
utilisation de plusieurs jeux essentiels ? que la rue Saint-Jacques jouxtant l'église
de Saint-Séverin permet d'enregistrer seulement de deux heures à cinq heures du matin,
et encore, en obligeant l'organiste à recommencer jusqu'à dix fois une oeuvre de moins
d'une minute pour ne pas avoir davantage de bruits d'échappement que de musique ?
LE RESULTAT
Ainsi, en sept ans, ces trente disques furent réalisés par série de un, deux ou trois
disques à la fois, la numérotation prévue d'avance de 1 à 30 ayant donné au début la
sensation de références aléatoires. La critique fut particulièrement élogieuse : les
six disques de Messiaen, les trois premiers disques, le treizième ayant obtenu chaque
année un Prix avant que le prix le plus envié de l'histoire du disque : le prix de
son centenaire en 1977 couronne l'ensemble de cette réalisation. Sur les douze instru-
ments utilisés, cinq sont enregistrés pour la première fois : Compiègne, Saint-Germain
des Prés, Angers, Luçon et le seul orgue de cabinet au monde : le François-Henri Clic-
quot du Palais de Fontainebleau.
Ces trente disques prestigieux ont pourtant longtemps été un poids financier difficile
à amortir, mais le "prestige" de la qualité de l'enregistrement et de l'interprétation
ont permis à Calliope d'acquérir une audience internationale : plus de vingt pays ont
salué ces disques et donné à notre catalogue ses lettres de noblesse. Avec nostalgie,
il faut pourtant constater que le seul disque des Toccatas de Jean-Sébastien Bach par
André Isoir se vend davantage que ces trente disques réunis : c'est tout le problème
de la culture que l'on touche du doigt : malgré de fréquentes auditions à la radio,
malgré la présence de ces disques dans toutes les discographies sélectives, Mozart,
Bach, Beethoven et Vivaldi attirent davantage que la musicologie même dynamique et
accessible.
Il est toujours difficile d'établir un bilan. Il est pourtant certain que si tant de
disques - comme tant de livres - meurent en quelques trimestres - l'intérêt pour cet-
te collection augmente chaque année. Reste la fierté d'avoir, d'une certaine manière,
préfiguré l'année du patrimoine pour apporter une contribution essentielle à la con-
naissance de la musique française pour orgue. Notre "folie" de qualité nous a conduit
à faire appel à deux musicologues éminents pour écrire les notices accompagnant cha-
que disque. Un livre en est né, qui constitue le seul ouvrage consacré à l'orgue fran-
çais. Pour davantage qu'une génération, nous avons apporté une pierre dans l'édifice
de la culture musicale française.
Jacques Le Ca1ve-..
,
* Grand Prix du disque.
dt disques, achevée 1976, qui dresse le plus vaste panorama de la musique d'orgue française sur les instruments les plus prestigieux comportant une
Une série 30 en
lettre de repérage sur la tranche qui permet un classement chronologique rationnel et élégant.
u seuil- collection entièrement enregistrée avec le procédé Dolb)" par le même éminent preneur de son :
Georges KissdhofT.
Des notices musicologiques extrêmement complètes signées de Harry Halbreich et Gilles Cantagrel.
André Isoir,
aux grandes orgues de Saint-Jacques de Compiègne
1 disque 33 t de 30 cm, gravure universelle
38,50 F (Calliope CAL 1801)

Pour les amateurs d'orgue, ce disque sera l'occasion d'une triple


et heureuse découverte. Celle, d'abord, d'oeuvres rares, qui da-
tent toutes de la fin du XVIIe siècle et méritent de figurer au li-
vre d'or de l'orgue français. Celle, ensuite, d'un des meilleurs
organistes actuels : André Isoir, titulaire du grand orgue de St-
Séverin. Celle, enfin, d'un fort bel instrument : l'orgue de St-
Jacques de Compiègne, heureusement restauré par Haerpfer-Erman en
1967.
Si l'on accorde à la puissance d'écoute qu'il requiert,
ce disque
et sans laquelle ses qualités s'estompent, on ne peut qu'être com-
blé par ces qualités acoustiques et convaincu que Georges Kissel-
hoff est un des maîtres actuels de la prise de son.
Convaincu aussi que ces pages de Jacques Boyvin, André Raison et
Guillaume-Gabriel Nivers méritent mieux que l'oubli où elles sont
laissées habituellement. Il est vrai que peu d'interprètes seraient
capables de nous les révéler comme le fait André Isoir.

TROIS OFFRES EXCEPTIONNELLES


1/ L'orgue Saint-Jacques de Compiègne
Trois contemporains français de Jean-Sébastien Bach
Un disque 30 cm à 40 F au lieu de 60
Une cassette à 40 F au lieu de 60

2/ Dix Orgues de France :


leur description, leur historique et leur illustration sonore
Orgue Koenig du Bon Pasteur d'Angers et de Sarre-Union
Orgue Haerpfer-Ermann de Saint-Germain-des-Prés
Orgue Kern de Saint-Séverin
Orgue Louis-Alexandre Clicquot de Houdan
Orgues François-Henri Clicquot de Poitiers et du Palais de Fontainebleau
Orgue Isnard de la Basilique Saint-Maximim de Provence
Orgue Cavaillé-Coll de Luçon
Orgue Isnard-Cavaillé-Coll de Pithiviers
Un disque 30 cm à 40 F au lieu de 60
Une cassette à 40 F au lieu de 60

3/ Le Livre d'Or de l'Orgue Français : un livre de 208 pages, relié pleine


soie, donnant la biographie soixante compositeurs et l'analyse de
de
plus de deux cents oeuvres, augmenté d'un index citant plus de cent com-
positeurs, écrit par Harry Halbreich et Gilles Cantagrel.
Un livre à 50 F au lieu de 75, qui vous sera envoyé dans son édition
originale numérotée et limitée à 300 exemplaires.

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par C.C.P.
à l'ordre d' ARPEGE - B.P. 166 - 60204 COMPIEGNE CEDEX
INDEX DES ARTICLES PARUS DANS LA REVUE EN 1980 :

A) Par ordre alphabétique d'auteurs :

ANCIEN (B.) Sur le tramway de Soissons N° 10


- p. 76
AUDUC (J.L.) La grève des boutonniers de Méru N° 9
- p. 53

BERNARD (A.J.M.) L'alimentation en Picardie : pistes pour la découverte d'un patrimoine


peu connu
N° 11
- p. 33
BERNATH (A.) (avec J. (B.D.) : biographie de G. BABEUF
BERNET) N° 10
- p. 78
BERNET (J.) Projets de tramways à Compiègne et dans l'Oise dans les années 1900 N° 9
- p. 19
Tramways de Picardie, tramways de Soissons N° 9 - p. 39
A propos du spectacle "Danton-Robespierre" N° 9 - p. 81
Gournay sur Aronde : 4 siècles de luttes paysannes pour la terre
(XVIe XVIIIe XIXe) N° 10
- p. 21
- -
Accidents du travail survenus lors de la construction de la ligne Amiens
Villers-Cotterets dans l'Oise N° 11
- p. 27
Le bicentenaire de l'école des Arts et Métiers de Liancourt N° 11
- p. 61

Autour d'un quarantième anniversaire (biblio.) N* 11


- p. 73
Avant propos du N° spécial "Orgues" N° 12
- p. 5
L'orgue à cylindre de Lachelle N° 12 p. 51
-
Verberie : un des premiers Cavaillé-Coll N* 12
- p. 56

Qu'est-il advenu des orgues de Compiègne sous la Révolution Française ? N° 12


- p. 79
Un musicien et organiste picard : P. du Mage (1676 - 1751) N° 12
- p. 94

BESSE (J.P.) La "surprise" des élections de 1902 dans l'Oise N° 9


- p. 5

BERTRAND (L.) Les orgues de la cathédrale de Noyon N° 12


- p. 35
(G.) L'orgue d'Estrées St Denis N° 12 49
BOUYSSOU - p.
BOUTEILLER (J.) L'orgue de l'Abbaye d'Ourscamps N° 12
- p. 47

CARTIER (Cl.) L'Eco-musée du Beauvaisis : action et patrimoine N° 11


- p. 52

DEMARCQ (J.) Un chapitre oublié des encyclopédistes, Gournay sur Aronde (montage de
photos originales) N° 10
- p. 34
Gare au train (C.R. de l'exposition d'Amiens) N° 10
- p. 71
La vie quotidienne à Pierrefonds de train derrière Viollet le Duc N° 11
- p. 3

FURET (J.B.) L'orgue de Crépy en Valois N° 12


- p. 73

GAUTHIER (Fl.) Un boulevard et un colloque BABEUF à Roye N° 9


- p. 79
Formed'évolution de la communauté rurale en Picardie au XVIIIe siècle N° 10
- p. 5

GRIMAL (Cl.) L'exposition Ferdinand Bac à Compiègne N° 9


- p. 71
N° 10 66
Eloge de Georges WEULERSSE - p.
Editoriaux des N°s 9, 10, 11
GROSCLAUDE (J.P.) L'orgue de Pierrefonds N° 12
- p. 70

(G.) Clairoix siècle N° 9 p. 67


HERMANT au début du -
KOVAL (0.) La séparation de l'Eglise et de l'Etat ... en picard N° 9 - p. 63

LAUNAY (D.) Préface au N° spécial "Orgues" N° 12


- p. 3
LAMBERT (G.) L'Association des amis des Orgues de Compiègne et ses environs N° 12
- p. 90

LE CALVE (J.) Le livre d'or de l'Orgue Français (Ed. CALLIOPE) N* 12


- p. 96
(A.) Sur les chemins de fer du Sud de l'Aisne autour de Château Thierry N° 9 p. 45
LEFEBVRE -
MEYSSONIER (S.) L'économiste VINCENT DE GOURNAY (sur Aronde) N° 9 - P. 71
(M.) l'architecte grenier à sel de Compiègne 9 p. 75
MOULIN A propos de du Ne
-
RAPIN (A.) L'armement gaulois d'après les fouilles de Gournay sur Aronde N° 10
- p. 69
RIBES (J.) Les orgues de Compiègne (St Jacques, St Antoine, St Germain, N.D. de
N° 12
Bon Secours) - p. 7
N° 12 67
L'orgue de Béthisy St Pierre - p.

STRA (G.) A propos de Fleurant Agricola (correspondance) Ne 11


- p. 68

de VARINE (H. et B.) Patrimoine, vie et action culturelle (interview) N* 11


- p. 56

Gobain - La Fère N° 9 47
VINOT (B) Le tramway de Tergnier
- St - p.
ILLUSTRATEURS ET PHOTOGRAPHES :

BERNATH (A.) Tramway de Compiègne N° 9


- p. 35
B.D. biographie de G. °.ABEUF N° 10
- p. 78
Caricature de l'affiche officielle du Patrimoine N° 11
- p. 60
PESCHER (R.) Sigles "Vie de la Société" et "ouvrages reçus" (N° 9 10 et 11)
»
Danton - Robespierre N° 9
- p. 81
(Chr) Tramway de Compiègne N°
PETIT 9
- p. 19
G. Weulersse (portrait) N° 10
- p. 66
Croquis sur la facture d'orgue N° 12
- p. 89
DEMARCQ (J.) Photos Gournay sur Aronde N° 10
- p. 34
Orgues de la région de Compiègne (photos H.T.) N° 12
- pl. HT.
* (en collaboration avec Chr. MAX)

B) PAR RUBRIQUE, THEMES ET PERIODES :

+ Procès verbaux de réunions de la société : (par le Secrétariat)


24/11/1979 au 15/12/1979 N° 9 p. 90
Du
-
26/01/1980 au 27/03/1980 N° 10 p. 86
Du
-
26/04/1980 au 18/06/1980 N° 11 p. 76
Du
-
+ Bibliographies :
T.X.T., la revue l'année ; In' Hui, " les picards sont transparents " (J.
de DEMARCQ) N° 10
- p. 85
1940-1980 : Autour d'un quarantième anniversaire (J. BERNET) N° 11 73
- p.
Biographie de la Rochefoucault-Liancourt (J. BERNET) N° 10
- p. 63

+ C.R. d'expositions et manifestations :


Colloque Babeuf et Boulevard à Roye (F. GAUTHIER) N° 9
- p. 79
Exposition Ferdinand Bac à Compiègne (Cl. GRIMAL) N° 9
- p. 71
A propos du spectacle Danton-Robespierre à Paris (J. BERNET) N° 9
- p. 81
Exposition sur le rail à Amiens (J. DEMARCQ) K° 10
- p. 71
Bi-centenaire Arts et Métiers à Liancourt (J. BERNET) N° 11
- p. 61

+ Par périodes historiques :


XVIIIe Révolution Française :
-
- A propos de l'architecte du grenier à sel de Compiègne (M. MOULIN) N° 9
- p. 75

- Forme d'évolution de la communauté rurale picarde au XVIIIe (F. GAUTHIER) N° 10


- p. 5

- Gournay sur Aronde : 4 siècles de luttes paysannes pour la terre (J. BERNET) N° 10
- p. 21

- Un économiste du XVIIIe siècle : VINCENT DE GOURNAY (S. MEYSSONIER) N° 10


- p. 37
Biographie de G. BABEUF en B.D. J. BERNET) (A. N° 10 p. 78
- BERNATH,
-
- Le bi-centenaire de l'école des Arts et Métiers de Liancourt (J. BERNET) N° 11
- p. 61
Un musicien et organiste picard ; Pierre du Mage (J. BERNET) N° 12
- p. 94
-
- Qu'est-il advenu des orgues de Compiègne sous la Révolution Française (J. BERNET) N° 12
- p. 79

XIXe :

vie quotidienne à Pierrefonds de train derrière Viollet le Duc (J. DEMARCQ) N° 11


- p. 3
- La

- Accidents du travail survenus lors de la construction de la ligne de Pierrefonds (J.BERNET) N° 11


- p. 27

XXe :
La"surprise" des élections de 1902 dans l'Oise (J.P. BESSE) N° 9
- p. 5
-
Projets de tramways à Compiègne et dans l'Oise dans les années 1900 (J.BERNET) N° 9
- p. 19
-
Tramways de Picardie, tramway de Soissons (J. BERNET) N° 9
- p. 39
-
Le tramway de Tergnier St Gobain - La Fère (B. VINOT) N° 9
- p. 39
- -
Sur les C.S.A. autour de Château Thierry (A. LEFEBVRE) N° 9
- p. 45
-
La grève des Boutonniers de Méru en 1909 (JL. AUDUC) N° 9
- p. 53
-
La séparation de l'Eglise et de l'Etat picard (0. KOVAL) N° 9
- p. 63
-
début du siècle (G. HERMANT)
... en

- Clairoix au N° 9
- p. 67
Complément sur le tramway de Soissons (B. ANCIEN) N° 10
- p. 71
-
L'alimentation Picardie (A.J.M. BERNARD) N° 11
- p. 33
- en
A propos de Fleurant Agricola (correspondance de G. STRA) N° 11
- p. 68
-
DIVERS :
Eco-Musée du Beauvaisis (CI. CARTIER) N° 11
- p. 52
-
- Interview de Mme et M. de VARINE (Patrimoine, vie et action culturelle) N° 10
- p. 56

- Orgues de la région de Compiègne (historique et description technique de 12 instruments de


Compiègne à Noyon et Crépy en
Valois) N° 12 spécial.
SOCIETE D'HISTOIRE DE COMPIEGNE

MODERNE ET CONTEMPORAINE

AFFILIEE A LA SOCIETE DES ETUVES ROBESPIERRISTES


ET A LA FEDERATION VES SOCIETES SAVANTES VILE VE FRANCE

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moderne :
I'encouragement aux SLe.cheAch.eA historiques, locale* et régionales.
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- Vorganisation de débat* donnant l'occasion à da h.i...6toJtien6 d'exposer le*
résultats de leurs recherches.
- la publication d'un bulletin " (art. 1)
(...)
" Sont membre* de la Société toutes tu personnes qui en font la demande au bureau
et paient une cotisation ... " (o.Jr.:t. 4)

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lie & à la Société du Etudu Robespierristes.
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