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Ilha

dos Lençois

Compte-rendu du séjour de Florestan
6 – 18 juillet 2018




« Le bras de mer dans lequel nous sommes mouillé est bordé par la forêt vierge d’un côté,
par une immense dune de sable blanc de l’autre. Au coucher du soleil, le jeu de la lumière
entre l’or du sable et le vert profond des arbres est un enchantement. Des groupes se
forment au sommet de la dune. Les villageois viennent admirer le soleil et profiter de la
fraîcheur. Des ibis rouges dans les lagunes, des vautours tout noirs qui prennent le
soleil sur le drapé des dunes, des troupeaux de vaches et de chèvres qui paissent là où la
verdure n’a pas encore été dévorée par le sable. Le cadre est somptueux, vraiment, et la
paix totale. »

Extrait du journal de bord de Florestan.


Florestan au mouillage (1°19.082’S - 44°53.131’W)


Vue générale de la baie, du chenal et de l’île (à marée basse).

1) Approche (Bahia dos Lençois)

De jour, et en profitant du courant de marée (flot), l’approche ne pose pas de problème.
Il faut exclure formellement de rentrer de nuit dans la baie. Les pêcheurs tendent des
filets de 500 (cinq cent) mètres, non éclairés. De jour on voit les flotteurs à quelques
dizaines de mètres, et on comprend où passer en fonction de la position des bateaux.
Certains filets sont maintenus entre deux mâts portant un pavillon. Ces filets coulent et
ne représentent donc pas un danger immédiat pourvu qu’on se tienne à bonne distance
des mâts qui servent à les fixer. Il est important de respecter les horaires de marées car
la mer est très dure dans la baie quand le vent frais souffle contre le courant sortant. Le
courant porte à deux nœuds au plus fort de la marée. Les cartes Navionics sont
correctes.



2) Chenal

À partir de la pointe du Gino (où l’on peut mouiller en attendant la marée haute), le
chenal suit globalement le rivage de l’île de Lençois. Il ne faut pas trop s’en écarter, des
bancs de sable débordent çà et là des îles que l’on a sur son bâbord (en entrant). Juste
après la pointe du Gino, il faut éviter de pénétrer dans l’anse qui découvre à marée basse
et bien suivre les waypoints. À mi-marée, par petit coefficient, nous n’avons jamais
trouvé moins de 2m d’eau sur notre route. A marée haute, et par grand coefficient, nous
avons toujours eu au moins 4 mètres. Voici les waypoints que nous avons suivis, et leur
visualisation sur Navionics :

1°21.456’S - 44°53.250’W
1°21.484’S - 44°53.745’W
1°21.240’S - 44°53.860’W
1°20.945’S - 44°53.800’W
1°20.508’S - 44°53.638’W
1°20.036’S - 44°53.522’W
1°19.750’S - 44°53.382’W
1°19.416’S - 44°53.265’W
1°19.201’S - 44°53.202’W
1°19.082’S - 44°53.131’W (mouillage)



Nous conseillons en tout état de cause de rentrer à PM-1. En cas d’erreur de route et
d’échouage, cela permet de profiter de la dernière heure de marée montante pour se
dégager. Le feu de la pointe du Gino n’est plus en fonction. Le mât est cependant
toujours visible dans la végétation. Les waypoints que nous donnons sont indicatifs.
Les profondeurs du chenal de Lençois évoluent en permanence et les bancs se
déplacent.

3) Remarque sur le courant dans le chenal et au mouillage

Comme on le voit sur la photo satellite générale ci-dessus, Lençois est bien une île, et il y
a une passe au Nord que seuls les pêcheurs locaux empruntent par très beau temps. À
marée basse, cette passe se « referme » complètement et découvre presque totalement
par grand coefficient. Ceci implique que le courant ne s’aligne pas sur l’alternance flot /
jusant. En effet, à marée descendante, l’eau s’écoule dans un premier temps par la passe
Nord. Le courant porte alors au Nord Est dans le chenal et devant le village. À peu près à
mi-marée, le niveau est trop bas pour que l’eau puisse encore sortir par le Nord. Le
courant s’inverse alors brutalement et passe au Sud Ouest, l’eau s’écoulant désormais
vers la baie. C’est le même principe à marée montante. Ce point de renverse du courant
évolue en fonction des coefficients. Il est donc bien difficile d’anticiper le comportement
du courant. Au mouillage, le courant atteint 2,5 nœuds.

4) Mouillage

Nous avons mouillé par 1°19.082’S - 44°53.131’W, presque face à l’embouchure du
ruisseau qui s’écoule le long de la face Nord de la dune. Nous avons trouvé 9 mètres
d’eau à marée haute, fond de sable, très bonne tenue. Il est important de mouiller bien
au centre du plan d’eau car le marnage est important et le risque de s’échouer sur les
bords qui découvrent bien réel. Le marnage atteint 6 mètres par grand coefficient et les
bateaux qui ne seraient pas au centre du bras de mer risquent de finir posés sur un fond
sableux, mais pentu et irrégulier. Certains privilégient un mouillage au pied de la dune.
Nous n’avons pas essayé vu les quantités de sable que le vent chasse de la dune vers le
mouillage.


À marée basse
NB : certains skippers ont profité du fort marnage et choisi de caréner à Lençois. Il nous
semble important de faire un repérage à marée basse afin de trouver un bon endroit car
le fond est raviné et souvent très irrégulier. Trouver une surface plane et dure n’est pas
évident.

5) Avitaillement et services

Un séjour à Lençois implique une autonomie presque totale des équipages en matière
d’avitaillement et de services. Le piège est que tout le monde pense s’arrêter à Lençois 3
jours, pour y rester finalement deux semaines, tant le lieu est fascinant. Il est
pratiquement impossible de faire venir quoi que ce soit comme matériel ou comme
denrées depuis le continent et Apicum Açu, la ville (3.000 habitants) la plus proche, est à
une demi-journée de bateau. Il n’y a pas de ferry régulier et les bateaux font le trajet sur
deux jours à cause de la marée. Lençois compte une cinquantaine de petites maisons en
bois. Les épiceries vendent certains produits de base (chandelles, ficelles, riz, etc.), il n’y
a pas d’eau courante et les coupures électriques sont régulières. Il n’y a pas de
couverture mobilophone et les téléphones fixes sont rares. Il y a un petit dispensaire où
une infirmière reçoit les habitants une semaine par mois. En son absence, l’« auxiliaire
de santé » qui entretient le dispensaire ne pourra pas faire grand chose pour vous. Voici
les quelques informations utiles que nous avons pu rassembler :

a) Epicerie : celle du Comandante Robert est la mieux achalandée. On y trouve
de la bière au frais, et parfois de la viande (se fournir de préférence le jour
même de la livraison depuis Apicum Açu). Pas de fruits et légumes.

b) Fruits et légumes : Casa de Netinho, une petite maison rose (entre deux
maisons vertes) face au terrain de football. Alexandro est pêcheur et peut
également vous fournir en crevettes (la spécialité de Lençois). Là aussi, pour
être certain de trouver autre chose que des oignons, se renseigner sur le jour
du voyage à Apicum Açu.


La maison rose sur la gauche est la Casa de Netinho

c) Eau douce : au puits. Il y a une pompe à eau douce (et réputée potable) juste
au Nord de la grande dune. À marée haute, la mer monte presque jusque-là et il
est facile de remplir ses bidons. À marée basse, il faut marcher 100 mètres
entre l'annexe et la pompe. L'eau est bonne, mais il faut la filtrer car il y a du
sable dedans. Se méfier aussi des grenouilles qui passent de la pompe dans les
bidons! À côté de la pompe, il y a des trous dans le sable qui sont remplis de la
même eau. On peut aussi la puiser avec un seau. Eviter de faire la lessive à cet
endroit, les habitants boivent l’eau du puits.

d) Argent liquide : aucun moyen de se procurer de l’argent liquide ni
d’échanger une devise étrangère contre des reals. Il faut donc conserver
suffisamment de cash avec soi, en petites coupures (les billet de plus de 50
reals ne seront souvent pas acceptés). Les pêcheurs de Lençois naviguent sur
de magnifiques bateaux en bois, très rustiques. Tout matériel nautique
(cordages, gilets, bouées, lampes, jumelles, …) est bienvenu et vous serez sans
aucun doute remerciés par du poisson et des crevettes en quantité. Pensez-y,
vous leur ferez fort plaisir.

e) La Pousada : au centre de la plage, la pousada de Renan et Renata est un
des rares endroits où on peut manger une moqueca. On obtiendra aussi des
informations sur l’île (en portugais). Il est également possible d’utiliser la
douche commune de l’établissement moyennant une petite participation aux
frais.


La pousada de Renan et Renata

f) Internet : certaines maisons ont une antenne qui leur permet une connexion
internet par satellite. Demander à la pousada et on vous aiguillera. Vu la
lenteur et le débit de la connexion, ne pas espérer mieux que de pouvoir
envoyer des mails de texte ou de télécharger des gribs. Prévoir une petite
somme pour la participation aux frais.

g) Poubelles : il n’y a pas de collecte des déchets. Il faut donc trier ses
poubelles entre l’escale précédente et Lençois. Vous devrez conserver le verre
et le métal, mais vous pourrez brûler le plastique et le papier sur la plage. On
se permet d’insister sur le fait que cette opération doit être menée avec le plus
grand soin.

f) Les environs : les possibilités de balades sont nombreuses. Une promenade
sur la grande dune à la fin de l’après-midi est un must. On peut aussi traverser
l’île vers l’Est et se promener côté large. À marée basse, la mer se retire sur des
centaines de mètres. Sur l’Ilha Maiau, en face de Lençois, au Nord Ouest, on
peut marcher par la plage jusqu’aux ruines d’un vieux phare. Nous n’avons pas
eu le temps de faire cette excursion.




Entrée de la rivière vers le puits (en annexe à marée haute)

Puits d’eau douce (fournit l’eau bue sur l’île)


Casa de Netinho (fruits et légumes)

Pousada : douche et petit restaurant


Epicerie « Comandante Robert »


6) Le départ et la sortie de la baie

Si entrer dans la baie en direction de Lençois est simple et rapide (plein vent arrière), en
sortir est moins évident. L’alizé souffle régulièrement force 5 ou 6 et il y a 9 milles à faire
face au vent avant de pouvoir abattre et reprendre sa route vers le Nord. Le faire plus tôt
vous conduirait sur les bancs qui entourent Lençois et vous mettrait en grand danger.
On est heureusement aidé par le courant de marée (jusqu’à 2 nœuds par grand
coefficient), avec cependant l’inconfort d’une mer très courte et haute, avec un vent qui
entre littéralement en collision avec le jusant. Il faut donc être sûr de son moteur et
prendre son mal en patience. Par vent faible ou modéré, on profitera du plus fort du
courant pour sortir. Si le vent est fort, il convient de quitter le mouillage de Lençois une
heure avant la pleine mer, afin d’entamer la sortie de la baie à l’étale et d’éviter le plus
fort du courant et la mer dure qui l’accompagne. Les filets des pêcheurs sont une
difficulté supplémentaire dont il faut tenir compte. Une fois la baie derrière soi et le
bateau à nouveau sous voile, on se rend compte que Lençois compte parmi les endroits
les plus beaux et les plus fascinants qui soient. Et on se félicite d’avoir fait l’effort d’y
entrer.


Jérôme Giersé
SY Florestan
www.florestanaroundtheworld.com

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