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Cette avalanche de normes qui étou e les


agriculteurs
MARIE-JOSÉE COUGARD (HTTP://WWW.LESECHOS.FR/JOURNALISTES/INDEX.PHP?ID=40) / Journaliste | Le 14/10 à 06:00

Cette avalanche de normes qui étou5e les agriculteurs - Hervé Pinel pour « Les Echos »

En dépit des demandes répétées de la profession, l'agriculture


française continue de voir s'accumuler les normes en tout
genre, souvent plus contraignantes que ce qu'impose la
réglementation européenne, et dont les coûts mettent certaines
exploitations en péril.

«  Stop. On n'arrive plus à digérer ! » Les agriculteurs sont bien au-delà du ras-le-bol à
l'égard des normes. Elles ne tombent pas en pluie régulière, mais en trombe
ininterrompue. «  On n'en a même pas fini avec la première qu'une autre suit », dit
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Jérôme Volle, viticulteur dans l'Ardèche, responsable du dossier à la FNSEA (Fédération
journée !
nationale des syndicats d'exploitants agricoles). L'avalanche est telle que certains
«  Il en tombe de
agriculteurs, dégoûtés, préfèrent jeter l'éponge et quitter le métier. S'INSCRIRE
partout. Pas seulement du ministère de l'Agriculture. On en a de l'Environnement, de la
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Santé, de l'Intérieur, du Travail, de la Biodiversité... Le pire c'est qu'on n'a pas de


préavis », poursuit Jérôme Volle.

A multiplier les normes, les administrations ont provoqué l'écoeurement. Le nombre des
obligations nouvelles est un problème. Les incohérences, confinant à l'absurde, en sont
un autre. Bien venu au royaume d'Ubu, où l'on croise la norme de trente centimètres
pour les escabeaux utilisés par les salariés des exploitations agricoles, l'interdiction à
l'apprenti agriculteur de conduire un tracteur ou tout autre engin, les normes incendie
sur les toitures photovoltaïques... Pour le ministère de l'Environnement, pas question
d'installer une toiture photovoltaïque dans une ferme si elle ne s'équipe pas d'une
réserve d'eau en cas de feu. Pour le ministère de l'Intérieur, pas question que les
pompiers lancent de l'eau sur les toitures photovoltaïques... Trop tard, les dépenses ont
été e5ectuées.

Autre cas d'école : les normes sur les fossés et cours d'eau. Les agriculteurs ont
l'obligation de curer les fossés. Un texte le stipule expressément. Le problème est qu'un
autre texte a suivi, sanctionnant lourdement ceux qui s'aventureraient à curer un cours
d'eau. Question : le fossé au fond duquel court un ruisseau est-il dans la catégorie « fossé
à curer » ou tombe-t-il dans la catégorie « cours d'eau incurable ? » Nulle part il n'est écrit
ce que l'administration entend par cours d'eau. De-ci de-là, les amendes sont tombées
sur des agriculteurs pris en faute. Résultat, cette année, les exploitants ont laissé
déborder les fossés, qui n'ont plus joué leur rôle de zone tampon alors que les pluies se
déversaient sur le pays. Tous les Français se rappellent des inondations catastrophiques
du printemps dernier. Mais tous n'ont pas entendu les appels à la raison lancés par
Xavier Beulin, le président de la FNSEA, qui répétait à l'envi «  laissez les agriculteurs
entretenir les ruisseaux ! »

Passé les rires occasionnés par certaines normes, reste l'usine à gaz. Celle qu'on ne sait
pas par quel côté attaquer. D'abord, il y a la masse de documents. Rarement distrayants.
Souvent compliqués. Parfois incompréhensibles. Selon un rapport des sénateurs sur le
sujet, les agriculteurs passent en moyenne quinze heures par semaine dans leur bureau
«  le nez dans la paperasse ». Puis viennent les démarches. La banque, pour obtenir un
nouveau prêt car la note est souvent salée. «  Jamais l'administration ne fait de
simulation économique pour estimer l'impact des normes qu'elle rédige », regrette
Gérard Bailly, le sénateur qui a présidé le groupe de travail sur les normes agricoles. Et
pourtant, les conséquences sont là. Dans les élevages elles ont été immenses. Les
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comptes ont été faits en 2015 quand la crise était à son comble dans toutes les
journée !
productions animales. Pour Guillaume Roué, président de l'interprofession porcine, les
normes portaient une responsabilité considérable dans les trésoreries exsangues des
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élevages. «  Les éleveurs de porcs vivent l'incroyable paradoxe d'un secteur qui sou5re
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d'un retard d'investissement productif de 3 milliards, alors qu'il a dépensé des sommes
colossales dans la mise aux normes environnementales ». Au-delà des dépenses induites,
les agriculteurs s'exaspèrent de la lenteur de l'administration française, qui, à force
d'exigences, démultiplie les délais d'exécution. Et décourage l'esprit d'entreprise.

Pourquoi un tel acharnement ? Pourquoi plus en France qu'ailleurs ? Pourquoi l'Etat


français éprouve-t-il le besoin de renforcer les normes européennes ? «  On surtranscrit
systématiquement », dit-on au Sénat. Après un an d'enquête et de nombreuses
auditions, Daniel Dubois, rapporteur sur le thème des normes agricoles, avoue ne pas
comprendre. Une déformation génétique ? La question fait sourire. Pourtant, c'est un
fait : l'administration nationale est pointilleuse et méfiante au point de toujours imposer
plus que ne l'exige l'Europe. Maintes fois interpellé, le gouvernement a entendu il y a
quelques mois les plaintes réitérées des agriculteurs. En pleine crise de l'élevage, après
des mois de manifestations, Manuel Valls, le Premier ministre, s'est engagé à faire une
pause dans les normes, à ne plus «  surtranscrire » et à expérimenter les nouvelles
dispositions avant d'en faire des obligations.

Phil Hogan, le commissaire européen à l'Agriculture lui-même, a fait «  une priorité de la


simplification des textes ». Les sénateurs, qui se sont rendus à Bruxelles, ont constaté
avec regret que la simplification s'était traduite par un moins grand nombre de textes...
contenant tout autant de mesures normatives qu'auparavant...

La multitude, l'opacité, la complexité, le « toujours plus » et les coûts induits ont rendu
les normes insupportables aux agriculteurs. Et si l'on faisait un peu de place au bon sens
paysan pour alléger leur fardeau ?

Marie-Josée Cougard
Journaliste au service Industrie

LES POINTS À RETENIR

Selon un rapport du Sénat sur le sujet, les agriculteurs passent en moyenne quinze
heures par semaine dans leur bureau à éplucher la paperasse administrative.

Au-delà de leur complexité, les normes et réglementations qui s'imposent à la


profession engendrent aussi des coûts fragilisant nombre d'exploitations.

Maintes fois interpellé, le gouvernement s'est engagé à faire une pause dans les
NEWSLETTER
normes MATINALE
et à expérimenter les:nouvelles
recevez tout ce qu'il faut
dispositions savoir
avant avant
d'en fairededes
commencer la
obligations. journée !

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