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La géométrie a pratiquement disparu des programmes de classes préparatoires scientifiques. Le programme officiel ne
prévoit que très peu de choses sur le sujet des « courbes paramétrées ».
I - Quelques généralités
1) Arcs paramétrés
Définition 1. Soit E un R-espace vectoriel de dimension finie n ∈ N∗ .
Un arc paramétré de E est une application d’une partie D de R à valeurs dans E du type γ : D → E .
t 7 → γ(t)
Quand E est un plan, on dit que l’arc est un arc plan.
Le support Γ de l’arc γ est l’ensemble des points γ(t), t ∈ D.
On a une interprétation cinématique de la notion d’arc paramétré. Si t est le temps qui passe, γ(t) s’interprète comme
un point en mouvement. γ(t) est la position du point γ à l’instant t. Le support de l’arc t 7→ γ(t) s’appelle plutôt la
trajectoire du point γ.
La lette γ est utilisée en référence au nom Γ donné au support. On peut aussi utiliser la lettre M qui est plus classique
pour désigner un point : D → E .
t 7→ M(t)
Par exemple, l’application γ : R → R2 est un arc paramétré de R2 . Son support est le cercle de centre
t 7 → (cos t, sin t)
(0, 0) et de rayon 1 (si on a muni R2 de sa structure euclidienne canonique). La version complexe de cet arc est l’application
γ : R → C .
t 7→ eit
On note que la seule donnée du support ne suffit pas à comprendre l’arc paramétré. Par exemple, le seul dessin
−1 1
−1
ne permet pas de comprendre que le point γ(t) a parcouru ce cercle une infinité de fois à vitesse constante. L’arc
2
γ1 : R → R est un autre arc ayant le même support. Le cercle de centre (0, 0) et de rayon 1
t 7→ cos t , sin t2
2
Définition 2. Soit I un intervalle de R. Quand l’application γ : I → E est de classe C1 sur D, on dit que
t 7→ γ(t)
l’arc paramétré γ est de classe C1 sur D.
On sait d’après le chapitre précédent que
2
Théorème 1. Soit B = (e1 , . . . , en ) une base de E. Si pour tout t de I, on pose
Définition 3. Un point M (t0 ) d’un arc I → E , de classe C1 sur I est dit régulier (resp. singulier) si et
t 7→ M(t)
−−→ −−→
dM −
→ dM −
→
seulement si (t0 ) 6= 0 (resp. (t0 ) = 0 ).
dt dt
L’arc I → E est dit régulier si et seulement si tous ses points sont réguliers.
t 7→ M(t)
Dans le cas où le paramètre t est le temps (interprétation cinématique), le vecteur dérivé en M (t0 ) est le vecteur vitesse
instantanée :
−−→
−
→ dM
V (t0 ) = (t0 ) .
dt
−
→ −
→
Dans ce cas, si V (t0 ) = 0 , on dit plutôt que le point M (t0 ) est un point stationnaire.
c) Tangente en un point régulier
On se place maintenant dans la situation fréquente où l’application t 7→ M(t) est injective sur un voisinage de t0 . Ceci a
pour conséquence le fait que, pour t au voisinage de t0 et distinct de t0 , on a M(t) 6= M (t0 ).
On dit que l’arc I → E admet une tangente en M (t0 ) si et seulement si la droite (M (t0 ) M(t)) (qui est définie
t 7→ M(t)
pour t au voisinage de t0 et distinct de t0 ) admet une position limite quand t tend vers t0 . Ceci est assuré si la droite
−−→
(M (t0 ) M(t)) admet un vecteur directeur u(t) qui a une limite non nulle quand t tend vers t0 en restent distinct de t0 .
− 1 −−−−−−−−→
Pour t au voisinage de t0 et distinct de t0 , le vecteur →
u (t) = M (t0 ) M(t) est un vecteur directeur de la droite
t − t0
−−→
1 −
→ dM
(M (t0 ) M(t)). Si l’arc t 7→ M(t) est de classe C au voisinage de t0 , le vecteur u (t) tend vers (t0 ). Si ce vecteur
dt
n’est pas nul, on en déduit que, la fonction t 7→ M(t) est injective sur un voisinage de t0 , que l’arc admet une tangente
en M (t0 ) et que cette tangente est dirigée par le vecteur (M (t0 ) M(t)). Donc,
Théorème 2. Soit E un R-espace vectoriel de dimension finie non nulle.Soit t 7→ M(t) un arc de classe C1 sur un
intervalle I de R à valeurs dans E.
Si M (t0 ) est un point régulier de l’arc t 7→ M(t), alors cet arc admet une tangente en M (t0 ) et cette tangente est la
−−→
dM
droite passant par M (t0 ) et dirigée par le vecteur (t0 ).
dt
Dans le cas d’un arc plan, les situations que l’on peut rencontrer dans la pratique concernant la position de la courbe par
rapport à sa tangente, sont plus variées que les situations que l’on rencontre en construisant des graphes de fonction de
R dans R (ce qui est un cas particulier des arcs paramétrés plans : le graphe d’une fonction f de I dans R est aussi le
x=t
support de l’arc paramétré ).
y = f(t)
On peut démontrer (ce que l’on ne fera pas) que l’on obtient quatre situations types :
3
Point ordinaire Point de rebroussement de 1ère espèce
b b
b b
Quand la tangente n’est pas parallèle à (Oy), on obtient un point ordinaire ou un point d’inflexion quand la fonction
t 7→ x(t) est monotone sur un voisinage de t0 . Les points de rebroussement sont obtenus par exemple quand la fonction
t 7→ x(t) change de sens de variation en t0 .
On peut démontrer qu’en un point régulier, on ne peut obtenir qu’un point ordinaire ou un point d’inflexion ou encore,
un point de rebroussement est nécessairement un point d’inflexion.
d) Normale en un point régulier d’un arc plan
4
Exercice 1.
x = 3t2
1) Etudier l’arc paramétré et construire son support.
y = 2t3
2) Trouver les droites à la fois tangentes et normales à cet arc.
Solution 1.
1) • Pour tout réel t, M(t) existe. Pour tout réel t,
1 2 3 4
−1
−2
−3
−4
2) Soit (u, t) ∈ (R \ {0})2 . La tangente (Tt ) en M(t) a pour équation −t x − 3t2 + y − 2t3 = 0 ou encore
(Tt ) : tx − y = t3 .
La normale (Nu ) en M(u) a pour équation x − 3u2 + u y − 2u3 = 0 ou encore
5
√
1
√
La tangente au point M 2 est aussi la normale au point M − √ et la tangente au point M − 2 est aussi la
2
1
normale au point M √ .
2
6
b
1 b
1 b
2 3 4
−1
−2
−3
−4
−5
b
−6
II - Exemples d’étude
On commence par s’intéresser à la trajectoire de la valve d’une roue de vélo :
Exercice 2. (La cycloïde)
1) Un cercle (C ), de rayon R > 0, roule sans glisser sur l’axe (Ox). On note I le point de contact entre (C ) et (Ox)
et on note Ω le centre
de (C ) (Ω et I sont mobiles). M est un point donné de (C ) (M est mobile, mais solidaire de
−−
\→ −→
(C )). On pose t = ΩM, ΩI .
y M
t Ω
O I x
Déterminer une paramétrisation
de la courbe décrite par le point M (on prendra t pour paramètre et on choisira un
repère orthonormé O, −→u,−→v comme ci-dessus tel que M(0) = O).
x = R(t − sin t)
2) Etudier l’arc paramétré : et construire son support, (R est un réel strictement positif donné).
y = R(1 − cos t)
6
Solution 2.
y
1) La condition de roulement sans glissement se traduit par OI = MI ou encore xΩ = Rt. On en déduit que
π
xM = xΩ + R cos 2π − − t = Rt − R sin t = R(t − sin t)
2
et
π
yM = yΩ + R sin(2π − − t) = R − R cos t = R(1 − cos t).
2
2) Domaine d’étude.
• Pour tout réel t, M(t) existe.
2πR
• Pour tout réel t, M(t + 2π) = M(t) + −
→ −
u où →
u = . Par suite, on trace la courbe quand t décrit [0, 2π] et la
0
courbe complète est obtenue par translations de vecteurs k−→
u , k ∈ Z.
• Pour tout réel t, M(−t) = (−x(t), y(t)) = s(Oy) (M(t)). On trace la courbe quand t décrit [0, π], puis on complète par
réflexion d’axe (Oy) puis par translations.
Etude des points singuliers. Pour t ∈ [0, π], x ′ (t) = R(1 − cos t) et y ′ (t) = R sin t. Le point M(t) est régulier
2R sin2 (t/2)
si et seulement si t ∈]0, π]. Dans ce cas, la tangente en M(t) est dirigée par ou encore par
2R sin(t/2) cos(t/2)
sin(t/2)
. Etudions également le point singulier M(0). Pour t ∈]0, π], le coefficient directeur de la droite (M(0), M(t))
cos(t/2)
est
y(t) − y(0) t2 /2 3
∼ 3 = .
x(t) − x(0) t→0 t /6 t
y(t) − y(0)
Ainsi, lim = +∞ et donc, la tangente en M(0) est dirigée par (0, 1). Ainsi, dans tous les cas, la tangente
x(t) − x(0)
t→0, t>0
sin(t/2)
en M(t) est dirigée par le vecteur . Par symétrie, M(0) est un point de rebroussement de première espèce.
cos(t/2)
Sinon, x et y sont des fonctions croissantes sur [0, π].
Tracé.
2R
•M
πR 2πR
La courbe obtenue est une cycloïde. Cette courbe a de très nombreuses propriétés géométriques intéressantes et est solution
de nombreux problèmes concrets. Par exemple, on cherche la forme à donner à une piste de ski permettant d’aller d’un
point A à un point B (situé plus bas) le plus rapidement possible quand le skieur n’est soumis qu’à la pesanteur (courbe
brachistochrone). Jean Bernoulli a démontré que la solution de ce problème est un morceau de cycloïde.
Exercice 3. (L’astroïde.)
x = a cos3 t
1) a est un réel strictement positif donné. Etudier et construire la courbe de paramétrisation : .
y = a sin3 t
i πh
2) Pour t ∈ 0, , on note A(t) et B(t) les points d’intersection de la tangente au point courant M(t) avec respecti-
2
vement (Ox) et (Oy). Calculer la longueur A(t)B(t).
7
Solution 3.
1) Pour tout réel t, on pose M(t) = a cos3 (t), a sin3 (t) .
Domaine d’étude.
• Pour tout réel t, M(t) existe.
• Pour tout réel t, M(t + 2π) = M(t). Par suite, la courbe complète est obtenue quand t décrit un segment de longueur
2π comme par exemple [−π, π].
• Pour tout réel t,
cos3 (t + π) − cos3 t
M(t + π) = = = sO (M(t)).
sin3 (t + π) − sin3 t
La portion de courbe obtenue quand t décrit [−π, 0] est donc la symétrique par rapport à O de la portion de courbe
obtenue quand t décrit [0, π]. Néanmoins, cette constatation ne permet pas de réduire davantage le domaine d’étude.
• Pour tout réel t,
cos3 (π − t) − cos3 t
M(π − t) = = = s(Oy) (M(t)).
sin3 (π − t) sin3 t
h πi
On étudie et on construit la courbe pour t ∈ 0, , puis on obtient la courbe complète par réflexion d’axe (Oy), puis par
2
réflexion d’axe (Ox).
• Pour tout réel t,
π
cos3 −t
sin3 t
π
2
M −t = = = sy=x (M(t)).
cos3 t
π
2 sin3 −t
2
π
On étudie et on construit la courbe pour t ∈ [0, ], puis on obtient la courbe complète par réflexion d’axe la droite y = x,
4
puis d’axe (Oy) et enfin d’axe (Ox).
π
Variations conjointes de x et y. La fonction t 7→ x(t) est strictement décroissante sur [0, ] et la fonction t 7→ y(t) est
4
π
strictement croissante sur [0, ].
4
Etude des points singuliers. Pour t ∈ R,
−−→
−3a cos2 t sin t
dM − cos t
(t) = = 3a cos t sin t .
dt 3a sin2 t cos t sin t
− cos t
Pour tout réel t, le vecteur est unitaire et n’est donc pas nul. Par suite,
sin t
−−→
dM −
→ π
(t) = 0 ⇔ 3a cos t sin t = 0 ⇔ cos t = 0 ou sin t = 0 ⇔ t ∈ Z.
dt 2
kπ π
Les points singuliers sont donc les M , k ∈ Z. Pour t ∈ / Z, M(t) est un point régulier et la tangente en M(t) est
2 2
− cos t
dirigée par le vecteur .
sin t
h π πi
Etudions alors le point singulier M(0). Pour t ∈ − , \ {0}, le coefficient directeur de la droite (M(0)M(t)) est
2 2
y(t) − y(0) a sin3 t sin3 t
= = ,
x(t) − x(0) a cos3 t − a (cos t − 1)(cos2 t + cos t + 1)
puis
8
y(t) − y(0) t3 2t
∼ 2 =−
x(t) − x(0) t→0 − t2 × 3 3
y(t) − y(0)
et donc, lim = 0. La courbe admet en M(0) une tangente dirigée par le vecteur (1, 0). Par symétrie, la courbe
t→0 x(t) − x(0) π π
admet également une tangente en M − , M et M(π), dirigée respectivement par (0, 1), (0, 1) et (1, 0). Toujours
2 2
par symétrie, ces quatre points sont des points de rebroussement de première espèce. Il en résulte aussi que
−a a
a
2
−a
πh
2) Soit t ∈ 0, . La tangente (T (t)) en M(t) = (a cos3 t, a sin3 t) est dirigée par le vecteur −
i
→
u (t) = (− cos t, sin t) ou
2 −
→
encore la normale en M(t) est dirigée par le vecteur n (t) = (sin t, cos t). Une équation de (T (t)) est :
Cette équation peut encore s’écrire x cos t + y sin t = a sin t cos t. Puisque cos t 6= 0 et sin t 6= 0, les points A(t) et B(t) ont
donc pour coordonnées respectives (a sin t, 0) et (0, a cos t). On en déduit que
p
A(t)B(t) = a cos2 t + sin2 t = a.
Ce résultat peut s’interpréter ainsi. Une échelle de longueur a est posée verticalement contre un mur puis à la suite d’une
impulsion à sa base, elle se met à glisser sur le sol en restant collée au mur. La courbe implicitement dessinée est un
astroïde (on dit que l’astroïde est l’« enveloppe » de l’ensemble des positions de l’échelle).
9
Exercice 4. (Courbes de Lissajous)
x = sin(2t)
Etudier et construire l’arc paramétré :
y = sin(3t)
Solution 4.
Domaine d’étude.
• Pour tout réel t, M(t) existe.
• Pour tout réel t, M(t + 2π) = M(t) et la courbe complète est obtenue quand t décrit [−π, π].
• Pour tout réel t,
sin(−2t) − sin(2t)
M(−t) = = = sO (M(t)).
sin(−3t) − sin(3t)
On étudie et on construit la courbe pour t ∈ [0, π], puis on obtient la courbe complète par symétrie centrale de centre O.
• Pour tout réel t,
sin(2π − 2t) − sin(2t)
M(π − t) = = = s(Oy) (M(t)).
sin(3π − 3t) sin(3t)
h πi
On étudie et on construit la courbe pour t ∈ 0, , puis on obtient la courbe complète par réflexion d’axe (Oy) puis
2
symétrie centrale de centre O.
• On note aussi que M(t + π) = s(Ox) (M(t)), mais cette constatation ne permet pas de réduire davantage le domaine
d’étude.
h πi
Variations conjointes de x et y. Pour t ∈ 0, , x ′ (t) = 2 cos(2t) et y ′ (t) = 3 sin(3t). On en déduit immédiatement
2
le tableau suivant :
π π π
t 0
6 4 2
x ′ (t) + 0 −
√ 1
3
x
2
0 0
1 √
2
y
2
0 −1
′
y (t) + 0 −
On en déduit la courbe : quand x et y croissent, le tracé se fait en montant vers la droite, quand x croît et y décroît, le
tracé se fait en descendant vers la droite, quand x décroît et y croît, le tracé se fait en montant vers la gauche, quand x
décroît et y décroît, le tracé se fait en descendant vers la gauche.
t = π/6
b
1 b b
b b
t = π/4
t=0 t = π/3
b
−1 1
b b
b
−1 b
t = π/2
10
x = a sin(pt)
Les courbes de Lissajous sont les courbes de paramétrisation . Si on les visualise sur l’écran d’un
y = b sin(qt + ϕ)
oscilloscope, elles permettent suivant le cas de visualiser le déphasage ou le rapport de fréquence entre deux signaux
sinusoïdaux, l’un rentré en abscisse et l’autre en ordonnée.
Solution 5.
x = f(t) + R cos t
1) Cherchons les arcs solutions sous la forme où f est une fonction dérivable sur un certain intervalle I
y = R sin t
f(t)
(de sorte que le point M(t) est sur le cercle C (t) de centre et de rayon R). La trajectoire cherchée est orthogonale
0
à chaque cercle C (t) si et seulement si la tangente à cette trajectoire en M(t) est orthogonale à la tangente au cercle
C (t) en M(t) ou encore « si et seulement si » les vecteurs (f ′ (t) − R sin t, R cos t) et (− sin t, cos t) sont orthogonaux.
Cette
R t
dernière condition s’écrit −f ′ (t) sin t + R(sin2 t + cos2 t) = 0 ou encore f ′ (t) =
ou enfin, f(t) = R ln tan + C. Les
sin t 2
t
R ln tan + cos t + C
arcs solutions sont les arcs de la forme t 7→ 2 , où C ∈ R.
R sin t
tan t + cos t
R ln
Les courbes solutions se déduisent de la courbe t 7→ 2 par translations de vecteurs colinéaires
R sin t
−
→
à i . On peut montrer que la courbe obtenue est la trajectoire de la roue arrière d’une voiture quand celle-ci se gare en
marche avant, la roue avant étant quant à elle collée au trottoir.
2) Domaine d’étude.
• La fonction t 7→ M(t) est 2π-périodique et on l’étudie donc sur [−π, π]. Pour t ∈ [−π, π], M(t) existe si et seulement si
t ∈] − π, π[\{0}.
• Pour t ∈] − π, π[\{0}, M(−t) = s(Ox) (M(t)) puis pour t ∈]0, π[,
tan π − t + cos(π − t) tan( t ) − cos t
R ln R − ln
M(π − t) = 2 2 = 2 = sOy (M(t).
R sin(π − t) R sin(t)
11
i πi
On étudie et on construit la courbe quand t décrit 0, , et on obtient la courbe complète par réflexion d’axe (Oy) puis
2
par réflexion d’axe (Ox).
i πi
Dérivée. Etude des points singuliers. Pour t ∈ 0, ,
2
−−→
1 cos 2
t
dM R − sin t R cos t
(t) = sin t = sin t = R cotan t .
dt sin t
R cos t R cos t
−−→
dM −
→ π π
Par suite, (t) = 0 ⇔ cotan t = 0 ⇔ t = . Le point M( ) est un point singulier.
dt 2 2
π π π R π 2
Quand t tend vers , y(t) − y = R(sin t − 1) = −R 1 − cos −t ∼ − − t . D’autre part, en posant
2 2 2 2 2
π π π
h = − t ou encore t = − h, quand t tend vers ,
2 2 2
2 2
′ cos t sin h 2
π 2 π 2
x (t) = R =R ∼ Rh = R t − +o t− ,
sin t cos h 2 2
et donc, par intégration,
π R π 3 π 3 R π 3
x(t) − x = t− +o t− ∼ t− .
2 3 2 2 3 2
Finalement
π R π 2
y(t) − y − t− 3
π2 ∼ 2 2
3 = − π,
x(t) − x R π 2 t−
2 t − 2
3 2
π
y(t) − y π −
→ π
et donc lim π2 = +∞. Par symétrie d’axe (Oy), la tangente en M est dirigée par j et M( ) est
t→ 2 , t< π
π
2x(t) − x 2 2
2
un point de rebroussement de première espèce.
i πh
Sinon, x ′ et y ′ sont strictement positives sur 0, . On en déduit que x et y sont strictement croissantes sur cet intervalle.
2
Quand t tend vers 0 par valeurs supérieures, x(t) tend vers −∞ et y(t) tend vers 0. On en déduit que la droite d’équation
x = 0 est asymptote à la courbe. D’autre part, x croit de −∞ à 0 pendant que y croit de 0 à 1.
Courbe.
−R
12
DOCUMENT 33
Fonctions convexes
2. Définition et généralités
Proposition 33.1. Soit f une application d’un intervalle I de R dans R. Les deux affir-
mations suivantes sont équivalentes :
a) Pour tout a ∈ I, l’application ∆a de I − {a} dans R définie par
f (x) − f (a)
∆a (x) =
x−a
353
354 33. FONCTIONS CONVEXES
est croissante.
b) Pour tout (x, y) ∈ I 2 et tout λ ∈ [0, 1]
f (λx + (1 − λ)y) ≤ λf (x) + (1 − λ)f (y)
Preuve. a) ⇒ b). Le résultat est évident si l’on est dans l’un des cas suivants : x = y, λ = 0,
λ = 1. On peut donc supposer x 6= y et λ ∈]0, 1[.
Si x < y alors x < λx + (1 − λ)y < y d’où λx + (1 − λ)y ∈ I et ∆x (λx + (1 − λ)y) ≤ ∆x (y)
ce qui s’écrit :
f (λx + (1 − λ)y) − f (x) f (y) − f (x)
≤
(1 − λ)(y − x) y−x
d’où f (λx + (1 − λ)y) ≤ λf (x) + (1 − λ)f (y).
Si y < x alors µ = (1 − λ) ∈]0, 1[ et ce qui précède permet d’écrire :
f (λx + (1 − λ)y) = f (µy + (1 − µ)x) ≤ µf (y) + (1 − µ)f (x) = λf (x) + (1 − λ)f (y).
a−y y−x
b) ⇒ a). Si x < y < a appartiennent à I, alors λ = ∈]0, 1[ et 1 − λ = . On a
a−x a−x
donc :
f (y) = f (a + y − a) = f (a + λ(x − a)) = f ((1 − λ)a + λx) ≤ (1 − λ)f (a) + λf (x)
d’où
f (y) − f (a) ≤ λ(f (x) − f (a))
ou encore
f (x) − f (a) f (y) − f (a)
≤ .
x−a y−a
Le cas a < x < y se traite de façon analogue et si x < a < y alors ce dernier cas permet
d’écrire :
f (a) − f (x) f (y) − f (x)
≤
a−x y−x
d’où
(y − x)(f (a) − f (x)) ≤ (a − x)(f (y) − f (x)) = (a − x)(f (y) − f (a)) + (a − x)(f (a) − f (x)).
On a donc :
(y − a)(f (a) − f (x)) = [(y − x) − (a − x)](f (a) − f (x)) ≤ (a − x)(f (y) − f (a))
d’où
f (x) − f (a) f (y) − f (a)
≤
x−a y−a
ce qui achève la preuve de la croissance de l’application ∆a .
Remarques.
1) L’examen de la démonstration précédente montre l’équivalence des deux affirmations suiv-
antes:
a) Pour tout a ∈ I, l’application ∆a de I − {a} dans R définie par
f (x) − f (a)
∆a (x) =
x−a
est strictement croissante.
2. DÉFINITION ET GÉNÉRALITÉS 355
Définition 33.1. Soit f une fonction de R dans R définie sur un intervalle I de R. On dit
que f est convexe sur I si, pour tout (x, y) ∈ I 2 et tout λ ∈ [0, 1],
f (λx + (1 − λ)y) ≤ λf (x) + (1 − λ)f (y).
La fonction f est dite strictement convexe sur I si x 6= y et λ ∈]0, 1[ impliquent
f (λx + (1 − λ)y) < λf (x) + (1 − λ)f (y).
La fonction f est dite concave (resp. strictement concave) sur I si −f est convexe (resp.
strictement convexe) sur I.
Remarques et exemples.
1) Une fonction convexe sur un intervalle I est aussi convexe sur toute partie de I qui est un
intervalle.
2) Une partie E d’un espace vectoriel réel est dite convexe si x, y ∈ E et λ ∈ [0, 1] impliquent
λx + (1 − λ)y ∈ E. Soit f une fonction définie sur un intervalle I et E = {(x, y) ∈ R2 | x ∈
I, y ≥ f (x)} (E est la partie de R2 située au-dessus du graphe de f ). On montre facilement
que la fonction f est convexe sur I si et seulement si E est une partie convexe de R2 . Ne pas
confondre les fonctions convexes et les fonctions ayant un graphe convexe. Les seules fonctions
de R dans R ayant un graphe convexe sont les applications affines.
3) Soit f une fonction convexe sur l’intervalle I et a, b, c trois éléments de cet intervalle vérifiant
a < b < c. On a :
f (a)−f (b) f (a)−f (c) f (b)−f (c)
a−b ≤ a−c ≤ b−c .
Pour la preuve il suffit d’écrire que ∆a (b) ≤ ∆a (c) = ∆c (a) ≤ ∆c (b). Cette propriété équivaut
aux deux affirmations de la proposition précédente et est connue sous le nom de théorème des
trois pentes. Comme nous le verrons, ce résultat est très utile dans l’étude de la dérivabilité
des fonctions convexes.
4) Soit f une fonction continue sur un intervalle I. On peut montrer (voir l’appendice) que la
356 33. FONCTIONS CONVEXES
fonction f est convexe sur I si et seulement si, pour tout (a, b) ∈ I, f vérifie :
a+b f (a) + f (b)
f( )≤ .
2 2
Toute fonction convexe satisfait évidemment cette dernière condition mais la réciproque est
fausse : il existe des fonctions non continues sur un intervalle ouvert I qui satisfont cette
condition et qui ne sont donc pas pas convexes sur I (Voir le document 35) .
5) La fonction f définie sur R par f (x) = x2 est strictement convexe sur R car si λ ∈]0, 1[ et
x 6= y alors :
f (λx + (1 − λ)y) = λ2 x2 + 2λ(1 − λ)xy + (1 − λ)2 y 2 < λ2 x2 + λ(1 − λ)(x2 + y 2 ) + (1 − λ)2 y 2
= λx2 + (1 − λ)y 2
(en utilisant 2xy < x2 + y 2 ).
6) La fonction x →| x | est convexe sur R car si λ ∈ [0, 1] alors :
| λx + (1 − λ)y |≤| λx | + | (1 − λ)y |= λ | x | +(1 − λ) | y | .
Cette fonction n’est pas strictement convexe.
Géométriquement, les fonctions strictement convexes sont les fonctions convexes dont le
graphe ne contient aucun segment de droite. La proposition suivante précise cette affirmation.
Proposition 33.2. Soit f une fonction convexe définie sur un intervalle I. La fonction f
est strictement convexe si et seulement si il n’existe aucun intervalle de longueur non nulle sur
lequel f coı̈ncide avec une fonction affine.
Preuve. Supposons que la restriction de f à [x, y], x 6= y, coı̈ncide avec une fonction affine ϕ.
Pour tout λ de ]0, 1[,
f (λx + (1 − λ)y) = ϕ(λx + (1 − λ)y) = λϕ(x) + (1 − λ)ϕ(y) = λf (x) + (1 − λ)f (y)
et donc f n’est pas strictement convexe.
Supposons maintenant que f ne soit pas strictement convexe. Il existe x, y ∈ I, x 6= y, et
λ ∈]0, 1[ tels que
f (λx + (1 − λ)y) = λf (x) + (1 − λ)f (y).
Posons z = λx + (1 − λ)y et considérons u ∈]x, z[. On a
f (x) − f (z) f (u) − f (z) f (z) − f (y) f (x) − f (z)
≤ ≤ =
x−z u−z z−y x−z
f (x) − f (z) f (u) − f (z)
d’où, en posant a = , = a ou encore
x−z u−z
f (u) = a(u − z) + f (z)
ce qui montre que sur [x, z], f coı̈ncide avec l’application affine u → a(u − z) + f (z).
Proposition 33.3. Soit f une fonction convexe sur un intervalle ouvert I. La fonction f
est continue sur I et possède en chaque point a de I une dérivée à droite et une dérivée à gauche
telles que
fg0 (a) ≤ fd0 (a).
Preuve. Le lemme 33.1 appliqué à la fonction ∆a entraine l’existence de fg0 (a) et de fd0 (a) ainsi
que la relation fg0 (a) ≤ fd0 (a). L’existence d’une dérivée à droite (resp. à gauche) implique la
continuité à droite (resp. à gauche) d’où la continuité de f sur I.
La proposition précédente peut être fausse si I n’est pas ouvert. Par exemple, la fonction
√
partie entière est convexe sur [0, 1] mais n’est pas continue en 1. La fonction x → − x est
convexe sur [0, +∞[ et n’ a pas de dérivée à droite en 0. On peut cependant préciser le com-
portement de f aux bornes de I. Supposons, par exemple, que f soit convexe sur [a, b] et
discontinue en b. La fonction ∆b étant croissante, elle tend nécessairement vers +∞ lorsque x
tend vers b à gauche et donc il existe η > 0 tel que pour tout x ∈]b − η, b[ on a f (x) < f (b).
Proposition 33.4. Soit f une fonction convexe sur un intervalle I, a et b, a < b, deux
points de I tels que fd0 (a) et fg0 (b) existent (cette condition étant toujours réalisée si a et b
appartiennent à l’intérieur de I). On a :
f (b) − f (a)
fd0 (a) ≤ ≤ fg0 (b).
b−a
Preuve. Pour tout x ∈]a, b[ on a, en utilisant la croissance de ∆x ,
f (a) − f (x) f (b) − f (x)
≤ .
a−x b−x
En faisant tendre x vers a et en utilisant le fait que l’existence d’une dérivée à droite en a
entraine que f (a) = lim f (x), on obtient la première inégalité. Pour la seconde, on fait
x→a,x>a
tendre x vers b.
Remarques.
1) Soit f convexe sur l’intervalle I. Il résulte des deux propositions précédentes que les deux
applications définies sur l’intérieur de I, x → fg0 (x) et x → fd0 (x), sont croissantes et, si a < b,
fg0 (a) ≤ fd0 (a) ≤ fg0 (b) ≤ fd0 (b).
On peut montrer que la croissance de la fonction dérivée à droite ou de la fonction dérivée à
gauche caractérise les fonctions convexes. Plus précisemment, soit f une fonction continue sur
un intervalle ouvert I et qui possède en chaque point de I une dérivée à droite (resp. à gauche).
La fonction f est convexe sur I si et seulement si la fonction x → fd0 (x) (resp. x → fg0 (x)) est
croissante sur I. L’exemple de la fonction partie entière montre que l’on ne peut pas supprimer
l’hypothèse de continuité.
2) Supposons la fonction f convexe sur I. La fonction x → fg0 (x) étant croissante il existe un
recouvrement de l’intérieur de I par trois intervalles (certains pouvant être vides) I1 , I2 et I3
tels que fg0 soit strictement négatif sur I1 , nul sur I2 et strictement positif sur I3 . A l’aide de
la remarque 1) et de l’inégalité de la proposition 33.4 on voit que f est strictement décroissante
sur I1 , constante sur I2 et strictement croissante sur I3 .
358 33. FONCTIONS CONVEXES
3) Toute fonction monotone sur un intervalle possède en chaque point une limite à droite et une
limite à gauche. L’ensemble des points où cette fonction est discontinue, c’est-à-dire l’ensemble
des points où ces deux limites sont différentes, est fini ou dénombrale. Il en résulte que l’ensemble
des points de discontinuité de la fonction dérivée à droite (resp. à gauche) d’une fonction convexe
sur un intervalle I est fini ou dénombrable.
4) La double inégalité de la proposition 33.4 peut s’écrire
(b − a)fd0 (a) ≤ f (b) − f (a) ≤ (b − a)fg0 (b)
ce qui l’apparente à une inégalité des accroissements finies.
L’application x → f 0 (x) est la restriction de l’application x → fg0 (x) à l’ensemble des points
où cette fonction est continue, elle est donc elle-même continue (mais elle n’est pas, en général,
définie sur un intervalle).
On va donner maintenant les deux caractérisations classiques des fonctions dérivables qui
sont convexes sur un intervalle.
Proposition 33.6. Soit f une fonction dérivable sur un intervalle I. Les affirmations
suivantes sont équivalentes.
a) La fonction f est convexe sur I ;
b) Pour tout (x, a) ∈ I 2 ,
f (x) ≥ (x − a)f 0 (a) + f (a);
c) La fonction f 0 est croissante sur I.
Preuve. a) ⇒ b). La fonction f étant dérivable, on a en tout point a de I, f 0 a) = fg0 (a) = fd0 (a).
Pour démontrer b) à partir de a), il suffit d’utiliser les inégalités de la proposition 33.4 en
distinguant les deux cas x < a et a < x.
b) ⇒ c). Pour tout x et tout y de I, l’hypothèse b) permet d’écrire
f (y) ≥ f (x) + (y − x)f 0 (x) et f (x) ≥ f (y) + (x − y)f 0 (y)
d’où
f 0 (x)(y − x) ≤ f (y) − f (x) ≤ f 0 (y)(y − x)
et donc (y − x)(f 0 (y) − f 0 (x)) ≥ 0 ce qui montre que f 0 est croissante.
c) ⇒ a). Soit x et y, x < y, deux éléments de I. Considérons l’application g de [0, 1] dans R
définie par
g(λ) = λf (x) + (1 − λ)f (y) − f (λx + (1 − λ)y)
(g(λ) est la distance entre le point (λx + (1 − λ)y), f (λx + (1 − λ)y)) et le point de même abscisse
situé sur la droite passant par (x, f (x)) et (y, f (y)). La fonction f est convexe sur [x, y] si et
seulement si, pour tout λ ∈ [0, 1], g(λ) ≥ 0.)
La fonction g vérifie les hypothèses du théorème de Rolle sur [0, 1]. Il existe donc λ0 ∈]0, 1[ tel
que g 0 (λ0 ) = 0. On a
g 0 (λ) = f (x) − f (y) + (y − x)f 0 (λx + (1 − λ)y)
L’application λ → λx + (1 − λ)y étant décroissante sur [0, 1] et f 0 étant par hypothèse croissante,
λ → f 0 (λx + (1 − λ)y) est décroissante. Il en est de même de g 0 qui est positive sur [0, λ0 ] et
négative sur [λ0 , 1]. La fonction g est donc croissante sur [0, λ0 ] et décroissante sur [λ0 , 1].
Comme g(0) = g(1) = 0, la fonction g est positive sur [0, 1] ce qui signifie que f est convexe sur
I.
Remarques.
1) La propriété b) de la proposition précédente s’interprête géométriquement par : le graphe
d’une fonction convexe dérivable est au-dessus de chacune de ses tangentes. Lorsque la fonction
convexe sur I possède seulement en un point a de l’intérieur de I une dérivée à droite et une
dérivée à gauche alors on peut dire que le graphe de l’application affine
x → fd0 (a)(x − a) + f (a)
360 33. FONCTIONS CONVEXES
est la tangente à droite au point (a, f (a)). On définit de façon analogue la tangente à gauche et
à l’aide des propositions 2 et 3 on voit que le graphe de f est au-dessus de sa tangente à droite
et de sa tangente à gauche.
2) Une condition nécessaire et suffisante pour que l’application f convexe et dérivable sur I ait
un minimum en un point a de l’intérieur de I est que f 0 (a) = 0. Cela résulte immédiatement de
la partie b) de la proposition précédente.
Donnons maintenant le résultat le plus utilisé en pratique pour montrer qu’une fonction est
convexe sur un intervalle I.
Corollaire 33.1. Soit f une fonction définie et deux fois dérivable sur un intervalle I.
• La fonction f est convexe sur I si et seulement si f 00 est positive sur cet intervalle.
• La fonction f est strictement convexe sur I si et seulement si f 00 est positive sur cet
intervalle et si {x ∈ I | f 00 (x) = 0} ne contient aucun intervalle ouvert non vide.
La preuve résulte immédiatement de la proposition précédente et du fait qu’une fonction,
dérivable sur un intervalle, est croissante (resp. strictement croissante) sur cet intervalle si et
seulement si sa fonction dérivée est positive (resp. si sa dérivée est positive et ne s’annulle pas
sur un intervalle ouvert non vide).
On a déjà vu que si une fonction convexe f est dérivable en x0 alors sa fonction dérivée est
continue en x0 . L’intérêt de la proposition suivante réside surtout dans sa preuve qui est globale
et indépendante de celle de la proposition 33.5.
Proposition 33.7. Si une fonction convexe sur un intervalle I est dérivable sur I alors son
application dérivée f 0 est continue sur I.
Preuve. La fonction f 0 est croissante et, comme toute application dérivée, elle vérifie le
théorème des valeurs intermédiaires (voir le document 27 ”Image d’un intervalle par une fonction
continue”). L’ensemble f 0 (I) est donc un intervalle et f 0 est continue sur I (voir encore le
document 27).
4. Applications
4.1. Représentation graphique des fonctions. Le fait que le graphe d’une fonction f
convexe (resp. concave) soit au-dessus (resp. au-dessous) de chacune de ses tangentes permet de
préciser son allure. Plus précisemment, les fonctions usuelles dont on doit tracer le graphe sont
définies sur une réunion d’intervalles et deux fois dérivables sauf en quelques points exceptionnels.
On détermine les intervalles de longueurs maximums sur lesquels la dérivée seconde existe et
garde un signe constant. Sur chacun de ces intervalles la fonction est convexe ou concave. Si
en un point x0 la dérivée seconde s’annulle, en changeant de signe, alors on dit que le point
(x0 , f (x0 )) est un point d’inflexion pour le graphe de f . En ce point, le graphe de f ”traverse”
sa tangente. C’est par exemple le cas pour la fonction sinus en (0, 0). Si la dérivée seconde
s’annulle sans changer de signe, il n’y a pas de point d’inflexion ( x → x4 à l’origine). On peut
aussi avoir une situation semblable à un point d’inflexion lorque la dérivée seconde n’existe pas
(penser à x → x1/3 à l’origine).
2
Exemple. Considérons la fonction f : R 7→ R définie par f (x) = e−x . Cette fonction est de
2 2
classe C∞ et f 0 (x) = −2xe−x , f 00 (x) = 2e−x (2x2 − 1). Le signe de f 00 montre que f est convexe
4. APPLICATIONS 361
1 1 1 1
sur I1 =] − ∞, − √ ] et sur I2 = [ √ , +∞[. Elle est concave sur I3 = [− √ , √ ]. Le graphe
2 2 2 2
de f est donc au-dessus de ses tangentes aux points ayant une abscisse dans I1 ∪ I2 et il est
au-dessous sinon.
1 1 1
On a f 00 (± √ ) = 0, f 000 (− √ ) > 0 et f 000 ( √ ) < 0. Le graphe de f présente donc des
2 2 2
1
points d’inflexion aux points d’abscisses ± √ et le signe de f 000 en ces points permet de préciser
2
la position relative de la courbe et de sa tangente.
ex ≥ 1 + x.
ln x ≤ x − 1.
π
La fonction sinus est concave sur [0, ]. Elle est donc au-dessous de sa tangente à l’origine et
2
π
au-dessus de la corde qui joint l’origine au point de coordonnées ( , 1), autrement dit
2
2x π
≤ sin x ≤ x, x ∈ [0, ].
π 2
Proposition 33.8. Soit f une fonction convexe sur un intervalle I, (xi )1≤i≤n une famille
n
X
d’éléments de I et (αi )1≤i≤n une famille de nombres réels positifs vérifiant αi = 1. On a :
i=1
Xn n
X
f( αi xi ) ≤ αi f (xi .)
i=1 i=1
362 33. FONCTIONS CONVEXES
pour toute famille (ai ) de nombres réels, |a1 |α + |a2 |α ≤ (|a1 | + |a2 |)α et, par une récurrence
n
X X n
immédiate, |ai |α ≤ ( |ai |)α . On en déduit, avec α = q/p et ai = |xi |p ,
i=1 i=1
n
X Xn
|xi |q ≤ ( |xi |p )q/p
i=1 i=1
d’où kxkq ≤ kxkp . En particulier, toutes les normes kxkp sont équivalentes. Rappelons que
l’on peut montrer (par une autre méthode) que toutes les normes sur un espace vectoriel de
dimension finie sont équivalentes.
4.3. Résolution de l’équation f (x) = 0 avec f convexe. L’utilisation conjointe des
méthodes de Newton et de la corde (ou méthode d’ajustement linéaire) pour encadrer une
solution de f (x) = 0 est particulièrement simple lorsque f est convexe (ou concave).
Soit f une fonction convexe sur un intervalle ouvert I, a et b des éléments de I tels que a < b
et f (a)f (b) < 0. On peut supposer que f (a) < 0 et f (b) > 0 (Si l’on remplace f par −f , −f est
concave). La fonction f étant continue sur [a, b], il existe α ∈]a, b[ tel que f (α) = 0. Supposons
que f (β) = 0 avec β ∈]a, b[ et α < β. Soit y = g(x) l’équation de la droite passant par les
points (a, f (a) et (β, f (β)) = (β, 0). Pour tout x ∈ [a, β], f (x) ≤ g(x) d’où, en particulier,
f (α)
0 = f (α) ≥ g(α). Or l’application g est strictement croissante (g(x) = (x − a) + f (a))
a−β
donc g(α) < g(β) = 0 ce qui est contradictoire. L’équation f (x) = 0 possède donc une
364 33. FONCTIONS CONVEXES
Soit γ la limite de la suite (an ). Par passage à la limite dans la relation an+1 (f (bn )−f (an )) =
an f (bn ) − bn f (an ) on obtient γ(−f (γ)) = −αf (γ) d’où (γ − α)f (γ) = 0 et finalement α = γ car
f (γ) = 0 implique α = γ.
Conclusion. Les suites (an ) et (bn ) sont deux suites adjacentes qui convergent vers l’unique
solution sur [a, b] de l’équation f (x) = 0. A l”aide de ces deux suites, il est facile de programmer
le calcul d’une approximation de cette solution à 10−n près.
Remarque. Pour appliquer la méthode de Newton avec f convexe, on doit considérer la
tangente au point (b, f (b)) avec f (b) > 0. La tangente au point (a, f (a)), f (a) < 0, rencontre
l’axe Ox en un point dont l’abscisse n’appartient pas en général à [a, b]. Lorsque f est concave,
on doit utiliser la tangente au point où la fonction est négative.
4.4. Calcul approché de l’intégrale d’une fonction convexe. Dans la partie précédente
on a encadré une solution de l’équation f (x) = 0 en utlisant conjointement les méthodes de New-
Rb
ton et de la corde. Lorsque f est convexe sur [a, b], on peut aussi encadrer a f (x)dx en utilisant
simultanément la méthode du trapèze et la méthode du milieu.
Soit f une fonction continue, convexe et positive sur un segment [a, b]. Pour tout x ∈ [a, b],
on a
f (b) − f (a)
f (x) ≤ (x − a) + f (a)
b−a
(la courbe représentative de f est au-dessous de la corde définie par les points (a, f (a)) et
(b, f (b)))
d’où
b
f (b) − f (a) b
Z Z
f (x)dx ≤ (x − a)dx + (b − a)f (a)
a b−a a
f (b) + f (a)
= (b − a)
2
Pour l’interprétation géométrique de ce résultat, supposons f représentée dans un plan affine
euclidien muni d’un repère orthonormé d’origine O et soit A, B, C et D les points d’abscisses
Rb
respectives (a, 0), (b, 0), (a, f (a)) et (b, f (b)). L’intégrale a f (x)dx mesure l’aire limitée par le
graphe de f , l’axe 0x et les droites d’équations x = a, x = b. La mesure de cette aire est donc
f (b) + f (a)
inférieure à celle définie par le trapèze ABDC qui vaut (b − a).
2
Considérons maintenant la tangente (à droite ou à gauche) ∆ au graphe de f au point
a+b a+b a+b a+b
”milieu” ( , f( )) et soit y = φ(x) = λ(x − ) + f( ) son équation.
2 2 2 2
Pour tout x ∈ [a, b], on a φ(x) ≤ f (x) ( le graphe d’une fonction convexe est au-dessus de
toutes ses tangentes) d’où :
Z b Z b
λ a + b 2 x=b a+b a+b
f (x)dx ≥ φ(x)dx = [(x − ) ]x=a + (b − a)f ( ) = (b − a)f ( ).
a a 2 2 2 2
La deuxième intégrale est la mesure de l’aire du rectangle défini par l’axe Ox, la parallèle à Ox
a+b a+b
passant par le point ( , f( )) et les droites x = a et x = b. Lorsque φ(x) ≥ 0 pour tout
2 2
x ∈ [a, b], on peut aussi l’interpréter comme la mesure de l’aire du trapèze limité par ∆, l’axe
0x et les droites d’équations x = a, x = b.
366 33. FONCTIONS CONVEXES
Finalement
Z b
a+b f (a) + f (b)
(b − a)f ( )≤ f (x)dx ≤ (b − a) (∗).
2 a 2
a+b Rb
et, par exemple, (b − a)f ( ) est une approximation de a f (x) par défaut avec une erreur
2
f (a) + f (b) a+b
inférieure à (b − a)[ − f( )].
2 2
En divisant le segment [a, b], cette erreur peut devenir auusi petite que l’on veut. Plus
précisemment, considérons pour tout entier n, la suite de points (ak ) de [a, b] définie par a0 = a
b−a
et ak = a0 + k n pour 0 < k ≤ 2n . Posons :
2
2 −1 n
b − a X f (ak ) + f (ak+1
Sn = n
2 2
k=0
2 −1 n
b − a X ak + ak+1
sn = n f( )
2 2
k=0
On a :
n −1 Z
2X
Z b ak+1
f (x)dx = f (x)dx
a k=0 ak
1
ce qui entraine E1 ≤ E0 . L’erreur En tend donc vers 0 avec n et sn est un approximation
2
Rb b − a f (a) + f (b) a+b
par défaut de a f (x)dx avec une erreur inférieure à n
( − f( )). On peut
2 2 2R
b
montrer que les suites (sn ) et (Sn ) sont des suites adjacentes de limite commune a f (x)dx.
n
Ici, 2 est le nombre de points de subdivision du segment [a, b] et l’erreur tend vers zéro
comme l’inverse de ce nombre. On va montrer maintenant qu’en faisant l’hypothèse que la
dérivée seconde de f est bornée sur [a, b] (ce qui est en pratique presque toujours le cas) alors
Rb
l’erreur de l’approximation par défaut de a f (x)dx par la méthode du milieu peut être majorée
de façon bien meilleure.
On suppose donc que f 00 (x) ≤ M sur [a, b] et on partage ce segment par les points a0 = a
b−a
et ak = a + k , 0 < k ≤ n. On désigne par c et d, c < d, deux éléments consécutifs de cette
n
c+d
suite et y = φ(x) est l’équation de la tangente au point ”milieu” e = . Soit
2
Z x
I(x) = (f (x) − φ(x))dx, x ∈ [c, d].
e
Rd Rd d−c d+c
I(d) − I(c) est l’erreur de l’approximation de c f (x)dx par c φ(x)dx = f( ).
2 00 2000
On a I(e) = 0, I 0 = f − φ et I 0 (e) = 0, I 00 = f 00 − φ00 et I 00 (e) = 0, I 000 = f et | I (x) |≤ M
pour tout x ∈ [c, d]. La formule de Taylor entraine que
(d − e)2 00 (d − e)3 000
| I(d) − I(e) − (d − e)I 0 (e) − I (e) |=| I (α) |, α ∈ [e, d] (T )
2 3!
d’où
1 b−a 3 (b − a)3
| I(d) |≤
( ) M= M
3! 2n 48n3
On obtient la même majoration en remplaçant d par c. Comme sur [c, d], f (x) ≥ φ(x), on a
I(d) ≥ 0 et I(c) ≤ 0 d’où finalement
(b − a)3
I(d) − I(c) =| I(d) | + | I(c) |≤ M.
24n3
Rd
Cela signifie que la méthode du milieu donne une approximation par défaut c φ(x)dx = (d −
c+d b − a ak + ak+1 Rd (b − a)3
c)f ( )= f( ) de c f (x)dx avec une erreur inférieure à M.
2 n 2 24n3
Soit
Z b n−1
X b − a ak + ak+1 n−1
X Z ak+1 b − a ak + ak+1
Fn = f (x)dx) − f( )= [ f (x)dx) − f( )]
a n 2 ak n 2
k=0 k=0
(b − a)3 (b − a)3
On a 0 ≤ Fn ≤ n 3
M= M . Avec l’hypothèse supplémentaire f 00 (x) ≤ M , l’erreur
24n 24n2
est majorée par une quantité qui tend vers zéro comme l’inverse du carré du nombre de points
1
de la subdivision, autrement dit Fn = O( 2 ).
n
Remarque. Soit g une fonction deux fois dérivable sur un segment [a, b] et vérifiant, pour tout
x ∈ [a, b], m ≤ f 00 (x) ≤ M . En minorant et en majorant le reste de la formule de Taylor dans
368 33. FONCTIONS CONVEXES
5. Appendice
Exercice. Soit f une fonction continue sur un intervalle I, vérifiant
x+y 1
∀ x, y ∈ I, f ( ) ≤ (f (x) + f (y)).
2 2
Montrer que f est convexe sur I.
Solution. Soit a, b ∈ I, a < b, et g l’application affine telle f (a) = g(a) et f (b) = g(b).
L’application f est convexe sur I si et seulement si, pour tout x ∈]a, b[, f (x) ≤ g(x).
Soit x ∈]a, b[. On définit par récurrence une suite double (xn , yn ) de points de [a, b] vérifiant,
pour tout n ∈ N, xn ≤ x ≤ yn .
• x0 = a, y0 = b.
xn + yn
• Supposons xn et yn définis avec a ≤ xn ≤ x ≤ yn ≤ b. Si x ∈ [xn , ], on pose
2
xn + yn xn + yn
xn+1 = xn et yn+1 = et sinon xn+1 = et yn+1 = yn . On a bien
2 2
a ≤ xn+1 ≤ x ≤ yn+1 ≤ b.
5. APPENDICE 369
Il est clair que la suite (xn ) est croissante, majorée par x, que la suite (yn ) est décroissante,
b−a
minorée par x, et pour tout n ∈ N, |yn − xn | ≤ n . Ces deux suites convergent donc vers x.
2
Montrons par récurrence sur n que, pour tout n ∈ N, f (xn ) ≤ g(xn ) et f (yn ) ≤ g(yn ).
Ces inégalités sont vraies pour n = 0. Supposons les vraies pour n et plaçons nous dans le
xn + yn
cas xn+1 = xn , yn+1 = .
2
On a f (xn+1 ) = f (xn ) ≤ g(xn ) et
xn + yn 1 1 xn + yn
f (yn+1 ) = f ( ) ≤ (f (xn ) + f (yn )) ≤ (g(xn ) + g(yn )) = g( ) = g(yn+1 ),
2 2 2 2
l’avant dernière égalité résultant du fait que g est affine.
Les fonctions f et g étant continues, on a par passage à la limite dans f (xn ) ≤ g(xn ),
f (x) ≤ g(x). La fonction f est convexe.
370 33. FONCTIONS CONVEXES
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Les Développements Limités
Propriétés.
(1) (Unicité d’un DL). Si f admet un DLn (x0 ), alors ce développement limité est unique.
Autrement dit si :
a0 + a1 (x − x0 ) + · · · + an (x − x0 )n + (x − x0 )n ε1 (x)
= b0 + b1 (x − x0 ) + · · · + bn (x − x0 )n + (x − x0 )n ε2 (x),
avec limx→x0 ε1 (x) = 0 et limx→x0 ε2 (x) = 0, alors a0 = b0 , a1 = b1 , · · · , an = bn .
(2) (Troncature d’un DL). Si f admet un DL à l’ordre n en x0 ,
f (x) = a0 + a1 (x − x0 ) + · · · + an (x − x0 )n + (x − x0 )n ε1 (x)
f (x) = a0 + a1 (x − x0 ) + · · · + ap (x − x0 )p + (x − x0 )p ε2 (x).
f (x) = a0 + a1 (x − x0 ) + · · · + an (x − x0 )n + (x − x0 )n ε1 (x)
alors lim f (x) existe et finie et est égale à a0 . C’est clair il suffit de calculer la limite.
x→x0
Ce critère sert généralement à démontrer qu’une fonction n’admet pas de DL.
1
Exemple. La fonction ln(x) n’admet pas de DL en 0, car lim ln(x) = −∞.
x→0
f (x) = a0 + a1 (x − x0 ) + · · · + an (x − x0 )n + (x − x0 )n ε1 (x)
alors f est dérivable en x0 , si elle est définie en x0 , (sinon, c’est le prolongement par continuité de
f en x0 ), et la dérivée de f en x0 est a1 .
Attention. En revanche si f admet un DL à l’ordre 2 en x0 , f (ou son prolongement) n’est pas forcement
deux fois dérivable en x0 , contre exemple f (x) = x3 sin( x1 ) au point 0.
Plus précésiment, si a0 +a1 h+· · ·+an hn est le DL de g en 0, alors a0 +a1 (x−x0 )+· · ·+an (x−x0 )n
est le DL de f en x0 .
h3
− sin(h) = −h + + h3 ε1 (h), au voisinage de 0.
6
π π
Maintenant on remplace h par (x − 2
) et on trouve le DL de f (x) = cos x à l’ordre 3 au point 2
:
π 1 π π
cos(x) = −(x − ) + (x − )3 + (x − )3 ε2 (x),
2 6 2 2
π
avec ε2 (x) = ε1 (x − 2
). On a bien sûr lim ε2 (x) = 0.
x→π/2
Etant donné que le calcul des DL à un point x0 se ramène au calcul des DL au point 0 on se
contentera dans la suite à considérer seulement les DL à l’origine 0.
2
Produit des DL. Si f admet un DLn (0),
f (x) = a0 + a1 x + · · · + an xn + xn ε1 (x),
et g admet un DLn (0),
g(x) = b0 + b1 x + · · · + bn xn + xn ε2 (x),
alors f.g admet un DLn (0), obtenu en ne conservant que les monômes de degré ≤ n dans le produit
(a0 + a1 x + · · · + an xn )(b0 + b1 x + · · · + bn xn ).
x3 x2
sin x = x − + x3 ε1 (x), cos x = 1 − + x3 ε2 (x).
6 2
Appliquons la division selon les puissances croissantes :
x − 16 x3 1 − 12 x2
x − 21 x3
x + 13 x3
x3
3
sin x 1
Par conséquent, = x + x3 + x3 ε(x).
cos x 3
f
Attention. Le critère précédent dit tout simplement que si lim g(x) 6= 0, alors admet un DLn (0) et
x→0 g
f f
il ne nous dit pas si lim g(x) = 0, alors n’admet pas un DLn (0) ! ! Il se peut que lim g(x) = 0, avec
x→0 g x→0 g
admet un DLn (0).
sin x
Exemple. La fonction admet un DL d’ordre 3 en 0, alors que lim x = 0.
x x→0
3
Traitement du cas lim g(x) = 0 .
x→0
f (x)
(1). lim f (x) 6= 0. Dans ce cas, f /g n’admet pas de DLn (0), car lim = ±∞.
x→0 x→0 g(x)
(2). lim f (x) = 0. Dans ce cas le DL de f est de la forme
x→0
f (x) = ap xp + · · · + an xn + xn ε1 (x),
et celui de g de la forme
g(x) = bq xq + · · · + bn xn + xn ε2 (x),
avec ap 6= 0 et bq 6= 0.
On traite le quotient f /g selon les valeurs de p et q.
• p < q. Alors
f ap xp + · · · + an xn + xn ε1 (x)
= =
g bq xq + · · · + bn xn + xn ε2 (x)
ap + · · · + an xn−p + xn−p ε1 (x)
= .
bq xq−p + · · · + bn xn−p + xn−p ε2 (x)
f (x)
Comme q − p > 0, et ap 6= 0, on a lim = ±∞ et par conséquent f /g n’admet pas de
x→0 g(x)
DLn (0).
• p ≥ q. Alors
f ap xp + · · · + an xn + xn ε1 (x)
= =
g bq xq + · · · + bn xn + xn ε2 (x)
ap xp−q + · · · + an xn−q + xn−q ε1 (x)
= .
bq + · · · + bn xn−q + xn−q ε2 (x)
Dans ce cas on est raméné au cas où lim g(x) 6= 0. Donc pour calculer le DL de f /g à l’ordre
x→0
n au point 0, on calcule le DL de f est g à l’ordre n + q, et ensuite on utilise la méthode de la
division selon les puissances croissantes.
ln(1 + x)
Example. Calculons le DL de à l’ordre 3 en 0. Il faut déterminer q tel que bq 6= 0 dans le DL
sin x
de sin x. On a
x3 x5
sin x = x − + + x5 ε(x).
3! 5!
Par conséquent le premier coefficient non-nul est b1 . Donc q = 1. On doit calculer le DL de ln(1 + x)
et sin x à l’ordre 3 + q = 4. On a
x3 x2 x3 x4
sin x = x − + x4 ε1 (x), ln(1 + x) = x − + − + x4 ε2 (x).
3! 2 3 4
Donc 2 3
ln(1 + x) 1 − x2 + x3 − x4 + x3 ε2 (x)
= 2 .
sin x 1 − x3! + x3 ε1 (x)
x2
Par conséquent on a un DL d’ordre 3 en haut et en bas et avec lim g1 (x) 6= 0, où g1 (x) = 1 − 3!
+
x→x0
3
x ε1 (x). Donc on peut appliquer le critère précédent et faire la division selon les puissances croissantes.
4
En pratique. Si je veux calculer le DL de f (g(x)) en 0, je calcule le DL de f en g(0) et je trouve un
DL de la forme
Ensuite je remplace le DL de g dans celui de f et je ne garde que les monômes de de degré ≤ n. (Dans
les calculs le terme g(0) disparaît).
h2 h3
e1+h = e.eh = e(1 + h + + + h3 ε1 (h)).
2 3!
Pour trouver le DL de ex en 1, on remplace h par x − 1
(x − 1)2 (x − 1)3
ex = e(x + + + (x − 1)3 ε1 (x − 1)).
2 3!
x2
Ensuite on remplace le DL de cos x = 1 − 2
+ x3 ε2 (x), dans le précédent, en ne gardant que les
monômes de degré ≤ 3
2 2
cos x x2 (1 − x2 − 1)2 (1 − x2 − 1)3 x2 x2
e = e((1 − )+ + + (1 − − 1)3 ε1 (1 − − 1))
2 2 3! 2 2
e
= e − x2 + x3 ε3 (x).
2
Attention. Le critère précédent dit tout simplement que si f admet un DLn (g(x0 )) et g admet un
DLn (x0 ), alors la fonction composé f ◦ g(x) = f (g(x)) admet un DLn (x0 ) et il ne nous dit rien dans le
cas où f et g n’admettent pas de DL. Il se peut que f admet un DL et g n’admet pas de DL, alors que
f ◦ g admet un DL.
√ √
Exemple. La fonction f (x) =
√
cos( x) admet un DL2 (0) alors que la fonction x 7→ x n’admet pas
de DL en 0 à l’ordre 2 car x 7→ x n’est pas dérivable en 0 donc elle n’admet pas de DL d’ordre 1.
Primitivation des DL. Si f : I → R admet un DLn (0) et F est une primitive de f sur
I (autrement dit F est dérivable sur I et F 0 (x) = f (x) pour tout x ∈ I), alors F admet un
DLn+1 (0), obtenu en intégrant le DL de f .
Plus précisement, si
f (x) = a0 + a1 x + · · · + an xn + xn ε1 (x),
alors
a1 2 an n+1
F (x) = F (0) + a0 x + x + ··· + x + xn+1 ε(x).
2 n+1
Dérivation des DL. Si f : I → R admet un DLn+1 (0) et f est de classe C n+1 , alors f 0
admet un DLn (0), obtenu en dérivant le DL de f .
5
1
Exemple. Calculons le DL d’ordre 3 en 0 de 1−x2
.
On sait que
1
= 1 + x + x2 + x3 + x4 + x4 ε1 (x).
1−x
Comme 1
1−x
est de classe C 4 , alors on applique le critère précédent et par dérivation on a
1
= 1 + 2x + 3x2 + 4x3 + x3 ε1 (x).
1 − x2
Exemples.
π
(1) Calculer limπ (x − ). tan(x).
x→ 2 2
On voit que cette limite est de la forme indéterminée 0.∞. On pose X = x − π2 , pour se ramener à une
limite quand X tends vers 0. Alors on a
π π sin(X + π2 ) 1
(x − ). tan(x) = X tan(X + ) = X =X .
2 2 cos(X + π2 ) tan(X)
On connait le DL de tan(X) en 0
X3
tan(X) = X + + X 3 ε(X),
3
en remplçant on a
π 1 1
lim (x − ). tan(x) = lim X = lim X2
= 1.
x→ π
2 2 X→0 tan(X) X→0 1 + + X 2 ε(X)
3
1 1
(2) Calculer lim x2 (e x − e 1+x ).
x→+∞
On pose X = x1 . Alors on a x → +∞ ssi X → 0.
On a
1 1 1 X X
x2 (e x − e 1+x ) = 2
(e − e 1+X ).
X
X
Il suffit de calculer le DL de 1
X2
(eX − e 1+X ) à un certian ordre en 0. Comme 1
X2
figure on devine qu’on
X
X
doit calculer un DL de (e − e ) au moins à l’ordre 2. Calculons le DL à l’ordre 2. Le seul problème
1+X
X
se pose pour la fonction e 1+X . Comme c’est une fonction composé on va utiliser la composition des DL.
On a
X
= X − X 2 + X 2 ε1 (X)
1+X
Y2
eY = 1 + Y + + Y 2 ε2 (Y )
2
En remplçant et après calcul on a
X 1 2
e 1+X = 1 + X − X + X 2 ε3 (X).
2
X
X2
Donc 1
X2
(eX − e 1+X ) = 1
X2
[1 +X + 2
− (1 + X − 12 X 2 ) + X 2 ε4 (X)] = 1 + ε4 (X), par conséquent
1 1
lim x2 (e − e
x 1+x ) = 1.
x→+∞
6
Position de la courbe par rapport à une tangente.
On suppose que f admet un DLn (x0 ),
f (x) = a0 + a1 (x − x0 ) + · · · + an (x − x0 )n + (x − x0 )n ε1 (x),
avec n ≥ 2. Cela implique que f (où son plongement si f n’est pas définie en x0 ), est continue
et dérivable en x0 , avec f (x0 ) = a0 et f 0 (x0 ) = a1 . Donc l’équation de la tangente est y =
a0 + a1 (x − x0 ). Par conséquent le signe de f (x) − (a0 + a1 (x − x0 )) se déduit, au voisinage de x0 ,
du signe de
a2 (x − x0 )2 + · · · + an (x − x0 )n + (x − x0 )n ε1 (x).
Soit m le plus petit entier tel que am 6= 0. Alors on a
• si m est pair alors le signe de f (x) − (a0 + a1 (x − x0 )) est localement de même signe que
am et on a
(1) si am > 0 alors f (x) − (a0 + a1 (x − x0 )) ≥ 0 localement et donc la courbe est localement
"au-dessus" de sa tangente.
(2) si am < 0 alors f (x) − (a0 + a1 (x − x0 )) ≤ 0 localement et donc la courbe est localement
"en-dessous" de sa tangente.
• si m est impair alors la courbe traverse la tangenet en (x0 , f (x0 )), c’est une tangenet d’in-
flexion.
f (x) 1 1 1
= a0 + a1 + ε( ),
x x x x
f (x)
au voisinage de +∞. On voit que lim = a0 et lim f (x) − a0 x = a1 .
x→+∞ x x→+∞
Pour connaitre la position de la courbe par rapport à l’asymptote, on doit calculer un DL
1
d’ordre supérieur de Xf ( X ) en 0. Si
1
Xf ( ) = a0 + a1 X + · · · + an X n + X n ε(X),
X
en 0, en remplçant on a
1 1 1 1
f (x) − a0 x + a1 = a2 + · · · + an n−1 + n−1 ε( ).
x x x x
Soit m le plus petit entier tel que am 6= 0. Alors
• si am > 0 alors f (x) − (a0 x + a1 ) ≥ 0 donc la courbe est "au-dessus" de l’asymptote au
voisinage de +∞.
• si am < 0 alors f (x) − (a0 x + a1 ) ≤ 0, donc la courbe est "en-dessous" de l’asymptote
au voisinage de +∞.
7
USMBA FACULTE POLYDISCIPLINAIRE DE TAZA A.U : 2018-2019
DMPI Filières SMA et SMI Semestre : S2
Exercice 1 (convexité)
1) Soit ℎ(𝑥𝑥) = min(𝑥𝑥 2 , 𝑥𝑥 4 ) (𝑥𝑥 ∈ ℝ) ; déterminer explicitement ℎ(𝑥𝑥) en fonction de 𝑥𝑥.
A l’aide des propriétés des fonctions convexes, vérifier que 𝑝𝑝 est convexe sur ℝ si et
seulement si 𝑞𝑞(𝑥𝑥) = 𝑥𝑥 4 + 𝑎𝑎𝑥𝑥 3 + 𝑏𝑏𝑥𝑥 2 est convexe sur ℝ.
4) Montrer que la fonction polynômiale 𝑝𝑝 est convexe sur ℝ si et seulement si 3𝑎𝑎2 − 8𝑏𝑏 ≤ 0.
3) Vérifier que si la fonction réciproque 𝑓𝑓 −1 (de 𝑓𝑓) admet un DL à l’ordre 5 au voisinage de zéro,
4) Trouver les valeurs de 𝑎𝑎1 , 𝑎𝑎3 et 𝑎𝑎5 ci-dessus. Indice : utiliser le DL de la composée 𝑓𝑓 ∘ 𝑓𝑓 −1 .
3) Déterminer les points d’intersections avec les axes (ox) et (oy) ainsi que les vecteurs tangents.
−1+√5 −1−√5
5) Tracer soigneusement le support de Γ. On donne : ≃ 0.62 ; ≃ −1.62 .
2 2
USMBA FACULTE POLYDISCIPLINAIRE DE TAZA A.U : 2018-2019
DMPI Filières SMA et SMI Semestre : S2
2) Montrer que si 𝑝𝑝 est convexe sur ℝ alors 𝑝𝑝 contient au plus deux racines réelles.
4) Montrer que si 𝑝𝑝 est convexe sur ℝ alors deg(𝑝𝑝) est un entier pair.
3) Montrer que dans la partie principale du DL5V(0) de 𝐚𝐚𝐚𝐚𝐚𝐚𝐚𝐚𝐚𝐚𝐚𝐚 (𝐬𝐬𝐬𝐬𝐬𝐬 𝟐𝟐𝟐𝟐) , les coefficients
d’indice pair sont nuls.
1 1
𝑥𝑥(𝑡𝑡) = 𝑡𝑡 2 + cos 𝑡𝑡 ; 𝑦𝑦(𝑡𝑡) = 𝑡𝑡 3 − 𝑡𝑡 5 , 𝑡𝑡 ∈ ℝ.
3 5
1) Déterminer la (ou les) symétrie(s) de Γ ainsi que le domaine d’étude.
6) Tracer le support orienté de la courbe Γ décrivant ℝ de −∞ vers +∞. (cos �5/3 ≃ 0.28)
TD 3 d’analyse 3
Exercice 1
1) Que dire d’une fonction qui est à la fois convexe et concave sur un intervalle ?
2) Vérifier qu’une fonction est convexe si et seulement si son épigraphe est convexe.
3) Donner un exemple de deux fonctions convexes 𝑓𝑓, 𝑔𝑔 telles que ℎ = inf(𝑓𝑓, 𝑔𝑔) n’est pas
convexe.
4) Donner un exemple d’une fonction convexe sur un intervalle [𝑎𝑎, 𝑏𝑏] sans qu’elle soit continue sur
[𝑎𝑎, 𝑏𝑏] tout entier.
5) Soient 𝐼𝐼 , 𝐽𝐽 deux intervalles de ℝ et 𝑓𝑓 ∶ 𝐼𝐼 → 𝐽𝐽 une fonction bijective dont l’inverse 𝑓𝑓 −1 est
croissante. Montrer que si 𝑓𝑓 est convexe (resp. concave) alors 𝑓𝑓 −1 est concave (resp. convexe).
Que se passe-t-il si l’on suppose que 𝑓𝑓 −1 est décroissante ?
Exercice 2
2 𝜋𝜋
sin 𝑥𝑥 ≥ 𝑥𝑥 , ∀𝑥𝑥 ∈ �0, �
𝜋𝜋 2
Exercice 3
Soit 𝑝𝑝 > 1.
Soient 𝑛𝑛 ∈ ℕ∗ et (𝑎𝑎𝑖𝑖 )1≤𝑖𝑖≤𝑛𝑛 des nombres réels ; on définit la moyenne arithmétique des 𝑎𝑎𝑖𝑖 par
𝑛𝑛
1
𝐴𝐴(𝑎𝑎1 , … , 𝑎𝑎𝑛𝑛 ) = � 𝑎𝑎𝑖𝑖
𝑛𝑛
𝑖𝑖=1
1) Soit 𝑓𝑓 ∶ 𝐼𝐼 → ℝ une fonction, où 𝐼𝐼 est un intervalle de ℝ. Montrer que 𝑓𝑓 est convexe si et seulement
si ∀(𝑥𝑥1 , … , 𝑥𝑥𝑛𝑛 ) ∈ 𝐼𝐼 𝑛𝑛 on a 𝑓𝑓(𝐴𝐴(𝑥𝑥1 , … , 𝑥𝑥𝑛𝑛 )) ≤ 𝐴𝐴(𝑓𝑓(𝑥𝑥1 ), … , 𝑓𝑓(𝑥𝑥𝑛𝑛 )).
Cette inégalité s’appelle inégalité de Jensen.
2) Soit (𝑎𝑎𝑖𝑖 )1≤𝑖𝑖≤𝑛𝑛 des nombres réels positifs on définit aussi la moyenne géométrique des 𝑎𝑎𝑖𝑖 par
𝑛𝑛
𝑛𝑛
𝐺𝐺(𝑎𝑎1 , … , 𝑎𝑎𝑛𝑛 ) = �� 𝑎𝑎𝑖𝑖
𝑖𝑖=1
Exercice 5
Soit 𝑓𝑓 ∶ 𝐼𝐼 → ℝ une fonction convexe, où 𝐼𝐼 est un intervalle de ℝ. Fixons 𝑎𝑎, 𝑏𝑏 ∈ 𝐼𝐼 tels que 𝑎𝑎 < 𝑏𝑏 et
considérons la droite (Δ) d’équation
𝑓𝑓(𝑏𝑏) − 𝑓𝑓(𝑎𝑎)
𝑦𝑦 = 𝑔𝑔(𝑥𝑥) = (𝑥𝑥 − 𝑎𝑎) + 𝑓𝑓(𝑎𝑎)
𝑏𝑏 − 𝑎𝑎
Exercice 6