Vous êtes sur la page 1sur 420

Université de Paris 8 – Saint-Denis

UFR de Psychologie, Pratiques Cliniques et Sociales


Équipe de Recherche en Psychologie Clinique (EA.20.27)0

Thèse pour l’obtention du Doctorat


en Psychologie Clinique et Pathologique

Loretta SALA

Étude des variables cliniques, psychologiques


et discursives chez des patientes souffrant de
Troubles du Comportement Alimentaire

Directeur de thèse : Pr Alain BLANCHET


Co-directeur de thèse : Dr Christine MIRABEL-SARRON

Soutenue le : 27 novembre 2008

Jury :
Pr Serban IONESCU (Président de jury)
Pr Alain BLANCHET
Dr Christine MIRABEL-SARRON
Mr Pierluigi GRAZIANI (Rapporteur)
Pr Marc HAUTEKEETE (Rapporteur)
Pr Julien-Daniel GUELFI
Pr Isabel URDAPILETTA
i

Étude des variables cliniques, psychologiques et discursives chez des


patientes souffrant de Troubles du Comportement Alimentaire

Résumé
Notre recherche concerne des patientes hospitalisées pour des troubles du
comportement alimentaire (TCA) afin de déterminer les niveaux de comportements
anorexiques et boulimiques, la comorbidité associée, la catégorisation alimentaire, la
perception corporelle et le contenu du discours. Nous évaluons ensuite l’impact de la
renutrition et des thérapies cognitivo-comportementales sur ces variables.
Quarante-deux anorexiques restrictives (AN-R) et 33 anorexiques/boulimiques
(AN-BP/BN) ont été évaluées quatre fois à l’aide d’auto questionnaires et de tests
mesurant ces variables : le EAT-40, le EDI, le BITE, le BDI-13, le STAI, la RAS, un
test de catégorisation alimentaire, un test sur l’image corporelle et un test sur l’analyse
du discours. Elles ont été comparées à 83 femmes évaluées en une seule occasion.
L’indice de masse corporelle (IMC) augmente d’une façon importante. Les scores
au EAT-40 et au EDI restent pathologiques tout en diminuant ; les scores à la BITE
normalisent. Des dépressions modérées à sévère et/ou des anxiétés pathologiques
restent prévalentes en dépit des améliorations.
Au début, les AN-R et les AN-BP/BN classent les 27 aliments de la même façon.
À la fin de la prise en charge seulement 14 aliments sont classés semblablement chez
les deux sous-groupes.
Les AN-R surestiment leur taille corporelle contrairement aux AN-BP/BN qui,
comme les sujets témoins, la sous-estiment. A la fin de l’hospitalisation, les AN-R
persistent à surestimer leur forme corporelle alors que les AN-BP/BN se normalisent.
La perception de l’image du corps idéal et souhaité ne différent que peu parmi les
patientes et se normalise post-traitement.
L’analyse du discours montre que les AN-BP/BN s’approchent aux témoins.
Néanmoins, elles vivent mal leur forme corporelle tout au long de l’hospitalisation.
Les AN-R vivent mal leur maigreur lors du début de l’hospitalisation et elles vivent
mal leur reprise du poids lors de la fin.

Mots clés : Anorexie mentale ; Boulimie ; Morbidité associée ; Catégorisation


(Psychologie) ; ALCESTE (Logiciel) ; Image du corps (Tests)
ii

Study of the clinical, psychological and discursive variables


amongst patients suffering from Eating Disorders

Summary
Our study was conducted with patients hospitalised for eating disorders to
determine levels of anorexic and bulimic behaviour, associated co-morbidity, food
categorisation, body perception, and speech content. Subsequently, we assess the
influence of re-nutrition and cognitive behavioural therapies on these variables.
Forty-two restrictive anorexics (AN-R) and 33 bulimic-anorexics (AN-BP/BN)
were evaluated on four occasions using self questionnaires and tests adapted for
measuring these variables: EAT-40, EDI, BITE, BDI-13, STAI, RAS, a food
categorisation test, a body image perception test and a speech content test. Patients
were compared with 83 healthy female participants evaluated on a single occasion.
Body mass index (BMI) increased considerably throughout the hospitalisation
treatment. EAT-40 and EDI scores remained at pathological levels despite
considerable reductions; BITE scores normalised. Moderate to severe depression and
pathological anxiety remained prevalent despite noteworthy improvements.
At the beginning of the hospital treatment, AN-R and AN-BP/BN patients classed
all 27 foods in the same manner. At the end of the in-patient care just 14 foods were
classed similarly by the two sub groups.
AN-R patients overestimated their body size in contrast to AN-BP/BN patients
who, like control subjects, underestimated their body size. Post-treatment, AN-R
patients persisted in overestimating their body shape whereas AN-BP/BN patient
normalised. Ideal and desired body shape perception differs little between patient
subtypes and normalises post-treatment with control subjects.
Speech analysis showed that AN-BP/BN patients tended to be similar to the
control subjects. Nonetheless, they constantly suffer their body shape over the course
of the hospitalisation. AN-R patients suffer their thinness at the start of the in-patient
care and they suffer their weight regain at the end of the treatment.

Key words: Anorexia nervosa; Bulimia nervosa; Comorbidity; Categorisation


(Psychology); ALCESTE (Software); Body image (Tests)
iii

REMERCIEMENTS

À Monsieur le Professeur Frédéric ROUILLON


Un grand merci pour la confiance qu’il m’accordé avec générosité et bienveillance et
pour son soutien dans mes différents projets de recherche.

À Monsieur le Professeur Julien-Daniel GUELFI


Pour avoir accepté mon projet de thèse et pour m’avoir aidé dans l’élaboration de la
méthodologie ainsi que tout au long de ma recherche. Ses conseils ont toujours été
précieux

À Monsieur le Professeur Bertrand SAMUEL-LAJEUNESSE


Pour m’avoir amené avec sa passion et sa grande expérience à m’intéresser à cette
pathologie, pour m’avoir formé et pour avoir su me transmettre sa passion et son vif
intérêt pour ces patientes.

À Monsieur le Professeur Alain BLANCHET


Mon directeur de thèse, merci. Merci pour ses précieux conseils tout au long de ma
recherche. Merci pour m’avoir aidé à trouver une solution à chaque difficulté, dans les
problèmes méthodologiques et pas seulement. Merci pour son aide indispensable dans
la partie expérimentale de ma thèse et auprès de qui j’ai beaucoup appris.

À Madame le Docteur Christine MIRABEL-SARRON


Auprès de qui j’ai énormément appris et à qui va mon immense reconnaissance. Elle a
su me donner et partager, avec générosité, son immense expérience clinique. Elle a été
indispensable dans la construction et l’élaboration de mon projet de recherche. Elle a
su me soutenir tout au long en ne me faisant jamais manquer son soutien.

À Madame la Professeure Isabel URDAPILLETA


Pour son aide précieuse et indispensable dans le traitement et l’élaboration de toutes
les données du test sur la catégorisation alimentaire.
iv

À Monsieur le Professeur Serban IONESCU


Pour avoir posé la première pierre, qui a permis de construire ma formation dans le
domaine de la recherche, ainsi que pour la richesse et l’intérêt de ses cours qui m’ont
beaucoup apporté.

À Monsieur le Professeur Marc HAUTEKEETE


Merci pour la disponibilité et la générosité qu’il a toujours eu à mon égard. A lui va
ma reconnaissance pour avoir accepté d’être mon rapporteur.

À Monsieur Pierluigi GRAZIANI, Maître de conférences


Ma reconnaissance et un grand merci pour son amitié et sa disponibilité. Tout
particulièrement pour avoir accepté, généreusement, d’être mon rapporteur.

À Madame Stéphanie PAILLET


Pour son aide précieuse dans le traitement statistique de toutes les données.

À Monsieur Olivier HOUIX


Pour son aide essentiel dans le traitement des données de la catégorisation alimentaire.

Aux patientes qui ont participées volontairement aux entretiens

À Mark
Sans qui, tout cela n’aurait jamais été possible. Son aide et son soutien ont été
fondamentaux.

À mes enfants Luca et Elisa, pour toutes mes absences et tout le temps dont je les ai
privé de mes attentions, à qui je dis un grand merci et à qui je dédie ce travail.

À Monsieur le Docteur Richard DUPRÉ


Pour son soutien « précieux ».

À Monsieur Nicolas ESTANO


Pour sa contribution non négligeable.
v

TABLE DE MATIÈRES

I. INTRODUCTION ________________________________________1
A. Origine et évolution du concept d’anorexie et de boulimie------------ 1
1. Historique---------------------------------------------------------------------------- 1
2. L’anorexie mentale ---------------------------------------------------------------- 2
3. La boulimie-------------------------------------------------------------------------- 5
B. Données épidémiologiques---------------------------------------------------- 7
C. Perspectives générales de la recherche ----------------------------------- 11
D. Objectifs ------------------------------------------------------------------------ 12
E. Récapitulatif-------------------------------------------------------------------- 15

II. TROUBLES DES CONDUITES ALIMENTAIRES___________16


A. Description clinique ---------------------------------------------------------- 16
1. L’anorexie -------------------------------------------------------------------------- 16
2. Conduite anorexique-------------------------------------------------------------- 17
a. Triade symptomatique ................................................................................17
i. Amaigrissement ................................................................................................17
ii. Anorexie............................................................................................................18
iii. Aménorrhée ......................................................................................................19
b. Autres signes cliniques ...............................................................................20
i. Vie relationnelle. ..............................................................................................20
ii. La sexualité.......................................................................................................21
iii. Le fonctionnement intellectuel..........................................................................21
iv. L’agressivité .....................................................................................................21
3. La boulimie------------------------------------------------------------------------- 22
B. Classifications de l’anorexie et de la boulimie---------------------------- 26
1. « Binge eating disorder » -------------------------------------------------------- 27
2. Troubles du comportement alimentaire chez l’homme --------------------- 28
C. Autres formes de troubles du comportement alimentaire ------------ 29
1. Potomanie -------------------------------------------------------------------------- 30
2. Syndrome du yo-yo ou de « la femme accordéon »-------------------------- 30
Table de Matières vi

3. Mérycisme -------------------------------------------------------------------------- 30
4. Pica ---------------------------------------------------------------------------------- 32
D. Image du corps dans les troubles du comportement alimentaire --- 32
1. Origine du concept de l’« image du corps » et son évolution-------------- 32
2. Hypothèses théoriques sur l’image du corps --------------------------------- 35
a. L’étiologie socioculturelle. .........................................................................35
b. La théorie féministe. ...................................................................................36
c. La théorie des attentes sociales. .................................................................36
d. Caractéristiques de la personnalité............................................................37
e. Quelques perspectives psychodynamiques sur l’image du corps ...............37
f. D’autres points de vue et recherches..........................................................39
g. Les expériences interpersonnelles (les histoires des moqueries) ...............41
h. Situations et événements déclencheurs .......................................................41
3. Présentation des différents outils d’évaluation autour de l’image du
corps--------------------------------------------------------------------------------- 44
E. Symptômes parfois associés aux troubles du comportement
alimentaire ---------------------------------------------------------------------- 47
1. Alexithymie ------------------------------------------------------------------------- 47
2. Perfectionnisme-------------------------------------------------------------------- 50
F. Fonctionnement cognitif dans les troubles du comportement
alimentaire ---------------------------------------------------------------------- 50
1. Théories cognitivo-comportementales ----------------------------------------- 54
2. Une nouvelle théorie cognitivo-comportementale pour le maintien de la
boulimie ---------------------------------------------------------------------------- 57
3. Processus de catégorisation ----------------------------------------------------- 62
G. Personnalité et troubles du comportement alimentaire--------------- 64
H. La comorbidité dans les troubles du comportement alimentaire --- 67
1. Comorbidité ------------------------------------------------------------------------ 67
2. Les facteurs de risque------------------------------------------------------------- 73
I. Évolution et pronostic --------------------------------------------------------- 76
1. Facteurs prédictifs du pronostic ------------------------------------------------ 78
2. Études de suivi thérapeutique --------------------------------------------------- 81
J. Hypothèses étiopathogéniques et approche biologique ---------------- 82
Table de Matières vii

1. Troubles du comportement alimentaire et hypothèses biologiques------- 82


a. L’approche biologique et la régulation de la prise alimentaire.................84
b. L’approche génétique .................................................................................86
c. Imagerie cérébrale et troubles du comportement alimentaire ...................89
i. Désordres métaboliques lies à la dénutrition ...................................................92
ii. Hypercortisolémie ............................................................................................93
iii. L’hypothèse sérotoninergique ..........................................................................94
2. Aspects socioculturels des troubles du comportement alimentaire ------- 94
3. Autres modèles ou hypothèses explicatifs ------------------------------------- 97
a. Les facteurs nutritionnels ...........................................................................97
b. Les facteurs émotionnels.............................................................................97
c. L’articulation des facteurs nutritionnels, émotionnels et cognitifs ............98
K. Récapitulatif ------------------------------------------------------------------- 99

III. PRISE EN CHARGE THÉRAPEUTIQUE DES TROUBLES


DU COMPORTEMENT ALIMENTAIRE ________________100
A. Traitement et prise en charge thérapeutique-------------------------- 100
1. Généralités------------------------------------------------------------------------ 100
2. Indications de l’hospitalisation ----------------------------------------------- 102
3. Traitements diététiques --------------------------------------------------------- 105
4. Place des thérapeutiques psychotropes -------------------------------------- 106
5. Psychothérapies------------------------------------------------------------------ 108
6. Techniques motivationnelles -------------------------------------------------- 112
7. Techniques cognitives ---------------------------------------------------------- 113
8. Affirmation de soi --------------------------------------------------------------- 113
9. Techniques reposant sur l’image du corps --------------------------------- 114
10. Groupes de soutien et « self-help » ----------------------------------------- 115
11. Approches familiales et place de la famille dans le traitement -------- 115
B. Traitement et hospitalisation des troubles du comportement
alimentaire à la Clinique des Maladies Mentales et de
l’Encéphale ------------------------------------------------------------------- 117
1. Le déroulement de l’hospitalisation------------------------------------------ 118
a. Phase d’observation .................................................................................118
b. Phase de reprise pondérale ......................................................................118
Table de Matières viii

c. Phase de normalisation du poids..............................................................118


d. Phase de stabilisation...............................................................................119
2. Les conditions de base ---------------------------------------------------------- 119
3. Régularisation du poids -------------------------------------------------------- 120
4. Les repas -------------------------------------------------------------------------- 120
5. Les principales dimensions du soin ------------------------------------------ 121
a. La dimension alimentaire .........................................................................121
b. La dimension psychothérapeutique ..........................................................122
6. Les traitements------------------------------------------------------------------- 125
a. Groupé éducatif ........................................................................................125
b. Groupe d’expression.................................................................................126
c. Psychothérapie individuelle......................................................................126
7. Activités physiques -------------------------------------------------------------- 126
8. Sevrage tabagique --------------------------------------------------------------- 126
C. Récapitulatif------------------------------------------------------------------ 128

IV. MÉTHODE ET POPULATION _________________________129


A. Sujets patientes -------------------------------------------------------------- 129
B. Évaluations cliniques et psychologiques -------------------------------- 130
1. L’indice de masse corporelle -------------------------------------------------- 130
2. Le Eating Attitudes Test-------------------------------------------------------- 131
3. Le Eating Disorder Inventory ------------------------------------------------- 131
a. Désir de minceur (DM).............................................................................132
b. Boulimie (B)..............................................................................................132
c. Insatisfaction corporelle (IC) ...................................................................132
d. Inefficacité (I) ...........................................................................................132
e. Perfectionnisme (P) ..................................................................................133
f. Méfiance dans des relations interpersonnelles (MI) ................................133
g. Conscience intéroceptive (CI) ..................................................................133
h. Peur de la maturité (PM)..........................................................................133
4. Le Bulimia Investigatory Test, Edinburgh---------------------------------- 134
a. Symptôme..................................................................................................134
b. Sévérité .....................................................................................................134
5. L’inventaire de dépression de Beck ------------------------------------------ 134
6. L’échelle d’affirmation de soi de Rathus ----------------------------------- 135
Table de Matières ix

7. L’inventaire d’anxiété trait-état ---------------------------------------------- 135


C. Catégorisation alimentaire ------------------------------------------------ 136
1. Test de catégorisation alimentaire-------------------------------------------- 136
2. Méthodologie--------------------------------------------------------------------- 136
D. Analyse du discours--------------------------------------------------------- 138
1. Tâche de l’analyse du discours ----------------------------------------------- 139
2. Méthodologie--------------------------------------------------------------------- 139
a. Préparation du corpus..............................................................................139
b. Segmentation du texte...............................................................................140
c. Description des classes.............................................................................140
d. Présentation des résultats.........................................................................141
3. Variables signalétiques ou « mots étoilés » --------------------------------- 141
4. La classification descendante hiérarchique -------------------------------- 142
E. Perception corporelle ------------------------------------------------------- 142
1. Test de l’image corporelle ----------------------------------------------------- 142
F. Analyse statistique ---------------------------------------------------------- 143
G. Récapitulatif ----------------------------------------------------------------- 144

V. RÉSULTATS _________________________________________145
A. Participation aux évaluations--------------------------------------------- 145
B. Caractéristiques cliniques et psychologiques de l’échantillon lors
de la première évaluation -------------------------------------------------- 146
C. Évolution cliniques et psychologiques de l’échantillon lors des
deuxième, troisième et quatrième évaluations------------------------- 149
1. L’indice de masse corporelle -------------------------------------------------- 149
2. Le Eating Attitudes Test-------------------------------------------------------- 150
3. Le Eating Disorder Inventory ------------------------------------------------- 152
a. Sous-échelle Désir de minceur (DM) .......................................................152
b. Sous-échelle Boulimie (B).........................................................................153
c. Sous-échelle Insatisfaction corporelle (IC) ..............................................155
d. Sous-échelle Inefficacité (I) ......................................................................156
e. Sous-échelle Perfectionnisme (P) .............................................................157
f. Sous-échelle Méfiance dans des relations interpersonnelles (MI) ...........158
Table de Matières x

g. Sous-échelle Conscience intéroceptive (CI) .............................................160


h. Sous-échelle Peur de la maturité (PM).....................................................161
i. Sous-total « Pathologique »......................................................................162
j. Sous-total « Cognitif »..............................................................................164
k. Total des huit sous-échelles ......................................................................165
4. Le Bulimia Investigatory Test, Edinburgh---------------------------------- 167
a. Sous-échelle Symptôme (Sym) ..................................................................167
b. Sous-échelle Sévérité (Sév) .......................................................................168
5. L’inventaire de dépression de Beck ------------------------------------------ 170
6. L’échelle d’affirmation de soi de Rathus ----------------------------------- 171
7. L’inventaire d’anxiété trait-état de Spielberger ---------------------------- 172
a. STAI forme Y.............................................................................................172
b. STAI forme Y-a .........................................................................................174
c. STAI forme Y-b .........................................................................................175
D. Comparaison des résultats cliniques et psychologiques par
rapport au degré de réalisation de l’hospitalisation------------------ 176
1. L’indice de masse corporelle -------------------------------------------------- 177
2. Le Eating Attitudes Test-------------------------------------------------------- 178
3. Le Eating Disorder Inventory ------------------------------------------------- 179
a. Sous-échelle Boulimie (B).........................................................................179
b. Sous-échelle Insatisfaction corporelle (IC) ..............................................180
c. Sous-total « Pathologique »......................................................................181
4. Le Bulimia Investigatory Test, Edinburgh---------------------------------- 182
a. Sous-échelle Symptôme (Sym) ..................................................................182
b. Sous-échelle Sévérité (Sév) .......................................................................183
5. Image corporelle (Silhouettes de Mouchès) -------------------------------- 184
a. Silhouette actuelle.....................................................................................184
E. Catégorisation alimentaire ------------------------------------------------ 185
1. Première évaluation------------------------------------------------------------- 188
2. Deuxième évaluation ----------------------------------------------------------- 190
3. Troisième évaluation------------------------------------------------------------ 192
4. Quatrième évaluation----------------------------------------------------------- 195
5. Analyse multidimensionnelle-------------------------------------------------- 199
Table de Matières xi

F. Évolution de l’image corporelle de l’échantillon lors des


deuxième, troisième et quatrième évaluations------------------------- 202
1. Silhouette actuelle--------------------------------------------------------------- 202
2. Silhouette idéale ----------------------------------------------------------------- 204
3. Silhouette souhaitée------------------------------------------------------------- 205
G. Analyse du discours -------------------------------------------------------- 207
1. Première question (Corpus 1) ------------------------------------------------- 207
a. L’ensemble de patientes et témoins ..........................................................207
b. Groupe de patientes..................................................................................209
c. Groupe de témoins....................................................................................211
d. Sous-groupe d’anorexiques restrictives....................................................213
e. Sous-groupe d’anorexiques/boulimiques..................................................215
2. Deuxième question (Corpus 2)------------------------------------------------ 217
a. L’ensemble de patientes et témoins ..........................................................217
b. Groupe de patientes..................................................................................220
c. Groupe de témoins....................................................................................221
d. Sous-groupe de patientes anorexiques restrictives...................................223
e. Sous-groupe de patientes anorexiques/boulimiques.................................225
3. Troisième question (Corpus 3) ------------------------------------------------ 228
a. L’ensemble de patientes et témoins ..........................................................228
b. Groupe de patientes..................................................................................229
c. Groupe de témoins....................................................................................232
d. Sous-groupe d’anorexiques restrictives....................................................233
e. Sous-groupe d’anorexiques/boulimiques..................................................236
H. Récapitulatif ----------------------------------------------------------------- 238

VI. DISCUSSION ________________________________________239


A. Notre population comparée aux autres populations étudiées ------ 239
B. L’état clinique et psychologique des patientes,------------------------ 242
C. La comorbidité dépressive et d’anxiété--------------------------------- 244
D. La catégorisation alimentaire--------------------------------------------- 247
E. L’image du corps ------------------------------------------------------------ 250
F. L’analyse du discours------------------------------------------------------- 252
Table de Matières xii

VII. CONCLUSIONS _____________________________________256

VIII. BIBLIOGRAPHIE___________________________________258

ANNEXES ______________________________________________294
Annexe A Complications somatiques et psychologiques------------- 295
Annexe B Complications de troubles du comportement -----------------
alimentaire avec vomissements et abus de laxatifs et/ou
diurétiques ------------------------------------------------------- 297
Annexe C Signes cliniques et paracliniques de gravité au cours
de l’anorexie mentale, imposant l’hospitalisation ------- 298
Annexe D Critères diagnostics pour l’anorexie mentale------------- 299
Annexe E Critères diagnostics pour la boulimie mentale ----------- 301
Annexe F Critères diagnostics pour le binge eating disorder ------ 303
Annexe G Lettre d’introduction ------------------------------------------ 305
Annexe H Formulaire de consentement éclairé------------------------ 306
Annexe I Eating Attitude Test (EAT-40) ------------------------------ 307
Annexe J Eating Disorder Inventory (EDI) --------------------------- 309
Annexe K Bulimia Investigatory Test, Edinburgh (BITE) ---------- 313
Annexe L Inventaire de dépression de Beck (BDI-13) --------------- 315
Annexe M Échelle d’affirmation de soi de Rathus (RAS)------------ 317
Annexe N Inventaire d’anxiété trait-état (STAI-Y) ------------------ 319
Annexe O Test de l’image corporelle (silhouettes de Mouchès) ---- 321
Annexe P Test catégorisation alimentaire ------------------------------ 322
Annexe Q Tâche de l’analyse du discours ------------------------------ 323
Annexe R Résultats des troubles du comportement alimentaire :
anorexie mentale (Berkman et al., 2007) ------------------ 324
Annexe S Résultats des troubles du comportement alimentaire :
boulimie (Berkman et al., 2007) ----------------------------- 328
Annexe T Diagnostic des Indices de Masse Corporelle -------------- 330
Annexe U Diagnostic du Eating Attitudes Test------------------------ 332
Table de Matières xiii

Annexe V Diagnostic du Eating Disorder Inventory ----------------- 333


Annexe W Diagnostic du Bulimia Investigatory Test, Edinburgh - 344
Annexe X Diagnostic de l’inventaire de dépression de Beck-------- 346
Annexe Y Diagnostic de l’échelle d’affirmation de soi de Rathus - 348
Annexe Z Diagnostic de l’inventaire d’anxiété trait-état------------ 349
Annexe AA Critères de Kruskal par rapport au nombre de
dimensions dans l’analyse multidimensionnelle --------- 355
Annexe BB Graphes des distances d’agrégations dans les
classifications ascendantes hiérarchiques ----------------- 356
Annexe CC Arbres hiérarchiques (« dendrogrammes »)-------------- 365
Annexe DD Exemple d’une analyse multidimensionnelle ------------- 374
Annexe EE Exemple d’un rapport d’analyse ALCESTE ------------- 380
xiv

LISTE DE TABLEAUX

Tableau 2-1 Méthodes pour investiguer l’image du corps (Skrzypek,


Wehmeier, et Remschmidt, 2001)-------------------------------------------- 46
Tableau 2-2 Types d’erreurs de raisonnement (Eiber et al., 2005)-------------------- 52
Tableau 3-1 Exemple d’un planning des patientes (Duneton et Foulon, 1994)---- 127
Tableau 4-1 Description de la population de patientes et de témoins étudiées ---- 130
Tableau 5-1 Le taux d’abandon chez les deux sous-groupes de patientes ---------- 145
Tableau 5-2 Résultats statistiques des patientes et des témoins lors de la
première évaluation --------------------------------------------------------- 146
Tableau 5-3 Description des populations de patientes restantes et patientes
sortantes----------------------------------------------------------------------- 177
Tableau 5-4 Corrélations entre les matrices de dissemblances et les
classifications ascendantes hiérarchiques pour les sous-groupes
de patientes et les témoins -------------------------------------------------- 186
Tableau 5-5 Statistiques r de Mantel intra et inter les deux sous-groupes de
patientes ----------------------------------------------------------------------- 187
Tableau 5-6 Distances d’agrégations pour les deux sous-groupes de patientes
par évaluation ainsi que le groupe de témoins -------------------------- 187
Tableau 5-7 Classements des aliments réalisés par les anorexiques restrictives
lors de la première évaluation --------------------------------------------- 188
Tableau 5-8 Classement des aliments réalisés par les anorexiques/boulimiques
lors de la première évaluation.--------------------------------------------- 189
Tableau 5-9 Classement des aliments réalisés par les témoins----------------------- 190
Tableau 5-10 Classement des aliments réalisés par les anorexiques restrictives
lors de la deuxième évaluation.-------------------------------------------- 191
Tableau 5-11 Classement des aliments réalisé par les anorexiques/boulimiques
lors de la deuxième évaluation.-------------------------------------------- 192
Tableau 5-12 Classement des aliments réalisé par les anorexiques restrictives
lors de la troisième évaluation. -------------------------------------------- 193
Tableau 5-13 Classement des aliments réalisé par les anorexiques/boulimiques
lors de la troisième évaluation. -------------------------------------------- 194
Liste de Tableaux xv

Tableau 5-14 Classement des aliments réalisé par les anorexiques restrictives
lors de la quatrième évaluation. ------------------------------------------- 196
Tableau 5-15 Classement des aliments réalisé par les anorexiques/boulimiques
lors de la quatrième évaluation. ------------------------------------------- 197
Tableau 5-16 Comparaison des contrastes entre les classes d’aliments observés
chez les patientes anorexiques restrictives------------------------------- 201
Tableau 5-17 Comparaison des contrastes entre les classes d’aliments observés
chez les patientes anorexiques/boulimiques ----------------------------- 202
Tableau 5-18 Classement de Corpus 1 pour l'ensemble de patientes et témoins---- 208
Tableau 5-19 Classement de Corpus 1 pour toutes les patientes ---------------------- 210
Tableau 5-20 Classement de Corpus 1 pour les témoins ------------------------------- 212
Tableau 5-21 Classement de Corpus 1 pour les anorexiques restrictives ------------ 213
Tableau 5-22 Classement de Corpus 1 pour les anorexiques/boulimiques ---------- 215
Tableau 5-23 Classement de Corpus 2 pour l’ensemble de patientes et témoins --- 218
Tableau 5-24 Classement de Corpus 2 pour toutes les patientes ---------------------- 220
Tableau 5-25 Classement de Corpus 2 pour les témoins ------------------------------- 222
Tableau 5-26 Classement de Corpus 2 pour les anorexiques restrictives ------------ 224
Tableau 5-27 Classement de Corpus 2 pour les anorexiques/boulimiques ---------- 226
Tableau 5-28 Classement de Corpus 3 pour l’ensemble de patientes et témoins --- 228
Tableau 5-29 Classement de Corpus 3 pour toutes les patientes ---------------------- 230
Tableau 5-30 Classement de Corpus 3 pour les témoins ------------------------------- 232
Tableau 5-31 Classement de Corpus 3 pour les anorexiques restrictives ------------ 234
Tableau 5-32 Classement de Corpus 3 pour les anorexiques/boulimiques ---------- 237
Tableau 6-1 Comparaison de notre population à d’autres populations
retrouvées dans la littérature ---------------------------------------------- 241
Tableau 6-2 Résumé des résultats pour les deux sous-groupes de patientes lors
du début de l’hospitalisation comparés au groupe de témoins ------- 242
Tableau 6-3 Résumé des résultats pour les deux sous-groupes de patientes lors
de la fin de l’hospitalisation comparés au groupe de témoins -------- 244
Tableau T-1 Répartition des IMC lors de la première évaluation ------------------- 330
Tableau T-2 Répartition des IMC lors de la quatrième évaluation ------------------ 331
Tableau U-1 Répartition des scores au EAT lors de la première évaluation ------- 332
Tableau U-2 Répartition des scores au EAT lors de la quatrième évaluation ------ 332
Liste de Tableaux xvi

Tableau V-1 Répartition des scores au EDI-DM lors de la première évaluation -- 333
Tableau V-2 Répartition des scores au EDI-DM lors de la quatrième
évaluation --------------------------------------------------------------------- 333
Tableau V-3 Répartition des scores au EDI-B lors de la première évaluation----- 334
Tableau V-4 Répartition des scores au EDI-B lors de la quatrième évaluation --- 334
Tableau V-5 Répartition des scores au EDI-IC lors de la première évaluation---- 335
Tableau V-6 Répartition des scores au EDI-IC lors de la quatrième évaluation -- 335
Tableau V-7 Répartition des scores au EDI-I lors de la première évaluation------ 336
Tableau V-8 Répartition des scores au EDI-I lors de la quatrième évaluation ---- 336
Tableau V-9 Répartition des scores au EDI-P lors de la première évaluation----- 337
Tableau V-10 Répartition des scores au EDI-P lors de la quatrième évaluation --- 337
Tableau V-11 Répartition des scores au EDI-MI lors de la première évaluation --- 338
Tableau V-12 Répartition des scores au EDI-MI lors de la quatrième évaluation-- 338
Tableau V-13 Répartition des scores au EDI-CI lors de la première évaluation---- 339
Tableau V-14 Répartition des scores au EDI-CI lors de la quatrième évaluation -- 339
Tableau V-15 Répartition des scores au EDI-PM lors de la première évaluation -- 340
Tableau V-16 Répartition des scores au EDI-PM lors de la quatrième
évaluation --------------------------------------------------------------------- 340
Tableau V-17 Répartition du sous-total « Pathologique » au EDI lors de la
première évaluation --------------------------------------------------------- 341
Tableau V-18 Répartition du sous-total « Pathologique » au EDI lors de la
quatrième évaluation -------------------------------------------------------- 341
Tableau V-19 Répartition du sous-total « Cognitif » au EDI lors de la première
évaluation --------------------------------------------------------------------- 342
Tableau V-20 Répartition du sous-total « Cognitif » au EDI lors de la quatrième
évaluation --------------------------------------------------------------------- 342
Tableau V-21 Répartition des scores au EDI lors de la première évaluation-------- 343
Tableau V-22 Répartition des scores au EDI lors de la quatrième évaluation ------ 343
Tableau W-1 Répartition des scores à la sous-échelle Symptôme lors de la
première évaluation --------------------------------------------------------- 344
Tableau W-2 Répartition des scores à la sous-échelle Symptôme lors de la
quatrième évaluation -------------------------------------------------------- 344
Liste de Tableaux xvii

Tableau W-3 Répartition des scores à la sous-échelle Sévérité lors de la


première évaluation --------------------------------------------------------- 345
Tableau W-4 Répartition des scores à la sous-échelle Sévérité lors de la
quatrième évaluation -------------------------------------------------------- 345
Tableau X-1 Répartition des scores au BDI lors de la première évaluation-------- 346
Tableau X-2 Répartition des scores au BDI lors de la quatrième évaluation ------ 347
Tableau Y-1 Répartition des scores à la RAS lors de la première évaluation ------ 348
Tableau Y-2 Répartition des scores à la RAS lors de la quatrième évaluation ---- 348
Tableau Z-1 Répartition des scores au STAI-Y lors de la première évaluation ---- 349
Tableau Z-2 Répartition des scores au STAI-Y lors de la quatrième évaluation--- 350
Tableau Z-3 Répartition des scores au STAI-Ya lors de la première évaluation -- 351
Tableau Z-4 Répartition des scores au STAI-Ya lors de la quatrième
évaluation --------------------------------------------------------------------- 352
Tableau Z-5 Répartition des scores au STAI-Yb lors de la première évaluation -- 353
Tableau Z-6 Répartition des scores au STAI-Yb lors de la quatrième
évaluation --------------------------------------------------------------------- 354
xviii

LISTE DE FIGURES

Figure 2-1 Une représentation schématique de la théorie cognitivo-


comportementale du maintien de la boulimie nerveuse (modifié
de Fairburn, Marcus, et Wilson, 1993) ------------------------------------- 58

Figure 2-2 Une représentation schématique de la nouvelle théorie cognitivo-


comportementale pour le maintien de la boulimie nerveuse ------------ 59

Figure 2-3 Une représentation schématique du maintien de l’anorexie


mentale. À gauche la représentation de type « restrictif » et à
droite celle de type « surconsommation / vomissements ». ------------- 60

Figure 2-4 Les origines des inquiétudes autour du poids et de la forme


corporelle et leur rapport au comportement restrictif dans les
troubles des conduites alimentaires ----------------------------------------- 63

Figure 5-1 Moyennes marginales estimées des IMC--------------------------------- 148

Figure 5-2 Moyennes marginales estimées des IMC--------------------------------- 150

Figure 5-3 Moyennes marginales estimées des scores au EAT -------------------- 151

Figure 5-4 Moyennes marginales estimées des scores au EDI-DM --------------- 152

Figure 5-5 Moyennes marginales estimées des scores au EDI-B ------------------ 154

Figure 5-6 Moyennes marginales estimées des scores au EDI-IC ----------------- 155

Figure 5-7 Moyennes marginales estimées des scores au EDI-I ------------------- 156

Figure 5-8 Moyennes marginales estimées des scores au EDI-P------------------- 158

Figure 5-9 Moyennes marginales estimées des scores au EDI-MI----------------- 159

Figure 5-10 Moyennes marginales estimées des scores au EDI-CI ----------------- 160

Figure 5-11 Moyennes marginales estimées des scores au EDI-PM ---------------- 162

Figure 5-12 Moyennes marginales estimées du sous-total EDI


« Pathologique » ------------------------------------------------------------- 163

Figure 5-13 Moyennes marginales estimées du sous-total EDI « Cognitif » ------ 165
Liste de Figures xix

Figure 5-14 Moyennes marginales estimées des scores au EDI --------------------- 166

Figure 5-15 Moyennes marginales estimées des scores au BITE-Sym ------------- 167

Figure 5-16 Moyennes marginales estimées des scores au BITE-Sév -------------- 169

Figure 5-17 Moyennes marginales estimées des scores au BDI --------------------- 170

Figure 5-18 Moyennes marginales estimées des scores à la RAS ------------------- 172

Figure 5-19 Moyennes marginales estimées des scores au STAI-Y ---------------- 173

Figure 5-20 Moyennes marginales estimées des scores au STAI-Ya --------------- 174

Figure 5-21 Moyennes marginales estimées des scores au STAI-Yb --------------- 175

Figure 5-22 Moyennes marginales estimées de l’IMC à la 1ère évaluation-------- 177

Figure 5-23 Moyennes marginales estimées du EAT à la 1ère évaluation --------- 178

Figure 5-24 Moyennes marginales estimées du EDI-B à la 1ère évaluation ------- 179

Figure 5-25 Moyennes marginales estimées du EDI-IC à la 1ère évaluation ------ 180

Figure 5-26 Moyennes marginales estimées du EDI « Path » à la 1ère


évaluation --------------------------------------------------------------------- 181

Figure 5-27 Moyennes marginales estimées du BITE-Sym à la 1ère évaluation-- 182

Figure 5-28 Moyennes marginales estimées du BITE-Sév à la 1ère évaluation--- 183

Figure 5-29 Moyennes marginales estimées de la silhouette actuelle à la 1ère


évaluation --------------------------------------------------------------------- 185

Figure 5-30 Moyennes marginales estimées des silhouettes actuelles -------------- 203

Figure 5-31 Moyennes marginales estimées des silhouettes idéales ---------------- 205
xx

ABRÉVIATIONS UTILISÉES

ALCESTE Analyse de Lexèmes Co-occurrents dans les Énoncés Simples d’un


TExte
AN Anorexia Nervosa (tr : Anorexie mentale)
AN-BP Anorexia Nervosa Binge-eating/Purging type (tr : Anorexie mentale de
type avec crises de boulimie/vomissements ou prise de purgatifs)
ANOVA Analysis of variance (tr : Analyse de la variance)
AN-R Anorexia Nervosa Restricting type (tr : Anorexie Mentale de type
restrictif
Ap. J.-C. Après Jésus-Christ
APA American Psychiatric Association (tr : Association américaine de
psychiatrie)
BDI Beck Depression Inventory (tr : inventaire de dépression de Beck)
BED Binge Eating Disorder
BITE Bulimic Investigatory Test, Edinburgh
BN Bulimia Nervosa (tr : Boulimie)
CI Conscience Intéroceptive (cf. Interoceptive Awareness)
CIM Classification Internationale des Maladies
ds déviation standard
DM Désir de Minceur (cf. Drive for Thinness)
DSM Diagnostic and Statistical Manual (tr: Manuel diagnostique et
statistique)
EAT Eating Attitudes Test
EDES Eating Disorder Evaluation Scale (tr : Échelle d’évaluation de troubles
des conduites alimentaires)
EDI Eating Disorder Inventory
EDNOS Eating Disorders Non-Otherwise Specified (Troubles des conduites
alimentaires non spécifié)
é-t écart-type
F proportion du test de Fisher
5-HIAA acide 5-hydroxyindolacétique
Abréviations utilisées xxi

HARS Hamilton Anxiety Rating Scale (tr : Échelle d’anxiété d’Hamilton)


HDRS Hamilton Depression Rating Scale (tr : Échelle de dépression
d’Hamilton)
I Inefficacité (cf. Ineffectivness)
IC Insatisfaction Corporelle (cf. Body dissatisfaction)
IFSI Institut de Formation en Soins Infirmiers
IMC Indice de Masse Corporelle (cf. BMI)
m moyenne
MI Méfiance dans les relations Interpersonnelles (cf. Interpersonal
Distrust)
M-R Échelle de Morgan et Russell
M-R-H Échelle de Morgan-Russell-Hayward
NS Non Spécifié
OMS Organisation Mondiale de la Santé
P Perfectionnisme (cf. Perfectionism)
p probabilité
PCM Poids corporel moyen (cf. Average body weight)
PM Peur de la Maturité (cf. Maturity Fears)
PMS Proportion de mortalité standardisée (cf. Standardised mortality ratio)
PSR Échelle d’évaluation de l’état psychiatrique (cf. Psychiatric status
rating scale)
r coefficient de corrélation de Pearson
RAS Rathus Assertiveness Schedule (tr : Échelle d’affirmation de soi Rathus)
RSE Rosenberg Self Esteem
STAI State-Trait Anxiety Inventory (tr : Inventaire d’anxiété trait-état)
t valeur du test de Student
TAS Toronto Alexithymia Scale (tr : Échelle d’alexithymie de Toronto)
TCA Trouble du comportement alimentaire(s) ou conduites alimentaires
TOC Trouble obsessionnel compulsif
TPOC Trouble de personnalité obsessionnel compulsif
UC Unité de contexte
UCE Unité de contexte élémentaire
UCI Unité de contexte initiale
1

I. INTRODUCTION

A. Origine et évolution du concept d’anorexie et de boulimie

1. Historique

Le terme de troubles du comportement alimentaire évoque d’abord deux formes


en apparence contraires : la restriction avec l’anorexie mentale et l’excès avec la
boulimie. La réalité est plus complexe, ces deux groupes de troubles étant intriqués, de
nombreuses patientes rencontrées en consultation présentent des formes non typiques
de ces troubles, ce qui pose la question de la pertinence des entités nosographiques.
Nous utiliserons le féminin pour évoquer les personnes manifestant un trouble du
comportement alimentaire, puisqu’il s’agit de femmes dans environ 90 % des cas.
L’historique des troubles du comportement alimentaire a déjà été reconstitué dans
maints livres et articles, depuis les premières observations qui remontent à l’Antiquité
jusqu’à l’explosion des recherches à partir des années 1980, en passant par les noms
célèbres de Galien, Avicenne, Morton, Gull, Lasègue, Bruch et Russell (Agman,
Corcos, et Jeammet, 1994 ; Aimez et Ravar, 1988 ; Couvreur, 1991 ; Samuel-
Lajeunesse et Foulon, 1994 ; Vandereycken, 2002). Nous retiendrions seulement que
l’article fondateur de Russell, Bulimia nervosa : an ominous variant of anorexia
nervosa (1979), marque le début d’une période d’intensification des travaux qui met
en évidence l’accroissement des incidences et prévalences des troubles du
comportement alimentaire, toute précaution relative aux problèmes de méthodologie
prise, et qui voit les auteurs de diverses disciplines s’intéresser aux résultats des uns et
des autres pour tenter d’identifier les mécanismes de ces pathologies. Tout comme
pour les affections psychiatriques en général, nous assistons à un retour de l’attention
portée aux aspects biologiques et génétiques pour tenter de comprendre et mieux
soigner des maladies au-delà de la seule approche psychologique, dans une perspective
psychobiologique qui – par bien des points – rappelle la tradition hippocratique.
Introduction 2

2. L’anorexie mentale

En ce qui concerne l’anorexie mentale, les références historiques remontent au


Moyen Age, même si la majorité des chercheurs reste plutôt sceptique. En effet, le
contexte culturel de l’époque, tant imprégné de mysticisme, pourrait justifier les
pratiques du jeûne que pratiquaient certaines jeunes femmes. Il semblerait plus réaliste
d’attribuer à ces cas d’anorexie remontant au Moyen Age un sens ascétique, et avec
cela, la différence d’avec l’anorexie mentale moderne.
D’un point de vue strictement historique, une des premières descriptions de cas
qui se référerait à des anomalies du comportement alimentaire se retrouve dans la
légende de Sainte Vilgeforte, qui vécut au Portugal entre 700 et 1000 ap. J-C. (Lacey,
1982). Après avoir été promise en mariage par le père, le roi sarrasin de Sicile, la
Sainte a commencé le jeûne en parlant à tout le monde d’une façon euphorique, des
effets bénéfiques de celui-ci qu’elle s’était imposée pour éviter le mariage, effets qui
se manifestaient au niveau de la vie quotidienne, totalement abandonnée, ainsi qu’avec
l’aménorrhée.
R.M. Bell (1987) a trouvé, dans les biographies d’un groupe de Saintes ayant vécu
dans les villes du centre de l’Italie pendant le Moyen Age, certains modèles
spécifiques de comportements et de fonctionnements sociaux définissables comme
anorexiques, et faisant aussi remarquer que, à travers leur utilisation, certaines jeunes
de l’époque tendaient à atteindre la condition de Sainteté.
Dans la vision de Bell, les Saintes anorexiques et les anorexiques actuelles, ont en
commun le perfectionnisme, l’hyperactivité, la pensée obsessionnelle, le manque
d’intérêt pour les rapports humains, la maîtrise des désirs et des stimuli du corps vécus
comme menaçants, et par une vision de la féminité considérée comme un pêché ou
comme dangereuse, ainsi que l’objectif constant d’un idéal de pureté et de privation.
Quand, après la Réforme, aux critères de Sainteté qui sublimait le sacrifice total
du corps se substituaient les œuvres de bienfaisance, le nombre de Saintes anorexiques
a progressivement diminué jusqu’à disparaître, en accord avec les profondes
modifications culturelles qui avaient traversés le monde catholique (Habermas, 1991).
En 1689, Morton (cité par R. A. Gordon, 1991), un médecin anglais, religieux, a
décrit dans un manuel sur la « consomption », un syndrome d’amaigrissement,
d’origine nerveuse. Celui-ci est considéré comme la première description médicale de
l’anorexie mentale.
Introduction 3

Dans ce livre Morton a décrit la première patiente, fille d’un certain Duke, une
jeune femme de 18 ans, qui passait beaucoup de temps à étudier, sans se soucier d’un
amaigrissement d’origine nerveuse, et qui se montrait indifférente au froid d’un hiver
particulièrement rude. Comme pour les anorexiques modernes, la jeune femme refusait
les traitements médicaux que l’on lui proposait et elle mourut d’épuisement. Ensuite il
a décrit deux patients, une de 18 ans qui a développé une aménorrhée : le deuxième, de
16 ans, un garçon qui graduellement avait complètement perdu l’appétit, du fait qu’il
étudiait énormément.
C’est à cette époque que, pour la première fois, apparaît l’élément crucial de la
pathologie anorexique : la peur obsédante de grossir. En 1764, Whytt (cité par
Silverman, 1995), professeur de « théorie de Médecine » à l’Université d’Edinburgh, a
publié un livre dont le titre était : « Observation on the Nature, Causes and Cures of
those Disorders which have been commonly called Nervous, Hypochondriac or
Hysteric to which are prefixed some Remarks on the Sympathy of the Nerves ». Dans
son texte il a décrit « une atrophie nerveuse » avec les commentaires suivants :

« Un marasme, ou un corps sensiblement rongé, sans aucune


transpiration, aucune augmentation considérable des excrétions d'urine
ou de selles, aucun pouls rapide, ou aucune chaleur fiévreuse, peut
mériter d’être nommé nerveux :... Mais ce genre d'atrophie, quoiqu’elle
ne doive aucune faute d’état d’âme, ou même des systèmes cérébraux
ou nerveux en général, peut encore mériter être intitulée nerveuse, car
il semble provenir fréquemment d'un état des nerfs, de l'estomac et des
intestins contre nature ou morbide. ... Davantage, la surveillance ou le
manque du repos délassant, un état d’âme bas ou de la mélancolie, qui
accompagnent généralement cette maladie, peuvent contribuer à
empêcher la nutrition correcte du corps. »

Cent ans plus tard, en 1860, Marcé (cité par Silverman, 1995) de Paris avait écrit
un article intitulé : « Note sur une forme de délire hypocondriaque consécutive aux
dyspepsies et caractérisée principalement par le refus d’aliments ».
e
Il faut arriver à la fin du XIX siècle avec les descriptions de Lasègue (1873) en
France et Gull (1874) en Grande Bretagne afin de pouvoir parler d’anorexie mentale
au sens strict du terme.
Introduction 4

Ces auteurs ont remarqué ce qui plus tard est devenu la caractéristique principale
de l’anorexie mentale. Gull, par exemple, fut frappé par l’hyperactivité et par
l’extraordinaire énergie de ces patientes (toutes femmes), pendant que Lasègue
observait le refus alimentaire typique de l’anorexique et ses relations pathologiques
avec leurs familles.
Gull conjecturait une cause organique, c’est-à-dire un problème digestif. Il s’est
ensuite laissé convaincre par Lasègue, partisan d’une hypothèse psychogénétique. Les
deux auteurs font alors référence à l’hystérie, à l’époque très à la mode (anorexie
hystérique). Ensuite Gull (1888) utilise le terme anorexie nerveuse, pendant que, en
France les travaux de Huchard et Axenfeld (1883) porterons sur la dénomination
actuelle d’anorexie mentale.
Avec la découverte de la cachexie hypophysaire de Simmonds (1914) les
composantes fondamentales s’opposent à une conceptualisation de l’anorexie comme
d’une maladie à étiologie organique (trouble endocrinologique). Les patientes étaient
ainsi traitées avec des extraits thyroïdiens.
Un tel dualisme continuerait à qualifier les hypothèses étiopathogéniques et
évolutives de la maladie encore dans la culture psychiatrique contemporaine.
L’anorexie mentale est considérée, entre autre, comme une affection pluri-déterminée,
dont à la pathogenèse concourent des facteurs d’origine individuelle et familiale,
biologique, psychologique et socioculturel.
La troisième phase voit le retour massif de la conception psychologique de
l’anorexie mentale. Les théories psychanalytiques ont exercé une forte influence sur la
compréhension du trouble, pendant deux à trois décennies. En effet, il y avait la
nécessité d’un cadre plus complet qui tenait compte des besoins spécifiques et des
particularités du développement des patientes anorexiques.
Le moment décisif furent les travaux de Bruch, psychanalyste, à la même période
que l’augmentation des troubles du comportement alimentaire. In « Eating disorders »
(1973) étaient prises en considération soit l’anorexie soit la boulimie. Elle affirmait
que les deux troubles tournaient autour de problèmes liés à l’image de soi et à certains
problèmes caractéristiques du développement psychique. Bruch soulignait la présence
de profondes altérations de la forme, du poids corporel et des troubles de la fonction
alimentaire qui deviennent le centre du conflit psychologique. Les trois points
principaux :
Introduction 5

 un trouble du poids et de l’image corporelle et du concept du corps ;


 un trouble de la perception ou des interprétations cognitives par rapport
aux stimuli du corps, avec une faille de la reconnaissance des signes ou des
besoins nutritionnels considérés comme une des failles principales ;
 un ressenti d’inaffectivité qui englobe les pensées et les activités.

Elle proposait deux types d’anorexie mentale : une forme primaire et une forme
secondaire. Dans le type primaire les trois caractéristiques sont :

 une distorsion de l’image corporelle ;


 une incapacité à identifier les sentiments internes et les besoins, en
particulier la faim, mais en général toutes les émotions ;
 un sentiment d’inefficacité, où la perception de ses propres actions,
pensées et sentiments, comme ne démarrant pas à l’intérieur de soi mais
reflétant passivement des attentes et des demandes externes.

Dans la forme secondaire la caractéristique centrale était une importante perte de


poids liée à des facteurs psychologiques.

3. La boulimie

Depuis la Grèce ancienne, d’où l’on retrouve l’origine de la boulimie, ce terme a


été utilisé pour décrire une faim au delà de limites humaines. Le terme boulimie peut
être retrouvé dans l’Europe de l’Ouest depuis plus de 2000 ans, avec une remarquable
constance de significations : appelé un état pathologique de voracité, il se termine par
une ingestion d’une quantité excessive de nourriture.
Dans l’Antiquité, Galien (c.129-199 ap. J-C) a défini les symptômes boulimiques
comme le besoin maladif de nourriture, le délabrement, la pâleur, les extrémités
froides, l’oppression à l’estomac et un pouls faible. De même, le Livre de Médecine
syriaque dérivé du grec (c. 200-500 ans de notre ère.) a attribué le bolimos et
« l’appétit du chien » à une faiblesse de l'estomac liée au froid, à la fragilité ou au
vide.
Pendant la période du Moyen Age, deux forces opposées opéraient. D'une part, la
gloutonnerie qui était un des sept péchés mortels vilipendés par l'Église Catholique;
d'autre part, l'insécurité de vivre et l'espérance de vie courte ont rendu la
consommation non contrôlée réelle pendant les temps de prospérité. L'inclusion de
Introduction 6

boulimie et « appétit de chiens de chasse » parmi les conditions médicales communes


discutées par Bartholomaeus Anglicus (fl. 1230-1250) est juste un exemple que la
gloutonnerie manifeste n'était pas rare.
e e
Entre le XVI et le XIX siècle ont été identifiés 36 cas d’hyperphagie, dont 23
e
dans le XIX siècle. Avec l’inclusion de quatre cas du Moyen Age, les 40 cas
examinés peuvent être catégorisés comme 25 hyperphagies en forme de gloutonnerie
et 15 ressemblant à boulimie (ingestion par exemple rapide, de repas secrets, bingeing
durant la nuit, vomissements avec un poids de corps normal).
La caractéristique la plus saisissante de rapports du XXe siècle est l'absence de
grosse hyperphagie comparable avec des cas boulimiques classiques du XIXe siècle.
Les médecins ont reconnu la boulimie comme une anomalie de la sensation de faim ou
de réplétion, vue d'habitude chez des patientes hystériques et neurasthéniques. Dans
les années 1930, la boulimie a été énoncée aussi comme un symptôme de carence
affective et une pauvre adaptation sociale parmi des adolescents inadaptés et des
réfugiés. Les références à la gloutonnerie épisodique dans le contexte d'anorexie
mentale, une caractéristique identifiée par Gull en 1866 chez son premier patient
anorexique, ont augmenté après 1900.
« Un trouble dans lequel le patient souffre d’un désir incessant de manger ».
En 1869, Blachez (Parry-Jones et Parry-Jones, 1995) en France, parle de la
boulimie comme d’un véritable syndrome et en distingue deux types : la cynorexie
avec vomissements associés à la crise boulimique et la lycorexie dans laquelle est
présent un transit intestinal accéléré de la nourriture, qui vient expulsé rapidement.
Selon Casper (1983) la boulimie nerveuse serait apparue, au début, dans
l’anorexie mentale.
Russell en 1979 a créé le terme boulimie nerveuse, observant que 30 à 50 % des
sujets anorexiques risquaient d’avoir des symptômes boulimiques tout au long de la
maladie.
Décrite pour la première fois, comme une entité clinique autonome vers la fin des
années 1970 (Russell, 1979), la boulimie semble s’accroître depuis une quinzaine
d’années, si l’on fait référence au nombre croissant de spécialistes dans les Services de
Psychiatrie et/ou Nutrition, et au développement des Centres de traitement spécialisés
dans les différents pays.
Introduction 7

B. Données épidémiologiques

Estimer la prévalence des troubles du comportement alimentaire n’est pas simple


car elle est influencée par le nombre de nouveaux cas, mais aussi par la durée de la
maladie, la méthode pour détecter les cas ainsi que l’aide de participants aux études.
Une synthèse des différentes études publiées ces 20 dernières années suggère que
les prévalences de l’anorexie mentale et de la boulimie seraient d’environ 0,3 % et 1 %
respectivement en population générale dans les pays dits occidentaux (Berkman, Lohr,
et Bulik, 2007). La prévalence de la boulimie se situe autour de 1,5 % chez les jeunes
femmes et 0,5 % chez des hommes (Hudson, Hiripi, Pope, et Kessler, 2007). Les
études suggèrent aussi que 0,7 et 3 % de personnes dans des échantillons de la
population générale répondent aux critères du binge eating disorder (Bruce et Agras,
1992 ; Bruce et Wilfley, 1996). Les formes partielles auraient des taux de prévalence
de cinq à dix fois supérieurs (Hoek et van Hoeken, 2003 ; van Hoeken, Seidell, et
Hoek, 2003). Les taux d’incidence seraient respectivement de 4 à 8 pour 100 000 par
an et de 12 pour 100 000 par an.
La prévalence de l’anorexie est d’environ 1 % dans une population de jeunes filles
de plus de 16 ans. La prévalence de la boulimie se situe entre 3 et 5 %. Ces chiffres
sont actuellement en augmentation même s’ils n’atteignent pas les 25 % trouvés aux
États-Unis (Brownell et Fairburn, 1995).
La sex-ratio est d’environ neuf à onze femmes pour un homme, le pic de survenue
se situant entre 15 et 20 ans (Ramoz, Versini, et Gorwood, 2007).
Les données varient sensiblement d’une étude à l’autre et plusieurs explications
peuvent être envisageables pour expliquer cela. Les taux de prévalence n’étant pas,
dans l’absolu, élevés, les enquêtes sont coûteuses en temps et en personnel ;
dissimulation et déni des troubles font partie de ces pathologies ; les populations
explorées ne sont pas les mêmes bien qu’elles partagent des modes de vie et de
consommation assez semblables.
La question de l’existence ou non d’un accroissement récent de l’incidence des
troubles du comportement alimentaire a fait longtemps débat. Des problèmes de
méthode se posent encore : la nécessité de longues périodes pour mettre en évidence
des changements modestes, l’évolution des techniques de mesure et des tenues de
registre, des comportements des populations etc. La conclusion est, cependant, un
Introduction 8

accord assez général sur une augmentation sensible de l’incidence actuelle des
troubles du comportement alimentaire chez les 15-24 ans (Lucas, Crowson, O'Fallon,
et Melton, 1999 ; van Hoeken et al., 2003). Celle de la boulimie aurait été multipliée
par trois ou quatre pendant les années 1980 (Soundy, Lucas, Suman, et Melton, 1995 ;
Turnbull, Ward, Treasure, Jick, et Derby, 1996). Le taux de mortalité standard pour
des anorexiques restrictives serait très élevé : allant de 4,9 à 9,6 dans les 10 ans après
détection (Harris et Barraclough, 1998 ; Nielsen, 2001), soit un risque multiplié par 4
chez les anorexiques comparativement aux femmes d’un même âge, et de 7,4 pour les
boulimiques. D’autres auteurs situent le taux de mortalité de l’anorexie autour de 5 %
de décade avec un ratio de mortalité standardisée de 10,5 – le plus élevé de toutes les
maladies psychiatriques (Kaye et al., 2008).
Steinhausen (2002) a pris en considération une population de 438 patientes avec
un suivi supérieur à 10 ans pour 119 parmi eux : en moyen, le taux de guérison se
situait à 73,2 %, le taux d’amélioration à 8,5 %, le taux de chronicité à 13,7 % et un
taux de mortalité à 9,4 %. L’identification d'indices de résultats défavorables à travers
des études longitudinales prospectives produit des conclusions contradictoires : la
sévérité de la maladie, le degré de perte de poids, et l’âge de début de maladie étant
considérés comme des indices de rechute pour certains mais pas pour d’autres.
La gravité d’ensemble de cette pathologie transparaît à l’évidence dans les études
très prolongées puisque des taux de mortalité prématurée de 15 à 20 % sont trouvés
chez les patients lorsque ceux-ci sont suivis pendant plus de 20 années (Zipfel, Lowe,
Reas, Deter, et Herzog, 2000).
Dans les années récentes, les troubles du comportement alimentaire ont acquis, de
plus en plus, une importante résonance sociale, à cause de leur gravité ainsi que de
l’augmentation de son incidence. En effet, il semblait, pour de nombreux auteurs
(Corcos, Agman, Bochereau, Chambry, et Jeammet, 2002) que la fréquence de
l’anorexie mentale était en hausse sensible, en particulier depuis la fin des années
1960. L’intérêt croissant pour cette affection et l’absence de consensus sur des critères
diagnostics (en particulier, avant l’avènement dans les années 1970-1980 du Research
Diagnostic Criteria) ont été à l’origine de nombreux biais dans l’évaluation rigoureuse
de son incidence. Ces critères restent toujours problématiques quant à leur possibilité
d’identification des troubles précoces (avant 16 ans) et des formes subsyndromiques
Introduction 9

(Nicholls, Chater, et Lask, 2000) puisqu’ils ne prennent en compte que des formes
avérées, déjà installées et souvent graves.
L’étude de Lucas, Beard, O’Fallon, et Kurland (1991) portant sur l’incidence et la
variation de l’affection à Rochester dans le Minnesota (États-Unis), sur une période de
50 ans (1934-1984), conclut à l’augmentation depuis les années 1930 de la fréquence
de l’anorexie mentale dans la population des adolescentes de 15 à 24 ans (avec une
fréquence accrue des formes modérées comparativement au passé), tandis que
l’affection semble avoir été stable dans les populations de femmes plus âgées (en
particulier si l’âge est supérieur à 25 ans) ainsi que chez les garçons. Si les auteurs
notaient des diagnostics plus précoces et des hospitalisations plus nombreuses, ils
récusaient toute notion d’« épidémie ». Fombonne (1995) souligne que les troubles du
comportement alimentaire ont des taux d’incidence faibles (1-2 ‰) chez les femmes,
ce qui rend difficile la mise en évidence d’une tendance évolutive (nécessité de très
larges échantillons), il n’y a pas d’évolution séculaire de l’incidence de l’anorexie
mentale. Il estime que sa prévalence dans la tranche d’âge 15-19 ans est comprise
entre 2 et 5 %.
Rappelons ici l’existence de deux formes cliniques particulières plus rares pour
lesquelles les données épidémiologiques manquent: l’anorexie pré pubère et l’anorexie
tardive.
Enfin, certains auteurs soulignent une légère augmentation des cas masculins dont
on pense qu’ils restent réticents à consulter, mais il n’y a pas d’étude probante sur le
sujet.
Nous notons, avant d’aborder la boulimie, la fréquence des formes mixtes
d’emblée (anorexie-boulimie). Dans 30 à 50 % des cas, la boulimie survient pendant
ou après une période d’anorexie.
Les études épidémiologiques sur la boulimie étant récentes et assez disparates
dans leur méthodologie, on manque de recul pour confirmer ou infirmer l’idée
probablement juste d’une augmentation récente de l’incidence du trouble. Une étude
portant, dans la même Université, sur trois échantillons d’étudiants examinés par
autoquestionnaire en 1980, 1983 et 1986 (Pyle, Halvorson, Neuman, et Mitchell,
1986 ; Pyle, Neuman, Halvorson, et Mitchell, 1991), met en évidence une
augmentation relative de la prévalence de la boulimie entre 1980 (1 %) et 1983
(3,2 %), puis une faible diminution en 1986 (2,2 %).
Introduction 10

La prévalence « vie entière » de la boulimie nerveuse est comprise entre 1 et 3 %


(Garner et Garfinkel, 1997 ; Kendler, 1997), mais les auteurs soulignent qu’il existe
une prévalence comparable de formes subsyndromiques dont le devenir est incertain.
Concernant les formes subsyndromiques, en France, dans une pré-enquête qui
portait sur environ 3 500 élèves (Ledoux et al., 2000), c’est-à-dire la moitié des élèves
scolarisés en Haute-Marne, les auteurs notaient que les préoccupations corporelles
concernaient un tiers des jeunes filles, que 20 % avaient des conduites de restriction et
de jeûne sans répondre aux critères d’une pathologie déterminée comme ceux du
DSM-III-R, 3 % avaient des vomissements et des abus de laxatifs ou de diurétiques,
près de 10 % une crise de boulimie hebdomadaire, et que le taux de prévalence de la
boulimie type DSM-III-R était de 1 à 1,1 % et autour de 0,1 % pour l’anorexie
mentale. Selon H. I. Kaplan et Sadock (1998), environ 5 % des jeunes femmes
présentent des symptômes d’anorexie mentale sans répondre à l’ensemble des critères
diagnostics, et les conduites de frénésie alimentaire apparaissent très fréquentes
puisque qu’elles sont observées dans plus de 40 % des cas dans une population de
collégiennes aux États-Unis. L’ensemble de ces données invite à considérer les
troubles du comportement alimentaire dans un continuum du normal-pathogène-
pathologique dans un aspect dimensionnel plutôt que sur un mode catégoriel
réducteur.
Nous soulignons en effet, après avoir rapporté ces données épidémiologiques, que
le DSM-IV, classification la plus utilisée dans ces recherches, repère les états
pathologiques avérés, c’est-à-dire les formes symptomatiques majeures, organisées et
relativement stables, du fait des critères somatiques requis (poids, aménorrhée,
fréquence des crises de boulimie...). Cette classification laisse donc de côté les formes
subsyndromiques. Ces formes avérées sont celles où la composante génétique est
répandue (dépression, troubles obsessionnels compulsifs), tandis que les formes
subsyndromiques sont celles où l’influence des facteurs environnementaux est plus
forte. Cela soulève plusieurs questions. Les formes subsyndromiques sont-elles en
augmentation du fait d’une dimension socioculturelle favorable ? Si oui, quelle place
ont-elles dans une approche dimensionnelle développementale (du normal au
pathologique) ? Quel est leur devenir potentiel (autorenforcement psychobiologique et
évolution vers les formes caractérisées ou abrasement et disparition) ? Force est de
constater que nous n’avons pas de données sur le sujet.
Introduction 11

C. Perspectives générales de la recherche

De nos jours, la présence dans la littérature nationale et internationale, d’études


qui visent à décrire les troubles du comportement alimentaire en analysant les aspects
les plus disparates : la psychopathologie, les différentes hypothèses étiopathogéniques,
les différentes modalités de prise en charge, etc. est immense.
Des nombreuses études font aussi référence et étudient la comorbidité qui existe
entre les troubles du comportement alimentaire et la dépression, l’anxiété et
l’assertivité. Pourtant, peu d’études ont cherché à évaluer l’évolution éventuelle de
cette comorbidité pendant la prise en charge, souvent effectuant une seule évaluation
avant ou après la thérapie, ou au mieux, deux évaluations avant et après la prise en
charge.
Il semblerait y avoir une étude seulement qui ait exploré l’évolution de cette
comorbidité avec plusieurs évaluations (Brambilla, Draisci, Peirone, et Brunetta,
1995a, 1995b, 1995c) pendant la prise en charge.
Il faut dire aussi que très peu de recherches existent, dans la littérature, sur l’étude
des cognitions et du fonctionnement cognitif chez des patientes souffrant de troubles
du comportement alimentaire et sur leur évolution pendant le traitement, surtout que
de nombreuses études évoquent la stricte relation qu’il y a entre le dysfonctionnement
cognitif et la gravité à des niveaux différents de la maladie.
Nous trouvons, par contre, un nombre considérable d’articles et de recherches
explorant les différents aspects, particularités et caractéristiques concernant les
personnes souffrant d’un trouble du comportement alimentaire allant de la sémiologie
à l’épidémiologie, des études génétiques aux aspects thérapeutiques.
Ainsi, peu de travaux publiés existent sur des recherches faisant appel à des
méthodes expérimentales de l’analyse du discours de ces patientes et de son éventuel
évolution ou changement pendant la prise en charge.
Un autre aspect particulièrement important et intéressant chez ces patients, et pas
suffisamment analysé, est la représentation mentale que ces patientes ont de
l’alimentation et des aliments. Manquaient jusqu’alors des études analysant la
catégorisation alimentaire à des intervalles réguliers pendant la prise en charge.
Introduction 12

Un nombre encore plus restreint d’articles sont consacrés à la variation durant la


prise en charge en liaison, ou pas, avec une amélioration globale ou non de la
pathologie alimentaire.
Et encore, beaucoup d’études existent dans la littérature étudiant la perception
corporelle à l’aide de moyens et de techniques les plus diverses, mais pour la majorité
il s’agit d’une seule évaluation de la perception ou de la satisfaction de ces patientes
concernant leur image corporelle.
Compte tenu de tout cela, de ces carences constatées et ici mentionnées, il me
semblait extrêmement intéressant de voir et d’analyser si l’amélioration de l’état
somatique et psychologique sous traitement s’accompagne de modifications du
discours, de la perception de l’image corporelle et de la psychopathologie associée.

D. Objectifs

Selon certains auteurs il existerait une relation stricte entre la gravité des erreurs
cognitives et la gravité des troubles du comportement alimentaire (Flament et
Jeammet, 2000).
Les théories récentes ont impliqué les distorsions cognitives dans l’étiologie et les
facteurs de maintien des troubles du comportement alimentaire (Lee et Shafran, 2004 ;
Radomsky, de Silva, Todd, Treasure, et Murphy, 2002 ; Strauss et Ryan, 1988).
En effet, une amélioration globale des symptômes pourrait modifier le style
cognitif de ces patientes par rapport au contenu, à l’exactitude des cognitions et à la
tonalité affective (idem).
Le délabrement physique auquel conduit parfois l’anorexie ou la boulimie aurait
des conséquences sur l’expression émotionnelle et sur les pensées.
Il existerait moins d’erreurs cognitives concernant l’alimentation (et les aliments)
à la suite d’une hospitalisation pour un trouble des conduites alimentaires, surtout
lorsque celle-ci a représenté une véritable prise en charge prolongée (acceptation des
soins, suivi, adhésion aux contrats thérapeutiques proposés).
Depuis les années 1980, les dysfonctionnements des patientes présentant des
troubles du comportement alimentaire ont été identifiés à la fois comme facteurs
prédisposant aux troubles et comme des facteurs de maintien des comportements
restrictifs ou boulimiques.
Introduction 13

De nombreux auteurs ont souligné les particularités des cognitions alimentaires


propres aux sujets souffrant de troubles des conduites alimentaires (M. J. Cooper,
Anastasiades, et Fairburn, 1992 ; M. J. Cooper, Todd, et Wells, 1998 ; Leung, Waller,
et Thomas, 1999 ; Mirabel-Sarron, Foulon, et Samuel-Lajeunesse, 1992 ; Mitchell et
al., 1999 ; Waller, Ohanian, Meyer, et Osman, 2000), cognitions ayant un rôle
important dans la régulation des comportements alimentaires (Boon, Stroebe, Schut, et
Jansen, 1998).
D’autres auteurs ont adopté une approche descriptive et ont conclu qu’un des
facteurs de maintien et de chronicisation des troubles est lié aux représentations
particulières des aliments, de leur conséquence sur le corps et du partage des aliments
avec autrui (Fairburn, Shafran, et Cooper, 1999 ; Fairburn, Steere, et Cooper, 1990 ;
Garner et Bemis, 1982).
Énormément d’articles publiés abordent, dans des facettes et sous différents
angles, les troubles de l’image corporelle chez ces patientes. Bruch a été la première à
souligner l’extrême importance de cet aspect considéré comme un facteur crucial et de
maintien du trouble.
Maintes études évaluent, par des méthodes différentes tels que le marquage
d’image, l’échelle analogique, la distorsion optique, kinesthésique, ou les cartes des
silhouettes, la perception corporelle et/ou l’insatisfaction corporelle utilisant des
instruments tels que la technique d'étrier mobile, la procédure d'évaluation de taille
visuelle, la déformation de miroir, la déformation de technique de photographie, etc.
Mais pratiquement aucune étude n’évalue cet aspect à différentes étapes de la prise en
charge.
Cette recherche clinique se propose d’évaluer et d’analyser le langage et les
processus cognitifs ainsi que l’évolution clinique et la psychopathologie associée
(reprise du poids, dépression, anxiété, etc.) chez des patientes anorexiques purement
restrictives et mixtes, anorexiques et boulimiques, en cours de traitement (pendant
l’hospitalisation). Dans cette recherche diverses comparaisons seront effectuées :

 comparaisons des variables (contenu du discours et processus de pensée)


pour l’ensemble de l’échantillon au début d’une hospitalisation pour
troubles du comportement alimentaire – lors des quatre premiers jours –
puis à trois semaines, deux mois et trois mois pour apprécier l’évolution au
cours du traitement des contenus du discours ;
Introduction 14

 comparaisons aux mêmes dates des sous-groupes de patientes anorexiques


restrictives et anorexiques/boulimiques ;
 comparaison de l’évolution de la psychopathologie associée en rapport
avec la reprise pondérale (en comparaissant les résultats dans les deux
sous-groupes) ;
 l’évolution de la perception corporelle en rapport à l’évolution de l’indice
de masse corporelle ;
 l’évolution de la catégorisation alimentaire.

Nous avons aussi choisi de faire plusieurs évaluations car nous avons estimé que
deux évaluations, c’est-à-dire en début et à la fin de l’hospitalisation, auraient été trop
réductrices. D’autres études présentes dans la littérature avaient déjà utilisé cette
méthodologie. Notre approche va permettre d’évaluer, à des intervalles réguliers, les
modifications des processus cognitifs en rapport avec la reprise progressive du poids.
Cela fait la spécificité et l’originalité de notre recherche. Nous avons opté pour quatre
évaluations en s’alignant sur les différentes phases d’hospitalisation.
Concernant l’utilisation des tests sur la catégorisation alimentaire et l’analyse du
discours, l’intérêt était multiple.
La catégorisation alimentaire va au-delà d’un discours narratif et au-delà des
objets. Il nous permet de voir la représentation mentale que ces jeunes filles ont par
rapport à l’alimentation et aux aliments. Ainsi il nous permet de voir si ces jeunes
filles sont cohérentes avec leurs comportements. En effet, il semble qu’elles ne
prennent pas en compte les catégories universelles des autres dans leur choix
alimentaire.
Concernant le test sur l’analyse du discours, il vise à mettre en lumière les
pensées, la dimension subjective ainsi que les états internes et la façon dont elles
s’expliquent sur des choses. Le discours permet d’intellectualiser la réalité donnée et
permet d’expliquer et d’argumenter le discours de trois types : narratif, argumentatif et
descriptif.
Introduction 15

E. Récapitulatif

Est décrit ici l’historique des troubles du comportement alimentaire avec la


description du concept de l’origine à nos jours.
Nous trouvons ici, à partir des premières descriptions de l’anorexie et de la
boulimie (référence aux saintes italiennes), comment ce concept ainsi que les
différentes descriptions cliniques se sont modifiées à travers les écrits et les études des
différents auteurs, pour enfin arriver à un consensus autour des critères diagnostiques
de nos jours.
Sont rappelées ici des données sur la prévalence, l’incidence et l’état récent des
études épidémiologiques, ainsi que l’hétérogénéité dans les taux retrouvés qui
semblent varier d’une étude à l’autre.
16

II. TROUBLES DES CONDUITES ALIMENTAIRES

L’anorexie mentale et la boulimie sont des maladies chroniques qui se révèlent


pour l’essentiel à l’adolescence, les formes pré pubères et tardives (apparaissant au-
delà de 25 ans) étant très minoritaires (Gowers, Crisp, Joughin, et Bhat, 1991).

A. Description clinique

1. L’anorexie

Il s’agit le plus souvent de jeunes filles ou jeunes femmes qui entreprennent un


régime restrictif pour perdre un excès de poids réel ou imaginaire, parfois dans des
circonstances de séparation (éloignement du domicile familial pour raison d’études,
séjour a l’étranger, départ ou disparition d’un proche, rupture sentimentale, etc.). Au-
delà des gratifications banales qui sont les compliments de l’entourage pour une
minceur valorisante ou l’arrêt de remarques vexantes sur des rondeurs qui
complexaient l’adolescente, un mieux-être marque fréquemment une première phase
de l’amaigrissement : moins la jeune femme s’alimente, plus elle se sent pleine
d’énergie, de confiance en soi et d’envie d’entreprendre des choses. Son état confine
parfois à l’euphorie. Une hyperactivité physique et intellectuelle renforce cette
évolution qui cache dans un premier temps le développement d’idées fixes relatives au
poids, aux aliments et aux calories. Les féculents et les matières grasses sont peu à peu
éliminés du régime alimentaire, les quantités réduites et les situations de repas en
société – où l’alimentation échappe au contrôle de la jeune femme – évitées. Le
contrôle du comportement alimentaire est très progressivement perdu et la peur de
regrossir ou l’impression d’être encore grosse, malgré un état de dénutrition avancé,
incite à réduire toujours plus les repas et les quantités.
Il n’est pas rare que les proches ou un médecin traitant s’inquiètent de cette
évolution bien avant l’intéressée. Une fois le problème évoqué, un déni ou une
dénégation du trouble est fréquent chez la jeune femme, qui commence alors à
dissimuler la perte de poids et la restriction, voire des vomissements provoqués et/ou
Troubles des conduites alimentaires 17

des prises de laxatifs. Sollicitude, encouragements et ménagements de la part des


proches s’alternent avec incompréhension, irritation et pressions pour contraindre la
jeune femme à se réalimenter. Celle-ci tend à se replier sur elle-même et à investir des
activités intellectuelles solitaires, à moins que la volonté de brûler des calories ne la
pousse à une pratique excessive du sport ou de la danse. Il faut en général attendre une
réduction des performances physiques et/ou intellectuelles pour qu’elle en vienne à
demander une aide et à admettre l’existence d’un problème. Et encore, une
ambivalence qui lui fait reconnaître et nier tour à tour son affaiblissement marque
souvent le début du suivi. L’évolution vers des troubles anxieux, dépressifs et/ou
boulimiques est souvent nécessaire pour que la patiente s’engage véritablement dans
un suivi. La complexité des rapports avec les proches, où conflits et symptômes
s’autoentretiennent, est un facteur déterminant de l’évolution de l’anorexie mentale à
ce stade. Les complications somatiques et psychologiques de la dénutrition sont
récapitulées en Annexe A ; celles des troubles du comportement alimentaire avec
vomissements provoqués et/ou abus de laxatifs/diurétiques en Annexe B.

2. Conduite anorexique

Le tableau clinique classique de la conduite anorexique est resté constant au


travers des époques et des pays. C’est celui d’une jeune fille adolescente entre 12 et 20
ans qui présente la triade symptomatique : amaigrissement-anorexie-aménorrhée.

a. Triade symptomatique

i. Amaigrissement
L’amaigrissement est souvent impressionnant et dépasse de 25 % le poids initial
pour atteindre parfois plus de 50 % du poids normal à cet âge. Une chute de 10 % est
exigée pour poser le diagnostic et certains auteurs même ne le pose qu’à 25 %.
L’aspect de la jeune fille est évocateur : son corps est tout en os, anguleux. La
fonte des réserves graisseuses superficielles et profondes est importante. Les formes
féminines s’effacent : seins, hanches et fesses disparaissent. Les joues sont creuses, les
yeux enfoncés dans les orbites, confèrent au visage une apparence cadavérique. La
fonte musculaire, donne aux membres un aspect décharné exhibé ou au contraire
masqués sous des vêtements amples. Les œdèmes de carence ne sont pas rares. Les
cheveux sont secs et ternes, les ongles striés et cassants. Les troubles circulatoires sont
Troubles des conduites alimentaires 18

constants : pâleur, rougeur et cyanose des extrémités qui sont froides et moites, tension
artérielle basse, pouls ralenti. L’hypertrichose est fréquente avec apparition du lanugo.
La constipation est habituelle.
En regard de cet amaigrissement, la méconnaissance de leur maigreur par les
malades est, à des degrés divers, constante. Elle reflète l’importance de la part de ces
patientes du trouble de la perception de l’image de leur corps. Ce trouble, focalisé
autour de leur relation à la réalité, rend compte de leur absence d’inquiétude sur leur
état de santé dont elles nient habituellement la gravité. Le plus souvent, au contraire,
leur maigreur croissante les plonge dans un sentiment de bien-être, d’exultation et de
triomphe qui les conduit à nier le danger auquel elles s’exposent.
Le désir de minceur et la peur de grossir se renforcent mutuellement pour guider
l’essentiel des attitudes mentales de ces patientes et de leurs comportements : elles se
voient et se dessinent toujours plus grosses qu’elles ne sont en réalité ; elles se livrent
à d’incessantes mesures de vérification : pesées régulières, recherches sur la valeur
calorique des aliments, mensuration des « rondeurs » éventuelles. Il peut y avoir une
prédominance du désir de minceur ou de la peur de grossir : celle-ci peut s’appuyer sur
des fixations de type dysmorphophobique – centrées sur des parties du corps ou du
visage – ou être constituée de craintes de grossir diffuses ou focalisées. Par exemple,
Alby à parlé de l’« hypochondrie de l’apparence » (Linhares, 2005), Crisp (1970) de
la « phobie du poids ».

ii. Anorexie
C’est l’anorexie qui annonce le plus souvent le début des troubles, et
l’amaigrissement lui est secondaire. Il s’agit d’une conduite active de restriction
alimentaire. Elle est, au début, « justifiée » par un régime du fait d’un discret
embonpoint, de difficultés digestives ou de gastralgies. Ce n’est que très tardivement
qu’une véritable anorexie, avec perte de l’appétit, intolérance gastrique ou intestinale à
l’alimentation, peut s’installer. Contrairement à ce qui est longtemps allégué par
l’intéressée, cette restriction alimentaire représente une lutte acharnée contre la faim.
Mais la persistance de cette sensation de faim n’est reconnue qu’ultérieurement et avec
honte.
Cette anorexie fait partie d’un ensemble d’attitudes particulières et d’un intérêt
exagéré pour tout ce qui a trait à la nourriture : la patiente pense à la nourriture toute la
Troubles des conduites alimentaires 19

journée, collectionne les recettes, fait la cuisine et nourrit les autres sans participer aux
repas qu’elle prépare. Elle vole fréquemment des aliments.
Outre la restriction alimentaire, la façon de manger signe en elle-même le
diagnostic : tri des aliments en fonction de critères personnels, grignotage par portions
infimes, mâchonnement interminable qui peut s’accompagner d’un stockage des
aliments dans la bouche et de leur rejet clandestin après ou même pendant le repas
avec une dextérité incroyable.
Certains comportements ont une signification de gravité particulière. La
potomanie, qui peut conduire jusqu’à l’ingestion d’une dizaine de litres par jour et qui
menace directement et gravement leur équilibre hydroélectrique. Le mérycisme,
souvent difficile à mettre en évidence et qui traduit un dysfonctionnement
psychopathologique particulièrement sévère.
Leur contrôle s’exerce également sur l’évacuation de la nourriture par des
vomissements provoqués, la prise de laxatifs et de diurétiques à des doses parfois
considérables qui créent de graves troubles hydroélectriques, intestinaux ou rénaux et
mettent parfois la vie en danger.
L’échec de ce contrôle, sentiment constant dans le vécu intime des anorexiques,
peut se traduire dans les faits, par des accès boulimiques, suivis de vomissements
intermittents ou occupants parfois le devant de la scène.
L’investissement de la sensation de faim est enfin particulier chez les anorexiques
et un bon nombre d’entre elles recherchent et provoquent cette sensation (Kestemberg,
Kestemberg, et Decobert, 1991). Il nous paraît que l’ensemble des besoins du corps
peut faire l’objet d’une méconnaissance de leur nécessité et de leur fonction de garant
de la vie pour être utilisés à des fins de maîtrise. L’hyperactivité et le
surinvestissement de la motricité en sont un exemple démonstratif.

iii. Aménorrhée
Elle survient constamment au cours de l’évolution et représente le troisième
élément de la triade classique. Elle coïncide le plus souvent avec le début de l’anorexie
mais peut aussi la précéder ou la suivre. Elle peut être primaire si la jeune fille n’était
pas encore réglée ou secondaire dans le cas contraire. On peut parler d’aménorrhée
après une interruption de trois mois des règles précédemment régulières, ou de six
mois si elles étaient irrégulières. Sans être directement liée à la perte pondérale, elle
Troubles des conduites alimentaires 20

s’inscrit dans l’ensemble des troubles fonctionnels de l’axe cortico-hypothalamo-


hypophysaire qui accompagne la conduite anorexique. Elle est habituellement un des
derniers symptômes à disparaître.
A côté de cette triade classique, il existe un signe négatif important : l’absence de
troubles mentaux majeurs. On entend par là, l’absence de symptômes de la série
psychotique (délires, hallucinations, signes dissociatifs). Ceci exclut totalement du
cadre de l’anorexie mentale, les restrictions alimentaires sous-tendues par un délire
d’empoisonnement par exemple, ou accompagnant un épisode mélancolique. Certains
auteurs, parmi lesquels Bruch (1961 ; 1962), vont plus loin puisqu’ils rejettent du
cadre de l’anorexie primaire toute forme associée à un quelconque autre symptôme
psychiatrique, par exemple une phobie ou une obsession qui ne concernerait pas
directement le poids ou la crainte de grossir.

b. Autres signes cliniques

L’absence de fatigue et l’hyperactivité motrice s’associent souvent à la diminution


de la durée de sommeil et à des mesures d’ascétisme : se tenir sur une jambe ; marcher
jusqu’à épuisement ; dormir à même le sol ; etc. Mensonges et manipulations de
l’entourage se surajoutent ; la kleptomanie est fréquente, notamment le vol d’aliments.
Pourtant, les éléments de cette triade, s’ils sont nécessaires au diagnostic et si leur
association, leurs modalités de survenue et d’évolution, ainsi que l’âge et le sexe
constituent une constellation très évocatrice, ils ne prennent leur réelle valeur que si on
les intègre à un ensemble d’attitudes psychologiques particulières. Ce sont elles qui
signent l’existence du conflit psychique spécifique de l’anorexie mentale.

i. Vie relationnelle.
La vie relationnelle de l’anorexique est marquée par un comportement paradoxal
qui caractérise en fait l’ensemble de ses conduites : comment tenir à distance de soi ce
dont on ne peut pas se passer.
Trois ordres de réponses se dégagent :

 le maintien d’une relation de dépendance et d’attachement aux objets


d’investissement, réalisant un véritable agrippement (Jeammet, 1994) ;
 la tentative de dénier ces liens et le besoin de ces liens par une affirmation
d’autosuffisance ;
Troubles des conduites alimentaires 21

 la reprise d’un lien avec l’objet sur un mode qui assure sa permanence et
son contrôle par le développement d’une relation d’emprise
sadomasochiste de type manipulatoire (Corcos et al., 2002).

L’attitude de défi exprime bien la situation de contrainte à laquelle la patiente


soumet son entourage.

ii. La sexualité
Elle fait l’objet d’un désinvestissement massif, tant dans ses composantes
physiologiques que dans sa dimension de désir. On observe un défaut d’investissement
érogène du corps. Si une activité sexuelle existe, elle semble se faire sans plaisir,
machinalement et s’inscrit dans les comportements de maîtrise. Par la suite, si une
émergence de désir sexuel est possible, ce domaine reste probablement le plus
conflictuel et le plus profondément insatisfaisant. En revanche, dans la dimension de
maîtrise, les comportements de séduction ne sont pas rares.

iii. Le fonctionnement intellectuel


Il est classiquement considéré comme excellent avec un surinvestissement de ce
domaine, de bons résultats scolaires et des évaluations psychométriques au-dessus de
la moyenne. Il convient cependant de nuancer ce jugement : les résultats sont meilleurs
pour l’apprentissage que pour la créativité et les processus intellectuels sont souvent
pris dans l’organisation défensive anorexique et, de ce fait, finalement entravés dans
leur développement. On y retrouve les caractéristiques du style anorexique : la
boulimie de connaissance, l’hyperactivité intellectuelle, mais aussi l’agrippement,
l’excès de vérification, etc. Le refuge dans « l’intellectualisme pur » prend une valeur
défensive à l’égard des émotions. Cependant, il n’est pas rare que la conduite
anorexique ait un effet stimulant sur les conduites d’apprentissage et que
l’assouplissement de l’anorexie provoque au contraire des difficultés de concentration,
une apathie et une baisse de l’efficience intellectuelle.

iv. L’agressivité
Une approche catégorielle a montré une prévalence du cluster C de troubles de la
personnalité dans 0 à 22 % des patientes anorexiques et une prévalence de cluster B
des troubles de la personnalité dans 2 à 50 % des patientes boulimiques.
Troubles des conduites alimentaires 22

L’agressivité est un noyau important car il peut influencer le traitement et le


devenir des troubles du comportement alimentaire. Le DSM-IV n’inclut pas un trouble
de l’agressivité spécifique mais le considère comme une dimension très importante.
Une basse tolérance à la frustration et de l’agressivité parmi les individus avec des
troubles du comportement alimentaire sont la démonstration que, à la fin, elles peuvent
être la conséquence de relations familiales dysfonctionnelles ainsi que d’expériences
infantiles déplaisantes / négatives (Fassino, Daga, Piero, Leombruni, et Rovera, 2001).
Dans leurs résultats, Fassino et al. (2001) trouvent que les patientes boulimiques
ont tendance à être plus fâchées, spécialement en réaction à une critique ; elles ont
aussi un sentiment de colère plus important face à la frustration et un faible contrôle
des impulsions, ce qui génère la colère et l’irritabilité. Cependant les anorexiques ont
des niveaux pathologiques de tolérance comme conséquence à l’évitement d’un
conflit. Les anorexiques tendent à montrer un niveau médiocre d’assertivité et à
retourner contre elles-mêmes l’hostilité et la colère.

3. La boulimie

La forme clinique la plus caractéristique est la forme compulsive normo-


pondérale évoluant par accès avec vomissements.
La boulimie se caractérise, au contraire, par la récurrence d’accès; de
surconsommation alimentaire, plusieurs fois par semaine ou par jour, quand une jeune
femme perd le contrôle d’une restriction alimentaire qu’elle s’efforce de maintenir en
permanence, dans l’intention de maigrir ou de rester mince. La forme la plus typique
associe les caractéristiques présentées ci-dessous schématisées entre autres par Russell
(1979), Abraham et Beumont (1982), et Beumont (1995).
L’ingestion est rapide, voire frénétique, faite dans un état émotionnel particulier,
mêlant plaisir et excitation, à de la honte et de la culpabilité. Ces derniers s’intensifiant
au fur et à mesure de la crise.
Elle est limitée dans le temps : d’une quinzaine de minutes à plusieurs heures. La
fréquence est variable : de quelques accès par semaine à plusieurs par jour dans les
formes extrêmes. Cette pratique peut être régulière ou survenir par périodes de
plusieurs mois ou semaines avec des intervalles libres de durée variable.
Certaines circonstances précipitant les crises sont identifiables.
Troubles des conduites alimentaires 23

La consommation d’aliments que la personne s’interdit dans son régime ordinaire,


tels que les produits gras et sucrés, à forte teneur calorique, ou bien la prise d’un repas
« autorisé » en quantité supérieure à ce que la personne s’accorde. La quantité prime
toujours sur la qualité, le besoin d’engloutir sur la recherche du goût. Le phénomène
de contre-régulation fait que la personne boulimique, dès lors qu’elle a failli au respect
des règles strictes de son régime, bascule dans l’ingestion sans limite de tout ce qu’elle
s’interdit d’habitude.
Les états émotionnels pénibles sont d’autres circonstances classiques de survenue
d’un accès : ennui, désœuvrement, sentiments de solitude ou d’abandon,
recrudescence d’angoisse ou affects dépressifs, difficultés à se mettre au travail ou
encore appréhension avant un rendez-vous.
Une joie ou une satisfaction peut aussi précipiter une crise mais plus rarement,
comme pour fêter le succès ou la nouvelle à l’origine de cette bonne humeur.
Le retour au domicile familial de jeunes filles parties en internat ou dans un studio
pour mener des études, et qui, souvent, mangent peu durant la semaine. Les week-ends
ou les vacances donnent lieu à un rattrapage sous forme de boulimie qui fait reprendre
le poids perdu pendant la semaine.
L’envie peut apparaître soudainement et déclencher une crise immédiate ou bien
s’intensifier au long de la journée et donner lieu a une préparation méthodique : choix
des aliments, tournée de plusieurs commerces par souci de discrétion, précautions pour
ne pas être dérangée pendant l’accès, etc.
La personne peut lutter contre l’envie, aggravant la sensation de tension intérieure
déjà présente quand l’idée de manger est apparue. La crise dissipe cet état de tension et
produit un soulagement transitoire. La personne peut aussi céder sans résistance, sans
débat de conscience, la boulimie devenant une habitude comme une autre. Ce genre
d’automatisme s’observe plutôt dans les formes débutantes, avant la prise de
conscience de la gravité du trouble, ou bien dans les formes anciennes, quand des
années d’évolution ont engendré une résignation.
La consommation se fait en cachette, dans la solitude. Des rendez-vous sont
décommandés sur un mensonge, les dîners entre amis écourtés, des stratagèmes
inventés pour expliquer la disparition des provisions.
Le début de la crise procure souvent des sensations agréables : le plaisir de
consommer ses aliments favoris – ceux que le régime restrictif interdit le reste du
Troubles des conduites alimentaires 24

temps – et de consommer sans compter, libérée de toute limite ou contrainte. Les


patientes rapportent parfois un sentiment de jubilation à l’idée de s’offrir l’orgie que
les autres ne pourront jamais se permettre, de supériorité liée à l’impunité (la non-prise
de poids). Les sensations et les émotions agréables tendent cependant à s’émousser
avec le temps. La pénibilité des complications, la détérioration de l’état physique et
psychologique, la conscience d’une dépendance à une conduite qui devient
incontrôlable, et l’anticipation de la honte et du désespoir finissent par gâcher la
satisfaction du premier moment.
Les patientes décrivent le plus souvent un état mental particulier pendant la crise,
marqué par une sorte de dissolution partielle de la conscience : le monde est aboli, les
autres n’existent plus, la pensée s’arrête ; seules des sensations liées à la crise
subsistent. L’impression d’être dans une bulle est fréquemment rapportée. Bon nombre
d’auteurs prêtent à la crise de boulimie la fonction de suspendre le cours de pensées
douloureuses ou angoissantes et d’atténuer des émotions pénibles.
Le malaise physique – tension gastrique, nausée, lassitude une fois l’excitation
retombée – et la peur des conséquences, c’est-à-dire d’une prise de poids, sont
généralement les raisons qui incitent la personne à cesser la crise. Sinon, une
contrainte de temps, la peur d’être surprise par quelqu’un ou, plus simplement
l’épuisement des réserves alimentaires, mettent un terme à l’accès.
Le plus souvent, la personne essaye de neutraliser l’apport calorique massif dû à
la crise. Plusieurs stratagèmes sont possibles, à commencer par les vomissements
provoqués – moyen le plus radical pour limiter l’absorption des aliments ingérés et
calmer la peur de grossir – en stimulant le réflexe glossopharygien avec les doigts ou
un objet long tel que le manche d’une brosse à dents. Une longue habitude permet à
certaines personnes de les provoquer avec une simple pression sur l’abdomen, voire à
volonté, sans effort. Dans certains cas, les vomissements donnent l’illusion d’annuler
la crise et laissent l’impression que celle-ci n’a jamais eue lieu. L’abus de laxatifs, plus
rarement de diurétiques, est une autre manière de tenter de se purger. La
consommation peut atteindre plusieurs dizaines de comprimés par jour, induisant des
diarrhées douloureuses – mais rassurantes – et des complications intestinales sérieuses
à long terme en cas de prise chronique. La décision d’un jeûne ou d’une restriction
alimentaire drastique pour les jours qui suivent est la mesure minimale que prend toute
personne boulimique ou presque, jusqu’à ce que la crise suivante vienne contrarier ce
Troubles des conduites alimentaires 25

projet. L’exercice physique, enfin, peut être pratiqué de manière intensive, après la
crise ou régulièrement au long de la semaine. La course de fond, la natation et le sport
en salle, type aérobic et musculation, sont les disciplines les plus souvent rapportées.
La danse peut l’être aussi, parfois, à condition de donner lieu à une dépense physique
conséquente. La fonction de ces stratagèmes est souvent double : brûler des calories
pour calmer la peur de prendre du poids, souffrir et se punir d’avoir eu la faiblesse de
céder à l’envie de manger.
Un nettoyage de la cuisine et des WC/salle de bains ponctue parfois la crise, ainsi
qu’un brossage de dents, sinon une toilette complète. Outre le souci d’effacer les
traces du méfait, un désir de se purifier est souvent donné comme raison à ce lavage
rituel qui peut prendre beaucoup de temps, parfois plusieurs heures.
Un temps de sommeil succède généralement à la crise, parce qu’un état de torpeur
induit l’endormissement, ou simplement en raison de l’heure tardive des accès, ainsi
qu’éventuellement un vécu de dépersonnalisation. Cet état s’accompagne de douleurs
physiques violentes, surtout abdominales. Des sentiments pénibles accompagnent le
réveil, tels que la honte, la culpabilité et souvent le désespoir. Des idées de suicide
sont alors possibles, ou l’envie de se faire du mal, par exemple en se scarifiant les
avant-bras. Cette détresse psychologique peut aussi survenir à tout moment, dès la
montée de l’envie, particulièrement quand le trouble évolue depuis longtemps.
Comme dans l’anorexie mentale, l’image du corps fait l’objet de préoccupations
exagérées souvent obsédantes. Mais il n’y a pas de distorsion massive de la perception
de la réalité du corps. Le poids est le plus souvent normal, un peu au-dessous des
normes. Cependant, des conduites boulimiques se retrouvent chez des obèses ou des
patientes ayant une surcharge pondérale modérée.
Entre les crises peuvent survenir des conduites de grignotage, de restriction
alimentaire, ou de régimes alimentaires associés à des exercices physiques plus ou
moins extravagants.
Il n’est pas rare que le sujet prépare l’accès et achète ou vole en prévision de
celui-ci la nourriture nécessaire.
L’accès est le plus souvent suivi de vomissements provoqués mais qui, avec le
temps, deviennent quasi automatiques. Après les vomissements, la boulimie peut
reprendre tant que de la nourriture reste disponible.
Troubles des conduites alimentaires 26

B. Classifications de l’anorexie et de la boulimie

Les deux classifications des maladies mentales dont disposent actuellement les
cliniciens et les chercheurs pour harmoniser leurs diagnostics sont la dixième révision
de la Classification Internationale des Maladies (CIM-10) publiée par l’Organisation
Mondiale de la Santé (OMS) (1993) et la quatrième révision du Diagnostic and
Statistical Manual of mental disorders (DSM-IV) publiée par l’Association
Américaine de Psychiatrie (APA) (1996). Les critères des troubles du comportement
alimentaire pour ces deux systèmes sont présentés en Annexe D et Annexe E. On y
voit apparaître une forme particulière : le binge eating disorder.
Le DSM-IV donne en quelque sorte, prééminence à l’anorexie mentale puisque
son occurrence élimine le diagnostic de boulimie, contrairement à la version antérieure
du DSM, le DSM-III révisé, publié aux États-Unis (1989). On y distingue la forme
restrictive de l’anorexie mentale de la forme avec accès de boulimie et comportements
d’élimination (binge / purging).
S’il peut paraître logique de vouloir distinguer deux syndromes que
caractériseraient une restriction avec perte de poids pour l’un et des accès de
surconsommation alimentaire pour l’autre, les réalités rencontrées en clinique font
douter de la pertinence de cette démarche (Da Costa et Halmi, 1992) : la majorité des
anorexiques mentales évoluent vers une boulimie à un moment de leur évolution
(Treasure et Collier, 2001), et une minorité de boulimies évoluent vers une anorexie
mentale restrictive, les enquêtes épidémiologiques suggèrent que les formes tronquées
seraient cinq fois plus fréquentes (Dancyger et Garfinkel, 1995). Les catégories binge
eating disorder et eating disorders non otherwise specified (troubles du comportement
alimentaire non spécifiés) ont été proposées pour cette raison. Mais quelle limite un
clinicien doit-il retenir pour déclarer qu’un trouble du comportement alimentaire est
« cliniquement significatif » ? Est-il justifié de basculer un cas d’anorexie mentale en
troubles du comportement alimentaire non spécifiés parce qu’il manque l’aménorrhée
sous contraception hormonale (Palmer, 2003) ? Malgré la vocation de certaines
catégories diagnostiques expérimentales, isolées pour que les chercheurs puissent les
étudier de façon plus approfondie, certaines de ces catégories s’érigent déjà en entités
cliniques propres ; sans justifications empiriques suffisantes, du moins à ce jour. Il en
est ainsi du binge eating disorder et du night eating syndrome.
Troubles des conduites alimentaires 27

1. « Binge eating disorder »

Ce trouble se différencierait de la boulimie par le non contrôle, ou presque, du


poids et l’étalement de la consommation alimentaire boulimique dans la journée
(Annexe F). Les sujets sont surpondérés et même fréquemment obèses. Le seuil de
définition est formulé en journées de surconsommation boulimique et non pas en
crises : un minimum théorique de deux journées par semaine est requis pour poser le
diagnostic. L’expérience clinique fait cependant douter de la pertinence de ce seuil
puisque les personnes rapportant une journée de surconsommation par semaine ne sont
pas différentes de celles qui en signalent deux jours par semaine, ce que confirment
des études mesurant les divers aspects de la psychopathologie associée à ces troubles
avec des instruments validés. La limite de six mois, au lieu des trois retenus pour la
boulimie typique, est aussi discutable et pour les mêmes raisons. Une mesure de la
prévalence du binge eating disorder aux États-Unis indique une augmentation de 60 %
du taux si l’on réduit le seuil de six à trois mois (Grilo, 2002). Les études de Striegel-
Moore & Franko et Dingemans, Bruna et van Furth aux États-Unis ont trouvé une
prévalence du binge eating disorder d’1 à 3 % (Grucza, Przybeck, et Cloninger, 2007).
La différence est considérable, elle justifie une clarification des raisons précises qui
justifient le choix de ce seuil.
Le binge eating disorder serait deux à trois fois plus fréquent que la boulimie, il
concernerait 10 % des personnes obèses et 20 à 40 % de celles qui se présentent à une
consultation de nutrition (Widiger et al., 1998). La détresse associée à ce trouble est
probablement une motivation supplémentaire qui pousse les patients à accomplir cette
démarche. Les études d’évaluation de cette détresse, des troubles psychologiques
associés et du retentissement sur le fonctionnement social font apparaître des résultats
comparables à ceux des sujets présentant une boulimie et significativement supérieurs
à ceux des personnes obèses non affectées de ces troubles. Dépression (d’intensité
sévère), alcoolisme et abus de substances toxiques (en particulier chez les sujets
masculins), et troubles anxieux ont une probabilité de survenue élevée (Spitzer et al.,
1992 ; Spitzer et al., 1993).
Les arguments qui incitent certains chercheurs à donner au binge eating disorder
un statut d’entité clinique propre sont, selon Grilo (2002), les suivants :
Troubles des conduites alimentaires 28

 chez 35 à 55 % des sujets, l’apparition de la conduite boulimique aurait


précédé celle de la restriction alimentaire. L’ordre inverse caractérise
l’histoire naturelle de la boulimie typique ;
 la sex-ratio est plus équilibré : trois femmes pour deux hommes ;
 l’âge moyen de première consultation est de 30 à 50 ans ;
 les études comparatives produisent des résultats significativement
différents pour l’estimation des facteurs de risque, l’évolution et la réponse
aux traitements ;
 peu de sujets passent d’une forme à l’autre.

2. Troubles du comportement alimentaire chez l’homme

La symptomatologie est similaire à celle des troubles du comportement


alimentaire observés chez les femmes. La notion classique d’une plus grande
comorbidité avec la schizophrénie n’a pas été corroborée par les études récentes mais
une plus grande fréquence de troubles de la personnalité de type obsessionnel
compulsif, antisocial et borderline a été signalée (Pigott et al., 1991 ; Sharp, Clark,
Dunan, Blackwood, et Shapiro, 1994). L’autre notion classique d’un plus mauvais
pronostic chez l’homme n’est pas non plus confirmée : les évaluations de traitement
sont certes peu nombreuses mais leurs résultats ne permettent pas de conclure que les
hommes répondent plus mal aux thérapies que les femmes (Andersen, 1992 ; D. B.
Herzog, Norman, Gordon, et Pepose, 1984). Les investigations de l’orientation
sexuelle ont produit des données contradictoires de sorte qu’il n’est pas non plus
possible d’affirmer que l’homosexualité est plus fréquente chez l’homme atteint d’un
trouble de comportement alimentaire (Burns et Crisp, 1984 ; Pope, Hudson, et Jonas,
1986). Le faible niveau d’activité et/ou la perte d’intérêt sexuel sont observés, comme
chez les sujets de sexe féminin.
Décrites par Morton (1694), les formes cliniques masculines demeurent
relativement rares, de l’ordre de 10 % des cas, mais ce chiffre est sous-évalué, car très
peu d’études en population générale ont été menées. Ainsi, l’étude de Woodside et al.
(2001) retrouve en population générale une prévalence de 0,16 % selon les critères du
DSM-IV avec une sex-ratio de 25 %. Le tableau clinique se rapproche de celui
féminin avec une prédominance des formes avec boulimie et vomissements. La perte
de toute libido et de toute érection est considérée comme l’équivalent de l’aménorrhée.
Troubles des conduites alimentaires 29

Une obésité prémorbide est fréquemment retrouvée (Carlat, Camargo, et Herzog,


1997 ; D. B. Herzog et al., 1984 ; Sharp, Clark, Dunan, Blackwood, et Shapiro, 1994).
Pendant longtemps, la conduite anorexique du garçon a été considérée comme un
mode d’entrée dans une pathologie psychotique. De nombreux auteurs (Dally et
Gomez, 1979 ; Minuchin, Rosman, et Baker, 1978) décrivent désormais des modalités
évolutives comparables aux formes féminines. Ainsi, Andersen (1992) ont étudié les
particularités cliniques et le fonctionnement mental des hommes présentant des
troubles du comportement alimentaire. Leurs études, concernant tant les mécanismes
psychopathologiques de ces troubles que leurs approches thérapeutiques dans l’un et
l’autre sexe, concluent à des résultats comparables. L’expérience amène néanmoins à
considérer que les garçons présentant une anorexie mentale sont plus souvent
concernés par des troubles graves de la personnalité mettant en jeu leur sentiment
d’identité et plus particulièrement leur identité sexuée.
Une comorbidité importante avec les troubles de l’humeur et les troubles
obsessionnels compulsifs a été constatée. De plus des antécédents familiaux de
troubles de l’humeur (20 %) et d’alcoolisme (20 %) ont été mis en évidence (Carlat et
al., 1997 ; Sharp et al., 1994 ; Striegel-Moore, Garvin, Dohm, et Rosenheck, 1999 ).

C. Autres formes de troubles du comportement alimentaire

De nombreux cas de suralimentation ne répondent pas aux critères diagnostiques


de la boulimie ou du binge eating disorder et relèvent de mécanismes
étiopathogéniques distincts. Dans de nombreux cas de surpoids par exemple ou
d’obésité, l’hyperphagie causale ne revêt aucun caractère compulsif, correspondant à
des habitudes alimentaires souvent familiales ou à des modes de vie déterminés par
des activités socioprofessionnelles. Des accès de gloutonnerie peuvent s’observer dans
certaines pathologies mentales majeures nécessitant une surveillance pour éviter
fausses routes et décès par asphyxie. Ces accès peuvent survenir chez des patients
délirants, schizophrènes, déments, arriérés mentaux, comprenant parfois l’absorption
de substances non nutritives dans le pica (cf. infra).
Troubles des conduites alimentaires 30

1. Potomanie

La potomanie consiste en un besoin très fréquent, voire permanent, d’ingérer de


très grandes quantités de liquides. Elle se rencontre dans certains cas de troubles
alimentaires mais aussi au cours du diabète insipide et des hyposialorrhées. On
distingue la potomanie, l’ingestion permanente de grandes quantités d’eau, de la
dipsomanie, ingestion périodique de grandes quantités de boissons, alcoolisées ou non,
surtout observée dans les troubles périodiques de l’humeur. Ici, dans le cas de la
potomanie, la prise excessive des boissons est souvent décrite comme compulsive.
Chez les patientes anorexiques, elle correspond surtout à un besoin exprimé de « se
purifier » et d’« éliminer les calories » mais aussi d’éprouver une satisfaction et un
véritable bien-être du fait de faire couler de l’eau à l’intérieur de son corps. Lorsque la
potomanie atteint 8 à 10 l d’eau par jour, de graves déséquilibres métaboliques
peuvent survenir avec hyponatrémie, risque de convulsions et coma. Ce sont surtout
des altérations de la conscience que recherchent certains adolescents désargentés qui,
lors de soirées, remplacent les drogues par de l’eau pouvant aller jusqu’au coma
mortel. Le traitement des potomanies rebelles est assez décevant ; il ne peut être
dissocié du traitement du trouble de la conduite alimentaire.
Chez les boulimiques, l’ingestion de très grandes quantités d’eau est plutôt
destinée à favoriser des vomissements ; ceux-ci entraînent également une
déshydratation et peuvent conduire le sujet à boire plus après avoir vomi.

2. Syndrome du yo-yo ou de « la femme accordéon »

Les régimes successifs chez les patients obèses sont à l’origine de reprises de
poids entre les périodes de diètes que celles-ci soient hypocaloriques, hyperprotidiques
ou d’une autre nature. Ces régimes génèrent constamment des surpoids plus
importants que si aucun régime n’avait été initié. Ce syndrome du « yo-yo » se voit
parfois qualifié de celui de la « femme accordéon ». Ces erreurs diététiques sont
largement entretenues, voire exploitées, sur le plan médiatique avec des
recrudescences saisonnières !

3. Mérycisme

Il s’agit d’une régurgitation du bol alimentaire peu après le repas, en l’absence de


nausée, puis d’une remastication suivie d’une nouvelle ingurgitation, le va-et-vient de
Troubles des conduites alimentaires 31

l’ingestion pouvant se répéter pendant plusieurs minutes, voire une ou deux heures.
Des sensations de plaisir ou d’apaisement sont reportées, le sujet ne signalant pas
d’acidité mais un goût parfois même meilleur au fil des régurgitations successives.
e
Les premières descriptions du trouble remontent au moins au XVII siècle mais
les études scientifiques – où il n’est plus fait mention de phénomènes maléfiques
e
n’apparaissent qu’au XVIII siècle. Les observations portent alors sur des sujets
principalement masculins, allant du trouble isolé chez une personne apparemment
saine aux tableaux de troubles mentaux majeurs avec dénutrition sévère (Parry-Jones,
1994). Si l’on met de côté les mentions anecdotiques de sujets donnés en spectacle
e
dans des cirques ou des foires, les études du XX siècle portent pour l’essentiel, soit
sur des arriérés mentaux en institution, enfants ou adultes, soit sur l’association du
trouble avec l’anorexie mentale et la boulimie (Fairburn et Cooper, 1984 ; Larocca,
1988).
Il n’existe pas, à notre connaissance, de données épidémiologiques rigoureuses :
le mérycisme est en général tenu secret et ne constitue pas un motif de consultation. Le
clinicien peut le rechercher comme trouble associé pour en prendre connaissance. La
notion d’une prédominance masculine n’a pas été confirmée par les travaux avec le
DSM-IIIR mais le ratio selon le sexe exact reste non déterminé. L’âge d’apparition
serait celui de l’enfance selon Parry-Jones (1994).
Les thérapies se sont longtemps limitées aux traitements symptomatiques d’un
reflux gastro-œsophagien. Les divers dispositifs mécaniques de contention visant à
empêcher physiquement la manœuvre puis les thérapies comportementales aversives
(décharges électriques, application de substances déplaisantes, etc.) ont bien sûr été
abandonnés pour des raisons éthique (Chatoor, Dickson, et Einhorn, 1984). Les
orientations actuelles sont d’une part la restauration d’un environnement affectif
rassurant, chaleureux, et l’amélioration des relations interpersonnelles pour les enfants
ou adultes en institution ; d’autre part, les techniques classiques de relaxation et
renforcement positif de comportements alternatifs dans les thérapies
comportementales et cognitives des troubles du comportement alimentaire (Fairburn et
Cooper, 1984 ; Larocca, 1988 ; Levine, Wingate, Pfeffer, et Butcher, 1983). Les
travaux de gastroentérologie sur le mérycisme restent rares (Gillion, Metman, Picon, et
Dorval, 1991) et l’utilité, tant des explorations manométriques que des interventions
chirurgicales, n’est pas établie.
Troubles des conduites alimentaires 32

4. Pica

C’est l’ingestion répétée des substances non alimentaires : par exemple de la terre,
des poils, des plantes non comestibles, de petits objets, notamment métalliques... Ce
trouble du comportement survient principalement chez des enfants présentant un
autisme ou une arriération mentale, plus rarement à l’âge adulte en association avec les
mêmes déficits (OMS, 1993). Il est à distinguer des banales ingestions occasionnelles
de la petite enfance ou de consommations impulsives liées à un délire schizophrénique
ou à un dément.

D. Image du corps dans les troubles du comportement alimentaire

Les critères du DSM-IV exigent comme critère, pour le diagnostic d’anorexie


mentale et de boulimie nerveuse, un trouble de l’image du corps ainsi qu’une
minutieuse investigation de l’image du corps pour effectuer un diagnostic différentiel
entre les troubles du comportement alimentaire et troubles alimentaires similaires tels
que, par exemple, la perte d’appétit dans la dépression. Les critères diagnostiques du
CIM-10 exigent aussi l’existence d’une « distorsion de l’image du corps » comme une
psychopathologie spécifique, où la peur de grossir persiste d’une façon intrusive.

1. Origine du concept de l’« image du corps » et son évolution

Comprendre dans une perspective moderne l’« image du corps » exige une
élaboration autour de la longue construction historique de ce concept.
Schilder (1935) peut être considéré comme celui qui a introduit le concept
d’image du corps dans les sciences sociales. C’est lui qui a fait évoluer, d’après le
neurologue britannique Head (1920), le concept de modèle neurologique de schéma
corporel en l’inscrivant dans une dimension psychologique et sociale. Dans cette
optique, l’image du corps inclut les attitudes en rapport à la forme physique, ainsi
qu’aux expériences intra-physiques telles que les conflits, les défenses, les croyances
et les émotions liées au corps (Lavoisy, 2006).
Pour Schilder (1935) le schéma corporel représente un modèle intégré de toutes
les expériences organiques et psychiques immédiates. Pour Merleau-Ponty (1945) le
concept du schéma corporel dépasse largement les notions d’intéroceptivité, de
proprioceptivité, des sensations tactiles, cénesthésiques et émotives.
Troubles des conduites alimentaires 33

Ce concept multidimensionnel a été élaboré par Kolb (1959) dans une revue
exhaustive de troubles de l’image du corps, mais Bruch (1962) est certainement la
première à avoir reconnu l’importance de l’image du corps dans l’anorexie mentale et
dans l’obésité. Toutefois à ce jour les différentes formes d’expression, les mécanismes
d’action et la relation de ce dernier au traitement ne sont pas encore claires.
Schonfeld (1966) a observé que le terme ego du corps, estime de soi, concept de
soi, image de soi, auto-identité, auto-expérience, schéma du corps, ainsi que image du
corps ont été utilisés d’une façon interchangeable dans la littérature avec des
significations différentes. Similairement, l’image du corps a été opérationnellement
définie ou mesurée en utilisant une variété de méthodes différentes qui incluent : les
techniques projectives, les dessins de silhouettes, les questionnaires, les tests de
perception sensorielle, les entretiens cliniques et les épreuves d’estimation de la taille
en utilisant des signaux tactiles.
Shontz (1969) a été le premier à diriger les recherches sur l’image du corps loin
de la domination des idées psychodynamiques. Il a souligné le passage d’un concept
neurologique à un concept psychodynamique en remplaçant le mot « corps » par
« image du corps », en parlant plutôt d’études multifactorielles autour des expériences
du corps.
Il a insisté sur l’utilisation des différentes méthodes scientifiques en encourageant
l’intégration de différentes théories : la psychologie de la gestalt et la théorie
cognitive. Il cherchait à retourner de l’image à l’image du corps, en articulant
dimensions cognitives et perspectives d’expériences corporelles.
Différents auteurs ont décrit les déficits ou les distorsions chez les patientes
anorexiques et boulimiques par rapport à l’expérience corporelle. En utilisant un
questionnaire des adjectifs de satiété, Garfinkel (1974) a trouvé que les anorexiques
ont des sensations erronées de satiété par rapport à un repas normal. Beaucoup des
patientes avec troubles du comportement alimentaire montrent de la confusion liée à
des sensations affectives et internes.
Pour Buvat et Buvat-Herbaut (1978) les anorexiques semblent incapables
d’intégrer leur corps réel. Il semble s’agir d’une impossibilité d’intégrer une image
cohérente des détails dont certains peuvent être bien perçus séparément.
Incapable d’intégrer l’image de son corps réel, l’anorexique semble voir dans le
miroir son corps imaginaire. La balance est le repère le plus souvent utilisé et la pesée
Troubles des conduites alimentaires 34

est l’un des moments clefs de la journée, et dans certains cas, ritualisée. L’importance
de la mauvaise perception de l’image corporelle semble être un critère d’évolutivité de
l’anorexie mentale pour la majorité des auteurs, puisqu’elle est habituellement
proportionnelle à l’amaigrissement et à l’importance des troubles du comportement
alimentaire.
Contrairement à la non-perception de sa maigreur, la perception de la maigreur
des autres est nette. Malheureusement, la connaissance du schéma corporel et de ses
modalités d’acquisition reste encore assez floue de nos jours.
Pour Buvat et Buvat-Herbaut (1978) la distorsion de l’image corporelle semble un
critère d’évolutivité de l’anorexie mentale, puisqu’elle semble être proportionnelle à
l’amaigrissement et à l’importance des troubles du comportement alimentaire. Sa date
d’apparition signe, peut-être, le début réel de l’affection au cours d’un régime, au
départ banal, symptôme clef de la maladie.
D’autres auteurs ont souligné le rôle central de l’insatisfaction corporelle dans la
genèse de l’anorexie mentale et de la boulimie nerveuse. Pour Garner, Garfinkel et
Bonato (1987) l’insatisfaction corporelle tend à être plus importante chez les
boulimiques que chez les anorexiques, les deux groupes ayant des niveaux
d’insatisfaction qui les distinguent des échantillons non cliniques.
Les manifestations cliniques sont perceptives, cognitives et affectives, amenant à
une perte de poids et à l’hospitalisation, cependant, cela n’a pas été confirmé par tous
les auteurs (Garner et al., 1987). Le fait que les différentes méthodes d’estimation des
troubles de l’image du corps ne soient pas fortement corrélées peut indiquer que
chaque mesure évalue les différents composants d’une construction qui reste très
complexe.
Krueger (1989) disait que la pensée psychodynamique moderne peut expliquer les
différentes facettes du fonctionnement de l’image du corps, incluant les influences de
l’attachement et d’autres processus de formation de l’image du corps.
La décennie 1990 a été une période importante dans l’évolution du concept
d’image du corps, avec un passage du point de vue psychodynamique de l’image du
corps à une perspective cognitivo-comportementale et féministe. Les années 1990
représentent une période productive du développement conceptuel, psychométrique et
thérapeutique. On assiste, durant cette période, à une approche de nature
Troubles des conduites alimentaires 35

multidimensionnelle par rapport à l’image du corps. L’image du corps est, en effet, un


phénomène multidimensionnel.
Pour Fisher (1990), l’étude de l’image du corps était du domaine exclusif des
neurologistes. La théorie de Fisher autour de l’image du corps se focalise autour des
concepts de barrière et de pénétration, qui se positionne à manifester la résistance ou la
perméabilité des limites de l’image du corps. Il utilise pour les investigations des
méthodes projectives.
Slade (1994) rapporte que dans la plupart des cas d’anorexie mentale existe une
perturbation des mécanismes intégrateurs, permettant la prise de conscience du corps
du patient lui-même. Ces anomalies prédominent au niveau de la méconnaissance de
leur propre maigreur.
Thompson, Heinberg, Altabe, et Tantleff-Dunn (1999) suggèrent qu’il y a d’autres
mots pour définir les différentes composantes pour parler de l’image du corps. Ils ont
donné une liste de 16 définitions : l’insatisfaction pour le poids ; la perception exacte
de la taille ; la satisfaction corporelle ; la satisfaction de l’apparence physique ;
l’évaluation de l’apparence physique ; l’estimation du corps ; la perception du corps ;
la distorsion du corps ; l’orientation de l’apparence ; l’inquiétude pour le corps ; la
dysphonie du corps ; la dysmorphie du corps ; le schéma corporel ; le trouble de
l’image du corps. Tous sont des synonymes de l’expérience corporelle.
Finalement, la plus neurologique tend à le définir en terme de schéma corporel, la
plus psychologique tend à le définir en terme d’émotions et attitudes autour de son
propre corps (Bruch, 1973 ; Garner et Garfinkel, 1981 ; L. K. George Hsu et
Sobkiewicz, 1991 ; Shontz, 1974).

2. Hypothèses théoriques sur l’image du corps

a. L’étiologie socioculturelle.

Les cultures occidentales sont préoccupées par l’augmentation de l’idéal féminin,


fin qui encourage les régimes chez les jeunes filles et les femmes (Fairburn, Welch,
Doll, Davies, et O'Connor, 1997 ; Jaeger et al., 2002 ; Patton, 1992).
Beaucoup de recherches argumentent l’idée que les facteurs socioculturels ont une
des plus fortes influences dans le développement de l’image du corps dans les pays
occidentaux (Thompson et al., 1999). Un modèle théorique socioculturel souligne le
Troubles des conduites alimentaires 36

fait que les standards de beauté dans la société actuelle insistent excessivement sur
l’importance de la minceur, ainsi que sur d’autres standards de beauté irréalistes
(Tiggemann et Pickering, 1996 ; Tsai, Curbow, et Heinberg, 2003). Cette théorie
souligne le fait que les standards de minceur chez des femmes sont omniprésents et
malheureusement impossibles à atteindre pour la majorité d’entre elles (Thompson et
Heinberg, 1999).

b. La théorie féministe.

Certaines de ces théories se développent autour des influences socioculturelles, en


expliquant que la culture de la minceur est une façon par laquelle des sociétés
patriarcales peuvent effectivement subjuguer les femmes, et où les femmes ont été
probablement soumises à l’idée que, pour avoir du succès, elles doivent être
suffisamment attirantes (Gilbert et Thompson, 1996 ; Smolak et Murnen, 2004).
D’autres proposent que pour arriver à contrôler leur vie, les femmes doivent se
définir elles-mêmes par leur forme corporelle et leur apparence, quelque chose qui est
et doit être sous leur contrôle (Dworkin, 1988).
Finalement, les théories féministes analysent le rôle des troubles du comportement
alimentaire comme une façon pathologique de diriger et canaliser l’anxiété autour de
l’apparence féminine, de la sexualité et de la réussite (Larkin, Rice, et Russell, 1996).

c. La théorie des attentes sociales.

Pour cette théorie, les attentes venant de la culture influencent les perceptions et
les comportements des autres, ainsi qu’elles influencent l’auto-perception des autres.
Cette théorie donne les hypothèses suivantes :

 il y a un consensus à l’intérieur des cultures autour de ce qui est attirant,


avec une certaine variabilité ;
 il y a un consensus des attentes autour de ce qui est attirant ou non chez les
autres ;
 les gens se comportent différemment par rapport à l’attirance ou non des
autres ;
 les comportements différentiels des gens envers l’attirance ou non des
autres restent différents selon la façon dont les autres réagissent ;
Troubles des conduites alimentaires 37

 ces différences comportementales se situent dans la différence de l’auto-


concept d’attirant ou non.

d. Caractéristiques de la personnalité.

Les chercheurs ont ici essayé d’examiner les variables qui prédisposent certaines
personnes au risque majeur d’influences socioculturelles. Pourquoi certaines
personnes sont plus sensibles que d’autres à la socialisation culturelle ?
Une différence individuelle dans la tendance à intérioriser l’idéal de minceur a été
le sujet de récentes recherches (Durkin et Paxton, 2002 ; Stice et Shaw, 2002).
L’internalisation signifie s’approprier des valeurs spécifiques au point qu’elles
deviennent part de son propre système de croyances. Il en résulte une autocanalisation
des comportements individuels afin de se conformer à ces idéaux. Les recherches
préventives ont montré que l’internalisation peut être un facteur de risque pour
développer des perturbations alimentaires (Thompson et Stice, 2001).
Selon la théorie de la comparaison sociale, des personnes s’engagent dans les
comparaisons par rapport à l’apparence afin de déterminer leur statut ou leur rang.
Souvent ces comparaisons prennent la forme des « comparaisons ascendantes » dans
lesquelles la cible de comparaison est quelqu’un de plus attirant ou de plus mince. Des
travaux ont montré que cela peut jouer un rôle important comme indice de l’image du
corps et des troubles du comportement alimentaire (Heinberg et Thompson, 1992 ; van
den Berg, Thompson, Obremski-Brandon, et Coovert, 2002 ; Wertheim, Paxton, et
Blaney, 2004).

e. Quelques perspectives psychodynamiques sur l’image du corps

Dans cette perspective le corps et l’évolution de ses représentations mentales


forment les bases du sens de soi. L’image du corps est un cumul d’images, des
fantaisies et des significations autour du corps et de ses différentes parties. Elle est une
composante importante et fondamentale de l’image de soi.
Elle se forme à partir de trois phases ou étapes :

 l’expérience physique précoce du corps ;


 la conscience précoce de l’image du corps intègre l’inné et les expériences
extérieures, les formes spécifiques de la superficie du corps et des limites
du corps ainsi que l’état interne ;
Troubles des conduites alimentaires 38

 la définition de cohésion de son propre corps comme base de la conscience


de soi.

Bruch (1962), qui a été la première à suggérer qu’il y avait un trouble de l’image
du corps dans l’anorexie mentale, a décrit trois troubles différents dans l’expérience du
corps :

 des troubles dans la perception du corps ;


 des troubles dans les sensations affectives et internes ;
 un sens d’inefficacité globale.

Pour Bruch, l’idée est que les biais autour de l’image du corps et les erreurs
perceptives peuvent être liés à des expériences d’inefficacité. L’inefficacité inclut un
sentiment de bonheur et de passivité ainsi que des difficultés à maîtriser les fonctions
du corps. Par conséquence, cette perception serait influencée et dirigée par des forces
externes.
Plus tard elle inclut, dans la distorsion de l’image du corps, les perturbations
suivantes :

 la conscience cognitive du corps lui-même ;


 la conscience intéroceptive des sensations du corps ;
 un sentiment de contrôle sur une des fonctions d’une ou plusieurs parties
du corps ;
 des raisons affectives sur la réalité de la configuration corporelle ;
 sa propre estimation par rapport à la désirabilité de son propre corps par
les autres.

Cependant, elle n’a pas proposé une définition de l’image du corps. Elle a utilisé
ce terme pour inclure une variété de pensées et d’attitudes par rapport au corps.
En utilisant le modèle du développement cognitif de Piaget, Bruch dit que
l’expérience du développement des anorexiques s’arrête et n’évolue pas dans le stade
du processus d’accommodation, avec un relatif déficit de la façon d’assimiler. Cette
conception de l’image du corps est partagée aussi par Halmi, Goldberg et Cunningham
(1977) qui trouvent que la survenue de l’auto-estimation augmente dès que les jeunes
filles deviennent plus âgées.
Troubles des conduites alimentaires 39

Lacan (1949) insiste sur l’importance des caresses de la mère, permettant au


nourrisson d’intégrer en un ensemble cohérent, les multiples sensations intéro-, extéro-
et proprioceptives qui constituent à ce stade le corps propre. Pour Lacan, de l’attitude
de la mère dépendra une bonne ou mauvaise intégration du schéma corporel.

f. D’autres points de vue et recherches

Crisp (1980) a évoqué que l’anorexie mentale évolue vers un évitement de la


maturité biologique chez les adolescents vulnérables, en réponse aux conflits et aux
attentes des adultes. La tendance de certaines anorexiques à surestimer leur forme
corporelle d’une façon similaire aux jeunes filles, peut indiquer une forme de
régression qui est étendue à cette dimension perceptive particulière.
Crisp et Kalucy (1974) ont observé que, après la reprise du poids, les patientes
anorexiques persistaient dans leur surestimation et que le niveau de cette dernière
serait liée à leur poids individuel prémorbide.
Sands et Wardle (2003) proposent un modèle interprétatif où les Médias, les
parents et les différentes peurs sont des influences clés dans le développement de
l’insatisfaction corporelle. Les recherches consacrées au développement de la minceur
idéale internalisée, ont trouvé que l’exposition à des images de femmes minces est
associée à des niveaux d’internalisation élevés, cependant les résultats des recherches
expérimentales ont été insuffisants. Cela suggère que l’internalisation peut avoir son
impact comme facteur de risque précoce pour l’adolescence et pourrait avoir une part
d’influence dans le mécanisme encore peu connu de la motivation à suivre des régimes
pendant la préadolescence. Les recherches avec les enfants et les adolescents ont mis à
jour des relations entre l’insatisfaction corporelle et les aspects socioculturelles et
psychologiques.
Les études conduites sur des jeunes adolescents (Cooley et Toray, 2001 ; Ohring,
Graber, et Brooks-Gunn, 2002 ; Stice et Agras, 1998) ont mis en évidence une relation
significative entre l’insatisfaction corporelle et les symptômes alimentaires. Tout
particulièrement chez des adolescentes, l’insatisfaction corporelle semble être un des
plus importants facteurs prédictifs de futurs désordres alimentaires.
Plusieurs études longitudinales (Brooks-Gunn et Warren, 1985 ; Ohring et al.,
2002) sur des adolescents montrent que les filles qui ont une maturation plus précoce
ont un niveau d’insatisfaction corporelle plus important que les autres filles pendant la
Troubles des conduites alimentaires 40

puberté. Ces filles, en effet, semblent avoir moins de temps pour se développer
émotionnellement et cognitivement.
Certains auteurs (Keski-Rahkonen et al., 2005 ; Ohring et al., 2002) affirment que
les symptômes qui définissent les troubles du comportement alimentaire peuvent être
une manifestation d’une mauvaise adaptation à l’adolescence ainsi qu’un
bouleversement dans le processus d’attachement pendant la période de l’attachement
(O'Kearney, 1996 ; Rhodes et Kroger, 1992 ; Sharpe et al., 1998 ; A. Ward, Ramsay,
et Treasure, 2000 ; A. Ward, Ramsay, Turnbull, Benedettini, et Treasure, 2000).
Les carences maternelles et paternelles et des attentes parentales élevées semblent
être pour d’autres auteurs (De Panfilis, Rabbaglio, Rossi, Zita, et Maggini, 2003 ;
Fairburn, Cooper, Doll, et Welch, 1999 ; Fairburn et al., 1997 ; Hill et Franklin, 1998)
un facteur de risque pour le développement des troubles alimentaires.
En effet l’adolescence est un période complexe de développement avec un certain
nombre de changements physiques et psychologiques. Chez les adolescentes,
l’augmentation du poids corporel amène un changement de l’apparence physique, des
sentiments corporels qui exigent une réorganisation et une transformation de l’image
du corps (Attie et Petersen, 1990).
Par contre, chez les garçons, la prise de poids se distribue dans une augmentation
de la masse musculaire ; chez les filles avec un dépôt de poids au niveau de
l’abdomen, les fesses et les cuisses (Tanner, 1989). Ce sont les endroits où elles
focalisent majoritairement leur attention.
Les conséquences d’un moral bas sur l’insatisfaction corporelle se manifestent
avant la puberté. Cette insatisfaction corporelle s’est trouvée être corrélée à des
inquiétudes par rapport aux régimes chez des petites filles et des petits garçons
(McCabe et Marwit, 1993).
Le poids des garçons passe de 40,5 kg à 56 kg entre 13 et 15 ans, soit une
augmentation de 38 % en deux ans. Les filles passent de 34 kg à 47,5 kg entre 11 et 13
ans, soit une augmentation de 40 % pendant leur croissance maximale (Tanner et
Whitehouse, 1975). La proportion moyenne de masse graisseuse chez les filles change
de 8 % à la moitie de l’enfance, à 22 % après la puberté (Tanner, 1989).
Troubles des conduites alimentaires 41

g. Les expériences interpersonnelles (les histoires des moqueries)

Des antécédents de moqueries ont été trouvés dans les pratiques de régimes et de
perte de poids. Les moqueries peuvent affecter l’image corporelle des individus en
surpoids.
Les parents peuvent aussi, sans vouloir, pousser la transmission et le renforcement
de standards socioculturels de minceur et d’apparence chez leurs enfants.
Mais, trop de confusion existe encore sur la signification exacte du concept de
troubles de l’image du corps. Hsu et Sobkiewicz (1991) ont trouvé 19 articles publiés
depuis 1982, articles qui ont tenté d’investiguer les atteintes de l’image du corps dans
les troubles du comportement alimentaire. Mais, les résultats de ces recherches ne
semblent pas avoir été spécifiés très clairement.

h. Situations et événements déclencheurs

Différentes recherches ont aussi examiné les effets et la période de la puberté dans
le développement de l’image du corps. En général, les recherches appuient l’idée
qu’un indice de masse corporelle plus haut est lié à l’insatisfaction de l’image
corporelle, avec le poids, la forme et l’apparence. Cependant, la relation entre indice
de masse corporelle et image du corps reste aujourd’hui complexe.
Hill et Franklin (1998) arrivent à la conclusion que les mères peuvent avoir un
rôle important dans la transmission culturelle concernant le poids, la forme et
l’apparence physique.
Les caractéristiques démographiques telles que l’ethnicité, le statut socio-
économique et l’âge sont corrélées d’une façon significative (Ogden et Thomas, 1999 ;
Rodriguez Martin, Novalbos Ruiz, Martinez Nieto, Escobar Jimenez, et Castro de
Haro, 2004 ; Striegel-Moore et Smolak, 2002) à des variables importantes. Le
désagrément entre l’obsession pour la forme corporelle et la minceur dans les sociétés
occidentales et la réalité de l’augmentation progressive du poids du corps, crée
actuellement une insatisfaction répandue autour du poids et de la forme corporelle.
Les sentiments par rapport à une ou des parties du corps sont invariablement liés à
l’estime de soi (Fabian et Thompson, 1989 ; Rabe-Jablonska, 1997). Beaucoup
d’auteurs (Durkin et Paxton, 2002 ; R. A. Gordon, 1991 ; Thompson et Heinberg,
1999 ; Tiggemann et Pickering, 1996) soulignent l’influence des Médias qui insistent
sur l’importance de la minceur comme gage du succès.
Troubles des conduites alimentaires 42

D’autres facteurs de risque peuvent encore être cités : le perfectionnisme,


certaines croyances morales et religieuses, ainsi que l’impact psycho-sexuel de la
puberté (Gowers et Shore, 2001).
Dans les troubles de l’image du corps il y a une distorsion qui reflète les idées du
patient, les images internes, les pensées ou ses émotions liées à son propre corps (Gila,
Castro, Toro, et Salamero, 1998).
La surestimation a été considérée comme un facteur indicatif d’un possible échec
thérapeutique et une rechute nécessitant une rehospitalisation.
Cash et Brown (1987) ont souligné que la majorité de recherches ont utilisé des
mesures de distorsion perceptive, incluant la distorsion du corps au miroir, la
distorsion d’images photo et la distorsion d’images vidéo. Ces auteurs se sont
interrogés sur la validité d’autres mesures perceptives car ils considèrent que les
mesures subjectives discriminent mieux que les mesures perceptives (Mizes, Heffner,
Madison, et Varnado-Sullivan, 2004).
Dans leurs études, (Kimm et al., 2002 ; Perez et Joiner, 2003) ont trouvé que les
filles noires ont un indice de masse corporelle plus élevé que les filles blanches,
disparité qui devient plus importante avec l’âge.
Ces recherches (Perez et Joiner, 2003 ; Smolak et Striegel-Moore, 2001 ; Story,
French, Resnick, et Blum, 1995) ont montré que les femmes noires ont une image
corporelle plus ronde comparées aux femmes blanches ainsi qu’un idéal corporel plus
élevé, voir ronde, et par conséquent, une insatisfaction corporelle moins importante.
Cette image corporelle plus « forte » pourrait, en effet, les protéger de l’insatisfaction
du rapport au poids. Les recherches (Perez et Joiner, 2003 ; Sorbara et Geliebter,
2002 ; Wilfley et al., 1996) ont aussi montré que les femmes noires sont moins
enclines aux régimes et sont moins inquiètes quant à la prise de poids. Elles semblent
aussi avoir moins de perceptions négatives par rapport à la surconsommation
alimentaire en comparaison aux femmes blanches.
L’image corporelle idéale semble être différente chez les femmes blanches par
rapport aux femmes noires, et ces premières choisissent des idéales plus minces (Cash
et Deagle, 1997).
Le poids et l’insatisfaction corporelle sont associés à des symptômes dépressifs et
à la dysphorie. L’insatisfaction corporelle, et donc les troubles de l’image corporelle,
ont comme conséquence, une augmentation des symptômes dépressifs (Lautenbacher
Troubles des conduites alimentaires 43

et al., 1992 ; McCabe et Marwit, 1993 ; Rierdan et Koff, 1997 ; Stice et Bearman,
2001)
Fernandez-Aranda, Dahme et Meermann (1999) rapportent les points de vue
récents mettant l’accent sur l’importance de facteurs émotionnels ainsi qu’autour des
attitudes concernant l’image du corps et pas simplement les aspects perceptifs de
l’estimation de l’image corporelle. Par conséquent, les recherches sur l’image
corporelle devraient utiliser des techniques d’évaluation différentes qui prennent en
compte les deux aspects, perceptifs et émotionnels.
Les comportements de vérification du corps semblent être une manifestation des
distorsions cognitives qui sont un point central de maintien des troubles du
comportement alimentaire. Ces comportements incluent l’examen de parties
spécifiques du corps, en utilisant la forme des vêtements pour juger la forme ou le
poids, en se pesant fréquemment et en s’étudiant soi-même fréquemment. Des
recherches récentes ont conceptualisé le fait que les vérifications du corps sont une
expression comportementale d’un concept cognitif qui est central dans les troubles du
comportement alimentaire, la surévaluation alimentaire, la forme et le poids. C’est un
aspect fondamental de cette pathologie.
Fairburn, Shafran et al. (1999) ont conjecturé que la vérification du corps grandit
la perception des imperfections en servant à maintenir les préoccupations de la forme
corporelle et les peurs de perdre le contrôle (alimentaire aussi). C’est parce que ces
patientes se concentrent sur chaque petit changement que les fluctuations du poids
peuvent entraîner des changements d’humeur.
L’expérience clinique suggère que ces patientes qui vérifient le corps peuvent
ignorer l’influence potentielle de ces facteurs, et peuvent avoir des cognitions
erronées, en se regardant soigneusement et en confirmant soi-même qu’il faut
renforcer les comportements de vérification du corps. Certaines cognitions peuvent
aussi contrôler et influencer les comportements à venir. De plus, il est possible que les
vérifications du corps puissent servir à maintenir la pathologie restrictive ainsi que les
troubles de l’image corporelle.
Mais, différentes controverses se retrouvent dans la littérature sur l’image du
corps et les troubles du comportement alimentaire. Le principal débat concerne la
nature spécifique des troubles de l’image du corps parmi les troubles du comportement
alimentaire. Le problème semble concerner la définition même de la construction
Troubles des conduites alimentaires 44

d’image du corps. Les chercheurs utilisent une multitude de méthodes pour évaluer
cette construction. Slade (1988) définit ce concept comme l’image que nous avons
dans notre tête de notre taille, notre poids et notre forme corporelle ainsi que nos
sentiments concernant ces caractéristiques et les différentes parties de notre corps.
La majorité des recherches distingue, à la fin, deux modalités du
dysfonctionnement de l’image du corps, appelées « distorsion de la perception du
corps » et « évaluation cognitive dysfonctionnelle ». Les individus avec des troubles
du comportement alimentaire estiment leur taille comme plus forte qu’elle ne l’est
réellement (Lavoisy, 2006). La deuxième modalité concerne les attitudes autour du
corps, souvent en référence à l’insatisfaction corporelle ou au dépréciement. Ces
patientes peuvent être capables d’évaluer soigneusement leur forme, leur poids et leur
apparence mais elles en sont particulièrement insatisfaites.

3. Présentation des différents outils d’évaluation autour de l’image du corps

Au cours des 15 dernières années il y a eu un intérêt croissant pour l’étude des


troubles de l’image corporelle avec un consensus se dégageant sur le fait qu’il s’agit
d’un phénomène multidimensionnel comportant l’aspect perceptif, attitudinal et les
comportements typiques. Différentes mesures d’évaluation ont été développées
concernant les troubles de l’image du corps. Certaines mesures évaluent la distorsion
perceptive, en estimant l’impression perceptive et la surestimation de la taille
corporelle, d’autres mesures évaluent l’insatisfaction corporelle.
Malheureusement, aujourd’hui encore, il n’y a pas une définition universellement
acceptée pour le concept d’image corporelle. L’image du corps fait référence à une
image mentale que la personne a de son apparence physique, cependant il faut y
inclure aussi les attitudes et les émotions de l’individu par rapport à son corps.
Comment le mesurer ? Trois perspectives sont à prendre en compte :

 la perception de l’image du corps ;


 les attitudes autour du corps ;
 les émotions ainsi que les aspects cognitifs.

Il y a cinq différentes techniques utilisées pour étudier la distorsion dans la


perception du corps :
Troubles des conduites alimentaires 45

 le marquage d’image ;
 l’échelle analogique ;
 la distorsion optique ;
 kinesthésique (Kinesthetique Size), qui est peu utilisée ;
 les cartes des silhouettes.

Toutes ces méthodes et techniques pour mesurer l’image corporelle ne sont pas
comparables, voir Tableau 2-1.
Le Body Shape Questionnaire (BSQ) (P. J. Cooper, Taylor, Cooper, et Fairburn,
1987) évalue l’insatisfaction corporelle ainsi que les émotions et les pensées liées au
poids et à la forme corporelle (Lavoisy, 2006).
L’inventaire d’anxiété de Beck (BAI) (Beck, Epstein, Brown, et Steer, 1988) a été
développé pour des femmes souffrant des troubles du comportement alimentaire afin
de mesurer les appréciations négatives autour de la forme corporelle, la familiarité
avec une partie de leur propre corps et l’insatisfaction corporelle générale.
Une deuxième série de questionnaires fait référence à des aspects directement
liées aux troubles du comportement alimentaire : le Eating Disorder Inventory (EDI)
(Garner, Olmsted, et Polivy, 1983) ; le Eating Disorder Evaluation Scale (EDES)
évaluant la sévérité des désordres d’anorexie et de boulimie (Vandereycken, 1993); le
Symptom Checklist (SCL-90) autour des plaintes psychopathologiques (Derogatis,
Lipman, et Covi, 1973) ; l’inventaire de dépression de Beck (BDI) mesure le niveau de
la dépression (Beck, Ward, Mendelson, Mock, et Erbaugh, 1961); et l’échelle d’estime
de soi de Rosenberg (RSE) utilisée pour mesurer l’assertivité (Rosenberg, 1965).
Selon Cash et Deagle (1997) la majorité des recherches sur l’image du corps chez
les troubles du comportement alimentaire ont utilisé des méthodes d’évaluation
perceptifs, et beaucoup de recherches lient les troubles de l’image du corps
uniquement à une distorsion perceptive. Ces méthodes perceptives tombent dans deux
catégories : des procédures d’estimation d’une partie du corps et de la globalité du
corps ou, la distorsion d’images en utilisant une glace ou des technologies visuelles
pour évaluer la forme du corps.
Troubles des conduites alimentaires 46

Tableau 2-1
Méthodes pour investiguer l’image du corps (Skrzypek, Wehmeier, et Remschmidt,
2001)
A. Procédure pour estimer la taille des différentes parties corporelles
Méthode Auteur Technique
Technique d'étrier mobile Gleghorn et al. (1987) Deux compas glissent le long d'un mètre à ruban et
/ Kinesthésique évaluation Reitman et al. (1964) sont déplacés par les sujets examinés pour
de taille correspondre à la largeur des parties de corps
différents
Procédure d'évaluation de Ruff & Barios (1986) Deux points de lumière sont projetés sur un mur et on
taille visuelle Slade & Russell (1973) demande au sujet de modifier la distance entre les
Thompson & Spana (1988) points de lumière jusqu'à ce que ce soit équivalent à la
largeur d'une partie de corps.
Procédure de marque Askevold (1975) Les participants dessinent leur taille de corps perçue
d’image Molinari (1995) sur une feuille de papier attaché à un mur, tenant un
crayon dans chaque main
Appareil de dimension de Gila et al. (1998) Les évaluations de la largeur de parties de corps
corps subjectif différents sont assemblées pour fournir une silhouette
du corps entier

B. Techniques d’évaluation du corps


Méthode Auteur Technique
Déformation de miroir Traub & Orbach (1964) Un miroir réglable déforme la taille du corps entier
dans les plans horizontaux tant que verticaux
Déformation de technique Garner et al. (1987 ; 1976) Les sujets utilisent une lentille anamorphique pour
de photographie Glucksman & Hirsch (1969) ajuster une image photographique déformée d'eux
jusqu'à ce qu'il corresponde avec la taille de leur corps
Technique d'altération Allebeck et al. (1976) Les sujets ajustent la dimension horizontale d'une
vidéo Fernandez et al. (1999) image de TV pour correspondre à leur taille perçue.
Freeman et al. (1984)
Meerman & Vandereycken
(1988)
Smeets et al. (1999)
Méthode d'altération Gardner & Bokenkamp Amélioration de la méthode d'altération vidéo qui
d'écran grandeur nature (1996) utilise une projection grandeur nature du corps
Probst et al. (1997 ; 1995 ; enregistré sur magnétoscope.
1998 ; 1999 ; 1998)
Méthodes de silhouette Bell et al. (1986) Les sujets doivent choisir une silhouette qui les
Furnham & Alibhai (1983) représente le mieux d'une série de silhouettes
Technique d'altération Hennighausen et al. (1999) Les photographies des sujets sont lues dans un
d'image basée ordinateur comme des silhouettes. Le corps entier
informatique aussi bien que les parties de corps peuvent être ajusté.
Troubles des conduites alimentaires 47

E. Symptômes parfois associés aux troubles du comportement


alimentaire

1. Alexithymie

L’alexithymie est une construction psychologique qui avait été proposée par
Nemiah & Sifneos (cité par Sexton, Sunday, Hurt, et Halmi, 1998) et qui faisait
référence à leurs travaux sur des patients souffrants des troubles psychosomatiques.
Leurs investigations ont montré que ces patients ont un style affectif et cognitif
différent par rapport aux patients névrotiques.
Ces différences incluent des difficultés importantes à identifier et à décrire des
états affectifs subjectifs, à distinguer les états émotionnels et les sensations du corps,
un appauvrissement de la vie imaginaire, et un style cognitif qui est orienté
extérieurement.
Ce déficit cognitif est soupçonné d’interagir avec des expériences stressantes et
des prédispositions biologiques qui augmentent la prédisposition à maladie
psychosomatiques et aux troubles du comportement alimentaire (Taylor, Bagby, et
Parker, 1991).
Les caractéristiques de l’alexithymie, et particulièrement une difficulté à
reconnaître et distinguer des états émotionnels des sensations corporelles, ont été
remarquées chez des patientes souffrant d’anorexie mentale (Andersen, 1988 ; Bruch,
1973 ; Garner et Garfinkel, 1982).
Dans les années 1970, Bruch a conjecturé que l’anorexie mentale résultait d’un
déplacement d’émotions négatives de soi sur le corps (Bruch, 1973, 1978). Ses
hypothèses suggèrent que l’insatisfaction de l’image corporelle dérive de l’évitement
de l’expression menaçante d’impulsions ou d’émotions autour d’objectifs adaptés, et
de la direction de telles émotions à des objectifs moins menaçantes, le corps.
Comme déjà décrit dans la littérature, les femmes avec troubles du comportement
alimentaire ont des niveaux élevés d’émotions négatives et de symptômes dépressifs.
Cependant, le déplacement d’émotions négatives peut être juste un effet négatif d’une
basse estime de soi dans l’étiologie des problèmes alimentaires.
Une étude récente de Hayaki, Friedman et Brownell (2002) supporte les
hypothèses de Bruch. Cette étude a trouvé que les femmes avec une augmentation de
l’insatisfaction corporelle tendent aussi à avoir des hauts niveaux d’inhibition
Troubles des conduites alimentaires 48

émotionnelle. Ces résultats illustrent les effets et les relations entre l’indice de masse
corporelle, les symptômes dépressifs et l’assertivité. Geller, Cockell, Hewitt, Goldner
et Flett (2000) affirment aussi que les dimensions de perfectionnisme peuvent
contribuer à l’inhibition émotionnelle.
Certains auteurs et études (Forbush et Watson, 2006 ; Schmidt, Jiwany, et
Treasure, 1993 ; Sexton et al., 1998 ; Zonnevylle-Bender et al., 2004) soulignent une
corrélation des troubles du comportement alimentaire avec l’alexithymie plus
importante chez les patientes ayant des troubles que chez les sujets témoins. Ils
remarquent que les premières ont plus de difficultés dans l’identification et dans la
reconnaissance des émotions liées aux sensations du corps que les autres. Selon
Gowers et Shore (2001) les premières interactions parent/enfant peuvent conduire à
une détérioration d’un état corporel et émotionnel ainsi que de leur propre image
corporelle.
Les résultats de ces études semblent suggérer que, chez les sujets souffrant des
troubles du comportement alimentaire, des relations parentales anormales peuvent
prédire des échecs dans le développement de la capacité à identifier, distinguer et
verbaliser les états émotionnels et corporels ainsi que l’expression des émotions et un
style cognitif de stimuli orienté vers l’extérieur.
En effet, l’image de soi, qui est considérée comme le développement des
croyances et compétences dans le fonctionnement interpersonnel, avec l’émergence du
sens du soi, de l’auto-efficacité et l’estime de soi, semble être strictement liée au
comportement, l’évolution du fonctionnement cognitif et affectif du système
d’attachement (De Panfilis, Rabbaglio, Rossi, Zita, et Maggini, 2003).
En considérant que la majorité des troubles du comportement alimentaire ont leur
démarrage dans l’adolescence, il est aussi évident qu’ils peuvent être une
manifestation d’une négociation non adaptée de l’adolescence et d’un désordre dans le
processus d’attachement pendant le développement. Cette hypothèse fait écho a
d’autres descriptions des relations mères-enfants où les mères ne répondent pas aux
besoins des enfants mais imposent leurs propres besoins (O'Kearney, 1996 ; Palmer,
Oppenheimer, et Marshall, 1988 ; A. Ward, Ramsay, Turnbull, Benedettini, et
Treasure, 2000).
Le résultat de tout cela semble être, pour les auteurs, un manque de conscience
des expériences innées et des failles émotionnelles, des pensées et des sensations du
Troubles des conduites alimentaires 49

corps qui guident le comportement, ainsi qu’une plus importante vulnérabilité


personnelle. Cela amènerait à un non connexion entre les composantes des émotions
subjectives et physiques, et à un dégât dans la régulation émotionnelle. Ce déficit est
appelé alexithymie. Il s’agit d’un construct qui souligne la difficulté dans
l’identification et la distinction des émotions, des sensations du corps, et à une
difficulté dans la communication d’émotions en l’externalisant.
Les descriptions cliniques des patientes avec boulimie ont aussi souligné que ces
patientes ont des difficultés dans l’identification des états émotionnels associés avec le
début des comportements boulimiques (Davis et Marsh, 1986 ; Goodsitt, 1983).
Dans l’étude de Bourke, Taylor, Parker et Bagby (1992), les auteurs ont trouvé
des scores plus élevés à la Toronto Alexithymia Scale (TAS-20) pour les anorexiques
et les boulimiques comparés au groupe contrôle. Par contre, ils ont trouvé des résultats
moins consistants quand le niveau d’alexithymie est comparé à l’intérieur des sous-
groupes de troubles du comportement alimentaire et quand les symptômes reflètent la
sévérité de la pathologie alimentaire.
Mais les études donnent des résultats contradictoires. Dans une étude contrôlée
sur l’alexithymie, Schmidt, Jiwany et al. (1993) ont trouvé que des résultats
inconsistants peuvent concerner l’avenir et le devenir de la comorbidité clinique et la
présence des troubles de la personnalité. De plus, les patientes avec des troubles
alimentaires sont différentes tant au niveau de poids corporel que du niveau de la
dénutrition et la fréquence d’épisodes de purging. Ces symptômes ont été considérés
comme en ayant un effet significatif sur l’humeur et le fonctionnement de la
personnalité (Kleifield, Sunday, Hurt, et Halmi, 1994).
Ces facteurs sont particulièrement importants pour examiner depuis quand
l’alexithymie a été conceptualisée comme une entité clinique (alexithymie secondaire)
et comme un aspect plus stable du fonctionnement de la personnalité (Horton,
Gewirtz, et Kreutter, 1992 ; Parker, Bagby, et Taylor, 1991 ; Sifneos, 1975).
L’étude de Sexton et al. (1998) souligne dans ses résultats que le niveau de
dépression était chez leurs sujets la variable prédictive pour le score total à la Toronto
Alexithymia Scale, suivi d’un trouble de personnalité évitant.
Les résultats de l’étude de Schmidt, Jiwany et al. (1993) suggèrent aussi que les
patientes avec un trouble du comportement alimentaire seraient plus alexithymiques
Troubles des conduites alimentaires 50

que le groupe contrôle, et que les patientes anorexiques auraient des niveaux
d’alexithymie plus élevés que les boulimiques.

2. Perfectionnisme

Différentes études ont lié le perfectionnisme aux troubles du comportement


alimentaire. Le perfectionnisme est un trait de personnalité qui inclut la tendance à
valoriser la précision et l’organisation, la construction et l’effort pour des standards
personnels non réalistes, l’évaluation critique de soi, et des doutes par rapport à la
qualité et l’importance des réussites personnelles.
Bastiani, Rao, Weltzin et Kaye (1995) ont trouvé des scores élevés de
perfectionnisme parmi les patientes avec anorexie mentale. Plus important encore, ces
scores élevés de perfectionnisme persistaient après la reprise du poids. Les patients
anorexiques éprouvent leur perfectionnisme comme auto-imposé, et non pas comme
une réponse aux attentes des autres. Kaye et al. (1998) ont décrit un perfectionnisme
plus important dans les troubles du comportement alimentaire par rapport au groupe
contrôle. Un haut niveau de perfectionnisme a été lié aussi au binge eating (Fairburn et
al., 1998). De plus, le perfectionnisme a été proposé comme un facteur de risque pour
l’anorexie mentale et la boulimie nerveuse (Fairburn, Cooper et al., 1999 ; Fairburn,
Cooper, et Shafran, 2003 ; Halmi et al., 2000 ; Shafran, Cooper, et Fairburn, 2002).
D’autres auteurs ont montré une association entre certaines dimensions de
perfectionnisme et des attitudes alimentaires anormales (Castro-Fornieles et al., 2007).

F. Fonctionnement cognitif dans les troubles du comportement


alimentaire

Il y a 40 ans, Bruch a décrit des distorsions cognitives dans les troubles du


comportement alimentaire.
Les troubles cognitifs perturberaient ainsi le traitement des informations relatives
tant au corps (poids, silhouette, masse grasse), qu’aux aliments (valeur calorique,
« nocivité ») et aux valeurs qu’ils connoteraient (succès, force de caractère,
reconnaissance sociale, valeur personnelle, bonheur...). Il en résulterait notamment une
propension à lier de façon trop étroite l’estime de soi à l’image du corps et au
comportement alimentaire.
Troubles des conduites alimentaires 51

Les biais cognitifs ou les distorsions, particulièrement autour du poids corporel ou


la forme, ont été bien documentés comme étant une cause de préoccupation parmi des
personnes préoccupées par le poids. Ces distorsions incluent des biais dans l’attention,
à la mémoire et pour l’interprétation des stimuli liés à l’alimentation et le poids. Il a
été suggéré que ces biais cognitifs peuvent contribuer au développement et au
maintien d’une pathologie alimentaire en partie par la promotion des préoccupations
par rapport à l’alimentation et au poids (Vartanian, Herman, et Polivy, 2008).
Selon Strauss et Ryan (1988) les théories mettent l’accent sur des facteurs
cognitifs pour expliquer l’étiologie et la perpétuation de l’anorexie mentale et de la
boulimie. Selon ces auteurs, les facteurs cognitifs dans les troubles du comportement
alimentaire sont de trois types : les erreurs logiques, les dérapages cognitifs et la
complexité conceptuelle. Les erreurs logiques sont la surgénéralisation, l’abstraction
sélective, la pensée catastrophique et la pensée rapportée à sa personne. Par dérapage
cognitif, on entend un relâchement conceptuel et une mise à l’épreuve pauvre de la
réalité. La complexité conceptuelle concerne les capacités intellectuelles.
Garner et Bemis (1986 ; 1982 ; 1984) ont aussi souligné l’importance des erreurs
logiques dans le développement et le maintien de l’anorexie mentale et de la boulimie.
Pour Beck (cité par Eiber, Mirabel-Sarron, et Urdapilleta, 2005) la cognition est
une pensée spécifique ou une quelconque activité mentale ayant un contenu verbal.
Beck stipule que le thème cognition fait référence aux processus tels que penser, juger,
imaginer, rêver, etc.
Dans les troubles du comportement alimentaire, les cognitions pathologiques
concernent surtout l’alimentation, l’image du corps et l’estime de soi. Le Tableau 2-2
présente les types d’erreurs de pensée retrouvés chez des patientes.
Clark, Fledman et Channon (1989) ont montré que les femmes anorexiques ont
plus de croyances dépressives concernant soi et l’avenir, et sont plus tristes à cause de
ces pensées comparées aux femmes contrôles. Chez les boulimiques, les pensées
dysfonctionnelles et les croyances irrationnelles ont été trouvées comme
prédominantes par rapport à soi.
Il a été démontré que les femmes anorexiques ont des croyances dysfonctionnelles
plus importantes concernant la conscience, l’estime de soi et l’autoévaluation que les
sujets contrôles (Marshall, Palmer, et Stretch, 1993). D’une façon similaire, ces
femmes ont tendance à se percevoir comme moins compétentes par rapport à des
Troubles des conduites alimentaires 52

sujets avec d’autres troubles psychiatriques et aux groupes non cliniques (Bers et
Quinlan, 1992).

Tableau 2-2
Types d’erreurs de raisonnement (Eiber et al., 2005)

Terme Définition

Raisonnement Raisonnement en termes extrêmes de tout ou rien,


dichotomique ne s’applique pas qu’à l’alimentation mais aussi à
tous les autres domaines de la vie

Personnalisation Tendance à attribuer les événements à ses


caractéristiques personnelles plutôt qu’aux
variables de l’environnement

Pensée magique Établissement d’une relation de cause à effet entre


événements non contingents

Maximalisation Surestimation de la conséquence d’événements


indésirables

Abstraction sélective S’attacher à des détails isolés de telle sorte que la


signification de l’ensemble n’est plus perçue

Généralisation Extraction d’une règle basée sur un événement et


transposée à des situations non semblables

Shafran, Teachman, Kerry et Rachman (1999) ont postulé une distorsion cognitive
spécifique chez les patients avec un trouble du comportement alimentaire: une fusion
pensée-forme. Cette distorsion consiste en la croyance qu’avoir une pensée en lien
avec des événements augmenteraient la probabilité de survenue de ceux-ci et, par
conséquent, une pensée négative équivaudrait à une action négative.
Ces croyances dysfonctionnelles ont été examinées et on a trouvé que les femmes
anorexiques ont plus de croyances dysfonctionnelles de culpabilité, d’estime de soi et
d’autoévaluation que le groupe contrôle. De plus, ces femmes tendent à se percevoir
comme moins compétentes. Les anorexiques ont, en général, des croyances plus
dépressives sur soi et l’avenir.
Spangler (1999) propose un concept cognitivo-comportemental de la boulimie qui
explique à la fois le développement et le maintien des symptômes. La surévaluation du
Troubles des conduites alimentaires 53

poids et de la forme corporelle s’accompagne de croyances erronées dans trois


domaines :

 L’attente irréaliste du poids corporel ;


 Le sens de la silhouette et du poids, c’est-à-dire la croyance qu’un poids
idéal est nécessaire pour obtenir les buts désirés ;
 Le style alimentaire, c’est-à-dire des croyances erronées sur les aliments,
le système digestif et la façon d’influencer le poids.

Ces croyances dysfonctionnelles sont responsables d’une insatisfaction corporelle


et d’un style alimentaire rigide et restrictif pour contrôler le poids. L’alimentation
devient régulée par des règles générées soi-même plutôt que par la faim et la satiété.
Les règles impliquent quels aliments sont mangés, quand et en quelle quantité. Ce
régime conduit aussi bien à une privation physique que psychique avec focalisation sur
l’alimentation, des signaux forts de la faim et la susceptibilité de perdre le contrôle sur
la prise alimentaire.
Selon Leung et al. (1999) le rôle des croyances dans la pathologie restrictive est
encore inconnu. Dans leur étude ultérieure, Leung, Waller et Thomas (2000)
constatent que les symptômes boulimiques seraient précipités et maintenus par un
ensemble de pensées inadaptées à l’égard du poids et de la forme corporelle. Dans ce
modèle, le patient surévalue la minceur pour restaurer son estime de soi.
D’après Waller et al. (2000) il existerait plus particulièrement deux types de
représentations cognitives dans la boulimie, à savoir les pensées automatiques
négatives et des hypothèses dysfonctionnelles telles que les croyances irrationnelles
concernant la forme corporelle, le poids et les aliments, s’agissant des
surreprésentations. Les croyances fondamentales jouent un rôle central dans la
pathologie boulimique : déficience/honte, inhibition émotionnelle, manque de contrôle
et incapacité d’accomplissement. L’inhibition émotionnelle permet de prédire la
fréquence des crises, le sentiment de déficience/honte prédit les vomissements. Les
autres croyances fondamentales ne distinguent pas ces groupes de patientes, suggérant
une typologie dans la boulimie. Les vomissements pourraient être considérés comme
un besoin d’échapper à des cognitions intolérables. L’inhibition émotionnelle pourrait
déterminer les crises de boulimie afin d’éviter l’expérience d’émotions intolérables.
Troubles des conduites alimentaires 54

Les crises de boulimie serviraient donc plutôt à la régulation des affects, et les
vomissements à réduire la conscience de cognitions aversives.

1. Théories cognitivo-comportementales

Depuis les premières propositions formelles d’auteurs comme Fairburn (1981),


Rosen et Leitenberg (1985) ou Garner et Garfinkel (1997) les modèles ont convergé
vers une articulation de facteurs environnementaux, nutritionnels et émotionnels qui
apparaît à l’identique dans tous les articles et traités de thérapie comportementale et
cognitive depuis plus de 15 ans.
L’application des modèles cognitivo-comportementaux a été étudiée au cours des
30 dernières années. Le focus central de ces modèles a identifié des pensées erronées
concernant le poids corporel, la taille et la forme corporelle. Ces cognitions joueraient
un rôle important dans le développement et le maintien de la psychopathologie
alimentaire.
Concernant la boulimie, nombreux sont les modèles proposés. Nous évoquerons le
modèle cognitif de Fairburn (1985), qui met en son centre les préoccupations
exclusives de la boulimique pour la forme de son corps et son poids, raisons pour
lesquelles elle se doit d’être très stricte et contrôlante. La diète extrême, les
vomissements, l’abus de laxatifs, les préoccupations liées à l’alimentation et à la
nourriture, la sensibilité exacerbée pour tout changement corporel ou pour le poids
suivi par des pesages fréquents ou des évitements des pesages, constituent les
conséquences et les préoccupations plus marquantes de ce type de patiente. De sorte
que, l’image de soi est améliorée par un sentiment de maîtrise absolue, ainsi que par
des paramètres physiques. La boulimique se caractérise par une ambivalence
particulière vis-à-vis de son environnement. Il s’agit d’un côté de montrer son corps,
critère unique d’évaluation aux yeux des autres, et d’un autre côté, de faire des
épisodes de frénésie alimentaire avec ou sans vomissements à l’abri des regards.
Comme tout un chacun, la boulimique tente de donner une image rehaussée d’elle-
même, raison pour laquelle elle se préoccupe d’une façon exclusive ou
unidimensionnelle de sa forme et de son poids. Pour cela, il lui faut développer des
stratégies d’autocontrôle strictes dont la réussite lui apporte un sentiment de maîtrise.
La bonne image de soi est ainsi donnée et le cercle vicieux bouclé.
Troubles des conduites alimentaires 55

En ce qui concerne l’anorexie mentale, plusieurs modèles explicatifs ont été


décrits dans la littérature. Williamson (1990) postule l’existence de trois « entités » au
sein de la problématique anorexique : une perturbation perceptive au niveau de
l’image du corps, une peur de prendre du poids et une préoccupation marquée pour la
forme du corps. Les trois éléments centraux postulés par Williamson entrent en
interaction avec des caractéristiques de base de la psychopathologie de l’anorexique de
la manière suivante. Les restrictions diététiques déterminent l’apparition de la faim et
une baisse de l’énergie vitale. Cela fait interrompre le régime, mais déclenche des
phénomènes anxieux liés à la prise potentielle de poids et au sentiment de perte de
contrôle sur son alimentation. Cette étape se poursuit « naturellement » par l’évitement
de l’alimentation, qui permet une réduction de l’anxiété et une diminution, voire une
suppression de l’appétit. Le métabolisme se réduisant, cela renforce la nécessité de
mettre en place des restrictions diététiques, bouclant ainsi le cercle vicieux.
Il va de soi que d’autres aspects interviennent à un niveau ou à un autre de la
chaîne que nous venons de décrire : une pathologie anxieuse ou dépressive, des
attitudes obsessionnelles compulsives, une sensibilité interpersonnelle particulière, la
présence d’éventuels troubles de personnalité, d’une dépendance à une substance ou
encore une manière défaillante de gérer son stress.
Il est important de citer la théorie cognitive et comportementale proposée par
Fairburn, Shafran et al. (1999). Cette théorie suggère que le besoin extrême de
contrôler l’alimentation est le point crucial de ce trouble. Trois sont les mécanismes
qui maintiennent la restriction alimentaire. Le premier concerne le fait qu’un contrôle
sur l’alimentation fait augmenter le sentiment d’auto-contrôle de la personne ainsi que
l’estime de soi. Le deuxième est lié à la restriction et à la façon dont les effets
physiques et psychologiques sont interprétés. Le troisième est spécifique des sociétés
occidentales et concerne le contrôle sur l’alimentation, la forme et le poids étant
utilisés comme des indices d’auto-contrôle et d’estime de soi. Tels symptômes
incluent des attitudes et des comportements dysfonctionnels par rapport aux aliments
et à l’alimentation, un mauvais fonctionnement émotionnel et social, de mauvaises
performances cognitives et des changements physiques. Cette théorie suggère que
certains symptômes accentuent ultérieurement la restriction alimentaire en
affaiblissant la sensation de la personne à pouvoir contrôler son alimentation, la forme
corporelle, le poids et elle-même.
Troubles des conduites alimentaires 56

Il y a, au début du trouble, un besoin extrême de maîtrise sur la nourriture en


rapport avec les sentiments d’inefficacité et de perfectionnisme, eux-mêmes en
interaction avec une faible estime de soi. Ces patientes tendent à être particulièrement
autocritiques. Elles s’auto-motivent en exigeant d’elles-mêmes des standards précis
pour leur alimentation, leur forme, leur poids et leur contrôle, et quand elles ne
peuvent pas les atteindre, elles se voient comme inadaptées et pas à la hauteur au lieu
de penser que leurs standards sont trop exigeants. Le résultat est une autoévaluation
négative. Cela maintient aussi le trouble alimentaire et mène les patientes à s’efforcer
encore plus lourdement à atteindre le « succès » dans le domaine de leur vie qui est le
plus important pour elles : contrôler leur alimentation, leur forme corporelle et leur
poids. De cette façon, un cercle vicieux supplémentaire servira à maintenir le trouble
alimentaire.
Cette nécessité d’autocontrôle à travers l’alimentation a plusieurs raisons :

 La restriction fournit un résultat immédiat et direct sur l’autocontrôle ;


 Elle a un effet puissant sur les autres ;
 Elle est encouragée par la famille qui se focalise sur le comportement
alimentaire ;
 Influence les effets de la puberté ;
 Est encouragée par les sociétés occidentales.

Le maintien du trouble se fait par trois mécanismes de rétrocontrôle qui évoluent


dans le temps et dont l’importance change d’un moment à l’autre :

 La restriction alimentaire accroît le sentiment de maîtrise. Le succès initial


est un renforçateur puissant. Au fur et à mesure, les individus finissent par
maîtriser tous les domaines de leur vie. Cette maîtrise expliquerait la
résistance au changement ;
 Les aspects de l’inanition encouragent davantage la restriction ;
 Les considérations extrêmes par rapport à la silhouette et au poids
favorisent cette restriction.

Cette même théorie peut être appliquée aux patientes avec boulimie car, selon les
auteurs, la majorité de ces symptômes ne sont pas spécifiques à la privation mais aussi
Troubles des conduites alimentaires 57

aux tentatives de restriction alimentaire (la grande majorité de patientes avec boulimie
tente / entreprends de sévères restrictions alimentaires).
Il en découle que le traitement doit être plus ciblé sur les facteurs perpétuant :
l’utilisation de l’alimentation, de la silhouette et du poids comme indices de contrôle
de soi et de la valeur de soi ; l’alimentation perturbée elle-même et le comportement
associé au contrôle de poids ; l’inspection du corps et le poids bas ; la faible estime de
soi, les difficultés à reconnaître et à exprimer les émotions. Le besoin de contrôle de
soi doit être considéré à tous les stades du traitement Fairburn, Shafran et al. (1999).
Selon cette théorie la surestimation alimentaire autour de la forme corporelle et du
poids ainsi que de leur capacité d’autocontrôle est d’une importance fondamentale
dans le maintien du trouble (voir Figure 2-1).

2. Une nouvelle théorie cognitivo-comportementale pour le maintien de la boulimie

Cette nouvelle théorie représente une extension de la théorie originaire. Elle


propose que, chez certaines patientes, un ou plusieurs des quatre processus de maintien
supplémentaires interagissent avec les principaux mécanismes de maintien du trouble
alimentaire illustrés en Figure 2-2 et que quand cela se produit, ils sont un obstacle au
changement. Le premier de ces mécanismes concerne l’influence d’un perfectionnisme
sévère. Le deuxième concerne l’impact d’une estime de soi basse inconditionnelle et
envahissante. Le troisième concerne les difficultés à faire face à des états émotionnels
intenses. Le quatrième a un caractère interpersonnel et développemental.
Shafran et al. (2002) définissent le perfectionnisme clinique comme un système
d’autoévaluation dans lequel l’auto-jugement se manifeste largement à travers les
efforts pour atteindre des buts très contraignants ainsi que la réussite.
Comme dans d’autres expressions de perfectionnisme clinique, il y a la peur de
l’échec, une attention fréquente et sélective pour la performance, et une autocritique
qui se manifeste à travers des évaluations de performances propres des patientes
(Shafran et al., 2002). L’autoévaluation négative secondaire conséquente encourage
des efforts encore plus importants afin d’atteindre le succès dans le domaine du
contrôle alimentaire, de la forme et du poids et par conséquent le maintien du trouble
alimentaire.
La théorie cognitivo-comportementale originaire a reconnu que des états
d’humeur négatifs peuvent être un facteur déclencheur pour le binge eating, et cela
Troubles des conduites alimentaires 58

suggère que le principal effet était de perturber le régime restrictif (Fairburn, Cooper,
et Cooper, 1986). Mais il est maintenant clair que chez certains patients il y a une
relation bien plus complexe entre les états émotionnels et le binge eating.

Figure 2-1 Une représentation schématique de la théorie cognitivo-comportementale


du maintien de la boulimie nerveuse (modifié de Fairburn, Marcus, et
Wilson, 1993)

Surévaluation alimentaire, de la
forme, et du poids et leur contrôle

Régime strict et autres


comportements de
contrôle du poids

« Binge eating »

Vomissement compensatoire
/ abus de laxatifs

Selon Fairburn et al. (2003) il n’y a aucun doute sur le fait que des processus
interpersonnels contribuent de façon différente au maintien des troubles du
comportement alimentaire. Premièrement, chez des jeunes patients, les tensions
familiales intensifient souvent la résistance à s’alimenter. L’on pourrait expliquer cela
comme le reflet à court terme de leur besoin global d’autocontrôle, qui se déplace sur
le contrôle alimentaire (Fairburn, Shafran et al., 1999).
Troubles des conduites alimentaires 59

Deuxièmement, il est évident que certains environnements personnels amplifient


les préoccupations pour le contrôle alimentaire et pour la forme et le poids. Cela inclut
les familles dans lesquelles il y a des personnes souffrant d’un trouble du
comportement alimentaire. Troisièmement, les événements interpersonnels négatifs
précipitent le binge eating, et il est évident que les patientes avec boulimie nerveuse
sont particulièrement sensibles aux interactions sociales. Quatrièmement, des
difficultés interpersonnelles à long terme minent l’estime de soi, et ces patients ont
encore plus fortement besoin de réussir, tout spécialement à travers le contrôle de
l’alimentation, de la forme et du poids.

Figure 2-2 Une représentation schématique de la nouvelle théorie cognitivo-


comportementale pour le maintien de la boulimie nerveuse

SCHEMA DYSFONCTIONNEL POUR L’AUTOÉVALUATION

Surévaluation alimentaire, de la Surévaluation de la réussite


forme, et du poids et leur contrôle « PERFECTIONNISME »
INTERPERSONNELLE

BASSE ESTIME DE SOI CENTRALE


VIE

Régime strict et autres


comportements de contrôle du poids
(Réussite en autres
domaines)

INTOLÉRANCE
« Binge eating »
D’HUMEUR

Vomissement compensatoire
/ abus de laxatifs

Dans une revue de la littérature, Vitousek et Hollon (1990) se sont proposés


d’étudier les modèles cognitifs dans les troubles du comportement alimentaire, et
notamment les modèles étiologiques.
Troubles des conduites alimentaires 60

Figure 2-3 Une représentation schématique du maintien de l’anorexie mentale. À


gauche la représentation de type « restrictif » et à droite celle de type
« surconsommation / vomissements ».

Surévaluation alimentaire, de la Surévaluation alimentaire, de la


forme, et du poids et leur contrôle forme, et du poids et leur contrôle

Régime strict et autres Régime strict et autres


comportements de comportements de
contrôle du poids contrôle du poids

Poids bas Binge Poids bas


eating

« Syndrome de Vomissement « Syndrome


famine » compensatoire de famine »
/ abus de
laxatifs

Il y a plusieurs postulats :

 les patients atteints de troubles du comportement alimentaire développent


des schémas cognitifs structurés autour du poids et son implication sur le
soi ;
 ces schémas rendent compte de la persistance de la symptomatologie. À
côté des croyances fondamentales et des effets du renforcement, le schéma
d’un domaine donné tend à produire des erreurs logiques dans le
traitement d’information dans ce domaine par une surreprésentation du
schéma, une attention et une mémoire sélective, une persévérance, une
Troubles des conduites alimentaires 61

corrélation illusoire, un biais confirmatif, un biais égocentrique, un faux


consensus, une représentation et une disponibilité heuristique ;
 les principes schématiques sont également utiles pour comprendre le choix
de la symptomatologie troubles du comportement alimentaire.

Le traitement schématique remplit une fonction qui simplifie, organise et stabilise


l’expérience du soi et de l’environnement dont les troubles du comportement
alimentaire ont particulièrement besoin.
Les anorexiques et les boulimiques évaluent leur valeur en termes de poids et de
silhouette, craignent la prise de poids et la corpulence, et dépensent une énergie
notable afin de réguler leur poids. Mais les différences symptomatiques pourraient être
attribuées aux différences sous-jacentes dans les schémas, ou alors les schémas sont
indifférenciables et le profil symptomatique différent émerge pour des raisons
indépendantes. Les phénomènes cognitifs particulièrement dignes d’intérêt sont :

 les schémas de soi: ce sont des généralisations cognitives de soi dérivant


de l’expérience du passée. Ces patientes sont très critiques envers elles-
mêmes et profondément peu sûres d’elles. Elles ont une image de soi
négative et des croyances irrationnelles. Il n’existerait pas de données dans
la littérature qui permettent de remarquer des structures cognitives
différentes dans l’anorexie et la boulimie et qui seraient indépendantes de
la nourriture et du poids ;
 les schémas liés au poids font référence à des structures cognitives qui
codent l’information dans le sens d’être maigre ou obèse ;
 les schémas de soi liés au poids c’est la vision de soi en rapport avec
l’information sur le poids. L’insatisfaction vis-à-vis d’elles-mêmes est
détournée sur le corps. L’expérience d’être grosse semble labile et
influencée par de nombreux facteurs, alors que la tendance de s’évaluer
soi-même en termes de poids est plus stable.

Les structures cognitives organisées existent et influencent le traitement


d’information à travers ces trois schémas. Les patients ayant des troubles du
comportement alimentaire s’identifient à leur poids ainsi, l’évaluation cognitive des
troubles du comportement alimentaire a essentiellement porté sur des auto-
investigations concernant le poids et la prise alimentaire.
Troubles des conduites alimentaires 62

Les fonctions de tels schémas dans les troubles du comportement alimentaire


montrent que :

 chargés d’un mandat d’atteindre l’excellence dans toutes les entreprises il


devient adaptatif pour ces patients de réduire l’éventail des variables,
définies comme centrales, à leur sens d’identité et d’estime de soi ;
 le contrôle pondéral paraît attirant pour les patientes souffrant de troubles
du comportement alimentaire car, non seulement il procure la certitude de
succès mais aussi la rare et précieuse certitude que ce but même est correct
et la certitude qu’un retour quantifiable du progrès est disponible sur la
balance.

Gowers et Shore (2001) proposent un modèle (voir Figure 2-4) pour l’impact des
divers facteur de risques qui pourraient avoir une influence sur les inquiétudes autour
du poids et de la forme corporelle, tels que le perfectionnisme, les croyances morales
et religieuses, et l’impact psychosexuel de la puberté.

3. Processus de catégorisation

Bruch (1982b), parmi de nombreux auteurs, a insisté que le type de discours


exprimé par des patientes atteintes des troubles des conduites alimentaires est
particulier surtout pour ce que concerne leur perception de l’environnement, de leur
corps et/ou des aliments.
M. J. Cooper et Fairburn (1992) ont montré que le traitement de l’information
serait modifié chez les patientes souffrant d’un trouble du comportement alimentaire.
Pourtant, ce traitement serait différent chez les anorexiques et les boulimiques. Chez
les anorexiques les conflits cognitifs porteraient bien davantage sur les aliments, alors
que chez les boulimiques ils porteraient essentiellement sur l’appréhension du corps.
De nombreux auteurs (Boon et al., 1998 ; M. J. Cooper, Anastasiades, et Fairburn,
1992 ; M. J. Cooper, Todd, et Wells, 1998 ; Leung et al., 1999 ; Mirabel-Sarron, El-
Nouty, Eiber, Leonard, et Guelfi, 2006) ont souligné le rôle important que des
cognitions alimentaires propres aux sujets atteints des troubles des conduites
alimentaires ont dans la régulation des comportements alimentaires.
Troubles des conduites alimentaires 63

Figure 2-4 Les origines des inquiétudes autour du poids et de la forme corporelle et
leur rapport au comportement restrictif dans les troubles des conduites
alimentaires

Influences des pairs

Anorexie
Valeur culturelle de maigreur
Inquiétudes mentale
pour le poids
Inquiétude parentale du poids et la forme
corporelle
Obésité

Changements physiques de
GAIN
puberté

CONTRÔLE
Influences Impact psycho-sexuel de
Régimes
génétiques puberté

Perfectionnisme
PERTE

Inefficacité Restriction

Impulsivité

Boulimie
Croyances morales et religieuses
nerveuse

Croyances et lubies
alimentaires

La catégorisation est la conduite adaptative fondamentale par laquelle les


systèmes cognitifs, biologiques ou artificiels découpent le réel physique et social. Sa
fonction normative est la création de classes d’équivalence nécessaires à la transition
du continu au discret. Ainsi l’individu organise son expérience subjective de
l’environnement en structurant son contenu. Des nombreux auteurs soulignent le fait
que ces catégories reflètent nos conceptions du monde (Houdé, 1992).
Troubles des conduites alimentaires 64

Les différences qui apparaissent dans les classifications identifiées par des
patientes lorsqu’on leur demande de classer des objets sont révélatrices des propriétés
qui sont les plus saillantes pour eux et donc des valeurs, des conceptions et des intérêts
attachées à ces propriétés (Urdapilleta, Mirabel-Sarron, Meunier, et Richard, 2005).

G. Personnalité et troubles du comportement alimentaire

La relation entre personnalité et troubles du comportement alimentaire est très


complexe. Un trouble de la personnalité peut être considéré comme un facteur
prédisposant ou une entité distincte qui n’est pas liée aux troubles du comportement
alimentaire. Malheureusement, l’absence d’études exhaustives n’a pas permis de
clarifier ce point.
Les observations cliniques, les études psychométriques et les études sur les
familles amènent à mettre en évidence une personnalité prémorbide des anorexiques
restrictives comme étant socialement inhibées, accommodantes et restrictives
émotionnellement. Mais, l’obsessionnalité, l’introversion et la dépendance peuvent
être significativement exacerbées par l’état de privation, ce qui amène à perturber la
relation entre les variables de personnalité avec les effets aigus de la perte du poids.
Dans l’anorexie mentale les effets de l’état de privation peuvent influencer la
personnalité.
L’estime de la prévalence du diagnostic de troubles de la personnalité dans
l’échantillon de patientes boulimiques va de 21 % à 77 %. La relation de tous les sous-
types de troubles du comportement alimentaire, et plus particulièrement la boulimie, à
la personnalité borderline a été source de débats. Le taux de borderline dans
l’échantillon de boulimiques oscille entre 2 et 47 %.
Les liens entre les troubles du comportement alimentaire et les troubles de la
personnalité sont aussi étroits mais la nature de cette relation est toujours discutée et
vraisemblablement peu spécifique. On relève de 25 à 50 % de troubles de la
personnalité parmi les adolescentes ayant un trouble des conduites alimentaires (Bulik,
2002 ; D. B. Herzog, Keller, Sacks, Yeh, et Lavori, 1992 ; Karwautz, Troop, Rabe-
Hesketh, Collier, et Treasure, 2003 ; Klump et al., 2000 ; Rosenvinge, Martinussen,
et Ostensen, 2000) mais il n’existe pas de « personnalité anorexique ». Chez les
patientes restrictives, les troubles de la personnalité le plus souvent rencontrés sont les
Troubles des conduites alimentaires 65

personnalités évitantes, dépendantes, obsessionnelles et passives-agressives


correspondent au cluster A de la classification américaine. Chez les patientes
boulimiques, il s’agit plus régulièrement de personnalités du groupe B : personnalités
borderline, histrioniques, narcissiques ou antisociales (D. B. Herzog, Keller, Sacks et
al., 1992).
C’est lorsque boulimie et personnalité borderline sont associées qu’une certaine
configuration symptomatique est très régulièrement observée avec instabilité affective,
impulsivité, consommation de substances, vols, tentatives de suicide et épisodes
dépressifs brefs avec brusques désinvestissements massifs.
Les antécédents d’abus sexuel dans l’enfance sont aussi régulièrement signalés
par les patientes. Mais, contrairement à ce que l’on a pu penser dans les années 1980
ou 1990, il s’agit là aussi surtout d’un facteur de risque pour la survenue d’un trouble
quelconque de la personnalité et non d’un facteur qui serait spécifiquement lié aux
troubles des conduites alimentaires.
Certains auteurs tiennent pour une évidence qu’anorexie mentale et boulimie
seraient des troubles de nature addictive (Corcos, Flament, et Jeammet, 2003 ; Corcos
et Jeammet, 2000 ; Corcos et Jeammet, 2001 ; Corcos et al., 2001 ; Goodman, 1990 ;
Vénisse et Bailly, 1997 ; Wilson, 2002). Ils intègrent ces affections à ce qu’ils
appellent le spectre des dépendances, un ensemble de pathologies comprenant
notamment l’alcoolisme, le tabagisme et la toxicomanie (Corcos et al., 2003 ; Vénisse
et Bailly, 1997). Les patientes elles-mêmes expriment souvent cette idée, se qualifiant
de « droguées du sucre » ou comparant l’intensité de l’envie boulimique au besoin
violent d’une drogue. Les membres du réseau Inserm Dépendances, coordonné par
Jeammet (Corcos et al., 2003), ont étudié les dimensions psychopathologiques des
sujets avant recours à une pratique addictive quel que soit l’objet de celle-ci :
toxicomanie, alcoolisme, trouble des conduites alimentaires ou autres. Ils faisaient
l’hypothèse de l’existence de dimensions communes à l’ensemble de ces sujets
(Corcos et al., 2003). Ces dimensions psychopathologiques constitueraient autant de
facteurs de vulnérabilité. Elles comprennent principalement les secteurs « bipolaires »
suivants :

 impulsivité – compulsivité ;
 recherche de sensations – anhédonie ;
 dépression de type anaclitique – dépression dite d’introjection ;
Troubles des conduites alimentaires 66

 alexithymie – expressivité des émotions.

Les résultats obtenus dans l’étude du réseau Inserm chez 698 sujets confirment
l’existence de dimensions psychopathologiques communes aux différents troubles
addictifs (Corcos et al., 2003). Les troubles anxieux et dépressifs sont plus fréquents
parmi les anorexiques et les boulimiques qu’en population générale. Le groupe
anorexie-boulimie est le plus perturbé avec instabilité, impulsivité, anxiété-dépression,
bouleversement émotionnel et isolement social. Chez les anorexiques purement
restrictives, l’évitement des conflits, l’inhibition, le conformisme et le perfectionnisme
dominent. Une atteinte de l’estime de soi concerne tous les groupes diagnostiques de
troubles des conduites alimentaires. Il en va de même dans l’alcoolisme et dans la
toxicomanie.
Avec un questionnaire multidimensionnel comme l’inventaire multiphasique de la
personnalité du Minnesota (MMPI), les dimensions suivantes sont régulièrement
élevées et atteignent la zone pathologique ; échelle 6 : paranoïa avec isolement,
méfiance, sensitivité ; échelle 7 : psychasthénie avec anxiété, inhibition ; échelle 4 :
déviation psychopathique avec instabilité, impulsivité ; échelle 2 : dépression (Corcos
et al., 2003).
La dimension impulsive chez les patients boulimiques, la dépression dans toutes
les formes cliniques de troubles des conduites alimentaires, le lien étroit avec
l’alexithymie sont d’autres constantes. Dans les formes purement restrictives, l’aspect
anaclitique prédomine ; dans les formes mixtes et dans la boulimie, c’est l’aspect
autocritique. Les patientes ont plus de difficultés à identifier les émotions au cours des
anorexies restrictives et à les décrire au cours des boulimies.
Selon Corcos et al. (2003) la conduite addictive peut être considérée comme « une
tentative de lutte contre les affects dépressifs infiltrants et mal structurés, tentative
certes coûteuse mais qui peut être transitoirement efficace au prix d’un
autorenforcement de la conduite ». Toutefois la découverte de points communs ne
signe pas l’unicité structurale.
D’autres auteurs avancent en effet des arguments plaidant contre l’assimilation
des troubles du comportement alimentaire aux troubles addictifs : les phénomènes de
tolérance, dépendance physique et syndrome de sevrage n’existent pas pour la
nourriture (pas même pour le chocolat) ; les aliments ne produisent pas d’effets
comparables à ceux des substances psychoactives ; les fringales boulimiques ont
Troubles des conduites alimentaires 67

probablement un rapport avec les restrictions alimentaires que s’inflige la personne


mais ce rapport est complexe, associant des processus psychologiques et métaboliques
multiples, indépendants des propriétés physicochimiques des aliments (Haddock et
Dill, 2000). Les enquêtes indiquent une comorbidité avec les troubles du
comportement alimentaire plus faible pour les dépendances à des substances que pour
la dépression et les troubles anxieux (Dansky, Brewerton, et Kilpatrick, 2000 ;
Holderness, Brooks-Gunn, et Warren, 1994). Les modes de transmission familiale
apparaissent différents pour les troubles du comportement alimentaire et les
dépendances à des substances, et les études génétiques orientent vers des facteurs
différents (Brusset, 1977 ; Walters et al., 1992 ; Winchester et Collier, 2003).
Un tel rapprochement pose en fait la question de la pertinence d’appliquer la
notion d’addiction à un comportement (achats, jeux compulsifs, etc.) comme à la
consommation d’une substance.

H. La comorbidité dans les troubles du comportement alimentaire

1. Comorbidité

La comorbidité est définie par la présence chez un même individu de plus d’un
trouble psychiatrique défini selon des critères précis (ceux du DSM-IV) à un moment
précis ou sur une période de temps définie.
La psychopathologie sous-jacente associée aux troubles du comportement
alimentaire est considérée comme étant liée à une préoccupation excessive autour du
poids et la forme corporelle qui, à tour de rôle, amène à la restriction alimentaire et des
comportements de contrôle du poids extrêmes. Toutefois, les comorbidités telles que
les troubles de l’humeur, les troubles de la personnalité ou un passé d’anorexie dans la
boulimie actuelle sont aussi prévalentes (Vaught et al., 2008).
On constate que la fréquence des troubles anxieux, chez des sujets suivis pour des
troubles du comportement alimentaire est mal connue. Une revue de la littérature sur
la période 1985-2001 (Godart, 2002 ; Godart, Flament, Perdereau, et Jeammet, 2002)
ne trouve que 23 études ayant recherché la prévalence d’un trouble anxieux parmi des
sujets souffrants de troubles du comportement alimentaire et suivis soit en
ambulatoire, soit en hospitalisation.
Troubles des conduites alimentaires 68

Ces études donnent des résultats extrêmement disparates. Par exemple, la


prévalence dans les antécédents d’au moins un trouble anxieux varie de 25 % (Keck et
al., 1990) à 75 % (Schwalberg, Barlow, Alger, et Howard, 1992) pour les sujets
boulimiques et de 23 % (Laessle, Kittl, Fichter, Wittchen, et Pirke, 1987) à 54 %
(Piran, Kennedy, Garfinkel, et Owens, 1985) pour les sujets anorexiques.
Interpréter la chronologie d’apparition des troubles anxieux et des troubles du
comportement alimentaire est, de plus, chose ardue. En effet, pour cela, il faut prendre
en compte différents éléments : la moyenne d’âge de début du trouble du
comportement alimentaire (Lewinsohn, Striegel-Moore, et Seeley, 2000) ainsi que
l’âge de début de chaque trouble anxieux varie en fonction du trouble considéré.
Par exemple, la phobie sociale débute généralement pendant l’enfance, alors que
le trouble d’anxiété générale apparaît tardivement à l’adolescence ou en début de l’âge
adulte, en moyenne vers l’âge de 20 ans (Lewinsohn et al., 2000). De ce fait, il est très
difficile d’identifier si la chronologie relative d’apparition d’un trouble du
comportement alimentaire et des troubles anxieux est exclusivement la conséquence
de l’évolution naturelle des deux troubles, ou si cette chronologie peut contribuer à
expliquer le lien unissant les troubles du comportement alimentaire et les troubles
anxieux.
Un facteur supplémentaire rend encore plus difficile l’évaluation de la
chronologie d’apparition des trouble anxieux chez les troubles des conduites
alimentaires : c’est l’effet que peut avoir la dénutrition sur l’apparition des symptômes
anxieux. Effectivement, il est rapporté dans la littérature que le niveau des symptômes
anxieux présentés par ces patientes varie en fonction de leur état de dénutrition (Keys,
Brozek, Henschel, Mickelsen, et Taylor, 1950 ; Pollice, Kaye, Greeno, et Weltzin,
1997).
Plusieurs modèles conceptuels ont été proposés pour expliquer la comorbidité
observée entre les troubles du comportement alimentaire et les troubles anxieux, mais
aucun ne semble donner actuellement totalement satisfaction.
Depuis le début du siècle, un certain nombre d’auteurs ont suggéré que l’anorexie
mentale peut représenter une forme de trouble obsessionnel compulsif. Ceci est basé
aussi bien sur des arguments cliniques (Hollander et Wong, 1995) que biologiques
(Kennedy et Garfinkel, 1992). Cependant, d’autres auteurs ont clairement établi que
Troubles des conduites alimentaires 69

l’anorexie mentale ne pouvait pas être simplement assimilé aux troubles


obsessionnels compulsifs (Holden, 1990 ; L. K. G. Hsu, Kaye, et Weltzin, 1993).
Il a été aussi suggéré que les troubles du comportement alimentaire pourraient être
secondaires à l’anxiété générale et servir à la réduire. Piran et al. (1985) ont observé,
chez des patients boulimiques, que la fréquence de binge eating et des vomissements
était corrélée à la sévérité de l’anxiété évaluée par le clinicien. Mitchell, Specker et de
Zwaan (1991) ont formulé l’hypothèse que la phobie sociale et l’anxiété généralisée,
les deux troubles anxieux les plus fréquents parmi les patients boulimiques, pourraient
avoir mené ces sujets à développer un intérêt excessif autour du poids et de la forme
corporelle, suivi par la suite d’une restriction diététique et des comportements
boulimiques conséquents.
Sur un niveau biologique, les troubles du comportement alimentaire et les troubles
anxieux partagent un certain nombre d’anomalies fonctionnelles du système
sérotoninergique (Brewerton, 1995). Le dysfonctionnement sérotoninergique a été
impliqué dans les troubles étudiés ici (troubles obsessionnels compulsifs, troubles de
panique, troubles du comportement alimentaire) ainsi que dans d’autres troubles
souvent associés aux troubles du comportement alimentaire, comme la dépression et
des troubles de la personnalité.
Des études cliniques et épidémiologiques ont aussi suffisamment mis en évidence
que la majorité de personnes atteintes d’anorexie ou de boulimie vivent avec un ou
plusieurs troubles anxieux (Kaye, Bulik, Thornton, Barbarich, et Masters, 2004).
Ces études ont aussi trouvé que les troubles obsessionnels compulsifs, la phobie
sociale et les phobies spécifiques sont les troubles anxieux les plus fréquents chez des
gens souffrant de troubles du comportement alimentaire. Par contre, d’autres troubles
anxieux, tels que le stress post traumatique et l’anxiété généralisée semblent être
moins fréquents.
Malheureusement, une bonne partie de ces études ont évalué et étudié de petits
groupes de sujets. L’étude de Kaye et al. (2004) se distingue par sa méthodologie
particulièrement rigoureuse (utilisation d’un échantillon particulièrement important,
utilisation de trois sous-groupes de troubles du comportement alimentaire : anorexique
restrictive, anorexique-boulimique, et boulimique). Sur un échantillon de 672 sujets
avec anorexie restrictive, anorexie-boulimie et/ou boulimie nerveuse elle a trouvé un
taux de 64 % de troubles anxieux (au cours de la vie), ainsi qu’une fréquence de 41 %
Troubles des conduites alimentaires 70

de troubles obsessionnels compulsifs, et pour 20 % une phobie sociale. Leur étude a


aussi montré que le trouble obsessionnel compulsif, la phobie sociale, les phobies
spécifiques précèdent souvent le développement d’un trouble du comportement
alimentaire (42 % des personnes avec troubles du comportement alimentaire ont eu un
ou plusieurs troubles anxieux dans l’enfance).
Casper et Davis (1977) ont par contre observé que la dépression était plus
fréquente chez des patients avec des comportements boulimiques que chez ceux avec
des comportements purement restrictifs. Toutefois des études postérieures, qui ont
comparé la fréquence de troubles de l’humeur ou des troubles anxieux dans les
différents types diagnostique de troubles du comportement alimentaire, ont obtenu des
résultats parfois contradictoires.
Selon que la patiente soit hospitalisée ou en consultation externe, il peut y avoir
une variation considérable dans la fréquence des troubles anxieux et dépressifs. Des
patients hospitalisés présentent une comorbidité accrue en comparaison à des patients
en consultation externe (Godart et al., 2002 ; Kendall, Kortlander, Chansky, et Brady,
1992).
La fréquence de phobie sociale était aussi particulièrement élevée, tant parmi des
patients anorexiques que boulimiques. La fréquence de phobie sociale chez des
femmes dans le public (Lepine et Lellouch, 1993) ou dans des enquêtes
transnationales (Kessler et al., 1994) est trois à dix fois plus basse. Le diagnostic de
trouble anxieux généralisé s’appliquait, pour eux, à 23 % des boulimiques et 24 % des
anorexiques.
Ces auteurs ont trouvé des fréquences relativement hautes des troubles paniques
chez des sujets avec boulimie nerveuse (15 %) et anorexie mentale (34 %). Comme
dans les études de comparaison, la fréquence d'agoraphobie sans trouble de panique
était relativement faible parmi les sujets atteints de boulimie nerveuse et d’anorexie
mentale, et pas plus élevée que dans la population générale (Kessler et al., 1994).
La fréquence de troubles anxieux liés à une séparation dans l'enfance des sujets
avec un trouble du comportement alimentaire a été rarement examinée, probablement
parce que ce diagnostic est difficile à faire rétrospectivement. En général le trouble
anxieux lié à une séparation a été trouvé dans la moitié des échantillons de patients
anorexiques et même plus chez les boulimiques. Ces résultats sont comparables avec
ceux de Rastam (1992) et Bulik, Sullivan, Fear, et Joyce (1997) chez des sujets avec
Troubles des conduites alimentaires 71

un trouble du comportement alimentaire, tandis que le trouble anxieux de séparation


affecte autour de 4 % d'enfants et de jeunes adolescents dans la population générale.
Leurs résultats montrent que la plupart des patients qui avaient à la fois des
troubles du comportement alimentaire comorbides et un trouble anxieux, avaient au
moins un trouble anxieux avant le début de leur trouble du comportement alimentaire.
Dans leur étude récente Godart, Flament et al. (2003a) retrouvent la prévalence
d’« au moins un trouble anxieux » chez les anorexiques (71 %), qui est parmi les plus
hautes estimations données dans la littérature selon les critères du DSM-IV : la
fourchette d’estimation s’étend de 33 % (Sher, 2001 ; Walters et Kendler, 1995) à
72 % (Godart, Flament, Lecrubier, et Jeammet, 2000) pour les anorexiques restrictives
et 55 % pour les anorexiques/boulimiques (Sher, 2001).
Dans la littérature, la prévalence de la phobie sociale chez les anorexiques
restrictives varie entre 24 % chez les patientes vues en ambulatoire (Sher, 2001), à
33 % dans un échantillon mixte de patientes hospitalisées ou vues en ambulatoire
(Halmi, Casper, Eckert, Goldberg, et Davis, 1979). Différentes études ont montré des
niveaux bas d’estime de soi chez les personnes souffrant d’une boulimie. Chez ces
patientes, l’estime de soi est fortement influencée par une perception de soi négative,
perception liée au poids et à la forme corporelle. Une faible estime de soi est
considérée comme un éventuel facteur de risque de développement de la boulimie
(Daley, Jimerson, Heatherton, Metzger, et Wolfe, 2008).
Leurs résultats confirment le fait que le trouble obsessionnel compulsif, un des
troubles anxieux le plus souvent évalué dans les études de comorbidité sur les
patientes anorexiques, est plus fréquent chez les anorexiques que chez les sujets
contrôles.
Le trouble anxieux le plus fréquent chez les boulimiques est la phobie sociale.
Leurs résultats confirment la prévalence importante retrouvée dans les études
précédentes qui varient entre 15 % (Halmi et al., 1979) et 59 % (Godart et al., 2000)
et sont significativement supérieures aux fréquences observées dans un échantillon
témoin (Bulik, Sullivan, Fear, et Joyce, 1997 ; Garfinkel et al., 1995).
Le deuxième trouble anxieux le plus fréquent chez les boulimiques est le trouble
d’anxiété généralisée. Ce trouble est significativement plus fréquent chez les
boulimiques que chez les témoins dans notre étude, contrairement aux résultats de
Halmi et al. (1979).
Troubles des conduites alimentaires 72

En ce qui concerne les troubles obsessionnels compulsifs, on ne retrouve pas les


résultats des études précédentes (Halmi et al., 1979 ; North et Gowers, 1999) qui
montrent que les boulimiques ont significativement plus de troubles obsessionnels
compulsifs que les sujets témoins.
L’estime de soi est une notion à laquelle de nombreux auteurs accordent une
importance croissante depuis les années 1990. Le contraste entre une très faible estime
de soi et l’existence de compétences pourtant attestées par des performances dans la
scolarité, l’exercice professionnel ou des pratiques sportives ou culturelles, est
frappant chez des patientes anorexiques. Des études rétrospectives corroborent cette
impression en montrant qu’une autodépréciation pendant l’enfance serait
significativement plus fréquente chez les femmes présentant des troubles du
comportement alimentaire que chez les femmes « saines », ou même celles présentant
d’autres troubles psychiatriques (Fairburn, Cooper, Doll, et Welch, 1999 ; Fairburn,
Welch, Doll, Davies, et O'Connor, 1997). D’autres études, longitudinales, suggèrent
qu’une faible estime de soi prédirait ou prédisposerait au développement de troubles
du comportement alimentaire (Button, Sonuga-Barke, Davies, et Thompson, 1996). Le
suivi de patientes traitées pour boulimie indique qu’une amélioration de l’estime de soi
coïncide avec la rémission des troubles alimentaires et ne s’observe pas lorsque ceux-
ci persistent (Troop, Schmidt, Turnbull, et Treasure, 2000). Il est toutefois évident que
la faiblesse de l’estime de soi n’est pas une spécificité des troubles du comportement
alimentaire. Une idée souvent reprise dans la littérature est que les femmes
anorexiques ou boulimiques assimileraient trop leur estime de soi à la perception de
leur poids et de leur silhouette (Serpell et Troop, 2003 ; Vitousek et Hollon, 1990).
Cette perception du corps déterminerait l’estime de soi chez les femmes présentant des
troubles du comportement alimentaire plus que chez celles indemnes de ces troubles
ou affectées d’autres troubles psychiatriques (Geller et al., 1998 ; Geller,
Srikameswaran, Cockell, et Zaitsoff, 2000). Ces observations posent diverses
questions : quels mécanismes sous-tendraient l’amalgame entre estime de soi et
perception du poids ou de la silhouette ? Le traitement de l’une peut-il entraîner une
amélioration de l’autre, et si oui, dans quel ordre ? L’estime de soi que l’on constate si
faible chez les patientes anorexiques ou boulimiques pourrait correspondre au sens de
la valeur de sa personne, par principe inconditionnel, plutôt qu’à l’appréciation de ses
compétences, par nature conditionnelle. Ce sens de sa valeur en tant que personne se
Troubles des conduites alimentaires 73

construit à l’origine sur les perceptions de la valeur accordée par ses proches, donc sur
les sentiments éprouvés face à leurs manifestations d’affection et l’interprétation que
l’on en fait. Un défaut de perception de la valeur inconditionnelle de sa personne
pourrait induire une quête de performances pour tenter d’y remédier en gagnant une
autre forme de reconnaissance, celle du mérite. L’assimilation de sa valeur propre à
celle de ses performances (dans les études, les loisirs, les situations sociales etc.) serait
dès lors un mode de compensation dont l’importance excessive accordée à la séduction
physique ne serait qu’une manifestation parmi d’autres.

2. Les facteurs de risque

Il n’y a pas de signes avant coureurs permettant un dépistage précoce d’un trouble
du comportement alimentaire avant un trouble avéré et les facteurs de risque existants
sont parfois confondus avec des signes d’appel. Parmi les facteurs de risque fixes, on
trouve, avec la prédominance féminine, l’adolescence et certaines catégories
sociodémographiques. En ce qui concerne les facteurs variables, ceux-ci se divisent
généralement en facteurs socioculturels, familiaux et de vulnérabilité individuelle. Ils
doivent être considérés comme des marqueurs cliniques de vulnérabilité potentielle
non spécifiques. Ils circonscrivent un « état mental à risque », mais le point de bascule
vers une affection avérée reste indéterminé.

 Néanmoins, plusieurs études ont montré que les pathologies alimentaires


étaient plus fréquentes dans certains milieux où le corps est au centre de
l’activité professionnelle (danseurs, mannequins, sportifs de haut
niveau...) ;
 Il est probable que les formes des troubles avec dimension obsessionnelle
et dépressive se recrutent préférentiellement chez les anorexies mentales
restrictives pures, tandis que les formes borderline où l’influence de
l’environnement est prévalent, se retrouvent plus volontiers chez les
anorexies mentales de type vomissements ou prise de purgatifs et les
boulimiques. Le « perfectionnisme » est une caractéristique clinique
singulière et discriminante dans l’anorexie renvoyant probablement à une
vulnérabilité génétique (Halmi et al., 2000) ;
 Les futures anorexiques et boulimiques vivent plus difficilement que les
autres ce moment-clef de leur maturation physique et psychique que
Troubles des conduites alimentaires 74

constitue la période pubertaire. Leur trouble est déjà focalisé sur l’image
du corps et l’image de soi, intimement liées à cet âge, et sur des difficultés
relationnelles tant avec la mère qu’avec le groupe social (Corcos et al.,
2000) ;
 La question du rôle joué par les antécédents d’abus sexuels pendant
l’enfance dans la pathogenèse des troubles du comportement alimentaire
est complexe. Certaines comparaisons de patientes boulimiques avec des
sujets sains ou souffrants d’autres troubles psychiatriques ont montré peu
de différences (Schmidt, Tiller, et Treasure, 1993b ; Sullivan, Bulik,
Carter, et Joyce, 1995), ce qui tendrait à prouver que les relations entre
abus sexuels pendant l’enfance et troubles du comportement alimentaire en
termes de cooccurrence n’ont rien de spécifique. D’autres trouvent que des
patientes boulimiques ont subi significativement plus d’abus sexuels
pendant l’enfance que des sujets témoins (Garfinkel et al., 1995).

Les seules études qui aient pris en considération les atmosphères incestueuses,
afin de les distinguer au mieux d’événements traumatiques dans la réalité, retrouvent
des chiffres équivalents avec un pourcentage d’abus sexuels patents dans une
population de femmes boulimiques égale à 7 %, c’est-à-dire voisine de celle observée
dans la population générale (Flament, Corcos, Giraud, Atger, et Jeammet, 2001).
Les études longitudinales se rejoignent dans leurs conclusions : une baisse de
l’estime de soi est prédictive sans être spécifique d’un trouble du comportement
alimentaire.

 Concernant la comorbidité troubles du comportement alimentaire/


dépression au vu de la littérature récente, la prévalence excède de
beaucoup celle retrouvée en population générale (entre 11 et 66 % selon
les études au moment du diagnostic de trouble du comportement
alimentaire en ce qui concerne les épisodes dépressifs majeurs) avec une
fréquence accrue chez les patientes boulimiques (Corcos, Atger, Flament,
et Jeammet, 1995). Si la dépression est donc souvent associée au trouble
du comportement alimentaire, elle ne semble pas pour autant prédictive.
De fait, elle est souvent confondue avec une baisse de l’estime de soi
(Jeammet, 1989a) ;
Troubles des conduites alimentaires 75

 La dynamique familiale est très fortement impliquée, mais on ne sait pas si


c’est au niveau des facteurs primaires ou secondaires. Les familles de
boulimiques sont plus désorganisées et on y retrouve des caractéristiques
qui sont celles de leurs enfants. Les familles d’anorexiques ont davantage
de problèmes d’anxiété et de maîtrise, les références à l’idéal y jouent un
rôle beaucoup plus contraignant, bien que ces éléments ne soient pas d’une
grande spécificité (Jeammet, 1989a) ;
 La fréquence des antécédents familiaux de troubles psychiatriques
(dépression [25 versus 8 %] ; addiction alcoolique ; abus de drogue) est
avérée (Flament et Jeammet, 2000). Elle est plus élevée chez les
boulimiques que chez les anorexiques.

Une étude récente, parmi les plus rigoureuses sur le plan méthodologique, réalisée
sur un échantillon de 210 sujets, retrouve une prévalence de 27 % de troubles de la
personnalité dans les troubles du comportement alimentaire (D. B. Herzog, Keller,
Lavori, Kenny, et Sacks, 1992). Les anorexiques/boulimiques ont plus souvent un
trouble de la personnalité (39 %) que les boulimiques (21 %) et les anorexiques
(22 %). Le type de pathologie appartient plus souvent au cluster C (personnalités
évitantes, dépendantes, obsessives compulsives et passives-agressives) pour les
anorexiques pour lesquels on ne retrouve pas de personnalité borderline. Les sujets
boulimiques au contraire se situent essentiellement dans le cluster B (personnalités
borderline, histrioniques, narcissiques et antisociales). De fait, plusieurs
caractéristiques cliniques sont communes à la boulimie et à la personnalité borderline:
l’instabilité affective, l’impulsivité, la consommation de substances, les conduites
pathologiques telles que le vol, les tentatives de suicide.
Une autre recherche intéressante sur le plan méthodologique (Fairburn, Cooper et
al., 1999 ; Fairburn et al., 1997) a tenté de mettre en exergue des facteurs de risque
spécifiques. Les facteurs qui différencient spécifiquement les anorexiques des autres
troubles psychiatriques sont une autoévaluation très abaissée et un perfectionnisme
élevé. Dans le cas de la boulimie, on constate une plus grande vulnérabilité aux
influences familiales ou sociales valorisant les régimes et la minceur, qui n’est pas
retrouvée pour l’anorexie mentale ; une plus grande fréquence de remarques négatives
de l’entourage sur leur apparence physique, ainsi que plus d’obésité dans leur enfance
et chez les parents. Enfin, les règles surviennent un peu plus précocement.
Troubles des conduites alimentaires 76

Dans l’anorexie mentale les facteurs de prédisposition sont nombreux : sexe, race
et l’ethnicité, l’alimentation dans l’enfance, problèmes gastro-intestinaux, poids élevé,
évaluation négative de soi, abus sexuels, et comorbidité psychiatrique, la prématurité,
etc. (Berkman et al., 2007). Parmi les facteurs prédisposant l’on trouverait l’influence
familiale ainsi que les facteurs socioculturels, et le niveau socio-économique, surtout
chez les patientes boulimiques se purgeant avec une relation étroite entre le
fonctionnement familial, les troubles affectifs et les troubles de la personnalité.
Contrairement à certains auteurs (Johnson, Cohen, Kasen, et Brook, 2002 ;
McClelland et Crisp, 2001) qui défendent cette association, d’autres (Tsai, 2000 ;
Zonnevylle-Bender, van Goozen, Cohen-Kettenis, van Elburg, et van Engeland, 2002)
ne trouvent pas cette association si claire.

I. Évolution et pronostic

La revue de l’évolution au long cours de l’anorexie mentale effectuée par Pike


(1998) a mis l’accent sur les difficultés de comparer entre elles les études de prédiction
au long cours vu la diversité des définitions mêmes des troubles, celle des critères
diagnostiques, ou des critères de réponses thérapeutiques. Le grand nombre d’études
naturalistes contraste avec la rareté des études thérapeutiques contrôlées dans ce
domaine.
Les principales revues de la littérature publiées dans les années 1980 et 1990 sont
celles de Steinhausen et Glanville (1983 - 45 études), D. B. Herzog, Keller, et Lavori
(1988 - 33 études), Steinhausen, Rauss-Mason, et Seidel (1991 - 23 études), et enfin
W. Herzog, Deter, et Vandereycken (1992 - 11 études). Globalement, ces travaux
montrent une évolution favorable dans approximativement la moitié des cas,
intermédiaire dans 20 à 30 % des cas, et défavorable dans 20 % des cas. Des chiffres
plus optimistes ont été publiés plus récemment par Strober, Freeman et Morrell (1997)
avec une série de 95 cas avec 76 % de guérisons complètes et 10,5 % de guérisons
partielles chez de jeunes adolescents.
De même, la mortalité est-elle appréciée de façon très variable selon les études
(longueur du suivi et nature de l’échantillon) ; elle varie ainsi de 0 à 21 % selon
Steinhausen et Glanville (1983). Le pronostic de l’anorexie mentale ne s’est pas
e
amélioré dans la deuxième moitie du XX siècle selon Steinhausen (2002). Avec 119
Troubles des conduites alimentaires 77

études, regroupant 5 590 patients, on aboutit toujours à 20 % de formes chroniques. Le


poids revient à la normale dans 40 à 60 % des cas en moyenne dans les études. Dans
certains travaux, jusqu’à 75 % des patients ne parviennent pas à reprendre un poids
normal ; dans d’autres, 80 % normalisent leur poids ! De même, la poursuite de
conduites restrictives au long cours concerne-t-elle 25 à 75 % des patientes selon les
travaux publiés. Presque une patiente sur deux a des accès de binge ou vomissements
lorsqu’elle commence à solliciter une prise en charge pour anorexie mentale. Au cours
du suivi, le pourcentage d’anorexiques se faisant vomir varie de 10 à 30 % (Eckert,
Halmi, Marchi, Grove, et Crosby, 1995 ; L. K. G. Hsu, 1988 ; Morgan, Purgold, et
Welbourne, 1983). II existe environ deux fois plus de patientes anorexiques qui
vomissent, ou ont des accès de binge secondairement, que de formes mixtes
d’anorexie qui deviennent secondairement purement restrictives (L. K. G. Hsu, 1988).
Parmi les études récentes dont le suivi est prolongé figurent l’étude de Strober et
al. (1997), celle de Schork, Eckert, et Halmi (1994) de 76 patientes qui a duré 10 ans,
et celle de Ratnasuriya, Eisler, Szmukler, et Russell (1991) de 41 patientes suivis
pendant 20 ans. Elles montrent que la majorité des patientes gardent, au long cours,
des conduites alimentaires perturbées. Les troubles associés les plus fréquents sont
l’anxiété et la dépression selon Godart et al. (2003b ; 2002) : l’anxiété sociale varie
selon les études de 20 à 45 % (Halmi et al., 1991 ; Herpertz-Dahlmann, Wewetzer,
Schulz, et Remschmidt, 1996). Des problèmes d’adaptation sociale concernent environ
une patiente sur deux (Morgan et al., 1983).
Depuis les publications d’Eckert et al. (1995), puis de Pike (1998), des efforts
considérables ont été effectués pour homogénéiser les concepts de réponse
thérapeutique initiale (critères pondéraux, critères comportementaux, modalités de
renutrition), de rechute (perte de poids et réaugmentation des symptômes clés après
une amélioration initiale significative, par exemple une nouvelle chute de l’indice de
masse corporelle à 18,5 ou poids corporel à 85 % de sa valeur normale). Même chose
pour les notions de rémission et de récidive qui ont finie par être précisées. Pour
Strober et al. (1997), l’absence du moindre critère d’anorexie ou de boulimie pendant
huit semaines signe la rémission.
Troubles des conduites alimentaires 78

1. Facteurs prédictifs du pronostic

De nombreux auteurs ont pensé que l’existence de vomissements au cours de


l’anorexie aggrave le pronostic (Da Costa et Halmi, 1992 ; Garner et al., 1983) de
même que pour un poids initial très faible (D. B. Herzog et al., 1993 ; L. K. G. Hsu,
Crisp, et Harding, 1979). Néanmoins, toutes les études ne fournissent pas des résultats
analogues, par exemple Steinhausen et al. (1991).
Une longue durée de la maladie avant le début de prise en charge thérapeutique
est de mauvais pronostic ; il en est de même pour les formes d’anorexie à début tardif.
Enfin, la persistance d’attitudes anorexiques au cours du traitement, par exemple la
recherche d’un poids de sortie bas, est un indice de mauvais pronostic. Dans l’étude de
Saccomani, Savoini, Cirrincione, Vercellino, et Ravera (1998) les variables les plus
significatives pour l’évaluation du pronostic étaient la qualité de l’insight et des
relations (sexuelles, familiales, et sociales). Une évolution défavorable était liée à la
gravité du tableau initial, à la longueur de l’hospitalisation, à l’existence de troubles de
l’humeur ou de troubles de la personnalité, tandis que l’anxiété n’avait pas de valeur
pronostique.
Dans l’étude australienne de Ben-Tovim et al. (2001), portant sur le suivi sur cinq
ans de 95 patientes anorexiques, 88 boulimiques et 37 patients ayant des troubles du
comportement alimentaire non spécifiés, les variables prédictives dans l’anorexie
restrictive pure sont clairement distinctes de celles de la boulimie. La gravité des
symptômes initiaux est un meilleur indice de l’évolution de l’anorexie plutôt que
l’âge, l’indice de masse corporelle ou la durée de la maladie. En revanche, pour la
boulimie, dont la gravité d’ensemble est moindre que dans d’autres échantillons
cliniques, les trois quarts des patientes n’avaient plus les critères d’un quelconque
trouble du comportement alimentaire contrairement à de nombreuses autres études à
cinq ans. Les variables prédictives dans cette étude particulière n’étaient pas tant les
symptômes initiaux que, dans les six premiers mois de traitement, la signification
favorable d’une évolution positive des attitudes liées à l’image du corps et du
fonctionnement psychosocial, deux variables qui devraient donc selon les auteurs être
systématiquement évaluées initialement et après six mois de prise en charge. Dans
cette recherche, l’évolution était évaluée par un questionnaire d’attitudes vis-à-vis de
l’image du corps (Ben-Tovim et al., 2001) et par l’échelle de Morgan et Russell
modifiée par Hayward (M-R-H).
Troubles des conduites alimentaires 79

La guérison est diversement appréciée suivant les critères choisis, et les études
parlent prudemment, de résultats bons ou satisfaisants au moment de l’enquête. Elle
concerne 60 à 80 % de cas, si on prend en compte les seuls paramètres
symptomatiques de la conduite alimentaire : anorexie, amaigrissement, aménorrhée.
Elle n’est plus que de 30 à 50 %, si on fait intervenir des critères de personnalité tenant
compte de l’existence d’autres symptômes psychiatriques et de la qualité de l’insertion
sociale et affective. Il faut un certain recul avant d’affirmer la guérison et il apparaît
nécessaire de ne pas s’en tenir aux seuls critères symptomatiques, même si la reprise
du cycle menstruel semble être de bon pronostic, et de considérer le fonctionnement
mental dans son ensemble ainsi que la qualité et les modalités des investissements et
des relations. La guérison de l’anorexie mentale est un processus lent qui n’est que
rarement inférieur à quatre ans.
Due aux effets de la dénutrition, la mort concerne environ 5 % des cas, ce qui est
considérable pour un trouble psychique de l’adolescence. Le risque suicidaire n’est pas
négligeable, surtout pour les formes qui évoluent vers la boulimie. Une étude sur près
de cinq décennies comme celle de Theander (1985) en Suède montre que la mortalité
augmente beaucoup avec le recul, et ce d’une façon très significative par rapport à
l’augmentation naturelle du taux de mortalité avec l’âge. Ainsi, avec un recul de 33
ans, on atteint un taux de mortalité de 18 %.
Les rechutes sont fréquentes et semblent concerner au moins 50 % des cas. Leur
répétition rend plus difficile le traitement et moins efficaces les mesures de séparation.
Néanmoins, elles ne sont pas en elles-mêmes un facteur de mauvais pronostic, par
contre, le déni de l’anorexie l’est davantage, notamment au-delà de quatre ans.
L’anorexie chronique est particulièrement sévère non seulement par son pronostic
vital, mais aussi de par ce qu’elle représente de restriction et d’appauvrissement de la
vie affective, relationnelle et même professionnelle, la conduite anorexique s’étendant
progressivement mais inéluctablement à l’ensemble des investissements (Berkman et
al., 2007). Les auteurs présentent des données concernant les résultats et les facteurs
prédictifs retrouvées dans 46 articles par rapport à 22 études de l’anorexie mentale
(Annexe R) et 8 études de la boulimie rapportées dans 20 articles (Annexe S).
Hsu (1988) retrouve, à partir d’une revue de la littérature concernant les
principales études à moyen terme (quatre à dix ans) pouvant satisfaire des critères
méthodologiques rigoureux, un devenir global qui se répartit en : bonne évolution de
Troubles des conduites alimentaires 80

36 à 58 %; intermédiaire de 19 à 36 %; mauvaise évolution : de 20 à 34 % selon les


critères de Morgan et Russell.
Plus récemment, à partir de l’analyse de 22 articles publiés entre 1981 et 1989,
Steinhausen et al. (1997 ; 1991) notent, selon le Global Clinical Score, les résultats
suivants : bonne évolution de 25 à 75 %; intermédiaire : de 1 à 47 %; mauvaise
évolution : de 5 à 30 %.
Ratnasuriya et al. (1991) publie une étude à long terme, après un suivi de 20 ans,
sur une population dans laquelle l’âge moyen de début de la maladie est 18 ans, ils
retrouvent : les 30 % de bonne évolution, les 32,5 % d’évolution intermédiaire, et les
37,5 % de mauvaise évolution comprenant les décès et les évolutions chroniques. Ils
n’utilisent comme critère que le poids et les menstruations ; la population étudiée
mélange adolescents et jeunes adultes. Ils notent par ailleurs un moins bon devenir
parmi les patients ayant débuté leur anorexie après 18 ans.
Lowe et al. (2001) ont publié une étude portant sur le devenir de 84 patients
souffrant d’anorexie mentale, sur une période de 21 ans : 50 % présentent une bonne
évolution, 21 % une évolution intermédiaire et 10 % une évolution défavorable.
À partir d’une vaste méta-analyse, Neumarker (1997) a retrouvé un taux de
mortalité de 5,9 % dont les principales causes étaient le suicide et la mort subite, suite
à des complications somatiques, en particulier du rythme cardiaque.
Des résultats contradictoires ont été constatés, mais une majorité d’auteurs ne
retrouve pas de corrélation par rapport à l’âge de début (Bryant-Waugh, Hankins,
Shafran, Lask, et Fosson, 1996 ; Garfinkel, Moldofsky, et Garner, 1977 ; Herpertz-
Dahlmann et al., 2001 ; Morgan et al., 1983 ; Steinhausen et al., 1991).
Dès 1983, Morgan et al. ont montré que si les relations familiales étaient
difficiles, elles étaient corrélées à un pronostic défavorable. Ces résultats ont été
confirmés par les travaux de Jeammet, Brechon, Payan, Gorge et Fermanian (1991),
Ratnasuriya et al. (1991), et North, Gowers, et Byram (1997).
Gowers, Weetman, Shore Hossain, et Elvins (2000) et Lowe et al. (2001) ont
montré que plus le poids, ou l’indice de masse corporelle, est bas lors du début de
prise en charge, plus le risque d’une évolution défavorable est grand, en particulier
lorsque l’indice de masse corporelle est inférieur à 13.
Troubles des conduites alimentaires 81

La durée et le nombre d’hospitalisations constituent des variables de pronostic


défavorable dans plusieurs études (Gowers et al., 2000 ; Jeammet, Brechon, Payan,
Gorge, et Fermanian, 1991 ; Steinhausen, 1997).
L’existence d’un trouble de la personnalité est un facteur de pronostic défavorable
(Herpertz-Dahlmann et al., 2001 ; Morgan et al., 1983 ; Ratnasuriya et al., 1991). Il en
serait de même en ce qui concerne un diagnostic de dépression (C. Smith, Feldman,
Nasserbakht, et Steiner, 1993 ; Steinhausen et al., 1991).
L’existence de vomissements représente pour plusieurs auteurs (Garfinkel et al.,
1977 ; Jeammet et al., 1991) l’indice d’un pronostic défavorable même si des résultats
contradictoires ont été retrouvés.
Keel et Mitchell (1997) ont conclu, à partir d’une revue de 88 articles couvrant la
période de 1988 à 1995 sur des études de cinq à dix ans d’évolution, que 50 % des
patientes avaient une évolution favorable et 20 % d’entre elles évoluaient vers une
forme chronique. En 1999, Steinhausen a montré dans une méta-analyse que 47,5 %
des patients avaient une évolution favorable, 26 % une évolution intermédiaire et 26 %
une évolution défavorable. Le taux de mortalité est estimé entre 0,3 et 0,5 % (Keel et
Mitchell, 1997 ; Keel, Mitchell, Miller, Davis, et Crow, 1999).
Les études portant sur les facteurs pronostiques ont trouvé des résultats
contradictoires et inconstants. Seule l’existence d’une comorbidité telle qu’une
consommation d’alcool, un trouble de la personnalité type borderline, des antécédents
de tentatives de suicide, est un facteur de pronostic défavorable (Steinhausen, 1997 ;
Steinhausen et al., 1991). La durée d’évolution de la maladie a fait l’objet de
nombreuses controverses sans qu’il soit possible aujourd’hui de pouvoir trancher cette
question.
Soulignons pour conclure que le devenir et le pronostic de l’anorexie mentale et
de la boulimie demeurent dans une large mesure affaire de physiopathologie
individuelle et de possibilité de prise en charge précoce.

2. Études de suivi thérapeutique

Les travaux contrôlés montrent que de 30 à 50 % des patients initialement traités


avec succès en hospitalisation rechutent au cours de la première année. Les
considérations sur l’efficacité comparée des thérapies familiales, des thérapies
psychodynamique, des thérapies cognitivo-comportementales et des thérapies
Troubles des conduites alimentaires 82

comportementales sont très nombreuses mais de nombreuses études utilisaient des


échantillons trop petits. Diverses données émergent cependant des études empiriques
des dix dernières années. Une étude pilote – comparant une thérapie cognitive à une
thérapie comportementale a visée éducative – montre une égalité de résultat en matière
de gain de poids (Treasure et al., 1995).
En 1987, Russell, Szmukler, Dare et Eisler ont comparé la thérapie familiale à une
thérapie individuelle de soutien chez 57 anorexiques et 23 boulimiques initialement
hospitalisées. La thérapie familiale a été supérieure à la thérapie de soutien chez les
patientes dont le début des troubles avait été précoce (18 ans ou moins) et la durée de
la maladie inférieure à trois ans. L’approche psychodynamique a fait la preuve de son
intérêt chez des adolescents ne nécessitant pas d’hospitalisation (Robin et al., 1999)
mais des essais contrôlés pour des patients plus âgés manquent encore.

J. Hypothèses étiopathogéniques et approche biologique

Les causes des troubles du comportement alimentaire restent à ce jour une


énigme. Les recherches cliniques et fondamentales nous apportent des indices qui font
supposer une étiologie multifactorielle, comme pour la plupart des syndromes
psychiatriques. Il existerait des facteurs de risque et de vulnérabilité dont la
conjugaison chez un individu donné aboutirait à la manifestation du syndrome
d’anorexie mentale ou de boulimie. Ces facteurs seraient de nature biologique –
notamment génétique – psychologique et socioculturelle.

1. Troubles du comportement alimentaire et hypothèses biologiques

Depuis une vingtaine d’années, une multitude de rapports ont signalé des taux
anormaux de diverses hormones, neurotransmetteurs et polypeptides liés à la
régulation du comportement alimentaire chez des patientes volontaires. Ces substances
ont été mesurées dans le plasma sanguin, l’urine ou le liquide céphalorachidien, en
concentration simple ou en lots d’épreuves dynamiques de stimulation
neuroendocrinienne (Halmi, 1995 ; Kaye et Strober, 1999). Diverses hypothèses sur
les mécanismes d’apparition et d’entretien des comportements anorexiques et
boulimiques ont été tirées de ces travaux mais il semble que les anomalies signalées
étaient inconstantes, variables, souvent contradictoires d’une étude à l’autre, et
Troubles des conduites alimentaires 83

qu’elles régressaient avec la correction des désordres alimentaires et la stabilisation


d’un état nutritionnel équilibré. Les auteurs s’accordent désormais à penser qu’il s’agit
de perturbations liées à la dénutrition ou la malnutrition induite par une conduite
boulimique chronique, en particulier les vomissements et la restriction entre les accès
(Halmi, 2002 ; Palmer, 1998). Ainsi en est-il par exemple des hormones
surrénaliennes, thyroïdiennes, et de croissance ; des hormones gastro-intestinales
comme la cholécystokinine, le glucagon, la somatostatine et la bombésine, ainsi que
du système opioïde endogène. Des anomalies mineures de la concentration en
neuropeptide Y et peptide YY dans le liquide céphalorachidien ont été plusieurs fois
rapportées mais leur signification quant à la physiopathologie de la boulimie reste
encore à déterminer. Il semble que les signaux de satiété fonctionnent comme attendu
dans un état de dénutrition chez les patientes anorexiques en phase aiguë. Deux
anomalies pourraient cependant favoriser le passage à la chronicité du trouble :
l’accroissement de satiété médiée par la cholécystokinine ainsi que de la concentration
en leptine. L’augmentation de celle-ci (rapportée à l’indice de masse corporelle)
pourrait contrarier la reprise de poids lors d’une renutrition intensive. On ignore si les
anomalies des secrétions d’insuline et de cortisol en réponse à la prise d’un repas en
phase de rémission reflètent des séquelles dans l’appareil digestif ou un facteur de
vulnérabilité à l’anorexie (Connan et Stanley, 2003). Concernant la boulimie, une
prédisposition au surpoids pourrait résulter de divers facteurs constitutionnels, parmi
lesquels un défaut de production de leptine en réponse à la constitution de masse
grasse. Une altération des signaux de satiété médiés par la cholécystokinine, la leptine
et le nerf vague pourrait contribuer à la perte de contrôle de la prise alimentaire lors
des accès de boulimie. Si les perturbations du métabolisme du glucose et de l’insuline
apparaissent secondaires à la malnutrition, elles peuvent néanmoins intervenir dans la
pérennisation du cycle boulimie/restriction – « purge » (Connan et Stanley, 2003). De
même, les métabolismes de base, de repos et postprandial ont suscité nombre de
travaux, sous-tendus par l’hypothèse selon laquelle un bas niveau de métabolisme,
constitutionnel et antérieur à la boulimie, pouvait, soit directement générer des
impulsions alimentaires (à partir de la théorie ischymétrique de Nicolaïdis et Even
(1984) selon laquelle l’abaissement du niveau de métabolisme de repos en deçà d’un
certain seuil serait un élément déterminant du déclenchement de la prise alimentaire),
soit contraindre la personne à manger moins que des rations usuelles pour ne pas
Troubles des conduites alimentaires 84

grossir et donc observer une restriction chronique qui l’expose au développement de la


conduite boulimique (Obarzanek, Lesem, Goldstein, et Jimerson, 1991). L’ensemble
des données à ce jour ne permettent cependant pas de tirer une conclusion définitive et
suggèrent plutôt, là encore, un phénomène secondaire à la malnutrition (Léonard et al.,
1996 ; Salisbury, Levine, Crow, et Mitchell, 1995).
La difficulté pour mettre en place des protocoles longitudinaux qui permettraient
l’exploration de cohortes de jeunes filles avant et après l’apparition du syndrome reste
un problème majeur pour l’élucidation des mécanismes physiopathologiques de cette
affection. Et ce d’autant plus qu’elle se complique non seulement d’une malnutrition
générant des désordres non spécifiques mais aussi de troubles dépressifs et anxieux qui
sont eux-mêmes pourvoyeurs de perturbations neuroendocriniennes (Samuel-
Lajeunesse et Foulon, 1994). Quelques pistes demeurent cependant, parmi lesquelles
le lien entre activité sérotoninergique et contrôle des comportements. Une diminution
de la concentration dans le liquide céphalorachidien en acide 5-hydroxyindolacétique
(5-HIAA), inversement proportionnelle à la fréquence des crises et vomissements, et
une altération de la réponse à l’épreuve de stimulation sérotoninergique ont été
observées chez des personnes souffrant de boulimie. En rémission, les épreuves
provoquent au contraire un accroissement de la concentration en 5-HIAA dans le
liquide céphalorachidien.

a. L’approche biologique et la régulation de la prise alimentaire

Le poids corporel de l’adulte tend vers une valeur relativement stable, ce qui
suggère l’existence d’une homéostasie pondérale. En effet, un ensemble de
mécanismes régulateurs vise à corriger les écarts produits par les variations des
milieux internes et externes, les paramètres d’équilibre étant la prise alimentaire, les
dépenses énergétiques et le niveau d’adiposité (Samuel-Lajeunesse et Foulon, 1994).
Le contrôle central de la régulation du poids se situe au niveau de l’hypothalamus,
ventral et médian, qui intègre les différents stimuli et organise les réponses, surtout par
la mise en jeu des systèmes sérotoninergique et catécholaminergique (Samuel-
Lajeunesse et Foulon, 1994).
La sérotonine est le neuromédiateur dont le rôle dans le pondérostat est
actuellement le mieux connu. L’effet le plus anciennement décrit est la modification
du comportement alimentaire, avec une variation de la satiété. D’autre part, la
Troubles des conduites alimentaires 85

sérotonine a un effet global de diminution des ingestions caloriques par un ensemble


de phénomènes sélectifs sur la prise alimentaire. La sérotonine agit au niveau de
l’hypothalamus médian en diminuant la prise alimentaire, en particulier celle des
hydrates de carbone (la sérotonine fait partie d’une boucle très complexe de régulation
de l’absorption glucidique). Cet effet a été remarqué chez des patients obèses
présentant en dehors des repas des compulsions sélectives pour les hydrates de
carbone (carbohydrates-cravers) lors de moments de tension intérieure. L’absorption
de collations sucrées entraîne une sédation de cette tension (Samuel-Lajeunesse et
Foulon, 1994). La prescription chez ces patients de dexfenfluramine (agoniste cérébral
de la sérotonine) entraînait une diminution de l’intensité des crises. Ainsi était
suggérée l’hypothèse hyposérotoninergique dans la boulimie (Samuel-Lajeunesse et
Foulon, 1994). Un déficit sérotoninergique est par ailleurs évoqué dans certains
troubles dépressifs et troubles du contrôle de l’impulsivité que l’on retrouve en
clinique dans la constellation symptomatique de la boulimie. Pour autant, l’impact de
la sérotonine dans le comportement boulimique doit être articulé avec l’effet des autres
éléments régulateurs de la prise alimentaire.
Le système catécholaminergique régule le poids de façon centrale par l’activation
des récepteurs centraux (Samuel-Lajeunesse et Foulon, 1994) :

 α induisant une augmentation de la prise alimentaire par l’élévation


caractérisée du volume et de la durée des repas, et la sélection de glucides ;
 β entraînant à l’inverse une diminution de la prise alimentaire. Les travaux
de recherche se développent sur les neuropeptides impliqués dans la
régulation physiologique de la prise alimentaire et concernent
essentiellement la norépinéphrine, les opioïdes (enképhaline,
brendorphine, dymorphine) et les peptides pancréàtico-intestinaux (y-yy) ;
toutes sont des substances orexigènes puissantes. Le système neuropeptide
Y-leptine-ghréline paraît actuellement être un régulateur important de la
prise alimentaire.

Les données relatives au métabolisme de la sérotonine dans les troubles anxieux,


notamment obsessionnels compulsifs, et de la personnalité indiquent une association
entre concentration basse en 5-HIAA et impulsivité/agressivité (Kaye, 2002 ; Kaye et
al., 1998 ; Smith, Fairburn, et Cowen, 1999). Une approche dite transnosographique
Troubles des conduites alimentaires 86

des pathologies psychiatriques s’est développée à partir de ce type d’observation, qui


prône l’étude de dimensions de conduites plutôt que des syndromes : par exemple le
contrôle versus l’impulsivité plutôt que le trouble obsessionnel compulsif ou le trouble
de la personnalité (Treasure et Campbell, 1994). D’où la notion de liens entre déficit
du contrôle des comportements (impulsions boulimiques) et baisse de la concentration
en 5-HIAA dans le liquide céphalorachidien d’une part, entre excès de contrôle
(fréquentes manifestations obsessionnelles au décours d’une période boulimique) et
élévation de la concentration en 5-HIAA d’autre part (Berthoz, Ringuenet, Corcos,
Martinot, et Jeammet, 2002). L’imagerie cérébrale (tomodensitométrie et résonance
magnétique, avec cartographie du métabolisme des régions corticales et sous-
corticales) suggère également l’existence d’anomalies du circuit sérotoninergique dans
le cortex fronto-orbital, qui persiste après rémission du trouble du comportement
alimentaire. Cela corrobore l’hypothèse d’une vulnérabilité à un dysfonctionnement du
contrôle des comportements (Kaye, 2002 ; Kaye et Strober, 1999).

b. L’approche génétique

La génétique offre aussi une autre voie d’accès à la connaissance des mécanismes
biologiques de la boulimie. L’existence d’une transmission familiale des troubles du
comportement alimentaire est connue par les cliniciens depuis longtemps.
L’épidémiologie génétique a confirmé cette observation en indiquant que ces troubles
sont plus fréquents chez les parents biologiques de personnes affectées : le risque de
survenue d’anorexie mentale est multiplié par 11,4 ; celui de boulimie par 3,7 (Strober,
Freeman, Lampert, Diamond, et Kaye, 2000) et celui de formes non typiques de
troubles du comportement alimentaire est aussi très accru. Les études familiales et de
jumeaux indiquent l’existence de facteurs génétiques partagés par l’anorexie mentale
et la boulimie (Walters et Kendler, 1995). La prévalence de boulimie et de formes non
typiques sont plus élevées parmi les parents d’anorexie mentale et la réciproque est
vérifiée (Strober et al., 2000 ; Walters et Kendler, 1995). Les comparaisons de
jumelles mono et hétérozygotes font apparaître une concordance entre les premières
statistiquement supérieure aux dernières, ce qui corrobore l’hypothèse d’une
participation de facteurs génétiques à la transmission de ces troubles. Les études
varient cependant beaucoup dans l’estimation de l’héritabilité de la boulimie, de 31 à
83 % (Bulik, Sullivan, et Kendler, 1998 ; Fichter et Noegal, 1990 ; Hsu, Chesler, et
Troubles des conduites alimentaires 87

Santhouse, 1990 ; Kendler et al., 1991 ; Kendler et al., 1995 ; Wade, Neale, Lake, et
Martin, 1999), ainsi que de l’anorexie mentale (Fairburn, Cooper et al., 1999 ;
Fairburn et al., 1997 ; Klump, Kaye, et Strober, 2001 ; Treasure et Holland, 1989 ;
Wade, Bulik, Neale, et Kendler, 2000 ; Walters et Kendler, 1995) . L’ensemble des
travaux suggère que l’effet des facteurs génétiques serait supérieur à celui des facteurs
environnementaux non partagés, lui-même supérieur à celui des facteurs
environnementaux partagés (Winchester et Collier, 2003). La transmission est
complexe : elle mettrait en jeu différents lieux sur différents gènes qui seraient
porteurs de facteurs de vulnérabilité (Gorwood, Kipman, et Foulon, 2003 ; Hinney,
Remschmidt, et Hebebrand, 2000 ; Treasure et Holland, 1989).
Par ailleurs, certains de ces facteurs génétiques pourraient déterminer le risque de
survenue d’anorexie mentale et/ou de boulimie, ainsi que d’une dépression majeure.
Le risque de survenue d’addiction à des toxiques est multiplié par trois ou quatre chez
les parents de personnes souffrant de boulimie ou anorexie-boulimie, que ces
personnes elles-mêmes surconsomment ou non des toxiques. D’autres facteurs seraient
donc communs à la transmission du risque de boulimie et de celui des addictions à des
toxiques (Lilenfeld et al., 1998 ; Strober et al., 2000). Il reste toutefois à établir le
caractère génétique de cette transmission. D’autres travaux montrent que certains traits
de personnalité sont plus fréquents chez des parents (indemnes de troubles du
comportement alimentaire) de sujets à troubles du comportement alimentaire : par
exemple les traits de perfectionnisme, de méfiance interpersonnelle et de sentiment
d’inefficacité (ineffectiveness) plus fréquents chez des parents de sujets boulimiques.
Au total, l’idée dominante actuellement est que différents gènes seraient porteurs
de perturbations mineures qui, lorsqu’elles se cumulent chez un individu et se
conjuguent à des facteurs environnementaux défavorables, amplifient des traits de
personnalité et/ou des dysfonctionnements de processus biologiques de régulation des
comportements (système régulant faim/satiété, voies métaboliques,
contrôle/impulsivité, etc.) pour aboutir à l’expression clinique du syndrome d’anorexie
mentale et/ou de boulimie (Bulik, Sullivan, Fear, et Pickering, 2000 ; Strober et Bulik,
2002 ; Woodside, 1993). Dans une revue sur l’anorexie mentale chez les jumeaux
(Bulik, Sullivan, Wade, et Kendler, 2000) les auteurs ont conclu qu’il n’est pas
possible de tirer des conclusions par rapport à la contribution précise des facteurs
génétiques. Le nombre des gènes candidats dans l’anorexie est important concernant la
Troubles des conduites alimentaires 88

significativité des données disponibles dans les domaines épidémiologique,


physiologique, biochimique et pharmacologique (Gorwood, Bouvard, Mouren-
Simeoni, Kipman, et Ades, 1998 ; Hinney, Remschmidt, et Hebebrand, 2000).
Rivinus et al. (1984) sont parmi les nombreux auteurs qui ont montré une
fréquence de deux à quatre fois supérieure des troubles thymiques chez les apparentés
au premier degré des patientes anorexiques et boulimiques par rapport aux apparentés
des sujets contrôles. Strober et al. (1988) ont précisé que cette notion s’appliquait aux
familles d’anorexiques avec comportements boulimiques, et non aux familles
d’anorexiques restrictives pures.
Les études sur l’association génétique au trouble obsessionnel compulsif
(Cavallini, Bertelli, Chiapparino, Riboldi, et Bellodi, 2000) se développent, mais la
plupart des anorexiques et une partie des boulimiques sont dans une logique
obsessionnelle défensive (Speranza, Corcos, Levi, et Jeammet, 1999) avec une
obsessionnalité plus importante en cas de comportement restrictif et une compulsivité
plus importante en cas de comportement boulimique.
Il est probable que les formes endogènes avec dimension obsessionnelle et
dépressive des troubles se recrutent préférentiellement chez les anorexies mentales
restrictives pures, tandis que les formes borderline, où l’influence de l’environnement
est prévalent, se retrouvent plus volontiers chez les anorexies mentales de type
vomissement ou prise de purgatifs et les boulimiques. À cet égard, Halmi et al. (2000)
estiment que le « perfectionnisme » est une caractéristique clinique singulière et
discriminante dans l’anorexie et qu’elle renvoie à une vulnérabilité génétique.
L’héritabilité, c’est-à-dire le poids des facteurs génétiques, est estimée de 50 à
70 % (Corcos et al., 2002). Une forte héritabilité ne signifie pas forcément que les
gènes (connus pour le moment) les plus impliqués aient un poids considérable (Corcos
et al., 2002). Collier et al. (1997) ont mis en évidence une association significative
entre anorexie mentale et un polymorphisme du gène codant pour le récepteur
sérotoninergique 5-HT2A. Ce résultat, répliqué plusieurs fois, apparaît très significatif
chez les anorexiques avec forte dimension obsessionnelle. L’effet est très significatif
mais modéré (Gorwood et al., 1998).
Les études d’agrégation familiale estiment à 3 % le risque d’avoir un enfant
anorexique si un parent (au sens large) a ce trouble et à 0,3 % si ce n’est pas le cas
(Strober, Lilenfeld, Kaye, et Bulik, 2001).
Troubles des conduites alimentaires 89

Un sujet ayant une vulnérabilité génétique, sur le 5-HT2A par exemple, a un


risque relatif faible (x 1,8) s’il ne s’y associe pas d’autres vulnérabilités génétiques
(sur d’autres gènes, il faut donc exclure la notion de gène candidat car la transmission
est probablement oligogénétique, voire polygénétique) et des facteurs
d’environnement favorisants. Or, ces conditions d’interactions sont rarement réunies,
ce qui explique la dispersion au bout de trois générations..., le dernier sujet ayant
autant de risques que dans la population générale (Corcos et al., 2002).
Les études de concentration familiale tentent de spécifier le spectre phénotypique,
en regard des liens entre troubles alimentaires, dépression et alcoolisme. Gershon et al.
(1984) ont mis en évidence le fait que c’est l’anorexie restrictive pure, sans
vomissements provoqués et crise de boulimie, qui augmente significativement le
risque d’anorexie mentale chez les apparentés. Maloney et Shephard-Spiro (1983) ont
mis en exergue la fréquence des troubles du comportement alimentaire subcliniques
chez les membres de la famille féminins des sujets anorexiques.

c. Imagerie cérébrale et troubles du comportement alimentaire

Sur une période de 15 ans avec l’introduction des tomodensitomètres (scanners


CT) l’anatomie cérébrale d’environ 200 anorexiques a été analysée. Selon Berthoz et
al. (2002) ces études ont rapporté de manière avérée la présence de différentes
anomalies structurelles dont : un élargissement des espaces liquide céphalorachidien
externes, un élargissement ventriculaire, un épaississement des sillons, ainsi qu’un
rétrécissement des gyri corticaux. Les études en imagerie par résonance magnétique,
qui offre une meilleure résolution spatiale, ont confirmé ces résultats (Golden et al.,
1996 ; Kingston, Szmukler, Andrewes, Tress, et Desmond, 1996 ; Kornreich et al.,
1991). Plus occasionnellement, des études ont observé une réduction de la taille de la
glande hypophyse (Doraiswamy et al., 1990 ; Kingston et al., 1996 ; Kornreich et al.,
1991), des corps mamillaires (Doraiswamy et al., 1990), du thalamus (Husain et al.,
1992), de la formation amygdalo-hippocampique (Giordano et al., 2001), ainsi qu’une
augmentation de la taille du corps calleux (Neumarker, Bzufka, Dudeck, Hein, et
Neumarker, 2000). Récemment, il est devenu possible de traiter les examens
d’imagerie par résonance magnétique en procédant à une segmentation des volumes
cérébraux pour isoler la matière grise, la matière blanche et les compartiments du
liquide céphalo-rachidien. Katzman et al. (1996 ; 1997) et Lambe, Katzman, Mikulis,
Troubles des conduites alimentaires 90

Kennedy, et Zipursky (1997), ont utilisé cette technique dans l’anorexie et ont mis en
évidence une réduction des volumes de matière grise et de matière blanche, et ce
même après ajustement sur l’âge et le volume intercrânien. Cependant, seuls les
volumes de matière grise se sont révélés corrélés avec l’indice de masse corporelle.
Pour ces auteurs, l’anorexie induirait des modifications distinctes de la matière grise et
de la matière blanche, la première étant davantage liée à l’intensité de la perte de
poids. Il semblerait, par ailleurs, que les anomalies structurelles surviennent très tôt
dans le cours de la maladie, et ceci même chez des adolescentes ayant une durée
d’évolution de la maladie en moyenne inférieure à un an et demi (Golden et al., 1996 ;
Katzman et al., 1996 ; Swayze et al., 1996).
Par contre, les anomalies structurelles associées à la boulimie ont été moins
systématiquement étudiées. Les quelques études disponibles ont mis en évidence des
anomalies comparables à celles observées chez des patients anorexiques, notamment
un élargissement des ventricules latéraux et une atrophie corticale (Hoffman et al.,
1989, 1990 ; Krieg, 1991 ; Krieg, Lauer, et Pirke, 1989).
Encore trop peu nombreuses, les études comparatives des différents sous-groupes
de patients ayant un trouble du comportement alimentaire ont toutefois mis en
évidence un hypermétabolisme frontal inférieur bilatéral (Delvenne, Goldman, De
Maertelaer, et Lotstra, 1999 ; Nozoe et al., 1995) et temporal (Delvenne, Goldman, De
Maertelaer, et Lotstra, 1999) chez les boulimiques par rapport aux anorexiques.
Ellison et al. (1998) ont émis l’hypothèse que des anorexiques auraient une phobie
des calories, qui se manifesterait par une augmentation de l’activité cérébrale plus
importante lors de la confrontation à des aliments hautement caloriques. À partir de la
comparaison de six anorexiques et six témoins, ces auteurs ont mis en évidence chez
les anorexiques une augmentation de l’activité au niveau du cortex cingulaire
antérieur, de l’insula gauche et de la formation amygdalo-hippocampique, associée à
un vécu subjectif d’anxiété accrue.
C. M. Gordon et al. (2001) ont tenté de répliquer ces résultats en faisant
l’hypothèse que la visualisation d’aliments hautement caloriques comparativement à
des aliments faiblement caloriques, ou des non-aliments devrait induire des
augmentations d’activité plus importante chez des anorexiques que chez des témoins
dans les régions limbiques et paralimbiques. Contrairement aux résultats attendus, des
Troubles des conduites alimentaires 91

différences ont été mises en évidence au niveau du cortex visuel associatif, mais pas
des régions limbiques et paralimbiques.
Seeger, Braus, Ruf, Goldberger, et Schmidt (2002) ont mis en évidence une
activation de l’amygdale chez des anorexiques confrontées à une image déformée de
leur propre corps, mais pas chez des témoins. Les auteurs ont interprété ce résultat
comme le signe d’une réaction de type aversive face à un stimulus anxiogène –
l’image déformée de leur corps – chez les anorexiques.
Par ailleurs, dans une étude comparative d’anorexiques restrictives,
d’anorexiques-boulimiques et de témoins, Naruo et al. (2000) ont observé uniquement
chez les anorexiques-boulimiques une augmentation de l’activité cérébrale, quand les
participantes s’imaginaient être en train de manger. Ces augmentations survenaient
dans l’hémisphère droit, au niveau du cortex préfrontal (inférieur et supérieur) et
pariétal.
Enfin, pour mieux comprendre les mécanismes cérébraux mis en jeu lors
d’épisodes de crises de boulimie, Karhunen et al. (2000) ont mesuré, chez des obèses
boulimiques, des obèses non boulimiques et des témoins, les activations cérébrales
consécutives à la visualisation d’un repas appétissant que les participants avaient eux-
mêmes choisi. La visualisation de la nourriture était associée à des augmentations
bilatérales de l’activité plus importante chez les obèses boulimiques comparativement
aux deux autres groupes de sujets. Comparativement aux obèses non boulimiques, les
obèses boulimiques avaient des augmentations plus importantes dans l’hémisphère
gauche, notamment dans les régions frontales et préfrontales, lors de la visualisation
de nourriture (Fombonne, 1995).
Dans les troubles des conduites alimentaires, les méthodes d’imagerie cérébrale
ont mis en évidence des modifications de la morphologie cérébrale, mais aussi du
métabolisme énergétique, et d’éléments de systèmes de neurotransmission, comme les
récepteurs sérotoninergiques.
Les résultats de deux études (Delvenne et al., 1996 ; Giordano et al., 2001), où les
patientes n’avaient pas encore atteint un indice de masse corporelle normal,
suggéreraient que les différentes altérations cérébrales structurelles se résorbent à des
degrés divers, selon les structures, et pas de la même manière en fonction du temps.
Selon Katzman et al. (1997) l’élargissement ventriculaire serait réversible, tandis que
les anomalies de matière grise persisteraient.
Troubles des conduites alimentaires 92

Aucun argument solide confortant l’hypothèse que les altérations seraient


primaires n’a été mis en évidence jusqu’à présent. Selon I. Gordon, Lask, Bryant-
Waugh, Christie, et Timimi (1997), la mise en évidence d’une persistance de
l’asymétrie hémisphérique temporale du métabolisme cérébral du glucose dans le cas
de l’anorexie à début précoce, serait en faveur d’une anomalie primaire du
fonctionnement des lobes temporaux dans ce type d’anorexie. Il étaye son point de vue
en soulignant que l’hypermétabolisme devrait être bilatéral s’il était secondaire à la
dénutrition. Toutefois, le point de vue selon lequel les anomalies structurelles
cérébrales précèderaient les troubles du comportement alimentaire reste minoritaire
(Artmann, Grau, Adelmann, et Schleiffer, 1985 ; I. Gordon et al., 1997 ; Swayze et
al., 1996). Ce qui encourage les auteurs à écarter cette hypothèse se résume par la
question suivante : si les anomalies structurelles observées sont primaires, comment
expliquer qu’elles soient – même seulement partiellement – réversibles ?
i. Désordres métaboliques lies à la dénutrition
La dénutrition est l’un de mécanismes le plus fréquemment mis en cause, et ce,
bien que des anomalies similaires soient observées chez les anorexiques dénutries et
chez les boulimiques (Herholz, 1996). En effet, différentes études rapportent des
associations entre les anomalies cérébrales structurelles et le poids (par exemple :
corrélations négatives entre le volume ventriculaire et l’indice de masse corporelle
(Golden et al., 1996 ; Katzman et al., 1996 ; Kingston et al., 1996 ; Neumarker et al.,
2000 ; Swayze et al., 1996). Comme le suggère la mise en évidence de corrélations
entre le volume de certaines structures et la fréquence des vomissements (Andreason
et al., 1992), ou encore des modifications du métabolisme cérébral avec l’alternance
des périodes restrictives et de purge (Hirano, Tomura, Okane, Watarai, et Tashiro,
1999), il est possible que les anomalies soient plus particulièrement liées aux
vomissements, induisant des désordres métaboliques comparables chez les
anorexiques et les boulimiques. Les laxatifs et les diurétiques, si souvent utilisés par
les patientes – en particulier, les boulimiques – pour contrôler leur poids sont
également connus pour modifier le fonctionnement cérébral (Black et Madsen, 1992).
Pour I. Gordon et al. (1997), l’atrophie cérébrale dans l’anorexie est due à une
réduction de la synthèse protéique consécutive à la dénutrition. Avec une
rééquilibration nutritionnelle, la synthèse protéique redeviendrait normale, les déficits
Troubles des conduites alimentaires 93

neuropsychologiques s’amenuiseraient et les atrophies cérébrales se résorberaient peu


à peu. Selon eux, l’anorexie serait donc une « vraie atrophie ».

ii. Hypercortisolémie
Le deuxième mécanisme le plus fréquemment mis en cause est l’élévation des
taux de cortisol. En effet, un des résultats le plus souvent répliqué dans l’anorexie est
la mise en évidence d’une cortisolémie élevée (Ferrari, Fraschini, et Brambilla, 1990 ;
Gold et al., 1986 ; Kaye et al., 1987 ; Kling et al., 1993 ; Krieg, Pirke, Lauer, et
Backmund, 1988). Plusieurs études ont détecté une association entre taux de cortisol et
anomalies cérébrales structurelles (Gold et al., 1986 ; Katzman et al., 1996 ; Kellner,
Rubinow, Gold, et Post, 1983 ; Starkman, Gebarski, Berent, et Schteingart, 1992),
notamment par la mise en évidence d’une corrélation négative entre le taux de cortisol
et les volumes de matière grise centraux, et d’une corrélation positive avec le volume
liquide céphalo-rachidien total (Katzman et al., 1996). Lambe et al. (1997) n’ont pas
trouvé de corrélation entre la réduction de matière grise et le taux de cortisol, mais ils
concluent malgré tout en disant qu’une exposition prolongée à des taux de cortisol
élevés induirait une telle atrophie.
Si les anomalies cérébrales structurelles observées dans l’anorexie sont en partie
liées aux effets neurotoxiques d’une hypercortisolémie, il est fort probable qu’elles
soient en partie réversibles. Cependant, Giordano et al. (2001) ont mis en évidence,
chez des anorexiques qui avaient repris du poids et dont le bilan hormonal et la
production de corticostéroïdes était normalisée, une réduction importante (environ
25 %) et durable de la taille de la formation amygdalo-hippocampique. Étant donné
que cette structure est riche en récepteurs glucocorticoïdes, que beaucoup
d’anorexiques ne répondent pas à l’administration de dexaméthasone (De Kloet,
Vreugdenhil, Oitzi, et Joels, 1998 ; Garner, 1993), et que, dans leur étude, la taille de
la formation amygdalo-hippocampique n’était pas corrélée avec l’augmentation du
poids, Giordano et al. (2001) estiment qu’il est improbable que cette atrophie soit
réversible. Par ailleurs, les études chez l’animal montrent qu’une exposition prolongée
au cortisol peut induire une perte définitive de neurones (McEwen, 1992 ; Sapolsky,
2000).
Troubles des conduites alimentaires 94

iii. L’hypothèse sérotoninergique


Des données obtenues chez des patientes boulimiques mettent en cause d’autres
facteurs neuroendocriniens dans les anomalies cérébrales observées (Hoffman et al.,
1989 ; 1990 ; Krieg et al., 1989 ; Lankenau, Swigar, Bhimani, Luchins, et Quinlan,
1985). Plus spécifiquement, la transmission 5-HT hypothalamique a été impliquée
dans le contrôle du comportement alimentaire (Leibowitz et Alexander, 1998), et des
taux élevés de recapture de la sérotonine ont été observés dans les plaquettes de
patientes boulimiques (Goldbloom, Hicks, et Garfinkel, 1990). Il semblerait qu’il y ait
un déficit de modulation du système sérotoninergique central (Kaye et al., 2000),
déficit qui génèrerait une altération des signaux de satiété, et contribuerait ainsi aux
symptômes boulimiques (Jimerson et al., 1997). Récemment, Tauscher et al. (2001)
ont mis en évidence une réduction de la fixation de la sérotonine diencéphalique et
striatale chez des boulimiques. La diminution observée était comparable à celle mise
en évidence chez des déprimés (Malison et al., 1998), mais Tauscher et al. ont écarté
la possibilité que les résultats soient liés à la dépression puisque aucune corrélation n’a
été mise en évidence avec le score de dépression (Tauscher et al., 2001).
Des altérations du fonctionnement sérotoninergique ont également été mises en
évidence chez des sujets ayant présenté des antécédents de boulimie, et certains
auteurs formulent l’hypothèse d’altérations « traits » qui contribueraient à la
pathogenèse de cette maladie (Kaye et al., 2000 ; Kaye et al., 1998 ; K. A. Smith et al.,
1999).

2. Aspects socioculturels des troubles du comportement alimentaire

Lorsque les études sur les troubles du comportement alimentaire ont commencé à
se multiplier, à la fin des années 1970 et tout au long des années 1980, un profil assez
précis a été repéré chez ces sujets : celui de jeunes filles occidentales appartenant aux
classes socioéconomiques aisées. À partir de ce constat, nombreux articles ont
présenté une réflexion sur l’influence que la société et certains aspects de sa culture
pouvaient exercer sur les adolescentes et les femmes, en relation avec les
préoccupations de minceur et l’image du corps. Différentes notions ont été maintes
fois formulées, commentées et continuent de faire l’objet d’investigations diverses,
depuis les enquêtes en milieu scolaire et auprès de la population féminine générale,
jusqu’aux protocoles de psychologie expérimentale explorant les liens entre, par
Troubles des conduites alimentaires 95

exemple, prise alimentaire et émotions (Fallon, Katzman, et Wooley, 1994 ; Schmidt,


Tiller, et Treasure, 1993 ; Striegel-Moore, 1992 ; Striegel-Moore et Smolak, 2002 ;
Szmukler et Patton, 1995). Ces notions sont présentées ci-dessous, de façon résumée.

 Les troubles du comportement alimentaire se développeraient dans les


sociétés dites d’abondance, où de fortes influences contradictoires pèsent
sur les personnes. Une industrie de l’alimentation puissante, dont les
représentants sont en concurrence, inciterait les personnes à consommer en
utilisant tous les moyens de communication existants, à tout moment de la
journée. A l’inverse, les industries de la mode et du luxe, ainsi que la
presse féminine en général, pousseraient à une recherche excessive de la
minceur. Ces invitations contradictoires viseraient les femmes beaucoup
plus que les hommes, même si la différence tend à s’atténuer avec le temps
(Bellisle, 1999 ; Rolland-Cachera, Bellisle, et Deheeger, 2000) ;
 L’augmentation de la fréquence des troubles du comportement alimentaire
coïnciderait avec l’évolution de l’idéal féminin présenté dans les médias :
de jeunes femmes toujours plus minces (indice de masse corporelle entre
16 et 18 kg/m²), hyperactives, qui doivent concilier réussite académique et
professionnelle, pratique sportive et séduction sociale et amoureuse ;
 Une longue tradition de la culture occidentale soumettrait la femme à des
impératifs de passivité et de soumission – plaire, séduire par l’apparence,
être choisie, contenter, donner satisfaction – par opposition à l’homme qui
se verrait inculquer d’autres valeurs, notamment de conquête et
d’affirmation de soi ;
 Dans les faits, il est bien établi que les femmes ont moins accès au pouvoir
(en entreprise, en administration), sont moins bien rémunérées, sont plus
exposées à l’harcèlement, à la violence et aux abus sexuels que les
hommes ;
 La presse féminine et les revues de vulgarisation sur la santé donnent à lire
chaque semaine des protocoles de régime alimentaire dont l’objectif est
toujours le même : maigrir. Les recommandations sont loin d’être
rationnelles, des déséquilibres qualitatifs sont souvent préconisés sous des
prétextes divers, et les besoins spécifiques de la lectrice en fonction de ses
antécédents médicaux et nutritionnels – ne sont évidemment pas pris en
Troubles des conduites alimentaires 96

compte. L’expérience d’un régime restrictif mal conduit à partir de


l’adolescence, voir de l’enfance, est devenue un fait universel dans la
population féminine occidentale depuis les années 1970 ;
 Des études transculturelles, mettant en évidence la montée d’incidence des
troubles du comportement alimentaire dans des pays en voie de
développement où les préoccupations pour la minceur seraient moindres,
ont pointé l’influence des médias à la diffusion planétaire dans cette
généralisation des troubles. Certains chercheurs jugent toutefois simpliste
cette explication et incriminent plutôt la mutation accélérée de l’identité et
du rôle de la femme que le phénomène de mondialisation provoquerait
dans ces sociétés (Nasser et Katzman, 2003).

De telles assertions reposent sur divers types de travaux : analyse comparative de


documents produits à différentes décennies, notamment iconographiques ; enquête
sociologique et investigation dans des échantillons de population à risque (étudiantes,
danseuses ou gymnastes par exemple) ou générale, au moyen de questionnaires
explorant attitudes et comportements relatifs aux conduites alimentaires ; observation
et suivi de cohortes de patientes dans des services spécialisés, parfois recrutées par
annonces ; comparaison d’échantillons issus de territoires différents, par exemple des
Égyptiennes du Caire et leurs compatriotes émigrées à Londres ; procédures
expérimentales visant à mesurer l’impact de contenus de médias (par exemple des
photographies de mode) sur des volontaires, à savoir la modification des affects, de
l’image du corps et de l’estime de soi, ou encore la prise alimentaire en laboratoire. La
portée de ces études reste limitée, en dépit de leur très grand nombre, en raison des
difficultés méthodologiques qu’elles posent à leurs auteurs. Les définitions sont
imprécises, qu’il s’agisse des notions d’ethnie ou de culture et société ou de concepts
difficiles à établir avec une précision suffisante comme l’image du corps, le souci de
minceur ou l’estime de soi. Les articles de synthèse rapportant une revue des travaux
publiés mettent en évidence un manque de rigueur dans la construction des protocoles
et l’analyse statistique des données (Striegel-Moore et Smolak, 2002).
Troubles des conduites alimentaires 97

3. Autres modèles ou hypothèses explicatifs

a. Les facteurs nutritionnels

Le régime restrictif que la plupart des adolescentes et jeunes femmes s’imposent,


de façon récurrente, est en général déséquilibré (carence en hydrates de carmine
complexes et lipides, saut de repas…), pas toujours justifié et excessif dans
l’amaigrissement visé. La théorie du set point postule que les femmes dont la
constitution héréditaire détermine un poids d’équilibre sensiblement supérieur à celui
valorisé par les canons esthétiques, ou même perçu a priori comme « sain » dans leur
environnement (proches, médecin etc.), seraient contraintes à entretenir une privation
chronique de leur organisme pour se maintenir à un poids dit « normal ». D’où il
résulterait un conflit entre la pression des besoins physiologiques du corps – qui
généreraient des fringales – et celle des conditions posées pour un épanouissement
psychologique.
Ceci amène à la spirale de la diète et des écarts : la restriction déséquilibres induit
des « écarts » (prises d’aliments gras et sucrés le plus souvent) que l’on tente de
compenser en renforçant la restriction, ce qui induit de nouvelles prises alimentaires
compulsives, plus importances et plus impérieuses.
Les vomissements provoquent l’emballement de la spirale de deux manières : en
supprimant toute limite à la prise alimentaire compulsive, qui peut se répéter presque
indéfiniment, et en aggravant l’état de déséquilibre métabolique et de dénutrition.

b. Les facteurs émotionnels

La perte de poids initiale trouve de puissants renforçeurs : félicitations ou


encouragements des proches, relatif succès social, sensation de maîtrise de soi et
d’accomplissement, gain de confiance en soi. Ces bénéfices sont perçus à un moment
de l’existence – l’adolescence – où cette confiance fait généralement défaut. L’état
d’épanouissement sinon d’euphorie lié à cette phase transitoire de la restriction laisse
souvent une forte nostalgie. L’envie d’y revenir taraude longtemps la jeune femme,
particulièrement quand tout lui semble aller mal (marasme de la boulimie et de ses
conséquences), ce qui compte pour beaucoup dans la pérennité du trouble boulimique.
La spirale : émotions négatives et boulimie/vomissements ; la crise de boulimie
(et les vomissements éventuels) apaise ou occulte momentanément des émotions
Troubles des conduites alimentaires 98

pénibles, mais ses conséquences engendrent de nouveaux états émotionnels plus


pénibles encore : honte, culpabilité, autodépréciation, solitude, isolement social,
baisses des performances scolaires ou professionnelles, conflits avec les proches,
difficultés financières, complications somatiques et troubles dépressifs, etc. Les
moments de restriction alimentaire redonnent l’illusion d’une maîtrise de soi, d’un pas
vers la guérison ou la « normalité » et remontent quelque peu l’estime de soi. Ils
induisent aussi de nouveaux accès de boulimie.
La peur « phobique » de grossir : dans l’intrication des complications générées par
la boulimie chronique, la minceur est souvent perçue comme la seule réussite dont on
peut encore se féliciter. Le dernier point positif auquel se raccrocher pour ne pas
sombrer dans le désespoir. Les variations de poids rapides, qui reflètent en réalité les
troubles de l’hydratation du corps consécutifs à la dénutrition et aux vomissements,
confortent les patientes dans la croyance qu’un rien pourrait les rendre obèses.
L’intuition de bon sens qu’une alimentation équilibrée régulière pourrait ralentir puis
inverser les spirales de la boulimie est vite balayée par la peur d’être entraînée dans
une prise de poids incontrôlable et la crainte qu’une résignation à devenir obèse soit le
prix à payer pour une « guérison ».

c. L’articulation des facteurs nutritionnels, émotionnels et cognitifs

Des études expérimentales ont mis en évidence un phénomène dit de contre-


régulation. Lorsque des individus se mettent en restriction chronique, ils développent
une réponse paradoxale de suralimentation à deux types de stimulus ; une prise
alimentaire conséquente (contenant des aliments à forte teneur calorique ou supérieure
à une limite quantitative auto-imposée) ou la survenue d’affects pénibles, de type
anxieux ou dépressif. Une personne qui s’alimente de façon régulière, équilibrée sans
regretter ni se reprocher ses repas, et qui présente par voie de conséquence un bon état
nutritionnel, tend à diminuer ses prises alimentaires dans ces deux circonstances,
transitoirement. Celle en restriction réagit, au contraire, en consommant de manière
compulsive une grande quantité d’aliments, par perte de contrôle de sa restriction. Ce
phénomène s’observe que la restriction soit effective (déficit pondéral et dénutrition
chroniques) ou seulement psychologique (restriction la majorité du temps mais
récurrence de prises incontrôlées qui maintiennent le poids corporel à des valeurs
normales). Ces observations sont confirmées par nombre d’études. Elles permettent de
Troubles des conduites alimentaires 99

conclure que la restriction chronique, effective ou non, délibérée ou non, engendre un


ensemble de perturbations : préoccupation excessive pour l’alimentation ; phénomène
de contre-régulation et donc une tendance à la surconsommation compulsive ; labilité
émotionnelle et affects dépressifs (Keys et al., 1950 ; Polivy, 1996 ; Polivy et Herman,
2002).

K. Récapitulatif

Description clinique de l’anorexie et de la boulimie en passant par les


différents conduites qui accompagnent ces pathologies – la triade symptomatique de
l’anorexie : amaigrissement, anorexie et aménorrhée ; et une description détaillée du
syndrome boulimique. Nous présentons des brèves descriptions des autres formes du
trouble du comportement alimentaire : la potomanie, le syndrome du yo-yo, le
mérycisme, et le pica.
Une large partie du chapitre est consacrée à décrire et détailler un aspect très
important au sein de cette problématique : l’image du corps. En passant par l’origine
du concept et de son évolution dans le temps, aux différentes hypothèses théoriques
nous arrivons à une présentation des différents outils d’évaluation de l’image
corporelle. Puis nous passons en revue les différents symptômes parfois associés aux
troubles du comportement alimentaire : l’alexithymie et le perfectionnisme.
Une bonne partie du chapitre est consacré au fonctionnement cognitif des ces
patientes, ainsi qu’aux théories cliniques cognitivo-comportementales. Ensuite, nous
décrivons brièvement les aspects de personnalité et la comorbidité avec d’autres
troubles. Quelques informations sont données autour des facteurs de risque,
d’évolution et de pronostic.
Enfin, une large partie de ce chapitre est aussi consacrée à passer en revue les
différentes hypothèses étiopathogéniques et ensuite nous terminons sur les théories
cognitivo-comportementales.
100

III. PRISE EN CHARGE THÉRAPEUTIQUE DES


TROUBLES DU COMPORTEMENT ALIMENTAIRE

A. Traitement et prise en charge thérapeutique

1. Généralités

L’évolution des stratégies thérapeutiques dans les troubles des conduites


alimentaires s’est faite parallèlement à celle des principales hypothèses
étiopathogéniques formulées aux cours du temps. L’anorexie mentale était vue lors des
premières descriptions médicales cliniques par Lasègue (1873) comme un trouble de
nature hystérique et de façon empirique on avait remarqué que le fait d’isoler dans une
chambre des patientes anorexiques en fixant un poids seuil pour lever cet isolement
permettait aux patientes de se remettre à manger et de reprendre du poids. Cette
première attitude thérapeutique n’est pas apparue, à moyen terme et à long terme,
satisfaisante car il s’agit en réalité d’un renforcement négatif, paradigme au sein
duquel le patient ne mange que pour s’extraire de l’événement déplaisant de
l’isolement (Halmi, Powers, et Cunningham, 1975).
Les stratégies thérapeutiques des troubles des conduites alimentaires sont
aujourd’hui devenues plus complexes, mieux adaptées à chaque situation clinique et
elles tiennent compte de la symptomatologie alimentaire prédominante, restrictions
pures, accès boulimiques avec ou sans vomissements, en utilisant d’autres procédés de
contrôle du poids, mais aussi du statut somatique et nutritionnel et d’une éventuelle
comorbidité psychiatrique (Bergh, Ejderhamn, et Sodersten, 2003 ; Flament et
Jeammet, 2000 ; Foulon, 1999).
Le traitement des troubles des conduites alimentaires comprendra aussi bien
l’approche somatique nécessaire lors de certaines menaces vitales, que le traitement
psychothérapeutique.
L’importance même du traitement global est variable d’une patiente à l’autre.
Certaines adolescentes guérissent (quasiment) spontanément d’un épisode de
Prise en charge thérapeutique des TCA 101

restriction alimentaire et sans lendemain, parfois à la suite de quelques entretiens


consacrés à l’exposé des avantages, des inconvénients, des risques et des dangers des
régimes amaigrissants à l’adolescence. D’autres patientes nécessiteront d’une prise en
charge spécialisée, et traverseront une ou plusieurs périodes de danger vital et
relèveront d’une ou plusieurs hospitalisations parfois prolongées.
Plusieurs principes thérapeutiques généraux en matière de troubles des conduites
alimentaires peuvent être exprimés en préambule. L’intégration de l’environnement
familial des patientes, le plus large possible au sein du projet thérapeutique, quelle que
soit la phase de traitement envisagée, doit être systématiquement recherchée.
Enfin les abords thérapeutiques doivent être adaptés à plusieurs particularités liées
à cette pathologie, notamment le déni des troubles qui empêche généralement la
reconnaissance précoce des troubles et l’appréciation de leur gravité potentielle,
l’absence de traitements étiopathogéniques et l’efficacité limitée des thérapeutiques
biologiques.
Les cibles thérapeutiques dans l’anorexie sont principalement l’état de dénutrition,
les signes associés éventuellement responsables de diverses complications en eux-
mêmes, et les éventuelles pathologies comorbides. L’état de dénutrition met en jeu le
pronostic vital et ce d’autant plus que la perte de poids est rapide. En effet, on est
régulièrement frappé par la relativement bonne tolérance clinique et même le peu
d’anomalies biologiques identifiées chez des patientes pourtant cachectiques. Or cette
apparente banalité ne diminue pas le risque majeur de nature hématologique,
infectieuse ou hépatique.
Il faut savoir que certaines patientes meurent encore aujourd’hui d’une
réanimation trop brutale. On doit également s’attacher à traiter des comportements
associés tels que des vomissements ou des prises de laxatifs – à l’origine
d’hypokaliémies majeures, de prise de diurétiques ou de potomanie – à l’origine
d’hyponatrémies ou d’autres variétés de procédés du contrôle du poids comme la prise
de coupe-faim, l’hyperactivité physique externe, etc. La prise en compte des
comorbidités ne doit pas être négligée : anxiété, dépression, trouble obsessionnel
compulsif ou schizophrénie. Parfois ces troubles comorbides devront être traités pour
leur propre compte. Assez souvent les patients ayant un trouble alimentaire présentent
des symptômes faisant évoquer d’autres pathologies psychiatriques sans pour autant
relever de thérapeutiques spécifiques.
Prise en charge thérapeutique des TCA 102

Nous distinguerons les conduites purement restrictives des autres troubles des
conduites alimentaires dont la boulimie et les formes mixtes avec alternance
d’anorexie et de boulimie, le plus souvent avec vomissements ou prise de laxatifs
(Flament et Jeammet, 2000).
Le traitement de l’anorexie a pour but de normaliser le poids certes, mais surtout
le comportement alimentaire, de corriger les préoccupations morbides irrationnelles
concernant le poids ou l’image corporelle et de prévenir les rechutes possibles. Les
approches thérapeutiques multimodales sont, en règle générale, justifiées par le fait
qu’il est nécessaire d’agir sur différents aspects de ces troubles.
Le recours à un contrat de poids pour les anorexiques peut s’appliquer en dehors
de l’hospitalisation et constituer une limite qui autorise la famille, comme les
thérapeutes, à avoir une plus grande liberté d’action.
Les thérapies bifocales ou multifocales donnent la possibilité d’engager des
actions individuelles et/ou familiales tout en assurant la prise en compte du symptôme.
Certaines équipes (Vénisse et Mammar, 1999) ont pu mettre en place des
dispositifs de soins des troubles du comportement alimentaire en hôpital de jour. Le
projet thérapeutique peut y associer des approches nutritionnelles, psychologiques et
sociales et représente une alternative intéressante à l’hospitalisation.

2. Indications de l’hospitalisation

Celle-ci a ses indications désormais codifiées en cas d’anorexie grave à la suite –


entre autres – des travaux de D. B. Herzog et al. (1999 ; 1988), de Steinhausen et al.
(2002 ; 1983 ; 1991), et de Vandereycken (2003) en France, d’Apfelbaum (1991) et,
dans la pathologie boulimique par Pirke, Pahl, Schweiger et Warnhoff (1985)
synthétisées et résumées par Corcos et al. (2002). Pour ces derniers, l’hospitalisation –
plutôt que de chercher à réaliser un isolement comme au siècle dernier – est une
mesure thérapeutique « de dernier recours » qui permet parfois à la patiente
d’expérimenter des « modalités relationnelles nouvelles », de bénéficier dans de
bonnes conditions médicales d’une renutrition prudente qui nécessite parfois le
passage, préalable, dans un véritable service spécialisé de réanimation pour patients
dénutris dans lequel des praticiens spécialisés connaissent les risques particuliers des
perturbations métaboliques graves comme l’hypophosphorémie, l’hypokaliémie, la
majoration de la diurèse avec perte de poids, l’hépatite, etc.
Prise en charge thérapeutique des TCA 103

Des perturbations métaboliques graves (refeeding syndrome) sont fréquentes lors


de la renutrition : hypophosphorémie (complications multiples secondaires à la
déplétion des stocks d’adénosine triphosphate), hypokaliémie et hypomagnésémie.
Enfin, la renutrition, en entraînant un déplacement d’eau vers le secteur cellulaire et
plasmatique (élimination des œdèmes), va augmenter la diurèse, ce qui entraîne une
perte de poids.
On considère actuellement que la renutrition médicalisée s’impose lorsque
l’indice de masse corporelle est inférieur à 13 kg/m² avec des perturbations
biologiques et/ou cliniques comme des œdèmes des membres inférieurs ou des
escarres. Lorsque la réalimentation par la voie naturelle s’avère irréalisable ou
inefficace, la réalimentation par sonde nasogastrique est un recours utile, mais il est
important qu’elle ne soit pas vécue comme un procédé à visée punitive. Elle comprend
généralement un débit continu d’une solution nutritive équilibrée en glucides, lipides
et protéides, avec supplément en vitamines B1 et B6 et en oligoéléments, en particulier
zinc et sélénium. La correction des désordres métaboliques se fait habituellement par
voie veineuse périphérique. Il est nécessaire d’avoir un apport calorique contrôlé en
augmentation très progressive et en surveillant le bilan biologique hépatique. Cette
renutrition commence généralement à 500 cal/j et elle augmente progressivement de
250 calories tous les trois à quatre jours. Lorsque le bilan hépatique est satisfaisant,
une alimentation légère en aliments est possible, conjointement à l’alimentation par
sonde.
Lorsque le danger vital s’associe à un refus de soins, une hospitalisation sous
contrainte s’impose.
Le risque d’excès dans la médicalisation ou dans les prescriptions paracliniques a
été dénoncé par Corcos et al. (2002) : « l’excès de prescriptions paracliniques de
surveillance rapprochée et/ou la déclinaison à patiente et à sa famille de toutes les
complications potentielles ont des effets contre-productifs et délétères (fascination,
accentuation du déni, décompensation anxio-dépressive, installation d’un rapport
sadomasochiste) ».
En fait, la liste des investigations paracliniques strictement nécessaires pour traiter
efficacement les sujets dénutris est connue, et il faut savoir se limiter à ce strict
nécessaire.
Prise en charge thérapeutique des TCA 104

Certains examens, jugés non fondamentaux par Corcos et al. (2002), n’en sont
parfois pas moins utiles dans certains services de spécialité habitués à un outil de
travail (impédancemétrie). Certaines investigations, comme l’ostéodensitométrie,
constituent des outils nécessaires à une amélioration de la prévention des
complications. Les examens à réaliser chez toutes les patientes souffrant de l’anorexie
mentale seront :

 Examen clinique complet incluant fréquence cardiaque et tension


artérielle ;
 Évaluation du stade pubertaire chez l’adolescent (appréciation d’un retard
pubertaire) ;
 Ionogramme sanguin avec natrémie, kaliémie, chlorémie et réserve
alcaline ;
 Urée et créatinine plasmatique ;
 Électrocardiogramme ;
 Ostéodensitométrie « initiale », à répéter une fois par an (évolutivité
parfois rapide).

En cas de dénutrition sévère – un indice de masse corporelle inférieur à 13 kg/m²


– sont ajoutés :

 La surveillance de la température et le recherche d’une hypotension


orthostatique ;
 Évaluation métabolique : phosphorémie, magnésémie, glycémie ;
 Recherche d’une souffrance multiviscérale : transaminases (aspartate
aminotransférase, alaline aminotransférase), taux de prothrombine,
créatine phosphokinase, numération formule sanguine, numération
plaquettaire ;
 Échographie cardiaque ;
 Bandelette urinaire avec recherche de protéines, leucocytes, hémoglobine,
nitrites, acétone et contrôle de la densité urinaire et du pH.

En dehors des indications de l’hospitalisation pour sauvetage somatique,


l’hospitalisation au cours d’un trouble des conduites alimentaires peut être indiquée
avec un objectif précis. Ce peut être – selon les cas – la reprise d’un poids suffisant
Prise en charge thérapeutique des TCA 105

(avec un contrat de poids), la mise en place d’un traitement diététique, d’un traitement
comportemental, l’initiation d’une chimiothérapie psychotrope, etc.
La durée moyenne des hospitalisations pour patientes anorexiques décidées pour
« reprise pondérale », modifications comportementales (cf. infra) et initiation d’une
approche psychothérapique est de trois à six mois, parfois plus longue.
La place de l’hospitalisation dans la boulimie et dans les formes mixtes est bien
différente de celle qu’elle a dans l’anorexie (Flament et Jeammet, 2000). Elle est
parfois décidée pour une brève durée pour interrompre des accès boulimiques devenus
trop fréquents ou pour une symptomatologie dépressive devenue envahissante ou des
vomissements subintrants. Mais l’hospitalisation des patientes boulimiques doit rester
a priori la plus brève possible et elle est souvent riche en rebondissements
(transgressions répétées, tricheries diverses, vols, etc.).
L’essentiel de la prise en charge au long cours des patientes ayant un trouble des
conduites alimentaires se fait donc en ambulatoire ou lors d’expériences originales
d’accueil à temps partiel de jour, véritables alternatives à l’hospitalisation (Vénisse,
1996 ; Vénisse et Bailly, 1997).

3. Traitements diététiques

Dans le cadre d’une hospitalisation en service spécialisé, il peut s’agit de bâtir un


programme de diversification alimentaire avec introduction progressive des aliments
évités pour aboutir à une alimentation diversifiée. Les différentes rations sont établies
avec une diététicienne. Les apports caloriques nécessaires dépendent du statut
pondéral du moment en considérant que la prise quotidienne de 65 à 70 kcal/kg de
poids permet de reprendre 1 à 1,5 kg par semaine.
Les choix alimentaires des patientes anorexiques se caractérisent par des
évitements de certains aliments ou de certaines catégories alimentaires. Le programme
diététique consiste à donner sur le plan quantitatif une ration calorique suffisante pour
prendre du poids (de l’ordre de 70 kcal/kg), ration composée d’aliments et – si
nécessaire – de suppléments nutritionnels permettant un apport de 300 calories sous un
faible volume. Sur le plan quantitatif, le programme de diversification alimentaire
prévoit une réintroduction progressive d’aliments jusque-là totalement ou
partiellement évités. Les traitements nutritionnels peuvent être intégrés à l’approche
psychothérapeutique (Saloff-Coste, Hamburg, et Herzog, 1993).
Prise en charge thérapeutique des TCA 106

Les conseils et le suivi diététique peuvent être une étape importante de la


restauration d’une alimentation normale. Le risque, par contre, est de renforcer les
obsessions alimentaires de ces patientes, en prescrivant des mesures diététiques trop
strictes.
Cette approche semble surtout utile dans le cas des conduites boulimiques où,
comme le souligne Aimez (1991), « elle comporte une dimension éducative et une
composante de restructuration cognitive s’adressant aux distorsions de l’image du
corps et du rapport à l’aliment » (le contrat, le programme, les consignes, le carnet
alimentaire, etc.).

4. Place des thérapeutiques psychotropes

L’ensemble des auteurs soulignent la fréquence réelle d’une comorbidité addictive


chez les patients souffrant de boulimie : drogues, alcool et, à un moindre degré,
médicaments psychotropes comme les amphétamines, les tranquillisants, voire les
barbituriques. L’abus de substances psychoactives est estimé entre 30 et 37 % des cas
chez les patientes boulimiques, et entre 12 et 18 % des cas chez les patientes
anorexiques. La comorbidité avec l’abus (voire dépendance) de drogue et d’alcool, et à
un moindre degré, de tranquillisants et d’amphétamines avec la boulimie n’est pas
négligeable (la consommation de psychotropes étant moindre chez l’anorexique).
Corcos et al. (2001) montrent que les anorexiques consomment régulièrement de
psychotropes (52 %) par rapport aux boulimiques (41 %). Cela est cependant à mettre
en lien avec la prescription médicale plus fréquente chez les boulimiques. Si l’on
considère l’auto prescription, il apparaît alors que les boulimiques consommant
régulièrement des psychotropes le font dans 30 % des cas par auto prescription contre
13 % des cas pour les anorexiques. Dans un certain nombre de cas, il apparaît
nettement une corrélation entre restriction calorique et usage d’amphétamines, ou
gravité de la conduite boulimique et abus de tranquillisants, purge et prise d’alcool et
de cigarettes.
Comme annoncé précédemment, les symptômes de l’anorexie sont relativement
peu accessibles à la chimiothérapie psychotrope, ainsi que l’ont montré divers essais
de neuroleptiques ou d’antidépresseurs contre placebo réalisés entre 1960 et 1988 (A.
S. Kaplan, 1988). Néanmoins, certains produits ont fait la preuve de leur intérêt dans
Prise en charge thérapeutique des TCA 107

la boulimie ou dans l’anorexie en présence d’un syndrome dépressif franc, de troubles


obsessionnels ou de perturbations sérotoninergiques.
Un traitement par agoniste sérotoninergique (fluoxétine [Prozac®] ou Deroxat®)
à dose optimale (40 à 60 mg) peut permettre l’abrasion transitoire d’une
symptomatologie boulimique par un effet direct sur le contrôle de la satiété (Corcos et
al., 2002). Si leur efficacité n’apparaît pas supérieure à celle observée avec les
tricycliques, ils sont mieux tolérés et moins à risque en cas de tentative de suicide.
L’échappement au traitement est cependant souvent observé après quelques mois et à
l’arrêt, surtout si la prescription ne s’accompagne pas d’une prise en charge
psychothérapeutique (Walsh et al., 2000).
Il faut noter l’importance d’éviter la prescription chez ces patientes dépendantes,
de toute substance comme amphétamine (libération de dopamine). Signalons enfin que
la sensibilité aux effets indésirables, en particulier de type digestif (nausées,
vomissements), semble importante et que l’appétence toxicomaniaque et le risque de
tentative de suicide avec le traitement ne sont pas négligeables.
Ainsi plusieurs auteurs (Gwirtsman, Guze, Yager, et Gainsley, 1990 ; Kaye,
Weltzin, Hsu, et Bulik, 1991) ont-ils montré des effets prometteurs de la fluoxétine
dans l’anorexie avec, à la suite de quelques essais ouverts, un essai contrôlé versus
placebo chez 35 anorexiques avec 63 % de bons résultats sous fluoxétine contre 16 %
sous placebo. Au contraire, Strober et al. (1997) n’ont trouvé aucun avantage à
l’adjonction de fluoxétine au traitement ambulatoire de l’anorexie après une
hospitalisation.
Certaines thérapeutiques anxiolytiques peuvent être utilisées lorsque l’angoisse
clinique est manifestement trop douloureuse à supporter. Quant aux antidépresseurs,
ils sont à réserver aux cas où la symptomatologie est franche, manifeste et persistante.
Malgré certains résultats indiscutables à court terme (Walsh et al., 2000) et malgré les
espoirs sans cesse renouvelés par l’apparition de nouvelles chimiothérapies
potentiellement intéressantes, on observe en règle générale un échappement à l’effet
de la chimiothérapie et plus précisément pour les chimiothérapies sérotoninergiques,
aucun résultat à cinq ans n’est meilleur que ceux observés lors de l’évolution
spontanée des troubles après une association à une thérapie cognitivo-
comportementale (Zhu et Walsh, 2002). Chaque nouvelle molécule psychotrope fait
naître de nouvelles espérances. Cela a été le cas ces dernières années avec
Prise en charge thérapeutique des TCA 108

l’olanzapine, antipsychotique, dans l’anorexie, avec la réboxétine, antidépresseur


inhibiteur de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline, ou avec la
venlafaxine, inhibiteur mixte de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline
dans la boulimie (Samuel-Lajeunesse et Foulon, 1994). Il faut néanmoins se montrer
circonspect vis-à-vis des résultats préliminaires toujours optimistes publiés, soit à la
suite d’études ouvertes, soit après des essais contrôlés versus placebo à court terme.
C’est ainsi que diverses molécules classiques se sont à l’usage révélées décevantes
comme le pimozide, le sulpiride, le lithium, voire un antagoniste sérotoninergique
comme la cyproheptadine, antihistaminique qui diminue l’activité sérotoninergique
centrale et fait prendre du poids, du moins lorsqu’il est utilisé dans le traitement de
l’allergie. Ces effets n’ont apparemment pas été confirmés dans une étude contrôlée
versus placebo (Zhu et Walsh, 2002).

5. Psychothérapies

C’est en ambulatoire que se déroule la plus grande partie des psychothérapies


préconisées dans les troubles du comportement alimentaire, même si – parfois – elles
débutent à l’hôpital.
Quelles que soient leurs références théoriques (Bruch, 1982a ; Fairburn, 1981 ;
Kleifield, Wagner, et Halmi, 1996) toutes les psychothérapies applicables aux troubles
des conduites alimentaires visent à renforcer le moi, à réaliser un soutien
psychologique, à déculpabiliser, à faire renaître l’aptitude à éprouver du plaisir, et –
dans certain cas seulement – à mettre au jour et à chercher à élucider conflits infantiles
ou schémas de pensée anciens, erronés et mal adaptés (Corcos et al., 2002).
Les indications des prises en charge psychothérapiques dépendent de nombreux
facteurs, à savoir les attentes des patientes et des soignants, les motivations des
patientes et leurs désirs et capacités de changement, de la phase évolutive du trouble
alimentaire et de ses complications éventuelles, etc.
Il n’est pas rare qu’une psychothérapie de soutien soit le prélude à une approche
cognitivo-comportementale ou psychodynamique (Harper-Giuffe et McKensie, 1992 ;
Kestemberg et Jeammet, 1991 ; Zerbe, 2001), que des prises en charge individuelles
alternent avec des prises en charge en groupes, familiales ou non, d’inspiration
systémique ou psychanalytique.
Prise en charge thérapeutique des TCA 109

À certaines phases de la prise en charge, il sera souhaitable de poursuivre un


objectif prioritaire centré sur les symptômes : la fourchette de poids acceptable,
l’anxiété, l’attitude vis-à-vis de l’alimentation, les manières à table ; à d’autres
moments, l’objectif pourra être la restauration de l’estime de soi, l’amélioration des
relations interpersonnelles, le rééquilibrage des relations intrafamiliales, etc.
Concernant les techniques elles-mêmes : les psychothérapies d’inspiration
psychanalytique sont beaucoup plus souvent indiquées que les psychanalyses
classiques, avec un aménagement du cadre tel qu’on la pu le préconiser par exemple
pour les états limites (Ivancovsky, 2000 ; Jeammet, 1994).
L’objectif ici c’est de redonner à l’appareil psychique sa fonction d’élaboration
des conflits, d’aménagement et de médiatisation des contraintes internes et externes, et
de protection du sujet. Cet objectif est asymptotique (Samuel-Lajeunesse et Foulon,
1994).
Dans ces thérapies, l’objectif qui devient prioritaire, dès que l’on peut dépasser le
niveau du symptôme alimentaire, est l’élucidation de certains paradoxes apparents. Par
exemple, d’où vient cette impérieuse nécessité pour certains « de se mettre en danger
pour s’épanouir » ou éprouver de la culpabilité « quant au plaisir ressenti qui génère
l’attaque du corps » (Corcos et al., 2002).
Mais les approches psychodynamiques peuvent aussi revêtir des aspects moins
conventionnels encore comme le psychodrame analytique préconisé par Kestemberg et
Jeammet (1991). Différentes techniques privilégient aussi l’approche corporelle, la
relaxation, la danse, voire d’autres instruments de médiation à visée thérapeutique, par
exemple l’art-thérapie.
Les approches comportementales et cognitives sont de plus en plus souvent
employées dans les troubles du comportement alimentaire (Divac, Foulon, Criquillion-
Doublet, et Samuel-Lajeunesse, 1991 ; Fairburn, 1981 ; Wilson, 1999). Dans le
traitement de l’anorexie sont principalement utilisés le déconditionnement de l’anxiété
par désensibilisation et le conditionnement opérant avec renforcements positifs et
négatifs (Bhanji et Thompson, 1974 ; Fairburn, 1981 ; Fairburn, Shafran et al., 1999).
Les programmes traditionnels incluant le conditionnement opérant ne sont pas
nécessairement rigides et certain objectifs peuvent être atteints en utilisant un régime
comportemental souple et flexible.
Prise en charge thérapeutique des TCA 110

Lors de séjours hospitaliers spécialisés, divers objectifs successifs peuvent être


poursuivis : reprise de poids, (priorité en dessous de 75 % du poids normal),
diversification alimentaire ou normalisation du comportement alimentaire, avec un
élément de base qui est le contrat, élaboré et signé conjointement par la patiente et
l’équipe soignante avec les référents médicaux et infirmiers. Les techniques précises
varient quelque peu selon les équipes : contrats établis une fois pour toutes,
inamovibles ou contrats révisables en fonction de situations cliniques particulières
amenant à rediscuter de compromis acceptables.
Le contrat thérapeutique précise les objectifs du traitement, les moyens, les
conditions de base et la durée. Les objectifs du traitement sont généralement évalués
de façon hebdomadaire et l’application d’un renforçeur, à chaque fois qu’un
comportement adapté est observé, a pour objectif la généralisation. Le fait de disposer
d’un environnement standardisé comme une unité d’hospitalisation spécifiquement
dédiée à ce type de prise en charge, permet d’appliquer le conditionnement opérant
avec le minimum de contingences.
Les termes de ces contrats doivent toujours être soigneusement réfléchis et
personnalisés, en tenant compte du fait que de multiples tentatives de manipulation
surviendront, que de très nombreuses patientes chercheront à avoir le dernier mot, à
garder le contrôle de la situation et à mettre en échec les équipes. Un des principaux
écueils des contrats au sein desquels on a voulu « tout prévoir » est d’aboutir au bout
du compte à renforcer les défenses rigides des patientes.
Seul un contrat personnalisé et authentiquement consenti permettra donc en effet
de soulager la patiente des ruminations mentales relatives à d’interminables
négociations sur les conditions de la renutrition.
Les conseils et les suivis diététiques ont déjà été évoqués. Avec la rééducation
nutritionnelle, ils ont leur place dans la panoplie thérapeutique (Connors, Johnson, et
Stuckey, 1984 ; R. Davis, Olmsted, Rockert, Marques, et Dolhanty, 1997 ; Uehara,
Kawashima, Goto, Tasaki, et Someya, 2001). L’information et l’éducation apportées
aux patientes et/ou aux familles sont relatives à la sémiologie, aux diverses stratégies
thérapeutiques et à la physiologie digestive. Elles sont utiles à plusieurs niveaux, pour
favoriser une meilleure reconnaissance du trouble, pour faire en sorte que la
participation aux actions thérapeutiques proposées soit plus active. Encore est-il
indispensable de choisir de façon adaptée le moment idéal pour ce type d’intervention
Prise en charge thérapeutique des TCA 111

et ne pas préconiser par exemple de telles séances à visée éducative en dehors de toute
restructuration cognitive chez des patients dénutris ou commettant de graves erreurs
d’appréciation cognitive qui les empêchent de tirer le moindre bénéfice des conseils
prodigués.
D’autres techniques d’inspiration cognitivo-comportementale sont utilisées en
individuel ou en groupes (Divac et al., 1991) :

 l’auto-enregistrement ;
 la planification des repas ;
 la mise en place de stratégies alternatives aux boulimies ;
 la stratégie de contrôle des vomissements ;
 la préparation des repas ;
 les résolutions des problèmes (vis-à-vis de l’alimentation, de l’image du
corps, de l’estime de soi, du contrôle de l’expression des émotions, etc.) ;
 les techniques de modeling, d’apprentissage par imitation, d’apprentissage
social.

Les techniques de modeling sont utilisées par exemple lors des repas
thérapeutiques accompagnés, où les patients modèlent leur comportement sur celui de
l’accompagnateur. Cet apprentissage par imitation permet aux patients de réacquérir
un comportement alimentaire correct, l’objectif à plus long terme étant de parvenir à
manger en société, ce que nombre de patients ne font plus, souvent depuis des années,
lorsqu’ils acceptent une prise en charge.
L’approche comportementale est un moyen efficace de restaurer le poids et de
normaliser un comportement alimentaire durant une hospitalisation. La principale
difficulté rencontrée par les équipes est le maintien de l’amélioration après la sortie.
Certaines équipes ont pu développer des expériences, le plus souvent en groupes,
intéressantes pour le maintien des progrès obtenus lors de la phase antérieure de prise
en charge : groupes de patients anorexiques après une phase initiale plus ou moins
prolongée de reprise de poids (Richard, 1989 ; 1991), groupes d’adolescentes
anorexiques (Jeammet, 1984 ; 1985 ; 1989b), groupes de weight watchers, groupes
de parents, groupes de patientes boulimiques, etc...
De façon plus générale, l’efficacité de la thérapie cognitivo-comportementale peut
être considérée comme prouvée dans la boulimie depuis la publication par Whittal,
Prise en charge thérapeutique des TCA 112

Agras et Gould (1999) d’une méta-analyse des traitements psychosociaux et


pharmacologiques dans cette indication (grade A dans la terminologie préconisée par
l’Agence nationale d’accréditation et d’évaluation en santé).
Diverses autres variétés de psychothérapie ont pu être préconisées dans les
troubles des conduites alimentaires. Une place particulière est sans doute à réserver à
la psychothérapie interpersonnelle.
La psychothérapie interpersonnelle développée initialement aux États-Unis par
Klennan et Weissman a été comparée, dans une étude publiée par Fairburn, Jones,
Peveler, Hope, et O'Connor (1993), à la thérapie comportementale et à la thérapie
cognitive. Après une vingtaine de séances et un suivi d’une année, les résultats sont
aussi bons pour la thérapie interpersonnelle que pour la thérapie cognitive. Agras et al.
(1995) ont publié des résultats encourageants de cette technique dans le binge eating
disorder.

6. Techniques motivationnelles

L’adaptation des « entretiens de motivation » de Miller et Rollnick (1991) au


traitement de l’anorexie et de la boulimie s’est beaucoup développée ces dernières
années (Feld, Woodside, Kaplan, Olmsted, et Carter, 2001 ; Léonard et Matheron,
1998 ; Pung, Heather, et Neimeier, 2004 ; Treasure et al., 1999 ; Treasure et Ward,
1997). Les auteurs de ces techniques postulent que déni, résistance au traitement et
ambivalence face au changement ne seraient pas des particularités psychologiques
intrinsèques des personnes anorexiques ou boulimiques, mais les conséquences à long
terme des diverses confrontations aux proches et aux thérapeutes successifs. Ils voient
en ces mécanismes moins d’obstacles que d’opportunités de nouer une alliance en
menant l’exploration des contradictions et dilemmes de manière empathique, dans un
style « rogerien ». Les « entretiens de motivation » ont été élaborés à partir du modèle
du processus de changement de Prochaska, DiClemente et Norcross (1992). Il s’agit
donc d’aider la patiente à passer les stades de non considération du changement (« je
n’ai pas de problème avec l’alimentation ou le poids ») ; de considération (« j’ai un
problème, il faudrait que je fasse quelque chose ») ; de préparation (« je veux changer
mes habitudes, je m’informe, le consulte pour me faire aider ou trouver comment m’y
prendre ») ; d’action (« je modifie – dans les faits – mon comportement alimentaire et
je corrige mon état nutritionnel ») ; de maintien (« j’ai conscience des risques de
Prise en charge thérapeutique des TCA 113

rechute, j’anticipe les difficultés pour tenter de la prévenir ») ; de rechute (« j’en


reconnais la réalité si elle survient, je sais qu’une ou plusieurs rechutes font partie du
processus global, que je peux en tirer des enseignements et je reprends donc la
démarche de soins »).
Les principes fondamentaux de cette approche sont les suivants : manifester
activement une empathie ; se départir de son autorité de médecin ou « expert » ;
encourager le patient à développer ses propos par des réponses en écho et de brèves
synthèses ; détecter le glissement vers la confrontation des points de vue et la
désamorcer (composer avec la résistance plutôt que la pointer et l’affronter) ; renforcer
le sentiment d’efficience personnelle et l’optimisme quant à la possibilité d’un
changement.
Les « entretiens de motivation » visent donc à préparer la patiente à la thérapie, en
l’aidant à stabiliser sa balance de motivations contradictoires du côté du changement.

7. Techniques cognitives

Des techniques purement cognitives peuvent être utilisées lorsque les patientes
anorexiques développent des croyances rigides et irrationnelles au sujet de la
nourriture. Des croyances fondées sur la peur se développent et contribuent à
entretenir l’ensemble des troubles. Les techniques suivantes peuvent être employées :

 compréhension des relations entre croyances, affects et comportements ;


 correction des perturbations autour de l’image corporelle ;
 correction entre perception de sa valeur et apparence physique ;
 mise à distance des émotions ;
 examen de la valeur adaptative et fonctionnelle des croyances ;
 mise à distance des croyances dysfonctionnelles ;
 recherche d’explications alternatives aux croyances ;
 développement des sentiments réalistes.

8. Affirmation de soi

L’altération de l’estime de soi paraît constante dans les troubles des conduites
alimentaires. Cette faible estime de soi traduit aussi une profonde insatisfaction
corporelle. Il existerait un lien entre image du corps et anxiété sociale. Des techniques
Prise en charge thérapeutique des TCA 114

psychothérapiques reposant sur les compétences sociales et l’affirmation de soi sont


utilisées dans des programmes de psychothérapies intégratives.

9. Techniques reposant sur l’image du corps

La dimension corporelle, prépondérante dans l’expression clinique des troubles


des conduites alimentaires, conduit à s’interroger sur le rôle et la place du corps dans
cette problématique.
Le vecteur corporel apparaît à présent comme un élément-clé dans la dynamique
des soins. Beaucoup d’équipes sont actuellement en train de développer les différents
types de soins à mettre en œuvre à ce propos.
Au sein de l’unité d’hospitalisation, une conviction grandissante existe quant à
l’intérêt et la nécessité de l’abord corporel au niveau de la prise en charge de la
souffrance des sujets avec un trouble du comportement alimentaire. Aussi, les moyens
en personnel mobilisés sont les suivants :

 Une masseuse-kinésithérapeute ;
 Une équipe d’infirmières dont des infirmières cliniciennes ;
 Une psychologue cognitivo-comportementaliste ;
 Une socio-esthéticienne.

Les abords thérapeutiques mis en œuvre, actuels et passés, sont les suivants :

 La balnéothérapie ;
 Le yoga ;
 Les massages ;
 Le toucher thérapeutique et le toucher détente ;
 Le travail sur l’image corporelle devant le miroir ;
 La relaxation ;
 Les soins du visage (dont le maquillage) ;
 Les instruments de sport dans l’unité ;
 La piscine (dans le cadre des permissions) ;
 Les art-thérapies (théâtre, modelage, danse).

Ce concept complexe est multidimensionnel. II est possible d’envisager une


action thérapeutique sur ses principales dimensions : cognitives (par exemple mes
formes corporelles déterminent ma valeur en tant que personne), perceptives (par
Prise en charge thérapeutique des TCA 115

exemple mon corps est vulnérable et ressent fatigue et insuffisance), affective, sociale,
kinesthésique, voire tactile. Diverses techniques sont susceptibles d’agir sur cette
image (Rosen, 1996 ; Rushford et Ostermeyer, 1997) : la relaxation certes mais aussi
les exercices d’imagerie mentale guidée, le vidéo feed-back, la danse ou la peinture.
Les deux principales techniques de relaxation utilisées dans ce cadre
thérapeutique sont la technique de Schultz ou Training Autogène et la technique de
Jacobson. Elles permettent au sujet de contrôler l’anxiété postprandiale ; elles aident
aussi au contrôle des régurgitations ou du mérycisme éventuel et à la prévention des
vomissements.

10. Groupes de soutien et « self-help »

Ce concept d’origine américaine est une alternative à l’approche médicale (Carter


et Fairburn, 1998 ; Carter et al., 2003). Les groupes de self-help semblent moins
stables et moins efficaces que les groupes de soutien. Il ne faut pas négliger le rôle
d’associations de type « Boulimiques Anonymes ». Cependant, en soins primaires, le
self-help n’apparaît pas très efficace, inférieur même à la fluoxétine (Walsh, Fairburn,
Mickley, Sysko, et Parides, 2004).

11. Approches familiales et place de la famille dans le traitement

Traiter les dysfonctionnements familiaux est souvent nécessaire. Préexistant et/ou


découlant du trouble, ils jouent un rôle plus ou moins grand dans leur entretien. Leur
abord et leur traitement exigent au minimum un travail de consultations parentales et
parents-patiente, parfois une véritable thérapie familiale (systémique ou d’inspiration
psychanalytique). Les objectifs sont, schématiquement, d’aider à se dégager de la
polarisation sur les symptômes alimentaires, d’assouplir les modalités les plus rigides
et les plus pathogènes de communication, de faciliter la restauration d’une identité
propre et de limites plus satisfaisantes chez chaque membre de la famille. Le groupe
de parents est également une formule intéressante en ce qui concerne les anorexiques
(Jeammet, 1984). Il est difficile de ne pas inclure les parents dans les perspectives
thérapeutiques et ce, quelles que soient les positions sur leur éventuel rôle
pathogénique. Ils interviennent en effet à toutes les phases du traitement :
Prise en charge thérapeutique des TCA 116

 dans l’établissement du diagnostic et le retard apporté au traitement en


participant inconsciemment au déni ou à la minimisation des troubles de la
patiente ;
 dans la décision thérapeutique, du fait de leurs difficultés à prendre une
décision, à l’imposer et à la maintenir. Il leur est difficile de supporter une
situation de conflit avec leur enfant et d’assurer une position de parents
 dans le maintien de la conduite thérapeutique et sans une aide appropriée,
ils répondent en écho aux passages à l’acte de leur fille et aux tentatives de
celle-ci de rompre le contrat thérapeutique ;
 enfin, ils sont fréquemment intolérants aux changements de comportement
et aux troubles du caractère qui accompagnent l’abandon des troubles du
comportement alimentaire et l’évolution au cours du traitement (Samuel-
Lajeunesse et Foulon, 1994).

L’établissement du projet de soins et tout particulièrement du contrat nécessite un


accord et une collaboration des parents. Cela nécessite des contacts fréquents avec les
parents et une compréhension de leur part de l’importance de leur rôle sans pour autant
accroître une culpabilité et une ambivalence à l’égard des médecins, déjà grandes au
départ.
Les modalités de cette action auprès des parents varient suivant les auteurs, mais
doivent tenir compte de la spécificité des cas et s’adapter à la personnalité des parents,
ainsi qu’au moment de l’évolution de la patiente et à la nature et la durée d’éventuels
soins antérieurs.
Lorsque les attentes de la patiente et les attitudes parentales rendent cette
orientation envisageable, il faut encourager cette forme d’approche thérapeutique car
elle a fait la preuve de son efficacité dans ces conditions (A. S. Kaplan, 2002), du
moins dans les formes relativement légères d’anorexie et chez de jeunes adolescentes
(Russell, Dare, Eisler, et Le Grange, 1993). Ses objectifs, selon Corcos et al. (2003 ;
2000 ; 2001 ; 2001) sont schématiquement d’aider à se dégager de la polarisation sur
les symptômes alimentaires, d’assouplir les modalités les plus rigides et les plus
pathogènes de communication, de faciliter la restauration d’une identité propre et de
limites plus satisfaisantes chez chaque membre de la famille.
Prise en charge thérapeutique des TCA 117

B. Traitement et hospitalisation des troubles du comportement


alimentaire à la Clinique des Maladies Mentales et de l’Encéphale

Le traitement des troubles du comportement alimentaire est particulier à chacun. Il


existe en effet de multiples désordres alimentaires portant sur le choix des aliments, le
rythme des repas, leur durée. Ces troubles peuvent s’accompagner de désordres tels
que les vomissements, les crises boulimiques, l’abus de laxatifs, les troubles du transit
etc. Ils peuvent également s’associer à des états anxieux ou d’allure dépressive et à des
obsessions.
Pour interrompre ces conduites pathologiques, devenues de véritables habitudes
dont il est difficile de se débarrasser, une rupture avec le milieu de vie est bien souvent
nécessaire. Le traitement doit prendre en considération non seulement les
comportements perturbés, mais aussi les idées qui les sous-tendent et les sentiments
qui les accompagnent. Avoir des repas normaux, diversifiés et réguliers ainsi qu’un
poids psychologiquement et physiologiquement satisfaisant représentent les buts
majeurs du traitement hospitalier. Celui-ci comporte des mesures diététiques, tout
particulièrement une diversification alimentaire, mais également un réapprentissage
des manières à table, de la cuisine, des achats alimentaires. Il s’accompagne de
traitements psychologiques : des techniques cognitivo-comportementales, de
techniques de relaxation, d’affirmation de soi ou de psychothérapies d’inspiration
analytique avec ou sans médiations artistiques (Samuel-Lajeunesse et Foulon, 1994).
Ces traitements psychologiques servent à retrouver une aisance alimentaire
compatible avec le bien-être physique et psychologique. Cette correction des désordres
alimentaires est indissociable d’une régularisation du poids.
L’hospitalisation est proposée après plusieurs consultations préliminaires pendant
lesquelles est amorcé le bilan de leurs difficultés alimentaires et psychologiques, ceci
afin de mieux préciser les indications du traitement. A cette fin, des consultations
d’évaluation concernant des approches thérapeutiques particulières telles que l’art-
thérapie, les thérapies d’affirmation de soi, la thérapie cognitive ainsi qu’un bilan
psychométrique sont nécessaires et indispensables.
Dans la majorité des cas la première semaine d’hospitalisation est destinée à
poursuivre ce bilan afin d’obtenir les données nécessaires à l’établissement du contrat
Prise en charge thérapeutique des TCA 118

thérapeutique qui leur sera proposé. La durée de l’hospitalisation est fonction des
données recueillies lors du bilan réalisé en consultation.
Au cours de l’hospitalisation le traitement proposé leur laissera une relative liberté
qui sera croissante au fur et à mesure que les objectifs thérapeutiques seront atteints.
Ceux-ci sont définis afin que les patientes puissent reprendre le contrôle de leurs
comportements alimentaires et ainsi utiliser au mieux les activités pendant leur séjour.
Il faut aussi noter que le traitement des troubles alimentaires apparaît difficilement
compatible avec la poursuite d’une consommation tabagique.

1. Le déroulement de l’hospitalisation

a. Phase d’observation

Les objectifs de cette phase sont : de préparer le contrat thérapeutique et corriger


d’éventuels désordres métaboliques. Elle dure typiquement une semaine.
Elle consiste d’abord en la poursuite d’une observation clinique et de la réalisation
d’un bilan biologique. Elle utilise comme moyens un repas d’évaluation pour préciser
les troubles du comportement et une évaluation des choix et des évitements
alimentaires pour bâtir le programme de diversification. Ensuite, un contrat
thérapeutique personnalisé est proposé et va comporter plusieurs phases.

b. Phase de reprise pondérale

Cette phase a pour objectifs : la prise des repas à un rythme régulier ; la reprise
pondérale permettant de retrouver un état nutritionnel compatible avec la reprise de
certaines activités ; l’interruption des comportements associés, potentiellement
dangereux, tels que les vomissements, les crises de boulimie, la prise de diurétique ou
de laxatifs… ; et commencer les introductions alimentaires.
Typiquement elle dure trois semaines.

c. Phase de normalisation du poids

Les objectifs de la deuxième phase sont : la normalisation du poids, la


diversification satisfaisante de l’alimentation, l’entraînement à l’élaboration de menus
équilibrés et à la préparation de repas simples, la prévention des crises de boulimie si
nécessaire, et l’abord de certaines difficultés psychologiques.
Elle dure typiquement un mois.
Prise en charge thérapeutique des TCA 119

d. Phase de stabilisation

La dernière phase a pour objectifs : maintenir un comportement alimentaire


normal et un poids normal (indice de masse corporelle = 20) pendant trois semaines
avec un régime diversifié.
Elle utilise pour moyens : des séances d’exposition-prévention de réponse pour les
patients boulimiques, l’entraînement à la prise de repas normaux en présence des
personnes de l’entourage, hors de l’hôpital, la reprise des contacts avec l’extérieur,
l’achat de vêtements, les repas au restaurant, et la poursuite des psychothérapies
éventuellement entreprises.
Typiquement elle dure un mois.

2. Les conditions de base

Chaque patient a, dès son entrée, deux infirmières référentes et ce pendant toute la
durée de l’hospitalisation. La semaine d’observation ainsi que la première partie de
l’hospitalisation se fait en chambre individuelle. Le passage en chambre à deux lits se
fait au cours de l’hospitalisation. Chaque chambre comporte un lavabo qui ne sera pas
accessible dans un premier temps. Les affaires de toilette sont gardées dans la
chambre. La toilette quotidienne se fait dans la salle de bain sous surveillance
infirmière (durée 20 minutes). Les affaires personnelles sont remises aux infirmières à
l’entrée et dans un premier temps, les objets conservés sont ceux que précise la
prescription médicale. Il est possible d’avoir un poste de TV dans la chambre.
L’équipe médicale garde le contact avec les proches à qui elle donne
régulièrement des nouvelles et propose des entretiens ainsi qu’elle propose la
participation à un groupe pour les parents ou pour les conjoints. L’alimentation est
servie dans la chambre. Un repas d’évaluation du comportement alimentaire est réalisé
pendant la semaine d’observation afin de mieux préciser les difficultés.
Le carnet alimentaire déjà utilisé lors des consultations préliminaires est
également tenu pendant toute la durée de l’hospitalisation. Une quantité déterminée
d’eau est mise à disposition dans la chambre. Dans la phase d’observation et en début
de la première phase, il est nécessaire de mesurer la diurèse. L’accès aux toilettes se
fait sur demande.
Les patients ne doivent consommer aucune nourriture, ni aucune boisson, autre
que celles qui sont données. La pesée se fait tous les jours en semaine d’observation.
Prise en charge thérapeutique des TCA 120

En observation, un temps de repos allongé une heure avant et deux heures après les
repas est nécessaire.
En cas de dénutrition importante et/ou de perturbations du bilan biologique, une
renutrition par sonde peut s’avérer nécessaire pendant les premières semaines. Les
patients restent dans l’Unité de soins sauf raisons médicales particulières
(psychothérapies, consultations spécialisées, ergothérapie...).
L’accès au salon est possible en dehors des périodes de repos pour des activités
diverses (jeux de société, musique, patchwork...).
La signature du contrat implique une adhésion complète de leur part aux
conditions qu’il stipule. Les objectifs, les conditions de base et les moyens y sont
précisés.

3. Régularisation du poids

Que ce soit en période d’observation ou pendant les phases ultérieures, le poids ne


peut descendre au dessous du poids d’admission. Les objectifs pondéraux doivent être
respectés et sont revus chaque semaine. S’il arrive qu’un ou plusieurs des objectifs du
contrat (concernant le comportement alimentaire ou le poids) ne soient pas atteints, un
programme thérapeutique particulier est proposé.
La pesée se fait trois fois par semaine en première et deuxième phase, et deux fois
par semaine en phase de stabilisation. Pour des patientes boulimiques avec un poids
normal, l’accent est évidemment mis sur la correction du comportement alimentaire.

4. Les repas

Dès la première phase, les repas sont pris en salle à manger et sont le plus souvent
accompagnés par un membre du personnel. Certains aliments commencent à être
réintroduits. Les menus sont établis par la diététicienne et l’équipe médicale avec la
participation de la patiente. Leur composition ne peut être modifiée qu’après
l’entretien hebdomadaire avec la diététicienne.
La prescription de suppléments diététiques peut être nécessaire si l’apport
calorique quotidien n’est pas suffisant. La durée des repas est fixée à 35 minutes. Un
des objectifs du traitement est de terminer les plateaux. Au cours de l’hospitalisation,
les patientes doivent arriver à estimer elles-mêmes leur ration alimentaire
qualitativement et quantitativement.
Prise en charge thérapeutique des TCA 121

La réalisation d’ateliers tels que la préparation de gâteaux, de repas ou


d’élaboration de menus aide à la reprise d’une meilleure gestion du comportement
alimentaire. Plus tard lors des repas accompagnés, les patientes doivent arriver à
déterminer elles-mêmes les portions nécessaires.

5. Les principales dimensions du soin

a. La dimension alimentaire

La consultation diététique. La personne affectée d'un trouble du comportement


alimentaire ne saurait profiter pleinement des différentes thérapies qui lui sont
proposées si elle n'a pas d'abord retrouvé un état nutritionnel satisfaisant (Gicquel,
Pham-Scottez, et Satori, 2008). La prise charge diététique a plusieurs facettes. Les
principaux objectifs visent à la normalisation des habitudes alimentaires (notamment
par le biais de la diversification alimentaire avec les aliments à réintroduire, de la
modification du comportement à table avec les repas thérapeutiques), le respect des
besoins nutritionnels avec les apports caloriques recommandés et la détermination des
objectifs pondéraux à atteindre, le cas échéant.
Les repas thérapeutiques sont des techniques de modeling et de réapprentissage
qui permettent à un patient de corriger un comportement alimentaire inadapté et de
développer la convivialité en mangeant en compagnie de soignants et d'autres patients,
de manière pluri hebdomadaire. Le patient peut ainsi s'assurer du caractère adapté ou
non de son alimentation et ainsi, disposer d'un soutien thérapeutique entrant.
Les ateliers alimentaires. Dans le cadre du projet de soins individualisé sont
inscrits divers ateliers thérapeutiques dont les objectifs portent sur le travail des
difficultés à travers la mise œuvre de situations problématiques. Ces ateliers
thérapeutiques sont supervisés par l'équipe de soins et mis en place par le patient en
compagnie de l'une de ses infirmières référentes :

 l’« atelier goûter » est proposé dans la première phase du contrat de soins
et vise à confronter la personne au choix d'une pâtisserie à confectionner.
L'infirmière référente accompagne et évalue la personne dans
l'organisation de sa préparation en cuisine, l'aide à aborder la
problématique alimentaire par le contact direct avec les aliments, ce qui
permet notamment de travailler sur les matières anxiogènes tels que le
Prise en charge thérapeutique des TCA 122

beurre, le sucre... Enfin, il s'agit d'envisager l'aspect convivial des prises


alimentaires en partageant la réalisation de la recette avec un peut groupe
de convives hospitalisés ainsi que l'infirmière référents ;
 l’ « atelier repas » est proposé dans la deuxième phase d'un contrat de soin.
Cet atelier a pour objectifs d'inviter la personne à établir un menu complet
(entrée, plat, dessert), à évaluer un budget, à s'autonomiser dans sa
capacité à faire des courses seule. Il s'agit, en outre, de travailler sur
l'organisation et la préparation en cuisine, d'appréhender le comportement
à table et les cognitions alimentaires et, enfin, d'aborder l'aspect convivial
des prises alimentaires, en partageant ce repas avec l'infirmière référents ;
 la « sortie restaurant » a lieu en fin de phase II ou durant la phase de
stabilisation. Elle constitue une étape dans la transition entre
l'hospitalisation et la reprise des repères à l'extérieur. L'accompagnement
infirmier dans un restaurant vise à valider des possibilités nouvelles en les
transposant à l'extérieur. Cet atelier a pour objectifs d'inviter la personne à
s'inclure dans un petit groupe de patients, avec l'infirmière référents, de
faire des choix sur me carte, de favoriser les échanges lors des prises
alimentaires.

b. La dimension psychothérapeutique

Les entretiens infirmiers. La relation de soins est un accompagnement dans un


parcours jalonné d'étapes, qui amène la personne à se trouver confrontée à ses
difficultés :

 à partir de techniques d'écoute, de reformulation, de réassurance et de


renforcement positif, les ressources du patient sont mobilisées ;
 dans un deuxième temps, les objectifs de ces échanges s'inscrivent dans
me dynamique d'évolution du patient autour de son contrat de soins. Cet
accompagnement a pour but de développer ses potentialités, renforcer ses
acquis, établir des bilans et permettre à la personne de s'approprier des
ressources nouvelles. Les entretiens portent essentiellement sur la
distorsion cognitive, sur les capacités et les motivations de changements,
Prise en charge thérapeutique des TCA 123

ainsi que sur les différentes étapes d'un travail de deuil de la maladie (le
déni, la colère, la culpabilité, la tristesse et l'acceptation) ;
 en fin de parcours, le patient transpose ses potentialités nouvelles à
l'extérieur, par le biais de sorties en ville ou à son domicile, au cours des-
quelles il valide son évolution. Le suivi infirmier consiste à être présent
lors de la préparation de ces sorties, mot au niveau de l'autonomie
alimentaire qu'au niveau social et à réaliser des bilans réguliers avec le
patient, à chacun de ses retours. L'accompagnement infirmier s'articule
essentiellement autour de deux diagnostics infirmiers prévalents : le
renforcement de l'estime de soi et l'amélioration de
l'acceptation/appropriation de l'image corporelle ;
 les différentes approches psychothérapeutiques. Quelles que soient leurs
références théorétiques, toutes les psychothérapies applicables aux troubles
du comportement alimentaire visent à retrouver l'accès à la vie psychique
et émotionnelle, à réaliser un soutien psychologique, à déculpabiliser, à
faire renaître l'aptitude à ressentir des plaisirs.

Outre le groupe de gestion du stress, d'affirmation de soi ou de motivation,


existent le groupe éducatif (groupe informatif de cinq séances qui traite de la
physiologie digestive, de la clinique des troubles alimentaires, de la nutrition, de
diététique et de notions culinaires, animé par les infirmières de l'unité d'hospitalisation
qui fournit des notions en physiologie et en nutrition et vise à corriger les idées
erronées dans ces domaines) et le groupe d'expression. Ce dernier, hebdomadaire, est
animé par un médecin et une psychologue. Il réunit l'ensemble des personnes
hospitalisées dans l'unité des troubles alimentaires, réparties en deux groupes de façon
à équilibrer les effectifs, sans tenir compte d'autre critère d'inclusion (8 à 10
personnes).
L'accent est porté sur leur capacité à mettre en mots ce qu’elles ressentent, à
interpréter leurs émotions, et à oser les exprimer. C'est un groupe très interactif. Enfin,
il faut évoquer les groupes destinés aux familles de patients hospitalisés, ou déjà sortis,
et animés par un médecin et une psychologue.
Les approches psychothérapeutiques individualisées :
Prise en charge thérapeutique des TCA 124

 les psychothérapies à médiation artistique utilisent une pratique artistique


dans laquelle réside un processus créatif (peinture, modelage), chaque art-
thérapeute ayant une double formation, psychothérapeutique et artistique.
L'action créatrice permet de restaurer progressivement le contact du patient
avec ses propres affects, une meilleure connaissance de ses besoins et de
lui rendre le contrôle de ses productions. L'art-thérapie peut ainsi permettre
une expression médiatisée des mouvements affectifs. L'approche
corporelle y est, en outre, particulièrement représentée. Les patients
souffrant de trouble du comportement alimentaire sont très réceptifs à ce
type de médiation psychothérapeutique ;
 les psychothérapies d'inspiration analytique (entretien individuel, thérapie
familiale, psychodrame...) sont fondées sur la théorie freudienne et
peuvent être mises en place durant l'hospitalisation puis poursuivies après
la sortie ;
 les thérapies comportementales et cognitives comprennent les techniques
de relaxation de type training autogène de Schultz ou de type Jacobsen,
visant à contrôler l'anxiété post-prandiale, l'hyperactivité physique et à
aider à contrôler les régurgitations, le mérycisme autres tensions
psychiques exprimées air niveau corporel, ainsi que les thérapies
d'affirmation et d'estime de soi ciblant les défauts d'"assertivité" et la
phobie sociale, assez constants dans les troubles du comportement
alimentaire. Les thérapies cognitives ont pour cibles thérapeutiques les
distorsions cognitives et les croyances irrationnelles relatives aux aliments
et à la représentation corporelle.

La sortie essayage/achat de vêtements est organisée en fin de prise en charge pour


valider ces acquisitions nouvelles. Cette sortie accompagnée tend à immerger la
personne dans un contexte social, à l'inviter à choisir des tenues adaptées à ses
nouvelles mensurations, à mobiliser sa capacité à faire des choix et à se faire plaisir. Il
s'agit eu outre de la confronter à ses ressentis corporels et psychologiques et viser à
développer l'estime de soi. La relation de soins a pour objectif de préparer cette sortie
afin d'amener la personne à exprimer ses attentes. L'accompagnement consiste à
travailler sur sa capacité à s'autonomise dans ses besoins (se vêtir), en l'invitant à
Prise en charge thérapeutique des TCA 125

s'investir dus l'instant présent et à se projeter dans l'avenir, à partir d'un cadre
rassurant.

6. Les traitements

Dès la première phase, toutes les patientes participent à deux groupes : un groupe
éducatif (accessible à des patientes externes) et un groupe d’expression (réservé aux
patientes hospitalisées). Les autres psychothérapies telles que la thérapie cognitive, la
thérapie d’affirmation de soi et l’art-thérapie font l’objet d’indications personnalisées
(Duneton et Foulon, 1994).

a. Groupé éducatif

Ce groupe hebdomadaire composé cinq séances d’informations et de dialogue


avec un spécialiste afin d’aborder le sujets suivants : la physiologie digestive et
anatomie ; le diététique et les besoins nutritionnels ; les aspects cliniques de
l’anorexie-boulimie ; les principes de prise en charge comportementales et cognitive ;
et le traitement, l’évolution et le pronostic de la maladie.
Le but de ces séances est d’apporter une information simple mais complète sur la
maladie et les principes thérapeutiques. Les deux premières séances sont consacrées à
la physiologie alimentaire et digestive avec constatation bien souvent de lacunes
importantes et d’idées erronées volontiers stéréotypées sur les conséquences de la
dénutrition et de la renutrition. Ces idées sont susceptible d’être un frein au traitement
Par exemple : un estomac rétréci qui ne peut plus accepter les aliments en quantité
normale ; des matières grasses non digérées et stockées telles quelles dans les parties
adipeuses ; boire beaucoup d’eau fait maigrir ; boire de l’eau en mangeant provoque
des œdèmes, etc.
La participation à ce groupe est exigée dès la première séance d’hospitalisation et
parfois même avant, en consultation. Ceci pour tenter de corriger au plus vite ces
distorsions cognitives qui sous-tendent bon nombre de comportements anorexiques
ainsi qu’une résistance à la renutrition diversifiée (Aimez, 1987).
Quand ces distorsions cognitives sont trop importantes, il est nécessaire de mettre
en place une thérapie cognitive individuelle.
Prise en charge thérapeutique des TCA 126

b. Groupe d’expression

Ce groupe hebdomadaire aborde le vécu de l’hospitalisation, les difficultés du


moment, les tensions dans le groupe, les conflits avec l’équipe soignante, les relations
avec les parents au travers des visites ou du courrier, etc.
Ce groupe est particulièrement important dans la vie institutionnelle de l’unité.
Les patientes des phases de normalisation du poids et de stabilisation témoignent et
encouragent les nouvelles arrivées qui peuvent ainsi se projeter à la sortie. En fait, les
anciennes sont souvent mal à l’aise, effrayées ou nostalgiques de la maigreur des
nouvelles.
Toutes ces craintes et réactivations sont abordées dans un espace préservé, et par
des personnes neutres vis-à-vis des contrats.

c. Psychothérapie individuelle

Des prises en charge individuelles spécifiques sont le plus souvent nécessaires en


cours d’hospitalisation et selon les indications un recours à des psychothérapies
cognitives, d’affirmation de soi, de relaxation, de soutien ou d’inspiration analytique.
Le Tableau 3-1 montre un exemple d’un planning des patientes.

7. Activités physiques

La kinésithérapie, la gymnastique douce, le vélo et le rameur sont également


proposés dès que l’état physique le permet. Ces activités aident à l’acceptation de la
nouvelle apparence physique.

8. Sevrage tabagique

Il faut rappeler que le fait de fumer perturbe le goût et les sensations de faim, ce
qui est difficilement compatible avec un traitement des perturbations du comportement
alimentaire. Toute patiente susceptible d’être admise dans l’unité bénéficiera du
sevrage tabagique.
La reprise de contact avec la vie à l’extérieur se prépare progressivement avant la
sortie définitive, en retournant passer des journées et des soirées au domicile. C’est
dans cette phase que se fait la reprise de contact avec le médecin consultant. En effet
l’hospitalisation n’est qu’une étape d’un traitement qui doit impérativement se
poursuivre en ambulatoire avec une postcure prolongée.
Prise en charge thérapeutique des TCA
Tableau 3-1
Exemple d’un planning des patientes (Duneton et Foulon, 1994)

Lundi Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi/Dimanche

8 h 00 – 8 h 30 Petit déjeuner Petit déjeuner Petit déjeuner Petit déjeuner Petit déjeuner Petit déjeuner

8 h 30 – 9 h 30 Repos en chambre Repos en chambre Repos en chambre Repos en chambre Repos en chambre Repos en chambre

9 h 30 – 10 h 00 Toilette Toilette Toilette Toilette Toilette Toilette

10 h 00 – 12 h 00 Modelage Ergothérapie Atelier peinture Ergothérapie Groupe expression Libre

12 h 00 – 12 h 30 Libre Entretien médecin Entretien médecin Libre Entretien médecin Libre

12 h 30 – 13 h 00 Repas Repas accompagné Repas accompagné Repas Repas accompagné Repas

13 h 00 – 15 h 00 Repos en chambre …/Groupe éducatif/… Psychothérapie Repos en chambre Psychothérapie Visite hebdomadaire
individuelle individuelle

15 h 00 – 16 h 00 Entretien médecin Ergothérapie Ergothérapie Atelier Atelier collage/… Promenade

16 h 00 – 16 h 30 Goûter accompagné Goûter accompagné Goûter accompagné Goûter Goûter accompagné Goûter extérieur

16 h 30 – 17 h 00 Libre Esthéticienne Courses par atelier Kinésithérapie Courses par atelier Libre

17 h 00 – 18 h 00 Tai-chi Kinésithérapie Danse Relaxation Tai-chi Libre

18 h 00 – 18 h 30 Libre Préparation plateaux Préparation plateaux Préparation plateaux Préparation plateaux Libre

18 h 30 – 19 h 00 Repas Repas Dîner extérieur Repas Repas Repas


accompagné
19 h 00 – 21 h 00 Repos en chambre Repos en chambre Repos en chambre Repos en chambre Repos en chambre

21 h 00 – 22 h 00 Libre Libre Libre Libre Libre Libre

127
128

Un Centre d’Accueil Thérapeutique à Temps Partiel permet, après la sortie, de


poursuivre un certain nombre d’activités thérapeutiques telles que repas
thérapeutiques, groupe d’expression, ateliers cuisine...
Les psychothérapies individuelles ainsi que le suivi par le psychiatre référent sont
indispensables pour maintenir les progrès réalisés au cours de l’hospitalisation.

C. Récapitulatif

Nous passons en revue dans ce chapitre les différentes modalités de prise en


charge, qu’elle soit en ambulatoire ou en hospitalisation. Du traitement diététique aux
traitements médicamenteux ; des différentes formes de psychothérapie et techniques ;
aux approches dynamiques et cognitivo-comportementales ; des techniques
motivationnelles aux approches familiales.
La partie finale de ce chapitre est consacrée au traitement et à l’explicitation des
conditions et du contenu du déroulement de l’hospitalisation à la Clinique des
Maladies Mentales et de l’Encéphale.
129

IV. MÉTHODE ET POPULATION

A. Sujets patientes

Quatre-vingt patientes, âgées de 16 à 44 ans, souffrant des troubles du


comportement alimentaire ont participé à cette étude qui a eu lieu à la Clinique des
Maladies Mentales et de l’Encéphale, Centre Hospitalier Sainte-Anne (Paris) entre mai
2004 et juin 2006. Nous avons informé chaque patiente de l’étude, elles ont également
reçu un papier écrit du Chef de Service sur l’étude à réaliser (Annexe G). Ainsi un
formulaire de consentement éclairé était donné à signer pour confirmer sa participation
avec le chercheur (Annexe H)
Soixante-quinze patientes (27,9 ± 6,8 ans) ont passé un entretien clinique structuré
conduit par un psychiatre titulaire. Cet entretien a permis le diagnostic du trouble du
comportement alimentaire. Cinq patientes ont abandonné sans avoir complété la
première évaluation. Le diagnostic de troubles du comportement alimentaire a été posé
en utilisant les critères du DSM-IV (Annexe D et Annexe E) 1 . La population des
patientes était sous-divisée en deux sous-groupes : un groupe des patientes avec un
diagnostic d’anorexie mentale de type restrictif (AN-R) ; l’autre groupe des patientes
avec un diagnostic soit d’anorexie mentale de type surconsommation/vomissements
(AN-BP) soit de boulimie (BN) (Tableau 4-1).
Quatre évaluations ont été effectuées pendant l’hospitalisation. Elles
correspondent à chacune des phases principales : la première évaluation à la fin de la
phase d’observation après une semaine d’hospitalisation, la deuxième évaluation trois
semaines plus tard à la fin de la phase de reprise pondérale, la troisième deux mois
après à la fin de la phase de normalisation du poids, et la quatrième et dernière
évaluation trois mois après, à la fin de la phase de stabilisation.

1
La dernière version du Manuel diagnostique et statistique est la DSM-IV-TR (Texte revisé),
publié en 2003. Aucun changement aux critères de diagnostiques n’a été apporté par rapport à ceux cités
en annexe.
Méthode et population 130

Tableau 4-1
Description de la population de patientes et de témoins étudiées

AN-R AN-BP/BN Témoins


F p
(n = 41) (n = 34) (n = 83)
m ± ds m ± ds m ± ds (2 ; 155)

Âge (ans) 27,68 ± 6,54 28,26 ± 6,79 23,76 ± 5,49 9,46 < 0,001

Poids (kg) 37,97 ± 7,60 45,13 ± 8,67 60,13 ± 11,55 74,14 < 0,001

Taille (cm) 1,63 ± 0,07 1,64 ± 0,06 1,65 ± 0,06 2,48 0,09

IMC (kg/m²) 14,28 ± 2,45 16,94 ± 3,17 21,80 ± 3,76 76,16 < 0,001

Durée de la
10,26 ± 7,48 11,36 ± 6,56 - n/p 0,41
maladie (ans)

Quatre-vingt-sept étudiantes infirmières ont été recrutées en même temps à


l’École d’Infirmières (IFSI) au sein de notre centre hospitalier. Quatre-vingt-trois des
étudiantes qui ont consenti de participer étaient retenues : quatre étudiantes ont été
exclues du fait que leurs scores au Eating Attitudes Test montraient un score
pathologique, ce qui signifie qu’elles présentaient des comportements alimentaires
pathologiques.
Le groupe témoin a effectué une seule évaluation, au même moment où les
patientes réalisaient leur première évaluation.

B. Évaluations cliniques et psychologiques

1. L’indice de masse corporelle

Au début de l’hospitalisation le poids et la taille de la patiente étaient mesurés afin


de calculer l’indice de masse corporelle, c’est-à-dire le ratio de leur poids (en kg) et
leur taille (en mètre) au carré.
À chaque évaluation successive le poids seulement de la patiente était mesuré afin
de calculer à nouveau leur indice de masse corporelle. Le poids est mesuré utilisant
une balance électronique de type Tanita BWB-800. Le pesé se fait le matin en slip et
soutien gorge. La taille est mesurée utilisant un mètre fixé au mur.
Méthode et population 131

L’étendue de l’indice de masse corporelle est sous-divisée en cinq états de


nutrition : un indice de masse corporelle inférieur ou égal à 14 kg/m² est considéré
indicatif d’un état de dénutrition sévère, entre 14 et 19 kg/m² l’état correspond à un
sous-poids, entre 19 et 24 kg/m² l’état est normo-pondérale, entre 24 et 29 kg/m² l’état
correspond à un surpoids, et supérieur ou égal à 29 un état d’obésité.

Afin d’évaluer les symptômes spécifiquement liés aux troubles du comportement


alimentaire ainsi que la/les comorbidité(s), les échelles et tests suivants étaient soumis.

2. Le Eating Attitudes Test

Le Eating Attitudes Test (EAT-40) (Garner et Garfinkel, 1979) est le plus ancien
et le plus utilisé dans le domaine des troubles du comportement alimentaire (Annexe
I). Il a été publié sous sa forme originale en 40 items : en 1982, une forme abrégée de
26 items a été extraite de la précédente par analyse factorielle. Chaque item comporte
six degrés ; le format retenu est un format Likert avec des intitulés : « toujours »,
« très souvent », « souvent », « quelquefois », « rarement », et « jamais ».
Selon les auteurs, cette échelle d’autoévaluation permet d’identifier des troubles
du comportement alimentaire cliniquement significatifs, mais pas de diagnostiquer
précisément l’anorexie ou la boulimie. Il est également utilisé comme mesure de
sévérité des symptômes, et mesure de changement dans le temps et pendant le
traitement. La version française du EAT a été validée par Garrot et al. (1987).
Un score supérieur ou égal à 30 est considéré comme indicatif d’une pathologie
de troubles du comportement alimentaire.

3. Le Eating Disorder Inventory

Le Eating Disorder Inventory (EDI) (Garner et al., 1983) est une échelle
d’autoévaluation construite pour analyser les caractéristiques cognitives et
comportementales des sujets présentant des troubles du comportement alimentaire
(Annexe J). Ce questionnaire permet d’estimer la fréquence avec laquelle les sujets
s’attribuent d’éventuelles particularités, dans les modalités mêmes de l’alimentation ou
des attitudes alimentaires, et permet d’étudier les caractéristiques psychologiques des
sujets souffrant d’anorexie et de boulimie. Il est composé de 64 items à six degrés
(échelle Likert) intitulés : « toujours », « habituellement », « souvent »,
Méthode et population 132

« quelquefois », « rarement », et « jamais ». Ils se répartissent en huit sous-échelles


pour mesurer les traits comportementaux et psychologiques communs dans l’anorexie
mentale et la boulimie.

a. Désir de minceur (DM)

Cette sous-échelle est souvent considérée comme une des principales dimensions
des troubles du comportement alimentaire. Elle témoigne du désir de minceur ou de la
crainte de la corpulence, les régimes alimentaires répétés et les préoccupations
excessives concentrées sur le poids.
Un score entre 3 et 7 est considéré normal ; entre 12 et 16 le score est considéré
comme significatif d’un trouble du comportement alimentaire.

b. Boulimie (B)

Les préoccupations autour de la nourriture conduisent parfois à des épisodes de


suralimentation particulière, suivis dans certains cas par des vomissements. La
présence de cette boulimie permet de distinguer ces patients de sujets uniquement
restrictifs; elle est généralement considérée comme un facteur de mauvais pronostic.
Les accès boulimiques sont également décrits chez des jeunes filles ou des jeunes
femmes n’ayant aucun antécédent d’anorexie mentale.
Un score entre 1 et 2 est considéré normal ; entre 9 et 13 le score est considéré
significatif d’un trouble du comportement alimentaire.

c. Insatisfaction corporelle (IC)

Elle correspond à la croyance que certaines parties du corps, changeant de forme


au moment de la puberté, deviennent trop importantes, comme les hanches, les cuisses,
et les fesses. Cette échelle est étroitement liée aux troubles de l’image du corps, depuis
longtemps considérés comme une des principales composantes de ces troubles.
Un score entre 9 et 15 est considéré normal ; entre 13 et 19 le score est considéré
indicatif d’un trouble du comportement alimentaire.

d. Inefficacité (I)

Les sentiments d’insécurité, de dévalorisation, évalués par cette échelle, sont


étroitement liés à une mauvaise image de soi et à des sentiments d’inadéquation.
Certain auteurs, comme Bruch (1973) ou Selvini-Palazzioli (1981), considèrent ce
Méthode et population 133

sentiment d’inefficacité personnelle comme une perturbation fondamentale de


l’anorexie mentale.
Un score entre 1 et 4 est considéré comme normal ; entre 9 et 14 le score est
considéré indicatif d’un trouble du comportement alimentaire.

e. Perfectionnisme (P)

Cette sous-échelle évalue la tendance à imposer à soi-même et, quelquefois, aux


autres des exigences élevées ou excessives. Selon Garner et al. (1983), le
perfectionnisme fait partie du style de pensée dichotomique.
Un score entre 4 et 9 est considéré normal ; entre 7 et 11 le score est considéré
indicatif d’un trouble du comportement alimentaire.

f. Méfiance dans des relations interpersonnelles (MI)

Le sujet se méfie des relations étroites avec d’autres personnes de peur d’exprimer
librement ses émotions. Cette méfiance jouerait un rôle important dans le
développement de l’anorexie mentale.
Un score entre 1 et 3 est considéré normal ; entre 4 et 8 le score est considéré
indicatif d’un trouble du comportement alimentaire.

g. Conscience intéroceptive (CI)

Cette sous-échelle se rapporte au manque de confiance dans la reconnaissance de


ses émotions ou de ses sensations corporelles, telles que la satiété ou la faim.
Un score entre 1 et 5 est considéré normal ; entre 8 et 14 le score est considéré
indicatif d’un trouble du comportement alimentaire.

h. Peur de la maturité (PM)

Cette sous-échelle évalue la tendance de la patiente à toujours rechercher un


sentiment de sécurité de type infantile, par crainte des exigences de l’âge adulte. Pour
Crisp (1965 ; 1981), la psychopathologie centrale de l’anorexie mentale se situe
justement autour de cet évitement de la maturité biologique et psychologique.
L’apparente satisfaction qu’apporte le maintien des formes corporelles d’un enfant,
avec perte des formes féminines et aménorrhée, en est un exemple.
Un score entre 2 et 4 est considéré normal ; entre 4 et 6 le score est considéré
indicatif d’un trouble du comportement alimentaire.
Méthode et population 134

Cette échelle a été validée en français par Criquillion-Doublet, Divac, Dardennes


et Guelfi (1995).

4. Le Bulimia Investigatory Test, Edinburgh

Le Bulimia Investigatory Test, Edinburgh (BITE) (Henderson et Freeman, 1987)


est un auto-questionnaire divisé en deux sous-échelles construit pour mesurer les
symptômes et la sévérité de la boulimie nerveuse (Annexe K).

a. Symptôme

Cette première sous-échelle consiste en 30 items qui correspondent aux


symptômes, aux comportements et à la restriction. Le score maximal est 30. Un score
supérieur ou égal à 20 est considéré indicatif d’une pathologie boulimique.

b. Sévérité

Cette deuxième sous-échelle contient six items qui mesurent la sévérité du


comportement définie par sa fréquence. Le score maximal est 39. Un score supérieur
ou égal à 10 est considéré indicatif d’une pathologie boulimique sévère.

Un score global supérieur ou égal à 30 est considéré indicatif d’un trouble du


comportement alimentaire sévère.

Les questionnaires suivants ont été administrés pour évaluer les autres symptômes
psychologiques associés.

5. L’inventaire de dépression de Beck

L’inventaire de dépression de Beck (BDI-13) a été construit par Beck et al.


(1961). La version abrégée (Beck et Beck, 1972) en 13 items (Annexe L), et traduite
par Delay, Pichot, Lempérière et Mirouze en 1963, est une échelle d’autoévaluation
quantitative de la dépression, permettant de sonder l’intensité des différentes
manifestations dépressives.
Chaque item est constitué de quatre phrases correspondant à quatre degrés
d’intensité croissante d’un symptôme sur une échelle de 0 à 3. Le score total est
calculé en additionnant la valeur attribuée à chacun des 13 items. La dépression est
qualifiée de : légère lorsque le score se situe entre 4 et 7, modérée entre 8 et 15 et
Méthode et population 135

sévère à partir de 16, 39 étant le score maximal possible. La version française a été
étudiée sur des patients déprimés (Pichot et Lempérière, 1964) et des sujets témoins
(Bourque et Beaudette, 1982 ; Bouvard et Cottraux, 2005).

6. L’échelle d’affirmation de soi de Rathus

L’échelle d’affirmation de soi de Rathus (RAS) a été mise au point par Rathus
(1973) et a été traduite par Agathon et Dorna (1979) et Cottraux (1979) (Annexe M). Il
s’agit d’une échelle d’autoévaluation des compétences en termes d’affirmation de soi.
Elle constitue un bon indicateur de la phobie sociale ; 30 items sont présentés sous
forme d’affirmation et les participants doivent évaluer chacune de ces dernières en
indiquant sur une échelle en six points allant de « tout à fait vrai » à « tout à fait faux »
leur degré d’adhésion à chaque affirmation.
Le score est calculé en additionnant la valeur (de 1 à 6) attribuée à chaque item.
Le score maximal est donc de 180. Un score inférieur à 90 révèle des difficultés
d’affirmation de soi voire un comportement soumis, alors qu’un score supérieur à 110
est le reflet d’un comportement très affirmé. La moyenne de la population générale est
de 105,6 (écart-type de 24,2) alors que les phobiques sociaux ont des scores de 64,6
(22,8).

7. L’inventaire d’anxiété trait-état

L’inventaire d’anxiété trait-état (STAI forme Y) a été construit par Spielberger


(1983a ; 1983b) et a été traduit par Bruchon-Schweitzer et Paulhan (1990) (Annexe
N). Il s’agit d’un auto-questionnaire en deux sous-échelles, de 20 items par sous-
échelle, qui mesure le niveau individuel de l’anxiété-état (forme Y-a) et l’anxiété-trait
(forme Y-b). La moitie des items sont formulée en négatif et chacun est coté sur une
échelle en quatre points allant de 1 (« pas du tout ») à 4 (« tout à fait »). Les échelles
peuvent être proposées de façon indépendante.
Le score total est interprété en fonction de l’intervalle dans lequel se situe le
participant en référence à des normes différentes suivant le sexe et l’âge de l’individu.
De façon générale, on considère que l’anxiété est très faible lorsque le score est
inférieur à 35, faible entre 36 et 45, moyenne entre 46 et 55, élevée entre 56 et 65 et
très élevée à partir de 66. La moyenne de la population française est de 50 (é-t de 10)
Méthode et population 136

(Bruchon-Schweitzer et Paulhan, 1993) ; le minimum pour une échelle est de 20 et le


maximum de 80.

C. Catégorisation alimentaire

1. Test de catégorisation alimentaire

Ce test consiste à classer 27 noms d’aliments présentés en ordre alphabétique


(Annexe P). Ces aliments sont des produits de consommation courante pour toute
personne de culture française. Ces aliments sont les suivants : banane, betterave, bœuf,
camembert, charcuterie, chocolat, crème de gruyère, crème dessert, endive cuite,
fruits au sirop, gâteau à la crème, gâteau sec, jus de fruit, lait entier, macédoine de
légumes, mayonnaise, œuf, pain, petits pois, poire, poisson frais, pomme, pomme de
terre, tarte aux fruits, tomate, volaille, et yaourt nature.
Les patientes avaient comme consigne de regrouper ces aliments en tas différents,
sans aucun seuil de nombre de tas, de façon à permettre l’expression de leurs
similarités ou de leurs différences. Le but de l’analyse est de comparer les
classifications d’aliments des deux sous-groupes de patientes, ainsi que les témoins,
afin d’établir si des différences existent entre les catégorisations observées parmi eux
tout au long de leur hospitalisation.

2. Méthodologie

Les patientes ont regroupé en un certain nombre de tas les 27 aliments, en les
classant les uns après les autres. Premièrement, une matrice de similarité a été
construite pour prendre en compte les différents nombres de tas et les différents
nombres de noms d’aliments dans chaque tas. Cette méthode consiste à calculer la
fréquence d’association de tous les couples d’aliments, c’est-à-dire le nombre de fois
où deux aliments sont placés dans la même catégorie. Cette fréquence d’association
est considérée comme une mesure de la proximité entre les deux aliments. Plus une
paire d’aliments apparaît fréquemment ensemble, plus l’association entre eux est
stable. L’indice de similarité entre deux aliments est défini comme le nombre de fois
où deux noms d’aliments sont classés dans une même catégorie et forment une paire.
Un tableau de similarité est construit de 27 colonnes sur 27 lignes (27 étant le nombre
d’aliments). Pour chaque cas du tableau, on indique la fréquence de classement de
Méthode et population 137

cette paire dans les classes, c’est-à-dire le nombre de patients qui ont regroupé ces
deux aliments dans la même catégorie. L’indice de similarité a ainsi une valeur
minimale de 0 (aucune patiente n’a associé les deux aliments en paires dans une même
catégorie) et sa valeur maximale est de N (toutes les patientes ont mis les deux
aliments en paires dans une même classe).
Deuxièmement, à partir de la matrice de similarité, on construit une matrice de
dissemblance. Pour ce faire, chaque case x de la matrice de similarité est remplacée
par y selon la formule : y = 1 – x/N (pour notre étude, N = le nombre de patientes dans
chaque sous-groupe lors de chaque évaluation). Plus une paire d’aliments est proche
dans la matrice de similarité, plus le score est proche de 0 dans la matrice de
dissemblance (les scores allant de 0 à 1). Cette matrice permet d’effectuer une analyse
multidimensionnelle (Kruskal et Wish, 1991) en utilisant le logiciel SPSS, version
10.1.3 (SPSS Inc., Chicago IL). L’analyse multidimensionnelle a pour but de
rechercher une configuration de points, ici représentant les noms d’aliments, dans un
espace de taille limitée dans laquelle les distances à l’intérieur s’adaptent de la
meilleure façon avec les distances perçues manifestées par la matrice de dissemblance.
Pour ceci on a utilisé l’algorithme ALSCAL (© SPSS Inc., 1989-2000). La méthode
fournit deux paramètres qui, d’une part, indiquent le degré d’ajustement entre les
données d’origine et la configuration finale et, d’autre part, permettent de sélectionner
le nombre de dimensions du modèle : le critère de Stress S (ou Kruskal’s Stress) et le
coefficient RSQ (« Rsquare »), ces deux coefficients étant liés. Plus le Stress S est
bas, meilleur est l’ajustement ; plus le RSQ se rapproche de 1, meilleur est
l’ajustement. Selon Kruskal (1964), une valeur de Stress S inférieure ou égale à 0,10
indique un bon ajustement. Les valeurs de Stress S et de RSQ nous permettent de
déterminer le nombre de dimensions à considérer pour atteindre le critère de Kruskal.
Troisièmement, nous réalisons des classifications ascendantes hiérarchiques (à
l’aide du logiciel R-R R Development Core Team 2004, version 1.9) à partir des
matrices de dissemblances. Elles permettent de fractionner un ensemble d’objets en
sous-ensembles. Le but de cette analyse est de représenter les dissemblances entre
objets en identifiant des classes relativement homogènes et en calculant des distances
entre ces classes. La représentation se fait sous forme d’un arbre hiérarchique (ou
« dendrogramme »). La méthode de J. H. Ward (1963) a été utilisée car elle minimise
la variance à l’intérieur de chaque classe et maximise la variance entre les classes.
Méthode et population 138

Cette méthode utilise implicitement une représentation géométrique (distance


euclidienne) liée aux centres de gravité des classes.
Quatrièmement, nous calculons, à partir des matrices de co-occurrences,
d’éventuelles corrélations entre les paires de matrices individuelles de similarité dans
la tâche de classement. L’objectif est de mettre à jour des classes de sujets associées à
une stratégie particulière de classement. Plus les sujets classent les produits de la
même façon, plus la corrélation n’est importante. À partir de cette matrice de
corrélation on réalise une analyse par groupements hiérarchiques en utilisant la
méthode dite « moyenne ».

D. Analyse du discours

L’utilisation de l’analyse des données pour la description des structures textuelles


date du début même de cette discipline. L’analyse factorielle des correspondances a
été créée en 1962 par Benzécri (Reinert, 2003). Cependant, ce n’est que bien plus tard
que des logiciels d’analyse de données textuelles apparaissent.
Les études effectuées ont plutôt été orientées vers une approche purement
formelle des structures textuelles (Lebart et Salem, 1994), il s’agit principalement de
comparer les distributions de mots entre différents textes; cela n’empêche pas des
différences de point de vue dépendantes du type de corpus traité, du type de contenu à
révéler, point de vue qui, en définitive, imprime sa marque sur la manière dont on
définit les contextes et les unités textuelles à dénombrer.
La méthodologie ALCESTE (Analyse de Lexèmes Co-occurrents dans les
Énoncés Simples d’un Texte) apporte la marque d’une double expérience (approche
formelle, catégorisation conceptuelle) et si les difficultés rencontrées ont éloigné la
méthodologie de l’analyse de contenu traditionnelle pour la rapprocher d’un type
d’analyse plus lexical, certains schémas méthodologiques ont cependant été conservés
comme par exemple la notion d’unité de contexte (UC).
On entend par unité de contexte, tout segment de texte pouvant servir de support à
l’étude des co-occurrences. Ces unités sont de petite dimension, et seront considérées
comme des « instantanés » dans le mouvement du sens, de la même manière qu’une
photo donne un instantané dans le mouvement d’un lieu, l’objectif de l’analyse est de
fournir une description typologique de ces instantanés à l’aide des liens entre ces
Méthode et population 139

unités de contexte, impliqués par les co-occurrences entre les formes (l’hypothèse
étant que les unités de contexte associées au même type de formes proviennent plus
probablement d’un même domaine d’usage que nous appellerons « monde »).
Pour cette description, on utilise une méthode de classification descendante
hiérarchique, qui permet de différencier plusieurs niveaux de partition sur l’ensemble
des unités de contexte retenues, la différenciation des classes d’unités de contexte de
même profil pouvant servir de base à une analyse dans le corpus.

1. Tâche de l’analyse du discours

Les cognitions particulièrement dysfonctionnelles chez des personnes souffrants


des troubles du comportement alimentaire balaient trois thèmes : (a) l’estime de soi et
la relation aux autres, (b) le corps et la perception corporelle, et (c) les aliments. Nous
avons donc choisi trois questions pour le test sur l’analyse du discours. L’intérêt est de
voir les éventuelles évolutions autour de ces cognitions clefs chez les patientes.
Ce tâche consiste à répondre aux trois questions suivantes : (a) « J’aimerais que
vous me disiez comment vous vous sentez aujourd’hui » ; (b) « J’aimerais que vous me
disiez comment vous percevez votre corps » ; et (c) « J’aimerais que vous me disiez ce
que c’est qu’un bon aliment pour vous » (Annexe Q).

2. Méthodologie

Le logiciel ALCESTE permet de quantifier un texte, de manière automatique,


pour en extraire les structures signifiantes les plus fortes (Image, 2002 ; Reinert,
1990). Ces structures sont liées à la distribution des mots dans le texte, qui ne se fait
pas au hasard. Une analyse par ALCESTE comporte quatre grandes étapes.

a. Préparation du corpus

Le corpus correspond à un ensemble de textes réunis. Dans notre recherche il


s’agit des réponses des patientes et/ou des témoins pour une des trois questions. Ce
corpus consiste des unités de contexte initiales (UCI) qui sont des divisions naturelles,
dans notre cas la réponse d’un sujet à une question donnée : elles sont introduites par
une ligne contenant les variables signalétiques, autrement appelée « mots étoilés ».
Le logiciel reconnaît les unités de contexte initiales que nous avons définies, ainsi
que les variables. Cette étape établit un dictionnaire de vocabulaire du corpus qui
permet d’identifier les locutions et les mots outils afin d’effectuer une lemmatisation
Méthode et population 140

des formes textuelles identifiées. Une lemmatisation consiste à remplacer une forme
textuelle par sa forme réduite, par exemple une forme verbale est réduite en infinitif,
un substantif pluriel est réduit en singulier, un adjectif au féminin est réduit en
masculin. Cette réduction a pour objectif d’améliorer l’analyse statistique et
notamment le classement des mots.

b. Segmentation du texte

Ensuite, ALCESTE repère les co-occurrences de mots « surreprésentées » dans le


corpus afin de permettre un regroupement des unités de contexte élémentaire (UCE).
Une unité de contexte élémentaire correspond approximativement à la notion de
phrase et est composée d’une ou de plusieurs lignes de texte consécutives. Elle est
considérée comme l’unité statistique essentielle par ALCESTE.
À partir de là, ALCESTE constitue des listes de vocabulaires caractéristiques, ou
unités de contexte, associées à chaque classe. Le logiciel ordonne et mesure la
fréquence des racines dans chaque unité de contexte. ALCESTE découpe donc ainsi le
corpus entier en plusieurs segments dont la taille a été déterminée par ailleurs selon un
processus itératif maximisant le pouvoir explicatif de l’analyse.

c. Description des classes

Cette étape fournit les principaux résultats par une méthode de classification
descendante hiérarchique, notamment les différentes classes retenues, leur dépendance
mutuelle, le vocabulaire dominant, les variables et les mots outils caractéristiques de
chacune des classes. Le classement se présente sous forme d’une liste de mots, avec
pour chacun sa valeur d’association – Khi2 (Pearson, 1900) – à la classe et sa catégorie
grammaticale. La liste des unités de contexte élémentaire nous permet de revenir au
corpus initial et de replacer ainsi chacun des mots dans son contexte. Les variables
d’unités de contexte initiales sont également de bons indicateurs dans la description de
ces classes.
Deux classifications sont possibles : simple et double. Avec une seule
classification sur les unités de contexte, nous pouvons définir à priori nos unités de
contexte. Cette méthode convient bien lorsque le corpus est de petite taille. Une
classification double effectue deux classifications successives sur des unités de
contexte de grandeur légèrement différente. ALCESTE calcule la longueur de ces
Méthode et population 141

unités de contexte en nombre de mots selon la taille et la nature du corpus à traiter.


Cette méthode a pour avantage d’écarter tout risque dû au découpage et d’assurer la
stabilité. Nous avons retenu cette dernière car elle convient bien dans le cas des corpus
de grande taille.

d. Présentation des résultats

Après avoir découpé en unités de contexte et de classes, ALCESTE effectue des


calculs complémentaires sur chacune des classes, comme la liste des unités de
contexte élémentaire, le pourcentage des unités de contexte élémentaire sélectionnées
sur le total, la classification ascendante hiérarchique, les segments répétés, le calcul de
concordances etc. découpe le texte en x unités de contexte élémentaire, pour en
sélectionner y % des unités de contexte élémentaire totales.

3. Variables signalétiques ou « mots étoilés »

Lors de la préparation du corpus, l’on peut introduire des informations hors


corpus caractérisant chaque unités de contexte initiale, par exemple, l’âge, le sexe, la
catégorie socioprofessionnelle s’il s’agit de réponses à une question ouverte. Ces
informations sont introduites à l’aide de mots commençant par le symbole étoile, d’où
l’appellation mots étoilés ou mots hors corpus.
Pour notre recherche on a retenu les sept variables suivantes :

 Évaluation : 1ère, 2ème, 3ème, ou 4ème ;


 Question : 1, 2, ou 3 ;
 Âge : moins de 22 ans, entre 22 et 28 ans, entre 29 et 34 ans, ou plus de 35
ans ;
 Diagnostic : anorexique restrictive, anorexique-boulimique, ou
boulimique ;
 Groupe : anorexique restrictive ou anorexique/boulimique ;
 Pathologie : aucune, boulimie, troubles de personnalité, ou vomissements ;
 IMC : moins de 14, entre 14 et 18, entre 19 et 24, entre 25 et 29, ou plus
de 30.
Méthode et population 142

4. La classification descendante hiérarchique

Pour construire les classes d’énoncés significatifs, on utilise une méthode de


classification descendante hiérarchique. Elle permet de traiter des tableaux logiques de
grande dimension mais de faible effectif.
La procédure proposée se situe au carrefour de plusieurs techniques d’analyse des
données : segmentation, classification hiérarchique, dichotomie d’après une analyse
factorielle des correspondances, nuées dynamiques (Benzécri, 1973a ; 1973b ; Reinert,
1983).
Schématiquement, il s’agit d’une procédure itérative : la première classe analysée
comprend toutes les unités de contexte retenues, ensuite, à chaque pas, on cherche la
partition en deux de la plus grande des classes restantes, maximisant un certain critère
(le Khi2 de Pearson du tableau des marges). La procédure s’arrête lorsque le nombre
d’itérations demandé est épuisé.
La technique consiste à modéliser la distribution des mots dans un discours et à
identifier les patterns langagiers les plus utilisés par le ou les sujets.
Elle permet de mettre en évidence des classes. Chacune de ces classes représente
un ensemble de mots mathématiquement regroupés selon leur fréquence d’occurrence
dans la classe. L’algorithme utilisé repose sur une classification descendante
hiérarchique et le calcul du Khi2 de la co-occurrence des mots dans le texte. Deux
niveaux de significativité différents sont retenus selon s’il s’agit d’unités de contexte
ou de variables signalétiques (mots étoilés). Un Khi² supérieur ou égal à 5 est
considéré comme significatif pour les unités de contexte, alors qu’un variable
signalétique n’est considéré significatif qu’à partir d’un Khi² de 10.

E. Perception corporelle

1. Test de l’image corporelle

Ce test consiste en un dessin qui représente la progression de dix silhouettes de


femme (de « maigre » à « grosse ») chacune correspondant à un indice pondéral
spécifique (Mouchès, 1992) (Annexe O). Le dessin est montré à la patiente et la
consigne est de choisir, en indiquant le numéro de dessin : la silhouette qui leur paraît
Méthode et population 143

la plus proche de la leur actuellement, la silhouette qui leur paraît la plus proche de
l’idéale, et la silhouette qui leur paraît la plus proche de leur souhait.

F. Analyse statistique

Les analyses statistiques ont été réalisées avec le logiciel SPSS Statistics, version
17.0 (SPSS Inc., 2008). Nous avons calculés des moyennes et des écarts types pour
l’ensemble de variables dépendantes (indice de masse corporelle, échelles, silhouettes,
etc.). Les comparaisons des moyennes pour les deux sous groupes de patientes
(anorexiques restrictives et anorexiques/boulimiques) sont faites en intra et à inter
évaluations en utilisant soit un test t soit une analyse de la variance (ANOVA). Les
résultats seront présentés typiquement à deux chiffres décimaux. Une valeur appariée
de p inférieure ou égal à 0,05 est considérée significative.
Les deux sous-groupes de patientes sont décrits (âge, poids, taille, durée de la
maladie, etc.), puis comparés avec le groupe de témoins lors de la première évaluation
en utilisant une ANOVA simple.
Les variations des scores aux différentes mesures ont été traitées par une ANOVA
mixte, utilisant un facteur intra-sujet (le temps : quatre évaluations successives) et un
facteur inter-sujet (anorexiques restrictives vs anorexiques/boulimiques).
Nous utiliserons systématiquement la proportion de Fisher (F) de Greenhouse-
Geisser qui permet de donner des résultats corrigés dans le cas ou la sphéricité ne
serait pas satisfaite, ce qui est le cas pour la plupart des variables dépendantes prises
en compte (les degrés de liberté sont donc différents selon les variables dépendantes).
Les résultats sont présentés sous forme de graphique afin de mettre l’accent sur
les éventuelles évolutions des variables dépendantes pendant la prise en charge. La
valeur moyenne des scores du groupe témoin est également mentionnée.
Nous présentons aussi les contrastes entre les mesures répétées avec l’intervention
des deux facteurs, c’est-à-dire le facteur intra-sujet (quatre évaluations successives) et
le facteur inter-sujet (le sous-groupe anorexique restrictif vs le sous-groupe
anorexique/boulimique).
Des calculs de la taille d’effet (eta au carré partiel) et des analyses de puissance
ont été réalisés aussi.
Méthode et population 144

Nous comparerons nos résultats à ceux des principales études nationales et


internationales et nous vérifierons les hypothèses suivantes :

 les corrélations positives entre sévérité des conduites anorexiques et


boulimiques et les scores de dépression sur l’inventaire de Beck (Flament
et Jeammet, 2000) ;
 les comorbidités entre les troubles du comportement alimentaire et les
troubles anxieux (Godart et al., 2006 ; 2003a ; 2003b ; 2000 ; 2002 ; 2006 ;
2003) ;
 la comorbidité élevée entre l’anorexie restrictive, la boulimie et les
troubles anxieux (Flament et Jeammet, 2000) ;
 l’évolution des conduites alimentaires sous traitement parallèlement à
l’anxiété et à la dépression, évolution dans le temps des cognitions (Strauss
et Ryan, 1988) ;
 l’amélioration clinique et la reprise du poids produiront une évolution d’un
déficit d’assertivité ;
 l’évolution clinique amènera un changement de la perception corporelle ;
 la prise en charge produira un changement du mode de pensée (autour de
l’alimentation et sa catégorisation) (Polivy et Herman, 1985, 1987) ;
 la prise en charge produira un changement dans le discours (analyse du
discours) ou ses particularités.

G. Récapitulatif

Ce chapitre contient la description de la population – clinique et le groupe


contrôle – participant à l’étude : 75 patientes anorexiques, anorexiques-boulimiques ou
boulimiques et 83 sujets pour le groupe témoin.
Nous explicitons les différents tests et questionnaires utilisés : l’indice de masse
corporelle, le Eating Attitudes Test, le Eating Disorder Inventory, le Bulimic
Investigatory Test, Edinburgh, l’inventaire de dépression de Beck, l’échelle
d’affirmation de soi de Rathus, l’inventaire d’anxiété trait-état de Spielberger, la
catégorisation alimentaire, l’analyse du discours, et le test d’image corporelle
(silhouettes de Mouchès).
Résultats 145

V. RÉSULTATS

A. Participation aux évaluations

Nous avons décrit en chapitre IV que 75 patientes ont participé à notre étude lors
de la première évaluation – 41 souffrant d’anorexie mentale de type restrictive (AN-R)
et 34 souffrant soit d’anorexie mentale de type crise de boulimie/vomissements
(AN-BP) soit de boulimie (BN).
En fin compte, 35 patientes ont abandonné de façon prématurée leur traitement à
l’hôpital. Des 40 patientes qui ont réalisé toutes les quatre évaluations, 25 étaient des
anorexiques restrictives et 15 des anorexiques/boulimiques. Le taux d’abandon si situe
autour de 47 %, un taux qui est représentatif d’autres études du même type (Bados,
Balaguer, et Saldana, 2007 ; Morlino et al., 2007 ; Vandereycken et Pierloot, 1983). Le
Tableau 5-1 montre que le taux d’abandon chez les patientes anorexiques/boulimiques
est supérieur à celui des patientes anorexiques restrictives, fait que l’on retrouve aussi
dans la littérature (Waller, 1997).

Tableau 5-1
Le taux d’abandon chez les deux sous-groupes de patientes

1ère 2ème 3ème 4ème


Évaluation Évaluation Évaluation Évaluation

41 34 27 25
AN-R
- 17 % 34 % 39 %

34 28 20 15
AN-BP/BN
- 18 % 41 % 56 %

75 62 47 40
Patientes
- 17 % 37 % 47 %
Résultats 146

B. Caractéristiques cliniques et psychologiques de l’échantillon


lors de la première évaluation

Le Tableau 5-2 montre les valeurs des moyennes et des écart-types pour
l’ensemble des variables au début de l’hospitalisation (c’est-à-dire lors de la première
évaluation) pour les deux sous-groupes de patientes et le groupe de témoins.

Tableau 5-2
Résultats statistiques des patientes et des témoins lors de la première évaluation

AN-R AN-BP/BN Témoins


(n = 41) (n = 34) (n = 83)

m ± ds m ± ds m ± ds
††† †††
IMC 14,28 ± 2,44** °°° 16,94 ± 3,17** 21,80 ± 3,76°°°
††† †††
EAT-40 61,93 ± 24,32* °°° 51,38 ± 25,53* 10,58 ± 5,75°°°
††† †††
EDI 82,46 ± 35,52°°° 83,24 ± 39,61 31,17 ± 16,74°°°
††† †††
- DM 13,07 ± 7,05°°° 12,12 ± 7,62 3,29 ± 4,14°°°
††† †††
-B 2,56 ± 5,03*** 8,91 ± 7,25*** 1,05 ± 1,57°°°
† †
- IC 17,00 ± 7,27°°° 14,65 ± 8,66 10,12 ± 7,64°°°
††† †††
-I 13,80 ± 8,39°°° 14,12 ± 8,40 3,47 ± 3,64°°°
††† †††
-P 7,93 ± 4,33°°° 6,47 ± 3,85 2,92 ± 3,01°°°
†† ††
- MI 7,63 ± 5,22°°° 7,29 ± 4,99 4,27 ± 3,20°°°
††† †††
- CI 13,02 ± 7,97°°° 13,00 ± 8,07 2,28 ± 2,74°°°
† †
- PM 7,44 ± 6,39°° 6,68 ± 7,25 3,58 ± 3,67°°

Nota : comparaisons multiples inter-groupe par le test de Bonferroni (deux à deux)


*** ** *
AN-R à AN-BP/BN significatifs : p < 0,001 ; 0,001 ≤ p < 0,01 ; 0,01 ≤ p ≤ 0,05

°°° °° °
AN-R à témoins significatifs : p < 0,001 ; 0,001 ≤ p < 0,01 ; 0,01 ≤ p ≤ 0,05

††† †† †
AN-BP/BN à témoins significatifs : p < 0,001 ; 0,001 ≤ p < 0,01 ; 0,01 ≤ p ≤ 0,05
Résultats 147

Tableau 5-2 (suite)


Résultats statistiques des patientes et des témoins lors de la première évaluation

AN-R AN-BP/BN Témoins

(n = 41) (n = 34) (n = 83)

m ± ds m ± ds m ± ds

EDI (suite)
††† †††
- Pathologique 32,63 ± 15,45°°° 35,68 ± 19,14 14,66 ± 10,83°°°
††† †††
- Cognitif 49,83 ± 23,21°°° 47,56 ± 24,26 16,51 ± 9,78°°°

BITE
††† †††
- Symptôme 14,59 ± 7,94*** °°° 21,00 ± 6,29*** 5,99 ± 5,44°°°
††† †††
- Sévérité 7,34 ± 8,65** °°° 12,26 ± 7,06** 1,71 ± 2,17°°°
††† †††
BDI-13 16,24 ± 8,17°°° 15,06 ± 8,06 3,25 ± 3,85°°°
† †
RAS 94,85 ± 25,41°°° 100,79 ± 22,40 111,64 ± 20,06°°°
††† †††
STAI-Y 119,22 ± 25,78°°° 111,12 ± 28,52 77,80 ± 22,95°°°
††† †††
- Ya 57,44 ± 14,89°°° 51,74 ± 15,69 37,07 ± 12,22°°°
††† †††
- Yb 61,78 ± 12,43°°° 59,38 ± 14,11 40,72 ± 12,01°°°

Silhouettes
†† ††
- actuelle 2,76 ± 2,63°°° 3,50 ± 2,70 5,33 ± 1,98°°°
††† †††
- idéale 2,88 ± 1,36°°° 2,74 ± 1,33 3,75 ± 1,16°°°
††† †††
- souhaitée 2,63 ± 1,34°°° 2,65 ± 1,15 3,96 ± 1,25°°°

Nous observons que chaque sous-groupe de patientes se distingue


significativement du groupe témoins sur l’ensemble des variables. En revanche les
anorexiques restrictives ne se différencient des anorexiques/boulimiques que pour leur
indice de masse corporelle, leur score indicatif d’une pathologie de trouble du
comportement alimentaire (mesuré par le Eating Attitudes Test) et leurs scores
indicatifs de boulimie (mesurés par la sous-échelle Boulimie du Eating Disorders
Résultats 148

Inventory et les deux sous-échelles Symptôme et Sévérité du Bulimic Investigatory


Test, Edinburgh).
Le Figure 5-1 montre les indices de masse corporelle indicatifs selon les
silhouettes retenues par les deux sous-groupes de patientes et le groupe de témoins lors
de la première évaluation par rapport à leurs indices de masse corporelles réels.

Figure 5-1 Moyennes marginales estimées des IMC

23

22 Silhouette actuelle IMC

<- p < 0,001 ->


p < 0,001

<- p < 0,001 ->


Silhouette idéale moyen 21,80
21 Silhouetté souhaitée

20
IMC moyenne (kg/m²)

19
p < 0,03

18 ns ns
->
->

->

IMC
17
p < 0,002
p < 0,03

p < 0,02

moyen 16,93

16

15
<-

<-
<-

IMC
14 moyen 14,28

13
AN-R AN-BP/BN Témoin
Sous-groupe

Lors de la première évaluation, les anorexiques restrictives surévaluent


significativement leurs silhouettes actuelles, idéales et souhaitées par rapport à leur
corpulence (IMC) réelle. Les anorexiques/boulimiques surévaluent de façon
significative uniquement leurs silhouettes actuelles. En revanche, les témoins sous-
évaluent significativement leurs silhouettes actuelles, idéales et souhaitées par rapport
à leur corpulence (IMC) réelle.
Les anorexiques/boulimiques apparaissent alors comme ayant des représentations
de leur corpulence intermédiaires entre celles des anorexiques restrictives et celles des
témoins.
Résultats 149

C. Évolution cliniques et psychologiques de l’échantillon


lors des deuxième, troisième et quatrième évaluations

1. L’indice de masse corporelle

Comme décrit en chapitre I, un des objectifs principaux de l’hospitalisation est la


normalisation du poids avec le but d’atteindre un indice de masse corporelle égal à
20 kg/m² : à ce regard un régime nutritionnel spécialisé est mis en place.
Le Figure 5-2 montre l’évolution des moyennes marginales estimées de l’indice
de masse corporelle lors des quatre évaluations. Au début de l’hospitalisation, les
anorexiques restrictives ont un état indicatif moyen d’une dénutrition sévère alors que
les anorexiques/boulimiques ont un état indicatif moyen considéré d’un sous-poids.
L’indice de masse corporelle augmente régulièrement pour les deux sous-groupes
de patientes. Les anorexiques restrictives restent avec un indice de masse corporelle
(indicatif d’un sous-poids) inférieur aux anorexiques/boulimiques (normo-pondérale).
L’écart entre les deux sous-groupes tend à diminuer au fur et à mesure de la prise en
charge.
L’effet partiel du temps est significatif entre la première et la deuxième
évaluation : F(1 ; 38) = 55,55, p < 0,001, η2 = 0,59. Le facteur explique donc 59 % de
la variation de l’indice de masse corporelle. L’effet d’interaction est non significatif.
Entre la deuxième et la troisième évaluation, l’effet partiel du temps est significatif :
F(1 ; 38) = 61,31, p < 0,001, η2 = 0,62. L’effet d’interaction est non significatif.
L’effet partiel du temps est significatif entre la troisième et la quatrième évaluation :
F(1 ; 38) = 27,28, p < 0,001, η2 = 0,42. L’effet d’interaction est significatif :
F(1 ; 38) = 13,23, p = 0,001, η2 = 0,26.
Ainsi, l’effet principal du temps est significatif entre le début et la fin de
l’hospitalisation : F(2 ; 61) = 88,87, p < 0,001), η2 = 0,70. Le facteur explique donc
70 % de la variation de l’indice de masse corporelle. L’effet principal du facteur
groupe est significatif : F(1 ; 38) = 22,81, p < 0,001, η2 = 0,38. L’effet d’interaction
est significatif : F(2 ; 61) = 6,57, p = 0,005, η2 = 0,15.
Résultats 150

Figure 5-2 Moyennes marginales estimées des IMC

23

22
Témoins
21
Moyennes marginales estimées

AN-BP/BN
20
Seuil normo-pondérale
19

18
AN-R
17

16

15

14
Seuil de dénutrition sévère
13

12
1ère 2ème 3ème 4ème
Evaluations

À la fin de l’hospitalisation, les deux sous-groupes de patientes diffèrent de façon


significative (t[38] = 2,95, p = 0,005). Ainsi, les patientes diffèrent du groupe témoin
d’une façon significative (F[2 ; 120] = 12,71, p < 0,001).

2. Le Eating Attitudes Test

Le Figure 5-3 montre l’évolution des moyennes marginales estimées des scores au
Eating Attitudes Test lors des quatre évaluations. Au début de l’hospitalisation, les
scores des anorexiques/boulimiques sont légèrement supérieurs, c’est-à-dire plus
pathologiques, à ceux des anorexiques restrictives.
L’évolution des scores est différente entre les deux sous-groupes de patientes. La
pathologie chez les anorexiques restrictives diminue au fur et à mesure de la prise en
charge. Quant aux anorexiques/boulimiques, leur amélioration tend à stagner à partir
de la deuxième évaluation. Les anorexiques restrictives demeurent avec des scores
inférieurs aux anorexiques/boulimiques mais l’écart entre les deux sous-groupes tend à
accroître.
Résultats 151

Figure 5-3 Moyennes marginales estimées des scores au EAT

70

60
Moyennes marginales estimées

50

40 AN-BP/BN

30
Seuil de pathologie

AN-R
20

10 Témoins

0
1ère 2ème 3ème 4ème
Evaluations

L’effet partiel du temps est significatif entre la première et la deuxième


évaluation : F(1 ; 38) = 35,27, p < 0,001, η2 = 0,48. Le facteur explique donc 48 % de
la variation des scores au Eating Attitudes Test. L’effet d’interaction est non
significatif. L’effet partiel du temps est significatif entre la deuxième et la troisième
évaluation : F(1 ; 38) = 7,69, p = 0,01, η2 = 0,17. L’effet d’interaction est significatif :
F(1 ; 38) = 5,02, p = 0,03, η2 = 0,12. L’interaction explique donc 12 % des variations
des scores au Eating Attitudes Test. L’effet principal du temps est significatif entre la
troisième et la quatrième évaluation : F(1 ; 38) = 5,61, p = 0,02, η2 = 0,13. L’effet
d’interaction est non significatif.
Ainsi, l’effet principal du temps est significatif entre le début et la fin de
l’hospitalisation : F(2 ; 84) = 36,20, p < 0,001, η2 = 0,49. L’effet principal du facteur
groupe ainsi que l’effet d’interaction sont non significatifs.
Néanmoins, à la fin de l’hospitalisation, les deux sous-groupes de patientes ne
diffèrent pas de façon significative. Par contre, les patientes diffèrent significativement
du groupe témoin (F[2 ; 120] = 31,98, p < 0,001).
Résultats 152

3. Le Eating Disorder Inventory

a. Sous-échelle Désir de minceur (DM)

Le Figure 5-4 montre l’évolution des moyennes marginales estimées des scores à
la sous-échelle Désir de minceur lors des quatre évaluations. Au début de
l’hospitalisation, les anorexiques/boulimiques ont des scores supérieurs, c’est-à-dire
plus pathologiques, par rapport aux anorexiques restrictives, pour qui les scores
moyens sont en-dessous du seuil de pathologie.

Figure 5-4 Moyennes marginales estimées des scores au EDI-DM

16

14
AN-BP/BN
Moyennes marginales estimées

Seuil de pathologie
12

10

Seuil de normalité
6 AN-R

4
Témoins

2
1ère 2ème 3ème 4ème
Evaluations

L’évolution des scores est différente entre les deux sous-groupes de patientes. La
pathologie chez les anorexiques restrictives améliore au fur et à mesure de la prise en
charge. Quant aux anorexiques/boulimiques, leurs scores baissent mais restent
pathologiques tout au long de l’hospitalisation. L’écart entre les deux sous-groupes
augmente progressivement.
Résultats 153

L’effet partiel du temps est significatif entre la première et la deuxième


évaluation : F(1 ; 38) = 5,17, p = 0,03, η2 = 0,12. Le facteur explique donc 12 % de la
variation du désir de minceur. L’effet d’interaction est non significatif. Entre la
deuxième et la troisième évaluation l’effet partiel du temps et l’effet d’interaction sont
non significatifs. Également, l’effet partiel du temps et l’effet d’interaction sont non
significatifs entre la troisième et la quatrième évaluation.
Ainsi, l’effet principal du temps est significatif entre le début et la fin de
l’hospitalisation : F(2 ; 84) = 6,57, p = 0,002), η2 = 0,15. Le facteur donc explique
15 % de la variation du désir de minceur. L’effet principal du facteur groupe et l’effet
d’interaction sont non significatifs.
À la fin de l’hospitalisation, les deux sous-groupes de patientes diffèrent de façon
significative (t[38] = 2,16, p = 0,04). Ainsi, les patientes diffèrent significativement du
groupe témoin (F[2 ; 120] = 18,54, p < 0,001).

b. Sous-échelle Boulimie (B)

Le Figure 5-5 montre l’évolution des moyennes marginales estimées des scores à
la sous-échelle Boulimie lors des quatre évaluations. Comme l’on pouvait s’y attendre,
les anorexiques/boulimiques ont des scores plus pathologiques par rapport aux
anorexiques restrictives.
La boulimie chez les anorexiques/boulimiques baisse au fur et à mesure de la
prise en charge jusqu’à la troisième évaluation. L’évolution de leur score est différente
de celle des anorexiques restrictives. Les anorexiques restrictives ont un niveau de
boulimie inférieur aux anorexiques/boulimiques, comparable aux témoins, et constant
au cours des quatre évaluations. L’écart entre les deux sous-groupes diminuent jusqu’à
la troisième évaluation.
L’effet partiel du temps est significatif entre la première et la deuxième
évaluation : F(1 ; 38) = 10,39, p = 0,003, η2 = 0,22. Le facteur explique donc 22 % de
la variation de la pathologie de boulimie. L’effet d’interaction est significatif :
F(1 ; 38) = 9,35, p = 0,004, η2 = 0,20. L’interaction explique donc 20 % des variations
de la pathologie de boulimie. Entre la deuxième et la troisième évaluation, l’effet
principal du temps est significatif: F(1 ; 38) = 5,59, p = 0,02, η2 = 0,13. L’effet
d’interaction est non significatif. L’effet principal du temps et l’effet d’interaction sont
non significatif entre la troisième et la quatrième évaluation.
Résultats 154

Figure 5-5 Moyennes marginales estimées des scores au EDI-B

11

10

9
Moyennes marginales estimées

Seuil de pathologie
8

4
AN-BP/BN
3
Seuil de normalité
2
AN-R
1
Témoins
0
1ère 2ème 3ème 4ème
Evaluations

Ainsi, l’effet principal du temps est significatif entre le début et la fin de


l’hospitalisation : F(2 ; 82) = 14,29, p < 0,001), η2 = 0,27. Le facteur explique donc
27 % de la variation de la pathologie de boulimie. L’effet principal du facteur groupe
est significatif : F(1 ; 38) = 11,12, p = 0,002, η2 = 0,23. Le facteur explique donc 23 %
de la variation de la pathologie de boulimie. L’effet d’interaction est significatif
(F(2 ; 82) = 9,47, p < 0,001), η2 = 0,20. L’interaction explique donc 20 % des
variations de la pathologie de boulimie.
À la fin de l’hospitalisation, les deux sous-groupes de patientes ne diffèrent plus
de façon significative. Par contre, les patientes diffèrent significativement du groupe
témoin (F[2 ; 120] = 3,38, p = 0,04).
Résultats 155

c. Sous-échelle Insatisfaction corporelle (IC)

Le Figure 5-6 montre l’évolution des moyennes marginales estimées des scores à
la sous-échelle Insatisfaction corporelle lors des quatre évaluations. Au début de
l’hospitalisation, les deux sous-groupes de patientes ont des scores pathologiques,
ceux des anorexiques restrictives étant inférieurs à ceux des anorexiques/boulimiques.
L’insatisfaction corporelle des patientes quelque soit leur diagnostique n’améliore
que très peu tout au long de la prise en charge. Les anorexiques restrictives
maintiennent des scores inférieurs aux anorexiques/boulimiques. L’écart entre les deux
sous-groupes demeure semblable pour toutes les évaluations en dehors de la troisième.

Figure 5-6 Moyennes marginales estimées des scores au EDI-IC

20

18
Moyennes marginales estimées

16 AN-BP/BN

14
Seuil de pathologie
AN-R

12

10 Témoins

8
1ère 2ème 3ème 4ème
Evaluations

L’effet partiel du temps et l’effet d’interaction sont non significatifs entre la


première et la deuxième évaluation. Entre la deuxième et la troisième évaluation
l’effet partiel du temps est non significatif mais l’effet d’interaction est significatif :
F(1 ; 38) = 3,18, p = 0,08, η2 = 0,08. L’effet partiel du temps est significatif entre la
troisième et la quatrième évaluation : F(1 ; 38) = 10,20, p = 0,003, η2 = 0,21. Le
Résultats 156

facteur explique donc 21 % de la variation de l’insatisfaction corporelle. L’effet


d’interaction est pourtant non significatif.
Ainsi, l’effet principal du temps, l’effet principal du facteur groupe et l’effet
d’interaction sont non significatifs entre le début et la fin de l’hospitalisation.
À la fin de l’hospitalisation, les deux sous-groupes de patientes ne diffèrent pas de
façon significative. En revanche, les patientes diffèrent significativement du groupe
témoin (F[2 ; 120] = 3,42, p = 0,04).

d. Sous-échelle Inefficacité (I)

Le Figure 5-7 montre l’évolution des moyennes marginales estimées des scores à
la sous-échelle Inefficacité lors des quatre évaluations. Au début de l’hospitalisation,
les deux sous-groupes de patientes ont des scores pathologiques, les anorexiques
restrictives ayant des scores inférieurs à ceux des anorexiques/ boulimiques.

Figure 5-7 Moyennes marginales estimées des scores au EDI-I

18

16
Moyennes marginales estimées

14
AN-BP/BN

12

10
AN-R
Seuil de pathologie
8

Seuil de normalité
4
Témoins

2
1ère 2ème 3ème 4ème
Evaluations
Résultats 157

Le sentiment d’inefficacité des patientes diminue au cours de la prise en charge


tout en restant pathologique. Les anorexiques restrictives maintiennent des scores
inférieurs aux anorexiques/boulimiques. L’écart entre les deux sous-groupes demeure
semblable pour toutes les évaluations en dehors de la deuxième.
L’effet partiel du temps est significatif entre la première et la deuxième
évaluation : F(1 ; 38) = 6,27, p = 0,02, η2 = 0,14. Le facteur explique donc 14 % de la
variation de l’inefficacité. L’effet d’interaction est non significatif. Entre la deuxième
et la troisième évaluation l’effet partiel du temps et l’effet d’interaction sont non
significatifs. L’effet partiel du temps est significatif entre la troisième et la quatrième
évaluation : F(1 ; 38) = 4,61, p = 0,04, η2 = 0,11. Le facteur explique donc 11 % de la
variation de l’inefficacité. L’effet d’interaction est non significatif.
Ainsi, l’effet principal du temps est significatif entre le début et la fin de
l’hospitalisation : F(2 ; 89) = 4,57, p = 0,009), η2 = 0,11. Le facteur explique donc
11 % de la variation de l’inefficacité. L’effet principal du facteur groupe et l’effet
d’interaction sont non significatifs.
À la fin de l’hospitalisation, les deux sous-groupes de patientes ne diffèrent pas
significativement. Par contre, les patientes diffèrent d’une façon significative du
groupe témoin (F[2 ; 120] = 24,05, p < 0,001).

e. Sous-échelle Perfectionnisme (P)

Le Figure 5-8 montre l’évolution des moyennes marginales estimées des scores à
la sous-échelle Perfectionnisme lors des quatre évaluations. Au début de
l’hospitalisation, les anorexiques restrictives ont des scores supérieurs, et quasiment
pathologiques, à ceux des anorexiques/boulimiques.
La tendance perfectionniste des patientes évolue différemment selon le diagnostic.
Alors que les anorexiques restrictives diminuent leurs scores à la deuxième évaluation
puis elles le maintiennent jusqu’à la fin de l’hospitalisation, les
anorexiques/boulimiques augmentent leurs scores à partir de la deuxième évaluation.
Ces dernières deviennent donc davantage perfectionnistes que les anorexiques
restrictives.
L’effet partiel du temps est significatif entre la première et la deuxième
évaluation : F(1 ; 38) = 8,29, p = 0,007, η2 = 0,18. Le facteur explique donc 18 % de la
variation du perfectionnisme. L’effet d’interaction est non significatif. Entre la
Résultats 158

deuxième et la troisième évaluation l’effet partiel du temps et l’effet d’interaction sont


non significatifs. L’effet partiel du temps est significatif entre la troisième et la
quatrième évaluation : F(1 ; 38) = 0,51, p = 0,48, η2 = 0,01. L’effet d’interaction est
pourtant non significatif.

Figure 5-8 Moyennes marginales estimées des scores au EDI-P

Seuil de pathologie AN-BP/BN


8
Moyennes marginales estimées

AN-R
5

3 Témoins

2
1ère 2ème 3ème 4ème
Evaluations

Ainsi, l’effet principal du temps et l’effet principal du facteur groupe sont non
significatifs entre le début et la fin de l’hospitalisation. L’effet d’interaction est
significatif : F(2 ; 79) =4,15, p = 0,02, η2 = 0,10. L’interaction explique donc 10 % des
variations du perfectionnisme.
Néanmoins, à la fin de l’hospitalisation, les deux sous-groupes de patientes ne
diffèrent pas significativement. Par contre, les patientes diffèrent du groupe témoin
d’une façon significative (F[2 ; 120] = 14,85, p < 0,001).

f. Sous-échelle Méfiance dans des relations interpersonnelles (MI)

Le Figure 5-9 montre l’évolution des moyennes marginales estimées des scores à
la sous-échelle Méfiance dans des relations interpersonnelles lors des quatre
Résultats 159

évaluations. Au début de l’hospitalisation, les deux sous-groupes de patientes ont des


scores pathologiques, ceux des anorexiques/boulimiques étant supérieurs à ceux des
anorexiques restrictives.
La méfiance dans les relations interpersonnelles évolue différemment entre les
deux sous-groupes de patientes. Alors que les scores des anorexiques/ boulimiques
restent plutôt stables au cours de la prise en charge, les anorexiques restrictives
diminuent leurs scores en s’approchant au niveau des témoins. L’écart entre les deux
sous-groupes augmente au fur et à mesure de la prise en charge. Néanmoins, les scores
des patientes restent pathologiques.

Figure 5-9 Moyennes marginales estimées des scores au EDI-MI

10

9 AN-BP/BN
Moyennes marginales estimées

5
AN-R
Témoins
4
Seuil de pathologie

3
1ère 2ème 3ème 4ème
Evaluations

L’effet partiel du temps et l’effet d’interaction sont non significatifs entre la


première et la deuxième évaluation, et la deuxième et la troisième évaluation. L’effet
partiel du temps est significatif entre la troisième et la quatrième évaluation :
F(1 ; 38) = 1,10, p = 0,30, η2 = 0,03. L’effet d’interaction est non significatif.
Résultats 160

Ainsi, l’effet principal du temps, l’effet principal du facteur groupe et l’effet


d’interaction sont non significatifs entre le début et la fin de l’hospitalisation.
À la fin de l’hospitalisation, les deux sous-groupes de patientes diffèrent
significativement (t[38] = 2,15, p = 0,04). Ainsi, les patientes diffèrent du groupe
témoin de façon significative (F[2 ; 120] = 7,83, p = 0,001).

g. Sous-échelle Conscience intéroceptive (CI)

Le Figure 5-10 montre l’évolution des moyennes marginales estimées des scores à
la sous-échelle Conscience intéroceptive lors des quatre évaluations. Au début de
l’hospitalisation, les scores du groupe de patientes sont pathologiques.

Figure 5-10 Moyennes marginales estimées des scores au EDI-CI

14

12 AN-BP/BN
Moyennes marginales estimées

10

8
Seuil de pathologie

AN-R
6

2
Témoins

0
1ère 2ème 3ème 4ème
Evaluations

La conscience intéroceptive des anorexiques restrictives diminue au fur et à


mesure de la prise en charge alors que celle des anorexiques/boulimiques reste
inchangée. L’écart entre les deux sous-groupes augmente en conséquence.
Résultats 161

L’effet partiel du temps et l’effet d’interaction sont non significatifs entre la


première et la deuxième évaluation, et entre la deuxième et la troisième évaluation.
L’effet partiel du temps est significatif entre la troisième et la quatrième évaluation :
F(1 ; 38) = 4,25, p = 0,05, η2 = 0,10. L’effet d’interaction est non significatif.
Ainsi, l’effet principal du temps est significatif entre le début et la fin de
l’hospitalisation : (F(3 ; 96) = 3,77, p = 0,02, η2 = 0,09. Le facteur explique donc 9 %
de la variation de la conscience intéroceptive. L’effet principal du facteur groupe est
non significatif. L’effet d’interaction est significatif : F(3 ; 96) = 3,02, p = 0,04),
η2 = 0,07. L’interaction explique donc 7 % des variations de la conscience
intéroceptive.
Toutefois, à la fin de l’hospitalisation, les deux sous-groupes de patientes ne
diffèrent pas significativement. Par contre, les patientes diffèrent du groupe témoin de
façon significative (F[2 ; 120] = 24,16, p < 0,001).

h. Sous-échelle Peur de la maturité (PM)

Le Figure 5-11 montre l’évolution des moyennes marginales estimées des scores à
la sous-échelle Peur de la maturité lors des quatre évaluations. Au début de
l’hospitalisation, les deux sous-groupes de patientes ont des scores pathologiques,
ceux des anorexiques restrictives étant bien supérieurs à ceux des
anorexiques/boulimiques.
La peur de la maturité chez les anorexiques restrictives baisse au fur et à mesure
de la prise en charge. Leurs scores évoluent différemment de ceux des
anorexiques/boulimiques, scores qui diminuent à la deuxième évaluation, détériorent à
la troisième évaluation et puis restent inchangés. L’écart entre les deux sous-groupes
de patientes tend à diminuer afin d’atteindre un niveau de peur de maturité comparable
aux témoins lors des dernières deux évaluations.
L’effet partiel du temps est significatif entre la première et la deuxième
évaluation : F(1 ; 38) = 5,97, p = 0,02, η2 = 0,14. Le facteur explique donc 14 % de la
variation de la peur de la maturité. L’effet d’interaction est non significatif. Entre la
deuxième et la troisième évaluation l’effet partiel du temps et l’effet d’interaction sont
non significatifs. L’effet partiel du temps et l’effet d’interaction sont aussi non
significatifs.
Résultats 162

Figure 5-11 Moyennes marginales estimées des scores au EDI-PM

AN-R
7
Moyennes marginales estimées

5 AN-BP/BN

Seuil de pathologie
4
Témoins

2
1ère 2ème 3ème 4ème
Evaluations

Ainsi, l’effet principal du temps est significatif entre le début et la fin de


l’hospitalisation : F(2 ; 81) = 4,32, p = 0,02), η2 = 0,10. Le facteur explique donc 10 %
de la variation de la peur de la maturité. L’effet principal du facteur groupe et l’effet
d’interaction sont non significatifs.
À la fin de l’hospitalisation, ni les deux sous-groupes de patientes ni les patientes
et témoins diffèrent significativement.

i. Sous-total « Pathologique »

Ce sous-total est la somme des scores des premières trois sous-échelles, c’est-à-
dire Désir de minceur, Boulimie et Insatisfaction corporelle. L’étendue de scores
normaux serait trouvée entre 13 et 24, celle de scores significatifs d’un trouble du
comportement alimentaire serait trouvée entre 34 et 48.
Le Figure 5-12 montre l’évolution des moyennes marginales estimées du sous-
total « Pathologique » lors des quatre évaluations. Au début de l’hospitalisation, les
Résultats 163

anorexiques/boulimiques ont des scores pathologiques et bien supérieurs de ceux des


anorexiques restrictives, qui ne sont pas pathologiques.
Les scores pathologiques au Eating Disorder Inventory baisse tout au long de la
prise en charge quelque soit le sous-groupe des patientes. Ceux des
anorexiques/boulimiques ne sont plus pathologiques à la fin de la prise en charge.
L’écart entre les anorexiques restrictives et les anorexiques/boulimiques ne semble
plus diminuer à partir de la deuxième évaluation.

Figure 5-12 Moyennes marginales estimées du sous-total EDI « Pathologique »

45

40
Moyennes marginales estimées

35
Seuil de pathologie
AN-BP/BN
30

25

20
AN-R

15 Témoins

10
1ère 2ème 3ème 4ème
Evaluations

L’effet partiel du temps est significatif entre la première et la deuxième


évaluation : F(1 ; 38) = 5,97, p = 0,02, η2 = 0,14. Le facteur explique donc 14 % de la
variation du sous-total « Pathologique ». L’effet d’interaction est non significatif.
Entre la deuxième et la troisième évaluation l’effet partiel du temps et l’effet
d’interaction sont non significatifs. L’effet partiel du temps est significatif entre la
troisième et la quatrième évaluation : F(1 ; 38) = 7,13, p = 0,01, η2 = 0,16. Le facteur
explique donc 16 % de la variation du sous-total « Pathologique ». L’effet
d’interaction est non significatif.
Résultats 164

Ainsi, l’effet principal du temps est significatif entre le début et la fin de


l’hospitalisation : F(3 ; 96) = 13,04, p < 0,001), η2 = 0,26. Le facteur explique donc
26 % de la variation du sous-total « Pathologique ». L’effet principal du facteur
groupe est significatif : F(1 ; 38) = 3,99, p = 0,05 ; η2 = 0,10. Le facteur explique
donc 10 % de la variation du sous-total « Pathologique ». L’effet d’interaction est non
significatif.
À la fin de l’hospitalisation, les deux sous-groupes de patientes ne diffèrent pas de
façon significative. Par contre, les patientes diffèrent significativement du groupe
témoin (F[2 ; 120] = 9,61, p < 0,001).

j. Sous-total « Cognitif »

Ce sous-total est la somme des scores des dernières cinq sous-échelles, c’est-à-
dire Inefficacité, Perfectionnisme, Méfiance dans des relations interpersonnelles,
Conscience intéroceptive et Peur de la maturité. L’étendue de scores normaux serait
trouvée entre 9 et 25 : celle de scores significatifs d’un trouble du comportement
alimentaire serait trouvée entre 32 et 53.
Le Figure 5-13 montre l’évolution des moyennes marginales estimées du sous-
total « Cognitif » lors des quatre évaluations. Au début de l’hospitalisation, les deux
sous-groupes de patientes ont des scores bien pathologiques.
Les scores cognitifs au Eating Disorder Inventory chez les anorexiques
restrictives baisse au fur et à mesure de la prise en charge et finissent pour ne plus être
pathologiques. Leurs scores évoluent différemment de ceux des
anorexiques/boulimiques, scores qui fluctuent entre la deuxième et quatrième
évaluation, afin d’améliorer un petit peu. Ces dernières restent pourtant avec des
scores pathologiques.
L’effet partiel du temps est significatif entre la première et la deuxième
évaluation : F(1 ; 38) = 6,63, p = 0,01, η2 = 0,15. Le facteur explique donc 15 % de la
variation du sous-total « Cognitif ». L’effet d’interaction est non significatif. L’effet
principal du temps est non significatif entre la deuxième et la troisième évaluation.
L’effet d’interaction est significatif : F(1 ; 38) = 6,03, p = 0,02, η2 = 0,14.
L’interaction explique donc 14 % des variations du sous-total « Cognitif ». L’effet
principal du temps est significatif entre la troisième et la quatrième évaluation : F(1 ;
38) = 3,33, p = 0,08, η2 = 0,08. L’effet d’interaction est non significatif.
Résultats 165

Figure 5-13 Moyennes marginales estimées du sous-total EDI « Cognitif »

55

50

AN-BP/BN
Moyennes marginales estimées

45

40

35

30 Seuil de pathologie
AN-R

25

20

Témoins
15

10
1ère 2ème 3ème 4ème
Evaluations

Ainsi, l’effet principal du temps est significatif entre le début et la fin de


l’hospitalisation : F(2 ; 92) = 5,23, p = 0,004), η2 = 0,12. Le facteur explique donc
12 % de la variation du sous-total « Cognitif ». L’effet principal du facteur groupe est
non significatif. L’effet d’interaction est significatif : F(2 ; 92) = 3,12, p = 0,04, η2 =
0,08. L’interaction explique donc 8 % des variations du sous-total « Cognitif ».
Néanmoins, les deux sous-groupes de patientes ne diffèrent pas de façon
significative à la fin de l’hospitalisation. En revanche, les patientes diffèrent
significativement du groupe témoin (F[2 ; 120] = 21,92, p < 0,001).

k. Total des huit sous-échelles

Le Figure 5-14 montre l’évolution des moyennes marginales estimées des scores
au Eating Disorder Inventory lors des quatre évaluations. Au début de
l’hospitalisation, les deux sous-groupes de patientes ont des scores pathologiques,
ceux des anorexiques/boulimiques étant bien supérieurs à ceux des anorexiques
restrictives.
Résultats 166

Les scores au Eating Disorder Inventory chez les anorexiques restrictives baisse
au fur et à mesure de la prise en charge en approchant au seuil de normalité. Leurs
scores évoluent différemment de ceux des anorexiques/ boulimiques, scores qui
fluctuent entre la deuxième et quatrième évaluation, afin d’améliorer quelque peu. Ces
dernières restent avec des scores pathologiques. L’écart entre les deux sous-groupes de
patientes finit pour augmenter.

Figure 5-14 Moyennes marginales estimées des scores au EDI

100

90
Moyennes marginales estimées

80 AN-BP/BN

70

Seuil de pathologie
60

AN-R
50
Seuil de normalité

40

30 Témoins

20
1ère 2ème 3ème 4ème
Evaluations

L’effet partiel du temps est significatif entre la première et la deuxième


évaluation : F(1 ; 38) = 7,84, p = 0,008, η2 = 0,17. Le facteur explique donc 17 % de la
variation du score au Eating Disorder Inventory. L’effet d’interaction est non
significatif. Entre la deuxième et la troisième évaluation l’effet partiel du temps est
non significatif. L’effet d’interaction est significatif : F(1 ; 38) = 4,77, p = 0,04,
η2 = 0,11. L’interaction explique donc 11 % des variations du score au Eating
Disorder Inventory. L’effet principal du temps est significatif entre la troisième et la
quatrième évaluation : F(1 ; 38) = 5,76, p = 0,02, η2 = 0,13. L’effet d’interaction est
non significatif.
Résultats 167

Ainsi, l’effet principal du temps est significatif entre le début et la fin de


l’hospitalisation : F(3 ; 95) = 9,61, p < 0,001), η2 = 0,20. Le facteur explique donc
20 % de la variation du score au Eating Disorder Inventory. L’effet principal du
facteur groupe et l’effet d’interaction sont non significatifs.
Toutefois, les deux sous-groupes de patientes ne diffèrent pas de façon
significative. Au contraire, les patientes diffèrent significativement du groupe témoin
(F[2 ; 120] = 19,46, p < 0,001).

4. Le Bulimia Investigatory Test, Edinburgh

a. Sous-échelle Symptôme (Sym)

Le Figure 5-15 montre l’évolution des moyennes marginales estimées des scores à
la sous-échelle Symptôme lors des quatre évaluations. Au début de l’hospitalisation, le
sous-groupe d’anorexiques/boulimiques a des scores pathologiques, contrairement au
sous-groupe d’anorexiques restrictives.

Figure 5-15 Moyennes marginales estimées des scores au BITE-Sym

24

22

20
Moyennes marginales estimées

Seuil de pathologie

18

16

14

AN-BP/BN
12

10

AN-R
6 Témoins

4
1ère 2ème 3ème 4ème
Evaluations
Résultats 168

Les scores s’améliorent tout au long de la prise en charge pour les deux sous-
groupes de patientes, les anorexiques/boulimiques maintenant des scores supérieurs
aux anorexiques restrictives. L’écart de pathologie initiale tend à diminuer au fur et à
mesure.
L’effet partiel du temps est significatif entre la première et la deuxième
évaluation : F(1 ; 38) = 19,36, p < 0,001, η2 = 0,34. Le facteur explique donc 34 % de
la variation des symptômes de la boulimie. L’effet d’interaction est significatif : F(1 ;
38) = 5,28, p = 0,03, η2 = 0,12. L’interaction explique donc 12 % des variations des
symptômes de la boulimie. Entre la deuxième et la troisième évaluation, l’effet partiel
du temps est significatif : F(1 ; 38) = 15,79, p < 0,001, η2 = 0,29. Le facteur explique
donc 29 % de la variation des symptômes de la boulimie. L’effet d’interaction est non
significatif. L’effet partiel du temps et l’effet d’interaction sont non significatifs entre
la troisième et la quatrième évaluation.
Ainsi, l’effet principal du temps est significatif entre le début et la fin de
l’hospitalisation : F(3 ; 97) = 32,77, p < 0,001, η2 = 0,46. Le facteur explique donc
46 % de la variation des symptômes de la boulimie. L’effet principal du facteur groupe
est significatif : F(1 ; 38) = 6,30, p = 0,02 ; η2 = 0,14. Le facteur explique donc 14 %
de la variation des symptômes de la boulimie. L’effet d’interaction est significatif :
F(3 ; 97) = 4,22, p = 0,01, η2 = 0,10. L’interaction explique donc 10 % des variations
des symptômes de la boulimie.
Les deux sous-groupes de patientes ne diffèrent plus de façon significative. Par
contre, les patientes diffèrent du groupe témoin de façon significative
(F[2 ; 120] = 4,84, p < 0,001).

b. Sous-échelle Sévérité (Sév)

Le Figure 5-16 montre l’évolution des moyennes marginales estimées des scores à
la sous-échelle Sévérité lors des quatre évaluations. Au début de l’hospitalisation, le
sous-groupe d’anorexiques/boulimiques a des scores pathologiques, contrairement au
sous-groupe d’anorexiques restrictives.
La sévérité de boulimie chez les anorexiques/boulimiques baisse au fur et à
mesure de la prise en charge jusqu’à la troisième évaluation puis normalise.
L’évolution de leurs scores est différente de celle des anorexiques restrictives. Les
Résultats 169

anorexiques restrictives ont un niveau de boulimie initialement supérieur aux témoins


mais qui se normalise au cours des quatre évaluations.

Figure 5-16 Moyennes marginales estimées des scores au BITE-Sév

14

AN-BP/BN
12
Moyennes marginales estimées

10
Seuil de pathologie

6
AN-R

2
Témoins

0
1ère 2ème 3ème 4ème
Evaluations

L’effet partiel du temps est significatif entre la première et la deuxième


évaluation : F(1 ; 38) = 19,04, p < 0,001, η2 = 0,33. Le facteur explique donc 33 % de
la variation de la sévérité de boulimie. L’effet d’interaction est significatif : F(1 ; 38) =
13,42, p = 0,001, η2 = 0,26. L’interaction explique donc 26 % des variations de la
sévérité de boulimie. Entre la deuxième et la troisième évaluation, l’effet partiel du
temps est significatif: F(1 ; 38) = 9,55, p = 0,004, η2 = 0,20. Le facteur explique donc
20 % de la variation de la sévérité de boulimie. L’effet d’interaction est non
significatif. L’effet partiel du temps et l’effet d’interaction sont non significatifs entre
la troisième et la quatrième évaluation.
Ainsi, l’effet principal du temps est significatif entre le début et la fin de
l’hospitalisation : F(2 ; 79) = 27,19, p = 0,001, η2 = 0,42. Le facteur explique donc
42 % de la variation de la sévérité de boulimie. L’effet principal du facteur groupe est
significatif : F(1 ; 38) = 4,14, p = 0,05 ; η2 = 0,10. Le facteur explique donc 10 % de la
Résultats 170

variation de la sévérité de boulimie. L’effet d’interaction est significatif : F(2 ; 79) =


12,69, p < 0,01, η2 = 0,25. L’interaction explique donc 25 % des variations de la
sévérité de boulimie.
À la fin de l’hospitalisation ni les deux sous-groupes de patientes ni les groupes de
patientes et témoins diffèrent de façon significative.

5. L’inventaire de dépression de Beck

Le Figure 5-17 montre l’évolution des moyennes marginales estimées des scores à
l’inventaire de dépression de Beck lors des quatre évaluations. Au début de
l’hospitalisation, les anorexiques/boulimiques ont des scores légèrement supérieurs,
c’est-à-dire plus pathologiques, par rapport aux anorexiques restrictives.

Figure 5-17 Moyennes marginales estimées des scores au BDI

18

16
Seuil « sévère »
Moyennes marginales estimées

14

12 AN-BP/BN

10

AN-R
8
Seuil « modérée »

4
Témoins Seuil « légère »

2
1ère 2ème 3ème 4ème
Evaluations

La sévérité de la dépression baisse tout au long de la prise en charge, quoique


irrégulièrement, quelque soit le sous-groupe des patientes. La dépression reste toujours
plus importante chez les anorexiques/boulimiques. L’écart entre les deux reste plutôt
constant dès la troisième évaluation.
Résultats 171

L’effet partiel du temps est significatif entre la première et la deuxième


évaluation : F(1 ; 38) = 3,98, p = 0,05, η2 = 0,10. Le facteur explique donc 10 % de la
variation de la dépression. L’effet d’interaction est non significatif. Entre la deuxième
et la troisième l’effet partiel du temps et l’effet d’interaction sont non significatifs.
L’effet partiel du temps est significatif entre la troisième et la quatrième évaluation :
F(1 ; 38) = 9,09, p = 0,005, η2 = 0,19. Le facteur explique donc 19 % de la variation de
dépression. L’effet d’interaction est non significatif.
Ainsi, l’effet principal du temps est significatif entre le début et la fin de
l’hospitalisation : F(3 ; 99) = 12,85, p < 0,001, η2 = 0,25. Le facteur explique donc
25 % de la variation de dépression. L’effet principal du facteur groupe et l’effet
d’interaction sont non significatifs.
Les deux sous-groupes de patientes ne diffèrent toujours pas de façon significative
à la fin de l’hospitalisation. En revanche, les patientes continuent à différer
significativement du groupe témoin (F[2 ; 120] = 21,13, p < 0,001).

6. L’échelle d’affirmation de soi de Rathus

Le Figure 5-18 montre l’évolution des moyennes marginales estimées des scores à
l’échelle d’affirmation de soi de Rathus lors des quatre évaluations. Au début de
l’hospitalisation, les anorexiques/boulimiques ont des scores légèrement inférieurs,
c’est-à-dire qu’elles sont moins assertives par rapport aux anorexiques restrictives.
L’assertivité chez les anorexiques restrictives augmente au fur et à mesure de la
prise en charge pour toutes les évaluations afin de se rapprocher du niveau des
témoins. L’évolution de leurs scores est différente de celle des anorexiques/
boulimiques. Les anorexiques boulimiques ont un niveau d’assertivité qui fluctue
légèrement mais reste plus ou moins constant au cours des quatre évaluations.
L’effet partiel du temps et l’effet d’interaction sont non significatifs entre la
première et la deuxième évaluation. Entre la deuxième et la troisième évaluation
l’effet partiel du temps est non significatif mais l’effet d’interaction est significatif :
F(1 ; 38) = 5,94, p = 0,02, η2 = 0,14. L’interaction explique donc 14 % des variations
de l’assertivité. L’effet partiel du temps est significatif entre la troisième et la
quatrième évaluation : F(1 ; 38) = 4,20, p = 0,05, η2 = 0,10. Le facteur explique donc
10 % de la variation de l’assertivité. L’effet d’interaction est non significatif.
Résultats 172

Figure 5-18 Moyennes marginales estimées des scores à la RAS

114

Témoins
110
Seuil « forte »
Moyennes marginales estimées

AN-R

106

102

98
AN-BP/BN

94

Seuil « moyenne »

90
1ère 2ème 3ème 4ème
Evaluations

Ainsi, l’effet principal du temps et l’effet principal du facteur groupe sont non
significatifs. L’effet d’interaction est significatif : F(2 ; 76) = 3,92, p = 0,02, η2 = 0,09.
L’interaction explique donc 9 % des variations de l’assertivité.
Toutefois, les deux sous-groupes de patientes ne diffèrent toujours pas de façon
significative à la fin de l’hospitalisation. En revanche, les patientes diffèrent
significativement du groupe témoins (F[2 ; 120] = 3,28, p = 0,04).

7. L’inventaire d’anxiété trait-état de Spielberger

a. STAI forme Y

Le Figure 5-19 montre l’évolution des moyennes marginales estimées des scores à
la forme Y du inventaire d’anxiété trait-état de Spielberger lors des quatre évaluations.
Au début de l’hospitalisation, les deux sous-groupes de patientes ont des scores
d’anxiété élevés, quelque soit leur diagnostic.
Résultats 173

Figure 5-19 Moyennes marginales estimées des scores au STAI-Y

125

120

115
Moyennes marginales estimées

110 Seuil « élevé »

105
AN-BP/BN
100

95
AN-R
Seuil « moyenne »
90

85

80
Témoins
75
1ère 2ème 3ème 4ème
Evaluations

Le niveau de pathologie d’anxiété baisse, quoique irrégulièrement, tout au long de


la prise en charge quelque soit le sous-groupe de patientes. Les
anorexiques/boulimiques restes toujours plus anxieux que les anorexiques restrictives.
L’effet partiel du temps et l’effet d’interaction sont non significatifs entre la
première et la deuxième évaluation, ainsi que la deuxième et la troisième évaluation.
L’effet partiel du temps est significatif entre la troisième et la quatrième évaluation :
F(1 ; 38) = 6,13, p = 0,02, η2 = 0,14. Le facteur explique donc 14 % de la variation
d’anxiété. L’effet d’interaction est non significatif.
Ainsi, l’effet principal du temps est significatif entre le début et la fin de
l’hospitalisation : F(3 ; 109) = 8,95, p < 0,001, η2 = 0,19. Le facteur explique donc
19 % de la variation d’anxiété. L’effet principal du facteur groupe et l’effet
d’interaction sont non significatifs.
À la fin de l’hospitalisation les deux sous-groupes de patientes ne diffèrent
toujours pas de façon significative. Au contraire, les patientes diffèrent
significativement du groupe témoin (F[2 ; 120] = 10,33, p < 0,001).
Résultats 174

b. STAI forme Y-a

Le Figure 5-20 montre l’évolution des moyennes marginales estimées des scores à
la forme Y-a de l’inventaire d’anxiété trait-état de Spielberger lors des quatre
évaluations. Au début de l’hospitalisation, les deux sous-groupes de patientes ont des
scores d’anxiété trait élevés, quelque soit leur diagnostic.
Le niveau de pathologie d’anxiété trait baisse tout au long de la prise en charge
quelque soit le sous-groupe de patientes. L’évolution entre les anorexiques restrictives
et anorexiques/boulimiques reste semblable avec très peu d’écart entre les deux pour
toutes les évaluations.

Figure 5-20 Moyennes marginales estimées des scores au STAI-Ya

70

60
Seuil « élevé »
Moyennes marginales estimées

50

40 AN-BP/BN

30 Seuil « moyenne »

AN-R
20

10 Témoins

0
1ère 2ème 3ème 4ème
Evaluations

L’effet partiel du temps et l’effet d’interaction sont non significatifs entre la


première et la deuxième évaluation, ainsi que la deuxième et la troisième évaluation.
L’effet partiel du temps est significatif entre la troisième et la quatrième évaluation :
F(1 ; 38) = 4,16, p = 0,05, η2 = 0,10. Le facteur explique donc 10 % de la variation de
l’anxiété trait. L’effet d’interaction est non significatif.
Résultats 175

Ainsi, l’effet principal du temps est significatif entre le début et la fin de


l’hospitalisation : F(3 ; 111) = 6,86, p < 0,001, η2 = 0,15. Le facteur explique donc
15 % de la variation de l’anxiété trait. L’effet principal du facteur groupe et l’effet
d’interaction sont non significatifs.
Les deux sous-groupes de patientes ne diffèrent guère de façon significative à la
fin de l’hospitalisation. Par contre, les patientes continuent à différer significativement
du groupe témoin (F[2 ; 120] = 6, 32, p = 0,002).

c. STAI forme Y-b

Le Figure 5-21 montre l’évolution des moyennes marginales estimées des scores à
la forme Y-b de l’inventaire d’anxiété trait-état de Spielberger lors des quatre
évaluations. Au début de l’hospitalisation, les deux sous-groupes de patientes ont des
scores d’anxiété état élevés, quelque soit leur diagnostic. Les anorexiques/boulimiques
sont un peu plus élevées, c’est-à-dire plus pathologiques, que les anorexiques
restrictives.

Figure 5-21 Moyennes marginales estimées des scores au STAI-Yb

65

60
Moyennes marginales estimées

AN-BP/BN
Seuil « élevé »
55

50

AN-R
Seuil « moyenne »
45

Témoins
40

35
1ère 2ème 3ème 4ème
Evaluations
Résultats 176

Le niveau de pathologie d’anxiété état baisse de façon irrégulière tout au long de


la prise en charge chez les anorexiques restrictives. L’évolution est différente par
rapport aux patientes anorexiques/boulimiques pour lesquelles l’amélioration est plutôt
hésitante entre la deuxième et la troisième évaluation. Le niveau d’anxiété état reste à
peine élevé chez ces dernières. L’écart entre les deux sous-groupes reste constant dès
la troisième évaluation.
L’effet partiel du temps et l’effet d’interaction sont non significatifs entre la
première et la deuxième évaluation. Entre la deuxième et la troisième
évaluation l’effet partiel du temps est non significatif mais l’effet d’interaction est
significatif : F(1 ; 38) = 4,84, p = 0,03, η2 = 0,11. L’interaction explique donc 11 %
des variations de l’anxiété état. L’effet partiel du temps est significatif entre la
troisième et la quatrième évaluation : F(1 ; 38) = 6,95, p = 0,01, η2 = 0,16. Le facteur
explique donc 16 % de la variation de l’anxiété état. L’effet d’interaction est non
significatif.
Ainsi, l’effet principal du temps est significatif entre le début et la fin de
l’hospitalisation : F(3 ; 102) = 8,46, p < 0,001, η2 = 0,18. Le facteur explique donc
18 % de la variation de l’anxiété état. L’effet principal du facteur groupe et l’effet
d’interaction sont non significatifs.
À la fin de l’hospitalisation les deux sous-groupes de patientes ne diffèrent pas de
façon significative. Par contre, les patientes diffèrent significativement du groupe
témoin (F[2 ; 120] = 10,47, p < 0,001).

D. Comparaison des résultats cliniques et psychologiques par


rapport au degré de réalisation de l’hospitalisation

Nous avons décrit auparavant que 47 % des patientes qui ont démarré une
hospitalisation à la CMME l’ont aussi abandonné de façon prématurée. Nous avons
sous-divisé notre échantillon en deux selon les patientes qui restent et celles qui
sortent. Afin d’équilibrer et de contraster les deux groupes, nous avons classés toutes
les patientes qui ne réalisent que la première et/ou la deuxième évaluation comme
« Sortantes » et toutes les patientes qui réalisent au moins trois évaluations comme
« Restantes ». Le Tableau 5-3 montre les deux sous-groupes par rapport au diagnostic
psychologique.
Résultats 177

Tableau 5-3
Description des populations de patientes restantes et patientes sortantes

Sortantes Restantes

n % n %

AN-R 14 34 % 27 66 %

AN-BP/BN 14 41 % 20 59 %

Patientes 28 37 % 47 63 %

1. L’indice de masse corporelle

Le Figure 5-22 montre l’évolution des moyennes marginales estimées de l’indice


de masse corporelle lors de la première évaluation pour les patientes sortantes et
restantes.

Figure 5-22 Moyennes marginales estimées de l’IMC à la 1ère évaluation

19
Seuil normo-pondérale

18
Moyennes marginales estimées

AN-BP/BN

17

16

15

14
Seuil de dénutrition sévère

AN-R
13
Sortantes Restantes
Patientes
Résultats 178

Chez les anorexiques restrictives les patientes sortantes ont un indice de masse
corporelle supérieur à celui des patientes restantes, contrairement aux
anorexiques/boulimiques. Les anorexiques/boulimiques ont un indice de masse
corporelle supérieur à celui des anorexiques restrictives : l’écart entre les deux sous-
groupes est plus important chez les patientes restantes que sortantes.
L’effet principal du temps entre les patientes restantes et sortantes est non
significatif. L’effet principal du facteur groupe entre les anorexiques restrictives et les
anorexiques/boulimiques est significatif : F(1 ; 74) = 12,42, p = 0,001, η2 = 0,15. Le
facteur explique donc 15 % de la variation de l’indice de masse corporelle. L’effet
d’interaction est non significatif.

2. Le Eating Attitudes Test

Le Figure 5-23 montre l’évolution des moyennes marginales estimées des scores
au Eating Attitudes Test lors de la première évaluation pour les patientes sortantes et
restantes.

Figure 5-23 Moyennes marginales estimées du EAT à la 1ère évaluation

75
AN-R
70
Moyennes marginales estimées

65

60

55

50 AN-BP/BN

45

40

35

Seuil de pathologie
30
Sortantes Restantes
Patientes
Résultats 179

Chez les anorexiques restrictives les patientes sortantes ont un score supérieur,
c’est-à-dire plus pathologique, à celui des patientes restantes, contrairement aux
anorexiques/boulimiques. Les anorexiques/boulimiques ont des scores inférieurs aux
anorexiques restrictives : l’écart entre les deux sous-groupes est moins important chez
les patientes restantes que sortantes.
L’effet principal du temps entre les patientes restantes et sortantes est non
significatif. L’effet principal du facteur groupe entre les anorexiques restrictives et les
anorexiques/boulimiques est significatif : F(1 ; 74) = 4,99, p = 0,03, η2 = 0,07. Le
facteur explique donc 7 % de la variation des scores au Eating Attitudes Test. L’effet
d’interaction est non significatif.

3. Le Eating Disorder Inventory

a. Sous-échelle Boulimie (B)

Le Figure 5-24 montre l’évolution des moyennes marginales estimées des scores à
la sous-échelle Boulimie lors de la première évaluation pour les sortantes et restantes.

Figure 5-24 Moyennes marginales estimées du EDI-B à la 1ère évaluation

11

10

9
Moyennes marginales estimées

Seuil de pathologie
AN-BP/BN
8

5 AN-R

3
Seuil de normalité
2

0
Sortantes Restantes

Patientes
Résultats 180

Chez les anorexiques restrictives les patientes sortantes ont un score supérieur,
c’est-à-dire plus pathologique, à celui des patientes restantes, contrairement aux
anorexiques/boulimiques. Les anorexiques/boulimiques ont un score supérieur à celui
des anorexiques restrictives : l’écart entre les deux sous-groupes est plus important
chez les patientes restantes que sortantes.
L’effet principal du temps entre les patientes restantes et sortantes est non
significatif. L’effet principal du facteur groupe entre les anorexiques restrictives et les
anorexiques/boulimiques est significatif : F(1 ; 74) = 15,53, p < 0,001, η2 = 0,18. Le
facteur explique donc 18 % de la variation de la pathologie de boulimie. L’effet
d’interaction est non significatif.

b. Sous-échelle Insatisfaction corporelle (IC)

Le Figure 5-25 montre l’évolution des moyennes marginales estimées des scores à
la sous-échelle Insatisfaction corporelle pour les patientes sortantes et restantes lors de
la première évaluation.

Figure 5-25 Moyennes marginales estimées du EDI-IC à la 1ère évaluation

21
AN-R
20
Moyennes marginales estimées

19

18

17

16

15

Seuil de pathologie
14
AN-BP/BN
13

12
Sortantes Restantes
Patientes
Résultats 181

Chez les anorexiques restrictives les patientes sortantes ont un score supérieur,
c’est-à-dire plus pathologique, à celui des patientes restantes, contrairement aux
anorexiques/boulimiques. Les anorexiques restrictives sortantes ont un score supérieur
à celui des anorexiques/boulimiques sortantes : l’écart entre les deux sous-groupes est
moins important et inversé chez les patientes restantes que sortantes.
L’effet principal du temps entre les patientes restantes et sortantes est non
significatif. L’effet principal du facteur groupe entre les anorexiques restrictives et les
anorexiques/boulimiques est non significatif. L’effet d’interaction est significatif :
F(1 ; 74) = 4,00, p = 0,05, η2 = 0,05. L’interaction explique donc 5 % des variations de
l’insatisfaction corporelle.

c. Sous-total « Pathologique »

Le Figure 5-26 montre l’évolution des moyennes marginales estimées du sous-


total « Pathologique » lors de la première évaluation pour les patientes sortantes et
restantes.

Figure 5-26 Moyennes marginales estimées du EDI « Path » à la 1ère évaluation

42

40
AN-BP/BN
Moyennes marginales estimées

38

36

Seuil de pathologie
34

32

30 AN-R

28
Sortantes Restantes

Patientes
Résultats 182

Chez les anorexiques restrictives les patientes sortantes ont un score supérieur aux
patientes restantes, contrairement aux anorexiques/boulimiques. Les anorexiques
restrictives ont un score supérieur, c’est-à-dire plus pathologique, à celui des
anorexiques/boulimiques : l’écart entre les deux sous-groupes est plus important et
inversé chez les patientes restantes que sortantes.
L’effet principal du temps entre les patientes restantes et sortantes est non
significatif. L’effet principal du facteur groupe entre les anorexiques restrictives et les
anorexiques/boulimiques est non significatif. L’effet d’interaction est significatif :
F(1 ; 74) = 5,12, p = 0,03, η2 = 0,07. L’interaction explique donc 7 % des variations.

4. Le Bulimia Investigatory Test, Edinburgh

a. Sous-échelle Symptôme (Sym)

Le Figure 5-27 montre l’évolution des moyennes marginales estimées des scores à
la sous-échelle Symptôme lors de la première évaluation pour les patientes sortantes et
restantes.

Figure 5-27 Moyennes marginales estimées du BITE-Sym à la 1ère évaluation

22

21
AN-BP/BN
Moyennes marginales estimées

20
Seuil de pathologie
19

18

17

16

15

14 AN-R

13

12
Sortantes Restantes

Patientes
Résultats 183

Chez les anorexiques restrictives les patientes sortantes ont un score supérieur,
c’est-à-dire plus pathologique, à celui des patientes restantes. Chez les
anorexiques/boulimiques il n’y a aucune différence de scores entre les patientes
sortantes et restantes. Les anorexiques/boulimiques ont un score supérieur à celui des
anorexiques restrictives : l’écart entre les deux sous-groupes est plus important chez
les patientes restantes que sortantes.
L’effet principal du temps entre les patientes restantes et sortantes est non
significatif. L’effet principal du facteur groupe entre les anorexiques restrictives et les
anorexiques/boulimiques est significatif : F(1 ; 74) = 11,31, p = 0,001, η2 = 0,14. Le
facteur explique donc 14 % de la variation des symptômes boulimiques. L’effet
d’interaction est non significatif.

b. Sous-échelle Sévérité (Sév)

Le Figure 5-28 montre l’évolution des moyennes marginales estimées des scores à
la sous-échelle Sévérité lors de la première évaluation pour les sortantes et restantes.

Figure 5-28 Moyennes marginales estimées du BITE-Sév à la 1ère évaluation

14

12
Moyennes marginales estimées

AN-BP/BN

10
Seuil de pathologie

4
AN-R

2
Sortantes Restantes
Patientes
Résultats 184

Chez les anorexiques restrictives les patientes sortantes ont un score supérieur,
c’est-à-dire plus pathologique, à celui des patientes restantes. Chez les
anorexiques/boulimiques il n’y qu’une toute petite différence de scores entre les
patientes sortantes et restantes. Le score des deux sous-groupes de patientes sortantes
est très proche : l’écart entre les deux sous-groupes est beaucoup plus important chez
les patientes restantes que sortantes.
L’effet principal du temps entre les patientes restantes et sortantes est significatif :
F(1 ; 74) = 7,24, p = 0,009, η2 = 0,09. Le facteur explique donc 9 % de la variation de
la sévérité boulimique. L’effet principal du facteur groupe entre les anorexiques
restrictives et les anorexiques/boulimiques est significatif : F(1 ; 74) = 3,98, p = 0,05,
η2 = 0,05. Le facteur explique donc 5 % de la variation de la sévérité boulimique.
L’effet d’interaction est non significatif.

5. Image corporelle (Silhouettes de Mouchès)

a. Silhouette actuelle

Le Figure 5-29 montre les moyennes marginales estimées du choix de la


silhouette actuelle lors des quatre évaluations.
Chez les anorexiques restrictives les patientes sortantes ont un score supérieur,
c’est-à-dire plus pathologique, à celui des patientes restantes. Chez les
anorexiques/boulimiques il n’y a aucune différence de scores entre les patientes
sortantes et restantes. Chez les patientes sortantes, les anorexiques/boulimiques ont un
score inférieur à celui des anorexiques restrictives. Chez les patientes restantes, les
anorexiques/boulimiques ont un score supérieur à celui des anorexiques restrictives :
l’écart entre les deux sous-groupes est plus important chez les patientes restantes que
sortantes.
L’effet principal du temps entre les patientes restantes et sortantes est significatif :
F(1 ; 74) = 7,41, p = 0,008, η2 = 0,09. Le facteur explique donc 9 % de la variation du
choix de silhouette actuelle. L’effet principal du facteur groupe entre les anorexiques
restrictives et les anorexiques/boulimiques est non significatif. L’effet d’interaction est
non significatif.
Résultats 185

Figure 5-29 Moyennes marginales estimées de la silhouette actuelle à la 1ère


évaluation

AN-R
5
Moyennes marginales estimées

4
AN-BP/BN

1
Sortantes Restantes
Patientes

Ces résultats sont intéressants car ils montrent que ce sont les anorexiques
restrictives les plus graves qui sortent de façon prématurée alors que pour les
anorexiques/boulimiques, c’est l’inverse, ce sont les moins graves qui abandonnent.

Pour tous les autres variables non-mentionnés, l’effet principal du temps entre les
patientes restantes et sortantes, l’effet principal du facteur groupe entre les anorexiques
restrictives et les anorexiques/boulimiques, et l’effet d’interaction entre ces deux
premiers sont non significatifs.

E. Catégorisation alimentaire

Nous avons effectué une analyse multidimensionnelle pour chacun des sous-
groupes de patientes et le groupe de témoins. La méthode nous a fourni des critères de
Stress qui nous permettent de déterminer combien de dimensions nous allons
Résultats 186

considérer dans l’analyse multidimensionnelle (Annexe T). Nous rappelons que ces
critères mesurent la qualité de l’ajustement entre d’une part nos données de
dissimilarité obtenues à partie des classements (la matrice d’origine) et d’autre part la
distance entre les aliments calculée dans l’espace multidimensionnelle.
Nous observons que ni deux ni trois dimensions ne nous permettent de satisfaire
les normes définies par Kruskal (cf. un critère ≤ 0,10). Donc, nous avons retenus
quatre dimensions pour l’ensemble des sous-groupes de patientes et témoins.
Ensuite, l’analyse multidimensionnelle nous a fourni des corrélations par rapport
aux distances entre les aliments dans les matrices de dissemblance à celles de la
classification ascendante hiérarchique. Les résultats de corrélation indiquent que plus
elles sont proches de l’unité, plus l’on retrouve une bonne représentation des données
initiales de la classification ascendante hiérarchique. Le Tableau 5-4 montre que nous
avons obtenu des corrélations tout à fait satisfaisantes pour les deux sous-groupes de
patientes et les témoins.

Tableau 5-4
Corrélations entre les matrices de dissemblances et les classifications ascendantes
hiérarchiques pour les sous-groupes de patientes et les témoins

Évaluations

Sous-groupe 1ère 2ème 3ème 4ème

AN-R 0,95 0,93 0,89 0,91

AN-BP/BN 0,95 0,95 0,86 0,86

Témoins 0,97 - - -

Enfin, nous avons effectué un test de Mantel (cf. Legendre et Legendre, 1998)
afin d’évaluer la proximité entre les données brutes fournies par les matrices pour
chacune des quatre évaluations. Ce test permet le calcul des éventuelles corrélations
entre des données brutes indépendantes. Plus ce coefficient est proche de l’unité, plus
les deux matrices sont proches et donc les classements sont similaires. Des statistiques
r de Mantel obtenues intra et inter les deux sous-groupes de patientes sont présentées
en Tableau 5-5.
Résultats 187

Suite à ces corrélations, notre analyse utilise des classes fournies par les
classifications ascendantes hiérarchiques, utilisant un niveau de groupement pour
lequel l’analyse de groupement montre un intervalle maximal comme critère, voir
Annexe BB. Les distances d’agrégation déterminées pour les deux sous-groupes de
patientes et le groupe contrôle sont présentées en Tableau 5-6.

Tableau 5-5
Statistiques r de Mantel intra et inter les deux sous-groupes de patientes

Évaluations 1ère 2ème 3ème 4ème

1ère 0,91 0,96 0,74 0,71

2ème 0,94 0,87 0,76 0,73

3ème 0,75 0,80 0,73 0,80

4ème 0,78 0,83 0,91 0,69


Nota : la matrice de corrélation supérieure à droite ne concerne que des patientes anorexiques/boulimiques alors que la matrice
de corrélation inférieure à gauche ne concerne que des patientes anorexiques restrictives. Les corrélations entre
anorexiques restrictives et anorexiques/boulimiques à la même évaluation se trouvent dans les cellules à trame grise en
diagonale. Toutes les corrélations sont significatives à p < 0,001

Tableau 5-6
Distances d’agrégations pour les deux sous-groupes de patientes par évaluation ainsi
que le groupe de témoins

Évaluations

Sous-groupe 1ère 2ème 3ème 4ème

AN-R 0,61 0,58 0,62 0,57

AN-BP/BN 0,56 0,55 0,60 0,50

Témoins 0,49 - - -

La superposition de la distance d’agrégation retenue lors de l’analyse de


groupement (voir Figures BB-1 à BB-9 en Annexe BB) sur l’arbre hiérarchique obtenu
lors de la classification ascendante hiérarchique permet d’identifier les catégories
d’aliments, voir Figures CC-1 à CC-9 en Annexe CC.
Résultats 188

1. Première évaluation

Les anorexiques restrictives classent les 27 aliments en six catégories principales


qui comprennent un nombre important d’items lors de la première évaluation (Tableau
5-7) : « viande & poisson » (C1), « légumes » (C2), « fruits » (C3), « laitages » (C4),
« desserts » (C5), et « féculents » (C6). Une catégorie supplémentaire contient juste
deux aliments : la charcuterie et la mayonnaise.

Tableau 5-7
Classements des aliments réalisés par les anorexiques restrictives lors de la première
évaluation

Classe Noms d’aliments

poisson
C1 œuf bœuf volaille
frais

pomme de
C6 petits pois pain
terre

macédoine
C2 betterave endive cuite tomate
de légumes

crème gâteau à la tarte aux


C5 gâteau sec chocolat
dessert crème fruits

fruits au
C3 jus de fruit banane poire pomme
sirop

yaourt crème de
C4 lait entier camembert
nature gruyère

charcuterie mayonnaise

Lors de la première évaluation, les anorexiques/boulimiques classent également


les 27 aliments en six catégories principales comportant un nombre important d’items
(Tableau 5-8) : « viande & poisson » (C1), « légumes » (C2), « fruits » (C3),
« laitages » (C4), « desserts » (C5), et « féculents » (C6). Une catégorie
supplémentaire contient juste deux aliments : la charcuterie et la mayonnaise.
Nous observons une forte similarité entre les catégorisations des deux sous-
groupes de patientes lors de la première évaluation. Les six catégories principales
consistent en les mêmes aliments. Les différences se situent au niveau des proximités
Résultats 189

inter classes. Cette similarité est confirmée par la corrélation de Mantel (r = 0,91)
obtenue entre les deux sous-groupes (voir Tableau 5-5).

Tableau 5-8
Classement des aliments réalisés par les anorexiques/boulimiques lors de la première
évaluation.

Classe Noms d’aliments

macédoine
C2 endive cuite betterave tomate
de légumes
pomme de
C6 pain petits pois
terre
gâteau à la crème tarte aux
C5 chocolat gâteau sec
crème dessert fruits
fruits au
C3 banane jus de fruit poire pomme
sirop
crème de yaourt
C4 camembert lait entier
gruyère nature
poisson
C1 volaille bœuf œuf
frais

charcuterie mayonnaise

Les témoins classent les 27 aliments en cinq catégories principales qui


contiennent un nombre important d’items (Tableau 5-9) : « viande & poisson » (C1),
« légumes » (C2), « fruits » (C3), « laitages » (C4), et « desserts » (C5). Seuls deux
aliments sont classés individuellement : le pain et la mayonnaise.
La principale différence entre la catégorisation du groupe de témoins et celles des
deux sous-groupes de patientes concerne uniquement trois aliments : la charcuterie, la
pomme de terre et les petits pois. Chez les témoins la charcuterie est classée dans la
catégorie « viande et poisson » (C1) ainsi que la pomme de terre et les petits pois sont
classés dans la catégorie « légumes » (C2) au lieu de la catégorie « féculents » (C6).
Par contre, les catégories « fruits » (C3), « laitages » (C4) et « desserts » (C5)
consistent en exactement les mêmes aliments.
Résultats 190

Tableau 5-9
Classement des aliments réalisés par les témoins

Classe Noms d’aliments

poisson
C1 charcuterie œuf bœuf volaille
frais
pomme de
C2 tomate petits pois betterave endive cuite
terre
fruits au
C3 jus de fruit banane poire pomme
sirop

mayonnaise

crème de yaourt
C4 camembert lait entier
gruyère nature

pain

crème gâteau à la tarte aux


C5 chocolat gâteau sec
dessert crème fruits

2. Deuxième évaluation

Lors de la deuxième évaluation, les anorexiques restrictives classent les 27


aliments en cinq des six catégories principales (Tableau 5-10) : « viande & poisson »
(C1), « légumes » (C2), « fruits » (C3), « laitages » (C4), et « desserts » (C5). Deux
aliments – les fruits au sirop et le jus de fruits – sont maintenant classés dans une
catégorie supplémentaire.
Nous constatons deux différences par rapport à la première classification des
aliments. Elles concernent trois aliments : la catégorie « féculents » (C6), qui
maintenant se compose de deux aliments – le pain et la pomme de terre – au lieu de
trois, les petits pois étant actuellement classés dans la catégorie « légumes » (C2) ; et
les fruits au sirop et le jus de fruits qui sont maintenant classés séparément de la
catégorie « fruits » (C3).
Nous observons une forte similarité entre les catégorisations des anorexiques
restrictives lors de la première et de la deuxième évaluation au niveau des proximités
inter classes. Cette similarité est confirmée par la corrélation de Mantel (r = 0,94)
obtenue entre les deux évaluations (voir Tableau 5-5).
Résultats 191

Tableau 5-10
Classement des aliments réalisés par les anorexiques restrictives lors de la deuxième
évaluation.

Classe Noms d’aliments

yaourt crème de
C4 lait entier camembert
nature gruyère

crème gâteau à la tarte aux


C5 chocolat gâteau sec
dessert crème fruits

charcuterie mayonnaise

poisson
C1 œuf bœuf volaille
frais

pomme de
pain
terre

fruits au
jus de fruits
sirop

C3 banane poire pomme

macédoine
C2 petits pois betterave endive cuite tomate
de légumes

Lors de la deuxième évaluation, les anorexiques/boulimiques classent les 27


aliments de façon très similaire que lors de la première classification, c’est-à-dire en
six catégories principales (Tableau 5-11) : « viande & poisson « (C1), « légumes »
(C2), « fruits » (C3), « laitages » (C4), « desserts » (C5), et « féculents » (C6) et une
catégorie supplémentaire contenant deux aliments : la charcuterie et la mayonnaise.
Nous observons une forte similarité entre les catégorisations des anorexiques/
boulimiques des deux premières évaluations. Les six catégories principales consistent
en les mêmes aliments. Les différences se situent au niveau des proximités inter
classes. Cette similarité est confirmée par la corrélation de Mantel (r = 0,96) obtenue
entre les deux évaluations (voir Tableau 5-5).
Il y a deux différences notables entre les catégorisations d’aliments des deux sous-
groupes de patientes lors de la deuxième évaluation. Pour la première, il s’agit
toujours de la catégorie « fruits » (C3), où les fruits traités (les fruits au sirop et le jus
de fruits) sont exclus par les anorexiques restrictives contrairement aux
Résultats 192

anorexiques/boulimiques. La deuxième concerne la catégorisation des petits pois : les


anorexiques restrictives les classent maintenant dans la catégorie « légumes » (C2)
contrairement aux anorexiques/boulimiques qui continuent à les classer dans la
catégorie « féculents » (C6). À part ces trois aliments, les catégorisations des aliments
par les deux sous-groupes de patientes restent similaires. Cette similarité est confirmée
par la corrélation de Mantel (r = 0,87) obtenue entre les deux sous-groupes (voir
Tableau 5-5).

Tableau 5-11
Classement des aliments réalisé par les anorexiques/boulimiques lors de la deuxième
évaluation.

Classe Noms d’aliments

poisson
C1 bœuf œuf volaille
frais

macédoine
C2 betterave tomate endive cuite
de légumes

fruits au
C3 banane jus de fruits poire pomme
sirop

yaourt crème de
C4 lait entier camembert
nature gruyère

charcuterie mayonnaise

gâteau à la crème tarte aux


C5 gâteau sec chocolat
crème dessert fruits

pomme de
C6 pain petits pois
terre

3. Troisième évaluation

Les anorexiques restrictives classent les 27 aliments de façon semblable que lors
de la deuxième évaluation (Tableau 5-12) : « viande & poisson » (C1), « légumes »
(C2), « fruits » (C3), « laitages » (C4), et « desserts » (C5). Le pain et la pomme de
terre continuent à être classés dans une catégorie supplémentaire.
Résultats 193

Tableau 5-12
Classement des aliments réalisé par les anorexiques restrictives lors de la troisième
évaluation.

Classe Noms d’aliments


crème gâteau à la
C5 chocolat gâteau sec
dessert crème

mayonnaise

tarte aux fruits

crème de yaourt
C4 camembert lait entier
gruyère nature

poisson
C1 charcuterie bœuf œuf volaille
frais

pomme de
pain
terre

fruits au
C3 banane poire pomme jus de fruits
sirop

macédoine
C2 tomate petits pois betterave endive cuite
de légumes

Il y a trois différences par rapport à la deuxième classification. Elles concernent


quatre aliments. Les fruits au sirop et le jus de fruits sont maintenant reclassés dans la
catégorie « fruits » (C3). La charcuterie n’est plus classée avec la mayonnaise mais
plutôt dans la catégorie « viande et poisson » (C1). La tarte aux fruits est maintenant
classée individuellement.
Nous observons une similarité réduite entre les catégorisations des anorexiques
restrictives lors de la deuxième et de la troisième évaluation au niveau des aliments
intra classes et les proximités inter classes. Nous n’avons obtenu qu’une corrélation de
Mantel égale à 0,80 entre ces deux évaluations (voir Tableau 5-5).
Les anorexiques/boulimiques classent les 27 aliments uniquement en quatre
catégories principales contrairement aux deux précédentes évaluations (Tableau
5-13) : « viande & poisson » (C1), « légumes » (C2), « fruits » (C3) et « laitages »
(C4).
Résultats 194

Tableau 5-13
Classement des aliments réalisé par les anorexiques/boulimiques lors de la troisième
évaluation.

Classe Noms d’aliments

macédoine
C2 tomate betterave endive cuite
de légumes
yaourt
nature
poisson
C1 volaille bœuf œuf
frais

mayonnaise

lait entier

crème de
C4 charcuterie camembert
gruyère

pain

pomme de
petits pois
terre

C3 jus de fruits banane poire pomme

tarte aux
gâteau sec
fruits
crème
chocolat
dessert
fruits au gâteau à la
sirop crème

Plusieurs différences apparaissent ici par rapport aux deux premières


classifications, et elles concernent dix aliments. Avant tout, on constate la
fragmentation de la catégorie « desserts » (C5) en trois parties : le gâteau sec et la
tarte aux fruits ensemble, le chocolat et la crème dessert ensemble, et les fruits au
sirop (au lieu de la catégorie « fruits » [C3]) avec le gâteau à la crème. Nous
constatons également la fragmentation de la catégorie « laitages » (C4) en trois : trois
aliments – la charcuterie (au lieu de la paire avec la mayonnaise), le camembert, et la
crème de gruyère – puis le lait entier et le yaourt nature seuls. Nous observons aussi
Résultats 195

que la catégorie « féculents » (C6) s’est fragmentée en deux : les petits pois et la
pomme de terre ensemble, et le pain qui est maintenant classé indépendamment.
Nous observons une dissimilarité remarquable entre les catégorisations des
anorexiques/boulimiques lors de la deuxième et de la troisième évaluation au niveau
des aliments intra classes et les proximités inter classes. Nous n’avons obtenu qu’une
corrélation de Mantel égale à 0,76 entre ces évaluations (voir Tableau 5-5).
Il y a plusieurs différences entre les catégorisations des deux sous-groupes de
patientes lors de la troisième évaluation. Nous constatons avant tout, l’homogénéité de
la catégorie « desserts » (C5) chez les anorexiques restrictives contrairement aux
anorexiques/boulimiques. Nous observons également la constance de la catégorie
« laitages » (C4) chez les anorexiques restrictives contrairement aux anorexiques/
boulimiques. Nous constatons aussi que le pain et la pomme de terre sont classés
ensemble chez les anorexiques restrictives contrairement aux anorexiques/boulimiques
où la pomme de terre est appariée avec les petits pois.
Les catégorisations des aliments par les deux sous-groupes de patientes
deviennent de plus en plus dissimilaires. De ce fait, nous n’avons obtenu qu’une
corrélation de Mantel entre les deux sous-groupes égale à 0,73 (voir Tableau
5-5).

4. Quatrième évaluation

Lors de la dernière évaluation, les anorexiques restrictives classent les 27 aliments


de façon quasi-identique que lors de la troisième classification : « viande & poisson »
(C1), « légumes » (C2), « fruits » (C3), « laitages » (C4), « desserts » (C5), le pain et
la pomme de terre ensemble et deux aliments séparément – la tarte aux fruits et la
mayonnaise (Tableau 5-14).
Nous observons une forte similarité entre les catégorisations des anorexiques
restrictives des deux dernières évaluations. Les cinq catégories principales consistent
en les mêmes aliments. Les différences se situent au niveau des proximités inter
classes. Cette similarité est confirmée par la corrélation de Mantel (r = 0,91) obtenue
entre les deux évaluations (voir Tableau 5-5).
Résultats 196

Tableau 5-14
Classement des aliments réalisé par les anorexiques restrictives lors de la quatrième
évaluation.

Classe Noms d’aliments

crème de yaourt
C4 camembert lait entier
gruyère nature
mayonnaise
tarte aux
fruits
crème gâteau à la
C5 chocolat gâteau sec
dessert crème
fruits au
C3 jus de fruits banane poire pomme
sirop
macédoine
C2 tomate betterave endive cuite petits pois
de légumes
pomme de
pain
terre
poisson
C1 volaille œuf bœuf charcuterie
frais

Les anorexiques/boulimiques classent les 27 aliments en une seule catégorie


principale (Tableau 5-15) : « viande & poisson » (C1). Le chocolat et la crème dessert
continuent à être classés ensemble alors que le yaourt nature reste classé séparément.
Plusieurs différences apparaissent par rapport à la troisième classification,
concernant onze aliments. Nous constatons que la catégorie « légumes » (C3)
fragmente en trois parties : la tomate toute seule ; la betterave et l’endive cuite
ensemble ; et la macédoine de légumes toute seule. La charcuterie s’éloigne du groupe
avec le camembert et la crème de gruyère. Ainsi la catégorie « fruits » fragmente en
trois parties : le jus de fruits tout seul ; le poire et la pomme ensemble ; et la banane et
les fruits au sirop (au lieu du couple avec le gâteau à la crème) ensemble.
Nous observons une dissimilarité modeste entre les catégorisations des
anorexiques/boulimiques lors des dernières deux évaluations au niveau des aliments
intra classes et les proximités inter classes. Donc, nous n’avons obtenu qu’une
corrélation de Mantel égale à 0,80 entre les deux évaluations (voir Tableau 5-5).
Résultats 197

Tableau 5-15
Classement des aliments réalisé par les anorexiques/boulimiques lors de la quatrième
évaluation.

Classe Noms d’aliments

petits pois

pain

pomme de
terre
yaourt
nature
crème
chocolat
dessert

lait entier mayonnaise

charcuterie

crème de
camembert
gruyère
fruits au
banane
sirop

jus de fruits

poire pomme

tarte aux
fruits
gâteau à la
gâteau sec
crème
poisson
C1 bœuf volaille œuf
frais

tomate

betterave endive cuite

macédoine
de légumes
Résultats 198

De nombreuses différences continuent à se manifester entre les catégorisations des


deux sous-groupes de patientes lors de la quatrième évaluation. Les catégories
« légumes » (C2), « fruits » (C3), « laitages » (C4) et « desserts » (C5) restent
homogènes pour les anorexiques restrictives et se sépare chez les anorexiques/
boulimiques. Nous remarquons que seule la catégorie « viande et poisson » (C1) se
ressemble dans les deux sous-groupes, à la charcuterie près.
Les catégorisations des aliments par les deux sous-groupes de patientes restent
bien dissimilaires. En conséquence, nous n’avons obtenu qu’une corrélation de Mantel
égale à 0,69 entre les deux sous-groupes (voir Tableau 5-5). Par rapport à la première
évaluation, nous trouvons une corrélation de Mantel égale à 0,78 pour les anorexiques
restrictives et seulement 0,71 pour les anorexiques/boulimiques.
Enfin, les principales différences entre la catégorisation des anorexiques
restrictives et celle des témoins ne concernent que deux aliments : la pomme de terre
et la tarte aux fruits. Chez les témoins la pomme de terre est classée dans la catégorie
« légumes » (C2) alors que chez les anorexiques restrictives elle est associe au pain.
La tarte aux fruits est classée dans la catégorie « desserts » (C5) chez les témoins et à
part chez les anorexiques restrictives. Les catégories « viande et poisson » (C1),
« fruits » (C3), et « laitages » (C4) consistent en les mêmes aliments ainsi que la
mayonnaise qui est classée individuellement.
Les principales différences entre la catégorisation des anorexiques/boulimiques et
celle des témoins concernent 13 aliments. Aucune catégorie ne varie pas entre les
deux : en revanche, celle de « viande et poisson » (C1) est quasi-identique à
l’exception de la charcuterie. La pomme de terre, la tomate et les petits pois ne se
trouvent pas dans la catégorie « légumes » (C2) chez les anorexiques/boulimiques. La
catégorie « fruits » (C3) choisie par le groupe de témoins s’est fractionnée en trois
chez les anorexiques/boulimiques : la banane et les fruits au sirop appariés ensemble,
puis la poire et la pomme ensemble, et enfin le jus de fruit classé individuellement. La
catégorie « laitages » (C4) choisie par les témoins s’est fractionnée en trois chez les
anorexiques/ boulimiques : le camembert et la crème de gruyère appariés ensemble,
avec le lait entier et le yaourt nature classé individuellement. La catégorie « desserts »
(C5) choisie par les témoins s’est séparée en trois chez les anorexiques/boulimiques :
le chocolat et la crème dessert ensemble, puis le gâteau à la crème et le gâteau sec
ensemble, et la tarte aux fruits seule.
Résultats 199

5. Analyse multidimensionnelle

L’analyse multidimensionnelle met en lumière des différences entre les catégories


trouvées par les deux sous-groupes de patientes pendant toute l’hospitalisation ainsi
que par rapport au groupe témoin.
Chez les anorexiques restrictives, lors de la première évaluation, nous observons
de forts contrastes entre cinq couples de catégories, voir Annexe DD. La catégorie
« légumes » (C2), qui est composée d’aliments nécessaires mais souvent pas aimés, se
distingue de la catégorie « desserts » (C5), qui englobe des aliments qui sont aimés et
qui procurent du plaisir. La catégorie « viande & poisson » (C1), qui inclut des
aliments riches en protéines et graisses animales, se différencie de la catégorie
« fruits » (C3), qui comprend des aliments riches en vitamines et sucres simples. La
catégorie « viande & poisson », qui contient aussi des aliments naturels, se discrimine
de la catégorie « laitages » (C4), qui englobe des aliments produits et/ou traités. La
catégorie « féculents » (C6), qui consiste en des aliments riches en hydrates de
carbone et qui sont substantiels, se distingue des catégories « viande & poisson » (C1)
et « laitages » (C4), qui comprennent des aliments essentiels qu’elles ont le droit de
consommer.
Chez les anorexiques/boulimiques, lors de la première évaluation, cinq couples de
catégories s’opposent fortement. La catégorie « desserts » (C5), contenant des
aliments interdits – qui font grossir – et qui sont mangés pendant des crises
boulimiques, se différencie des catégories « viande & poisson » (C1) et « légumes »
(C2). Ces deux dernières se composent d’aliments qui sont fondamentaux et mangés
durant les repas. Comme pour les anorexiques restrictives, la catégorie « viande &
poisson », qui inclut des aliments riches en protéines et graisses animales, ainsi que la
charcuterie se discrimine de la catégorie « fruits » (C3), qui comprend des aliments
riches en vitamines et sucres simples. La catégorie « viande & poisson », contenant
des aliments essentiels, se met en contraste avec la catégorie « laitages » (C4), qui
englobe des aliments produits et/ou traités. La catégorie « fruits », incluant des
aliments faciles à absorber et bons pour la digestion, s’oppose à la catégorie
« féculents », qui incorpore des aliments qui calent et sont difficiles à digérer.
Résultats 200

En début de l’hospitalisation, nous ne remarquons que deux couples de catégories


chez les deux sous-groupes de patientes qui se différencient de façon identique : la
catégorie « viande & poisson » avec la catégorie « fruits » et la catégorie « légumes »
avec la catégorie « desserts ».
Nous avons constaté quatre couples de catégories qui se mettent en contraste
fortement chez les témoins. La catégorie « légumes » (C2), qui comprend des aliments
à base de plantes et riches en vitamines et minéraux, se distingue des catégories
« viande & poisson » (C1) et « laitages » (C4), contenant des aliments à la base
d’animaux et riches en protéines et matière grasse. La catégorie « desserts » (C5),
contenant des aliments interdits et qui font grossir, se différencie de la catégorie
« viande & poisson » (C1), ces aliments étant fondamentaux. La catégorie « viande &
poisson », qui consiste en des aliments essentiels naturels, s’oppose à la catégorie
« laitages » (C4), qui contient des aliments produits et/ou traités.
Les témoins partagent avec les deux sous-groupes de patientes – tant anorexiques
restrictives que anorexique/boulimique – un seul couple de catégories qui se met en
fort contraste : la catégorie de « viande & poisson » (C1) avec la catégorie « laitages »
(C4). En plus, les témoins partagent avec les patientes anorexiques/boulimiques un
couple supplémentaire de catégories différenciantes : la catégorie « viande &
poisson » avec la catégorie « desserts » (C5).
Chez les anorexiques restrictives, lors de la quatrième évaluation, nous observons
cinq couples de catégories qui se distinguent fortement dont deux sont identiques à la
première évaluation (Tableau 5-16). Ces deux derniers sont les catégories « légumes »
(C2) avec « desserts » (C5) puis le pain et la pomme de terre (cf. la catégorie
« féculents » [C6]) avec la catégorie « laitages » (C4). En plus, la catégorie « viande &
poisson » (C1), qui contient des aliments fondamentaux, se différencie de la catégorie
« desserts », qui consiste en aliments interdits et grossissant. La catégorie « légumes »,
qui comprend des aliments riches en vitamines et minéraux qui poussent
naturellement, s’oppose à la catégorie « laitages » et la mayonnaise, qui consiste en
des aliments produits riches en calcium. La catégorie « fruits » (C3), qui inclut des
aliments faciles à absorber et bons pour la digestion, se met en contraste au pain et à la
pomme de terre (cf. la catégorie « féculents » [C6]), qui consiste en des aliments
riches en hydrates de carbone et qui provoquent, donc, une sensation de lourdeur à
l’estomac.
Résultats 201

Tableau 5-16
Comparaison des contrastes entre les classes d’aliments observés chez les patientes
anorexiques restrictives
Viande/
Classes Légumes Fruits Laitages Desserts Féculents
poisson
Viande/poisson ● ● ●
Légumes ■
Fruits

Laitages ● ■
Desserts ● ■
Féculents ● ■
Nota : la matrice de corrélation supérieure à droite ne concerne que la première évaluation alors que la matrice de corrélation
inférieure à gauche ne concerne que la quatrième évaluation

Lors de la quatrième évaluation chez les anorexiques/boulimiques, nous


observons cinq couples de catégories qui se différencient fortement dont deux sont
identiques à la première évaluation (Tableau 5-17). Ces deux dernières sont le couple
des catégories « viande & poisson » (C1) et « fruits » (C3) et le couple des catégories
« fruits » et « féculents » (C6). D’ailleurs, la catégorie « viande & poisson » (C1),
contenant des aliments qui sont nécessaires, se distingue de la catégorie « féculents »
(C6), aliments qui consistent en des aliments riches en sucres complexes et qui sont
substantiels. La catégorie « légumes » (C2), contenant des aliments riches en minéraux
et fibres, se met en contraste avec la catégorie « fruits », qui englobe des aliments
riches en vitamines et sucres simples. La catégorie « légumes», qui consiste en des
aliments faciles à absorber et bons pour la digestion, s’oppose à la catégorie
« féculents », qui embrasse des aliments riches en hydrates de carbone et qui calent.
À la fin de la prise en charge, nous constatons qu’il y a un seul couple de
catégories qui se différencie fortement chez les deux sous-groupes de patientes : la
catégorie « fruits » (C3) avec la catégorie « féculents » (C6).
Résultats 202

Tableau 5-17
Comparaison des contrastes entre les classes d’aliments observés chez les patientes
anorexiques/boulimiques
Viande/
Classes Légumes Fruits Laitages Desserts Féculents
poisson
Viande/poisson ● ● ●
Légumes ■
Fruits

Laitages ● ■
Desserts ● ■
Féculents ● ■
Nota : la matrice de corrélation supérieure à droite ne concerne que la première évaluation, la matrice de corrélation
inférieure à gauche ne concerne que la quatrième évaluation

Ainsi, et contrairement au début de l’hospitalisation, le sous-groupe de patientes


anorexiques/boulimiques ne partage aucune couple de catégories différenciantes avec
les témoins lors de la fin du traitement. En revanche, le sous-groupe de patientes
anorexiques restrictives partage deux couples de catégories discriminantes lors de la
fin de l’hospitalisation. Celles-ci sont la catégorie « viande & poisson » (C1) avec la
catégorie « desserts » (C5) et la catégorie « légumes » (C2) avec la catégorie
« laitages » (C4).

F. Évolution de l’image corporelle de l’échantillon lors des


deuxième, troisième et quatrième évaluations

1. Silhouette actuelle

Le Figure 5-30 montre les moyennes marginales estimées du choix de la


silhouette actuelle lors des quatre évaluations. Au début de l’hospitalisation, les
anorexiques restrictives choissisent en moyenne une silhouette plus mince par rapport
aux anorexiques/boulimiques.
Résultats 203

Figure 5-30 Moyennes marginales estimées des silhouettes actuelles

AN-BP/BN
6
Moyennes marginales estimées

Témoins

AN-R
4

1
1ère 2ème 3ème 4ème
Evaluation

L’évolution de l’image corporelle est différente entre les deux sous-groupes de


patientes. Chez les anorexiques restrictives la perception de leur corps s’améliore au
fur et à mesure de la prise en charge. Quant aux anorexiques/boulimiques la perception
de leur corps s’améliore jusqu’à la troisième évaluation, puis se dégrade légèrement.
L’écart entre les deux sous-groupes tend à diminuer tout au long de l’hospitalisation
sauf à la troisième évaluation.
L’effet partiel du temps est significatif entre la première et la deuxième
évaluation : F(1 ; 38) = 7,56, p = 0,009, η2 = 0,17. Le facteur explique donc 17 % de la
variation du choix de silhouette actuelle. L’effet d’interaction est non significatif :
F(1 ; 38) = 0,54, p = 0,47, η2 = 0,01. Entre la deuxième et la troisième évaluation
l’effet principal du temps est significatif: F(1 ; 38) = 27,23, p < 0,001, η2 = 0,42. Le
facteur explique donc 42 % de la variation de la silhouette choisie. L’effet
d’interaction est non significatif. L’effet principal du temps est non significatif entre la
troisième et la quatrième évaluation. L’effet d’interaction est significatif : F(1 ; 38) =
6,27, p = 0,02, η2 = 0,14. L’interaction explique donc 14 % des variations de silhouette
Résultats 204

Pour ce que concerne l’évolution des moyennes marginales estimées, l’effet


principal du temps est significatif entre le début et la fin de l’hospitalisation : F(2 ; 86)
= 31,72, p < 0,001, η2 = 0,46. Le facteur explique donc 46 % de la variation du choix
de silhouette actuelle. L’effet principal du facteur groupe est significatif :
F(1 ; 38) = 14,51, p < 0,001 ; η2 = 0,28. Le facteur explique donc 28 % de la variation
du choix de silhouette actuelle. L’effet d’interaction est non significatif.
À la fin de la prise en charge, les anorexiques restrictives continuent à surestimer
leur forme corporelle en fonction de leur indice de masse corporelle : F[7 ; 16] = 5,71,
p < 0,002. En revanche, la perception de la silhouette actuelle chez des
anorexiques/boulimiques est plus proche à leur indice de masse corporelle actuel: F[6 ;
5] = 0,34, p < 0,11.

2. Silhouette idéale

Le Figure 5-31 montre les moyennes marginales estimées du choix de la


silhouette idéale lors des quatre évaluations. Au début de l’hospitalisation, les
anorexiques/boulimiques choissisent en moyenne une silhouette plus mince, par
rapport aux anorexiques restrictives.
L’image corporelle chez les anorexiques restrictives évolue peu. Quant aux
anorexiques/boulimiques la perception de leur corps idéale s’améliore lors de la
troisième évaluation. L’écart entre les deux sous-groupes tend à diminuer tout au long
de l’hospitalisation sauf à la deuxième évaluation.
L’effet partiel du temps et l’effet d’interaction sont non significatifs entre la
première et la deuxième évaluation, ainsi qu’entre la deuxième et la troisième
évaluation. L’effet partiel du temps est significatif entre la troisième et la quatrième
évaluation : F(1 ; 38) = 0,98, p = 0,33, η2 = 0,03. L’effet d’interaction est non
significatif.
Ainsi, pour ce que concerne l’évolution des moyennes marginales estimées, l’effet
principal du temps est significatif entre le début et la fin de l’hospitalisation : F(2 ; 87)
= 4,02, p = 0,02, η2 = 0,10. Le facteur explique donc 10 % de la variation de la
silhouette idéale choisie. L’effet principal du facteur groupe est non significatif et
l’effet d’interaction sont non significatifs.
Résultats 205

Figure 5-31 Moyennes marginales estimées des silhouettes idéales

6
Moyennes marginales estimées

4
Témoins
AN-R

AN-BP/BN
2

1
1ère 2ème 3ème 4ème

Evaluation

À la fin de la prise en charge, la perception corporelle idéale des deux sous-


groupes de patientes, tant anorexiques restrictives que anorexiques/boulimiques,
s’approche de leurs indices de masse corporelle actuels : pour les anorexiques
restrictives – F(5 ; 19) = 0,96, p < 0,53 ; pour les anorexiques/boulimiques – F(5 ; 6) =
0,48, p < 0,22.

3. Silhouette souhaitée

Le Figure 5-32 montre les moyennes marginales estimées du choix de la


silhouette souhaitée lors des quatre évaluations. Au début de l’hospitalisation, la
silhouette moyenne choisie par les anorexiques restrictives n’est pas différente de celle
choisie par les anorexiques/boulimiques.
Comme pour la silhouette idéale, l’image corporelle évolue peu pour les deux
sous-groupes de patientes. Chez les anorexiques restrictives la perception de leur corps
souhaité s’améliore lors de la troisième évaluation. Quant aux anorexiques/
boulimiques la perception de leur corps souhaité s’améliore au fur et à mesure de la
Résultats 206

prise en charge, sauf entre la deuxième et la troisième évaluation. Nous retrouvons un


écart seul entre les deux sous-groupes lors la deuxième évaluation.

Figure 5-32 Moyennes marginales estimées des silhouettes souhaitées

6
Moyennes marginales estimées

4 Témoins

AN-BP/BN
3

AN-R
2

1
1ère 2ème 3ème 4ème
Evaluation

L’effet partiel du temps et l’effet d’interaction sont non significatifs entre la


première et la deuxième évaluation, la deuxième et la troisième évaluation ainsi que la
troisième et la quatrième évaluation.
En revanche, en ce qui concerne l’évolution des moyennes marginales estimées,
l’effet principal du temps est significatif entre le début et la fin de l’hospitalisation :
F(2 ; 80) = 4,78, p = 0,01, η2 = 0,11. Le facteur explique donc 11 % de la variation du
choix de silhouette choisie. L’effet principal du facteur groupe et l’effet d’interaction
sont non significatifs.
À la fin de la prise en charge, la perception corporelle idéale des deux sous-
groupes de patientes, tant anorexiques restrictives que anorexiques/boulimiques,
s’approche de leurs indices de masse corporelle actuels : pour les anorexiques
restrictives – F(5 ; 19) = 0,96, p < 0,53 ; pour les anorexiques restrictives – F(5 ; 20) =
0,68, p < 0,35 ; pour les anorexiques/boulimiques – F(5 ; 5) = 0,37, p < 0,15.
Résultats 207

G. Analyse du discours

1. Première question (Corpus 1)

« J’aimerais que vous me disiez comment vous vous sentez aujourd’hui »

a. L’ensemble de patientes et témoins

Le rapport d’analyse ALCESTE porte sur 60 % d’unités de contexte élémentaires


(UCE) et retient cinq classes (Tableau 5-18).
La première classe (21 % des UCE classées) porte sur les émotions négatives.
Nous retrouvons dans cette classe une présence importante de sentiments et
d’émotions négatifs : la déprime, le sentiment d’être grosse (parfois moche) et la
tristesse. Également présent le sentiment d’être incomprise, nulle et lasse. Par
exemple : « Déprimée. Lasse. Démotivée. Abandonnée. Sans intérêt. Oppressée. Envie
de mourir. Incomprise. Lassante. Gênante. Angoissée. Stressée. Mal à l’aise au sein
du groupe. Triste. Personne en qui on n’a pas confiance » (Khi² = 54) ; « Déprimée.
Incomprise. Suicidaire. Angoissée. Coupable. Fatiguée. Lasse. Mal aimée.
Abandonnée. Peureuse. Susceptible. Dépendante des autres. Je ne sers à rien. J’ai
honte de qui je suis. Monstrueuse par rapport à mes proches. Désir de rejoindre ma
mère » (Khi² = 36). Le groupe de patientes est bien représenté dans cette classe.
La deuxième classe (29 % des UCE classées) porte sur le vécu à l’hôpital. Très
présents dans cette classe, les commentaires des patientes traitant de leur vécu à
l’hôpital : les autres patientes, la lourdeur de l’enfermement (l’ennui) et du manque
d’activité physique (être dans l’action, s’occuper) l’ambiance à l’hôpital, l’équipe
soignante – vécue soit positivement soit négativement, l’absence de repères dans les
lieux. Par exemple : « Je suis déçue par l’équipe médicale. Je ne me sens pas
encadrée. Je n’envisage pas de rester très longtemps. Je ne trouve aucune écoute
auprès du personnel » (Khi² = 27) ; « Mais je fais encore beaucoup trop souvent de
crises de boulimie en fait. J’ai compris qu’il est nécessaire pour moi que je m’occupe
le plus possible, que je sois dans l’action, pour ne pas penser ni ne poser trop de
questions existentielles » (Khi² = 20). Cette classe est particulièrement caractéristique
du groupe des patientes.
Résultats 208

Tableau 5-18
Classement de Corpus 1 pour l'ensemble de patientes et témoins
Classe 1 Khi² Classe 2 Khi² Classe 3 Khi²
déprim+er 76 pat+ient 36 heur+eux 106
gros+ 62 trouv+er 26 *Groupe_Temoin 93
triste+ 54 faire. 26 fatigue+ 55
incompris+ 38 ennuy+er 23 épanou+ir 47
nulle 34 parl+er 18 humeur+ 41
lasse+ 34 *Groupe_Patiente 17 bonne+ 39
*Groupe_Patiente 32 occup+er 15 content+ 34
moche+ 29 act+ion 15 *IMC_Entre19/24 30
coupable+ 26 personnel+ 14 sécurité+ 26
laid+ 23 support+er 14 format+ion 26
détest+er 23 enferm+er 13 week-end+ 21
cuisse+ 23 attenti+f 13 *Évaluation_1 17
rien 20 pos+er 12 détendre. 15
incapable+ 19 soign+er 12 parent+ 13
inuti+l 18 question+ 12 sens 13
mal 16 manque+ 12 mauvais+ 10
mourir. 15 seul+ 11 soulag+er 10
rêv+e 15 personne+ 11 voie+ 10
hont+e 15 nécessaire+ 11 sérein+ 10
image+ 15 long+ 10 stress+ 10
entr+er 10

Classe 4 Khi² Classe 5 Khi²


*Groupe_Témoin 177 *Groupe_Patiente 45
évaluat+ion 94 peur+ 29
vendredi+ 79 prendre. 28
vacance+ 63 semaine+ 27
froid+ 55 dernier+ 23
révis+er 55 mang+er 23
*Évaluation_1 44 gross+ir 19
soleil+ 39 guér+ir 19
stage+ 39 sortie+ 19
soir+ 31 nourriture+ 18
*IMC_Entre19/24 29 fier+ 18
hâte+ 27 conscien+e 17
*Age_Moins22 25 fait 16
rentr+er 24 très 16
peu 23 essay+er 15
voir. 22 poids 15
stress+ 21
bien 20
aim+er 19
Résultats 209

La troisième classe (10 % des UCE classées) porte sur l’humeur positive. Ici l’on
retrouve particulièrement des sentiments positifs : heureuse, épanouie, de bonne
humeur, mais aussi la fatigue. Par exemple : « Je vais bien. Je me sens bien. Je suis
heureuse. Je suis détendue. Je suis de bonne humeur. Je suis calme » (Khi² = 26) ; « Je
me sens de bonne humeur. Je me sens un peu stressée. Je me sens un peu nerveuse. Je
me sens un peu fatiguée. Je me sens contente de mon travail » (Khi² = 22). Cette
classe est très représentative du groupe des témoins, ainsi qu’un indice de masse
corporelle compris entre 19 et 24.
La quatrième classe (11 % des UCE classées) porte sur le groupe de témoins et
leurs inquiétudes liées aux études (évaluations, stages, réviser) et de certaines envies
(partir en vacances) et hâtes (rentrer chez elles). Par exemple : « J’ai hâte de rentrer
voir ma famille. J’ai hâte de rentrer dans ma chambre. J’ai envie de partir en
vacances. J’ai hâte de revoir mes neveux » (Khi² = 43) ; « Aujourd’hui je me sens
bien, un peu stressée par l’évaluation de vendredi. J’ai envie de rentrer chez moi pour
prendre mon goûter et avoir du temps pour réviser avant que mon copain arrive »
(Khi² = 33).
La cinquième classe (28 % des UCE classées) porte sur le groupe de patientes et
leur ressenti (la peur de grossir, la prise du poids, manger). L’on retrouve aussi les
sentiments de fierté par rapport à soi-même. Par exemple : « Contrariété ce matin car
700 grammes en un jour ! Mais j’essaie de relativiser ; je suis ici pour reprendre du
poids. J’ai eu plaisir à manger mon repas du midi et j’essaie de garder en tête que je
suis ici pour guérir et que tout ne sera pas faisable » (Khi² = 29) ; « Pour être honnête
le fait de ne pas avoir pris trop de poids m’a rassuré. Même si je veux les reprendre ça
reste dur à accepter et comme ce matin j’avais pris mais pas trop. Ça m’a mise de
bonne humeur, même si j’ai bien conscience que ça n’aurait pas dû ! » (Khi² = 21).

b. Groupe de patientes

Le rapport d’analyse ALCESTE porte sur 45 % d’unités de contexte élémentaires


et retient trois classes (Tableau 5-19).
La première classe (27 % des UCE classées) porte sur l’humeur positive. Les
patients montrent des sentiments plutôt positifs, tel que la bonne humeur, être
heureuse, la volonté de guérir, les idées positives, et le calme. Par exemple :
« Aujourd’hui, je me sens en pleine forme, les idées positives. Je me sens calme,
Résultats 210

détendue, sereine, je me sens en sécurité, en sûreté et en bonne compagnie »


(Khi² = 31) ; « Je me sens bien, satisfait de progrès que j’effectue. J’ai repris
confiance en moi et mon avenir. Je suis de bonne humeur et aime être avec les
autres » (Khi² = 27). Les anorexiques/boulimiques sont à peine caractérisées par cette
classe.

Tableau 5-19
Classement de Corpus 1 pour toutes les patientes
Classe 1 Khi² Classe 2 Khi² Classe 3 Khi²
bonne+ 31 triste+ 35 poids 32
humeur+ 28 déprim+er 31 prendre. 27
heur+eux 25 gros+ 18 peur+ 24
guér+ir 25 incompris+ 17 prise+ 18
positi+f 22 moche+ 17 *Groupe_AR 13
calm+ 16 nulle 15 moment+ 12
pos+er 15 vide+ 13 pens+er 12
hospitali< 15 mal 13 lutte+ 12
chose+ 14 stress+ 12 semaine+ 11
premier+ 14 seul+ 12 *IMC_Moins14 11
projet+ 14 anxi+eux 12 aujourd’hui 11
aujourd’hui 12 lasse+ 12 ressentir. 10
serein+ 12 coupable+ 12 sortie+ 10
sur+ 12 *IMC_Entre25/29 12 dernier+ 10
détendre. 12 fatigue+ 10 changement+ 10
confi+ant 12 inuti+l 10
jour+ 11 perdu+ 9
*Diagnostic_A/B 11

La deuxième classe (38 % des UCE classées) porte sur l’humeur négative. Cette
classe est plus marquée par des émotions négatives telles que la tristesse et la déprime.
Nous retrouvons aussi les sentiments d’être grosse, incomprise et moche. On y trouve
beaucoup de négativité par rapport au vécu et à la perception corporelle. Par exemple :
« Je me sens un peu moins fatiguée. Je suis triste mais moins déprimée. Je me sens
enfermée. Je me sens seule » (Khi² = 26) ; « Déprimée. Incomprise. Suicidaire.
Angoissée. Coupable. Fatiguée. Lasse. Mal aimée. Abandonnée. Peureuse.
Susceptible. Dépendante des autres. Je ne me sens à rien. J’ai honte de qui je suis.
Monstrueuses par rapport à mes proches. Désir de rejoindre ma mère » (Khi² = 25).
Cette catégorie présente un indice de masse corporelle compris entre 25 et 29 comme
caractéristique faible.
Résultats 211

La troisième classe (34 % des UCE classées) porte sur le ressenti. Très présente
dans cette classe, la prise du poids et la peur de grossir, vécu souvent comme trop
rapide. Ce qui engendre des difficultés à supporter tout cela psychologiquement. Par
exemple : « J’ai pris conscience assez vite, et l’ai exprimé ouvertement. D’être sortie
trop tôt. D’avoir peut-être eu peur, sans me l’avouer. Du changement qui allait
s’opérer, et de me mettre crue plus forte que les autres » (Khi² = 29) ; « J’ai grandi
dans ma tête. Mes peurs alimentaires se sont renversées progressivement, au fur et à
mesure que je les dépasse et les analyse. Je ne me sens pas bien encore dans mon
corps car je prends du poids, je suis serrée dans certaines de mes affaires mais je suis
fière de l’évolution de mes pensées que j’arrive à analyser avec beaucoup plus de
précision » (Khi² = 20). Le sous-groupe d’anorexiques restrictives et des patientes
ayant un indice de masse corporelle inférieur à 14 sont caractéristiques de l’exemple
ci-dessus.

c. Groupe de témoins

Le rapport d’analyse ALCESTE porte sur 47 % d’unités de contexte élémentaires


et retient cinq classes (Tableau 5-20).
La première classe (24 % des UCE classées) porte sur l’état émotionnel. Cette
classe est caractérisée avant tout par le stress. Nous retrouvons aussi les états heureux
et tendus. Par exemple : « Je me sens stressée. Je me sens fatiguée. Je me sens
angoissée. Je me sens heureuse. Je me sens tendue » (Khi² = 16) ; « Je ne me sens pas.
Quelques moments de stress ou de contrariété. Des évaluations approchent, c’est ce
qui me donne ce stress » (Khi² = 14).
La deuxième classe (16 % des UCE classées) porte sur l’état positif. Ici sont bien
plus présents les sentiments positifs, d’abord exprimé par le mot « contente » et
l’épanouissement. Par exemple : « J’ai envie de profiter, de sortir. J’essaie de profiter
au maximum, même si on n’a pas le temps à tout faire. Je suis quelqu’un de très
optimiste, épanouie » (Khi² = 15) ; « J’ai mal à la tête. Je suis fatiguée. Je suis
contente car je me marie cette année » (Khi² = 11).
La troisième classe (26 % des UCE classées) porte sur le vécu quotidien. Présent
dans cette classe un sentiment de bien-être « aujourd’hui » ainsi que, parfois, des
énervements. Par exemple : « Tout bien, tout se passe bien. Ma vie sentimentale,
professionnelle. Les choses s’imbriquent bien pour moi aujourd’hui » (Khi² = 11) ;
Résultats 212

« Je me sens bien aujourd’hui. J’ai plein de projets en tête. J’espère pouvoir tous les
réaliser » (Khi² = 11) ; « Je suis de mauvaise humeur. Je suis un peu énervée
aujourd’hui » (Khi² = 7).

Tableau 5-20
Classement de Corpus 1 pour les témoins
Classe 1 Khi² Classe 2 Khi² Classe 3 Khi²
stress+ 23 content+ 19 aujourd’hui 50
heur+eux 11 tête+ 10 vie+ 15
tendu+ 10 épanou+ir 6 énerv+er 12
jour+ 12
chose+ 5
sens 5

Classe 4 Khi² Classe 5 Khi²


vendredi+ 37 temps 22
soir+ 24 manque+ 18
être 16 mang+er 13
vouloir. 14 fait 11
hâte+ 12 *IMC_Plus30 10
vacance+ 9 mère+ 5
repos+er 7 amus+er 5
triste+ 5
impression+ 5

La quatrième classe (15 % des UCE classées) porte sur l’espoir et l’avenir à court
terme. Nous retrouvons d’abord l’envie d’être déjà ce « soir » ou en fin de semaine
(« vendredi ») pour pouvoir se reposer. Aussi, l’hâte d’être quelque part (par ex. en
vacances). Par exemple : « J’aimerais que ce test se termine. J’ai un peu sommeil. Je
dois encore travailler mon évaluation de vendredi. J’aimerais bien avoir un peu de
vacances » (Khi² = 16) » ; « J’ai envie de me reposer en vacances au soleil. J’ai hâte
de retrouver ce soir mon petit chien et mon ami. Je suis perdue par rapport à mon
avenir » (Khi² = 15).
La cinquième classe (19 % des UCE classées) porte sur les impressions et le vécu.
Nous retrouvons d’abord la conception du temps et la manque (du partenaire, d’un
parent, les activités sportives, etc.). Par exemple : « Je suis en pleine forme. Je suis
impatiente de rentrer chez moi. J’ai l’impression de perdre mon temps. Je suis en
manque de sexe » (Khi² = 27) ; « Je suis fatiguée. Cette journée de cours m’a paru
sans fin. J’ai envie de prendre de l’air. Mon fiancé me manque. J’ai trop mangé ces
Résultats 213

derniers temps » (Khi² = 18). Les femmes avec un indice de masse corporelle
supérieur à 30 sont caractéristiques de cette classe.

d. Sous-groupe d’anorexiques restrictives

Le rapport d’analyse ALCESTE porte sur 66 % d’unités de contexte élémentaires


et retient quatre classes (Tableau 5-21).

Tableau 5-21
Classement de Corpus 1 pour les anorexiques restrictives
Classe 1 Khi² Classe 2 Khi² Classe 3 Khi² Classe 4 Khi²
faire. 18 pens+er 25 phy+16 26 heur+eux 56
ennu+yer 15 mang+er 25 déprim+er 21 mois 42
confi+ant 15 ressentir. 16 sens 19 guér+ir 41
partir. 14 nourriture+ 13 triste+ 16 sur+ 35
seulement 11 semaine+ 12 corps 16 pouvoir+ 22
proche+ 11 fier+ 11 anxi+eux 14 import+ant 21
assez 10 sentir. 11 chang+er 13 bonne+ 21
détendre. 10 essa+yer 11 mourir. 13 hâte+ 21
trouv+er 10 obsess+ion 11 *Age_Moins22 10 hôpita+l 18
manque+ 10 difficile+ 10 mal 9 *Pathologie_Boul 16
peu 8 aliment< 9 gros+ 9 norma+l 13
occup+er 8 dernier+ 9 seul+ 9 accept+er 13
entourage< 8 nerv+eux 8 retrouv+er 11
autre+ 8 incompris+ 8 conscienc+e 10
moche+ 8 tenir. 8
angoiss+er 7 passe 8
content+ 7 souhait< 8
inuti+l 7 humeur+ 8
oppress+ion 7 jamais 8
peau+ 7 support+er 8
image+ 7 petit+ 8

La première classe (27 % des UCE classées) porte sur le vécu quotidien des
patientes, en particulier, leur vécu à l’hôpital, leur vécu quotidien et de leur vécu
émotionnel et physique. Nous retrouvons ici d’un part, l’ennuie et les difficultés de
détente et, de l’autre part, la confiance et le soutien ou manque des proches. Par
exemple : « Sentiment de confiance pour la confiance que me font les personnes les
plus proches à l’extérieur » (Khi² = 36) ; « Et puis on perd tout contact avec
l’extérieur : ses proches, son travail. J’ai tendance à m’ennuyer » (Khi² = 29).
Résultats 214

La deuxième classe (31 % des UCE classées) porte sur l’état émotionnel. Dans
cette classe on y retrouve d’une façon marquante leur vécu et état émotionnel, tel que
les pensées liées à la nourriture et aux obsessions alimentaires ainsi que le ressenti du
manger. Par exemple : « Je n’ai pas peur de ressentir du plaisir à manger tout en
sachant qu’il faut garder un équilibre alimentaire et manger de tout tous les jours ou
réparti sur une semaine » (Khi² = 33) ; « Bref, cette obsession de la sonde et de la
nourriture dont je n’ai même pas le droit de profiter, envahit mon esprit et m’empêche
de penser objectivement à ma vie, à mon avenir » (Khi² = 14). Une sérénité qui apaise
leurs angoisses en même temps que nous retrouvons des peurs liées aux
réintroductions alimentaires qui commencent à procurer un peu de plaisir.
La troisième classe (29 % des UCE classées) porte sur l’humeur négative. Cette
classe est caractérisée par une humeur négative reliée à la déprime, à la tristesse, aux
changements corporels et la forme physique, et l’anxiété associée au sentiment d’être
grosse. Plusieurs phrases tournent autour du vécu et de la perception difficile de leur
corps. Par exemple : « Déprimée. Triste. Obsédée par mon poids et mon image.
Obligée de faire des efforts. Dépressive. Besoin d’aide. Perdue. Exclue. Paumée.
Différente. Envie de mourir. Mal aimée. Incomprise. Seule. Prise dans un guet-
apens » (Khi² = 15) ; « En un mot, je me sens super déprimée, je me sens mal, mal
dans ma peau. Je sens que mon corps a changé et ça me change, me perturbe, me
trouble » (Khi² = 13). Dans cette classe, une tranche d’âge particulière est également
présente, celle des moins de 22 ans.
La quatrième classe (13 % des UCE classées) porte sur le bonheur. Nous
retrouvons des sentiments de bonne humeur, et une certaine positivité, telle que la
volonté de guérir et un relatif optimisme par rapport à la guérison. Une certaine sûreté
est aussi présente, soit en soi-même soit par rapport à la guérison. Tout en ne niant pas
la difficulté d’être hospitalisée, ainsi qu’une joie de vivre et une bonne humeur qui
était absente depuis longtemps. L’envie de se soigner est bien présente malgré le fait
qu’elles semblent mal supporter la dépendance au personnel soignant, tout en
exprimant en même temps de la confiance vis-à-vis des spécialistes, ainsi que l’envie
de reprendre une vie normale. Par exemple : « Je suis sûre de vouloir et de pouvoir
guérir. Je suis un peu plus optimiste sur mon avenir et j’ai hâte de pouvoir reprendre
une vie normale avec les autres » (Khi² = 29) ; « Pour être honnête, le fait de ne pas
avoir pris trop de poids m’a rassuré même si je veux les reprendre ça reste dur à
Résultats 215

accepter et comme ce matin, j’avais pris mais pas trop ça m’a mise de bonne humeur.
Même si j’ai bien conscience que ça n’aurait pas dû ! » (Khi² = 23). La pathologie
boulimique est caractéristique de cette classe.

e. Sous-groupe d’anorexiques/boulimiques

Le rapport d’analyse ALCESTE porte sur 52 % d’unités de contexte élémentaires


et retient quatre classes (Tableau 5-22).

Tableau 5-22
Classement de Corpus 1 pour les anorexiques/boulimiques
Classe 1 Khi² Classe 2 Khi² Classe 3 Khi² Classe 4 Khi²
personnel+ 18 plein+ 40 peur+ 23 triste+ 32
pati+ent 14 positi+f 34 aller. 11 déprim+er 31
*Évaluation_1 11 calm+ 28 dur+ 11 coupable+ 19
fait 10 aujourd’hui 22 peau+ 11 nulle 15
problem< 9 humeur+ 22 prendre. 10 concentr+er 15
service+ 9 forme+ 22 gross+ir 9 vide+ 15
*IMC_Moins14 7 réflech+ir 17 vouloir 8 anxi+eux 15
confi+ant 6 idée+ 17 poids 8 angoiss+er 13
malade+ 5 chose+ 16 vivre. 6 sens 12
personne+ 5 détendre. 12 faire. 6 incompris+ 11
pos+er 12 monde+ 5 laid+ 11
bien 9 *IMC_Entre25/29 11
bonne+ 8 mal 5
heur+eux 6 gros+ 5
serein+ 6
tranquil+e 6
cuisse+ 6

La première classe (26 % des UCE classées) porte sur le vécu à l’hôpital. Dans
cette classe les patientes évoquent et parlent de leur vécu à l’hôpital, notamment le
personnel, et ceci surtout d’une façon négative et teintée d’une émotion forte liée à
l’enfermement et au manque d’activité physique. Des difficultés liées à la présence des
autres patientes, vécues comme déstabilisantes, mais elles sont également motivées
pour l’hospitalisation et ce que cela pourra permettre. Par exemple : « Je me sens très
mal. Je me sens désespérée. J’ai l’impression que même le personnel du Service ne me
comprend pas. Je n’ai pas confiance. » (Khi² = 22) ; « L’ambiance du Service est
pesante. Je suis sensible aux remarques désobligeantes de certaines patientes. Le lieu
est propice aux ragots. Je ne supporte pas la versatilité de certains soignants.
Résultats 216

L’enfermement me pèse. Le manque d’activité physique devient insupportable »


(Khi² = 17). La première évaluation est bien caractéristique de cette classe.
La deuxième classe (16 % des UCE classées) porte sur l’humeur positive. Dans
cette classe les anorexiques/boulimiques décrivent leur vécu émotionnel de cette
période. Elles parlent de calme, de positivité, de bonne humeur, de pleine forme, etc.
Par exemple : « Aujourd’hui, je me sens en pleine forme, les idées positives. Je me
sens calme, détendue, sereine, je me sens en sécurité, en sûreté et en bonne
compagnie » (Khi² = 56) ; « Je me sens bien moralement mais je n’accepte pas mon
corps. Je suis positive. Je suis calme, tranquille. Je sens que j’ai confiance en moi, je
me sens posée, pondérée, réfléchie, bonne humeur, aimable » (Khi² = 25).
La troisième classe (37 % des UCE classées) porte sur le vécu négatif. Ici
apparaissent bien clairement des craintes : la peur de retomber dans l’anorexie, la
difficulté de reprendre du poids, la peur de grossir, la difficulté de voir leurs corps
changer ainsi qu’un sentiment de malaise par rapport à leurs corps. Par exemple : « Je
me sens fatiguée et fatigable. Je suis très ambivalente car je sais que je dois prendre
du poids pour aller mieux, mais en même temps j’ai peur de grossir » (Khi² = 14) ;
« Je me sens trop forte, cuisses, ventre, seins, joues, et je me trouvais beaucoup plus
jolie à 45 kg. Je ne veux pas prendre du poids encore ; je préfère en perdre. Mais je
vais tout faire pour stabiliser mon poids à 50 kg, parce que je sais que c’est un
minimum pour pouvoir bien fonctionner » (Khi² = 12).
La quatrième classe (26 % des UCE classées) porte sur l’émotion négative. Des
sentiments négatifs prédominent dans cette classe, particulièrement la tristesse, la
déprime, la culpabilité ainsi que leur état psychologique : l’irritabilité, l’anxiété, la
démotivation, la laideur, l’angoisse, la vide intérieur, la fatigue, la solitude, et le
sentiment d’impuissance. Par exemple : « Je me sens triste. Je me sens irritable. Je me
sens anxieuse. Je me sens nulle. Je me sens démotivée. Je me sens prisonnière. Je me
sens envahissante. Je me sens lourde. Je me sens contrariée. Je me sens grosse. Je me
sens laide. Je me sens inutile » (Khi² = 32) ; « Je me sens vide intérieurement. Je me
sens angoissée. Je me sens gonflée après les repas. Je ne me sens pas triste. Je me
sens coupable. » Représentatives de cette classe les patientes ayant un indice de
masse corporelle situé entre 25 et 29.
Résultats 217

2. Deuxième question (Corpus 2)

« J’aimerais que vous me disiez comment vous percevez votre corps »

a. L’ensemble de patientes et témoins

Le rapport d’analyse ALCESTE porte sur 63 % d’unités de contexte élémentaires


et retient sept classes (Tableau 5-23).
La première classe (21 % des UCE classées) porte sur le vécu corporel. Nous
retrouvons ici l’acceptation autour du corps et la reprise du poids, vécue comme un
progrès, ainsi que le plaisir à redécouvrir des formes féminines. Par exemple : « Le fait
qu’il y ait des filles de mon âge qui ont un poids normal qui viennent me parler,
infirmières, externes, m’aide à me tirer vers le haut et à me rendre compte de ce que je
veux devenir physiquement parlant » (Khi² = 33) ; « Nettement mieux dans mon corps
et dans ma tête. J’ai un poids quasi-normal, égal plus facile à vivre. J’ai un physique
plus adapté à mon âge » (Khi² = 25). Cette classe est caractérisée par le groupe des
patientes.
La deuxième classe (15 % des UCE classées) porte sur la perception corporelle
négative. Elle est caractérisée par une perception du corps qui est empreinte de
négativité : maigre, fatiguée, difforme, moche. Un corps qui est vécu comme fragile, et
difficile de regarder dans le miroir/la glace. Par exemple : « La perception de mon
corps est vicieuse : j’ai conscience d’être maigre, et laide, car je trouve
esthétiquement la maigreur moche. C’est une raison majeure de ma demande d’aide
via l’hospitalisation, redevenir jolie » (Khi² = 27) ; « Mon corps est fragile. Je me sens
forte et puissante comme avant, mais je constate que la réalité est bien différente. Mon
corps fatigue plus vite que celui des autres » (Khi² = 26).
La troisième classe (13 % des UCE classées) porte sur la perception positive et
négative du corps. Nous retrouvons le sentiment d’aimer les cheveux, les pieds et les
mains et de ne pas aimer les poignées d’amour. Par exemple : « J’ai des beaux yeux.
Je n’aime pas mon nez. Je n’aime pas mes poignées d’amour. J’ai des mains de
nounous. J’aime bien mes cheveux » (Khi² = 67) ; « Mon corps est trop gros. Mes
cheveux ne me plaisent pas. J’aime mes yeux. Mes ongles sont trop rongés »
(Khi² = 37). Cette classe est très représentative du groupe de témoins. Elle est
représentée avant tout par le groupe des témoins ainsi que par la première évaluation et
caractérisée par un indice de masse corporelle compris entre 19 et 24.
Résultats 218

Tableau 5-23
Classement de Corpus 2 pour l’ensemble de patientes et témoins
Classe 1 Khi² Classe 2 Khi² Classe 3 Khi² Classe 4 Khi²
accept+er 61 maigr+ 79 *Groupe_Témoin 86 dernier+ 35
vivre. 42 force+ 47 cheveu+ 78 soin+ 29
angoiss+er 27 fatigue+ 41 pied+ 65 vêtement+ 28
essay+er 23 esprit+ 28 main+ 52 gross+ir 24
étrang+er 19 regard+er 25 aim+er 49 taille+ 22
féminin+ 19 miroir+ 25 *Évaluation_1 38 prendre. 21
poids 17 pens+er 22 amour+ 32 idéa+l 17
norma+l 16 effray+er 22 poignée+ 32 changement+ 17
forme+ 16 percepti< 22 yeux 29 sentir. 17
dur+ 15 glace+ 18 ongle+ 26 mang+er 16
adolesc+ent 15 constat+er 17 nez 25 envi+e 16
prise+ 15 cr+eux 17 *IMC_Entre19/24 23 peur+ 15
reprendre. 14 arriv+er 15 grand+ 21 parfait+ 15
*Groupe_Patiente 13 phys+16 14 cheville+ 13 pouvoir+ 15
malade+ 12 conscienc+e 12 visage+ 12 dépass+er 12
parl+er 12 perdre. 11 arrêt+er 12
rendre. 12
exist+er 12

Classe 5 Khi² Classe 6 Khi² Classe 7 Khi²


cuisse+ 75 hid+eux 35 graiss+e 138
fesse+ 56 enfl+er 35 dos 61
hanche+ 43 regard+er 35 plein+ 55
large+ 34 énorm+e 30 muscle+ 41
commenc+er 29 laid+ 28 bourrelet+ 37
poitrine+ 20 gras+ 28 jambe+ 23
gros+ 20 côte+ 26 voir. 20
sein+ 16 ballon+ 26 peau+ 17
trouv+er 13 flasque+ 24 ferme+ 16
ventre+ 12 glace+ 22 fin+ 16
proportionné+ 12 mince+ 22 mou+ 16
impression+ 10 support+er 21 ventre+ 15
maigr+ir 10 difform+16 21 niveau+ 14
apparaître. 10 partie+ 19 horreur+ 12
bras 7 disgraci+eux 19 estomac+ 12
silhouette+ 7 joue+ 19 *Évaluation_2 10
cellulite 6 ressembl+er 18 cellulite 8
tous 8

La quatrième classe (15 % des UCE classées) porte sur la peur corporelle.
Présente dans cette classe la peur des derniers kilos et de se voir grossir, de ne plus
pouvoir porter des vêtements à la bonne taille et de prendre soins du corps. Dans le
même temps un sentiment de bien-être dû au fait de se voir récupérer des formes
Résultats 219

féminines. Il y a également le constat et l’acceptation du fait que le corps ne sera


jamais parfait. Par exemple : « J’ai peur de me voir continuer à grossir. J’ai beaucoup
de mal à m’accepter mais j’espère qu’avec le temps cela ira mieux. Une fois sortie, je
vais m’occuper de mon corps pour le remuscler et faire un travail sur mon image
corporelle » (Khi² = 33) ; « Sauf par le fait que je me veste faible et que mes vêtements
ballent. J’en ai assez aussi de ne plus avoir des vêtements à ma taille et j’en ai assez
de ne plus prendre soins de moi et de mon corps, plus envie de se maquiller » (Khi² =
28).
La cinquième classe (17 % des UCE classées) porte sur la perception corporelle
négative liée aux rondeurs. Le sentiment d’être grosse est bien présent dans cette
classe, surtout focalisé autour des cuisses, des fesses, et des hanches. Par exemple :
« Je trouve que mes cuisses et mes hanches sont trop grosses et larges » (Khi² = 24) ;
« Je me sens si grosse. Je focalise sur mes fesses, mes cuisses, mon ventre, mes
hanches. Je trouve mon visage trop rond. Je suis courte sur patte » (Khi² = 23).
La sixième classe (10 % des UCE classées) porte sur le regard corporel négatif.
La perception du corps est très négative aussi dans cette classe, vécu avant tout comme
hideux, enflé, et énorme. Du même genre les adjectifs, laid, gras, ballonné flasque,
difforme et disgracieux sont également présents. Par exemple : « Gros. Difforme.
Flasque. Disgracieux. Imposant. Lourd. Gênant. Disproportionné. Horrible »
(Khi² = 51) ; « Enflé. Gonflé. Hideux. Énormes joues. Grosses cuisses. Gros ventre.
Gros bras. Pas agréable à regarder. Laide. Pas assez mince, voire grosse. Gros
mollets. Bourrelets au niveau de la taille. Boursouflée. La plus grosse du Service »
(Khi² = 49).
La septième classe (9 % des UCE classées) porte sur le corps et le gras. Le mot
« graisse » caractérise singulièrement cette classe. Nous retrouvons aussi dans la
classe une perception d’un corps moins musclé et plein de bourrelets. Par exemple :
« Je vois mon corps remplit de graisse, les bourrelets au niveau du ventre et je sens
mes muscles diminués, moins toniques par le manque d’activité » (Khi² = 43) ; « Mes
muscles fondent et la graisse les remplace. Je vois de la peau molle, flasque, pas ferme
pas lisse. Mais j’ai moins de graisse qu’il y a quelques mois » (Khi² = 40). Cette classe
est aussi faiblement caractérisée par la deuxième évaluation.
Résultats 220

b. Groupe de patientes

Le rapport d’analyse ALCESTE porte sur 66 % d’unités de contexte élémentaires


et retient quatre classes (Tableau 5-24).
La première classe (54 % des UCE classées) porte sur le corps et le vécu. Le
poids, et notamment l’acceptation d’un poids supérieur à l’actuel, et les nouveaux
kilos, soient prises soient à arriver, sont très présents dans cette classe. Par exemple :
« Mon corps, je dirais que je ne le perçois plus ou plutôt que je le perçois trop, ou trop
mal. J’essaie de faire abstraction de la reprise du poids, du fait que les kilos vont
revenir et qu’au début, ils ne seront pas répartis harmonieusement mais qu’au bout de
quelques temps ça viendra. Mais c’est dur » (Khi² = 27) ; « Or mon contrat on veut
déjà me faire grimper à 53 kilos. Je n’y arriverai pas, ce n’est pas possible. J’ai peur
de ne pas avoir un caractère assez fort pour me battre jusqu’au bout comme les
autres » (Khi² = 22).

Tableau 5-24
Classement de Corpus 2 pour toutes les patientes
Classe 1 Khi² Classe 2 Khi² Classe 3 Khi² Classe 4 Khi²
poids 32 gras+ 39 fatigue+ 56 fesse+ 144
accept+er 24 gros+ 33 force+ 43 cuisse+ 85
faire. 12 gonfle+ 31 ressentir. 31 hanche+ 80
vivre. 11 flasque+ 30 pens+er 25 poitrine+ 80
aller. 10 ventre+ 27 conscienc+e 25 ventre+ 48
kilo+ 9 glace+ 26 miroir+ 25 bras 33
kg 7 regard+er 20 sembl+er 19 large+ 31
prise+ 6 ballon+ 20 esprit 18 rond+ 15
harmoni+e 6 disgraci+eux 19 fort+ 18 sein+ 15
début+ 6 difform+16 16 habitu< 18 visage+ 13
norma+l 6 repoussant 16 percepti< 18 reprendre. 11
mieux 6 hid+eux 16 besoin 18 rempl+ir 9
horri+ble 16 maigr+ 17 obès+e 9
os 15 vraiment 16 silhouette+ 8
ballonne+ 15 *Évaluation_1 12 mollet+ 7
énorm+e 14 phys+16 12
laid+ 13
port+er 12
repas 11
peau+ 11

La deuxième classe (20 % des UCE classées) porte sur les perceptions corporelles
négatives. Le corps est principalement perçu ici comme gras, gros, gonflé et flasque.
Résultats 221

Un corps difficile à regarder dans la glace : ballonné, disgracieux, difforme,


repoussant, hideux, horrible. Par exemple : « Gros. Difforme. Flasque. Disgracieux.
Imposant. Lourd. Gênant. Disproportionné. Horrible » (Khi² = 31) ; « Énorme.
Grosse. Bouffée. Enflée. Grosses joues. Grosses cuisses. Gros ventre. Gros bras.
Ballonnée. Moche. Pas agréable à regarder. Repoussante. Disgracieux. Corps, je ne
l’aime pas mon corps. Hideuse » (Khi² = 27)
La troisième classe (14 % des UCE classées) porte sur le vécu émotionnel autour
du corps. La perception d’abord d’un corps fatigué, sans forces ensemble à la
conscience et le ressenti de la maigreur. Par exemple : « Je me sens bien mais j’ai
conscience de ma maigreur que j’ai malheureusement l’habitude d’apprécier malgré
tout. J’ai repris des forces en vacances. Il m’est arrivé de me sentir bien, voir
normale » (Khi² = 28) ; « Fatiguée et déshydratée. Je me sens parfois trop maigre et à
d’autres moments juste mince. Mais surtout je ressens mon corps sans tonus
musculaire. Les traits du visage tirés, vieillis par l’âge bien sûr, mais surtout
prématurément par la nutrition et des déséquilibres de vie, alcool, toxicomanie aux
médocs, cigarettes, insomnies » (Khi² = 17). La première évaluation est à peine
représentative dans cette classe.
La quatrième classe (11 % des UCE classées) porte sur la perception corporelle
positive. Cette satisfaction corporelle se présente au niveau des fesses, des cuisses, des
hanches, de la poitrine et du ventre. Ces mêmes parties spécifiques du corps sont aussi
aux racines d’une insatisfaction corporelle, ainsi leurs corps les dégoûtent. Par
exemple : « J’aime ma silhouette, le fait d’être plutôt large, aux hanches, aux cuisses,
mais mince, ventre plutôt plat. J’ai l’impression que les kilos que j’ai pris se sont bien
repartis, à part encore un peu de ventre à muscler » (Khi² = 23) ; « Je me trouve un
peu moins maigre. J’ai repris des fesses. Mes cuisses sont un peu plus grasses. Ma
poitrine a légèrement augmenté. J’ai du ventre, surtout le soir. J’ai grossi au niveau
des bras. Mon visage est plus rond. Ma peau est plus belle. Je suis moins pâle »
(Khi² = 20).

c. Groupe de témoins

Le rapport d’analyse ALCESTE porte sur 24 % d’unités de contexte élémentaires


et retient trois classes (Tableau 5-25).
Résultats 222

Tableau 5-25
Classement de Corpus 2 pour les témoins
Classe 1 Khi² Classe 2 Khi² Classe 3 Khi²
muscle+ 13 fait 9 proportionné 15
*Age_Plus35 10 temps 9 *Age_Entre22/28 10
jambe+ 10 cuisse+ 9 forme+ 8
apercevoir. 7 aim+er 7 maigr+ 6
impression+ 7 bien 5
gros+ 5

La première classe (31 % des UCE classées) porte sur le vécu et la perception
corporelle. Ici beaucoup de commentaires portent sur la musculature des parties
spécifiques et précises du corps, notamment les jambes, commentaires qui ne sont pas
trop négatifs, voire parfois vaguement positifs. Par exemple : « Je perçois mon corps
comme il est. Je le perçois petit, des jambes bien musclées grâce au sport, des épaules
un peu trop carrées pour une fille mais bien quand même » (Khi² = 35) ; « Mes fesses
sont un peu pas assez musclées. Mes jambes ont des cicatrices très voyantes. Mes
oreilles ne sont pas symétriquement décollées. Je n’ai pas de tétons, sauf avec froid ou
excitation. Mes jambes sont trop longues » La tranche d’âge des plus de 35 ans est
caractéristique ici.
La deuxième classe (33 % des UCE classées) porte sur le corps et l’espoir. Les
commentaires autour du corps sont partagés ici entre la satisfaction et l’insatisfaction,
notamment au niveau des cuisses. Par exemple : « Mon corps est mieux pour l’instant,
plus à l’aise qu’auparavant. Le problème reste les cuisses et les hanches mais cela fait
partie de ma morphologie » (Khi² = 12) ; « Je ne me trouve pas moche, bien au
contraire mais depuis que j’ai arrêté de faire du sport, je faisais de l’athlétisme, tout
ce que je mange j’ai l’impression que ça se retrouve sur mes cuisses, alors que je
n’aime pas mes cuisses » (Khi² = 9).
La troisième classe (36 % des UCE classées) porte sur la perception corporelle
positive. La satisfaction et l’insatisfaction liées à un corps proportionné ou pas sont ici
bien présentes. Par exemple : « Il n’est pas trop gros, pas trop maigre. Il est bien
proportionné » (Khi² = 30) ; « Mon corps est avec des formes différentes. Mon corps
est avec des lignes différentes. Mon buste est bien proportionné. Mes hanches sont un
peu fortes » (Khi² = 12). La tranche d’âge entre 22 et 28 ans est caractéristique ici.
Résultats 223

d. Sous-groupe de patientes anorexiques restrictives

Le rapport d’analyse ALCESTE porte sur 74 % d’unités de contexte élémentaires


et retient cinq classes (Tableau 5-26).
La première classe (16 % des UCE classées) porte sur les formes corporelles.
L’impression d’un corps féminin qui les échappe est bien présent ici, ainsi que la
souffrance et l’angoisse par rapport à la féminité qui est difficilement assumé. Par
exemple : « J’ai l’impression que les trois malheureux kilos que j’ai pu reprendre sont
allés directement sur mes cuisses et surtout mon ventre et ça, ça m’angoisse » (Khi² =
14) ; « Je n’assume pas ma féminité. Je n’assume pas de me sentir désirée. Je me sens
indécente d’exister. Autant j’aime les corps féminins, les petites rondeurs, les formes ;
autant je ne peux les accepter chez moi » (Khi² = 14).
La deuxième classe (12 % des UCE classées) porte sur la perception corporelle
négative. Nous retrouvons ici une perception plus réaliste de leur corps, notamment au
niveau du visage (creux, effrayant, maigre). Ainsi la perception amoindrie des os et
des jambes et des bras squelettiques. Par exemple : « Je ne vois que des os. Mon
visage est extrêmement creux, mes bras extrêmement fins, mes cheveux ont perdu de
leur éclat. Avant je ne me considérais pas maigre, aujourd’hui je me trouve
extrêmement émaciée, maigre. Ce corps dénutri ne sera qu’un mauvais souvenir je
l’espère » (Khi² = 26) ; « Je suis encore trop maigre. Mon visage est trop marqué,
creux et je comprends que des gens puissent être effrayés en me regardant »
(Khi² = 20). Ici un indice de masse corporelle inférieur à 14 est à peine caractéristique.
La troisième classe (20 % des UCE classées) porte sur les craintes corporelles.
Nous constatons ici une présence importante de pensées, de questions,
d’interrogations, et de préoccupations liées au corps ainsi que la crainte de devenir
difforme et le regarder dans le miroir. Par exemple : « Je porte des hauts de quatorze,
seize ans ou de taille un, et des jupes, pantalons de taille trente-huit. Seuls les
vêtements amples sont pour moi confortables » (Khi² = 35) : « Je crains de devenir
difforme, obèse, repoussante. Je n’ai pas envie de formes. Pourtant je continue à
manger pour grossir car je sais c’est le seul moyen de guérir » (Khi² = 20). La
première évaluation est ici représentée.
Résultats 224

Tableau 5-26
Classement de Corpus 2 pour les anorexiques restrictives
Classe 1 Khi² Classe 2 Khi² Classe 3 Khi²
impression+ 25 visage+ 58 pens+er 20
forme+ 23 cr+eux 28 miroir+ 20
femme+ 17 cheveu+ 23 fatigue+ 16
accept+er 15 effra+yer+ 21 peau+ 14
souffrir 13 maigr+ 19 haut+ 12
féminin+ 13 plaire. 16 *Evaluation_1 12
aller. 13 jambe+ 15 fort+ 12
sentir. 11 extrêmement 15 force+ 12
meilleur+ 11 squelett+ 12 envi+e 12
manque+ 11 bras 11 pantalon+ 12
angoiss+er 7 aujourd’hui 11 squelett< 9
besoin+ 7 glace+ 11 vêtement+ 8
baleine+ 6 *IMC_Moins14 10 bien 8
fau+x 6 trouv+er 10 vouloir. 8
fille+ 6 voir. 10 phys+16 6
reprendre. 5 encore 8
à-la-fois 8
rempl+ir 8

Classe 4 Khi² Classe 5 Khi²


poids 36 cuisse+ 58
tête+ 24 ventre+ 54
prendre. 22 gros+ 25
percevoir. 21 énorm+e 24
arriv+er 20 fesse+ 24
part+ 17 hanche+ 22
différ+ent 16 gras+ 21
soin+ 13 *Évaluation_4 15
vivre. 12 poitrine+ 13
début+ 12 bras 11
falloir. 10 obséd+er 11
dur+ 8 lourd+ 11
dire+ 8 mollet+ 10
support+er 9
joue+ 9
hid+eux 9
disgraci+eux 7
gonfle+ 7
niveau+ 7
Résultats 225

La quatrième classe (20 % des UCE classées) porte sur le vécu et la perception
corporelle. Apparaissent ici des pensées qui montrent un rapport moins conflictuel au
corps qui prend du poids : il va devoir en prendre soin, le corps comme un allié, etc.
mais, en même temps, des idées liées à la perception d’un corps gros, énorme
persistent. Par exemple : « Il faut que j’apprenne à aimer ce corps et à en prendre soin
n’importe comment je crois que dans un univers hospitalier, c’est-à-dire en étant
enfermée, on ne peut pas vivre pleinement même si on se voudrait heureux ce n’est pas
évident à rendre mais on s’y fait » (Khi² = 25) ; « Je recommence à percevoir mon
corps comme un allié, certes exigeant, mais non plus comme un ennemi dont il faut
prendre soin » (Khi² = 23).
La cinquième classe (32 % des UCE classées) porte sur la perception corporelle.
Bien présente dans cette classe : l’image négative liée surtout aux cuisses et au ventre,
perçus comme gros et énormes. D’autres parties du corps telles que les fesses, les
hanches, la poitrine, les bras, les mollets et les joues sont aussi supportées
difficilement étant grasses et gonflées. Par exemple : « Enflé, gonflé, hideux. Énormes
joues, grosses cuisses, gros ventre, gros bras. Pas agréable à regarder, laide pas
assez mince, voire grosse. Gros mollets, bourrelets au niveau de la taille. Boursouflée,
la plus grosse du Service, la plus lourde » (Khi² = 30) ; « Lourd. Enflé. Gros bras.
Cuisses énormes. Gros ventre. Hideux. Gras. Repoussant. Pas séduisant. Grosses
joues. Énorme. Désagréable à voir. Pieds enflés. Gros mollets. Pas attirant » (Khi² =
29). La quatrième évaluation est représentative de cette classe.

e. Sous-groupe de patientes anorexiques/boulimiques

Le rapport d’analyse ALCESTE porte sur 44 % d’unités de contexte élémentaires


et retient cinq classes (Tableau 5-27).
La première classe (24 % des UCE classées) porte sur l’espoir et le corps. Le
corps a une place importante dans cette classe : le sentiment d’un corps normal, un
corps qui permet de se sentir à l’aise et en harmonie suite à la reprise de poids. Par
exemple : « Je n’arrive pas à croire que c’est un poids normal. Cela me semble
beaucoup trop » (Khi² = 17) ; « Je sens que j’ai un corps normal, plus de quelqu’un
qui serait malade, qui ne suscite pas de regards de la part des gens. Je me dis que mon
corps est mon véhicule de vie ; je dois apprendre à vivre avec car c’est grâce à lui que
je vais pouvoir m’épanouir, me réaliser » (Khi² = 12).
Résultats 226

Tableau 5-27
Classement de Corpus 2 pour les anorexiques/boulimiques
Classe 1 Khi² Classe 2 Khi² Classe 3 Khi²
sens 19 kilo+ 21 faire. 23
aise+ 16 dépass+er 15 *Pathologie_TPers 12
norma+l 15 fatigue+ 15 *IMC_Moins14 11
poids 15 peur+ 15 accept+er 10
reprendre. 13 image+ 15 aller. 7
harmoni+e 13 prendre. 13 mal. 6
aujourd’hui 10
vivre. 10
accept+er 6
mieux 6
maigr+ 5

Classe 4 Khi² Classe 5 Khi²


graiss+e 52 petit+ 39
muscle+ 26 bras 21
voir. 19 fesse+ 20
*Pathologie_Aucune 19 grand+ 16
bourrelet 18 cuisse+ 16
plein+ 18 visage+ 12
mou+ 13 plat+ 12
os 13 jambe+ 9
*Diagnostic_B 12 ferme+ 8
ventre+ 9 taille+ 6
act+ion 8
niveau+ 8
lourd+ 7
disgraci+eux 5
joue+ 5

La deuxième classe (22 % des UCE classées) porte sur les peurs corporelles. Les
derniers kilos sont très présents dans cette classe, ainsi que la peur de dépasser l’indice
de masse corporelle de sortie. Par exemple : « J’ai peur de dépasser l’IMC de 20. J’ai
peur de prendre trop de poids. J’ai peur de ne plus pouvoir entrer dans une taille 38 »
(Khi² = 22) ; « Au niveau de mon image corporelle habillée, je me trouve bien car j’ai
récupéré des formes et je peux les mettre un peu en valeur. Mais il me reste 3 kilos à
prendre et j’ai assez peur de ces derniers kilos car je me demande où est-ce qu’ils vont
se loger mais il faut s’y faire » (Khi² = 20).
Résultats 227

La troisième classe (14 % des UCE classées) porte sur le vécu émotionnel autour
du corps. Le mot « faire » caractérise cette classe : ce qu’elles ont dû faire pour y
arriver, ce qu’elles aimeraient faire et ce qu’elles peuvent faire. Un corps qui est perçu
parfois comme un don ; d’autres fois comme une voiture sans carburant à contrôler et
faire fonctionner. Par exemple : « Au début, cela a été très dur de l’accepter et de s’y
faire mais ça va nettement mieux. Et de voir le gens me rassuraient sur le fait que je
suis très bien et belle comme ça » (Khi² = 28) ; « Cette dissociation est assez pénible
car elle entraîne des conflits entre ce que je voudrais faire et serait bien pour lui et ce
qu’il accepte de faire » (Khi² = 27). Les troubles de la personnalité et un indice de
masse corporelle à moins de 14 sont aussi représentés dans cette classe.
La quatrième classe (19 % des UCE classées) porte sur la perception corporelle
négative. Le corps dans cette classe est vécu avant tout comme plein de graisse et de
bourrelets et ayant perdu des muscles. Par exemple : « Mon corps est lourd, mon corps
est plein de graisse, mon corps est trop volumineux, mon corps est mou, mon corps est
disgracieux, mon corps a perdu des muscles. Mes joues ont grossi, mes os se voient
beaucoup moins. Mon corps ressemble à une boule, ma peau fait plein de plis de
graisse » (Khi² = 41) ; « Je vois mon corps remplit de graisse, les bourrelets au niveau
du ventre et je sens mes muscles diminués, moins toniques par le manque d’activité »
(Khi² = 19) L’absence de pathologies spécifiques ainsi que le diagnostic de boulimie
sont également représentatifs de cette classe
La cinquième classe (20 % des UCE classées) porte sur la perception corporelle,
qui reste très présente. Notamment nous retrouvons la perception d’un corps, ou plutôt
des parties du corps telles que les bras, les fesses, les cuisses et le visage, qui se
transforment tout en restant petit ou pas assez volumineux, voire mal proportionné. Par
exemple : « Ma silhouette se transforme. Ma taille s’épaissit, mes cuisses ont pris du
volume, mes bras commencent à ressembler à des bras, mon visage est beaucoup
moins creux, mes seins commencent à pointer. Les cellules adipeuses, à mon grand
soulagement, ne sont pas apparues » (Khi² = 25) ; « Mes bras et mes jambes n’ont pas
assez de volume. Ils n’ont pas de forme. Mes épaules sont trop petites et elles sont
encore bien enroulées mais moins qu’avant » (Khi² = 13).
Résultats 228

3. Troisième question (Corpus 3)

« J’aimerais que vous me disiez ce que c’est qu’un bon aliment pour vous »

a. L’ensemble de patientes et témoins

Le rapport d’analyse ALCESTE porte sur 71 % d’unités de contexte élémentaires


et retient quatre classes (Tableau 5-28).

Tableau 5-28
Classement de Corpus 3 pour l’ensemble de patientes et témoins
Classe 1 Khi² Classe 2 Khi² Classe 3 Khi² Classe 4 Khi²
plaisir+ 65 apport+er 91 légume+ 201 couleur+ 59
aim+er 34 corps 89 fruit+ 179 goût+ 33
mang+er 24 essenti+el 42 viande+ 90 odeur+ 29
prendre. 21 besoin+ 42 poisson+ 87 chaud+ 27
donn+er 20 organ+16 41 laitage+ 45 joli+ 26
peur+ 18 élément+ 35 yaourt+ 45 belle+ 24
temps 17 fonctionnement+ 29 pain+ 39 sentir. 21
envi+e 17 fonctionn+er 28 féculents 36 facile+ 19
chocolat< 16 vitamine+ 27 vert+ 34 attir+er 17
mauvais+ 15 nutriment+ 25 lipid+ 33 texture 16
fait 15 nécessaire+ 22 glucid+ 33 cher+ 13
*Age_Entre22/28 14 énerg+16 20 fromage+ 30 naturel+ 13
culpabilité 12 transform+er 14 bon+ 27 qualité+ 13
savour+er 12 act+ion 13 vapeur+ 26 cuisin+er 13
aller. 12 industri< 11 blan+14 22 différ+ent 13
pouvoir. 12 nutriti+f 11 œufs 18 doux 12
équilibre+ 10 modérat+ion 18 cru+ 12
eau+ 17 color+er 12
rouge< 17

La première classe (30 % des UCE classées) porte sur le vécu alimentaire. Nous
retrouvons principalement ici l’aliment qui procure du plaisir en le mangeant et qui
donne envie à prendre le temps à le savourer. Un aliment que ne fait ni peur ni se
culpabiliser. Par exemple : « Avoir du plaisir à le manger. Prendre du temps à
savourer cet aliment, le déguster. Un aliment qui me fait penser à ma gourmandise »
(Khi² = 23) ; « Un bon aliment me procure du plaisir et pas de culpabilité. Un bon
aliment va me donner de la joie à le manger, pas de la peur » (Khi² = 15).
Représentative ici est la tranche d’âge entre 22 et 28 ans.
La deuxième classe (29 % des UCE classées) porte sur la fonction alimentaire.
Revient ici singulièrement la notion de l’apport nutritionnel, les éléments essentiels
Résultats 229

dont le corps et l’organisme ont besoin. Par exemple : « Aliment sain qui ne pèse pas
trop lourd dans le ventre, qui apporte des éléments nutritifs nécessaires à
l’organisme : calcium, vitamines, énergie, minéraux, lipides pour que le corps, et
l’esprit, puissent fonctionner correctement » (Khi² = 21) ; « Un bon aliment est sain,
issue de produits naturels, le moins transformé industriellement possible. Il apporte le
nécessaire à l’organisme pour fonctionner, de produire l’énergie évitant un maximum
la production de déchets nocifs » (Khi² = 16).
La troisième classe (18 % des UCE classées) porte sur les aliments et leurs
calories. Le bon aliment ici est surtout perçu comme un légume et/ou un fruit, souvent
une viande (blanche) ou un poisson (maigre), parfois un laitage ou un yaourt. Sa
valeur énergétique est très importante ; il ne doit pas être riche et mangé d’une façon
équilibrée (lipides, glucides, vitamines, etc.). Par exemple : « Fruit, légume vert.
Valeur énergétique de 50 kcal pour 100 g. Cuit à la vapeur. Sans sauce. Gorgé d’eau.
Cuit à l’étouffe. Poisson maigre. Riches en protéines, très pauvre en lipides. Teneur en
protéines, teneur en glucides et lipides. Non bourratif » (Khi² = 43) ; « Aliment groupe
corps gras. Légumes cuits à la vapeur, si cuisson. Fruits, pas avec grande teneur
sucres ni lipides. Laitage 0 % et sans sucre ajouté. Taux protéines élevé et taux
glucides et lipides si aliment appartenant groupe viande, poisson » (Khi² = 39).
La quatrième classe (23 % des UCE classées) porte sur l’alimentation et le plaisir.
Dans cette classe le bon aliment est vu surtout selon sa belle couleur, son goût et son
odeur agréable. Il faut également qu’il soit savoureux. Par exemple : « Sa saveur et sa
texture sont appréciables. Il est facile à mâcher et à avaler. Il est naturel ou cuisiné,
préparé. Mode à mon goût et joliment présenté » (Khi² = 29) ; « Bon égal bon goût.
Bonne présentation. Bonne odeur. Peu sucré, peu gras. Sain, naturel, cuit sans
matière grasse ou peu. Belle couleur » (Khi² = 25).

b. Groupe de patientes

Le rapport d’analyse ALCESTE porte sur 72 % d’unités de contexte élémentaires


et retient six classes (Tableau 5-29).
La première classe (13 % des UCE classées) porte sur la perception du bon
aliment. Dans cette classe revient particulièrement la notion de plaisir, l’aliment qui
est bon sur le plan gustatif, et qui ne procure pas de la culpabilité. Par exemple : « Un
bon aliment procure du plaisir, de l’envie. La notion de bon est là associée au plaisir
Résultats 230

gustatif, aux émotions qu’il peut provoquer » (Khi² = 24) ; « Un bon aliment peut
avoir deux significations. Il peut être bon parce que l’on apprécie sur le plan gustatif ;
si on est plutôt salé, un bon aliment va être un bon camembert, des gâteaux apéritifs,
de la charcuterie » (Khi² = 24).

Tableau 5-29
Classement de Corpus 3 pour toutes les patientes
Classe 1 Khi² Classe 2 Khi² Classe 3 Khi²
plaisir+ 67 légume+ 153 prépar+er 53
gustati+f 54 fruit+ 131 couleur+ 38
culpabilité 30 poisson+ 73 joli+ 37
aller. 22 yaourt+ 45 *Age_Entre29/34 28
savour+er 20 viande+ 43 bre+f 27
sens 20 pain+ 40 attir+er 27
mang+er 16 fromage+ 36 mach+er 21
avant 15 laitage+ 31 aim+er 21
plan+ 14 lipid+ 31 doux 21
bon 13 glucid+ 31 façon+ 19
procur+er 12 féculents 27 facile+ 18
import+er 10 vapeur+ 26 différ+ent 18
appréci+er 6 protéin+ 23 mettre. 16
gout+ 4 vert+ 21 gout+ 16
calcium 21 delic+e 16
lent+ 21 regard+ 16
bon+ 19 color+er 16
blan+ 18 repas 16
œufs 18 pate+ 13

Classe 4 Khi² Classe 5 Khi² Classe 6 Khi²


sucr+e 57 corps 68 chocolat< 56
gras+ 45 besoin+ 50 culpabilis+ 35
gross+ir 44 apport+er 48 frustr+er 27
calori+ 33 organ+16 36 peur+ 20
poids 21 essenti+el 36 bon+ 19
*IMC_Entre25/29 18 fonctionn+er 30 vrai+ 18
léger+ 18 énerg+16 25 faire. 14
estomac+ 16 élément+ 24 mauvais+ 14
pes+er 12 vitamin+e 22 *Age_Entre22/28 12
fait 12 nutriment+ 17 moment+ 12
*Groupe_A/B 11 nécessaire+ 15 jour+ 10
malade+ 9 act+ion 13 consomm+er 10
trop 8 industri< 11 trouv+er 8
fourn+ir+ 11
procur+er 10
Résultats 231

La deuxième classe (19 % des UCE classées) porte sur les aliments. Le bon
aliment ici est surtout perçu comme un légume et/ou un fruit, souvent un poisson
(maigre), parfois un yaourt ou une viande (blanche). Nous retrouvons ici la notion
d’alimentation équilibrée (lipides, glucides, protéines, etc.) par rapport à la valeur
énergétique. Par exemple : « Fruit. Légume vert. Valeur énergétique 50 kcal par 100
g. Cuit à la vapeur. Sans sauce. Gorge d’eau. Cuit à l’étouffe. Poisson maigre. Riche
en protéines. Très pauvres en lipides. Teneur en protéines, teneur en glucides et
lipides. Non bourratif » (Khi² = 72) ; « Aliment ? Aliment groupe corps gras.
Légumes cuit à la vapeur, si cuisson. Fruits, pas avec grande teneur sucres ni lipides.
Laitage 0 % et sans sucre ajouté. Taux protéines élevé et taux glucides et lipides si
aliment appartenant groupe viande, poisson » (Khi² = 52).
La troisième classe (16 % des UCE classées) porte sur les aliments et leur cuisine.
L’aliment ici est abordé par rapport à sa préparation (avec amour, facile et de
différentes façons, son aspect (sa couleur, son joli regard), et par rapport à sa texture
(facile à mâcher ou avaler). Par exemple : « Enfin, c’est un aliment naturel mangé tel
quel ou cuisiné. Préparé avec amour, accommodé à son goût et joliment présenté. La
cuisine, c’est comme on aime. En bref, un bon aliment est un aliment qu’on aime pour
son goût et sa texture. On se l’est approprié » (Khi² = 43) ; « Un aliment facile à
préparer, un aliment qui peut se préparer de différentes façons. Un aliment qui se
partage. Un aliment que l’on trouve facilement » (Khi² = 29). La tranche d’âge entre
29 et 34 ans est très représentatif ici.
La quatrième classe (14 % des UCE classées) porte sur les fonctions de l’aliment.
Le bon aliment ici est représenté comme non sucré, non gras et ne faisant pas grossir.
Il est léger, peu calorique ainsi qu’il ne pèse pas sur l’estomac. Par exemple : « Un
aliment bon est un aliment nécessaire. Un aliment bon ne fait pas grossir. Un aliment
bon n’est pas gras. Un aliment bon est léger » (Khi² = 20) ; « Il ne faut pas qu’il soit
trop gras, huileux, ni trop sucré. Mais je pense que si je dis ça, c’est qu’aussi, selon
moi, il ne doit pas être lui, une source de prise de poids car j’imagine que ça
signifierait qu’il n’est pas bon à manger » (Khi² = 20). Un indice de masse corporelle
entre 25 et 29 est représentatif ici ainsi que le groupe d’anorexiques/boulimiques.
La cinquième classe (28 % des UCE classées) porte sur l’apport alimentaire. Le
bon aliment est ici perçu surtout en termes des besoins nécessaires pour que le corps
fonctionne et selon l’apport nutritionnel des éléments essentiels porté à l’organisme.
Résultats 232

Par exemple : « Un bon aliment est un aliment qui apporte des nutriments à
l’organisme. C’est la combinaison des aliments qui permet d’apporter tous les
éléments dont le corps a besoin » (Khi² = 21) ; « Un bon aliment est sain, issue de
produits naturels, le moins transformé industriellement possible. Il apporte le
nécessaire permettant à l’organisme de fonctionner, de produire de l’énergie évitant
un maximum la production de déchets nocifs » (Khi²= 16)
La sixième classe (10 % des UCE classées) porte sur le vécu autour des aliments.
Revient ici particulièrement comme bon aliment le chocolat, sans se culpabiliser. La
notion de ne pas nuire à l’organisme, la notion de danger et de récompenses, qui
apaise psychologiquement. Par exemple : « Il peut être consommé plusieurs fois par
jour sans nuire à l’organisme. Il n’a pas mauvais goût. Quand on en a à sa portée, on
n’a pas peur de faire une crise de boulimie. » (Khi² = 73) ; « Mousse au chocolat, qui
me donne envie de faire une crise de boulimie et m’apaise psychologiquement, comme
une drogue » (Khi² = 72). La tranche d’âge entre 22 et 28 ans est à peine représentatif
ici.

c. Groupe de témoins

Le rapport d’analyse ALCESTE porte sur 70 % d’unités de contexte élémentaires


et retient quatre classes (Tableau 5-30).

Tableau 5-30
Classement de Corpus 3 pour les témoins
Classe 1 Khi² Classe 2 Khi² Classe 3 Khi² Classe 4 Khi²
sucr+e 11 viande+ 37 belle+ 47 plaisir+ 20
calori+ 10 légume+ 33 couleur+ 25 prendre. 16
vitamin+e 9 falloir. 18 cuisin+er 23 temps 13
léger 6 fruit+ 17 facile+ 12 mang+er 13
bon+ 14 bouche+ 6 tout 12
chose+ 14 pouvoir. 9
équilibre+ 13 aim+er 9
aliment< 7

La première classe (36 % des UCE classées) porte sur les fonctions des aliments.
Les notions d’un aliment qui n’est pas trop sucré, pas trop calorique et, en même
temps, léger et riches en vitamines. Par exemple : « Un bon aliment est un aliment qui
n’est pas trop calorique et qui m’apporte toutes les vitamines nécessaires à ma
croissance » (Khi² = 6) ; « Un aliment sucré, léger avec du goût » (Khi² = 6).
Résultats 233

La deuxième classe (23 % des UCE classées) porte sur les représentations des
aliments. Une bonne alimentation consiste d’abord en la viande (sans gras) et les
légumes, parfois les fruits. Par exemple : « Un aliment qui contient ce dont notre corps
a besoin. Comme des légumes, des laitages, des fruits, de la viande. Bref, ce qui rend
l’alimentation équilibrée » (Khi² = 29) ; « Pour moi un bon aliment c’est : des
légumes, des féculents, de la viande, du poisson et des fruits » (Khi² = 22).
La troisième classe (12 % des UCE classées) porte sur le bon aliment. Un bon
aliment ici consiste en une belle couleur et en étant facile à cuisiner. Par exemple :
« Belle couleur. Texture agréable en bouche. Qu’il ait des vertus. Pas trop gras, pas
qu’il n’apporte rien. Qu’il ait des vitamines » (Khi² = 27) ; « Il est facile à cuisiner ; il
peut se manger avec beaucoup de monde » (Khi² = 16).
La quatrième classe (29 % des UCE classées) porte sur les fonctions du bon
aliment. La notion qui procure du plaisir revient souvent dans cette classe. Ainsi la
notion d’un aliment qui est mangé régulièrement et en prenant le temps. Par exemple :
« Un bon aliment est un aliment qui me fait plaisir, qui me procure du plaisir, que
j’aime manger. Il peut se consommer tout le temps » (Khi² = 10) ; « Avoir du plaisir à
le manger. Prendre du temps à savourer cet aliment. Le déguster. Un aliment qui fait
penser à ma gourmandise » (Khi² = 8).

d. Sous-groupe d’anorexiques restrictives

Le rapport d’analyse ALCESTE porte sur 59 % d’unités de contexte élémentaires


et retient cinq classes (Tableau 5-31).
La première classe (12 % des UCE classées) porte sur le vécu alimentaire. Un bon
aliment doit d’abord apporter des bonnes choses au corps (de l’énergie, de la force,
etc.) en le permettant de vivre et arrivant d’être en bonne santé. Par exemple :
« Pouvoir apprécier avec saveur chaque partie d’un repas. Sortir de table heureuse et
non frustrée. M’apportant tous les apports en partie suivant les repas qui me
permettent d’être en bonne santé » (Khi² = 55) ; « J’aime tous les aliments et me les
interdits tous. A mes yeux, un aliment n’est qu’un nombre de calories. Il m’arrive de
rêver de bons repas, certes, et je ne pense pas toujours à la même chose, parfois une
pizza ou un plat de pâtes, parfois un gâteau à la crème. C’est plus souvent au
restaurant, avec ma famille ou des amis » (Khi² = 36).
Résultats 234

Tableau 5-31
Classement de Corpus 3 pour les anorexiques restrictives
Classe 1 Khi² Classe 2 Khi² Classe 3 Khi²
chose+ 29 besoin+ 39 *Age_Entre29/34 57
bonne+ 23 corps 36 prépar+er 42
apport+ 23 apport+er 25 joli+ 26
avoir 19 essenti+el 22 cuisin+e 22
être 19 élément+ 22 aim+er 19
permettre. 15 *Diagnostic_A 20 mach+er 15
arriv+er 15 nécessaire+ 11 prés+ent 15
repas 15 import+ant 9 façon+ 15
vivre. 11 *IMC_Entre19/24 9 assiette+ 15
énerg+16 11 fonctionnement+ 8 facile+ 14
devoir. 10 *Age_Moins22 7 différ+ent 14
plus 9 nutriti+f 7 plat+ 10
force+ 8 enfin 6 pate+ 8
aide+ 8 act+ion 6 mettre. 7
suivant+ 5 diversité+ 6 facilement 7
pens+er 5 chaque 6 bre+f 7
frustr+er 5 encore 6 degust+er 7
nutritionnel+ 5 exist+er 6 util+e 7
envi+e 5 partage+ 7

Classe 4 Khi² Classe 5 Khi²


plaisir+ 37 légume+ 51
mang+er 19 glucid+ 48
procur+er 13 fruit+ 47
fait 11 protéin+ 45
gustati+f 10 lipid+ 44
calori+ 9 poisson+ 31
malade+ 9 lent+ 20
aller. 9 vapeur+ 20
agréabl+e 8 minéra+l 20
gross+ir 8 yaourt+ 17
culpabilité 8 kcal 17
goût+ 8 pain+ 17
beaucoup 5 fibr+e 16
eau+ 16
produit+ 13
vert+ 12
vitamine+ 10

La deuxième classe (16 % des UCE classées) porte sur la fonction alimentaire. Un
bon aliment est ici perçu d’abord en termes des besoins nécessaires pour le bon
fonctionnement du corps et selon l’apport nutritionnel porté à l’organisme par des
éléments essentiels. Par exemple : « Un bon aliment est celui qui m’apporte des
Résultats 235

éléments nécessaires à ma santé. Chaque aliment m’apportant tout ce dont j’ai besoin.
C’est la diversité qui est importante » (Khi² = 29) ; « Un bon aliment est celui qui
apporte les nutriments nécessaires au bon fonctionnement de l’organisme. Apporte un
bon équilibre physique, physiologique et psychique » (Khi² = 19). Le diagnostic
d’anorexie est ici bien représentatif.
La troisième classe (22 % des UCE classées) porte sur l’alimentation et la
perception. Cette classe est singulièrement caractérisée par la tranche d’âge entre 29 et
34 ans. L’aliment ici est abordé par rapport à sa préparation (avec amour, facile et de
différentes façons, son aspect (joli à regard sur l’assiette), et par rapport à sa texture
(facile à mâcher ou avaler). Par exemple : « Sa saveur et sa texture sont appréciables.
Il est facile à mâcher et à avaler. Il est naturel ou cuisiné, préparé, à mon goût, et
joliment présenté » (Khi² = 44) ; « Il est coloré et disposé de façon harmonieuse dans
l’assiette, presque artistique. Il est joli à regarder. Il sent bon. J’imagine un plat
chaud, fumant, ou une salade sentant bon les fines herbes ou les épices » (Khi² = 38).
La quatrième classe (26 % des UCE classées) porte sur l’alimentation et le plaisir.
Dans cette classe revient particulièrement la notion de plaisir procuré en mangeant,
agréable au niveau gustatif / goût tout en ne faisant pas grossir et sans culpabilité. Par
exemple : « Un bon aliment est un aliment qui va me procurer du plaisir en le
mangeant, que je vais manger sans sentiment de culpabilité. Un bon aliment n’est pas
forcement peu calorique mais va me procurer un plaisir lors de la dégustation. Ce
plaisir mis aussi pour le cuisiner peut rendre un aliment bon » (Khi² = 13) ; « Ils ne
sont pas nécessairement peu caloriques mais ont provoqué en moi beaucoup de plaisir
et donc ainsi aucune culpabilité à le manger. Un bon aliment est égal au plaisir, pas
de culpabilité » (Khi² = 9).
La cinquième classe (24 % des UCE classées) porte sur les aliments et leurs
calories. Les aliments les plus représentés ici sont les légumes et les fruits, parfois le
poisson, tout particulièrement par rapport aux différentes catégories d’éléments qu’ils
contiennent (glucides, protéines, lipides, etc.) et la valeur énergétique et aux calories,
ainsi que par rapport. Par exemple : « Fruit, légume vert, valeur énergétique 50 kcal
pour 100 g. Cuit à la vapeur, sans sauce, gorge d’eau. Cuit à l’étouffée. Poisson
maigre. Riche en protéines. Très pauvre en lipides. Teneur en protéines, teneur en
glucides et lipides. Non bourratif » (Khi² = 64) ; « Bon aliment égal non riche, pas de
graisses ni sucres ajoutés. Apport énergétique 70 kcal par 100 g et teneur lipides 1 g
Résultats 236

par 100 g aliment. Bon aliment égal sans odeur prononcée. Fruits et légumes à grande
teneur en eau : pastèque, concombre. Bon aliment égal celui que j’accepte de garder
dans l’estomac sans culpabilité » (Khi² = 38).

e. Sous-groupe d’anorexiques/boulimiques

Le rapport d’analyse ALCESTE porte sur 50 % d’unités de contexte élémentaires


et retient cinq classes (Tableau 5-32).
La première classe (22 % des UCE classées) porte sur les caractéristiques
alimentaires. L’aliment ici est vu sous plusieurs aspects : le goût, la bonne couleur, la
bonne qualité, et l’odeur agréable. Par exemple : « Sympathique, qui donnera du goût
et des couleurs à l’aliment. Un aliment riche et plein de bonnes choses, sans trop de
graisse » (Khi² = 37) ; « Il apporte de qualités nutritionnelles intéressantes. Bon goût.
Il a de la saveur. Il a de l’odeur. Il donne l’envie de manger. Il attire notre attention. Il
peut être consommable à certains moments de la journée. » (Khi² = 24).
La deuxième classe (27 % des UCE classées) porte sur l’alimentation et la santé.
Nous retrouvons dans cette classe principalement les fruits et les légumes, parfois la
viande. Également, la notion d’un aliment qui est bon pour la santé et à manger avec
modération. Par exemple : « Tous les aliments sont bons pour la santé. Fruits,
légumes, laitages. Manger avec modération » (Khi² = 24) ; « C’est une alimentation
équilibrée : crudités, légumes, viandes, poissons, œufs, pain, fruits, produits laitiers.
En faite un peu de tout en petite quantité. En ce qui concerne les gâteaux, les plats en
sauce, chocolats, etc. pour garder son poids » (Khi² = 22).
La troisième classe (13 % des UCE classées) porte sur les aliments et leurs
conséquences. Très présente dans cette classe l’idée qu’un bon aliment ne fait pas
grossir, qui est léger et qui n’est ni trop gras ni trop sucré. Par exemple : « Un aliment
bon est un aliment nécessaire. Un aliment bon ne fait pas grossir. Un aliment bon
n’est pas gras. Un aliment bon est léger » (Khi² = 18) : « J’aime bien des aliments qui
apportent du calcium, les aliments légers qui ne fait pas grossir. Mais aussi les
aliments qui tiennent bien au corps et qui apportent des sucres lents, comme les
féculents, pâtes, riz, pain » (Khi² = 13).
Résultats 237

Tableau 5-32
Classement de Corpus 3 pour les anorexiques/boulimiques
Classe 1 Khi² Classe 2 Khi² Classe 3 Khi²
goût+ 20 fruit+ 43 gross+ir 29
bonne+ 16 légume+ 37 léger+ 21
couleur+ 15 viande+ 20 fait 16
qualité+ 15 petit+ 17 aim+er 8
agréable+ 14 bon+ 16 gras+ 7
odeur+ 14 yaourt+ 14 sucr+e 6
graiss+e 5 fromage+ 14
santé+ 14
modérat+ion 11
poisson+ 10
vert+ 8
falloir. 7
plat+ 5
attenti+f 5
pain+ 5

Classe 4 Khi² Classe 5 Khi²


nutriments 27 calorique+ 12
apport+er 25 mang+er 11
organ+16 22 pouvoir. 7
industri< 17 souvent 7
besoin+ 17 chocolat< 7
essenti+el 14 gâteau+ 7
élément+ 14 tout 7
minéra+l 11 peu 5
*Age_Entre29/34 10 fait 5
rest+er 8 plaisir+ 5
énerg+16 8
partage+ 8
nécessaire+ 8
simple+ 7
vitamine+ 7
corps 6
cuisin+e 5
contenir. 5
calories 5

La quatrième classe (27 % des UCE classées) porte sur les apports alimentaires.
Le bon aliment est ici perçu d’abord en termes de l’apport de nutriments et des besoins
nécessaires d’éléments essentiels et de minéraux pour le bon fonctionnement de
l’organisme. Par exemple : « Un bon aliment apporte des vitamines. Un bon aliment
apporte des nutriments. Un bon aliment doit être appétissant. Un bon aliment n’est
Résultats 238

pas trop industriel » (Khi² = 19) ; « Un bon aliment est un aliment qui apporte des
nutriments à l’organisme. C’est la combinaison des aliments qui permet d’apporter
tous les éléments dont le corps a besoin » (Khi² = 19). La tranche d’âge comprise entre
29 et 34 ans est à peine représentative ici.
La cinquième classe (11 % des UCE classées) porte sur les bons aliments. Dans
cette classe l’on retrouve la dimension d’un aliment peu calorique, qui fait plaisir à
manger, de donner envie, qu’il ne fasse pas grossir, et qui puisse être digéré
facilement. Par exemple : « Un bon aliment pour moi, c’est ce qui me fait envie, que ce
soit un vrai plaisir. Et puis souvent maintenant, peu calorique, un aliment allié de la
ligne. Un aliment que je retrouverai souvent dans mon assiette. Le chocolat est bon,
mais un bon aliment, en fait non » (Khi² = 19) ; « Un aliment sucré, ex. gâteau, qui
serait très peu calorique et que je pourrais manger en grosse quantité sans qu’il ne
fasse grossir ! » (Khi² = 12).

H. Récapitulatif

Ce chapitre est consacré à la présentation de tous les résultats cliniques et


psychologiques en début, durant et en fin d’hospitalisation pour les deux groupes
étudiés, malades et témoins.
Nous détaillons aussi la description des résultats au test de la catégorisation
alimentaire qui montre bien la classification alimentaire au sein des deux groupes ainsi
qu’en les comparant, et cela en quatre temps tout au long de l’hospitalisation.
Ainsi, nous présentons les résultats détaillés pour le test de l’image corporelle
utilisant les silhouettes de Mouchès, qui cherche à analyser la perception corporelle
par rapport à trois aspects : la perception actuelle, idéale et souhaitée, également en
quatre temps d’une façon évolutive chez les deux groupes.
Enfin, ce chapitre est consacré à la présentation des résultats de l’analyse du
discours pour l’ensemble des patientes et des témoins pour toutes les quatre
évaluations. Puis nous présentons les résultats détaillés des patientes et des témoins
séparément et ensuite les deux sous-groupes de patientes à part. Trois questions sont
posées par rapport à comment les patientes se sentent lors de l’évaluation, comment
elles perçoivent leur corps et qu’est-ce qu’un bon aliment pour eux.
239

VI. DISCUSSION

Un nombre considérable d’articles et d’études existe dans la littérature concernant


les troubles du comportement alimentaire. Ces études cherchent à décrire, expliquer et
comprendre cette pathologie complexe dont les causes restent – encore à nos jours –
une énigme.
Cette pathologie, qui touche principalement de jeunes femmes et qui a une
évolution souvent chronique, est accompagnée de nombreuses complications
somatiques, parfois mortelles.
Une comorbidité importante accompagne régulièrement cette pathologie et de très
nombreuses recherches ont cherché à évaluer et quantifier l’existence de ces troubles
souvent associés : la dépression, l’anxiété, la phobie sociale, etc. Au cours de ces
dernières années de plus en plus de chercheurs se sont intéressés à d’autres aspects et
particularités concernant ces patientes (les descriptions cliniques, les hypothèses
étiopathogéniques et la comorbidité, les modalités de prise en charge, etc.), en
particulier leur fonctionnement cognitif. Ces études se sont multipliées et récemment
des études encore expérimentales ont cherché à analyser les représentations mentales
de ces patientes concernant l’alimentation, leur corps, le vécu émotionnel, etc.

A. Notre population comparée aux autres populations étudiées

Notre étude avait pour but d’analyser – à des intervalles de temps réguliers et
pendant la prise en charge – plusieurs choses en même temps. En partant d’une
évaluation initiale nous avons cherché, dès le début, à poser un diagnostic quantitatif ;
ensuite à voir la présence d’une comorbidité et, si présente, à quel niveau ; à
déterminer la représentation perceptive qu’avaient ces patientes de leur corps réel ainsi
que de leurs corps idéal et souhaité ; à analyser leur façon de catégoriser les aliments ;
puis, à l’aide du logiciel ALCESTE, nous avons analysé leur discours autour de trois
thèmes : l’alimentation, la perception de leur corps et leur humeur.
Dans le même temps, nous avons décidé de mettre en relation plusieurs variables
telles que le poids (par la médiation d’un indice de masse corporelle), la comorbidité,
Discussion 240

le discours, la perception corporelle et la catégorisation alimentaire tout au long de


l’hospitalisation et à des intervalles de temps réguliers.
L’originalité de notre étude par rapport aux autres recherches déjà existantes
concerne plusieurs facteurs (voir aussi Tableau 6-1) :

 L’âge : nos patientes avaient une moyenne d’âge supérieure par rapport
aux populations des autres études. En effet, nos patientes avaient entre
trois et sept ans de plus que les patientes de ces autres études (selon le
diagnostic) ;
 L’ancienneté des troubles : nos patientes avaient une durée de la maladie
plus longue – parfois le double – par rapport à celle des autres études. Cela
nous permet de dire qu’il s’agit, dans notre cas, de patientes qui ont une
longue évolution de la maladie avec des échecs répétés au niveau des
prises en charge précédentes. Ce qui signifie que – en accord avec ce que
disent Steinhausen, Grigoroiu-Serbanescu, Boyadkieva, Neumarker et
Metze (2008) – ces patientes ont besoin d’un suivi continu car des études à
long terme montrent qu’une grande proportion d’elles reste chronique ;
 L’évaluation des troubles : cette étude est, à notre connaissance, la seule
étude à avoir évalué des patientes souffrantes de troubles du comportement
alimentaires, en plusieurs temps, à l’exception de celle de Brambilla et al.
(1995a, 1995b, 1995c). Pour ces derniers, par contre, il s’agissait de
patientes en consultation ambulatoire contrairement à nos patientes
hospitalisées, donc a priori qui ont un trouble plus grave ;
 L’indice de masse corporelle : nos patientes étaient, par rapport à celles
des autres recherches, parmi les plus dénutries, c’est-à-dire avec un indice
de masse corporelle plus bas.

Notre étude se distingue particulièrement car, non seulement nous avons évalué
d’une façon évolutive les troubles du comportement alimentaire, mais aussi la
comorbidité associée, la catégorisation alimentaire, la perception corporelle et le
discours.
Les autres auteurs n’ont, à notre connaissance, évalué en général des patientes
hospitalisées qu’une seule fois pour certaines variables parmi l’ensemble ci-dessus.
Discussion
Tableau 6-1
Comparaison de notre population à d’autres populations retrouvées dans la littérature
Auteur(s) Thématique Patientes Âge IMC Durée de maladie Lieu Évaluations

Sala (2008) AN-R (n = 41) 27,2 ± 6,5 14,3 ± 2,4 10,1 ± 7,5
Hospitalisé 4
AN-BP/BN (n = 34) 28,2 ± 6,9 16,8 ± 3,2 11,1 ± 6,6
Brambilla et al. 15,9 ± 1,9
AN-R (n = 22) 21,0 ± 5,0 3,4 ± 3,0
(1995) 14,7 ± 1,5
16,7 ± 2,2 Ambulatoire 4
AN-BP (n = 13) 23,1 ± 6,8 4,6 ± 3,9
16,3 ± 2,8
BN (n = 15) 22,0 ± 3,0 « normal » 4,0 ± 3,0
Hospitalisé et
Godart et al. (2006) Comorbidité anxiété AN (n = 166) 19,7 ± 3,1 15,1 ± 1,5 2,8 ± 2,4
consultation 1
/ dépression BN (n = 105) 23,1 ± 5,0 21,2 ± 3,9 5,6 ± 4,8 externe
Kaye & Bulik Comorbidité anxiété AN-R 26,6 ± 9,7 19,1 ± 2,1
(2004) / dépression AN-BP 29,3 ± 9,1 20,0 ± 2,6 NS NS NS
BN 28,0 ± 9,7 22,7 ± 3,0
Urdapilleta et al. Catégorisation AN-R (n = 16) 15 - 18
21,4 NS Hospitalisé 1
(2003) alimentaire AN-BP/BN (n = 16) 18 -22
Urdapilleta et al. Catégorisation AN-R (n = 38) 15,8
(2005) alimentaire AN-BP (n = 30) 24,7 19,4 NS Hospitalisé 1
BN (n = 18) 21,1
Urdapilleta et al. Catégorisation AN-R (n = 17) 26,6 14,7 ± 1,5
(2005) alimentaire AN-BP (n = 17) 26,5 16,2 ± 1,6 NS Hospitalisé 1
BN (n = 17) 26,8 22,1 ± 1,5
Probst (1997) AN-R (n = 87) 21,6 ± 6,2 14,4 ± 1,6 4,7 ± 3,9
AN-BP (n = 34) 24,9 ± 7,8 16,0 ± 1,6 6,1 ± 5,3 Hospitalisé 1
BN (n = 44) 25,8 ± 7,2 20,4 ± 1,9 7,3 ± 5,5
Fernandez (1999) Image corporelle AN (n = 19) 21,7 ± 3,7 15,6 ± 1,3 4,3 ± 0,5

241
Hospitalisé 1
BN (n = 21) 26,1 ± 4,0 20,6 ± 2,0 7,4 ± 4,7
Discussion 242

B. L’état clinique et psychologique des patientes,

Au début de la prise en charge, comme le montre le Tableau 6-2, les anorexiques


restrictives ont, en moyenne, un indice de masse corporelle au seuil d’une dénutrition
sévère, des scores moyens au Eating Attitudes Test et au Eating Disorder Inventory
pathologiques, et un score moyen au Bulimic Investigatory Test, Edinburgh non
pathologique. Au niveau de l’inventaire de dépression de Beck, elles se situent dans
une tranche de dépression sévère. Concernant l’estime de soi, elles ont un manque
d’assertivité important. Par rapport à l’anxiété générale, leur score moyen est aussi très
élevé.

Tableau 6-2
Résumé des résultats pour les deux sous-groupes de patientes lors du début de
l’hospitalisation comparés au groupe de témoins

AN-R AN-BP/BN Témoins


(n = 41) (n = 34) (n = 83)
m ± ds m ± ds m ± ds

IMC 14,28 ± 2,44 16,94 ± 3,17 21,80 ± 3,76

EAT-40 61,93 ± 24,32 51,38 ± 25,53 10,58 ± 5,75

EDI 82,46 ± 35,52 83,24 ± 39,61 31,17 ± 16,74

- Pathologique 32,63 ± 15,45 35,68 ± 19,14 14,66 ± 10,83

- Cognitif 49,83 ± 23,21 47,56 ± 24,26 16,51 ± 9,78

BITE

- Symptôme 14,59 ± 7,94 21,00 ± 6,29 5,99 ± 5,44

- Sévérité 7,34 ± 8,65 12,26 ± 7,06 1,71 ± 2,17

BDI-13 16,24 ± 8,17 15,06 ± 8,06 3,25 ± 3,85

RAS 94,85 ± 25,41 100,79 ± 22,40 111,64 ± 20,06

STAI-Y 119,22 ± 25,78 111,12 ± 28,52 77,80 ± 22,95


Discussion 243

Les anorexiques/boulimiques ont, par rapport à l’indice de masse corporelle une


moyenne qui les situe en sous-poids, des scores moyens au Eating Attitudes Test, au
Eating Disorder Inventory et au Bulimic Investigatory Test, Edinburgh qui sont
pathologiques. Chez elles, le niveau de dépression se situe dans une tranche de
dépression modérée. Concernant l’estime de soi, elles ont une assertivité inférieure à la
moyenne normale tout en étant supérieure à celle des anorexiques restrictives. Leurs
scores moyens au test d’anxiété générale sont également très élevés.
Donc, au début de l’hospitalisation ces résultats montrent que les deux sous-
groupes de patientes – anorexiques restrictives et anorexiques/boulimiques – ont une
pathologie alimentaire et une comorbidité associée très importantes.
La prise en charge a permis aux deux sous-groupes de patientes, d’abord, de
reprendre du poids. À la fin de la prise en charge les anorexiques restrictives ont une
moyenne à l’indice de masse corporelle qui s’est améliorée mais qui reste inférieure à
un score normal (voir Tableau 6-3). Les scores moyens au Eating Attitudes Test et au
Eating Disorder Inventory se sont aussi améliorés, au point de ne plus être
pathologiques. Le score moyen au Bulimic Investigatory Test, Edinburgh s’est
également normalisé. Le niveau de dépression s’est amélioré et se situe dans une
tranche de score moyen. L’estime de soi s’est aussi normalisée, de même que l’anxiété
générale a diminué mais restant toujours dans un score moyen pathologique.
La moyenne pour l’indice de masse corporelle des anorexiques/boulimiques a
progressé pour atteindre la tranche normo-pondérale. Les scores moyens au Eating
Attitudes Test et au Eating Disorder Inventory se sont améliorés tout en restant
pathologiques. Le score moyen au Bulimic Investigatory Test, Edinburgh est
maintenant en dessous de la norme. Le niveau de la dépression reste modéré malgré
une amélioration. Le niveau d’assertivité s’est détérioré. Enfin, le niveau d’anxiété
générale s’est amélioré tout en restant pathologique.
La prise en charge a amené une amélioration importante du comportement
alimentaire qui est évident au niveau des scores au Eating Disorder Inventory,
considérablement réduits, et qui maintenant atteignent juste des niveaux pathologiques
(cf. 31-35 contre un seuil de 30) ainsi qui aux deux sous-échelles au Bulimic
Investigatory Test, Edinburgh qui se sont normalisées. Ces résultats sont en accord
avec les résultats d'autres études (M. J. Cooper, Clark, et Fairburn, 1993 ; Mitchell et
al., 1999) bien que ces études utilisent principalement des patientes boulimiques.
Discussion 244

Tableau 6-3
Résumé des résultats pour les deux sous-groupes de patientes lors de la fin de
l’hospitalisation comparés au groupe de témoins

AN-R AN-BP/BN Témoins


(n = 25) (n = 15) (n = 83)
m ± ds m ± ds m ± ds

IMC 18,06 ± 2,02 20,02 ± 2,06 21,80 ± 3,76

EAT-40 26,72 ± 23,38 36,60 ± 20,42 10,58 ± 5,75

EDI 52,68 ± 41,58 74,60 ± 40,53 31,17 ± 16,74

- Pathologique 21,40 ± 17,64 30,40 ± 18,68 14,66 ± 10,83

- Cognitif 31,28 ± 25,68 44,20 ± 25,43 16,51 ± 9,78

BITE

- Symptôme 7,68 ± 7,53 11,40 ± 8,49 5,99 ± 5,44

- Sévérité 2,12 ± 3,84 2,20 ± 3,63 1,71 ± 2,17

BDI-13 9,48 ± 8,55 11,27 ± 7,36 3,25 ± 3,85

RAS 109,84 ± 26,62 96,20 ± 19,72 111,64 ± 20,06

STAI-Y 96,00 ± 27,63 101,20 ± 31,62 77,80 ± 22,95

C. La comorbidité dépressive et d’anxiété

Notre étude souligne le fait que la souffrance émotionnelle est très importante
chez ces patientes atteintes de troubles du comportement alimentaire. Malgré le fait
que la prise en charge soit multidimensionnelle (la renutrition, la thérapie individuelle,
la thérapie de groupe, etc.) cette souffrance ne s'est pas améliorée de façon constante.
Les symptômes dépressifs (l’inventaire de dépression de Beck) se réduisent
considérablement et bien plus que les symptômes d'anxiété (l’échelle d’anxiété trait-
état de Spielberger). Ces résultats, trouvés à la fin de la prise en charge, apparaissent
similaires aux résultats évoqués par des études précédentes (Holtkamp, Muller,
Discussion 245

Heussen, Remschmidt, et Herpertz-Dahlmann, 2005 ; Sullivan, Bulik, Fear, et


Pickering, 1998) chez les anorexiques qui ont repris du poids sur le long terme et qui
continuent à montrer des symptômes de comorbidité élevés. En effet, cette souffrance
peut être perçue et interprétée comme un facteur de risque pour une éventuelle rechute
étant donnée la stricte relation avec cette pathologie (Pollice et al., 1997). Donc, notre
hypothèse globale n’a été confirmée que partiellement.
La reprise du poids a permis une évolution des symptômes émotionnels chez
des patientes anorexiques restrictives et anorexiques/boulimiques ainsi que des
symptômes alimentaires (le Eating Attitudes Test), de la boulimie (le Bulimic
Investigatory Test, Edinburgh), de la dépression (l’inventaire de dépression de Beck)
et de l'anxiété (l’échelle d’anxiété trait-état de Spielberger). Cependant, l'ampleur de
ces évolutions variait d'un sous-groupe de patientes à l'autre. Les patientes anorexiques
restrictives ont montré des améliorations plus importantes aux scores au Eating
Attitudes Test, à l’inventaire de dépression de Beck et à l’échelle d’anxiété trait-état de
Spielberger par rapport aux patientes anorexiques/boulimiques. D'autre part, les
patientes anorexiques/boulimiques ont montré des scores aux sous-échelles du Bulimic
Investigatory Test, Edinburgh très réduits comparés aux patientes anorexiques
restrictives. Les scores réduits vis-à-vis des symptômes boulimiques sont évidents
étant donné l'environnement très contrôlé à l’hôpital. Par rapport aux recherches
précédentes, ces résultats sont semblables à ceux obtenus à certaines d’entre elles
(Banas, Januszkiewicz-Grabias, Radziwillowicz, et Smoczynski, 2002 ; Manara,
Manara, et Todisco, 2005) et contrastants pour d’autres (Pollice et al., 1997). Ainsi,
notre première hypothèse a été confirmée.
Nos résultats soulignent le fait que des patients souffrant de troubles du
comportement alimentaire, en moyenne, reprennent du poids suite à la prise en charge
hospitalière : seules les patientes avec des indices de masse corporelle initiaux
extrêmement bas n'ont pu atteindre un niveau normal (IMC = 20) après les trois mois
d’hospitalisation. Cela concerne tout particulièrement des patientes anorexiques
restrictives. Ces dernières tendent à montrer des réductions plus importantes aux
scores à l’échelle d’anxiété trait-état de Spielberger comparées à celles ayant des
indices de masse corporelle plus élevés, un résultat en grande partie comparable avec
des précédentes recherches (Pollice et al., 1997). Les scores à l’échelle d’anxiété trait-
état de Spielberger des patientes anorexiques/boulimiques étaient en grande partie
Discussion 246

indépendants des indices de masse corporelle, résultat que nous ne pouvons pas
comparer aux autres études présentes dans la littérature. Il faut noter, néanmoins, que
les scores à l’échelle d’anxiété trait-état de Spielberger restent à des niveaux
pathologiques pour les deux sous-groupes.
Les patientes anorexiques restrictives tendent à montrer des réductions plus
importantes à l’inventaire de dépression de Beck comparées avec celles ayant des
indices de masse corporelle plus élevés. Les patientes anorexiques/boulimiques ont
manifesté une tendance équivalente mais le niveau de dépression était plus élevé au
départ. Les patientes anorexiques restrictives ont montré des niveaux de dépression de
moyen à modéré tandis que chez les patientes anorexiques/boulimiques les niveaux
s'étendent de modéré à sévère. Nous avons ainsi confirmé notre deuxième hypothèse :
encore une fois nos conclusions s'accordent avec celles des recherches précédentes
pour l'anorexie mentale mais pas pour la boulimie.
Il est difficile de comparer nos résultats directement aux études existantes
(Brambilla et al., 1995a ; 1995b ; 1995c ) notamment parce que leur population
concerne entièrement des malades en consultation externe et leur étude n'a pas utilisé
les mêmes questionnaires, spécialement pour la dépression (l’échelle de dépression de
Hamilton [HDRS] au lieu de l’inventaire de dépression de Beck) et l'anxiété (l’échelle
d’anxiété de Hamilton [HARS] au lieu de l’échelle d’anxiété trait-état de Spielberger).
En effet, notre étude porte sur des patientes hospitalisées avec de longues et
complexes histoires de troubles du comportement alimentaire, et avec plusieurs
rechutes dans leurs prises en charge précédentes. Notre étude montre que des
améliorations de la comorbidité anxieuse et dépressive ne sont pas en elles-mêmes des
bons indicateurs d'une réussite de la prise en charge. La souffrance dépressive
observée chez des patientes anorexiques restrictives est forte pour les bas indices de
masse corporelle et s'améliore en fonction de la normalisation du poids, contrairement
aux patientes anorexiques/boulimiques. En revanche, les patientes anorexiques
restrictives montrent des niveaux plus modérés d’anxiété qui s'avèrent moins sensibles
à la normalisation du poids.
D’autres auteurs ont trouvé qu’une longue durée de la maladie constituait un
indice négatif (voire neutre) dans quatorze études (Steinhausen, 2002) de même qu’un
âge plus important du début de la prise en charge était considéré comme un indice
Discussion 247

important mais n’a pas été retenu dans des modèles régressifs (Fichter, Quadflieg, et
Hedlund, 2006).
Nous concluons que l’indicateur le plus efficace pour une réussite de la prise
en charge est l'indice de masse corporelle initial, tout particulièrement pour des
patientes anorexiques/boulimiques. Plus l'indice de masse corporelle des patientes au
début de l’hospitalisation est bas, moins il est probable que ces patientes atteignent des
indices de masse corporelle normo-pondérales après trois mois de prise en charge. En
effet, pour ces patientes il faudrait une hospitalisation plus longue pour atteindre un
indice de masse corporelle normo-pondérale.

D. La catégorisation alimentaire

Cette étude a comparé directement l'évolution de la catégorisation alimentaire


chez nos patients. Notre population se différencie clairement de celles d'autres études
récentes. Par exemple, Ross et Murphy (1999) ont étudié la classification croisée et
l’organisation des catégories des produits alimentaires au moyen de sept
expérimentations avec des populations allant de 10 à 94 étudiants universitaires d'âge
et de sexe non spécifiés. Nguyen et Murphy (2003) ont exploré la classification croisée
d'aliments à l’aide de cinq expérimentations dans des populations de 16 à 64 enfants
âgés de quatre à sept ans et de 16 à 32 adultes des deux sexes. Les deux études se sont
limitées à des sujets sains évalués une seule fois, contrairement à notre étude qui a
évalué les patientes quatre fois pendant la durée de la prise en charge hospitalière.
Nous avions formulé comme première hypothèse : « Existe-t-il des différences
notables entre des patientes souffrant de troubles du comportement alimentaire et des
sujets témoins avant la prise en charge ? »
Nous avons observé que la catégorisation de produits alimentaires était, en
grande partie, la même pour les sujets témoins et les patientes souffrant de troubles du
comportement alimentaires au début de leur prise en charge. Nous ne nous attendions
pas à trouver des différences importantes entre le groupe de patientes et le groupe de
sujets témoins. En fait, la plupart des aliments (24 sur 27) ont été placés dans les
mêmes classes par les deux groupes. Mais ici, nos résultats contrastent avec les
résultats d'études précédentes (Urdapilleta, Mirabel-Sarron, Eiber, et Richard, 2005 ;
Urdapilleta, Mirabel-Sarron, Meunier et al., 2005) menées chez le même type de
Discussion 248

populations de patientes (l'âge moyen, l'indice de masse corporelle, la durée de


maladie, etc.) où une proportion plus élevée d’aliments est catégorisée différemment.
Ceci dit, les six catégories d’aliments catégorisées différemment dans notre étude ont
été identifiées de la même façon dans ces études précédentes. Les groupes s’accordent
sur les catégories d'aliments suivants : « légumes » ; « fruits » ; « desserts » ; et
« viande & poisson ».

Notre deuxième hypothèse était : « Dans quelle mesure des anorexiques


restrictives diffèrent-t-elles des anorexiques/boulimiques ? »
Les catégorisations d'aliments des anorexiques restrictives et anorexiques/
boulimiques étaient semblables avant la prise en charge contrairement à ce que nous
nous serions attendue, à savoir que des anorexiques restrictives catégorisent des
aliments principalement sur la base de leur naturalité et leur digestibilité, tandis que
des anorexiques/boulimiques seraient plus fortement prédisposées par la probabilité de
reprendre du poids. Tous les aliments ont été placés dans les mêmes classes par les
deux sous-groupes de patientes. Les différences se manifestent au niveau de la
hiérarchisation inter catégories, notamment la classe « viande et poisson ». Pour les
anorexiques restrictives cette classe s’approche des classes « fruit » et « féculents »
alors que pour les anorexiques/boulimiques elle s’approche de la catégorie
« laitages ». Nos résultats confirment ici les résultats d’autres recherches (Urdapilleta,
Mirabel-Sarron, Eiber et al., 2005) chez des patientes souffrantes de troubles du
comportement alimentaire.

Notre troisième hypothèse était : « Comment se développent les différences entre


les sous-groupes de patientes et, ainsi que d’éventuelles différences entre les patientes
et les sujets témoins, durant l’avancement de la thérapie ? »
Des différences importantes sont ici observées dans la catégorisation d'aliments
tant inter qu'intra des deux sous-groupes de patientes. Les anorexiques restrictives et
anorexiques/boulimiques finissent pour catégoriser les aliments d’une façon différente
à la fin de la prise en charge. Les deux sous-groupes de patientes s’approchent dans
leur catégorisation juste pour une classe, à savoir « viande & poisson ». Alors que les
catégories « légumes », « fruit », « laitages » et « desserts » sont bien homogènes chez
les anorexiques restrictives, elles se fragmentent chez les anorexiques/boulimiques.
Ces différences concernent 12 des 27 aliments (44 %).
Discussion 249

Les différences de catégorisation alimentaire entre les témoins et les patientes à la


fin de la prise en charge sont liées, pour ces dernières, à leur diagnostic d’anorexie
et/ou de boulimie. La catégorisation d’aliments chez les anorexiques restrictives reste
semblable à celle des témoins. Nous observons que les principales différences se
résument à deux aliments seuls, les cinq classes étant autrement bien homogènes.
En revanche, la catégorisation d’aliments chez les anorexiques/boulimiques est
différente de celle des témoins. Nous observons que les principales différences
concernent approximativement la moitié des aliments, ainsi qu’une seule classe reste
semblable. Ces aliments concernent toutes les autres catégories, à savoir « légumes »
(4), « fruits » (3), « laitages » (2) et « desserts » (3).
Ce test montre une procédure de catégorisation avant thérapie intitulée
« diététique », comme classiquement entreprise par des femmes européennes (Rozin,
Fischler, Imada, Sarubin, et Wrzesniewski, 1999 ; Urdapilleta, Mirabel-Sarron, Heron-
Benaïcha, et Richard, 2003). Les deux sous-groupes de patientes ont montré des
fonctionnements cognitifs globaux modifiés quand elles doivent faire face à des
analyses de stimulus plus discriminatives. En réalité, nous trouvons une différence
importante dans les types de catégories d'aliments, ceci en raison du fait que les deux
sous-groupes ne sont plus composés principalement d’anorexiques. En effet, le sous-
groupe d’anorexiques/boulimiques est composé davantage de boulimiques car la
proportion de patientes boulimiques augmente de façon importante entre la première
évaluation (9 sur 34) et la quatrième évaluation (6 sur 15).
Des analyses multidimensionnelles nous ont permis d'observer des contrastes
clairs entre certains types de catégories au cours de la prise en charge hospitalière. Par
exemple, lors de la première évaluation nous avons constaté que les anorexiques
restrictives contrastent les « laitages » avec les féculents alors que les « laitages »
soient contrastés avec les « légumes » à la troisième évaluation. La seule liaison
importante évidente entre les deux sous-groupes de patientes est celle des « légumes »
avec les « fruits ». Les anorexiques restrictives semblent catégoriser les aliments
principalement sur la base du fait qui ce soient des aliments naturels ainsi que leur
digestibilité, la « viande & le poisson » étant étroitement associé par exemple aux
« laitages » tandis que les anorexiques/boulimiques semblent être plus fortement sous
l'influence de la probabilité de la reprise de poids, par exemple les « laitages » étant
associés aux « desserts ».
Discussion 250

E. L’image du corps

Notre étude a comparé directement l'évolution de la perception corporelle à la


pathologie alimentaire associée. Nous avons observé que des patientes, tant
anorexiques restrictives qu'anorexiques/boulimiques, avaient des difficultés dans la
perception de leur corps réel. Les anorexiques restrictives ont tendance à surestimer
leur corps réel de façon importante lors de la première évaluation (cf. IMC +25 %). En
contraste, les anorexiques/boulimiques ont tendance à le surestimer de façon moins
importante (cf. IMC +10 %). En effet, nos résultats s'accordent avec des études
précédentes (par ex. C. Bell et al., 1986 ; Mizes et al., 2004). Nous avons pu vérifier
notre première hypothèse, à savoir que la perception du corps réel serait différente
dans les deux sous-groupes de patientes.
Cependant, les sujets témoins avaient tendance à sous-estimer leur corps (cf. IMC
-5 %) et à avoir des difficultés semblables dans l'évaluation de leur image corporelle.
Ces résultats s'accordent en partie avec les études précédentes. Par exemple, Casper,
Halmi, Goldberg, Eckert, et Davis (1979) ont observé que tant les patientes
anorexiques que les femmes témoins surestiment leur forme corporelle tandis que
Williamson, Davis, Goreczny, et Blouin (1989) ont affirmé que des patientes
boulimiques choisissent des formes corporelles réelles significativement plus fortes
que des femmes non boulimiques.
Notre objectif était d'évaluer l'effet d’une thérapie cognitivo-comportementale
pendant la prise en charge hospitalière, ainsi que d’explorer dans quelle mesure
l'insatisfaction corporelle et l'évaluation du corps pourraient déterminer le résultat
final. A la fin de la prise en charge, les anorexiques restrictives persistent dans des
niveaux semblables de surestimation et de mauvaise perception de l'image corporelle
tandis que les anorexiques/boulimiques montrent des meilleures perceptions. Notre
hypothèse, qu’une évolution après la prise en charge serait différente entre les deux
sous-groupes, et plus importante parmi les anorexiques/boulimiques, a donc été
confirmée. De plus, les résultats à la sous-échelle Désir de minceur du Eating
Disorder Inventory pour des anorexiques restrictives sont considérablement plus bas,
tandis que les résultats à la sous-échelle Insatisfaction corporelle du Eating Disorder
Inventory concernant des anorexiques/boulimiques sont comparables. Par conséquent,
Discussion 251

nous pouvons conclure que l’insatisfaction corporelle, mesurée par ces deux sous-
échelles, ne semble pas être un bon indicateur du résultat tandis que la perception de
l’image corporelle semble être plus représentative des résultats post-thérapie. Notre
hypothèse – c’est-à-dire que la surestimation de la perception corporelle serait plus
importante parmi les anorexiques restrictives – est donc justifiée et a été confirmée.
Nous avons observé, lors de la première évaluation, que les patientes choisissent
une silhouette idéale plus forte que leur perception réelle, bien plus chez les
anorexiques restrictives que chez les anorexiques/boulimiques. À l’inverse, les sujets
témoins choisissent une silhouette idéale beaucoup plus mince que la perception de
leur corps réel. Ces résultats s'accordent avec ceux des études précédentes (par ex. C.
Bell et al., 1986 ; Williamson et al., 1989) où des patientes boulimiques ont choisi des
tailles corporelles idéales plus fines que des femmes non boulimiques. À la fin de la
prise en charge, le choix de la silhouette idéale est peu différent chez les deux sous-
groupes de patientes. Les anorexiques/boulimiques choisissent systématiquement
comme silhouette idéale une plus fine que les anorexiques restrictives. En général, il y
a peu de différences entre les silhouettes idéales choisies par le groupe de patientes et
par le groupe de témoins. Par conséquent, nous avons ici confirmé notre hypothèse
que le choix de la silhouette idéale ne s'améliorerait pas d’une façon importante après
la prise en charge, comme l’on déjà trouvé d’autres études.
Nous avons aussi observé que les patientes – tant anorexiques restrictives
qu'anorexiques/boulimiques – choisissent une silhouette souhaitée plus forte que leur
perception réelle lors de la première évaluation. En revanche, les sujets témoins
choisissent une silhouette souhaitée beaucoup plus fine que la perception de leur corps
réel. Lors de la quatrième évaluation, le choix de la silhouette souhaitée évolue très
peu pour les deux sous-groupes de patientes. Pour ce que concerne la silhouette idéale,
les anorexiques/boulimiques choisissent systématiquement une silhouette idéale
semblable à celle des anorexiques restrictives. En général, il y a peu de différence
entre les silhouettes idéales choisies par le groupe de patientes et le groupe de témoins.
Par conséquence, nous pouvons confirmer notre hypothèse, à savoir aussi que le choix
de la silhouette souhaitée ne s'améliore pas d’une façon importante après la prise en
charge.
Nos résultats ne nous étonnent pas particulièrement car d’autres auteurs sont
arrivés aussi à la conclusion que l’image corporelle est certainement l’aspect le plus
Discussion 252

difficile à faire évoluer pendant la prise en charge. Ils sont même arrivés à la
conclusion que des anorexiques restrictives – douze ans après la guérison – montrent
encore certaines attitudes pathologiques par rapport à leur image corporelle et à la
maigreur idéale en comparaison avec des sujets témoins (Fichter et al., 2006). Ils
considèrent que des troubles du comportement alimentaire sont beaucoup plus
accessibles à la psychothérapie que les attitudes vis-à-vis du corps idéal.

F. L’analyse du discours

Notre première question était : « J’aimerais que vous me disiez comment vous
vous sentez aujourd’hui »
L’analyse de l’ensemble des réponses des patientes, aux quatre évaluations, et des
témoins à cette première question, fait apparaître clairement que le groupe de témoins
a une humeur plutôt positive ainsi que des envies positives. A contrario, le groupe de
patientes a des émotions négatives, un vécu négatif et un ressenti craintif global.
Nous avons donc effectué une analyse plus détaillée afin de déterminer s’il y avait
des différences ou des spécificités à l’intérieur de chaque groupe – patientes et témoins
– permettant de les différencier.
Ce qui ressort principalement, lors de l’analyse des réponses à cette question pour
l’ensemble des patientes, est que les anorexiques/boulimiques sont caractérisées par
une humeur positive et les anorexiques restrictives, ayant un indice de masse
corporelle inférieur à 14, ont un ressenti négatif, surtout concernant la reprise du poids.
Une partie des anorexiques/boulimiques avec un indice de masse corporelle compris
entre 25 et 29 – ce qui signifie une surcharge pondérale – ont aussi une humeur et un
vécu négatif. En résumé, les anorexiques restrictives avec un poids très faible (45 %
du sous-groupe) ont une humeur négative, tout comme les anorexiques/boulimiques en
surcharge pondérale (6 % du sous-groupe). Par contre, la quasi-totalité des
anorexiques/boulimiques (94 %) ont une humeur positive.
À la lumière de ces résultats, nous avons effectué une analyse encore plus
détaillée du discours de chaque sous-groupe de patientes, c’est-à-dire les anorexiques
restrictives d’une part et les anorexiques/boulimiques d’autre part.
Discussion 253

L’analyse discursive des anorexiques restrictives à cette question nous a frappée


par la négativité de l’humeur, à l’exception de celles qui ont une pathologie
boulimique.
L’analyse du discours des anorexiques/boulimiques à la même question, nous a
permis de remarquer qu’en début d’hospitalisation elles ont un vécu négatif, vécu qui
n’est plus présent lors des évaluations suivantes, mais – en général – leur humeur est
plutôt positive sauf pour celles qui ont un indice de masse corporelle compris entre 25
et 29.
La petite minorité des anorexiques restrictives – avec une pathologie boulimique –
s’approche pour la positivité de l’humeur de ce que l’on retrouve chez les
anorexiques/boulimiques.
En conclusion, les anorexiques/boulimiques en sous poids et/ou normo-pondérale
s’approchent pour cette première question du groupe de témoins par rapport à la
positivité de leur humeur. Les raisons de leur positivité sont similaires – l’espoir,
l’avenir et l’état positif.

Notre deuxième question a été : « J’aimerais que vous me disiez comment vous
percevez votre corps aujourd’hui. »
L’analyse du discours des réponses des patientes et du groupe contrôle à cette
deuxième question permet de dégager une classe qui est très spécifique des patientes et
qui concerne le vécu corporel positif (la reprise du poids est vécue positivement ainsi
que le fait de retrouver de formes féminines). Ainsi, une autre classe où la perception
corporelle est partagée entre positive et négative est tout particulièrement
représentative du groupe contrôle et d’un indice de masse corporelle entre 19 et 24 –
c'est-à-dire normo-pondérale. Nous retrouvons aussi une classe dont la thématique est
centrée autour du gras et du corps et qui concerne tout particulièrement la deuxième
évaluation, même si elle est à peine significative (Khi² = 10). Les quatre autres classes
restantes ont une connotation plutôt négative et n’ont aucun élément significatif
particulier.
Compte tenu de ces résultats où nous voyons clairement que les deux classes les
plus significatives sont, l’une liée au groupe de patientes, et l’autre au groupe de
témoins, nous avons analysé les deux groupes séparément pour déterminer s’il y a ou
non des spécificités ou particularités.
Discussion 254

En analysant le groupe des patientes à cette deuxième question, rien ne nous


permet d’isoler des spécificités à l’intérieur de cette population, sauf pour la première
évaluation, en dépit d’une faible significativité (Khi² = 12).
L’analyse du discours du groupe de témoins à cette deuxième question nous a
permis de confirmer ce qui a déjà été retrouvé dans l’analyse globale, c’est-à-dire une
perception corporelle partagée entre positive et négative pour la tranche d’âge entre 22
et 28 ans, et plutôt positive pour un âge supérieur à 35 ans. Ce qui vient signifier que
plus les témoins sont jeunes, plus le vécu corporel est partagé entre positif et négatif.
Vu qu’aucune spécificité n’a été trouvée jusqu’alors, nous avons effectué une
analyse pour chercher à l’intérieur des groupes de malades. Nous retrouvons ici une
perception corporelle négative liée à la perception de la maigreur pour les anorexiques
restrictives avec un indice de masse corporelle inférieur à 14, c’est-à-dire parmi les
plus dénutries. Des craintes corporelles sont surtout présentes à la première évaluation
ainsi qu’une perception corporelle négative à la quatrième évaluation, liée à la
perception des rondeurs et évidemment à la reprise du poids. Nous retrouvons aussi,
en analysant le groupe des anorexiques/boulimiques, un vécu émotionnel un peu
conflictuel – partagé entre positif et négatif – pour les plus dénutries, celles avec un
indice de masse corporelle inférieur à 14, ainsi qu’une perception corporelle négative
pour celles n’ayant pas de comorbidité associée à la pathologie boulimique.
Les patientes, en général, concernant la perception de leur corps, ne semblent pas
se différencier d’une façon significative à l’intérieur des deux sous-groupes –
anorexiques restrictives et anorexiques/boulimiques. Nous pouvons tout juste noter
que les anorexiques restrictives ont une perception corporelle négative en fin
d’hospitalisation, liée au fait d’avoir repris du poids et des formes, contrairement aux
anorexiques/boulimiques, pour qui la perception du corps reste négative tout au long
de l’hospitalisation, mais d’une façon globale et constante. Cette différence nous
semble à souligner tout particulièrement.
Pour résumer, les anorexiques restrictives vivent mal la maigreur de leur corps en
début d’hospitalisation tout comme, à la fin elles vivent mal la reprise du poids. Tout
semble être difficile pour elles – la maigreur et le retour à la normalité.
Discussion 255

Enfin, nous avons posé la question suivante : « J’aimerais que vous me disiez ce
que c’est qu’un bon aliment pour vous. »
En ce qui concerne l’ensemble des réponses des patientes et des témoins à cette
troisième question, la seule chose significative est que l’aliment est vécu comme
source de plaisir et non pas comme dangereux, pour la tranche d’âge de 22 à 28 ans.
Compte tenu de cela, nous avons analysé plus avant nos deux groupes – patientes
et témoins – afin de trouver d’autres possibles particularités. En analysant le discours
autour de ce que c’est un « bon aliment » pour le groupe de patientes, nous retrouvons
que les patientes âgées entre 29 et 34 ans ont une représentation mentale qui porte sur
l’aspect et la texture de l’aliment ainsi que la façon de le préparer. Nous retrouvons
une faible significativité par rapport au bon aliment qui serait pour elles un aliment pas
gras et qui ne fait pas grossir.
La classe de l’aliment vécu comme pas dangereux surtout pour la tranche d’âge de
22 à 28 ans chez les anorexiques/boulimiques est ici significative. Rien de notable ne
semble apparaître à l’intérieur du groupe contrôle. À ce point, nous avons cherché des
spécificités à l’intérieur des deux sous-groupes de patientes en les séparant.
En analysant le discours des anorexiques/boulimiques, ce qui est significatif est
que l’aliment est vécu en fonction de l’apport nutritionnel chez les 29-34 ans. Chez les
anorexiques restrictives il apparaît que le bon aliment est vécu plutôt dans son aspect
perceptif pour la tranche d’âge de 29 à 34 ans et un diagnostique d’anorexie, est vécu
comme bon selon sa fonction alimentaire pour celles avec. Le seul écart qui semble
ressortir des deux sous-groupes de patientes est que les anorexiques restrictives ne
considèrent un bon aliment que sur le plan perceptif, contrairement aux
anorexiques/boulimiques pour qui ceci est en fonction de son apport alimentaire.
Au regard de tout cela, et en revenant à l’analyse du discours du groupe de
témoins et du groupe de patientes, nous pourrions conclure que ce que nous retrouvons
comme significatif – pour la tranche d’âge entre 22 et 28 ans autour du vécu
alimentaire – correspond à ce que nous retrouvons ensuite dans le groupes de patientes
pour la même thématique et la même tranche d’âge, et que nous retrouvons encore
dans la dernière analyse uniquement dans le groupe des anorexiques restrictives.
Nous constatons aussi qu’une thématique, celle de l’aliment et ses calories, est
présente uniquement dans le groupe des patientes et ensuite dans les deux sous-
groupes séparés.
256

VII. CONCLUSIONS

Ce travail de thèse se veut être une contribution pour répondre, en partie, aux
nombreuses questions auxquelles le clinicien est confronté régulièrement face à ces
patientes dont la complexité de la pathologie reste encore à nos jours, en grande partie,
une énigme.
Malgré la multitude d’études présentes depuis des décennies dans la littérature, de
recherches souvent extrêmement importantes dans la compréhension de cette maladie
et à ses mécanismes complexes, beaucoup d’interrogations restent encore sans
réponse.
Beaucoup d’études avaient déjà exploré les différentes hypothèses
étiopathogéniques, les aspects cliniques et leurs différentes intrications et relations, les
modalités de prise en charge, le concept fondamental d’image corporelle, mais très peu
d’études ont essayé d’étudier la symptomatologie d’une façon évolutive au cours de la
prise en charge. Peu d’études ont essayé de mettre en relation les différentes variables
cliniques et psychologiques entre elles tout au long de la prise en charge. Notamment
en relation avec la reprise et la normalisation pondérale, afin de déterminer de voir si
une de ses variables pouvait avoir une significativité par rapport à l’évolution et au
pronostic.
Il nous semblait important aussi, à l’aide de tests expérimentaux – les tests de
catégorisation alimentaire et d’analyse du discours – d’amener notre contribution à un
aspect très important, souvent évoqué comme ayant un rôle prépondérant dans la
genèse et l’évolution des troubles du comportement alimentaire : leur fonctionnement
cognitif. D’autres études avaient déjà utilisé auparavant ces deux tests expérimentaux
mais à l’aide d’une seule évaluation.
Il nous semblait important d’analyser la catégorisation alimentaire et le discours à
des intervalles réguliers pendant l’hospitalisation afin de voir leur fonctionnement (ou
au moins une partie) d’une façon évolutive et en relation avec les variables cliniques et
psychologiques.
Ce travail a, à notre avis, le mérite d’avoir apporté une petite pierre à la
compréhension clinique des troubles du comportement alimentaire tout en restant bien
Conclusions 257

consciente que, beaucoup de questions continuent à rester sans réponse. Nous espérons
que notre étude puisse servir à la réflexion clinique sur les troubles du comportement
alimentaire afin de mieux comprendre et traiter cette pathologie encore létale de nos
jours.
Il nous semble important, à l’avenir, de concentrer plus nos efforts à ce qui reste
le cœur de cette pathologie : le vécu et la perception corporelle, aspects qui, même
avec une prise en charge importante et multifactorielle, ne s’améliorent pas d’une
façon significative et suffisante.
Les efforts des cliniciens doivent, à notre avis, nécessairement consacrer une
partie de leur travail et de leur prise en charge.
Reste à savoir comment et avec quels outils, même si un certain nombre d’équipes
et de cliniciens ont déjà commencé à mettre en place différents protocoles d’approches
corporelles.
258

VIII. BIBLIOGRAPHIE

Abraham, S. F., et Beumont, P. J. (1982). How patients describe bulimia or binge


eating. Psychological Medicine, 12(3), 625-635.

Agathon, M., et Dorna, F. (1979). Un test comportemental d'assertion. Psychologie


médicale, 11, 2353-2358.

Agman, G., Corcos, M., et Jeammet, P. (1994). Troubles des conduites alimentaires.
Encyclopédie Médico-Chiurgicale - Psychiatrie/Pédopschiatrie, 37-350-A-10, 16.

Agras, W. S., Telch, C. F., Arnow, B., Eldredge, K., Detzer, M. J., Henderson, J., et al.
(1995). Does interpersonal therapy help patients with binge eating disorder who
fail to respond to cognitive-behavioral therapy? Journal of Consulting and
Clinical Psychology, 63(3), 356-360.

Aimez, P. (1987). Intérêt de l'approche nutritionnelle psycho-éducative dans le


traitement de la boulimie. Actualités Psychiatriques, 9, 84-89.

Aimez, P. (1991). Le GEFAB : une structure originale de prevention et de soins. In


Venisse, J. L. (Ed.), Les nouvelles addictions (pp. 237-243). Paris: Masson.

Aimez, P., et Ravar, J. (1988). Boulimiques : origines et traitement de la boulimie.


Paris: Ramsay.

Allebeck, P., Hallberg, D., et Espmark, S. (1976). Body image-an apparatus for
measuring disturbances in estimation of size and shape. Journal of Psychosomatic
Research, 20(6), 583-589.

American Psychiatric Association. (1989). DSM-III-R. Manuel diagnostique et


statistique des troubles mentaux. (Washington DC, 1987) (Guelfi, J.-D., Trans.
3ème révisée ed.). Paris: Masson.

American Psychiatric Association. (1996). DSM-IV. Manuel diagnostique et


statistique des troubles mentaux. (Washington DC, 1994) (Guelfi, J.-D., Trans.
4ème ed.). Paris: Masson.

American Psychological Association. (2001). Publication manual of the American


Psychological Association (5th ed.). Washington, DC: American Psychological
Association.

Andersen, A. E. (1988). Anorexia nervosa and bulimia: a spectrum of eating disorders.


Journal of Adolescent Health Care, 4, 15-21.

Andersen, A. E. (1992). Follow-up of males with eating disorders. In Herzog, W.,


Deter, H. C. et Vandereycken, W. (Eds.), The course of eating disorders: Long
term follow-up studies of anorexia & bulimia nervosa Berlin: Springer-Verlag.
Bibliographie 259

Apfelbaum, M. (1991). Signes nutritionnels de gravité au cours des anorexies


mentales. Paper presented at the Symposium International "Les troubles des
conduites alimentaires".

Artmann, H., Grau, H., Adelmann, M., et Schleiffer, R. (1985). Reversible and non-
reversible enlargement of cerebrospinal fluid spaces in anorexia nervosa.
Neuroradiology, 27(4), 304-312.

Askevold, F. (1975). Measuring body image. Preliminary report on a new method.


Psychotherapy and Psychosomatics, 26(2), 71-77.

Attie, I., et Petersen, A. C. (1990). A developmental perspective on eating disorders


and eating problems. In Lewis, M. et Miller, S. M. (Eds.), Handbook of
developmental psychopathology (pp. 409-420). New York: Plenum.

Bados, A., Balaguer, G., et Saldana, C. (2007). The efficacy of cognitive-behavioral


therapy and the problem of drop-out. Journal of Clinical Psychology, 63(6), 585-
592.

Banas, A., Januszkiewicz-Grabias, A., Radziwillowicz, P., et Smoczynski, S. (2002).


[Follow-up study of quality of life and treatment of eating disorder: dynamics of
the depressive and anxiety symptoms]. Psychiatria polska, 36(6 Suppl), 323-329.

Bastiani, A. M., Rao, R., Weltzin, T., et Kaye, W. H. (1995). Perfectionism in


anorexia nervosa. International Journal of Eating Disorders, 17(2), 147-152.

Beck, A. T., et Beck, R. W. (1972). Screening depressed patients in family practice: a


rapid technique. Postgraduate Medicine, 52, 81-85.

Beck, A. T., Epstein, N., Brown, G., et Steer, R. A. (1988). An inventory for
measuring clinical anxiety: psychometric properties. Journal of Consulting and
Clinical Psychology, 56(6), 893-897.

Beck, A. T., Ward, C. H., Mendelson, M., Mock, J., et Erbaugh, J. (1961). An
inventory for measuring depression. Archives of General Psychiatry, 4, 561-571.

Bell, C., Kirkpatrick, S. W., et Rinn, R. C. (1986). Body image of anorexic, obese, and
normal females. J Clin Psychol, 42(3), 431-439.

Bell, R. M. (1987). La santa anoressia. Digiuno e misticismo dal medioevo a oggi.


Bari: Laterza.

Ben-Tovim, D. I., Walker, K., Gilchrist, P., Freeman, R., Kalucy, R., et Esterman, A.
(2001). Outcome in patients with eating disorders: a 5-year study. Lancet,
357(9264), 1254-1257.

Benzécri, J.-P. (1973a). L'analyse des données (1ère ed. Vol. 2 : L'analyse factorielle
des correspondances). Paris: Dunod.

Benzécri, J.-P. (1973b). L'analyse des données (1ère ed. Vol. 1 : La taxinomie). Paris:
Dunod.
Bibliographie 260

Bergh, C., Ejderhamn, J., et Sodersten, P. (2003). What is the evidence basis for
existing treatments of eating disorders? Current Opinion in Pediatrics, 15(3), 344-
345.

Berkman, N. D., Lohr, K. N., et Bulik, C. M. (2007). Outcomes of eating disorders: a


systematic review of the literature. International Journal of Eating Disorders,
40(4), 293-309.

Bers, S. A., et Quinlan, D. M. (1992). Perceived-competence deficit in anorexia


nervosa. Journal of Abnormal Psychology, 101(3), 423-431.

Berthoz, S., Ringuenet, D., Corcos, M., Martinot, J.-L., et Jeammet, P. (2002).
Imagerie cerebrale et troubles des conduites alimentaires. Annales de médecine
interne, 153(7 Suppl), 2S62-72.

Beumont, P. J. V. (1995). The clinical presentation of anorexia and bulimia nervosa.


In Brownell, K. D. et Fairburn, C. G. (Eds.), Eating disorders and obesity: a
comprehensive handbook (pp. 151-158). New York: The Guilford press.

Black, P. M., et Madsen, J. A. (1992). Chronic increased intracranial pressure. In


Asbury, A. K., McKhann, G. M. et McDonald, W. I. (Eds.), Diseases of the
nervous system: clinical neurobiology (Vol. II, pp. 972-984). Philadelphia: W. B.
Saunders.

Boon, B., Stroebe, W., Schut, H., et Jansen, A. (1998). Food for thought: cognitive
regulation of food intake. British Journal of Health Psychology, 3(1), 27-40.

Bourke, M. P., Taylor, G. J., Parker, J. D., et Bagby, R. M. (1992). Alexithymia in


women with anorexia nervosa. A preliminary investigation. British Journal of
Psychiatry, 161, 240-243.

Bourque, P., et Beaudette, D. (1982). Étude psychométrique du questionnaire de


dépression de Beck auprès d'un échantillon d'étudiants universitaires
francophones. Revue Canadienne des Sciences du Comportement, 14(3), 211-218.

Bouvard, M., et Cottraux, J. (2005). Protocoles et échelles d'évaluation en psychiatrie


et en psychologie (4ème ed.). Paris: Masson.

Brambilla, F., Draisci, A., Peirone, A., et Brunetta, M. (1995a). Combined cognitive-
behavioral, psychopharmacological and nutritional therapy in eating disorders. 1.
Anorexia nervosa--restricted type. Neuropsychobiology, 32(2), 59-63.

Brambilla, F., Draisci, A., Peirone, A., et Brunetta, M. (1995b). Combined cognitive-
behavioral, psychopharmacological and nutritional therapy in eating disorders. 2.
Anorexia nervosa--binge-eating/purging type. Neuropsychobiology, 32(2), 64-67.

Brambilla, F., Draisci, A., Peirone, A., et Brunetta, M. (1995c). Combined cognitive-
behavioral, psychopharmacological and nutritional therapy in bulimia nervosa.
Neuropsychobiology, 32(2), 68-71.
Bibliographie 261

Brewerton, T. D. (1995). Toward a unified theory of serotonin dysregulation in eating


and related disorders. Psychoneuroendocrinology, 20(6), 561-590.

Brooks-Gunn, J., et Warren, M. P. (1985). The effects of delayed menarche in


different contexts: dance and non-dance students. Journal of Youth and
Adolescence, 14, 285-300.

Brownell, K. D., et Fairburn, C. G. (1995). Eating disorders and obesity : a


comprehensive handbook. New York: The Guilford Press.

Bruce, B., et Agras, W. S. (1992). Binge eating in females: a population-based


investigation. International Journal of Eating Disorders, 12(4), 365-373.

Bruce, B., et Wilfley, D. (1996). Binge eating among the overweight population: a
serious and prevalent problem. Journal of the American Dietetic Association,
96(1), 58-61.

Bruch, H. (1961). Conceptual confusion in eating disorders. The Journal of Nervous


and Mental Disease, 133(1), 46-54.

Bruch, H. (1962). Perceptual and conceptual disturbances in anorexia nervosa.


Psychosomatic Medecine, 24, 187-194.

Bruch, H. (1973). Eating disorders: obesity, anorexia nervosa, and the person within.
New York,: Basic Books, Inc.

Bruch, H. (1978). The golden cage: the enigma of anorexia nervosa. Cambridge, MA:
Harvard University Press.

Bruch, H. (1982a). Anorexia Nervosa: therapy and theory. The American Journal of
Psychiatry, 139(12), 1531-1538.

Bruch, H. (1982b). Psychotherapy in anorexia nervosa. International Journal of


Eating Disorders, 1(4), 3-14.

Bruchon-Schweitzer, M., et Paulhan, I. (1990). Manuel pour l'inventaire d'anxiété


Trait - Etat (forme Y). Laboratoire de Physiologie de la Santé, Université de
Bordeaux II.

Bruchon-Schweitzer, M., et Paulhan, I. (1993). Manuel de l'inventaire d'anxiété état-


trait forme Y (STAI-Y). Paris: Editions du Centre de Psychologie Appliquée

Brusset, B. (1977). L'assiette et le miroir: l’anorexie mentale de l’enfant et de


l’adolescent. Paris: Privat.

Bryant-Waugh, R., Hankins, M., Shafran, R., Lask, B., et Fosson, A. (1996). A
prospective follow-up of children with anorexia nervosa. Journal of Youth and
Adolescence, 25(4), 431-437.
Bibliographie 262

Bulik, C. M. (2002). Anxiety, depression and eating disorders. In Fairburn, C. G. et


Brownell, K. D. (Eds.), Eating disorders and obesity: a comprehensive handbook
(2nd ed., pp. 193-198). New York: Guildford Press.

Bulik, C. M., Sullivan, P. F., Fear, J. L., et Joyce, P. R. (1997). Eating disorders and
antecedent anxiety disorders: a controlled study. Acta Psychiatr Scand, 96(2),
101-107.

Bulik, C. M., Sullivan, P. F., Wade, T. D., et Kendler, K. S. (2000). Twin studies of
eating disorders: a review. International Journal of Eating Disorders, 27(1), 1-20.

Button, E. J., Sonuga-Barke, E. J., Davies, J., et Thompson, M. (1996). A prospective


study of self-esteem in the prediction of eating problems in adolescent schoolgirls:
questionnaire findings. British Journal of Clinical Psychology, 35 ( Pt 2), 193-
203.

Buvat, J., et Buvat-Herbaut, M. (1978). Dysperception de l'image corporelle et


dysmorphophobies dans l'anorexie mentale. A propos de 115 cas des deux sexes.
I. L'alteration des mecanismes de perception dans l'anorexie mentale. Annales
Médico-Psychologiques, 136(4), 547-561.

Carlat, D. J., Camargo, C. A., Jr., et Herzog, D. B. (1997). Eating disorders in males: a
report on 135 patients. The American Journal of Psychiatry, 154(8), 1127-1132.

Cash, T. F., et Brown, T. A. (1987). Body image in anorexia nervosa and bulimia
nervosa. A review of the literature. Behavior Modification, 11(4), 487-521.

Cash, T. F., et Deagle, E. A., 3rd. (1997). The nature and extent of body-image
disturbances in anorexia nervosa and bulimia nervosa: a meta-analysis.
International Journal of Eating Disorders, 22(2), 107-125.

Casper, R. C. (1983). On the emergence of bulimia nervosa as a syndrome. A


historical view. International Journal of Eating Disorders, 2(3), 3-16.

Casper, R. C., et Davis, J. M. (1977). On the course of anorexia nervosa. The


American Journal of Psychiatry, 134(9), 974-978.

Casper, R. C., Halmi, K. A., Goldberg, S. C., Eckert, E. D., et Davis, J. M. (1979).
Disturbances in Body Image Estimation as Related to Other Characteristics and
Outcome in Anorexia Nervosa. British Journal of Psychiatry, 134, 60-66.

Castro-Fornieles, J., Gual, P., Lahortiga, F., Gila, A., Casula, V., Fuhrmann, C., et al.
(2007). Self-oriented perfectionism in eating disorders. International Journal of
Eating Disorders, 40(6), 562-568.

Cavallini, M. C., Bertelli, S., Chiapparino, D., Riboldi, S., et Bellodi, L. (2000).
Complex segregation analysis of obsessive-compulsive disorder in 141 families of
eating disorder probands, with and without obsessive-compulsive disorder.
American Journal of Medical Genetics, 96(3), 384-391.
Bibliographie 263

Chatoor, I., Dickson, L., et Einhorn, A. (1984). Rumination: etiology and treatment.
Pediatric Annals, 13(12), 924-929.

Clark, D. A., Feldman, J., et Channon, S. (1989). Dysfunctional thinking in anorexia


nervosa and bulimia nervosa. Cognitive Therapy and Research, 13(4), 377-387.

Collier, D. A., Arranz, M. J., Li, T., Mupita, D., Brown, N., et Treasure, J. (1997).
Association between 5-HT2A gene promoter polymorphism and anorexia nervosa.
Lancet, 350(9075), 412.

Connan, F., et Stanley, S. (2003). Biology of appetite and weight regulations. In


Treasure, J., Schmidt, U. et van Furth, E. (Eds.), Handbook of eating disorders
(2nd ed., pp. 63-88). Chichester: John Wiley and Sons.

Cooley, E., et Toray, T. (2001). Body image and personality predictors of eating
disorder symptoms during the college years. International Journal of Eating
Disorders, 30(1), 28-36.

Cooper, M. J., Anastasiades, P., et Fairburn, C. G. (1992). Selective processing of


eating-, shape-, and weight-related words in persons with bulimia nervosa.
Journal of Abnormal Psychology, 101(2), 352-355.

Cooper, M. J., et Fairburn, C. G. (1992). Thoughts about eating, weight and shape in
anorexia nervosa and bulimia nervosa. Behaviour Research and Therapy, 30(5),
501-511.

Cooper, M. J., Todd, G., et Wells, A. (1998). Content, origins, and consequences of
dysfunctional beliefs in anorexia nervosa and bulimia nervosa. Journal of
Cognitive Psychotherapy, 12(3), 213-230.

Cooper, P. J., Taylor, M. J., Cooper, Z., et Fairburn, C. G. (1987). The development
and validation of the Body Shape Questionnaire. International Journal of Eating
Disorders, 6, 485-494.

Corcos, M., Agman, G., Bochereau, D., Chambry, J., et Jeammet, P. (2002). Troubles
des conduites alimentaires à l'adolescence. Encyclopédie Médico-Chiurgicale -
Psychiatrie/Pédopschiatrie, 37-215-B-65, 15p.

Corcos, M., Atger, F., Flament, M. F., et Jeammet, P. (1995). Boulimie et dépression.
Neuropsychiatrie de l'Enfance et de l'Adolescence, 43(9), 391-400.

Corcos, M., Flament, M., et Jeammet, P. (2003). Les conduites de dépendance:


dimensions psychopathologiques communes. Paris: Editions Masson.

Corcos, M., Flament, M. F., Giraud, M. J., Paterniti, S., Ledoux, S., Atger, F., et al.
(2000). Early psychopathological signs in bulimia nervosa. A retrospective
comparison of the period of puberty in bulimic and control girls. European Child
& Adolescent Psychiatry, 9(2), 115-121.
Bibliographie 264

Corcos, M., et Jeammet, P. (2000). Conduites de dépendance à l’adolescence. Aspects


étiopathogéniques et cliniques. Encyclopédie Médico-Chiurgicale -
Psychiatrie/Pédopschiatrie, 37-216-G-30, 6p.

Corcos, M., et Jeammet, P. (2001). Eating disorders: psychodynamic approach and


practice. Biomedecine & Pharmacotherapy, 55(8), 479-488.

Corcos, M., Nezelof, S., Speranza, M., Topa, S., Girardon, N., Guilbaud, O., et al.
(2001). Psychoactive substance consumption in eating disorders. Eating
Behaviors, 2(1), 27-38.

Cottraux, J. (1979). Les thérapies comportementales. Paris: Masson.

Couvreur, C. (1991). Souces historiques et perspectives contemporaines. In Brusset, B.


(Ed.), La boulimie. Monographie de la revue française de psychanalyse (pp. 13-
45). Paris: Presse Universitaires de France.

Criquillion-Doublet, S., Divac, S., Dardennes, R., et Guelfi, J.-D. (1995). Le Eating
Disorder Inventory. In Guelfi, J. D., Gaillac, V. et Dardennes, R. (Eds.),
Psychopathologie quantitative (pp. 248-260). Paris: Masson.

Crisp, A. H. (1965). Some aspects of the evolution, presentation and follow-up of


anorexia nervosa. Proceedings of the Royal Society of Medicine, 58(10), 814-820.

Crisp, A. H. (1970). Anorexia nervosa: feeding disorder, nervous malnutrition or


weight phobia? World Review of Nutrition and Dietetics, 12, 452-504.

Crisp, A. H. (1980). Anorexia nervosa: let me be. London: Academic Press.

Crisp, A. H. (1981). Therapeutic outcome in anorexia nervosa. Canadian Journal of


Psychiatry, 26(4), 232-235.

Crisp, A. H., et Kalucy, R. S. (1974). Aspects of the perceptual disorder in anorexia


nervosa. British Journal of Medical Psychology, 47(4), 349-361.

Da Costa, M., et Halmi, K. A. (1992). Classifications of anorexia nervosa: Question of


subtypes. International Journal of Eating Disorders, 11(4), 305-313.

Daley, K. A., Jimerson, D. C., Heatherton, T. F., Metzger, E. D., et Wolfe, B. E.


(2008). State self-esteem ratings in women with bulimia nervosa and bulimia
nervosa in remission. International Journal of Eating Disorders, 41(2), 159-163.

Dally, P., et Gomez, J. (1979). Anorexia nervosa. London: Heinemann.

Dancyger, I. F., et Garfinkel, P. E. (1995). The relationship of partial syndrome eating


disorders to anorexia nervosa and bulimia nervosa. Psychological Medicine,
25(5), 1019-1025.

Dansky, B. S., Brewerton, T. D., et Kilpatrick, D. G. (2000). Comorbidity of bulimia


nervosa and alcohol use disorders: results from the National Women's Study.
International Journal of Eating Disorders, 27(2), 180-190.
Bibliographie 265

Davis, M. S., et Marsh, L. (1986). Self-love, self-control, and alexithymia: narcissistic


features of two bulimic adolescents. The American Journal of Psychotherapy,
40(2), 224-232.

De Kloet, E. R., Vreugdenhil, E., Oitzi, M. S., et Joels, M. (1998). Brain corticosteroid
receptor balance in health and disease. Endocrine Reviews, 19(3), 269-301.

De Panfilis, C., Rabbaglio, P., Rossi, C., Zita, G., et Maggini, C. (2003). Body image
disturbance, parental bonding and alexithymia in patients with eating disorders.
Psychopathology, 36(5), 239-246.

Delvenne, V., Goldman, S., De Maertelaer, V., et Lotstra, F. (1999). Brain glucose
metabolism in eating disorders assessed by positron emission tomography.
International Journal of Eating Disorders, 25(1), 29-37.

Delvenne, V., Goldman, S., De Maertelaer, V., Simon, Y., Luxen, A., et Lotstra, F.
(1996). Brain hypometabolism of glucose in anorexia nervosa: normalization after
weight gain. Biological Psychiatry, 40(8), 761-768.

Derogatis, L. R., Lipman, R. S., et Covi, L. (1973). SCL-90: An outpatient psychiatric


rating scale: Preliminary report. Psychopharmacology Bulletin, 9(1), 13-28.

Divac, S., Foulon, C., Criquillion-Doublet, S., et Samuel-Lajeunesse, B. (1991). Le


traitement comportemental des patientes anorexiques individualisé. Rôle des
caractéristiques d'échantillon dans le choix de l'approche thérapeutique. Paper
presented at the Symposium International "Les troubles des conduites
alimentaires", Paris.

Doraiswamy, P. M., Krishnan, K. R., Figiel, G. S., Husain, M. M., Boyko, O. B.,
Rockwell, W. J., et al. (1990). A brain magnetic resonance imaging study of
pituitary gland morphology in anorexia nervosa and bulimia. Biological
Psychiatry, 28(2), 110-116.

Duneton, C., et Foulon, C. (1994). Traitements institutionnels des troubles du


comportement alimentaire. In Samuel-Lajeunesse, B. et Foulon, C. (Eds.), Les
conduites alimentaires (pp. 238-247). Paris: Masson.

Durkin, S. J., et Paxton, S. J. (2002). Predictors of vulnerability to reduced body image


satisfaction and psychological wellbeing in response to exposure to idealized
female media images in adolescent girls. Journal of Psychosomatic Research,
53(5), 995-1005.

Dworkin, S. H. (1988). Not in man's image: Lesbians and the cultural oppression of
body image. Women & Therapy, 8, 27-39.

Eckert, E. D., Halmi, K. A., Marchi, P., Grove, W., et Crosby, R. (1995). Ten-year
follow-up of anorexia nervosa: clinical course and outcome. Psychological
Medicine, 25(1), 143-156.
Bibliographie 266

Eiber, R., Mirabel-Sarron, C., et Urdapilleta, I. (2005). Les cognitions et leur


evaluation dans les troubles des conduites alimentaires. L'Encéphale, 31(6 Pt 1),
643-652.

Ellison, Z., Foong, J., Howard, R., Bullmore, E., Williams, S., et Treasure, J. (1998).
Functional anatomy of calorie fear in anorexia nervosa. Lancet, 352(9135), 1192.

Fabian, L. J., et Thompson, J. K. (1989). Body image and eating disturbance in young
females. International Journal of Eating Disorders, 8, 63-74.

Fairburn, C. G. (1981). A cognitive behavioural approach to the treatment of bulimia.


Psychological Medicine, 11(4), 707-711.

Fairburn, C. G. (1985). Cognitive-behavioral treatment for bulimia. In Garner, D. M.


et Garfinkel, P. (Eds.), Handbook of Psychotherapy for anorexia nervosa and
bulimia (pp. 160-192). London: Guildford Press.

Fairburn, C. G., et Cooper, P. J. (1984). Rumination in bulimia nervosa. British


Medical Journal (Clinical Research Edition), 288(6420), 826-827.

Fairburn, C. G., Cooper, Z., et Cooper, P. J. (1986). The clinical features and
maintenance of bulimia nervosa. In Brownell, K. D. et Foreyt, J. P. (Eds.),
Physiology, psychology and treatment of eating disorders. New York: Basic
Books.

Fairburn, C. G., Cooper, Z., Doll, H. A., et Welch, S. L. (1999). Risk factors for
anorexia nervosa: three integrated case-control comparisons. Archives of General
Psychiatry, 56(5), 468-476.

Fairburn, C. G., Cooper, Z., et Shafran, R. (2003). Cognitive behaviour therapy for
eating disorders: a "transdiagnostic" theory and treatment. Behaviour Research
and Therapy, 41(5), 509-528.

Fairburn, C. G., Doll, H. A., Welch, S. L., Hay, P. J., Davies, B. A., et O'Connor, M.
E. (1998). Risk factors for binge eating disorder: a community-based, case-control
study. Archives of General Psychiatry, 55(5), 425-432.

Fairburn, C. G., Marcus, M. D., et Wilson, G. T. (1993). Cognitive-behavioral therapy


for binge eating and bulimia nervosa: a comprehensive treatment manual. In
Fairburn, C. G. et Wilson, G. T. (Eds.), Binge eating: nature, assessment and
treatment (pp. 361-404). New York: Guilford Press.

Fairburn, C. G., Shafran, R., et Cooper, Z. (1999). A cognitive behavioural theory of


anorexia nervosa. Behaviour Research and Therapy, 37(1), 1-13.

Fairburn, C. G., Welch, S. L., Doll, H. A., Davies, B. A., et O'Connor, M. E. (1997).
Risk factors for bulimia nervosa. A community-based case-control study. Archives
of General Psychiatry, 54(6), 509-517.

Fallon, P., Katzman, M. A., et Wooley, S. C. (Eds.). (1994). Feminist perspectives on


eating disorders. New York: Guilford Press.
Bibliographie 267

Fassino, S., Daga, G. A., Piero, A., Leombruni, P., et Rovera, G. G. (2001). Anger and
personality in eating disorders. Journal of Psychosomatic Research, 51(6), 757-
764.

Feld, R., Woodside, D. B., Kaplan, A. S., Olmsted, M. P., et Carter, J. C. (2001).
Pretreatment motivational enhancement therapy for eating disorders: a pilot study.
International Journal of Eating Disorders, 29(4), 393-400.

Fernandez-Aranda, F., Dahme, B., et Meermann, R. (1999). Body image in eating


disorders and analysis of its relevance: a preliminary study. Journal of
Psychosomatic Research, 47(5), 419-428.

Fichter, M. M., Quadflieg, N., et Hedlund, S. (2006). Twelve-year course and outcome
predictors of anorexia nervosa. International Journal of Eating Disorders, 39(2),
87-100.

Fisher, S. (1990). The evolution of psychological concepts about the body. In Cash, T.
F. et Pruzinsky, T. (Eds.), Body images: development , deviance and change (pp.
3-20). New York: Guilford Press.

Flament, M. F., Corcos, M., Giraud, M. J., Atger, F., et Jeammet, P. (2001). Sexual
abuse and bulimia nervosa. Psychiatry Research, .(submitted).

Flament, M. F., et Jeammet, P. (2000). La boulimie: réalités et perspectives. Paris:


Masson.

Fombonne, E. (1995). Eating disorders: time trends and possible explanatory


mechanisms. In Rutter, M. et Smith, D. J. (Eds.), Psychosocial disorders in young
people: time trends and their causes (pp. 617-685). Chichester: Wiley.

Forbush, K., et Watson, D. (2006). Emotional inhibition and personality traits: a


comparison of women with anorexia, bulimia, and normal controls. Annals of
Clinical Psychiatry, 18(2), 115-121.

Foulon, C. (1999). Les anorexies difficiles : prise en charge à la Clinique des Maladies
Mentales et de l'Encéphale. Neuropsychiatrie de l'Enfance et de l'Adolescence,
47(7-8), 307-311.

Freeman, R. J., Thomas, C. D., Solyom, L., et Hunter, M. (1984). A modified video-
camera for measuring body image distortion: technical description and reliability.
Psychological Medicine, 14(2), 411-416.

Furnham, A., et Alibhai, N. (1983). Cross-cultural differences in the perception of


female body shapes. Psychological Medicine, 13(4), 829-837.

Gardner, R. M., et Bokenkamp, E. D. (1996). The role of sensory and nonsensory


factors in body size estimations of eating disorder subjects. Journal of Clinical
Psychology, 52(1), 3-15.

Garfinkel, P. E. (1974). Perception of hunger and satiety in anorexia nervosa.


Psychological Medicine, 4(3), 309-315.
Bibliographie 268

Garfinkel, P. E., Lin, E., Goering, P., Spegg, C., Goldbloom, D. S., Kennedy, S., et al.
(1995). Bulimia nervosa in a Canadian community sample: prevalence and
comparison of subgroups. The American Journal of Psychiatry, 152(7), 1052-
1058.

Garfinkel, P. E., Moldofsky, H., et Garner, D. M. (1977). The outcome of anorexia


nervosa. Significance of clinical features, body image and behavior modification.
In Vigersky, R. A. (Ed.), Anorexia nervosa. A Monograph of the National
Institute of Child Health and Human Development (pp. 315-329). New York:
Raven Press, Medical Publishers.

Garner, D. M. (1986). Cognitive-behavioral therapy for eating disorders. The Clinical


Psychologist, 39, 36-39.

Garner, D. M. (1993). Pathogenesis of anorexia nervosa. Lancet, 341(8861), 1631-


1635.

Garner, D. M., et Bemis, K. M. (1982). A cognitive-behavioral approach to anorexia


nervosa. Cognitive Therapy and Research, 6(2), 123-150.

Garner, D. M., et Bemis, K. M. (1984). Cognitive therapy for anorexia nervosa. In


Garner, D. M. et Garfinkel, P. E. (Eds.), Handbook of psychotherapy for anorexia
nervosa and bulimia. New York: The Guilford Press.

Garner, D. M., et Garfinkel, P. E. (1979). The Eating Attitudes Test: an index of the
symptoms of anorexia nervosa. Psychological Medicine, 9(2), 273-279.

Garner, D. M., et Garfinkel, P. E. (1981). Body image in anorexia nervosa:


measurement, theory and clinical implications. International Journal of
Psychiatry in Medicine, 11(3), 263-284.

Garner, D. M., et Garfinkel, P. E. (1982). Perceptive and cognitive disturbances.


Anorexia nervosa: a multidimensional perspective. New York: Brunner/Mazel.

Garner, D. M., et Garfinkel, P. E. (1997). Handbook of treatment for eating disorders


(2nd ed.). New York: The Guilford Press.

Garner, D. M., Garfinkel, P. E., et Bonato, D. P. (1987). Body image measurement in


eating disorders. Advances in Psychosomatic Medicine, 17, 119-133.

Garner, D. M., Garfinkel, P. E., Stancer, H. C., et Moldofsky, H. (1976). Body image
disturbances in anorexia nervosa and obesity. Psychosomatic Medicine, 38(5),
327-336.

Garner, D. M., Olmsted, M. P., et Polivy, J. (1983). Development and validation of a


multidimensional eating disorder inventory for anorexia nervosa and bulimia.
International Journal of Eating Disorders, 2, 15-34.
Bibliographie 269

Garrot, G., Lang, F., Estour, B., Pellet, J., Gauthey, C., et Wagon, C. (1987). Étude de
la E. A. T. - Échelle d'auto-evaluation de l'anorexie mentale dans une population
temoin et dans une population d'anorectiques. Annales Médico-Psychologiques,
145(3), 258-264.

Geller, J., Cockell, S. J., Hewitt, P. L., Goldner, E. M., et Flett, G. L. (2000). Inhibited
expression of negative emotions and interpersonal orientation in anorexia nervosa.
International Journal of Eating Disorders, 28(1), 8-19.

Geller, J., Johnston, C., Madsen, K., Goldner, E. M., Remick, R. A., et Birmingham,
C. L. (1998). Shape- and weight-based self-esteem and the eating disorders.
International Journal of Eating Disorders, 24(3), 285-298.

Geller, J., Srikameswaran, S., Cockell, S. J., et Zaitsoff, S. L. (2000). Assessment of


shape- and weight-based self-esteem in adolescents. International Journal of
Eating Disorders, 28(3), 339-345.

Gershon, E. S., Schreiber, J. L., Hamovit, J. R., Dibble, E. D., Kaye, W., Nurnberger,
J. I., Jr., et al. (1984). Clinical findings in patients with anorexia nervosa and
affective illness in their relatives. The American Journal of Psychiatry, 141(11),
1419-1422.

Gicquel, L., Pham-Scottez, A., et Satori, N. (2008). La prise en charge des troubles des
conduites alimentaires chez les adultes. Soins Psychiatrie, 257, 29-34.

Gila, A., Castro, J., Toro, J., et Salamero, M. (1998). Subjective body-image
dimensions in normal and anorexic adolescents. British Journal of Medical
Psychology, 71 ( Pt 2), 175-184.

Gilbert, S., et Thompson, J. K. (1996). Feminist explanations of the development of


eating disorders: Common themes, research findings, and methodological issues.
Clinical Psychology: Science and Practice, 3, 183-202.

Gillion, J. M., Metman, E. H., Picon, L., et Dorval, E. D. (1991). Merycisme ou reflux
gastro-oesophagien: place de la manometrie antro-duodenale. Gastroenterologie
Clinique et Biologique, 15(3), 250-253.

Giordano, G. D., Renzetti, P., Parodi, R. C., Foppiani, L., Zandrino, F., Giordano, G.,
et al. (2001). Volume measurement with magnetic resonance imaging of
hippocampus-amygdala formation in patients with anorexia nervosa. Journal of
Endocrinological Investigation, 24(7), 510-514.

Gleghorn, A., Penner, L. A., Powers, P. S., et Schulman, R. (1987). The psychometric
properties of several measures of body image. Journal of Psychopathology and
Behavioural Assessment, 9(2), 203-218.

Glucksman, M. L., et Hirsch, J. (1969). The response of obese patients to weight


reduction: III. The perception of body size. Psychosomatic Medicine, 31(1), 1-7.
Bibliographie 270

Godart, N. T., Flament, M., Curt, F., Perdereau, F., Lang, F., Venisse, J. L., et al.
(2003a). Les troubles anxieux sont-ils plus frequents chez les sujets souffrant de
troubles du comportement alimentaire? Annales de Médecine Interne, 154(4),
209-218.

Godart, N. T., Flament, M. F., Curt, F., Perdereau, F., Lang, F., Venisse, J. L., et al.
(2003b). Anxiety disorders in subjects seeking treatment for eating disorders: a
DSM-IV controlled study. Psychiatry Research, 117(3), 245-258.

Godart, N. T., Flament, M. F., Lecrubier, Y., et Jeammet, P. (2000). Anxiety disorders
in anorexia nervosa and bulimia nervosa: co-morbidity and chronology of
appearance. European Psychiatry, 15(1), 38-45.

Godart, N. T., Flament, M. F., Perdereau, F., et Jeammet, P. (2002). Comorbidity


between eating disorders and anxiety disorders: a review. International Journal of
Eating Disorders, 32(3), 253-270.

Goldbloom, D. S., Hicks, L. K., et Garfinkel, P. E. (1990). Platelet serotonin uptake in


bulimia nervosa. Biological Psychiatry, 28(7), 644-647.

Golden, N. H., Ashtari, M., Kohn, M. R., Patel, M., Jacobson, M. S., Fletcher, A., et
al. (1996). Reversibility of cerebral ventricular enlargement in anorexia nervosa,
demonstrated by quantitative magnetic resonance imaging. The Journal of
Pediatrics, 128(2), 296-301.

Goodman, A. (1990). Addiction: definition and implications. British Journal of


Addiction, 85(11), 1403-1408.

Goodsitt, A. (1983). Self-regulatory disturbances in eating disorders. International


Journal of Eating Disorders, 2, 51-60.

Gordon, C. M., Dougherty, D. D., Fischman, A. J., Emans, S. J., Grace, E., Lamm, R.,
et al. (2001). Neural substrates of anorexia nervosa: a behavioral challenge study
with positron emission tomography. The Journal of Pediatrics, 139(1), 51-57.

Gordon, I., Lask, B., Bryant-Waugh, R., Christie, D., et Timimi, S. (1997). Childhood-
onset anorexia nervosa: towards identifying a biological substrate. International
Journal of Eating Disorders, 22(2), 159-165.

Gordon, R. A. (1991). Anoressia e bulimia: anatomia di un'epidemia sociale (Stella,


G., Trans.). Milano: Raffaello Cortina Editore.

Gorwood, P., Bouvard, M., Mouren-Simeoni, M. C., Kipman, A., et Ades, J. (1998).
Genetics and anorexia nervosa: a review of candidate genes. Psychiatric Genetics,
8(1), 1-12.

Gowers, S. G., Crisp, A. H., Joughin, N., et Bhat, A. (1991). Premenarcheal anorexia
nervosa. Journal of Child Psychology and Psychiatry, 32(3), 515-524.

Gowers, S. G., et Shore, A. (2001). Development of weight and shape concerns in the
aetiology of eating disorders. British Journal of Psychiatry, 179, 236-242.
Bibliographie 271

Gowers, S. G., Weetman, J., Shore, A., Hossain, F., et Elvins, R. (2000). Impact of
hospitalisation on the outcome of adolescent anorexia nervosa. British Journal of
Psychiatry, 176, 138-141.

Grilo, C. M. (2002). Binge eating disorder. In Fairburn, C. G. et Brownell, K. D.


(Eds.), Eating disorders and obesity: a comprehensive handbook (2nd ed., pp.
178-182). New York: The Guilford Press.

Grucza, R. A., Przybeck, T. R., et Cloninger, C. R. (2007). Prevalence and correlates


of binge eating disorder in a community sample. Comprehensive Psychiatry,
48(2), 124-131.

Gull, W. W. (1874). Anorexia nervosa (apepsia hysterica, anorexia hysterica).


Transactions of the Clinical Society of London, 7, 22-28.

Gull, W. W. (1888). Anorexia nervosa. Lancet, i, 516-517.

Gwirtsman, H. E., Guze, B. H., Yager, J., et Gainsley, B. (1990). Fluoxetine treatment
of anorexia nervosa: an open clinical trial. Journal of Clinical Psychiatry, 51(9),
378-382.

Habermas, T. (1991). Anoressia nervosa: predecessori ed evoluzione del concetto


medico. Psichiatria & Medicina, V(1-2), 36-44.

Haddock, C. K., et Dill, P. L. (2000). The effects of food on mood and behavior:
indications for the addictions model of obesity and eating disorders. Drugs and
Society, 15(1-2), 17-47.

Halmi, K. A. (1995). Basic biological overview of eating disorders. In Bloom, F. E. et


Kupfer, D. J. (Eds.), Psychopharmacology: the fourth generation of progress (4th
revised ed., pp. 1609-1615). New York: Lippincott Williams & Wilkiins.

Halmi, K. A. (2002). Physiology of anorexia nervosa and bulimia nervosa. In


Fairburn, C. G. et Brownell, K. D. (Eds.), Eating disorders and obesity: a
comprehensive handbook (2nd ed., pp. 267-271). New York: Guilford Press.

Halmi, K. A., Casper, R. C., Eckert, E. D., Goldberg, S. C., et Davis, J. M. (1979).
Unique features associated with age of onset of anorexia nervosa. Psychiatry Res,
1(2), 209-215.

Halmi, K. A., Eckert, E., Marchi, P., Sampugnaro, V., Apple, R., et Cohen, J. (1991).
Comorbidity of psychiatric diagnoses in anorexia nervosa. Archives of General
Psychiatry, 48(8), 712-718.

Halmi, K. A., Goldberg, S. C., et Cunningham, S. (1977). Perceptual distortion of


body image in adolescent girls: distortion of body image in adolescence.
Psychological Medicine, 7(2), 253-257.

Halmi, K. A., Powers, P., et Cunningham, S. (1975). Treatment of anorexia nervosa


with behavior modification. Effectiveness of formula feeding and isolation.
Archives of General Psychiatry, 32(1), 93-96.
Bibliographie 272

Halmi, K. A., Sunday, S. R., Strober, M., Kaplan, A., Woodside, D. B., Fichter, M., et
al. (2000). Perfectionism in anorexia nervosa: variation by clinical subtype,
obsessionality, and pathological eating behavior. The American Journal of
Psychiatry, 157(11), 1799-1805.

Harper-Giuffe, B. N., et McKensie, R. K. (1992). Group psychotherapy for eating


disorders. Washington DC: American Psychiatric Press.

Hayaki, J., Friedman, M. A., et Brownell, K. D. (2002). Emotional expression and


body dissatisfaction. International Journal of Eating Disorders, 31(1), 57-62.

Head, H. (1920). Studies in neurology. London: Hodder & Stoughton.

Heinberg, L. J., et Thompson, J. K. (1992). Social comparison: Gender, target


importance ratings, and relation to body image disturbance. Journal of Social
Behavior and Personality, 7, 335-344.

Henderson, M., et Freeman, C. P. (1987). A self-rating scale for bulimia. The 'BITE'.
British Journal of Psychiatry, 150, 18-24.

Hennighausen, K., Enkelmann, D., Wewetzer, C., et Remschmidt, H. (1999). Body


image distortion in Anorexia Nervosa - is there really a perceptual deficit?
European Child & Adolescent Psychiatry, 8(3), 200-206.

Herholz, K. (1996). Neuroimaging in anorexia nervosa. Psychiatry Research, 62(1),


105-110.

Herpertz-Dahlmann, B. M., Müller, B., Herpertz, S., Heussen, N., Hebebrand, J., et
Remschmidt, H. (2001). Prospective 10-year follow-up in adolescent anorexia
nervosa--course, outcome, psychiatric comorbidity, and psychosocial adaptation.
Journal of Child Psychology and Psychiatry, 42(5), 603-612.

Herpertz-Dahlmann, B. M., Wewetzer, C., Schulz, E., et Remschmidt, H. (1996).


Course and outcome in adolescent anorexia nervosa. International Journal of
Eating Disorders, 19(4), 335-345.

Herzog, D. B., Dorer, D. J., Keel, P. K., Selwyn, S. E., Ekeblad, E. R., Flores, A. T., et
al. (1999). Recovery and relapse in anorexia and bulimia nervosa: a 7.5-year
follow-up study. Journal of the American Academy of Child & Adolescent
Psychiatry, 38(7), 829-837.

Herzog, D. B., Keller, M. B., et Lavori, P. W. (1988). Outcome in anorexia nervosa


and bulimia nervosa. A review of the literature. The Journal of Nervous and
Mental Disease, 176(3), 131-143.

Herzog, D. B., Keller, M. B., Lavori, P. W., Kenny, G. M., et Sacks, N. R. (1992). The
prevalence of personality disorders in 210 women with eating disorders. The
Journal of Clinical Psychiatry, 53(5), 147-152.
Bibliographie 273

Herzog, D. B., Keller, M. B., Sacks, N. R., Yeh, C. J., et Lavori, P. W. (1992).
Psychiatric comorbidity in treatment-seeking anorexics and bulimics. Journal of
the American Academy of Child & Adolescent Psychiatry, 31(5), 810-818.

Herzog, D. B., Norman, D. K., Gordon, C., et Pepose, M. (1984). Sexual conflict and
eating disorders in 27 males. The American Journal of Psychiatry, 141(8), 989-
990.

Herzog, D. B., Sacks, N. R., Keller, M. B., Lavori, P. W., von Ranson, K. B., et Gray,
H. M. (1993). Patterns and predictors of recovery in anorexia nervosa and bulimia
nervosa. Journal of the American Academy of Child and Adolescent Psychiatry,
32(4), 835-842.

Herzog, W., Deter, H. C., et Vandereycken, W. (Eds.). (1992). The course of eating
disorders: long-term follow-up studies of anorexia and bulimia nervosa. New
York: Springer-Verlag.

Hill, A. J., et Franklin, J. A. (1998). Mothers, daughters and dieting: investigating the
transmission of weight control. The British Journal of Clinical Psychology, 37(Pt
1), 3-13.

Hinney, A., Remschmidt, H., et Hebebrand, J. (2000). Candidate gene polymorphisms


in eating disorders. European Journal of Pharmacology, 410(2-3), 147-159.

Hirano, H., Tomura, N., Okane, K., Watarai, J., et Tashiro, T. (1999). Changes in
cerebral blood flow in bulimia nervosa. Journal of Computer Assisted
Tomography, 23(2), 280-282.

Hoek, H. W., et van Hoeken, D. (2003). Review of the prevalence and incidence of
eating disorders. International Journal of Eating Disorders, 34(4), 383-396.

Hoffman, G. W., Ellinwood, E. H., Jr., Rockwell, W. J., Herfkens, R. J., Nishita, J. K.,
et Guthrie, L. F. (1989). Cerebral atrophy in bulimia. Biological Psychiatry, 25(7),
894-902.

Hoffman, G. W., Ellinwood, E. H., Jr., Rockwell, W. J., Herfkens, R. J., Nishita, J. K.,
et Guthrie, L. F. (1990). Brain T1 measured by magnetic resonance imaging in
bulimia. Biological Psychiatry, 27(1), 116-119.

Holden, N. L. (1990). Is anorexia nervosa an obsessive-compulsive disorder? British


Journal of Psychiatry, 157, 1-5.

Holderness, C. C., Brooks-Gunn, J., et Warren, M. P. (1994). Co-morbidity of eating


disorders and substance abuse review of the literature. International Journal of
Eating Disorders, 16(1), 1-34.

Hollander, E., et Wong, C. M. (1995). Obsessive-compulsive spectrum disorders. The


Journal of Clinical Psychiatry, 56 Suppl 4, 3-6; discussion 53-55.

Horton, P. C., Gewirtz, H., et Kreutter, K. J. (1992). Alexithymia-state and trait.


Psychotherapy and Psychosomatics, 58(2), 91-96.
Bibliographie 274

Houdé, O. (1992). Catégorisation et développement cognitif. Paris: Presses


Universitaires de France.

Hsu, L. K. G. (1988). The outcome of anorexia nervosa: a reappraisal. Psychological


Medicine, 18(4), 807-812.

Hsu, L. K. G., Crisp, A. H., et Harding, B. (1979). Outcome of anorexia nervosa.


Lancet, 1(8107), 61-65.

Hsu, L. K. G., Kaye, W., et Weltzin, T. (1993). Are the eating disorders related to
obsessive compulsive disorder? International Journal of Eating Disorders, 14(3),
305-318.

Hsu, L. K. G., et Sobkiewicz, T. A. (1991). Body image disturbance: time to abandon


the concept for eating disorders. International Journal of Eating Disorders, 10(1),
15-30.

Huchard, H., et Axenfeld, A. (1883). Traité des névroses (2ème ed.). Paris: Germer-
Baillière.

Hudson, J. I., Hiripi, E., Pope, H. G., Jr., et Kessler, R. C. (2007). The prevalence and
correlates of eating disorders in the National Comorbidity Survey Replication.
Biological Psychiatry, 61(3), 348-358.

Husain, M. M., Black, K. J., Doraiswamy, P. M., Shah, S. A., Rockwell, W. J.,
Ellinwood, E. H., Jr., et al. (1992). Subcortical brain anatomy in anorexia and
bulimia. Biological Psychiatry, 31(7), 735-738.

Image. (2002). Alceste : un logiciel d'analyse de données textuelles. Doc-68.rtf, from


http://www.melissa.ens-cachan.fr/IMG/rtf

Ivancovsky, H. (2000). Approche analytique. In Flament, M. et Jeammet, P. (Eds.), La


boulimie : réalités et perspctives (pp. 279-282). Paris: Masson.

Jeammet, P. (1984). Le groupe de parents: sa place dans le traitement de l'anorexie


mentale. Neuropsychiatrie de l'Enfance et de l'Adolescence, 32(5-6), 299-303.

Jeammet, P. (1985). L'anorexie mentale. Paris: Doin.

Jeammet, P. (1989a). Les conduites boulimiques. La Révue du Praticien, Troubles du


Comportement Alimentaire, 39(5), 388-393.

Jeammet, P. (1989b). Psychopathologie des troubles des conduites alimentaires à


l'adolescence. Valeur heuristique du concept de dépendance. Confrontations
Psychiatriques, 31, 179-202.

Jeammet, P. (1994). Thérapeutiques psychanalytiques des troubles des conduites


alimentaires. In Samuel-Lajeunesse, B. et Foulon, C. (Eds.), Les conduites
alimentaires (pp. 222-231). Paris: Masson.
Bibliographie 275

Jeammet, P., Brechon, G., Payan, C., Gorge, A., et Fermanian, J. (1991). Le devenir
de l'anorexie mentale: une etude prospective de 129 patients evalues au moins 4
ans apres leur premiere admission. La Psychiatrie de l'Enfant, 34(2), 381-442.

Jimerson, D. C., Wolfe, B. E., Metzger, E. D., Finkelstein, D. M., Cooper, T. B., et
Levine, J. M. (1997). Decreased serotonin function in bulimia nervosa. Archives
of General Psychiatry, 54(6), 529-534.

Kaplan, A. S. (1988). Anticonvulsivant treatment of eating disorders. In Garfinkel, P.


E. et Garner, D. M. (Eds.), The role of drug treatment for eating disorders. New
York: Brunner Mazel.

Kaplan, A. S. (2002). Psychological treatments for anorexia nervosa: a review of


published studies and promising new directions. Canadian Journal of Psychiatry,
47(3), 235-242.

Kaplan, H. I., et Sadock, B. J. (1998). Synopsis de psychiatrie : sciences du


comportement, psychiatrie clinique (Louville, P., Trans.). Paris: Masson-Wiliams
& Wilkins.

Karhunen, L. J., Vanninen, E. J., Kuikka, J. T., Lappalainen, R. I., Tiihonen, J., et
Uusitupa, M. I. (2000). Regional cerebral blood flow during exposure to food in
obese binge eating women. Psychiatry Research, 99(1), 29-42.

Karwautz, A., Troop, N. A., Rabe-Hesketh, S., Collier, D. A., et Treasure, J. L. (2003).
Personality disorders and personality dimensions in anorexia nervosa. Journal of
Personality Disorders, 17(1), 73-85.

Katzman, D. K., Lambe, E. K., Mikulis, D. J., Ridgley, J. N., Goldbloom, D. S., et
Zipursky, R. B. (1996). Cerebral gray matter and white matter volume deficits in
adolescent girls with anorexia nervosa. The Journal of Pediatrics, 129(6), 794-
803.

Katzman, D. K., Zipursky, R. B., Lambe, E. K., et Mikulis, D. J. (1997). A


longitudinal magnetic resonance imaging study of brain changes in adolescents
with anorexia nervosa. Archives of Pediatrics & Adolescent Medicine, 151(8),
793-797.

Kaye, W. H. (2002). Central nervous system neurotransmitter activity in anorexia


nervosa and bulimia nervosa. In Fairburn, C. G. et Brownell, K. D. (Eds.), Eating
disorders and obesity: a comprehensive handbook (2nd ed., pp. 272-277). New
York: Guilford Press.

Kaye, W. H., Bulik, C. M., Thornton, L., Barbarich, N., et Masters, K. (2004).
Comorbidity of anxiety disorders with anorexia and bulimia nervosa. The
American Journal of Psychiatry, 161(12), 2215-2221.

Kaye, W. H., Gendall, K. A., Fernstrom, M. H., Fernstrom, J. D., McConaha, C. W., et
Weltzin, T. E. (2000). Effects of acute tryptophan depletion on mood in bulimia
nervosa. Biological Psychiatry, 47(2), 151-157.
Bibliographie 276

Kaye, W. H., Greeno, C. G., Moss, H., Fernstrom, J., Fernstrom, M., Lilenfeld, L. R.,
et al. (1998). Alterations in serotonin activity and psychiatric symptoms after
recovery from bulimia nervosa. Archives of General Psychiatry, 55(10), 927-935.

Kaye, W. H., et Strober, M. (1999). Neurobiology of eating disorders. In Charney, D.


S., Nestler, E. J. et Bunner, B. S. (Eds.), Neurobiology of mental illness (1st ed.,
pp. 891-906). New York: Oxford University Press.

Kaye, W. H., Weltzin, T. E., Hsu, L. K., et Bulik, C. M. (1991). An open trial of
fluoxetine in patients with anorexia nervosa. Journal of Clinical Psychiatry,
52(11), 464-471.

Keck, P. E., Jr., Pope, H. G., Jr., Hudson, J. I., McElroy, S. L., Yurgelun-Todd, D., et
Hundert, E. M. (1990). A controlled study of phenomenology and family history
in outpatients with bulimia nervosa. Comprehensive Psychiatry, 31(4), 275-283.

Keel, P. K., et Mitchell, J. E. (1997). Outcome in bulimia nervosa. The American


Journal of Psychiatry, 154(3), 313-321.

Keel, P. K., Mitchell, J. E., Miller, K. B., Davis, T. L., et Crow, S. J. (1999). Long-
term outcome of bulimia nervosa. Archives of General Psychiatry, 56(1), 63-69.

Kendler, K. S. (1997). The genetic epidemiology of psychiatric disorders: a current


perspective. Social Psychiatry and Psychiatric Epidemiology, 32(1), 5-11.

Kennedy, S. H., et Garfinkel, P. E. (1992). Advances in diagnosis and treatment of


anorexia nervosa and bulimia nervosa. Canadian Journal of Psychiatry, 37(5),
309-315.

Kessler, R. C., McGonagle, K. A., Zhao, S., Nelson, C. B., Hughes, M., Eshleman, S.,
et al. (1994). Lifetime and 12-month prevalence of DSM-III-R psychiatric
disorders in the United States. Results from the National Comorbidity Survey.
Archives of General Psychiatry, 51(1), 8-19.

Kestemberg, E., et Jeammet, P. (1991). Le psychodrame psychanalytique. Paris:


Presses Universitaires de France.

Kestemberg, E., Kestemberg, J., et Decobert, S. (1991). Le faim et le corps. Une étude
psychanalytique de l'anorexie mentale (4ème ed.). Paris: Presse Universitaire de
France.

Keys, A., Brozek, J., Henschel, A., Mickelsen, O., et Taylor, H. L. (1950). The biology
of human starvation (Vol. I & II). Minneapolis, MN: : University of Minnesota
Press.

Kimm, S. Y., Barton, B. A., Obarzanek, E., McMahon, R. P., Kronsberg, S. S.,
Waclawiw, M. A., et al. (2002). Obesity development during adolescence in a
biracial cohort: the NHLBI Growth and Health Study. Pediatrics, 110(5), e54.
Bibliographie 277

Kingston, K., Szmukler, G., Andrewes, D., Tress, B., et Desmond, P. (1996).
Neuropsychological and structural brain changes in anorexia nervosa before and
after refeeding. Psychological Medicine, 26(1), 15-28.

Kleifield, E. I., Sunday, S., Hurt, S., et Halmi, K. A. (1994). The Tridimensional
Personality Questionnaire: an exploration of personality traits in eating disorders.
Journal of Psychiatric Research, 28(5), 413-423.

Kleifield, E. I., Wagner, S., et Halmi, K. A. (1996). Cognitive-behavioral treatment of


anorexia nervosa. The Psychiatric Clinics of North America, 19(4), 715-737.

Klump, K. L., Bulik, C. M., Pollice, C., Halmi, K. A., Fichter, M. M., Berrettini, W.
H., et al. (2000). Temperament and character in women with anorexia nervosa.
The Journal of Mental and Nervous Disease, 188(9), 559-567.

Kolb, L. C. (1959). Disturbances of the body image. In Arieti, S. (Ed.), American


handbook of psychiatry (Vol. 1, pp. 749-769). New York: Basic Books.

Kornreich, L., Shapira, A., Horev, G., Danziger, Y., Tyano, S., et Mimouni, M.
(1991). CT and MR evaluation of the brain in patients with anorexia nervosa.
American Journal of Neuroradiology, 12(6), 1213-1216.

Krieg, J. C. (1991). Eating disorders as assessed by cranial computerized tomography


(CCT, dSPECT, PET). Advances in Experimental Medicine and Biology, 291,
223-229.

Krieg, J. C., Lauer, C., et Pirke, K. M. (1989). Structural brain abnormalities in


patients with bulimia nervosa. Psychiatry Research, 27(1), 39-48.

Krueger, D. W. (1989). Body self and psychological self. New York: Brunner/Mazel.

Kruskal, J. B. (1964). Multidimensional scaling by optimizing goodness of fit to a


non-metric hypothesis. Psychometrika, 29(1), 1-27.

Kruskal, J. B., et Wish, M. (1991). Multidimensional scaling. Beverly Hills CA: Sage.

Lacan, J. (1949). Le stade du miroir comme formateur de la fonction du JE, telle


qu'elle nous est révélée dans l'expérience psychanalytique. In Ecrits (pp. 93-100).
Paris: Éditions du Seuil, 1966.

Lacey, J. H. (1982). Anorexia nervosa and a bearded female saint. British Medical
Journal (Clinical Research Edition), 285(6357), 1816-1817.

Laessle, R. G., Kittl, S., Fichter, M. M., Wittchen, H. U., et Pirke, K. M. (1987). Major
affective disorder in anorexia nervosa and bulimia. A descriptive diagnostic study.
British Journal of Psychiatry, 151, 785-789.

Lambe, E. K., Katzman, D. K., Mikulis, D. J., Kennedy, S. H., et Zipursky, R. B.


(1997). Cerebral gray matter volume deficits after weight recovery from anorexia
nervosa. Archives of General Psychiatry, 54(6), 537-542.
Bibliographie 278

Larkin, J., Rice, C., et Russell, V. (1996). Slipping through the cracks: Sexual
harassment, eating problems, and the problem of embodiment. Eating Disorders,
4(1), 5-26.

Larocca, F. E. (1988). Rumination in patients with eating disorders. The American


Journal of Psychiatry, 145(12), 1610.

Lasègue, E. C. (1873). Anorexie hystérique. Archives Génerales de Médecine, 21,


385-403.

Lautenbacher, S., Thomas, A., Roscher, S., Strian, F., Pirke, K. M., et Krieg, J. C.
(1992). Body size perception and body satisfaction in restrained and unrestrained
eaters. Behaviour Research and Therapy, 30(3), 243-250.

Lavoisy, G. (2006). Évaluation des préoccupations corporelles dans les troubles des
conduites alimentaires par le Body Shape Questionnaire. University de Rouen,
Rouen.

Lebart, L., et Salem, A. (1994). Statistiques textuelles. Paris: Dunod.

Ledoux, S., Flament, M., Simon, Y., Remy, B., Dantchev, N., Laget, J., et al. (2000).
Comportements alimentaires normaux et pathologiques à l'adolescence : une étude
en population générale. In Flament, M. et Jeammet, P. (Eds.), La Boulimie.
Réalités et perspectives (pp. 11-22). Paris: Masson.

Legendre, P., et Legendre, L. (1998). Numerical ecology (2nd English ed.).


Amsterdam: Elsevier Science BV.

Léonard, T., Foulon, C., Samuel-Lajeunesse, B., Melchior, J. C., Rigaud, D., et
Apfelbaum, M. (1996). High resting energy expenditure in normal-weight
bulimics and its normalization with control of eating behaviour. Appetite, 27(3),
223-233.

Léonard, T., et Matheron, I. (1998). Intérêt des entretiens de motivation pour les
thérapies cognitives et comportementales. Journal de Thérapie Comportementale
et Cognitive, 8, 125-130.

Lepine, J. P., et Lellouch, J. (1993). Étude épidémiologique des troubles dépressifs et


anxieux dans une population générale. Annales Médico-Psychologiques, 151(9),
618-623.

Leung, N., Waller, G., et Thomas, G. (1999). Core beliefs in anorexic and bulimic
women. The Journal of Nervous and Mental Disease, 187(12), 736-741.

Leung, N., Waller, G., et Thomas, G. (2000). Outcome of group cognitive-behavior


therapy for bulimia nervosa: the role of core beliefs. Behaviour Research and
Therapy, 38(2), 145-156.

Levine, D. F., Wingate, D. L., Pfeffer, J. M., et Butcher, P. (1983). Habitual


rumination: a benign disorder. British Medical Journal (Clinical Research
Edition), 287(6387), 255-256.
Bibliographie 279

Lewinsohn, P. M., Striegel-Moore, R. H., et Seeley, J. R. (2000). Epidemiology and


natural course of eating disorders in young women from adolescence to young
adulthood. Journal of the American Academy of Child & Adolescent Psychiatry,
39(10), 1284-1292.

Linhares, A. (2005). De la chair à l'image : l'hypocondrie au miroir. In Champ


psychosomatique n° 39 : l'hypocondrie (pp. 97-110). Le Bouscat: L'Esprit du
Temps.

Lowe, B., Zipfel, S., Buchholz, C., Dupont, Y., Reas, D. L., et Herzog, W. (2001).
Long-term outcome of anorexia nervosa in a prospective 21-year follow-up study.
Psychological Medicine, 31(5), 881-890.

Lucas, A. R., Beard, C. M., O'Fallon, W. M., et Kurland, L. T. (1991). 50-year trends
in the incidence of anorexia nervosa in Rochester, Minn.: a population-based
study. The American Journal of Psychiatry, 148(7), 917-922.

Maloney, M. J., et Shepard-Spiro, P. (1983). Eating attitudes and behaviors of


anorexia nervosa patients and their sisters. General Hospital Psychiatry, 5(4),
285-288.

Manara, F., Manara, A., et Todisco, P. (2005). Correlation between psychometric and
biological parameters in anorexic and bulimic patients during and after an
intensive day hospital treatment. Eating & Weight Disorders, 10(4), 236-244.

Marshall, P. D., Palmer, R. L., et Stretch, D. (1993). The description and measurement
of abnormal beliefs in anorexia nervosa: a controlled study. International Journal
of Methods in Psychiatric Research, 3(4), 193-200.

McCabe, M., et Marwit, S. J. (1993). Depressive symptomatology, perceptions of


attractiveness, and body image in children. Journal of Child Psychology and
Psychiatry, and Allied Disciplines, 34(7), 1117-1124.

McEwen, B. S. (1992). Re-examination of the glucocorticoid hypothesis of stress and


aging. Progress in Brain Research, 93, 365-381; discussion 382-363.

Meermann, R., et Vandereycken, W. (1988). Body image disturbance in eating


disorders from the viewpoint of experimental research. In Pirke, K. M.,
Vandereycken, W. et Ploog, D. (Eds.), The psychobiology of bulimia nervosa (pp.
158-171). New York: Springer Verlag.

Merleau-Ponty, M. (1945). Phénoménologie de la perception Paris: Gallimard.

Miller, W. R., et Rollnick, S. (1991). Motivational interviewing: preparing people to


change addictive behaviour. New York: The Guildford Press.

Minuchin, S., Rosman, B. L., et Baker, L. (1978). Psychosomatic families. Anorexia


nervosa in context. Cambridge, MA: Harvard University Press.
Bibliographie 280

Mirabel-Sarron, C., El-Nouty, C., Eiber, R., Leonard, T., et Guelfi, J. D. (2006).
Elaboration d'un questionnaire sur les cognitions alimentaires. L'Encephale, 32(3
Pt 1), 328-334.

Mitchell, J. E., Specker, S. M., et de Zwaan, M. (1991). Comorbidity and medical


complications of bulimia nervosa. Journal of Clinical Psychiatry, 52 Suppl, 13-
20.

Mizes, J. S., Heffner, M., Madison, J. K., et Varnado-Sullivan, P. (2004). The validity
of subjective measures of body image disturbance. Eating Behaviors, 5(1), 55-66.

Molinari, E. (1995). Body-size estimation in anorexia nervosa. Perceptual and Motor


Skills, 81(1), 23-31.

Morgan, H. G., Purgold, J., et Welbourne, J. (1983). Management and outcome in


anorexia nervosa. A standardized prognostic study. British Journal of Psychiatry,
143, 282-287.

Morlino, M., Di Pietro, G., Tuccillo, R., Galietta, A., Bolzan, M., Senatore, I., et al.
(2007). Drop-out rate in eating disorders: could it be a function of patient-therapist
relationship? Eating and Weight Disorders, 12(3), e64-67.

Morton, R. (1694). Phthisiologia: or a treatise on consumption. London: Smith and


Walford.

Mouchès, A. (1992). Erreurs perceptives de l’image corporelle, troubles émotionnels


et comportement alimentaire. Thérapie Comportementale et Cognitive, 2(3), 8-14.

Naruo, T., Nakabeppu, Y., Sagiyama, K., Munemoto, T., Homan, N., Deguchi, D., et
al. (2000). Characteristic regional cerebral blood flow patterns in anorexia nervosa
patients with binge/purge behavior. The American Journal of Psychiatry, 157(9),
1520-1522.

Nasser, M., et Katzman, M. (2003). Sociocultural theories of eating disorders: an


evolution in thought. In Treasure, J., Schmidt, U. et van Furth, E. (Eds.),
Handbook of eating disorders (2nd ed., pp. 139-150). Chichester: John Wiley and
Sons.

Neumarker, K. J. (1997). Mortality and sudden death in anorexia nervosa.


International Journal of Eating Disorders, 21(3), 205-212.

Neumarker, K. J., Bzufka, W. M., Dudeck, U., Hein, J., et Neumarker, U. (2000). Are
there specific disabilities of number processing in adolescent patients with
Anorexia nervosa? Evidence from clinical and neuropsychological data when
compared to morphometric measures from magnetic resonance imaging.
European Child & Adolescent Psychiatry, 9 Suppl 2, II111-121.

Nguyen, S. P., et Murphy, G. L. (2003). An apple is more than just a fruit: cross-
classification in children's concepts. Child Development, 74(6), 1783-1806.
Bibliographie 281

Nicholls, D., Chater, R., et Lask, B. (2000). Children into DSM don't go: a comparison
of classification systems for eating disorders in childhood and early adolescence.
International Journal of Eating Disorders, 28(3), 317-324.

Nicolaidis, S., et Even, P. (1984). Mesure du metabolisme de fond en relation avec la


prise alimentaire : hypothese ischymetrique. Comptes Rendus de l'Academie des
Sciences. Serie III, 298(10), 295-300.

North, C., Gowers, S., et Byram, V. (1997). Family functioning and life events in the
outcome of adolescent anorexia nervosa. British Journal of Psychiatry, 171, 545-
549.

O'Kearney, R. (1996). Attachment disruption in anorexia nervosa and bulimia nervosa:


a review of theory and empirical research. International Journal of Eating
Disorders, 20(2), 115-127.

Obarzanek, E., Lesem, M. D., Goldstein, D. S., et Jimerson, D. C. (1991). Reduced


resting metabolic rate in patients with bulimia nervosa. Archives of General
Psychiatry, 48(5), 456-462.

Ohring, R., Graber, J. A., et Brooks-Gunn, J. (2002). Girls' recurrent and concurrent
body dissatisfaction: correlates and consequences over 8 years. International
Journal of Eating Disorders, 31(4), 404-415.

Organisation Mondiale de la Santé. (1993). Classification Internationale des Maladies


CIM-10 / ICD-10. Troubles mentaux et troubles du comportement (Pull, C. B.,
Trans. 10ème ed.). Paris: Masson.

Palmer, R. L. (1998). Aetiology of bulimia nervosa. In Hoek, H. W., Treasure, J. L. et


Katzman, M. A. (Eds.), Neurobiology in the treatment of eating disorders (pp.
143-159). Chichester: John Wiley and Sons.

Palmer, R. L. (2003). Concepts of eating disorders. In Treasure, J., Schmidt, U. et


Furth, E. V. (Eds.), Handbook of eating disorders (pp. 1-10). Chichester: John
Wiley & Sons.

Palmer, R. L., Oppenheimer, R., et Marshall, P. D. (1988). Eating-disordered patients


remember their parents: a study using the Parental Bonding Instrument.
International Journal of Eating Disorders, 7(1), 101-106.

Parker, J. D., Bagby, R. M., et Taylor, G. J. (1991). Alexithymia and depression:


distinct or overlapping constructs? Comprehensive Psychiatry, 32(5), 387-394.

Parry-Jones, B. (1994). Merycism or rumination disorder. A historical investigation


and current assessment. British Journal of Psychiatry, 165(3), 303-314.

Parry-Jones, B., et Parry-Jones, W. L. (1995). History of bulimia and bulimia nervosa.


In Brownell, K. D. et Fairburn, C. G. (Eds.), Eating disorders and obesity. A
comprehensive handbook (pp. 145-150). New York: The Guilford press.
Bibliographie 282

Pearson, K. (1900). On the criterion that a given system of deviations from the
probable in the case of a correlated system of variables is such that it can be
reasonably supposed to have arisen from random sampling. Philosophical
Magazine, 50(157-175).

Perez, M., et Joiner, T. E., Jr. (2003). Body image dissatisfaction and disordered eating
in black and white women. International Journal of Eating Disorders, 33(3), 342-
350.

Pichot, P., et Lempérière, T. (1964). Analyse factorielle d'un questionnaire d'auto-


évaluation des symptômes dépressifs. Revue de Psychologie Appliquée, 14(1), 15-
29.

Pike, K. M. (1998). Long-term course of anorexia nervosa: response, relapse,


remission, and recovery. Clinical Psychology Review, 18(4), 447-475.

Piran, N., Kennedy, S., Garfinkel, P. E., et Owens, M. (1985). Affective disturbance in
eating disorders. The Journal of Nervous and Mental Disease, 173(7), 395-400.

Pirke, K. M., Pahl, J., Schweiger, U., et Warnhoff, M. (1985). Metabolic and
endocrine indices of starvation in bulimia: a comparison with anorexia nervosa.
Psychiatry Research, 15(1), 33-39.

Polivy, J. (1996). Psychological consequences of food restriction. Journal of the


American Dietetic Association, 96(6), 589-592; quiz 593-584.

Polivy, J., et Herman, C. P. (1985). Dieting and binging: a causal analysis. The
American Psychologist, 40(2), 193-201.

Polivy, J., et Herman, C. P. (1987). Diagnosis and treatment of normal eating. Journal
of Consulting and Clinical Psychology, 55(5), 635-644.

Polivy, J., et Herman, C. P. (2002). Experimental studies of dieting. In Fairburn, C. G.


et Brownell, K. D. (Eds.), Eating disorders and obesity: a comprehensive
handbook (2nd ed., pp. 84-87). New York: Guildford Press.

Pollice, C., Kaye, W. H., Greeno, C. G., et Weltzin, T. E. (1997). Relationship of


depression, anxiety, and obsessionality to state of illness in anorexia nervosa.
International Journal of Eating Disorders, 21(4), 367-376.

Probst, M., Vandereycken, W., et Van Coppenolle, H. (1997). Body-size estimation in


eating disorders using video distortion on a life-size screen. Psychotherapy and
Psychosomatics, 66(2), 87-91.

Probst, M., Vandereycken, W., Van Coppenolle, H., et Pieters, G. (1995). Body size
estimation in eating disorder patients: testing the video distortion method on a
life-size screen. Behaviour Research and Therapy, 33(8), 985-990.

Probst, M., Vandereycken, W., Van Coppenolle, H., et Pieters, G. (1998). Body size
estimation in anorexia nervosa patients: the significance of overestimation.
Journal of Psychosomatic Research, 44(3-4), 451-456.
Bibliographie 283

Probst, M., Vandereycken, W., Van Coppenolle, H., et Pieters, G. (1999). Body
experience in eating disorders before and after treatment: a follow-up study.
European Psychiatry, 14(6), 333-340.

Probst, M., Vandereycken, W., Vanderlinden, J., et Van Coppenolle, H. (1998). The
significance of body size estimation in eating disorders: its relationship with
clinical and psychological variables. International Journal of Eating Disorders,
24(2), 167-174.

Prochaska, J. O., DiClemente, C. C., et Norcross, J. C. (1992). In search of how people


change. Applications to addictive behaviors. The American Psychologist, 47(9),
1102-1114.

Pung, M., Heather, C. A., et Neimeier, M. A. (2004). Motivational interviewing in the


reduction of risk factors for eating disorders: a pilot study. Paper presented at the
2004 International Conference on Eating Disorders.

Pyle, R. L., Halvorson, P. A., Neuman, P. A., et Mitchell, J. E. (1986). The increasing
prevalence of bulimia in freshman college students. International Journal of
Eating Disorders, 5(4), 631-647.

Pyle, R. L., Neuman, P. A., Halvorson, P. A., et Mitchell, J. E. (1991). An ongoing


cross-sectional study of the prevalecne of eating disorders in freshman college
students. International Journal of Eating Disorders, 10(6), 667-677.

Rabe-Jablonska, J. (1997). [Body image disturbance in anorexia nervosa]. Psychiatria


Polska, 31(4), 397-408.

Ramoz, N., Versini, A., et Gorwood, P. (2007). Eating disorders: an overview of


treatment responses and the potential impact of vulnerability genes and
endophenotypes. Expert Opinion on Pharmacotherapy, 8(13), 2029-2044.

Rastam, M. (1992). Anorexia nervosa in 51 Swedish adolescents: pre-morbid


problmems and comorbidity. Journal of the Amercian Academy of Child and
Adolescent Psychiatry, 31(5), 819-829.

Rathus, S. A. (1973). A thirty items schedule for assessing assertive behavior.


Behavior Therapy, 4(3), 398-406.

Ratnasuriya, R. H., Eisler, I., Szmukler, G. I., et Russell, G. F. (1991). Anorexia


nervosa: outcome and prognostic factors after 20 years. British Journal of
Psychiatry, 158, 495-502.

Reinert, M. (1983). Une méthode de classification descendante hiérarchique :


application à l'analyse lexicale par contexte. Cahiers de l'Analyse des Données, 3,
187-198.

Reinert, M. (1990). Une méthodologie d'analyse des données textuelles et une


application : « Aurélia » de Gérard de Nerval. Bulletin de Méthodologie
Sociologique, 26, 24-54.
Bibliographie 284

Reinert, M. (2003). Le rôle de la répétition dans la représentation du sens et son


approche statistique par la méthode "ALCESTE". Semiotica, 2003(147), 389-420.

Reitman, E. E., et Cleveland, S. E. (1964). Changes in body image following sensory


deprivation in schizophrenic and control groups. Journal of Abnormal
Psychology, 68, 168-176.

Rierdan, J., et Koff, E. (1997). Weight, weight-related aspects of body image, and
depression in early adolescent girls. Adolescence, 32(127), 615-624.

Rivinus, T. M., Biederman, J., Herzog, D. B., Kemper, K., Harper, G. P., Harmatz, J.
S., et al. (1984). Anorexia nervosa and affective disorders: a controlled family
history study. The American Journal of Psychiatry, 141(11), 1414-1418.

Robin, A. L., Siegel, P. T., Moye, A. W., Gilroy, M., Dennis, A. B., et Sikand, A.
(1999). A controlled comparison of family versus individual therapy for
adolescents with anorexia nervosa. Journal of the American Academy of Child
and Adolescent Psychiatry, 38(12), 1482-1489.

Rosen, J. C. (1996). Body image assessment and treatment in controlled studies of


eating disorders. International Journal of Eating Disorders, 20(4), 331-343.

Rosen, J. C., et Leitenberg, H. (1985). Exposure plus response prevention treatment


for bulimia. In Garner, D. M. et Garfinkel, P. E. (Eds.), Handbook of
psychotherapy for anorexia nervosa and bulimia (pp. 193-209). New York:
Guilford Press.

Rosenberg, M. (1965). Society and the adolescent self-image. Princeton, NJ: Princeton
University Press.

Rosenvinge, J. H., Martinussen, M., et Ostensen, E. (2000). The comorbidity of eating


disorders and personality disorders: a meta-analytic review of studies published
between 1983 and 1998. Eating & Weight Disorders, 5(2), 52-61.

Ross, B. H., et Murphy, G. L. (1999). Food for thought: cross-classification and


category organization in a complex real-world domain. Cognitive Psychology,
38(4), 495-553.

Ruff, G. A., et Barrios, B. A. (1986). Realistic assessment of body image. Behavioural


Assessment, 8, 235-251.

Rushford, N., et Ostermeyer, A. (1997). Body image disturbances and their change
with videofeedback in anorexia nervosa. Behaviour Research and Therapy, 35(5),
389-398.

Russell, G. F. (1979). Bulimia nervosa: an ominous variant of anorexia nervosa.


Psychological Medicine, 9(3), 429-448.
Bibliographie 285

Russell, G. F., Dare, C., Eisler, I., et Le Grange, P. D. (1993). Controlled trials of
family treatment in anorexia nervosa. In Halmi, K. A. (Ed.), Psychobiology and
treatment of anorexia nervosa and bulimia. Washington DC: American
Psychiatric Press.

Russell, G. F., Szmukler, G. I., Dare, C., et Eisler, I. (1987). An evaluation of family
therapy in anorexia nervosa and bulimia nervosa. Archives of General Psychiatry,
44(12), 1047-1056.

Saccomani, L., Savoini, M., Cirrincione, M., Vercellino, F., et Ravera, G. (1998).
Long-term outcome of children and adolescents with anorexia nervosa: study of
comorbidity. Journal of Psychosomatic Research, 44(5), 565-571.

Salisbury, J. J., Levine, A. S., Crow, S. J., et Mitchell, J. E. (1995). Refeeding,


metabolic rate, and weight gain in anorexia nervosa: a review. International
Journal of Eating Disorders, 17(4), 337-345.

Saloff-Coste, C. J., Hamburg, P., et Herzog, D. B. (1993). Nutrition and


psychotherapy: collaborative treatment of patients with eating disorders. Bulletin
of the Menninger Clinic, 57(4), 504-516.

Samuel-Lajeunesse, B., et Foulon, C. (1994). Les conduites alimentaires. Paris:


Masson.

Sands, E. R., et Wardle, J. (2003). Internalization of ideal body shapes in 9-12-year-


old girls. International Journal of Eating Disorders, 33(2), 193-204.

Sapolsky, R. M. (2000). Glucocorticoids and hippocampal atrophy in neuropsychiatric


disorders. Archives of General Psychiatry, 57(10), 925-935.

Schilder, P. (1935). The image and appearance of the human body; studies in the
constructive energies of the psyche. London: Kegan Paul.

Schmidt, U., Jiwany, A., et Treasure, J. (1993). A controlled study of alexithymia in


eating disorders. Comprehensive Psychiatry, 34(1), 54-58.

Schmidt, U., Tiller, J., et Treasure, J. (1993). Self-treatment of bulimia nervosa: a pilot
study. International Journal of Eating Disorders, 13(3), 273-277.

Schonfeld, W. A. (1966). Body-image disturbances in adolescents. IV. Influence of


family attitudes and psychopathology. Archives of General Psychiatry, 15(1), 16-
21.

Schork, E. J., Eckert, E. D., et Halmi, K. A. (1994). The relationship between


psychopathology, eating disorder diagnosis, and clinical outcome at 10-year
follow-up in anorexia nervosa. Comprehensive Psychiatry, 35(2), 113-123.

Schwalberg, M. D., Barlow, D. H., Alger, S. A., et Howard, L. J. (1992). Comparison


of bulimics, obese binge eaters, social phobics, and individuals with panic
disorder on comorbidity across DSM-III-R anxiety disorders. Journal of
Abnormal Psychology, 101(4), 675-681.
Bibliographie 286

Seeger, G., Braus, D. F., Ruf, M., Goldberger, U., et Schmidt, M. H. (2002). Body
image distortion reveals amygdala activation in patients with anorexia nervosa -- a
functional magnetic resonance imaging study. Neuroscience Letters, 326(1), 25-
28.

Selvini Palazzoli, M. (1981). L'anoressia mentale : dalla terapia individuale alla


terapia familiare. Milano: Feltrinelli.

Serpell, L., et Troop, N. (2003). Psychological factors. In Treasure, J., Schmidt, U. et


Van Furth, E. (Eds.), Handbook of eating disorders (pp. 151-168). Chichester:
John Wiley and Sons.

Sexton, M. C., Sunday, S. R., Hurt, S., et Halmi, K. A. (1998). The relationship
between alexithymia, depression, and axis II psychopathology in eating disorder
inpatients. International Journal of Eating Disorders, 23(3), 277-286.

Shafran, R., Cooper, Z., et Fairburn, C. G. (2002). Clinical perfectionism: a cognitive-


behavioural analysis. Behaviour Research and Therapy, 40(7), 773-791.

Shafran, R., Teachman, B. A., Kerry, S., et Rachman, S. (1999). A cognitive distortion
associated with eating disorders: thought-shape fusion. The British Journal of
Clinical Psychology, 38 ( Pt 2), 167-179.

Sharp, C. W., Clark, S. A., Dunan, J. R., Blackwood, D. H., et Shapiro, C. M. (1994).
Clinical presentation of anorexia nervosa in males: 24 new cases. International
Journal of Eating Disorders, 15(2), 125-134.

Sher, L. (2001). Possible genetic link between seasonal affective disorder and eating
disorders. General Hospital Psychiatry, 23(1), 42-43.

Shontz, F. C. (1969). Perceptuam and cognitive aspects of body experience. New


York: MacMillan.

Shontz, F. C. (1974). Body image and its disorders. International Journal of


Psychiatry in Medicine, 5(4), 461-472.

Sifneos, P. E. (1975). Problems of psychotherapy of patients with alexithymic


characteristics and physical disease. Psychotherapy and Psychosomatics, 26(2),
65-70.

Silverman, J. A. (1995). History of anorexia nervosa. In Brownell, K. D. et Fairburn,


C. G. (Eds.), Eating disorders and obesity. A comprehensive handbook (pp. 141-
144). New York: The Guilford press.

Simmonds, M. (1914). Über Hypophysisschwund mit tötlichem. Ausgang. Deutsche


Medizinische Wochenschrift, 40, 322.

Skrzypek, S., Wehmeier, P. M., et Remschmidt, H. (2001). Body image assessment


using body size estimation in recent studies on anorexia nervosa. A brief review.
European Child & Adolescent Psychiatry, 10(4), 215-221.
Bibliographie 287

Slade, P. D. (1988). Body image in anorexia nervosa. British Journal of Psychiatry,


153(suppl. 2), 20-22.

Slade, P. D. (1994). What is body image? Behaviour Research and Therapy, 32(5),
497-502.

Slade, P. D., et Russell, G. F. (1973). Awareness of body dimensions in anorexia


nervosa: cross-sectional and longitudinal studies. Psychological Medicine, 3(2),
188-199.

Smeets, M. A., Ingleby, J. D., Hoek, H. W., et Panhuysen, G. E. (1999). Body size
perception in anorexia nervosa: a signal detection approach. Journal of
Psychosomatic Research, 46(5), 465-477.

Smith, K. A., Fairburn, C. G., et Cowen, P. J. (1999). Symptomatic relapse in bulimia


nervosa following acute tryptophan depletion. Archives of General Psychiatry,
56(2), 171-176.

Smolak, L., et Murnen, S. K. (2004). A feminist approach to eating disorders. In


Thompson, J. K. (Ed.), Handbook of eating disorders and obesity (pp. 590-605).
Hoboken, NJ: Wiley.

Smolak, L., et Striegel-Moore, R. H. (2001). Challenging the myth of the golden girl:
ethnicity and eating disorders. In Striegel-Moore, R. H. et Smolak, L. (Eds.),
Eating disorders: innovative directions for research and practice (pp. 111-132).
Washington DC: American Psychological Association.

Soundy, T. J., Lucas, A. R., Suman, V. J., et Melton, L. J., 3rd. (1995). Bulimia
nervosa in Rochester, Minnesota from 1980 to 1990. Psychological Medicine,
25(5), 1065-1071.

Spangler, D. L. (1999). Cognitive-behavioral therapy for bulimia nervosa: an


illustration. Journal of Clinical Psychology, 55(6), 699-713.

Speranza, M., Corcos, M., Levi, G., et Jeammet, P. (1999). Obsessive-compulsive


symptoms as a correlate of severity in the clinical presentation of eating disorders:
measuring the effects of depression. Eating and Weight Disorders, 4(3), 121-127.

Spielberger, C. D. (1983a). Manual for the State-Trait Anxiety Inventory. Palo Alto,
CA: Consulting Psychologists Press.

Spielberger, C. D. (1983b). State-Trait Anxiety Inventory: a comprehensive


bibliography. Palo Alto, CA: Consulting Psychologists Press.

Spitzer, R. L., Devlin, M., Walsh, B. T., Hasin, D., Wing, R., Marcus, M., et al.
(1992). Binge eating disorder: A multisite field trial of the diagnostic criteria.
International Journal of Eating Disorders, 11(3), 191-203.

Spitzer, R. L., Yanovski, S., Wadden, T., Wing, R., Marcus, M. D., Stunkard, A., et al.
(1993). Binge eating disorder: Its further validation in a multisite study.
International Journal of Eating Disorders, 13(2), 137-153.
Bibliographie 288

SPSS Inc. (2008). SPSS Statistics (Version 17.0). Chicago, IL.

Steinhausen, H. C. (1997). Outcome of anorexia nervosa in the younger patient.


Journal of Child Psychology and Psychiatry, and Allied Disciplines, 38(3), 271-
276.

Steinhausen, H. C. (1999). Eating disorders. In Steinhausen, H. C. et Verhulst, F. C.


(Eds.), Risk and outcomes in developmental psychopathology (pp. 210-230).
Oxford: Oxford University Press.

Steinhausen, H. C. (2002). The outcome of anorexia nervosa in the 20th century. The
American Journal of Psychiatry, 159(8), 1284-1293.

Steinhausen, H. C., et Glanville, K. (1983). Follow-up studies of anorexia nervosa: a


review of research findings. Psychological Medicine, 13(2), 239-249.

Steinhausen, H. C., Grigoroiu-Serbanescu, M., Boyadjieva, S., Neumarker, K. J., et


Winkler Metzke, C. (2008). Course and predictors of rehospitalization in
adolescent anorexia nervosa in a multisite study. International Journal of Eating
Disorders, 41(1), 29-36.

Steinhausen, H. C., Rauss-Mason, C., et Seidel, R. (1991). Follow-up studies of


anorexia nervosa: a review of four decades of outcome research. Psychological
Medicine, 21(2), 447-454.

Stice, E., et Agras, W. S. (1998). Predicting onset and cessation of bulimic behaviors
during adolescence: a longitudinal grouping analysis. Behavior Therapy, 29, 257-
276.

Stice, E., et Bearman, S. K. (2001). Body-image and eating disturbances prospectively


predict increases in depressive symptoms in adolescent girls: a growth curve
analysis. Developmental Psychology, 37(5), 597-607.

Stice, E., et Shaw, H. E. (2002). Role of body dissatisfaction in the onset and
maintenance of eating pathology: a synthesis of research findings. Journal of
Psychosomatic Research, 53(5), 985-993.

Story, M., French, S. A., Resnick, M. D., et Blum, R. W. (1995). Ethnic/racial and
socioeconomic differences in dieting behaviors and body image perceptions in
adolescents. International Journal of Eating Disorders, 18(2), 173-179.

Strauss, J., et Ryan, R. M. (1988). Cognitive dysfunction in eating disorders.


International Journal of Eating Disorders, 7(1), 19-27.

Striegel-Moore, R. H. (1992). Etiology of binge eating: a developmental perspective.


In Fairburn, C. G. et Wilson, G. T. (Eds.), Binge eating: nature, assessment and
treatment (pp. 144-172). New York: Guilford Press.

Striegel-Moore, R. H., Garvin, V., Dohm, F. A., et Rosenheck, R. A. (1999).


Psychiatric comorbidity of eating disorders in men: a national study of
hospitalized veterans. International Journal of Eating Disorders, 25(4), 399-404.
Bibliographie 289

Striegel-Moore, R. H., et Smolak, L. (2002). Gender, ethnicity and eating disorders. In


Fairburn, C. G. et Brownell, K. D. (Eds.), Eating disorders and obesity: a
comprehensive handbook (2nd ed., pp. 251-255). New York: Guildford Press.

Strober, M., Freeman, R., Lampert, C., Diamond, J., et Kaye, W. (2000). Controlled
family study of anorexia nervosa and bulimia nervosa: evidence of shared liability
and transmission of partial syndromes. The American Journal of Psychiatry,
157(3), 393-401.

Strober, M., Freeman, R., et Morrell, W. (1997). The long-term course of severe
anorexia nervosa in adolescents: survival analysis of recovery, relapse, and
outcome predictors over 10-15 years in a prospective study. International Journal
of Eating Disorders, 22(4), 339-360.

Strober, M., Lilenfeld, L. R., Kaye, W., et Bulik, C. (2001). Genetic factors in
anorexia nervosa and bulimia nervosa. In Cooper, P. J. et Stein, A. (Eds.), Feeding
problems and eating disorders in children and adolescents. Monographs in
clinical pediatrics. London: Harwood Publishers.

Strober, M., Morrell, W., Burroughs, J., Lampert, C., Danforth, H., et Freeman, R.
(1988). A family study of bipolar I disorder in adolescence. Early onset of
symptoms linked to increased familial loading and lithium resistance. Journal of
Affective Disorders, 15(3), 255-268.

Swayze, V. W., 2nd, Andersen, A., Arndt, S., Rajarethinam, R., Fleming, F., Sato, Y.,
et al. (1996). Reversibility of brain tissue loss in anorexia nervosa assessed with a
computerized Talairach 3-D proportional grid. Psychological Medicine, 26(2),
381-390.

Szmukler, G. I., et Patton, G. (1995). Sociocultural models of eating disorders. In


Szmukler, G., Dare, C. et Treasure, J. (Eds.), Handbook of eating disorders:
theory, treatment and research (pp. 177-194). Chichester: John Wiley and Sons.

Tanner, J. M. (1989). Foetus into man: physical growth from conception to maturity
(2nd ed.). Ware: Castlemead.

Tanner, J. M., et Whitehouse, R. H. (1975). Growth and developmental records for


boys and girls. Ware: Castlemead.

Tauscher, J., Pirker, W., Willeit, M., de Zwaan, M., Bailer, U., Neumeister, A., et al.
(2001). [123I] beta-CIT and single photon emission computed tomography reveal
reduced brain serotonin transporter availability in bulimia nervosa. Biological
Psychiatry, 49(4), 326-332.

Taylor, G. J., Bagby, R. M., et Parker, J. D. (1991). The alexithymia construct. A


potential paradigm for psychosomatic medicine. Psychosomatics, 32(2), 153-164.

Theander, S. (1985). Outcome and prognosis in anorexia nervosa and bulimia: some
results of previous investigations, compared with those of a Swedish long-term
study. Journal of Psychiatric Research, 19(2-3), 493-508.
Bibliographie 290

Thompson, J. K., et Heinberg, L. J. (1999). The media’s influence on body image


disturbance and eating disorders: We’ve reviled them, now can we rehabilitate
them? Journal of Social Issues, 55(2), 339-353.

Thompson, J. K., Heinberg, L. J., Altabe, M., et Tantleff-Dunn, S. (1999). Exacting


beauty: Theory, assessment and treatment of body image disturbance. Washington
DC: American Psychological Association.

Thompson, J. K., et Spana, R. E. (1988). The adjustable light beam method for the
assessment of size estimation accuracy: description, psychometric and normative
data. International Journal of Eating Disorders, 7(4), 521-526.

Thompson, J. K., et Stice, E. (2001). Thin-ideal internalization: Mounting evidence for


a new risk factor for body image disturbance and eating pathology. Current
Directions in Psychological Science, 10(5), 181-183.

Traub, A. C., et Orbach, J. (1964). Psychophysical studies of body-image: I. the


adjustable body-distorting mirror. Archives of General Psychiatry, 11, 53-66.

Treasure, J. L., et Campbell, I. (1994). The case for biology in the aetiology of
anorexia nervosa. Psychological Medicine, 24(1), 3-8.

Treasure, J. L., et Collier, D. (2001). The spectrum of eating disorders in humans. In


Owen, J. B., Treasure, J. L. et Collier, D. (Eds.), Animal models disorders of
eating behaviour and body composition (pp. 19-49). Boston: Kluwer Academic
Publishers.

Treasure, J. L., Katzman, M., Schmidt, U., Troop, N., Todd, G., et de Silva, P. (1999).
Engagement and outcome in the treatment of bulimia nervosa: first phase of a
sequential design comparing motivation enhancement therapy and cognitive
behavioural therapy. Behaviour Research and Therapy, 37(5), 405-418.

Treasure, J. L., Todd, G., Brolly, M., Tiller, J., Nehmed, A., et Denman, F. (1995). A
pilot study of a randomised trial of cognitive analytical therapy vs educational
behavioral therapy for adult anorexia nervosa. Behaviour Research and Therapy,
33(4), 363-367.

Treasure, J. L., et Ward, A. (1997). A practical guide to the use of motivational


interviewing in anorexia nervosa. European Eating Disorders Review, 5, 102-104.

Troop, N. A., Schmidt, U. H., Turnbull, S. J., et Treasure, J. L. (2000). Self-esteem


and responsibility for change in recovery from bulimia nervosa. European Eating
Disorders Review, 8(5), 384-393.

Tsai, G. (2000). Eating disorders in the Far East. Eating and Weight Disorders, 5(4),
183-197.

Turnbull, S., Ward, A., Treasure, J., Jick, H., et Derby, L. (1996). The demand for
eating disorder care. An epidemiological study using the general practice research
database. British Journal of Psychiatry, 169(6), 705-712.
Bibliographie 291

Urdapilleta, I., Mirabel-Sarron, C., Eiber, R., et Richard, J.-F. (2005). What
categorisation tells us about food representation. Current Psychology Letters,
17(3), Available on line at cpl.revues.org.

Urdapilleta, I., Mirabel-Sarron, C., Meunier, J. M., et Richard, J.-F. (2005). Étude du
processus de categorisation chez des patientes aux troubles des conduites
alimentaires : une nouvelle approche cognitive de la psychopathologie.
L'Encéphale, 31(1 Pt 1), 82-91.

van den Berg, P., Thompson, J. K., Obremski-Brandon, K., et Coovert, M. (2002). The
Tripartite Influence model of body image and eating disturbance: A covariance
structure modeling investigation testing the mediational role of appearance
comparison. Journal of Psychosomatic Research, 53(2), 1007-1020.

van Hoeken, D., Seidell, J., et Hoek, H. W. (2003). Epidemiology. In Treasure, J.,
Schmidt, U. et Furth, E. V. (Eds.), Handbook of eating disorders (pp. 11-34).
Chichester: John Wiley and Sons.

Vandereycken, W. (1993). The eating disorder evaluation scale (EDES). Eat Disord,
1(2), 115-122.

Vandereycken, W. (2002). History of anorexia nervosa and bulimia nervosa. In


Fairburn, C. G. et Brownell, K. D. (Eds.), Eating disorders and obesity: a
comprehensive handbook (2nd ed., pp. 151-154). New York: Guildford Press.

Vandereycken, W. (2003). The place of inpatient care in the treatment of anorexia


nervosa: questions to be answered. International Journal of Eating Disorders,
34(4), 409-422.

Vandereycken, W., et Pierloot, R. (1983). Drop-out during in-patient treatment of


anorexia nervosa: a clinical study of 133 patients. British Journal of Medical
Psychology, 56 (Pt 2), 145-156.

Vartanian, L. R., Herman, C. P., et Polivy, J. (2008). Judgments of body weight based
on food intake: a pervasive cognitive bias among restrained eaters. International
Journal of Eating Disorders, 41(1), 64-71.

Vaught, A. S., Agras, W. S., Bryson, S. W., Crow, S. J., Halmi, K. A., et Mitchell, J.
E. (2008). Changes in psychopathology and symptom severity in bulimia nervosa
between 1993 and 2003. International Journal of Eating Disorders, 41(2), 113-
117.

Vénisse, J.-L. (1996). Les nouvelles addictions. Paris: Masson.

Vénisse, J.-L., et Bailly, D. (1997). Addictions : quels soins? Paris: Masson.

Vénisse, J.-L., et Mammar, N. (1999). Un exemple de prise en charge ambulatoire des


anorexies difficiles : l'anorexie nervose. Neuropsychiatrie de l'Enfance et de
l'Adolescence, 47(7-8), 330-333.
Bibliographie 292

Vitousek, K. B., et Hollon, S. D. (1990). The investigation of schematic content and


processing in eating disorders. Cognitive Therapy and Research, 14(2), 191-214.

Waller, G. (1997). Drop-out and failure to engage in individual outpatient cognitive


behavior therapy for bulimic disorders. International Journal of Eating Disorders,
22(1), 35-41.

Waller, G., Ohanian, V., Meyer, C., et Osman, S. (2000). Cognitive content among
bulimic women: the role of core beliefs. International Journal of Eating
Disorders, 28(2), 235-241.

Walsh, B. T., Agras, W. S., Devlin, M. J., Fairburn, C. G., Wilson, G. T., Kahn, C., et
al. (2000). Fluoxetine for bulimia nervosa following poor response to
psychotherapy. The American Journal of Psychiatry, 157(8), 1332-1334.

Walsh, B. T., Fairburn, C. G., Mickley, D., Sysko, R., et Parides, M. K. (2004).
Treatment of bulimia nervosa in a primary care setting. The American Journal of
Psychiatry, 161(3), 556-561.

Walters, E. E., et Kendler, K. S. (1995). Anorexia nervosa and anorexic-like


syndromes in a population-based female twin sample. The American Journal of
Psychiatry, 152(1), 64-71.

Walters, E. E., Neale, M. C., Eaves, L. J., Heath, A. C., Kessler, R. C., et Kendler, K.
S. (1992). Bulimia nervosa and major depression: a study of common genetic and
environmental factors. Psychological Medicine, 22(3), 617-622.

Ward, A., Ramsay, R., Turnbull, S., Benedettini, M., et Treasure, J. (2000).
Attachment patterns in eating disorders: past in the present. International Journal
of Eating Disorders, 28(4), 370-376.

Ward, J. H. (1963). Hierarchical groupings to optimize an objective function. Journal


of the American Statistical Association, 58, 234-244.

Wertheim, E. H., Paxton, S. J., et Blaney, S. (2004). Risk factors for the development
of body image disturbance. In Thompson, J. K. (Ed.), Handbook of eating
disorders and obesity (pp. 463-494). New York: Wiley.

Whittal, M. L., Agras, W. S., et Gould, R. A. (1999). Bulimia nervosa: a meta-analysis


of psychosocial and pharmacological treatments. Behavior Therapy, 30, 117-135.

Widiger, T. A., Frances, A. J., Pincus, H. A., Ross, R., First, M. B., et Davis, W.
(1998). DSM-IV Sourcebook (Vol. 3). Washington DC: American Psychiatric
Association.

Williamson, D. A. (1990). Assessment of eating disorders: obesity, anorexia and


bulimia nervosa. New York: Allyn & Bacon.

Williamson, D. A., Davis, C. J., Goreczny, A. J., et Blouin, D. C. (1989). Body-image


disturbances in bulimia nervosa: influences of actual body size. Journal of
Abnormal Psychology, 98(1), 97-99.
Bibliographie 293

Wilson, G. T. (1999). Cognitive behavior therapy for eating disorders: progress and
problems. Behaviour Research and Therapy, 37 Suppl 1, S79-95.

Wilson, G. T. (2002). Eating disorders and addictive disorders. In Fairburn, C. G. et


Brownell, K. D. (Eds.), Eating disorders and obesity: a comprehensive handbook
(2nd ed., pp. 199-203). New York: Guildford Press.

Winchester, E., et Collier, D. (2003). Genetic aetiology of eating disorders and


obesity. In Treasure, J., Schmidt, U. et Furth, E. V. (Eds.), Handbook of eating
disorders (pp. 35-62). Chichester: John Wiley & Sons.

Zerbe, K. J. (2001). The crucial role of psychodynamic understanding in the treatment


of eating disorders. The Psychiatric Clinics of North America, 24(2), 305-313.

Zhu, A. J., et Walsh, B. T. (2002). Pharmacologic treatment of eating disorders.


Canadian Journal of Psychiatry, 47(3), 227-234.

Zipfel, S., Lowe, B., Reas, D. L., Deter, H. C., et Herzog, W. (2000). Long-term
prognosis in anorexia nervosa: lessons from a 21-year follow-up study. Lancet,
355(9205), 721-722.

Zonnevylle-Bender, M. J. S., van Goozen, S. H. M., Cohen-Kettenis, P. T., van


Elburg, A., de Wildt, M., Stevelmans, E., et al. (2004). Emotional functioning in
anorexia nervosa patients: adolescents compared to adults. Depression and
Anxiety, 19(1), 35-42.

Zonnevylle-Bender, M. J. S., van Goozen, S. H. M., Cohen-Kettenis, P. T., van


Elburg, A., et van Engeland, H. (2002). Do adolescent anorexia nervosa patients
have deficits in emotional functioning? European Child & Adolescent Psychiatry,
11(1), 38-42.
294

ANNEXES
Annexes 295

Annexe A Complications somatiques et psychologiques

Cardiovasculaires

Hypotension, bradycardie (une tachycardie peut annoncer une décompensation)


Altérations de l’électrocardiogramme (allongement de l’intervalle Q-T à risque d’une
arythmie ventriculaire)
Atrophie ventriculaire, prolapsus mitral

Digestives

Ralentissement de la vidange gastrique, du transit œsophagien


Constipation
Hépatite (élévation des transaminases)
Hypercholestérolémie

Hématologiques

Récitations, thrombopénie (hypoplasie médullaire)


Anémie par carence martiale et/ou vitaminique
Très rares complications infectieuses

Psychologiques

Labilité émotionnelle
Irritabilité
Humeur dépressive
Troubles anxieux
Conduites de stockage (hoarding)
Idées fixes alimentaires

Cutanées

Lanugo coloration orangée des plis

Électrolytiques

Hypophosphorémie
Hypocalcémie
Annexes 296

Endocriniennes et métaboliques

Hypothermie
Œdèmes de renutrition
Hypoglycémie (rares comas)
Aménorrhée secondaire à une malnutrition (également observée dans 20 à 50 % des
cas de boulimie)
Déficit en œstrogènes
Troubles de la fertilité (et complications obstétricales en cas de grossesse :
avortements, hypotrophie fœtale accouchement prématuré, plus forte morbidité
néonatale, dépression du post-partum…)
Élévation du taux basal de growth hormone, de cortisolémie, altération de suppression
par dexaméthasone
Syndrome de T, basse
Ostéopénie, ostéoporose

Système nerveux central et musculaire

Dilatation ventriculaire et atrophies corticales


Diminutions des performances aux épreuves d’attention, perception visuospatiale, et
mémoire
Altérations non spécifiques à l’électroencéphalogramme
Très rares crises épileptiques (secondaires à une insuffisance rénale)
Faiblesse et atrophie musculaires
Altération de la fonction respiratoire par déficience du diaphragme
Annexes 297

Annexe B Complications de troubles du comportement


alimentaire avec vomissements et abus de laxatifs
et/ou diurétiques

Parotidomégalie et hyperamylasémie
Érosion de l’émail dentaire
Œsophagite, saignements dans les vomissements (rarement ulcérations,
exceptionnelles perforations de l’œsophage ou de l’estomac)
Hypokaliémie
Hyponatrémie
Alcalose métabolique
Arythmie secondaire à une hypokaliémie
Cardiomyopathie iatrogène, à l’ipéca
Insuffisance rénale (secondaire a l’abus de diurétiques)
Paralysie du côlon, mélanose (secondaire à l’abus de laxatifs)
Callosités sur dos de la main
Annexes 298

Annexe C Signes cliniques et paracliniques de gravité au cours de


l’anorexie mentale, imposant l’hospitalisation

Indice de Quételet (indice de masse grasse = IMC) < 14 kg/m²


Amaigrissement important et rapide (brutal) ; arrêt total de prise alimentaire, aphagie
et vomissements
Épuisement physique souligné par la patiente
Troubles de la conscience et de la vigilance, céphalées, malaises orthostatiques
Tension artérielle systolique <80 mm Hg; diastolique <50 mm Hg
Bradycardie <50 ou fréquence cardiaque > 90/min
Température <35,5 °C
Leucocytes < 1 500/mm3, neutrophiles <1 000/mm3, plaquettes < 50 000/mm3
Hypokaliémie <3 mmol/L malgré l’apport de potassium per os
Natrémie < 125 mmol/L ou > 150 mmol/L
Créatininémie < 100 µmol/L; urée > 15 mmol/L
Hypophosphorémie
Augmentation des transaminases, taux de prothrombine < 50 %
Électrocardiogramme : anomalies électriques
Péricardite, prolapsus mitral avec insuffisance mitrale
Annexes 299

Annexe D Critères diagnostics pour l’anorexie mentale

DSM-IV 2 : [307.1] Anorexie mentale

A. Refus de maintenir un poids corporel au niveau ou au dessus d’un poids


minimum normal pour l’âge et pour la taille (par exemple, perte de poids
conduisant au maintien du poids à moins de 85 % du poids attendu, ou
incapacité à prendre du poids pendant la période de croissance conduisant à un
poids inférieur à 85 % du poids attendu) ;
B. Peur intense de prendre du poids ou de devenir gros alors que le poids est
inférieur à la normale ;
C. Altération de la perception du poids ou de la forme de son propre corps,
influence excessive du poids ou de la forme corporelle sur l’estime de soi, ou de
déni de la gravité de la maigreur actuelle ;
D. Chez les femmes postpubères, aménorrhées c’est-à-dire absence d’au moins trois
cycles menstruels consécutifs (une femme est considérée comme aménorrhéique
si les règles ne surviennent qu’après administration d’hormones).

Spécifier le type :

Type restrictif (« Restricting type ») : pendant l’épisode actuel d’anorexie


mentale, le sujet n’a pas de manière régulière, présenter des crises de boulimie ni
recouru aux vomissements provoqués ou à la prise de purgatifs (c’est-à-dire laxatifs,
diurétiques, lavements).
Type avec crises de boulimie/vomissements ou prise de purgatifs (« Binge-
eating/purging type ») : pendant l’épisode actuel d’anorexie mentale, le sujet a, de
manière régulière, présenté des crises de boulimie et/ou recouru aux vomissements
provoqués ou à la prise de purgatifs (c’est-à-dire laxatifs, diurétiques, lavements).

2
American Psychiatric Association (1996)
Annexes 300

CIM-10 3 : [F 50.0] Anorexie mentale

A. Perte de poids ou, chez les enfants, incapacité à prendre, du poids conduisant à un
poids inférieur à au moins 15 % du poids normal ou escompté, compte tenu de
l’âge et de la taille ;
B. La perte de poids est provoquée par le sujet qui évite les « aliments qui font
grossir » ;
C. Perception de soi comme étant trop gros(se), avec peur intense du grossir,
amenant le sujet à s’imposer un poids limite faible à ne pas dépasser ;
D. Présence d’un trouble endocrinien diffus de l’axe hypothalamo-hypophyso-
gonadique avec aménorrhée chez la femme et perte d’intérêt sexuel et de
puissance érectile chez l’homme (des saignements vaginaux peuvent toutefois
persister chez les femmes anorexiques sous thérapie hormonale, de substitution, le
plus souvent prise dans un but contraceptif) ;
E. Ne répond pas aux critères A ou B de la boulimie (F 50.2).

3
Organisation mondiale de la santé (1993)
Annexes 301

Annexe E Critères diagnostics pour la boulimie mentale

DSM-IV 4 : [307.2] Boulimie mentale

A. Survenue récurrente de crises de boulimie (« binge eating »). Une crise de


boulimie répond aux deux caractéristiques suivantes :
• absorption, en une période de temps limitée (par exemple, moins
de deux heures), d’une quantité de nourriture largement
supérieure à ce que la plupart des gens absorberait en une
période de temps similaire et dans les mêmes circonstances ;
• sentiment d’une perte de contrôle sur le comportement
alimentaire pendant la crise (par exemple, sentiment de ne pas
pouvoir contrôler ce que l’on mange ou la quantité de ce que
l’on mange).
B. Comportements compensatoires inappropriés et récurrents visant à prévenir la
prise de poids, tels que : vomissements provoqués ; emploi abusif de laxatifs,
diurétiques, lavements ou autres médicaments ; jeûne ; exercice physique
excessif ;
C. Les crises de boulimie et les comportements compensatoires inappropriés
surviennent tous les deux, en moyenne, au moins deux fois par semaine pendant
trois mois ;
D. L’estime de soi est influencée de manière excessive par le poids et la forme
corporelle ;
E. Le trouble ne survient pas exclusivement pendant des épisodes d’anorexie
mentale (Anorexia nervosa).

4
American Psychiatric Association (1996)
Annexes 302

CIM-10 5 : [F 50.0] Boulimie

A. Épisodes répétées d’hyperphagie (au moins deux fois par semaine pendant une
période d’au moins trois mois avec consommation rapide de quantités
importances de nourriture en un temps limite ;
B. Préoccupation persistante par le fait de manger, associée à un désir intense ou un
besoin irrésistible de nourriture (craving) ;
C. Le sujet essaie de neutraliser la prise de poids liée à la nourriture, comme en
témoigne la présence d’au moins l’une des manifestations suivantes :
(1) vomissements provoqués ;
(2) utilisation de laxatifs ;
(3) alternance avec des périodes de jeûne ;
(4) utilisation de coupe-faim, de préparations thyroïdiennes ou de
diurétiques ; quand la boulimie survient chez des patients
diabétiques, ceux ci peuvent sciemment négliger leur traitement
à l’insuline.
D. Perception de soi comme étant trop gros(se), avec peur intense de grossir
(entraînant habituellement un poids inférieur à la normale).

5
Organisation mondiale de la santé (1993)
Annexes 303

Annexe F Critères diagnostics pour le binge eating disorder

DSM-IV 6 : [307.56] Hyperphagie boulimique

A. Survenue récurrente de crises de boulimie. Une crise de boulimie répond aux deux
suivantes :
(1) absorption, en une période de temps limitée (par exemple moins de
deux heures), d’une quantité de nourriture supérieure à ce que la
plupart des gens absorberaient en une période de temps similaire et
dans les mêmes circonstances ;
(2) sentiment d’une perte de contrôle sur le comportement alimentaire
pendant la crise (par exemple sentiment de ne pas pouvoir s’arrêter de
manger ou de ne pas pouvoir contrôler ce que l’on mange ou la
quantité que l’on mange).
B. Les crises de boulimie sont associées à au moins trois des caractéristiques
suivantes :
(1) manger beaucoup plus rapidement que la normale ;
(2) manger jusqu’à éprouver une sensation pénible de distension
abdominale ;
(3) manger de grandes quantités de nourriture en l’absence d’une sensation
physique de faim ;
(4) manger seul car on est gêné de la quantité de nourriture absorbée ;
(5) se sentir dégoûté de soi-même, déprimé ou très coupable après avoir
mange.
C. Le comportement boulimique est source d’une souffrance marquée ;
D. Le comportement survient en moyenne au moins deux jours par semaine pendant
six mois ;
E. Le comportement boulimique n’est pas associé au recours régulier à des
comportements compensatoires inappropriés (exemple : vomissements, jeûne,
exercice excessif) et ne survient pas exclusivement au cours d’une anorexie
mentale ou d’une boulimie.

6
American Psychiatric Association (1996)
Annexes 304

CIM-10 7 : [F 50.0] Boulimie atypique

On doit faire le diagnostic de boulimie atypique quand un ou plusieurs des


symptômes de la boulimie (F50.2) sont absents, le tableau clinique étant par ailleurs
relativement typique :

E. Ce diagnostic s’applique surtout à des sujets qui ont un poids normal, voire
excessif, mais qui présentent des périodes d’hyperphagie associée à des
vomissements ou un abus de laxatifs.

7
Organisation mondiale de la santé (1993)
Annexes 305

Annexe G Lettre d’introduction


Annexes 306

Annexe H Formulaire de consentement éclairé


Annexes 307

Annexe I Eating Attitude Test (EAT-40)


Annexes 308
Annexes 309

Annexe J Eating Disorder Inventory (EDI)


Annexes 310
Annexes 311
Annexes 312
Annexes 313

Annexe K Bulimia Investigatory Test, Edinburgh (BITE)


Annexes 314
Annexes 315

Annexe L Inventaire de dépression de Beck (BDI-13)


Annexes 316
Annexes 317

Annexe M Échelle d’affirmation de soi de Rathus (RAS)


Annexes 318
Annexes 319

Annexe N Inventaire d’anxiété trait-état (STAI-Y)


Annexes 320
Annexes
Annexe O
Test de l’image corporelle (silhouettes de Mouchès)
Silhouette no. 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

IMC (kg/m²) 15,6 16,9 18,0 19,3 20,4 21,6 22,8 24,1 25,4 27,0

321
Annexes 322

Annexe P Test catégorisation alimentaire

La consigne est la suivante : 27 noms d’aliments vont vous êtes proposés ; votre
tâche consiste à classer les aliments qui vont ensemble, c’est-à-dire ceux qui sont
similaires.

Les 27 noms d’aliments sont les suivants :

banane ; betterave ; bœuf ; camembert ; charcuterie ; chocolat ;


crème de gruyère ; crème dessert ; endive cuite ; fruits au sirop ;
gâteau à la crème ; gâteau sec ; jus de fruits ; lait entier ;
macédoine de légumes ; mayonnaise ; œuf ; : pain ; petit pois ;
poire ; poisson frais ; pomme ; pomme de terre ; tarte aux fruits ;
tomate ; volaille ; yaourt nature.
Annexes 323

Annexe Q Tâche de l’analyse du discours

La consigne est la suivante : trois questions vont vous êtes proposés (quinze
phrases par question) :

Q1) J’aimerais que vous me disiez comment vous vous sentez


aujourd’hui ;

Q2) J’aimerais que vous me disiez comment vous percevez


votre corps ;

Q3) J’aimerais que vous me disiez ce que c’est qu’un bon


aliment pour vous.
Annexes 324

Annexe R Résultats des troubles du comportement alimentaire :


anorexie mentale (Berkman et al., 2007)

Auteurs, Année Caractéristiques Résultats

Études prospectives de multitudes, groupes de comparaison8


Gillberg et al., 1994 Échantillon public, Suède Alimentation
Gillberg et al., 1994 Femmes : 94 % Diagnostic9 : AN : 6 % ; BN : 22 % ; EDNOS : 14 % ; Aucun ;
Råstam et al., 1995 Années de suivies : 5 59 %
Gillberg et al., 1995 M-R général10 : Bon : 41 %, Inter11 : 35 %, Mauvais : 24 %
Ivarsson et al., 2000 Psychiatrique / Psychologique
TOC12,13 : 30 % ; tout cluster C13 : 37 %
Cas : 51 Tout trouble de personnalité SCID13 : 41 %
Comparaisons : 51 Syndrome d’Asperger13 : 12 %, tout autisme13 : 20 %
Trouble d’empathie13 : 30 %
Bio-marquer mesuré
Proche à un poids corporel moyen13 : 53 %
Sous-poids extrême13 : 8 %
Règles régulières13 : 50 %, dysdiadochokinésis13 : 20 %
Nilsson et al., 1999 Échantillon public, Suède Alimentation
Råstam et al., 2003 Femmes : 94 % Diagnostic9 : AN : 6 % ; BN : 4 % ; EDNOS : 18 %
Wentz et al., 2001 Années de suivies : 10 Aucun symptôme de TCA9 pendant 6 mois : 39 %, n/p : 33 %
Ivarsson et al., 2000 M-R général10 : Bon : 49 %, Inter11 : 41 %, Mauvais : 10 %
Wentz et al., 2000 Psychiatrique / Psychologique
TOC12 : 16 % ; Trouble de spectre autistique13 : 18 %
Cas : 51 Vie entière : tout trouble affectif13 : 96 %, TOC12,13 : 35 %,
Comparaisons : 51 TPOC12,13 : 55 %
Tout trouble anxieux13 : 57 %, tout trouble dépressif13 : 84 %,
trouble de spectre autistique13 : 24 %
Bio-marquer mesuré
Règles régulières13 : 65 %, dysdiadochokinésis13 : 22 %

Série des cas, groupes de comparaison


Bulik et al., 2000 Hospitalisé, ambulatoire ou Alimentation
Sullivan et al., 1998 évaluation, Nouvelle Zélande Diagnostic9 : AN : 10 % ; BN ou EDNOS : 11 %
Années de suivies : 12 Échelle de guérison14 : Complet : 30 % ; Partiel : 49 % ;
Cas : 70 Chronique : 10 %
Comparaisons : 98 Psychiatrique / Psychologique
Diagnostic vie entière13 : dépression majeure : 51 %, tout trouble
de l’humeur : 60 %, dépendance à l’alcool ou d’autres drogues :
30 %, TOC : 16 %, anxiété de séparation : 17 %, trouble de anxiété
majeure : 37 %, tout trouble d’anxiété : 60 %
Bio-marquer mesuré %
IMC13 : 20,1 kg/m²
Mortalité
Morts : n = 1 (suicide)

8
La population suivie ne concerne que des femmes sauf indication contraire
9
AN : Anorexia mentale ; AN-BP : Anorexia mentale de type avec crises de boulimie/vomissements ou prise de purgatifs ;
AN-R : Anorexia mentale de type restrictif ; BN : Boulimie ; TCA : Trouble du comportement alimentaire ; EDNOS : TCA non
specifié
10
Échelle générale de Morgan et Russell : Bon : poids corporel normal (100 % ± 15 % poids corporel moyen) ;Inter : poids
normal ou quasi-normal et/ou anomalies menstruelles ;Mauvais : poids bas et menstruation absente ou limitée (IMC et détails de
% poids non fourni).
11
Inter : intermédiaire
12
TOC : Trouble obsessif-compulsif ; TPOC : Trouble de personnalité obessif-compulsif
13
Les résultats diffèrent significativement du groupe de comparaison (p < 0,05)
14
Échelle de guérison 1 : Complètement : aucun diagnostic actuel de TCA, > 85 % poids corporel idéal, aucun bingeing ou
vomissements ; Partiel : aucun diagnostic actuel de TCA mais bingeing ou vomissements actuels signalé ou poids corporel
maintenu < 85 % poids corporel idéal ; Chronique : critères d’un TCA satisfait lors de l’entretien.
Annexes 325

Auteurs, Année Caractéristiques Résultats


Halmi et al., 1991 Hospitalisé, États-Unis Alimentation
Années de suivies : 10 Diagnostic9 : AN : 3 % ; BN : 26 % ; EDNOS : 39 %, aucun TCA :
Cas : 62 27 % ; inconnu : 5 %
Comparaisons : 62 Psychiatrique / Psychologique
Diagnostic vie entière : dépression majeure: 68 %, dysthymie :
32 %, TOC12 : 25 %, agoraphobie : 14 %, phobie sociale : 32 %
Diagnostics actuels13 : dépression majeure : 29 %, TOC : 11 %

Séries des cas, aucun groupe de comparaison


Ben-Tovim et al., Prise en charge secondaire ou Alimentation
2001 tertiaire, Australie Diagnostic9 : AN : 21 % ; BN : 5 % ; EDNOS : 9 %, aucun TCA :
Années de suivies : 5 59 %, pas connu : 2 %, décédé : 3 %
Cas : 92 M-R-H15 : Bon : 34 %, Inter11 : 54 %, Mauvais : 13 %
Birmingham et al., Prise en charge tertiaire Mortalité
2005 d’adultes, Canada Morts : n = 17 (suicide : n = 7, pneumonie : n = 2, hypoglycémie :
Femmes : 97 % n = 2, maladie hépatique : n = 2, cancer : n = 2, empoisonnement
Cas : 326 Années de suivies : 7 alcoolique : n = 1, hémorragie sousdural : n = 1, PMS16 : 10,5
Crisp et al., 1992 Angleterre et Écosse Mortalité
Années moyennes de suivies : Angleterre : décédé : n = 4 (anorexie : n = 2 ; suicide : n = 1 ,
Cas : 168 22 cancer : n = 1) (PMS16 : 1,36 fois plus probable que chez des
femmes du même âge, 1973-1989)
Écosse : décédé : n = 8 4 (anorexie : n = 3, suicide : n = 4 , cancer :
n = 1 (PMS16 : 4,71 fois plus probable que chez des femmes du
même âge, 1973-1979)
Dancyger et al., Hospitalisé, États-Unis Alimentation
1997 Années de suivies : 10 Échelle de Dancyger17 : Guéri : 31 %, Bon : 13 %, Inter11 : 21 %,
Mauvaise : 35 % (5 sont morts pendant le suivi)
Cas : 52
Deter et al., 1994 Hospitalisé, Allemagne Alimentation
Herzog, Schellberg Années moyennes de suivies : Diagnostic9 : AN : 17 %, BN : 14 %
et Deter, 1997 12 (9-19) M-R général10 : Bon : 54 %, Inter11 : 25 %, Mauvaise : 11 %
Deter et al., 2005 Délai moyen pour la première guérison (Bon résultat au M-R : 6
ans
Cas : 75 Mortalité
Diminuée : 11 % (Complications de l’AN : n = 7 ; suicide : n = 2)
Eckert et al., 1995 Hospitalisé, États-Unis Alimentation
Années moyennes de suivies : Diagnostic9 : AN : 9 %, BN : 22 %, AN/BN : 3 %, EDNOS : 36 %
Cas : 76 10 (8.5-10.5) Aucun TCA : 24 %, Décédé: 6 %
Échelle de guérison 1 pour 1 an17 : 24 %, Bon : 26 %, Inter11 :
32 %, Mauvaise : 12 %
Bio-marquer mesuré
PCM18 : < 85 % ; 23 %, 85 – 115 % ; 73 %, >115 % ; 3 %
Règles régulières : 48 %
Mortalité
Décédé : 6 % (toutes complications de l’AN) : PMS16 : 12,8

15
Échelle de Morgan-Russell-Hayward : une modification de l’échelle de Morgan et Russell : Bon : 8 à 12 ; Inter : (4 à
<8) ; Mauvais : (0 à <4).
16
PMS, proportion de mortalité standardisée
17
Échelle de guérison 2 : Guéri : au-dessus le seuil de 85 % poids corporel idéal, aucun trouble menstruel, aucun
comportement de bingeing ou vomissement signalé, et absence de tout autre trouble alimentaire ou image corporelle ; Bon : >
85 % poids corporel idéal, règles normales mais bingeing et/ou vomissements < 1 / mois ; Intermédiaire : < 85 % poids corporel
idéal par intermittence, règles troublées ou comportement de bingeing et/ou vomissement ; Mauvais : < 85 % poids corporel idéal
avec aménorrhée ou bingeing et/ou vomissement fréquent (c’est-à-dire critères de BN, AN ou les deux satisfaits).
18
PCM : poids corporel moyen
Annexes 326

Auteurs, Année Caractéristiques Résultats


Eddy et al., 2002 Hospitalisé et ambulatoire, Alimentation
États-Unis 2e échelle de guérison19 : guérison totale : AN-R pure : 46 %, AN-
Cas : 136 Années médianes de suivies : 8 R non pure : 22%, AN-BP : 39 %, Guérison partielle : AN-R pure :
(8-12) 88 %, AN-R non pure : 86 %, AN-BP : 87 %, rechute : AN-R
pure : 31 %, AN-R non pure : 47 %, AN-BP : 68 %
Psychiatrique / Psychologique
Passée d’abus de drogues : AN-R pure : 0 %, AN-R non pure :
13 %, AN-BP : 16 %
Mortalité
Décédé : AN-R pure : 8 %, AN-R non pure : 7 %, AN-BP : 6 %
Passée de suicide par sous-types : AN- pure : 4 %, AN-R non pur :
29 % ; AN-BP : 27 %
Fichter et Quadflieg, Hospitalisé, Allemagne Alimentation
1999 Années de suivies : 6 Diagnostic9 : AN : 24%, BN : 16%, EDNOS : 2%, aucun TCA:
52%
Cas : 101 M-R général10 : Bon : 27 %, Inter11 : 25 %, Mauvaise :
Mortalité
Décédé : 6 % (Accident routier pendant l’exercice : n = 1, Crises
cardiaques et rénales : n = 2, hypocalcémie : n = 2, Crise cardiaque
et cachexie : n = 1)
Franko et al., 2004 Hospitalisé et ambulatoire, Mortalité
États-Unis Tentatives de suicide pendant la période de recherche : 22 %
Cases : 136 Années moyennes de suivies : 9
Halvorsen et al., Hospitalisé, Norvège Alimentation
2004 Années moyennes de suivies : 9 Diagnostic9 : AN : 2 %, BN : 2 %, EDNOS : 14 %, Aucun TCA :
(4-15) 82 %, décédé : 0 %
Cas : 51 M-R général10 : bon : 80 %, Inter11 : 16 %, Mauvaise : 4 %
Psychiatrique / Psychologique
Dépression : 22 %, Anxiété (hors TOC12) : 27 %, TOC12 : 2 %
Hebebrand et al., Allemagne Mortalité
1997 Années moyennes de suivies : Décédé : N = 12 (Émaciation : n = 10, suicide : n = 2)
10 (0-34) Taux de mortalité en fonction du poids de la patiente : >13 kg/m² :
Cas : 272 11 %, ≥ 13 kg/m² : 0.6%
Herzog et al., 1996 Evaluation de TCA, États-Unis Alimentation
Années moyennes de suivies : 4 2e échelle de guérison17 : guérison totale : AN-R : 8 % ; AN-BP :
Cas : 136 17 % ; guérison partielle : AN-R : 54 % ; AN-BP : 81 %
Herzog et al., 1999 Evaluation de TCA, États-Unis Alimentation
Années médian de suivies : 8 2e échelle de guérison17 à un moment donné pendant 90 mois :
Cas : 136 (jusqu’à 11) guérison totale : 34 % ; guérison partielle : 84 % ; rechute après
première guérison : 40 % ; aucune rémission : 18 %
Herzog et al., 2000 Evaluation de TCA, États-Unis Mortalité
Années de suivies : 11 Décédé : n = 7 (Suicide : n = 3 ; Intoxication alcoolique aigue : n =
Cas : 110 1, crises cardiorespiratoire et hépatique, et cirrhose : n = 1,
arythmie cardiaque et trouble de « seizure » : n = 1, Pneumonie
fongique : N = 1), PMS16 (tous morts) : 9,6 : PMS16 (suicide) : 58,1
Isager et al., 1985 Hospitalisation et ambulatoire, Alimentation
Danemark Rémission : 80 %
Cas : 142 Femmes : 93 % Risque moyen annuel de la première rechute20 : 3 % ; 14 % dans la
Années moyennes de suivies : première année
13 (4-22) Mortalité
Décédé : n = 9 (Suicide : n = 6, Malnutrition : n = 2, Inconnu : n =
1)
Keel et al., 2003 Hospitalisé et ambulatoire, Mortalité
États-Unis Morts : n = 11 ; PMS16 : 11,6
Cas : 136 Années moyennes de suivies : 9 Suicide : n = 4 ; PMS16 pour suicide : 56,9

19
Échelle du guérison 3 : Guérison total : absence de symptomatologie or présence d’une symptomatologie minimale
pendant au moins 8 semaines consécutives ; Guérison partielle : diminutions de symptomatologie à moins des critères totaux
pendant au moins 8 semaines consécutives ; Rechute : retour de symptomatologie de tous critères pendant au moins 1 semaine
suite à une période de guérison total.
20
Échelle d’Isager : perte 15 % ou plus du poids repris au cours du traitement.
Annexes 327

Auteurs, Année Caractéristiques Résultats


Lee et al., 2003 Hospitalisation et ambulatoire, Alimentation
Lee et al., 2005 Hong Kong Diagnostic9 : AN : 15 %, BN : 20 % (typique 25 %, atypique 5 %),
Années de suivies : 9 EDNOS : 19 % (typique 15 %, atypique 29 %), aucun TCA : 46 %
Cas : 74 (typique : 41 %, atypique : 57 %)
M-R composant21 : Bon : 62 % (typique 53 %, atypique 89 %),
Inter11 : 33 % (typique 42 %, atypique 5 %), Mauvaise : 5 %
(typique et atypique 5 %)
Mortalité
Morts : n = 3 (Suicide : n = 2, émaciation : n = 1) ; PMS16 : 10,5
Löwe et al., 2001 Hospitalisé, Allemagne Alimentation
Années moyennes de suivies : Échelle PSR22,23 : Bon : 51 %, Inter11 : 21 %, Mauvaise : 26 %,
Cas : 63 21 Inconnu : 2 %
Psychiatrique / Psychologique
Troubles de l’humeur (résultats de l’échelle PSR) : Bon : 8 %,
Inter11 : 31 %, Mauvais : 38 %
Abus de substances toxiques (résultats de l’échelle PSR) : Bon : 5
%, Inter11 : 6 %, Mauvais : 50 %
Bio-marquer mesuré
IMC : Bon : 21,6 ; Inter11 :19,7 ; Mauvais :15,3
Mortalité
Morts : n = 14 (12 directement due à l’AN)
Møller-Madsen et Hospitalisé, Danemark Mortalité
al., 1996 Femmes : 93 % Décédé : n = 50 (complications de l’AN : n = 13, causes
Années moyenne suivies : 8 naturelles : n = 11, suicide : n = 18, accidents : n = 2, inconnu ou
Cas : 853 non déterminé : n = 4)
PMS16 : femmes : 9,2 ; PMS16 : hommes : 8,2
Femmes seules < 1 an après l’admission au traitement, PMS16 =
30,5
Morgan et al., 1983 Ambulatoire, Royaume-Uni Alimentation
Femmes : 94 % M-R général10 depuis les derniers 6 mois : Bon : 58 %, Inter11 :
Cas : 78 Années moyenne suivies : 6 (4- 19 %, Mauvais : 19 %, Décédé : 1 %, Inconnu : 3 %
9)
Patton, 1988 Évaluation de TCA, Royaume- Mortalité
Uni Morts : n = 11 (Suicide : n = 6 ; poids bas : n = 5)
Cas : 332 Femmes : 96 % PMS16 global : 60,1 – plus élevé que attendu
Années moyenne suivies : 8 PMS16 après 4 ans : 5,76 – plus élevé que l’on attendait
PMS16 après 8 ans : 2,70 - normal
Strober et al, 1996. Hospitalisé, États-Unis Psychiatrique / Psychologique
Femmes : 94 % Abus de substance toxiques : 12 %, Dépendance : 7 %
Cas : 95 Années de suivies : 10
Strober et al., 1997 Hospitalisé, États-Unis Alimentation
Femmes : 90 % Diagnostic9 : AN-R : 3 %, AN-BP : 1 %, BN : 10 %
Cas : 95 Années de suivies : 10-15 Guérison, 2e échelle: guérison total: 76 %, guérison partiel: 86 %
Tanaka et al.2001 Hospitalisé, Japon Alimentation
Années moyenne suivies : 8(4- M-R général10 : Bon : 51 % ; Inter11 : 13 % ; Mauvais : 25 %
Cas : 68 18) Mortalité
Décédé : 11 % (Émaciation : n = 3 ; suicide : n = 2 ; Meurtre : n =
1 ; Brûlure : n = 1)

21
Score groupé de Morgan et Russell : (score de résultat moyen) à l’Inventaire d’Evaluation de Résultat de Morgan et
Russell dérivé du statut nutritionnel, de la fonction menstruelle, du statut mental , de l’adaptation sexuelle, et du statut socio-
économique. Un score élevé signifie une meilleure guérison. Par suite du score de résultat, 3 catégories de résultats ont été créés :
mauvais, intermédiaire et bon
22
PSR : l’échelle d’évaluation de l’état psychiatrique
23
Score à l’évaluation de l’état psychiatrique : Bon (guérison total) :1 ; Inter (guérison partiel) : 2 à 4 ; Mauvais (tous
critères de l’AN ou décédé) : 5 à 6.
Annexes 328

Annexe S Résultats des troubles du comportement alimentaire :


boulimie (Berkman et al., 2007)

Auteurs, Année Caractéristiques Résultats

Série des cas, groupes de comparaison24


Fichter et Quadflig, Hospitalisées, Allemagne Alimentation
2004 Années de suivies :12 Diagnostic25 (à 6 ans) : AN : 4 % ; BN avec vomissement : 21 % ;
BN sans vomissement : 1 % ; BED : 1 % ; EDNOS : 1 % ; aucun
Cas : 163 TCA : 71 %. Diagnostic (à 12 ans) : AN : 2 % ; BN avec
Comparaisons :202 vomissement : 10 % ; BN sans vomissement : 1 % ; BED : 2 % ;
EDNOS : 14 % ; aucun TCA : 71 %.
Bingeing : (à 12 ans) : au moins deux fois par semaines : 22 % ;
moins que deux fois par semaines : 18 % ; aucun pendant les 3
mois précédents : 60 %
Psychiatrique / Psychologique
À 12 ans : trouble de l’humeur : 17 % ; dépression majeure :
11 % ; anxiété : 22 % ; usage de substances toxiques : 15 % ;
personnalité borderline : 10 %. Vie entière : trouble de l’humeur :
69 % ; dépression majeure : 58 % ; anxiété : 36 % ; usage de
substances toxiques : 36 %.
Mortalité
Décédé : à 6 ans : 1 % ; à 12 ans : 3 %. TMS : 2,36

Série des cas, aucun groupe de comparaison


Ben-Tovim et al. , Prise en charge spécialiste, Alimentation
2001 Australie Diagnostic après suivi : AN : 1 % ; BN : 8 % ; EDNOS : 13 % ;
Années de suivies : 5 aucun TCA : 74 % ; inconnu : 5 % ; décédée : 0 %
Cas : 86 Résultats au M-R-H26 : Bon : 76 % ; Inter27 : 19 % ; Mauvais :
2 % ; inconnu : 2 %
Fairburn et al., 2000 Ambulatoire, Royaume-Uni Alimentation
Fairburn et al., 2003 Années de suivies : 5 Diagnostic après suivi : BN : 15 % ; BED : 7 % ; AN : 1 % ;
Stice et Fairburn, EDNOS : 32 %
2003 N’importe quel TCA du DSM-IV : 49 % ; Rémission28 : 35 % ;
Rechute29 : 26 %
Cas : 92 Psychiatrique/ Psychologique
Usage de substances toxiques : 3 %
Dépression majeure : globale 9 % ; Restrictive : 61 % ; Dépressive
restrictive : 81 % (p < 0,05)
Trouble panique : Restrictive : 75 % ; Dépressive restrictive-: 33 %
(p < 0,05)
Trouble obsessionnel compulsif : Restrictive : 2 % ;
Dépressive restrictive: 25 % (p < 0,05)
Trouble d’anxiété généralisé : globale : 17 % ; Restrictive : 11 ;
Dépressive restrictive-: 47 % (p < 0,05)
Agoraphobie : Restrictive : 4 % ; Dépressive restrictive: 36 % (p <
0,05)
Bio-marquer mesuré
Poids : 69,8 kg ; IMC = 25,5

24
La population suivie ne concerne que des femmes sauf indication contraire
25
AN : Anorexia mentale ; BN : Boulimie ; TCA : Trouble du comportement alimentaire ; EDNOS : TCA non specifié
26
Échelle de Morgan-Russell-Hayward : une modification de l’échelle de Morgan et Russell : Bon : 8 à 12 ; Inter : (4 à
<8) ; Mauvais : (0 à <4).
27
Inter : intermédiaire
28
Rémission : aucun diagnostic DSM-IV de TCA
29
Récurrence de n’importe quel diagnostic DSM-IV de TCA
Annexes 329

Auteurs, Année Caractéristiques Résultats


Fichter et Quadflieg, Hospitalisées, Allemagne Alimentation
1997 Années de suivies : 6 Diagnostic : AN : 4 % ; BN : 21 % ; BED : 1 % ; EDNOS : 2 % ;
aucun TCA : 71 %
Cas : 185 Résultat global30 : Bon : 60 % ; Inter : 29 % ; Mauvais : 10 %
Psychiatrique / Psychologique
Personnalité borderline : 4 % ; Usage de substances toxiques :
21 % ; Troubles de l’humeur : 46 % ; Anxiété : 32 %
Mortalité
Décédé : 1 %
Franko et al., 2004 Évaluation de TCA, États-Unis Mortalité
Années de suivies : 9 Tentatives de suicide : 11 %
Cas : 100
Gendall, Bulik et al., Ambulatoire, Nouvelle Zélande Bio-marquer mesuré
2000 Années de suivies : 1 Règles irrégulières : 30,5 %

Cas : 82
Herzog et al., 1993 Évaluation de TCA, États-Unis Alimentation
Années de suivies : 1 Premier changement vers un diagnostic de BN sous-clinique (perte
Cas : 96 de critères totaux sans prise en compte de la durée) : 86 %
Guérison31 : Totale : 56 % ; Partielle : 71 %
Herzog et al., 1996 Évaluation de TCA, États-Unis Alimentation
Années de suivies : 4 Guérison : Totale : 62 % ; Partielle : 91 %
Cas : 150
Herzog et al., 1999 Évaluation de TCA, États-Unis Alimentation
Années de suivies : 8 Guérison : Totale : 74 % ; Partielle : 99 %
Cas : 110 Rechute après guérison totale : 35 %
Jäger et al., 2004 Hospitalisées et ambulatoire, Alimentation
Allemagne Diagnostic : BN : 29 % ; EDNOS (boulimique) : 9 % ; EDNOS
Cas : 80 Années de suivies : 8 (anorexique) : 1 % ; aucun TCA : 61 %
Aucun binge par semaine : 63 %
Keel et al., 1999 Ambulatoire, États-Unis Alimentation
Keel, Mitchell, Années moyennes suivies : 12 Diagnostic : Après suivi : BN : 11 % ; AN : 1 % ; BED : 1 % ;
Davis et al., 2000 EDNOS : 19 % ; Durée de l’anorexie vie entière : 36% ; Durée du
Keel, Mitchell, BED vie entière : 11 %
Miller et al., 2000 Définition étroite de rémission32 : Totale : 42 % ; Partielle33 : 28 %
Définition large de rémission34 : Totale : 47 % ; Partielle : 23 %
Cas : 173 Bio-marqeur mesuré
IMC : 22,1 ; poids : 60,7 kg
Keel et al., 2003 Ambulatoire, États-Unis Mortalité
Années moyennes suivies : 9 Morts : 1 ; PMS : 1,3 ; CI (0,0 ; 7,2)
Cas : 110
Patton et al., 1988 Evaluation de TCA, États-Unis Mortalité
Femmes : 96 % Morts : 3 (2 accidents en voiture, 1 poids bas)
Cas : 96 Années moyennes suivies : 6 Proportion de mortalité brute : 3,3 : SMR : 9,38 (p = ns)
(4-15)

30
Résultats globaux : Le Strucutred Inventory for Anorexic and Bulimic (SIAB) syndromes supplementé par l’échelle
d’évaluation de statut psychiatrique (PSR), aggrégant 10 catégroies de résultats, y compris l’anxiété par rapport à l’alimentation et
au poids, aux crises de boulimies, aux mesures contra-régulatoires, au poids corporel, à la dépression, à l’obsession, etc. Bon : 1 -
2 ; Inter : 3 – 4 ; Mauvais : 5 – 6.
31
Guérisone : Totale : au moins 8 semaines consecutives à un niveau PSR de 1 ou 2 ; Partielle : au moins 8 semaines
consecutives à un niveau PSR de 3 ou 4, ou moins de 8 semaines consecutives à un niveau PSR de 1 ou 2.
32
Définition étroite de rémission : absence de TCA pendant au moins 6 mois, inquiétude lié au poids et à la forme ne
pourrait pas trop influencer comment le patient se ressentait ou s’évaluait
33
Rémission partielle : ne remplit ni des critères pour une rémission totale, ni des critères DSM-IV pour des TCA
34
Définition large de rémission : absence de TCA pendant au moins 8 semaines avec aucune restriction de l’auto-
évaluation à la basé de l’influence du poids ou de la forme
Annexes 330

Annexe T Diagnostic des Indices de Masse Corporelle

Tableau T-1
Répartition des IMC lors de la première évaluation

AN-R AN-BP/BN Témoins


Diagnostic
(n = 41) (n = 34) (n = 83)

% 46,3 20,6 1,2


Dénutrition
sévère (< 14)
m ± ds 12,22 ± 1,01 13,23 ± 0,47 10,21

% 46,3 58,8 19,3


Sous-poids
(14 à 19)
m ± ds 15,47 ± 1,13 16,62 ± 1,35 18,09 ± 0,88

Normo- % 7,3 14,7 56,6


pondérale
(19 à 24) m ± ds 19,77 ± 0,54 19,97 ± 1,02 23,19 ± 1,30

% - 5,9 19,3
Surpoids
(24 à 29)
m ± ds - 25,49 ± 0,21 25,87 ± 0,86

% 100,0 100,0 100,0

m ± ds 14,28 ± 2,45 16,94 ± 3,17 21,80 ± 3,76


Annexes 331

Tableau T-2
Répartition des IMC lors de la quatrième évaluation

AN-R AN-BP/BN
Diagnostic
(n = 25) (n = 15)

% 4,0 -
Dénutrition
sévère (< 14)
m ± ds 13,06 -

% 52,0 26,7
Sous-poids
(14 à 19)
m ± ds 17,07 ± 1,57 18,10 ± 0,52

Normo- % 44,0 73,3


pondérale
(19 à 24) m ± ds 19,69 ± 0,32 20,72 ± 1,95

% - -
Surpoids
(24 à 29)
m ± ds - -

% 100,0 100,0

m ± ds 18,06 ± 2,02 20,02 ± 2,06


Annexes 332

Annexe U Diagnostic du Eating Attitudes Test

Tableau U-1
Répartition des scores au EAT lors de la première évaluation

AN-R AN-BP/BN Témoins


Diagnostic
(n = 41) (n = 34) (n = 83)

% 14,6 23,5 100,0


Normal
(< 30)
m ± ds 20,17 ± 8,63 16,25 ± 9,42 10,58 ± 5,75

% 85,4 76,5 -
Pathologique
(≥ 30)
m ± ds 69,09 ± 18,01 62,19 ± 17,86 -

% 100,0 100,0 100,0

m ± ds 61,93 ± 24,32 51,38 ± 25,53 10,58 ± 5,75

Tableau U-2
Répartition des scores au EAT lors de la quatrième évaluation

AN-R AN-BP/BN
(n = 25) (n = 15)

% 60,0 40,0
Normal
(< 30)
m ± ds 10,27 ± 6,42 15,33 ± 8,29

% 40,0 60,0
Pathologique
(≥ 30)
m ± ds 51,40 ± 16,29 50,78 ± 11,03

% 100,0 100,0

m ± ds 26,72 ± 23,38 36,60 ± 20,42


Annexes 333

Annexe V Diagnostic du Eating Disorder Inventory

Tableau V-1
Répartition des scores au EDI-DM lors de la première évaluation

AN-R AN-BP/BN Témoins


Diagnostic
(n = 41) (n = 34) (n = 83)

% 22,0 35,3 81,9


Normal
(≤ 7) m ± ds 1,78 ± 2,22 2,92 ± 1,51 1,69 ± 1,96

% 12,2 5,9 13,3


Intermédiaire
(8 à 11) m ± ds 10,20 ± 1,30 9,00 ± 1,41 8,64 ± 0,51

% 65,9 58,8 4,8


Pathologique
(≥ 12) m ± ds 17,37 ± 3,12 17,95 ± 3,00 15,75 ± 3,40

% 100,0 100,0 100,0

m ± ds 13,07 ± 7,05 12,12 ± 7,62 3,29 ± 4,14

Tableau V-2
Répartition des scores au EDI-DM lors de la quatrième évaluation

AN-R AN-BP/BN
(n = 25) (n = 15)

% 60,0 33,3
Normal
(≤ 7) m ± ds 1,13 ± 1,89 2,20 ± 2,68

% 8,0 -
Intermédiaire
(8 à 11) m ± ds 9,50 ± 2,12 -

% 32,0 66,7
Pathologique
(≥ 12) m ± ds 17,00 ± 2,62 17,40 ± 2,17

% 100,0 100,0

m ± ds 6,88 ± 7,72 12,33 ± 7,75


Annexes 334

Tableau V-3
Répartition des scores au EDI-B lors de la première évaluation

AN-R AN-BP/BN Témoins


Diagnostic
(n = 41) (n = 34) (n = 83)

% 75,6 29,4 80,7


Normal
(< 2) m ± ds 0,19 ± 0,54 0,60 ± 0,70 0,37 ± 0,60

% 12,2 23,5 19,3


Intermédiaire
(3 à 8) m ± ds 5,20 ± 1,30 5,88 ± 2,10 3,88 ± 1,15

% 12,2 47,1 -
Pathologique
(≥ 9) m ± ds 14,60 ± 3,98 15,63 ± 3,76 -

% 100,0 100,0 100,0

m ± ds 2,56 ± 5,03 8,91 ± 7,25 1,05 ± 1,57

Tableau V-4
Répartition des scores au EDI-B lors de la quatrième évaluation

AN-R AN-BP/BN
(n = 25) (n = 15)

% 84,0 73,3
Normal
(< 2) m ± ds 0,19 ± 0,51 0,09 ± 0,30

% 16,0 20,0
Intermédiaire
(3 à 8) m ± ds 4,25 ± 1,26 7,00 ± 6,08

% - 6,7
Pathologique
(≥ 9) m ± ds - 20,00

% 100,0 100,0

m ± ds 0,84 ± 1,65 2,80 ± 6,00


Annexes 335

Tableau V-5
Répartition des scores au EDI-IC lors de la première évaluation

AN-R AN-BP/BN Témoins


Diagnostic
(n = 41) (n = 34) (n = 83)

% 39,0 58,8 65,1


Normal
(< 14) m ± ds 9,56 ± 3,31 8,30 ± 3 ,61 5,35 ± 4,35

% 61,0 41,2 34,9


Pathologique
(≥ 14) m ± ds 21,76 ± 4,57 23,71 ± 4,55 19,00 ± 3,08

% 100,0 100,0 100,0

m ± ds 17,00 ± 7,27 14,65 ± 8,66 10,12 ± 7,64

Tableau V-6
Répartition des scores au EDI-IC lors de la quatrième évaluation

AN-R AN-BP/BN
(n = 25) (n = 15)

% 48,0 46,7
Normal
(< 14) m ± ds 4,75 ± 4,05 5,43 ± 4,35

% 52,0 53,3
Pathologique
(≥ 14) m ± ds 21,92 ± 4,68 23,88 ± 4,29

% 100,0 100,0

m ± ds 13,68 ± 9,75 15,27 ± 10,40


Annexes 336

Tableau V-7
Répartition des scores au EDI-I lors de la première évaluation

AN-R AN-BP/BN Témoins


Diagnostic
(n = 41) (n = 34) (n = 83)

% 19,5 14,7 71,1


Normal
(≤ 4) m ± ds 1,88 ± 1,64 2,20 ± 2,05 1,66 ± 1,42

Intermédiaire % 12,2 20,6 20,5


(5 à 8) m ± ds 7,00 ± 1,23 6,29 ± 1,25 6,18 ± 1,07

% 68,3 64,7 8,4


Pathologique
(≥ 9) m ± ds 18,43 ± 5,53 19,32 ± 5,19 12,14 ± 4,18

% 100,0 100,0 100,0

m ± ds 13,80 ± 8,39 14,12 ± 8,40 3,47 ± 3,64

Tableau V-8
Répartition des scores au EDI-I lors de la quatrième évaluation

AN-R AN-BP/BN
(n = 25) (n = 15)

% 40,0 13,3
Normal
(≤ 4) m ± ds 1,90 ± 1,59 3,00 ± 1,41

% 16,0 26,7
Intermédiaire
(5 à 8) m ± ds 6,25 ± 0,96 6,50 ± 1,73

% 44,0 60,0
Pathologique
(≥ 9) m ± ds 17,73 ± 6,23 17,22 ± 5,81

% 100,0 100,0

m ± ds 9,56 ± 8,61 12,47 ± 7,59


Annexes 337

Tableau V-9
Répartition des scores au EDI-P lors de la première évaluation

AN-R AN-BP/BN Témoins


Diagnostic
(n = 41) (n = 34) (n = 83)

% 41,5 64,7 92,8


Normal
(< 8) m ± ds 3,76 ± 1,92 4,14 ± 2,17 2,38 ± 2,37

% 58,5 35,3 7,2


Pathologique
(> 8) m ± ds 10,88 ± 2,85 10,75 ± 2,14 9,83 ± 1,17

% 100,0 100,0 100,0

m ± ds 7,93 ± 4,33 6,47 ± 3,85 2,92 ± 3,01

Tableau V-10
Répartition des scores au EDI-P lors de la quatrième évaluation

AN-R AN-BP/BN
(n = 25) (n = 15)

% 72,0 53,3
Normal
(< 8) m ± ds 3,11 ± 2,40 4,50 ± 2,45

% 28,0 46,7
Pathologique
(≥ 8) m ± ds 12,57 ± 1,90 11,71 ± 3,15

% 100,0 100,0

m ± ds 5,76 ± 4,88 7,87 ± 4,60


Annexes 338

Tableau V-11
Répartition des scores au EDI-MI lors de la première évaluation

AN-R AN-BP/BN Témoins


Diagnostic
(n = 41) (n = 34) (n = 83)

% 24,4 23,5 44,6


Normal
(≤ 3) m ± ds 1,20 ± 1,23 1,25 ± 1,28 1,59 ± 1,09

% 75,6 76,5 55,4


Pathologique
(≥ 4) m ± ds 9,71 ± 4,21 9,15 ± 4,14 6,41 ± 2,66

% 100,0 100,0 100,0

m ± ds 7,63 ± 5,22 7,29 ± 4,99 4,27 ± 3,20

Tableau V-12
Répartition des scores au EDI-MI lors de la quatrième évaluation

AN-R AN-BP/BN
(n = 25) (n = 15)

% 48,0 6,7
Normal
(≤ 3) m ± ds 1,50 ± 1,09 2,00

% 52,0 93,3
Pathologique
(≥ 4) m ± ds 8,31 ± 4,48 9,00 ± 5,30

% 100,0 100,0

m ± ds 5,04 ± 4,76 8,53 ± 5,30


Annexes 339

Tableau V-13
Répartition des scores au EDI-CI lors de la première évaluation

AN-R AN-BP/BN Témoins


Diagnostic
(n = 41) (n = 34) (n = 83)

% 26,8 20,6 88,0


Normal
(≤ 5) m ± ds 3,55 ± 1,86 2,71 ± 1,70 1,49 ± 1,57

% 9,8 5,9 7,2


Intermédiaire
(6 à 7) m ± ds 6,75 ± 0,50 6,00 6,50 ± 0,55

% 63,4 73,5 4,8


Pathologique
(≥ 8) m ± ds 18,00 ± 5,36 16,44 ± 6,44 10,25 ± 3,20

% 100,0 100,0 100,0

m ± ds 13,02 ± 7,97 13,00 ± 8,07 2,28 ± 2,74

Tableau V-14
Répartition des scores au EDI-CI lors de la quatrième évaluation

AN-R AN-BP/BN
(n = 25) (n = 15)

% 56,0 33,3
Normal
(≤ 5) m ± ds 1,57 ± 1,87 2,80 ± 1,64

% 12,0 13,3
Intermédiaire
(6 à 7) m ± ds 6,67 ± 0,58 6,50 ± 0,71

% 32,0 53,3
Pathologique
(≥ 8) m ± ds 17,13 ± 6,31 18,13 ± 6,51

% 100,0 100,0

m ± ds 7,16 ± 8,06 11,47 ± 8,81


Annexes 340

Tableau V-15
Répartition des scores au EDI-PM lors de la première évaluation

AN-R AN-BP/BN Témoins


Diagnostic
(n = 41) (n = 34) (n = 83)

% 36,6 47,1 69,9


Normal
(< 4) m ± ds 1,80 ± 1,01 1,00 ± 1,09 1,57 ± 1,42

% 63,4 52,9 30,1


Pathologique
(≥ 4) m ± ds 10,69 ± 5,88 11,72 ± 6,61 8,24 ± 2,99

% 100,0 100,0 100,0

m ± ds 7,44 ± 6,39 6,68 ± 7,25 3,58 ± 3,67

Tableau V-16
Répartition des scores au EDI-PM lors de la quatrième évaluation

AN-R AN-BP/BN
(n = 25) (n = 15)

% 76,0 66,7
Normal
(< 4) m ± ds 1,37 ± 1,12 1,30 ± 1,57

% 24,0 33,3
Pathologique
(≥ 4) m ± ds 11,33 ± 5,92 9,00 ± 4,47

% 100,0 100,0

m ± ds 3,76 ± 5,21 3,87 ± 4,63


Annexes 341

Tableau V-17
Répartition du sous-total « Pathologique » au EDI lors de la première évaluation

AN-R AN-BP/BN Témoins


Diagnostic
(n = 41) (n = 34) (n = 83)

% 29,3 32,4 73,5


Normal
(< 23) m ± ds 14,17 ± 4,78 12,64 ± 3,44 9,48 ± 7,02

Intermédiaire % 22,0 14,7 22,9


(24 à 34) m ± ds 27,33 ± 3,24 28,4 ± 1,14 27,58 ± 2,85

% 48,8 52,9 3,6


Pathologique
(≥ 35) m ± ds 46,10 ± 8,09 51,78 ± 8,37 38,33 ± 3,06

% 100,0 100,0 100,0

m ± ds 32,63 ± 15,45 35,68 ± 19,14 14,66 ± 10,83

Tableau V-18
Répartition du sous-total « Pathologique » au EDI lors de la quatrième évaluation

AN-R AN-BP/BN
(n = 25) (n = 15)

% 56,0 40,0
Normal
(< 23) m ± ds 7,43 ± 5,63 10,17 ± 5,84

% 12,0 6,7
Intermédiaire
(24 à 34) m ± ds 26,67 ± 2,52 29,00

% 32,0 53,3
Pathologique
(≥ 35) m ± ds 43,88 ± 5,14 45,75 ± 7,28

% 100,0 100,0

m ± ds 21,40 ± 17,64 30,40 ± 18,68


Annexes 342

Tableau V-19
Répartition du sous-total « Cognitif » au EDI lors de la première évaluation

AN-R AN-BP/BN Témoins


Diagnostic
(n = 41) (n = 34) (n = 83)

% 14,6 23,5 85 ,5
Normal
(< 25) m ± ds 11,17 ± 4,40 16,75 ± 8,10 13,75 ± 5,84

% 12,2 11,8 9,6


Intermédiaire
(26 à 31) m ± ds 29,40 ± 1,67 29,00 ± 1,83 27,38 ± 1,19

% 73,2 64,7 4,8


Pathologique
(≥ 32) m ± ds 60,97 ± 15,17 62,14 ± 15,89 43,75 ± 18,26

% 100,0 100,0 100,0

m ± ds 49,83 ± 23,21 47,56 ± 24,26 16,51 ± 9,78

Tableau V-20
Répartition du sous-total « Cognitif » au EDI lors de la quatrième évaluation

AN-R AN-BP/BN
(n = 25) (n = 15)

% 52,0 26,7
Normal
(< 25) m ± ds 11,08 ± 6,74 16,25 ± 4,57

% 4,0 13,3
Intermédiaire
(26 à 31) m ± ds 27,00 28,50 ± 3,54

% 44,0 60,0
Pathologique
(≥ 32) m ± ds 55,55 ± 18,65 60,11 ± 19,62

% 100,0 100,0

m ± ds 31,28 ± 25,68 44,20 ± 25,43


Annexes 343

Tableau V-21
Répartition des scores au EDI lors de la première évaluation

AN-R AN-BP/BN Témoins


Diagnostic
(n = 41) (n = 34) (n = 83)

% 17,1 23,5 89,2


Normal
(22 à 49) m ± ds 25,57 ± 9,11 29,63 ± 10,45 27,30 ± 12,68

% 12,2 8,8 8,4


Intermédiaire
(50 à 65) m ± ds 58,60 ± 5,73 53,00 ± 2,00 58,29 ± 4,54

% 70,7 67,6 2,4


Pathologique
(66 à 101) m ± ds 100,31 ± 23,22 105,83 ± 24,80 79,50 ± 13,44

% 100,0 100,0 100,0

m ± ds 82,46 ± 35,52 83,24 ± 39,61 31,17 ± 16,74

Tableau V-22
Répartition des scores au EDI lors de la quatrième évaluation

AN-R AN-BP/BN
(n = 25) (n = 15)

% 52,0 33,3
Normal
(≤ 49) m ± ds 18,23 ± 9,60 30,20 ± 11,52

% 8,0 6,7
Intermédiaire
(50 à 65) m ± ds 50,00 56,00

% 40,0 60,0
Pathologique
(≥ 66) m ± ds 98,00 ± 22,13 101,33 ± 26,99

% 100,0 100,0

m ± ds 52,68 ± 41,58 74,60 ± 40,53


Annexes 344

Annexe W Diagnostic du Bulimia Investigatory Test, Edinburgh

Tableau W-1
Répartition des scores à la sous-échelle Symptôme lors de la première évaluation

AN-R AN-BP/BN Témoins


Diagnostic
(n = 41) (n = 34) (n = 83)

% 68,3 26,5 96,4


Normal
(< 20) m ± ds 10,39 ± 5,72 12,33 ± 5,43 5,36 ± 4,38

% 31,7 73,5 3,6


Pathologique
(≥ 20) m ± ds 23,62 ± 2,69 24,12 ± 2,51 22,67 ± 4,62

% 100,0 100,0 100,0

m ± ds 14,59 ± 7,94 21,00 ± 6,29 5,99 ± 5,44

Tableau W-2
Répartition des scores à la sous-échelle Symptôme lors de la quatrième évaluation

AN-R AN-BP/BN
(n = 25) (n = 15)

% 88,0 80,0
Normal
(< 20) m ± ds 5,68 ± 5,43 7,92 ± 4,98

% 12,0 20,0
Pathologique
(≥ 20) m ± ds 22,33 ± 2,08 25,33 ± 2,08

% 100,0 100,0

m ± ds 7,68 ± 7,53 11,40 ± 8,49


Annexes 345

Tableau W-3
Répartition des scores à la sous-échelle Sévérité lors de la première évaluation

AN-R AN-BP/BN Témoins


Diagnostic
(n = 41) (n = 34) (n = 83)

% 65,9 26,5 98,8


Normal
(< 10) m ± ds 2,00 ± 2,42 2,22 ± 2,49 1,57 ± 1,78

% 34,1 73,5 1,2


Pathologique
(≥ 10) m ± ds 17,64 ± 6,72 15,88 ± 3,88 13,00

% 100,0 100,0 100,0

m ± ds 7,34 ± 8,65 12,26 ± 7,06 1,71 ± 2,17

Tableau W-4
Répartition des scores à la sous-échelle Sévérité lors de la quatrième évaluation

AN-R AN-BP/BN
(n = 25) (n = 15)

% 92,0 93,3
Normal
(< 10) m ± ds 1,17 ± 2,01 1,43 ± 2,14

% 8,0 6,7
Pathologique
(≥ 10) m ± ds 13,00 ± 2,83 13,00 ± 0,00

% 100,0 100,0

m ± ds 2,12 ± 3,84 2,20 ± 3,63


Annexes 346

Annexe X Diagnostic de l’inventaire de dépression de Beck

Tableau X-1
Répartition des scores au BDI lors de la première évaluation

AN-R AN-BP/BN Témoins


Diagnostic
(n = 41) (n = 34) (n = 83)

% 4,9 11,8 66,3


Aucune
(≤ 3) m ± ds 1,50 ± 0,71 2,00 ± 1,41 1,25 ± 1,11

% 7,3 14,7 22,9


Légère
(4 à 7) m ± ds 6,67 ± 0,58 5,60 ± 1,14 5,05 ± 0,97

Modérée % 39,0 17,6 9,6


(8 à 15) m ± ds 11,31 ± 2,02 12,00 ± 1,67 10,00 ± 1,41

Sévère % 48,8 55,9 1,2


(≥ 16) m ± ds 23,10 ± 5,46 21,26 ± 3,36 25,00

% 100,0 100,0 100,0

m ± ds 16,24 ± 8,17 15,06 ± 8,06 3,25 ± 3,85


Annexes 347

Tableau X-2
Répartition des scores au BDI lors de la quatrième évaluation

AN-R AN-BP/BN
(n = 25) (n = 15)

% 40,0 6,7
Aucune
(≤ 3) m ± ds 1,30 ± 0,95 0,00 ± 0,00

% 8,0 33,3
Légère
(4 à 7) m ± ds 7,00 ± 0,00 5,80 ± 1,09

Modérée % 32,0 33,3


(8 à 15) m ± ds 11,75 ± 2,05 11,40 ± 3,13

Sévère % 20,0 26,7


(≥ 16) m ± ds 23,20 ± 3,70 20,75 ± 5,12

% 100,0 100,0

m ± ds 9,48 ± 8,55 11,27 ± 7,36


Annexes 348

Annexe Y Diagnostic de l’échelle d’affirmation de soi de Rathus

Tableau Y-1
Répartition des scores à la RAS lors de la première évaluation

AN-R AN-BP/BN Témoins


Diagnostic
(n = 41) (n = 34) (n = 83)

% 41,5 32,4 6,0


Basse
(< 90) m ± ds 70,71 ± 12,75 74,55 ± 9,14 68,00 ± 38,26

% 26,8 32,4 42,2


Moyenne
(91 à 109) m ± ds 98,45 ± 7,06 101,00 ± 4,69 101,20 ± 6,24

% 31,7 35,3 51,8


Forte
(≥ 110) m ± ds 123,38 ± 13,21 124,67 ± 9,97 125,21 ± 10,43

% 100,0 100,0 100,0

m ± ds 94,85 ± 25,41 100,79 ± 22,41 111,64 ± 20,06

Tableau Y-2
Répartition des scores à la RAS lors de la quatrième évaluation

AN-R AN-BP/BN
(n = 25) (n = 15)

% 20,0 40,0
Basse
(< 90) m ± ds 71,40 ± 15,84 77,00 ± 9,80

% 16,0 33,3
Moyenne
(91 à 109) m ± ds 94,50 ± 3,00 99,80 ± 5,54

% 64,0 26,7
Forte
(≥ 110) m ± ds 125,69 ± 15,56 120,50 ± 8,18

% 100,0 100,0

m ± ds 109,84 ± 26,62 96,20 ± 19,72


Annexes 349

Annexe Z Diagnostic de l’inventaire d’anxiété trait-état

Tableau Z-1
Répartition des scores au STAI-Y lors de la première évaluation

AN-R AN-BP/BN Témoins


Diagnostic
(n = 41) (n = 34) (n = 83)

% 4,9 5,9 41,0


Très faible
(< 70) m ± ds 58,00 ± 9,90 44,50 ± 4,95 57,41 ± 9,70

% 7,3 17,6 31,3


Faible
(72 à 90) m ± ds 80,33 ± 2,08 82,67 ± 4,97 79,42 ± 6,24

Moyenne % 22,0 23,5 18,1


(92 à 110) m ± ds 98,89 ± 5,78 98,00 ± 5,93 96,20 ± 5,19

Élevé % 29,3 23,5 7,2


(112 à 130) m ± ds 122,50 ± 4,08 124,38 ± 4,00 116,67 ± 5,20

Très élevé % 36,6 29,4 2,4


(≥ 132) m ± ds 144,73 ± 5,28 141,40 ± 8,46 148,5 ± 16,26

% 100,0 100,0 100,0

m ± ds 119,22 ± 25,78 111,12 ± 28,52 77,80 ± 22,95


Annexes 350

Tableau Z-2
Répartition des scores au STAI-Y lors de la quatrième évaluation

AN-R AN-BP/BN
Diagnostic
(n = 25) (n = 15)

% 24,0 13,3
Très faible
(< 70) m ± ds 61,17 ± 8,06 52,00 ± 15,56

% 20,0 20,0
Faible
(72 à 90) m ± ds 79,20 ± 6,14 81,00 ± 7,00

Moyenne % 20,0 33,3


(92 à 110) m ± ds 102,60 ± 4,56 96,80 ± 5,40

Élevé % 28,0 13,3


(112 à 130) m ± ds 119,14 ± 5,81 126,00 ± 0,00

Très élevé % 8,0 20,0


(≥ 132) m ± ds 145,00 ± 9,90 145,00 ± 14,00

% 100,0 100,0

m ± ds 96,00 ± 27,63 101,20 ± 31,62


Annexes 351

Tableau Z-3
Répartition des scores au STAI-Ya lors de la première évaluation

AN-R AN-BP/BN Témoins


Diagnostic
(n = 41) (n = 34) (n = 83)

% 12,2 17,6 50,6


Très faible
(< 35) m ± ds 30,40 ± 5,03 27,33 ± 5,12 27,74 ± 4,73

% 7,3 17,6 28,9


Faible
(36 à 45) m ± ds 39,33 ± 2,89 41,83 ± 3,19 40,17 ± 2,91

Moyenne % 17,1 17,6 12,0


(46 à 55) m ± ds 49,14 ± 3,02 49,83 ± 3,54 50,10 ± 3,38

Élevé % 26,8 29,4 6,0


(56 à 65) m ± ds 59,64 ± 2,66 60,70 ± 2,45 59,40 ± 2,30

Très élevé % 36,6 17,6 2,4


(≥ 66) m ± ds 72,33 ± 2,92 73,00 ± 5,06 75,00, ± 7,07

% 100,0 100,0 100,0

m ± ds 57,44 ± 14,89 51,74 ± 15,69 37,07 ± 12,22


Annexes 352

Tableau Z-4
Répartition des scores au STAI-Ya lors de la quatrième évaluation

AN-R AN-BP/BN
Diagnostic
(n = 25) (n = 15)

% 24,0 33,3
Très faible
(< 35) m ± ds 28,67 ± 4,46 28,80 ± 4,92

% 24,0 26,7
Faible
(36 à 45) m ± ds 38,50 ± 3,39 42,00 ± 2,16

Moyenne % 20,0 13,3


(46 à 55) m ± ds 50,80 ± 3,11 51,00 ± 4,24

Élevé % 20,0 6,7


(56 à 65) m ± ds 58,60 ± 2,30 56,00 ± 0,00

Très élevé % 12,0 20,0


(≥ 66) m ± ds 70,33 ± 3,05 71,67 ± 6,35

% 100,0 100,0

m ± ds 46,44 ± 14,51 45,67 ± 16,64


Annexes 353

Tableau Z-5
Répartition des scores au STAI-Yb lors de la première évaluation

AN-R AN-BP/BN Témoins


Diagnostic
(n = 41) (n = 34) (n = 83)

% 4,9 5,9 37,3


Très faible
(< 35) m ± ds 29,00 ± 2,83 23,50 ± 4,95 29,61 ± 6,71

% 4,9 8,8 30,1


Faible
(36 à 45) m ± ds 41,50 ± 2,12 44,33 ± 0,58 40,48 ± 3,14

Moyenne % 17,1 20,6 22,9


(46 à 55) m ± ds 50,71 ± 3,45 48,71 ± 2,69 49,11 ± 2,87

Élevé % 31,7 20,6 6,0


(56 à 65) m ± ds 61,77 ± 2,35 60,86 ± 2,91 60,80 ± 3,42

Très élevé % 41,5 44,1 3,6


(≥ 66) m ± ds 72,59 ± 3,66 71,47 ± 3,70 71,00 ± 7,81

% 100,0 100,0 100,0

m ± ds 61,78 ± 12,43 59,38 ± 14,11 40,72 ± 12,01


Annexes 354

Tableau Z-6
Répartition des scores au STAI-Yb lors de la quatrième évaluation

AN-R AN-BP/BN
Diagnostic
(n = 25) (n = 15)

% 24,0 6,7
Très faible
(< 35) m ± ds 31,67 ± 3,67 20,00 ± 0,00

% 16,0 20,0
Faible
(36 à 45) m ± ds 41,00 ± 3,16 40,33 ± 4,51

Moyenne % 28,0 26,7


(46 à 55) m ± ds 51,29 ± 2,93 50,25 ± 3,59

Élevé % 16,0 13,3


(56 à 65) m ± ds 58,75 ± 2,50 58,50 ± 0,71

Très élevé % 16,0 33,3


(≥ 66) m ± ds 72,75 ± 5,06 74,80 ± 4,55

% 100,0 100,0

m ± ds 49,56 ± 14,39 55,53 ± 17,12


Annexes 355

Annexe AA Critères de Kruskal par rapport au nombre de


dimensions dans l’analyse multidimensionnelle

Évaluations

Dimensions Sous-groupe 1ère 2ème 3ème 4ème

AN-R 0,20 0,20 0,20 0,20

2 AN-BP/BN 0,20 0,20 0,20 0,20


35
Témoins 0,16 - - -

AN-R 0,12 0,11 0,14 0,13

3 AN-BP/BN 0,12 0,12 0,16 0,15


35
Témoins 0,11 - - -

AN-R 0,07 0,07 0,10 0,10

4 AN-BP/BN 0,08 0,06 0,11 0,11

Témoins 0,05 - - -

35
La population analysée ne concerne que 39 sujets
Annexe BB

Annexes
Figure BB-1 Distances d’agrégation pour les patientes anorexiques restrictives lors de la 1ère évaluation

Graphes des distances d’agrégations dans les


classifications ascendantes hiérarchiques
h = 0,61

Intervalle
maximal

356
Annexes
Figure BB-2 Distances d’agrégation pour les patientes anorexiques/boulimiques lors de la 1ère évaluation

h = 0,56

Intervalle
maximal

357
Annexes
Figure BB-3 Distances d’agrégation pour les témoins de la 1ère évaluation

h = 0,49

Intervalle
maximal

358
Annexes
Figure BB-4 Distances d’agrégation pour les patientes anorexiques restrictives lors de la 2ème évaluation

h = 0,58

Intervalle
maximal

359
Annexes
Figure BB-5 Distances d’agrégation pour les patientes anorexiques/boulimiques lors de la 2ème évaluation

h = 0,55

Intervalle
maximal

360
Annexes
Figure BB-6 Distances d’agrégation pour les patientes anorexiques restrictives lors de la 3ème évaluation

h = 0,62

Intervalle
maximal

361
Annexes
Figure BB-7 Distances d’agrégation pour les patientes anorexiques/boulimiques lors de la 3ème évaluation

h = 0,60

Intervalle
maximal

362
Annexes
Figure BB-8 Distances d’agrégation pour les patientes anorexiques restrictives lors de la 4ème évaluation

h = 0,57

Intervalle
maximal

363
Annexes
Figure BB-9 Distances d’agrégation pour les patientes anorexiques/boulimiques lors de la 4ème évaluation

h = 0,50

Intervalle
maximal

364
Annexe CC

Annexes
Figure CC-1 Arbre hiérarchique pour les patientes anorexiques restrictives lors de la 1ère évaluation

Arbres hiérarchiques (« dendrogrammes »)


h = 0,61

C5 C3 C4
C2
C1 C6

365
Annexes
Figure CC-2 Arbre hiérarchique pour les patientes anorexiques/boulimiques lors de la 1ère évaluation

h = 0,56

C2 C6 C3
C5 C4
C1

366
Annexes
Figure CC-3 Arbre hiérarchique pour les temoins lors de la 1ère évaluation

h = 0,49

C1 C2 C5
C3 C4

367
Annexes
Figure CC-4 Arbre hiérarchique pour les patientes anorexiques restrictivess lors de la 2ème évaluation

h = 0,58

C5 C2
C1
C4 C3

368
Annexes
Figure CC-5 Arbre hiérarchique pour les patientes anorexiques/boulimiquesss lors de la 2ème évaluation

h = 0,55

C3 C6
C2 C4 C5
C1

369
Annexes
Figure CC-6 Arbre hiérarchique pour les patientes anorexiques restrictives lors de la 3ème évaluation

h = 0,62

C5 C4 C1 C3 C2

370
Annexes
Figure CC-7 Arbre hiérarchique pour les patientes anorexiques/boulimiques lors de la 3ème évaluation

h = 0,60

C2
C1 C4 C3

371
Annexes
Figure CC-8 Arbre hiérarchique pour les patientes anorexiques restrictives lors de la 4ème évaluation

h = 0,57

C4 C1
C3
C5
C2

372
Annexes
Figure CC-9 Arbre hiérarchique pour les patientes anorexiques/boulimiques lors de la 4ème évaluation

h = 0,50

C1

373
Annexes 374

Annexe DD Exemple d’une analyse multidimensionnelle

C5
C3

C6

C1
C2
Annexes 375

C5

C4
C3
C1

C2
Annexes 376

C5
C4
C1

C6
C2
Annexes

C1

C3
C5
C6

C2

C4
377
Annexes 378

C4

C6
C1
Annexes 379

C1

C6
C4
Annexes 380

Annexe EE Exemple d’un rapport d’analyse ALCESTE


Annexes 381
Annexes 382
Annexes 383
Annexes 384
Annexes 385
Annexes 386
Annexes 387
Annexes 388
Annexes 389
Annexes 390
Annexes 391
Annexes 392
Annexes 393
Annexes 394
Annexes 395
Annexes 396
Annexes 397
Annexes 398

Vous aimerez peut-être aussi