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Apprendre et enseigner le Coran comme le

Prophète ‫ﷺ‬

Karim Gallouze

17 mars 2018
Table des matières

PREFACE v

INTRODUCTION vii

1 L’état des lieux : mon expérience personnelle en tant


qu’élève et enseignant de Coran 1
1.1 Mon histoire avec le Coran . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
1.2 Etat des lieux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5

2 L’objectif souhaité 7
2.1 Le Prophète ‫ ﷺ‬et la Récitation du Coran ? . . . . . . . . 7
2.2 Le Prophète ‫ ﷺ‬et l’apprentissage du Coran . . . . . . . 11
2.3 Le prophète ‫ ﷺ‬et la pratique du Coran ? . . . . . . . . . 20
2.4 Le Prophète ‫ ﷺ‬et l’enseignement du Coran ? . . . . . . . 24

3 Comparaison entre l’enseignement et l’apprentissage du


Coran actuels et l’enseignement et l’apprentissage du
Coran au temps du Prophète ‫ ﷺ‬et des Compagnons
(qu’Allah les agrée) 35

i
3.1 Le concept des buts et des moyens . . . . . . . . . . . . 36
3.2 La négligence dans les actes obligatoires et la rigueur
dans les actes recommandés . . . . . . . . . . . . . . . . 38
3.3 Le concept de préservation du Coran . . . . . . . . . . . 40
3.4 Le concept de la « rapidité » et de la « consolidation » . 41
3.5 Le concept de « quantité » et de « qualité » . . . . . . . 43
3.6 La notion d’« habitude » et d’« adoration » . . . . . . . 44
3.7 Le concept du « cœur » et de la « raison » . . . . . . . . 46
3.8 La notion de « récompense » et de « bénédiction » (ses
effets dans ta vie quotidienne) . . . . . . . . . . . . . . . 47

4 Les conséquences du suivi ou non de la méthodologie


prophétique 50
4.1 Les bénéfices du suivi de cette méthodologie. . . . . . . . 51
4.2 Les conséquences négatives du
non-respect de cette méthodologie . . . . . . . . . . . . . 53
4.2.1 La comparaison avec les ânes . . . . . . . . . . . 53
4.2.2 La comparaison avec les gens incultes (illettrés
du Coran) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
4.2.3 La comparaison avec les chiens . . . . . . . . . . 56
4.2.4 L’exemple des « Khawarijs » . . . . . . . . . . . 59

5 « Vivre le Coran » qu’est-ce que c’est ? 62


5.1 But principal : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62
5.2 Buts secondaires : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
5.3 Vision du projet : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63

ii
5.4 Le du choix du nom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64
5.5 Méthodologie : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
5.6 Vivre le Coran dans un futur proche : . . . . . . . . . . . 66

iii
Le Messager d’ Allah ‫ ﷺ‬a dit : ”Il n’y a pas une fois où des gens se
réunissent dans l’une des maisons d’Allah pour réciter le Livre d’Allah
et pour l’étudier entre eux sans que la sérénité ne descende sur eux,
que la miséricorde ne les couvre, que les anges ne les entourent de leurs
ailes et qu’Allah ne les mentionne devant ceux qui sont auprès de Lui.”
(Rapporté par Muslim).

ٌ ‫ وَم َا اجْ تَم َ َع قَوْم‬...) : ‫الل ّه ِ صلى ال ه عليه وسلم‬


َ ‫ل‬ ُ ‫ل رَسُو‬
َ ‫ قَا‬: ‫ل‬
َ ‫ع َنْ أَ بِى ه ُر َي ْرَة َ رضي ال ه عنه قَا‬
َ ُ ‫سكِين َة ُ وَغَشِيَتْهُم‬
ُ ‫الر ّحْم َة‬ ّ َ ‫ت عَلَيْهِم ُ ال‬ َ ‫الل ّه ِ و َيَتَد َارَسُونَه ُ بَيْنَه ُ ْم ِإ‬
ْ َ ‫لا ّ ن َزَل‬ َ َ‫الل ّه ِ يَت ْلُونَ ك ِتَاب‬
َ ‫ُوت‬
ِ ‫ْت م ِنْ بُي‬
ٍ ‫فِى بَي‬

َ ُ ‫ح َ ّفتْهُم ُ ال ْمَلائ َِك َة ُ وَذَك َر َهُم‬


( ٢٦٩٩ ) ‫ رواه مسلم‬.( ‫الل ّه ُ ف ِيم َنْ عِنْد َه‬ َ َ‫و‬

iv
PREFACE

Au nom d’Allah, le Miséricordieux le très Miséricordieux,


Aujourd’hui, par la grâce d’Allah le Très Haut, des cours de Coran
sont donnés dans le monde entier. Le Coran est transmis et enseigné
dans les quatre coins du monde.
Etant donné l’importance de l’enseignement du Coran, il me tenait
à cœur de faire une recherche sur la « Méthodologie Prophétique en ma-
tière d’apprentissage et d’enseignement du Coran », pour savoir si notre
méthodologie actuelle est bien en accord avec celle de notre Prophète
bien-aimé ‫ﷺ‬.
Le but de cette recherche est d’analyser, à travers les textes religieux
(Coran et Sunna), en quoi consistait l’étude du Coran à l’époque du
Prophète ‫ ﷺ‬et des Compagnons (qu’Allah les agrée) et d’en faire une
comparaison avec l’étude du Coran actuelle.
Une fois cette comparaison établie, nous pourrons savoir si nous sui-
vons bien la tradition du Prophète ‫ ﷺ‬en ce qui concerne l’enseignement
du Coran. Dans le cas contraire, nous essayerons de mettre en avant les
points de désaccord pour pouvoir proposer des solutions.
Cette recherche se compose de plusieurs parties :
— Mon histoire avec le Coran.
— L’état des lieux : analyse de l’apprentissage et de l’enseignement
du Coran actuels.
— La méthodologie Prophétique : analyse de l’apprentissage et de

v
l’enseignement du Coran à l’époque du prophète ‫ﷺ‬.
— La comparaison.
— Les effets du suivi ou non de la méthodologie Prophétique.
— Proposition de solutions : Vivre le Coran.
Je demande à Allah le Très Haut d’accepter ce travail et de le rendre
utile à notre communauté. Je Lui demande également de rétribuer de la
meilleure des manières tous ceux qui ont participé, de près ou de loin,
à la réalisation de cet ouvrage.
A Allah appartient le succès.

vi
INTRODUCTION

Allah le très haut nous a ordonné de suivre les Messagers, Il nous


dit (sens des versets) :
[Voilà ceux qu’Allah a guidé : suis donc leur direction] (Al
An’am v.90).

﴾‫۝‬
٩٠ ْ‫ٱلل ّه ُ ۗ فَبِهُد َٰىهُم ُ ٱق ْتَدِه‬
َ ‫ن هَد َى‬ َ ِ ‫﴿ ُأو۟ل َٰٓئ‬
َ ‫ك ٱل َ ّذ ِي‬

C’est pour cela qu’il me tient à cœur de commencer ce livre par les
phrases que les Messagers ont utilisées en s’adressant à leur peuple.
Je commence donc par cette phrase magnifique :
[Vous me semblez être dans une bonne situation] (Hud v.84)
﴾ٍ‫﴿إن ِ ّي أَ ر َاكُم بِ خـَيْر‬
ِ

Le Prophète Chou’ayb (que la paix soit sur lui) s’est adressé à son
peuple par cette magnifique phrase alors que son peuple était mécréant.
Que dire de vous qui êtes Musulmans et qui prenez à cœur le Livre
d’Allah. Vous me semblez être dans une bonne situation car si vous
lisez ce Livre c’est que le Coran vous intéresse et que vous êtes sûrement
proches de celui-ci.
Je vous dis ensuite :
[J’ai peur pour vous] (Hud v.84)
﴾‫﴿وإني أخاف عليكم‬

J’ai peur pour nous, les Musulmans, car je vois que nous n’avons pas

vii
pris conscience de l’importance du Coran. Je nous vois nous éloigner du
Coran, ne l’ouvrir que rarement (en général que pendant le mois de
Ramadan) voire jamais.
J’observe également que ceux parmi nous qui ont une relation avec
le Coran se contentent du minimum c’est à dire sa lecture et sa récita-
tion. Je vois que la plupart d’entre nous ne le comprennent pas et par
conséquent ne le mettent pas en pratique.
Je remarque que ceux qui l’étudient et l’apprennent parmi nous ne
s’épanouissent pas dans l’étude du Coran, alors que le Coran est la
meilleure chose qui soit parvenue aux Musulmans, c’est la bonne voie,
le guide, la lumière, le bonheur…
Allah le très haut nous dit (sens des versets) :
[Puis, si jamais un guide vous vient de Ma part, quiconque
suit Mon guide ne s’égarera ni ne sera malheureux. Et qui-
conque se détourne de Mon Rappel, mènera certes, une vie
pleine de gêne] (Taha v.123)
‫ض ع َن‬ ّ ُ ِ‫ن ا َت ّب َ َع هُد َايَ فَلَا يَض‬
َ َ‫ل وَل َا ي َ ْشقَى وَم َنْ أَ عْر‬ ِ َ ‫﴿ف َِإ َمّا ي َأْ تِي َن ّك ُم مّ ِن ِ ّي هُدًى فَم‬
ٰ
﴾‫ن لَه ُ م َع ِيشَة ً ضَنك ًا‬ ّ َ ‫ذِكْر ِي ف َِإ‬
[Toutes les fois que Je vous enverrai un guide, ceux qui [le]
suivront n’auront rien à craindre et ne seront point affligés]
(Al Baqarah V.38)
﴾َ‫يح ْزَنُون‬
َ ‫ْف عَلَيْه ِ ْم وَل َا ه ُ ْم‬ َ ‫﴿ف َِإ َمّا ي َأْ تِيَن ّك ُم مّ ِن ِ ّي هُدًى فَم َن تَبِـ َع هُد َايَ فَلَا‬
ٌ ‫خو‬

Allah le Très Haut nous promet que celui qui suit le Coran sera
préservé de l’égarement, du malheur, de la crainte et de l’affliction. J’ai
peur pour nous, car en nous éloignant du Coran nous risquons de tomber
dans l’un de ces quatre fléaux.
Je continue par ce verset :
[Je ne veux que la réforme, autant que je le puis. Et ma réus-
site ne dépend que d’Allah. En Lui je place ma confiance,
et c’est vers Lui que je reviens repentant] (Hud v.88)

viii
ِ ‫ح م َا اسْ تَطَعْتُ ۚ وَم َا تَو ْف ِيقِي ِإ َلّا ب َِالل ّه ِ ۚ عَلَيْه ِ تَو َ َكّل ْتُ و َِإلَيْه‬
َ ‫﴿إ ْن ُأرِيد ُ ِإ َلّا ال ِْإصْ لَا‬
ِ

﴾ ُ‫ُأنِيب‬

Lors de mon expérience personnelle en tant qu’élève et professeur de


Coran, j’ai pu relever certaines choses à améliorer dans son enseignement
actuel. Le but de ce travail n’est pas de critiquer le travail effectué par
certains ; al Hamdulillah, nous partons du principe que tout travail en
rapport avec le Coran, quel qu’il soit, est un grand bien. Je veux par
ce travail apporter ma pierre à l’édifice pour qu’on puisse ensemble
s’améliorer inchaAllah.
Ensuite :
mon exemple et le vôtre sont semblables à l’homme qui conseilla
Moussa (que la paix soit sur lui), Allah le Très Haut nous dit (sens des
versets) :

[Et c’est alors qu’un homme vint du bout de la ville en


courant et dit : « Ô Moussa, les notables sont en train de se
concerter à ton sujet pour te tuer. Quitte (la ville). C’est le
conseil que je te donne ». Il sortit de là, craintif, regardant
autour de lui. Il dit : « Seigneur, sauve-moi de [ce] peuple
injuste !] (al Qasas V. 20 et 21).
َ ‫ك لِيَقْتُلُوك‬ ّ َ ‫ل ي َا م ُوس َى ِإ‬
َ ِ ‫ن ال ْمَل َ َأ ي َأْ تَمِر ُونَ ب‬ َ ‫ل مّ ِنْ أَ ق ْص َى ال ْمَدِينَة ِ ي َ ْسع َى قَا‬ٌ ُ ‫﴿وَج َاء َ رَج‬
ٰ ٰ
‫ن الْقَو ْ ِم‬
َ ِ ‫َب نَج ِّنِي م‬
ِّ ‫ل ر‬ َ ‫ج مِنْهَا خ َائِف ًا يَتَر ََق ّبُ ۖ قَا‬َ َ ‫اصحـِينَ ـ فـَخَر‬ َ ‫ن‬
ِ ّ ‫الن‬ َ ِ‫ك م‬ َ َ ‫خر ُجْ ِإن ِ ّي ل‬
ْ ‫فَا‬
ّ َ ‫ال‬
﴾َ‫ظالِمِين‬

Moussa (que la paix soit sur lui) était un Prophète, il était donc
meilleur que cet homme dont on ne connaît même pas le nom. Ceci
ne l’a pas empêché d’accepter le conseil de cet inconnu. Au contraire
Moussa (que la paix soit sur lui) n’a même pas discuté ; il est sorti de la
ville immédiatement, il ne s’est pas dit : mais qui est cette personne ?
Pourquoi ne m’a-t-il pas interpellé par une formule de politesse telle que

ix
« ô Prophète Moussa… » ?
Partez du principe que vous êtes Moussa, vous êtes tous meilleurs
que moi, mais cela ne vous empêche pas d’accepter mon conseil.
Je finirai par la parole de notre Prophète bien aimé ‫ ﷺ‬:
« La religion, c’est le bon conseil (an-nassiha) : (Rapporté
par Muslim)
ٌ ‫سل ِم‬ َ ‫ن‬
ْ ُ ‫الن ّصِ يح َة ُ﴾ رَو َاه ُ م‬ ُ ‫﴿الد ِّي‬

Notre Prophète bien aimé ‫ ﷺ‬nous rappelle que la religion c’est le


bon conseil et que le musulman veut le bien pour son frère comme il le
veut pour lui-même.
Mon amour pour Allah le Très Haut, son Prophète ‫ﷺ‬, son Livre et
sa communauté m’a poussé à écrire ce livre qui est riche en informations.

Avant de commencer…
Il est important de savoir que lorsque l’on parle du Coran, on parle
de deux composantes :

1. Les « mots » du Coran : nous entendons par cela les lettres, les
mots, les versets et les sourates.

x
2. Les « sens » du Coran : nous entendons par cela la compréhen-
sion, la méditation et la mise en application de ses mots, de ses
versets et de ses sourates.

Le Musulman a des devoirs envers ces deux composantes.

Ses devoirs envers ses mots sont :

1. La lecture du Coran,
2. L’écoute du Coran,
3. La psalmodie du Coran (tajwid),
4. La mémorisation du Coran,
5. L’enseignement de la lecture du Coran.

Ses devoirs envers ses sens :

1. La compréhension du Coran,
2. La méditation du Coran,
3. La mise en pratique du Coran,
4. L’enseignement des sens du Coran.

Ceci étant compris, posons-nous certaines


questions…

1. La lecture du Coran, son apprentissage


et son enseignement sont-ils des habitudes (des choses banales)
ou des actes d’adoration ?
Comme vous le savez tous, ce sont des
actes d’adoration, qui comptent même
parmi les meilleurs, comme nous le dit
notre Prophète ‫ ﷺ‬:
« Le meilleur d’entre vous est celui qui apprend le Coran
et l’enseigne ». (Rapporté par Al Bukhari).
«‫»خيركم من تعلم القرآن وعلمه‬

xi
2. Quelles sont les conditions d’acceptation
d’un acte d’adoration ?
Ces conditions sont au nombre de deux :
— L’exclusivité (la sincérité). L’adoration doit être accompli ex-
clusivement pour Allah le Très Haut.
— La conformité. Elle doit être conforme à la tradition de notre
Prophète ‫ ﷺ‬car Il nous dit ‫ ﷺ‬:
« Quiconque ajoute à notre Religion quelque chose qui
n’en fait pas partie, verra son ajout rejeté ». (Rapporté
par Al Bukhari et Mouslim).
«‫» من عمل عملا ليس عليه أمرنا فهو رد‬

Le Prophète ‫ ﷺ‬nous a tout expliqué, jusqu’à la manière de faire


nos besoins, il est donc impossible qu’il ne nous ait pas expliqué une
chose aussi importante que l’étude et l’enseignement du Coran.
Allah le Très Haut nous dit (sens des versets) :

[Et vers toi, Nous avons fait descendre le Coran, pour que
tu expliques clairement aux gens ce qu’on a fait descendre
pour eux et afin qu’ils réfléchissent]. (An Nahl verset 44).
«َ‫ل ِإلَيْه ِ ْم و َلَع َل ّه ُ ْم يَتَف َ َك ّر ُون‬ ِ ‫ك الذِّك ْر َ لِتُبَيِّنَ ل ِ َلن ّا‬
َ ِّ ‫س م َا نُز‬ َ ْ ‫»و َأَ نزَل ْنَا ِإلَي‬

On a dit à l’un des Compagnons du Prophète ‫ ﷺ‬Salman Al Farisy


(qu’Allah l’agrée) :

« Le Prophète ‫ ﷺ‬vous a tout appris, même ce qui concerne


la manière de faire vos besoins.
Il répondit :
— Oui. Il a nous a interdit de faire face à la Qibla au moment
de déféquer ou d’uriner et de nous nettoyer avec la main
droite, avec moins de trois pierres ou avec du crottin ou un
os. » (Rapporté par Muslim)

xii
.َ ‫ ح ََت ّى الْخ ِرَاءَة‬،ٍ‫ل شَيْء‬
ّ َ ُ ‫ ق َ ْد ع َل ّمَك ُ ْم نَب ُِي ّك ُ ْم ك‬:ُ ‫ل لَه‬
َ ‫ ق ِي‬: ‫ل‬
َ ‫ قَا‬،‫ع َنْ سَل ْمَانَ رضي ال ه عنه‬
،َ‫ي ب ِاليم َِين‬
َ ‫ج‬
ِ ْ ‫ أو َ أَ ْن نَسْتَن‬،ٍ‫ل الْقِبْلَة َلِغ َائ ِطٍ أَ ْو بَوْل‬
َ ِ ‫ لَق َ ْد نَهَان َا أَ ْن نَسْتَقْب‬. ْ‫ أَ ج َل‬: ‫ل‬
َ ‫ فَق َا‬،َ‫قَال‬
ٍ ‫ي ب ِرَج‬
‫ رواه مسلم‬.ٍ‫ِيع أَ ْو بِع َ ْظم‬ َ ‫ج‬ ّ َ َ ‫ي ب ِأَ ق‬
ِ ْ ‫ أَ ْو أَ ْن نَسْتَن‬.ٍ‫ل م ِنْ ثَلاث ََة ِ أَ ْحج َار‬ َ ‫ج‬
ِ ْ ‫أَ ْو أَ ْن نسْتَن‬

Nous devons prendre dès maintenant la ferme décision de suivre


notre Prophète ‫ ﷺ‬dans notre relation avec le Coran, dans notre lecture,
notre étude, notre mémorisation, notre compréhension, notre méditation
et la mise en pratique de celui-ci. Point de doute qu’en revenant à la
Sunna de notre Prophète ‫ ﷺ‬nous prendrons plaisir à lire le Coran, à
le méditer et à le mettre en pratique. A ce moment, nous profiterons
de tous les bienfaits et les effets du Coran. Et ainsi, notre relation avec
Allah le très Haut et notre comportement seront meilleurs inchaAllah.

xiii
Chapitre 1

L’état des lieux : mon


expérience personnelle en
tant qu’élève et enseignant
de Coran

Si tu lis ce livre, une chose est sûre c’est que comme moi, tu aimes
le Coran et qu’Il t’intéresse.
Peut-être que tu n’as jamais étudié ou appris le Coran et que tu as
l’intention de commencer, mais que malheureusement tu ne sais pas
par où (apprendre à lire l’arabe, apprendre le Coran en phonétique, le
comprendre en français, avec qui l’apprendre…)
Tu as peut-être déjà étudié et appris des Sourates mais tu as arrêté
pour diverses raisons :
— Manque de temps
— Manque de motivation
— Pas de cours à proximité de la maison
— Manque d’épanouissement dans ton apprentissage
— Méthodologie du professeur non adaptée…
Il se peut également que tu aies mémorisé une grande partie du

1
Coran, même tout le Coran.
Tu es même peut-être enseignant, et tu enseignes le Coran à des
enfants ou adultes.
Dans tous les cas, je partage avec toi mon expérience personnelle de
plus de 16 ans dans l’apprentissage du Coran, elle rappellera surement
des souvenirs à certains et fera gagner du temps à d’autres.

1.1 Mon histoire avec le Coran

Ma première rencontre avec le Coran eut lieu très tôt. Je m’en sou-
viens comme si c’était hier. Un de mes amis me l’avait fait écouter dans
son lecteur mp3 (c’était la Sourate Ar-Rahman). Malgré le fait que je ne
comprenais pas l’arabe, j’ai trouvé que c’était très beau, et cela m’avait
beaucoup touché. Peu de temps après, pendant le mois de Ramadan,
je suis allé prier la prière nocturne à la mosquée (salat At-Taraweh), et
là, en entendant l’imam réciter le Coran, j’ai ressenti un réel sentiment
d’amour envers les Paroles d’Allah.
A partir de ce moment, j’ai pris la ferme décision d’avoir une rela-
tion avec le Coran, de l’ouvrir au quotidien et non plus que pendant le
mois de Ramadan. Cette relation était basée uniquement sur sa lecture.
Malgré son irrégularitée, ma lecture du Coran m’a permis de franchir
un premier cap, celui d’avoir une proximité avec le Coran.
Comme toi et la plupart des jeunes Musulmans de France, j’ai com-
mencé par à lire la traduction des sens du Coran en français. Par la
suite, j’ai lu le Coran en phonétique puis en arabe.
Cherchant à améliorer ma relation avec le Coran, je me suis dirigé
ensuite vers sa mémorisation. Je m’étais fixé (ou l’on m’avait fixé en
réalité) comme but ultime de mémoriser le Coran entièrement, pensant
qu’une fois l’avoir mémorisé, j’allais atteindre le niveau de piété des
Compagnons (qu’Allah les agrée). Je pensais que mémoriser le Coran
entièrement m’aiderai à améliorer mon comportement, mes paroles, mes

2
adorations…
Malgré plusieurs essais (différents pays, différentes mosquées, diffé-
rents instituts, différents professeurs, différentes méthodes…) je n’ai pas
atteint mon but, et pire que cela, je ne m’épanouissais pas (ou rare-
ment) dans mon apprentissage qui était centré essentiellement sur la
psalmodie du Coran et sa mémorisation. Je ne comprenais pas ce que
je mémorisais.
Trop occupé par la révision et la mémorisation, je n’avais pas de
temps à consacrer à la compréhension du Coran ni à sa méditation et
encore moins à son application et cela me posait un réel problème.
Cherchant encore une fois à évoluer dans ma relation avec le Coran,
je me suis inscrit à des cours de mémorisation du Coran avec explica-
tion de ses sens (tafsir). Dans ce programme, je mémorisais des sourates
du Coran, puis on m’en expliquait en quelques mots le sens . Cette
explication faisait donc suite à la mémorisation et se limitaient à une
transmission d’informations qui n’impliquaient pas forcément une mé-
ditation ni une mise en pratique.
Faisant un jour le point sur mon évolution, j’ai remarqué que malgré
mon avancement dans la mémorisation, je ne voyais pas les « effets du
Coran » sur moi. Je ne m’améliorais que très peu dans mon compor-
tement et mes paroles. Je n’arrivais pas à me débarrasser de certains
péchés.
Quelle en était la cause ?
Moi ? Pas assez « bon » ou « pur » pour apprendre le Coran et pour
qu’il ait un impact sur moi ?
Impossible, ce Coran a changé des gens qui étaient plus « mauvais »
que moi.
Le Coran ? Avait-il perdu son pouvoir de changer et purifier les gens ?
Impossible.
La méthodologie ? La méthodologie que j’utilisais était-elle la bonne ?

3
Après réflexion, le problème se trouvait là.
Malgré la non-réalisation de mon but ultime (la mémorisation com-
plète du Livre d’Allah), j’ai occupé le poste de professeur de Coran,
dans ces cours où on enseigne aux enfants les mots du Coran sans en
expliquer le sens, produisant ainsi des « clés USB humaines ».
Peu de temps après j’ai ressentis les mêmes sentiments dans mon
enseignement (pas épanoui et peu de progrès) et je ne voyais pas non
plus de changement de comportement chez mes élèves.
Et là, ce fut le déclic, je me suis posé certaines questions impor-
tantes :
• Que veut Allah le Très Haut de moi dans mon étude du Coran ?
• Quel est le but de la Révélation du Coran ?
• Comment Jibril (qu’Allah lui accorde le salut) a-t-il enseigné le
Coran au Prophète ‫? ﷺ‬
• Quelle méthodologie le Prophète ‫ ﷺ‬a-t-il suivi dans son appren-
tissage du Coran (avec Jibril) et dans son enseignement (avec les
Compagnons) ?
• Comment les Compagnons apprenaient-ils et enseignaient-ils le
Coran ?
• Le but final du Coran est-il d’être mémorisé, compris ou mis en
pratique ?
• Le but final du Coran est-il d’être mémorisé, même si on ne le
comprend pas ?
• Quel sera le statut auprès d’Allah le Très Haut de celui qui mé-
morise le Coran mais ne le comprend pas et ne l’applique pas ?
• Pourquoi notre communauté est dans un état aussi déplorable
alors que le nombre de huffadh (gens qui mémorisent le Coran)
ne fait qu’augmenter.
• Comment faire pour que nos enfants et nos jeunes aiment le
Coran et son apprentissage ?
• Comment faire pour que les Musulmans francophones puissent
comprendre, méditer sur le Coran et l’appliquer ?
La seule solution pour répondre à ces questions était de revenir à la
Sunna et d’étudier la méthodologie Prophétique dans l’étude et l’ensei-

4
gnement du Coran.
Après plusieurs recherches (lectures, formations, discussions…) et des
rencontres exceptionnelles, j’ai collecté beaucoup d’informations que je
souhaite partager avec vous.
Tout ce travail de recherches a donné naissance au projet « Vivre
le Coran » qui a pour but de raviver la méthodologie Prophétique dans
l’étude et l’enseignement du Coran pour optimiser au maximum notre
apprentissage.

1.2 Etat des lieux

Avant de développer en détail la méthodologie Prophétique dans


l’apprentissage et l’enseignement du Coran, et après avoir exposé mon
expérience personnelle dans l’apprentissage et l’enseignement du Co-
ran, il est nécessaire de faire un état des lieux de ce que nous vivons
aujourd’hui, en ce qui concerne notre relation avec le Coran.
Nous pouvons dire que malheureusement, pour beaucoup d’entre
nous, notre relation avec le Coran est minime voire inexistante. Nous
ne l’ouvrons pas souvent si ce n’est pendant le mois de Ramadan. De
plus, nous le lisons pour le lire et non pas pour en comprendre son sens
et encore moins pour le méditer et le mettre en application.
Aujourd’hui la plupart des efforts fournis au niveau individuel sont
consacrés « aux mots » du Coran (lecture, tajwid, mémorisation et
révision). Notre apprentissage est consacré à la lecture, la récitation
et la mémorisation du Coran tout en délaissant les sens de ses versets
(compréhension, méditation et application).
La plupart des efforts fournis au niveau individuel et associatif sont
consacrés aux «mots » du Coran (lecture, psalmodie, mémorisation et
révision) tout en délaissant les sens de ses versets (compréhension, mé-
ditation et application).
Certains professeurs ont pris conscience de cela et donnent des cours

5
d’exégèse (tafsir), qu’Allah le très haut les récompense, pour que l’ap-
prenant puisse comprendre ce qu’il mémorise.
En général, cette explication fait suite à la mémorisation. On de-
mande à l’élève d’apprendre les versets sans comprendre, puis on les lui
explique. De plus ces cours se limitent à une transmission d’informations
qui n’impliquent pas forcément une méditation ni une mise en pratique.
Lorsque nous observons nos enfants, nous nous apercevons que pour
la majorité, aller en cours de Coran est plus une corvée qu’un plaisir.
Aller aux cours de sport est pour eux bien plus propfitable.
Cet état des lieux à pour but de savoir si ce que l’on vit et ce que
l’on fait en matière de Coran est en accord avec la tradition de notre
Prophète ‫ﷺ‬.
Pour le savoir, il nous faut maintenant connaître l’objectif souhaité,
quelle relation le Prophète ‫ ﷺ‬avait-il avec le Coran et tant que lecteur,
apprenant et enseignant ?

6
Chapitre 2

L’objectif souhaité

Tout Musulman a pour but, en ce qui concerne le Coran, de le lire,


de l’apprendre et de l’enseigner comme le faisait notre Prophète ‫ﷺ‬.
C’est pour cela qu’après cet aperçu rapide sur l’état des lieux de
notre relation avec le Coran, il est temps de connaitre comment le Pro-
phète se comportait en tant que lecteur, apprenant et enseignant du
Coran.

2.1 Le Prophète ‫ ﷺ‬et la Récitation du Co-


ran ?

Qui de mieux peut nous décrire la récitation du Prophète ‫ ﷺ‬que ses


Femmes (qu’Allah le très Haut les agrée) ?
Oum Salama (qu’Allah l’agrée) nous a dit :
« le Prophète récitait le Coran verset par verset » (dans le
sens ou sa récitation était lente)
‫ »قراءة رسول ال ه صلى ال ه عليه وسلم »بسم ال ه الرحمن‬: ‫عن أم سلمة أنها ذكرت‬
«‫الرحيم الحمد ل ه رب العالمين الرحمن الرحيم ملك يوم الدين« يقطع قراءته آية آية‬

7
Elle nous dit également :
« Sa récitation était prolongée »
«‫ »كانت قراءته مدا‬: ‫قالت أيضا‬

Elle nous dit encore :


« La récitation du Messager d’Allah ‫ ﷺ‬était une récitation
claire, lettre par lettre ». (Rapporté par ibn abi chaybah)
‫ »نعتت قراءة رسول ال ه صلى ال ه عليه وسلم قراءة‬: ‫حديث أم سلمة رضي ال ه عنها‬
«‫مفسرة حرفا حرفا‬

Aïcha (qu’Allah l’agrée) nous dit :


« Le Prophète ‫ ﷺ‬ne terminait pas la récitation du Coran
en moins de trois jours ». (Les mérites du Coran)
‫ »كان رسول ال ه صلى ال ه عليه وسلم لا يختم القرآن‬: ‫حديث عائشة رضي ال ه عنها‬
«‫في أقل من ثلاث‬

Le prophète ‫ ﷺ‬nous explique la raison, il a dit à ‘Abdallah ibn Amr


(qu’Allah l’agrée) : « Ne récite pas le Coran entièrement en moins de
trois jours car celui qui le récite en moins de trois jours ne le comprend
pas ». (Rapporté par Ahmed et authentifié par le Cheikh al Albany).
Au tour des Compagnons (qu’Allah les agrée) de nous parler de la
récitation du Prophète ‫ ﷺ‬:
Al Bara’a qu’Allah l’agrée nous dit :
« j’ai entendu le Prophète ‫ ﷺ‬réciter la sourate At Tin (l’oli-
vier) pendant la prière du soir, et je n’ai jamais entendu une
plus belle voix que la sienne » (Rapporté par Al Bukhari).
(‫ »سمعت النبي صلى ال ه عليه وسلم يقرأ )والتين والزيتون‬: ‫البراءة رضي ال ه عنه قال‬
.«‫ وما سمعت أحدا أحسن صوتا منه أو قراءة‬،‫في العشاء‬

Hudhayfa (qu’Allah l’agrée) a dit :


« Sa récitation était lente et calme. A chaque fois qu’Il ‫ﷺ‬
récitait un verset dans lequel il y avait des évocations, il

8
évoquait Allah, exalté soit-Il. Quand il récitait un verset
dans lequel il y avait une requête adressée à Allah, exalté
soit-Il, il la Lui adressait et quand il récitait un verset dans
lequel il y avait la demande de la protection d’Allah, exalté
soit-Il, Il la lui demandait » (Rapporté par Muslim).
‫ »يقرأ مترسلا إذا مر بآية فيها تسبيح سبح وإذا مر‬: ‫عن حذيفة رضي ال ه عنه‬
‫بسؤال سأل وإذا مر بتعوذ تعوذ ثم ركع فجعل يقول سبحان ربي العظيم فكان‬
‫ركوعه نحوا من قيامه ثم قال سمع ال ه لمن حمده ثم قام طو يلا قريبا مما ركع ثم سجد‬
.«‫فقال سبحان ربي الأعلى فكان سجوده قريبا من قيامه‬

Qatada (qu’Allah l’agrée) rapporte que Anas ibn Malik (qu’Allah


l’agrée) a été questionné sur la récitation du Prophète ‫ﷺ‬, il dit :
« Il prolongeait les mots ‫ﷺ‬, puis Anas qu’Allah l’agrée récita
bismillah ar rahman ar rahim en prolongeant les mots ».
(Rapporté par Al Bukhari).
‫ قال سئل أنس بن مالك كيف كانت قراءة النبي صلى ال ه عليه وسلم‬.‫عن قتادة‬
‫ »كانت مدا ثم قرأ بسم ال ه الرحمن الرحيم يمد ببسم ال ه ويمد بالرحمن ويمد‬: ‫فقال‬
« ‫بالرحيم‬

Abû Dhar, qu’Allah soit satisfait de lui, a rapporté :


« Le Prophète ‫ ﷺ‬accomplit la prière nocturne en récitant
un verset qu’il répéta jusqu’au matin. Ce verset est (sens du
verset) : ”Si Tu les châties, ils sont Tes serviteurs. Et si Tu
leur pardonnes, c’est Toi le Puissant, le Sage. » (Rapporté
par l’imam Ahmed). Hadith hassan (bon).
‫» صلى رسول ال ه صلى ال ه عليه وسلم ليلة فقرأ‬: ‫وعن أبي ذر رضي ال ه عنه قال‬
‫بآية حتى أصبح يركع بها ويسجد بها ﴿إن تعذبهم فإنهم عبادك وإن تغفر لهم فإنك‬
.«﴾‫أنت العزيز الحكيم‬

Ce que nous apprenons de ces hadiths sur la récitation du Pro-


phète ‫ ﷺ‬:
— Qu’il ‫ ﷺ‬récitait le Coran avec une belle voix,

9
— Que sa récitation était lente et calme, dans la prière ou en dehors
de la prière comme l’a précisé l’imam An Nawawi (qu’Allah lui
fasse miséricorde).
— Il récitait en prolongeant les mots.
— Il répétait les versets lorsqu’il priait seul.
— Sa récitation n’était pas seulement des mots prononcés par la
langue, mais c’était une récitation du cœur et de l’esprit car il
comprenait et méditait ce qu’il récitait.
Réciter le Coran d’une belle voix, lentement, répéter ses versets…
tout cela est plus propice à la compréhension et à la méditation de ses
versets. Il avait compris ‫ ﷺ‬que l’imam qui récite le Coran est le premier
prédicateur car il transmet les versets du Coran aux gens et il n’y a pas
de meilleur rappel que les versets du Coran.
On voit bien que notre Prophète ‫ ﷺ‬vivait la récitation du Coran. Il
comprenait et méditait ce qu’il récitait car quand il récitait un verset
qui comportait des évocations, il évoquait Allah, exalté soit-Il. Quand il
récitait un verset contenant une requête adressée à Allah, exalté soit-Il,
il la Lui adressait et quand il récitait un verset demandant la protection
d’Allah, exalté soit-Il, il la demandait.
Prends une minute pour réfléchir à ta récitation actuelle, et compare
la à celle de notre bien aimé ‫ﷺ‬.
Puis imagine-toi réciter le Coran comme le faisait notre Prophète ‫ﷺ‬.
Imagine-toi réciter le Coran d’une belle voix, lentement, calmement.
Imagine-toi réciter le Coran le jour du jugement dernier et monter
dans les degrés du paradis.
Le Prophète ‫ ﷺ‬nous dit :
« Le jour du jugement dernier, on dira au lecteur assidu du
Coran : « Lis et monte dans les degrés du paradis. Récite
clairement le Coran comme tu le faisais dans le bas-monde.
Ta place au paradis te sera fixée au dernier verset que tu
lira ». (Rapporté par Abu Daoud et Tirmidhi).

10
Imagine-toi comprendre et méditer ce que tu récites. Quelle bonne
sensation !
Réciter le Coran comme le Prophète ‫ ﷺ‬doit être notre objectif et
ceci est facile avec l’aide d’Allah le très Haut, car lui-même nous dit :
[En effet Nous avons rendu le Coran facile, alors, y a-t-il
quelqu’un pour réfléchir]. (al Qamar v.17).
﴾‫﴿ولقد يسرنا القرآن للذكر فهل من مدكر‬

Ce verset se répète 4 fois dans la sourate « al Qamar» et Ibn Al


Qayyim, qu’Allah lui fasse miséricorde, a dit :
« La facilité du Coran a plusieurs aspects :
• Allah le Très Haut a facilité la mémorisation de ses mots,
• Il a facilité la compréhension de son sens,
• Il a facilité l’application de ses ordres et l’éloignement de
ses interdits. »

2.2 Le Prophète ‫ ﷺ‬et l’apprentissage du


Coran

Le Prophète ‫ ﷺ‬a été le premier homme à recevoir un enseignement


Coranique. Pour accomplir la lourde tâche d’enseigner le meilleur Livre
(le Coran) au meilleur des hommes (le Prophète‫)ﷺ‬, Allah le très haut a
choisi le meilleur des anges, l’ange Jibril (qu’Allah lui accorde le salut).
Allah le très haut dit (sens des versets) :
[Par l’étoile à son déclin - Votre compagnon ne s’est pas
égaré et n’a pas été induit en erreur - et il ne prononce
rien sous l’effet de la passion - ce n’est rien d’autre qu’une
révélation inspirée - Que lui a enseigné [l’Ange Gabriel] à la
force prodigieuse] (l’étoile verset 1 à 5)
َ ‫ن ال ْه َو َى ـ ِإ ْن ه ُو‬
ِ َ‫ق ع‬ َّ ‫ض‬
ُ ِ ‫ل صَاحِبُك ُ ْم وَم َا غ َو َى ـ وَم َا يَنط‬ َ ‫﴿و‬
َ ‫َالن ّجْ ِم ِإذ َا ه َو َى ـ م َا‬
ٰ ٰ ٰ
(‫شدِيد ُ الْق ُو َى﴾)النجم‬ َ ُ ‫حي ٌ يُوحَى ٰ ـ ع َل ّم َه‬
ْ َ ‫ِإ َلّا و‬
ٰ

11
Allah le très haut aurait pu transmettre son livre directement à son
prophète ‫ﷺ‬, mais Il a voulu prendre un intermédiaire, il y a dans cela
certaines sagesses, parmi elles :
— Nous montrer l’importance, pour celui qui apprend le Coran,
d’avoir un enseignant. Cet enseignant a pour rôle d’enseigner les
« mots » et les « sens » du Coran. Il doit également diriger
l’apprenant dans son apprentissage.
— Nous montrer le comportement que l’élève en Coran doit adopter
dans son apprentissage. Nous savons également que ces cours se
sont déroulés sur une période de 23 années. Pendant toute cette
période Jibril « qu’Allah lui accorde le salut » enseignait le Coran
au Prophète ‫ﷺ‬. Mais au fait, pourquoi Allah le très haut ne l’a-
t-il pas révélé en une seule fois ? En procédant de cette manière,
Allah le très haut a eu la volonté de :
— Raffermir le cœur du Prophète ‫ﷺ‬.
— Le soutenir dans sa prédication.
— Simplifier l’étude du Coran (compréhension, méditation, mise en
pratique) et son enseignement.
— Transmettre la Législation de façon graduelle.
— Répondre à l’évolution de la communauté musulmane.
— Nous montrer que la science s’acquiert petit à petit, pendant
toute une vie…
Mais au fait, t’es-tu déjà demandé quel type d’enseignement dispen-
sait Jibril (qu’Allah lui accorde le salut) ? Cet enseignement concernait-il
les « mots » du Coran (la récitation et la mémorisation) ou ses « sens »
(son explication « Tafsir », sa méditation et sa mise en application) ?
Les savants ont deux avis à propos de cette question. Certains affirment
que cet enseignement concernait exclusivement la récitation et la mé-
morisation du Coran, alors que pour d’autres, cet enseignement portait
sur sa récitation, sa mémorisation, sa compréhension sa méditation et
sa mise en pratique.
Détaillons ces deux avis :
Le premier avis, qui est celui de la majorité des savants, dit que
cet enseignement concernait exclusivement la récitation et la mémorisa-

12
tion du Coran. Pour eux, Jibril (qu’Allah lui accorde le salut) enseignait
exclusivement les « mots » du Coran au Prophète ‫ﷺ‬, qu’Il ‫ ﷺ‬s’empres-
sait de mémoriser. Pour justifier leur avis, ils se basent sur les versets
suivants, Allah le Très Haut dit au prophète ‫( ﷺ‬dans le sens des ver-
sets) :
[Ne remue pas ta langue pour hâter sa récitation - Son ras-
semblement (dans ton cœur et sa fixation dans ta mémoire)
Nous incombent, ainsi que la façon de le réciter. - Quand
donc Nous le récitons, suis sa récitation - A Nous, ensuite
incombera son explication ». (Sourate al Qiyamah v.16 à 19)
ّ ‫ن عَلَي ْنَا جَم ْع َه ُ و َقُر ْآنَه ُ ـ ف َِإذ َا ق َرأْ َ ن َاه ُ فَا َت ّبِـعْ قُر ْآنَه ُ ـ ث َُم‬
ّ َ ‫ل بِه ِ ـ ِإ‬
َ َ ‫ك لِتَعْج‬
َ َ ‫ك بِه ِ لِسَان‬
ْ ّ ِ‫»ل َا تُح َر‬
ّ َ ‫ِإ‬
(١٦/١٩ ‫ن عَلَي ْنَا بَيَانَه ُ« )القيامة‬

Qui pourrait mieux nous expliquer ces versets qu’Abdallah Ibn ‘Ab-
bâs (qu’Allah l’agrée), le cousin paternel du Prophète ‫ ﷺ‬: D’après Sa’id
ibn Jubayr (qu’Allah l’agrée), ‘Abdallah ibn ‘Abbâs (qu’Allah l’agrée)
a dit à propos du verset :
[Ne remue pas ta langue pour hâter sa récitation] : « Le
Messager d’Allah ‫ ﷺ‬cherchait à apaiser la souffrance que lui
causait la Révélation ; pour ce faire il lui arrivait de remuer
les lèvres. ».

Et Ibn ‘Abbâs de dire aux gens présents :


« Regardez ! je vais les remuer comme le faisait le Messager
d’Allah ».

Et Sa’id de dire à son tour :


« Je vais les remuer comme j’ai vu ibn ‘Abbâs le faire », et
il remua les lèvres.

Puis Ibn ’Abbas (qu’Allah l’agrée) dit à propos du verset suivant :


« Son rassemblement (dans ton cœur et sa fixation dans ta
mémoire) Nous incombent, ainsi que la façon de le réciter ».

13
[C’est à Allah le Très Haut qu’incombe de rassembler le
Coran dans ta poitrine pour te faciliter sa récitation].
Puis il dit à propos du verset : [Quand donc Nous le récitons,
suis sa récitation].

C’est-à-dire : « Ecoute et sois attentif à sa récitation ». Puis


il finit par l’explication du verset : [A Nous, ensuite incom-
bera son explication ».

Il dit :
« C’est-à-dire : Ensuite c’est à nous de te le faire réciter.
Après ces versets, Le Messager d’Allah ‫ﷺ‬, lorsque Jibril ve-
nait le trouver, écoutait la récitation de celui-ci. Et une fois
l’archange parti, le Prophète récitait le Coran exactement
de la même manière que lui ». (Al bukhary)

Laissons maintenant l’explication de ces versets au grand exégète,


l’imam ibn Jarir at Tabari (qu’Allah lui fasse miséricorde) : Il dit à
propos du verset [Ne remue pas ta langue pour hâter sa récitation] :
« Les exégètes ont divergé à propos de la cause de révé-
lation de ce verset :
— Certains, tels que Ibn ‘Abbas et Said ibn Jubayr (qu’Al-
lah les agrée) ont dit :
ce verset a été révélé car le Prophète ‫ ﷺ‬s’empres-
sait de réciter les versets lorsqu’il les entendait.
Son amour pour les versets le faisait s’empresser
de les mémoriser. Allah le Très Haut lui a donc
dit de ne pas hâter sa récitation et sa mémorisa-
tion, car c’est Lui qui se charge de rassembler les
paroles Coraniques dans son cœur.
— D’autres, tels que Mujahid, Al Hassan et Qatada (qu’Al-
lah les agrée) ont dit que ce verset avait été révélé car le
Prophète ‫ ﷺ‬s’empressait de réciter le Coran de peur de
l’oublier, Allah le Très Haut lui a donc dit : [Ne remue

14
pas la langue pour hâter sa récitation - Son rassemble-
ment (dans ton cœur et sa fixation dans ta mémoire)
Nous incombe] qui a pour sens, Nous te le faisons lire et
tu ne l’oublieras pas ».

L’imam at Tabary conclut ce passage par : « Selon moi, l’avis le plus


juste est le premier. Allah est plus savant ».
Il poursuit en disant à propos de : [Son rassemblement (dans ton
cœur et sa fixation dans ta mémoire) Nous incombent, ainsi que la
façon de le réciter]
A Allah le Très Haut, incombe le rassemblement du Co-
ran dans ta poitrine ô Mohammed, jusqu’à ce qu’on le fixe
dedans et que tu puisses le réciter. » Et dans le même sens
Allah le Très Haut dit (sens du verset) :
[Que soit exalté Allah, le Vrai Souverain ! Ne te
hâte pas [de réciter] le Coran avant que ne te soit
achevée sa révélation. Et dis : « Ô mon Seigneur,
accrois mes connaissances !] (Taha v.114)

‫ك‬
َ ْ ‫ل أَ ن يُقْض َى ِإلَي‬ ِ ‫ك الْح َُقّ ۗ وَل َا تَعْج َلْ ب ِالْقُر ْآ‬
ِ ْ ‫ن م ِن قَب‬ ُ ِ ‫الل ّه ُ ال ْمَل‬
َ ‫﴿فَتَع َالَى‬
ٰ
ِّ ّ‫و َحْ ي ُه ُ ۖ و َق ُل َر‬
﴾‫ب زِ ْدنِي ع ِل ْمًا‬
l’imam ibn Jarir At Tabari dit à propos du verset suivant
[Quand donc Nous le récitons, suis sa récitation] « Les sa-
vants ont donné trois interprétations du sens « suis sa réci-
tation »
1. Écoute en silence,
2. Suis les règles qu’il contient,
3. Mets-le en pratique.

Il conclut son explication en disant que pour lui, l’avis le plus juste
est d’interpréter le verset « suis sa récitation » par « suis les règles qu’il
contient et mets-le en pratique ». Ceci est également la parole de Ibn
‘Abbas, Ad Dahhak et Mujahid (qu’Allah les agrée).

15
Il dit à propos du verset (A Nous, ensuite incombera son explica-
tion) :
[A nous de t’expliquer ce qui est licite, illicite, ses obliga-
tions, ses interdictions et ses règles détaillées ». (Tafsir At
Tabari).

Dans ces versets, Allah le Très Haut enseigne au Prophète ‫ ﷺ‬le


comportement de l’apprenant du Coran. Il lui montre que la relation
qu’il doit avoir avec le Coran ne doit pas être une relation essentiellement
de récitation ou de mémorisation de ses mots, mais qu’elle passe d’abord
par le silence, l’écoute, puis la compréhension et la mise en pratique.
Les savants qui soutiennent cet avis déduisent des versets et hadiths
cités que le rôle de Jibril (qu’Allah lui accorde le salut) était de trans-
mettre les versets du Coran au Prophète ‫ﷺ‬, et que l’explication des
versets incombait à Allah le très haut. [A Nous (Allah), ensuite incom-
bera son explication]. Selon eux, c’est Allah exalté soit-il, lui-même qui
a enseigné le sens des versets (compréhension, licite, illicite, les obliga-
tions, les interdictions et ses règles détaillées…) au Prophète ‫ﷺ‬.
Par cela, Allah le Très Haut nous montre que les « mots » du Coran
sont très importants car il a désigné le meilleur des anges pour enseigner
leur lecture et la mémorisation, mais Il nous démontre que ses « sens »
sont encore plus importants car c’est Lui-même, Allah le Très Haut, qui
S’est chargé de leur enseignement. Ceci est l’avis ibn Kathir et ibn Jarir
at Tabari.
Le deuxième avis explique que cet enseignement portait sur la
récitation, la compréhension, la méditation et la mise en pratique.
Le Cheikh Ar Razi (rahimahullah) a dit :
« Le verset [Ne remue pas ta langue pour hâter sa récitation]
prouve que le Prophète ‫ ﷺ‬récitait le Coran en même temps
que Jibril (qu’Allah lui accorde le salut), et qu’en même
temps, de par son attachement au savoir, le Prophète ‫ﷺ‬
le questionnait au sujet du sens des versets. Allah le Très
Haut a interdit au Prophète ‫ ﷺ‬de s’occuper des deux choses
en même temps (les mots et le sens). Allah le très haut

16
a interdit au Prophète ‫ ﷺ‬de réciter avec Jibril (qu’Allah
lui accorde le salut) par le verset [et quand Nous l’aurons
lu, suis-en bien la lecture] et Il lui a interdit de poser des
questions sur le sens des versets par le verset : [A Nous,
ensuite incombera son explication].

Le docteur Yussuf al Hati (qu’Allah le préserve) a dit à propos de


l’interdiction citée dans le verset :
« La cause de cette interdiction est peut-être, et Allah est
plus savant, la Volonté d’Allah que le Prophète ‫ ﷺ‬ne s’oc-
cupe de la mémorisation au détriment de sa compréhen-
sion ».

Le Cheikh Ibn Baz (qu’Allah lui fasse miséricorde) a dit en com-


mentant le hadith d’Abdallah ibn ‘Abbas (qu’Allah l’agrée) :
« le Prophète était le plus généreux des gens et il l’était
encore plus pendant le mois du Ramadan lorsqu’il rencon-
trait Jibril (qu’Allah lui accorde le salut) et qu’Il lui faisait
étudier le Coran. Jibril (qu’Allah lui accorde le salut) le ren-
contrait chaque nuit du mois de ramadan et il le lui faisait
étudier. » (Rapporté par al Bukhari).

Le Cheikh ibn Baz dit :


« On apprend de ce hadith l’importance de l’étude du Coran.
On apprend également qu’il est préférable qu’il soit enseigné
par une personne dont l’étudiant tire des bénéfices et qui le
fait progresser. Le Prophète ‫ ﷺ‬profitait de l’enseignement
de l’ange Jibril (qu’Allah lui accorde le salut), que cela soit
en ce qui concerne les « mots » du Coran et son « sens ».
Il est demandé à l’enseignant d’aider son élève à la compré-
hension du « sens » du Coran et à la mémorisation de ses
« mots ». 1

Docteur Taha Chérif Yunus a dit en commentant le même hadith :


1. majmou’ al fatawa de cheikh ibn Baz

17
« Qu’est-ce qui empêche que l’étude du Coran entre Jibril
(qu’Allah lui accorde le salut) et le Prophète ‫ ﷺ‬ait été une
étude du « sens » et des « mots » ? Pourquoi se limiter dans
cette étude à un suivi des mots et à leur mémorisation ? Sans
oublier qu’Allah le très haut, s’est chargé du rassemblement
de ses mots dans le cœur du Prophète, il n’oubliera ni ses
mots, ni sa récitation.
De plus, les rencontres entre le Prophète ‫ ﷺ‬et Jibril (qu’Al-
lah lui accorde le salut) étaient régulières, et le Prophète ‫ﷺ‬
les transformait en action. L’exemple se trouve dans ce ha-
dith, par l’augmentation de Sa générosité ‫ ﷺ‬et de Ses dé-
penses. Il n’y a aucun doute que ceci est un effet de l’étude
du sens et non pas un effet de l’étude des mots du Coran ». 2

2. Tiré du livre « Voyage de recherche à propos des fervents adeptes du Coran »


d. Taha Cherif Yunus.

18
En réponse à la question « qu’est-ce que Jibril (qu’Allah lui accorde le
salut) enseignait au Prophète ‫ » ﷺ‬nous pouvons dire :
Nous sommes sûrs que l’enseignement de Jibril (qu’Allah lui accorde
le salut) concernait les « mots » du Coran, et il est fort probable qu’Il
lui ai enseigné également son « sens ».
La récitation occupe donc une place très importante car Allah le
Très Haut a désigné le meilleur ange pour l’enseigner au meilleur des
Prophètes ‫ﷺ‬, mais nous voyons que son sens est encore plus important,
car selon les savants qui soutiennent le deuxième avis, l’étude du sens
faisait partie intégrante de l’enseignement de Jibril (qu’Allah lui accorde
le salut) et selon les savants du premier avis, c’est Allah le très haut lui-
même qui s’est chargé de son enseignement au Prophète ‫ﷺ‬. Ceci marque
bien l’importance qu’Allah le très haut porte au sens du Coran.
Le prophète ‫ ﷺ‬apprenait donc les « mots » du Coran ainsi que son
« sens ».
Prends un instant pour méditer sur ton apprentissage actuel du Co-
ran. Apprends-tu le Coran ? Si la réponse est positive, compare ton
apprentissage à celui de notre bien aimé ‫ﷺ‬. Puis imagine-toi apprendre
le Coran comme le faisait notre Prophète ‫ﷺ‬. Imagine-toi apprendre le
sens du Coran, comprendre le message qu’Allah le très Haut t’adresse.
Imagine toi comprendre la description de l’enfer, la description du pa-
radis… Ceci doit être l’objectif de notre apprentissage, et n’oublie pas
que ceci n’est pas difficile avec l’aide d’Allah, car lui-même nous dit :
[En effet, Nous avons rendu le Coran facile pour la médita-
tion. Y a-t-il quelqu’un pour réfléchir ?] (Al Qamar 17)

.
Allah est plus savant.

19
2.3 Le prophète ‫ ﷺ‬et la pratique du Co-
ran ?

Il n’y a pas de Musulman qui soit plus attaché à la pratique du


Coran que le Prophète ‫ﷺ‬. Le but de son apprentissage était la mise en
pratique totale des versets Coraniques pour qu’il puisse faire partie du
cercle restreint des « adeptes du Coran » (ahlou al quran).
D’ailleurs, qui sont les « adeptes du Coran » ?
Nous avons tendance à penser aujourd’hui, que ce sont ceux qui ont
mémorisé entièrement le Coran.
Même si ceci est très méritoire, le Prophète ‫ ﷺ‬nous donne une toute
autre définition, il nous dit ‫ ﷺ‬:

« Le Coran sera amené le jour de la résurrection, ainsi que


ses fervents adeptes, ceux qui le mettaient en pratique dans
la vie d’ici-bas ». (Rapporté par Muslim).
‫ » يؤتى‬: ‫ سمعت رسول ال ه صلى ال ه عليه وسلم يقول‬: ‫عن النواس بن سمعان قال‬
‫بالقرآن يوم القيامة وأهلِه الذين كانوا يعملون به في الدنيا« مسلم‬

Il ‫ ﷺ‬savait que chaque musulman serait interrogé sur sa mise en


pratique : Il ‫ ﷺ‬nous dit :
« Le Jour de la Résurrection, Allah le Très-Haut se rap-
prochera de Ses Adorateurs afin de juger entre eux. Chaque
communauté sera agenouillée. La première personne que l’on
appellera sera un homme qui aura appris [par cœur] le Co-
ran, ensuite quelqu’un qui aura été tué dans la voie d’Allah
et enfin quelqu’un qui aura eu beaucoup d’argent [ou de
biens].

Allah (le Très-Haut) dira au récitateur du Coran :


«Ne t’ai-je pas enseigné ce que j’ai révélé à Mon Messager
(le Coran) ? Il répondra :

20
— Plutôt oui, ô Seigneur ! Allah demandera :
— De ce que tu savais, qu’as-tu mis en pratique ? » (Rap-
porté par at Tirmidi et authentifié par la Cheikh al Albany)
ُ ‫الل ّه َ تَبَارَك َ و َتَع َالَى ِإذ َا ك َانَ يَوْم‬
َ ‫ن‬ ّ َ َ‫ »أ‬: ‫الل ّه ِ ﷺ‬ َ ‫ل‬ ُ ‫ ح َ َ ّدثَنِي رَسُو‬: ‫ل‬ َ ‫عن أَ بي ه ُر َي ْرَة َ قَا‬
‫ل تعلم‬ ُ ‫ل ُأ َمّة ٍ جاثية ٌ ف َأَ َ ّو‬
ٌ ُ ‫ل م َنْ ي َ ْدع ُو بِه ِ رَج‬ ّ ُ ُ ‫ل ِإلَى ال ْع ِبَادِ لِي َ ْقضِيَ بَيْنَه ُ ْم وَك‬ ُ ِ‫الْق ِيَامَة ِ يَنْز‬

ُ ‫الل ّه‬
َ ‫ل‬ ُ ‫ل فَيَق ُو‬ ٌ ُ ‫الل ّه ِ وَرَج‬
ِ ‫ل كَث ِير ُ ال ْمَا‬ َ ‫ل‬ ِ ‫ل يُقتل فِي سَب ِي‬
ٌ ُ ‫العلم و علمه جَم َ َع الْقُر ْآنَ وَرَج‬

َ ْ ‫ أَ ل َ ْم ُأعَل ِّم‬: ‫تبارك وتعالى للقارىء‬


‫ك م َا أَ ن ْزَل ْتُ عَلَى رَسُول ِي )صلى ال ه عليه وسلم(؟‬
«‫ فَمَاذ َا عَم ِل ْتَ ف ِيم َا عَلِم ْتَ ؟‬: ‫ل‬
َ ‫َب قَا‬
ِّ ‫ بلََى ي َا ر‬: ‫ل‬
َ ‫قَا‬

Le Prophète ‫ ﷺ‬n’avait pas pour seul but d’étudier ou d’apprendre


le Coran, mais il avait comme priorité de le mettre en pratique, à tel
point que son caractère était devenu le Coran, comme nous le rapporte
Aïcha (qu’Allah l’agrée), lorsqu’elle fut questionnée sur le caractère (ou
comportement) du Prophète ‫ﷺ‬, elle répondit :
« Son caractère (comportement) était le Coran » (Rapporté
par Abou Daoud et authentifié par le Cheikh Al Albani).
.‫ فإن خلق نبي ال ه كان القرآن‬: ‫قالت عائشة رضي ال ه عنها‬

Ce hadith est très important car il vient de l’une de ses femmes.


Nous savons que les femmes ont cette capacité à se concentrer sur les
détails les plus précis. De plus, elle vivait avec lui ‫ ; ﷺ‬elle le voyait et
l’observait tous les jours et dans des situations différentes. Les mots uti-
lisés par Aïcha (qu’Allah l’agrée) sont aussi importants car le caractère
(khoulouq en arabe) est comme nous le dit al Mawardy (qu’Allah lui
fasse miséricorde) :
« Une attitude permanente que l’homme produit sans ef-
fort »
.‫ الخُلق هيئة ملازمة للنفس تَصدر من الانسان بلا تكلف‬: ‫قال المَوَرْدي‬

Le Prophète ‫ ﷺ‬pratiquait tellement le Coran que ses enseignements


étaient devenu sa personnalité ‫ﷺ‬. Il ‫ ﷺ‬mettait en pratique le Coran
sans effort. A titre d’exemple le Prophète était généreux, juste, droit,

21
sincère, courageux… en permanence et il était tout cela sans efforts sup-
plémentaires ‫ﷺ‬. Le Prophète ‫ ﷺ‬était la démonstration pratique du
Coran. Allah le très haut nous confirme les propos d’Aicha (qu’Allah
l’agrée), Il nous dit en s’adressant au Prophète ‫( ﷺ‬sens du verset) :
[Et tu es certes, d’un caractère éminent] (la plume v.4)
(٤ ‫ )القلم‬.﴾‫﴿وإنك لعلى خلق عظيم‬

Il ‫ ﷺ‬cherchait à pratiquer tous les versets, l’exemple est donné par


‘Abdallah Ibn ‘Abbas (qu’Allah l’agrée), qui nous dit :
« Lorsque le prophète ‫ ﷺ‬récitait « Glorifie le Nom de ton
Seigneur, le Très Haut », il disait : « gloire à Mon Seigneur
le très haut ». (Rapporté par l’imam Ahmed, Abu Daoud et
al Bayhaqi).
‫عن ابن عباس أن رسول ال ه صلى ال ه عليه وسلم كان إذا قرأ سبح اسم ربك‬
.‫ سبحان ربي الأعلى‬: ‫الأعلى قال‬

De plus, il enseignait cette mise en pratique.


‘Oqba ibn ‘Amir Al Juhany (qu’Allah l’agrée) nous dit :
« Lorsqu’a été révélé [Glorifie donc le nom de ton Seigneur,
le Très Grand] 3 , le Prophète ‫ ﷺ‬nous a dit : Prononcez ce
verset dans vos inclinaisons, et lorsqu’a été révélé le verset
[Glorifie le nom de ton Seigneur, le Très Haut] 4 , il nous a
dit prononcez-le dans vos prosternations ». (Rapporté par
Ahmed).

Tout cela pour nous enseigner que le but final du Coran est d’être
mis en pratique. Nos prédécesseurs (salafs), qu’Allah les agrée, l’avaient
bien compris :
Abu Ad Darda, qu’Allah l’agrée, a dit :
« Je crains de mon seigneur le jour du jugement qu’Il m’ap-
pelle et qu’Il me dise : « ô ‘Omayr ». Je répondrai : me voici
3. (sourate al Waqi’a verset 96)
4. (al A’la verset 1)

22
ô Seigneur ; il me dira : “ De ce que tu savais, qu’as-tu mis
en pratique ?”

Al Fudayl, qu’Allah lui fasse miséricorde, a dit :


« Le Coran a été révélé pour être mis en pratique, mal-
heureusement, les gens ont pris sa récitation pour seul acte
d’adoration ».

Ibn al ‘Arabi, qu’Allah lui fasse miséricorde, a dit :


« La plus grande perte pour un adorateur le jour du juge-
ment dernier est de rencontrer son Seigneur avec un Coran
mémorisé mais pas mis en pratique ».

Ibn al Qayyim, qu’Allah lui fasse miséricorde, a dit :


« les fervents adeptes du Coran sont ses savants, ceux qui
le mettent en pratique même s’ils ne l’ont pas mémorisé.
Quand à celui qui le mémorise par cœur sans le comprendre
ni le mettre en pratique, il ne fait pas partie de ses adeptes,
même s’il récite ses lettres parfaitement ». (zad al ma’ad)

Prends une minute pour réfléchir à ta pratique actuelle du Coran.


Compare la à celle de notre bien aimé ‫ ﷺ‬et de ses Compagnons. Puis
imagine-toi devenir l’exemple pratique du Coran, imagine toi vivre le
Coran. Quel bonheur.
Imagine-toi entrer dans le cercle restreint des « fervents adeptes du
Coran », imagine-toi profiter de toutes les récompenses liées à la pratique
du Coran. Imagine-toi le jour du jugement, quand les versets d’Allah
viendront témoigner en ta faveur.
Et n’oublie surtout pas que la pratique du Coran est facilité par
Allah le très Haut, car elle rentre dans la généralité du verset suivant :
[En effet, Nous avons rendu le Coran facile pour la médita-
tion. Y a-t-il quelqu’un pour réfléchir ?] (Al Qamar 17)

23
2.4 Le Prophète ‫ ﷺ‬et l’enseignement du
Coran ?

Ce chapitre s’adresse à mes frères et sœurs qui ont pris la lourde


responsabilité d’enseigner le Coran. Je vous demande de lire ce passage
en vous rappelant ces phrases :
1. [Vous me semblez être dans une bonne situation] (Hud v.84)
2. [J’ai peur pour vous] (Hud v.84)
3. [Je ne veux que la réforme, autant que je le puis. Et ma réussite
ne dépend que d’Allah. En Lui je place ma confiance, et c’est
vers Lui que je reviens repentant] (Hud v.88)
4. Mon exemple et le vôtre sont semblables à l’homme qui conseilla
Moussa (que la paix soit sur lui)
5. « La religion, c’est le bon conseil « an-nassiha » : (Rapporté par
Muslim)
Ce chapitre est très important car le Prophète ‫ ﷺ‬nous dit :
« Le meilleur d’entre vous est celui qui apprend le Coran et
l’enseigne ».

Nous avons déjà vu comment le Prophète ‫ ﷺ‬apprenait le Coran,


il ne nous reste plus qu’à savoir comment Il l’enseignait, puis suivre
cette méthodologie, pour pouvoir prétendre faire partie « des meilleurs »
comme nous le mentionne ce hadith.
Il est important de savoir si son enseignement était plus centré sur
les « mots » du Coran ou son « sens ».
Nous rappelons que par les mots du Coran nous entendons sa lecture,
l’étude de ses règles de récitation et sa mémorisation, alors que par son
« sens » nous entendons sa compréhension, sa méditation et sa mise en
pratique.
Laissons les Compagnons (qu’Allah les agrée) nous parler de l’ensei-
gnement du Prophète ‫ﷺ‬.

24
Abdallah ibn Mas’oud (qu’Allah l’agrée) nous dit :
« Lorsque l’un d’entre nous apprenait dix versets, il n’allait
pas plus loin sans en connaître leur sens et les mettre en
pratique ».
‫ كان الرجل منا إذا تعلم عشر آيات‬: ‫قال سيدنا عبد ال ه بن مسعود رضي ال ه عنه‬
.‫لا يجاوزهن حتى يعرف معانيهن والعمل بهن‬

Cette parole nous montre que le sens et la mise en pratique du Coran


étaient primordiaux pour le Prophète ‫ ﷺ‬et qu’il ne se contentait pas de
l’enseignement de ses mots.
Il dit également :
« La simple mémorisation des mots du Coran est difficile
pour nous, alors que leur mise en pratique nous est facile.
Après nous, des peuples vont nous succéder, pour qui la mé-
morisation des mots sera simple alors que la mise en pratique
sera difficile ». (tafsir Al Qurtubi).
‫إن صعب علينا حفظ ألفاظ القرآن وسهل علينا العمل بها وسيأتي من بعدنا أقوام‬
.‫يسهل عليهم حفظه و يصعب عليهم العمل به‬

Il ne faut pas comprendre de cette parole que les Compagnons avaient


du mal à mémoriser, loin de là ; ceci faisait partie de leur quotidien. Il
faut comprendre qu’ils avaient du mal à mémoriser une chose qu’ils ne
comprenaient pas et qu’ils ne mettaient pas en pratique.
Apprendre sans comprendre ni appliquer était une chose difficile
pour eux car cela est contraire à la nature humaine.
‘Abdallah Ibn Mas’oud (qu’Allah l’agrée) explique alors que petit à
petit, les générations suivantes vont s’orienter vers cette méthodologie
contraire qui est de mémoriser sans comprendre.
Dans ce sens, l’imam Al Dhahabi, qu’Allah lui fasse miséricorde,
rapporte dans son recueil « des biographies » que ‘Omar Ibn al Khattab,
qu’Allah l’agrée, a appris la sourate al Baqarah en 12 ans.
L’imam Malik, qu’Allah lui fasse miséricorde, rapporte également

25
dans son livre ”al Muwattah” qu’Abdallah Ibn ‘Omar, qu’Allah l’agrée,
a appris la sourate al Baqarah en 8 ans.
Ceci n’est pas dû à une mauvaise capacité de mémorisation, loin
de là, mais ceci est dû à leur attachement aux sens et à la mise en
application des versets.
‘Abdallah Ibn Mas’oud, qu’Allah l’agrée, dit à un homme :

« Tu vis à une époque où se trouvent beaucoup de savants


du Coran, même si peu l’ont mémorisé, ses lois sont respec-
tées même si ses mots sont oubliés. Il viendra une époque où
les savants du Coran seront peu alors que ceux qui le mémo-
risent seront beaucoup, ses mots seront préservés mais ses
lois seront bafouées ».
‫ »إنك في زمان كثير فقهاؤه قليل قراؤه تحفظ فيه حدود القرآن و‬: ‫وقال لرجل‬
‫ و سياتي على الناس زكان قليل فقهاؤه مثير قراؤه يحفظ فيه حروف‬،‫تُضَيع حروفه‬
.«‫القرآن و تُضَي ِّـع حدوده‬

Hudhayfa, qu’Allah l’agrée, a dit :


« Nous avons cru sans avoir mémorisé le Coran, et il viendra
un temps où les gens mémoriseront le Coran sans croire ».
‫ »انا آمنا ولم نقرأ القرآن )لم نحفظ( وسياتي من بعدنا‬: ‫قال حذيفة رضي ال ه عنه‬
.«‫أقوام يقرؤون القرآن ولا يؤمنون‬

Les paroles suivantes vont nous intéresser tout particulièrement car


elles sont celles de Compagnons qui étaient enfants et adolescents du
vivant du Prophète ‫ﷺ‬. La méthode était-elle différente ?
Commençons par ‘Abdallah ibn Abbas, qu’Allah l’agrée, le cousin
paternel du Prophète ‫ﷺ‬, il nous dit :
« Le Messager d’Allah ‫ ﷺ‬est décédé alors que j’avais environ
dix ans. J’avais appris à cette époque le Mufassal ». 5
5. Le mufassal est une partie du Coran qui va de sourate « qaf » à sourate « an
Nass », cela représente environ 4 juz.

26
‘Abdallah ibn Abbas, qu’Allah l’agrée, qui est né après le début de
la Révélation et qui a vécu ses dix premières années avec le Prophète ‫ﷺ‬,
nous informe qu’il n’avait mémorisé qu’une petite partie du Coran, le
mufassal.
Si le but du Prophète ‫ ﷺ‬était que les enfants mémorisent absolu-
ment le Coran, ‘Abdullah ibn Abbas, qu’Allah l’agrée, l’aurait mémorisé
entièrement du vivant du Prophète ‫ﷺ‬. Ceci nous prouve que l’objectif
du Prophète n’était pas que les gens mémorisent le Coran, mais son but
était qu’ils le mémorisent avec compréhension et mise en pratique.
Pour comprendre les paroles suivantes d’Abdillah ibn ‘Omar et de
Jundub ibn ‘Abdallah (qu’Allah les agrée), qui étaient également enfants
et adolescents à l’époque du Prophète ‫ﷺ‬, nous devons expliquer deux
termes :
— La foi (al iman) citée dans ces hadiths signifie « le sens » du
Coran (compréhension, méditation et mise en pratique)
— Le Coran (al quran) cité dans ces hadiths signifie « les mots »
du Coran (lecture, règles de récitation et mémorisation).
‘Abdullâh ibn Omar, qu’Allah l’agrée, a dit :
« Nous avons vécu une partie de notre vie, où l’un d’entre
nous recevait [= apprenait] la foi avant d’apprendre le Co-
ran. Une sourate était révélée à Muhammad ‫ ; ﷺ‬nous ap-
prenions alors ce qui y était (décrété) licite et ce qui y était
(décrété) illicite, ainsi que là où il convenait de s’arrêter [la
fin des phrases], comme vous, vous apprenez aujourd’hui le
Coran.
Et nous avons vu aujourd’hui des hommes qui apprennent
le Coran avant la foi. Il récite le Coran du début à la fin, et
ne sait pas ce qu’il ordonne, ni ce qu’il interdit, ni là où il
convient de s’arrêter » (Al-Itqân) Al Bayhaqî.
ْ‫ لَق َ ْد عِشْنَا بُرْه َة ً م ِن‬: ‫ل‬ َ ْ ‫ بقول عَبْد َ ال ه ِ ب‬: ‫وعن عبد ال ه بن عمر‬
ُ ‫ يَق ُو‬،َ ‫ن ع ُم َر‬

َ ‫سورَة ُ عَلَى مُحَم ّدٍ صَلَ ّى‬


ُ ‫الل ّه‬ ّ ُ ‫ل ال‬
ُ ِ‫ و َتَنْز‬،ِ‫ل الْقُر ْآن‬ َ ْ ‫دَهْرٍ و َأَ حَد ُن َا ي َر َى أو يأتى ال ِْإ يمَانَ قَب‬
ُ ‫ وَم َا يَن ْبَغ ِي أَ ْن نُوق ََف عِنْدَه‬،‫جر َه َا‬ ِ ‫ و َأَ مْرَه َا وَز َا‬،‫س َل ّم َ فَنَتَع َل ّم ُ ح َلَالَهَا وَحَر َامَهَا‬
َ َ ‫عَلَيْه ِ و‬

27
َ‫ ث َُم ّ لَق َ ْد ر َأَ ي ْتُ ال ْيَوْم َ رِج َال ًا يُؤ ْتَى أَ حَد ُهُم ُ الْقُر ْآن‬،َ‫ كَمَا تَع ََل ّم ُونَ أَ ن ْتُم ُ ال ْيَوْم َ الْقُر ْآن‬،‫مِنْهَا‬

ِ ‫ وَل َا ي َ ْدرِي م َا أَ مْرُه ُوَل َا ز َا‬،ِ ‫ فَيَقْر َُأ م َا بَيْنَ فَاتِ حَتِه ِ ِإلَى خ َاتِمَتِه‬،ِ‫ل ال ِْإ يمَان‬
‫ وَل َا‬،ُ ‫جرُه‬ َ ْ ‫قَب‬
ِ ْ ‫م َا يَن ْبَغ ِي أَ ْن يَق َِف عِنْدَه ُ مِن ْه ُ و َيَن ْث ُرُه ُ نَثْر َ ال َد ّق‬
‫ل و كل حرف منه ينادي أنا رسول‬
.‫ال ه إليك لتعمل بي و تتعظ بمواعظي‬
Jundub ibn ‘Abdillah (qu’Allah l’agrée) nous raconte son expérience :
« Nous étions, jeunes hommes, auprès du Prophète ‫ﷺ‬. Nous
apprîmes la foi avant d’apprendre le Coran. Puis nous ap-
prîmes le Coran, ce qui fit augmenter notre foi » (rapporté
par Ibn Mâja, 61).
‫ كنا مع رسول ال ه ونحن غلمان )ما‬: ‫فعن جندب بن عبد ال ه رضي ال ه عنه قال‬
‫ سنوات( فتعلمنا الايمان قبل القرآن ثم تعلمنا القرآن فازددنا‬٥) ‫دون البلوغ( أزاور‬
.‫به الايمان وأنتم اليوم تعلمون القرآن قبل الايمان‬

Toutes ces paroles des compagnons vont dans le même sens, on y


apprend que :
— Le « sens » et les « mots » du Coran étaient étudiés.
— Le « sens » du Coran (compréhension, méditation et mise en
pratique) était plus important que ses « mots ».
— Le nom de la méthodologie prophétique dans l’enseignement du
Coran était « la foi avant le Coran » (al iman qabl al Quran),
autrement dit, le « sens » du Coran avant ses « mots ».
— Aucune parole ne mentionne une méthodologie différente, en-
core moins opposées. Nous pouvons même parler d’unanimité
des Compagnons, qu’Allah les agrée.
— Cette méthodologie était générale ; elle concernait tous les Com-
pagnons, petits et grands, car toutes ces paroles sont à la pre-
mière personne du pluriel « nous », autrement dit, nous les Com-
pagnons.
— Il y a une critique claire de la méthodologie opposée.
— cette méthodologie convient aux enfants.
Ibn Al Qayyim qu’Allah lui fasse miséricorde, a dit à propos du
Prophète ‫ ﷺ‬:

28
« Son intérêt pour l’explication du « sens » du Coran était
plus important que son intérêt pour l’apprentissage de ses
« mots » et ceci est la méthodologie à suivre. En effet, le
« sens » du Coran est le but de sa Révélation alors que ses
« mots » ne sont qu’un moyen qui nous aide à atteindre cet
objectif » 6

Ibn Al Qayyim qu’Allah lui fasse miséricorde, a dit à propos des


Compagnons :
« Ils ont appris du Prophète ‫ ﷺ‬les « mots » du Coran ainsi
que son « sens ». Leur intérêt pour le « sens » du Coran était
plus grand que leur intérêt pour ses « mots ». Ils apprenaient
en premier les sens du Coran ensuite ils apprenaient ses mots
pour consolider son sens. » 7

Parlons à présent des disciples des compagnons, les tabi’is :


Abu ’Abdir Rahman As Sulami, qu’Allah lui fasse miséricorde, était
un des disciples des compagnons. Il a appris le Coran avec ’Othman Ibn
’Affan, Aly, Oubey, Zayd ibn Thabit et ’Abdallah ibn Mas’oud (qu’Allah
les agrée).
Il est rapporté que suite à l’écoute du hadith dans lequel le Pro-
phète ‫ ﷺ‬a dit :
« Le meilleur d’entre vous est celui qui apprend le Coran et
l’enseigne »

Il enseigna le Coran 40 ans dans la mosquée d’Al Kouffa, puis il dit :


« C’est ce hadith qui m’a retenu à cette place-ci (ensei-
gnant) ». 8

Il a également dit, décrivant la méthodologie d’apprentissage des


compagnons :
6. résumé du livre « les foudres envoyées »
7. résumé du livre « les foudres envoyées »
8. (Rapporté par Al Boukhari)

29
« Ceux qui nous enseignaient le Coran tels que Uthman
Ibn ‘Affân et ‘Abdullah Ibn Mas’ûd et d’autres, nous ont
rapporté que lorsqu’ils apprenaient du Prophète (paix et
salut sur lui) dix versets, ils ne les dépassaient pas avant
d’avoir appris ce qu’ils contenaient de savoir et d’actes. Ils
dirent ensuite : nous apprîmes le savoir et la mise en pratique
en même temps ».

Dans une autre version : ils dirent :

« Nous apprîmes le Coran et la mise en pratique en même


temps ».

Dans une troisième version : ils dirent :


« Nous apprîmes le Coran, le savoir et la mise en pratique
en même temps ».

Hassan al basry, qu’Allah lui fasse miséricorde, a dit :


« Ceux qui vous ont précédés ont compris que le Coran
était un message de leur seigneur. Ils le méditaient la nuit
et l’appliquaient la journée ».
‫ ألا إن من كان قبلـكم فقهوا أن القرآن رسائل من ربهم‬: ‫قال الحسن البصري‬
.‫فكانوا يتدبرونها بالليل وينفذونها بالنهار‬

Il dit également :
« Certes l’un d’entre vous dit : « J’ai récité tout le Coran
sans en oublier une seule lettre ». C’est un menteur, il n’a
rien récité. Par Allah, on ne voit pas les effets du Coran
dans son comportement ni ses actes. Ceux-là ne sont pas
des récitateurs, ni des savants ni des sages. Quand est-ce
que les savants ont dit une chose pareille » ?

Allah le très haut dit :


[Nous allons te révéler une parole lourde (le Coran)] (sourate
al Muzammil verset 5)

30
Ce qui est sous-entendu c’est sa mise en pratique. Allah le très haut
dit :
[Lorsque nous lisons le Coran, suis sa récitation] (sourate al
Qiyamah verset 18) :

Déclare licite le licite et déclare illicite l’illicite. Lorsque le Prophète ‫ﷺ‬


est décédé, peu de Compagnons avaient mémorisé le Coran dans sa
globalité, car ils l’honoraient et s’appliquaient à le comprendre et le
mettre en pratique »

‫ كذ َبَ لعَمْر ُال ه‬،‫ قرأت القرآنَ ما أسقطْتُ منه حرفًا‬: ‫ وإن أحدكم يقول‬: ‫قال الحسن البصري‬
! ‫لقد أسقط كله وال ه وال ه ما يرى في خ ُلقه و لا عمله و ما هؤلاء القراء ولا العلماء ولا الحكماء‬
َ ْ ‫ ﴿ ِإ َن ّا سَنُلْقِي عَلَي‬: ‫ومتى كانت القراء تقول مثل هذا؟ ! إن ال ه سبحانه وتعالى يقول‬
‫ك قَوْل ًا ثَق ِيل ًا‬
﴾ ُ ‫ ﴿ ف َِإذ َا ق َرأْ َ ن َاه ُ فَا َت ّبِـعْ قُر ْآنَه‬: ‫ وقال عز وجل‬،‫ل به‬
َ ‫[؛ يريد جل ثناؤه العم‬٥ : ‫﴾ ]المزمل‬
‫ وما‬،‫ ولقد توف ِ ّي رسول ال ه صلى ال ه عليه وسلم‬،‫ وحرّ ِم حرام َه‬،‫ حلِّلْ حلاله‬: ‫[؛ أي‬١٨ : ‫]القيامة‬
‫ ومتابعة‬،‫ْظ القرآن من أصحابه رضوان ال ه تعالى عليهم إلا النفر ُ القليل؛ استعظام ًا له‬
َ ‫استكمَل َ حف‬
.‫ والعمل بمحكمه ومتشابهه‬،‫أنفسهم بحفظ تأو يله‬

Al Foudayl ibn ‘Iyad, qu’Allah lui fasse miséricorde a dit :


«Le Coran a été révélé pour être mis en pratique mais mal-
heureusement les gens ont pris sa récitation comme seule
pratique»
«‫» إنما نزل القرآن لي ُعمل به فاتخذ الناس قراءته عملا‬: ‫قال الفضيل‬

Comme les Compagnons, leurs disciples avaient compris que le but


de Coran était sa mise en application. Ils passaient leur temps à étudier
son sens. On observe également qu’ils blâment tous la méthodologie
opposée à celle du Prophète ‫ ﷺ‬qui est celle de privilégier les « mots »
sur le « sens »
Les grands savants qui suivirent les disciples des compagnons : Ils
étaient du même avis ; voici par exemple quelques paroles de Cheikh al
islam ibn Taymiyah, qu’Allah lui fasse miséricorde :
« Ce qui est demandé, en ce qui concerne le Coran, c’est la

31
compréhension de son sens et sa mise en pratique. Si cela
n’est pas l’objectif de celui qui le mémorise, il ne fait pas
partie des gens de science ni des gens du savoir, même s’il a
mémorisé tout le Coran ou une grande partie. Apprendre ce
qu’il comprend du Coran est mieux que de réciter ce qu’il
ne comprend pas ».
‫ فإن لم‬،‫ و المطلوب من القرآن هو فهم معانيه و العمل به‬: ‫قال ابن تيمية رحمه ال ه‬
‫تكن هذه هم ّة حافظه لم يكن من أهل العلم و الدين و ان كان قد حفظ القرآن‬
‫ فتعلمه لما يفهمه من معاني القرآن أفضل من تلاوة‬.‫أو بعضه و هو لم يفهم معانيه‬
.‫ما لا يُفهم معانيه‬

Il nous dit également en commentant le hadith « Le meilleur d’entre


vous est celui qui apprend le Coran et l’enseigne » :
Est sous-entendu dans ce hadith l’enseignement de ses mots
et de son sens. L’apprentissage de son « sens » est l’objectif
principal de l’enseignement de ses « mots » car c’est ceci qui
augmente la foi ».
‫ دخل في معنى قوله )خيركم من تعلم القرآن و علمه( تعليم‬: ‫قال ابن تيمية رحمه ال ه‬
‫حروفه و معانيه جميعا بل تعلم معانيه هو المقصود الأول بتعليم حروفه و ذلك هو‬
.‫الذي يزيد الإيمان‬

Il est rapporté que l’on amena à l’imam Malik un enfant de 7 ans


qui avait fini la mémorisation complète du Coran, il répondit :
« Ceci n’est pas nécessaire ».

Il a blâmé cette chose car apprendre rapidement et sans comprendre est


contraire à la méthodologie Prophétique.
Après avoir cité tous ces textes, nous pouvons dire que la métho-
dologie Prophétique dans l’enseignement du Coran se compose de trois
grands axes :
1. L’enseignement des « mots » et du « sens » du Coran : « Nous
avons appris le Coran, la science et la mise en pratique en même
temps ».

32
2. Le Prophète ‫ ﷺ‬commençait par enseigner le sens du Coran, puis
il enseignait ses mots. « Nous apprîmes la foi (sens) avant d’ap-
prendre le Coran (mots), puis nous apprîmes le Coran (mots), ce
qui fit augmenter notre foi ».
3. Lorsque le prophète ‫ ﷺ‬enseignait « sens » du Coran, Il ‫ ﷺ‬en-
seignait le savoir et la mise en pratique en même temps. Son
enseignement ne se limitait pas à une simple transmission d’in-
formations, mais celui-ci impliquait une méditation et une mise
en pratique. « Nous avons appris le savoir et la mise en pratique
en même temps ».
Cette méthodologie est résumée dans le verset suivant, Allah le très
Haut dit (sens du verset) :
[Notre Seigneur ! Envoie l’un des leurs comme messager parmi
eux, pour leur réciter Tes versets, leur enseigner le Livre et
la Sagesse, et les purifier. Car c’est Toi certes le Puissant, le
Sage]. (Al Baqarah 129)

ْ ِ ‫ك و َيُع َل ِّمُهُم ُ الْكِتَابَ و َالْح‬


ۚ ‫كم َة َ و َي ُزَكّ ِيه ِ ْم‬ ْ ‫ر َ َب ّنَا و َابْع‬
َ ِ ‫َث ف ِيه ِ ْم رَسُول ًا مِّنْه ُ ْم يَت ْلُو عَلَيْه ِ ْم آي َات‬
َ ّ ‫ِإ َن‬
(١٢٩ ‫ )البقرة‬.ُ ‫ك أَ نتَ الْعَزِيز ُ الْحَكِيم‬

Les savants disent à propos de ce verset :


— « pour leur réciter tes versets » : signifie la lecture répétée qui a
pour objectif la compréhension des versets.
— « Leur enseigner le Livre » : l’imam al Qortoby a dit :
« Ce verset signifie enseigner le sens des versets ».
— « Et la Sagesse » : signifie enseigner la mise en application de
ces versets. L’imam ibn Rajab, qu’Allah lui fasse miséricorde, a
dit :
« La sagesse citée dans ce verset est la science profitable
et les bonnes actions ».
— « Et les purifier » : c’est-à-dire purifier leur âme par ce qu’ils ont
appris des sens et de la mise en application du Coran, car ceci
est le plus grand objectif.

33
Ô mon frère enseignant, ô ma sœur enseignante, prends une minute
pour réfléchir à ton enseignement actuel, et compare le à celui de notre
bien aimé ‫ ﷺ‬et de ses Compagnons (qu’Allah les agrée).
Ton enseignement est-il conforme à l’enseignement du Prophète ‫? ﷺ‬
Tes élèves profitent-ils du Coran comme il est demandé ?
Prends conscience que par ton enseignement, tes élèves doivent évo-
luer, progresser et s’améliorer.
Puis imagine-toi le jour du jugement dernier, être élevé au rang des
prophètes grâce à ton enseignement.
Imagine-toi recevoir régulièrement des montagnes de bonnes actions
après ta mort. Tu te demanderas d’où viennent-elles ? On te répondra
qu’elles sont seulement les fruits de ton enseignement.
Transmettre les « sens » du Coran, ceci doit être notre objectif et
n’oublie pas que ceci est facile avec l’aide d’Allah, car lui-même nous
dit :
[En effet, Nous avons rendu le Coran facile pour la médita-
tion. Y a-t-il quelqu’un pour réfléchir ?] (Al Qamar 17)

.
Après la lecture de ce chapitre, nous allons essayer d’établir une
comparaison entre l’enseignement et l’appritissage actuels du Coran et
l’enseignement et l’apprentissage du Coran au temps du prophète ‫ ﷺ‬et
des compagnons qu’Allah les agrée.
Suivons-nous la sunna du Prophète ‫ ﷺ‬en ce qui concerne l’enseigne-
ment du Coran ? Sommes-nous sur les traces des Compagnons en ce qui
concerne l’apprentissage du Coran ?
Nous allons essayer de répondre à cette question dans le chapitre
suivant en comparant notre situation avec ce qui se passait du temps
du prophète ‫ ﷺ‬et des compagnons qu’Allah les agrée.

34
Chapitre 3

Comparaison entre
l’enseignement et
l’apprentissage du Coran
actuels et l’enseignement et
l’apprentissage du Coran au
temps du Prophète ‫ ﷺ‬et des
Compagnons (qu’Allah les
agrée)

Il est important de préciser que le but de ce chapitre n’est pas de


critiquer le travail fourni par un grand nombre d’enseignants et respon-
sables d’associations, qu’Allah le très haut les récompense.
Le but est de mettre en avant les différences qu’il y a entre l’ensei-
gnement du Coran actuel et celui du Prophète ‫ ﷺ‬pour pouvoir nous
corriger et nous améliorer dans cette tâche ô combien importante.

35
Nous cherchons par ce travail à nous élever en passant d’une récita-
tion passive du Coran à sa mise en pratique.
Nous n’appelons pas au délaissement de la lecture du Coran mais
nous appelons à le lire avec le cœur.
Nous n’appelons pas au délaissement de l’écoute du Coran mais nous
appelons à l’écouter avec notre cœur.
Nous n’appelons pas au délaissement de la mémorisation du Coran,
au contraire, nous appelons à sa mémorisation et à la préservation de
sa compréhension et de sa mise en pratique.
Nous n’appelons pas au délaissement de l’enseignement du Coran
mais nous appelons à l’enseignement de ses mots et de ses sens.

3.1 Le concept des buts et des moyens

36
Ibn Al Qayyim (qu’Allah lui fasse miséricorde) a dit à propos du Pro-
phète ‫ ﷺ‬:
« Son intérêt pour la transmission du sens du Coran était
plus important que son intérêt pour la simple récitation de
ses mots et telle est la méthodologie à suivre. En effet, la
transmission du sens du Coran est le but de sa Révélation
alors que ses mots ne sont qu’un moyen qui nous aide à
atteindre ce but ». 1

Nous voyons que le Prophète ‫ ﷺ‬avait fait de la récitation, de l’étude


des règles de tajwid et de la mémorisation du Coran un moyen qui nous
amène à atteindre le but ultime du Coran qui est sa mise en pratique.
Aujourd’hui, nous voyons que le rapport entre le but et les moyens
est totalement inversé. En effet la majorité des efforts fournis dans l’en-
seignement du Coran et son apprentissage concernent les moyens et non
les buts. Nous avons des cours de récitation du Coran, de psalmodie et
de mémorisation, alors que les cours de compréhension et de mise en ap-
plication du Coran sont quasi-inexistants, à tel point que nous sommes
devenus des gens qui lisent le Coran pour lire et non plus pour le com-
prendre ni le mettre en pratique. La mémorisation est devenue notre
but ultime, alors qu’auparavant, ce n’était qu’un moyen.
Tous les Compagnons faisaient partie du groupe privilégié des « adeptes
du Coran » (ahl al quran) ; ceci ne veut pas dire qu’ils l’ont tous mémo-
risé mais ceci veut dire qu’ils le mettaient tous en pratique. Aujourd’hui
nous vivons l’inverse, nous nous concentrons sur les moyens à tel point
d’en oublier les buts. Nous avons pris comme le dit Al Foudayl (qu’Allah
lui fasse miséricorde) la récitation du Coran pour seul acte d’adoration.
Il existe des cours d’exégèse du Coran (tafsir), mais malheureuse-
ment, ils sont rares et se limitent à la théorie car ils ne donnent pas
naissance à une pratique quotidienne du Coran ni à un changement de
comportement et de caractère. Par ailleurs, ils sont souvent enseignés
après la mémorisation, alors que l’on a vu dans les chapitres précédents
qu’ils devraient être donnés avant la mémorisation. En effet celle-ci reste
1. (résumé du livre « les foudres envoyées » p 99)

37
un moyen alors que leur application est un but. De plus, il est beaucoup
plus simple de mémoriser une chose que l’on comprend et applique.

3.2 La négligence dans les actes obligatoires


et la rigueur dans les actes recomman-
dés

Petit rappel de jurisprudence islamique :


1. La lecture du Coran sans compréhension est « mustahabbah »
(recommandée) pour la majorité des savants, « makrouhah »
(détestable) pour d’autres.
2. L’étude des règles de récitation (tajwid) est « mustahabbah »
(recommandée) pour la majorité des savants. Pour les savants
du tajwid elle est « fard al ‘ayn » (obligation individuelle) en ce
qui concerne les grandes erreurs (al lahn al jaly).
3. La mémorisation du Coran est « mustahabbah » (recommandée)
pour la majorité des savants. Pour certains savants c’est « fard
kifaya » (obligation communautaire).
4. La compréhension du Coran est « fard al ’ayn » (obligation in-
dividuelle) selon l’unanimité des savants.
5. La méditation du Coran est « fard al ‘ayn » (obligation indivi-
duelle) selon l’unanimité des savants.
6. La mise en pratique du Coran est « fard al ‘ayn » (obligation
individuelle) selon l’unanimité des savants.
La compréhension du Coran, sa méditation et son application sont
des obligations pour le Musulman, tandis que sa mémorisation et l’étude
de ses règles de récitation sont recommandées. Nous voyons qu’aujour-
d’hui ce principe d’obligations et de recommandations est inversé. Tous
nos efforts sont dirigés vers la mémorisation du Coran en délaissant sa
compréhension, sa méditation et son application.
Pour donner un exemple concret, c’est comme si une personne nous
demandait de lui enseigner la prière, que nous acceptions et que nous

38
lui enseignons simplement les prières surérogatoires sans lui parler des
cinq prières quotidiennes obligatoires.
L’exemple de la prière nocturne du mois de Ramadan (salat At Ta-
raweh) est très parlant également ; nous voyons des Musulmans ne pas
rater une unité de prière de salat « At Taraweh », qui est une prière
surérogatoire, à la mosquée malgré son heure tardive, mais ils ne prient
aucune prière obligatoire à la mosquée et il se peut même qu’ils ne les
prient pas à l’heure, voire qu’ils ne prient pas du tout.
Par ailleurs, dans les fondements du fiqh il y a une règle très impor-
tante qu’il faut citer maintenant :
« Toute obligation est facilitée ».

Cette règle concerne toute les obligations, ayant un rapport ou non avec
le Coran. La compréhension, méditation et mise en pratique sont des
obligations ; elles sont facilitées car elles rentrent dans la généralité de
cette règle et elles rentrent dans la particularité de la Parole d’Allah le
Très Haut (sens des versets) :
[En effet Nous avons rendu le Coran facile, alors, y a-t-il
quelqu’un pour réfléchir ». (al Qamar v.17).
﴾‫﴿ولقد يسرنا القرآن للذكر فهل من مدكر‬

Ce verset se répète 4 fois dans la sourate « al Qamar» et Ibn Al


Qayyim, qu’Allah lui fasse miséricorde, a dit :
« La facilité du Coran a plusieurs aspects :
• Allah le Très Haut a facilité la mémorisation de ses mots,
• Il a facilité la compréhension de son sens,
• Il a facilité l’application de ses ordres et l’éloignement de
ses interdits. »

Il est nécessaire aujourd’hui de revoir nos priorités et de recentrer


nos efforts sur le « sens » du Coran avant la récitation de ses « mots ».

39
3.3 Le concept de préservation du Coran

A l’époque du Prophète ‫ﷺ‬, lorsque l’on parlait de préservation ou


de mémorisation du Coran (hifdz) on comprenait la préservation de ses
mots avec la mémorisation, la préservation de son sens avec l’explication,
la méditation et la mise en pratique.
Aujourd’hui quand on parle de préservation du Coran (hifdz), on se
contente de la préservation de ses mots (mémorisation) tout en délais-
sant sa compréhension, méditation et mise en pratique.
Il est rapporté qu’une délégation est venue voir le calife ‘Omar ibn
al Khattab (qu’Allah l’agrée). Ils lui ont dit : « Parmi nous, il y a une
personne qui a mémorisé le Coran en entier », ‘Omar (qu’Allah l’agrée),
le récompensa par des cadeaux. L’année suivante, la même délégation
est venue avec 700 personnes ayant mémorisé le Coran ; ‘Omar qu’Allah
l’agrée, ne les récompensa pas et dit : « J’ai peur qu’ils ne le comprennent
pas ».
Anas (qu’Allah l’agrée) a dit :
« L’intérêt principal des savants est la compréhension alors
que l’intérêt principal des faibles d’esprits est la narration ».
.‫ إن العلماء همتهم الوعاية وإن السفهاء همتهم الرواية‬: ‫قال أنس رضي ال ه عنه‬

Ibn Taymiyyah (qu’Allah lui fasse miséricorde) a dit :


« … et pour nous les adeptes des hadiths ne sont pas ceux
qui les écoutent, les écrivent et les rapportent mais ce sont
ceux qui les mémorisent, les connaissent, les comprennent et
les mettent en pratique. Il en est de même pour le Coran. On
reconnaît ces gens par l’amour qu’ils portent pour le Coran
et les hadiths et les efforts qu’ils font pour les comprendre
et les appliquer ».
‫ ونحن لا نعني بأهل الحديث المقتصرين على سماعه أو كتابته أو روايته‬: ‫ابن تيمية‬
‫بل نعني بهم كل من كان أحق بحفظه ومعرفته وفهمه ظاهرا وباطنا واتباعه باطنا‬
‫ وأدنى خصلة في هؤلاء محبة القرآن والحديث والبحث‬،‫وظاهرا وكذلك أهل القرآن‬

40
.‫عنهما وعن معانيهما والعمل بما علموا بموجبهما‬

Il dit également :
« Ce qui est demandé, en ce qui concerne le Coran, c’est la
compréhension de son sens et sa mise en pratique. Si cela
n’est pas l’objectif de celui qui le mémorise, il ne fait pas
partie des gens de science ni des gens du savoir, même s’il a
mémorisé tout le Coran ou une grande partie. Apprendre ce
qu’il comprend du Coran est mieux que de réciter ce qu’il
ne comprend pas ».

L’imam at Tourtouchy (qu’Allah lui fasse miséricorde) a dit :


« Le fait de de se concentrer sur les mots du Coran en dé-
laissant leurs sens fait partie des innovations ».

Puis il dit en commentant le verset : [Ceux qui ont été chargés de la


Thora mais qui ne l’ont pas appliquée sont pareils à l’âne qui porte des
livres]. (al joumou’a V.5) : Il dit :
« Est concerné par ce verset celui qui mémorise le Coran
parmi les gens de notre communauté, mais qui ne le com-
prend pas, ni ne le met en pratique ».

‫ ومما ابتدعه الناس في القرآن الاقتصار على حفظ حروفه دون‬: ‫قال الطرطوشي‬
‫ فدخل في عموم‬: ﴾‫التفقه فيه وقال تعليقا على قوله تعالى ﴿مثل الذين حملوا التوراة‬
.‫هذا من يحفظ القرآن من أهل ملتنا ثم لا يفهمه و لا يعمل بما فيه‬

3.4 Le concept de la « rapidité » et de la


« consolidation »

L’étude du Coran a pour but d’éduquer l’homme et de forger son


caractère. Notre Prophète ‫ ﷺ‬le savait bien, c’est pour cela que sa mé-
thodologie n’était pas fondée sur le principe de la rapidité mais plutôt

41
sur celui de la consolidation. Il est connu que « l’empressement n’est
pas compatible avec une bonne éducation ».
Comme cité plus haut, ‘Omar ibn al Khattab (qu’Allah l’agrée), a
appris la sourate al Baqarah en 12 ans et son fils ‘Abdullah (qu’Allah
l’agrée), en 8 ans. Abdullah ibn ‘Abbas (qu’Allah l’agrée), a mis plu-
sieurs années pour apprendre « al mufassal ». Cet apprentissage lent,
n’est pas dû à un problème de mémorisation, mais il est plutôt dû à un
souci de compréhension et de mise en pratique des versets.
Abdullah ibn ‘Omar (qu’Allah l’agrée), rapporte que son père lui a
demandé un jour :
« Combien de sourates as-tu mémorisé ? Il répondit :
— Dix sourates. Il posa la même question à son frère ‘Obay-
dallah (qu’Allah l’agrée). Son frère répondit :
— Une sourate. Puis Abdullah (qu’Allah l’agrée) dit :
— Notre père ne nous a pas blâmés, il nous a simplement
dit :
— Si vous voulez apprendre quelque chose du Coran, com-
mencez par le mufassal car il est plus simple ».
‫ كم معك من القرآن؟ قلت عشر سور فقال‬: ‫ سألني عمر‬: ‫عن عبد ال ه بن عمر قال‬
‫ فلم يأمرنا ولم‬: ‫ قال عبد ال ه‬.‫ سورة‬: ‫ كم معك من القرآن؟ قال‬: ‫لعبيد ال ه بن عمر‬
.«‫ »فإن كنتم متعل ِّمين منه بشيء فعليكم بهذا المفصل فإنه أيسر‬: ‫ينهنا غير أنه قال‬

Aujourd’hui notre apprentissage et notre enseignement sont basés


sur le concept de la rapidité. Il faut mémoriser vite car il faut finir le
programme, il faut mémoriser vite car le but est de mémoriser. Com-
prendre, méditer et appliquer n’est pas important.
Tout cela est contraire à ce qui se faisait au temps du Prophète ‫ﷺ‬
car les Compagnons prenaient leur temps pour comprendre et mettre
en pratique le Coran.
Citez-moi d’ailleurs un Compagnon ayant mémorisé le Coran en un
mois, deux mois, un an ou deux ?

42
3.5 Le concept de « quantité » et de « qua-
lité »

Le Prophète ‫ ﷺ‬privilégiait la qualité à la quantité. D’ailleurs ceci


est un concept Coranique, Allah le très haut, nous dit dans la sourate
Al Mulk (sens des verset) :
[Celui qui a créé la mort et la vie afin de vous éprouver (et
de savoir) qui de vous est le meilleur en œuvre, et c’est Lui
le Puissant, le Pardonneur ». (sourate al Mulk v.2)

L’épreuve d’Allah ne consiste pas à nous faire accomplir le plus grand


nombre d’actes d’adoration possible, mais elle consiste à nous faire ac-
complir les meilleurs actes d’adoration.
La quantité n’est pas le plus important, en effet une seule sourate
qui peut nous sembler courte, peut, si elle est comprise, méditée et mise
en pratique, nous sauver de l’Enfer et nous faire entrer au Paradis alors

43
qu’au contraire, plusieurs sourates non comprises, non méditées et non
appliquées peuvent témoigner contre nous le jour du jugement dernier.
En effet le Prophète ‫ ﷺ‬nous a dit :
« Le Coran est une preuve pour ou contre toi ».

Les compagnons nous rappellent également ce concept : ‘Abdullah


ibn Mas’oud (qu’Allah l’agrée) nous dit :
« Lorsque l’un d’entre nous apprenait dix versets, il n’allait
pas plus loin sans en connaître leur sens et les mettre en
pratique ».
‫قال سيدنا عبد ال ه بن مسعود رضي ال ه عنه «كان الرجل منا إذا تعلم عشرة أيات‬
.«‫لا يجاوزهن حتى يعرف معانيهن و العمل بهن‬

Il est important de se fixer comme objectif, avant de faire partie des


« adeptes du Coran », de faire partie des « adeptes d’un verset » puis
des « adeptes d’une sourate ».
Il nous faut découvrir les trésors que peut renfermer une sourate
même très courte, pour que nous puissions profiter de ses effets et les
partager.
Malheureusement aujourd’hui, dans notre apprentissage, nous pri-
vilégions la quantité au détriment de la qualité et ceci est contraire à
la Sunna de notre bien aimé ‫ﷺ‬. Nous sommes tous d’accord sur le fait
que celui qui peut apprendre beaucoup et bien doit le faire ; mais en cas
d’incompatibilité, il faut revenir à la sunna du prophète ‫ﷺ‬, et privilégier
la qualité.

3.6 La notion d’« habitude » et d’« ado-


ration »

Aujourd’hui la notion d’« habitude » (ou rituel mécanique) a pris


le dessus sur la notion d’« adoration » dans notre pratique générale et
dans notre relation avec le Coran en particulier.

44
De nos jours, nous négligeons beaucoup l’adoration, surtout l’ado-
ration du cœur pour laisser la place à un rituel gestuel.
Beaucoup d’entre nous prient mais en réalité ne prient pas ; ils prient
avec leur corps mais leur cœur est absent ; il n’y a aucune concentration
ni méditation ni recueillement ni humilité.
D’autres jeûnent mais en réalité ne jeûnent pas ; ils se privent de
nourriture et de boisson mais ne s’interdisent pas les péchés.
Notre Prophète‫ ﷺ‬dit :
« Il est possible qu’un jeûneur ne récolte de son jeûne que
la faim et la soif et il est possible que quelqu’un qui prie la
nuit ne récolte de sa prière que la fatigue ». 2
‫ » رب صائم ليس له من صيامه إلا الجوع‬: ‫قال رسول ال ه صلى ال ه عليه وسلم‬
.« ‫ ورب قائم ليس له من قيامه إلا السهر والتعب‬، ‫والعطش‬

D’autres invoquent Allah le très haut, mais en réalité ne l’invoquent


pas car leur cœur est distrait.
Le Prophète ‫ ﷺ‬a dit :
« Invoquez Allah tout en étant convaincus qu’Il vous exau-
cera et sachez qu’Allah n’exauce pas les invocations d’un
cœur distrait » (Rapporté par Tirmidhi).
‫ واعلموا أن‬،‫ »ادعوا ال ه وأنتم موقنون بالإجابة‬: ‫قال رسول ال ه صلى ال ه عليه وسلم‬
.«‫ال ه لا يستجيب دعاء من قلب غافل‬

Certains lisent le Coran mais en réalité ils ne le lisent pas, ils lisent
ses mots sans le comprendre, ni le méditer, ni le mettre en pratique.
Il a été rapporté à Aïcha (qu’Allah l’agrée) que des gens récitaient
le Coran (dans sa globalité) une fois ou deux fois dans la même nuit.
Elle a dit :
« Ils ont récité sans réciter ».
2. (Rapporté par Ibn Khouzeima et al Hakim et jugé Sahih (authentifié) par le
Cheikh Albani )

45
Puis elle dit :
« Je priais la nuit avec le Prophète ‫ ; ﷺ‬il récitait les sourates
al Baqarah, al ‘Imran et an Nissa, et il ne récitait pas un
verset mentionnant la crainte d’Allah sans demander protec-
tion à Allah ; il ne récitait pas un verset mentionnant une
bonne nouvelle sans invoquer Allah et la désirer ». 3

Il faut qu’on arrive à se libérer de cette notion d’« habitude » pour


pouvoir vivre nos adorations avec le corps et le cœur.

3.7 Le concept du « cœur » et de la « rai-


son »

Nous remarquons qu’aujourd’hui, notre apprentissage et notre en-


seignement du Coran font appel essentiellement à la raison et non au
cœur.
3. (le musnad de l’imam Ahmed)

46
Dans l’apprentissage du Coran, la raison a pour rôle de recevoir les
informations, de les trier et de les envoyer au cœur.
Le cœur quant à lui comprend l’information, la médite et envoie les
consignes aux autres membres du corps (les soldats). Si le cœur n’est pas
interpellé ni concerné, il n’accomplira pas son rôle et donc il ne donnera
pas les bonnes instructions aux autres membres du corps.
Le Prophète ‫ ﷺ‬nous dit :
”En vérité, il y a dans le corps humain un morceau de chair
qui, s’il est sain, permet au corps tout entier de prospérer
et qui, en mauvais état, le corrompt en entier. Ce morceau
de chair n’est autre que le cœur”. (Rapporté par al Bukhari
et Muslim).

A l’enseignant d’interpeller le cœur de ses élèves pour qu’ils passent


d’un apprentissage passif à un apprentissage actif.

3.8 La notion de « récompense » et de


« bénédiction » (ses effets dans ta vie
quotidienne)

La récitation du Coran est un moyen d’accéder à beaucoup de ré-


compenses ; le Prophète ‫ ﷺ‬nous dit :
« Celui qui lit une lettre du Livre d’Allah a pour cela la
récompense d’une bonne action et la bonne action compte
10 fois. Je ne dis pas que Alif Lam Mim est une lettre mais
que Alif est une lettre, Lam est une lettre et Mim est une
lettre ». (Rapporté par Tirmidhi et authentifié par le Cheikh
Al Albani).

Pour obtenir ces récompenses, comprendre le Coran et le méditer ne


sont pas des conditions.

47
Mais il ne faut surtout pas oublier la notion « de bénédiction » du
Coran. Le Prophète ‫ ﷺ‬nous dit à titre d’exemple :
« Celui qui récite le matin le verset du trône sera préservé
des djinns jusqu’au soir et celui qui le récite le soir sera pré-
servé d’eux jusqu’au lendemain » (Rapporté par al Hakim
et authentifié par al Albani).

Contrairement aux récompenses, les effets de la récitation du Coran


et des invocations ont besoin de compréhension de leur sens. Certains
parmi nous récitent « le verset du trône » tous les soirs avant de se
coucher, mais ils font quand même des cauchemars. Lorsque tu leur
poses la question, « Est-ce que tu comprends ce verset » ? il te répond
que non.
Comment veux-tu bénéficier de la bénédiction du Coran (de ses effets
dans ta vie quotidienne) si tu ne comprends pas ce que tu récites, alors
que le Prophète ‫ ﷺ‬nous dit :
« Invoquez Allah tout en étant convaincus qu’Il vous exau-
cera et sachez qu’Allah n’exauce pas les invocations d’un
cœur distrait ».

Ce principe est valable pour la lecture du Coran, les invocations


(dou’as) et les évocations (dhikr).
A nous de travailler sur les sens du Coran, des invocations et des
évocations pour pouvoir obtenir leur récompense et leurs bénédictions.
Il est important de préciser ici que la personne qui mémorise le
Coran avec la méthodologie actuelle, même si elle est différente à la
méthodologie du Prophète ‫ ﷺ‬sur certains points, est meilleur que la
personne qui n’a aucune relation avec le Coran.
Il ne faut surtout pas utiliser ces arguments pour nous rassurer dans
notre manque d’implication quant à la lecture et mémorisation du Co-
ran.
Tout le monde sait qu’Allah le Très Haut accorde une grande récom-
pense à tous les lecteurs du Coran, mais il ne faut pas négliger que plus

48
on se rapprochera de la méthodologie Prophétique, plus la récompense
sera grande inchaAllah.

49
Chapitre 4

Les conséquences du suivi ou


non de la méthodologie
prophétique

Comme cité précédemment, le Prophète ‫ ﷺ‬nous a transmis le Coran.


Il nous a également montré quelle relation nous devons avoir avec le
Coran en tant que lecteur, apprenant et enseignant.
Nous avons comparé dans le chapitre précédent l’enseignement du
Coran à l’époque du Prophète ‫ ﷺ‬et des Compagnons (qu’Allah les
agrée) avec son enseignement actuel et nous avons mis en en exergue
le fait que notre méthodologie actuelle est contraire à la méthodologie
prophétique sur beaucoup de points.
Il est important de le reconnaître pour pouvoir avancer ensemble et
corriger nos erreurs, pour obtenir de meilleurs résultats et que l’on puisse
« Vivre le Coran » comme le faisait le Prophète ‫ ﷺ‬et ses Compagnons
(qu’Allah les agrée) et non pas seulement le lire.
Nous allons voir dans ce chapitre en quoi il est important de revenir
à la tradition Prophétique dans l’enseignement du Coran pour pouvoir
bénéficier de toutes ses bénédictions.

50
4.1 Les bénéfices du suivi de cette métho-
dologie.

Comprendre le Coran, le méditer et le mettre en pratique est le


chemin le plus court pour se préserver de quatre fléaux très répandus
aujourd’hui et qui sont la base de tous les problèmes de l’homme :
l’égarement, l’affliction, la crainte et la tristesse.
Tout égarement, toute affliction, toute crainte et toute tristesse sont
dus à un verset du Coran que l’on a négligé.
Allah le très haut nous dit (sens des versets) :
[Puis, si jamais un guide vous vient de Ma part, quiconque
suit Mon guide ne s’égarera ni ne sera malheureux. Et qui-
conque se détourne de Mon Rappel, mènera certes, une vie
pleine de gêne] (taha 123)
‫ض ع َن ذِكْر ِي‬ ّ ُ ِ‫ن ا َت ّب َ َع هُد َايَ فَلَا يَض‬
َ َ‫ل وَل َا ي َ ْشقَى وَم َنْ أَ عْر‬ ِ َ ‫ْف َِإ َمّا ي َأْ تِيَن ّك ُم مّ ِن ِ ّي هُدًى فَم‬
ٰ
(١٢٣ ‫ )طه‬.ْ ‫ن لَه ُ م َع ِيشَة ً ضَنك ًا‬ ّ َ ‫ف َِإ‬
[Toutes les fois que Je vous enverrai un guide, ceux qui [le]
suivront n’auront rien à craindre et ne seront point affligés]

51
(Al Baqarah v.38)
‫ )البقرة‬.َْ‫يح ْزَنُون‬
َ ‫ْف عَلَيْه ِ ْم وَل َا ه ُ ْم‬ َ ‫ْف َِإ َمّا ي َأْ تِيَن ّك ُم مّ ِن ِ ّي هُدًى فَم َن تَبِـ َع هُد َايَ فَلَا‬
ٌ ‫خو‬
.(٣٨

D’autre part, Allah le Très Haut nous a ordonné de suivre le Pro-


phète ‫ ﷺ‬dans toute chose, alors que dire de l’apprentissage et de l’en-
seignement du Coran. Allah le Très Haut promet à celui qui obéit au
Prophète ‫ ﷺ‬qu’Il le guidera sur la bonne voie et sur le chemin de la
miséricorde, Allah le très haut nous dit (sens des versets) :
[Et si vous lui obéissez, vous serez bien guidés. Et il n’in-
combe au Messager que de transmettre explicitement (son
Message)]. (An Nour v.54)
[Accomplissez la Ṣalāt, acquittez la Zakāt et obéissez au
Messager, afin d’obtenir la miséricorde]. (An Nour v.56)

Malheureusement, nous voyons qu’aujourd’hui, les gens qui ont une


relation quotidienne avec le Coran, que ce soit par la lecture, l’écoute,
la récitation ou la mémorisation, sont quand même touchés par la tris-
tesse, l’égarement, l’affliction et la crainte. La cause se trouve dans la
méthodologie.
En effet, leur relation avec le Coran s’arrête aux « mots » du Coran
sans en comprendre le « sens », ni les méditer et les mettre en pratique.
Nous avons le remède pour soigner ces maux, mais malheureusement
nous n’arrivons pas à nous soigner. Notre remède est mal utilisé. Le pro-
blème ne se trouve pas dans le remède mais dans son utilisation. Notre
relation avec le Coran est basée sur ses « mots » alors que son remède
se trouve dans son « sens ». Les « mots » du Coran sont semblables à
la boîte de médicament et son sens est semblable au médicament.

52
4.2 Les conséquences négatives du
non-respect de cette méthodologie

Comme cité dans le sous-chapitre précédent, celui qui ne suit pas


cette méthodologie n’est pas à l’abri de l’égarement, de l’affliction, de
la crainte et de la tristesse.
En outre, Allah le très haut et son Prophète ‫ ﷺ‬ont clairement blâmé
les personnes qui délaissent cette méthodologie et qui se concentrent
uniquement sur les « mots » du Coran en délaissant leur « sens ». Allah
le Très Haut les compare tantôt à des ânes, tantôt à des chiens, tantôt
à des gens incultes. Le Prophète ‫ﷺ‬, lui, les compare à des hypocrites.

4.2.1 La comparaison avec les ânes

Allah le très haut nous dit (sens des versets) :


[Ceux qui ont été chargés de la Thora mais qui ne l’ont pas
appliquée sont pareils à un âne qui porte des livres. Quel
mauvais exemple que celui de ceux qui traitent de mensonges
les versets d’Allah et Allah ne guide pas les gens injustes]
(al joumou’a v.5)

53
‫ل الْقَو ْ ِم‬
ُ َ ‫ْس م َث‬
َ ‫ل أَ سْ ف َار ًا ۚ بِئ‬ ِ َ ‫الت ّوْر َاة َ ث َُم ّ ل َ ْم يَحْم ِلُوه َا كَمَث‬
ُ ِ ‫ل ا ْلحِمَارِ يَحْم‬ َ ‫ن حُم ِّلُوا‬
َ ‫ل ال َ ّذ ِي‬
ُ َ ‫ْم َث‬

ّ َ ‫الل ّه ِ ۚ و ََالل ّه ُ ل َا يَهْدِي الْقَوْم َ ال‬


.َْ‫ظالِمِين‬ ِ ‫ن ك َ َذّبُوا ب ِآي‬
َ ‫َات‬ َ ‫ال َ ّذ ِي‬

Les savants sont tous d’accord pour dire que par ce verset, Allah le
Très Haut interpelle les Musulmans quant à leur relation avec le Coran.
Les Musulmans qui se consacrent aux « mots » du Coran et délaissent
leur « sens » sont concernés par cette description.
Al Qurtoby (qu’Allah lui fasse miséricorde) a dit :
« Dans ce verset Allah le Très Haut met en garde celui
qui mémorise le Coran. Il lui dit qu’il faut qu’il connaisse
également son sens et qu’il l’applique pour ne pas faire partie
des gens blâmés dans ce verset ».

Ibn Kathir (qu’Allah lui fasse miséricorde) a dit :


« Sont concernés par ce verset, ceux à qui a été donné le
Livre et qui l’ont mémorisé mais qui ne le comprennent pas
ni le mettent en pratique. Au contraire ils ont modifié le
Livre et l’ont transformé. Ceux-là sont pire que des ânes,
car les ânes ne comprennent pas alors qu’eux ont la capacité
de compréhension mais ne l’utilisent pas ».

Az Zamaghchary (qu’Allah lui fasse miséricorde) a dit à propos de


ce verset :
« Ils ont été chargés de la compréhension de la Thora et de
son application, mais ils ne l’ont pas comprise ni appliquée,
ils n’ont donc pas accompli leur mission ».

Il a été dit dans le « tafsir al basit » :


« Cet exemple concerne celui qui ne comprend pas le sens
du Coran et ne l’applique pas, cette personne s’est détourné
du Coran comme s’il en avait pas besoin ».

54
4.2.2 La comparaison avec les gens incultes (illet-
trés du Coran)

Allah le Très Haut nous dit (sens des versets) :


[Et il y a parmi eux des incultes (illettrés) qui ne connaissent
rien du Livre hormis sa récitation et qui ne font que des
conjectures]. (al Baqarah v.78)
( ٧٨ ‫ْ ومِنْه ُ ْم ُأمّ ُِي ّونَ ل َا يَعْلَم ُونَ الْكِتَابَ ِإ َلّا أَ م َان ِ َيّ و َِإ ْن ه ُ ْم ِإ َلّا يَظ ُُن ّونَ ْ )البقرة‬

La majorité des savants, tels que ibn al Jawzi, Az Zamaghchari,


Al Qurtobi, Ach Chawkani, Al Alousi, Al Baydawi, Al baghawi et Al
Mawardi (qu’Allah leur fasse miséricorde) interprètent le mot « amani »
en arabe par « récitation ».
‘Abdullah Ibn ‘Abbas (qu’Allah l’agrée) a dit à propos de ce verset :
« Ils ne connaissent pas le sens du Livre ».

Le Cheikh al Makki (qu’Allah lui fasse miséricorde) a dit :


« Ils ne connaissent du Livre que sa récitation et ne le com-
prennent pas ni ne le mettent en pratique ».

Ach Chawkani (qu’Allah lui fasse miséricorde) a dit :


« Al amani signifie la récitation. Ils ne connaissent du livre
que sa récitation sans le comprendre ni le méditer ».

La majorité des savants, tels que ibn al Jawzi, Az Zamaghchari,


Al Qurtobi, Ach Chawkani, Al Alousi, Al Baydawi, Al baghawi et Al
Mawardi (qu’Allah leur fasse miséricorde) interprètent le mot « amani »
en arabe par « récitation ».
Le Cheikh Al ‘Otheymin (qu’Allah lui fasse miséricorde) a dit à
propos de ce verset : « La chose la plus nuisible pour les Musulmans
est qu’ils ne s’intéressent que très peu aux sens du Coran. Nous voyons
la majorité des Musulmans réciter le Coran, ils adorent Allah par sa
récitation en espérant sa récompense, alors qu’ils ne le méditent pas,

55
ni ne réfléchissent sur son sens et ne posent pas de questions sur sa
compréhension. Ils sont donc comparables aux incultes ».
Dans ce verset Allah le très haut compare les gens qui ne connaissent
rien du Livre, excepté sa récitation, à des incultes (illettrés du Livre).
Un homme peut avoir mémorisé le Coran entièrement mais pour Allah le
Très Haut, c’est comme s’il était inculte Subhanallah. Chaque personne
se doit de comprendre, méditer et appliquer le sens du Coran, afin que
le Coran témoigne pour lui et non contre lui.
Le mot « Ommyyoun » peut être traduit par « incultes » et « illet-
trés ». Nous comprenons de ce verset qu’Allah le Très Haut ne blâme
pas l’illettré à proprement dit car le Prophète ‫ ﷺ‬l’était lui-même mais
nous comprenons qu’il existe deux catégories d’illettrés :
— L’illettré traditionnel : c’est la personne qui ne sait ni lire ni
écrire,
— L’illettré « en matière du Coran » qui est celui qui ne comprend
pas le Coran même s’il l’a mémorisé entièrement.
Etre illettré « en matière du Coran » est plus dangereux qu’être
illettré au sens traditionnel du terme car l’illettré en matière du Coran
n’est pas à l’abri de l’égarement, de l’affliction, de la crainte et de la
tristesse, alors que nous avons plusieurs exemples de personnes qui ne
savaient ni lire ni écrire et qui ont réussi leur vie, le Prophète ‫ ﷺ‬en est
le meilleur exemple puisqu’il a révolutionné le monde entier et que cette
révolution va jusqu’à nos jours.

4.2.3 La comparaison avec les chiens

Allah le très haut nous dit (sens des versets) :


[Et raconte-leur l’histoire de celui à qui Nous avions donné
Nos versets et qui s’en écarta. Le Diable, donc, l’entraîna
dans sa suite et il devint ainsi du nombre des égarés. Et si
Nous avions voulu, Nous l’aurions élevé par ces mêmes ensei-
gnements, mais il s’inclina vers la terre et suivit sa propre
passion. Il est semblable à un chien qui halète si tu l’at-
taques, et qui halète aussi si tu le laisses. Tel est l’exemple

56
des gens qui traitent de mensonges Nos signes. Eh bien, ra-
conte le récit. Peut-être réfléchiront ils] ! (Al A’raf verset
175, 176)
‫ن‬
َ ‫ن ال ْغ َاوِي‬ ّ َ ‫خ مِنْهَا ف َأَ ت ْب َع َه ُ ال‬
َ ِ ‫شيْطَانُ فَك َانَ م‬ َ َ ‫ل عَلَيْه ِ ْم نَب َأَ ال َ ّذ ِي آتَي ْنَاه ُ آي َاتنَِا فَانس َل‬
ُ ْ ‫»و َات‬

‫ْب‬ ِ َ ‫ض و َا َت ّب َ َع ه َوَاه ُ ۚ فَمَثَلُه ُ كَمَث‬


ِ ‫ل الْك َل‬ ِ ‫۝ و َلَو ْ شِئ ْنَا لَرَفَعْنَاه ُ بِهَا و َلَٰك َِن ّه ُ أَ خْلَد َ ِإلَى الْأَ ْر‬
١٧٥

‫ص‬ ُ ْ ‫ن ك َ َذّبُوا ب ِآي َاتنَِا ۚ فَاق‬


ِ ‫ص‬ َ ‫ل الْقَو ْ ِم ال َ ّذ ِي‬ ْ ‫ِإن تَحْم ِلْ عَلَيْه ِ يلَْه‬
َ ِ ‫َث أَ ْو تَت ْرُكْه ُ يلَْه َث ۚ َذّٰل‬
ُ َ ‫ك م َث‬
١٧٦ َ‫َص لَع َل ّه ُ ْم يَتَف َ َك ّر ُون‬
(‫ )الأعراف‬.«‫۝‬ َ ‫الْقَص‬

Les exégètes tel que ibn Jarir at Tabari (qu’Allah lui fasse miséri-
corde), le Cheikh as Sa’di (qu’Allah lui fasse miséricorde ) et d’autres,
interprètent « et qui s’en écarta » par « qui délaissa son application ».
Le Prophète ‫ ﷺ‬blâma également les gens qui récitent le Coran sans
le comprendre ni l’appliquer.
Premièrement, Il a ‫ ﷺ‬interdit de réciter le Coran dans sa globalité
en moins de trois jours. Il dit ‫ ﷺ‬à ‘Abdallah ibn Amr (qu’Allah l’agrée) :
« Ne récite pas le Coran entièrement en moins de trois jours
car celui qui le récite en moins de trois jours ne le comprend
pas ». (Rapporté par Ahmed et authentifié par le Cheikh al
Albany).

Dans une autre version Il dit ‫ ﷺ‬:


« Ne comprend pas le Coran celui qui le récite en moins de
trois jours ».

Le Prophète ‫ ﷺ‬nous dit sur la récitation du Coran et sa mise en


pratique :
« L’image du Croyant qui récite le Coran et l’applique est
celle de l’orange (ou tout fruit sucré et ayant une bonne
odeur) : son odeur est bonne et elle a bon goût (suave, sucré).
L’image du Croyant qui ne récite pas le Coran et le met en
pratique est celle de la datte : elle n’a pas d’odeur et son
goût est sucré. L’image de l’hypocrite qui récite le Coran est

57
celle de la plante aromatique (basilic) : son odeur est bonne
et son goût est amer. L’image de l’hypocrite qui ne récite
pas le Coran est celle de la coloquinte : elle n’a pas d’odeur
et son goût est amer » (Rapporté par al Bukhari)

Dans ce hadith le Prophète ‫ ﷺ‬catégorise les gens quant à leur rela-


tion avec le Coran (récitation et mise en pratique).
La première catégorie qui est la meilleure, est celle de celui qui récite
le Coran et le met en pratique.
Vient ensuite celle de celui qui ne récite pas le Coran mais le met
en pratique. Il sait ce qui se dit dans le Coran et le pratique. Dans ces
deux catégories le Prophète ‫ ﷺ‬utilise le mot « croyant ».
La troisième catégorie concerne les gens qui récitent le Coran mais
qui ne l’appliquent pas.
Il est intéressant de noter que le Prophète ‫ ﷺ‬a placé, dans l’ordre
de préférence, la personne qui pratique le Coran sans le réciter avant
celui qui le récite sans le pratiquer.
La quatrième catégorie concerne les gens qui ne récitent pas le Coran
ni ne le pratiquent. Pour blâmer les gens de la troisième et quatrième
catégorie, le prophète ‫ ﷺ‬a utilisé le mot « hypocrite ».

58
4.2.4 L’exemple des « Khawarijs »

Citons à présent un exemple concret de ceux qui ont délaissé la


méthodologie du Prophète ‫ ﷺ‬dans l’apprentissage et l’enseignement du
Coran : « Les khawarijs »
Les Khawarijs faisaient partie des gens les plus attachés à la ré-
citation, l’apprentissage et l’enseignement du Coran. Pourtant le Pro-
phète ‫ ﷺ‬a dit à leur propos :
« Seront issus de ma communauté (ou il adviendra de ma
communauté) des gens qui récitent le Coran facilement, mais
cette récitation ne dépassera pas leur gosier. Ils sortiront de
la religion comme le ferait la flèche de son arc, et ils n’y
reviendront jamais ». (Rapporté par Muslim).

L’imam An Nawawi (qu’Allah lui fasse miséricorde) a dit à propos


de ce hadith :
« Ils lisent facilement le Coran car ils le mémorisent beau-
coup. Le sens voulu par ce hadith est qu’ils ne retirent au-
cun profit de la récitation du Coran sauf le fait que ses mots

59
passent par leur langue ; mais ils n’atteignent pas la gorge
et encore moins le cœur ».

Az Zarkachy (qu’Allah lui fasse miséricorde) a dit :


« Le Prophète ‫ ﷺ‬les a blâmés car ils se sont concentrés sur
les mots du Coran au détriment de son sens ».

Connaissez-vous ‘Abdarrahmen ibn Muljim ?


Cet homme était réputé pour sa récitation et sa mémorisation du Co-
ran. Les gens venaient de différentes régions du monde pour apprendre
le Coran avec lui.
Vous pensez sûrement que c’est un homme de bien car il a mémo-
risé le Coran et l’a enseigné… pourtant ‘Abdurrahmen ibn Muljim est
l’assassin du Calife ‘Ali (qu’Allah l’agrée). Certes il avait mémorisé les
mots du Coran mais il ne les avait pas compris.
Aujourd’hui, prends la décision ferme de changer ta relation avec le
Coran. Il faut que cela soit un nouveau départ pour toi.
Lis-le, comprends-le, médite-le, applique-le et mémorise-le.
Dis-toi que si tu lis le Coran sans le comprendre c’est comme si tu
ne l’avais pas lu.
Dis-toi que si tu comprends le Coran sans le méditer c’est comme si
tu ne l’avais pas compris.
Dis-toi que si tu le médites sans le pratiquer c’est comme si tu ne
l’avais pas médité.
Dis-toi que si tu mémorises ses mots, sans mémoriser son sens et ses
Lois, c’est comme si tu ne l’avais pas mémorisé.
Dis-toi qu’à partir d’aujourd’hui il faut que tu comprennes, médites
et appliques le Coran.
Ne laisse pas Shaytan gagner cette bataille. Il nous embellit de
fausses idées pour que nous ne profitions pas du Coran à 100%.

60
Parmi ces fausses idées :
1. Lire le Coran sans le comprendre n’est pas grave ;
2. La lecture rapide sans compréhension est plus méritoire que la
lecture lente avec compréhension ;
3. Apprendre l’arabe c’est dur ;
4. Comprendre le Coran c’est dur ;
5. Pratiquer le Coran c’est dur ;
6. Je n’ai pas la capacité spirituelle pour le comprendre et l’appli-
quer ;
7. Je dois d’abord finir la mémorisation du Coran avant d’essayer
de le comprendre…
Il nous faut changer notre relation avec le Coran sous peine d’être
concerné par la Parole d’Allah le Très Haut (sens des versets) :
[Dis : « Voulez-vous que Nous vous apprenions lesquels sont
les plus grands perdants, en œuvres ? Ceux dont l’effort,
dans la vie présente, s’est égaré, alors qu’ils s’imaginent faire
le bien] (al Kahf v.103 et 104)
‫سعْيُه ُ ْم فِي الْحيََاة ِ ال ُد ّن ْيَا و َه ُ ْم‬ َّ ‫ض‬
َ ‫ل‬ َ ‫۝ ال َ ّذ ِي‬
َ ‫ن‬ ١٠٣ ‫ن أَ عْمَال ًا‬
َ ‫قُلْ ه َلْ نُنَب ِّئُك ُم ب ِالْأَ خْ سَر ِي‬
(‫۝ )الـ هف‬
١٠٤ ‫صنْع ًا‬ ُ ‫يحْسَب ُونَ أَ َ ّنه ُ ْم‬
ُ َ‫يحْسِن ُون‬ َ

C’est dans ce souci de compréhension et d’application que le projet


« Vivre le Coran » a vu le jour.
Son but est de faciliter la compréhension du Coran aux musulmans
francophones pour en faciliter sa méditation et son application.

61
Chapitre 5

« Vivre le Coran » qu’est-ce


que c’est ?

5.1 But principal :

« Vivre le Coran » a pour but de faciliter la compréhension du


Coran aux Musulmans francophones, comme toi, pour que tu puisses le
comprendre, le méditer et le mettre en pratique au quotidien, autrement
dit, que tu puisses « vivre le Coran », afin que tu atteignes le degré des
« adeptes du Coran » et qu’Allah le Très Haut te compte parmi ses
« rapprochés ».

Comment ? En ravivant la méthodologie Prophétique de l’enseigne-


ment du Coran (étude, méditation, mise en application et enseigne-
ment).

Pour qui ? Nous savons que le Coran s’adresse à l’humanité entière,


suivant ce principe, « Vivre le Coran » s’adresse à toute personne fran-
cophone (enfant, adolescent, adulte, homme et femme), musulmane ou
non.

62
5.2 Buts secondaires :

• Etablir un constat de ce qui est fait aujourd’hui dans la récitation


du Coran, son étude, sa compréhension, sa mise en pratique et
son enseignement.
• Redéfinir plusieurs concepts mal interprétés aujourd’hui afin de
les analyser, les comprendre et de corriger notre glossaire à la
lumière du Coran et de la Sunna, [tel que Ahlou al Qu’an (les
adeptes du Coran), Ahlu-Allah (les rapprochés d’Allah), hafidz
al Qur’an (celui qui a mémorisé le Coran) …]
• Rétablir l’ordre des priorités dans l’étude du Coran, du plus
important à l’important (récitation, compréhension, méditation,
application, mémorisation)
• Rappeler les objectifs principaux du Coran que nous avons oublié
(compréhension, mise en pratique).
• Amener les Musulmans francophones à progresser dans leur rela-
tion avec le Coran et à s’épanouir, le but n’étant pas de détruire
ce qui a déjà été fait mais plutôt de continuer la construction
pour arriver à ce qu’Allah le Très Haut veut de nous réellement.
• Faire progresser le Musulman dans sa lecture, sa compréhension,
sa méditation et son application du Coran.
• Faire que le Coran arrive à pénétrer le cœur des Musulmans.

5.3 Vision du projet :

Rapprocher au maximum le Musulman francophone de la méthodo-


logie du Prophète ‫ ﷺ‬dans son rapport avec le Coran. Cette méthodolo-
gie est la méthodologie du « savoir et des actes » pour atteindre le degré
des « adeptes du Coran » (ahl al Quran).
Tout ceci en appliquant le concept de « facilité », qui est un concept
général de l’Islam :
Allah le Très Haut nous dit (sens des versets) :

63
[Allah veut pour vous la facilité ; Il ne veut pas la difficulté
pour vous] (Al Baqarah 185)
(١٨٥ ‫ )البقرة‬.﴾‫ ﴿يريد ال ه بكم اليسر ولا يريد بكم العسر‬: ‫قال ال ه تعالى‬

Notre Prophète ‫ ﷺ‬nous dit :


« Certes, vous avez été envoyés pour apporter la facilité, et
vous n’avez pas été envoyés pour rendre les choses difficiles. »
(Sunan at Tirmidhi, hadith sahih)
.«‫ »إنما بعثتم ميسرين ولم تبعثوا معسرين‬: ‫قال النبي ﷺ‬

En plus d’être un concept général de l’Islam, la facilité un concept


particulier au Coran : Allah le Très Haut nous dit (sens du verset) :
[En effet Nous avons rendu le Coran facile (pour la récita-
tion, compréhension, méditation, mise en pratique), y a-t-il
quelqu’un pour réfléchir » (sourate Al Qamar, versets 17,
22, 32, 40).
«‫»ولقد يسرنا القرآن للذكر فهل من مدكر‬

5.4 Le du choix du nom :

J’ai choisi le nom « Vivre le Coran » car c’est la sensation que j’ai
ressentie en appliquant la méthodologie du Prophète ‫ ﷺ‬quant à l’étude
du Coran.
En effet, après avoir suivi plusieurs formations sur ce sujet, je me
suis mis à « vivre le Coran » (comprendre, méditer, appliquer) et non
plus simplement le lire.
De plus, en analysant le Coran et la Sunna, nous nous apercevons
que le Prophète ‫ ﷺ‬et les Compagnons (qu’Allah les agrée) vivaient le
Coran.
Nous voulons par ce projet que le Musulman se dote du caractère
Coranique, que ce caractère soit indissociable de lui et qu’il s’en dote
sans effort ; et ceci n’est possible que s’il vit le Coran.

64
Slogan : « Vivre le Coran : comprendre et méditer pour mieux prati-
quer »

Message : raviver la méthodologie Prpophétique dans la lecture du


Coran, sa compréhension, sa méditation et sa mise en pratique.

5.5 Méthodologie :

Concepts : la première étape est de mettre en avant certains concepts


et idées qui se sont propagés dans notre communauté, afin de les analy-
ser, les comprendre et les corriger à la lumière du Coran et de la Sunna
« tels que ahl al Qur’an (les adeptes du Coran), hafidh al Qur’an (celui
qui a mémorisé le Coran) … ».
Il est important de commencer par cette étape, car la mauvaise com-
préhension de ces concepts a créé un réel problème dans notre rapport
actuel avec le Coran.

Pratique : une fois ces concepts bien compris, la deuxième étape est
de revenir à la méthodologie du Prophète ‫ ﷺ‬dans sa relation avec le
Coran et de donner des conseils pour aider les Musulmans à retrouver
une bonne relation avec le Coran, pour qu’ils puissent le comprendre, le
méditer, le mettre en pratique et le transmettre.

Comment ? en apprenant différentes méthodes d’étude du Coran : -


Méthode d’étude des versets du Coran, - Méthode d’étude des sourates
du Coran, - Méthode d’étude des récits du Coran, - Méthode d’étude
des Noms et Attributs d’Allah dans le Coran.

Bénéfices : en suivant cette méthode, le Musulman francophone va


pouvoir vivre le Coran, le comprendre, le mettre en pratique et le trans-
mettre. Ainsi, Il va pouvoir appliquer ce qu’Allah le Très Haut a voulu

65
de lui par la Révélation du Coran (compréhension, application, trans-
mission).
Son comportement, ses paroles et sa compréhension de l’islam s’en
verront automatiquement améliorés.
Par cette méthode, le Musulman francophone augmentera également
son vocabulaire Coranique car beaucoup de mots du Coran seront étu-
diés dans l’analyse des versets du Coran.
De plus, exploité comme il se doit, le Coran va nous faire profiter
de tous ces bienfaits et de toutes ses bénédictions dans ce bas monde et
dans l’au-delà inchaAllah. En appliquant cette méthode, tu atteindras
InchaAllah le degré des « adeptes du Coran » (ahlu al Quran).

5.6 Vivre le Coran dans un futur proche :

Vivre le Coran c’est le partage d’une méthodologie bien détaillée


pour comprendre, méditer, pratiquer et mémoriser le Coran.
C’est dans un premier temps inchaAllah :
— Le partage de beaucoup de recherches autour du Coran (tafsir,
citations, miracles…).
— Une recherche sur les sciences du Coran.
— Le partage de la méthodologie « l’étude des versets du Coran ».
— Le partage de la méthodologie « l’étude des sourates du Coran ».
— Le partage de la méthodologie « l’étude des histoires du coran ».
— Le partage de la méthodologie « l’étude des noms et attributs
d’Allah dans le Coran ».
— L’étude des sourates et versets les plus utilisés dans nos prières
et invocations, pour une parfaite compréhension qui facilitera la
mise en pratique et la mémorisation (Al Fatiha, Ayat Al Kursy,
les derniers versets d’Al Baqarah, al Ikhlas, al Falaq, an Nass, al
Kafiroun).
Dans un second temps inchaAllah :

66
— L’étude du hizb Al A’la,
— L’étude du hizb ‘Amma,
— L’étude de sourate Al Mulk selon une méthodologie précise.
— L’étude de la citadelle du Musulman (explication des invocations
pour mieux les comprendre),
— L’étude des 40 hadiths de l’imam An Nawawi (qu’Allah lui fasse
miséricorde) selon une méthodologie particulière.
Je rappelle que l’étude du Coran ne signifie pas seulement l’expli-
cation (tafsir) mais bien la compréhension, la méditation et la mise en
pratique des versets, invocations et hadiths inchaAllah.
Je compte sur Allah le Très Haut pour me faciliter ce travail et le
rendre bénéfique à la communauté.
Je vous demande également des invocations pour qu’Allah me per-
mette de mener ce travail à bien, car il répond à un manque réel au sein
de notre communauté.
Je demande à Allah le Très Haut d’accepter ce travail, de le bénir
et de le rendre profitable à un grand nombre de mes frères et sœurs.
Je lui demande de récompenser de la meilleure manière tous ceux
qui ont participé de près ou de loin à la création de cet ouvrage.
Allah est le plus savant, et à Lui appartient le succès, toutes les
louanges Lui reviennent et que Ses louanges soient pour son Prophète ‫ﷺ‬.
Abdel Karim, Vivre le Coran.
email : vivrelecoran.fr@gmail.com
site web : www.vivrelecoran.fr
facebook : vivre le coran
twitter : vivre le coran
youtube : vivre le coran

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