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INTERFACESCHANGEMENTS D’ÉTAT ET
PROPRIÉTÉS ANÉLASTIQUES DES SOLIDES
MÉTALLIQUES
P. Gobin
P. F. GOBIN
Laboratoire de Métallurgie Physique et de Physique des Matériaux, 1. N. S. A., Lyon
Résumé. - Les transformations à I'état solide sont souvent complexes et la somme de travaux
effectués dans ce domaine est considérable.
Cependant la mesure des propriétés anélastiques a été relativement peu utilisée et le plus souvent
comme simple moyen de mise en évidence du phénomène. La raison principale paraît en être la
grande difficulté d'interprétation des résultats obtenus.
Il est donc nécessaire de relier les manifestations anélastiques aux mécanismes permettant la
transition. Dans ces conditions l'étude des caractéristiques anélastiques pourra devenir une tech-
nique d'analyse des transformations à I'état solide d'autant plus puissante qu'elle peut souvent
être utilisée pendant le changement d'état lui-même.
Après un rappel rapide sur la nature et le classement des transformations l'auteur passe en
revue les principaux résultats expérimentaux obtenus, dans le cas des transformations du premier
ordre (transformations polymorphiques des métaux purs et des alliages réalisées par diffusion ;
transformation martensitique ;transformation ordre-désordre) et du second ordre (ordre-désordre-
transformations magnétiques...).
Dans une deuxième partie I'auteur signale et compare les modèles permettant une interprétation ;
l'accent est essentiellement mis sur les transformations hétérogènes.
Abstract. - Solid state transformations are generally complex and there is a considerable
amount of work done on this subject.
However anelastic measurements in that field are few, and when used, are merely a mean of
observation of the phenomena because the interpretation of results seems to be difficult.
It is necessary to relate the anelastic changes to the mechanism involved in transition. The study
of the anelastic properties would then be a technique to analyse solid state transformations ; the
usefulness of that technique being that very often it can be used during the transformation itself.
After a look at the different types of transformations and their classification, principal experi-
mental results are reviewed for the first and second order transformations.
Models leading to an interpretation are given and discussed in the second part, mainly for
heterogeneous transformations.
1. Introduction. - Les transformations à l'état mations sur des mécanismes de transformation encore
solide sont souvent complexes et la tâche du physicien mal connus.
qui tente de classer et d'expliquer les phénomènes
est délicate. II. Classement des transformations. - Avant de
La somme des travaux effectués dans ce domaine passer en revue les principaux résultats expérimentaux,
est considérable mais la mesure des propriétés ané- il est important de classer brièvement les changements
lastiques a été relativement peu utilisée et le plus d'état en phase solide.
souvent en tant que simple moyen de mise en évidence On peut se borner à un classement sur des critères
du phénomène. La raison principale paraît en être thermodynamiques (transitions de première ou de
la grande difficulté d'interprétation des résultats seconde espèce) mais il sera également utile pour
obtenus. notre propos de classer les transformations suivant
En effet si des auteurs ont depuis longtemps signalé des critères plus directement en liaison soit avec les
les anomalies de propriétés anélastiques accompagnant mécanismes qui permettent de les réaliser, soit avec
des transitions à l'état solide, il n'y a encore que quel- la nature des interfaces qui séparent la phase mère
ques tentatives tendant à relier les observations expé- du produit.
rimentales aux modifications structurales et aux Les transformations sont dites « homogènes »
mécanismes permettant la transition. Il est nécessaire ou « hétérogènes ».Une transformation « homogène »
de résoudre ce problème dans quelques cas simples est caractérisée par le passage graduel du système
pour que cette technique puisse apporter des infor- par une série d'états intermédiaires entre l'état initial
et l'état final. Certaines transformations de seconde Les techniques employées sont généralement soit
espèce, et les ségrégations d'atomes d'impuretés autour la méthode de résonance des barreaux dans le domaine
des dislocations (effet Cottrell) (l) appartiennent à du kHz soit le pendule inversé basse fréquence. Les
cette catégorie. auteurs opèrent de deux façons ; le plus souvent ils
Une transformation « hétérogène » au contraire mesurent en continu le frottement intérieur et la
implique la présence de deux régions macroscopique- période (ou le module) au cours d'un cycle thermique ;
ment distinctes dont certaines sont transformées et certains cependant procèdent par paliers de tempé-
d'autres non. Les transformations « hétérogènes » rature et attendent pour faire la mesure à chaque
se divisent d'autre part en deux grands groupes : palier que l'état d'équilibre soit atteint.
les transformations nécessitant une diffusion et les La figure 1 représente la variation de Q - 1 observée
transformations « martensitiques » ou sans diffusion. en conditions dynamiques en fonction de la tempé-
Les transformations hétérogènes sont essentiellement rature dans le cas de la transformation du cobalt où
de première espèce. Ie passage a + E s'effectue par cisaillement. On note
Au lieu de classer les transformations hétérogènes que :
à partir des processus qui permettent la croissance, 1) Il apparaît un pic de frottement intérieur à la
c'est-à-dire le déplacement de l'interface phase mère- température de transformation ; ce pic est d'autant
produit on peut envisager la nature des interfaces qui plus net que la vitesse de passage à cette température
intervient dans le mode de dissipation d'énergie. est plus grande. Les modules élastiques présentent
On distinguera : également une anomalie.
Les joints « glissiles » qui se déplacent - même 2) La position des anomalies sur l'axe des tempé-
à basse température - sous une contrainte convenable ratures ne dépend pas de la fréquence des oscillations
et dont le mouvement ne nécessite pas l'intervention mais elle correspond à la vitesse de transformation
de processus thermiquement activés. Le mouvement maximale repérée par d'autres techniques (dilato-
d'un tel joint entraîne une déformation du solide ; métrie, résistivité).
nous en rencontrerons dans les transformations 3) La hauteur des pics de frottement intérieur varie
martensitiques. en raison inverse de la fréquence et paraît augmenter
Les joints « non glissiles » qui ne peuvent se déplacer avec l'amplitude de déformation mais cet effet n'est
qu'avec l'aide des fluctuations thermiques : leur mou- ni très net, ni très général.
vement n'interviendra donc qu'à une température
suffisante. De tels joints existent dans les solides où
la transformation s'est opérée par diffusion. -
OP6
(1) Nous ne traiterons pas ici de la formation des atmosphères 4) Quand on stoppe la variation de température
par interaction dislocation-défaut ponctuel qui a été examinée dans le domaine de transformation le frottement
par ailleurs, bien qu'il s'agisse d'une transformation «homo- intérieur chute rapidement vers une valeur d'équilibre ;
gène >> entraînant un appauvrissement de la matrice et agissant
considérablement sur les propriétés anélastiques associées soit il ne reprend une valeur élevée que si l'on fait à nou-
aux défauts ponctuels eux-mêmes soit aux mouvements des veau varier la température dans le sens d'un avance-
dislocations. ment de la réaction.
CHANGEMENTS D'ÉTAT ET PROPRIÉTÉS ANÉLASTIQUES DES SOLIDES MÉTALLIQUES C2-67
Les pics de frottement intérieur obtenus dans le c) Dans l'un et l'autre cas il n'apparaît pas en géné-
cas de transformations s'opérant par diffusion sont ral de pic à la température de transformation.
moins nets et leurs caractéristiques sont moins bien A l'aide de ces règles Selle et ses collaborateurs
connues que dans le cas précédent : On doit noter que ont abordé l'étude des transformations dont les méca-
l'influence de la fréquence est très différente puisque nismes étaient mal connus pour YUranium, le Plu-
dans le cas du Fer, R. 1. Garber (55) signale l'existence tonium et le Neptunium. Ces auteurs ont pu ainsi
d'une valeur maximale de l'amortissement pendant affirmer que la transformation p -, y de l'uranium
la transformation a - y pour une période de 2,86 S. et son inverse s'effectuent par diffusion.
L'influence de la vitesse de passage peut être pré- En fait, la méthode n'apparaît pas aussi simple
pondérante puisque Garber et al. (20, 56), ont signalé que les règles précédentes pourraient le laisser croire,
l'existence de 2 pics à la même transformation cx - y et il est souvent difficile d'établir par exemple une
du Fer si le passage se fait au ralenti (0,6 OC mn-l). distinction nette entre les deux modes de variations
La hauteur du premier pic est sensible à la fréquence (lente ou rapide) des modules. Il semble que les résul-
de mesure mais ne varie pas avec l'amplitude de la tats en conditions dynamiques contiennent plus d'in-
déformation maximale appliquée ; le second pic formations sur les mécanismes de transformation
présente les caractéristiques inverses : insensible à puisqu'ils sont obtenus pendant la transformation
la fréquence il augmente avec l'amplitude (Fig. 2). elle-même. Mais les résultats actuels sont fragmentaires
et une étude systématique de l'influence des conditions
d'essais (vitesse de passage, fréquence, amplitude)
s'impose pour chacun des types de transformation.
Remarques :
1. - On peut également envisager le cas de la
recristallisation où de nouveaux cristaux plus parfaits
se développent aux dépens d'une matrice écrouie
min. min métastable. Les études systématiques dans ce domaine
OC
sont rares (17) ; il apparaît un maximum de frotte-
FIG. 2. - Comportement du frottement intérieur pendant la ment intérieur associé à la recristallisation primaire
transformation du fer (a) chauffage (b) refroidissement. Dans et le grossissement du grain abaisse le fond continu.
le domaine de transformation les vitesses de chauffage et de
refroidissement sont maintenues constantes ( E l,l Clmin). L'interprétation est délicate car ces phénomènes se
Fer ARMCO (0,03 % de carbone) (1,5 v 4 Hz) manifestent, pour les matériaux impurs, dans le
1,s < E < 4,5 1,5 10-6) (d'après la référence 1561). domaine de température où apparaissent les pics de
(1) fond continu, (2) pic sensible à la fréquence, (3) pic sensible joints de grains. Il se peut également que la restaura-
à l'amplitude. tion agisse sur le niveau du frottement intérieur (60).
D'autres études ont été effectuées sur des échantillons
Au contraire Selle (6, 7, 14) estime que les résultats recuits à des températures croissantes puis testés à
obtenus en conditions statiques - et se rapportant à température ambiante (18-19). Ce type d'essai entre
l'état d'équilibre atteint pour chaque température de dans la catégorie des études concernant l'interaction
mesure - sont caractéristiques des phases obtenues des dislocations avec les autres défauts du réseau.
et des mécanismes de transformation (diffusion ou 2. - Dans les changements de phase du ler ordre
cisaillement). se rangent également des transitions sans modifica-
Se basant sur l'étude de transformations dont les tions de structure mais accompagnées de réarrange-
mécanismes sont bien connus grâce à d'autres techni- ments électroniques. On en a observé par exemple
ques Selle a établi les règles empiriques suivantes : dans le cas du chrome (80) du cérium (81) qui avec
a) Dans le cas des transformations par cisaillement: une variation de 16,5 % à la transition y -+ a (c. f. c.-
1) Les valeurs du frottement intérieur au-dessus c. f. c.) est un cas unique parmi les métaux. Il est
et au-dessous de la température de transformation possible que des transitions de ce type interviennent
sont approximativement égales. également dans le cas du praséodyme et du sama-
2) Les variations relatives de module s'effectuent rium (82). On observe pour ces transitions des
dans un domaine de température relativement large. anomalies de module (80, 81, 82) et des pics
d'atténuation ou de frottement intérieur (80, 82).
b) Dans le cas des transformations par diffusion :
1) Les valeurs du frottement intérieur au-dessus 111.2. TRANSFORMATIONS DANS LE CAS DES ALLIA-
et au-dessous de la température de transformation GES. - Il s'agit là encore de transformations du
sont très différentes. le' ordre, mais nous séparerons plus nettement les
2) Les variations relatives de module se produisent transformations martensitiques et les transformations
dans un intervalle de température très étroit (2 à avec diffusion car la diffusion a pour conséquence un
3 degrés). phénomène supplémentaire : la diffusion du soluté.
III. 2.1 Transformations martensitiques dans les Dans le cas des alliages d'aluminium des études
alliages. - Comme dans le cas des métaux purs ont été effectuées sur :
polymorphes, les changements de phase des alliages - l'Aluminium-Argent (35, 36,42) où l'on aperçoit
se manifestent par des anomalies de frottement inté- après vieillissement un pic stable à 150 OC dont la
rieur et de module élastique. On a étudié par cette hauteur croît proportionnellement à la concentration
méthode les alliages Fer-Nickel (21, 22, 23, 32), entre 2,5 et 30 % atomiques (Fig. 4) ;
Fer-Nickel-Manganèse (24), Fer-Nickel-Chrome (25),
Fer-Manganèse (26, 31), Cobalt-Nickel (27,28,29,30),
Cuivre-Aluminium-Nickel (33), Cuivre-Manganèse,
où la transformation martensitique t. f. c. -+ c. f. C.
est associée à la disparition de I'antiferromagnétisme
(83) ; le composé intermétallique Ti-Ni (100), etc..,
A notre connaissance les mesures n'ont été faites
jusqu'à maintenant dans le cas des alliages qu'en
conditions dynamiques. Les anomalies obtenues sont
qualitativement identiques à celles observées en dyna-
mique dans le cas du cobalt et on y retrouve les
quatre caractéristiques signalées au paragraphe III. 1.
On note en particulier dans le cas de la figure 3 que
les pics associés aux transformations des alliages
Co-Ni correspondent aux vitesses maximales de
transformation révélées par l'essai dilatométrique.
la position du maximum varie avec la fréquence de 11 apparaît depuis les travaux de Nowick [70] de
mesure. Le Claire et Lomer 171) de Shmatov [78] et de Welch
Il apparaît donc que dans ce cas particulier la préci- et Le Claire [72] qu'il s'agit d'une modification ther-
pitation a deux conséquences :l'augmentation transi- miquement activée de l'ordre à courte distance sous
toire du fond continu, et, l'apparition d'un pic qui l'influence de la contrainte. Dans ces conditions il est
présente les caractéristiques d'un pic de relaxation. probable que le degré d'ordre à grande distance doit
La première conséquence paraît être une caractéris- influer sur l'intensité de la relaxation.
tique générale des études de précipitation continue Pour vérifier cette hypothèse Lulay et Wert d'une
ou discontinue par mesure de frottement intérieur part [67], et Chomka [68] d'autre part, ont mesuré
bien que le moment où l'augmentation de fond continu la hauteur d'un pic d'ordre à courte distance en fonc-
se manifeste ne soit pas clairement relié à un stade de tion de la concentration dans le cas de l'alliage Mg-Cd.
la précipitation. Il n'en est pas de même de la seconde On observe sur la figure 8 une croissance jusqu'à
conséquence car il n'existe pas dans tous les cas, à
un stade donné de l'avancement de la précipitation,
un pic stable ayant les caractéristiques d'un pic de
relaxation. Enfin quand ce pic apparaît il semble
associé à un précipité intermédiaire (y' dans l'Al-Ag ;
0' dans l'Al-Cu).
possibilités de relaxation pour l'ordre à courte distance. du premier ordre. Siegel [62] a étudié les transfor-
On peut également étudier l'influence d'un retour mations ordre-désordre et désordre-ordre dans les
vers l'ordre à grande distance (transformation désor- alliages Au-Cu, en conditions isothermes. Ces expé-
dre-ordre) sur un alliage trempé àpartir d'une tempé- riences ont été reprises par Lord [63] qui pense que
rature supérieure à T, et réchauffé dans un domaine de l'ordre à grande distance s'établit d'abord par for-
température où la solution solide s'ordonne. Wert [74] mation de domaines antiphases, puis par coalescence
a observé dans ces conditions une diminution de de ces domaines.
l'intensité de relaxation associée à l'ordre à courte
distance quand l'ordre à grande distance réapparaît ; III. 4. ALLIAGEMÉTAL-HYDROGÈNE. - A partir
on note des effets semblables dans le cas du laiton P [66] de l'examen des diagrammes d'équilibre et des mesures
et de l'alliage Fe-A1 à 40 % [75]. Chomka [68] a de solubilité de l'hydrogène dissous dans différents
étudié pour sa part la transformation ordre-désordre métaux, Niobium, Tantale, Vanadium, Palladium,
(fig. 9) en mesurant le frottement intérieur en fonction etc... on peut penser qu'une transition gaz-liquide
de la température dans un alliage à 29,5 at % de Mg ; se produit dans la matrice métallique d'une façon
analogue à ce qui se passe dans le cas de l'hydro-
gène libre 11201. On peut donc considérer le point
critique de la lacune de miscibilité de l'alliage Nb-H
par exemple comme le point critique d'une transition
gaz liquide.
Ce type de transition peut être étudié grâce à un
type de relaxation associé à tout défaut ponctuel
(symétrique ou asymétrique) pourvu qu'il déforme
le réseau. En effet si la contrainte appliquée provoque
un gradient de déformation le défaut ponctuel se
déplace dans ce gradient et on observe une déformation
visco-élastique associée à la diffusion à grande dis-
tance (effet Gorsky) [141].
L'intensité de la relaxation associée à cet effet dans
les alliages Nb-H augmente fortement près du point
critique [142] et Alefeld et al. [143] ont montré que
les interactions attractives entre les atomes d'hydro-
gène au moment de la transition de phase sont d'ori-
gine élastique.
observe un alignement spontané de moments dipo- IV. Interprétation des effets d'anélasticité associée
laires électriques. La polarisation spontanée de ces aux changements d'état. - IV. 1. A notre connais-
solides disparaît au point de Curie ferroélectrique. sance les premières tentatives d'interprétation des
Sur de tels matériaux étudiés dans le domaine du effets anélastiques associés aux phénomènes de préci-
MHz on observe au point de Curie [88] un amortis- pitation sont à porter au crédit de Damask et
sement anormalement fort des ondes élastiques qui Nowick [35] (1955)' mais il a fallu attendre 1969
provoquent un déplacement dans le plan de polari- pour que cette analyse soit reprise à la fois dans
sation et aucune anomalie semble-t-il pour des modes l'un des cas particulier (Al-Ag) [36] et sur un plan
non liés à la polarisation. On note également une plus général par Schoeck [96].
anomalie des constantes élastiques. Indépendamment semble-t-il, l'école Russe, et
plus particulièrement Krivoglaz [97] a dès 1960
III. 6. TRANSITION ÉTAT NORMAL. ETAT SUPRA- développé une théorie plus complexe qui permet
CONDUCTEUR. - Le passage d'un métal à l'état supra- d'après son auteur de rendre compte des transforma-
conducteur en l'absence d'un champ magnétique est tions polymorphiques des métaux purs et des alliages,
également une transition de phase de deuxième de la décomposition des solutions solides ; et (sauf
espèce qui se manifeste par des anomalies de cons- dans certains cas particuliers) des transformations
tantes élastiques ou d'atténuation. ordre-désordre de première espèce. Plus généralement
On observe de telles anomalies sur le Plomb, cette théorie peut décrire des phénomènes de rela-
1'Etain 1921, le Niobium [90], etc... L'effet croît en xation associés à la redistribution des atomes de
fonction de la fréquence ce qui permet de comprendre soluté entre certaines zones perturbées et le reste du
les écarts plus faibles obtenus dans le domaine du cristal. Néanmoins cette analyse récemment raffinée
kHz [91]. par Darinskiy et Levin [98] aussi bien que celle de
Enfin on a observé dans l'état supraconducteur une Nowick ne peuvent en principe interpréter que les
très grande influence de l'amplitude des oscillations transformations par diffusion (4), où la présence de
sur le niveau de l'atténuation ; du reste pour des phénomènes thermiquement activés est à l'origine
amplitudes suffisamment élevées on n'observe pas d'une relaxation.
la transition [89] [93] [94], (fig. 10). Il semble que Ces théories reposent sur l'hypothèse selon laquelle
les variations locales de température et de contraintes
qui accompagnent la propagation d'une onde élastique
perturbent l'équilibre d'un système biphasé et provo-
quent un changement de phase. Dans ces conditions
si les deux phases ont des volumes spécifiques diffé-
rents, et des constantes élastiques différentes, la trans-
formation qui s'effectue dans le cas des transforma-
tions hétérogènes par le déplacement thermiquement
activé de l'interface produit-phase mère a pour consé-
quence une déformation supplémentaire associée à
la transformation.
La vitesse de l'onde élastique ne sera donc plus
entièrement déterminée par le module du solide initial
et la transformation pourra être suivie par la variation
FIG. 10. -Variation de l'atténuation (v = 51 MHz) en fonc- des constantes élastiques. On obtiendra d'autre part
tion de la température dans un monocristal de Plomb pur
(99,999 %).
une dissipation d'énergie particulièrement importante
A amplitude maximale quand la période des oscillations et le temps de rela-
x - divisée par deux xation de la transition seront du même ordre de
O - divisée par 50 grandeur.
(d'après la référence 1891.) Dans le cas des transformations martensitiques il
n'existe à notre connaissance que deux approches
celle de Belko et al. [29] et celle plus phénoménolo-
dans l'état normal l'interaction dislocations-électrons
gique de Delorme et al. [99], bien que comme nous
soit importante ; c'est pourquoi compte tenu des
le verrons la théorie de Schoeck [96] puisse sans doute
amplitudes utilisées on ne désancre pas les dislocations
s'appliquer partiellement à ces phénomènes.
et il n'y a pas d'effet d'amplitude. Par contre à l'état
Nous allons rapidement passer en revue ces théories
supraconducteur, la viscosité du gaz électronique
diminue et il n'y a plus freinage des dislocations qui et nous nous bornerons à une présentation succincte
peuvent se désancrer pour des amplitudes beaucoup
(4) Elle peut également s'appliquer à toute transformation
plus faibles. Cette hypothèse est confirmée par le hétérogène ou le déplacement réversible des interfaces sous
fait que l'effet est d'autant plus net que le métal est l'effet de la contrainte présente un comportement visqueux d'ori-
plus pur et qu'il n'est pas sensible à la fréquence. gine physique quelconque (paragraphe IV-3).
CHANGEMENTS D'ÉTAT ET PROPRIÉTÉS A?~ÉLASTIQUES DES SOLIDES MÉTALLIQUES C2-73
faces s'accompagne d'une redistribution du soluté Cette analyse de Krivoglaz a été utilisée par Polot-
entre les phases. Cette redistribution est conditionnée skii et Mordyuk [34] pour rendre compte des valeurs
par les processus de diffusion et se produit en général maximales de frottement intérieur mises en évidence
beaucoup plus lentement que les variations de tempé- pendant le vieillissement isotherme des alliages Cuivre-
ratures. Nous disposons dans ce cas des analyses de Berrylium et Cuivre-Indium. Ces auteurs ont évalué
Krivoglaz et Schoeck que nous envisagerons succes- tous les paramètres entrant dans les formules 1 2 3' 4'
sivement. et 5 et obtenu z N s dans le cas du Cu-Be et
N 2 x dans le cas du Cu-In. L'amortissement
IV. 2.2.1. - Krivoglaz envisage encore une série
maximal calculé était compris entre 9 x et
de cas (isothermes ou adiabatiques, phénomènes divers
5 x IO-' et les valeurs expérimentalesentre 4,5 x 10-
contrôlant le déplacement de l'interface, etc...). Nous
et 1,3 x IO-' : comme on le voit l'accord est excel-
nous bornerons ici à donner des résultats obtenus dans
un cas qui correspond généralement aux effets de lent, voire troublant.
précipitation dans un alliage métallique. Cette théorie a été reprise et complétée par Darinskiy
On admet donc que la concentration volumique et Levin 1981 dans le cas d'un système biphasé à deux
en précipité x2 est faible. Ce précipité est présent sous composants. Ces auteurs ont tenu compte de l'influence
forme de particules que l'on supposera sphériques, des contraintes élastiques existant près des particules
de rayon ro et situées à une distance R l'une de l'autre. de précipité sur la cinétique de la transformation.
On suppose également que la cinétique de croissance Ils ont ainsi montré que la prise en compte de ces
et de dissolution n'est conditionnée que par la valeur contraintes peut modifier d'une façon importante la
du coefficient de diffusion D du soluté. valeur du temps de relaxation z et que leur théorie
En conditions adiabatiques et à basse fréquence permet d'interpréter l'étude par frottement intérieur
l'amortissement est donné par la formule (1) z par (2) de la précipitation de la cémentite dans un acier au
Km par (5) mais les valeurs z, et de Ko diffèrent : carbone hypereutectoïde [101].
IV.2.2.2. - Dans le cas particulier des alliages
Tantale-Hydrogène Cannelli et Mazzolai [59] donnent
une interprétation toute différente des effets d'ané-
KaTAV lasticité associés à l'apparition d'une nouvelle phase.
Ko=KII+--- 4 Ils attribuent deux pics aperçus lors du refroidisse-
ment d'alliages suffisamment chargés en hydrogène
au déplacement de l'hydrogène dans la solution
solide a(P,) et dans une phase Pz tétragonale centrée
(Pz). Pour les fréquences utilisées l'apparition de Pz
(4') correspond à une augmentation sensible de frottement
K, cc, q, AV, T, C,, V ont la même signification que intérieur entre 120 0K et 300 0K. Donc pour une
précédemment ; C2 est la concentration en soluté concentration en hydrogène donnée, l'augmentation
dans la phase précipitée. AVA et AVB sont les change- brutale de frottement intérieur observée au cours du
ments de volume correspondant à l'introduction d'un refroidissement à une température Tt correspond à
atome de A ou d'un atome de B respectivement, et l'apparition de Pz. Cette étude permet aux auteurs de
Q A et QB les chaleurs de dissolution correspondantes. tracer le diagramme d'équilibre Ta-H entre 180 0K
D'après la formule (1) on observe donc un frotte- et 300 OK.
ment interne maximal
IV. 2.2.3. - Schoeck [96] a pour sa part, introduit
dm,, =
cg - c:
pour
C
o z = 2N 1
l'intéressante notion d'énergie d'interaction contraintes
2 Co c m c m
appliquées-précipité. Cette énergie d'interaction égale
au travail fourni contre les forces appliquées pendant
où z est donné par l'expression (2). Dans ces conditions la formation du précipité (') est calculée dans
la relation entre z et la température n'est plus donnée l'hypothèse d'un milieu élastique continu et isotrope
par l'expression simple classique z = P exp(U/kT) [102] [107], et sa valeur maximale constitue la limite
et la position du maximum sur l'axe des températures supérieure de la quantité d'énergie qui peut être
dépend des conditions d'avancement de la précipitation dissipée pendant un cycle. L'auteur fait également des
par l'intermédiaire de z, donné par (3'). hypothèses sur la nature de l'interface et sur les
Il est possible en principe de garder la température variations de volume spécifique et de constantes
et le degré d'avancement de la réaction constante et élastiques associées à la précipitation.
d'utiliser la relation (1) reliant l'amortissement à la Dès lors il distingue trois cas :
fréquence de sollicitation. Si l'on met en évidence un 1) Le précipité est cohérent et possède les mêmes
maximum ; le produit o z sera voisin de 1 ce qui per-
mettra la mesure de z. Par contre la relation 6 = f (X) (7) Elle est aussi &galeà la différence entre I'énergie élastique
peut être complexe et passer par une valeur maximale emmagasinée dans la solution solide mère seule et dans l'alliage
sans que pour autant la relation o z N 1 soit satisfaite. biphasé.
constantes élastiques que la matrice, mais sa présence A ce stade de son analyse Schoek introduit une
entraîne un changement de forme ou de taille. différence fondamentale entre les deux premiers cas
2) Le précipité est cohérent, et possède des constan- et le troisième. Pour obtenir un pic de frottement
tes élastiques différentes de celles de la matrice mais intérieur il faut que la période des contraintes appli-
sa présence n'entraîne ni changement de forme ni quées soit de l'ordre de grandeur du temps de rela-
changement de volume. xation du phénomène. Or, selon cet auteur cette
3) Le précipité est non cohérent (ou semi-cohérent). condition n'est pas réalisée dans les deux premiers
On peut montrer que dans les trois cas l'énergie cas ou l'équilibre n'est pratiquement jamais atteint
d'interaction est donnée par les expressions (6) (7) Par contre les joints d'interphase pourraient comme
et (8) : les joints de grains être à l'origine de vrais pics stables
dans un domaine de fréquence raisonnables (l'Hz
cas no 1 et au-delà).
A partir de cette hypothèse Schoeck et Bisogni [36]
ont développé un modèle détaillé permettant d'inter-
préter le pic observé sur l'alliage AI-Ag. D'après leurs
cas no 2 résultats expérimentaux et les études de cinétiques de
. = - -pS3
E int - SV précipitation [103] [104] le pic à 150 OC est dû à la
2 fi présence du précipité y'. Ce précipité de composition
Ag,Al et de structure hexagonale se présente sous
avec forme de disques ou de lentilles de diamètre moyen
1 p et d'épaisseur de l'ordre de 100 A.
La transformation c. f. c., hc peut se décrire par le
passage de dislocations partielles a/6 [Il21 dans un
plan compact sur deux de la structure c. f. c. Dans
ce cas il semble que les vecteurs de Burgers des dislo-
(7*) cations partielles soient tels que leur somme soit
cas no 3 nulle par groupe de 3 ; ainsi la présence de ces dislo-
cations ne crée pas de contrainte à grande distance
ce qui est vérifié par les observations expérimen-
tales [103]. Dans ces conditions la cohérence précipité-
ou P: représente les forces appliquées et e: les défor- matrice n'est assurée que dans le plan de base ; la
mations associées à la transformation ; u est le volume croissance parallèlement au plan de base se fait par le
du précipité - Ap = pl - p la différence des modules déplacement de dislocations partielles d'interface
de cisaillement. Dans les cas 2 et 3 on considère que dont la mobilité dépend du coefficient de diffusion
le solide n'est sollicité qu'en cisaillement pur P l , du soluté. Perpendiculairement au plan de base la
étant ce cisaillement. So est un facteur de forme qui croissance s'effectue par la naissance spontanée de
varie de 0,5 à - 0,25 quand le précipité évolue de défauts d'empilement supplémentaires. Le modèle
l'état de disque plat à celui d'aiguille ; a = (A/n)% est donc basé sur l'image d'un disque de précipité
ou A est l'aire de i'interface matrice-précipité. bordé par une paroi de dislocations partielles. Les
Il est intéressant de noter que dans les 3 cas l'énergie auteurs calculent la déformation anélastique associée
d'interaction est proportionnelle au volume du préci- au déplacement sous l'effet de la contrainte appliquée
pité si les contraintes appliquées sont homogènes. des dislocations qui bordent le précipité. Ce dépla-
La dissipation d'énergie provient dans le premier cement s'effectue à vitesse finie puisque la croissance
cas d'une croissance ou d'une dissolution thermique- ou la décroissance du précipité y' selon un plan (1 11)
ment activée du précipité sous l'effet des contraintes de la matrice exige la diffusion des atomes d'argent
(par le déplacement de l'interface matrice-précipité). vers l'intérieur ou l'extérieur du défaut d'empilement.
Dans le second cas une dissipation d'énergie peut II y a donc dissipation d'énergie sous l'effet d'une
provenir d'un changement de forme des précipités contrainte cyclique et on peut calculer le temps de
contrôlé par la diffusion. relaxation d'une part et la valeur maximale du frotte-
Enfin, dans le dernier cas l'auteur estime qu'il ment intérieur associé à un tel phénomène d'autre
s'agit d'une dissipation associée à la présence de part.
« joints visqueux » d'interphase.
On obtient une estimation par excès du frottement
intérieur à partir de la définition générale.
est nul la valeur de la discontinuité de module au où F(T) et G(T) sont des fonctions complexes de
point de Curie et du temps de relaxation dans son b [106]. Les relations [28] et [29] tendent évidemment
voisinage. vers l'unité pour la température critique. (as/cr,,)
diminue avec la température par contre (a,/+,)
augmente avec les températures décroissantes et
l'augmentation du libre parcours moyen des phonons.
Z=
1
2 ka(T, - T)
avec a = ($1 T=TC
(25)
Ces prévisions théoriques concordent de façon
convenable avec l'expérience à condition de tenir
compte de l'atténuation due aux dislocations et dont
on obtient un maximum de frottement intérieur pour on sait qu'elle change de nature entre l'état normal et
o z = 1 et on détermine la température de ce maximum l'état supraconducteur (3 III. 5). Cette correction
pour H = O à partir de la relation (25). est importante car elle permet à partir des valeurs
corrigées d'obtenir une meilleure détermination de
la largeur de la bande séparant les électrons normaux
des électrons dans l'état supraconducteur [94].
L'application d'un champ déplace le maximum
vers le point de Curie et en diminue l'amplitude. V. Pics de joints de grains. - Les théories que
Un raisonnement analogue peut s'appliquer aux nous avons passées en revue dans le texte précédent
transitions antiferroparamagnétiques et aux transi- font largement appel au déplacement réversible des
tions ferroélectriques ; on observe effectivement des interfaces métal-métal, ou phase mère-précipité.
valeurs maximales de l'atténuation aux points criti- Cependant les analyses sont le plus souvent phéno-
ques. ménologiques et une approche plus physique de
Il faut également signaler que le comportement mécanismes élémentaires permettrait sans doute de
des alliages Nb-H près du point critique (9 111.4) grands progrès. C'est pourquoi il nous a paru néces-
est phénoménologiquement identique à celui d'un saire de faire brièvement le point sur les pics de joints
solide ferromagnétique près du point de Curie 11421. de grains et les théories microscopiques proposées
pour leur interprétation. Les lignes qui siiivent sont
IV.6. TRANSITION ÉTAT NORMAL. ETAT SUPRA- issues pour l'essentiel des travaux de Siddel et Szopiak
CONDUCTEUR. - Comme cette transition est du [114] et de Gacougnole [115].
second ordre on doit observer une absorption anor-
male de l'énergie des oscillations mécaniques près V . 1. - C'est Kê [116] qui le premier observe sur
de Tc. un polycristal d'aluminium un maximum absent
On étudie le rapport cl,/a, (ou as et a, sont respec- dans le cas d'un échantillon monocristallin. Ce pic
tivement les atténuations obtenues dans l'état supra- apparaît vers 2800C pour une fréquence de 1 Hz
conducteur et dans l'état normal) en fonction de la et les résultats ultérieurs [Il71 [118] [119] ont pour
température [109] [llOj [Il 1] [112] [113]. Le calcul l'essentiel confirmé les résultats de Kê. Cependant
a été effectué dans deux cas, o s 2-1 o < 2-1 Williams et Leak [118] ont mis en évidence un deu-
(2. à IO-' s). Dans le premier cas on ne tient xième pic vers 580 OC et lié semble-t-il à une texture
pas compte à haute fréquence des processus de rela- « bambou » de l'éprouvette. Nous conviendrons donc
xation ;il vient d'appeler L. T. P. le pic à 280 OC et H. T. P. le pic à
580 O C ('O).
Des études analogues ont été effectuées sur de
nombreux métaux purs Mg [57], Cu [117] [Il81 [57]
[121] [122], Fe [57] [123] [124] [125], Ag [Il71 [126],
Sn [127], Ni [121] 11271 [128], Au [129], Zn [138],
Cd [139].
Dans les solutions solides de substitution apparaît
l'expérience confirme bien cette loi. un troisième pic situé à une température intermédiaire
A basse fréquence on décompose aS/aN en deux, (1. T. P.) [130].
une partie due à l'excitation électronique. Les pics de joints de grains sont des pics de rela-
xation beaucoup plus larges qu'un pic théorique à
un seul temps de relaxation [117]. On admet générale-
ment qu'ils sont bien décrits par l'analyse de Nowick
et Berry [134] et que la distribution Gaussienne des
et une partie due à l'absorption de l'énergie sonore temps de relaxation se fait autour du temps le plus
par les phonons
(10) Remarque : L. T. P. Low temperature peak.
H. T. P. High Temperature peak.
1. T. P. Intermediaire Temperature peak.
probable déterminé par changement de fréquence. ment. C'est évidemment le L. T. P. qui étant le mieux
Ces pics sont par ailleurs définis par leur position et connu expérimentalement a fait l'objet des théories
leur hauteur. les plus élaborées. On doit du reste constater que les
théories se sont appuyées sur les modèles de joints
V.2. - La position des pics de joints de grains est proposés mais qu'il n'apparaît guère à l'inverse que
assez mal définie car il faut retrancher le fond continu les résultats obtenus par mesure des propriétés ané-
de la courbe expérimentale ; de plus la position varie lastiques aient fait progresser nos connaissances sur
avec la taille des grains et les teneurs en impuretés la structure des joints. Le premier modèle est dû
ou en éléments d'alliage. Cependant on peut estimer à Kê et s'inspire du modèle de joint de Mott. Par
que le L. T. P. se situe vers 0,4 TI (ou Tfest la tem- suite de la facilité des sauts atomiques dans les îlots
pérature de fusion) et le H. T. P. vers 0'8 Tf.Il est de mauvaise matière le joint se comporte comme
également bien établi que la position du L. T. P. une couche visqueuse et dans cette hypothèse l'énergie
varie en fonction du carré de la taille du grain [119] d'activation apparente du L. T. P. sera probablement
[128] mais on manque de données précises pour les inférieure à l'énergie d'autodiffusion en volume.
deux autres pics.
Leak [125] suppose pour sa part un déplacement du
V.3. - Sauf dans le cas de l'aluminium et peut- joint perpendiculaire à lui-même et reprend le modèle
être de cuivre [118], la hauteur du L. T. P. paraît- de Shockley et Read. L'énergie d'activation apparente
être une fonction linéaire décroissante de la taille sera là encore de l'ordre et probablement inférieure à
des grains Fe [125] Fe-CFe-N [132] Ni [128]. Il n'y l'énergie d'autodiffusion en volume. Ce modèle est
a pas semble-t-il de relation simple dans le cas de évidemment sous cette forme, limité aux joints à
1'1. T. P. et la hauteur du H. T. P. est proportionnelle faible désorientation.
au nombre de grains ayant une taille égale au diamètre C'est un progrès dans la connaissance de Ia structure
de l'éprouvette. des joints de grains et l'apparition du modèle de
L'addition d'éléments d'alliage en substitution fait « joint de coïncidence » [135] [136] qui ont amené
disparaître le L. T. P. [119] [133] [128] ; 1'1. T. P. Roberts et Barrand à proposer un modèle qui peut
apparaît ensuite et augmente avec la teneur en addi- s'appliquer aux joints à forte désorientation [137].
tion tant qu'il n'y a pas apparition d'une nouvelle Ce type de joint possède une structure en « terrasses »
phase. L'addition d'éléments en insertion carbone ou correspondant aux plans denses du réseau de coïnci-
azote commence par augmenter la hauteur du L. T. P. dence et un ensemble de dislocations qui constitue
du Fer [132] qui disparaît ensuite pour des teneurs une sorte de sous-joint dans le réseau de coïncidence.
plus élevées [125]. Il apparaît enfin que la hauteur du Ce modèle envisage donc comme le précédent le
L. T. P. augmente linéairement avec l'énergie de déplacement par montée des dislocations et cette
défaut d'empilement dans le cas des c. f. c. [117]. montée sera d'autant plus facile que l'énergie de
V .4. - De nombreux auteurs ont essayé de compa- défaut d'empilement du métal sera plus &ande.
rer l'énergie d'activation apparente déduite du dépla- Cette conclusion est en accord avec les résultats de
cement des pics en fonction de la fréquence à l'énergie Cordea et Spretnak [Il71 qui sont du reste à la base
d'activation pour l'autodiffusion en volume ou dans du modèle de Roberts et Barrand. Ce modèle inter-
les joints. Les avis sont partagés mais il semble que prète également la position relative des énergies
l'énergie d'activation apparente du L. T. P. soit d'activation apparentes entre I'énergie d'activation
comprise entre les deux valeurs de l'énergie d'auto- pour l'autodiffusion en volume ou dans le joint.
diffusion. Les énergies d'activation apparentes des Les mêmes auteurs appliquent également ce modèle
3 pics L. T. P., 1. T. P., H. T. P. sont évidemment au 1. T. P. ; les impuretés bloquent les dislocations et
croissantes et celle de 1'1. T. P. dépend de la nature font décroître le L. T. P. mais pour une température
et de la teneur en élément d'addition. La valeur trouvée supérieure les dislocations se désancrent ou se dépla-
dans le cas des H. T. P. montre que ces pics mettent cent avec leur nuage et 1'1. T. P. apparaît. Les deux
en jeu des mécanismes moins aisés que l'autodiffusion pics apparaissent ensemble dans un alliage dilué qui
en joint ou en volume. A titre d'exemple le tableau 1 contient à la fois des dislocations libres et des dislo-
ci-dessous donne les valeurs trouvées dans le cas du cations ancrées. Dans un alliage concentré toutes les
cuivre et de l'aluminium. dislocations sont saturées et 1'1. T. P. subsiste seul.
Roberts et Barrand ont également avancé un modèle
qualitatif pour le H. T. P. [140] ce pic est dû au cisail-
QL.T.P. QH.T.P.
lement des joints de grains d'une structure « bambou »
- - grâce au mouvement thermiquement activé des crans
Al 38 kcal 76 kcal sur les dislocations contenues dans le joint. Le pic
Cu 36 kcal 106 kcal est donc plus élevé dans les métaux à haute énergie
de défaut d'empilement. La disparition du H. T. P.
Les modèles proposés devront tenir compte des par addition d'impuretés s'explique par le blocage
caractéristiques que nous venons de décrire briève- des crans.
Conclusion. - Les changements d'état se manifes- simples et spécifiques de chaque sorte de transfor-
tent toujours par I'apparition près des points de transi- mation.
tion d'anomalies importantes dans l'évolution ther- En résumé bien que l'étude des effets d'anélasticité
mique des propriétés des solides. La nature de ces soit l'une des méthodes expérimentales les plus sensi-
anomalies par contre, dépend des caractéristiques bles pour saisir les changements d'état il reste beau-
spécifiques de chaque transformation et il ne semble coup à faire au niveau de l'expérience et de la théorie.
pas possible pour l'instant de donner une description Expérimentalement il importe d'abord de bien séparer
générale des effets d'anélasticité associés aux change- les effets associés aux transitions du fond continu et
ments de phase ; c'est pourquoi nous avons été de phénomènes annexes ; en outre la réalisation d'ex-
amenés à décrire brièvement une série d'exemples. périences couplées permettant l'examen en parallèle
Il apparaît cependant que dans les transformations des effets anélastiques et d'une autre propriété plus
hétérogènes il soit possible d'associer principalement facilement interprétable pourrait apporter des infor-
la dissipation d'énergie au déplacement des interfaces mations précieuses.
précipité-matrice sans connaître du reste très préci-
Enfin il est nécessaire dans la plupart des cas de
sément les mécanismes élémentaires qui sont à la
préciser les mécanismes élémentaires qui sont à la
base de ces déplacements. C'est pourquoi au para-
base de la dissipation d'énergie.
graphe V nous avons rappelé les caractéristiques des
pics de joints de grains pour lesquels des modèles Dans ces conditions l'étude des caractéristiques
physiques s'ébauchent. anélastiques pourra devenir une technique d'analyse
Par contre dans le cas des transitions de seconde des transformations à l'état solide d'autant plus
espèce, la situation est moins nette et les effets d'ané- puissante qu'elle peut souvent être utilisée pendant
lasticité sont associés au mouvement de défauts plus le changement d'état lui-même.
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