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Benoit Fouché
in André Etchelecou, Grand manuel de sophrologie
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Partie
4
Domaine
de la santé
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Applications thérapeutiques
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Sophrologie
Chapitre
et médecine
16 générale
BENOIT FOUCHÉ
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sa colère, sa tristesse, sa résignation, sa dépression, mais aussi ses joies, ses projets de
changement de vie. Il fait prendre conscience au patient de ses émotions négatives et de
ses émotions positives ; lesquelles émotions le patient devenu sophronisant devra rencon-
trer dans la pratique sophrologique.
Sommaire
1. Sophrologie et douleur...................................................................... 328
7. Conclusion......................................................................................... 349
8. Bibliographie...................................................................................... 350
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porelles, de deux formes d’énergie corporelle.
GROS PLAN
Bienfaits de la sophrologie en médecine générale
La pratique de la sophrologie va être d’abord pour le patient une
manière nouvelle de rencontrer son corps. Non plus un corps que
j’ai, mais un corps que je vis. Et surtout, le sujet malade va intégrer sa
douleur ou sa souffrance dans la conscience globale de son schéma cor-
porel. Tout le travail sur le symptôme en sophrologie consiste non pas
à faire disparaître le symptôme, comme cela se fait avec un médicament
ou une intervention chirurgicale en médecine classique ; mais aider le
patient à intégrer le symptôme dans la conscience de son schéma cor-
porel pour le transformer : par exemple, modifier la perception de la
douleur à l’aide de la sophro-substitution sensorielle, intégrer une para-
lysie d’un membre suite à un AVC à l’aide de la relaxation dynamique 1
(RD1).
La sophrologie permet au patient de travailler sur la représenta-
tion qu’il a de lui-même. C’est surtout le travail qui se fait en relaxation
dynamique 2 (RD2). Le patient doit rencontrer et regarder les émotions
négatives qui ont sous-tendu la maladie. Il est, à mon sens, simpliste
d’affirmer que « tout est psychosomatique », à savoir que nos maladies
seraient toujours causées par des émotions négatives. Il est plutôt sage
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Nous allons classer les demandes faites par le patient en fonction des branches cli-
niques de l’exercice médical occidental qui est le nôtre :
● douleur (analgésie et anesthésie) ;
● préparation à l’accouchement ;
● prise en charge du post-AVC ;
● maladie neurologique dégénérative en particulier Alzheimer ;
● insomnie ;
● angoisse et dépression.
1. Sophrologie et douleur
C’est bien une demande symptomatique qui concerne aussi le médecin généra-
liste1, comme toutes les professions médicales. Il est compétent pour s’assurer que
les causes de la douleur ont été explorées et sont prises en charge par voie médica-
menteuse, rééducative ou chirurgicale.
1. Si un chapitre de l’ouvrage est entièrement consacré à ce sujet, le propos du praticien généraliste régulièrement confronté
à cette question de la douleur-souffrance n’en reste pas moins édifiant. Nous signalerons par ailleurs les éléments présentant
une utile complémentarité avec d’autres chapitres (B. Etchelecou).
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La douleur stimule les aires sensorielles du cerveau. Mais la question est en fait plus
complexe, car il y a une dimension émotionnelle et cognitive de la perception de la
douleur, et c’est sur cette dimension que la sophrologie agit. Il faut donc la com-
prendre.
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Les neuroscientifiques ont découvert un circuit riture peut modifier l’intensité de la douleur
qui va des lobes frontaux du cortex cérébral à la perçue : un groupe de rats est nourri sur une
moelle épinière en passant par le mésencéphale plaque chauffante avec des croquettes
et qui modèrent la douleur : les neurones de ces normales. Un autre groupe est nourri sur une
circuits produisent les « endorphines » qui sont plaque chauffante avec des biscuits et du cho-
des antalgiques naturellement synthétisés par colat. Quand on augmente jusqu’à la douleur
l’organisme. la température de la plaque, les rats qui
s’attendent à avoir du chocolat supportent la
L’anticipation négative, par exemple, la chaleur deux fois plus longtemps que les rats
connaissance d’un traumatisme précédent, nourris aux croquettes.
peut accroître la douleur. La bonne humeur Or quand on leur administre une drogue qui
(« … même pas mal… ») ou l’anticipation posi- empêche les endorphines d’agir, le groupe de
tive diminuent la douleur, et c’est sur ces émo- rats en attente du chocolat supporte aussi mal
tions et ces cognitions que joue la sophrologie. la douleur que les autres.
Or cette corrélation, les chercheurs de San L’anticipation d’une récompense augmente la
Francisco, l’ont démontrée : tolérance des rats à la douleur.
La sophro-acceptation progressive (SAP) a
● L’application d’un stimulus douloureux sur la
donc bien une fonction analgésique en anti-
main est précédée par la vision sur écran du
cipant une récompense, à savoir en faisant
mot « haute température » sur fond rouge.
vivre au sophronisant la période d’après, où il
Lors du stimulus douloureux, les sujets res-
sera guéri et aura repris une vie normale. Et
sentent peu la douleur après avoir vu « basse
nous savons donc que la SAP agit grâce aux
température » sur fond bleu, et c’est au
endorphines.
contraire, une réaction douloureuse vive
après « haute température » sur fond rouge.
INFOFLASH
Ce que les neurologues nous ont appris :
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● D’une part que ces douleurs chroniques sont dues à des microlésions
des fibres nerveuses qui transportent l’information douloureuse par
la moelle épinière. Les fibres nerveuses de la douleur deviennent
hyperexcitables. C’est pourquoi on dit que ces douleurs chroniques
sont neuropathiques.
● D’autre part que l’intégration au niveau cérébral dans ces douleurs
chroniques est particulièrement modulée par la mémoire des expé-
riences passées (syndrome post-traumatique) et par l’état émotionnel
du patient (syndrome dépressif, par exemple).
LA DOULEUR NEUROPATHIQUE
LA DOULEUR INFLAMMATOIRE
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utilisée pour calmer la douleur dentaire et pour l’analgésie des opérations dentaires (sans
anesthésie locale). Le docteur J.-P. Hubert (1985, p. 100 et 101), par exemple, propose de
présenter et d’appliquer la sophro-substitution sensorielle aux douleurs inflammatoires
(par exemple l’arthrite), aux opérations en odontostomatologie.
3. On peut trouver des exemples d’inductions dans les chapitres 3 « Sophrologie et traitement de la douleur » et 6
« Sophrologie et kinésithérapie ».
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IMPORTANT
Il faut distinguer :
✓ les muscles du mouvement, muscles longs des membres qui sont en
général hypertoniques et que la sophrologie permet de détendre,
donc de diminuer leur douleur ;
✓ les muscles de la posture, petits muscles courts (250) qui soutiennent
la colonne vertébrale et qui sont dans la population généralement
hypotoniques. Le renforcement de leur tonicité dans la RD debout
permet de tenir sur notre axe, de nous enraciner et donc de diminuer
l’effort que nous demandons aux muscles du mouvement pour tenir
debout.
(alors qu’il est facile d’expérimenter que le froid induit une constriction doulou-
reuse sur le côlon).
● Le deuxième type provient des modifications du tonus vasculaire qui
expliquent un type particulier de céphalées qu’il faut bien identifier : la migraine.
La crise de migraine est caractérisée par :
– son caractère souvent unilatéral et pulsatile ;
– son aggravation par les activités physiques.
Elle est accompagnée souvent de nausées et de photophobie et peut être précédée
d’une « aura » qui est un trouble neurologique, d’un « scotome » (c’est-à-dire une
tache dans le champ visuel) ou plus rarement de paresthésies et même d’aphasies.
La physiopathologie de la migraine explique ces phénomènes. Lors de l’aura, il existe
une vasoconstriction des vaisseaux sanguins cérébraux par action de la sérotonine
cérébrale (ce qui explique que les antisérotoninergiques sont d’excellents antimi-
graineux). Cet épisode physiologique, sans douleur mais accompagné de troubles
neurologiques dans certains cas, est suivi d’une phase de vasodilatation qui se mani-
feste par la céphalée pulsatile.
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Note : La dépression est un facteur favorisant la migraine.
C’est pourquoi sans doute pour soulager la migraine et quelques fois la faire dispa-
raître, il faut certes pratiquer la relaxation sophrologique allongée type training
autogène avec sensation de lourdeur globale du corps, mais il faut aussi pratiquer
la méditation (RD3 en sophrologie) qui permet en position assise d’échapper à la
sensation des limites de son corps et à certains moments de sortir de la sensation
de son corps donc de la douleur présente.
Il est certain que la relaxation allongée et la méditation doivent être pratiquées dès
le début de la crise migraineuse et encore plus en prévention par une pratique régu-
lière.
2. La préparation à l’accouchement
Le médecin généraliste peut être amené à suivre une grossesse d’évolution normale
et donc, s’il est sophrologue, à accompagner la femme dans sa préparation à l’accou-
chement par la sophrologie.
Il faut se référer pour apprendre la richesse des techniques sophrologiques dans la
préparation à l’accouchement à l’excellent travail du docteur Patrick André Chéné,
dans le tome II de son volume : Sophrologie. Champs d’application (1999, p. 221
à 245).
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Note : Je tiens à dire que j’ai été interne en obstétrique en 1980 et que j’ai fait des
préparations sophrologiques à l’accouchement.
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permettre également de mieux vivre les phénomènes neurovégétatifs (nausées,
vomissements, malaises).
Pour intégrer psychiquement le bébé dans son corps, la femme va être invitée à se
mettre en RD2, c’est-à-dire à vivre le bébé d’abord en sensation-présence, puis en
image visuelle, kinesthésique et plus tard auditive : en état sophronique la femme
met ses mains telles que deux coquilles sur les oreilles pour vivre les sensations-
bruits que le bébé émet in utero.
La préparation au travail
Lors de la préparation sophrologique à l’accouchement, il faut considérer :
● les signes que le corps émet ;
● la douleur de l’accouchement ;
● l’expulsion.
Il convient d’habituer la femme enceinte et ce, encore plus en fin de grossesse, à
sentir et à identifier les différentes parties de son corps et surtout la sphère abdo-
minale et génitale.
C’est ce que notre collègue obstétricien sophrologue P.-A. Chéné appelle la sophro-
stimulation locale : « La femme enceinte devra concentrer son attention sur son
utérus et ses voies génitales pour en connaître l’état de relâchement et mieux per-
cevoir les contractions utérines isolées de fin de grossesse… » Il ajoute : « La per-
ception du col sera utile pendant le travail pour essayer de relâcher davantage celui-
ci ; agir de même sur le périnée et le vagin… » (1999, p. 223). Et c’est vraiment là un
travail éminemment sophrologique, car centré sur la conscience du corps.
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Les contractions utérines
Comment la femme peut-elle apprendre à surmonter les douleurs des contractions
utérines qui vont s’accélérer durant le travail ? Et je dis bien surmonter et non pas
supprimer.
La sophronisation de base est fondamentale, mais ne suffit pas. La femme doit
apprendre ce que P.-A. Chéné appelle la sophro-respiration synchronique, c’est-à-
dire en état de relaxation allongée faire une longue inspiration de 10 à 12 secondes
suivie d’une expiration encore plus longue de 12 à 15 secondes en centrant cette
respiration sur son utérus.
GROS PLAN
Lors de la vraie contraction utérine, lorsqu’elle sentira venir la contrac-
tion, elle commencera par une longue inspiration suivie d’une très
longue expiration. Trois cycles respiratoires lui seront nécessaires pour
surmonter et accompagner une contraction utérine puisqu’elle dure en
moyenne 45 secondes pendant le travail.
La phase de l’expulsion est la plus active : traditionnellement, il est
demandé à la femme d’inspirer, de bloquer, de pousser. En sophrologie,
on va insister sur une expiration longue avec la sensation centrée sur le
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périnée qui s’ouvre pour que la tête du bébé passe sans nécessiter sys-
tématiquement une épisiotomie, notamment pour les primipares.
L’épisiotomie est un acte de protection effectué par l’accoucheur (méde-
cin obstétricien ou sage-femme). Quand la tête du bébé vient compri-
mer et dilater l’anneau du périnée au point qu’il devient blanc (car en
anoxie), il y a risque de déchirure, il est alors préférable de faire une
petite incision de l’anneau périnéal pour éviter une déchirure sauvage,
et donc dangereuse. L’accoucheur peut ensuite recoudre l’incision pra-
tiquée, qui sera plus facile à cicatriser qu’une déchirure sauvage. La
relaxation sophrologique au moment de l’expulsion peut prévenir et
empêcher l’épisiotomie et la déchirure sauvage.
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Les accidents vasculaires cérébraux sont des nécroses brutales d’une zone du cer-
veau (par ischémie ou hémorragie) causant en périphérie des troubles de l’équilibre,
des troubles de la sensibilité (superficielle, kinesthésique et proprioceptive, c’est-à-
dire sensibilité des mouvements articulaires) des troubles de la motricité, des
troubles du langage (aphasie) et de la mémoire.
Ces paralysies se présentent, du fait de l’organisation neurologique, du côté droit du
corps par atteinte du cerveau gauche et réciproquement. Ceci se traduit par une
hémiplégie, une hémi-négligence (incapacité de percevoir l’espace situé d’un côté
sans atteinte de l’œil) ou une hémi-anopsie latérale homonyme (déficit du champ
visuel d’un côté).
Le médecin généraliste n’est en général pas impliqué dans le temps principal de la
rééducation qui se passe à l’hôpital, mais dans la réinsertion du patient dans sa
famille et dans la vie sociale. Surtout s’il est sophrologue, il doit avoir conscience du
deuil que le patient doit faire avec son moi d’avant, et des méthodes qu’il lui faut
adopter pour contourner ses handicaps.
Nous nous inspirerons du travail de notre ami Fabrice Alberny, qui après avoir été lui-
même victime d’un AVC, a fait des études de sophrologie et est devenu sophrologue
dans un service de rééducation fonctionnelle à l’hôpital Rotschild, à Paris. Il a rendu
compte de son expérience dans un très riche mémoire (Alberny, 2009).
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Note : Il est difficile de proposer une RD1 qui est en mouvement, car cela risque de
souligner les handicaps moteurs du patient.
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Fabrice Alberny souligne combien ce travail de redressement de la posture peut favoriser la
lutte contre la dépression qui guette particulièrement à cette étape de la réadaptation à la
vie active.
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4. Sophrologie et démence d’Alzheimer
Le médecin généraliste a évidemment à faire aux personnes âgées, à leur fragilité et
parfois à leur lente évolution vers la dépendance. La démence ou plutôt les diffé-
rentes formes de démence sont d’abord prises en charge au domicile avec l’aide de
la famille. Et le médecin généraliste-sophrologue doit apporter ses méthodes
propres pour favoriser le maintien de l’autonomie.
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mots de Dubois qui montrent que, si on aide la personne en lui fournissant des
indices, elle parvient à retrouver l’information. Sinon, il y a une présomption
d’Alzheimer.
● Un critère structural : une zone corticale atrophiée (lobe temporal) à l’IRM.
● Un prélèvement du liquide céphalo-rachidien (LCR) avec dosage d’un biomar-
queur.
La prise en charge, et surtout l’accompagnement sophrologique, supposent que le
médecin ou tout autre soignant comprenne bien que la maladie d’Alzheimer trans-
forme le rapport que le sujet a avec le monde et les autres.
Il nous faut citer l’approche remarquablement nouvelle qu’une structure comme
« Parentèle », qui accueille les patients Alzheimer, développe pour les accompa-
gnants.
GROS PLAN
Selon le docteur Georges Patat, fondateur de Parentèles et auteur du
petit manuel J’ai été, je suis, le développement de la maladie d’Alzheimer
entraîne la disparition progressive de « la mémoire qui sait », la mémoire
cognitive, au profit de « la mémoire qui ressent », la mémoire émotion-
nelle. C’est pourquoi les personnes atteintes sont souvent plus perfor-
mantes que les autres dans le domaine des sensations et des émotions.
La maladie les entraîne dans un monde nouveau où les repères dans le
temps et dans l’espace sont différents.
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GROS PLAN
Nous devons à Agathe Delisle, sophrologue et neuropsychologue,
auteur du chapitre sur le « Narcissisme de la personne âgée », dans notre
livre collectif : Sophrologie et narcissisme (Rousseau-Barasz, 2010)
quelques conseils : au début le patient Alzheimer peut faire en principe
tous les exercices de sophrologie, mais il faut surtout renforcer la
conscience du corps et la conscience de soi par l’image mentale d’un
lieu agréable qui lui serve de référence. Le malade Alzheimer tend à
verbaliser ce qu’il voit, sent et se représente. Et il est très important de
l’y encourager.
Au fur et à mesure où il a des difficultés à appliquer des consignes
énoncées verbalement, le patient se sophronise les yeux ouverts par
imitation. Il peut ainsi pratiquer plus longtemps et avec bénéfice les
exercices des techniques passives et actives. Quand la maladie lui ôte la
capacité de se représenter, seules les techniques actives pourront être
conservées encore un peu.
À la fin, quand la démence s’est installée, il faut être présent, qu’il
connaisse notre voix. Notre présence va le rassurer. Il reste baigné dans
une ambiance émotivo-affective à laquelle il est très sensible.
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5. Sophrologie et sommeil
Les techniques sophrologiques sont particulièrement sollicitées dans les troubles
du sommeil. La demande auprès du médecin généraliste à propos des troubles du
sommeil est considérable : un Français sur quatre présente une forme d’insomnie.
Le médecin généraliste est bien tenté de répondre par la prescription de somnifère
en sachant et en prévenant le patient qu’il y a un risque d’habituation et de dépen-
dance avec la tentation d’augmenter la dose. Puis, après 2 à 3 mois de traitement, le
sevrage prendra 1 à 2 semaines.
La sophrologie se présente comme une des principales techniques non médica-
menteuses puisqu’elle apprend au patient – devenu ici le sophronisant – à se mettre
dans un état de « vide mental », « au bord du sommeil ».
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est faite de plusieurs cycles de 90 minutes à 120 minutes environ chacun. Les dif-
férentes phases de chaque cycle se manifestent sous forme d’ondes visibles à
l’électro-encéphalogramme (EEC).
En période d’éveil, nous sommes à un rythme bêta assez rapide, de 20 à 40 pulsations
par seconde. Au moment de l’endormissement, les yeux fermés, quand on com-
mence à s’assoupir et que les idées ou les images flottent en nous au milieu d’un état
de relaxation psychique, ce sont les ondes cérébrales de 8 à 12 oscillations par
seconde (rythme alpha). Cet état correspond à l’état sophronique. La pratique de la
sophrologie permet de bien rentrer volontairement dans cet état d’endormissement
et de savoir que nous y sommes : c’est la pratique fondamentale de notre éducation
à un meilleur sommeil.
Puis il y a une période de sommeil intermédiaire. Ce sont les ondes thêta de 4 à
8 pulsations par seconde. Et nous arrivons au sommeil profond avec des ondes delta
de 1 à 3 pulsations par seconde (sommeil lent). C’est une phase vraiment réparatrice,
les muscles sont relâchés, la tension basse, la respiration très calme. Les personnes
qui ont des phases de sommeil lent trop courtes n’ont pas le sentiment d’avoir un
sommeil réparateur.
Et puis en fin de cycle, apparaît une phase de 15 minutes environ dite de sommeil
paradoxal : le rythme cérébral est bêta, car il y a une forte activité mentale : c’est la
période des rêves. Par contre le tonus musculaire est relâché comme dans le sommeil
profond et les globes oculaires roulent dans tous les sens.
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● réveils fréquents au cours de la nuit ;
● réveil au milieu de la nuit : le patient se plaint qu’à une heure fixe (2 ou 3 heures
du matin) il ne peut plus se rendormir pendant 2 heures (un cycle de sommeil
est sauté) ;
● réveil matinal précoce.
IMPORTANT
Le médecin doit bien faire le diagnostic d’une cause de l’insomnie. Ce
peut être :
✓ physique (hormonal, toxique) ;
✓ psychologique (excès de stress, personnalité angoissée et surtout
dépression qui entraîne une insomnie de la deuxième partie de la nuit
et doit être traitée pour elle-même).
L’INSOMNIE D’ENDORMISSEMENT
Les sujets qui se plaignent de fréquentes séquences d’insomnie dans la nuit suréva-
luent leur insomnie : c’est ce que montrent les enregistrements du sommeil que l’on
peut faire en hôpital, c’est ce que le médecin constate en apprenant que leur vie
diurne se passe relativement bien. Ce sont, comme le dit bien Gilles Pentecôte, des
personnes qui s’inquiètent de ne pas bien dormir et plus elles s’inquiètent, moins
elles dorment. Il ajoute fort justement « comme le bon sommeil est fortement aidé
par une bonne dose de confiance, le fait de cultiver cette émotion sera fort utile pour
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construire des nuits paisibles ».
Nous proposons donc que le sophronisant apprenne à retrouver la sérénité : en état
de relaxation dynamique 2, c’est-à-dire en état de visualisation, assis à retrouver un
bon souvenir ou un moment de sérénité. Il faut que le sophronisant s’y exerce tous
les jours pendant plusieurs mois pour créer un réflexe à l’intérieur de lui. En cas de
sentiment d’insécurité et surtout de peur de ne pas retrouver le sommeil, le sophro-
nisant fait appel à cette image de sérénité.
C’est un microréveil normal qui n’est pas suivi d’un nouveau cycle de sommeil. Le
sujet se réveille à 2 ou 3 heures du matin et reste éveillé pendant 2 heures et se
rendormira au prochain cycle. Il est en général occupé par des pensées et surtout
par une envie de bouger qui le fait se lever et s’activer ; il n’a vraiment pas envie de
se rendormir.
Pour apaiser les pensées envahissantes, le sophronisant doit apprendre à pratiquer
une courte méditation avant de s’endormir, assis, mais en dehors de sa chambre,
une méditation où il se représente ses soucis mais sans s’y attacher, en les regardant
de loin. Cet exercice lui permettra dans la nuit d’apprendre à tenir les pensées para-
sites à distance.
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de leur corps, puis sur le mouvement de leur corps dans un paysage.
L’angoisse
Pour l’angoisse, il me semble très pertinent de distinguer différentes formes
d’angoisse correspondant à différentes structures selon les classifications de la
psychopathologie psychanalytique. Cette psychopathologie distingue :
● l’angoisse de castration ;
● l’angoisse de perte d’objet ;
● l’angoisse de morcellement.
Nous allons essayer d’utiliser un vocabulaire un peu plus proche de l’expérience
humaine. Car il est sûr que les termes de « castration » et de « perte d’objet » font
appel à une conception de la psyché humaine centrée sur la libido sexuelle selon la
théorie freudienne, alors que nous envisagerons un vécu plus large de l’organisation
de l’humain qui distingue :
● l’intellect.
● l’affectif ;
● l’instinctivo-moteur.
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L’ANGOISSE DE CASTRATION
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lieu dense, puis comme un monde intérieur source d’images, de fantasmes, de vécus
personnels structurant sa propre personne. Il quitte cette position d’être obsédé par
l’image qu’il donne à voir à l’extérieur, ce narcissisme au sens courant du terme qui
est sa défense habituelle contre son sentiment de vide intérieur.
L’ANGOISSE DE MORCELLEMENT
La dépression
La dépression retrouve cette problématique de l’énergie qui s’échange entre les per-
sonnes. J’ai l’habitude de distinguer deux niveaux de dépression :
● Une dépression accessible à la rencontre. Le déprimé sait que certaines per-
sonnes par leur présence et leur échange avec lui, lui permettent de sortir de sa
dépression. C’est le niveau que les psychiatres appellent la dépression légère et
modérée.
● Une dépression inaccessible à la rencontre : le sujet est enfermé dans une bulle
d’idées noires et, quelle que soit la présence d’autres personnes, peu importe leur
accueil, son humeur n’en sera pas modifiée. C’est le niveau de la dépression pro-
fonde, c’est-à-dire de la mélancolie (qui signifie en grec « humeur noire »).
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La distinction entre dépression exogène et dépression endogène qui est moins
employée maintenant par les psychiatres a, à mon avis, encore un sens.
Pourquoi toutes ces distinctions ? Parce qu’à mon avis, la sophrologie s’applique :
● plutôt aux dépressions légères à modérées où la modification de l’humeur est
encore possible ;
● plutôt aux dépressions exogènes où un événement traumatique (un deuil, un
échec) pèse sur la psyché du sujet.
Le médecin a à sa disposition les antidépresseurs : toute la classe médicale s’accorde
pour dire que les antidépresseurs sont nécessaires dans les dépressions endogènes
et graves et surtout que, là, leur efficacité est nette, alors que dans la dépression
légère ou exogène, ils ne sont pas supérieurs à un placebo.
LA DÉPRESSION LÉGÈRE
Dans la dépression légère, il ne faut surtout pas, à mon sens, travailler sur le sophro-
déplacement du négatif : la pensée positive ou toute autre méthode Coué est vécue
comme une agression par le déprimé, une négation de son état.
Il faut commencer par une relaxation dynamique 1 pour calmer progressivement
les pensées négatives. Il faut utiliser le training autogène de Schultz (cycle inférieur).
Puis, la RD2 est de rigueur pour que le sophronisant retrouve les saveurs du monde,
par le travail de l’éveil des cinq sens, par exemple. Il est quelquefois possible d’aller
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LA DÉPRESSION EXOGÈNE
LA DÉPRESSION MÉLANCOLIQUE
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pour prévenir les rechutes.
Une école a fait son apparition en psychiatrie : la thérapie cognitive basée sur la
pleine conscience contre la dépression. C’est le titre d’un livre écrit par trois docteurs
en psychologie américains et paru aux éditions de Boeck, en 2008. Ce livre nous
enseigne ce que nous a déjà appris la sophrologie, une pratique régulière de la
sophrologie et de la méditation permet de ne pas se laisser s’enfoncer dans des
pensées négatives et ainsi prévient les rechutes de dépression.
7. Conclusion
Le médecin généraliste est sollicité par de nombreux tableaux cliniques pour les-
quelles il peut utiliser la sophrologie. Le problème est évidemment pour le médecin,
comme pour le patient devenu sophronisant celui de l’investissement en temps, car
il faudra suivre le patient une fois par semaine pendant plusieurs mois.
La sophrologie est une pédagogie et est donc basée sur la répétition et la progression
des exercices. Il est de plus souhaitable que le sophronisant s’exerce par lui-même
pour créer à l’intérieur de lui des nouveaux circuits réflexes. Il n’y a pas de sophro-
logie rapide. C’est un long travail de changement de son mode de réactivité à son
monde intérieur comme au monde extérieur.
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8. Bibliographie
Alberny F. (2009). Sophrologie en rééducation des AVC, mémoire.
Bergeret J. (2000). Psychologie pathologique, théorique et clinique, Paris, Masson
8e éd.
Chéné P.-A. (1999). Sophrologie. Champs d’application, t. II, Ellébore.
Fouché B. et coll. (Declerck M., Delisle A., Rousseau V.) (2004). La Sophrologie
ou le pouvoir des images en psychothérapie, Paris, L’Harmattan.
Hubert J.-P. (1985). Traité de sophrologie, t. II, Paris, Le Courrier du Livre.
Pentecôte G. (2009), Vers un meilleur sommeil, Ambre.
Rousseau-Barasz V. (dir.) (2010). Sophrologie et narcissisme, Vernazobres-Grego.
Segal et coll. (2006). La Thérapie cognitive basée sur la pleine conscience pour la
dépression, Bruxelles, Édition de Boeck.
Revue Cerveau et psycho, mars-avril 2011.
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