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Béton Armé Chapitre 3

BETON ARME – GENERALITES


1. Actions et sollicitations
1.1.Terminologie
Actions = forces et/ou couples appliqués à une construction :
 soit directement :
– charges permanentes ;
– charges d’exploitation ;
– charges climatiques ;
– etc.
 soit indirectement (résultant de déformations imposées) :
– retrait ;
– fluage ;
– variations de température ;
– tassements ;
– etc.
Sollicitations = éléments de réduction de la résistance des matériaux :
 N = effort normal ;
 M = moment fléchissant ;
 V = effort tranchant ;
 T = couple de torsion
1.2. Actions
On distingue les trois catégories d’actions ci-après.
1/ Les actions permanentes G dont l’intensité est constante ou très peu variable dans le
temps :
 Poids propre : G0 = BA.v0
avec :
BA = 25 kN/m3 = poids volumique du béton armé,
v0 = volume théorique de la pièce en m3.
 Poids des équipements fixes :
– revêtements ;
– cloisons ;
– etc.
 Forces dues aux déformations imposées :
– retrait ;
– fluage ;
– tassements, mouvements différentiels des structures ;
– etc.
2/ Les actions variables Q dont l’intensité varie fréquemment et de façon importante dans
le temps selon une loi tout à fait quelconque.
Qk, i = valeur caractéristique (indice k pour caractéristique, indice i pour rang) ;
ψ0, i .Qk, i = valeur de combinaison ;
ψ1, i .Qk, i = valeur fréquente ;

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ψ2, i.Qk, i = valeur quasi permanente.


Les coefficients ψ0, i ≥ ψ1, i ≥ ψ2, i sont fixés par les annexes :
 A1 de la norme EN 1990 (EC 0) pour les bâtiments ;
 A2 de la norme EN 1990 (EC 0) pour les ponts.
La valeur nominale Qk,i est fixée par les textes réglementaires suivants :
 Bâtiments :
– charges d’exploitation : norme EN 1991 (EC 1), partie 1.1 ;
– charges climatiques :
– vent : norme EN 1991 (EC 1), partie 1.4
– neige : norme EN 1991 (EC 1), partie 1.3.
 Ponts :
– charges d’exploitation : norme EN 1991 (EC 1), partie 2 ;
– charges climatiques : norme EN 1991 (EC 1), partie 1.4.
3/ Les actions accidentelles A proviennent de phénomènes rares :
 chocs de bateaux ou de véhicules sur les appuis des ouvrages d’art: norme EN 1991
(EC 1), partie 2 ;
 séismes : norme EN 1998 (EC 8).
1.3 Combinaisons d’actions
1.3.1 Généralités
Une construction pouvant être soumise à un grand nombre de combinaisons d’actions
complexes et variées, on est amené à faire un choix, en s’efforçant de couvrir avec une
forte probabilité les circonstances les plus défavorables qui pourront se présenter au
cours de sa vie.
D’où deux étapes :
1) Établissement des différentes combinaisons d’actions.
2) Pour chaque combinaison, recherche de la disposition de chargement la plus
défavorable vis-à-vis de l’état limite envisagé et de la sollicitation étudiée :
– soit pour l’ensemble de la pièce ;
– soit pour la section considérée.
Combinaison d’action et disposition de chargement constituent donc deux notions
distinctes à ne pas confondre.
Par exemple, pour une poutre-console, la combinaison avec G et Q B conduit à trois
dispositions de chargement :

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1.3.2 Notations
On pose :
 Qk, 1 = valeur caractéristique de l’action variable « dominante » (successivement
chaque action variable) ;
 Gkj, sup = valeur caractéristique de l’action permanente défavorable (effet de même
sens que celui de l’action variable dominante) ;
 Gkj, inf = valeur caractéristique de l’action permanente favorable (effet de sens
contraire à celui de l’action variable dominante) ;
 Qk, i = valeur caractéristique des actions variables « d’accompagnement » (i > 1).
1.3.3 Sollicitations de calcul vis-à-vis des états limites ultimes
Par simplification, pour les bâtiments, les combinaisons d’actions à considérer sont les
suivantes :
 lorsque l’on ne considère que l’action variable la plus défavorable :
∑ 1,35. Gkj,sup + ∑ Gkj,inf + 1,5. Q k,1
j j
 lorsque l’on considère toutes les actions variables :
∑ 1,35. Gkj,sup + ∑ Gkj,inf + 1,5. Q k,1 + ∑ 1,5. 0,i . Q k,i
j j i>1
Ces combinaisons font intervenir les actions accidentelles.
Formulation :
 pour les situations de projet accidentelles :
1,1

+ ∑ Gk,j + Ad + ou . Q k,1 + ∑ 2,i . Q k,i


j i>1
2,1
{
 pour les situations de projet sismiques :
∑ Gk,j + AEd + ∑ 2,i . Q k,i
j i>1
 avec :
– Ad = valeur représentative de l’action accidentelle,
– AEd = valeur représentative de l’action sismique,
– Gk, j = Gkj, sup ou Gkj, inf = actions permanentes d’origines différentes,
– ψ1,1.Qk,1= valeur fréquente de l’action variable dominante,
– ψ2,i.Qk,i = valeur quasi permanente des actions variables dominantes ou
d’accompagnement.
Dans ce cas, les coefficients de sécurité sur les matériaux sont réduits et pris égaux à :
 γs = 1 pour les aciers ;
 γc = 1,2 pour le béton.
1.3.4 Sollicitations de calcul vis-à-vis des états limites de service
Par simplification, pour les bâtiments, la combinaison d’action caractéristique peut
s’écrire :

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 lorsque l’on ne considère que l’action variable la plus défavorable :


∑ Gk,j + Q k,1
j
 lorsque l’on considère toutes les actions variables :
∑ Gk,j + ∑ 0,i . Q k,i
j i1
1.3.5 Simplifications pour les dispositions de chargement pour les bâtiments
Lorsque l’Annexe nationale le prévoit, on peut simplifier les dispositions de chargement
permettant de déterminer les effets extrêmes (M, V, R) en considérant les deux cas
suivants :
 cas 1 : chargement alterné d’une travée sur deux :

 Cas : chargement de deux travées consécutives, les autres étant non chargées :

Ce dernier cas permet également de calculer les efforts tranchants et les réactions
d’appuis extrêmes.

2. Hypothèses et données pour le calcul du béton armé


2.1 Introduction
On conserve les hypothèses générales utilisées en résistance des matériaux dans la
théorie des poutres :
 dimensions transversales constantes (ou très lentement variables) ;
 dimensions transversales faibles par rapport à la longueur de la poutre ;
 ligne moyenne rectiligne (ou à grand rayon de courbure).
On distingue deux états limites pour le dimensionnement (armatures et béton) :
 des états limites ultimes (ELU) :
– de résistance ;

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– de stabilité de forme ;
– d’équilibre statique ;
– de fatigue ;
 des états limites de service (ELS) atteints par :
– dépassement des contraintes-limites en service ;
– fissuration ;
– déformation ;
– vibration.
Les exigences vis-à-vis de la fissuration se réfèrent aux six classes d’exposition définies ci-
dessous en fonction de l’environnement :

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2.2 Hypothèses générales valables


Pour tous les états limites
H_1) Au cours de la déformation, les sections droites restent planes et conservent leurs
dimensions (principe de Navier-Bernouilli).
H_2) Par adhérence, les allongements relatifs de l’acier et du béton au contact sont les
mêmes.
2.3 Hypothèses supplémentaires pour les états limites de service (ELS)
2.3.1 Hypothèses supplémentaires
H_3) La résistance du béton tendu est négligée dès lors que la contrainte de traction en
flexion est au moins égale à :
fctm ∶ si la maîtrise de la fissuration est requise
h
fct,eff = (1,6 − )f
fctm,fl = Max { 1000 ctm ∶ dans les autres cas,
{ fctm
avec h = hauteur de l’élément en mm.

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H_4) En vertu de la loi de Hooke, les contraintes sont proportionnelles aux déplacements
:
∆l
σ = −E. ε = −E
l
2.3.2 Sections homogènes et sections homogènes réduites
2.3.2.1 Introduction
D’après l’hypothèse H_2, en un point où acier et béton sont au contact :
εs = εc
D’où, d’après l’hypothèse H_4 :
σs σc
=
Es Ec,eff
On en déduit :
Es
σs = σ = αe . σ c
Ec,eff c
en posant :
Es
αe =
Ec,eff
L’effort dans l’acier (section As) vaut donc :
As .σs = As (αe .σc ) = (αe .As )σc
2.3.2.2 Sections homogènes et sections homogènes réduites
Toute aire As d’acier peut être remplacée par une aire de béton fictive équivalente αe.As
ayant même centre de gravité.
Les sections réelles (aire totale de béton Ac + aire totale d’acier As) peuvent être
remplacées par des sections homogènes ou des sections homogènes réduites suivant que
l’on tient compte ou non du béton tendu :
Ac + αe.As – Act
Section homogène
Section homogène réduite
avec :
Ac = aire totale du béton,
As = section d’aciers,
Act = aire de la zone de béton éventuellement tendu.

2.3.3 Coefficient d’équivalence


Les formules de la résistance des matériaux sont appliquées aux sections homogènes.
αe est le coefficient d’équivalence, théoriquement égal à Es/Ec, eff. Mais si Es est constant,
Ec, eff dépend de la durée d’application des charges et varie entre Ecm et Ec, eff.
On pose :
Es
αe =
Ec,eff
Ainsi, dans un état limite de service par limitation des contraintes, la contrainte d’une
fibre d’acier est égale à αe fois la contrainte de la fibre de béton qui aurait le même centre
de gravité.

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2.3.4 Limitation de la contrainte de compression du béton


Pour éviter l’apparition de fissures longitudinales, à moins que des mesures spéciales,
telles que l’augmentation de l’enrobage des aciers comprimés ou le confinement par des
armatures transversales, n’aient été prises, la contrainte de compression du béton pour
les classes d’exposition XD, XF ou XS est limitée sous la combinaison caractéristique des
charges à :
̅c = k1 . fck
σ
avec : k1 = 0,6.

2.3.5 Limitation de la contrainte de traction de l’acier


Afin de respecter les exigences de durabilité et d’éviter une ouverture excessive des
fissures, la contrainte de traction des armatures sous la combinaison caractéristique des
charges est limitée à :
̅s = k 3 . fyk
σ
avec : k3 = 0,8.
Sous l’effet des seules déformations imposées, cette limite devient :
̅s = k 4 . fyk
σ
avec : k4 = 1.

2.3.6 Calcul des contraintes


Ce calcul est fait selon le cas :
 soit en section homogène non fissurée, si la contrainte maximale du béton en
traction calculée sous les combinaisons rares est inférieure à fct, eff (voir § 2.3.1,
hypothèse H_3) ;
 soit en section fissurée, dans le cas contraire, en négligeant toute contribution du
béton tendu.
Pour le calcul des contraintes, il faut en outre tenir compte :
 des effets du retrait et du fluage ;
 des autres actions indirectes, telles que la température.

2.3.7 États limites de fissuration


La vérification a pour objet de s’assurer que l’ouverture maximale calculée des fissures
n’excède pas une limite fixée en accord avec le client en fonction de la nature et de la
destination de l’ouvrage, et du coût résultant de cette limitation.
La limitation de l’ouverture des fissures est obtenue :
 en prévoyant un pourcentage minimal d’armatures adhérentes déterminé de
manière que la limite d’élasticité de l’armature ne soit pas atteinte avant la charge
de fissuration ;
 en limitant les distances entre les barres et les diamètres de celles-ci.
2.4 Hypothèses supplémentaires pour l’état limite ultime de résistance (ELU)
2.4.1 Hypothèses supplémentaires
H_5) La résistance du béton tendu est négligée.

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H_6) Le raccourcissement relatif du béton est limité, selon le diagramme contraintes-


déformations utilisé pour le béton (voir § 2.4.2.2) à:
 εcu2 ou εcu3 en flexion ;
 εc2 ou εc3 en compression simple.
H_7) L’allongement relatif de l’acier tendu est limité à εud ou illimité selon le diagramme
contraintes-déformations de calcul utilisé (voir § 2.4.2.1).
H_8) Le dimensionnement à l’état limite ultime est conduit en supposant que le
diagramme des déformations passe par l’un des trois pivots A, B ou C définis ci-
dessous (règle des trois pivots) :

Pivot A - Région 1 :
 Allongement de l’acier le plus tendu : εud ou ;
 Pièces soumises à la traction simple ou à la flexion simple ou composée.
Pivot B - Région 2 :
 Raccourcissement de la fibre de béton la plus comprimée : εcu2 ou εcu3;
 Pièces soumises à la flexion simple ou composée.
Pivot C - Région 3 :
ε ε
 Raccourcissement de la fibre de béton à la distance (1 − ε c2 ) h ou (1 − ε c3 ) h de
cu2 cu3

la fibre la plus comprimée : εc2 ou εc3 ;


 Pièces soumises à la flexion composée ou à la compression simple.
Remarque
Quand on connaît la position de l’axe neutre (AN = axe des
déformations nulles), le pivot est immédiatement connu. De même,
quand on connaît le pivot, on sait dans quelle zone de la section
droite va se situer l’axe neutre.

x ≤ αAB.d ⇒ Pivot A,
αAB.d < x ≤ d ⇒ Pivot B,
x>d ⇒ Pivot C,
Les valeurs de αAB sont données au § 2.1.3 du chapitre 7 : « Flexion simple ».

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2.5. Diagrammes contraintes-déformations de calcul


2.5.1 Aciers
Étant pratiquement constant et ne dépendant pas de fyk, le diagramme de calcul se déduit
du diagramme caractéristique (expérimental) simplifié par une affinité sensiblement
parallèle à la droite de Hooke et de rapport égal à 1/s.
On peut utiliser l’un ou l’autre des deux diagrammes contraintes-déformations ci-après.

Ou

fyk 1,00 pour les situations accidentelles


fyd = avec γs = {
γs 1,15 pour les autres cas
fyd
εyd =
Es
2.4.2.2 Béton – Calcul des sections
Pour le calcul des sections, on utilise le
diagramme idéalisé dit « parabole-
rectangle », constitué par un arc de
parabole du second degré prolongé par
un segment de droite.

OS = parabole tangente en S à l’horizontale,

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εc n
fcd [1 − (1 − ) ] si 0 ≤ εc ≤ εc2
σc = { εc2
fcd si εc > εc2
c2 donné par le tableau du § 2.2.4 au chapitre 2 : « Matériaux »,
n = exposant figurant dans le tableau ci-après (n = 2 pour fck ≤ 50 MPa).
fck 1,2 pour les situations accidentelles
fcd = αcc avec ∶ γc = {
γc 1,5 pour les autres cas
• pour les bâtiments : cc = 1 ;
• pour les ponts : cc = 0,85 ou αcc = 1.
Le coefficient 0,8 ≤ cc ≤ 1 tient compte de l’effet défavorable de la durée d’application
des charges, vis-à-vis de l’essai de courte durée utilisé pour définir fck.

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