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WALTER HILL,
MATZ & JEF
DU POLAR EN BANDES
BRECHT EVENS
PARIS ÉTERNEL
MATHIEU
GABELLA
UN BOURREAU
DE TRAVAIL
et
Manara
créa
Bardot
ACTU : SPEEDY GRAPHITO - MANGA : ONE-PUNCH MAN
#103
MAI 2016
COLLECTIF : DOGGYBAGS - ÉDITION : AAARG!
HOMMAGE : PAUL GILLON - ACTUALITÉS, CRITIQUES, JEUNESSE...
L’ÉDITO par Vuillemin
© Vuillemin
MAI 2016
#103
ÉDITORIAL / VUILLEMIN 1
L’ A C T U A L I T É D E T O U T E L A B A N D E D E S S I N É E
#103
MAI 2016
SUS AU MYTHE !
MANARA p.28
À LA UNE / Quand le maître de l’érotisme s’attaque au mythe Bardot,
notre sang ne fait qu’un tour. De bien belles images...
2 ÉDITORIAL / SOMMAIRE
© Evens / Louis Vuitton © Gabella & Carette / Delcourt © Hill, Matz & Jef / Rue de Sèvres © Photo Rita Scaglia / Dargaud © J.-M. Ponzio
BRECHT EVENS MATHIEU GABELLA HILL, MATZ & JEF CATHERINE MEURISSE PAUL GILLON
AAARG! /p.06
PRESSE BD / Pierrick Starsky revient avec nous sur les raisons qui l’ont poussé à
transformer le trimestriel Aaarg! en mensuel avec une diffusion en kiosque.
FRANDISCO
& SPEEDY GRAPHITO /p.08
ACTUALITÉS / Les à-côtés du 9e art passés à la loupe de la rédaction et des focus sur le
FranDisco de Thierry Van Hasselt et Marcel Schmitz et l’exposition de Speedy Graphito.
ACTUALITÉS /p.16
QUOI DE NEUF ? / Pour ne rien manquer des à-côtés de la bande dessinée.
DOGGYBAGS /p.46
SÉRIE EN COURS / Une aventure éditoriale collective qui a du chien.
Une enquête signée Philippe Peter.
CRITIQUES /p.57
GFK, TABLEAU DES ÉTOILES, CHRONIQUES, JOURNAL DES SORTIES /
Par nos journalistes
JEUNESSE /p.86
CHRONIQUES / Par Marie Moinard
© Milo Manara
PAUL GILLON /p.88
JE ME SOUVIENS / Pour le cinquième anniversaire de sa disparition,
Henri Filippini revient sur le parcours de Paul Gillon.
INTÉGRALES /p.92
CHRONIQUES / Par Henri Filippini
LE BULLE-TROTTEUR /p.94
LA VIE DES AUTEURS DE BD / Par Frédéric Bosser
ÉDITORIAL / SOMMAIRE 3
ANCIENS NUMÉROS :
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HS03/ Van Hamme* 10€ France + 1 euro par numéro // Étranger + 2 euros par numéro (Pour l’étranger, mandat international ou virement uniquement)
© AAARG!
6 PRESSE BD / AAARG!
Le retour de Fred Beltran, avec Berberian au scénario
© Berberian & Beltran / AAARG!
UNE RENCONTRE
UNIQUE...
Thierry, racontez-
nous les origines de
ce livre.
À la sortie de Match
de catch à Vielsalm,
un album collectif paru chez
Frémok où nous avions fait se
rencontrer des auteurs de bande
dessinée et des artistes porteurs
d’un handicap mental, je cherchais
un nouveau projet de ce type. C’est
là que j’ai découvert les prémices
Marcel Schmitz et Thierry Van de la ville imaginaire de Marcel. Les bâtiments étaient
Hasselt à Aix-en-Provence encore en 2D. À chacune de mes visites à Vielsalm,
© Photo F. Bosser
je voyais sa ville imaginaire se construire peu à peu.
Pour chaque bâtiment, il me racontait son histoire,
ses usages et son fonctionnement. De là est née l’idée
d’une bande dessinée autour de sa ville... où il serait
le personnage principal et où j’entrerais dans les Avez-vous eu peur de
bâtiments. Pour dessiner certains personnages comme ne pas vous entendre ou
saint Nicolas ou les enfants de chœur, je suis parti de vous comprendre ?
ses dessins. Avec lui, j’avance par petits pas et c’est un Au début, j’avais
peu comme si je tirais le fil d’une pelote de laine. surtout peur que notre
rencontre ne débouche
Vous exposez son travail en octobre 2013 au théâtre sur rien. Comme j’ai vite
du Forum de Meyrin à Genève... eu de bons retours de la
Cette résidence va enrichir cet album puisque je vais part de mon entourage,
raconter ce qui nous arrive sur place, comme ce séjour cela m’a encouragé à
au NH Hôtel. Tous les autres endroits que nous allons continuer. Ce que je
Vibre à FranDisco ensuite investir, de la galerie Agnès B. à la Fondation fais avec Marcel, c’est
Par VAN HASSELT ET SCHMITZ Vasarely, vont nous faire vivre des expériences qui vont comme un cadeau, car
Éditions FRÉMOK, enrichir sa ville et donc notre histoire. cela me permet d’aller dans des directions et des zones
sans pagination, 14 €,
disponible.
où je ne serais jamais allé seul. On est dans l’expé-
Pourquoi cette option d’une bande dessinée sans rimentation, l’abolition des frontières, le décloisonne-
textes et en N&B ? ment... Quand je travaille seul, je vais vers des choses
Parce que je trouve que cela fonctionne mieux ainsi. plus douloureuses, plus graves, etc. Avec Marcel, je
La couleur est venue en fin d’album suite à la possibilité suis dans un registre plus léger, plus incongru et cela
d’investir la Fondation Vasarely. me plaît tout autant !
Inspiration nocturne
© 2016 Speedy Graphito
Spe dy
Par Frédéric Bosser
Graphito
Le choc des mondes !
Contrairement à Hervé À la demande de la galerie Huberty & Breyne, qu’il a
Di Rosa, Speedy Graphito connue lors de l’exposition collective Quelques instants
n’a jamais souhaité faire plus tard [il y signera deux toiles en collaboration avec
de bande dessinée. C’est Frank Margerin], Speedy Graphito fait appel à ses rémi-
bien vers l’art avec un niscences de bandes dessinées, de comics, de dessins
grand A qu’il a toujours animés, de mangas, de publicités... pour une série de
voulu s’orienter, copiant toiles où son œil détourne la symbolique des figures
dès son plus jeune âge universelles de l’art populaire comme Mickey, Blanche-
les œuvres de Van Gogh, Neige, Mario Bros, Bugs Bunny, Captain America, Bob
Picasso, Delacroix, Dali ou l’éponge, les 4 Fantastiques, Astro le robot, Popeye ou
Géricault... À 18 ans, la Lucien, le rockeur à la banane de Métal hurlant, et les
découverture d’un livre de confronte à l’art. « J’ai aimé mettre tous ces personnages
codex maya le convainc dans des environnements d’art moderne, comme
définitivement qu’en une Garfield au centre de l’atelier de Matisse, ou me donner
image, on peut raconter la possibilité de mettre ensemble des personnages qui
Speedy Graphito des histoires et donner sa vision du monde. À 22 ans, se croiseront pour la première fois. » Et quand on lui
© Photo Emily Sajot il décroche son diplôme à l’école d’art Estienne, à demande s’il y a un message derrière tout cela, il nous
Paris. En 1983, le futur Speedy Graphito bombe dans répond « spontanéité et intuition » et il a bien raison !
la rue ses premiers pochoirs d’après les toiles qu’il a Cette cinquantaine d’œuvres, vingt toiles et trente
réalisées dans son atelier, histoire de se faire un nom dessins inédits, est à voir tout au long du mois de mai.
dans le milieu de l’art. Il fait alors partie du groupe X
Moulinex qui tague notamment les passages piétons
de Paris à la nuit tombée. « J’aime donner aux gens
des œuvres éphémères car quand elles disparaissent
True Romance
Brecht L’IMAGIER...
Quels sont les artistes que vous regardez ? Parlons de votre exposition à Aix-en-Provence qui montrera vos
J’ai beaucoup regardé George Grosz à mes débuts. Sinon, j’aime quatre albums dans quatre salles.
observer les œuvres de David Hockney, Picasso, Matisse, les mi- C’est Serge Darpeix qui est à l’origine de ma venue à ce festival,
niatures orientales, l’aquarelliste Charles Burchfield, les tapisseries mais pas que puisque par son entremise, j’ai illustré l’affiche de
flamandes, les estampes de Kuniyoshi qui viennent tout juste d’être l’opéra de cette même ville et je vais être exposé en juin au théâtre
exposées au Petit Palais, etc. de l’Archevêché où je vais pouvoir montrer des travaux qui ne sont
pas liés à la bande dessinée.
Vous êtes très vite publié en Flandre
comme en France... Justement, parlons de ce livre qui sort
Thomas Gabison a vu mon blog et début mai.
m’a contacté pour me dire qu’il me Rina Mattotti, la responsable de la
verrait bien faire de la bande dessinée. galerie Martel, leur a montré mon travail.
Il ne savait pas que j’en faisais et que je Il leur a plu et ils ont décidé de m’envoyer
publiais déjà en Flandre. Je lui ai envoyé à Tokyo. Mais comme c’était pendant
Les Noceurs, il l’a traduit en France, cette période où je n’allais pas bien, ils
idem pour le suivant, Les Amateurs, m’ont rapatrié d’urgence en France. Par
l’année d’après. chance, ils ne m’en ont pas tenu rigueur
et m’ont proposé une destination plus
Mais il faudra attendre plus de trois ans facile à gérer : Paris. (Rires.) S’ils m’ont
pour un nouvel album... fixé quelques lieux incontournables
Si Panthère a nécessité un an et demi comme la tour Eiffel, la fondation Vuitton,
de travail, j’ai été ralenti par une très le Sacré-Cœur, etc., ils m’ont donné
forte dépression. Ce n’est que quand carte blanche. Je trouvais intéressant de
j’en suis sorti que j’ai pu reprendre ce réfléchir sur des lieux qui ont été traités
projet commencé en 2009, et donc le par bon nombre d’autres artistes (et des
finir. Pendant cette période qui corres- millions de cartes postales). Quand je le
pond à ma venue à Paris, je n’arrivais à pouvais, j’ai improvisé des angles impos-
rien faire. sibles, la grande contrainte étant d’entrer
Panthère
Travel Book Paris Par BRECHT EVENS
Par BRECHT EVENS Éditions ACTES SUD BD,
Éditions LOUIS VUITTON 126 pages couleurs, disponible.
Voir critique dans le dBD #89
dans le format panoramique qu’offre ce livre, sachant que Paris est Est-ce que cela vous plaît de savoir que vous allez être lu dans le
une ville plutôt verticale. Les dessins que vous voyez dans ce livre monde entier ?
sont au format des originaux. C’est assez excitant ! Ce qui m’intéresse surtout dans ce type de
projet, c’est la possibilité de toucher un public qui n’est pas le sien
Comment travaillez-vous ? habituellement. J’aimerais bien surprendre des gens qui ne seraient
In situ et parfois à mon atelier. En général, j’aime provoquer des pas allés naturellement vers mon travail. Cela permet de sortir de
formes inattendues comme les accidents qui me sont apportés par sa niche !
ma technique. Il m’est aussi arrivé de demander à des amis ou à
des enfants que je croisais dans la rue de mettre leur patte dessus. Votre prochain projet ?
Il sera dans l’esprit des Noceurs. Il va s’intituler Les Rigoles. Ce
Qui organise les chapitres titre vient du bar où nous nous trouvons. Je vais raconter l’histoire
et le rythme du livre ? de trois personnes, deux garçons et une fille, qui montent dans un
On l’a fait ensemble. La fin au Père-Lachaise vient d’eux par taxi (nommé Rigoles) direction un quartier imaginaire où on peut
exemple. Le résultat est meilleur que ce que j’aurais proposé... faire la fête toute la nuit.
DOCUMENTAIRE
ÉLOGE DE L’IMPUISSANCE PAR EDMOND BAUDOIN. Éditions L’Association. Livre broché, sans
pagination, N&B, 29 €. Est joint le DVD Edmond, un portrait de Baudoin par Laetitia Carton.
LANÇONS
LE DISQUE !
Le 3 avril, le parc Astérix a inauguré sa nouvelle
attraction familiale, Discobélix. C’est Élodie Gossuin,
animatrice radio sur RFM, Miss France et Miss Europe,
et marraine de l’événement qui a dévoilé officiellement
l’imposante statue d’Obélix. Située au cœur de la
zone grecque, cette attraction inédite au parc invite le
visiteur à pénétrer dans la cité antique d’Olympie. Fort
d’un disque de 10 mètres de diamètre, d’une capacité
de 40 personnes, d’un parcours de 80 m de long,
Discobélix donne l’occasion aux petits et grands de vivre l’épreuve du lancer
de disque à travers le personnage d’Obélix et de se plonger dans l’univers de
l’album Astérix aux Jeux olympiques. Nous l’avons testé. Le frisson est garanti. FB
REVIENT ENFIN
PREMIÈRE EN FRANCE
La 21e édition du Festival BD de
Sérignan dans l’Hérault se déroulera le
week-end des 14 et 15 mai prochains.
Tous ceux qui apprécient Le président de cette manifestation
Théodore Poussin et ses conviviale sera Nicolas Keramidas,
aventures exotiques seront dont l’album Mickey’s Craziest Adven-
heureux d’apprendre tures [scénario Lewis Trondheim] vient
son retour en album... à de sortir, salué par toute la critique.
l’automne 2017. Après
Il signe la superbe affiche où cara-
sa dernière histoire, Les Jalousies, publiée en 2005, Franck Le Gall reprend enfin
le crayon. Afin de nous faire patienter, les éditions Dupuis proposent une série colent les personnages de l’univers
trimestrielle de quatre Cahiers de Théodore Poussin permettant de suivre l’évolution Disney. C’est la première fois en
du travail du dessinateur. La première livraison présente les douze premières pages France qu’une affiche destinée à un salon BD est validée
en noir et blanc de ce treizième épisode, des croquis, des crayonnés et un dossier par la firme Disney. Si vous passez par cette belle région,
thématique. Foncez le réserver chez votre libraire, le tirage est limité. HF n’hésitez pas à faire un détour afin de savourer ce festival
CAHIERS DE THÉODORE POUSSIN T.1 PAR FRANK LE GALL. sympathique à dimension humaine. HF
Éditions Dupuis. Album broché, 32 pages, format 235x312, 13 €, le 6 mai. 21E FESTIVAL BD DE SÉRIGNAN. 14 et 15 mai. www.facebook.com/Festivalbd
BELLES IMAGES
CULTURE
(RE)DÉCOUVERTE
EXISTENCE, MODE D’EMPLOI
Psychédélique Caza ! Découvert avec
La Petite Mort, Davy
Mourier propose
Loup-Phoque, une
série tout aussi
décalée et cruelle.
Le présent ouvrage
regroupe des dessins
prépubliés sur Internet
et est entrecoupé de
pages BD et de courts textes info/intox sur le monde de
la banquise. Celle-ci ressemble à bien des égards à notre
société et vous allez vous poiler [et parfois grincer des
dents] à la lecture de cet ouvrage
qui va vous conforter dans l’idée
Dans les années 70, la musique électro- que la raison du plus fort est
nique conquiert notre monde et fait une toujours la meilleure, y compris
entrée en force dans nos oreilles alors quand on se les gèle. FB
vierges. Les artistes avaient pour noms
LOUP-PHOQUE PAR DAVY MOURIER.
Giorgio Moroder, Kraftwerk, Jean-Michel Éditions Delcourt. Album cartonné, 128 pages,
Jarre, etc. Si des années après, certains 17,95 €. Le 4 mai
sont restés des références, d’autres ont
quelque peu disparu de nos mémoires. Avec la collection Cosmic
COLLECTION POUR
Machine, il est désormais possible de retrouver certains oubliés comme
Francis Lai, Arpadys, Pascal Comelade, The Peppers... Et cerise sur le
PRESSE
Marianne aime la BD
Va-t-on perdre cette guerre ? C’est la question que se pose Tintin, la larme à l’œil, tout en caressant le
crâne de Milou à la une de l’hebdomadaire Marianne. Un héros de BD en couverture d’un news, c’est plutôt
rare et lorsqu’il s’agit de Tintin, c’est un événement. Il faut dire que cette question trouve tout son sens,
puisque c’est à la suite des attentats de Bruxelles que Marianne s’interroge par le biais du héros d’Hergé, le
plus célèbre Belge de l’histoire de la bande dessinée. Une couverture collector qui
se doit de figurer dans les archives des nombreux amateurs de Tintin.
Après l’excellent numéro publié l’an dernier, Marianne propose un hors-série
Polar 2016 tout aussi passionnant. Articles consacrés aux trente ans de Rivages
avec un entretien en compagnie de François Guérif, portraits de trente auteurs de
polar incontournables, Rome ville sainte et noire... et « Main basse sur le polar »,
un article sur le polar et la bande dessinée accompagné d’un entretien avec
Fabien Nury et Brüno, les auteurs du très sombre Tyler Cross. Passionnant. HF
”
ET M
B
À LA UNE
Milo Manara
ANARA [RE]CRÉA
RIGITTE BARDOT
> Milo Manara chez lui,
devant une de ses illustrations de Brigitte Bardot
© Photo Philippe Cauvin
BB et le cheval
© M. Manara
Quel regard avez-vous sur cette Serieez-vous capable de faire la même chose
femme qui a été la plus belle du en eestimant par exemple que vous ne vous
monde avant que la nature lu ui sen ntez plus capable de faire mieux ?
reprenne ce qu’elle lui avait Fo ort heureusement, le temps joue en faveur
donné... du dessinateur. Il dessine de mieux en
d
Il est clair que je l’ai mmieux. Il est important d’avoir du respect
représentée jeune. Je suiss ppour la personne qui va vous lire et de
bien placé pour savoir que lee ffaire en sorte que chaque nouveau jour
temps sculpte les corps et les devant sa table à dessin soit le premier. On
visages. Mais pour moi, elle do oit être dans la même émotion et la même
reste splendide. atttitude positive. On n’est donc pas sur les
mêmes problématiques qu’une actrice.
Qu’une femme comme
elle soit capable de Ne vous est-il jamais arrivé d’avoir l’im-
stopper sa carrière alors prression de vous répéter ?
qu’elle est en pleine gloire Il faut faire attention ! C’est tout l’intérêt
vous séduit ? dee travailler sur des projets diférents
C’est une décision que je ett de multiplier les collaborations
peux comprendre ! Elle a fait exxtérieures. En collaborant avec Hugo
don de sa beauté au monde Pratt ou avec Alejandro Jodorowsky,
puis s’est retirée. Elle a com
mpris j’évite la répétition en m’autorisant un
que le temps serait son enn nemi et a changement d’univers. En ce moment,
préféré se retirer pour que tou
ut le monde garde travailler sur le second tome du
cette image... Caravage m’évite également la routine.
Un mot sur les autres travaux plus érotiques que vous faites
depuis début février pour le magazine Lui...
J’ai choisi de dessiner de jeunes actrices qui sont à la fois
belles et bonnes comédiennes [les trois premières sont Léa
Seydoux, Jennifer Lawrence et Emilia Clarke]. Cela fait
partie de mon envie de me lancer dans des projets sans cesse
différents pour éviter le risque de routine que nous venons
d’évoquer. Chaque mois, c’est un défi pour moi... et je vais en
dessiner douze au total.
Gabella
Mathieu
DE MARS À LA TERRE
Quand l’un des premiers films que vous voyez enfant est La discret que dans La Licorne – pas de monstres ailés, ni de
Planète sauvage de René Laloux et Roland Topor, forcément vampires ou de Léviathan. Les pouvoirs du « Bourreau » ont
le virus de la science-fiction se répand dans votre cerveau été acquis par une discipline de fer et non un don de Dieu...
pour ne plus jamais vous quitter. Lorsque, en plus, c’est juste Mathieu Gabella cite Serge Lehman avec sa Brigade chimérique
le début d’une longue initiation enfantine puis juvénile au comme référence. Aux côtés de Fabrice Colin et Gess, l’écrivain
genre, vous voilà contaminé à vie. Tel est le cas de Mathieu de SF y convoque des héros de la littérature fantastique
Gabella. Son nom n’est pas le plus connu du milieu de la bande européenne du début du xxe siècle comme le Docteur Mabuse
dessinée, mais ce presque ou le « passe-muraille »
quadragénaire aux faux airs pour expliquer la
d’Édouard Baer impose disparition des super-héros
sa patte fantastique. Après européens. En résumé. « Je
deux albums de commande voulais un super-héros à
dans la collection Ils ont fait la française, m’interroger
l’histoire [Glénat-Fayard] sur les notions de justice,
sur Philippe Le Bel et de droit de vie ou de mort
Catherine de Médicis, le sur quelqu’un et trouver un
scénariste de La Licorne est décor vertical. On ne pense
de retour avec Le Bourreau. pas à notre patrimoine, à
Dans le Paris du Moyen nos légendes médiévales.
Âge, un solitaire affublé C’est pourtant une période
d’un masque terrifiant se propice à la fantasmagorie,
prend pour un justicier et où l’on croyait aux miracles,
élimine des coupables avant avec des figures archétypales
que le bourreau ne fasse comme les sorcières, les
son œuvre. Dans ce premier chevaliers et les
tome, le surnaturel est plus bourreaux donc. »
Étrangement, nous rencontrons Mathieu Gabella dans ou dans une autre bibliothèque. « Il n’y a que la phase de docu-
une brasserie de la place du Châtelet, ce Châtelet qui abritait mentation que je fais chez moi, j’y suis tranquille avec mes livres.
autrefois le siège de la prévôté de Paris avec ses salles de C’est aussi ce qui m’intéresse le plus, ce travail de recherche. La
torture et ses geôles lépreuses. Rien de calculé à la base, partie écriture et découpage m’ennuie davantage. Comme j’arrive
l’auteur de bande dessinée prévoit seulement, ce mardi 29 en fin de processus, j’en ai marre, j’ai envie de passer à une autre
mars, d’aller ensuite travailler à la Bibliothèque publique histoire. Du coup, je m’appuie vraiment sur quelques scènes que
d’information [BPI] du centre Pompidou. Un lieu plus propice je détaille beaucoup et pour le reste, je laisse une grande marge
à la concentration que chez lui à Courbevoie, cette métropole de manœuvre au dessinateur, même si je m’astreins à la phase
à la froideur futuriste collée à La Défense. « J’ai tendance à me de découpage parce que j’ai des problèmes de densité. » Trop de
disperser, à aller sur Internet, regarder un DVD ou jouer aux texte dans ses albums, pas assez de fluidité, de rythme, des
jeux vidéo », avoue le coupable. Rédaction des idées, écriture défauts flagrants dans ses premières séries dont il parle sans
proprement dite et découpage se passent généralement à la BPI tabou. En interview par contre, Mathieu Gabella ne s’encombre
pas de circonvolutions. Il raconte avec franchise sa volonté Mathieu Gabella s’est ainsi formé sur le tas en s’appuyant
d’améliorer ses scénarios, le séminaire du script doctor en sur des méthodes américaines, car rien ne le prédestinait,
vogue, Robert McKee, qu’il a suivi. « Je suis un adepte de son jeune, à se tourner vers le scénario de bande dessinée.
livre Story et d’Anatomie du scénario de John Truby. » Autre Enfin, au premier abord. Car en grattant bien, sans faire
docteur ès scénario américain pour qui « attendre l’inspiration de la psychologie de comptoir, son père le nourrit dès son
débouche toujours sur une impasse ». « On a besoin de plus jeune âge aux ouvrages et films de science-fiction.
cadres, de modèles qui nous permettent d’avancer », Dans la bibliothèque familiale trône toute la collection de
expliquait-il à Libération en 2011. Par exemple, le Gérard Klein, écrivain. « Mon père avait noté chaque livre et
héros doit avoir « une faiblesse psychologique et mettait un point d’interrogation quand il ne comprenait pas
un besoin moral, qu’il ne sait pas identifier, au les nouvelles, on en discutait après, même si je ne comprenais
début de l’histoire ». pas tout ! » Vient ensuite la période Asimov. « C’est ce que
j’ai lu à l’époque de plus parfait, j’ai compris avec lui ce qu’était
l’empathie. J’aimais ce mélange
parfait d’imaginaire futuriste, de
problématiques contemporaines
et d’intrigues policières. » Côté
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CART. 05/ Dany 13,45€
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POLAR
0DW] -HI :DOʞHU +LOO
Les auteurs de bande dessinée qui lorgnent vers le cinéma sont désormais de plus en plus nombreux.
Certains abandonnent même totalement leur premier amour, au grand dam de leurs lecteurs les plus
fidèles. Mais le trajet est moins courant dans le sens inverse, bien que Darren Aronofsky ait à plusieurs
reprises montré l’exemple [avec The Fountain et Noé]. Figure de proue du cinéma d’action dans les
années 80, le réalisateur américain Walter Hill s’est associé au scénariste Matz et au dessinateur Jef.
Ensemble, ils ont publié Balles perdues en 2015, et viennent de sortir Corps et âme, un polar dans
lequel un tueur à gages subit une opération chirurgicale qui le transforme en femme. Ce récit sera
décliné sur grand écran, sous le titre de Tomboy, avec Sigourney Weaver et Michelle Rodríguez au
casting. Retour sur une collaboration unique en son genre, qui démontre une nouvelle fois à quel point
les frontières entre bande dessinée et cinéma sont poreuses. Propos recueillis par Philippe Peter
M AT Z , J E F & WA LT E R H I L L
la
DOGGY
BAGS LA COLLECTION
SANS CONCESSION
Comment définiriez-vous m’ont conseillé de contacter Soleil. Tout le
le Label 619 ? monde se refilait la patate chaude. Mon but
Il est plutôt orienté cultures n’était pas d’en faire quelque chose d’un-
urbaines, avec un public derground, mais de grand public.
ado-adulte un peu street. En
même temps, j’ai aussi envie d’y Vous vous situez à la croisée
publier d’autres choses, comme des chemins entre différentes formes
ce que nous avons fait dernière- de narration dessinées, mais aussi
ment avec Commando Culotte de musique, de pop culture, de culture
par exemple. J’essaie d’y faire urbaine, d’où ce sentiment de flou
le lien entre la culture populaire, artistique qui devait habiter vos
au sens large du terme, et des interlocuteurs...
références pointues dans des Ça doit être ça, mais je ne me rends
domaines aussi variés que la même plus compte d’être « à la croisée des
BD, le cinéma ou l’art contempo- chemins », comme vous dites. Tout cela est
rain. L’édition de bande dessinée est assez digéré. Pour Doggybags, je vois souvent des
Doggybags T.2 cloisonnée. Quand j’ai pris contact avec des lecteurs totalement déroutés par le contenu
© Ankama éditeurs à l’époque où je voulais publier de l’album qu’ils ont entre les mains. Il est
Mutafukaz, personne n’était prêt à le faire. évident que l’écart se creuse entre une
On me disait que ce genre de BD ne pouvait bande dessinée dite « classique » et ce qui
exister que dans les fanzines. Delcourt me se fait par ailleurs. Attention, je ne suis pas
disait d’aller voir Les Requins marteaux, qui pour des trucs 100 % geek ; je tiens à ce
Catherine
Meurisse
2016 : AN 01
C’est une relation particulière
qui me lie à Catherine
Meurisse puisque notre
première rencontre date de la
présentation de son diplôme de fin d’études aux Arts Catherine, la première question qui nous vient à l’esprit, vu
déco, il y a onze ans. Si depuis, j’ai suivi avec plaisir son qu’on vous savait réfractaire à parler de votre ressenti sur les
évolution, lu ses livres, accueilli avec bonheur son entrée événements qui ont touché Charlie Hebdo, faisant plusieurs
morts parmi vos proches, est de savoir si c’est le livre de Luz,
à Charlie Hebdo sous l’aile de Cabu et Wolinski... et eu le
Catharsis, qui vous a décidée ou encouragée dans cette voie ?
plaisir de la croiser régulièrement, je n’avais bizarrement Luz a très vite réalisé Catharsis, entre janvier et mars 2015, pour
jamais fait d’interview avec elle. Et puis, il y a ce livre « ne pas devenir fou », disait-il. Pour ma part, j’étais incapable de
annoncé chez Dargaud que je demande à lire en toute faire quoi que ce soit dans les semaines qui ont suivi l’attentat,
innocence. L’émotion me prend quand je découvre que tout simplement parce que le choc m’avait fait perdre la mémoire,
la concentration, mes capacités intellectuelles. Il m’était donc
Catherine, qui refusait d’en parler jusqu’à présent, revient
impossible de dessiner dans cet état. Immédiatement après
sur les événements et la vie qu’elle a menée depuis les le drame, nous, survivants de Charlie, avions besoin d’être
attentats de Charlie, alors qu’elle doit sa survie à son ensemble, de penser collectivement pour ne pas nous perdre,
retard à la funeste réunion de rédaction du 7 janvier 2015. c’est le « nous » qui nous déinissait. En décidant de publier
L’occasion de la solliciter [enfin !] pour un premier Catharsis, Luz a été le premier à dire « je ». Je dois bien avouer
entretien... qui s’est déroulé dans les locaux des éditions que cela m’a d’abord choquée, puis j’ai compris qu’il avait raison.
Dire « je », se concentrer sur son identité personnelle, c’était le
Dargaud. Et je tiens à la remercier du fond du cœur de
seul moyen de se sortir de ce tsunami de violence qui pouvait
m’avoir accordé cette interview et je ne vous cache pas tous nous faire basculer dans la folie. Luz, avec Catharsis, a fait
que j’ai été heureux de partager ce moment avec elle. un livre d’une absolue sincérité, qui lui ressemble, tout comme
Une formidable leçon de vie ! Frédéric Bosser j’espère avoir réalisé un album qui me ressemble.
Vous parliez de folie : est-ce une chose que l’on sent venir
ou est-ce sous-jacent ?
J’ai vu tous mes repères, afectifs, professionnels, tomber un à
un. L’équipe de psys qui nous a suivis nous a prévenus dès le
début que, malgré l’empathie, nos proches ne pourraient pas
comprendre ce qui nous arrivait, ne serait-ce que parce que
cette situation était inédite pour tous. À titre personnel, j’ai
eu la chance d’être très bien entourée et très écoutée par mon
entourage. L’amitié ne m’a jamais paru aussi précieuse.
C’est to u dessin...
Jusqu’à présent, je dessinais pour faire rire les autres – que ce
soit à l’école, quand j’étais gamine, ou dans ma vie profession-
nelle, à Charlie. Dans La Légèreté, c’est la première fois que je me
livre autant, que je ne me cache pas systématiquement derrière
le masque de l’humour et de la satire...
Autre point commun avec Luz, si pour lui c’est un câlin aussi la trace du temps, du temps qui lisse, apaise et eface. Ce
avec sa copine le jour de son anniversaire qui le fait arriver qui était nouveau pour moi, face à ces œuvres, c’est que je les
en retard à la réunion de rédaction, vous c’est un chagrin voyais sans aucun bagage intellectuel, vu que le choc de l’attentat
d’amour qui vous sauve... m’avait fait perdre la mémoire. Je voyais les œuvres sans plus
L’amour, sa présence comme son absence, est en efet au centre songer à l’histoire de l’art. Une sorte de virginité qui n’aura
de nos deux livres. D’ailleurs, au début, pour lui résumer gros- existé que quelques mois, le temps que ma mémoire revienne.
sièrement mon album, je disais en rigolant à mon éditrice que C’est une expérience extrêmement étrange, très déstabilisante
je faisais Catharsis, mais sans amour ! Catharsis avec un peu au début, qui, lorsqu’on init par accepter cette impuissance in-
de lose en plus... Si Luz parle de sa femme dans son livre et tellectuelle, devient un état de grâce.
s’est rendu compte qu’elle lui avait « sauvé la vie » (ce sont ses
termes), moi, j’ai comblé l’absence d’amour en partant à Rome
et en recherchant la beauté. J’ai séjourné à la villa Médicis à
l’automne 2015 et m’y suis remplie de douceur, d’art, d’amitié.
Ce voyage, égayé par les pensionnaires de la villa, a été fabuleux.
La fascination du Caravage
© Meurisse / Dargaud
GRAND FORMAT / CATHERINE MEURISSE 53
Illustration de couverture
de La Légèreté
© Meurisse / Dargaud
”
dernier, et la vision qu’ils voulaient n’était pas
celle que j’avais à ofrir. C’est pour cela que je
n’ai accordé aucune interview. Je ne sais pas
vraiment qui a envie de me lire aujourd’hui,
en dehors de mes amis, qui m’ont vue
bien sonnée l’an dernier et qui ont hâte de
constater que je vais mieux ! Les quelques
lecteurs de Charlie qui connaissent ma
signature et que j’espère faire marrer depuis
dix ans ont peut-être aussi envie d’avoir de
mes nouvelles. Je ne sais pas. L’essentiel est
que j’aie réussi à pondre cet album.
© Meurisse / Dargaud
Beaucoup d’œuvres importantes sont nées de chocs,
de fêlures, de séparations... La Légèreté entre dans cette
catégorie !
On trouve dans chacun de mes livres des choses très person-
nelles, que je dois exprimer nécessairement, expressément, et
c’est d’ailleurs pour cela que je ne suis pas attirée par le travail
en collaboration avec un scénariste. Tous mes albums naissent
d’une pulsion, d’un besoin, d’un manque : le besoin d’être en
communion avec des peintres et des écrivains, comme pour
m’abreuver de ces grands et beaux esprits, dans Mes hommes
Les bons conseils Êtes-vous anxieuse quant à l’accueil de ce livre ? de lettres ou Le Pont des arts par exemple ; celui de danser et
de Charb, Cabu et Pas plus que pour un autre livre. L’important pour moi est que capturer le mouvement, comme
Tignous
© Meurisse / Dargaud
cet album existe. dans Moderne Olympia. L’album
La Légèreté, lui, est né d’un manque
Votre reconstruction passait-elle obligatoirement par ce plus grand encore, d’une fêlure
voyage à Rome et ce séjour à la villa Médicis ? immense. Il m’était urgent et indis-
Oui. Je ne pouvais pas faire un autre voyage. Il fallait que je pensable de faire ce livre.
quitte Paris, ville anxiogène et endeuillée, que je franchisse une
frontière, que je me confronte à l’art présent dans cette « Ville
éternelle » qu’est Rome. La villa Médicis, résidence d’artistes
prestigieuse, est une bulle dans la ville. On y rencontre des
pensionnaires qui ont le temps de développer leurs projets
artistiques loin des contingences matérielles. Je les ai fréquentés
avec bonheur, loin des contingences politiques. J’en cite
quelques-uns dans le livre, que je mêle à Stendhal, avec qui je me La Légèreté
balade au Forum, au peintre Le Caravage, qui me bouleverse... Par CATHERINE MEURISSE
Éditions DARGAUD,
Je mélange les vivants et les morts, ceux qui partagent la beauté 136 pages couleurs, disponible.
comme refuge. Voir critique page 67
Le Droit d’auteur
Par Pierrat & Neaud, voir critique page 76
Jeunesse p.86, Paul Gillon p.88, Intégrales p.92
CRITIQUES
7DEOHDX GHV ʞRLOHV
Tableau
GHV ʞRLOHV
1 2 3 4 5
L’HOMME QUI TUA JULIETTE Ô VOUS, FRÈRES LES CONTES LUC LEROI
LUCKY LUKE Camille Jourdy HUMAINS DE LA RUELLE PLUTÔT PLUS TARD
Matthieu Bonhomme ACTES SUD BD Luz Nie Jun Jean-C. Denis
LUCKY COMICS FUTUROPOLIS GALLIMARD FUTUROPOLIS
IK
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FROID
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Livres H
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F. BOS
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Le Soir
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Titre
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CORPS ET ÂME ++++ ++++ +++++ ++++ ++++ +++ ++++ ++++ ++ ++
DICKIE DANS L'ESPACE +++ ++++ ++++ +++ +++ +++ +++ +++++ +++
JULIETTE +++++ ++++ +++ +++++ +++ ++++ +++++ +++++ ++++
L'HERBE FOLLE +++ +++ ++++ +++ +++ +++ ++++ +++
L'HOMME QUI TUA LUCKY LUKE ++++ ++++ +++++ +++++ +++++ ++++ ++++ ++++ +++++ ++++
L'ORIGINAL +++ ++++ +++ ++++ +++ ++++ ++++ +++ +++
LES CONTES DE LA RUELLE ++++ +++ ++++ ++++ ++++ ++++ +++++
LUC LEROI PLUTÔT PLUS TARD +++ +++ ++++ ++++ ++++ ++++ +++++ ++ ++++ +++++
UN MAILLOT POUR L'ALGÉRIE ++++ +++ +++ +++ ++++ ++++ +++++ +++++ +++ +++
Ô VOUS, FRÈRES HUMAINS +++++ ++++ +++++ ++++ +++ +++++ ++++ +++ ++++
SEX STORY ++++ ++++ ++++ ++++ ++++ +++ ++++ ++++ +
Indice volume : si l’indice du n°2 du Top est égal à 65, alors il faut lire : pour 100 exemplaires vendus du n°1 du Top, il s’est vendu 65 exemplaires du n°2. * Nouveautés du mois de mars 2016.
CAHIER CRITIQUE
Le Journal
des Sorties
DISPOS
Antoine et la fille trop bien par Alexandre Franc
Éditions Sarbacane. Voir critique page 76
Atroce ! Album collectif
Éditions Aaarg! Voir critique page 70
Au gré du vent et Hello Viviane par Bao et Zhao
Éditions Pika Graphic. Voir critique page 74
11
Éditions 21g. Voir critique page 80
Sur le fil par Debomy, Guillaume et Victor
Éditions Cambourakis. Voir critique page 82 Les Neuf Derniers Mois de ta vie de petit con
par Cookie Kalkair
The Woods par Tynion IV et Dialynas Éditions Les Arènes. Voir critique page 78
Éditions Ankama. Voir critique page 79
Les Trois Grognards par Hautière et Salsedo
Tropikal Mambo par Carlos Nine Éditions Casterman. Voir critique page 81
Éditions Les Rêveurs. Voir critique page 85
Notre univers en expansion par Alex Robinson
Un Juste par Guillon et Cénou Éditions Futuropolis. Voir critique page 80
Éditions La Boîte à Bulles. Voir critique page 77
Nuages et pluie par Phang et Dupuy
Vivre à FranDisco par Van Hasselt et Schmitz Éditions Futuropolis. Voir critique page 85
Éditions Frémok. Voir critique page 85
18
Éditions Soleil. Voir critique page 85
L’Homme au masque (en toile de jute)
MAI Dylan Dog par Chiaverotti et Mari par Monsieur Le Chien
Éditions Mosquito. Voir critique page 75 Éditions Fluide glacial. Voir critique page 82
20
Éditions Steinkis. Voir critique page 78
Le Hasard par Ekeland et Lécroart
Éditions du Lombard. Voir critique page 83
Le Tatouage par Pierrat et Alfred
Éditions du Lombard. Voir critique page 76
MAI Batman – La malédiction qui s’abattit Un tout petit bout d’elles par Zidrou et Beuchot
sur Gotham par Mignola, Pace et Nixey Éditions du Lombard. Voir critique page 72
Éditions Urban Comics. Voir critique page 80
Avec son costume moulant d’un jaune éclatant et son crâne d’œuf reluisant, Saitama, alias One-Punch Man,
n’est pas très crédible dans son rôle de super-héros. C’est pourtant l’homme le plus fort du monde.
Le genre de type à faire passer Hercule pour une danseuse, et Son Goku pour un apprenti judoka.
Mais One-Punch Man n’est pas qu’un manga dans lequel le bon distribue les pains avec force et générosité.
C’est également une œuvre générationnelle, qui raille le manichéisme du genre super-héroïque, et témoigne
d’une jeunesse japonaise blasée et avide de changement. Une saga en passe de devenir le nouveau
best-seller que l’édition de manga attendait tant. Par Philippe Peter
O
N
-MAN
E
-
P
POING TROP N’EN FAUT
U
D
epuis plusieurs années, le top 3 des dans le deuxième pays du manga : la
N
ventes de mangas en France et en France. La publication de la saga a débuté
Belgique est dominé sans partage en janvier dernier, juste avant le Festival
par One Piece [Glénat mangas], d’Angoulême. Elle avait été précédée d’une
Naruto [Kana] et Fairy Tail [Pika]. Autant vaste campagne publicitaire, avec
dire que lorsqu’une nouvelle série vient notamment un affichage dans le métro
C
brusquement rebattre les cartes, c’est tout parisien et des achats d’espaces dans la
le microcosme de la bande dessinée presse généraliste. Du jamais-vu pour un
japonaise qui est tenu en haleine. Véritable lancement manga dans l’Hexagone.
phénomène au Japon, avec déjà plus de six Depuis, les éditions Kurokawa, éditrices de
millions d’albums vendus, One-Punch Man la série dans les pays francophones, en
H
est en passe de connaître le même succès sortent un tome tous les deux mois, jusqu’à
ce que soit rattrapé le stade de parution au
pays du Soleil-Levant [où la collection
compte à ce jour dix volumes]. Et le succès,
tant espéré, est effectivement au ren-
dez-vous, puisque le tome 1 s’est d’ores et
déjà écoulé à plus de 70 000 exemplaires
[avec un premier tirage à 60 000 unités].
« Il s’est placé troisième meilleure vente en
France la première semaine, tous livres
confondus. Et le tome 2 a fait pareil, avec
15 000 exemplaires vendus la première
semaine après sa parution », s’enthou-
siasme Grégoire Hellot, directeur de
collection chez Kurokawa. Des chiffres
encourageants, qui sont encore soutenus
par la diffusion gratuite de la série animée
sur le site ADN.
LA NAISSANCE
D’UN NON-HÉROS
Avec trois ans de retard, One-Punch
Man débarque donc enfin en français. S’il
emprunte très largement à la fois aux
BONNES RAISONS
DE LIRE STUPOR MUNDI
Graphiste chez Casterman, Néjib mène en parallèle une carrière
d’auteur jeunesse – avec notamment L’Abécédaire zoométrique –
et de bande dessinée. Après un premier roman graphique sur
STUPOR MUNDI David Bowie publié en 2012 [Haddon Hall, chez Gallimard], il récidive
NÉJIB / GALLIMARD-BD ce printemps avec Stupor mundi. Un livre copieux dont le dessin
Album cartonné épuré cache une intrigue tentaculaire qui se penche, entre autres,
288 pages couleurs sur les prémices de la photographie et de la psychanalyse.
disponible Une petite pépite à ne pas rater. Par Philippe Peter
UN SUJET ORIGINAL
Si Nicéphore Niépce est le premier, en 1826, à reproduire et
à fixer une image sur un support, le principe de la chambre
noire est connu depuis l’Antiquité. Stupor mundi met en
scène, au XIIIe siècle, un héritier imaginaire du célèbre
savant arabe Alhazen qui, chassé de Bagdad, se met au
service de l’empereur Frédéric II. Son objectif : inventer ce
que nous connaissons aujourd’hui sous le nom de photo-
graphie. À noter que Jean Dytar a évoqué l’utilisation de
la chambre noire par certains peintres de la Renaissance
dans La Vision de Bacchus [Delcourt].
UN RÉCIT À TIROIRS
Autre point fort de Stupor mundi : la richesse de son intrigue,
développée sur près de 300 pages. Si la photographie en
constitue le fil rouge, elle évoque également les prémices
de la psychanalyse [Houdê a en effet été traumatisée par
la mort violente de sa mère et en parle à un médecin],
l’obscurantisme intrinsèque à toute religion, ou encore la
figure méconnue de Frédéric II, humaniste avant l’heure.
Autant de pistes qui sont explorées parallèlement les unes
aux autres.
La force de
la beauté
Album cartonné
136 pages couleurs
disponible
Renaître d’un massacre. C’est la clé de la survie. La seule réponse. Mais quelle est la
méthode ? Vivre une madeleine de Proust ? Oui, en général, ça marche. Mais là, rien.
Plus de souvenirs marquants. Plus d’émotions à l’évocation des câlins de l’enfance,
des lieux sûrs dans lesquels on se perdrait, totalement protégé de tout et de tous. Non,
c’est mort, pas de réaction. Rien ne vient soulager le choc émotionnel que Catherine
Meurisse vit chaque jour qui passe depuis l’assassinat de ses amis, collègues,
compagnons de Charlie. La dessinatrice ne trouve plus d’idées. L’inspiration n’est plus
nourrie, elle perd le goût de dessiner en même temps que le bonheur de faire ce métier
dans la joie et la légèreté, dans l’humour et la provocation, dans la vie. Pourtant, elle
et quelques autres sont bien vivants. Ils ont survécu à la tuerie et doivent reprendre
le flambeau, poursuivre. La vie de ces auteurs change radicalement à la minute où le
massacre se produit. Il va falloir composer à ce moment avec l’horreur qui vient remplir
leurs cerveaux à la place de ce qui fourmillait jusqu’au drame. L’auteure est aidée,
accompagnée par sa famille, ses amis, son ex, son psy, et pourtant, le chaos intérieur
gouverne ses pensées. Et puis l’idée de suivre les pas de Stendhal à la recherche de la
beauté en opposition au désastre l’emmène à la villa Médicis à Rome, au Louvre, sur les
bords de mer. Et là, elle sent que le premier pas vers la reconstruction se fait. La lumière
de l’art la sauvera. On est saisi par cette incursion dans l’intimité de l’auteure. Elle se
livre intérieurement, comme Luz l’a également fait. Son histoire donne l’espoir aux
victimes perdues dans un stress post-traumatique profond. La vie ne redeviendra sans
doute pas aussi légère qu’avant, mais elle est en bonne voie pour redevenir vivable.
Marie Moinard [Voir l'interview de Catherine Meurisse page 50]
BLACK DOG
GÖTTING & LOUSTAL / CASTERMAN
L’ADOPTION T.1
ZIDROU & MONIN / GRAND ANGLE
Tendre mélo
Album cartonné
62 pages couleurs Zidrou, l’insupportable génial scénariste qui réussit tout ce qu’il
le 4 mai écrit, que ce soit les reprises de personnages connus ou ses œuvres
personnelles, frappe encore ! Gabriel, retraité bougon, vit son petit
confort tranquille entre sa femme qu’il adore, ses copains, anciens artisans comme lui, et ses
bouquins. Mais quand son fils de 47 ans adopte une petite orpheline péruvienne de quatre ans,
son train-train affectif va se voir bouleversé. Lui qui n’a jamais pris le temps d’être un père va
devoir se construire un rôle de grand-père. Pas facile.
Mais le charme de la petite fille va être un allié de poids
pour dégeler ce vieux cœur figé. Sur cette trame dont les
évolutions narratives paraissent convenues et attendues,
Zidrou parvient une fois de plus à nous surprendre et à
livrer un nouveau petit bijou de finesse et de subtilité.
Véritable portrait tendre et intelligent de la vieillesse des
sentiments, chronique du troisième âge mais aussi thriller
inattendu et poignant, L’Adoption est de plus merveilleu-
sement servi par le dessin chaud, rond et plein d’amour
pour ses personnages d’Arno Monin avec qui Zidrou
avait déjà réalisé l’album Merci, une fable savoureuse.
Ce type est insupportable, vous dis-je ! Éric Adam
AIRBOY
ROBINSON & HINKLE / JUNGLE LE CORPS À L’OMBRE
DAVID DE THUIN / GLÉNAT
Un personnage
en quête d’auteurs Tourner la page
Album cartonné
Album cartonné 64 pages couleurs
120 pages couleurs disponible
le 25 mai
James Robinson serait-il un pur génie ? C’est la question qu’on
se pose à la lecture d’Airboy, récit déjanté qui ne ressemble à
rien de connu : le scénariste britannique, qui a travaillé sur les plus grosses licences de La mère de Drazig est
comics américains [Batman: the Dark Knight, JSA, Starman, etc.], s’y met carrément en décédée quelques jours
scène en auteur déprimé car persuadé d’avoir, professionnellement, produit le meilleur avant la rentrée au lycée.
de lui-même des années plus tôt. Lorsqu’un éditeur lui propose d’écrire le relaunch d’un Pour l’adolescent, qui
super-héros de l’âge d’or [les années 40], Robinson n’accepte donc que pour le fric. peut toujours compter sur
Il « embauche » le dessinateur Greg Hinkle, avec lequel il se lance, sous prétexte de le soutien de ses amis
brainstorming, dans une soirée de débauche, au terme de laquelle le personnage qu’ils de toujours, Charles et
sont supposés relancer leur apparaît en chair et en os et les entraîne dans ses propres Jean-Basilic, la vie ne sera
aventures... Cette magnifique mise en abyme tendance gonzo [il est beaucoup question plus jamais comme avant.
de sexe et de drogues], aussi hilarante que fascinante, est indéniablement l’un des récits Alors quand un tueur en
les plus inventifs et originaux de ces dernières années. L’un des plus caustiques aussi, car série frappe à nouveau
sous le vernis de la farce, Robinson dénonce, très subtilement, les travers d’une certaine sa ville, vingt ans après une première série de meurtres, Drazig essaie d’oublier son
industrie du comics « made in USA ». Un régal, à consommer sans modération. OM malheur et décide de tenter de faire le lien entre les deux affaires. Après La Proie,
imposant exercice de style de 1 000 pages, David De Thuin revient à un format plus
traditionnel. Que ses fans se rassurent : sa narration n’en a pas pour autant souffert
d’une quelconque uniformisation. Récit portant initialement sur l’enfance perdue et
sur le passage [ici brutal] à l’âge adulte, Le Corps à l’ombre poursuit son dévelop-
pement sous la forme d’un thriller, sans toutefois jamais perdre de vue son point de
départ. L’ensemble baignant par ailleurs dans un humour décalé, dont la discrétion ne
détonne pas avec la tonalité dramatique de l’intrigue. D’un point de vue graphique, le
style animalier de David De Thuin se rapproche à la fois de celui d’un Lewis Trondheim
ou d’un Jason. Surprenant et réussi. Philippe Peter
10 NUMÉROS
[DONT DEUX DOUBLES]
+1 tirage
offset exclusif
signé par ZEP
GE
TIRA TÉ
LIMI
22L0
AIRE
S
P
EXEM ©2016 Zep / dBD
*
Abonnement à 74€, au lieu de 101,20€ [10 numéros : 91,20€ + 1 Tirage ZEP 10€].
Tarifs valables jusqu’au 31 août 2016. Dans la limite des stocks disponibles (220 ex.).
L’école des
Album broché
super-héros
176 pages N&B Dans un monde où 80 % de la population possède un pouvoir, les
disponible
combats entre super-héros et super-vilains sont monnaie courante.
Manque de chance, Izuku fait partie de la minorité ne détenant
aucune faculté exceptionnelle. Fan absolu et fin connaisseur des démiurges de tous poils, il ne
désespère pourtant pas d’entrer au lycée Yuei, sorte d’académie des héros. Lorsque son idole,
le puissant All Might, lui offre la possibilité d’obtenir lui aussi un pouvoir, le destin d’Izuku est
totalement bouleversé. Si la publication de One-Punch Man était attendue avec impatience par
un marché du manga qui cherche des successeurs à Naruto et One Piece, My Hero Academia
pourrait bien aussi s’inviter à la fête. Singeant les télé-crochets et leur quête de la machine à cash
jetable de demain – pardon : de la nouvelle voix qui fera frémir la planète entière –, ce shonen
explosif se lit avec une délectation retrouvée. L’histoire d’Izuku est avant tout celle d’un parcours
initiatique ; une opportunité unique offerte à quelqu’un qui aurait dû se contenter de regarder les
autres festoyer sans demander son reste. Kohei Horikoshi agrémente son récit de scènes de
combat épiques, au cours desquels s’affrontent des héros et des vilains charismatiques. On n’en
perdrait pas une miette... Philippe Peter
RIPOSTE
DAN CHRISTENSEN / SCUTELLA
Entre honneur
Album cartonné
160 pages N&B
disponible
et lâcheté
À la fin des années 40, Luca Di Serafino, ancien champion du monde
d’escrime et maître d’armes reconnu, travaille comme directeur des combats de plusieurs films de
cape et d’épée tournés à Hollywood. Prétentieux, hautain et narcissique, Luca Di Serafino est admiré
autant qu’il est honni. Une rumeur court selon laquelle il aurait fui son pays natal, l’Italie, après avoir
tué un homme en duel. Ce passé refait surface lorsqu’il est victime d’une machination. Accusé de
meurtre, il tente alors de démasquer le véritable coupable et de laver son honneur. Assez classique
dans sa construction [cette bande dessinée réinterprète des thèmes comme la jalousie, la lâcheté ou
encore la vengeance], Riposte trouve l’essentiel de son originalité dans son autre fil rouge : l’escrime.
Un sport que Dan Christensen pratique depuis vingt ans, ce qui se ressent à la lecture de cet album
documenté. Très bien construit, distillant intelligemment des flash-back qui prennent peu à peu leur
sens, ce polar parvient également à nous faire éprouver une certaine empathie pour un protago-
niste dans le fond détestable en tous points pour ce qu’il représente et ce qu’il est vraiment. Mention
également pour le dessin de l’auteur américain, une ligne claire intelligente et élégante, visiblement
influencée par Yves Chaland et Serge Clerc. Philippe Peter
Acte barbare
Album cartonné
104 pages couleurs
le 20 mai Au Congo, aujourd’hui, un ouvrier chinois engagé pour couper
du bois sur un gros chantier est tombé amoureux d’Antoinette.
Défiant régulièrement l’interdiction de « sortir avec des filles
d’ici », il part faire la cour à la jolie jeune femme déjà mère de deux enfants. Il l’invite à dîner,
fait des cadeaux à sa fille, offre des vêtements... Il sait bien qu’il n’est pas le seul à la convoiter,
mais il espère avoir plus de chance que les autres. Ses camarades du chantier se moquent de
lui, lui conseillant plutôt d’aller directement au bordel. Le couple n’est pas bien vu non plus par
les locaux. Quand Yue Kiang parvient enfin à se glisser dans son lit, il découvre qu’Antoinette
a été excisée. Il ignorait cette pratique. Elle lui raconte comment elle a été mutilée... Après Le
Montreur d’histoires et Tourne-disque, c’est le troisième album que réalisent ensemble Beuchot
et Zidrou, et c’est toujours aussi intéressant et fort. Alors bien évidemment, le fait de mettre en
scène l’histoire particulière de Yue et Antoinette pour dénoncer une pratique infligée à près de
200 millions de femmes dans le monde [et la présence chinoise sur le continent africain] est
une astuce narrative un peu banale. Le fait d’ajouter à la fin un cahier pédagogique sur le sujet
renforce également ce sentiment. Et pourtant, ça marche. Ronan Lancelot
DESSOUS :
A MONTAGNE DES MORTS MARIE PLEURAIT
FRÉDÉRIC BONES / SANDAWE CHESTER BROWN / CORNÉLIUS
Album cartonné
144 pages couleurs
Rêves d’ailleurs
disponible
En 1891, Paul Gauguin débarque pour la première fois à Tahiti,
ce sera un choc et un émerveillement pour lui, et lui inspirera
ses plus belles toiles. Après y avoir passé quelques années extraordinaires, à la
découverte d’une culture unique et fascinante, d’une manière de vivre totalement libre,
partageant sa vie avec une jeune fille âgée de seulement 13 ans lors de leur rencontre,
Gauguin repart en France pour présenter les œuvres réalisées durant cette période. Son
retour sera un échec total. Se sentant trahi, blessé à la jambe, rongé par la syphilis,
aigri, dépressif, il retourne à Tahiti, puis aux Marquises, mais n’y retrouve pas la douceur
de vivre qu’il avait connue. Il finit sa vie misérablement et décède en 1903. De l’œuvre
magistrale du maître et de sa vie digne d’un roman d’aventures, l’auteur italien Fabrizio
Dori tire un album magique, merveilleux et envoûtant, à la hauteur de son sujet. Le
scénario est bien construit, mêlant mythologie polynésienne, biographie de l’artiste
et réflexion sur l’art, appuyé par un dessin très pictural qui rappelle les éblouissantes
planches d’un Hugues Micol pour le plus grand bonheur des lecteurs. La couverture à
elle seule est déjà une invitation au voyage. Éric Adam
AU GRÉ DU VENT
& ZHAO / PIKA GRAPHIC
Album broché
166 pages couleurs
disponible
À boire et
à manger !
ELLO VIVIANE
AO / PIKA GRAPHIC
Album broché
204 pages couleurs Deux albums de Golo Zhao, le dessinateur
disponible de La Balade de Yaya [qui a fait pleurer ma
fille aînée] paraissent en même temps chez
Pika. Si graphiquement, forcément, ils se ressemblent, narrativement cela n’a rien à voir. Pour
Au gré du vent, le scénario est signé Jingjing Bao. Il met en scène un groupe de personnages
paumés pour diverses raisons allant se recueillir/faire du tourisme au Népal. Si on en saisit bien
toutes les intentions, on ne peut pas dire que cela soit particulièrement intéressant parce qu’as-
sez mièvre. De plus, le découpage de l’histoire fait la part belle à des ellipses extrêmement curieuses. Hello Viviane, dont Golo Zhao signe à la fois le dessin et le scénario, est par
contre bien plus enthousiasmant. On y découvre une jeune fille chinoise traductrice ayant quitté Paris pour s’installer seule à Colomiers après une déception amoureuse. Là, non
seulement l’histoire est intéressante, n’hésitant pas à mélanger humour et drame dans des proportions surprenantes, à créer des tensions sexuelles là où l’on ne s’y attend pas,
mais on sent surtout que l’auteur s’est pris au jeu, qu’il a à la fois adoré créer ces personnages et s’est laissé dépasser par eux. Très chouette. Ronan Lancelot
CAFÉ BUDAPEST
ALFONSO ZAPICO / STEINKIS
Album cartonné
Frères ennemis
164 pages N&B
disponible
Yechezkel Damjanich a 23 ans en 1947. Il est juif, violoniste, et vit
avec sa mère, rescapée d'Auschwitz-Birkenau où son père est
mort. Son oncle Yosef les invite à les rejoindre en Palestine où il
tient un café, invitation à laquelle ils finissent par répondre malgré les réticences de la vieille
femme. Là-bas, à Jérusalem, le jeune homme découvre un monde nouveau où juifs, Arabes
musulmans, occupants anglais et chrétiens font bon ménage malgré quelques frictions ré-
currentes. Yechezkel, surnommé Chaskel, va également découvrir l’amour. Mais l’évolution
des événements politiques va rapidement bouleverser le fragile équilibre des lieux, car si la
présence de nombreux juifs dans la région ne dérange pas trop les voisins arabes, la création
d’un État juif, Israël, en mai 1948 ne sera pas vécue sereinement par tout le monde. Et ce,
d’autant plus que les extrémistes belliqueux de l’Irgoun vont jeter de l’huile sur le feu. Pris
entre sa solidarité envers sa communauté et son désir de paix, écrasé par le terrible secret
caché par sa mère, Chaskel va devoir faire des choix déchirants. Jamais partisan, histori-
quement très précis, cet album donne une vision tendre, humaine et lucide sur les racines de
l’imbroglio israélo-palestinien. Éric Adam
LE DROIT D’AUTEUR
PIERRAT & NEAUD / LE LOMBARD
Signez ici
Album cartonné Comme d’habitude, je suis passé chez Frédéric Bosser
80 pages couleurs
le 20 mai
chercher de nouveaux trucs à lire, tel le drogué en manque qui
passe chez son dealer. D’habitude, c’est assez simple. Je trie
une pile et je prends ce que je veux. Des fois, comme le gros
dealer qu’il est, il me fait essayer des bouquins vers lesquels je n’irais pas naturellement. Des
fois aussi, je trouve une BD de cul mais là il me dit : « Pas touche, c’est pour Henri Filippini. »
La dernière fois, j’étais confronté à un dilemme inédit : choisir un thème parmi les quatre
nouveaux volumes de la collection La Petite Bédéthèque des savoirs. C’était cornélien. Je ne
voulais rester bête sur aucun des sujets. Poussé par le rédac chef qui s’impatientait, il a bien
fallu trancher et je suis reparti sous le bras avec celui sur le droit d’auteur. Depuis, je suis
devenu incollable. Sociétés de gestion collective, contrats, rémunération, contrefaçon, glo-
balisation, Hadopi... du siècle des Lumières à aujourd’hui, ce petit bouquin remarquablement
limpide fait le tour de la question du droit d’auteur. Et quand il passe un peu vite sur certains
points, une bibliographie sélective vous propose des pistes pour aller plus loin [aussi avec des
suggestions d’Emmanuel Pierrat de livres d’Emmanuel Pierrat]. Le travail de Fabrice Neaud
est super malin, il joue parfaitement avec le texte, ne se contente pas d’illustrer mais apporte
son propre regard sur le sujet. Un sujet on ne peut plus d’actualité, un album réussi dans une
collection qui effectue un sans fautes. C’est une vraie révolution au Lombard ! Ronan Lancelot
ANTOINE ET LA FILLE
TROP BIEN LE TATOUAGE
ALEXANDRE FRANC / SARBACANE PIERRAT & ALFRED / LE LOMBARD
Antoine passe ses vacances Le directeur d’une prison reçoit dans son bureau un jeune
d’été dans sa famille comme délinquant coupable de se tatouer dans sa cellule. Plutôt que de le punir, l’homme
tous les ans. Cette année, ils exhibe son torse couvert de tatouages et se propose de lui raconter l’histoire de cet
reçoivent la famille Lacoste, art qui remonte à la nuit des temps. C’est ainsi que l’on apprend que nos lointains
dont Adèle, une ado. Au ancêtres du néolithique utilisaient des aiguilles en bois de rennes puis des pointes
début, Antoine est plutôt mal d’os, que les corps des guerriers nomades étaient couverts de dessins, qu’à Rome il
à l’aise avec cette fille. Les était interdit de se tatouer le visage, que les croisés pratiquaient le tatouage religieux,
filles, il ne les connaît pas, il que les tatoueurs polynésiens utilisaient des peignes, que les bons pères blancs ont
ne joue pas avec, bref, c’est proscrit le tatouage... Le lecteur est invité à remonter la grande Histoire au fil des
l’inconnu. Et puis petit à petit, pages érudites de ce petit ouvrage riche en anecdotes évoquées par Jérôme Pierrat,
un trouble s’installe et les historien de formation et rédacteur en
premières pensées érotiques chef de Tatouage Magazine depuis
apparaissent. Le grand frère les années 80. Les dessins truculents
d’Antoine, Guillaume, arrive aussi sur les lieux de villégiature mais là, les choses se d’Alfred apportent une note d’humour
passent plus mal. Guillaume est en opposition avec ses parents et peut-être même à ce récit que ce cher Oncle Paul
avec la société tout entière. Il provoque, joue au dur et drague Adèle. Pour Antoine, la n’aurait pas renié. Peut-on classer ce
déception est intense et l’expérience douloureuse. L’auteur, Alexandre Franc, s’aven- genre d’ouvrages dans la BD dont le
ture sur les chemins de l’adolescence et des premiers émois, ceux qui sont tout sauf rôle a été pendant des décennies de
naturels. Tout est calculé, organisé, répété et puis non, rien ne se passe jamais comme raconter des histoires, de faire rêver
on l’avait imaginé alors finalement, c’est tendre et touchant. Les préados se racontent le lecteur ? Vaste question que pose
leurs histoires, s’inventent leurs rêves et leur monde. Une histoire banale et pourtant une fois encore La Petite Bédéthèque
unique dessinée d’un trait épuré rempli de couleurs en aplats dans une entente bien des savoirs des éditions du Lombard.
plus harmonieuse que les relations adolescentes. Marie Moinard Henri Filippini
UN JUSTE
& CÉNOU / LA BOÎTE À BULLES
Alors que s’en éteignent inexorablement les derniers témoins, la Shoah continue d’inspirer
les auteurs de BD. Patrice Guillon choisit de remettre en lumière le rôle, admirable, des
« Justes », ces Français qui, au péril de leur propre sécurité, portèrent secours à des juifs
durant la Seconde Guerre mondiale : son livre s’ouvre sur le remords d’une femme âgée à
l’égard d’un couple qui a caché sa famille durant l’Occupation. Regrettant que le courage
de ses bienfaiteurs n’ait jamais été récompensé, Myriam décide de réparer cette injustice.
S’ensuit donc le récit, copieux [puisqu’il représente bien les neuf dixièmes de l’album], de
cet épisode douloureux de son histoire, quelque part en zone alors « libre »... Puissant parce
que déroulé sobrement, Un juste [titre trompeur, car il s’agit d’un couple] émeut durable-
ment. Le constat que des gens simples aient pu faire preuve d’une telle fraternité en des
temps pourtant troubles réchauffe le cœur. Notons qu’en guise de mémos sont proposées,
en toute fin d’album, la reproduction et la description officielles du titre de « Juste parmi les
Nations » ainsi que la terrifiante « loi sur le statut des juifs » décrétée par le maréchal Pétain
en octobre 1940. Olivier Mimran
Album cartonné
Munch, le cri !
120 pages couleurs
le 4 mai
Edvard Munch est un des peintres majeurs de la fin du
XIXe siècle. Son œuvre la plus célèbre, Le Cri [dont il a
réalisé plusieurs versions], est une des toiles les plus marquantes de l’expressionisme
naissant. Mais outre ce tableau d’une force peu commune, il est l’auteur de dizaines
d’autres, tout aussi forts, qu’il s’agisse de portraits, de paysages [ah, son inimitable
lune aux reflets aquatiques totalement phallique !], de scènes métaphoriques ou de
famille... Son œuvre fascine, déroute ou séduit, mais ne peut laisser personne in-
différent. Personnellement, ayant de plus eu la chance de voir le musée qui lui est
dédié à Oslo, j’adore. La bonne idée de cet album est de ne pas avoir axé le récit sur
son tableau vedette, Le Cri, à peine entrevu au cours de l’histoire. L’auteure insiste
au contraire sur la genèse d’un talent, « le coureur avant la course », comme le dit
justement la préface, révélant « la voix secrète que le cri a couverte ». L’autre bonne
idée est de traiter le sujet en bichromie, noire et bleu, tout à fait élégante, loin de
l’inimitable traitement des couleurs du peintre. Une œuvre tout à fait réussie donc,
séduisante et à la charmante lenteur. Éric Adam
Taulardes Introspection
Album cartonné
176 pages couleurs
le 4 mai de l’espace
Album cartonné
80 pages couleurs
le 11 mai
d’un futur père
Désireux d’avoir un enfant, les deux protagonistes de ce récit galèrent pendant trois
Dans un futur indéterminé, le système années, subissent l’épreuve des traitements souvent pénibles dans les cliniques, avant
mondial est devenu à ce point patriarcal de prendre la décision de partir trois mois à l’aventure et de se lancer ensuite dans
que toute femme qui ne se plie pas incon- l’adoption. Et voilà qu’au retour de cette longue pause, madame découvre qu’elle est
ditionnellement au diktat des hommes enceinte. Ce sont ces neuf derniers mois de sa vie de con que le futur père raconte
fait l’objet d’une « rééducation » ; laquelle semaine après semaine, évoquant avec humour et dérision le quotidien parfois éprouvant
a lieu dans un établissement carcéral de cette longue attente entre fébrilité, angoisse et bonheur. Les relations pas toujours
en orbite surnommé Bitch Planet et faciles avec la future mère, la préparation de l’arrivée à la maison d’un nouvel habitant,
dont personne n’est jamais revenu. Du l’annonce du sexe de l’enfant, l’accouchement... tout est conté au fil des pages de cette
moins, pour l’instant, parce que parmi le introspection qui ne tombe jamais
dernier arrivage d’insoumises se trouvent dans la morosité. Français vivant à
quelques fortes personnalités qui n’en- Montréal, directeur de la création
tendent pas y faire de vieux os. L’admi- depuis 2009 d’Ubisoft Montréal
nistration pénitentiaire remarque d’ail- Studio, Charles Herteau, alias
leurs très vite les incroyables capacités Cookie Kalkair, est l’auteur de ce
physiques de l’une d’entre elles, Kamau Kogo, à qui elle propose de participer à une témoignage, à l’origine proposé
étrange épreuve sportive... Brillamment écrit par Kelly Sue Deconnick [30 jours de au quotidien avec succès sur son
nuit, Ghost, Captain Marvel] et dessiné par le Canadien Valentine De Landro [X-Factor, blog... jusqu’à la naissance du
Marvel Knights 4], le premier tome de Bitch Planet est présenté par son éditeur français petit Léon le 18 septembre 2015
comme « un pamphlet social dénonçant l’injustice du consumérisme moderne ». C’est un à 16 h 05. Cette version papier
tantinet excessif. On évoquera plutôt un bon – et très prometteur – récit de fiction jouant qui ne manque ni d’originalité
habilement avec les codes de la pop culture [la couverture s’inspire d’ailleurs à la fois ni d’humour devrait séduire les
du pulp et de la blaxploitation]. À suivre ? Olivier Mimran amateurs du genre. Sympathique.
Henri Filippini
78 CRITIQUES / LES ÉTOILES dBD
THE WOODS T.1 HOMICIDE, UNE ANNÉE
YNION IV & DIALYNAS / ANKAMA ES RUES DE BALTIMORE T.1
PHILIPPE SQUARZONI / DELCOURT
Album cartonné
Détruire New York
48 pages couleurs
disponible Mai 1945. Après le suicide d’Hitler, les derniers fidèles de la
Wehrmacht se terrent dans les ruines de Berlin alors que
Russes et Américains s’approchent de la ville. Max assassiné
par les jeunesses hitlériennes, Werner est chargé par l’OSS américaine d’éliminer la
Flugkapitan Reitsch, la plus fameuse pilote d’essai du régime nazi, leur amie de jeunesse,
Hanna. Dans l’Allemagne des années 30, Max, Werner et Hanna formaient un trio insé-
parable. Pendant que les Américains et les Russes se disputent la capture des précieux
savants allemands, Werner et Hanna, à la fois ennemis et complices, gagnent le château
de Fütstenstein. D’immenses galeries ont été creusées dans le sous-sol du bâtiment afin
d’y dissimuler une base secrète où est construit le Silbervogel, un bombardier suborbital
pouvant franchir cinq fois le mur du son. Hanna, que Werner ne parvient pas à convaincre
de renoncer, a été désignée pour piloter l’engin et détruire New York sous une tonne
d’uranium radioactif. Le projet Amerika-Bomber, l’ultime rêve d’Hitler. C’est avec une
habileté diabolique que Yann écrit le scénario de cette fiction historique aux personnages
attachants et crédibles. Alain Henriet, de plus en plus à l’aise, propose des pages riches
en décors soignés tout en donnant de la chair à ses personnages. Une belle évolution d’un
album à l’autre. Henri Filippini
BATMAN – LA MALEDICTION
QUI S’ABATTIT SUR GOTHAM
MIGNOLA, PACE & NIXEY / URBAN COMICS
Batman
by Mignola
Album cartonné
192 pages couleurs
le 6 mai
Gotham City, fin des années 20. Après une expédition polaire, un navire ramène dans ses cales
un mal insoupçonné, qui se répand lentement mais inexorablement dans les rues de la ville.
Liée au puissant nécromancien Ra’s al Ghul, l’entité démoniaque prend peu à peu le contrôle
des membres les plus influents de la mégalopole. Une seule personne est destinée à mettre
un terme à ce fléau dévastateur : Batman. Quand Mike Mignola [Hellboy] s’empare du mythe
du Chevalier noir, il lui insuffle presque naturellement une veine fantastique habituellement
absente des codes de la saga. Cette minisérie, initialement publiée par DC Comics au début des
années 2000, se situe à la croisée des chemins entre le décorum propre au personnage créé par
Bob Kane et Bill Finger et les entités maléfiques et monstrueuses de l’univers de Lovecraft. Le
résultat a le mérite de surprendre, d’autant que le récit se situe à une époque antérieure à celle
de la naissance du célèbre justicier. Méticuleusement, Mignola intègre à l’intrigue – en les réin-
terprétant totalement – les principaux personnages secondaires de la série, tout en conservant
la cohérence chronologique de leur apparition et disparition [les trois principaux Robin sont
ainsi présents]. Sombre et surprenant. Philippe Peter
Album cartonné
Trahir pour vivre
56 pages couleurs
le 11 mai
1805. Ancien compagnon de Toussaint Louverture, Honoré tente
de s’échapper du fort de Joux, dans le Doubs. Il est malheureuse-
ment rattrapé par la garde et présenté à un personnage masqué qui lui propose un marché :
réintégrer l’armée, et se tenir prêt à agir contre l’Empereur en temps voulu. En échange de
sa trahison, Honoré pourra non seulement assouvir sa haine à l’égard de Napoléon, mais
également obtenir un billet pour Saint-Domingue, l’île qui l’a vu naître. Comme l’a montré
une étude du webzine Cases d’histoire, les bandes dessinées consacrées à l’épopée na-
poléonienne sont légion. Elles brillent en revanche par leur manque cruel d’originalité. En
voici pourtant une qui prend le mythe à contrepied. Tout d’abord en l’utilisant comme décor
plutôt que moteur poussif d’un récit qui emprunte à l’espionnage et au thriller. Ensuite, en
se penchant sur la première véritable – et cuisante – défaite de Napoléon : l’insurrection
d’Haïti et la déclaration d’indépendance de la première république noire de l’Histoire. Enfin, en
mettant en scène un vaste complot visant à rétablir la monarchie absolue en France. Le tout
avec un second degré et un comique de situation qui achèverait de décrisper les plus fidèles
bonapartistes. À découvrir absolument. Philippe Peter
L’HOMME AU MASQUE
(EN TOILE DE JUTE)
MONSIEUR LE CHIEN / FLUIDE GLACIAL
Album cartonné
Rire de tout
64 pages couleurs
le 18 mai
Rire d’une affaire d’enlèvement et de séquestration ? Il fallait
oser. Monsieur le Chien l’a fait. Et bon sang qu’on se marre
jaune. Voire qu’on pouffe généreusement, ce qui ne manque pas d’outrer certains de nos
compagnons de galère dans le métropolitain. Le protagoniste de ce fait divers fictif, passé
à la moulinette de l’esprit Fluide glacial, est un puceau que la libido exacerbée de son
paternel a visiblement légèrement dérangé. Pour satisfaire ses pulsions sexuelles [mais
platoniques], le jeune homme, toujours caché derrière un masque en toile de jute façon
L’Épouvantail, enlève des jeunes femmes aux mensurations généreuses, et les enferment
dans une cave aménagée. Enfin, c’est ce qui arrive à la dernière en date, les premières
ayant malencontreusement terminé leur carrière de victime dans un fossé ou au fond d’un
trou en cambrousse, l’apprenti kidnappeur ayant toutes les peines du monde à appliquer
son plan initial à la lettre. S’en suit une série de gags hilarants, dans la veine du comique de
situation et de l’absurde, servie par des dialogues aux néologismes et aux fautes de français
aussi agaçants que poilants. La séquestrée rendant coup pour coup, dans la mesure de ses
moyens. Évidemment, âmes sensibles, s’abstenir. Philippe Peter
En voie de
s’apprête à lancer une offensive
majeure dans le secteur de Verdun.
Album cartonné
démocratisation
48 pages couleurs
Objectif : saigner à blanc l’adversaire
Album cartonné
144 pages couleurs le 18 mai et le forcer à négocier la paix. Du côté français,
disponible la présence de régiments de tirailleurs sénégalais
crée des tensions, certains doutant de la valeur et de la fiabilité des soldats
Ancien responsable de l’associa- coloniaux. Cinquième tome d’une série très conformiste, qui aborde sans
tion Info Birmanie et scénariste de originalité mais avec savoir-faire des épisodes bien connus de la Première
plusieurs bandes dessinées sur ce Guerre mondiale. PhP
pays qu’il connaît bien, Frédéric
Debomy s’est une nouvelle fois
rendu sur place au début de l’année
2015, en compagnie du dessinateur
Guillaume Griffon. Le pays, qui
s’appelle officiellement Myanmar, SUR LE FIL
est actuellement à un tournant de DEBOMY, GUILLAUME & VICTOR
son histoire. Pour la première fois / CAMBOURAKIS
depuis 1962 et l’instauration d’une
dictature militaire, des élections
démocratiques s’y sont en effet Complément de Birmanie – Fragments
tenues. Le parti d’Aung San Suu Kyi, prix Nobel de la Paix, en est sorti vainqueur. Pour Album cartonné d’une réalité, cette autre BD-docu-
96 pages couleurs
autant, la Birmanie n’est pas encore devenue un modèle de vertu. La liberté d’expres- disponible mentaire se penche sur la révolution
sion y est encore limitée, tandis que les questions liées aux minorités ethniques et reli- de Safran, menée notamment par des
gieuses continuent de diviser le pays. Dans cette BD-documentaire, Frédéric Debomy moines bouddhistes en août et septembre 2007. Si ces
et Guillaume Griffon partent justement à la rencontre des militants des différentes événements n’ont pas eu de conséquences politiques immédiates, ils ont été
mouvances politiques, ethniques et religieuses. Ils dressent un tableau complet de la sévèrement réprimés par la junte militaire. Cet album se présente comme un
situation mais, ce faisant, livrent une copie extrêmement compliquée à suivre. Difficile livre illustré auquel ont été incorporées des séquences en bande dessinée au
de s’y retrouver entre les différents groupuscules, qui ne sont par ailleurs abordés que graphisme minimaliste déroutant. PhP
très superficiellement. Il en résulte un sentiment de confusion et de frustration, alors
même que le sujet est hautement passionnant. Philippe Peter
LE HASARD
EKELAND & LÉCROART / LE LOMBARD
Jeux et
Album cartonné
72 pages couleurs
le 20 mai
probabilités
Après une première salve en mars, quatre nouveaux titres
rejoignent en ce mois de mai La Petite Bédéthèque des savoirs, sorte de Que sais-je ? en
BD [voir notre article dans dBD n° 101]. L’un d’entre eux est consacré au hasard. Vaste sujet
qu’abordent ensemble le mathématicien Ivar Ekeland, père du théorème qui porte son nom, et
Étienne Lécroart, membre bien connu de l’OuBaPo. Suivant son principe de vulgarisation et
de ludisme, ce petit livre aborde les principaux questionnements humains liés au hasard, ici
sous l’angle des mathématiques. Il est donc beaucoup plus question de probabilités que de
variations philosophiques autour de la notion de hasard [par opposition, par exemple, au dé-
terminisme]. Si les premières pages sont parfaitement digestes, la suite des événements prend
une tournure plus complexe. Il faut bien suivre toutes les [brèves] étapes de la démonstration
et, de préférence, avoir quelques notions de mathématiques, sous peine d’être rapidement
largué. L’ouvrage se révèle également assez monotone, tant dans son discours – qui ne sort
jamais d’un point de vue très étriqué – que dans sa forme. Première petite déception dans cette
collection par ailleurs très enthousiasmante. Philippe Peter
BLACK SANDS
OGER & CONTIS / RUE DE SÈVRES
Des zombies
Album cartonné
108 pages couleurs
dans le Pacifique
disponible
Nous sommes en 1943. Un destroyer américain navigue tran-
quillement dans les eaux de l’archipel Bismarck quand il est
attaqué et coulé par un sous-marin japonais. Une poignée de survivants s’accrochent
à un canot qui part à la dérive jusqu’à une île inconnue. Alors qu’ils pénètrent dans les
terres à la recherche de nourriture et d’eau potable, ils se font attaquer par des hommes
transformés en bêtes féroces et hallucinées. Le combat s’engage... Ce ne sera pas le
dernier de cette unité, dont il ne va bientôt ne rester qu’un membre : le caporal Joseph
Gregovitkz. En poursuivant son périple, il se rend vite compte que non seulement il n’est
pas le seul sur cette île, car il va croiser des compatriotes, mais aussi des Japonais, et
qu’en plus cette île semble protéger de terribles recherches scientifiques. C’est un récit
d’horreur en plein cœur de la Seconde Guerre mondiale, librement inspiré de faits réels,
que propose Tiburce Oger à son complice dessinateur Mathieu Contis. Admirablement
ficelée, cette histoire est agréable à la lecture bien que nécessitant une forte concentra-
tion car assez complexe dans ses tenants et ses aboutissants. Ceux qui aiment les huis
clos et les histoires de zombies sont servis ! Frédéric Bosser
Dans le petit monde Mars 2012 : Deux femmes attendent à la frontière syrienne, du côté turc, avec pour
feutré de la NASA, objectif d’entrer clandestinement dans ce pays à l’aide de deux passeurs. La première,
tout est organisé pour Yasmine, médecin, est là pour rejoindre l’hôpital que son père a fondé en Syrie il y a
trouver une solution à plus de trente ans. La seconde, Sophie, est
chaque problème. Tout journaliste et veut couvrir cette initiative.
va pour le mieux jusqu’à Sur le dangereux chemin qui les guide vers
un beau matin où, cet hôpital clandestin qui tente de sauver
dans le même temps, avec ses moyens les hommes et les femmes
le QI des astronautes blessés par cette guerre sans fin, Sophie va
s’effondre alors qu’un découvrir le conflit de l’intérieur. Engage-
sabotage est constaté ment politique, trahisons, histoires d’amour
à la machine à café. Ces deux événements sont-ils liés ? Si oui, nul doute que l’hu- et d’amitié, retournements d’alliances et
manité court irrémédiablement à sa perte... Cette courte présentation en dit long sur de situation sont au cœur de cette histoire
cette histoire des plus loufoques mais parfaitement maîtrisée par son créateur. C’est qui met en scène tout un groupe d’indivi-
louable, car très souvent, dans une création qui part dans tous les sens, aux limites dus pris dans une tourmente mortelle sans
de l’absurde, l’auteur finit par se perdre et par la même, le lecteur. Là, ce n’est pas le fin. À travers ce récit sans parti pris, on
cas car dès les premières pages où on fait connaissance avec trois astronautes qui, à comprend mieux les raisons du conflit dans
bord de leur vaisseau, attrapent un astéroïde pour le ramener sur Terre, on est happé un pays que finalement nous connaissons
par ce récit. S’en suivent des situations des plus rocambolesques, des scènes à fort peu. Son auteur, Hamid Sulaiman, raconte
suspense et plusieurs degrés de lecture, des dialogues débiles... On rit beaucoup dans admirablement bien la guerre qui mine
cette histoire écrite et dessinée par Léo Louis-Honoré aux éditions FLBLB, notamment son pays. C’est un cri de rage de la part de
grâce à des personnages à forte puissance comique. Bravo à lui ! Frédéric Bosser cet homme qui a dû fuir la Syrie en 2011.
Poignant et instructif ! Frédéric Bosser
BUCK
RIEN DEMONT / SOLEIL
Album cartonné
La nuit des trolls
80 pages couleurs
le 4 mai
Il y a très longtemps, au cœur des montagnes, dans un coin
reculé de Norvège, alors qu’il gèle à pierre fendre, Helga,
la femme du fondeur de cloches, découvre avec horreur que dans son berceau, sa fille
Selma a été remplacée par une progéniture trolle, laide, répandant une affreuse odeur
de souffre. Les parents désespérés demandent à Buck, le chien qui se déplace avec sa
niche sur le dos afin d’échapper au froid, de partir à la recherche de leur pauvre enfant
et de l’échanger contre l’horrible petite trolle. Dans la neige et la froidure débute un
long jeu de piste qui finira par une improbable complicité entre Buck et l’enfant troll.
Inspiré par les légendes scandinaves, ce récit aux textes minimalistes en possède les
charmes mais aussi la noirceur dans sa seconde partie. Adrien Demont [né en 1986],
venu des Beaux-Arts d’Angoulême, propose des images aux ambiances fantastiques et
aux couleurs soignées. Un conte étrange aux sources de la mythologie nordique, destiné
aux enfants de tous âges. Un album envoûtant de l’excellente collection Métamorphose
dirigée par Barbara Canepa et Clotilde Vu. Henri Filippini
Toujours riche et diversifiée, la littérature jeunesse nous ravit par son dynamisme.
Qu’elle soit issue de petites structures ou de maisons plus connues, qu’elle se présente
sous la forme de bandes dessinées muettes pour les plus jeunes, de romans graphiques
ado ou de textes illustrés, elle maintient un niveau de création enthousiasmant et ne cesse
de nous entraîner vers l’imaginaire. Petits albums, mais grandes lectures !
Albums
jeunesse
Classique
Il était une fois [c’est souvent comme ça
que les contes commencent] une famille
très pauvre qui vivait dans la forêt.
Un jour, pour ne pas mourir de faim,
le père décide d’abandonner ses enfants
dans les bois. Mais l’un des enfants a tout
entendu et tente de se protéger grâce à
un plan. Il emmène avec lui une miche
de pain et sème des miettes tout au long
du trajet. Il ne lui restera plus qu’à suive
ces petits bouts de pain pour retrouver son chemin. Malheureuse-
ment, les oiseaux ont tout picoré et le frère et la sœur sont
désespérés. D’autant qu’une méchante sorcière va les emmener
chez elle. Leur destin est tracé : ils seront mangés. Comme
toujours, les contes font peur. Dans cette version du récit des
frères Grimm, adapté en bande dessinée muette, le succès des
auteurs tient dans le subtil ajout de douceurs dans la cruauté
comme l’apparition de la rassurante maison en pain d’épice et du
style rond du dessin. Les couleurs acidulées renforcent le côté
sécurisant de la lecture, aidée par les titres en lettrage bien lisible
en haut de chaque page. L’effort éditorial en direction des plus
petits est significatif. Cette excellente collection propose
également une leçon de dessin pour se détendre et le texte
classique en lecture en fin d’album pour les plus grands.
Perdu sur la route de l’immigration, Après le succès phénoménal des Les Bacon Brothers, d’anciennes Musnet, une petite souris voyageuse,
un ours en peluche échoue sur une aventures des Légendaires stars du showbiz, voient leur carrière atterrit après un long périple et grâce
plage et devient la coqueluche de [4 millions d’albums vendus], les redémarrer après vingt ans d’oubli à l’aide de Mya dans l’atelier de
la classe de monsieur Lepillier qui auteurs ont eu envie de relever le quand un de leurs vieux tubes fait le Rémi, un peintre. Musnet cherche
l’a trouvé. Deuxième vie pour ce défi de parodier leur propre série. buzz sur Internet. Les trois vieux du travail et propose son aide à
doudou qui se croyait abandonné L’idée veut que les personnages se musiciens, encouragés par leur l’artiste débordé, qui l’embauche
et qui, dorénavant, va passer ses retrouvent dans des situations ancien agent, repartent en tournée en échange de cours de peinture.
week-ends chez chaque enfant décalées avec des rôles moins aux États-Unis. C’est l’occasion pour Et dans la foulée, la souris va être
à tour de rôle. L’album permet flatteurs. Et ça marche là encore ! les jeunes lecteurs de découvrir un hébergée par la très accueillante
Sous la forme de gags en une
d’aborder des thèmes comme le beau voyage et des personnages famille de Mya. Les découvertes
planche avec un dessin fouillé et
regard que l’on peut porter à l’autre, empruntés aux contes traditionnels, artistiques ne font que commencer
riche, les idées, sans être forcément
tels que les migrants et les gitans. sous les traits des trois petits pour le souriceau, son chemin le
très originales, sont racontées de
Les sujets sont posés, aux adultes façon vraiment drôle. On lit un cochons. Le dessin et la mise en conduisant rapidement dans l’atelier
de prendre le relais. L’histoire album Parodia pour rire et se scène sont les gros atouts du livre. de Monet. En survolant l’œuvre
tendre est écrite par les scénaristes détendre. Le fan-club sera peut-être Belle surprise pour une aventure des grands peintres au travers du
bien connus de Yaya [succès des déstabilisé. drôle et attendrissante. regard curieux de quelques souris,
éditions Fei]. on assiste à la naissance d’un futur
> LES BACON BROTHERS grand peintre. Original.
> AZIL, par Omont, > HÉROS EN DÉLIRE, – RETOUR EN AMÉRIQUE,
Girard & Wenisch. par Sobral & Jung. DELCOURT par CALI & BADEL. ABC > MUSNET T.1, par Kickly.
LA GOUTTIÈRE. Album cartonné, JEUNESSE. Album cartonné, MELODY. Album cartonné, DARGAUD. Album cartonné,
40 pages couleurs, disponible. 32 pages couleurs, disponible. 32 pages couleurs, le 11 mai. 56 pages couleurs, disponible.
BD jeunesse dès 5 ans BD jeunesse dès 8 ans BD jeunesse dès 6 ans BD jeunesse dès 7 ans
PAUL
GILLON
GILL EN CINQ ACTES
ACTE 1 :
DANS LES COULISSES
DU SPECTACLE
Souffrant d’une tuberculose des os,
le jeune Paul, qui est retenu à l’hôpital
de 6 à 12 ans, occupe son temps en
Décédé il y a tout juste cinq ans, le 21 mai dessinant. Son père décédé, il vit à Montreuil-sous-Bois
entre sa mère et sa grand-mère. Grand lecteur des jour-
2011, alors qu’il venait de fêter ses 85 ans
naux de l’âge d’or, Mickey, Robinson, Aventures, Hurrah !,
[il est né le 11 mai 1926], Paul Gillon est l’un Junior..., il y découvre les grands héros américains, Prince
des plus grands auteurs de notre bande Vaillant, Guy l’Éclair, Terry et les pirates, Tarzan... Fasciné par
dessinée hexagonale. Curieusement, en le monde du spectacle, il espère pouvoir le fréquenter grâce
ces temps où les intégrales ont tendance à à ses talents de dessinateur. Il y parvient grâce à l’aide de
rééditer tout et n’importe quoi, rares sont les Charles Trenet, relation d’un proche, en illustrant les « petits
éditeurs qui proposent l’œuvre de Paul Gillon formats », modestes feuilles pliées en deux qui à l’époque
proposaient paroles et musique des chansons en vogue.
aux nouvelles générations de lecteurs, un
Il en publie beaucoup entre 14 et 16 ans, vivant une vie de
auteur dont les planches de format grand aigle bohème, rencontrant les vedettes qui le faisaient rêver,
au noir et blanc épuré et élégant laissent sans Vadim, Charles Aznavour, Juliette Greco, Daniel Gélin et
voix ceux qui ont eu la chance de les admirer. bien d’autres. Dès l’après-guerre, il se lance dans la réalisa-
dBD vous invite à revenir en cinq actes sur la tion de caricatures pour la presse qui à l’époque foisonne
carrière de ce géant de la bande dessinée. [Gavroche, France Dimanche, Samedi soir...], couvrant
Henri Filippini la danse, le cinéma, le théâtre, le music-hall... croisant les
gloires de l’époque. « Avec ma carte de presse, j’assistais
à toutes les premières de théâtre, ACTE 2 : PLACE À LA BANDE longue marche de Mao écrit par Roger
cinéma, danse... J’ai connu à cette DESSINÉE POPULAIRE Lécureux, puis la reprise en 1954 de
époque Roland Petit, Leslie Caron, 1947 : Reçu par Roger Lécureux, Capitaine Cormoran, série de flibuste
Jean Babilée, Zizi Jeanmaire à leurs Jean Ollivier, tous deux scénaristes, créée par Lucien Nortier, la création
débuts... enfin toutes es les gloires dan-
dan et René Moreu,
Moreu ré rédacteur en chef de de Wango avec Ollivier et Lécureux en
santes de l’époque. Vaillant le je
Vaillant, eune Paul est aussi- 1958, histoire d’aventures exotiques
J’en suis encore tôt accueilli au sein de la petite poursuivie par Coelho, collaboration à
tout étonné. » Puis équipe de l’hebdomadaire com- 34 Camera Pocket édité par Vaillant
il se rend compte muniste. Il y reprend une série dont il signe de nombreuses couver-
que peu à peu, la de brouss se
e créée par Roger tures... Ne pouvant publier toute sa
photo grignote la Lé éccureux et Rob Sim production dans Vaillant où il signe de
place des dessins [Robert Simonot], nombreuses illustrations, il collabore à
dans la grande Lynx blanc. Vaillant Fillette et surtout au Journal de Mickey
presse. Lorsqu’un devient sa seconde où, dès 1961, il signe des adaptations
ami lui conseille un maison, il passe de séries télévisées, La Déesse d’or
jour de se tourner beaucoup
b de temps et plusieurs épisodes du Temps des
vers la bande dessi-- à la rédaction, et copains, feuilleton fameux des débuts
née qui a la réputa- le
es
e créations du de la télévision. Pour Radar, le grand
tion de bien payer, il je
eune dessinateur se hebdomadaire des faits divers, il met
se rend à la rédactio on mu
m ultiplient, à com- en images en 1956 les aventures de
de l’hebdomadaire me e
encer par Fils de Rex qu’il réalise au lavis, succédant au
Vaillant. Il a 21 ans. Chhine en 1950, flam- dessinateur italien Ferrari.
Fin du premier acte. boy ya
ant récit de près de Le plus beau fleuron de ces premiers
200 pages
p évoquant la pas dans l’univers de la bande
dessinée popu-
> 13 rue laire demeure
de l’Espoir 13 rue de l’Espoir,
© Gall & Gillon
strip quotidien
écrit par les
journalistes et
romanciers
Jacques et
François Gall.
Cette longue
collaboration ACTE 3 : LA SCIENCE-FICTION
débute le 5 C’est dans la foulée du succès Gillon n’est pas un inconnu. Quatre épi-
mai 1959 dans de son Salut les copains que Daniel sodes seront publiés par le quotidien
France-Soir et s’y Filipacchi lance en 1964 l’hebdoma- de Pierre Lazareff, puis la saga se pour-
poursuit jusqu’au daire Chouchou [nom de la mascotte suit en 1977 dans Métal Hurlant, Paul
7 décembre de SLC dessinée par Fix] au format Gillon assurant désormais scénario et
1972, totalisant géant 40x55. Journal mythique, comp- dessin. La disparition de Métal Hurlant
4 139 strips. Une performance digne tant seulement neuf numéros [mieux et le rachat par de nouveaux éditeurs
des grands maîtres américains du vaut oublier les suivants] où se sont qui ne lui conviennent pas contraignent
genre qu’il admire. 13 rue de l’Espoir retrouvé toutes les grandes signatures Paul Gillon à mettre un terme aux aven-
raconte les aventures sentimentales de de la BD française de l’époque, Poïvet, tures de son couple mythique en 1989
Françoise, jeune et jolie blonde vivant Pichard, Gloesner, Novi, Hidalgo... après la parution du dixième épisode.
dans une banlieue paisible avec son et bien entendu Paul Gillon qui, avec Bien que l’ayant souhaité à plusieurs
père ébéniste, entourée de nombreux Jean-Claude Forest [sous le reprises, il n’aura plus l’oppor-
personnages récurrents. Notons que pseudonyme Jean-Claude tunité de donner une suite
tous ces strips ont été réunis dans Valherbe], propose les à la série la plus impor-
deux « bottins » mythiques par les premières planches tante de sa longue
Humanoïdes associés en 1981 et 1982. des Naufragés du carrière. Outre Les
Tout en œuvrant dans le domaine temps, somp- Naufragés du
plus adulte de la presse quotidienne, tueuse saga temps, Paul Gillon
Paul Gillon continue de signer des fantastique est l’auteur de
œuvres pour la jeunesse, Jérémie dans aux confins courtes histoires
Pif Gadget [8 récits complets de 1968 à du système de SF dans les
1973], Téva dans le Journal de Mickey solaire, hélas numéros hors
de 1974 à 1977, sans oublier les su- interrompue par série de Métal
perbes adaptations de Moby Dick et de le naufrage de Hurlant [réunis
Notre-Dame de Paris. On lui doit aussi Chouchou. Il faut dans les albums
les nouvelles couvertures du fameux attendre 1974 pour Les Mécanoïdes
Club des cinq pour la Bibliothèque en savourer la reprise Associés et
Rose de 1991 à 1998. dans France-Soir où Processus de survie].
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ZEP SIGNÉ
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LIMITÉ
220
AIRES
EXEMPL
©2016 Zep / dBD
Le
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17 mars ZEP AU MUSÉE DES BEAUX-ARTS DE LILLE
Après vous avoir annoncé l’interven-
tion de Zep aux musée des Beaux-Arts
de Lille, il était logique de le suivre
jusqu’au bout dans cette aventure [et
je ne dis pas cela parce que je suis
son fan absolu : j’ai une conscience
professionnelle !] et d’aller dans le
Nord pour observer le résultat. Il a été
à la hauteur de nos espérances et de
ce que l’auteur de Titeuf nous avait
promis. Dans ce musée labyrinthique
et ces immenses salles, ses interven-
tions font à chaque fois mouche
[photos n° 5 à 9] et ses éditeurs n’ont 5
pas manqué de le lui dire lors du
vernissage [photo n° 2 : Guy Delcourt
et photo n° 3 : Guy Delcourt et
Jacques Glénat en présence de
François Boucq, venu en voisin].
Un grand bravo à trois personnes sans
qui cet événement n’aurait jamais pu
être monté : le programmateur d’art
contemporain Régis Cotentin, le 7
1
directeur du palais des Beaux-Arts
Bruno Girveau et l’agent de Zep,
Jean-Claude Camano [photo n° 4].
3 4 9
3 5
31 mars FESTIVAL
D’AIX-EN PROVENCE
Quel bonheur que d’être accueilli par le « gang des tractions avant »,
partenaire du festival BD d’Aix-en-Provence, et d’avoir le privilège d’entrer en
3 leur compagnie dans cette charmante ville du
Sud de la France [photo n° 1]. Sur place, nous
avons retrouvé Romain Renard et son complice
1
des Chroniques de Melvile Jean-Claude Carrière
[photo n° 3], assisté à la rencontre entre
Brecht Evens et Olivier Schrauwen dirigée par
Jean-Pierre Mercier [photo n° 2] et à l’exposi-
tion de Typex [ici avec Michel Fraisset] autour
de son Rembrandt [photo n° 4] à l’atelier de
Matisse.
2 4
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