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MACHINES-OUTILS

Usinage à

CDJ.04.06.88.05
grande
vitesse:
“tuyaux” pour
les moulistes

Pour l’usinage à grande vitesse des moules


et des matrices, le programmeur peut
facilement contribuer rendre le processus
considérablement plus productif, ce qu’il
convient de ne pas négliger. Et, sa
contribution peut être très simple. A cet
égard, voici quelques tuyaux…

Accroître la vitesse de broche, réduire l’é-


paisseur de copeau et arrondir les angles vifs
dans le parcours d’outil figurent parmi les élé-
ments importants à prendre en considération
pour réussir un usinage à grande vitesse. Tou-
tefois, des programmeurs et des usineurs qui
s’arrêteraient à ces considérations se retrou-
veraient dans une situation où ils se heurte-
raient à des ruptures d’outil ou bien seraient
contraints d’en revenir à des paramètres limi-
tant les largeurs, avances et profondeurs de
passes. On se trouverait là devant quelque
chose de très sérieux, l’usinage à grande vi-
tesse ne pouvant assurer avec fiabilité un en-
lèvement de matière plus efficace et ne jus-
tifiant plus la rentabilité des centres d’usinage
à grande vitesse.

Les usineurs et les programmeurs couron-


nés de réussite sont ceux qui réalisent que
l’usinage à grande vitesse est une manière
fondamentalement différente d’usiner les piè-
ces. Ils sont à la recherche de moyens d’amé-
liorer sans relâche leur technique d’usinage
sur les machines à grande vitesse. Certaines
de ces mesures d’amélioration peuvent être
extrêmement simples.

C’est le cas des “tuyaux” pratiques réunis


dans cet article. Les idées qui y sont expri-
mées offrent l’avantage de pouvoir être im-
Fig. 1 - L’usinage d’un moule avec un parcours d’outil conventionnel médiatement exploitées pour mieux réaliser
comme sur la vue du haut, l’outil passe beaucoup de temps a faire la valeur de la technique d’usinage à grande
du rainurage. Un parcours d’outil suivant les contours de la pièce vitesse adoptée dans un atelier. Il suffit de se
comme sur la vue centrale est plus efficace en évitant le rainurage. bien concentrer sur leur explication afin d’en
Un parcours trochoïdal comme sur la vue du bas rend le processus comprendre les détails, d’en saisir les avanta-
encore plus efficace en limitant du travail de défonçage. ges et de se décider à les appliquer.

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Même si ce parcours implique de nombreux


déplacements rapides, le temps global d’usi-
nage se trouve réduit grâce à la plus grande
largeur de passe permise. Une option encore
préférable est un parcours trochoïdal qui gère
la pénétration de l’outil de façon à maintenir
un seuil homogène.

Verrouiller les niveaux Z


Très fréquemment, finir des surfaces en
trois dimensions par des opérations succes-
sives en niveaux Z, ce que l’on appelle aussi
usinage à Z constant, assure un engagement
dans la matière bien plus homogène que les
opérations normalement projetées de finition.
Ce type d’opérations assure que le taux d’en-
lèvement de matière et l’engagement d’outil
Fig. 2 - Au fur
et à mesure Premier but: atteindre un enlèvement sont homogènes, avec des profondeurs axia-
que l’on utilise de matière homogène les de coupe fixes et un usinage de haut en
une fraise Avec un système optimisé, tous les élé- bas. A l’inverse, une grille d’opérations proje-
de plus grande ments opèrent juste en-dessous leurs capaci- tée allant en remontant et en descendant sui-
longueur, tés maximales et aucun n’est en surcharge. vant la géométrie de la pièce, entraîne des
on constate C’est ce à quoi on doit aboutir en usinage à successions fréquentes de pointes sérieuses
qu’une grande vitesse. Pour éviter un endommage- d’engagement axial lorsqu’elles remontent sur
augmentation ment d’une fraise, vitesse et avance doivent des courbures prononcées. Là encore, on se
de 20 pour cent rester dans des limites quant aux pointes de trouve dans une situation où, si ces pointes
de cette surcharge rencontrées lors du parcours de de charge n’endommagent pas l’outil c’est
longueur l’outil. Cependant, établir les vitesse et avan- que le processus continu d’usinage est trop
en accroît ce de cette manière laisse la fraise travailler lent.
le fléchissement moins vite qu’elle le devrait en dehors des pé-
de 50 pour cent. riodes pointes. L’outil doit plutôt travailler au
Bien connaître sa commande numérique
bord de sa capacité tout au long de la passe. Certaines commandes numériques sont
Cela veut dire que l’on doit rechercher un en- dotées de fonctions d’usinage à grande vites-
lèvement constant de matière où une charge de se assurant de fortes accélérations et décélé-
copeau homogène. Si cette dernière ne l’est rations lors des opérations d’ébauche où une
pas, on est en face de deux situations: ou bien précision de l’ordre du micron est sursaturée.
l’opération endommage l’outil, ou bien il usine Par exemple, avec des commandes numéri-
trop lentement. ques GE-Fanuc, il suffit de passer sur le code
M251 avant les cycles d’ébauche pour réduire
Une optimisation du taux d’enlèvement de le temps d’usinage de trente pour cent. Sur la
métal en ébauche est l’étape la plus importan- commande Siemens Sinumerik 840D, on dis-
te de la programmation. La profondeur et la pose d’une fonction identique 832 pour des
largeur de chaque passe recommandées par cycles d’usinage à grande vitesse permettant
les fabricants d’outils pour une fraise et une de fixer différents modes d’optimisation des
matière données supposent que l’on ébauche vitesses. Certains logiciels de FAO fournis-
avec la même largeur de passe tout au long sent, eux aussi, des bases d’opération per-
de cette passe. Si le parcours d’outil inclut un sonnalisables où ces réglages peuvent être
passage de gorge ou d’un angle manquant de établis une fois pour toutes et ensuite auto-
réflexion lors de sa programmation, alors l’ou- matiquement utilisés.
til peut se heurter à la présence de plus de
matière à enlever que prévu. Préférence à donner aux fraises
De simples maillages de décalage de par- les moins longues
cours ne fonctionnent correctement que si Un outil de coupe correspond à un bras de
Cet article est le résultat
d’un collationnement toutes les parois de la matière à enlever sont levier dont l’effort de coupe agit à son extré-
de documents de premier ouvertes. Si les parois de cette zone que l’on mité libre. Des équations physiques éprou-
plan réunis par un éminent
spécialiste aux Etats-Unis, va ébaucher sont adjacentes, l’outil peut être vées démontrent que la flexion est exponen-
E. GASPARRAJ, obtenus conduit à tailler une véritable gorge dans la tiellement proportionnelle à la longueur de
grâce à la collaboration
que TRAMETAL entretient matière comme sur la figure 1. Une meilleure l’outil. Par exemple, une fraise à queue d’un
avec la Revue technique option consiste à utiliser un décalage qui suit diamètre de 6 mm fixée dans la broche à une
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au bénéfice commun la forme de la pièce. On évite, ainsi, un vrai longueur de 24 mm peut fléchir de cinquante
de leurs Lecteurs rainurage en commençant à partir des parois. pour cent de plus qu’une autre identique fixée

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à une longueur seulement 20 mm, comme le montre le


diagramme de la figure 2. La flexion au niveau de l’arête
de coupe est la cause principale de différents effets pe-
turbateurs tels que du broutage, une oscillation et une
surcharge subite. Il est aisé de comprendre que le
moyen le plus facile de maîtriser cette flexion et de
maintenir des taux élevés d’enlèvement de matière con-
siste donc à réduire la longueur d’outil.

Ne jamais remonter en ligne droite


Tout cycliste sait parfaitement que lorsqu’il grimpe
sur une route montagneuse selon un certain angle en
faisant des zigzags, ce qui réduit l’inclinaison de la rou-
te, cela lui rend la tâche moins fatigante. Des collines
très pentues sont également éprouvantes pour une frai-
ses à queue car elles l’engage dans plus de matière du
côté de la montée. Lorsque la pente devient raide, ce
qui est le cas de la majorité des empreintes de moules
et de leurs noyaux par exemple, l’engagement axial peut
croître de manière si importante que l’outil casse. Deux
techniques permettent de relativiser les pointes d’enga-
gement résultant de telles montées raides. L’une con-

Fig. 3 - Avec le parcours d’outil de la vue du haut la fraise


remonte une pente raide. Modifier l’angle de ce parcours
à 45°, vue du bas, réduit l’effort exercé sur cette fraise.

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siste à modifier l’angle de zigzag de manière à ce que la
fraise attaque ces parois pentues à un angle de 45° au
lieu d’entrer bille en tête dans la matière (fig. 3).
Un autre avantage est que les arrondis ne sont que
momentanément engagés au cours de chaque passe,
laissant le temps à l’outil de se “remettre”. Usiner paral-
lèlement à ces arrondis augmenterait la charge durant
ces quelques passes, pouvant accroître la température
du nez de fraise en l’affaiblissant.
Une autre technique pour éviter de surcharger la
fraise lorsqu’elle usine des parois très pentues consiste
à les pré-usiner par passes en Z. Le fraisage en zig-zag
de toute la pièce peut, alors, venir ensuite mais le pré-
usinage de ces parois offre l’avantage d’éviter de sur-
charger le travail de l’outil lorsqu’il attaque les pentes.

Avoir une véritable interaction avec


le concepteur du moule ou de la matrice
On doit reconnaître que certains détails d’un moule
ou d’une matrice exigent une programmation et un usi-
nage nettement plus soignés que d’autres. Des exem-
ples potentiels comprennent de petits rayons de rac-
cordement et des gorges étroites que l’on rencontre
fréquemment dans les composants d’un moule. Faire
comprendre au concepteur de ces types d’outillages
quels sont les défis de l’usinage de ces détails peut ren-
dre la vie de l’atelier concerné nettement plus facile. Par
exemple, dans la plupart des cas, les surfaces de fer-
meture d’un moule ne nécessitent pas de raccorde-
ments verticaux ni des gorges ultra-précis, comme on le
souligne par des flèches sur l’illustration de la figure 4.

En résumé et une dernière remarque


Pour être bref et pour conclure, on dira que l’usinage
efficace à grande vitesse peut ne pas concerner exclu-
sivement la vitesse de broche, l’avance et l’adoucisse-
ment du parcours d’outil mais, également, une atten-
tion pointilleuse de la nature des parcours d’outil eux-
mêmes. Voilà qui peut très bien exiger, par la même oc-
casion, également une inter-communication nettement
élargie que ce qui existe en général. ❑

Fig. 4 - Augmenter le rayon de ce raccordement réduit le


temps d’usinage pour cette pièce de vingt pour cent.

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