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GCI 515 Génie de l’environnement 1-1

©2009 A. Ndabigengesere, S. Narasiah et R. Leduc

1. Introduction

1.1  L'HOMME ET SON MILIEU ......................................................................................................................... 2 

1.2  HISTORIQUE DU GENIE DE L'ENVIRONNEMENT ................................................................................ 3 

1.3  LA PROBLEMATIQUE ENVIRONNEMENTALE ..................................................................................... 4 

1.4  NUISANCE ....................................................................................................................................................... 4 

1.5  TOXICITE ET PERTURBATIONS ENDOCRINIENNES ........................................................................ 6 

1.6  POLLUANTS ET SUBSTANCES PRIORITAIRES ................................................................................... 9 

1.7  DECHETS DANGEREUX ........................................................................................................................... 11 

1.8  DEFINITION D’ENVIRONNEMENT ........................................................................................................ 11 

1.9  DEFINITION DU GENIE DE L’ENVIRONNEMENT ............................................................................. 12 

1.10  INGENIERIE, ENVIRONNEMENT ET DEONTOLOGIE ..................................................................... 13 

1.11  OPINION PUBLIQUE .................................................................................................................................. 13 

1.12  QUELQUES GRANDS ENJEUX CONTEMPORAINS............................................................................ 14 

1.13  DEVELOPPEMENT DURABLE (DD) ....................................................................................................... 16 

1.14  DEFINITIONS TECHNIQUES DE BASE ................................................................................................. 18 

1.15  RESSOURCES MINISTERIELLES ........................................................................................................... 19 

1.16  UNITES DE MESURE .................................................................................................................................. 20 

BIBLIOGRAPHIE .................................................................................................................................................... 20 


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1.1 L'homme et son milieu


Dans le contexte du cours, le dictionnaire Le Petit Robert I définit ainsi le terme milieu (media
en anglais), son origine remontant à la biologie vers 1830 :

ensemble des objets matériels, des êtres vivants, des conditions physiques,
chimiques, climatiques qui entourent et influencent un organisme vivant.

L'environnement est le milieu biotique (vivant) et abiotique (non vivant) et qui nous entoure. Le
milieu abiotique comprend généralement l'eau, l'air et le sol (les milieux aquatiques dont marin,
aérien et terrestre). Au Québec, le Ministère du développement durable, de l’environnement et des
parcs (MDDEP) utilise aussi les expressions milieu agricole et milieu industriel. Les trois milieux
abiotiques eau-air-sol sont continuellement en interaction avec le milieu biotique. Le cycle de l'eau
constitue le fil conducteur de ces interactions. La figure 1.1 montre le cycle de l'eau.

Figure 1.1 - Le cycle de l'eau (réf. Environnement Canada).

La pollution peut être définie comme tout changement indésirable dans les propriétés physiques,
chimiques et biologiques d’un milieu. Il peut en résulter des effets néfastes sur la santé des
humains, de la faune et de la flore, allant jusqu’à la survie des espèces vivantes du milieu.
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Le génie de l'environnement est l'ensemble des sciences et technologies mises en oeuvre pour
comprendre et contrôler ces interactions, afin d'assurer un développement durable (section 1.13).
Il fait intervenir des notions de plusieurs sciences telles que la chimie, physique, biologie,
microbiologie, géographie et mathématiques, en plus de l’ingénierie.

L'Homme a toujours cherché à maîtriser le milieu dans lequel il vit et à l'exploiter à son profit. Cette
relation Homme - Milieu a beaucoup évoluée avec le temps. On peut distinguer cinq époques, à
savoir : préhistorique, agraire ou agro-pastorale, pré-industrielle ou artisanale, industrielle et
enfin post-industrielle (l’ère actuelle).

C'est au cours de l’époque industrielle que l'homme a développé des machines pour l'aider à
exploiter les ressources naturelles. Il en a résulté un accroissement matériel sans précédent et une
expansion démographique marquée. La société telle que nous la connaissons aujourd'hui s'est
implantée. Les ressources naturelles sont consommées à un rythme que la nature ne peut
supporter. L'industrialisation et l'urbanisation ont provoqué l'accroissement de la quantité de
déchets de tous genres. De nouveaux produits chimiques ont été introduits dans l'environnement.
Les problèmes de pollution ont commencé à se poser.

Ce qui nous amène à l'époque post-industrielle. C'est une époque de prise de conscience et de
remise en question. On constate que l'action de l'homme dans son environnement a produit des
effets néfastes, tels que l'épuisement des ressources, la pollution de l'eau, de l'air et du sol, ainsi
que l'érosion excessive des terres. On cherche à corriger ces effets et à promouvoir un
développement durable. Par développement durable, il faut entendre un développement qui
permet de satisfaire nos besoins actuels, sans compromettre ceux des générations futures.

La protection de l'environnement est mise de l'avant dans tous les projets et des technologies
avancées de dépollution et de recyclage sont désormais requises. D'un autre côté, on favorise les
technologies qui minimisent la production de déchets, de façon à prévenir la pollution.

1.2 Historique du génie de l'environnement


Anciennement appelé génie sanitaire, le génie de l'environnement prend ses origines dans
l'utilisation de l'eau. L'homme a depuis longtemps entrepris la lourde tâche de domestiquer l'eau
pour l'utiliser le plus confortablement possible à son profit. L'histoire nous apprend que déjà 3000
ans avant Jésus-Christ, des villages étaient construits à côté des rivières et que des canaux
déviaient l'eau pour la faire passer dans les habitations. Environ 2000 ans avant JC, il était connu
que le stockage prolongé de l'eau trouble dans les récipients, et l'ajout de certaines plantes ou
certains sols permettaient de clarifier l'eau. Ces techniques artisanales relevaient cependant peu
de la science. La situation est restée inchangée durant tout le moyen âge jusqu'à peu près au 18e
siècle. Pendant tout le moyen âge, des épidémies de tous genres ont décimées des civilisations.
Les maladies, comme le choléra, le typhus, la dysenterie,... sont maintenant connues comme des
maladies d’origine hydrique.

C'est au 18e siècle que la question de la qualité de l'eau de consommation est devenue
importante, et que le traitement de l'eau de consommation a commencé. En Angleterre on a les
dates-clé suivantes:
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- 1829 filtration sur sable et chloration (production d’eau potable)


- 1840 ozonation (production d’eau potable)
- 1875 traitement des eaux usées

En Amérique du Nord, le génie sanitaire a débuté entre les années 1875 et 1925. Le but principal
était de contrôler les maladies d’origine hydrique par le traitement de l'eau de consommation et des
eaux usées. Au Canada, jusqu'en 1960, seulement 25% de la population était desservie par des
stations (ou usines) de traitement d'eau potable et d'épuration des eaux usées.

Les normes de la qualité de l'eau potable ont été proposées depuis 1965, mais elles sont
restées longtemps sans être strictement appliquées. Même maintenant, dans les pays en voie de
développement, une grande partie de la population consomme de l'eau sans aucun traitement et
sans aucun suivi de la qualité. Les normes évoluent beaucoup avec les techniques d'analyses de
plus en plus perfectionnées.

Avec le développement industriel, une plus grande variété de polluants ont été rejetés dans
l'environnement, et leurs conséquences sur la santé et l'environnement en général ne sont pas
encore toutes bien connues. Le cadre de travail de l'ingénieur sanitaire a donc été
considérablement élargi. Il a maintenant pour rôle la maîtrise de la détérioration des milieux de vie
en général : eau, sol et air. On est passé du génie sanitaire au génie de l'environnement vers les
années 1970. Les principaux sujets qu'il y a maintenant à traiter sont : (1) dégradation globale de
l'environnement (population, industrie, déplétion des ressources naturelles, pluies acides, ...), (2)
déchets solides et dangereux, (3) pollution de l'eau (eau souterraine, eau de surface), (4) drainage
urbain, (5) pollution des sols (érosion, sites contaminés), (5) pollution de l'air (industries), ...

1.3 La problématique environnementale


Le tableau 1.1 montre les principales tragédies environnementales qui ont eu lieu de 1850 à
1993. Certaines de ces catastrophes sont naturelles (éruptions volcaniques), mais la plupart
résultent de l'activité humaine. La succession de ces tragédies montrent bien que l'activité humaine
peut avoir des conséquences néfastes sur l'environnement et les populations.

Certains problèmes environnementaux ont un caractère local ou régional, mais d'autres se posent
plus globalement. Par exemple, les pluies acides et les changements climatiques n'ont pas de
frontières.

1.4 Nuisance
Par nuisance dans un système, on entend l'écart qui existe entre son état actuel (ce qu'il est) et
son état normal (ce qu'il devrait être). On peut par exemple parler de nuisances spatiales et
temporelles, nuisances industrielles, et nuisances sociales. Ces nuisances sont à la base des
problèmes de l'environnement.
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Tableau 1.1 – Tragédies environnementales depuis l’ère industrielle (Sincero, 1996).


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Les nuisances dans l'environnement sont principalement causées par la présence de


contaminants dans les milieux, c'est à dire, dans l'eau, le sol, et l'air. La quantité de
contaminant présente dans un milieu donné est exprimée en termes de concentration (chapitre
2).

Un contaminant dans l’environnement est une nuisance, mais une nuisance n’est pas
nécessairement un contaminant. Par exemple, le bruit (excessif) est une nuisance sans être un
contaminant.

À titre d’exemple, la Ville de Sherbrooke a une réglementation sur les nuisances. Le terme
nuisance y est défini comme étant « tout acte ou omission, (…) ayant un caractère nuisible,
produisant des inconvénients sérieux ou portant atteinte à la santé publique, à la propriété
publique ou au bien-être de la communauté ».

1.5 Toxicité et perturbations endocriniennes


[Mihelcic, p. 304-308]
Le développement industriel a introduit dans la nature plusieurs nouveaux produits synthétiques
dont le comportement dans l'environnement n'est pas encore bien connu. Il existe en circulation à
travers le monde entre 40000 et 60000 composés chimiques utilisés à différentes fins. Certains de
ces composés sont soit toxiques, cancérigènes, mutagènes et/ou tératogènes.

Une substance est toxique pour les organismes vivants (humains, animaux, plantes,
microorganismes etc) si, à de faibles doses, elle peut causer des effets délétères pouvant aller
jusqu’à la mort. La toxicité s’exprime généralement de deux façons :

• toxicité aigüe : l’organisme est exposé à une forte concentration de contaminant et meurt
dans une courte période (heures) ;
• toxicité chronique : l’organisme est exposé à une faible dose de contaminant, dont les
effets se cumulent (parfois jusqu’à la mort) sur une partie importante de la vie normale de
cet organisme.

Différents termes sont utilisés selon que les substances toxiques s’adressent aux humains ou non :

• toxicité, toxicologie : termes qui s’appliquent aux humains ;


• écotoxicité, écotoxicologie : termes qui s’appliquent aux organismes vivants autres que
les humains.

On exprime la toxicité aigue d'une substance envers une espèce vivante par sa dose létale (LD50),
parfois appelée concentration létale (LC50), c’est-à-dire la dose qui correspond à 50% de mortalité
dans une période de temps donné.
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Exercice
Deux substances A et B, dont les propriétés écotoxicologiques sont connues, sont testés sur des
organismes de l’espèce X durant la même période de temps. La réponse est montrée sur le
graphique (Masters, 1998), qui indique la mortalité (en % des individus testés) en fonction de la
dose exprimée en mg de contaminant par kg de tissu biologique.

a) S’agit-il de toxicité aigüe ou chronique ?


Réponse :

b) Laquelle des deux substances est la plus toxique ?


Réponse :

Une substance peut prendre diverses formes de toxicité. Elle est

- cancérigène lorsqu'elle cause le cancer via l’apparition de tumeurs chez les


organismes exposés ;
- non cancérigène lorsque la toxicité ne se manifeste pas en terme de cancer.

Parmi les effets toxicologiques non cancérigènes on note (Mihelcic, 1999) :

- les mutations aux gènes, qui se transmettent aux générations futures (substances
mutagènes, causant la mutagénicité),
- les malformations chez les nouveaux-nés (substances tératogènes, causant la
tératogénicité) et autres désordres de naissance,
- les dommages aux organes (foie, rein, …),
- les dommages neurologiques,
- la perte ou diminution de l’immunité,
- les désordres dans le développement des individus,
- la perturbation des fonctions endocriniennes.
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Le système endocrinien des animaux est composé de l’ensemble des organes, appelés
glandes endocrines (épiphyse, hypophyse, hypothalamus, thyroïde, thymus, surrénales,
pancréas, ovaires, testicules), qui sécrètent des hormones.

Une hormone est une molécule « messagère » véhiculée dans le sang (animaux) ou la sève
(phytohormones pour les plantes). L’hormone est le résultat d’une réponse à une stimulation.
Elle agit à très faible dose, et à distance de son site de production.

Toute substance ayant une ou des propriétés hormono-mimétiques (propriétés mimant celles
des hormones) est un perturbateur endocrinien. Les perturbateurs affectent ou sont
susceptibles d’affecter l’équilibre hormonal des espèces vivantes. Ils peuvent affecter diverses
fonctions : la croissance, le développement, le comportement, l’énergie (production, utilisation,
stockage) la dynamique et circulation sanguines, ainsi que les fonctions sexuelles et
reproductrices.

Les substances qui s’attaquent aux fonctions endocriniennes s’appellent les perturbateurs
endocriniens. Il s’agit de certains pesticides (ex. DDT et ses métabolites), produits chimiques
industriels (BPC et certains surfactants), produits pharmaceutiques et autres contaminants tels les
dioxines.

Les toxiques ont tendance à se concentrer dans les chaînes alimentaires, tel que le montre
l’accroissement du mercure (Hg) dans la pyramide de biomasse d’une chaine alimentaire
aquatique (figure 1.2), où la concentration de Hg dans l’eau était d’environ 0.01 μg/L.

Au Québec, le Service du répertoire toxicologique de la Commission de santé et sécurité du


travail (CSST) est une source de renseignements sur les substances toxiques.

Les toxines sont des toxiques produits par des organismes vivants. Certaines peuvent être
particulièrement virulentes, comme par exemple celles émises par les cyanobactéries (ou
algues bleues) dans les plans d’eau surchargés de phosphore et d’azote.

Une réponse toxicologique se détermine par l’exposition à une substance toxique, qui se
définit

Exposition = Dose × Durée

La durée est le temps durant lequel l’organisme est exposé à la dose de la substance.
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Figure 1.2 – Mercure dans la chaine alimentaire aquatique


du lac Onondaga aux Etats-Unis (Mihelcic, 1999, p. 301).

1.6 Polluants et substances prioritaires


Des organismes nationaux et internationaux ont établi des listes de polluants ou substances
prioritaires, en raison de leurs propriétés ou le risque qu'ils représentent pour l'environnement. Les
organismes internationaux les plus connus sont l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), la
Communauté Économique Européenne (CEE) et l’Environmental Protection Agency (EPA)
aux États-Unis. Plusieurs organismes nationaux ont publié leur propre liste de polluants prioritaires.
Souvent c'est la même liste que celle des organismes internationaux, mais parfois certaines
substances sont ajoutées ou enlevées en fonction du contexte national.

La première à avoir été adoptée, et probablement la plus connue de ces listes, est celle de l’EPA.
Elle comprend 126 polluants inorganiques et organiques dans sa liste de 1993 (tableau 1.2).

La CEE a une liste de substances prioritaires pour les milieux aquatiques.


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Tableau 1.2 – Liste des polluants prioritaires de 1993 selon l’EPA


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Au Canada, la Loi Canadienne sur la Protection de l'Environnement (LCPE) publie la liste


canadienne des substances d'intérêt prioritaire. La liste canadienne diffère de celle de l'EPA par le
fait qu'elle n'identifie pas spécifiquement des composés et des éléments, mais des classes de
contaminants, comme des types d'effluents, des types de déchets, des groupes de composés,
etc...

L’INRP (inventaire national des rejets de polluants) est un inventaire national prescrit par la LCPE
et disponible au public. Cet inventaire fournit des informations sur 273 substances répertoriées,
émises par quelque 2500 installations au Canada (industries, …) dans l’eau, l’air ou le sol.

1.7 Déchets dangereux


En fonction du risque qu'ils représentent pour l'environnement, on distingue les déchets dangereux
des autres déchets en général pour souligner les précautions spéciales à mettre en oeuvre pour
les manipuler. Au Canada, les déchets dangereux sont définis dans un règlement de la Loi sur le
Transport des Marchandises Dangereuses.

Chaque province canadienne a le pouvoir d'adapter la définition des déchets dangereux à ses
conditions particulières. Au Québec, les déchets dangereux sont définis dans le Règlement sur les
Déchets Dangereux. Ce règlement nomme des catégories de déchets dangereux, et en plus un
schéma décisionnel a été élaboré pour les résidus confinés dans un contenant transportable, en
fonction de leur inflammabilité, corrosivité, lixiviabilité, radioactivité, toxicité et réactivité.

1.8 Définition d’environnement


Le mot "environnement" souffre de divers maux comme parfois la surutilisation et l’abus du
terme sans compter que le définir peut relever presque de la prouesse tant ce qu’il englobe est
à la fois vaste et flou. Les définitions comportent des variantes et des différences de point de
vue selon la référence consultée (tableau 1.3).

Tableau 1.3 – Définitions du terme environnement


Référence Définition
Dictionnaire Larousse Ensemble des éléments naturels et artificiels qui entourent un individu
humain, animal ou végétal, ou une espèce.
Dictionnaire Petit Robert Ensemble des conditions naturelles (physiques, chimiques, biologiques) et
culturelles (sociologiques) susceptibles d’agir sur les organismes vivants et
les activités humaines.
Grand dictionnaire Ensemble dynamique et évolutif, constitué d'éléments physiques,
terminologique (Office de chimiques, biologiques et de facteurs sociaux, dans lequel se développe
la langue française) tout organisme vivant et qui est susceptible d'avoir une influence directe ou
indirecte sur celui-ci.
Loi sur la qualité de L’eau, l’atmosphère et le sol ou toute combinaison de l’un ou l’autre ou,
l’environnement (LQE, d’une manière générale, le milieu ambiant avec lequel les espèces vivantes
1993) du Québec entretiennent des relations dynamiques.
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1.9 Définition du génie de l’environnement


Plusieurs auteurs ont tenté de définir avec plus ou moins de circonspection le domaine dans
lequel œuvre l’ingénieur en environnement.

Ray (1995, p. 2) avance une description simple du génie de l’environnement (traduction) :

L’ingénierie de l’environnement consiste en l’application des principes


des sciences et de l’ingénierie pour minimiser les effets défavorables
des activités humaines sur l’environnement.

Metcalf & Eddy (1979) (considéré par plusieurs ingénieurs spécialisés en traitement des eaux
usées comme la bible du traitement de l’eau) ont apporté il y a près de 20 ans une définition de
l’ingénierie des eaux usées qui tient plus que jamais et qui démontrait la vision des auteurs :

L’ingénierie des eaux usées est une branche du génie environnemental dans laquelle
les principes de base des sciences et de l’ingénierie sont appliqués
pour la maîtrise de problèmes de pollution d’eau.
Le but ultime, la gestion des eaux usées, est la protection de l’environnement
d’une manière qui est à la mesure des intérêts économiques, sociaux et politiques.

Ce remarquable énoncé peut être paraphrasé afin de l’étendre au génie de l’environnement


dans son ensemble :

L’ingénierie de l’environnement est une discipline dans laquelle


les principes de base des sciences et de l’ingénierie sont appliqués
pour la maîtrise des problèmes de pollution et des interactions
que peuvent exercer les contaminants sur les êtres vivants.
Le but ultime, la gestion environnementale, est la protection de l’environnement
d’une manière qui est à la mesure des intérêts économiques, sociaux et politiques.
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1.10 Ingénierie, environnement et déontologie


Dans sa Section II – Devoirs et obligations envers le public, le code de déontologie de l’Ordre
des ingénieurs du Québec (OIQ) stipule à l’article 2.01 :

Dans tous les aspects de son travail, l'ingénieur doit respecter ses
obligations envers l'homme et tenir compte des conséquences de
l'exécution de ses travaux sur l'environnement et sur la vie, la santé et la
propriété de toute personne.

Il s’agit du premier des devoirs à être mentionné dans le code de déontologie des ingénieurs.

Il en découle que l’ingénieur doit évaluer et choisir les procédés et ouvrages qu’il conçoit
technologiques non seulement en fonction de leur fonctionnalité technique, mais aussi en
tenant compte des conséquences pouvant découler de ses travaux sur l’environnement, la
santé et la sécurité de toute personne.

Des manquements peuvent mener à une sanction disciplinaire de l’OIQ, et même à des
accusations civile ou pénale par les tribunaux. Une première sanction disciplinaire de l’OIQ
contre un de ses membres ingénieur est survenue en 2006.

1.11 Opinion publique


L’ingénieur a grand intérêt à tenir compte de l’opinion publique dans les études qu’il effectue et
la conception de ses ouvrages. Au Canada, la population accorde une grande importance aux
questions environnementales.

Un Sondage CROP/Environics, réalisé pour le Centre de recherche et d'information sur le


Canada (CRIC) (division du Conseil de l’unité canadienne), a été publié en 2004. Onze (11)
sujets étaient proposés aux répondants, qui attribuaient à chacun une des étiquettes suivantes :
« grande importance », « importance moyenne », « faible importance ».

Le résultat du sondage montre que :


• la protection de l'environnement constitue la principale priorité des Canadiens en 2004,
et l'augmentation des dépenses dans le secteur de la santé arrive en deuxième place ;
• la protection de l'environnement arrive en premier pour 76 % des répondants ;
• l'augmentation des dépenses dans le secteur de la santé et l'accroissement de la
collaboration fédérale-provinciale suivent de près avec 75 % et 74% respectivement.

http://www.cric.ca/pdf/cric_poll/portraits/portraits_2004/fr_priorities_2004.pdf

Des projets pour lesquels on n’a pas consulté ou suffisamment tenu compte de l’opinion
publique ne se sont jamais réalisés.
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1.12 Quelques grands enjeux contemporains

Parmi les plus grands enjeux du monde moderne on retrouve :

• les changements climatiques, dont le réchauffement de l’Arctique et des changements


dans les fréquences et les intensités des événements météorologiques;

Prévisions de fonte des banquises pour l’Arctique

Photo satellite d’un ouragan dans l’Atlantique


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• les émissions de gaz à effet de serre (GES) ;

• les précipitations acides (source : EPA) ;

• le développement durable (section suivante).


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1.13 Développement durable (DD)


En 1988 la Commission Brundtland (Commission sur l’environnement et le développement)
publie un rapport intitulé « Notre avenir à tous ». La Commission propose un concept de
développement basé sur 3 pôles (ou piliers, dimensions) :

• l’intégrité environnementale,
• l’équité sociale
• l’efficacité économique,

et qui est appelé développement durable (sustainable development en anglais).

La définition originale est

« un développement qui répond aux besoins du présent


sans compromettre la capacité des générations futures
à répondre aux leurs »

Depuis 1988 il y a eu de nombreuses redéfinitions et ajouts à la définition.

Il y a plusieurs modèles pour représenter le DD. La figure suivante identifie et illustre les trois
plus courants.

Un des défis de l’ingénieur contemporain est l’incorporation des principes du DD dans la


conception de ses produits, ouvrages, procédés et des services offerts (POPS). L’article de
Gagnon et Leduc (2006) aborde cette question (lecture de l’article obligatoire). Notamment on y
retrouve le schéma suivant, qui fait le lien entre les aspects techniques intrinsèques de
l’ingénierie et les 3 piliers du DD.
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1.14 Définitions techniques de base


Quelques définitions sont fondamentales en génie environnemental, cette section en présente
quelques-unes.

Tel que bien connu de certains cours qui ont précédé dans le programme d’études en génie
civil, un taux est une propriété normalisée par rapport au temps.

La charge (ou taux) massique W d’une substance s’exprime

m
W= (1.1)
t
m = masse
t = période de temps

Pour le schéma général suivant, qui illustre une source ponctuelle d’une substance
contaminante (exemples : égout, émissaire, effluent liquide d’usine, effluent gazeux d’une
cheminée d’usine, …)

Q, v

et la définition suivante des termes:

C = concentration de la substance
A = surface transversale à l’écoulement
v = vitesse de l’écoulement
Q = débit de l’écoulement

on définit pour cet écoulement :


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charge massique :

W = QC (1.2)

débit du fluide (équation de continuité) :

Q = Av (1.3)

flux massique (ou charge massique par rapport à une aire) :

W
J= (1.4)
A

Posant W = QC et A = Q / v dans J donne une autre expression pour le flux massique

J = vC (1.5)

Le temps de rétention (ou temps de séjour) dans le tronçon (bassin, etc) se définit

V
τ= (1.6)
Q

où V est le volume du bassin.

1.15 Ressources ministérielles


De multiples informations, ainsi que les politiques, règlements, critères, etc qui concernent plus
ou moins l’ingénieur civil se trouvent sur les sites des gouvernements :

• Gouvernement du Québec (Ministère du développement durable, de l’environnement et


des parcs)

www.mddep.gouv.qc.ca/

• Gouvernement du Canada (Environnement Canada)

www.ec.gc.ca/

Les gouvernements des autres pays (ministères de l’environnement, sous diverses


appellations) ont habituellement des sites internet d’intérêt.
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1.16 Unités de mesure


En génie de l’environnement on est souvent confronté à des mesures extrêmement petites ou
extrêmement grandes. Le tableau 1.4 montre les préfixes et symboles de la gamme d’unités la
plus commune.

Tableau 1.4 – Préfixes communs des mesures


Exemple pour le
Quantité Préfixe Symbole
gramme (g)
-18
10 atto a ag
10-15 femto f fg
10-12 pico p pg
10-9 nano n ng
10-6 micro μ μg
10-3 milli m mg
-2
10 centi c cg
10-1 déci d dg
100 – – g
101 déca da dag
102 hecto h hg
103 kilo k kg
106 méga M Mg
109 giga G Gg
1012 téra T Tg
1015 péta P Pg
1018 exa E Eg
21
10 zetta Z Zg
1024 yotta Y Yg

Bibliographie
Gagnon, B. et R. Leduc, (2006) Prise en compte des principes du développement durable en
ingénierie : la conception durable. Vecteur Environnement, 39(4): 30-45

Masters, G.M. (1998). Introduction to Environmental Engineering and Science. Prentice-Hall,


New Jersey.

Mihelcic, J.R. (1999). Fundamentals of Environmental Engineering. Wiley.

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