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1. Introduction
ensemble des objets matériels, des êtres vivants, des conditions physiques,
chimiques, climatiques qui entourent et influencent un organisme vivant.
L'environnement est le milieu biotique (vivant) et abiotique (non vivant) et qui nous entoure. Le
milieu abiotique comprend généralement l'eau, l'air et le sol (les milieux aquatiques dont marin,
aérien et terrestre). Au Québec, le Ministère du développement durable, de l’environnement et des
parcs (MDDEP) utilise aussi les expressions milieu agricole et milieu industriel. Les trois milieux
abiotiques eau-air-sol sont continuellement en interaction avec le milieu biotique. Le cycle de l'eau
constitue le fil conducteur de ces interactions. La figure 1.1 montre le cycle de l'eau.
La pollution peut être définie comme tout changement indésirable dans les propriétés physiques,
chimiques et biologiques d’un milieu. Il peut en résulter des effets néfastes sur la santé des
humains, de la faune et de la flore, allant jusqu’à la survie des espèces vivantes du milieu.
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Le génie de l'environnement est l'ensemble des sciences et technologies mises en oeuvre pour
comprendre et contrôler ces interactions, afin d'assurer un développement durable (section 1.13).
Il fait intervenir des notions de plusieurs sciences telles que la chimie, physique, biologie,
microbiologie, géographie et mathématiques, en plus de l’ingénierie.
L'Homme a toujours cherché à maîtriser le milieu dans lequel il vit et à l'exploiter à son profit. Cette
relation Homme - Milieu a beaucoup évoluée avec le temps. On peut distinguer cinq époques, à
savoir : préhistorique, agraire ou agro-pastorale, pré-industrielle ou artisanale, industrielle et
enfin post-industrielle (l’ère actuelle).
C'est au cours de l’époque industrielle que l'homme a développé des machines pour l'aider à
exploiter les ressources naturelles. Il en a résulté un accroissement matériel sans précédent et une
expansion démographique marquée. La société telle que nous la connaissons aujourd'hui s'est
implantée. Les ressources naturelles sont consommées à un rythme que la nature ne peut
supporter. L'industrialisation et l'urbanisation ont provoqué l'accroissement de la quantité de
déchets de tous genres. De nouveaux produits chimiques ont été introduits dans l'environnement.
Les problèmes de pollution ont commencé à se poser.
Ce qui nous amène à l'époque post-industrielle. C'est une époque de prise de conscience et de
remise en question. On constate que l'action de l'homme dans son environnement a produit des
effets néfastes, tels que l'épuisement des ressources, la pollution de l'eau, de l'air et du sol, ainsi
que l'érosion excessive des terres. On cherche à corriger ces effets et à promouvoir un
développement durable. Par développement durable, il faut entendre un développement qui
permet de satisfaire nos besoins actuels, sans compromettre ceux des générations futures.
La protection de l'environnement est mise de l'avant dans tous les projets et des technologies
avancées de dépollution et de recyclage sont désormais requises. D'un autre côté, on favorise les
technologies qui minimisent la production de déchets, de façon à prévenir la pollution.
C'est au 18e siècle que la question de la qualité de l'eau de consommation est devenue
importante, et que le traitement de l'eau de consommation a commencé. En Angleterre on a les
dates-clé suivantes:
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En Amérique du Nord, le génie sanitaire a débuté entre les années 1875 et 1925. Le but principal
était de contrôler les maladies d’origine hydrique par le traitement de l'eau de consommation et des
eaux usées. Au Canada, jusqu'en 1960, seulement 25% de la population était desservie par des
stations (ou usines) de traitement d'eau potable et d'épuration des eaux usées.
Les normes de la qualité de l'eau potable ont été proposées depuis 1965, mais elles sont
restées longtemps sans être strictement appliquées. Même maintenant, dans les pays en voie de
développement, une grande partie de la population consomme de l'eau sans aucun traitement et
sans aucun suivi de la qualité. Les normes évoluent beaucoup avec les techniques d'analyses de
plus en plus perfectionnées.
Avec le développement industriel, une plus grande variété de polluants ont été rejetés dans
l'environnement, et leurs conséquences sur la santé et l'environnement en général ne sont pas
encore toutes bien connues. Le cadre de travail de l'ingénieur sanitaire a donc été
considérablement élargi. Il a maintenant pour rôle la maîtrise de la détérioration des milieux de vie
en général : eau, sol et air. On est passé du génie sanitaire au génie de l'environnement vers les
années 1970. Les principaux sujets qu'il y a maintenant à traiter sont : (1) dégradation globale de
l'environnement (population, industrie, déplétion des ressources naturelles, pluies acides, ...), (2)
déchets solides et dangereux, (3) pollution de l'eau (eau souterraine, eau de surface), (4) drainage
urbain, (5) pollution des sols (érosion, sites contaminés), (5) pollution de l'air (industries), ...
Certains problèmes environnementaux ont un caractère local ou régional, mais d'autres se posent
plus globalement. Par exemple, les pluies acides et les changements climatiques n'ont pas de
frontières.
1.4 Nuisance
Par nuisance dans un système, on entend l'écart qui existe entre son état actuel (ce qu'il est) et
son état normal (ce qu'il devrait être). On peut par exemple parler de nuisances spatiales et
temporelles, nuisances industrielles, et nuisances sociales. Ces nuisances sont à la base des
problèmes de l'environnement.
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Un contaminant dans l’environnement est une nuisance, mais une nuisance n’est pas
nécessairement un contaminant. Par exemple, le bruit (excessif) est une nuisance sans être un
contaminant.
À titre d’exemple, la Ville de Sherbrooke a une réglementation sur les nuisances. Le terme
nuisance y est défini comme étant « tout acte ou omission, (…) ayant un caractère nuisible,
produisant des inconvénients sérieux ou portant atteinte à la santé publique, à la propriété
publique ou au bien-être de la communauté ».
Une substance est toxique pour les organismes vivants (humains, animaux, plantes,
microorganismes etc) si, à de faibles doses, elle peut causer des effets délétères pouvant aller
jusqu’à la mort. La toxicité s’exprime généralement de deux façons :
• toxicité aigüe : l’organisme est exposé à une forte concentration de contaminant et meurt
dans une courte période (heures) ;
• toxicité chronique : l’organisme est exposé à une faible dose de contaminant, dont les
effets se cumulent (parfois jusqu’à la mort) sur une partie importante de la vie normale de
cet organisme.
Différents termes sont utilisés selon que les substances toxiques s’adressent aux humains ou non :
On exprime la toxicité aigue d'une substance envers une espèce vivante par sa dose létale (LD50),
parfois appelée concentration létale (LC50), c’est-à-dire la dose qui correspond à 50% de mortalité
dans une période de temps donné.
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Exercice
Deux substances A et B, dont les propriétés écotoxicologiques sont connues, sont testés sur des
organismes de l’espèce X durant la même période de temps. La réponse est montrée sur le
graphique (Masters, 1998), qui indique la mortalité (en % des individus testés) en fonction de la
dose exprimée en mg de contaminant par kg de tissu biologique.
- les mutations aux gènes, qui se transmettent aux générations futures (substances
mutagènes, causant la mutagénicité),
- les malformations chez les nouveaux-nés (substances tératogènes, causant la
tératogénicité) et autres désordres de naissance,
- les dommages aux organes (foie, rein, …),
- les dommages neurologiques,
- la perte ou diminution de l’immunité,
- les désordres dans le développement des individus,
- la perturbation des fonctions endocriniennes.
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Le système endocrinien des animaux est composé de l’ensemble des organes, appelés
glandes endocrines (épiphyse, hypophyse, hypothalamus, thyroïde, thymus, surrénales,
pancréas, ovaires, testicules), qui sécrètent des hormones.
Une hormone est une molécule « messagère » véhiculée dans le sang (animaux) ou la sève
(phytohormones pour les plantes). L’hormone est le résultat d’une réponse à une stimulation.
Elle agit à très faible dose, et à distance de son site de production.
Toute substance ayant une ou des propriétés hormono-mimétiques (propriétés mimant celles
des hormones) est un perturbateur endocrinien. Les perturbateurs affectent ou sont
susceptibles d’affecter l’équilibre hormonal des espèces vivantes. Ils peuvent affecter diverses
fonctions : la croissance, le développement, le comportement, l’énergie (production, utilisation,
stockage) la dynamique et circulation sanguines, ainsi que les fonctions sexuelles et
reproductrices.
Les substances qui s’attaquent aux fonctions endocriniennes s’appellent les perturbateurs
endocriniens. Il s’agit de certains pesticides (ex. DDT et ses métabolites), produits chimiques
industriels (BPC et certains surfactants), produits pharmaceutiques et autres contaminants tels les
dioxines.
Les toxiques ont tendance à se concentrer dans les chaînes alimentaires, tel que le montre
l’accroissement du mercure (Hg) dans la pyramide de biomasse d’une chaine alimentaire
aquatique (figure 1.2), où la concentration de Hg dans l’eau était d’environ 0.01 μg/L.
Les toxines sont des toxiques produits par des organismes vivants. Certaines peuvent être
particulièrement virulentes, comme par exemple celles émises par les cyanobactéries (ou
algues bleues) dans les plans d’eau surchargés de phosphore et d’azote.
Une réponse toxicologique se détermine par l’exposition à une substance toxique, qui se
définit
La durée est le temps durant lequel l’organisme est exposé à la dose de la substance.
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La première à avoir été adoptée, et probablement la plus connue de ces listes, est celle de l’EPA.
Elle comprend 126 polluants inorganiques et organiques dans sa liste de 1993 (tableau 1.2).
L’INRP (inventaire national des rejets de polluants) est un inventaire national prescrit par la LCPE
et disponible au public. Cet inventaire fournit des informations sur 273 substances répertoriées,
émises par quelque 2500 installations au Canada (industries, …) dans l’eau, l’air ou le sol.
Chaque province canadienne a le pouvoir d'adapter la définition des déchets dangereux à ses
conditions particulières. Au Québec, les déchets dangereux sont définis dans le Règlement sur les
Déchets Dangereux. Ce règlement nomme des catégories de déchets dangereux, et en plus un
schéma décisionnel a été élaboré pour les résidus confinés dans un contenant transportable, en
fonction de leur inflammabilité, corrosivité, lixiviabilité, radioactivité, toxicité et réactivité.
Metcalf & Eddy (1979) (considéré par plusieurs ingénieurs spécialisés en traitement des eaux
usées comme la bible du traitement de l’eau) ont apporté il y a près de 20 ans une définition de
l’ingénierie des eaux usées qui tient plus que jamais et qui démontrait la vision des auteurs :
L’ingénierie des eaux usées est une branche du génie environnemental dans laquelle
les principes de base des sciences et de l’ingénierie sont appliqués
pour la maîtrise de problèmes de pollution d’eau.
Le but ultime, la gestion des eaux usées, est la protection de l’environnement
d’une manière qui est à la mesure des intérêts économiques, sociaux et politiques.
Dans tous les aspects de son travail, l'ingénieur doit respecter ses
obligations envers l'homme et tenir compte des conséquences de
l'exécution de ses travaux sur l'environnement et sur la vie, la santé et la
propriété de toute personne.
Il s’agit du premier des devoirs à être mentionné dans le code de déontologie des ingénieurs.
Il en découle que l’ingénieur doit évaluer et choisir les procédés et ouvrages qu’il conçoit
technologiques non seulement en fonction de leur fonctionnalité technique, mais aussi en
tenant compte des conséquences pouvant découler de ses travaux sur l’environnement, la
santé et la sécurité de toute personne.
Des manquements peuvent mener à une sanction disciplinaire de l’OIQ, et même à des
accusations civile ou pénale par les tribunaux. Une première sanction disciplinaire de l’OIQ
contre un de ses membres ingénieur est survenue en 2006.
http://www.cric.ca/pdf/cric_poll/portraits/portraits_2004/fr_priorities_2004.pdf
Des projets pour lesquels on n’a pas consulté ou suffisamment tenu compte de l’opinion
publique ne se sont jamais réalisés.
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• l’intégrité environnementale,
• l’équité sociale
• l’efficacité économique,
Il y a plusieurs modèles pour représenter le DD. La figure suivante identifie et illustre les trois
plus courants.
Tel que bien connu de certains cours qui ont précédé dans le programme d’études en génie
civil, un taux est une propriété normalisée par rapport au temps.
m
W= (1.1)
t
m = masse
t = période de temps
Pour le schéma général suivant, qui illustre une source ponctuelle d’une substance
contaminante (exemples : égout, émissaire, effluent liquide d’usine, effluent gazeux d’une
cheminée d’usine, …)
Q, v
C = concentration de la substance
A = surface transversale à l’écoulement
v = vitesse de l’écoulement
Q = débit de l’écoulement
charge massique :
W = QC (1.2)
Q = Av (1.3)
W
J= (1.4)
A
J = vC (1.5)
Le temps de rétention (ou temps de séjour) dans le tronçon (bassin, etc) se définit
V
τ= (1.6)
Q
www.mddep.gouv.qc.ca/
www.ec.gc.ca/
Bibliographie
Gagnon, B. et R. Leduc, (2006) Prise en compte des principes du développement durable en
ingénierie : la conception durable. Vecteur Environnement, 39(4): 30-45