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Composition de l’E85
L’E85 est constitué d’un mélange d’éthanol et d’essence sans plomb (généralement
d'indice d'octane 95). Si l’éthanol, utilisé en tant que carburant, est récent en
Europe (proposé à la vente depuis 2007 en France), c’est un carburant qui a été
généralisé au Brésil au lendemain de la crise pétrolière de 1973.
Grâce à son indice d'octane élevé, l’éthanol fut un candiat sérieux pour améliorer
les aptitudes de l'essence. Néanmoins, c’est finalement le carburant au plomb qui
s’imposera jusqu’en 1985 aux Etats-Unis et jusqu’à la fin des années 1990 en
Europe (lire « l’histoire secrète du plomb » écrit par Jamie Lincoln Kitman et publié
en 2005 pour plus d’informations à ce sujet).
Selon les saisons, la proportion d’éthanol dans l’E85 varie :
Cette proportion est fixée par arrêté ministériel (arrêté du 28 décembre 2006 relatif
aux caractéristiques du superéthanol publié au Journal Officiel du 12 janvier 2007).
Le prix au litre de l’E85 est très avantageux par rapport au SP95 / SP95-
E10. Pour un litre de super 95 vendu 1.50 €/L, un litre d’E85 ne coûte que 70
centimes. Cette différence significative est due au fait que le bioéthanol bénéficie
d’une fiscalité allégée par rapport aux autres carburant.
Si l’E85 est plus cher à produire que de l’essence sans plomb (une quinzaine de
centimes de différence par litre au bénéfice de l’essence sans plomb), il bénéficie
d’une taxe sur les produits pétroliers (TICPE) beaucoup plus faible. En 2018, la
TICPE atteint 11,83 centimes d’euros par litre pour l’E85 contre 68,29 centimes
pour l’essence sans plomb. A cela s’ajoute la TVA à un taux de 20% qui amplifie
l’écart de prix.
Que change l'E85 dans le fonctionnement du moteur?
L'E85 a des caractéristiques sensiblement différentes de l'essence sans plomb qui
influent sur les paramètres de fonctionnement moteur:
Le calculateur moteur analyse en continu les données transmises par les sondes
lambda. Ces dernières évaluent si le moteur fonctionne en mélange pauvre (pas
assez de carburant injecté par rapport à l'air admis dans le cylindre) ou en mélange
riche selon la quantité d'oxygène présente dans les gaz d'échappement.
En fonction de cette information, le calculateur moteur ajuste le temps d'injection (et
donc la quantité de carburant injectée dans les cylindres) en conséquence pour
obtenir un mélange légèrement riche, proche des conditions stoechiométriques, ce
qui garantit une bonne combustion et une dépollution optimale des gaz
d'échappement.
Considérant que le pouvoir calorifique (PCI) de l’E85 est environ 33% plus
faible que celui de l’essence sans plomb, la combustion d'E85 dégage une
quantité similaire d'énergie à la combustion de super sans plomb lorsque l'un et
l'autre carburant fonctionnent en conditions stoechiométriques.
Enfin, la pression de vapeur saturante est plus faible dans le cas de l’E85: l’E85 est
sensiblement plus difficile à vaporiser que l’essence sans plomb, ce qui peut être un
problème à basse température pour le démarrage du véhicule. Il faut donc
temporairement injecter plus d'E85 dans ces conditions pour s'assurer de pouvoir
démarrer son véhicule dans de bonnes conditions.
Tout comme l'essence, la pression de vapeur saturante varie pour l'E85 selon la
saison à laquelle le carburant est distribué. En hiver, l'augmentation de la pression
permet de faciliter les démarrages à froid (le carburant est plus volatile). En été, il
est nécessaire de limiter la pression de vapeur saturante afin de limiter la volatilité
du carburant. Une forte volatilité entraîne la formation de composés organiques
volatiles (COV), contribuant fortement à la formation du smog (brouillard) en milieu
urbain sous l'effet du rayonnement solaire.
par la culture des végétaux durant leur cycle de vie, l’éthanol pur diminue les
émissions de CO 2 de l’ordre de 35%. Lorsqu’on prend en compte le fait que
l’essence sans-plomb.
Néanmoins, il n’est pas question de remplacer l’essence sans-plomb par l’E85. Les
matières premières nécessaires à la production d’éthanol rentreraient alors
directement en concurrence avec la production de denrées alimentaires en Europe
(selon les estimations, les surfaces agricoles consacrées à la production de
biocarburant représenteraient entre 1% et 5% de la surface agricole utile en France
en 2017). C’est d’ailleurs une problématique à laquelle doit faire face le Brésil.
Pour éviter cela et développer la filière des agrocarburants, il est alors nécessaire
de considérer les biocarburants dits de deuxième génération. Avec cette filière,
l’éthanol sera produit à partir de résidus agricoles (copeaux de bois, paille, tige de
maïs,…) et ne devrait plus entrer en concurrence avec l’agriculture alimentaire.
Toutefois, les carburants de deuxième génération ne sont pas encore compétitifs en
matière de coûts: la transformation des matières premières en sucre reste très
coûteuse.
Pour pouvoir obtenir une homologation selon cet arrêté, un véhicule doit répondre
aux critères suivants:
(*) selon un décret paru au Journal Officiel du 5 mars 2021, la condition sur
puissance fiscale maximale et la condition sur l'absence de filtre à particules seront
supprimées à partir du 1er avril 2021.
Les véhicules hybrides sont aussi éligibles à cette homologation si leur moteur
thermique répond aux critères précités.
Selon toute vraisemblance, les conditions requises pour obtenir l'agrément de
prototype pourraient s'alléger courant 2021 par l'entremise d'un nouvel arrêté
ministériel : il n'y aurait plus de limitation sur la puissance fiscale et les véhicules
équipés de filtres à particules pourraient aussi bénéficier de l'agrément.
Enfin, dans le cas de démarrage à froid, le calculateur moteur n’est pas programmé
pour ce type de séquence avec l’E85, à savoir injecter une quantité de carburant
significativement plus importante les premières secondes après un démarrage à
froid.
Les moteurs dépourvus d’injection électronique (tels que les moteurs alimentés
par des carburateurs) ne sont pas capables de fonctionner avec l’E85 car il n’y a
pas de calculateur permettant d’ajuster le débit de carburant en fonction des autres
paramètres moteur.
Le carburateur peut être modifié pour fonctionner avec de l’E85, mais l’utilisateur
sera contraint de remplir son réservoir uniquement d’E85. Dans cette configuration,
si le conducteur remplit son réservoir d’essence sans plomb, le moteur fonctionnera
en mélange excessivement riche (surconsommation significative, émissions de gaz
polluant supérieures aux normes).
Reprogrammation moteur
En théorie, une reprogrammation est le moyen qui permettrait d’exploiter au mieux
les caractéristiques du moteur lorsqu’il fonctionne à l’E85 car de cette manière car il
est possible de s’appuyer sur les données des sondes lambda pour évaluer avec
plus de précision le contenu du réservoir et éventuellement modifier l’avance à
l’allumage et non juste le temps d’ouverture des injecteurs.
Néanmoins, cette méthode peut s’avérer risquée (au même titre qu’une
reprogrammation moteur pour gagner de la puissance du couple), notamment si la
société qui procède à la programmation n’est pas familière avec le moteur. De
plus, cette solution n’est pas homologuée en après-vente et il n’est pas prévu
qu’elle le soit.
Il est souvent reproché à l’éthanol d’être plus corrosif que l’essence, ce qui est vrai.
Néanmoins, depuis la mise en place des normes Euro 3 (2000/2001), tous les
véhicules neufs doivent être testés avec des carburants contenant jusqu’à 5%
d’éthanol. Depuis l’application des normes Euro 6 (2014), les véhicules à moteur
essence sont homologués avec le carburant SP95-E10, contenant jusqu’à 10%
d’éthanol.
Assurance du véhicule
Concernant l'assurance du véhicule, la plupart des compagnies d’assurances
prennent en compte, sur la base d’un courrier, le fait que le véhicule a fait l’objet
d’une modification pour accepter l'E85. Certaines compagnies proposent même une
réduction de la prime d’assurances sans exiger que le dispositif de conversion soit
homologué.
Contrôle technique
Dans les faits, il semble que peu ou pas de cas de contre-visites se soient
réellement produits à cause de la présence d'un boîtier.
Or, la notion de moteur adapté reste plutôt floue. On peut faire le parallèle avec
l’usage de fioul domestique ou de gazole non routier dont l’utilisation est clairement
définie pour certains types de moteur précisément listés et interdite pour tous
autres moteurs (arrêté du 10 novembre 2011): ce n’est pas le cas pour l’utilisation
du superéthanol, ce qui peut, dès lors, faire l’objet d’interprétation.