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II Cabinet d'Avocats, Jean-François CARLOT V


I

SUPPORT DE COURS DE DROIT DES ASSURANCES - IV/VII

LE RISQUE ASSURE

Dernière mise à jour : 28 décembre 2009 ( 12/28/2009 07:12:28)

TITRE III

LES ELEMENTS DU CONTRAT


D'ASSURANCE

 Chapitre I : Le risque

 Chapitre II : La prime

 Chapitre III : Le règlement du sinistre

CHAPITRE I

LE RISQUE ASSURE

CHAPITRE I LA DELIMITATION DU RISQUE ASSURE


SECTION I - LA NATURE DE LA GARANTIE

I - L'OBJET DE LA GARANTIE
A - EN ASSURANCE DE CHOSE

B - EN ASSURANCE DE RESPONSABILITE

1 - Notion d'activité garantie


2 - Nature des dommages garantis : corporels,
matériels, immatériel...

II - LE FAIT GENERATEUR

III - MONTANT DES GARANTIES

A - PLAFONDS
B - FRANCHISES

SECTION II - LES CONDITIONS DE GARANTIE

I - DEFINITION DES CONDITIONS DE GARANTIE


II - LA PREUVE DE LA REUNION DES CONDITIONS DE
GARANTIE

SECTION III - LES EXCLUSIONS DE RISQUE

I - EXCLUSIONS LEGALES

A - EXCLUSION LEGALE DES RISQUES DE GUERRE


1 - DOMMAGES AUX BIENS
a - GUERRE ETRANGERE
b - GUERRE CIVILE, EMEUTE,
MOUVEMENTS POPULAIRES
c - EXCEPTIONS : GARANTIE DES
ATTENTATS AUX BIENS

2 - DOMMAGES AUX PERSONNES


a - RISQUE DE GUERRE
b - VICTIMES D'ATTENTATS
TERRORISTES
1 - CHAMP D'APPLICATION DE LA
GARANTIE
2 - LE FONDS DE GARANTIE-
ATTENTATS

B - EXCLUSION LEGALE DE LA FAUTE


INTENTIONNELLE OU DOLOSIVE

a - LA FAUTE INTENTIONNELLE DANS LES


ASSURANCES DE DOMMAGES
1 - DANS LES CONTRATS D'ASSURANCES
DE CHOSE
2 - DANS LES CONTRATS D'ASSURANCE
DE RESPONSABILITE

 Absence de garantie du dommage


intentionnel causé à autrui par l'assuré
 Garantie de la faute intentionnelle des
personnes dont l'assuré doit répondre

b - LA FAUTE INTENTIONNELLE DANS LES


ASSURANCES DE PERSONNES
1 - LE SUICIDE DE L'ASSURE DANS LES
ASSURANCES EN CAS DE DECES
2 - LE MEURTRE DE L'ASSURE PAR LE
BENEFICIAIRE

C - L'INDEMNISATION DES VICTIMES D'INFRACTION

a - LOI DU 3 JANVIER 1977 : INDEMNISATION


PAR L'ETAT
b - LOI DU 6 JUILLET 1990 : INDEMNISATION
PAR LE FONDS DE GARANTIE DES ACTES DE
TERRORISME ET D'AUTRES INFRACTIONS>
1- DOMMAGES PRIS EN CHARGE

 ATTEINTES A LA PERSONNE

 ATTEINTES AUX BIENS : VOLS,


ESCROQUERIES ET ABUS DE
CONFIANCE

3 - VICTIMES INDEMNISEES
4 - PROCEDURE D'INDEMNISATION

II - LES EXCLUSIONS CONVENTIONNELLES DE RISQUE

A - DEFINITION DE L'EXCLUSION DE RISQUE


a - L'OBJET DE L'EXCLUSION DE RISQUE
b - DISTINCTION ENTRE EXCLUSION DIRECTE
ET EXCLUSION INDIRECTE
c - CONDITIONS DE VALIDITE DE LA CLAUSE
D'EXCLUSION DE RISQUE
1 - L'EXCLUSION DOIT ETRE FORMELLE
2 - L'EXCLUSION DOIT ETRE LIMITEE

B - PREUVE DE L'EXCLUSION DE RISQUE


C - EFFETS DE L'EXCLUSION DE RISQUE

Section I - La nature du risque garanti


Section II - Les conditions de garantie
Section III - Les exclusions de risque

Le terme "risque" possède diverses acceptions :

1. L'évènement : fait générateur du sinistre : risque vol, incendie...


2. L'objet de la garantie : tel que la chose, l'immeuble ou la personne
assurée
3. ou le sinistre lui-même : le risque qui s'est réalisé

Le risque garanti est une conjonction de deux facteurs :

 un dommage causé à la chose, au patrimoine, ou à la personne assurée


 par un évènement (fait générateur ou fait dommageable) déterminé.

1.

Le risque garanti est donc l'élément fondamental du Contrat d'assurance, puisqu'il


détermine la nature et l'étendue de la protection attendue par l'assuré.

De plus, les éléments caractéristiques du risque, tels que la nature des dommages
prévisibles, et la probabilité du fait générateur, devront être bien connus de l'assureur, de
manière à lui permettre de se forger une opinion sur le risque à garantir, de l'évaluer et de
décider ou non de le faire supporter par la mutualité.

Les caractères du risque assuré, détermineront le montant de la prime.

2.

Les Parties vont donc délimiter le risque en aménageant conventionnellement : :

 La nature du risque garanti


 Les conditions de la garantie
 Les clauses d'exclusions de risques.

SECTION I - LA NATURE DU RISQUE GARANTI

I - L'objet de la garantie
II - le fait générateur
III - Le montant des garanties

Le risque assuré doit être défini de la manière la plus précise possible,


afin qu'il n'y ait pas d'ambiguité sur la prestation due par l'assureur, en ce qui
concerne l'objet, le fait générateur, le montant des garanties, et la période
d'application de la garantie en matière d'assurance de responsabilité.

I - L'OBJET DE LA GARANTIE
A - En assurance de chose
B - En assurance de responsabilité
C - En assurance de personnes

A - EN ASSURANCE DE CHOSE

L'objet de la garantie dont la perte donnera lieu à l'indemnisation de


l'assureur, devra être précisé dans le contrat :

o Pertes matérielles :

- Multirisques habitation : Immeuble d'habitation...


- Oeuvres d'art, bijoux, mobilier...
- Fonds de Commerce
- Matériel de transport : Véhicules, Navire...
- Bâtiments, ateliers, usines
- Machine, outillages,
- ordinateurs, données informatiques...
- stocks, marchandises...

o Pertes immatérielles, pertes d'exploitation, pertes de loyers,


dites pertes "indirectes" puisque souvent consécutives à des
pertes matérielles directement causées par le sinistre.

B - EN ASSURANCE DE RESPONSABILITE

1 - Notion d'activité garantie


2 - Nature des dommages garantis

1 - NOTION D'ACTIVITE GARANTIE

La Police doit préciser la nature de l'activité à l'occasion de


laquelle la responsabilité de l'assuré est susceptible d'être
recherchée :

- Responsabilité du particulier
- Assurances obligatoires : automobile, construction ...
- Responsabilités professionnelles
- Responsabilités industrielles
- Marchandises transportées...

La définition de l'activité garantie est une clause


essentielle du contrat d'assurance de responsabilité
professionnelle ou industrielle.

C'est ainsi que l'assureur ne garantira pas :


 L'expert comptable qui effectue des prestations
juridiques, alors que la Police ne vise que les seules
activités d'ordre comptable :
Cass. Civ. I, 17 février 1998, Dossier Juridiques et technique de l'Argus du 24 avril 1998,
VI, note GD

 Le négociant qui a déclaré une activité de "négoce de


produits du sol, engrais, grais pailles, fourrages,
légumes secs" pour une activité de récolte :
Cass. Civ. I, 4 juillet 2000, RGDA 2000, p.899, note L.Fondallosa.

 L'activité déclarée de déménageur, pour un dommage


survenu lors d'une activité de manutention de
matériaux sur un chantier de construction :
Cass. Civ. I, 27 juin 1995, RGAT 1995, p.442, note J.Kullmann

En matière d'assurance de responsabilité décennale, la


définition du secteur d'activités de l'assuré constitue une
condition de la garantie.
Cass. Civ. I, 29 Avril 1997, 95-10187 ; Bull. I, n°131

 L'activité de couvreur, pour des dommages causés par


une activité déclarée de maçon
Cass. Civ. III, 8 Novembre 2006, 04-18145 ; RGDA 2007, 118, note M.Perier; RC et Ass.
2007, Com. n°70

 L'activité d'aménagement de magasins, pour des


dommages causés par une activité de couverture et de
plomberie :
Cass. Civ. I, 29 avril 1997, RGDA 1997, P.1045, note J.P. Karila

 L'activité déclarée de couverture et zinguerie, pour un


sinistre survenu à l'occasion d'une activité de charpente
:
Cass. Civ. III, 17 décembre 2003, JCP 2004, G, 10091, Note A.Pimbert ; Pour une activité
de couvreur : Cass. Civ. III, 8 Novembre 2008, 04-18145

 Le traitement contre les termites, pour un sinistre


survenu à l'occasion de l'activité déclarée de travaux de
bâtiment relevant des activités de la catégorie B
indiquées dans une liste annexée et excluant les travaux
curatifs de charpente
Cass. Civ. III, 28 septembre 2005, 04-14.472 ; Dalloz 2005, IR,
p.2703.

Le respect de la condition d'activité garantie est donc


essentielle pour la mise en jeu du contrat d'assurance.

2 - NATURE DES DOMMAGES GARANTIS : MATERIELS,


CORPORELS, IMMATERIELS
En matière d'assurance de Responsabilité Civile après
Livraison, ou après Travaux, les polices d'assurance
professionnelles vont déterminer la nature des dommages
assurés, tels que :

 les dommages matériels ou corporels causés aux


tiers

ainsi que :

 les dommages immatériels (pertes d'exploitation,


pertes de loyers, privations de jouissance, préjudice
commercial ...) :

 Soit, conditionnés par l'existence de dommages


matériels garantis : "immat' consécutifs"

 Soit, non consécutifs à un dommage matériel


garanti : "immats' non consécutifs" (D.I.N.C.),
ou "immatériels purs", avec une prime
nécessairement plus chère puisque le risque est
aggravé.

Dans la mesure où toutes les polices R.C. après


livraison excluent classiquement les frais de
remplacement, remise en état, ou de remplacement
de la chose vendue, on comprendra qu'il n'existe de
dommages matériels garantis, que si ceux-ci ont été
causés à des tiers par la chose vendue : incendie,
explosion, atteintes à l'environnement....

En l'absence de garantie "D.I.N.C." (Dommages


Immatériels non Consécutifs à un dommage matériel
garanti) l'assureur n'aura pas à prendre en charge
des dommages immatériels, si la chose vendue,
purement défectueuse, n'a occasionné aucun
dommage matériel garanti à des tiers.

C - EN ASSURANCE DE PERSONNES

- Dècès, Incapacité, Maladie


- Retraite, Prévoyance
- Perte d'emploi
II - LE FAIT GENERATEUR ASSURE :

La police doit préciser la nature de l'évènement dont la réalisation


entraînera la mise en jeu de la garantie.

 En assurance de chose :

o Incendie, vol, vandalisme, explosion, dégats des eaux, bris de


glace, effondrement...
o Catastrophes naturelles : inondation, glissements de terrains...

 En assurance de responsabilité :

o Responsabilité quasi-délictuelle : 1382, 1383, 1384 du Code


Civil
o Responsabilité contractuelle, professionnelle : 1147 du Code
Civil
o Responsabilité civile exploitation : à l'égard des salariés et des
tiers
o Responsabilité civile après livraison : à l'égard des clients et
des tiers, du fait des produits
o Pollutions, atteintes à l'environnement...

III - LE MONTANT DES GARANTIES

A - Fixation dans la Police


B - Plafonds
C - Franchises

A - FIXATION DU MONTANT DE LA GARANTIE DANS LA POLICE

Le montant de la garantie est prévu dans la Police.

En assurance de chose, il est soumis au principe indemnitaire et


correspond :

 Aux frais de réparation ou de remise en état de la chose sinistréd


 à la valeur vénale ou de remplacement de la chose assurée.
 soit à sa valeur à neuf (incendie d'immeuble)
 soit à une partie de la valeur de la chose assurée (sous-assurance)

 En assurance de responsabilité :

 Au montant de la réparation due au tiers lésé par l'assuré.

 En matière de contrat d'assistance ou de protection judidique :

 A l'exécution des prestations précisées dans le contrat

 En matière de contrat d'assurance de personnes :

 Au versement des capitaux forfaitaires prévus


 Au versement de prestations de type indemnitaire

Mais le versement de ces indemnités fait, est le le plus souvent


contractuellement limité par des :

 Plafonds de garantie
 et des franchises

B - PLAFONDS

Les assurances de chose garantissent les biens assurés à concurrence de


la valeur de la chose, soit généralement en valeur vénale, ou de
remplacement, parfois en valeur à neuf (incendie d'immeuble).

En matière d'assurance de responsabilité, il est plus difficile de prévoir le


montant des dommages, matériels, immatériels ou corporels, suceptibles
d'être occasionnés par l'assuré.

C'est pourquoi, les Polices sont souvent assorties de "plafonds de garantie"


parfois illimités, en matière de dommages corporels, et limités en ce qui
concerne les dommages matériels ou immatériels prévisibles.
Les plafonds de garanties sont convenus de gré à gré entre les parties au
contrat en fonction des risques prévisibles, et conditionnent le montant de la
prime.

Le montant des garanties est fixé dans le "Tableau de garantie" annexé aux
Conditions Particulières de la Police, et est opposable à l'assuré, ainsi
qu'aux tiers bénéficiaires, tels que la victime agissant par voie d'action
directe.

Toutefois, ces plafonds de garantie ne devront pas contrevenir aux "clauses


types" des assurances obligatoires (circulation, construction...)

B - FRANCHISES

Des franchises sont convenues dans la plupart des contrats d'assurance.

Il s'agit d'un montant forfaitaire, ou stipulé sous forme de pourcentage


du dommage, qui est déduit du montant de l'indemnité due par
l'assureur et que l'assuré conserve à sa charge.

Les franchises ont pour effet de "moraliser" le risque, en "intéressant"


l'assuré à la non réalisation d'un risque, et en l'incitant à prendre les
précautions nécessaires pour l'éviter.

Mais elles permettent surtout à l'assureur de se dégager du poids


économique d'une "infinitude" de petits sinistres, inférieurs au montant de la
franchise, et d'économiser ainsi de coûteux frais de gestion.

C'est pourquoi le montant des franchises conditionnent directement le


montant de la prime.

Les franchises sont opposables aux tiers bénéficiaires, sous réserve de


réglementations particulières en matière d'assurance obligatoire de bâtiment,
et de circulation.

SECTION II - LES CONDITIONS DE GARANTIE

I - Définition des conditions de garantie


II - La preuve des conditions de la garantie

   I - DEFINITION DES CONDITIONS DE GARANTIE

Il s'agit de clauses contractuelles, qui subordonnent la garantie de l'assureur


à certaines conditions expressément prévues dans le contrat
d'assurance.

Exemples :
 La garantie du contrat d'assurance VOL ne sera applicable qui si les
locaux ou le véhicule assuré est pourvu de dispositifs de protection
et d'alarme décrits dans la police.

 La garantie VOL d'une résidence secondaire ne sera acquise que si


celle-ci n'est pas inoccupée plus de trois mois consécutifs (clause
d'inhabitation).

 La garantie VOL peut être subordonnée à une effraction dont il


appartient à l'assuré de rapporter la preuve.
Cass. Civ. II, 24 mai 2006, 04-20804

 La garantie BRIS DE MACHINE ne sera acquise que si l'assuré a


souscrit un contrat de maintenance de son matériel.

 La garante FRAIS DE DEPOSE ET DE REPOSE n'est due que si ces


frais sont engagés par le client lésé.

 La garantie DEGAT DES EAUX est soumise à la condition que les


locaux soient protégés contre le gel en période de grand froid, ou au
caractère accidentel du dommage.

 La garantie INCENDIE est soumise à la condition que les conduits de


cheminée soient régulièrement ramonés.

 Les garanties INCENDIE d'une entreprise peuvent être subordonnées


à des vérifications périodiques des installations électriques.

Certaines de ces clauses sont purement contractuelles, et résultent de la


volonté de l'assureur de limiter la réalisation d'un sinistre, notamment en
imposant à l'assuré de prendre des mesures de prévention et de précaution
particulières, et en l'incitant à la prudence et à la vigilance.

De son côté, l'assuré peut avoir intérêt à accepter des conditions de


garantie, de manière à baisser le montant de la prime.

Ces clauses peuvent être aménagées librement, mais doivent être prévues
de manière expresse, claire et précise dans la police, afin que l'assuré
sache exactement quels sont ses obligations.

   II - LA PREUVE DE LA REUNION DES CONDITIONS DE GARANTIE.

L'article 1315, al.1, du Code Civil, dispose que celui qui réclame l'exécution
d'une obligation doit la prouver.

De plus, il résulte de l'article 9 du Nouveau Code de Procédure Civile qu'il


appartient à chaque partie de prouver, conformément à la loi, les faits
nécessaires au soutien de ses prétentions.
C'est donc toujours à l'assuré de rapporter la preuve que le sinistre s'est
réalisé dans les conditions de garantie prévues par la police.

A défaut de rapporter une telle preuve, la garantie ne sera pas acquise.

C'est ainsi que si un sinistre intervient en temps de guerre, l'assuré devra


prouver que l'état de guerre est étranger à celui-ci.

Une condition de garantie peut donc se révéler défavorable à l'assuré, dans


la mesure om celui-ci peut se trouver dans l'incapacité pratique de rapporter
la preuve (Impossibilité de rapporter la preuve de la mise en fonction d'un
système d'alarme d'un camion dérobé sur le territoire étranger.

C'est pourquoi, la Jurisprudence qualifie parfois certaines conditions de


garantie d'exclusions INDIRECTES de risques, de manière à renverser la
charge de la preuve en faveur de l'assuré.

Il en sera ainsi lors que la condition de garantie sera rédigée de façon à


exclure des risques qui devraient être légitimement couverts.

Cette qualification relève de l'appréciation souveraine des Juges du fond.

SECTION II - LES EXCLUSIONS DE RISQUE

I - Les exclusions légales


II - Les exclusions conventionnelles

Certains risques sont exclus de la garantie par la loi, comme pouvant relever
de la solidarité nationale (guerre..) ou faisant obstacle au principe aléatoire
(faute intentionnelle...)

Mais la plupart des exclusions de risques sont classiquement insérées dans


les polices afin de restreindre et de délimiter le risque garanti, et notamment
celles rédigées sous la formulation de garantie " TOUS RISQUES SAUF… "

La Jurisprudence assimile aux exclusions directes de risques,


formellement et limitativement prévues dans le contrat d'assurance, des
exclusions indirectes de risques qui peuvent découler de la formulation
des conditions de garantie.

L'Article L 113-1 du Code des Assurances dispose que :


Les pertes et les dommages occasionnés par des cas fortuits ou
causés par la faute de l'assuré sont à la charge de l'assureur, sauf
exclusion formelle et limitée contenue dans la police.

A la différence des Conditions de garantie, dont la réunion est nécessaire


pour déclencher la prestation de l'assureur, le risque est également délimité
par des clauses qui excluent ou restreignent la garantie de l'assureur, si
le sinistre intervient dans des conditions formellement et limitativement
prévues par le contrat.

Le dernier alinéa de l'article L 112-4 précise que les clauses des polices
édictant des nullités, des déchéances ou des exclusions ne sont
valables que si elles sont mentionnées en caractères très apparents.

L'appréciation de la clause d'exclusion de risque est fondamentale, dans la


mesure où :

Si, conformément à l'article 1315, al.1, du Code Civil, il appartient à


l'assuré de rapporter la preuve que le sinistre s'est produit dans les
conditions de garantie prévues à la police, c'est à l'assureur, qui entend
s'exonérer de son obligation de garantie, de rapporter la preuve,
conformément à l'alinéa 2 de l'article 1315 du Code Civil, de ce que le
sinistre tombe sous le coup d'une clause d'exclusions de risque.

Ces clauses peuvent résulter :

· De la loi : exclusion légale de risque


· De la commune volonté des parties : exclusions conventionnelles de
risque

I - EXCLUSIONS LEGALES

Il existe deux séries d'exclusions légales de risque :

A - Les risques de guerre


B - La faute intentionnelle de l 'assuré

<BR
A - EXCLUSION LEGALE DES RISQUES DE GUERRE

1 - Dommages aux biens


2 - Dommages aux personnes

1 - DOMMAGES AUX BIENS

a - Guerre étrangère
b - Guerre civile, émeute, mouvement populaire
c - Exceptions : garantie des attentats

L'a. L 121-8 du Code des Assurances dispose que l'assureur ne répond


pas des pertes et dommages occasionnés, soit par la guerre étrangère,
soit par la guerre civile, soit par des émeutes ou mouvements
populaires, sauf convention contraire.

Ce principe, qui peut fait l'objet d'une dérogation conventionnelle, est


appliqué dans la plupart des contrats.
En effet, les dommages causés par une guerre étrangère excèdent les
risques normalement pris en charge par la mutualité des assurés, et sont
pris en charge par une législation spéciale au titre de la solidarité nationale.

Toutefois, il autorise expressément des conventions contraires qui,


généralement, assurent certains dommages causés par des émeutes ou
faits de guerre.

a - GUERRE ETRANGERE

Il s'agit d'hostilités, déclarées ou non, entre nations différentes.

Aux termes de ce même article, al.2 :


Lorsque ces risques ne sont pas couverts par le contrat, l'assuré doit prouver que le sinistre
résulte d'un fait autre que le fait de guerre étrangère.

Ainsi, en cas de guerre étrangère, il appartient à l'assuré d'établir par tout


moyen qu'il n'y a pas de lien de causalité entre le dommage et le fait de
guerre.

(ex. Absence d'hostilité dans la région du sinistre)

b - GUERRE CIVILE, EMEUTE, MOUVEMENTS POPULAIRES

o Guerre civile : état d'hostilité générale entre citoyens d'une même


nation.

o Emeute : mouvement séditieux accompagné de violences et dirigé


contre l'autorité en vue d'obtenir des revendications politiques ou
sociales.

o Mouvement populaire : tout mouvement spontané ou concerté


du'une foule désordonnée causant des dommages.

En revanche, aux termes de l'article L 121-8 :

c'est à l'assureur, pour s'exonérer, qu'il appartient de prouver que le


sinistre résulte de la guerre civile, d'émeute ou de mouvements
populaires.

c - EXCEPTIONS : GARANTIE DES ATTENTATS AUX BIENS

 AVANT 1983

Dès 1976, les assureurs ont proposé d'étendre leur garantie, moyennant
surprime, aux dommages d'incendie et d'explosion résultant d'émeutes, de
mouvements populaires et d'actes de terrorisme et de sabotage commis
dans le cadre d'actions concertées de terrorisme et de sabotage.

Guerre civile toujours exclue.

Garantie précaire: Résiliation possible par l'assureur de la garantie


"sabotages concertés" avec préavis de 7 jours.

Garantie très coûteuse, et sélection parmi les assurés.

Enfin, l'assuré avait néanmoins l'obligation de mettre en jeu la garantie


communale afin de permettre à l'assureur de récupérer l'indemnité versée.

 DEPUIS 1983

 EXTENSION CONVENTIONNELLE DE LA GARANTIE DES ATTENTATS


AUX BIENS

A dater du 1er Mars 1983, les Pouvoirs Publics ont demandé aux assureurs
de proposer l'extension de leur garantie incendie, multirisques habitation ou
automobile, aux dommages matériels directs résultant d'incendie ou
d'explosion provoqués par des attentats, émeutes, mouvements populaires,
actes de terrorisme ou sabotage concerté.

Les risques de vandalisme ou de bris sans explosion demeurent exclus.

o Dommages matériels directs seuls couverts :

Exclusions des dommages immatériels (préjudice commercial, perte


de loyer), ainsi que des dommages corporels.

o Coût de la prime additionnelle :

1,7% de la prime nette totale (30 à 40% pour la Corse) pour les
risques d'habitation, agricole, commerciaux et artisanaux.

o Recours possible contre l'Etat :

La loi du 7 Janvier 1983 relative à la répartition des compétences


entre les communes, les départements et l'état a substitué à compter
du 1er Janvier 1984 la responsabilité de l'état à l'ancienne
responsabilité des communes en cas de crimes et délits commis à
force ouverte ou par violence, par des attroupements ou
rassemblements armés ou non armés, soit contre les personnes, soit
contre les biens.

La loi du 9 Janvier 1986 a substitué la compétence des tribunaux


administratifs à celle de l'ordre judiciaire pour connaître des actions
causés par les seuls attroupements et rassemblements, ce qui exclut
donc les attentats terroristes.
 EXTENSION OBLIGATOIRE DE LA GARANTIE AUX ATTENTATS AUX
BIENS

La loi du 9 Septembre 1986 (art. L 126-2 C.ass) dispose que "les contrats
d'assurance de biens ne peuvent exclure la garantie de l'assureur pour
les dommages résultant d'actes de terrorisme ou d'attentats commis
sur le territoire national. Toute clause contraire est réputée non écrite".

Il ne peut être fait application de franchise ou de plein de garantie différent


de celui applicable à la garantie principale (Art. R 126-2 C.ass.).

2 - DOMMAGES AUX PERSONNES

a - Risque de guerre
b - Attentats

a - RISQUE DE GUERRE

La loi du 31 Décembre 1989 a abrogé toute autre disposition restrictive de


garantie autre que celle de l'article 160-5 du Code des Assurances :

Toute police d'assurance sur la vie doit contenir une clause aux termes de
laquelle, en cas de guerre étrangère, la garantie du contrat n'aura effet que
dans les conditions qui seront déterminées par la législation à intervenir sur
les assurances sur la vie en temps de guerre.

Si le risque de guerre n'est pas garanti par un avenant spécial, les


assurances en cas de décès des militaires sont suspendues de la date de la
mobilisation générale, ou de l'incorporation de l'assuré, jusque trois mois
après la cessation des hostilités.

b - VICTIMES D'ATTENTATS TERRORISTES

1 - Champ d'application de la garantie


2 - Le fonds de garantie "Attentats"

Du 4 au 17 Septembre 1986, 6 attentats ont fait 9 morts et 140 blessés en


France en 9 jours.

L'attentat de la rue de Rennes du 17 Septembre 1986: 5 morts et 40


blessés.

La Loi du 9 Septembre 1986 relative à la lutte contre le terrorisme a institué


un Fonds de garantie spécifique pour l'indemnisation des victimes.
Depuis lors, le risque d'attentat est toujours présent.

25 Juillet 1995 : l'explosion d'une bombe composée d'une bouteille de gaz


dans une rame du RER à la station Saint Michel a causé 7 morts et 117
blessés.

7 Septembre 1995 : explosition d'une voiture piégée devant une école de


Villeurbanne.

1 - CHAMP D'APPLICATION DE LA GARANTIE

o VICTIMES : (L.126-1 C.ass)

 Victimes d'actes de terrorisme commis sur le territoire national

 Personnes de nationalité française ayant leur résidence habituelle en


France ou résidant habituellement hors de France et régulièrement
immatriculées auprès des autorités consulaires, victimes à l'étranger
d'un acte de terrorisme.

Dispositions applicables à compter du 31 Décembre 1984.

o REPARATION INTEGRALE DES SEULS DOMMAGES CORPORELS

L'indemnisation des dommages matériels relève de la seule garantie


d'assurance obligatoire des contrats d'assurance de biens.

2 - LE FONDS DE GARANTIE-ATTENTATS

1.

Par la suite, la loi n° 90-86 du 23 janvier 1990 et son décret d'application


du 21 Décembre 1990 ont mis la charge de l'indemnisation au FONDS DE
GARANTIE DES VICTIMES DES ACTES DE TERRORISME ET AUTRES
INFRACTIONS (F.G.T.I.) géré par le FONDS DE GARANTIE
AUTOMOBILE.
Voir dossier complet sur Jurisques

Voir également : V.Lasbordes de Virville, "Le Rôle respectif du FGTI et des CIVI dans les procédures
d'indemnisation des victimes d'infraction" , Revue Lamy Droit Civil, Avril 2007, p.63

Articles L 422-1 et suivants du Code des assurances :

 Calqué sur le Fonds de Garantie Automobile.

 Exercice direct d'une action en indemnisation des dommages subis.


 Pas de condition de subsidiarité.

Le Fonds est subrogé dans les droits de la victime contre l'auteur de


l'attentat ainsi que contre les personnes tenues à un titre quelconque d'en
assurer la réparation totale ou partielle dans la limite du montant des
prestations à leur charge (L 422-1, al.3 C.ass.).

Le Fonds peut intervenir devant les juridictions répressives en cas de


constitution de partie civile de la victime contre l'auteur du dommage.

Art. L 422-1, al.2, Code des assurances :

Le Fonds, doté de la personnalité civile, est alimenté par un prélèvement


obligatoire sur les contrats d'assurance de biens, (10F) qui s'analyse en une
véritable taxe parafiscale recouvrée par les entreprises d'assurance.

Cette "contribution" est fixée chaque année par le Ministre de l'économie et


des finances.

Le fonds est donc alimenté par les seuls assurés au bénéfice de l'ensemble
de la communauté nationale.

Art. R 422-6 à R 422-9 Code des Assurances :

Le Fonds de garantie a désormais compétence pour indemniser les victimes


d'infraction.

a. Saisine du Fonds (Art. R 422-6)

 Dès la survenance d'un acte de terrorisme, le procureur de la


république...informe sans délai le Fonds de garantie des
circonstances de l'évènement et de l'identité des victimes.

 En outre, toute personne qui s'estime victime d'un acte de terrorisme


peut saisir directement le Fonds de garantie.

 Le Fonds de garantie assiste les victimes dans la constitution de leur


dossier d'indemnisation.

Les associations qui ont pour but de défendre les victimes d'infraction
peuvent se constituer partie civile en cas d'acte de terrorisme sous
réserve que l'action publique ait été mise en mouvement par le
Ministère Public ou la victime (Art. 2-9 du Code de Procédure Pénale).

b. Offre d'indemnisation :

Le Fonds de garantie est tenu de procéder à une offre d'indemnisation selon


la procédure prévue pour le Fonds de garantie automobile, en tenant compte
de tous les éléments du préjudice corporel (corporel, économique) (Art. R
422-8 du C.Ass.).

 Dans le délai d'un mois à compter de la demande, le Fonds doit


verser une provision à la victime.

 Dans le délai de trois mois de la justification du préjudice, ou


d'aggravation du dommage, le Fonds doit faire une offre définitive
d'indemnisation.

 Dénonciation de la transaction dans les quinze jours par L.R.A.R.


(Art. L 211-16 C.ass.)

 Paiement des sommes dues dans le délai d'un mois après expiration
délai de renonciation, sous peine d'intérêts majorés de moitié pendant
deux mois, puis, à l'expiration de ces deux mois, au double du taux
légal (Art. L 211-17 C.Ass.).

Articles L 211-9 et suivants C.Ass. (18 à 21 de la loi du 5 Juillet 1985)


applicables : pénalité en cas de retard dde paiement

 Projet de transaction concernant un mineur ou majeur en tutelle


soumis au Juge des Tutelles (Art. L 211-15 du C.ass.).

La loi du 23 Janvier 1990 a :

o conféré le statut de victimes civiles de guerre aux victimes du terrorisme

o conféré le statut de pupille de la nation aux enfants devenus orphelins de


victimes de terrorisme

B - EXCLUSION LEGALE DE LA FAUTE INTENTIONNELLE OU DOLOSIVE.

a - La faute intentionnelle dans les assurances de dommages


b - La faute intentionnelle dans les assurances de personnes

Conséquence du caractère aléatoire du contrat d'assurance: le versement


de l'indemnité ne doit dépendre que du hasard, et doit échapper à la volonté
de l'une ou l'autre partie.

Si l'assureur répond de la faute simple de l'assuré, c'est à dire de la faute


sans intention de causer le dommage, il ne saurait couvrir celui
intentionnellement causé par l'assuré.
PRINCIPE : LA FAUTE INTENTIONNELLE OU DOLOSIVE NE PEUT ETRE GARANTIE,
car elle supprime la condition d'aléa.

A L 113-1 Code des Assurances :

Les pertes et les dommages occasionnés par des cas fortuits ou


causés par la faute de l'assuré sont à la charge de l'assureur, sauf
exclusion formelle et limitée contenue dans la police.

Toutefois, l'assureur ne répond pas des pertes et dommages provenant


d'une faute intentionnelle ou dolosive de l'assuré.

C'est la volonté consciente de provoquer le dommage qui est exclue, et non


l'imprudence ou la faute de l'assuré, même si cette dernière est très lourde.

La jurisprudence assimile la faute dolosive à la faute intentionnelle.

a - LA FAUTE INTENTIONNELLE DANS LES ASSURANCES DE


DOMMAGE

1 - Dans les contrats d'assurance de chose


2 - Dans les contrats d'assurance de responsabilité

1 - DANS LES CONTRATS D'ASSURANCES DE CHOSE

Problème des sinistres volontaires , voire frauduleux

 Escroquerie à l'assurance : Déclaration d'un faux sinistre : vol de


véhicule.

 Sinistres frauduleux :

 Particulier qui jette sa voiture dans le Canal de Jonage, ou y


met le feu volontairement pour toucher une indemnité

 Industriel qui incendie volontairement son usine à la veille d'un


dépôt de bilan.

 Vol de la cave d'une discothèque le soir même de sa fermeture


administrative pour proxénétisme.

Ex. :

Un époux est colocataire d'un appartement sur lequel son épouse a souscrit
un contrat d'assurance multirisques.

Si cet époux met intentionnellement le feu à cet appartement, la garantie de


l'assureur doit jouer :
Cass. Civ. I, 26 Mai 1994, RGAT 1994, p.756, note L.Mayaux.

C'est à l'assureur, qui entend soulever sa non garantie, de rapporter la


preuve du caractère intentionnel du dommage (Art. 1315, al.2 du Code Civil),
ce qui est parfois très difficile :

2 - DANS LES CONTRATS D'ASSURANCE DE RESPONSABILITE

a - Absence de garantie du dommage intentionnel causé


par l'assuré
b - Garantie des dommages causés par les personnes dont
l'assuré doit répondre

a - Absence de garantie du dommage intentionnel causé à autrui


par l'assuré.

1.

o Volonté de l'assuré de créer un dommage matériel ou corporel à autrui.


Cass. Civ. I, 6/12/1994; G.P. 1995, I, p.283.

o L'auteur doit avoir conscience de son geste et de ses conséquences


dommageables.
Cass. civ. I, 3/12/1995; G.P. 1995, II, p.540.

Dans un arrêt du 3 janvier 1996, la première Chambre civile a estimé que :

Par arrêt devenu irrévocable, l'incendiaire avait été condamné à des


sanctions pénales pour incendie volontaire de l'immeuble et que le
demandeur, partie civile avait obtenu une indemnisation, ce dont il résulte
qu'il avait été définitivement jugé que la faute génératrice du dommage
causé au demandeur était intentionnelle".
Cass. Civ. I, 3/1/1996; G.P. 1996, Assurances, 26/3/1996, p.8

o Au sens de l'article L 113-1, al.2, du Code des Assurances, la faute


intentionnelle qui exclut la garantie de l'assureur est celle qui suppose la
volonté de causer le dommage et pas seulement d'en créer le risque.

Cass. Civ. I, 10/04/1996; G.P. 1996, Assurances, 2/10/1996, p.16.

2.

"L'appréciation par les juges du fond du caractère intentionnel d'une faute


qui, au sens de l'article L 113-1, al.2, du Code des Assurances, implique la
volonté de son auteur de créer le dommage tel q'uil est survenu, est
souveraine et échappe au contrôle de la Cour de Cassation"

Cass. Civ. II, 18 mars 2004, 03-11.573 La faute intentionnelle comporte un


élément frauduleux, et par son caractère volontaire, supprime le caractère
aléatoire du risque en le rendant légalement inassurable.

La faute lourde, dans la mesure où elle ne suppose pas l'intention de créer


le dommage reste assurable.
o En droit commun :

le débiteur commet une faute dolosive lorsque, de propos délibéré, il se


refuse à exécuter ses obligations contractuelles, même si ce refus n'est pas
dicté par l'intention de nuire, et avait eu la volonté arrêtée de ne pas
exécuter l'obligation qu'il avait contractée.

Cass. Civ. I, 4 Février 1969, D.1969, p.601 (Comédiens Réunis) - Cass. Civ. I, 22 Octobre
1975, D.1976, p.151,note H.Mazeaud.

o En droit des assurances : Il n'y a pas assimilation de la faute lourde à la


faute intentionnelle, compte tenu de la différence fondamentale de l'intention

Exemples:
 Commettre une imprudence manifeste, telle que prendre une
autoroute à contresens, n'est pas assimilable au fait de se lancer sur
un piéton dans l'intention le tuer.

 L'élagueur qui va couper des branches au dessus de lignes


électriques dont il n'a pas demandé la coupure de l'alimentation ne
commet pas de faute intentionnelle, même si la faute commise révèle
"une imprévision et une incompétence grave".

Mais il est possible d'exclure conventionnellement de la garantie du contrat


d'assurance la faute lourde et caractérisée, par une clause formelle claire et
précise (L 113-1 C.ass.)..

3.

La faute pénale reste assurable lorsqu'elle n'implique pas la volonté de créer


le dommage : homicide, coups et blessures involontaires.

Le soucripteur d'une assurance, auteur d'un incendie, même condamné


pénalement, doit avoir eu la "volonté de créer le dommage, tel qu'il est
survenu".
Cass. Civ. II, 24 mai 2006, 05-13547 ; L'Argus de l'Assurance, n°6990, p.54

Mais ses conséquences ne sont plus assurables lorsqu'elle témoigne d'un


élément intentionnel : homicide ou coups et blessures volontaires, incendie
volontaire, destruction du bien d'autrui. Par ailleurs, une assurance
garantissant les conséquences civiles de l'exercice illégal d'activités
professionnelles est nulle, comme contraire à l'ordre public :
Cass. Civ. I, 5 Mai 1993, RGAT 1993, p.897, note J.Kullmann - Chiropracteur.

4.

o Caractère d'ordre public de l'exclusion légale : il y a non assurance


opposable aux victimes.

b - GARANTIE DE LA FAUTE INTENTIONNELLE DES


PERSONNES DONT L'ASSURE DOIT REPONDRE.
1 - Caractère d'ordre public
2 - Mais maintien de la liberté contractuelle

Il résulte de l'article L 121-2 du Code des Assurances que :

l'assureur est garant des pertes et dommages causés par des


personnes dont l'assuré est civilement responsable en vertu de l'article
1384 du Code Civil, quelles que soient la nature et la gravité des fautes
de ces personnes.

1 - Caractère d'ordre public

Une clause de la police d'assurance ne saurait exclure directement ou


indirectement le garantie de l'assuré déclaré civilement responsable d'une
faute intentionnelle de la personne dont il doit répondre.

L'assureur doit donc couvrir les fautes intentionnelles commises par toutes
les personnes dont l'assuré doit répondre : enfants, préposés, membres
d'association...
Cass. Civ. I, 26 Novembre 1991, RGAT 1992, p.169, note R.Bout.

Ex.: Assureur doit garantir:

 la RC de l'employeur engagée à la suite de coups volontaires portés


par son préposé à l'occasion de son travail.

 la RC du père de famille pour les coups volontaires portés sur autrui


par son enfant, ou l'incendie volontaire de ce dernier, voire le vol.

 mari qui, par la communauté, peut être responsable des dommages


causés par sa femme.

 mandant responsable des fautes commises par mandataire dans


l'exercice de son mandat.

 Responsabilité de plein droit de l'association sportive du fait de ses


joueurs, sur le fondement de l'article 1384, al.5 du Code Civil
Cass. Civ. II, 22/05/1995, JCP 1995, éd. G, II, 22550 (2 arrêts).

La faute d'une personne dont doit répondre l'assuré, correspond, pour ce


dernier, à un véritable risque qui conserve un caractère aléatoire à son
égard.

La clause excluant la garantie des détournements ou malversations commis


par les préposés de l'assuré ou les personnes dont il peut être tenu en tant
que civilement responsable, est donc contraire à l'article L 121-2 du Code
des Assurances, qui est d'ordre public, et qui ne permet pas à une clause
d'exclure directement ou indirectement la garantie de l'assuré déclaré
civilement responsable d'une faute intentionnelle de la personne dont il doit
répondre.
Cass. Civ. II, 8 Mars 2006 ; 04-17.916 ; RC et Ass. 2006, Com.177, note H.Groutel.

Il en est ainsi de la clause excluant la "participation de l'assuré à des rixes".


Cass. Civ. II, 5 Octobre 2006, 05-11823 ; RC et Ass. 2006, Com. 384, note H.Groutel.

2 - Maintien de la liberté contractuelle

Ce principe ne porte pas atteinte à la liberté des parties dans la


détermination du risque assuré : les exclusions de garantie sont en principe
applicables également aux personnes dont l'assuré doit répondre.

Toutefois, la jurisprudence annule systématiquement depuis 1991 l'exclusion


indirecte de risque subordonnant la mise en jeu de la garantie au caractère
accidentel du dommage causé par les personnes dont l'assuré doit répondre
:
Cass. Civ. I, 12 Mars 1991, RGAT 1991, p.633, note R.Bout.

Cette condition de fait accidentel ne permet pas de refuser la garantie du vol


commis par un enfant :
Cass. Civ. I, 24 Mars 1992, RGAT 1992, p.347, note J.Kullmann - Cass. Civ. I, 4 Novembre
1992, RGAT 1993, p.144,note F.Vincent.

Il convient de retenir les principes suivants :

o Lorsque le contrat exclut un risque déterminé, tel que la conduite automobile,


cette exclusion est valable, quelle que soit la personne qui cause le
dommage.

Ex. :

Le risque RC automobile est valablement exclu de l'assurance de


responsabilité "chef de famille" quel que soit le conducteur ou le propriétaire
du véhicule:
Cass; Civ. 1er Juillet 1986, D.1987, som. p.181, obs. H.Groutel

Si l'assureur ne garantit que le risque vol, il ne garantit pas le risque d'abus


de confiance, qu'il soit commis par l'assuré lui-même ou son préposé dont il
est responsable.

Le contrat exclut un risque uniquement en ce qui concerne la personne dont


l'assuré est civilement responsable : l'exclusion est valable si elle n'est pas
fondée sur la nature ou la gravité de la faute de cette personne.

Le contrat exclut tout risque de responsabilité de l'assuré du fait des


personnes dont il est civilement responsable : cette clause est valable.
b - LA FAUTE INTENTIONNELLE DANS LES ASSURANCES DE
PERSONNES

1 - Le suicide de l'assuré
2 - Le meurtre de l'assuré par le bénéficiaire

1 - LE SUICIDE DE L'ASSURE DANS LES ASSURANCES EN CAS DE


DECES.

L'article L 132-7 Code des Assurances, modifié par la loi du 2 juillet 1998,
et du 3 décembre 2001, dispose désormais que :

L'assurance en cas de décès est de nul effet si l'assuré se donne


volontairement la mort au cours de la première année du contrat.

(L'ancien article L 132-7, dans sa rédaction antérieure à la loi du 3 décembre


2001, disposait que "l'assurance en cas de décès est de nul effet si l'assuré
se donne volontairement et consciemment la mort au cours des deux
premières années du contrat")

Le suicide est donc désormais défini comme l'acte objectif de se donner


volontairement la mort, sans qu'il y ait lieu de se livrer à une appréciation
subjective sur son caractère conscient ou inconscient.

Les dispositions précitées ne sont pas applicables aux contrats


(d'assurance groupe) mentionnés à l'article L 140-1 souscrits par des
organismes mentionnés à l'article L 140-6 (entreprises ou des
organismes professionnels pour le compte de leurs salariés ou
adhérents).

L'assurance en cas de décès doit couvrir le risque de suicide à


compter de la deuxième année du contrat. En cas d'augmentation des
garanties en cours de contrat, le risque de suicide, pour les garanties
complémentaires, est couvert à compter de la deuxième année qui suit
cette augmentation.

L'assurance en cas de décès doit couvrir dès la souscription, dans la


limite du plafond de 120.000 Euros prévu à l'article R 132-5 du Code
des Assurances, les contrats souscrits par les (entreprises,
organismes professionnels, ou établissements de crédit) pour garantir
le remboursement d'un prêt contracté pour financer l'acquisition du
logement principal de l'assuré.

1.

C'est à l'assureur, qui se prétend libéré de son obligation de garantie, de


rapporter la preuve du caractère volontaire du décès de l'assuré.

Preuve parfois difficile à rapporter :


ex.:

- Absorption de barbituriques peut être due à une erreur accidentelle (décès


de Marilyn Monroe)
- Certains accidents de la circulation "inexplicables".
- Nettoyages d'armes à feu...

2.

Le suicide "inconscient" a toujours été garanti : : Problème du malade sous


l'effet de médicaments, d'une dépression nerveuse, voire de la maladie
mentale, l'inconscience supprimant le caractère intentionnel.

C'est à l'assureur de rapporter la preuve du caractère volontaire du suicide,


et son appréciation échappe au contrôle de la Cour de Cassation.

En pratique le suicide volontaire sera prouvé si une lettre et laissée, ou par


les circonstances du décès (pendaison...).

Le suicide est donc garanti après le délai de un an, sauf si les parties au
contrat ont convenu d'exclure conventionnellement le risque de suicide
conscient ou inconscient de la garantie.

Voir : J.Kullmann, "Suicide et assurance : une déjà vieille notion, mais un tout nouveau
régime", RGDA 2002, p.907.

2 - LE MEURTRE DE L'ASSURE PAR LE BENEFICIAIRE

L 132-24, al.1, Code des Assurances :

Le contrat d'assurance cesse d'avoir effet à l'égard du bénéficiaire qui


a été condamné pour avoir donné volontairement la mort à l'assuré.

Toutefois, l'assureur peut prouver le meurtre par tout moyen, même en


l'absence de condamnation pénale (grâce, amnistie..). Toutefois, si le
bénéficiaire est acquitté par une juridiction répressive, cet acquittement est
opposable "erga omnes" et donc à l'assureur.

al.2 :

Si le bénéficiaire a tenté de donner la mort à l'assuré, le contractant a le droit


de révoquer l'attribution du bénéfice de l'assurance, même si le bénéficiaire
avait déjà accepté la stipulation faite à son profit.

Toutefois, il doit s'agir d'un homicide volontaire, et non d'un homicide


involontaire, ou de coups ayant entraîné la mort sans intention de la donner.
      C - L'INDEMNISATION DES VICTIMES D'INFRACTION

1 - Loi du 3 Janvier 1977 : Indemnisation par l'Etat


2 - Loi du 6 Juillet 1990 : Indemnisation par le Fonds de Garantie
des Victimes d'actes de terrorisme et d'autres infractions

Les infractions intentionnelles, qui sont souvent les plus graves, ne peuvent,
par nature, jamais être garanties par une police d'assurance, compte tenu
des dispositions impératives de l'article L 113-1 du Code des Assurances,
notamment en cas d'atteinte volontaire à l'intégrité de la personne
humaine…

C'est pourquoi, il a été nécessaire de prévoir un régime spécifique


d'indemnisation des infractions pénales.

1 - LOI DU 3 JANVIER 1977 : INDEMNISATION PAR L'ETAT

o Loi du 3 Janvier 1977 avait institué la prise en charge des


conséquences dommageables de certaines infractions par
l'Etat : nombreuses insuffisances.

o Loi du 8 Juillet 1983 avait élargi le champ d'application de


cette indemnisation.

Le préjudice pris en charge devait nécessairement consister en


un "trouble grave dans les conditions de vie résultant d'une
perte ou d'une diminution de revenus, d'un accroissement de
charges, d'une inaptitude à exercr une activité professionnelle,
ou d'une atteinte à l'intégrité, soit physique, soit mentale".

L'indemnisation par l'Etat n'était, dans tous les cas, que


subsidiaire et n'intervenait que si la personne lésée ne pouvait
obtenir, à un titre quelconque, une réparation ou une
indemnisation effective et suffisante.

Le montant de l'indemnisation était plafonné à 400.000 Frs par


victime.

Elle pouvait être refusée ou réduite en raison du comportement


de la victime ou de ses relations avec l'auteur des faits.

Le montant de l'indemnité accordée n'était pas lié à celle


effectuée en droit commun par le juge répressif.

L'indemnisation était attribuée par des Commissions


d'indemnisation situées dans chaque ressort de Tribunal
de Grande Instance et qui statuent en premier et dernier
ressort, sous réserve de pourvoi en cassation.

Le délai pour saisir la Commission était de un an, mais la


forclusion pouvait être relevée lorsque la victime n'avait pas été
en mesure de faire valoir ses droits pendant ce délai.

2 - LOI DU 6 JUILLET 1990 : INDEMNISATION PAR LE FONDS DE


GARANTIE DES ACTES DE TERRORISME ET D'AUTRES
INFRACTIONS.

a - Dommages pris en charge


b - Victimes indemnisées
c - Procédure d'indemnisation

Article 706-3 du Code de Procédure Pénale :

Toute personne ayant subi un préjudice résultant de faits


volontaires ou non qui présentent le caractère matériel d'une
infraction peut obtenir la réparation intégrale des dommages qui
résultent des atteintes à la personne.
L'indemnisation est versée par le FONDS DE GARANTIE DES
VICTIMES DES ACTES DE TERRORISME ET AUTRES
INFRACTIONS (F.G.T.I.) géré par le FONDS DE GARANTIE
AUTOMOBILE.

Régime applicable à compter du 1er janvier 1991

Même si le Fonds de Garantie est le même, le régime d'indemnisation


des victimes d'infraction ne s'applique pas aux victimes des
attentats ou des actes de terrorisme qui obéit à des règles
distinctes.

 Voir dossier complet sur Jurisques

a - DOMMAGES PRIS EN CHARGE

1 - atteintes à la personne
2 - Atteintes aux biens

1 - ATTEINTES A LA PERSONNE

Dommages corporels résultant de faits volontaires ou non


constitutifs d'infraction qui entraînent, soit la mort, une
I.P.P. ou une I.T.T. de plus d'un mois :

 Indemnisation de tous les chefs de préjudice


 Indemnisation intégrale : pas de plafond., sous réserve
de réduction des prestations indemnitaires.

 Indemnisation peut être supprimée ou réduite en raison


du comportement de la victime ou de ses relations avec
l'auteur des faits. Cette exception peut être opposée aux
ayants droit de la victime.

2 - ATTEINTES AUX BIENS : VOLS, ESCROQUERIES ET


ABUS DE CONFIANCE

Dommages matériels et pécuniaires résultant de vols,


escroqueries et abus de confiance, sous conditions
restrictives :

 Ressources inférieures au plafond prévue pour l'Aide


Juridictionnelle.

 Subsidiarité : Situation matérielle grave de la victime.

 Montant limité au triple du montant mensuel du plafond


de ressources relatif à l'Aide Juridictionnelle.

b - VICTIMES INDEMNISEES

Personnes de nationalité française, que l'infraction ait été commise en


France ou à l'Etranger, et les membres de la C.E.E. ou les étrangers en
séjour régulier, si l'infraction a été commise sur le territoire national.

c - PROCEDURE D'INDEMNISATION

Institution d'une COMMISSION D'INDEMNISATION DES VICTIMES


D'INFRACTION (C.I.V.I.) auprès de chaque Tribunal de Grande Instance.

o Juridiction civile qui se prononce en premier et dernier ressort, mais


ses décisions sont susceptibles de pourvoi en cassation.

o Délai de trois ans pour agir.

o Provisions possibles accordées par le Président de la COMMISSION


qui doit statuer dans un délai d'un mois à compter de la demande.

o Depuis le 1er Janvier 1991, c'est un FONDS DE GARANTIE unique,


commun aux victimes d'attentats et d'infractions, qui a la charge
financière des condamnations, et qui est alimenté par une taxe fiscale
sur les contrats d'assurance de biens.
II - LES EXCLUSIONS CONVENTIONNELLES DE RISQUE

A - Définition de l'exclusion de risque


B - Preuve de l'exclusion de risque
C - Effets de l'exclusion de risque

A - DEFINITION DE L'EXCLUSION DE RISQUE

1 - Objet de l'exclusion de risque


2 - Distinction entre exclusions directes et indirectes
3 - Conditions de validité des exclusions de risque

Il résulte de l'article L 113-1 Code des Assurances que les pertes et les
dommages occasionnés par des cas fortuits ou causés par la faute de
l'assuré sont à la charge de l'assureur ... sauf exclusion formelle et limitée
contenue dans la police.

De telles clauses qui sont dictées par l'assureur, et restreignent ses


obligations de garanties pourraient être considérées, dans certains
cas, comme abusives dans la mesure où elle révèlerait un abus de
puissance économique de l'assureur, et lui confèrerait un avantage
excessif.

1 - L'OBJET DE L'EXCLUSION DE RISQUE

Les évènements garantis sont définis dans la police de manière positive, par
des conditions de garanties.

On peut distinguer:

 les clauses qui adjoignent des garanties aux garanties de base :

La police incendie garantit non seulement les dégâts


occasionnés par le feu, mais également ceux causés par l'eau
des pompiers.

 Les clauses qui restreignent la garantie de base :

La police "incendie" exclut les incendies d'origine


nucléaire, ainsi que les dommages corporels.
La police "vol" exclut la garantie lorsque celui ci a été commis
par un membre de la famille, ou résulte d'une escroquerie, en
cas d'inhabitation du bâtiment assuré pendant une certaine
durée, ou en l'absence de mise en fonctionnement d'un
système d'alarme...

Les Polices Dégats des eaux excluent l'indemnisation des


dommages causés par l'humidité, la buée ou la condensation.

Les Polices R.C. après livraison excluent classiquement les


dommages subis par la chose vendue elle-même.

Les Polices "Bris de Machines" excluent les dommages


causés par la corrosion...

 Les exclusions rachetables :

Certains risques faisant normalement l'objet d'une exclusion peuvent être


"rachetés" moyennant surprime.

ex. :

 Assurance vol : Transports de fonds, vol sur la personne...

 Assurance professionnelle : exclusion des biens confiés...

Mais il existe une extrême confusion de la jurisprudence en ce qui


concerne la qualification de ces clauses.

Prenons l'hypothèse d'un assureur qui accepte de prendre en charge un


risque en imposant des conditions particulières à l'assuré :

 notamment en matière de construction, une qualification


professionnelle déterminée ou certaines catégories de travaux.

 en matière d'assurance vol, l'utilisation de dispositifs de protection


particuliers : alarme, volets, serrures de sûreté, gravage de vitres de
voitures...

S'il prend soin de compléter la condition positive par une clause d'exclusion
directe claire et nette, la solution est évidente : le fait de ne pas respecter la
condition mise à la garantie entraîne la non assurance.

En l'absence de clause d'exclusion expresse, on peut hésiter entre plusieurs


qualifications possible :
 Condition de garantie : le vol n'est garanti que si le système
d'alarme est enclenché.

 Exclusion indirecte de risque : le vol n'est pas garanti lorsque le


système d'alarme n'est pas enclenché.

 Aggravation de risque :l'assuré déclare que le système d'alarme


contre le vol est toujours enclenché.

L'assureur se trouve donc à la merci d'une interprétation de sa police,


laquelle jouera le plus souvent en faveur de l'assuré.

2 - DISTINCTION ENTRE EXCLUSION DIRECTE ET EXCLUSION INDIRECTE

 L'exclusion directe de risque est celle qui est expressément visée


dans la police.

C'est ainsi qu'une police garantissant un chef de famille peut exclure


expressément de sa garantie, la conduite automobile, le vol ou les dégâts
des eaux.

Police garanties "tous risques, sauf…"

 L'exclusion indirecte est celle qui résulte de l'absence de condition


de garantie.

Tout ce qui n'est pas précisément prévu dans la garantie est non assuré ou
est exclu indirectement, il s'agit d'une exclusion indirecte :

 Garantie limitée aux seuls travaux réalisés par l'assuré = exclusion


indirecte des travaux sous-traités.

 Garantie des travaux exécutés par l'assuré avec des matériaux


plastiques = exclusion indirecte des travaux réalisés avec d'autres
matériaux.

 Nécessité d'agrément de la technique de travaux = exclusion indirecte


des techniques non traditionnelles.

 Garantie de la seule responsabilité contractuelle = exclusion indirecte


de la responsabilité délictuelle.

 Garantie du vol dans un local sous surveillance = exclusion indirecte


du vol quand il n'y a pas surveillance.

 Garantie de la seule responsabilité civile du chef de famille et


l'incendie = exclusion indirecte de la conduite automobile, du vol ou
du dégât des eaux qui n'y sont pas prévus.
 De même si la Police limite la garantie "Chef de famille" aux accidents
causés par les personnes dont l'assuré doit répondre, il s'agit d'une
clause indirecte d'exclusion de risque pour les dommages causés par
des faits volontaires.
Cass.Civ. I, 12 Mars 1991, J.C.P. 1991, 21732, note J.Bigot.

 Garantie accordée aux seuls conducteurs munis d'un permis de


conduire régulier = exclusion indirecte de ceux dont le permis de
conduire n'est pas valable.

Selon les conditions générales d'une Police, l'assurance avait pour


objet de garantir à l'assuré, sous réserve des exclusions stipulées,
l'indemnisation des dommages matériels subis par les biens assurés
dans les conditions fixées par les dispositions contractuelles.

Selon les conditions spéciales engins et matériels mobiles, la garantie


s'appliquait sous réserve des exclusions prévues à l'article 3 à tous
bris, destruction, ou perte soudain et fortuit des biens assurés.

L'article 12.1 des conditions générales dispose que l'assuré a


l'obligation de prendre les mesures nécessaires au maintien des biens
assurés en parfait état d'entretien et de fonctionnement, de ne pas les
utiliser au-delà des limites de charge techniquement admises par le
constructeur et de veiller à l'observation des prescriptions édictées par
ce dernier et/ou les règlements en vigueur.

En cas de sinistre résultant de l'inobservation de ces prescriptions,


l'assureur sera fondé à réclamer une indemnité proportionnée au
dommage que cette inobservation lui aura causé ou à refuser la prise
en charge du dommage si ce dernier est exclusivement imputable à
l'inobservation de ces prescriptions.

La dernière partie de la clause qui stipule que le refus de prise en


charge en cas de sinistre résultant de l'inobservation de ces
prescriptions et le lie à la circonstance particulière de ce que le
dommage est exclusivement imputable à l'inobservation des
prescriptions est une clause d'exclusion, puisque les conditions de
réalisation du sinistre excluent la garantie.

Dès lors que cette clause n'est pas limitée et ne marque pas
l'exclusion de façon apparente, l'assureur ne peut s'en prévaloir pour
refuser sa garantie.

Cass. Civ. II, 9 Juillet 2009, 08-13780 ; RC et Ass. 2009, Com. 337, note H.Groutel.

3 - CONDITIONS DE VALIDITE DE LA CLAUSE D'EXCLUSION DE RISQUE


a - L'exclusion doit être formelle
b - L'exclusion doit être limitée

Les exclusions de risque sont inévitables, puisqu'elles permettent de


délimiter le risque pris en charge par l'assureur.

Elles font donc partie de la technique de l'assurance.

Le principe de leur validité est parfaitement admis, sous réserve de leur


caractère formel et limité.

a - L'EXCLUSION DOIT ETRE FORMELLE

o Exclusions directes
o Exclusions indirectes

Le législateur veut que l'attention de l'assuré soit attirée sur la clause


d'exclusion directe de risque, afin que celui-ci s'engage à connaissance de
cause compte tenu du risque de découvert de garantie.

 EXCLUSIONS DIRECTES

L'exclusion directe résulte du type de rédaction de la police "tous risques


sauf..." qui énumère de façon positive et précise la liste des risques n'étant
pas compris dans la garantie.

Aux termes de l'article L 112-4 du Code des Assurances :

"Les clauses édictant des nullités, des déchéances ou des exclusions


ne sont valables que si elles sont mentionnées en caractères très
apparents".

Une clause d'exclusion de garantie doit avoir été portée à la


connaissance de l'assuré au moment de son adhésion à la police, ou
tout au moins, antérieurement à la réalisation du sinistre, pour lui être
opposable.
Cass. Civ. II, 11 Janvier 2007, 06-11478 ; RC et Ass. 2007, Com.139.

Les clauses qui restreignent ou excluent directement la garantie doivent


donc figurer dans la Police en caractères particulièrement apparents, se
détachant, par leur graphisme, du reste du texte (grosseur, titre mis en
évidence, couleur différente).
Cass. Civ. I, 20 juin 2000, 98-11.212, RGDA 2000, p.821, note L.Mayaux.
 EXCLUSIONS INDIRECTES :

Afin d'inverser la charge de la preuve en faveur de l'assuré, la


Jurisprudence estime que certaines conditions de garantie sont en
réalité des exclusions de risques indirectes.

Une exclusion indirecte résulte donc essentiellement de la formulation de la


condition de garantie, laquelle n'obéit à aucune forme particulière.

En effet, la qualification d'exclusion directe ou indirecte de risque par rapport


à celle de condition de garantie va renverser la charge de la preuve en
faveur de l'assuré.

b - L'EXCLUSION DE RISQUE DOIT ETRE LIMITEE

o Validité des clauses


o Prohibition des clauses

L'exclusion de risque ne doit pas avoir pour effet de priver de son


efficacité la garantie contractuelle pour le risque concerné :
Cass.Civ I, 3 Juillet 1990, R.G.A.T. 1990, 888 : à propos d'une pompe à chaleur
défectueuse, Obs. R.Bout.

Elle ne saurait aboutir, sans retirer son objet au contrat d'assurance, à


annuler dans sa totalité la garantie stipulée:
Cass.Civ. I, 23 Juin 1987, R.G.A.T. 1988, p.364, Obs. R.Bout.

Elle ne doit pas permettre à l'assureur de reprendre insidieusement


d'une main la garantie qu'il avait ouvertement accordée de l'autre.
Note sous Cass.Civ. I, 18 Février 1987, R.G.A.T. 1987, p.271.

La jurisprudence se montre très méfiante envers les clauses ayant pour


effet de limiter la garantie:
F.Chapuisat, "La méfiance de la Jurisprudence et du Législateur à l'égard des clauses
d'exclusion de risques", R.G.A.T. 1983, p.5.

 VALIDITE DES CLAUSES :

o Dommages causés en et hors circulation par tous véhicules


terrestres à moteur assujettis à l'obligation d'assurance.
Cass. civ. I, 31 Janvier 1989, RGAT 1989, p.412.

o Phénomènes naturels présentant un caractère catastrophiques


(en l'absence d'arrêté interministériel de catastrophe naturelle).
Cass. Civ. I, 25 Octobre 1989, RGAT 1990, p.351.

o En ce qui concerne les contrats d'assurance de responsabilité


professionnelle :
 Non respect des règles de l'art définies dans les
documents techniques officiels (à condition qu'elle ne vise
pas également des règles générales de la profession).
Cass. Civ. I, 1er Juillet 1981, RGAT 1982, p.180.

 Violation consciente d'une norme homologuée visée dans


le marché.
Cass. Civ. I, 26 Février 1991, RGAT 1991, p.378, note J.Bigot.

o En matière de Contrat d'assurance de responsabilité civile après


livraison :

 Défaut de performances de la chose vendue


Cass. civ. I, 25 Janvier 1989, RGAT 1989, p.414.

 Exclusion du dommage subi par le produit livré lui-même,


ou du coût de sa réparation, de sa mise en conformité :
L'assuré doit assumer son risque d'entreprise. Mais ne serait
pas limitée une telle clause qui exclurait également de la
garantie RC après livraison les dommages matériels résultant
des inexécutions de faire ou de délivrance de l'assuré
Cass. Civ. I, 27 février 2001, 98-19.443; R.C. et Ass. 2001, Com. n°165 .

Pour sa part, la Cour de Cassation estime le principe de cette


clause d'exclusion valable :

Cass. Civ. I, 6 janvier 1993, 89-20.730 - Cass. Civ. I, 16 mars 1994, 94-
14.729 - Cass. Civ. I, 16 janvier 1996, 92-20.433 :

En donnant effet à la clause du contrat stipulant qu'étaient exclus de la


garantie "le coût du remplacement, du remboursement, de la reprise des
produits livrés, y compris le coût de ceux-ci et le préjudice subi de ce fait
par les clients, la Cour d'Appel qui a constaté que les préjudices dont la
société X demandait réparation relevaient tous de la catégorie exclue...
s'est bornée à appliquer la convention sans la dénaturer;

Qu'ensuite la clause litigieuse étant parfaitement précise et dépourvue


d'ambiguité en elle même,, comme dans son contexte contractuel, étant
limitée dans son objet dès lors qu'elle laissait dans le champ de la garantie
les dommages causés par des produits viciés mis en vente par l'assuré ...
c'est à bon droit que la cour d'appel a énoncé que les préjudices étaient
formellement exclus de la garantie souscrite.

La Jurisprudence est constante :

Cass. Civ. I, 21 janvier 1997, 95-11.590, R.C. et Ass. 1997, Com. n°139 -
Cass. Civ. I, 18 avril 2000, 98-11.143 - Cass. Civ. I, 7 novembre 2000, 97-
19.132, JCP, G, 2001, IV, n°1000; Cass. Civ. I, 21 novembre 2000, 98-
12.872, JCP G, 2001, IV, 1098 - Cass. Civ. I, 13 février 2001, 98-12.473
Mais attention, "n'est pas limitée la clause excluant de la
garantie non seulement les frais constitués par le
remplacement, la remise en état ou le remboursement des
biens livrés ou des travaux exécutés, cause ou origine du
dommage, ainsi que les dommages immatériels consécutifs,
mais encore les dommages matériels ou immatériels résultant
de l'inexécution des obligations de faire faire ou de délivrance
de l'assuré" - A propos d'une ligne façonneuse plaqueuse :
Cass. Civ. I, 14 novembre 2001, 98-22.764.

Le problème de l'exclusion est donc loin d'être réglé en


Jurisprudence, puisqu'il subsiste une question d'appréciation
sur le caractère limité, ou non, de la clause, ce qui dépend de
sa rédaction.

 Soit la clause d'exclusion vide la garantie souscrite de


son intérêt, et elle est annulée comme insuffisamment
limitée, au sens de l'article L 113-1, al.2, du Code des
Assurances :
CA Paris, 25e Ch. B, 1er Juillet 2005, n°150 ; L'argue de
l'Assurance, 4 noembre 2005, p.41

 Soit elle laisse subsister l'intérêt de la garantie RC après


livraison, c'est à dire garantit l'assuré contre les
dommages causés à des tiers, ou à d'autres biens, par
la chose livrée (incendie, explosion, bris...), et la clause
est considérée comme suffisamment limitée.

De plus, il n'est pas anormal que l'assuré assume son risque


d'entreprise, c'est à dire son obligation de garantir la chose qu'il
vend.

Il faut donc examiner au cas par cas, comment est rédigée la


clause, et les Juges du fond restent libres d'apprécier le
caractère limité de la clause.

Rappelons que l'article L 121-7 du Code des Assurances


permet d'exclure l'assurance du vice propre de la chose
assurée...

 PROHIBITION DES CLAUSES

L'article L 113-11 du Code des Assurances dispose que :


Sont nulles Toutes clauses générales frappant de déchéance l'assuré
en cas de violation ds lois ou des règlements, à moins que cette
violation ne constitue un crime ou un délit intentionnel.
Exemples de clauses prohibées :
o Limitation de la garantie "Chef de famille" aux accidents causés
par les personnes dont l'assuré doit répondre, constituant une
clause indirecte d'exclusion de risque pour les dommages causés par
des faits volontaires.
Cass.Civ. I, 12 Mars 1991, J.C.P. 1991, 21732, note J.Bigot ; R.G.A.T. 1991, p.633,
note R.Bout.

o Garantie accordée pour garantir la responsabilité civile


professionnelle d'une entreprise, mais exclusion des
conséquences de la responsabilité contractuelle...

L'objet de l'entreprise assurée étant l'étude de sols, est nulle la clause


excluant les dommages qui atteignent les ouvrages réalisés à partir
de ses études:
Cass. Civ. I, 4 Novembre 1992, RGAT 1993, p. 126, note A.d'Hauteville.

o Dommages qui sont la conséquence prévisible des modalités


d'exécution du travail que s'est engagé à effectuer l'assuré.
A propos d'un prestataire informatique :
Cass. civ. I, 14 Février 1992, RGAT 1993, p.352.

o Exigence d'une installation sur le véhicule assuré d'un "dispositif


antivol agréé par l'assureur" sans description précise des éléments
propres à composer un tel dispositif ni, à défaut, fixer les
conditions et les modalités de son agrément par l'assureur.
Cass.Civ. I, 3 Janvier 1991, Bull.Civ. I, n°2, p.2.

o Travaux non conformes, non seulement aux cahiers des charges des
DTU, mais encore à l'ensemble des règles en vigueur.
Cass.Civ. I, 20 Janvier 1993, RGAT 1993, p.316.

o Utilisation de matériaux non traditionnels et non homologués par


le CSTB, l'AFNOR, etc...
Cass. Civ. I, 14 Février 1989, RGAT 1989, p.368.

o Utilisation de matériaux non traditionnels et non conformes aux


règlements en vigueur.
Cass. Civ. I, 21 Février 1990, RGAT 1990, p.857, note J.Bigot.
o Dans une assurance décès, invalidité, et incapacité, ne sont pas
limitées les clauses d'exclusion :

 des maladies ou accidents occasionnés par l'alcoolisme


Cass. Civ. II, 18 Janvier 2006, 04-17.872, RC et Ass. 2006, n°148 (1ère espèce)
 des invalidités et incapacités résultant de diverses affections du
dos, et plus généralement "d'autres mal de dos"
Cass. Civ. II, 18 Janvier 2006, 04-17.872, RC et Ass. 2006, n°148 (2e espèce)

B - PREUVE DE L'EXCLUSION DE RISQUE


 Conformément à l'article 1315, al. 1, du Code Civil, c'est à l'assuré,
qui réclame l'exécution du contrat d'assurance, de rapporter la preuve
que les conditions de fait ouvrant droit à la garantie sont réunies.

 Conformément à l'alinéa 2 du même article, une fois établi que le


sinistre entre bien dans les conditions de garantie du contrat, c'est à
l'assureur qui invoque une exclusion de risque de "démontrer la
réunion des conditions de fait de cette exclusion" pour se
prétendre libérer de son obligation de garantie.

La "clause syndicale vol" en matière d'assurance de marchandise


transportée s'analyse en une exclusion indirecte de risque, et c'est
donc à l'assureur qui entend s'en prévaloir pour s'exonérer de sa
garantie de rapporter la preuve que les conditions qu'elle édicte
(antivol, gardiennage...) n'étaient pas remplies au moment du sinistre
(18).
Cass. Com. 22 Avril 1986, B.T. 1986, p.321 - Cass. Com., 20 Mars 1990, B.T. 1990,
p.778 - Lyon, 11 Juin 1986, B.T. 1987, p.313 - Cass. Civ. I, 7 Juillet 1992, Bull. Civ.
I, n°216 - Cass. Civ. I, 2 avril 1997, 95-13.928, RGDA 1997, p.737, Note M.H.
Maleville.

C - EFFETS DE L'EXCLUSION DE RISQUE

L'exclusion du risque assuré entraîne une non assurance.

Conformément à l'article L 112-6 du Code des Assurances, la garantie


n'est due ni à l'assuré, ni à la victime, ni aux tiers bénéficiaires.

En revanche, les clauses d'exclusions de risques non formelles ni limitées


doivent être déclarées non écrites, et dans tous les cas inopposables à
l'assuré ou à la victime.

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