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SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE NUMISMATIQU E 64e année — N° 1 JANVIER 2009

TARIFS POUR 2009


Société Française de Numismatique
Cotisation (avec le service de la Revue numismatique, mais sans le BSFN) :
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FRANÇAISE
FRAN AISE DE NUMISMATIQUE
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Vente au numéro................................................................................4 €
Changement d’adresse........................................................................................1,50 € RONDE (André) — Sur une première frappe de tétradrachmes au nom
d’Antiochus IX à Ptolémaïs-Akko . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .1
À verser de préférence au C.C.P. de la S.F.N. : 1368-44 Z PARIS.
Chèques ou mandats à libeller en Euros. LORIOT (Xavier) — À propos de la marque RSR sur des monnaies de Carausius . .4
Les chèques bancaires en provenance de l’étranger doivent être libellés en euros, et JOYAUX (François) — Trois essais monétaires des frères Barre avec caractères
impérativement payables sur une banque installée en France. chinois (1866-1879) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .10

CORRESPONDANCES
PELLÉ (Richard) — Monnaies inédites ou rarissimes de la fouille du parking
des allées Jean-Jaurès à Nîmes (octobre 2006-juillet 2007) . . . . . . . . . . . . .16
GENEVIÈVE (Vincent) — À propos d’une obole d’Eudes (887-898) frappée
à Toulouse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .27
CORMIER (Jean-Philippe) — Un denier tournois de Charles VI à la légende
fautive . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .29

SOCIÉTÉ
B U L L E T I N D E L A S O C I É T É F R A N Ç A I S E D E N U M I S M AT I QU E Compte rendu de la séance du 3 janvier 2009 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .30
Publication de la Société Française de Numismatique
10 numéros par an
ISSN 0037-9344
N° de Commission paritaire de Presse : 0510 G 84906

Société Française de Numismatique


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SAMEDI 7 FÉVRIER 2009 SAMEDI 7 MARS 2009
Le responsable de la publication :
Jean Jézéquel (yanjez@wanadoo.fr) 14 h 30 Assemblée Générale
BnF Salle des Commissions BnF Salle des Commissions
Prépresse : Cymbalum – Paris
Imprimerie France-Quercy — Mercuès
—1—
ÉTUDES ET TRAVAUX Houghten et Lorber dans leur récent ouvrage sur la deuxième partie du monnayage
séleucide décrivent bien cette monnaie au n° 2390/4 sans lui donner de date précise.
Les deux autres tétradrachmes que nous présentons ici sont visiblement tous les deux
de mêmes coins d’avers et de revers avec des poids respectifs de 16,8 g et de 16,3 g
RONDE (André) — Sur une première frappe de tétradrachmes au nom d’Antiochus (fig. 2 et 3).
IX à Ptolémaïs-Akko.

L’acquisition récente de trois tétradrachmes au nom d’Antiochus IX roi de Syrie (114-


95 av. J.-C.), aux types semblables mais différenciés par le style et les marques de
contrôle, donne l’occasion d’apporter une contribution à la connaissance des frappes
de tétradrachmes à Ptolemaïs au début du règne d’Antiochus IX.
Antiochus IX fils cadet d’Antiochus VII Sidetes, roi séleucide de Syrie de 138 à 129
av. J.-C., après avoir passé quelques années en exil à Cyzique (Mysie) (1) avait profité Fig. 2
de son mariage avec Cléopâtre IV fille du roi d’Égypte Ptolémée VIII pour constituer
une armée et s’opposer à son cousin (et demi-frère) Antiochus VIII Grypos. En 114 ou
113 av. J.-C., il s’empare de la Syrie du Nord et de la capitale du royaume Antioche
(où il ne pourra jamais se maintenir longtemps) et en 113 ou 112 du sud de la Phénicie
et en particulier de Ptolémaïs (l’actuel Saint-Jean d’Acre).
Après avoir inauguré un monnayage en Cilicie puis à Antioche en 114-113,
Antiochus IX frappe à Ptolémaïs entre 113-112 et 107-106 deux séries de tétradrachmes
respectivement d’étalon attique non datés et d’étalon phénicien datés.
Les trois tétradrachmes que nous présentons ici datent de la première série de
frappes d’étalon attique. Fig. 3
Le premier de très beau style et de parfaite conservation présente un poids de 16,4
g et un revers à 12 heures (fig. 1) :
Ils sont frappés avec des types semblables à ceux du précédent tétradrachme mais
avec une différence de marque de contrôle. Ici, nous avons à gauche le monogramme .
De plus, ces deux tétradrachmes semblent avoir été sur frappés et ne figurent pas
dans l’ouvrage d’E.T. Newell (2). Ils nous ont paru, à première vue, appartenir à l’ate-
lier d’Antioche qui utilisait fréquemment cette même marque de contrôle. Mais sur les
tétradrachmes frappés à Antioche le portrait d’Antiochus IX présente une barbe com-
plète et un style de revers différent.
Le récent ouvrage d’Houghten et Lorber apporte un bon élément de réponse quant
Fig. 1 à l’attribution de ces tétradrachmes.
En effet, dans cet ouvrage au n° 2390 est décrit un tétradrachme de l’atelier de
Avers : Tête diadémée du roi portant de longs favoris. Ptolémaïs où figure la même marque de contrôle. Malheureusement, l’ouvrage ne
Revers : Athéna Nicéphore debout à droite tenant une lance et s’appuyant sur un présente pas de photos de cette monnaie. Il donne toutefois une référence d’origine :
bouclier BASILEWS ANTIOCOU FILOPATOROS avec, dans le champ à gauche, la Paris, n° 1476a. Dans le médaillier du Cabinet des médailles figure bien à ce numéro
marque de contrôle DR, le tout dans une couronne de lauriers. un tétradrachme d’un type proche de nos deux tétradrachmes même si les coins ne sont
Cette monnaie que je présente avant tout pour sa qualité a été bien décrite par E.T. pas identiques.
Newell dans son ouvrage sur les ateliers séleucides tardifs de Ptolémaïs et Damas, p. E.T. Newell, comme Houghten et Lorber constatent qu’après la prise de contrôle
32, n° 41 avec toutefois une légère variante dans la marque de contrôle. Newell datait de Ptolemaïs par Antiochus IX en 113 ou 112 av. J.-C., les types monétaires frappés par
la frappe de cette monnaie de 113 ou 112 av. J.-C. cet atelier restent inchangés avec simplement l’adjonction de nouvelle marques de
Arnold Spaer dans son ouvrage sur les monnaies séleucides de sa collection donne contrôle.
aux nos 2745 et 2746 des monnaies semblables mais avec une deuxième marque de Pour Houghten et Lorber, la marque aurait été inaugurée à Ptolémaïs pour appa-
contrôle S ou WS qu’il assimile, à tort semble-t-il, à la date 200 de l’ère séleucide (113- raître ensuite à Sidon où elle figure sur un tétradrachme daté de l’an 202 (111-110 av.
112 av. J.-C.).
2. Toutefois, le portrait figurant sur la monnaie n° 474 d’E.T. Newell apparaît proche de celui
1. D’où son surnom de Cyzicène. des deux nouveaux tétradrachmes.

—2— —3—
J.-C.) avant de devenir en l’an 203 (110-109) la marque courante de l’atelier d’Antioche. en l’occurrence l’énigmatique Kaisergeschichte d’Enmann (4). Or la formulation de
Nos trois tétradrachmes, pas plus que celui du Cabinet de Paris ne portent de date. Victor, cum summae rei praeesset, qu’on peut, certes, traduire assez vaguement par « alors
Il apparaît toutefois très probable qu’ils datent du tout début des frappes d’Antiochus qu’il présidait aux affaires suprêmes » (5), renvoie ici directement à la fonction de ratio-
IX à Ptolémaïs. nalis Summae rei, qui se substitue, dans la seconde moitié du IIIe siècle, à l’appellation
Le fait que les deux exemplaires marqués paraissent avoir été sur frappés pour- ancienne d’a rationibus, puis désigne au Bas-Empire le responsable au niveau du dio-
rait indiquer une frappe initiale dès la prise de contrôle de l’atelier en 113-112. Ils pour- cèse de la gestion du fiscus (6). Ce titre est, d’après l’épigraphie, normalement abrégé
raient alors avoir été sur frappés sur des tétradrachmes d’Antiochus VIII. en RAT S R, mais le mot rationalis est lui-même parfois indiqué par un simple R, en sorte
Quoiqu’il en soit, les trois tétradrachmes que nous présentons dans cette commu- que le sigle RSR est parfaitement intelligible (7). On ajoutera qu’il est hautement impro-
nication témoignent, si ce n’est de l’originalité, mais au moins de la qualité des frappes bable que Victor, lui-même fonctionnaire de haut rang (8), ait ignoré ou méconnu cette
de tétradrachmes à Ptolemaïs dans cette période pourtant très troublée des guerres intes- acception spécifique, propre à la terminologie administrative, de l’expression qu’il
tines du royaume séleucide. employait. Autrement dit, il paraissait assuré que cette charge était bien celle qu’avait
revêtue le responsable des frappes RSR de Carausius, c’est-à-dire Allectus (9).
Or, récemment, un savant britannique au nom bien français, Guy de La Bédoyère
LORIOT (Xavier) — À propos de la marque RSR sur des monnaies de Carausius*. (10), a proposé une autre interprétation, dont il faut saluer l’ingéniosité. Relevant,
après d’autres, dans le monnayage de Carausius une référence à Virgile, avec la légende
Il y a maintenant seize ans, lors du colloque organisé autour de l’œuvre d’André expectate veni, qui renvoie presque textuellement à l’Énéide, II, 282-283 (11), l’auteur
Chastagnol, nous avions, la regrettée Hélène Huvelin et moi, tenté d’éclaircir la ques- propose de comprendre RSR comme sigle de l’hémistiche virgilien, tiré de la IVe
tion de l’origine et du lieu d’émission des monnaies de l’empereur breton Carausius églogue : Redeunt Saturnia regna (12). Il n’est pas dans mon propos de revenir sur ce
portant à l’exergue du revers la marque RSR (1). Fondant sur de nouveaux arguments poème à la tonalité messianique, où l’on a même voulu voir jadis une allusion à la nais-
une opinion déjà ancienne, remontant au XVIIIe siècle (2), nous interprétions ces sance de Jésus (13). Mais La Bédoyère avance à l’appui de sa thèse un argument de poids,
lettres comme rationalis Summae rei et identifions ce rationalis comme Allectus, assas-
sin et successeur de Carausius, nous fondant avant tout sur le témoignage d’Aurelius
Victor, Caesares, 39, 40-41 : …Allectus… qui cum eius (sc. Carausii) permissu sum- 4. Sur cette œuvre, utilisée par Aurelius Victor et Eutrope, v. notamment A. CHASTAGNOL, trad.,
mae rei praeesset, flagitiorum et ob ea mortis formidine, per scelus imperium extorse- Histoire Auguste. Les empereurs romains des IIe et IIIe siècles, Paris, 1994, p. LXIX-LXXI.
rat (3). 5. P. DUFRAIGNE, dans son édition des Caesares de la CUF (Paris, 1975) traduit (p. 53) : « après
Les abréviateurs sont souvent inexacts ou anachroniques, mais ils nous transmettent avoir reçu, avec le consentement de Carausius, le commandement en chef… ». À l’instar d’O.
SEECK, RE, I/2 (1894), col. 1584 et de P. H. WEBB (supra, n. 2), T. D. BARNES, The New Empire
aussi des données authentiques, puisées à des sources aujourd’hui perdues, sans doute
of Diocletian and Constantine, Cambridge (MA) / Londres, 1982, p. 136 (cf. p. 11), voyait en
lui le préfet du prétoire de Carausius. Même opinion en dernier lieu chez A. R. BIRLEY, The
Roman Government of Britain, Oxford, 2005, p. 386.
6. R. DELMAIRE, op. cit., p. 13-14.
* J’ai plaisir à remercier ici Roger Bland (BM, Londres) qui m’a généreusement communiqué 7. Pour RAT S R : CIL, VI, 1132 (= ILS, 648) ; 1145 ; 1701 a-b, Rome ; — R pour rationalis : AE,
les photographies illustrant cet article, ainsi que Sylviane Estiot (MOM, Lyon), dont les 1966, 432 = I. Ephesos, II, 308) ; cf. R. DELMAIRE, op. cit., p. 14-21.
remarques ont beaucoup contribué à l’enrichir. 8. Il fut gouverneur de Pannonie seconde sous Julien, puis préfet de la Ville en 388-389, cf. PLRE,
1. X. LORIOT, « La carrière d’Allectus jusqu’à son élévation à la pourpre », dans M. CHRISTOL I, p. 960 (Victor 13) ; A. CHASTAGNOL, Les Fastes de la préfecture de Rome au Bas-Empire,
et alii (éd.), Institutions, société et vie politique dans l’empire romain au IVe siècle ap. J.-C., Paris, 1962, p. 232-233.
Actes de la table ronde autour de l’œuvre d’André Chastagnol (Paris 20-21 janvier 1989), Rome, 9. Je croyais même pouvoir alors écrire qu’ « il est inutile de s’attarder sur une controverse
1992 (CEFR 159), p. 161-169 ; H. HUVELIN, « Notes sur le monnayage de Carausius à la marque aujourd’hui sans objet » (X. LORIOT, op. cit., p.164).
RSR », ibid., p. 171-181. 10. G. de La BÉDOYÈRE, « Carausius and the Marks RSR and I.N.P.C.D.A. », NC, 158, 1998, p. 79-
2. Le premier à l’avoir formulée semble être W. COOKE, The Medallic History of Imperial 88 ; « Carausius, Virgil and the Marks RSR and INPCDA », dans N. CRUMMY (éd.), Image,
Rome, Londres, 1781, II, p. 455 sq. (cité par N. SHIEL, The Episode of Carausius and Allectus : Craft and the Classical World. Essays in Honour of Donald Bailey and Catherine Johns,
the Literary and Numismatic Evidence, Oxford, 1977 (BAR 40), p. 141). Elle a été reprise par Montagnac, 2005, p. 187-195. L’auteur descend d’un cousin du général Charles de La Bédoyère,
P. H. WEBB, « The Reign and Coinage of Carausius », NC, 4e s., 7, 1907, p. 48-49 (d’où RIC, fusillé en 1815 pour s’être rallié à Napoléon lors du retour de l’île d’Elbe. On consultera son
V/2, p. 434), d’après les inscriptions et les textes (avec renvoi au Manuel des institutions site Internet (www.romanbritain.freeserve.co.uk).
romaines d’Auguste BOUCHÉ-LECLERCQ, 1887), mais sans songer à faire le rapprochement 11. Quibus, Hector, ab oris, / Exspectate, uenis ? « De quels rivages, Hector, viens-tu, toi qui es
avec Allectus, qui est pour lui le préfet du prétoire de Carausius : « The Coinage of Allectus », attendu ? ». N. SHIEL, op. cit., p. 195, sans nier l’évidente influence virgilienne, relève que
NC, 4e s., 6, 1906, p. 127 (cf. infra, n. 5). le contexte où figure cette citation est tout de tristesse et de deuil. Le monnayage, au contraire,
3. Cette identification, énoncée sans autre discussion par E. STEIN, Geschichte des spätrömischen est plein d’allant et d’optimisme.
Reiches, I, Vienne, 1928, p. 116, n. 3 (éd. française par J.-R. PALANQUE, Paris, 1959, p. 78 12. Bucoliques, IV, 6-7 : Iam redit et Virgo, redeunt Saturnia regna ; / Iam noua progenies caelo
et p. 446, n. 58), a été généralement reprise : PLRE, I (1971), p. 45 ; N. SHIEL, op. cit., p. 97- dimittitur alto, « Déjà aussi revient la Vierge, revient le règne de Saturne ; déjà une généra-
98 ; R. DELMAIRE, Les responsables des finances impériales au Bas-Empire romain (IVe- tion nouvelle descend du haut du ciel ».
VIe s.). Études prosopographiques, Bruxelles, 1989 (coll. Latomus 203), p. 16 ; P. J. CASEY, 13. On peut encore consulter avec profit l’opuscule de J. CARCOPINO, Virgile et le mystère de
Carausius and Allectus : The British Usurpers, Oxford, 1994, p. 127-128, etc. la IVe églogue, nlle éd. revue, Paris, 1943.

—4— —5—
bien que reposant sur un document unique. Il s’agit d’un multiple de « bronze » (ou
plus exactement d’orichalque) de Carausius, conservé au British Museum [fig. 1], por-
tant à l’exergue du revers les lettres I.N.P.C.D.A (14), ce qu’il propose de lire : i(am)
n(oua) p(rogenies) c(aelo) d(imittitur) a(lto). Nous aurions donc ici la suite du poème,
au vers 7.

Fig. 2

Fig. 1

J’avoue avoir d’abord été sceptique (15), mais force est de reconnaître que la coïn- Fig. 3
cidence est trop extraordinaire pour être fortuite. Je me rallie désormais à l’avis
d’Anthony Birley, qui, dans son récent ouvrage sur The Roman Government of Britain, On peut, me semble-t-il, échapper à cette difficulté et concilier les points de vue
adhère sans réserve à la démonstration de son compatriote (16). Ceci dit, je crois que en rappelant les intuitions de Jean-Pierre Callu sur la polysémie dans le langage moné-
les conclusions que l’auteur tire de cette découverte vont beaucoup trop loin. Il nie l’exis- taire (18). Ainsi les marques XX, ou XX.I, ou KA qui figurent sur les antoniniani de la
tence d’un atelier « RSR », distinct des autres ateliers britanniques connus par ailleurs, réforme d’Aurélien, dont la signification, de nature purement monétaire, n’a été élu-
ce en quoi il a très certainement raison, mais il me paraît méconnaître le caractère spé- cidée qu’en 1979 (19), peuvent également avoir évoqué cette « arithmétique du pou-
cifique d’un monnayage identifié, je dirais même individualisé par l’apposition de ce voir » dont a parlé Jean-Michel Carrié (20), en renvoyant à la notion familière d’un cycle
sigle. Il ne s’est pas étonné de ce qu’on ait fait figurer à l’exergue du revers, non pas de vingt années, qu’il s’agisse des vicennalia des princes (un idéal rêvé, mais jamais
d’une frappe exceptionnelle, comme l’est ce « médaillon », mais de toute une série de atteint au IIIe siècle avant la Tétrarchie) (21) ou de la durée supposée de l’efficacité du
monnaies, une citation littéraire, du reste incompréhensible pour les non initiés, à taurobole (22). Autre exemple : fin 274, au moment de la célébration du triomphe et
l’endroit où figure ordinairement un lieu d’émission, ou plutôt, en l’occurrence, comme des quinquennales d’Aurélien : l’atelier de Rome émet, à côté des aureliani XXI, une
je l’avais suggéré, une autorité émettrice (17). série de deniers signés VSV, marque qui signale à la fois la réintroduction d’un denier
VSV(alis) et célèbre les V(ota) S(oluta) V (quinquennalia) du prince (23). De même, je
14. J. M. C. TOYNBEE, Roman Medallions, Num. Studies 5, New York, 1944, pl. XXX, fig. 4 ; pense que le sigle RSR doit avoir deux significations : c’est d’abord, et à mon avis prio-
R. A. G. Carson, « The Bronze Medallions of Carausius », British Museum Quarterly, 37, 1-
2, 1973, p. 1-4 & pl. I, fig. (a) ; N. SHIEL, op. cit., p. 162 & pl. X, fig. 1. Cette pièce se décrit
ainsi : IMP C M AV CARAVSIVS P F AVG, buste lauré du prince à g., revêtu du manteau consu- 18. Infra, n. 21.
laire et tenant de la main dr. un sceptre surmonté d’un aigle — R/ VICTORIA CARAVSI AVG, 19. Les analyses prouvent que ces marques indiquent la valeur intrinsèque des monnaies, 1/20,
Victoire sur un bige à dr. ; à l’exergue : I.N.P.C.D.A [fig. 1]. Un autre multiple du British Museum soit 5 % d’argent fin. Cf. J.-P. CALLU, C. BRENOT et J.-N. BARRANDON, « Analyses de
[fig. 2], célébrant sans nul doute le même consulat du prince, porte RSR à l’exergue du revers séries atypiques (Aurélien - Tacite - Carus - Licinius) », NCA, 8, 1979, p. 241-254.
(R. A. G. CARSON, op. cit., pl. I, fig. (b) ; N. SHIEL, op. cit., pl. X, fig. 2). Un troisième ex., 20. J.-M. CARRIÉ et A. ROUSSELLE, L’Empire romain en mutation des Sévères à Constantin, 192-
récemment acquis par le BM (1997-6-6-1), très mal conservé, surtout au droit, offre au revers 337, Paris, 1999, p. 153-154.
la même image que le précédent, mais avec la légende PACATOR ORBIS [fig. 3]. Jocelyn 21. Cf. J.-P. CALLU, « Les formules de Vota à la fin du IIIe s. », BSFN, 16, 1961, p. 53-55. L’auteur
Toynbee, qui ne connaissait que le premier de ces « médaillons », estimait qu’il pouvait a repris cette idée, tout en la nuançant, dans sa Politique monétaire des empereurs romains
s’agir d’une « épreuve » pour un multiple d’or (op. cit., p. 61, 175, n. 120 et 189), ce que de 238 à 311, Paris, 1969 (BEFAR 214), p. 324-325, n. 8. Sur les célébrations jubilaires :
récuse CARSON, op. cit., p. 4, n. 1. — En hommage à la mémoire de ce grand savant, je tiens A. CHASTAGNOL, « Les jubilés impériaux de 260 à 337 », dans E. FRÉZOULS (éd.), Crise
à rappeler le récent article d’A. BURNETT et R. BLAND, « Robert Andrew Glendinning et redressement dans les provinces européennes de l’Empire, milieu IIIe-milieu IVe siècle apr.
Carson, 1918-2006 », Proceedings of the British Academy, 153, 2008, p. 149-170. Sur un ton J.-C., Strasbourg, 1983, p. 12-14 (= Le pouvoir impérial à Rome. Figures et commémorations.
plus familier, un site Internet (www.atrium-media.com/rogueclassicism/Posts/00003363.html), Scripta varia IV, S. BENOIST et S. DEMOUGIN éd., Genève, 2008, p. 318-320).
rapporte qu’un jour, par inadvertance, ou par malice qui sait ?, Carson signa une lettre « RAG 22. Cf. CIL, VI, 512 (= ILS, 4154) : …Ceionius Rufius Volusianus u. c. et inlustris… iterato, uiginti
Carausius ». annis expletis taurobolii sui, aram constituit et consecrauit… (23 mai 390).
15. M. DONDIN-PAYRE et X. LORIOT, « Tiberinius Celerianus à Londres : Bellovaque et mori- 23. Cette interprétation de VSV fut proposée par A. EVANS, NC, 4e s., 19, 1919, proc., p. 13,
tix », L’Antiquité Classique, 77, 2008, p. 157, n. 147. cf. P. H. WEBB, « The Reform of Aurelian », ibid., p. 243. Cf. aussi J.-P. CALLU, Politique moné-
16. A. R. BIRLEY, op. cit., p. 376 : « This solution is without a shadow of a doubt correct ». taire…, p. 328-329 ; S. ESTIOT, BNCMER, XII.1 (2004), p. 65.
17. X. LORIOT, op. cit., p. 165.

—6— —7—
ritairement, une marque d’origine, mais avec une connotation idéologique qui a pu trou- j’avais cru pouvoir l’établir, Allectus est bien l’inspirateur de ces frappes, se précisent
ver son écho dans d’autres frappes dont nous n’avons plus aujourd’hui que des traces un peu mieux la physionomie et l’originalité du personnage. À la différence de Carausius,
ténues (24). rude loup de mer vraisemblablement peu instruit (35), Allectus, originaire, semble-t-
Pour en apprécier pleinement la portée, il faudrait pouvoir déterminer avec certi- il, de la région rhénane, lié peut-être aux milieux commerçants, aurait bénéficié d’une
tude le lieu et la date d’émission de ces monnaies. Le fait marquant est que les espèces éducation plus soignée (36). Mais, après son avènement, parvenu au pouvoir par l’as-
signées RSR sont d’une qualité exceptionnelle, tant par leur aspect extérieur, le soin sassinat de son prédécesseur, sa position d’épigone ne lui permettait plus guère de déve-
apporté à la gravure et à la frappe, que par leur valeur métallique intrinsèque. La série lopper ces thèmes porteurs d’un avenir radieux, et, confronté à la dure réalité d’une
comporte en effet de l’or, certes en faible quantité (25), mais surtout des deniers de bon invasion imminente, il préféra recentrer sa propagande sur un thème bien concret : la
argent, d’un aloi comparable à ceux du Haut-Empire (26), ainsi que des multiples de puissance de sa flotte de guerre (37).
bronze (27). Les légendes ADVENTVS et EXPECTATE VENI, qui figurent dans cette
série, de même que les allusions à la Victoire Germanique (28) inviteraient à les pla-
cer au début du règne, plus précisément au moment où Carausius revêtit son premier
consulat, soit dès son avènement, courant 286, soit au 1er janvier 287. C’était l’opi-
nion de Robert Carson, lequel estimait qu’elles avaient été émises à Boulogne, lieu pro-
bable de l’usurpation (29). Si cette localisation n’est plus acceptée, la datation propo-
sée a, quant à elle, recueilli certains suffrages (30). Hélène Huvelin, au contraire, date
ces frappes de 290 (31), lors des quinquennales du prince, suivant de peu la victoire
remportée sur Maximien Hercule en 289, et les attribue avec une quasi certitude à
Londres, siège, dès le Ier siècle, de l’administration financière de la Bretagne et rési-
dence présumée du rationalis (32).
Quoi qu’il en soit, il n’est pas sans intérêt de relever que les usagers de ce mon-
nayage aient pu, à leur niveau supérieur du moins, être sensibles aux références éru- p. 95, n. 24). J. CARCOPINO, op. cit., p. 215 avait relevé une citation de la IVe Églogue dans
dites qu’il véhicule (33). Guy de La Bédoyère offre à ce propos d’intéressantes remarques une inscription de Césarée de Maurétanie (AE, 1931, 39) émanant d’un tabularius du procurateur
T. Licinius Hierocles, gouverneur de la province de Césarienne en 227 (PIR2, L 202 ;
sur la diffusion de la connaissance de Virgile en Bretagne sous l’Empire (34). Si, comme
B. E. THOMASSON, Fasti Africani. Senatorische und ritterliche Amtsträger in den römischen
Provinzen Nordafrikas von Augustus bis Diokletian, Stockholm, 1996, p. 214-215 n° 35). Et
l’on ne manquera pas de rappeler les mots de Tétricus lors de sa reddition entre les mains
24. Pour d’autres références virgiliennes dans le monnayage de Carausius, P. J. CASEY, op. cit., d’Aurélien : Eripe me his, inuicte, malis (Énéide, VI, 365).
p. 58 ; G. de LA BÉDOYÈRE, op. cit., p. 82-83 ; A. R. BIRLEY, op. cit., p. 376-377. 35. On ne sait que peu de choses de ses origines. Pour Eutrope, Breu., IX, 13 il était uilissime natus ;
25. H. HUVELIN, « Monnayage d’or de Carausius », RN, 1985, p. 107-119 et pl. V. Victor, Caes., 39, 20, écrit que, né en Ménapie (la Flandre actuelle), il fut chargé (par Carin
26. H. HUVELIN, Monnayage de Carausius à la marque RSR, op. cit., p. 181 : sur 5 argentei ana- ou par Maximien) d’équiper et de commander une flotte quia gubernandi, quo officio ado-
lysés, 4 offrent entre 91,4 et 96,4 % d’argent, un 5e ne titrant que 77,1 %. lescentiam mercede exercuerat, gnarus habebatur. Le terme de gubernator, « pilote », désigne
27. Des trois multiples actuellement connus de Carausius, un seul porte explicitement la signa- habituellement le « capitaine » d’un navire marchand. Cf. J. ROUGÉ, Recherches sur l’orga-
ture RSR [fig. 2], mais il est évident qu’ils font tous partie de la même émission. nisation du commerce en Méditerranée sous l’Empire romain, Paris, 1966, p. 222-227.
28. R. A. G. CARSON, op. cit., p. 2 estime, sans doute à juste titre, que le titre de Germanicus M. REDDÉ, Mare nostrum. Les infrastructures, le dispositif et l’histoire de la marine militaire
Maximus fait référence aux succès remportés par Carausius avant (et peut-être après) son avè- sous l’Empire romain, Paris, 1986 (BEFAR 260), p. 439-440 doute que Carausius ait servi dans
nement sur les pirates francs et saxons. la marine de guerre.
29. R. A. G. CARSON, « The Mints and Coinage of Carausius and Allectus », Journal of the 36. Le passé d’Allectus est encore plus obscur que celui de Carausius et l’on en est réduit aux
British Archaeological Association, 22, 1959, p. 33-40, en part. p. 36 ; Bronze Medallions..., hypothèses. Son onomastique oriente vers la Rhénanie (X. LORIOT, op. cit., p. 161-162 :
op. cit., p. 3-4. A. R. BIRLEY, op. cit., p. 385). Les negotiatores de Trèves ou de Cologne étaient en relation
30. Notamment N. SHIEL, op. cit., p. 137-141 ; A. BURNETT et P. J. CASEY, « A Carausian Hoard étroite avec la Bretagne : M. HASSALL, « Britain and the Rhine Provinces : Epigraphic Evidence
from Croydon, Surrey, and a Note on Carausius’s Continental Possessions », BNJ, 54. 1984, for Roman Trade », dans J. DU PLAT TAYLOR et H. CLEERE (éd.), Roman Shipping and Trade :
p. 11. Britain and the Rhine Provinces, Londres, 1978 (Council of British Archaeology Research Reports,
31. H. HUVELIN, op. cit., p. 173-179. 24), p. 41-48 ; M. DONDIN-PAYRE et X. LORIOT, op. cit., p. 159-160). Le Pan. Lat., IV, 12.
32. R. HAENSCH, Capita provinciarum. Statthaltersitze und Provinzialverwaltung in der römischen 1 fait état de l’aide fournie à Carausius par les mercatores Gallicani.
Kaiserzeit, Mayence, 1997, p. 121, cf. p. 460 ; A. R. BIRLEY, op. cit., p. 299-301 ; M. DONDIN- 37. N. SHIEL, op. cit., p. 193-196. Sur le monnayage d’Allectus : A. BURNETT, « The Coinage
PAYRE et X. LORIOT, op. cit., p. 153-154. of Allectus : Chronology and Interpretation », BNJ, 54, 1984, p. 21-40. Sur les types de
33. N. SHIEL, op. cit., p. 162 : « It is most unusual that any formula should be so drastically abbre- navires représentés sur les revers monétaires des deux usurpateurs : C. H. V. SUTHERLAND,
viated for, unless it were very well known, its force would be lost. » De même P. J. CASEY, « An Unpublished Naval Type of Carausius », NC, 5e s., 17, 1937, p. 306-309 ; C. E. DOVE,
op. cit., p. 58 (cité par G. de LA BÉDOYÈRE, op. cit., p. 81). « The First British Navy », Antiquity, 45, 1971, p. 15-20 ; M. REDDÉ, op. cit., p. 440 ;
34. G. de LA BÉDOYÈRE, op. cit., p. 84-86. On notera en particulier deux exemples d’exercices P. J. CASEY, op. cit., p. 153-162. Étude de l’iconographie navale sur les quinaires d’Allectus
d’écriture sur des tablettes de Vindolanda (Tab. Vindol., ii, 118 et 453, cf. A. K. BOWMAN, au type de la galère : E. BESLY, « The Rogiet Hoard and the Coinage of Allectus », BNJ, 76,
Life and Letters on the Roman Frontier. Vindolanda and its People, Londres, 2003, p. 88 et 2006, p. 62-76.

—8— —9—
JOYAUX (François) — Trois essais monétaires des frères Barre avec caractères La demande de cet essai avait été présentée à Albert Barre par « Mr Flury-Hérard,
chinois (1866-1879)*. banquier du Ministère des Affaires Etrangères et Consul du Japon » (3). Paul Flury-
Hérard (1836-1913) s’était très tôt intéressé aux affaires d’Extrême-Orient, celles de
En décembre 2002, le Musée de la Poste a acquis dans la vente de la succession Chine d’abord, puis celles du Japon. C’est le consul général et chargé d’affaires de France
Henri Regnoul-Barre (1), des archives privées de Jacques-Jean Barre (dit Barre père, 1793- à Edo depuis 1863, Léon Roches (1809-1900), qui l’avait mis en rapport avec les
1855), de Désiré-Albert Barre (dit Albert Barre, 1818-1878), et de Jean-Auguste Barre Japonais. Sur recommandation de ce dernier, Edo le nomma consul général honoraire
(dit Auguste Barre, 1811-1896), tous trois graveurs généraux de la Monnaie et auteurs en France, au tout début de 1866 : c’est à cette époque même qu’il traita avec Barre
de très nombreuses monnaies, médailles et vignettes postales. Le père comme ses concernant les essais de monnaies japonaises. Flury-Hérard avait été chargé par le
deux fils travaillèrent à plusieurs projets de monnaies étrangères. À Albert Barre, gra- gouvernement japonais de « faire dresser les plans d’un atelier monétaire » devant être
veur général de 1855 à sa mort, en 1878, on doit, en 1866, deux intéressants projets construit à Edo et pour lequel le matériel serait fourni par l’industrie française. En l’at-
de monnaies pour le Japon et la Chine ; à son frère Auguste, on doit, en 1878-79, celui tente de cette construction, il serait proposé aux Japonais de faire fabriquer les pièces
de la sapèque française pour la Cochinchine. Toutes ces monnaies ont en commun de à la Monnaie de Paris (4).
comporter des caractères chinois gravés par les frères Barre. Les archives du Musée de La réalisation de ces essais de pièce japonaise s’effectua dans la plus grande hâte.
la Poste permettent d’en établir l’historique précis et de rectifier certaines erreurs de Flury-Hérard avait l’intention de les envoyer par un courrier du 18 janvier 1866. En consé-
classement les concernant. quence, Albert Barre, probablement consulté trop peu de temps auparavant, ne demanda
Nous étudierons donc successivement : au président de la Commission des monnaies et médailles le droit de frapper ces essais
I. Un essai de koban en argent pour le Japon (1866) que le 8 janvier et ils furent livrés dès le 17 du même mois. Compte tenu du court délai
II. Un essai de sapèque pour la Chine (1866) dont il avait disposé – aussi la participation d’Auguste Barre n’est-elle pas exclue – Barre
III. Un essai de sapèque française pour la Cochinchine (1878-79) n’avait pu que graver deux coins afin de fabriquer quelques « spécimens du mon-
nayage en virole » à soumettre au gouvernement japonais. Dans sa lettre du 17 jan-
I. Un essai de koban en argent pour le Japon (1866) vier accompagnant la livraison, Albert Barre exposait au consul divers détails techniques
À cette date, la Restauration Meiji (1868) n’avait pas encore eu lieu au Japon, mais concernant la fabrication et lui soumettait un devis de 3 000 francs pour la gravure
l’ouverture du pays était déjà entamée et dans de nombreux domaines, des conseillers de matrices et poinçons originaux, travail qui pourrait être exécuté dans un délai de
occidentaux œuvraient dans le pays pour le compte du gouvernement d’Edo. C’est dans quatre mois (5).
ce contexte qu’il fut fait appel à Albert Barre pour graver un projet de monnaie japo- Le courrier d’Albert Barre permet de préciser cette commande. Au président de
naise. la Commission des monnaies et médailles, il avait indiqué qu’il s’agissait de « 24 pièces
Henri Regnoul-Barre, dernier descendant de la famille Barre, décédé en 1991, d’essai d’une monnaie ovale en argent ». Dans son courrier à Flury-Hérard, il est
donne Auguste Barre (1811-1896), frère aîné d’Albert, comme auteur de cet essai (2). mentionné qu’il s’agit de pièces de 4 itchibus. Ces différents renseignements sont
Effectivement, Auguste Barre, sculpteur connu, mais également graveur, aida souvent confirmés dans l’état des « Monnaies étrangères frappées en France. 1833-1869 » inséré
son frère cadet dans ses travaux de gravure. On sait d’ailleurs qu’il succédera à Albert par Albert Barre dans son minutier, où l’on retrouve ces essais ainsi répertoriés :
lors de la disparition subite de ce dernier en 1878 et qu’il sera notamment chargé de « Monnaies du Japon. Argent 900/000 pièce ovale. Egalité de 4 itchibus. Essai gravé
la gravure des sapèques pour la Cochinchine (1878-1879) et autres pièces indochinoises. par Albert Barre » (6).
Il n’est donc pas impossible que Henri Regnoul-Barre ait disposé de renseignements
lui permettant d’affirmer qu’Auguste Barre participa à la gravure de cet essai japonais.
Cela lui arrivait fréquemment, en particulier dans les moments de presse, ce qui fut le
cas, on va le voir. Néanmoins, Albert Barre, dans sa correspondance avec le président 3. Le rôle du banquier Paul Flury-Hérard dans les affaires japonaises est exposé en détail in M.
de la Commission des monnaies et médailles, se présente bien comme seul graveur de MEDZINI, French Policy in Japan during the Closing Years of the Tokugawa Regime, Cambridge
cet essai. De plus l’article dans lequel Henri Regnoul-Barre publia cet essai n’est pas (Mass.), 1971. Peu de temps après ce projet de pièces japonaises, Flury-Hérard sera chargé
très sûr puisqu’il le considère comme une « monnaie cochinchinoise ». de constituer, avec la Société Générale (fondée en 1865), une société commerciale franco-
japonaise. Voir également LI Jin-mieung, Les relations économiques et financières entre la France
et le Japon de 1859 à 1914, thèse (sous la direction de F. Crouzet), Paris, mai 1977 ; et C.
HAMON, Shibusawa Eiichi (1840-1931), bâtisseur du capitalisme japonais, Paris, Maisonneuve
* Nous remercions bien vivement François Thierry, conservateur en chef à la BnF, pour l’aide et Larose, 2007, auquel nous empruntons quelques-uns des renseignements qui suivent. La
précieuse qu’il nous apporte dans nos recherches de numismatique extrême-orientale. Banque Flury-Hérard a existé jusqu’aux années 1950, date à laquelle elle fut rachetée par la
1. Histoire postale et numismatique. Succession Henri Regnoul-Barre, vente du 12 décembre Banque transatlantique (Renseignement dû à M. Bernard Flury-Hérard, arrière-petit-fils de Paul
2002, Hôtel des ventes de Neuilly, Etude de Me Claude Aguttes, Mario Mordente expert, lot Flury-Hérard).
n° 2, p. 3. 4. Archives du Musée de la Poste (A.M.P.), Minutier Barre, 2002.163.10, 8 janvier 1866. Nous
2. H. REGNOUL-BARRE, « Jean Auguste Barre », Le Club français de la médaille, bull. n° 59- remercions particulièrement Mme Raynaud, archiviste du musée, qui a mis à notre disposi-
60, 2e trim. 1978, p. 76-77. De façon plus générale, sur les Barre, voir, du même auteur, « Les tion le fonds Barre.
Barre, graveurs généraux des Monnaies, créateurs des premiers timbres-poste français et 5. Ibid., 17 janvier 1866
grecs », Le Club français de la médaille, n° 61, 2ème trimestre 1978. 6. Ibid., sans date, à la suite d’un document du 7 octobre 1869.

— 10 — — 11 —
Malheureusement, on ne possède que la reproduction photographique de cet essai, revers de cette pièce (13). Le projet 1 ne comporte que le droit ainsi que les modèles
publiée en 1978 par Henri Regnoul-Barre (7). Cet essai se trouvait peut-être dans sa de caractères pour le revers. Il précise, en chinois, que les deux faces devaient être iden-
collection, mais il ne figurait pas parmi ceux qui ont été dispersés aux enchères de 2002 tiques et que la tranche devait être striée. Les mentions manuscrites en caractères chi-
(8) ou séparément (9). Par ailleurs, ni la Monnaie de Paris, ni le Cabinet des monnaies nois prouvent que ce projet a été dessiné et calligraphié par un Asiatique. Le projet 2
et médailles de la Bibliothèque nationale de France ne conservent cet essai. Enfin, la comporte droit et revers : les caractères en ont très probablement été calligraphiés, eux
famille Flury-Hérard n’en possède aucun spécimen (10), pas plus que la Banque trans- aussi, par un Asiatique. Malheureusement, les archives n’indiquent aucun nom.
atlantique qui racheta la Banque Flury-Hérard dans les années 1950 (11). C’est tout-
à-fait surprenant puisque Albert Barre écrivait avoir frappé « 24 pièces d’essai ». Ont-
elles été envoyées au Japon en totalité (12) ?

Projet 2 (Fonds Barre, série S 6, carton 9, CAEF)


Droit à gauche, revers à droite

Projet 1 (Fonds Barre, série S 6, carton 9, CAEF), droit

En revanche, la Monnaie de Paris a conservé deux projets dessinés du droit et du

Coin du droit Coin du revers


7. Art. cité, Le Club français de la médaille, bull. n° 59-60, 2e trim. 1978, p. 77. (itchi ryo gin, 1 ryo d’argent) (Ginza Jyoze, Fonderie d’argent. Jyoze)
8. Lots n° 25 à 35.
9. Entretien avec M. Alain Weill, expert, qui dispersa ces derniers. 22 sept. 2008. Coins et virole conservés à l’Hôtel des Monnaies
10. Entretien avec M. Bernard Flury-Hérard. 15 sept. 2008.
11. Entretien avec Mme B. Nachbauer, collaboratrice du président directeur général de la Banque 13. Fonds Barre, Série S 6, carton 9, « Commandes pour (…) le Japon (…) », Ministère de
transatlantique, qui nous a confirmé que les archives de la banque Flury-Hérard n’avaient pas l’Economie, des Finances et de l’Industrie, Centre des archives économiques et financières
été conservées. 24 sept. 2008. (Savigny-le-Temple). A noter que ces projets sont classés parmi les « Papiers Jean-Auguste Barre »,
12. Des recherches effectuées au Japon n’ont donné aucun résultat. mais ce classement, probablement dû à Henri Regnoul-Barre, ne nous paraît pas fondé.

— 12 — — 13 —
de responsable de la fonderie d’argent sous les Tokugawa (1603-1877) (15). Au total,
la nouvelle pièce aurait donc signifié tout à la fois une simplification du système moné-
taire, une modernisation du procédé de fabrication, mais aussi un affaiblissement
monétaire puisqu’on passait, pour une même valeur de 1 ryo, d’une monnaie d’or (16)
à une monnaie d’argent.
La gravure des caractères chinois par Albert Barre présente quelques maladresses
dues à sa méconnaissance, bien compréhensible, des règles de base de la calligraphie
chinoise : plusieurs traits commencent ou se terminent par des crochets qui n’ont pas
lieu d’être, par exemple, au droit, au dernier trait de la clé du caractère gin, ou au revers,
au dernier trait du caractère ze. Toutefois, ce qui intéressait surtout les Japonais, c’était
non pas tellement la graphie des caractères, de toute façon provisoire, mais bien le pro-
cédé de frappe de la pièce. Sur les deux faces, l’entourage était composé d’un rebord
doublé d’un grènetis et de fleurs (qui ne sont ni les traditionnels chrysanthèmes, sym-
(fig. 4) Essai du koban d’Albert Barre, publié par Henri Regnoul-Barre (1978) bole du pays, ni les paulownias, Paulownia imperialis, symbole de l’empereur). La
tranche, on l’a noté, devait être striée.
D’autre part, la Monnaie de Paris a également conservé l’outillage qui a servi à frap- Cet essai demeurera finalement sans suite. En effet, la France, et avec elle le consul
per ces essais. Il se compose d’un coin de droit et d’un coin de revers, ainsi que d’une général Léon Roches, avaient pris parti depuis des années pour le shogun contre les
virole. À la suite de Regnoul-Barre qui, à tort, avait considéré cet essai comme une « mon- clans réformateurs de l’Ouest soutenus par les Anglais. Or le coup d’État du 3 janvier
naie cochinchinoise », cet outillage a été classé par erreur comme étant un mon- 1868 contraindra le shogun à remettre ses pouvoirs à l’empereur : ce sera le triomphe
nayage d’Indochine. On le retrouve en effet au Catalogue des fonds d’archives de la du parti pro-anglais et Léon Roches sera rappelé à Paris. Dès l’année suivante, en
Monnaie de Paris, établi par Jean-Marie Darnis, ainsi décrit : « Coins et virole du mon- 1869, le nouveau gouvernement japonais prendra la décision de confier la construc-
nayage oblong de l’Indochine » (14). Les essais résultant de cet outillage mesuraient tion du premier atelier monétaire, non à la France, mais à un ingénieur et architecte
52,5 x 36,5 mm. anglais, Thomas James Walters. Il sera implanté à Kawasaki, Osaka, et non à Edo
Le Japon était alors dans une période de transition quant à la réforme monétaire à (devenu Tokyo) et équipé de matériel anglais. Sa construction sera achevée dès novembre
opérer pour simplifier et moderniser le système en vigueur. L’émission des shin kanei 1870 et il sera inauguré en février 1871. Entre temps, le yen aura effectivement rem-
sen, régulièrement fondus depuis le XVIIe siècle, devait précisément s’arrêter en 1866. placé le ryo (novembre 1870) et en 1871, la loi sur la nouvelle monnaie officialisera
Les équivalences entre monnaies intérieures étaient devenues d’une complexité extrême. un système monétaire décimal fondé sur le yen et autorisera la fabrication de pièces
Et le commerce avec l’étranger appelait également une réforme profonde. rondes sur le modèle européen, comme le souhaitait le parti moderniste. Le projet de
Parmi les monnaies alors en circulation, on trouvait notamment des koban, mot à Flury-Hérard avait définitivement échoué et jamais la Monnaie de Paris n’eut à fabri-
mot, des « petites plaques », de forme ovale, valant 1 ryo, très prestigieux car émis en quer les pièces japonaises de « 4 itchibus » gravées par Albert Barre.
or : les plus récents dataient de 1860. On trouvait également de petits lingots d’argent, (à suivre)
plats et rectangulaires, de différentes valeurs, par exemple les lingots de 1 bu de l’ère
Ansei, émis en 1859 et toujours en circulation au moment de l’essai d’Albert Barre. Cet
essai, en quelque sorte, procédait de ces deux types de monnaies.
En effet, une des idées en cours chez les partisans du shogun, était d’ériger en
monnaie de base le ryo, valant 4 bu. D’où cet essai, écrivait Albert Barre, de « Egalité
de 4 itchibus », soit 4 fois 1 bu (itchibu), donc 1 ryo. La légende de la pièce se lit effec-
tivement, au droit, itchi ryo gin, c’est-à-dire « 1 ryo d’argent ». Par sa valeur de 1 ryo
et sa forme, cet essai se présentait comme le successeur moderne des koban d’or. En
revanche, par sa composition métallique, il était le successeur des lingots d’argent.
D’ailleurs, au revers, on pouvait lire la légende Ginza Jyoze, formule qui était celle des
lingots d’argent mentionnés ci-dessus. Le mot Ginza signifie « Fonderie d’argent » ; quant
au patronyme Jyoze, c’est celui de la famille qui détenait de façon héréditaire la charge

15. N.G. MUNRO, Coins of Japan, Yokohama, 1904, p. 196. Nous remercions R. Vendeuvre (qui
14. Tome II, Paris, 1999, n° 225 H, p. 540. Nous remercions tout particulièrement M. Jean-Luc prépare un doctorat sur le système monétaire des Tokugawa à l’Université d’Orléans) qui a
Desnier, conservateur du médailler de l’Hôtel des Monnaies, qui a recherché pour nous cet attiré notre attention sur ce dernier point.
outillage. 16. En fait, un alliage dans lequel la part d’argent était parfois très importante, voire majoritaire.

— 14 — — 15 —
CORRESPONDANCES

PELLÉ (Richard) — Monnaies inédites ou rarissimes de la fouille du parking des


allées Jean-Jaurès à Nîmes (octobre 2006-juillet 2007).

Lors de la fouille du parking des allées Jean-Jaurès à Nîmes, 252 monnaies ont été
trouvées, incluant un « trésor » de petits bronzes marseillais « au taureau passant ». En
faisant abstraction de cet ensemble retrouvé dans une fosse, les 210 monnaies restantes
étaient réparties, isolées ou parfois groupées, dans les différentes couches ou structures
archéologiques (comme les puits, des bassins ou un laraire). Ces monnaies couvrent
un horizon chronologique très vaste puisque les plus anciennes sont du IIIe-IIe avant Fig. 2 : dessin du droit et du revers de la drachme. (échelle x 2)
notre ère avec des moyens bronzes massaliètes et les plus récentes, des doubles-tour-
nois, sont datables au début du XVIIe siècle ap. J.-C. Néanmoins, la très grande majo-
rité des monnaies découvertes est constituée de numéraire du haut-empire romain, prin- Cet exemplaire présente quelques particularités d’une part dans l’iconographie,
cipalement des as, comprenant une très belle part d’as de Nîmes ou de divisions (51 d’autre part dans la légende par rapport aux nombreux représentants identifiés de
exemplaires) bien connus et sans particularités. drachmes massaliètes.
La quasi-totalité de ces pièces de monnaies sont très communes. Cependant, Nos recherches ont montré que cette monnaie n’est répertoriée par aucun des
quelques exemplaires émergent du lot et présentent des caractéristiques atypiques ou auteurs qui ont travaillé sur la numismatique marseillaise ou de type massaliète (cf. biblio-
insolites. Il s’agit de 7 monnaies qui sont traitées en commençant par la plus ancienne. graphie) bien que certains spécimens s’en rapprochent.
Un seul type de drachme massaliète offre un buste à gauche, le n° 43 (Depeyrot
1. Drachme (ou tétrobole) épigraphe à légende Μ Α Σ Σ Α Λ Ι Η Τ Ω Ν (fig. n° 1) 1999 et Py 2006), mais le revers du modèle, un lion bondissant à gauche, ne corres-
pond pas à cet exemplaire. Le revers le plus proche et même vraiment semblable au
niveau du style est celui des monnaies du type n° 41 (Depeyrot 1999 et Py 2006) qui
possèdent aussi une lettre sous le ventre et une entre les pattes postérieures. Dans ce
cas néanmoins, le buste au droit, fondamentalement similaire dans le style, est inversé
par rapport à notre exemplaire.
Ces séries de monnaies au lion bondissant sont datées selon les auteurs à partir des
années 130 et jusque dans les années 90/80.
On note deux spécificités dans la légende qui ne se rencontrent dans aucun exem-
plaire de tétrobole massaliète publié à ce jour. Les deux premières lettres de ΜΑΣΣΑ
ΛΙΗΤΩΝ forment un monogramme et l’association ΠΣ sous le lion n’a jamais été
reconnue.
Fig. 1 : droit et revers de la drachme. (échelle x 2) Une interrogation se pose : s’agit-il d’une imitation, d’une émission officielle mas-
saliote ou d’un faux (monnaies susceptibles de tromper leurs propriétaires quant à leurs
origines) ? L’apparence de la monnaie est particulièrement soignée stylistiquement ce
Droit : Buste d’Artémis à gauche dans un cercle de grenetis, diadémé. Les cheveux qui exclut une imitation celtique. Il est possible qu’il s’agisse d’une imitation régio-
sont divisés en 3 tresses épaisses et elle porte un collier autour du cou. Un arc et car- nale, située dans la sphère d’influence de la cité phocéenne et émise par une agglomération
quois partiellement caché par le buste se trouve derrière la nuque. empreinte de culture hellénistique, ce qui pourrait expliquer ces différences avec le mon-
Revers : Lion bondissant à droite, queue relevée, patte avant gauche levée. Un Σ nayage régulièrement rencontré, tout en conservant un style bien massaliète.
se place sous le ventre, et un P entre les deux pattes arrières. Au dessus du lion, Quelques rares exemples de monnaies (environ 14 types) sont connues exposant
ΜΑΣΣΑ (M et A en monogramme) et en exergue [Λ]ΙΗΤΩΝ (lambda très peu visible). une iconographie semblable aux exemplaires massaliètes. Toutefois, elles possèdent
Le tout dans un cercle continu. toutes une légende corrompue.
Argent fourré, Ø environ 15,5, poids 1,94 g, axe du coin 9h Une drachme de ces séries dont la provenance est inconnue mérite un peu d’at-
Inv. : DRM n° 47 tention. Cette monnaie, elle aussi fourrée, a été traitée par C. Brenot et A. Sias (Brenot-
L’état de conservation de cette monnaie est assez médiocre. La pellicule d’argent Sias 1981, série 8 n° 63/5) et par G. Depeyrot (Depeyrot 1999, n° 41-31), cependant
s’est en grande partie détachée de l’âme en alliage cuivreux qui s’est fortement cor- non reconnue par lui comme étant différente des autres. Elle possède toutes les carac-
rodée, affaiblissant la lecture des deux faces. Il est toutefois possible de bien restituer téristiques rencontrées dans notre exemplaire, tête à gauche identique, lion bondissant
l’aspect initial de la monnaie par une observation attentive du relief (fig. n° 2) qui ne à droite analogue, mais la légende se compose de ΜΑΣΣΑ ΛΙΛΙΗΤΩ et de ΠΚ sous
présente pas d’usure liée à une circulation monétaire très prolongée. le lion. Son poids est sensiblement très proche (2,17 g), nettement inférieur à la
moyenne des pièces émises qui oscille entre 2,65 et 2,70 g (Depeyrot 1999). Si

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ΛΙΛΙΗΤΩ n’est visiblement pas massaliète, les différents ΠΚ sont bien représentés naie, comporte une caractéristique bien typique des as de Nîmes (dénomination géné-
dans la numismatique marseillaise. rale que nous conserverons pour identifier un groupe de monnaie qui sont plutôt des
Sur la base de ces similitudes, notre exemplaire, malgré la légende en exergue et dupondii du fait de leur alliage et de leur poids). La tranche est limée en biseau en par-
la tendance actuelle qui est d’estimer que les monnaies présentant ΜΑΣΣΑ ΛΙΗΤΩΝ tant de chacun des flans comme sur tous les exemplaires des quatre classes d’as nîmois
soient exclusivement marseillaises (Py 2006), pourrait être néanmoins rangé parmi les (fig. n° 4). Le module, nettement inférieur à celui de la première classe qui évolue à par-
imitations péri-massaliotes, ce qui peut aussi inclure les «vraies/fausses» monnaies. En tir de 29 mm, est à rapprocher de ceux des IIe, IIIe et IVe classes (fig. n° 5). Le poids actuel
effet, avec un buste inversé qui pourrait être obtenu par un effet miroir dans un mou- rentre dans la fourchette des productions nîmoises précédentes. Son épaisseur est irré-
lage d’une drachme n° 41 et un revers avec une légende ΛΙΗΤΩΝ correctement ins- gulière ; de moins de 3 mm sur un bord à 4 mm bien compté à l’opposé.
crite bien que légèrement rognée (pour le L et le I), la création atypique du monogramme
ΜΑ, une « interprétation » au niveau du différent qui correspond peut-être à l’inter-
version des lettres du différent ΣΠ des tétroboles de type 41 (Depeyrot 1999, n° 41-
33) et le fait qu’elle soit fourrée, tout indique la malfaçon.
Le contexte archéologique de la trouvaille de cette monnaie permet d’avancer une
datation. Elle est associée à un quinaire d’Octave Auguste en très bon état frappé dans
les années 29-27 avant J.-C. dans un remblai daté entre 25 avant J.-C. et 25 de notre
ère; l’association des deux monnaies et l’absence de monnaie du type as de Nîmes (qui Fig. 4 : comparaison entre la tranche d’un as nîmois du type IV (en haut)
se retrouvent systématiquement dans tous les niveaux stratigraphiques augustéens et et la tranche du poids (en bas). (échelle x 1)
tibériens des fouilles de Jean-Jaurés, particulièrement ceux des types III et IV) rappro-
cherait plutôt la datation de la constitution de ce remblai vers le début de cette période.
Il semble probable, vu le faible degré d’usure, le contexte archéologique et l’absence
d’intérêt de thésaurisation pour une monnaie fourrée, qu’elle soit contemporaine des
dernières émissions de tétroboles frappées dans la Provincia ou postérieure dans le cas
d’une imitation. On peut probablement avancer la création de cette monnaie au tour-
nant des années 80-50 avant notre ère.
À cause de la légende ΜΑΣΣΑ ΛΙΗΤΩΝ qui est le trait distinctif des monnaies
marseillaises par rapport aux monnaies réellement données comme péri-massaliotes,
nous proposons de classer cette drachme après la grande série des revers « au lion bon-
dissant » qui correspond aux types 41 à 46 de G. Depeyrot (Depeyrot 1999) repris par Fig. 5 : comparaison entre le module d’un as nîmois de type IV (à droite)
M. Py en DRM 41-46. Pour éviter toute confusion avec le petit bronze de G. Depeyrot et celui du poids (à gauche). (échelle x 1)
qui porte le numéro 47, le même chiffre précédé de DRM est attribué à cette monnaie
(Drachme Marseillaise 47). Elle a visiblement été limée sur les deux flans, selon une orientation à 90°. Les rayures
laissées par la lime sont bien marquées ; la rondelle ne porte pas de traces d’usures,
2. Étalon pondéral issu d’un as de Nîmes (fig. n° 3) conséquence d’une utilisation prolongée.
Il semble que ce limage soit intervenu après le biseautage double des tranches. En
effet, sur à peu près la moitié du périmètre de la pièce mais bien observable sur envi-
ron un quart dans la partie la plus épaisse de la tranche et seulement à partir d’un des
flans, le biseau est quasiment inexistant, lui aussi effacé par le travail de limage. Plus
de matière a été enlevée à cette surface, faisant apparaître le défaut d’une micro bulle
engendrée lors de la fonte (petit trou central observable sur le « droit » de la photo qui
s’est rapidement corrodé).
Tous les auteurs s’accordent à dire que les flans sont coulés unitairement dans des
moules bivalves. La fonte laisse parfois des défauts tels que des ébarbures sur la tranche
ou des irrégularités sur la surface de la monnaie. C’est seulement après la frappe que
Fig. 3 : « droit et revers » du poids étalonnaire. (échelle x 1)
les tranches des flancs sont limées une à une en double biseaux, ce qui permet d’en-
lever les déformations et les traces de coulure de métal dues au moulage du flan, régu-
Droit : champ illisible, surface striée larisant l’aspect de la monnaie. Cela explique aussi pourquoi le relief comporte aussi
Revers : champ illisible, surface striée ponctuellement quelques traces de lime ; les traces très rarement visibles sur le fond
Alliage cuivreux, Ø environ 26,5, poids 13,67 g. du champ de la monnaie ne proviennent par contre que du recyclage du coin qui a
Cette rondelle en alliage cuivreux, puisqu’il est difficile dans ce cas de parler de mon- été gravé de nouveau en laissant subsister en fond ces quelques stries caractéristiques.

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Le fait que le limage soit intervenu après le double biseautage laisse supposer qu’il centièmes de grammes près le poids actuel de la rondelle qui comporte encore quelques
s’agit initialement d’un as de Nîmes, dont la lecture a été rendue impossible en gom- traces très légères de corrosion.
mant entièrement tout le relief préexistant. Que pouvons-nous en déduire ?
La question que nous pouvons nous poser est : quel a été le but recherché dans ce Cette pièce de métal issue d’une monnaie a été façonnée à la lime pour obtenir une
limage affligé à une monnaie finie, en lui faisant perdre sa plus value et en lui ôtant unité de poids très précise, la semuncia, mais dont l’usage reste inconnu. Cette ron-
toute fonction monétaire ? delle ne porte aucun signe distinctif indiquant son utilisateur ou sa valeur pondérale.
Le poids de cette rondelle en alliage cuivreux répond à cette question. Elle ne présente pas non plus la régularité de façonnage qui peut généralement s’ob-
Dans le tableau suivant (fig. n° 6), un poids moyen est présenté pour chacun des server sur des poids contrôlés par une institution officielle. S’agit-il d’un poids fabri-
types établi à partir des relevés de M. Grant (Grant 1953), J.-B. Giard (Giard 1971) et qué avec beaucoup de précision à l’initiative d’un particulier, commerçant ou chan-
H. Zehnacker (Zehnacker 1984) sur de nombreux exemplaires ainsi qu’à partir du lot geur, obtenu avec opportunisme à partir d’un support relativement adapté ? Ou s’agit-il
d’as retrouvés entiers dans les fouilles de Jean-Jaurès (22 exemplaires dont sont absentes d’un poids monétaire, un dénéral, utilisé par un atelier monétaire et élaboré avec le
les deux premières classes découvertes seulement sous forme de divisions). On note matériel le plus disponible et qui s’accommode le mieux, l’as de Nîmes ? Ce poids peut-
que le poids moyen de ces derniers est sensiblement égal à celui enregistré par les trois il avoir servi à l’étalonnage de ces mêmes monnaies nîmoises, en particulier du type
auteurs. III qui s’en rapproche le plus, notamment en prenant en compte le rognage effectué
sur la tranche et en rajoutant aux poids moyens considérés dans le tableau 6 quelques
Poids moyen en grammes dixièmes de grammes de métal limé ?
G. G. et Z Jean-Jaurès Dans l’état actuel des découvertes, il est toutefois impossible de confirmer l’une ou
Type 1 16,85 g l’autre hypothèse, l’usage de la lime qui se rencontre habituellement dans la finition
des as n’étant pas un critère suffisant pour justifier que ce poids a été façonné dans un
Type 2 12.20 g atelier monétaire avec le même outil que pour la finition des as. On note cependant
Type 3 13,27 g 13,31 (7 ex.) que l’utilisation de ce poids a été de courte durée. Il a été retrouvé dans une couche
Type 4 12,90 g 12,93 (15 ex) de remblais datée entre 15 avant J.-C. et 15 de notre ère, qui correspond à la fin de la
production des as de Nîmes de la IIe classe dont pourrait être issu le poids et à la pleine
Fig. 6 période de production des IIIe et IVe classes, plus normalisées que les précédentes. Est-
ce une coïncidence que ce poids a été fabriqué et utilisé pendant la même période très
restreinte d’émission des as de Nîmes alors que ceux-ci ont continué à circuler durant
Pour les deux premières classes, de très fortes variations de poids ont pu être plusieurs décennies après l’arrêt de leur frappe ?
constatées allant du simple au double entre deux exemplaires (de 11 à 25 g pour le
type I et de 8 à 17 g pour le type II), alors que pour les deux dernières, l’écart ne varie 3. Sesterce de Trajan (fig. n° 7)
guère que de l’ordre du gramme.
Ces poids moyens ne correspondent pas aux poids observés pour les as en cuivre
frappés dès le début de l’empire, mais, en ce qui concerne les trois dernières classes,
au poids moyen des dupondii en orichalque ou bronze, alliage de cuivre, d’étain, de
zinc et dans le cas des as de Nîmes de plomb en plus ou moins grande quantité (RIC
I, p. 2-4, 26-27).
Vu le poids actuel et l’apparence de la rondelle, on peut supposer qu’il s’agit d’un
as de type II voire éventuellement III, dont le poids initial devait se situer dans une tranche
haute, soit entre 14,5 et 15,5 g avant d’être limé. De un à un gramme et demi de
métal ont pu disparaître suite au limage.
Toutefois, le poids de la rondelle qui ne correspond pas aux valeurs moyennes
présentées sur la figure 6, se rapproche indéniablement du système théorique de poids Fig. 7 : droit et revers du sesterce de Trajan. (échelle x 1)
basé sur une livre (libra) de bronze (donnée selon les auteurs entre 324 et 327,5 g).
L’once (uncia) qui est le douzième de la livre et qui sert de référence à l’unité Droit : IMP NERVA CAES TRAIAN AUG GERM PM
monétaire qu’est le sesterce donne un poids théorique à cette frappe de 27 à 27,29 g Tête laurée à droite
de bronze (à la fin de la République). L’as qui est fabriqué en cuivre pur et possède donc Revers : TR POT COS II
une moindre valeur pése un poids théorique de 11,25 à 11,37 g (rapport entre cuivre À l’exergue, SC
et bronze de 3 à 5). La Concorde assise à gauche, tenant une patère et une double corne d’abondance,
C’est la demi-once (semuncia) équivalente au poids théorique d’un dupondius qui devant elle, un autel.
apporte le plus d’intérêt. Ce dernier vaut de 13,5 à 13,65 g d’orichalque, soit à quelques Bronze, Ø environ 34 mm, poids 25,54 g, axe du coin 6h

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Cette monnaie est dans un bon état de conservation. Une usure assez prononcée Salus assise à gauche, nourrissant un serpent enroulé autour d’un autel et appuyant
se détache sur la partie la plus saillante du droit qu’est le portrait et sur le périmètre son bras gauche sur un gouvernail.
du revers légèrement concave. La légende et l’iconographie sont toutefois bien lisibles, Bronze, Ø environ 30 mm, poids 22,04 g, axe du coin 12h
malgré l’effacement des lettres SC à l’exergue. Le flan est régulier dans son épaisseur, Cette monnaie est dans un assez bon état de conservation. Une usure légère se
large et arrondi. remarque sur le portrait. Elle est nettement plus prononcée sur le périmètre du revers
La légende du revers donne une indication sur la date de frappe de cette monnaie. qui est faiblement concave. Le haut des lettres a disparu ainsi que le chiffre IIII indi-
La titulature de l’empereur indique sa deuxième année de consulat. Elle a été frappée quant l’année du consulat, seule légende possible d’après la disposition des lettres de
entre 98-99, probablement à Rome comme certainement tout le monnayage à de rares COS bien espacées et en adéquation avec la légende du droit. Les lettres SC placée en
exceptions près. Elle fait partie des premières séries émises lors de l’accession au pou- exergue du revers sont partiellement gommées. L’iconographie est bien préservée. Le
voir de Trajan. flan est irrégulier dans son épaisseur, un peu plus épais à la base du portrait. Il est arrondi
Le revers de cette monnaie est identique au n° 388 du RIC (RIC II, p. 272). Cependant, et présente une belle patine verte. La frappe est bien centrée.
bien que le portrait soit similaire, la légende inventoriée dans le RIC est IMP CAES NERVA Cet exemplaire est très proche de celui présenté dans le RIC (RIC III, p. 124, n° 763),
TRAIAN AUG GERM PM, qui ne correspond pas à la légende du droit de ce sesterce sesterce très courant. Cependant, une légère différence l’en éloigne. Le gouvernail est
où une inversion existe entre CAES et NERVA. A. Banti (Banti 1983) et H. Mattingly placé verticalement sur sa pointe à même le sol au lieu d’être posé sur un globe. Cette
(Mattingly 2005, tome 3, p. 148) répertorie aussi le précédent exemplaire, sesterce assez variante est présentée seulement par Al. Banti (Banti 1984, p. 86 n° 108), répertoriée
communément répandu, et ne montrent pas ce modèle que nous présentons. par lui comme unique. Elle appartenait à la Collection Vierordt, mise en vente par A.
Une autre monnaie frappée la même année exhibe un droit similaire pour la même Schulman en 1923.
représentation figurée. Toutefois la légende du revers est différente. La titulature Pater Cette monnaie ne comportant pas le nombre de la puissance tribunitienne est
Patriae se rajoute dans cet exemplaire après le consulat (RIC II, p. 273, n° 400). H. datable entre les années 145 et 161. Par sa qualité et son aspect, tout porte à croire qu’elle
Mattingly note pour ce type que la Concorde tient une corne d’abondance simple. a été frappée dans un atelier romain.
Une variante très proche comportant le même droit et la figure de la Concorde tenant Le contexte archéologique de la trouvaille est mal daté par le mobilier céramique.
une double corne d’abondance est consignée par H. Mattingly, mais la légende du revers Le niveau qui est un remblai, est constitué entre 145 et 300 de notre ère, la datation
s’écrit TR P au lieu de TR POT. inférieure étant apportée par la monnaie.
Cette monnaie a été retrouvé dans un dépotoir daté par le mobilier céramique aux Le détail qui s’observe sur cet exemplaire est somme toute assez insignifiant mais
années 125-150 de notre ère. L’usure constatée sur les surfaces qui demeure bien cer- cela permet de constater que les variantes sur un type spécifique sont nombreuses et
née sur les parties les plus en relief indique une période assez étendue de circulation souvent malconnues.
sans être néanmoins trop longue. On peut préférer la datation basse donnée pour le
dépotoir comme date pour son enfouissement. 5. Sesterce de Tite Antonin (fig. n° 9)
Cet exemplaire absent des principaux ouvrages de références et des collections
comme celle de la Bibliothèque nationale de France (BNF) ou du British Museum
vient compléter la faible série des sesterces produits au début du règne avec la légende
intervertie.

4. Sesterce de Tite Antonin (fig. n° 8)

Fig. 9 : droit et revers du sesterce de Tite Antonin. (échelle x 1)

Droit : [ANT]ONINUS AUG PIUS PP TR P XV ; tête laurée à droite, draperie sur


le col et sur l’épaule gauche.
Revers : SALUS AUG COS IIII ; SC dans le champ
Salus debout à gauche, nourrissant un serpent qui sort d’un autel rond et tenant un
Fig. 8 : droit et revers du sesterce de Tite Antonin. (échelle x 1) sceptre.
Bronze, Ø environ 31,5 mm, poids 27,50 g, axe du coin 6h
Droit : ANTONINUS AUG PIUS PP TRP ; tête laurée à droite Comme pour l’exemplaire précédent, cette monnaie est dans un assez bon état de
Revers : COS [IIII] ; à l’exergue SC conservation. Une usure légère se remarque sur le portrait avec toutefois une corrosion

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assez importante sur le cou et la base de la tête, éclipsant aussi la lecture des trois pre- La légende bien qu’embryonnaire présente toutefois une particularité dans le
mières lettres du nom. L’usure est aussi visible sur le périmètre du revers et le relief ico- nombre du Consulat. En effet, sur la nomenclature du RIC ou du BMC/RE, l’empereur
nographique. Toute la légende se lit, bien que la fin du mot SALUS soit partiellement est consul pour la quatrième fois. Sur l’exemplaire de la BNF (Cohen 1880, n° 1001)
effacé. L’iconographie est bien sauvegardée. Le flan est régulier, épais et arrondi. La frappe qui est identique dans la représentation et disposition des lettres, le consulat est bien
est bien centrée. le quatrième, mais on observe que le premier I est mal frappé, incomplet dans sa lon-
Cet exemplaire ressemble à s’y méprendre à la monnaie décrite dans le RIC (RIC gueur, phénomène provoqué suite au bouchage du coin par un reliquat de métal dans
III, p. 137, n° 886) ainsi que dans les ouvrages du Cohen et du BMC/RE. Cependant, la gravure.
un détail vestimentaire se remarque sur l’épaule gauche qui n’a pas été observé par les Pour l’exemplaire présenté, nous devons probablement nous trouver devant le
auteurs précédents sur les exemplaires mis à leur disposition. Un pan de draperie est même incident. Un des I, le quatrième d’après la disposition de la légende, s’est
visible malgré la corrosion importante. retrouvé entièrement bouché lors de la frappe. Il peut aussi s’agir d’une erreur de gra-
Quelques rares monnaies, le plus souvent des sesterces, mais on note aussi quelques vure du coin qui n’est actuellement pas répertoriée, mais cela est assez peu vraisem-
divisions, sont citées dans le RIC ou le BMC/RE avec la même caractéristique et cou- blable pour le monnayage de Tite Antonin.
vrant tout le règne de Tite Antonin. Cette monnaie comme celle de la BNF montrent que la production certainement
La variante du modèle 886 n’a été reconnue que par Al. Banti (Banti 1984, p. 213, abondante de ce type de monnayage modeste n’était pas suivie d’un contrôle strict qui
n° 355). Il mentionne cette monnaie qui provient de la vente A. Schulman (254) effec- permettait d’éliminer ainsi les ratés de frappe.
tué en 1971, en apportant une information supplémentaire. Ses recherches n’ont révélé Le mobilier céramique n’est pas datant pour le contexte archéologique de la trou-
que ce seul exemplaire publié. vaille. Il est constitué entre 156 et 300 de notre ère, la datation inférieure étant appor-
Cette monnaie frappée à Rome entre 151 et 152, a été trouvée dans un remblai consti- tée par la monnaie (frappé à Rome entre 156-157).
tué entre les années 225-300 (le mobilier céramique associé apportant cette datation
nettement postérieure à la frappe de la monnaie). 7. Dupondius de Marc Aurèle (fig. n° 11)

6. As de Tite Antonin (fig. n° 10)

Fig. 11 : droit et revers du dupondius de Marc Aurèle. (échelle x 1)

Droit : [M] ANTONINUS [AUG TRP XXIIII] ; buste radié et drapé à droite
Fig. 10 : droit et revers de l’as de Tite Antonin. (échelle x 1)
Revers : [FOR]T [R]ED COS III ; SC dans le champ
Fortune assise à gauche tenant un gouvernail et une corne d’abondance.
Bronze, Ø environ 23,5 mm, poids 11,76 g, axe du coin 12h
Droit : ANTONINUS AUG PIUS [PP IMP II] ; tête laurée à droite La monnaie est dans un état de conservation très moyen. Le flan est régulier, épais
Revers : [TR POT XX] COS III ; SC dans le champ et arrondi, mais de très faible diamètre ; la légende frappée sur le périmètre est par-
Jupiter nu debout à gauche, tenant un sceptre et un foudre. tiellement rognée et bien usée. Le portrait et l’iconographie du revers, bien en relief,
Cuivre, Ø environ 25 mm, poids 12,81 g, axe du coin 12h sont parfaitement visibles malgré l’usure existante. La frappe est bien centrée. La patine
Cette monnaie est dans un état de conservation passable. Une corrosion importante est dans une teinte noire résultant probablement de la composition de l’alliage.
se développe sur le droit masquant en partie la légende qui se restitue cependant. Le Cette monnaie possède un poids et une taille qui évoquent ceux de l’as invento-
droit est bien centré alors que le revers est fortement décentré vers la gauche provo- rié dans le RIC sous le numéro 976 (RIC III, p. 291), seule monnaie en alliage cuivreux
quant la disparition totale du début de la légende. Toutefois, le portrait et la figure du présentant ce revers. Pour ce dernier spécimen, le portrait montre une tête laurée à droite.
revers se distinguent nettement. Le flan est irrégulier dans sa forme et présente une large Dans l’exemplaire exposé, le portrait est différent ; il s’agit d’un buste recouvert de
échancrure sur le revers. draperies à la base et dont la tête est ceinte de la couronne radiée. Ce très caractéris-
Cette pièce est très similaire à celle répertoriée sur le RIC sous le n° 971 (RIC III, tique couvre-chef est le trait distinctif du dupondius pour les monnaies en alliage cui-
p. 146). La légende et le portrait du droit correspondent, mais c’est principalement la vreux.
figure bien typique du revers qui confirme cette attribution, les seules autres mon- Cette variante présentant le portrait de l’empereur vêtu de cette manière n’est
naies de Tite Antonin comportant la même divinité étant un sesterce (plus lourd) ou un répertoriée dans aucun des ouvrages de références.
dupondius (avec une tête radiée). Si on considère que la légende du droit peu lisible est similaire à celle de l’as et

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qu’il s’agit d’une émission contemporaine modifiant seulement l’alliage et le portrait, Mattingly 2005 : MATTINGLY (H.), Coins of the Roman Empire in the British
cet exemplaire doit avoir été frappé à Rome entre décembre 169 et décembre 170. Museum, tomes I à VI, Londres, 2005. (BMC/RE)
Comme pour certaines des monnaies décrites précédemment, le contexte archéo- Muret 1889 : MURET (E.), Catalogue des monnaies gauloises de la Bibliothèque natio-
logique est assez vague, entre 169-300, la monnaie donnant la datation la plus ancienne. nale, Paris, 1889.
Py 2006 : PY (M.), Les monnaies préaugustéennes de Lattes et la circulation moné-
Bilan taire protohistorique en Gaule méridionale, Lattes, 2006 (Lattara 19, tomes 1 et 2).
Ces quelques monnaies présentées possèdent des centres d’intérêts variés. Certaines Zehnacker 1984 : ZEHNACKER (H.), « La trouvaille de La Villeneuve au Châtelot »,
sont inédites, d’autres ne présentent que quelques différences atypiques qui peuvent Trésors monétaires VI, 1984, p. 9-92.
être déjà reconnues à de très rares exemplaires.
Cependant, un nouveau type de tétrobole de type massaliète – DRM 47 – a été pro-
posé, retrouvé dans en Languedoc oriental. La localisation géographique de cette trou-
vaille monétaire est un sujet essentiel. Cette monnaie qui semble revêtir un aspect GENEVIÈVE (Vincent) — À propos d’une obole d’Eudes (887-898) frappée à
fondamentalement marseillais dénote sur quelques points qui sont relativement mineurs. Toulouse.
Ils peuvent témoigner soit d’une production marseillaise pour des peuples indigènes
(inclus ou non dans leur sphère d’influence) avec des différences subtiles (le visage tourné Les récentes fouilles archéologiques réalisées par l’Inrap à l’emplacement du futur
dans l’autre sens et le monogramme MA) qui permettent de reconnaître une « bonne tribunal de grande instance de Toulouse ont révélé les vestiges du château Narbonnais,
monnaie » de celle fourrée, soit d’une production locale qui imite au plus près la ancien lieu de pouvoir des comtes de Toulouse (1). Alors que les résultats de ces
monnaie de bon aloi dans un sens évident d’acculturation (hellénisation). fouilles de première importance feront l’objet d’une publication ultérieure (2), il impor-
Une unité pondérale, la semuncia, ayant pu servir d’étalon monétaire pour la fabri- tait de signaler la découverte sur ce site d’une obole d’Eudes frappée à Toulouse, pro-
cation des as de Nîmes de la classe III, semble aussi bien cernée autour des 13,65 g venant du curage du fossé entourant le château. Tout comme les monnaies mérovin-
attestant d’une livre de 327,5 g. giennes, les espèces carolingiennes, ou contemporaines de cette période, sont des
Il est aussi intéressant que sur un lot de seulement 210 monnaies découvertes en découvertes rares. Les opérations archéologiques entreprises dans la ville depuis une
fouilles, on constate que sept présentent des particularités, proportion somme toute assez vingtaine d’années n’en ont livré que deux : un denier de Pépin II d’Aquitaine, frappé
élevée. à Toulouse, provenant des fouilles de l’église Saint-Pierre-des-Cuisines (3) et un denier
Hormis les trésors monétaires qui sont généralement bien étudiés mais sont aussi d’Otton, émis à Pavie, recueilli lors des dernières fouilles effectuées sous la place des
souvent relativement homogènes, de très nombreuses monnaies ont été découvertes Carmes (4).
en fouilles ces dernières années sans qu’il leur soit porté dessus un regard approfondi.
Il est vraisemblable que de nombreuses variantes apparaîtraient si des études systé-
matiques étaient entreprises.

Bibliographie :
RIC : Roman Imperial Coinage (tome I à X) de Mattingly, Sydenham, Suttherland, Fig. 1 : obole d’Eudes découverte sur le site de la « Cité Judiciaire » de Toulouse
Carson et Kent, Londres, éditions diverses, de 1927 à 1984.
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Banti 1984 : BANTI (Al.), I grandi bronzi imperiali, tome II. 3, Florence, 1984. +O.D:DO REX FR C ; croix.
Brenot-Sias 1981 : BRENOT (C.), SIAS (A.), Catalogue du fond général du Cabinet +TOLOSA’ CIVE ; monogramme odonique.
des Médailles de la ville de Marseille, Marseille, 1981.
Brenot-Scheers 1996 : BRENOT (C.), SCHEERS (S.), Catalogue des monnaies mas-
saliètes et monnaies celtiques du musée des beaux-arts de Lyon, Louvain, 1996. 1. Fouilles archéologiques réalisées en trois phases entre juin 1999 et janvier 2006 : J. CATALO
Cohen 1880 : COHEN (H.), Description historique des monnaies frappées sous (dir.) et D. PAYA, H. MOLET, L. LLECH, F. CALLEDE, O. DAYRENS, V. GENEVIEVE, I. RODET-
l’Empire romain, tome I et II, 2ème édition, Paris, 1880. BELARBI, H. WALICKA, S. CORNARDEAU, Toulouse « Cité Judiciaire » (Haute-Garonne, Midi-
De la Tour 1992 : DE LA TOUR (H.), Atlas des monnaies gauloises, (réimpression Pyrénées), Rapport Final d’Opération, Inrap Grand Sud-Ouest, Toulouse, 2008.
2. Pour un bref aperçu de ces premiers résultats, voir J. CATALO, « Pérennité des lieux de pou-
plus complément), Paris, 1992. voir. Le château Narbonnais de Toulouse, porte monumentale antique transformée en forte-
Depeyrot 1999 : DEPEYROT (G.), Les monnaies hellénistiques de Marseille, resse », Archéopages, 19, 2007, p. 40-45.
Wetteren, 1999 (Collection Moneta). 3. F. DIEULAFAIT, « Les monnaies », dans Q. CAZES et alii, « L’ancienne église Saint-Pierre-des-
Giard 1971 : GIARD (J.-B.), « Le monnayage antique de Nîmes », Bulletin de Cuisines à Toulouse », Mémoires de la Société Archéologique du Midi de la France, XLVIII,
l’École antique de Nîmes, 6-7, 1971-1972, p. 47-60. 1988, p. 122, n° 6.
Grant 1953 : GRANT (M.), The six main aes coinage of Augustus, Édimbourg, 4. V. GENEVIÈVE, « Monnaies médiévales », dans Métropolis. Transport souterrain et archéo-
1953. logie urbaine à Toulouse 1990-2007, catalogue d’exposition, musée Saint-Raymond, Toulouse,
2007, p. 122, n° 148.

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Pds 0,44 ; axe 1 ; diam. 15. cette « surreprésentation » du nom du roi sur les deux faces de la monnaie que pour
Depeyrot 1014 ; Gariel 53-55 var. ; MEC 989 ; Morrison-Grunthal 1339-1342 cette ville. Le monogramme odonique du revers est ensuite immobilisé. Il se retrouve
var. (5) notamment sur les premières frappes féodales toulousaines attribuées à Guillem Taillefer
Le monnayage d’Eudes de France (887-898) frappé à Toulouse est essentiellement (vers 998-1037) (13), puis se généralise sur d’autres monnayages, à Carcassonne,
connu au travers de rares découvertes isolées (6) et de quelques exemplaires conser- Narbonne, Melgueil… (14).
vés dans des musées (7). Le trésor de Castelsarrasin (Tarn-et-Garonne), qui aurait été Nombre de féodaux en s’affirmant face au pouvoir royal ont su individualiser leurs
exclusivement composé de deniers au nom d’Eudes (environ 300), a été intégrale- monnaies, mais il semble que le monogramme odonique soit resté une référence du
ment dispersé au milieu du XIXe siècle. Le trésor de Cuerdale (Angleterre), découvert monnayage des comtes de Toulouse. Néanmoins, on peut peut-être trouver l’origine
en Lancastre à peu près à la même période, ne compte que trois deniers de ce type. de cet emblème dans l’histoire familiale raimondine. Alors qu’à la fin du IXe siècle, Eudes
Moins d’une dizaine exemplaires figurent aussi dans un trésor catalan, un trésor espa- de France régit le Royaume depuis Paris, Eudes de Toulouse (vers 886-919) dirige le Comté
gnol ainsi que dans celui du Puy (8). Il s’agit donc d’un monnayage assez rare pour lequel toulousain. Si le personnage a laissé peu de trace, sa descendance est en revanche plus
les oboles ne sont recensées qu’à une quinzaine d’exemplaires (9). Des deux émissions connue (15) : il est le père de Raimond, comte de Nîmes et de Toulouse, dont le fils
connues, ODDO REX (10) et GRATIA DEI REX (11), la première est la plus courante Raimond-Pons (vers 924-946) s’imposera comme l’homme le plus puissant du Comté
et correspond au type qui a été recueilli dans le fossé du site de la Cité Judiciaire. au milieu du Xe siècle. Il est aussi le géniteur d’Ermengaud de Rouergue, père de
Eudes est le fils de Robert le Fort, connu et respecté après son rôle dans la défense Raimond Ier (vers 946-961) dont pourraient descendre les autres membres de la dynas-
de Paris face aux armées normandes. À la faveur des grands du royaume, il est promu tie comtale toulousaine. À ce titre, l’emploi de l’empreinte aux quatre annelets que l’on
roi de France à la place de Charles III, dit le Simple, trop jeune pour succéder à son retrouve un siècle plus tard sur le monnayage de Guillem Taillefer (vers 998-1037) appa-
père. À sa mort, Eudes appellera les féodaux à faire allégeance au jeune Charles qui raît comme un signe fort. Tout en soulignant son indépendance et celle du Comté en
n’a pas encore vingt ans (12). Les deniers et oboles d’Eudes frappés à Toulouse ont pour faisant figurer son nom propre sur ses monnaies, et non pas celui du roi, le comte
particularité de porter à la fois son nom au droit, autour de la croix, et son monogramme Guillaume continue de marquer son attachement au parti robertien dont Hugues
aux quatre annelets (déformation de ODDO) au revers, associé au nom de la ville. Ce Capet, descendant d’Eudes, est le nouveau représentant sur le trône de France depuis
type monétaire semble donc jouer un rôle particulier à Toulouse puisqu’on ne retrouve 987. Mais l’utilisation de ce monogramme souligne peut-être aussi l’origine familiale
raimondine dont Eudes de Toulouse fut peut-être l’illustre aïeul. On peut dès lors s’in-
terroger sur l’émission de certaines des monnaies au nom d’Eudes frappées à Toulouse
5. G. DEPEYROT, Le numéraire carolingien. Corpus des monnaies, Wetteren, 1998 (Moneta, 9) ; à l’extrême fin du IXe ou au début du Xe siècle en se demandant si l’homonymie exis-
E. GARIEL, Les monnaies royales de France sous la race carolingiennes, Strasbourg, 1883-1884 ; tant entre les deux personnages n’a pas pu favoriser l’expression d’une première auto-
P. GRIERSON & M. BLACKBURN, Medieval European Coinage, 1 : The Early Middle Ages nomie du monnayage toulousain. L’obole retrouvée dans le fossé de la Cité Judiciaire,
(5th-10th centuries), Cambridge, 1986 ; K.-F. MORRISON et H. GRUNTHAL, Carolingian dont le style est peu soigné et le poids faible, pourrait en être un possible exemple. Il
Coinage, New York, 1967. ne s’agit là que d’une hypothèse.
6. Les dernières découvertes dont nous ayons connaissance proviennent des fouilles de l’Isle-
Jourdain (Gers, resp. J.-P. Cazes), de Fenouillet (Pyrénées-Orientales, resp. J.-P. Cazes) et
d’une sépulture datée du Xe siècle à Puylaurens (Tarn, resp. L. Grimbert). Les autres trouvailles
sont essentiellement citées dans un récent article paru dans ce même bulletin : M. FEUGÈRE CORMIER (Jean-Philippe) — Un denier tournois de Charles VI à la légende fautive.
et M. BOMPAIRE, « Deux trouvailles de monnaies carolingiennes (d’Arles et de Toulouse) dans
l’Hérault, BSFN, 7, 2007, 180-181. Il a été récemment vendu par un professionnel du sud de la France sur un site de
7. Le musée Paul Dupuy à Toulouse conserve un denier et deux oboles d’Eudes frappés à ventes aux enchères en ligne accessible sur Internet un denier tournois de Charles VI
Toulouse. Certaines de ces monnaies, si ce ne sont les trois, appartenaient à la collection Pierfitte, à la légende erronée. En voici la description (fig. 1) :
elle même constituée à partir de l’ancienne collection Chalande. Voir G. PIERFITTE, « Monnaies D/ + KAROLVS CIVIS, ponctuation indéterminable, O rond.
des comtes de Toulouse », RN 1935, p. 47-65, pl. III-IV et G. PIERFITTE, » Monnaies tou-
lousaines, carolingiennes et comtales données au musée Saint-Raymond », Mémoires de la
Deux lis accotés.
Société Archéologique du Midi de la France, 1942-1943, p. 183-206. R/ + TVRONVS ° CIVIS, ponctuation par annelet pointé, O rond.
8. Pour ces différentes découvertes voir les références citées dans M. FEUGÈRE et M. BOMPAIRE, Croix pattée.
« Deux trouvailles de monnaies carolingiennes... », p. 180-181.
9. G. Depeyrot en recense exactement 13 mais les exemplaires sont certainement plus nombreux
(ainsi les 2 oboles conservées au musée Paul Dupuy de Toulouse ne figurent pas dans cet inven- 13. P.A. - ; Pierfitte 1, pl. III, 1. Ce denier, découvert au Bazacle à Toulouse, et a priori unique,
taire). Voir G. DEPEYROT, Le numéraire carolingien..., p. 264-265 : Cat. 1014 : ODDO REX appartenait à la collection Chalande. Il est conservé au musée Paul Dupuy de Toulouse.
FRE / TOLOSA CIVI = MG 1339 : 12 ex. ; cat. 1015 GRATIA DEI REX / TOLOSA CIV = MG 14. P.A. 3772-3775 pour les premiers types anonymes frappés à Carcassonne ; P.A. 3838-3846 au
- : 1 ex. D’autres exemplaires figurent certainement dans plusieurs ventes mais nous n’avons nom de Raimond à Melgueil ; P.A. 3744-3750 attribués à Raimond (966-1023) et Raimond
pas consulté ces catalogues. Béranger (1023-1067) à Narbonne...
10. MG 1338, denier et MG 1337, obole. 15. H. DÉBAX et M. de FRAMOND (dir.), « Les comtes de Toulouse aux Xe et XIe siècles et leurs
11. MG 1339, denier et MG -, obole. lieux d’inhumation », dans C. DIEULAFAIT et É. CRUBÉZY, Le comte de l’An Mil, supplément
12. C. GAUVARD, La France au Moyen Age du Ve au XVe siècle, Paris, 2002, p. 113. Aquitania, 8, 1996, p. 11-33.

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L’orientation des coins est à 7 h. Poids : 1,05 g. Annonces
Flan irrégulier, diamètre moyen 20 mm. Le président cède la place à M. Michel Amandry qui présente le nouveau volume
du Numismatische Zeitschrift consacré aux mélanges en l’honneur de Günther Dembski.
M. Amandry présente également Lettre de la Commission internationale de numismatique
de novembre concernant, entre autres, le XIVe Congrès international de numisma-
tique qui se déroulera en septembre 2009 à Glasgow. Il annonce également le cycle
de conférences « Histoire(s) de … Monnaies et médailles » organisé par le Cabinet des
médailles chaque mardi de 18h30 à 20h entre le 6 janvier et le 10 février 2009 (ins-
cription gratuite par téléphone au 01-53-79-49-49).
La légende du droit, KAROLVS CIVIS au lieu de KAROLVS REX est évidemment erro- Le président donne ensuite la parole à M. Christian Charlet qui remet à M. Michel
née. Le O rond et le poids orientent vers la 2e émission du denier (11 septembre 1389. Amandry, pour le Cabinet des médailles, une épreuve en argent de 5 Euros de la
L 393 a, D 394 A). Il n’y a pas de points d’atelier, ni au droit, ni au revers, mais cette Principauté de Monaco offerte par Son Altesse Sérénissime le Prince Albert II en remer-
absence est fréquente sur les monnaies noires. La facture, convenable, ne permet pas ciement du prêt de monnaies monégasques par le Cabinet des médailles en vue de l’ex-
d’affirmer qu’il s’agit d’un faux ou d’une imitation. Il s’agit vraisemblablement d’une position numismatique organisée en Principauté.
erreur du graveur, qui a répété au droit la terminaison CIVIS de celle du revers.
Publications
Le secrétaire fait circuler les publications reçues en décembre :
Cahiers Numismatiques, 178, décembre 2008.
L’Écho des Calètes, 155, octobre 2008.
Mathématiques et Sciences Humaines, 183, 2008 (3).
Moyen Âge, 67, novembre/décembre 2008.
SÉANCE DU 3 JANVIER 2009
Numismatische Zeitschrift, 116/117, 2008.
Numismatisches Nachrichtenblatt, janvier 2009.
Président : M. Jean-Pierre Garnier.
Svensk Numismatisk Tijdskrift, 8, décembre 2008.
Membres présents : Mmes et MM. M. Amandry, F. Arbez, S. Ben Souilah, M.
Bompaire, A. Bourgeois, C. Charlet, F. Dalesme Neuwald, M. Dhénin, V. Drost, D. Frobert,
Communications
A. Gameiro Pais, J.-P. Garnier, P. Guittet, Y. Jézéquel, F. Joyaux, J.-J. Lagasse, J.-F. Letho-
MM. X. Loriot, F. Joyaux et A. Ronde présentent successivement leurs communi-
Duclos, X. Loriot, J. Meissonnier, R. Prot, G. Rambert-Rat, M. Rivero, A. Ronde, S. de
cations.
Turckheim-Pey, R. Wack.
Membres excusés : Mme et MM. G. Gautier, J. Godin, M. Hourlier, C. Morrisson.

Le président ouvre la séance en présentant les vœux du bureau à tous les membres
de la société.
Il présente les excuses du président Georges Gautier, retenu à son domicile par une
légère indisposition.
Il précise que l’appel à cotisation 2009 et l’appel à candidature pour l’élection du
futur conseil d’administration sont joints au BSFN d’octobre qui est en cours de rou-
tage.

Élections
Mlle Amel Teboulbi, MM. Philippe Guittet, Philippe Mathieu et Clive Stannard
dont les candidatures avaient été présentées en décembre dernier sont élus à l’unani-
mité membres correspondants de la SFN.

Candidatures
Les candidatures suivantes sont présentées :
M. Yves Brugière, de Nice, président du Groupe numismatique de Provence, pré-
senté par Michel Dhénin et Michel Gourillon.
M. William Metcalf, professeur à l’Université de Yale (États-Unis), présenté par
Michel Amandry et Georges Gautier.

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