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JEUDI 16 AVRIL 2020

Sport business Le casse-tête du calendrier Application StopCovid

Juan Soliz/DPPI

pour la reprise des compétitions // PP. 18-19 La tech française se mobilise // PP. 26-27

Hôpital : premier geste fort

Marchés sur les rémunérations
boursiers :
SANTÉ Outre une
prime de 1.500 euros,
les heures supplé-
mentaires sont

le scénario majorées de 50 %
et défiscalisées.
La prime promise par Emmanuel
Macron aux personnels hospitaliers

qui inquiète sera universelle, mais modulée. Tous

les personnels, et pas seulement les
soignants, auront droit au minimum à
une prime de 500 euros. Dans une
trentaine de départements les plus
touchés par le coronavirus, elle sera
majorée à 1.500 euros, ainsi que dans
l Après une embellie, les services « Covid » des établisse-
les Bourses mondiales ments habilités des autres départe-
ments, soit au total 550.000 personnes
repartent à la baisse. (60 % des hospitaliers). Les salariés et
les libéraux des établissements privés

Gonzalo Fuentes/Reuters
l Le baril de pétrole au sont également concernés. Surtout, les
heures supplémentaires, déplafon-
plus bas depuis 2002. nées au début de l’épidémie, seront
l Les banques américai- majorées de 50 % (en plus de leur
majoration ordinaire). Ces deux dispo-
nes anticipent une sitifs seront exonérés de prélèvements
fiscaux et sociaux, et coûteront 1,3 mil-
récession violente. liard d’euros. // PAGE 2
Les dépenses d’assurance-maladie augmenteront
de 8 milliards par rapport au budget voté à l’automne.
l L’Europe redoute une
vague de défaillances.
// PAGES 28-29 Prêt garanti : un parcours
d’obstacles pour les entreprises

Eric Gaillard/Reuters
Une brasserie
fermée, à Nice.

Des motifs de satisfaction, mais
aussi de tension. Depuis sa mise
en place, le prêt garanti par l’Etat a
déjà été largement distribué aux
Les chiffres catastrophiques du département du Commerce américain ont sifflé la fin PME, et les réseaux bancaires se
de la récréation mercredi, mettant fin à plusieurs séances d’euphorie sur les marchés. Photo iStock sont mobilisés. Mais le dispositif
provoque aussi des incompréhen-
sions, avec des règles d’éligibilité
jugées disparates par les entrepri-
ses. Les conditions des banques
« peuvent différer d’un réseau ban-
caire à l’autre, d’une région à
l’autre », déplore une organisation
patronale. Pour les banques, au
contraire, les prêteurs doivent res-
ter maîtres de leur octroi de crédit,
en fonction de leur politique de
risque. // PAGE 30

L’Allemagne Le patron Amazon se met à l’arrêt en

SUR
NICOLAS BARRÉ
ÉDITO ÉCO DU JOURNAL DE 7H
DANS LE 6H-9H DE MATTHIEU BELLIARD
vise un retour
très progressif
à la normale
POLITIQUE Au terme d’âpres
débats avec les dirigeants des
16 Länder, le gouvernement alle-
mand a dévoilé mercredi son
plan de déconfinement du pays.
Les commerces de moins de
800 mètres carrés pourront
accueillir des clients dès lundi,
mais les écoles ne rouvriront
que progressivement, à partir
du 4 mai. Le retour à la normale
s’accompagnera du maintien de
gestes barrières stricts, comme
le respect d’un mètre cinquante
de distance, et le port de mas-
ques dans les lieux publics sera
de Sodexo tire
les leçons de la
crise sanitaire
SERVICES La multinationale de
la restauration collective et des
services de qualité de vie, pré-
sente sur les segments entre-
prise, santé et éducation, a été
confrontée, dès décembre 2019,
au coronavirus en Chine. Elle a
parmi ses clients deux hôpitaux
de Wuhan. Son directeur géné-
ral Denis Machuel livre aux
« Echos » son analyse de la crise
sanitaire de l’Asie à l’Amérique
du Nord et son retour d’expé-
rience. Pour lui, la pandémie va
changer la vision portée sur ces
métiers de proximité, habituel-
France pour quelques jours
E-COMMERCE Sous la pression de
la justice, qui l’a enjoint mardi de
réduire drastiquement son acti-
vité, sous peine d’une lourde
astreinte, Amazon France a réuni
Le faux procès
un comité social et économique,
mercredi, afin de présenter aux
intenté à la
représentants du personnel un mondialisation
projet visant à fermer provisoire-
ment ses six entrepôts dans l’Hexa- La chronique de
gone dès ce jeudi et jusqu’au 21 avril Jean Tirole
au moins. Il s’agit pour le géant
américain d’e-commerce, sous les La pandémie offre à certains
feux des critiques des syndicats, de l’occasion de remettre en cau-
remettre à plat tout son dispositif se la mondialisation. Un con-
de préparation de commandes tresens, selon Jean Tirole, qui
dans ses entrepôts et de livraison rappelle que les pandémies
afin de préserver la santé de ses existaient avant la mondiali-
salariés. Les mesures prises par sation, qu’une éventuelle fer-
Guillaume Souvant/AFP

ISSN0153.4831 113e ANNÉE

NUMÉRO 23181 PAGES
Antilles Réunion 4,10 €. Belgique 3,50 €.
Espagne 4,40 €. Grande-Bretagne 3£80.
Grèce 4,20 €. Italie 4,40 €. Luxembourg
3,80 €. Maroc 31 DH. Suisse 5,90 FS. Tunisie
5,00 TND. Zone CFA 3100 CFA.
fortement recommandé.
« Notre succès est provisoire », a
prévenu la chancelière Angela
Merkel. L’Allemagne n’a enre-
gistré que 3.254 morts du coro-
navirus, à ce stade. // PAGE 8
lement dans l’ombre, mais deve-
nus aujourd’hui essentiels. Il en
attend des changements de
comportements tant des don-
neurs d’ordre que des consom-
mateurs. // PAGE 21
Amazon ont été jugées insuffisan- meture des frontières aggra-
tes par le tribunal de Nanterre. Cer- verait la crise économique et
tains salariés ont contracté le que la France bénéficiera des
Covid-19, affirment les syndicats. traitements et vaccins contre
// PAGE 20 ET L’ÉDITORIAL le Covid-19 conçus dans le
DE DAVID BARROUX P. 16 monde entier. // PAGE 12

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EVENEMENT
Une prime à géométrie variable
pour tous les personnels hospitaliers
l Les personnels hospitaliers en prise directe avec l’épidémie recevront une prime défiscalisée de 1.500 euros.
l Les heures supplémentaires, exonérées elles aussi, seront en outre majorées de 50 %.
l Les dépenses d’assurance-maladie augmenteront de 8 milliards cette année par rapport au budget voté à l’automne.
BUDGET
Solveig Godeluck
@Solwii
Les personnels hospitaliers sont
enfin fixés. Mercredi, à la sortie du
Conseil des ministres, le Premier
ministre a dévoilé le montant de la
gratification exceptionnelle qui leur
sera accordée par décret : « Une
prime exempte de tout prélèvement
fiscal ou social, c’est-à-dire nette de
tout, de 1.500 euros à tous les person-
nels qui gèrent la crise du Covid-19
dans les hôpitaux des départements
les plus touchés ainsi qu’aux person-
nels des services ayant accueilli des
patients Covid dans les départements
les moins touchés. »
Dans les 28 départements les
plus touchés par le virus, l’ensem-
ble des personnels de tous leurs
établissements de santé, publics
comme privés, recevront ces
1.500 euros. Le gouvernement doit
discuter avec les fédérations repré-
sentant le secteur privé pour déci-
der du meilleur moyen de distri-
buer la prime aux salariés et aux
libéraux qui y travaillent.
Discussion en cours
pour les Ehpad
En dehors de ces départements,
seuls les personnels des services
« Covid » des 108 établissements de
référence auront droit aux
1.500 euros. Ceux rattachés aux
autres services hospitaliers touche-
ront également une prime, mais de
500 euros. Près de 60 % des person-
nels des hôpitaux vont percevoir la
prime au taux majoré, soit plus de
550.000 agents publics.
Quant aux établiss ements
accueillant les personnes âgées ou
handicapées, une prime « sera très
rapidement discutée puis attribuée
550.000
AGENTS PUBLICS
vont percevoir la prime, soit
près de 60% des personnels
des hôpitaux. L’effort budgétaire
est estimé à 1,3 milliard d’euros.
Un geste pour les fonctionnaires toujours au travail,
des congés imposés pour les autres
Au moins 400.000 agents
toucheront une prime
pouvant aller jusqu’à
1.000 euros. Cinq jours de
RTT seront décomptés pour
ceux n’ayant pas travaillé
ces quatre dernières
semaines. La prise de cinq
jours de congé ou de RTT
pourra aussi être imposée.
Leïla de Comarmond
@leiladeco
Une prime pour les fonctionnaires
qui auront travaillé pendant le
confinement, des congés imposés
pour les autres… Ces deux disposi-
tions étaient au programme du
Conseil des ministres de mercredi.
Elles sont le pendant, dans la fonc-
tion publique, de dispositions déjà
actées pour le secteur privé.
Côté prime, c’est là aussi un mon-
tant maximum qui est acté. Doublé
à 2.000 euros dans le privé en cas
d’accord d’intéressement, le plafond
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dans tout le secteur du médico-so-
cial et notamment les Ehpad », a
ajouté le ministre de la Santé, Oli-
vier Véran. Cette prime qui fera
l’objet d’une négociation n’est pas
encore budgétée.
Enfin, les heures supplémentai-
res des agents hospitaliers, dont le
volume a été déplafonné pendant la
crise, seront majorées de 50 % (en
plus de leur majoration actuelle,
qui varie le jour, la nuit, le diman-
che…) et exonérées de prélève-
ments sociaux et fiscaux. Pour les
médecins, ces 50 % s’appliqueront
au temps de travail additionnel, et
pour les internes et médecins hos-
pitalo-universitaires, ce seront les
gardes qui seront survalorisées.
Le gouvernement estime que
cela leur permettra en moyenne de
gagner 600 euros, soit, pour les tra-
vailleurs les plus exposés, un total
supérieur à 2.000 euros. Ce seuil
correspond au plafond de la prime
défiscalisée que pourront accorder
les employeurs à leurs salariés qui
ont continué à se rendre au travail
malgré l’épidémie – ceux qu’Emma-
nuel Macron nomme les tra-
vailleurs de la « deuxième ligne ».
Cet effort en faveur de la « pre-
mière ligne » hospitalière est estimé
à 1,3 milliard d’euros. Il s’ajoute au
petit milliard d’euros de dépenses
supplémentaires d’indemnités
journalières pour les arrêts de tra-
vail, aux 4 milliards d’euros déblo-
qués pour acheter des masques, des
respirateurs et d’autres fournitures
médicales, ainsi qu’aux autres sur-
coûts liés à l’épidémie.
Déception chez les blouses
blanches
Au total, la dernière mouture du
projet de loi de finances rectificatif,
présenté mercredi, prévoit 8 mil-
liards d’euros de dépenses d’assu-
rance-maladie supplémentaires en
2020 par rapport au budget initial
de 205 milliards. De quoi faire bon-
dir la progression de l’objectif de
dépenses d’assurance-maladie à
plus de 7 %, contre 3,2 % au départ.
Comme le demandaient les per-
sonnels hospitaliers, la prime excep-
tionnelle concernera bien l’ensemble
du personnel. C’était une demande
du président de la Fédération hospi-
de cette « prime exceptionnelle »
reste fixé à 1.000 euros pour les
agents de l’Etat et des collectivités
locales. Le dispositif sera exonéré de
cotisations sociales et d’impôt sur le
revenu, précise le projet de loi de
finances rectificatives présenté mer-
credi matin en Conseil des minis-
tres. « Les agents concernés sont ceux
faisant face à un surcroît important
de travail, notamment dans le cadre
des plans de continuité d’activité pen-
dant la période d’état d’urgence sani-
taire », a indiqué le secrétaire d’Etat
à la Fonction publique, Olivier Dus-
sopt, aux syndicats.
Dans la fonction publique d’Etat,
elle ne sera pas réservée aux agents
devant travailler hors de chez eux.
Les bénéficiaires pourront être des
agents au travail « en présentiel ou
en télétravail », a souligné Olivier
Dussopt. « Au moins 400.000 agents
seront concernés », précise-t-on
dans l’entourage du ministre des
Comptes publics, Gérald Darma-
nin, citant les surveillants péniten-
Jeudi 16 avril 2020 Les Echos
Dans les 28 départements les plus touchés, l’ensemble des personnels des établissements de santé, publics comme privés, comme ici
à l’hôpital des Peupliers à Paris, recevront la prime de 1.500 euros. Photo Thomas Coex/AFP
talière de France, Frédéric Valletoux,
car « tout le monde est allé au front ».
Chez les blouses blanches, la
rendre furieux les hospitaliers »,
assure Anne Gervais, médecin à
Bichat et membre du collectif inter-
Les collectivités locales
déception est palpable. Emmanuel
Macron avait créé une forte attente,
hospitalier. « Ce n’est pas une prime
qu’il nous faut, c’est un salaire »,
ont les coudées franches
d’autant plus que les soignants répète-t-elle, en rappelant que la
prennent des risques importants – France se classe au 28e rang sur 32 Le projet de loi de nes avaient toutefois déjà pris les
plus de 3.500 d’entre eux ont été pays de l’OCDE pour le niveau de finances rectificative devants avec l’annonce de gratifi-
infectés rien qu’à l’AP-HP. « Ils vont rémunération des infirmiers. n présenté mercredi cations exceptionnelles pour
permettra aux collectivi- leurs agents mobilisés sur le ter-
tés locales de verser rain, comme à Paris, Evreux ou
Une aide d’urgence pour 4 millions à leurs agents une prime Mennecy. Beaucoup d’autres
défiscalisée et exonérée étaient dans les starting-blocks.
de familles modestes de charges sociales d’un « La plupart partent sur un
montant pouvant aller décompte à la journée entre 20 et
Le 15 mai, quatre jours après la fin possible du déconfinement, jusqu’à 1.000 euros. 30 euros », indique Johan Theu-
« plus de 4 millions de foyers » parmi les plus modestes perce-
vront une « aide d’urgence », a annoncé le Premier ministre,
Edouard Philippe, à l’issue du Conseil des ministres. Chaque
Laurent Thévenin
@laurentthevenin
ret, président de l’Association
des DRH des grandes collectivi-
tés territoriales.
famille bénéficiaire du RSA ou de l’allocation de solidarité spéci-
fique recevra 150 euros, plus 100 euros par enfant, et les familles Feu vert sur toute la ligne pour
allocataires des aides au logement percevront de leur côté les collectivités locales sur deux Les collectivités
100 euros par enfant. L’Etat déboursera près de 1 milliard d’euros. de leurs attentes fortes dans vont pouvoir
cette période de confinement. imposer jusqu’à
Elles vont d’abord avoir les cou-
dix jours de congés
dées franches pour verser une
prime exceptionnelle à leurs
agents mobilisés, comme les
et de RTT pendant
la période
éboueurs ou les policiers muni-
cipaux, par exemple. Le projet
du confinement.
de loi de finances rectificative
tiaires, les enseignants qui ont fait pourront se voir imposer des jours (PLFR) dévoilé ce mercredi leur A l’instar de ce qui a été prévu
cours aux enfants de soignants ou de congé en vertu d’une ordonnance p e r m e t t r a d ’a c c o r d e r u n e fin mars pour le secteur privé,
encore les policiers et douaniers sur présentée aussi en Conseil des minis- prime défiscalisée et exemptée les collectivités locales vont
le terrain, soit uniquement des per- tres. Au total, cinq jours de RTT de cotisations sociales allant aussi pouvoir imposer jusqu’à
sonnes en présentiel. Le coût bud- seront décomptés pour les agents jusqu’à 1.000 euros. Un disposi- dix jours de congés et de RTT
gétaire du dispositif pour l’Etat est dont la rémunération est maintenue tif analogue à celui déjà en pendant la période du confine-
estimé à 300 millions d’euros. et qui auront été arrêtés durant le vigueur pour les salariés du ment. Une ordonnance présen-
premier mois de confinement privé via la prime Macron mise tée ce matin en Conseil des
Jusqu’à 10 jours (16 mars au 16 avril), soit environ un en place à la suite du mouve- ministres leur ouvre la possibi-
Dans la fonction publique territo- fonctionnaire d’Etat sur deux. La ment des « gilets jaunes ». lité d’appliquer le régime qu’elle
riale, la décision sera à la main des prise de cinq autres jours de congé prévoit pour les fonctionnaires
élus locaux, en application du prin- ou de RTT pourra aussi être imposée « Le principe de libre et contractuels de la Fonction
cipe de libre administration. Dans la d’ici à la fin du confinement. administration » publique d’Etat « dans des condi-
fonction publique hospitalière, en La possibilité pour les chefs de Cette prime sera « à la main » des tions qu’elles définissent ». « Le
première ligne, la prime « sera d’un service d’imposer jusqu’à cinq jours collectivités locales, selon Olivier nombre de jours de congés peut
montant plus élevé et sera modulable de congé ou RTT à des agents en télé- Dussopt, le secrétaire d’Etat en donc être modulé dans la limite
en fonction de la prise en charge ou travail est aussi prévue. Sachant que charge de la Fonction publique, du plafond fixé par l’ordon-
non de victimes du coronavirus par les les congés demandés et pris par les dans « le principe de libre admi- nance », est-il indiqué.
établissements », a ajouté le secré- fonctionnaires de l’Etat depuis le nistration ». Ce sont elles qui Dès mardi, après une confé-
taire d’Etat, soulignant que ses 17 mars seront déduits de ces jours « décideront du périmètre des rence téléphonique avec Olivier
modalités seront présentées par le imposés. Le même dispositif pourra agents éligibles ». Dussopt, la Fédération autonome
ministre de la Santé, Olivier Véran, être utilisé par les collectivités loca- France Urbaine, l’association de la Fonction publique territo-
qui s’est engagé à régler très vite les les, en attente d’éclaircissements sur qui représente les grandes villes, riale avait jugé cette annonce
heures supplémentaires aux soi- le sujet. En revanche, « la fonction a salué « une mesure juste ». Le « inacceptable et indigne de l’enga-
gnants. Les fonctionnaires de l’Etat publique hospitalière n’est évidem- PLFR offre en effet la sécurisa- gement des agents de la fonction
en chômage partiel via le système ment pas concernée », a précisé Oli- tion voulue par les collectivités publique territoriale pour faire
d’autorisation spéciale d’absence vier Dussopt. n locales. Une poignée de commu- face à cette crise ». n
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Les Echos Jeudi 16 avril 2020
« Un grand
moment
d’humanité »
CHRONIQUE
DU VIRUS
Clément
Derkenne
Chaque jour, un soignant
témoigne dans
« Les Echos ». Clément
Derkenne est médecin
chef du troisième
groupement des
pompiers de Paris.
Propos recueillis par
Elsa Freyssenet
@ElsaFreyssenet
« Récemment, nous avons été
appelés par une concierge,
inquiète pour la gardienne de
l’immeuble voisin du sien qui
avait du mal à respirer. Cette der-
nière pensait avoir un rhume
depuis huit jours et en l’exami-
nant, nous avons constaté un
manque mortel d’oxygène dans
son sang. Sa saturation en oxy-
gène n’était que de 40 % alors
qu’on considère le pronostic vital
engagé à moins de 90 %.
Elle voulait embrasser son
amie avant de partir, ce qui est
exclu avec le coronavirus. Nous
pensions tous que ce serait leur
dernier contact alors nous les
avons équipées d’un masque et de
lunettes et elles se sont embras-
sées les mains qu’elles ont ensuite
lavées avec du gel hydroalcooli-
que. Puis nous avons endormi et
intubé notre patiente dans notre
camion. Avant que nous par-
tions, sa copine a appelé un prêtre
orthodoxe en urgence. Il était évi-
demment exclu de l’emmener.
Mais comme j’attendais que le
Samu trouve une place en réani-
mation pour ma patiente, j’ai
ouvert en grand les portes arrière
du camion et il a prié à cinq ou six
mètres de distance. Cette patiente
est décédée trois jours après son
admission en « réa ».
Ce grand moment d’huma-
nité entre ces deux femmes m’a
marqué – un peu comme un pri-
vilège qui m’aurait été offert. Et
parce que moi et mon équipe
avons rendu ce moment possi-
ble, je me suis senti utile.
Seule à l’Ephad
Pour moi, cette crise révèle ce que
sont les gens. Je viens de rencon-
trer une infirmière d’Ehpad, seule
à assurer les soins avec une autre
de ses collègues alors qu’ils sont
neuf soignants habituellement.
C’est un petit bout de femme,
peut-être pas téméraire en temps
normal, mais là, elle me répétait :
« Je ne peux pas déserter, je me bats
pour mes petits vieux que j’aime. »
Je l’ai trouvé admirable. C’est
pareil chez nous les pompiers :
c’est dans ces moments qu’on dis-
tingue ceux qui sont flippés à tort,
ceux qui sont bravaches à tort et
les bons chefs.
Dans les casernes, nous avons
dû réorganiser notre mode de vie
et de travail. Communiquer les
bonnes pratiques comme ne
mettre qu’une chaise sur deux à
la table commune ou s’organiser
en bordées : chaque équipe
assure quatre jours de garde con-
sécutifs, puis quitte la caserne
sans croiser l’équipe suivante.
Le coronavirus a aussi bous-
culé ma vie. Comme ma femme
est aussi médecin militaire, nous
avions confié nos deux filles à la
crèche… qui n’en a plus voulu
lorsque leur nez a commencé à
couler, comme celui de beau-
coup de petits enfants. Pendant
quinze jours, nous avons dû nous
relayer avec mon épouse, elle tra-
vaillant le jour et moi la nuit. Nos
filles sont retournées à la crèche
mardi et j’espère que leur nez ne
va pas recommencer à couler. » n
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Déficit, récession : ce qui pourrait encore
dégrader les prévisions de Bercy
Le Haut Conseil des
finances publiques estime
que les prévisions budgétai-
res pourtant noires du
gouvernement pourraient
être encore trop optimistes.
Entre gris pas très clair et gris fran-
chement très foncé. Le nuancier de
couleur convoqué autour du scéna-
rio de finances publiques post-coro-
navirus fait dans le monochrome et
laisse peu de place à l’optimisme à
court terme. Ainsi, à peine le gou-
vernement présentait-il ce mercredi
un projet de loi de finances rectifica-
tive (PLFR) pour 2020 faisant état
d’une récession et d’un déficit public
jamais vu depuis 1945, que le Haut
Conseil des finances publiques fai-
sait état de doutes sur le caractère
trop optimiste de ce scénario pour-
tant bien sombre.
Les dépenses
publiques sont
censées représenter
60,9 % à la fin d’année
(55,6 % fin 2019), soit
un niveau jamais
atteint depuis 1945.
Sans doute les deux institutions
peuvent-elles au moins se rejoindre
sur un constat fait plus tard mer-
credi après-midi par Bruno Le
Maire, devant les députés de la
commission des Finances de
l’Assemblée : « Il s’agit d’un boule-
versement économique sans précé-
dent dans notre histoire contempo-
raine », a estimé le ministre de
l’Economie, tablant « sur des
années avant de sortir des consé-
quences de cette crise ».
Pour le moment, le gouverne-
ment prévoit donc une récession de
8 %. La faute notamment à une con-
sommation qui chuterait de 10 %
cette année, même si « la baisse du
« Dans toutes les crises, il y a eu une contribution des plus aisés »
Propos recueillis par
Ingrid Feuerstein
et Renaud Honoré
Les nouvelles prévisions bud-
gétaires du gouvernement vous
paraissent-elles réalistes ?
Au travers des deux collectifs bud-
gétaires présentés par le gouverne-
ment depuis le début du confine-
ment, l’Etat met plus de
100 milliards d’euros sur la table
pour financer l’économie. C’est un
effort tout à fait significatif qu’il faut
saluer. Mais il faut regarder les cho-
ses dans le détail : 40 % de ce plan
sont constitués de « moindres
recettes fiscales ». Donc les « nou-
velles dépenses budgétaires » sont
de 60 milliards d’euros, qui se
décomposent en trois tiers : un tiers
pour financer d’éventuelles natio-
nalisations, un tiers pour le chô-
mage partiel, et le troisième tiers
pour différentes aides. A ce stade, je
n’ai pas l’impression que le gouver-
nement ait intégré, à sa prévision
économique, l’impact de ces
« Le gouvernement
veut faire reposer
son plan
intégralement
sur de la dette et
ne demande rien
aux contribuables
les plus aisés.
C’est insensé. »
pouvoir d’achat sera moins marquée
que celle de l’activité », selon les don-
nées de Bercy contenues dans les
documents budgétaires. Bruno Le
Maire s’inquiète notamment de
voir l’épargne gonfler à l’excès, avec
« un mouvement des encours pour le
Livret A et le livret de développement
durable et solidaire qui a augmenté
de 50 % » entre mars 2019 et
mars 2020, comme il l’a expliqué
devant l’Assemblée.
Trop d’optimisme
Mais le Haut Conseil des finances
publiques estime que Bercy pèche
malgré tout par trop d’optimisme.
Sa prévision actuelle « repose sur
l’hypothèse forte d’un retour assez
rapide à la normale de l’activité, au-
delà du 11 mai », date de fin du confi-
nement strict, selon l’avis des sages
budgétaires. Dans son programme
de stabilité envoyé à Bruxelles,
VALÉRIE RABAULT
Présidente
du groupe socialiste
à l’Assemblée
nationale
100 milliards d’euros qui vont évi-
demment jouer positivement. Mais
je reconnais qu’un bouclage macro-
économique est sans doute infaisa-
ble dans les circonstances actuelles.
Un retour à la normale
dans les prochains mois,
comme le prévoit Bercy, vous
paraît-il crédible ?
Ce n’est pas ce que prévoit le FMI à
l’échelle mondiale. Le scénario du
Fonds monétaire international est
plutôt celui d’un rebond en 2021,
avec une économie mondiale qui ne
reviendra pas à son niveau d’avant-
crise. On serait plutôt sur un scéna-
rio en forme de « racine carrée »
plutôt qu’en « V ». Je n’en fais pas
grief au gouvernement, car les pré-
visions sont très difficiles. Mon
inquiétude porte surtout sur la
hausse de la dette. J’espère que le
gouvernement est bien en lien avec
la BCE et les instances européennes
pour s’assurer qu’il pourra refinan-
cer cette dette colossale. Nous
entrons plus fragilisés que d’autres
dans cette crise. Sur l’année 2020, le
niveau de dette levé par la France
sera le plus élevé de notre histoire.
Tous les Etats européens, mis à part
peut-être l’Allemagne, seront dans
cette situation. Il est donc indispen-
sable qu’il y ait une sérieuse coordi-
nation entre les Etats européens.
https://t.me/WorldAndNews
l’exécutif parle également d’un
« fort rebond » de l’activité en 2021,
sans encore le quantifier. Or ce scé-
nario de « rattrapage » – basé
notamment sur l’idée que le poten-
tiel de croissance de l’économie
française n’aurait pas été affecté
par cette longue crise – paraît bien
i n c er t a i n à l ’ h e u r e a c t u e l l e .
« L’ampleur des pertes d’activité et
leur durée, incertaines à ce stade,
pourraient laisser des séquelles plus
durables et affecter le potentiel de
production de l’économie française
dès cette année », estime le Haut
Conseil.
Doutes sur les recettes
Les mêmes doutes valent pour les
comptes publics. Les sages budgé-
taires évoquent des « fortes incerti-
tudes » affectant les prévisions de
recettes fiscales et sociales. Bercy
prévoit 43 milliards de recettes en
Voyez-vous des manques dans
l’intervention de l’Etat ?
Oui. Il y a une urgence alimentaire
dans notre pays, avec de nombreu-
ses familles qui peinent à se nourrir
parce que les enfants ne vont plus à
la cantine et que les associations de
solidarité ont dû réduire leur acti-
vité. C’est un vrai sujet et pourtant
l’urgence alimentaire ne représente
que 1 % du plan du gouvernement.
L’autre urgence a trait à la recon-
naissance que nous devons témoi-
gner aux personnels en première
ligne dans la crise du coronavirus.
La prime exceptionnelle pour les
soignants ou les aides à domicile
fait partie des éléments que nous
souhaitons encourager. Durant le
débat parlementaire, nous allons
également insister sur la nécessité
de transformer en annulation le
report de cotisations sociales pour
les entreprises toujours fermées
après le confinement. Enfin, nous
aurons quelques propositions en
soutien aux associations, et notam-
ment culturelles avec les festivals.
Faut-il revenir sur les baisses
d’impôts prévues pour 2021 ?
J’ai toujours pensé que la dernière
tranche de la baisse de l’impôt sur
les sociétés et la suppression de la
taxe d’habitation pour les 20 % les
plus aisés étaient un non-sens éco-
nomique. Je le pense encore plus
aujourd’hui. Mais là, il s’agit d’un
impact pour 2021. La question est
celle de 2020 : le gouvernement
veut faire reposer ce plan intégrale-
ment sur de la dette et ne demande
rien aux contribuables les plus
aisés. C’est insensé. Dans toutes les
EVENEMENT // 03
moins, mais ça pourrait être davan-
tage encore « compte tenu de la bru-
talité du choc et de son caractère iné-
dit ». D’autant qu’il faudra sans
doute concéder des annulations de
charges pures et simples. Devant les
députés, Gérald Darmanin, le
ministre des Comptes publics, a
précisé que les annulations déjà
annoncées pour les secteurs les
plus en difficulté (hôtellerie, restau-
ration, événementiel, culture, etc.)
représenteraient un montant de
750 millions et ne concerneraient
que les charges patronales. Au total,
le taux de prélèvement obligatoire
devrait s’établir à 44 % fin 2020,
contre 44,1 % fin 2019.
L’autre élément d’incertitude sur
les comptes publics concerne les
dépenses. Difficile d’y voir déjà clair,
notamment pour le dispositif de
chômage partiel dont le coût
devrait encore grimper, selon le
crises et dans quasiment tous les
pays, il y a eu une contribution des
plus aisés. Il faut a minima com-
mencer par remettre l’ISF.
Thomas Samson/AFP
Faut-il d’ores et déjà envisager
un plan de relance ?
La priorité est de gérer l’urgence.
Sur le futur plan de relance, nous
ferons des propositions. Pour ma
part, je ne renie pas celles que j’avais
formulées dans un livre, suite à la
crise de 2008, avec un « business
plan » concerté entre l’Etat et le
privé, et concentré sur quatre sec-
teurs : la santé, l’agriculture, les
transports et l’énergie.
Comment gérer
le déconfinement économique
après le 11 mai ?
Le gouvernement ne peut pas dire à
tout le monde de reprendre le tra-
vail sans un mode d’emploi clair de
ce déconfinement. Sans ce mode
d’emploi, tout le risque pénal
repose sur les chefs d’entreprise, les
artisans, les commerçants qui déci-
deraient de faire reprendre leur
activité à leurs employés. Il faut
donc que les choses soient sécuri-
sées, mais ce n’est absolument pas
le cas pour le moment. Sans comp-
ter toutes les questions qui restent
sans réponse : que fait-on pour des
régions comme l’Ile-de-France, où
les salariés utilisent en masse les
transports en commun ? Il y a un
gros manquement à ce stade du
gouvernement.
Pour aider les fleurons indus-
triels en difficulté, le gouverne-
ment a prévu une enveloppe de
Haut Conseil. Mais avant même
l’annonce d’éventuels nouveaux
crédits, les dépenses publiques sont
censées représenter 60,9 % à la fin
d’année (55,6 % fin 2019), soit un
niveau jamais atteint depuis 1945, et
sans doute dans l’histoire de la
France hors période de guerre.
Avec ce brouillard persistant,
tout laisse à penser que les prévi-
sions de déficit et de dette (respecti-
vement 9 % du PIB et 115,2 % du PIB)
pourraient encore se dégrader.
Pour autant, Bruno Le Maire s’est
voulu rassurant sur les capacités de
la France de se financer. « Nous
n’avons pas de difficulté à lever de la
dette. La levée de la dette est passée de
205 à 245 milliards d’euros. Les
spreads n’ont pas augmenté signifi-
cativement en raison des réformes
économiques engagées depuis trois
ans », a-t-il argué.
— In. F. et R. Ho.
« L’Etat pourrait déjà
protéger les entre-
prises dont la valeur
boursière a chuté
et qui deviennent
des cibles faciles
pour des investis-
seurs étrangers. »
20 milliards. Est-ce suffisant ?
A ce stade, c’est bien trop tôt pour le
dire. L’Etat pourrait déjà protéger
les entreprises dont la valeur bour-
sière a chuté, et qui deviennent des
cibles faciles pour des investisseurs
étrangers. Pour cela, il suffit d’éten-
dre la liste des secteurs stratégiques
(limitée aujourd’hui à la défense, la
santé, etc.) pour lesquels Bercy a
son mot à dire en cas d’opération de
rachat par une entreprise étran-
gère. Ça ne coûte rien au budget, la
Commission européenne pousse
dans ce sens, c’est incompréhensi-
ble que Bercy n’ait toujours pas agi.
La seconde priorité consiste à natio-
naliser tout de suite Luxfer (fabri-
cant de bouteilles d’oxygène) et
Famar (usine pharmaceutique). n
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04 // EVENEMENT Jeudi 16 avril 2020 Les Echos

Les deux tiers

des associations à l’arrêt
Déjà déstabilisées par
la fin des emplois aidés,
les associations affron-
tent avec l’épidémie
un nouveau choc majeur,
selon une enquête
réalisée par Recherches
& Solidarités.
Leïla de Comarmond
@leiladeco
Les entreprises privées ne sont
pas les seules à subir de plein
fouet la crise du coronavirus.
Les associations accusent, elles
aussi, le choc. Une enquête du
réseau associatif d’experts et
d’universitaires Recherches &
Solidarités et dévoilée en exclu-
sivité par « Les Echos » en dit
long sur le séisme qu’elles
vivent avec le confinement.
Le premier signe en est le
Les allocataires ayant perdu une rémunération supérieure à 4.500 euros brut représentent environ 4 % des chômeurs indemnisés nombre massif de réponses au
par Pôle emploi. Photo Philippe Huguen/AFP questionnaire diffusé en ligne
pour l’étude : plus de 16.000 ont
été engrangées entre le 20 mars
sations ont permis à huit asso-
ciations sur dix de maintenir un
lien avec les bénévoles et à un
quart de lancer des activités de
substitution (un chiffre en
croissance sur la période). Mais
les difficultés sont devant elles.
Après la fin des emplois aidés
et de l’ISF, les associations, qui
ont vu leurs effectifs salariés
baisser, affrontent, fragilisées, la
crise du Covid-19 : seules 32 %
ont plus de six mois de trésore-
rie devant elles. Et les perspecti-
ves sont inquiétantes : 14 % anti-
cipent « une perte de revenus
d’activité totale » et 27 % des
associations (qui représentent
46 % de celles qui ont des sala-
riés) anticipent une perte
« s i g n i f i c a t i ve », s a c h a n t
que 81 % des associations ont dû
annuler des événements impor-
tants. Le maintien des partena-
riats financiers et l’accès à des
facilités de trésorerie sont les
priorités les plus citées dans
l’enquête, a fortiori par les asso-

Chômage des cadres : suspension

et le 7 avril, contre moins de ciations ayant du personnel.
5.000 habituellement pour le
baromètre annuel. « Signe de
l’ampleur de l’inquiétude, 80 % L’impact minimum

de la dégressivité des allocations des répondants ont laissé un de la crise sanitaire

l La baisse de 30 % au bout de six mois des allocations pour les hauts revenus
devait intervenir à partir du 1er mai.
l Elle est suspendue pour un délai qui peut aller jusqu’à 5 mois, selon les cas.
Alain Ruello
@AlainRuello
Crise du Covid-19 oblige, la nou-
velle formule de calcul du salaire
journalier de référence des deman-
deurs d’emploi, qui devait entrer
en vigueur au 1er avril, a été repor-
tée au 1er septembre, à la grande
satisfaction des syndicats. Une
autre mesure phare de la réforme
de l’assurance-chômage de l’été
dernier va également attendre un
peu : c’est la dégressivité des alloca-
tions dans des conditions précisées
dans un décret du ministère du
Travail publié ce mercredi au
« Journal officiel ».
Pour rappel, le gouvernement a
institué une baisse de 30 % au bout
de six mois du montant de l’indem-
nisation pour les chômeurs de
moins de 57 ans au moment de la
perte de leur contrat de travail. Cela
concerne toutes les personnes
gagnant plus de 4.500 euros brut,
soit une allocation brute de
84 euros par jour (ou 2.261 euros net
par mois), plancher en dessous
duquel il ne sera pas possible de des-
cendre en application de la mesure.
Un décret qui change
la donne
Cette règle étant entrée en vigueur le
1er novembre dernier et ses premiers
effets devaient intervenir le 1er mai.
Le décret change la donne, tempo-
rairement, en distinguant deux cas
de figure. Ceux dont l’ouverture des
droits a été faite avant le 1er mars
bénéficieront d’un répit pour un
temps correspondant au nombre
de jours entre le 1er mars et une date
fixée par arrêté qui ne pourra pas
excéder le 31 juillet. Soit 5 mois de
suspension au maximum. Pour
ceux qui ont ouvert des droits après
le 1er mars, la durée de la suspension
est égale au nombre de jours com-
pris entre le point de départ de
l’indemnisation et cette même date
fixée par l’arrêté.
La CFE-CGC, qui avait demandé
au gouvernement un report de la
dégressivité au moins jusqu’à sep-
tembre, a obtenu gain de cause.
Pour le syndicat des cadres, son
maintien dans le contexte actuel
avait valeur « d’ineptie doublée
d’une injustice flagrante à l’encon-
tre du personnel d’encadrement ».
La suspension de la mesure
étant actée, reste que très peu de
personnes en bénéficieront du fait
du caractère très progressif de son
entrée en vigueur. Dans son étude
d’impact de la réforme, l’Unédic a
estimé entre 1.000 et 2.000 chaque
mois le nombre de nouveaux allo-
cataires concernés « à partir de fin
2020 ». En régime de croisière,
contact », note Jacques Malet,
de Recherches & Solidarités,
qui a réalisé l’étude pour le
Mouvement associatif en parte-
nariat avec le ministère en
charge de la Vie associative et
en lien avec le Réseau national
des maisons d’associations.
Les difficultés
sont devant elles
L’enquête évalue à « 1,4 milliard
environ 70.000 allocataires seront d’euros l’impact économique
indemnisés au moins un jour avec minimum en termes de perte de
une allocation journalière dégres- recettes d’activité de la crise sani-
sive, toujours selon l’association taire depuis la mi-mars sur le
paritaire qui gère le régime d’assu- secteur associatif » : « Environ
rance-chômage. 400 millions » pour les associa-
Pour rappel, les allocataires ayant tions non-employeuses et
perdu une rémunération supé- « plus de 975 millions d’euros
rieure à 4.500 euros brut représen- pour les associations employeu-
tent environ 4 % des chômeurs ses ». Les deux tiers des associa-
indemnisés par Pôle emploi. n tions sont à l’arrêt et seules 20 %
d’entre elles ont réussi à main-
tenir plus de 20 % de leur acti-
vité. Alors que la crise rend
70.000
ALLOCATAIRES
leurs actions encore plus indis-
pensables, 50 % du secteur cari-
tatif et 43 % du secteur social
Le nombre de personnes ont pu maintenir leurs activités.
au chômage qui seront Les associations employant
indemnisés au moins des salariés se sont adaptées en
un jour avec une allocation urgence. Pour cela, la moitié ont
journalière dégressive, mis en place du télétravail et
lorsque la réforme aura 13 % ont des salariés au travail
atteint un rythme de croisière. hors du domicile. Par ailleurs,
pour faire face à la chute de leur
activité, 69 % ont eu recours au
en termes de perte
de recettes
d’activité depuis
la mi-mars
sur le secteur
associatif
est évalué
à 1,4 milliard
d’euros.
L’étude souligne à cet égard
l’enjeu de l’utilisation des dispo-
sitifs d’aide des pouvoirs publics.
S’il s’est amplifié, des difficultés
persistent, regrette Frédérique
Pfrunder, déléguée générale du
Mouvement associatif, qui
représente près de 700.000 asso-
ciations. Dans certaines régions,
les associations se voient refuser
le chômage partiel et l’accès aux
prêts garantis ne couvre pas les
subventions, alors que leur ver-
sement est désormais incertain,
explique-t-elle.
Le Mouvement associatif
défend la création d’un « fonds
de soutien structurel » pour per-
mettre aux associations de faire
face, alors que « s’annonce très
probablement une baisse des
dons ou leur réorientation – vers
des causes nécessaires, mais qui
vont fragiliser certains acteurs –
et que des incertitudes pèsent sur

Hausse soutenue des inscriptions à Pôle emploi chômage partiel. Ces réorgani- les perspectives du mécénat ». n

Le nombre d’inscriptions
à Pôle emploi a augmenté
d’un peu plus de 42.000,
soit de 15 %, sur
les trois premières
semaines du confinement
par rapport à la même
période de 2019.
« Un investissement très lourd mais
très important car il sauve l’emploi et
les compétences. » Interviewée mer-
credi matin sur Radio Classique, la
Il en ressort que, sur les trois
premières semaines du confine-
ment, le nombre cumulé d’inscrip-
tions à Pôle emploi pour la France
entière a atteint 314.296, soit une
hausse de 42.149 par rapport à la
même période de l’année dernière
(+15 %). La hausse est très élevée
dans l’absolu, mais pas surpre-
nante compte tenu du choc écono-
mique actuel. Et le chiffre reste
très faible en comparaison du
nombre de salariés en activité par-
semaines fait ressortir un nombre Les chiffres publiés mercredi
cumulé de demandes d’inscrip-
tion en hausse de 14 %.
par le ministère du Travail mon-
trent également que, bien
qu’ébranlées, les entreprises res-
en bref
tent bien vivantes grâce au plan
Le recours d’urgence de 110 milliards de l’Etat.
au chômage partiel Ainsi, le nombre de plans de sauve-
reste massif garde de l’emploi, applicables pour
les entreprises de plus de 50 sala-
et, au vu des premiers riés qui envisagent d’en licencier au
chiffres, il semble moins 10, a été divisé par plus de
bien jouer son rôle deux entre le 1er mars et le 12 avril
par rapport à la même période de
d’amortisseur
Geoffroy van der Hasselt/AFP

ministre du Travail, Muriel Péni-
caud, a défendu à nouveau l’intérêt
pour l’Etat d’ouvrir en grand les
vannes du chômage partiel pour
contenir les effets de l’épidémie de
Covid-19. Au dernier décompte en
date, il y avait 8,7 millions de sala-
riés – soit plus d’un sur trois – cou-
verts par ce dispositif pour une fac-
ture estimée de 24 milliards d’euros
sur trois mois.
Le recours au chômage partiel
reste donc massif et, au vu des pre-
miers chiffres, en partie provisoi-
r e s , d u mi n i s tè r e du Travail
publiés mercredi, il semble bien
jouer son rôle d’amortisseur anti-
licenciement, sans pour autant
assurer une protection à 100 %.
tielle (et aux millions d’inscrits en
plus au chômage chaque semaine
aux Etats-Unis). « Cela reste très
contenu », insiste-t-on au minis-
tère du Travail.
Le nombre de plans de
sauvegarde en forte baisse
La progression s’est surtout fait
sentir sur la première semaine du
confinement avec 28.137 inscrip-
tions supplémentaires (+31,4 %).
Elle a ensuite ralenti sur la
deuxième (6.852, +8,1 %) et la troi-
sième (7.160, +7,3 %), même si Pôle
emploi précise que ces données
sont susceptibles d’être revues à la
hausse. Résultat, la tendance
annuelle sur les quatre dernières
anti-licenciement.
Faute de détails, on ne sait rien
des causes de ces inscriptions (fin
de CDI, de CDD, ruptures de
période d’essai…), si ce n’est que
les chiffres n’incluent pas les fins
de formation, de stage ou de CSP
(un dispositif d’accompagnement
pour les personnes licenciées
pour motif économique). Il est
aussi trop tôt pour savoir, en
face, le nombre de personnes
« sorties » des fichiers de Pôle
emploi pour reprise de travail,
même s’il devrait être
limité compte tenu de l’effondre-
ment des offres d’embauches.
2019 (37 contre 66).
Le nombre de suppressions de
postes envisagées dans le cadre de
ces plans de sauvegarde de l’emploi
suit logiquement la même courbe
(1.917 contre 5.490 en cumulé), au
point qu’il a été divisé par plus de
dix entre la semaine du 2 mars et
celle du 6 avril ! Autre signal
encourageant, on ne compte Macron réaffirme l’objectif
« que » 515 « petits licenciements » de reconstruire Notre-Dame en cinq ans
collectifs pour motif économique
hors PSE, c’est-à-dire majoritaire- PATRIMOINE Emmanuel Macron a affirmé mercredi que « tout »
ment dans les petites entreprises. serait fait pour reconstruire la cathédrale Notre-Dame de Paris
Tout cela laisse à penser que la en cinq ans, comme il s’y était engagé il y a un an après l’incendie
hausse des inscriptions à Pôle de l’édifice. Dans une vidéo postée sur le site de l’Elysée pour mar-
emploi provient en majorité de quer le premier anniversaire de l’incendie, le chef de l’Etat souli-
CDD non renouvelés, analyse-t-on gne que ce drame n’est pas oublié même si « nos journées, nos pen-
au ministère du Travail. — A. R. sées, nos vies sont accaparées » par la crise du coronavirus.

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COMMUNIQUÉ

LETTRE OUVERTE DE GROUPAMA

À SES 5 MILLIONS DE SOCIÉTAIRES ET CLIENTS
Chères Sociétaires, Chers Sociétaires,

Chacun d’entre nous compte désormais parmi ses proches des personnes qui ont été atteintes par le Covid-19. Nos pensées les plus chaleureuses vont
tout particulièrement vers ceux pour qui la maladie a pris ses formes les plus sévères.
Dans cette crise sans précédent, Groupama mobilise depuis le début toutes ses ressources de grand assureur mutualiste pour agir simultanément dans
trois directions :
- Soutenir ceux qui courageusement continuent à travailler dans des conditions difficiles pour que la France tienne le choc, en les protégeant au maximum ;
- Accompagner ceux qui sont dans l’impossibilité de travailler, pour les aider à traverser cette crise ;
- Préparer la reprise pour qu’elle ne laisse personne au bord de la route.
Ces actions, qui représentent un effort de plus de 400 M€ pour Groupama, s’inscrivent dans le prolongement de celles de l’État dont la fonction
est de nous protéger des grandes menaces qui pèsent sur l’ensemble du pays, au même moment. C’est pour cela que l’État, qui fixe la stratégie pour
combattre la pandémie, prend en charge ses très lourdes conséquences économiques par des mécanismes exceptionnels de soutien comme les prêts
garantis, le chômage partiel ou un Fonds de Solidarité envers les petits entrepreneurs obligés de cesser leur activité, en mobilisant des centaines de
milliards d’Euros, leviers dont il est le seul à même de disposer.
En tant qu’assureur mutualiste, nous avons, dès le début de cette pandémie, pris toute notre part dans cet effort de la nation sans oublier que notre
premier devoir est d’être toujours en capacité de vous servir les prestations pour lesquelles vous nous faites confiance et que nous vous devons. Cela
concerne vos assurances dommages comme vos assurances vie car Groupama, c’est un tout !
Les marchés financiers ont déjà fortement baissé alors que la crise est loin d’être finie et son coût loin d’être connu. Il n’y aurait rien de pire que de
mettre en risque votre épargne, à un moment où vous en avez plus que jamais besoin, par des dépenses précipitées et inconsidérées en dehors de nos
engagements envers vous.
Groupama est une compagnie d’assurance solide, et nous tenons à ce qu’elle le reste, pour vous et vos familles.
Comme acteur solidaire des territoires, nous avons été immédiatement moteur des engagements pris par la profession pour maintenir leurs garanties à
tous nos assurés en difficulté dans le paiement de leurs cotisations et pour prendre en charge les personnes les plus fragiles qu’il est légitime de protéger
particulièrement du virus.
Nous avons également soutenu la participation des assureurs au Fonds de Solidarité mis en place par l’État, alors même que nous sommes la seule
profession, à ce jour, à avoir décidé un tel effort. Pour bien comprendre l’ampleur du sujet, sachez que ce fonds va représenter, à lui tout seul, environ
35 années de cotisations d’assurance contre les pertes d’exploitation courantes.
Au-delà de ces mesures globales, grâce à la connaissance fine du terrain que nous apportent vos 34 000 élus ainsi que nos réseaux de collaborateurs
présents partout sur le territoire, nous prenons en compte chaque situation particulière pour lui apporter une réponse proportionnée car nous considérons
que la solidarité ne doit pas se transformer en effet d’aubaine et qu’elle doit se concentrer sur tous ceux d’entre vous qui en ont besoin.
Sachez-le, cette crise représentera pour Groupama un effort de plus 400 M€, soit beaucoup plus que les économies liées à la réduction du nombre de
sinistres automobiles.
Chacune de nos Caisses Régionales y travaille concrètement, même confinée. Le mutualisme est pour nous de la solidarité responsable car, face aux
dépenses, il y a obligatoirement des cotisations !
Bien évidemment, tout le groupe Groupama soutient ceux qui, par leur engagement sans faille, permettent à la France de continuer à tenir debout.
Nous leur exprimons notre plus profonde gratitude.
Au premier rang d’entre eux, nous remercions toutes les équipes soignantes, médecins, infirmières et infirmiers, aide soignantes et aide soignants,
bénévoles de santé. Nous leur avons apporté des soutiens locaux, soit à travers les hôpitaux, soit à travers des initiatives plus directes comme, par
exemple, la fourniture, quand leur véhicule est immobilisé, de moyens de locomotion à ceux qui doivent se déplacer pour pouvoir nous soigner.
Nous remercions également les agriculteurs qui sont au cœur de notre histoire et aujourd’hui plus que jamais vitaux pour notre alimentation quotidienne.
Premier assureur de l’agriculture française, Groupama veut rendre hommage à ces agriculteurs qui, contre vents et marées, continuent à nous nourrir
sans que nous ne manquions de rien malgré les pertes de productions auxquelles ils sont contraints. Pour symboliser cette fierté, il a été décidé de leur
rembourser 2 mois de cotisation d’assurance de leurs tracteurs. Nous redécouvrons, en ces temps difficiles, que les agriculteurs sont indispensables au
monde ! Nous sommes à leurs côtés pour soutenir et accompagner toutes les initiatives visant à leur fournir la main-d’œuvre nécessaire à la poursuite
de leur production.
Enfin, nous tenons à vous réaffirmer qu’en dépit du confinement qui nous a contraints à renoncer au format habituel pour un grand nombre de nos
assemblées générales, notre gouvernance mutualiste reste parfaitement active. Vos élus sont conscients des responsabilités qui incombent à un groupe
Crédit Photo : Getty Images/EyeEm

comme le nôtre et veillent plus que jamais à ce que Groupama remplisse pleinement sa mission d’assureur mutualiste solide et responsable des territoires.
Nous vous remercions tous pour votre confiance. Soyez assurés que tous vos élus et tous nos collaborateurs sont mobilisés pour en être dignes.
Nous sommes à votre écoute pour vous apporter les réponses individualisées dont vous avez besoin pour surmonter les effets de cette crise sanitaire
et économique.
Prenez bien soin de vous et de vos proches.
Nous sommes impatients de vous retrouver !
Avec nos salutations mutualistes les plus cordiales.

Le Président Le Directeur Général

Jean-Yves DAGES Thierry MARTEL

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06 // EVENEMENT
Pour accélérer le mouvement des départs de prison, certaines procédures ont été allégées permettant aux juges d’application
des peines de trancher directement. Photo Georges Gobet/AFP
Les prisons se sont vidées de près
de 10.000 détenus en moins d’un mois
La stratégie de désengorge-
ment des prisons défendue
par Nicole Belloubet,
la ministre de la Justice,
pour circonscrire la propa-
gation du coronavirus,
produit des résultats
qui vont très au-delà
de ses premières attentes.
Joël Cossardeaux
@JolCossardeaux
Il n’y a pratiquement plus de
surpopulation carcérale. Audi-
tionné ce mercredi matin par la
commission des Lois de l’Assem-
blée nationale, Stéphane Bredin, le
directeur de l’administration péni-
tentiaire, a déclaré que le nombre
de personnes détenues en prison
avait chuté de 9.923 en à peine un
mois pour s’établir à 62.650. C’est
environ 1.500 de plus que le nom-
bre de places opérationnelles à ce
jour (61.080).
La crise du coronavirus aura per-
mis d’obtenir en quelques semaines
ce que le gouvernement se promet-
tait de faire il y a deux ans en présen-
Concours enseignants : les oraux supprimés
pour 180.000 candidats
Pour les candidats
qui avaient déjà passé
des épreuves écrites
avant la crise sanitaire,
les concours « iront
à leur terme », avec
un recours « privilégié »
à la visioconférence. Pour
les autres, dont les épreuves
n’avaient pas commencé,
les oraux sont supprimés.
Marie-Christine Corbier
@mccorbier
Les épreuves des concours pour
ceux qui aspirent à devenir ensei-
gnant avaient été suspendues en
mars, en raison de la crise sanitaire.
Le gouvernement vient d’aménager
ces épreuves afin, notamment, de
permettre la nomination des pro-
fesseurs stagiaires le 1er septembre.
Pour les concours externes qui
n’ont pas commencé, les épreuves
d’admission se limiteront à des
épreuves écrites. Elles auront lieu
en juin et juillet et se dérouleront
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tant sa grande loi sur la justice. A
savoir, ramener le taux d’occupa-
tion des prisons des 118 %, qu’il était
à l’époque, à 100 % c’est-à-dire à
l’équilibre. On y est presque
aujourd’hui avec un niveau de
population carcérale qui n’est
désormais plus que de 103 %, selon
Stéphane Bredin.
Sorties anticipées
Ce résultat est indéniablement dû
aux mesures contenues dans une
des ordonnances prises dans le
cadre de l’état d’urgence sanitaire,
décidées le 25 mars dernier par le
gouvernement. Pour contenir la
diffusion du Covid-19 dans les pri-
sons et y maintenir le calme, il
avait décidé de jouer la carte des
sorties anticipées.
Les détenus auxquels il ne restait
plus que six mois à purger, à condi-
tion d’être affectés à un travail d’inté-
rêt général, pouvaient être autorisés
à ne plus séjourner derrière les bar-
reaux. Idem pour les peines courtes,
celles de deux mois, dont les déten-
teurs pouvaient être libérés sans
cette contrepartie pénale.
« dans le cadre d’un protocole sani-
taire très strict », a annoncé le minis-
tère de l’Education nationale, ce
mercredi. Pour les quelque 180.000
candidats concernés, les oraux sont
donc supprimés.
« Resserrement
du calendrier »
« Le resserrement du calendrier ne
permet pas d’organiser les concours
selon les modalités habituelles, expli-
que le ministre de l’Education
nationale, Jean-Michel Blanquer,
dans un message vidéo publié sur le
site du ministère. En effet, entre les
écrits et les oraux, normalement plus
de deux mois sont nécessaires, lors-
qu’on organise un concours. »
Ces épreuves réaménagées
« ouvrent donc à l’admission et au
statut de fonctionnaire stagiaire »,
précise Jean-Michel Blanquer. A la
rentrée, les fonctionnaires stagiai-
res concernés « bénéficieront d’un
accompagnement renforcé et de la
visite d’un inspecteur pour faire le
point », souligne le minis-
Pour accélérer le mouvement
des départs, certaines procédures
ont été allégées permettant entre
autres aux juges d’application des
peines de trancher directement. Un
autre facteur, mentionné par Sté-
phane Bredin devant les parlemen-
taires, a joué en faveur de cette
baisse de pression démographique
dans les prisons : le ralentissement
de l’activité judiciaire.
Les détenus auxquels
il ne restait plus
que six mois à purger,
à condition d’être
affectés à un travail
d’intérêt général,
pouvaient être
autorisés à ne plus
séjourner derrière
les barreaux.
Pour cause de coronavirus, là
encore, beaucoup d’affaires qui
devaient passer devant les tribu-
tère. Pour être titularisés, ces can-
didats devront passer un oral au
printemps 2021, « dont les con-
tours seront définis dans les pro-
chaines semaines ».
Pour les candidats qui avaient
déjà passé des épreuves écrites
avant la crise sanitaire, les con-
cours « iront à leur terme », assure
Les fonctionnaires
stagiaires
concernés
« bénéficieront d’un
accompagnement
renforcé
et de la visite
d’un inspecteur
pour faire le point. »
MINISTÈRE DE L’ÉDUCATION
https://t.me/WorldAndNews
naux sont reportées, la justice se
concentrant sur les cas les plus gra-
ves (crimes, violences à la personne).
Résultat, le flux des incarcérations
s’est considérablement réduit,
essentiellement dans les maisons
d’arrêt qui concentrent les courtes
peines, les seules concernées.
Cette « dépressurisation » des
prisons se révèle bien plus impor-
tante que ce qu’envisageait initiale-
ment Nicole Belloubet. La garde
des Sceaux avait, en effet, indiqué
tabler sur 5.000 sorties anticipées.
Aujourd’hui, la réalité des chiffres
penche plutôt en faveur d’Adeline
Hazan, la contrôleuse générale
des lieux de privation de liberté
(CGLPL), qui a réclamé la semaine
dernière la libération anticipée
d’« au moins 7.000 détenus supplé-
mentaires », en prônant de nouvel-
les mesures que la Chancellerie a
écartées.
Reste enfin à savoir, si cette chute
de la population carcérale n’est pas
qu’une parenthèse. Après la fin de la
crise de Covid-19, l’activité judi-
ciaire et pénale va bien devoir
reprendre dans son entièreté. n
le ministère. Cela concerne près
de 80.000 candidats, qui préparent
les concours de l’agrégation (deux
tiers des candidats ont déjà passé
des épreuves écrites), du Capeps
(pour enseigner l’éducation physi-
que et sportive) et certains Capet
(pour enseigner dans un lycée tech-
nologique). Les épreuves d’admis-
sion se dérouleront « à partir du
mois de juin », dans « le respect strict
des règles sanitaires » et la visiocon-
férence sera « privilégiée », « dans
la mesure du possible ». Les candi-
dats pourront être convoqués
près de chez eux dans un local du
ministère de l’Education nationale,
selon le ministre.
Pour les concours internes,
toutes les épreuves qui n’ont pas
pu se dérouler jusqu’ici sont
reportées « en septembre et en
octobre », annonce encore Jean-
Michel Blanquer. Le ministère de
l’Education nationale promet un
calendrier de passation des épreu-
ves « plus précis » dans les pro-
chaines semaines. n
Jeudi 16 avril 2020 Les Echos
Macron : unir les élus
plutôt que les partis
Si Emmanuel Macron compte s’appuyer sur les
collectivités locales pour organiser le déconfine-
ment, il pense aussi associer les grands élus
pour l’après. Dans une union nouveau type.
fortiori dans une future
LE FAIT relance). Ignorer les grands
DU JOUR élus au risque de souligner
POLITIQUE les béances de l’Etat ou
tenter de les associer pour
Cécile créer une
Cornudet complémentarité ? « La crise
a traduit de façon documentée
la faillite de l’Etat », souligne
ourquoi l’Allemagne un proche du président. Ce
P fait-elle mieux que
nous face au virus ?
Le journaliste qui se risque
à la question n’obtient que
sera la seconde option.
Dans ses dernières
allocutions, Emmanuel
Macron a glissé un nouveau
des demi-réponses. « Si fil rouge, les « solidarités
nous n’avions pas eu le nouvelles », qu’il décline à
rassemblement évangélique l’international, mais aussi en
de Mulhouse, nous serions France, entre partenaires
au niveau de l’Allemagne », sociaux mais aussi entre
« il est impossible de l’Etat et les territoires. Par
comparer les statistiques », deux fois dans la dernière, il
évacuent ses interlocuteurs a cité les élus. Il ne fera plus
exécutifs. Dénégation forte, sans eux. Pour le
préoccupation réelle : le déconfinement (c’est un élu
chemin est connu. local, Jean Castex, qui le
Une même part du PIB prépare), et pour l’après. « Le
consacrée à la santé, et président aime mieux les élus
pourtant un taux
d’équipements en lits, tests et
respirateurs bien supérieur :
le modèle allemand est bel
que les étiquettes », relève
Dominique Bussereau, le
président des départements.
Si union il doit y avoir pour
est bien placé sous
microscope. Avec déjà un
premier atout identifié par le
reconstruire le pays, elle
pourrait ne pas concerner les
partis. Ils ne pèsent plus,
pouvoir : l’articulation entre pense Emmanuel Macron.
l’Etat et les Länder y est bien Mais l’Etat et les grands élus,
plus efficace. L’Allemagne, France d’en haut/France d’en
source agaçante bas, articulées comme en
d’inspiration. Allemagne, dans un
Si le pouvoir a pesté, en gouvernement peut-être, plus
France, contre la propension sûrement dans une nouvelle
Dessins Kim Roelier pour « Les Echos »
de certains élus à redorer gouvernance. Un conseil
leur image dans la informel de grands élus
distribution de masques, il a pourrait l’aider à piloter le
aussi éprouvé, ces dernières pays comme il y a un Conseil
semaines, combien il était des ministres. Pas
difficile de se passer de la d’instrumentalisation.
logistique des maires (ça le Chacun à sa place. Mais à coup
sera a fortiori dans le sûr de nouveaux pouvoirs,
déconfinement), et des aides demandent déjà les intéressés.
économiques des régions (a ccornudet@lesechos.fr
en bref
Gérard Julien/AFP
Pour le chef de l’Etat, le professeur
Raoult est un « grand scientifique »
SANTÉ Emmanuel Macron a qualifié mercredi le professeur
marseillais Didier Raoult, vivement critiqué pour ses études sur
le traitement du Covid-19, de « grand scientifique », estimant qu’il
fallait que la bi-thérapie concoctée par ce spécialiste des maladies
infectieuses « soit testée ». « Je suis convaincu que c’est un grand
scientifique, et je suis passionné par ce qu’il dit et ce qu’il explique »,
a indiqué le chef de l’Etat sur RFI, disant que Didier Raoult était
« vraiment une de nos plus grandes sommités en la matière ».
SUR
RETROUVEZ DOMINIQUE SEUX
DANS « L’ÉDITO ECO »
À 7H45
DU LUNDI AU VENDREDI

Les Echos Jeudi 16 avril 2020
Les négociations sur le Brexit
reprennent… à distance
l Les discussions doivent reprendre par vidéo dès lundi prochain, pour trois
rounds d’une semaine, qui se tiendront les 20 avril, 11 mai et 1er juin.
l Le camp britannique exige la finalisation d’un accord d’ici à la fin de l’année.
INTERNATIONAL
Alexandre Counis
@alexandrecounis
— Correspondant à Londres
En tête de liste des priorités des diri-
geants européens comme du Pre-
mier ministre britannique, l’épidé-
mie de coronavirus a évidemment
damé le pion, ces dernières semai-
nes, aux négociations sur le Brexit.
Mais cela ne veut pas dire pour
autant qu’elles sont abandonnées.
Le négociateur en chef pour l’UE,
Michel Barnier, guéri après avoir
été testé positif au virus, et son
homologue britannique, David
Frost, qui avait dû s’auto-isoler
après en avoir, lui aussi, présenté
les symptômes, ont même décidé, à
l’occasion d’une vidéoconférence
mercredi, d’un nouveau calendrier
pour avancer.
« Afin de réaliser des progrès
réels et tangibles d’ici à juin », les
discussions doivent reprendre par
vidéo dès lundi prochain, pour
trois rounds d’une semaine démar-
rant les 20 avril, 11 mai et 1er juin.
Lors de la première session, qui
Stay Safe&Protect Your Families in the Coronavirus Pandemic. @WorldAndNews
s’est tenue début mars avant
l’annulation des deux rounds sui-
vants, 11 dossiers avaient été discu-
tés en parallèle, allant du com-
merce aux transports en passant
par la pêche et la sécurité, Michel
Barnier et David Frost ouvrant et
clôturant les travaux.
La technologie et ses limites
Malgré cette relance, rares sont
ceux qui croient encore à un possi-
ble respect du calendrier initial,
qui devait, à la demande de Lon-
dres, permettre de finaliser un
accord sur la relation future entre
les deux blocs d’ici à la fin de
l’année. Mais alors que Boris John-
son, désormais guéri du coronavi-
rus, est toujours en convalescence,
le camp britannique refuse tou-
jours de repousser à plus tard la fin
de la période de transition, qui doit
permettre d’aboutir à un accord
avant le 1er janvier. D’autant que
l’obligation de conclure d’ici là est
inscrite dans la loi britannique, et
qu’il faudrait une nouvelle loi pour
retarder l’échéance.
Le travail à abattre pour parvenir
à un accord reste titanesque. Le pre-
mier round de négociation a sur-
tout servi à constater de « très
sérieuses divergences » entre les
positions de départ des deux camps.
Tout reste à faire pour aplanir les
sujets qui fâchent, comme la pêche
et les services financiers. Sans
compter le « level playing field » que
Bruxelles veut imposer à Londres
p our éviter tout dumping en
matière de concurrence, ou encore
d’environnement, et dont Londres
ne veut pas entendre parler.
La technologie va permettre de
Le travail à abattre
pour parvenir
à un accord
reste titanesque.
remettre l’ouvrage sur le métier,
mais elle a ses limites. Les diploma-
tes reconnaissent qu’il est difficile
d’atteindre, par vidéo, la même
dynamique qu’à l’occasion de ren-
contres physiques, de sentir aussi
bien les sensibilités de chacun, et de
faire preuve d’autant de créativité.
La Commission européenne, qui
briefe régulièrement les 27 Etats
membres sur l’avancée des discus-
https://t.me/WorldAndNews
EVENEMENT // 07
sions avec Londres, a aussi plus de
mal à le faire à distance.
Incertitude
Boris Johnson prendra-t-il le risque
d’ajouter l’incertitude d’un Brexit
sans accord à la crise sans précé-
dent que l’épidémie inflige à l’éco-
nomie britannique, ou finira-t-il par
saisir la perche que lui offre le coro-
navirus pour demander une exten-
sion de la période de transition ?
A Bruxelles et Strasbourg, de plus
en plus de voix l’y convient, du Parti
populaire européen au Commis-
saire au commerce Phil Hogan,
en passant par le président de la
commission des Affaires étrangè-
res du Parlement européen, David
McAllister.
Un récent sondage publié dans
le « Sunday Times » montre que
64 % des Britanniques y seraient
favorables, afin de faire face à la
pandémie actuelle. Mais les hard
Brexiters veillent au grain. Et
Boris Johnson a tout sauf envie
d’ouvrir un débat sur la contribu-
tion au prochain cycle budgétaire
e u r o p é e n q u’u n e é ve n t u e l l e
extension imposerait au Royau- Le négociateur britannique, David Frost, et son homologue fran-
me-Uni. n çais, Michel Barnier, début mars. Photo Olivier Holset/pool/AFP

08 // EVENEMENT
L’Allemagne dessine un retour
à la normale en pointillé
l Angela Merkel et les dirigeants des seize Länder allemands ont décidé d’autoriser la réouverture des commerces
de moins de 800 mètres carrés à partir de lundi prochain.
l Les bacheliers pourront reprendre le chemin du lycée à partir du 4 mai.
Ninon Renaud
@NinonRenaud
— Correspondante à Berlin
L’Allemagne dessine un déconfine-
ment marqué par la plus grande
prudence. Au terme de près de qua-
tre heures de vidéoconférence avec
les dirigeants des seize Länder alle-
mands, Angela Merkel a annoncé
en présence de son vice-chancelier
Olaf Scholz et des premiers minis-
tres de Bavière et de Hambourg,
Markus Söder et Peter Tschents-
cher, plusieurs assouplissements
imminents des mesures de lutte
contre le Covid-19 imposées depuis
près d’un mois aux Allemands.
Mais le message principal
demeure : il faudra encore attendre
« au moins » quinze jours de plus,
jusqu’au 4 mai, pour que la vie
reprenne tout doucement son
cours en Allemagne.
Berlin se refuse
encore à imposer
le port du masque
Et ce dans le strict respect de la
règle consistant à conserver au
moins 1,5 mètre de distance avec
les autres. « Nous évoluons dans
une nouvelle normalité où nous
allons devons vivre avec le coronavi-
rus encore longtemps », a prévenu
Olaf Scholz. Si Berlin se refuse
encore à imposer le port du mas-
que, celui-ci est néanmoins « for-
tement » recommandé à la popula-
tion dans les lieux publics et les
commerces de proximité. A partir
de lundi, les boutiques de moins de
800 mètres carrés pourront en
effet de nouveau accueillir des
clients. En revanche les centres
commerciaux, les restaurants et
autres discothèques resteront fer-
més jusqu’à nouvel ordre tandis
que les grandes manifestations
seront interdites jusqu’au 31 août, y
compris les matchs de football très
prisés des Allemands. Le débat sur
la réouverture des écoles a été par-
Bruxelles appelle les Etats à la prudence et à la collaboration
La Commission européenne
pointe la nécessité de se
coordonner entre voisins
pour rouvrir progressive-
ment les commerces
et les frontières.
Derek Perrotte
@DerekPerrotte
— Bureau de Bruxelles
L’entrée a été chaotique, la sortie
devra être mieux ordonnée. A
l’heure où des Etats membres,
comme l’Espagne, l’Autriche, la
République tchèque, l’Allemagne ou
la France entament ou préparent
des réouvertures de bureaux, de
commerces, de parcs ou d’écoles, la
Commission européenne a prié
mercredi les Vingt-Sept d’accorder
leurs violons sur les grandes règles
de déconfinement à venir ces pro-
chaines semaines. Les replis natio-
nalistes désordonnés qui ont guidé
les entrées en confinement mi-
mars, en particulier les fermetures
de frontières, ont dépité l’exécutif
européen et exposé sa faiblesse.
Mais Bruxelles ne prendra pas pour
autant la main sur le déconfine-
ment : cela est et demeure une pré-
rogative des Etats. Reste qu’ « un
Stay Safe&Protect Your Families in the Coronavirus Pandemic. @WorldAndNews
« Notre succès est provisoire », a martelé Angela Merkel, mercredi soir en présentant un plan de sortie très progressif du confinement du pays. Photo Markis Schreiber/pool/AFP
ticulièrement tendu entre Länder.
Si les crèches et les petites classes
restent fermées, les bacheliers, les
élèves finalisant une formation
professionnelle et les dernières
classes du primaire pourront fina-
lement reprendre le chemin de
l’école à partir du 4 mai. Mais
l’organisation de cette reprise reste
encore à préciser entre les Länder
pour s’assurer que les établisse-
ments scolaires ne se transfor-
ment pas en foyers du virus.
Cette inquiétude illustre le com-
promis qu’il a fallu trouver entre
des régions désireuses de coordon-
ner leur action pour assurer la
meilleure efficacité mais qui restent
divisées sur la marche à suivre.
Alors que la Bavière et son zélé Pre-
manque de coordination dans la levée
des mesures restrictives risque d’avoir
des effets négatifs sur tous les Etats
membres et d’entraîner des frictions
politiques entre eux », soulignent les
recommandations présentées mer-
credi par la présidente de la Com-
mission européenne, Ursula von der
Leyen, et le président du Conseil
européen, Charles Michel.
Une levée « graduelle »
Les deux leaders insistent en parti-
culier sur une bonne coordination
future du rétablissement progressif
des passages de frontières au sein de
l’espace Schengen, qu’elle espère
rapide et qui précédera toute réou-
verture ensuite des frontières exté-
rieures de l’Union. Ursula von der
Leyen était si soucieuse de ne pas
être prise de vitesse par les Etats
qu’elle a d’abord voulu dévoiler ces
recommandations la semaine pas-
sée, avant que la démarche ne soit
jugée trop prématurée.
Les lignes directrices concoctées
par Bruxelles fixent trois critères de
sortie progressive du confinement :
un recul durable de la propagation
du virus, un système de santé prêt à
affronter alors un probable rebond
et des capacités de test suffisantes.
mier ministre Markus Söder, mène
le camp des Länder les plus réticents
à un retour trop rapide à la vie nor-
male, le premier ministre de Rhéna-
nie-du-Nord-Westphalie, Armin
Laschet, affichait sa volonté de rou-
vrir les écoles dès lundi prochain.
2.486 nouveaux cas
En amont de la réunion d’Angela
Merkel avec les dirigeants des Län-
der, son porte-parole, Steffen Sei-
bert, avait souligné devant la presse
combien « le chemin est étroit entre
un assouplissement prudent et pro-
gressif et la préservation de nos pro-
grès dans la lutte contre le coronavi-
rus ». Après quatre jours de baisse
consécutive, le nombre de person-
nes infectées au Covid-19 a de fait de
Sans surprise et dans la droite ligne
des réflexions guidant déjà les
Etats, elles recommandent une levée
« graduelle » des restrictions, en pro-
tégeant « plus longtemps » les plus
âgés et les malades chroniques. La
reprise du travail in situ doit de
même être graduelle et le télétravail
rester « encouragé ». La Commission
est peu diserte sur la question sensi-
ble des écoles, se contentant d’évo-
quer des horaires adaptés et des clas-
ses réduites.
Les mesures d’exception déci-
dées par les différents pays, parfois
en décrétant l’état d’urgence, « doi-
vent progressivement être rempla-
cées par des interventions plus
ciblées », pour garantir le respect de
la démocratie, insiste aussi l’exécu-
tif européen, inquiet que la crise ne
serve de prétexte chez certains
Etats, Hongrie en tête, à un recul
durable des libertés fondamenta-
les. Bruxelles ouvre la porte au
recours à des applications de tra-
çage par téléphone portable, « qui
peuvent aider à interrompre des
chaînes d’infection », mais souligne
surtout que leur utilisation doit
être basée sur le « volontariat » et
respecter les règles européennes
sur les données personnelles.
https://t.me/WorldAndNews
nouveau légèrement augmenté :
l’institut Robert Koch faisait état
mercredi matin de 2.486 nouveaux
cas et de 153 décès supplémentai-
res, portant le nombre total de per-
sonnes infectées à 127.584 pour
3.254 morts. « Notre succès est provi-
soire », a martelé Angela Merkel.
Pour réellement maîtriser la propa-
gation du virus en attendant l’arri-
vée d’un vaccin, la chancelière a de
nouveau évoqué la nécessité de
pouvoir en tracer le déploiement en
quasi-temps réel au travers d’une
application mobile. Celle-ci devrait
être opérationnelle d’ici le 30 avril,
date du prochain point prévu entre
Angela Merkel et les Länder pour
adapter le retour du pays à cette
normalité d’un nouveau genre. n
Toujours sur le volet sanitaire,
Ursula von der Leyen a annoncé
l’organisation le 4 mai d’une confé-
rence des donateurs pour encore
plus soutenir la recherche d’un vac-
cin, « notre meilleure chance collec-
tive de vaincre le virus » et une pers-
pective indispensable à un futur
retour à une vie sociale normalisée.
« Un plan Marshall »
Bruxelles rappelle aussi la néces-
sité de préparer la reprise écono-
mique. A une semaine d’une nou-
velle vidéoconférence des chefs
d’Etat des Vingt-Sept, le 23 avril,
Ursula von der Leyden a martelé
que « l’Europe a besoin d’un plan
Marshall » impulsant une relance
forte de l’investissement, en met-
tant comme convenu avant la pan-
démie l’accent sur la digitalisation
et le verdissement de l’économie.
Outre les différents plans
d’urgence nationaux et européens
débloqués ou en cours, la Commis-
sion ambitionne pour cela de
revoir à la hausse son projet de
budget 2021-2027de l’UE, pourtant
déjà jugé trop élevé par certains en
début d’année. Reste à savoir si, là
aussi, la crise du coronavirus
rebattra les cartes. n
Jeudi 16 avril 2020 Les Echos
Des centres piétonniers
allemands au bord
de l’asphyxie
Avec la prolongation
du confinement,
une « vague de faillites »
menacerait les magasins
de centres-villes et avec
eux, les rues piétonnières.
Nathalie Steiwer
@natbxltec
— Correspondante à Berlin
Le coronavirus aura-t-il la peau
des centres piétonniers à l’alle-
mande ? Inventées dans les
années 1950, lorsque la recons-
truction d’après-guerre permet-
tait de repenser les centres-villes,
les rues piétonnes sont menacées
par le confinement. Près de 40 %
des entreprises du tourisme et
hôtellerie risquent la faillite dans
le pays, selon la chambre de com-
merce et d’industrie allemande
(DIHK). Les deux chaînes Vapiano
et Maredo ont déjà mis la clé sous
la porte. « Si les magasins des cen-
tres-villes doivent encore fermer
pendant longtemps, nous sommes
menacés par une énorme vague de
faillites », prévient Stefan Genth,
qui dirige la fédération allemande
du commerce de détail (HDE). Un
secteur qui revendique 1,7 million
d’emplois.
Plan de sortie
Les fédérations de restaurateurs et
du secteur de la mode multiplient
eux aussi les appels pour relâcher
le confinement, promettant
d’écarter leurs tables et de proté-
ger les employés. Rien n’y fait : si
porter un masque peut faire sens
dans un magasin, « ce n’est pas le
cas au restaurant », prend la peine
de rappeler Markus Söder, le
ministre-président de Bavière.
Pour l’institut de recherche sur
les PME, l’IFM, les autorités
devraient au moins présenter un
plan de sortie pour donner des
« perspectives » aux commerçants
et leur permettre de se préparer.
Selon l’IFM, il faut une à deux
semaines pour relancer la
machine dans le commerce, un à
deux mois dans la gastronomie et
au minimum deux mois pour le
tourisme. Le gouvernement et les
régions tentent cette semaine de
définir un plan graduel de sortie
du confinement. Pour les rues pié-
tonnes, il pourrait être déjà trop
tard. Le « shutdown » est arrivé à
un moment déjà difficile pour les
centres-villes, menacés comme en
France mais parfois pour des rai-
sons différentes.
« Fonds de soutien »
Selon la fédération des commer-
çants, plus de 29.000 petits com-
merces avaient déjà disparu
durant les cinq dernières années.
La part de marché des détaillants
indépendants est passée de 31,9 %
à 16,2 % depuis 2000. La faute aux
achats en ligne et aux grandes
enseignes comme Esprit, H&M ou
Zara qui tiennent désormais le
haut du pavé piétonnier.
Les centres piétonniers à l’alle-
mande souffraient déjà d’une tare
à la naissance : l’absence de mixité
entre les logements et les com-
merces qui ont fait des centres des
déserts nocturnes. La tendance
était en train de s’inverser avec la
volonté de favoriser la gastrono-
mie selon le nouveau leitmotiv des
développeurs : « Food is the new
Shopping ». Ce n’est pas pour rien
que H&M a ouvert des cafés à Ber-
lin et Heidelberg. La crainte du
« petit commerce », mode ou ali-
mentaire, est qu’après le coronavi-
rus, seules survivent ces grandes
enseignes qui auront la surface
suffisante pour accueillir leurs
clients tout en respectant les dis-
tances de sécurité. Pour l’éviter,
Stefen Genth réclame un « fonds
de soutien » aux centres-villes et
un gel des loyers. n

Les Echos Jeudi 16 avril 2020
Trump suspend la contribution
américaine à l’OMS
l Washington va cesser de financer l’Organisation mondiale de la santé, le temps
d’une enquête sur les responsabilités de l’OMS dans la crise du coronavirus.
l Donald Trump digère mal les critiques qui lui ont été adressées.
Nicolas Rauline
@nrauline
— Bureau de New York
Il l’avait sous-entendu à plusieurs
reprises. Donald Trump l’a con-
firmé mardi : les Etats-Unis vont
suspendre leur contribution à
l’Organisation mondiale de la
santé. Le président américain s’est
lancé dans un long réquisitoire
contre l’OMS lors de sa conférence
de presse quotidienne, depuis la
Maison-Blanche. « Tout le monde
sait ce qui s’est passé », a-t-il lancé,
reprochant à l’organisation inter-
nationale de s’être opposée aux
restrictions de voyage visant la
Chine, au début de la crise. Au con-
traire, sa décision de fermer les
frontières aux voyageurs en prove-
nance de Chine a, selon lui, « sauvé
des milliers et des milliers de vies ».
Premier contributeur
« Aujourd’hui, j’ordonne la suspen-
sion du financement de l’Organisa-
tion mondiale de la santé pendant
qu’une étude est menée pour exami-
ner son rôle dans la mauvaise ges-
tion et la dissimulation de la propa-
gation du coronavirus », a-t-il
poursuivi. Cette étude pourrait
durer entre 60 et 90 jours. Les
Etats-Unis sont le premier contri-
Le « modèle Taïwan »
fragilise l’OMS
Avec « seulement » 6 morts
du coronavirus, l’île de
24 millions d’habitants est
saluée comme un modèle
dans la lutte contre
l’épidémie, mais l’Organisa-
tion mondiale de la santé
n’a pas tenu compte de ses
alertes en début de crise.
Frédéric Schaeffer
@fr_schaeffer
— Correspondant à Pékin
« WHO can help ? Taïwan. » Le slo-
gan s’affichait mardi dans une
pleine page du « New York Times »,
financée par près de 27.000 person-
nes désireuses de réhabiliter
Taïwan après les critiques du direc-
teur général de l’Organisation mon-
diale de la santé (dont l’acronyme
anglais est WHO) mais aussi de réaf-
firmer que « Taïwan peut aider » à
combattre la pandémie de Covid-19.
Avec « seulement » 6 morts du coro-
navirus, l’île de 24 millions d’habi-
tants est largement saluée comme
un modèle dans la lutte contre l’épi-
démie, mais déplore sa mise au ban
de toutes les grandes instances
internationales.
Action immédiate
Considérée par Pékin comme une
province chinoise, Taïwan est
exclue de l’ONU depuis la reconnais-
sance de la République populaire de
Chine en 1971. Lorsque le Kuomin-
tang était au pouvoir sur l’île, Pékin
avait autorisé Taïwan à assister en
tant qu’observateur aux assemblées
générales de l’OMS de 2009 à 2016.
Mais plus depuis l’élection de Tsai
Ing-Wen, présidente du Parti démo-
crate progressiste (DPP). Le gouver-
nement taïwanais, qui s’était
d’abord inquiété de ne pas avoir
accès aux informations cruciales de
l’OMS pour lutter contre l’épidémie,
accuse aujourd’hui l’OMS d’ignorer
son modèle de gestion de la crise et,
surtout, de ne pas avoir tenu compte
Stay Safe&Protect Your Families in the Coronavirus Pandemic. @WorldAndNews
EVENEMENT // 09
buteur au financement de l’OMS, mie aurait pu être contenue à sa sion de couper l’OMS de sa princi-
lui fournissant 20 % de ses contri- source avec très peu de morts », pale source de financement a en
butions étatiques. Un financement a-t-il soutenu, alors que les criti- tout cas suscité de nombreuses
fonction de la taille et du niveau de ques sur sa propre gestion de la réactions. Pour le secrétaire géné-
vie des membres. La Chine, elle, ne crise se font de plus en plus vives ral de l’ONU Antonio Gutierres,
contribue qu’à hauteur de 8 %. aux Etats-Unis, y compris de la l’OMS est « essentielle aux efforts du
Selon Donald Trump, Washington part des gouverneurs des Etats, monde pour gagner la guerre contre
verse chaque année entre 400 et qui tentent de reprendre la main. le Covid-19. Ce n’est pas le moment de
500 millions de dollars à l’OMS, Donald Trump reste beaucoup réduire le financement de ses opéra-
contre 40 millions pour Pékin. plus évasif sur la manière dont le tions. » La Chine a exprimé sa « vive
« Nous avons le devoir de réclamer pays va gérer sa sortie de crise. préoccupation », tandis que la
des comptes », a-t-il estimé. Mercredi, il devait présenter des France, via la porte-parole du gou-
« Si l’OMS avait fait son travail et groupes de travail sectoriels, com- vernement SIbeth Ndiaye,
envoyé des experts médicaux en posés de grands patrons, chargés « regrette » la décision et « espère un
Chine pour étudier objectivement de plancher sur la reprise. Sa déci- retour à la normale ». n
la situation sur le terrain, l’épidé-
« Si l’OMS avait fait
son travail et
envoyé des experts
médicaux en Chine
pour étudier
objectivement
la situation sur
le terrain,
l’épidémie aurait
pu être contenue. »
DONALD TRUMP
de son avertissement précoce sur la
gravité de la situation à Wuhan.
« Lors de la traumatisante crise
du SRAS de 2003, Taïwan avait forte-
ment été pénalisée de son exclusion
de l’OMS, explique Mathieu Duchâ-
tel, directeur du programme Asie
de l’Institut Montaigne. Cette fois,
Taïwan a, d’une certaine façon, tiré
parti de son isolement puisque
sa défiance très forte vis-à-vis des
informations en provenance de
Chine a conduit les autorités de
Taipei à reconnaître immédiatement
la gravité de la crise et à prendre des
mesures fortes sur la base de leur
propre évaluation. »
Les autorités sanitaires taïwanai-
ses ont organisé leur réponse bien
avant que l’alerte ne soit lancée à
l’échelle mondiale et que l’OMS
reconnaisse la transmission
humaine du virus. Taïwan a com-
mencé à agir 21 jours avant la détec-
tion du premier cas de personnes
contaminées sur l’île. Dès le
31 décembre 2019, des prises de tem-
pérature sont mises en place à
l’atterrissage de tous les vols en pro-
venance de Wuhan. C’est aussi à
cette date que les autorités taïwanai-
ses envoient un e-mail à l’OMS fai-
sant état « d’informations indiquant
au moins 7 cas de pneumonies atypi-
ques à Wuhan » et d’un « isolement »
des cas en cours de traitement. Alors
que Pékin nie, à l’époque, la trans-
mission du virus d’homme à
homme dans ses rapports à l’OMS,
l’organisation se défend aujourd’hui
en indiquant que l’e-mail de Taïwan
ne faisait pas explicitement mention
d’une transmission entre humains.
« Taïwan s’enorgueillit de la gestion
de la crise, fait également des dons de
masques aux pays étrangers et bénéfi-
cie d’une visibilité sur la scène inter-
nationale qui irrite Pékin », poursuit
Mathieu Duchâtel. Le Covid-19
ravive aussi les tensions entre Pékin
et Taipei sous le regard de Washing-
ton, qui a encore récemment réaf-
firmé son soutien à l’île rebelle. n
https://t.me/WorldAndNews

10 // EVENEMENT
Un confinement insupportable dans les pays chauds
Si la moitié de l’humanité
ne peut quasiment plus
sortir de chez elle, le
confinement s’avère quasi
impraticable pour ceux qui
survivent de petits métiers
informels, ou doivent
endurer une fournaise sous
leur toit en tôle ondulée.
Y. B. et M. G.
— avec nos correspondants
Plus de la moitié de l’humanité, soit
4 milliards de personnes, ne peut
plus sortir de chez elle sur recom-
mandation ou sur ordre de leur
gouvernement. Un confinement
sans équivalent dans l’histoire,
vécu très différemment suivant les
pays, en raison notamment des
habitudes culturelles, des impéra-
tifs économiques, voire du climat.
Impossible, en effet, de rester chez
soi quand il faut faire des petits
métiers pour gagner quotidienne-
ment de quoi manger ou que la
température atteint des niveaux
insupportables sous les toits en
tôle ondulée des bidonvilles.
• AFRIQUE DU SUD : LE JEU
DU CHAT ET DE LA SOURIS
En Afrique du Sud, où il y a officiel-
lement le plus grand nombre de
cas de Covid-19 du continent (près
de 2.000), les sorties sportives, les
promenades du chien, ou la vente
d’alcool et de cigarettes sont inter-
dites. Pour faire appliquer ces
mesures, les autorités n’hésitent
pas à employer la manière forte : la
police et l’armée, déployées dans
les rues, font usage de canons à
i
Vendred
avec
os
Les Ech
Videz-vous la tête avec
un magazine qui la remplit
Stay Safe&Protect Your Families in the Coronavirus Pandemic. @WorldAndNews
eau, de balles en caoutchouc ou de
coups de « sjambok », une sorte de
long fouet, pour disperser les fou-
les attroupées devant les super-
marchés.
Dans les townships, les quartiers
les plus pauvres, il est difficile de
rester confiné, même si les habi-
tants se disent conscients de la dan-
gerosité du virus. Des familles
entières logent souvent dans la
même pièce d’un abri de fortune, et
survivent grâce au travail informel.
Ce qui impose de sortir, quitte à
jouer au chat et à la souris avec les
forces de l’ordre.
• ARGENTINE : NOMBREU-
SES ENTORSES AUX RÈGLES
Le confinement total et obligatoire
depuis le 20 mars ne laisse pas la
possibilité de s’aérer ni de réaliser
une activité sportive dans la rue.
Bien que les Argentins raillent
volontiers leur supposé manque de
discipline latine, le pays est entré en
isolement avec une adhésion
sociale surprenante. Mais les forces
de l’ordre veillent. En deux semai-
nes, plus d’un million de personnes
ont été contrôlées et près de 30.000
arrêtées ou verbalisées. Le confine-
ment se heurte toutefois à la réalité
économique et sociale des quartiers
précaires et des bidonvilles : loge-
ments exigus et nécessité de sortir
travailler tous les jours.
• INDE : BRUTALITÉ
ET CRUAUTÉ
Coups de bâton, gifles ou encore
humiliations : pour faire respecter
le confinement, déclaré le 25 mars,
par 1,3 milliard d’habitants – de loin
les effectifs les plus importants de la
planète –, les policiers indiens
cèdent à la tentation de la brutalité.
De nombreuses vidéos sur les
réseaux sociaux témoignent de la
cruauté avec laquelle ce confine-
ment impossible est imposé.
Dans les rues, les témoignages
récoltés font écho à la violence vue
sur les réseaux sociaux. « Les poli-
ciers nous frappent à coups de bâton
quand nous dormons. Ne sommes-
nous pas des êtres humains ? » inter-
roge Naval Kishor, un travailleur
migrant privé de ressources par
l’arrêt de l’économie et contraint de
dormir dans les rues du Vieux
Delhi.
Dans le deuxième pays le plus
peuplé au monde, seuls les riches
ont les moyens de se confiner.
Les centaines de millions de pau-
vres ont tout simplement été sacri-
fiées : en proie à la faim, au corona-
virus mais aussi à la violence.
L’écrivaine Arundathi Roy qualifie
ainsi le confinement indien
comme « le plus gigantesque et le
plus punitif du globe ».
• MAYOTTE : CRISE
SANITAIRE ET ALIMENTAIRE
« Le confinement semble respecté
quand on emprunte les axes princi-
paux, témoigne un médecin néph-
rologue visitant quotidiennement
les trois centres de dialyse dont il est
responsable à Mayotte. Dès qu’on
prend les routes secondaires, on voit
du monde partout, comme avant. »
Sur l’île française de l’archipel
des Comores, le confinement est
quasiment impossible à respecter
pour une part non négligeable de la
https://t.me/WorldAndNews
En Inde, les forces de l’ordre aspergent de désinfectant les réfractaires au confinement
(ici, à Chennai, le 9 avril). Photo P. Ravikumar /Reuters
population. Celle qui vivote d’acti-
vités informelles, habite des « ban-
gas » en tôle dans des bidonvilles,
sans accès à l’électricité, à l’eau
potable. Il s’agit, en grande majo-
rité, de clandestins comoriens,
parfois arrivés à Mayotte depuis
plus de vingt ans, qui y ont pris
mari ou femme, fait des enfants.
« Une partie importante de la
population a faim, alerte l’ancienne
ministre Dominique Voynet, qui a
pris la direction de la toute nou-
velle Agence régionale de santé de
Mayotte le 1er janvier. Des gens n’ont
plus aucun revenu, ne peuvent plus
acheter d’eau potable aux fontaines
équipées d’un système monétique.
La majorité présidentielle remporte
les législatives en Corée du Sud
Le parti de centre gauche
du président Moon Jae-in
contrôlera plus de la moitié
des sièges à l’Assemblée
nationale. Il va consacrer
les prochains mois
à redresser une économie
plombée par la crise
du coronavirus.
Yann Rousseau
@yannsan
Au plus bas dans les sondages en
janvier dernier, la majorité prési-
dentielle a largement remporté
mercredi les élections législatives
que les élites politiques sud-co-
réennes avaient tenu à maintenir
malgré la menace de l’épidémie de
coronavirus. Rassurés par les
mesures de protection sanitaire
mises en place dans les bureaux de
vote, les électeurs se sont déplacés
en masse, au point de générer l’un
des plus forts taux de participation
de ces trente dernières années,
pour donner une large victoire à la
formation de centre gauche du pré-
sident Moon Jae-in.
Tard dans la soirée, avant les ulti-
mes dépouillements, le Democratic
Party of Korea était assuré de con-
trôler plus de 155 des 300 sièges de
la future Assemblée nationale.
Main tendue
L’opposition conservatrice, emme-
née notamment par le United
Future Party, ne pouvant, elle,
« Une partie
importante de
la population
a faim. Des gens
n’ont plus aucun
revenu, ne peuvent
plus acheter
d’eau potable
aux fontaines. »
DOMINIQUE VOYNET
Directrice de l’Agence
régionale de santé
de Mayotte
compter que sur un peu plus de
120 députés. Bien qu’assez désunie,
la droite pensait, jusqu’à l’éclate-
ment de la crise du coronavirus,
pouvoir récupérer le pouvoir légis-
latif et geler les projets de réformes
de Moon Jae-in jusqu’à la fin de son
mandat en 2022. Mais la réaction
efficace de l’exécutif face à l’épidé-
mie – le pays n’a enregistré que
225 décès – a totalement déstabilisé
l’opposition, qui s’est retrouvée
incapable de mobiliser les électeurs
sur d’autres enjeux.
La réaction efficace
de l’exécutif face
à l’épidémie
– le pays n’a enregistré
que 225 décès –
a déstabilisé
l’opposition.
S’il dispose désormais d’une très
large majorité, le président Moon
Jae-in n’est pas certain de disposer
d’un soutien populaire suffisant
pour faire avancer ses agendas éco-
nomique et politique qui n’ont pas
été profondément débattus lors de
cette campagne obnubilée par
l’enjeu de l’épidémie. « C’est beau-
coup plus une réaction à la crise du
coronavirus qu’une validation de cer-
tains de ses projets controversés »,
note Go Myong-hyun, un analyste de
l’Asan Institute for Policy Studies.
Jeudi 16 avril 2020 Les Echos
Nous distribuons de l’eau et de la
nourriture, tout en cherchant à évi-
ter de créer des attroupements. » Les
autorités étudient également des
solutions pour concilier les tradi-
tions du prochain ramadan –
Mayotte est musulmane à 99 % – et
les exigences du confinement.
« Le système de santé sera totale-
ment dépassé lorsque les quartiers
pauvres de Mamoudzou, comme le
bidonville de Kaweni, seront tou-
chés », prédisait le 8 avril le conseil
scientifique Covid-19 dans son
avis sur l’outre-mer. Au 15 avril,
l’île comptait officiellement 221
cas et déplorait 3 décès liés au
Covid-19. n
Dans les prochains mois, le pré-
sident devrait maintenir sa straté-
gie de main tendue vers le leader
nord-coréen Kim Jong-un même si
ses efforts depuis 2017 n’ont pas
permis d’enclencher la dénucléari-
sation de l’arsenal de Pyongyang et
que la plupart des projets de coopé-
ration bilatérale sont à l’arrêt. Et il
va surtout devoir se concentrer sur
la relance de l’activité économique,
qui a été gravement touchée par les
dérèglements mondiaux liés à la
pandémie.
Rallonge budgétaire
Du fait notamment de la forte chute
de ses exportations depuis le début
de l’année et du recul de la consom-
mation, le produit intérieur brut
sud-coréen devrait, selon les pro-
jections du FMI, reculer de 1,2 % en
2020. Pour soutenir les exporta-
teurs, les PME et les ménages, le
gouvernement doit présenter dans
les prochains jours à l’Assemblée
un projet de seconde rallonge bud-
gétaire de 7.100 milliards de wons
(5,3 milliards d’euros), en complé-
ment d’une première rallonge de
11.700 milliards (8,8 milliards
d’euros) déjà votée. Des enveloppes
qui permettront notamment le ver-
sement à 70 % des familles du pays
d’un chèque de 1 million de wons
(750 euros). Au total, en comptant
notamment des garanties de crédit,
l’exécutif assure qu’il déploiera un
plan de relance de 150.000 mil-
liards de wons. n
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Les Echos Jeudi 16 avril 2020 // 11

idées&débats
Sarkozy, Hollande, Macron :
trois présidents
face à la malédiction des crises
L’ANALYSE
DE LA RÉDACTION
Avant Emmanuel
Macron et l’épidémie
du coronavirus,
Nicolas Sarkozy et
François Hollande
ont eux aussi connu
des crises – finan-
cière et économique
pour le premier,
terroriste pour
le second – qui ont
bouleversé leur
quinquennat. Ils ne
s’en sont pas relevés.
Macron vaincra-t-il
la malédiction ?
Grégoire Poussielgue
@Poussielgue
Nicolas Sarkozy face à la crise finan-
cière de 2008, François Hollande et
les attentats de 2015-2016, Emma-
nuel Macron et l’épidémie de coro-
navirus en 2020…. Depuis 2007, cha-
que président de la République en
France a connu une crise qui a pro-
fondément bouleversé son quin-
quennat et marqué un tournant.
Après la gestion de l’urgence, ces épi-
sodes se sont manifestés par des
changements de cap en rupture avec
les promesses portées pendant les
campagnes. Pour Nicolas Sarkozy et
François Hollande, ces crises et leurs
conséquences ne sont pas étrangè-
res à la sanction qu’ils ont connue à
la fin de leur quinquennat. Le pre-
mier a été battu, le second n’a même
pas pu se représenter. Pour Emma-
nuel Macron, l’histoire reste à écrire,
mais l’équation s’annonce très com-
pliquée à résoudre.
En 2008, Nicolas Sarkozy a vécu
une crise financière puis économi-
que. Tout avait pourtant bien com-
mencé pour ce président élu un an
auparavant sur le « travailler plus
pour gagner plus ». Il avait mis en
parenthèses, la dette a explosé (+600
milliards), et le chômage s’est aussi
envolé (+500.000). En ajoutant les
hausses d’impôts, le cocktail est trop
amer pour permettre une réélection
de Nicolas Sarkozy. Le sarkozysme a
disparu avec les « subprimes ».
François Hollande arrive à l’Ely-
sée en 2012 dans une situation éco-
nomique dégradée. Mais il va devoir
affronter pour sa part une crise
sécuritaire majeure. En janvier 2015
à « Charlie Hebdo » et à l’Hyper
Cacher de la porte de Vincennes, en
novembre 2015 à Paris et en juillet
2016 à Nice, pour ne citer que les
principales attaques, le terrorisme
vient frapper avec une ampleur
jamais connue une France placée
sous le mandat du président socia-
liste. Dans un premier temps, Fran-
çois Hollande, président déjà impo-
pulaire avant les attentats, réussit
lui aussi à faire l’union nationale
derrière lui et sa cote de popularité
D
Les points
à retenir

Boll pour « Les Echos »

place dans les mois suivant son élec-
tion un programme résolument
libéral, avec, notamment, le bouclier
fiscal ou la défiscalisation des heu-
res supplémentaires. La crise finan-
cière dite des « subprimes , qui pro-
voque la crise économique la plus
violente depuis 1929, vient tout bou-
leverser. Elle arrive à transformer
Nicolas Sarkozy en président keyné-
sien, apôtre de la relance budgétaire.
Pour doper une croissance en berne
et lutter contre un chômage qui
monte en flèche, le président issu de
l’UMP a ouvert grand les vannes de
la dépense publique. Dans une scé-
nographie soigneusement pensée, il
ira même jusqu’à nommer Patrick
Devedjian – décédé le 29 mars du
coronavirus – ministre de la Relance
économique. Mais jamais il ne se
relèvera de cette crise qui a sonné
comme un véritable coup d’arrêt à
son mandat : si sa cote de confiance
connaît une embellie au plus fort de
la tempête, elle rechutera après, le
style de Nicolas Sarkozy étant aussi
sévèrement jugé par les Français. A
la fin de son quinquennat, les réfor-
mes structurelles ont été mises entre
•quinquennat
Depuis 2007, chaque
à été bouleversé
par une crise obligeant
les présidents français à
rompre avec leurs promesses
de campagne.
• Nicolas Sarkozy a dû mettre
entre parenthèses les réformes
structurelles devant l’ampleur
de la crise économique
conséquence de celle
des « subprimes » en 2008.
• Les questions sécuritaires
achèveront les fractures de la
gauche sous le mandat de
François Hollande durement
éprouvé par le terrorisme.
• Le coronavirus a mis un coup
d’arrêt aux réformes en cours
d’Emmanuel Macron et réduit
à néant les bons résultats
économiques engrangés
depuis le début de son mandat.
• Ce dernier aura maintenant
à défendre le bilan de son
action pendant l’épidémie et à
fixer de nouvelles priorités dans
un contexte pré-électoral peu
propice aux débats de fond.
remonte en flèche. Mais ce ne sera
qu’un feu de paille. Le débat politi-
que et le clivage gauche-droite
reprennent vite le dessus sur les
questions sécuritaires. Dans le
même temps, François Hollande
fracture la gauche de façon irrémé-
diable en proposant la déchéance de
nationalité pour les binationaux.
L’aile gauche du PS et toute la gau-
che de la gauche, déjà en rupture
avec ce président trop « social-libé-
ral » à leurs yeux, n’attendaient que
cela pour le lâcher. Isolé dans son
camp, fragilisé dans l’opinion avec
une cote de confiance passée sous la
barre des 20 %, déstabilisé par
l’offensive d’Emmanuel Macron,
qui a lancé son propre mouvement
En marche, François Hollande n’a
d’autre choix que de renoncer à se
représenter. Il l’annonce en décem-
bre 2016.
Emmanuel Macron, lui, est à son
tour en train de vivre le tournant
d’un quinquennat déjà confronté à
la crise – inédite – des « gilets jau-
nes » fin 2018-début 2019. La crise
sanitaire qui frappe le pays est sans
précédent depuis un siècle et l’épidé-
mie de grippe de 1919. Sans remettre
en cause les réformes structurelles
engagées depuis mai 2017, le corona-
virus est venu, en quelques jours,
réduire à néant les bons résultats
économiques engrangés depuis le
début de son mandat et que le loca-
taire de l’Elysée peinait déjà à valori-
ser dans l’opinion. Il a aussi mis un
coup d’arrêt – pour l’instant provi-
soire, sans doute définitif – à des
réformes déjà engagées, comme cel-
les des retraites ou de l’audiovisuel.
Surtout, la crise sanitaire va
déclencher une crise économique
et sociale sans précédent depuis la
fin de la Seconde Guerre mondiale.
Nul ne se risque à prédire son
ampleur, mais, avec 8 % de réces-
sion, 9 % de déficit public et un sala-
rié sur trois au chômage partiel
– des chiffres encore susceptibles de
se dégrader –, le pessimisme a
envahi les couloirs du pouvoir. Une
fois passé l’acmé de la crise sani-
taire, Emmanuel Macron verra
l’agenda politique des 18 derniers
mois de son quinquennat totale-
ment bouleversé. Il devra à la fois
défendre le bilan de son action pen-
dant l’épidémie, réparer les fractu-
res, relancer le pays, fixer de nouvel-
les priorités, le tout dans un
contexte pré-électoral en vue de
l’élection présidentielle de 2022 plus
propice aux règlements de compte
qu’aux débats de fond. Plus qu’une
seconde partie de mandat, un vrai
saut dans l’inconnu. n

LE
COMMENTAIRE Trois conditions pour bien redémarrer l’économie
de Jean-Hervé Lorenzi
epuis toujours la confiance du gouvernement. Mais les mois à elles étaient soumises à un nou- ser le calendrier actuel qui est asso- La confiance s’appuie aussi sur la

D a nourri la réflexion des

économistes. La plus ache-
vée fut sûrement celle de Keynes et
sa notion d’« animal spirits » avec
cette idée simple que des facteurs
psychologiques et émotionnels
nous conduisent à agir. De mon
point de vue, jamais cela ne fut aussi
vrai, tout simplement parce que les
scénarios de sortie de crise quels
q u’ i l s s o i e n t n e p e u ve n t q u e
s’appuyer sur une confiance renou-
velée et difficile à obtenir.
C’est la raison pour laquelle il me
semble que quelques principes
essentiels doivent permettre la
mise en place d’un environnement
de confiance. Notre principal atout
pour résoudre ce problème extrê-
mement difficile est la qualité et la
rapidité de la réponse publique
dans la première vague d’interven-
tion publique, celle de la BCE et celle
venir seront bien plus difficiles que
ce que nous vivons aujourd’hui, la
remise en activité des instruments
de production, le retour au travail
des individus dans un univers qui
demeurera encore fondamentale-
ment incertain sont extrêmement
délicats à réaliser. N’oublions pas
qu’une des toutes premières crain-
tes est celle d’une reprise partielle
ou totale de l’épidémie, ce qui évi-
demment freinera toute idée
d’investissements sauf si l’on réta-
blit la confiance.
La première des conditions est
de créer le plus rapidement possi-
ble une assurance pandémie pour
les entreprises. Elle porte évidem-
ment sur les pertes d’exploitation
liées à cet événement. La volonté
des acteurs de ce secteur est là, mais
encore faut-il aller suffisamment
vite pour rassurer les entreprises si
veau choc.
La deuxième condition porte sur
les reports de prélèvements obliga-
toires. Les mesures prises
Il faut créer le plus
rapidement possible
une assurance
pandémie pour
les entreprises.
aujourd’hui sont parfaitement
adaptées. Mais le vrai sujet est
devant nous. Comment peut-on
imaginer les acteurs économiques
soumis à ces prélèvements au
moment même où il faut redémar-
rer et où juste le pire a été évité ? Cela
concerne évidemment les impôts
sur les sociétés, les charges sociales.
Il faut donc, me semble-t-il, repous-
cié à la sortie du confinement et lui
substituer la vraie reprise d’activité
économique. Evidemment, la durée
de ce report renouvelé est totale-
ment modulable, 3 mois, 6 mois, 1
an. Il est très onéreux pour les finan-
ces publiques, mais il est majeur
pour la confiance.
Le troisième point porte sur l’aide
aux secteurs sinistrés. Je pense
notamment aux biens durables,
telle l’automobile, qui seront sans
nul doute les grandes victimes de
cette crise. C’est le domaine clé du
soutien à la demande et il paraît
nécessaire que la production de ces
biens soit l’objet d’une baisse de la
TVA significative, mesure beaucoup
plus efficace que ne le furent les pri-
mes dans le passé. Ce même souhait
de baisse de TVA doit bien sûr aussi
s’appliquer à un panier plus large de
produits de première nécessité.
sécurité sanitaire renforcée des
personnes au travail, des kits de
protection, masques, gants, tests.
Ceux-ci devraient être réservés aux
secteurs majeurs pour la reprise
dont la simple activité aura un effet
bénéfique sur la perception du
redémarrage. Enfin, il faut que le
gouvernement annonce un grand
plan d’infrastructures pour les
hôpitaux, la recherche, la justice et
la sécurité, tout ce qui a donné le
sentiment dans les dernières
années d’un relatif abandon.
Cette liste est sûrement insuffi-
sante, mais elle est sans aucun
doute une exigence a minima pour
pouvoir envisager une sortie de
crise la plus rapide possible.
Jean-Hervé Lorenzi
est président du Cercle
des économistes.

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12 // IDEES & DEBATS
opinions
LE MEILLEUR DU
CERCLE DES ÉCHOS
Les périls d’une France
à l’arrêt
Si la France reste en confinement plus
longtemps que l’Allemagne, l’écart
économique risque de se creuser
de manière irréversible et insoutenable
entre les deux pays, écrit Matthieu
Courtecuisse, le président de Sia Partners.
A terme, c’est la survie de l’euro et de
l’unité européenne qui est en jeu.
DETTE PUBLIQUE « Le coût d’une journée
de confinement est autour de 5 milliards
d’euros, directement transférés dans la dette
publique nationale. […] L’avenir d’une
France ayant un ratio de dette publique
sur PIB deux fois supérieur à l’Allemagne
est sombre. Ce qui soulève de lourdes
interrogations sur l’avenir des régimes
de protection sociale. Le coût de la dette
publique va s’écarter de l’Allemagne et sera
plus proche de celui de l’Italie d’aujourd’hui
que de la France d’hier. »
FILIÈRES INDUSTRIELLES « Sans parler
de phénomènes irréversibles sur les filières
industrielles. Les pays européens vont se doter
de règles pour restreindre les acquisitions par
des non-Européens. Mais au sein de la zone
euro, il y aura une menace sur les filières
industrielles françaises de l’automobile,
chimique, pharmaceutique ou aéronautique
si elles sont plus affaiblies que les autres. »
DYNAMIQUE EUROPÉENNE « Une France
à l’arrêt face à une Allemagne en reprise
rapide : cette situation accentuerait
de manière irréversible des déséquilibres
jusqu’alors soutenables (une situation
économique et sociale bien meilleure,
des finances plus saines). Toute stratégie non
coopérative entre ces deux pays met à mal
toute dynamique européene, tout décrochage
de l’un des deux partenaires mettrait à mal
l’existence même de la zone euro. […]
Maintenir le confinement plus longtemps
que les Allemands, ce n’est pas un acte
de responsabilité. C’est mettre en jeu la
survie de l’euro et de l’unité européenne. »
a
Lire l’intégralité sur Le Cercle
lesechos.fr/idees-debats/cercle
LE LIVRE
DU JOUR
L’humanité à la cuisine
LE PROPOS
Voici une exploration historique
et scientifique par un homme
de goût. Alexandre Stern
nous plonge dans les mémoires et
les actualités de l’humanité à
travers un prisme singulier qui
s’avère déterminant : la cuisine.
Passé de la cueillette à la chasse
en passant par le charognage,
l’homme a commencé par
un régime essentiellement
végétarien. De la survie à la
gastronomie, du paléolithique
(avec la plus vieille recette
humaine : la moelle cuite) aux
problèmes contemporains
de malbouffe industrielle et
de maltraitance animale, le voyage
permet de souligner les fonctions
civilisatrices, culturelles,
médicales, sociales de la cuisine.
Emaillé de remarques ajustées
(le foyer, mijotant autour du feu,
comme cellule sociale de base),
le récit traite des révolutions
du palais et du parcours
de certains produits, thé, lait, vin
ou pomme de terre. Au terme
de la lecture, on donne trois étoiles
à un livre original qui n’est pas
DANS LA PRESSE
ÉTRANGÈRE
Coronavirus : la courbe
qui effraie le Japon
— Kévin Badeau
@kevinbadeau
•cran
Le niveau d’inquiétude monte d’un
au Japon. Jusqu’ici peu touché par
la pandémie de Covid-19, l’archipel
compte chaque jour un nombre crois-
sant de personnes atteintes du SARS-
CoV-2. Rien d’anormal tant le gouverne-
ment a tardé à réagir, comptant sur les
habitudes d’hygiène draconiennes de la
population. En revanche, une autre
courbe donne, elle, des sueurs froides
aux autorités. Celle du nombre de cas de
coronavirus dont il est impossible de
remonter à la source d’infection, rap-
porte « The Japan Times ».
Un panel d’experts nommé par le
gouvernement de Shinzo Abe a déclaré
début avril que les soignants ne sont pas
en mesure, dans 40 % des cas signalés,
de vérifier ni où ni quand les patients
ont contracté le virus. Pour mémoire,
en France, cela fait bien longtemps que
les autorités ont renoncé à remonter à
la source.
D’après le journal japonais, les auto-
rités sanitaires de l’archipel redoutent
que la situation ne devienne à terme
incontrôlable, « comme c’est le cas dans
les pays Occidentaux ». « The Japan
Times » ajoute que « la recherche de la
source de l’infection est vitale pour limi-
ter l’épidémie ».
Savoir qui a contaminé qui, l’idée
refait maintenant surface en France. Le
gouvernement prépare une application
numérique – StopCovid – qui permet-
tra, si elle voit le jour, de tracer les mala-
des via leur smartphone et d’indiquer
aux personnes croisées qu’elles sont
susceptibles d’avoir contracté le coro-
navirus. Mais le chemin est encore long.
Ce projet, sur la base du volontariat, est
très critiqué par les défenseurs des
libertés individuelles.
Le Singe cuisinier
Alexandre Stern,
Odile Jacob, 2020, 240 pages,
22,90 euros.
de cuisine mais sur ce qui est
éminemment humain dans
cette activité.
LES PREMIÈRES LIGNES
Elles mettent l’esprit en appétit :
« Il n’y a finalement que trois
manifestations de l’intelligence
humaine qui nous différencient
du règne animal : l’art, la religion et
la cuisine. »
— Julien Damon
https://t.me/WorldAndNews
Le mauvais procès
fait à la mondialisation
Les pandémies existaient avant la mondialisation. Une éventuelle
fermeture des frontières, comme le préconisent certains, aggraverait
la crise économique à venir. De plus la France bénéficiera des traitements
et vaccins contre le Covid-19 qui seront conçus dans le monde entier.
LA
CHRONIQUE
de Jean Tirole
a crise sanitaire a remis au pre-
L mier plan le débat sur la globali-
sation. Certains font un étrange
amalgame entre une pandémie se
répandant dans le monde au gré des
échanges et les méfaits de la globalisa-
tion. Pourtant, bien avant la mondiali-
sation, l’épidémie de peste noire autour
de 1350 avait fait environ 25 millions de
morts rien que sur le continent euro-
péen. Entre 30 et 50 % de la population
de l’époque avait disparu. Les épidé-
mies de choléra et de variole eurent
elles aussi des conséquences dévasta-
trices tout au cours de l’histoire. Certes,
les liens internationaux peuvent accélé-
rer et même exceptionnellement créer
des épidémies (les colons amenèrent
avec eux des maladies, comme la
variole, qui entraînèrent une forte
chute démographique des Indiens
d’Amérique). Mais il est impossible de
se protéger des épidémies en abandon-
nant la globalisation, même en se trans-
formant en Corée du Nord. D’autres y
voient une occasion de revisiter la
chaîne de valeur ou prônent un inter-
ventionnisme accru en matière indus-
trielle. Que devons-nous en penser ?
Disruption des chaînes
d’approvisionnement
La crise sanitaire a souligné un coût rare
mais non négligeable de la globalisa-
tion : la disruption des chaînes d’appro-
visionnement pour les fournitures
médicales et les tests ainsi que pour dif-
férents biens d’équipement et de con-
sommation. Cette disruption illustre les
limites de la spécialisation internatio-
nale ; tel composant fabriqué en Chine
ou en Italie peut bloquer toute une filière
industrielle, tel ingrédient peut empê-
cher la fabrication de tests du Covid-19.
Devons-nous remettre en cause la
globalisation et si oui comment ? La
réponse à cette question est nécessaire-
ment politique, mais l’économiste peut
apporter quelques éléments de
réflexion. Il me semble que ces disrup-
tions de chaîne d’approvisionnement
sont particulièrement coûteuses socia-
lement dans le cas des fournitures
essentielles, celles qui affectent de
façon importante la défense, la réaction
à des crises sanitaires ou l’approvision-
nement en aliments de base.
L’intervention publique est moins
pertinente pour les biens de consom-
mation courante : si un fabricant d’auto-
mobiles, de smartphones ou de jouets
ne s’approvisionne pas de façon suffi-
samment diversifiée et ne constitue pas
de stocks suffisants (économisant trop
en pratiquant un « just-in-time » exces-
sif), il perdra des parts de marché par
rapport à ses concurrents et n’aura que
ses yeux pour pleurer. Gageons que,
Bien avant
la mondialisation,
l’épidémie de peste
noire autour de 1350
avait fait environ
25 millions de morts
sur le seul continent
européen.
suite au Covid-19, les acteurs du secteur
p r i vé e n g a g e r o n t d e n o u ve l l e s
réflexions quant à la diversification de
leur approvisionnement. Un exercice
non trivial : le risque de disruption
d’approvisionnement était en Chine en
janvier, en France aujourd’hui.
Vers un nouveau
protectionnisme
Je ne crois pas que les revendications
d’une grande partie de la population
pour une augmentation du pouvoir
d’achat s’accommoderaient d’une perte
importante de pouvoir d’achat due à la
fermeture des frontières, qui s’ajoute-
rait à celle liée à la crise économique à
venir ! Grâce à la globalisation, en effet,
les consommateurs ont accès à de nou-
veaux biens et services produits dans le
monde entier ; et ils peuvent acquérir
Jeudi 16 avril 2020 Les Echos
Yilei Sun/Reuters
les biens déjà produits dans le pays à
plus bas prix, car ils ne sont plus captifs
des monopoles domestiques, et bénéfi-
cient de coûts de production plus bas
dans des pays exportateurs. Ces der-
niers, eux, peuvent se développer éco-
nomiquement et sortir de la pauvreté,
comme la Chine l’a fait de façon specta-
culaire depuis 1980. Sans oublier que la
France bénéficiera des traitements et
vaccins contre le Covid-19 qui seront
conçus dans le monde entier !
Savoir raison garder
Comme toujours, le choix n’est pas
entre globalisation ou pas, mais de
savoir comment combattre les effets
pervers de la globalisation.
Pour ressasser l’évidence, les impor-
tations en provenance des pays à faible
coût de main-d’œuvre infligent des
dégâts dans les secteurs concurrencés ;
des entreprises ferment, des salariés
perdent leur emploi. En théorie, ces
salariés doivent être compensés pour
leurs pertes (au moins économiques),
mais en pratique, ils le sont souvent
insuffisamment, surtout aux Etats-
Unis. Et si des emplois se créent (il s’en
crée toujours), ils peuvent se créer dans
d’autres régions et d’autres secteurs,
nécessitant éventuellement reconver-
sion et déménagement pour les salariés
concernés.
Moins familière est la nécessité pour
l’Etat de réfléchir au circuit d’approvi-
sionnement afin de veiller, dans l’exer-
cice de ses fonctions régaliennes, à la
protection et à la survie de ses citoyens
en période de grave crise sanitaire, ali-
mentaire ou militaire. Il devra le faire
avec flexibilité et sans a priori ; par
exemple, l’impression 3D et le dévelop-
pement de logiciels libres pourraient
permettre une réponse nationale, voire
locale, aux pénuries de tests ou de venti-
lateurs venant de l’étranger. Enfin, l’Etat
doit se limiter à ce qui est nécessaire et
résister aux lobbys qui ne manqueront
pas de quémander soit une protection,
soit un traitement de faveur dans les
achats publics sous prétexte que leur
activité est « essentielle ».
Jean Tirole est prix Nobel
d’économie (2014)
 Stay Safe&Protect Your Families in the Coronavirus Pandemic. @WorldAndNews

Les Echos Jeudi 16 avril 2020 IDEES & DEBATS // 13

Vous êtes déjà 3 millions

art&culture
à avoir téléchargé
notre podcast d’actualité
« La Story »

LE POINT
DE VUE La faillite de la gestion Cate Blanchett et les féministes
de Jean-Charles Simon publique Cécilia Delporte
@ceciliadelporte
SÉRIE
Mrs. America
A l’écriture et à la produc-
tion : la Canadienne Dahvi
de Dahvi Waller Waller, l’une des scénaristes
« Je ne suis pas contre les Avec Cate Blanchett, de la série culte « Mad
ans cette crise considérable que c’est justement encore plus d’allocation publics sont des mammouths alanguis. femmes. Je ne suis pas contre Sarah Paulson, Rose Men », également impli-

D nous traversons, beaucoup de

discours évoquent déjà ce qu’il
faudra changer « après ». Comme si cet
événement était la preuve d’une fai-
optimale des ressources, de chaînes
d’approvisionnement multiples et diver-
sifiées, d’échanges pour parer au mieux
à ces coups du sort de la nature.
Et aussi parce que leurs populations en
sont trop détachées ou déçues pour faire
preuve spontanément de civisme et
d’efficacité collective.
les femmes travaillant hors
de la maison. Mais je suis
contre le mouvement de libé-
ration des femmes ». Toute
Byrne…
Diffusée à l’heure US
sur Canal+ Séries à partir
du 16 avril, les jeudis à 21 h
quée dans la saga à succès
« Desperate Housewives ».

blesse intrinsèque de nos modes de vie et
du fonctionnement de nos sociétés. Pour
beaucoup, en France tout au moins, c’est
bien sûr la mondialisation libérale qui
est en cause, celle qu’ils jugeaient déjà
foncièrement mauvaise depuis long-
temps et qui serait cette fois enfin punie
pour son outrecuidance. Certains ont
même cette joie mauvaise, cette «Scha-
denfreude» qui les fait se réjouir du
drame, car il validerait enfin leur détes-
tation de ce modèle.
C’est à trois titres un contresens com-
plet sur cette crise. L’histoire des pandé-
mies nous montre tout d’abord à quel
point celles-ci se fichent bien d’écono-
mie et de politique et dévastent depuis
toujours l’humanité à intervalles régu-
liers, sans qu’il n’y ait là ni coupable, ni
Dieu, ni raison. Comme les précédentes,
celle du Covid-19 touche tout le monde
sans exception, et l’aurait fait de manière
encore bien plus mortelle et violente à
d’autres époques ou dans d’autres types
d’organisation économique et sociale.
Ensuite, la mondialisation libérale est au
contraire un atout puissant de multipli-
cation des coopérations de toute nature,
scientifiques d’abord, mais aussi écono-
miques pour maintenir un peu partout
des lieux de repli de production, des
alternatives et des échanges qui désen-
clavent au moins un peu les pays au pic
de la crise, et technologiques, tant les
nouveaux savoirs et modes d’organisa-
tion renforcent notre résilience collec-
tive. Enfin, car ce qu’il faudra « après »,
Il est en revanche une faillite béante
dans des pays occidentaux qui pensaient
parer à tout, et singulièrement en
France, qui se voulait le modèle de l’Etat-
providence, avec son record mondial de
dépenses sociales publiques et de
dépenses publiques tout court. C’est bien
la sphère publique de ces Etats, méditer-
ranéens notamment, qui apparaît
comme un géant entravé, sclérosé par sa
bureaucratie, ses lourdeurs, sa myopie
Nos dépenses
considérables sont
dédiées à offrir les soins
pour tous, avec une
surconsommation
et une déperdition
de moyens qui nous
éloignent des priorités.
et son impéritie. Pas de plan de crise, pas
d’anticipation ni de préparation, pas de
réactivité et d’agilité pour, comme dans
certains pays asiatiques, tester très mas-
sivement tout de suite, isoler les cas posi-
tifs, repérer grâce à la technologie tous
leurs contacts, enrayer ainsi la propaga-
tion de l’épidémie comme jamais aupa-
ravant cela n’avait été possible. Nos vieux
pays, si souvent sûrs d’eux et donneurs
de leçons, en sont réduits pour la plupart
à l’expédient moyenâgeux du confine-
ment généralisé, car leurs appareils
Et au sein de la sphère publique, il fau-
dra bien sûr s’interroger sur celle de la
santé, où nos dépenses atteignent des
sommets, mais où nous apparaissons
dans le dénuement le plus extrême, ne
serait-ce que pour disposer de simples
masques et protections pour les soi-
gnants. Si nous en sommes là, c’est parce
que nos dépenses considérables sont
dédiées à offrir les soins pour tous, quasi-
ment sans responsabilisation, avec un
gâchis, une surconsommation et une
déperdition de moyens qui nous éloi-
gnent des priorités. Parce que nous
avons organisé la pénurie de médecins
pendant trop longtemps, puis voulu
mêler liberté de choix, liberté de pres-
cription et remboursements garantis,
tout ça dans un vaste ensemble de silos,
de bureaucraties et de pesanteurs, où
hôpitaux, cliniques et médecine de ville
semblent bien en peine de s’articuler.
C’est l’Etat qui a décidé de faire « la
guerre » à l’épidémie et de fermer le pays,
parce que nos sociétés n’accepteraient
plus aujourd’hui quelques dizaines ou
centaines de milliers de morts – comme
il y a encore quelques décennies avec les
grippes de la fin des années 1950 puis
1960. C’est donc l’Etat qui est pleinement
comptable des conséquences de ce
choix. C’est lui, surtout, qui devra se
remettre en cause et comprendre pour-
quoi il n’a pas eu d’autre alternative.
Jean-Charles Simon économiste,
est dirigeant d’entreprise.
sa vie, Phyllis Schlafly aura puis à 22 h 45 (3 épisodes
eu ce combat chevillé au puis 1/soirée).
corps : celui de se battre 9 épisodes de 52 minutes.
contre les droits des fem-
mes. Cette native du Missouri, déjà figure
politique de l’anticommunisme, marquera
l’histoire des années 1970 en s’opposant à la
ratification de l’Equal Rights Amendment
(ERA), garantissant l’égalité entre les sexes
aux Etats-Unis.
« Nous avons le droit d’être une mère. Le
droit d’être une épouse », scandait-elle, de
meeting en meeting, au cœur d’une Améri-
que à la fois meurtrie par la guerre du Viet-
nam et galvanisée par l’apparition de ses
grandes héroïnes féministes. Aussi la route
de la conservatrice américaine croisera cel-
les de l’écrivaine féministe Betty Friedan,
auteure du livre fondateur « La Femme
mystifiée » ou de la célèbre journaliste et
activiste Gloria Steinem. C’est l’ensemble de
cette lutte politique qu’explore brillamment
la mini-série, retraçant, par là même, tout
un pan de l’histoire américaine.
Actrices magistrales
Celle-ci réalise un sans-
faute avec « Mrs. Ame-
rica », tant par le soin
apporté aux dialogues que
par l’évolution narrative, chaque épisode se
concentrant sur le vécu d’un personnage.
Aussi retrouve-t-on une Cate Blanchett
remarquable dans la peau de Phyllis Schla-
fly, jouant à la perfection cette femme à
l’image froide et compassée. A ses côtés, des
actrices toutes aussi magistrales, d’Eliza-
beth Banks (Jill Ruckelshaus), à Rose Byrne
(Gloria Steinem), en passant par Uzo Aduba
(Shirley Chisholm).
Mais si la série séduit autant, c’est qu’elle
continue de résonner avec le monde
d’aujourd’hui. Alors que la Virginie est
devenue, seulement cette année, le 38e Etat
à ratifier l’ERA, les lois anti-avortement se
multiplient sous l’ère Trump. « Combien de
temps donnons-nous aux gens pour s’adap-
ter au changement ? Suis-je la seule à en avoir
marre d’attendre ? », s’interrogeait déjà il y a
50 ans Gloria Steinem. n

LE POINT
DE VUE
d’un Collectif de 200 diri-
geants d’enseignes et de 15
fédérations du commerce
lors que le président de la Répu-
A blique et le ministre de l’Econo-
mie et des Finances ont évoqué
le poids des loyers dans les charges des
commerçants, nous, dirigeants de com-
merces de tous secteurs, tirons la son-
nette d’alarme et appelons les bailleurs à
prendre part à l’effort collectif pour lutter
contre la crise qui ravage nos économies.
Avec 2,6 millions d’emplois dans plus
de 400.000 points de vente, nos maga-
sins sont au cœur des villes et des terri-
toires. Acteurs de l’habillement, de la
culture, de l’électroménager, du multi-
média, du meuble, du sport, du jouet, de
l’optique, de la beauté, de la bijouterie-
horlogerie ou encore de la restauration
et de l’hôtellerie, nous accueillons cha-
que jour des millions de Français.
Nos commerces sont fermés depuis
le 14 mars dernier et pour au moins un
mois encore notre activité économique
est réduite à néant. Les mesures adop-
tées en urgence par le gouvernement
nous ont offert une bouffée d’oxygène
vitale : le chômage partiel allège sans le
supprimer totalement le coût des salai-
res, les prêts garantis par l’Etat soutien-
nent la trésorerie et le fonds de solida-
rité aide les très petites entreprises.
Illustration Maïlys Glaize pour « Les Echos »
Pour sauver le commerce,
les bailleurs doivent
prendre leur part
alors même que nos magasins sont con-
traints de rester fermés. Cette position
témoigne d’une absence totale de com-
préhension de l’ampleur de la crise.
Les loyers pèsent jusqu’à 20 % de
notre chiffre d’affaires. Comment, dans
ces circonstances, nos commerces
pourraient-ils payer leurs loyers alors
qu’ils ne réalisent aucune activité ?
Comment payer un loyer à taux plein
dans les prochains mois alors que nous
savons que l’activité sera réduite pour
longtemps ?
Des millions d’euros de
marchandises dorment
dans nos magasins
et nos entrepôts et
perdent tous les jours
de la valeur.
Les prêts garantis par l’Etat doivent
servir à maintenir les emplois à la réou-
verture, pas à payer des loyers pendant
la fermeture ! Si certains bailleurs, petits
et grands, ont compris la gravité de la
situation et ont décidé d’annuler les
loyers, la grande majorité s’y refuse,
doit être d’avoir demain des locataires
dynamiques pour payer les loyers !
Conscients des difficultés que pour-
raient rencontrer certains bailleurs, et
en particulier les plus petits d’entre eux,
nous appelons à l’adoption de mesures
de soutien en leur faveur.
Cette crise sanitaire pourrait sonner
le glas pour des dizaines de milliers de
commerces. Depuis deux ans, nous
avons dû faire face à une succession de
blocages et de manifestations qui ont
fortement dégradé la santé financière
de nos entreprises. A chaque crise, nous
nous sommes relevés, non sans dou-
leur. Malgré les pertes d’activité, nous
avons toujours payé nos loyers sans que
la plupart des bailleurs ne fassent un
geste. La crise du Covid-19 ne doit pas
être la crise de trop !
Si la question fondamentale des
loyers n’est pas traitée, nous estimons
que ce sont plus de 15 % des effectifs de
nos entreprises, soit au moins
400.000 emplois directs, qui sont
menacés et plus de 50.000 magasins et
restaurants qui seront définitivement
fermés. D’ores et déjà les procédures de
sauvegardes et les redressements se
multiplient !
© FX Productions
Cate Blanchett, remarquable, incarne la militante anti-féministe Phyllis Schlafly.
Le senior se rebiffe
Laura Berny
@lb93
SÉRIE FRANÇAISE
Dérapages
de Ziad Doueiri,
fiquement interprété par
Gustave Kervern, censé
extorquer les voleurs…
Rien ne va plus pour Alain avec Eric Cantona,
Delambre. Cela fait déjà six Suzanne Clément et Un homme en colère
ans que cet ancien DRH Alex Lutz. Disponible sur Au pays des manipulateurs,
d’une PME de 70 salariés est le site d’Arte, Arte TV, à on verra à la fin qui
au chômage. Loin de se compter du 16 avril. l’emporte, si tant est qu’il y
résigner à son sort, ce père Diffusé sur la chaîne ait un gagnant : c’est le côté
de famille de 57 ans, qui doit les 23 et 30 avril à 20 h 55. suspense de ce thriller. Mais
finir de payer le crédit de cette série verse bien sûr
son appartement alors qu’il est en fin de dans la métaphore politique et sociale sur la
droits, enchaîne les petits boulots et les fracture entre les « gilets jaunes » alias Alain
humiliations. Pourtant, la chance semble Delambre, qui vit dans un appartement
enfin lui sourire. A sa grande surprise, sa aussi défraîchi que lui, contre Emmanuel
candidature est retenue pour un poste de Macron, représenté par Alexandre Dorf-
chargé de recrutement dans une multina- mann, le PDG de la multinationale Exxya
tionale. Pour décrocher le job, il doit partici- (on n’est pas loin de Dexia…), perché dans sa
per à un drôle jeu de rôle : une fausse prise tour de la Défense. Alex Lutz incarne avec
d’otages destinée à tester la résistance de jubilation ce jeune patron cynique, un brin
cadres dirigeants à « la vraie violence » que caricatural, à l’arrogance de premier de cor-
risque de générer un projet de licenciement dée, qui n’en revient pas de s’être fait piéger
massif dans une filiale… Quand il finit par par un chômeur de 57 ans revanchard.
comprendre qu’il n’est qu’un faire-valoir Pour le réalisateur de Dérapages, Ziad
dans cette sinistre mise en scène, il tente le Doueiri (« L’Attentat », « L’Insulte »,
tout pour le tout. « Baron noir »), la politique n’est jamais
Inspirée du roman « Cadres noirs » de loin : « Pierre Lemaitre a écrit son roman il y
Pierre Lemaitre, cette mini-série d’Arte a dix ans mais il est plus que jamais d’actua-

Mais nous ne survivrons pas si le pro-
blème grave des loyers n’est pas résolu.
Des millions d’euros de marchandises
dorment dans nos magasins et nos
entrepôts et perdent tous les jours de la
valeur. Tous nous connaîtrons de lour-
des pertes cette année.
Alors que chacun prend sa part, les
représentants des bailleurs, au premier
rang desquels le Conseil national des
centres commerciaux, demandent aux
commerçants de payer leurs loyers,
notamment les plus puissants !
Nous appelons le gouvernement à
mettre en urgence tout en œuvre pour
permettre aux commerçants de traver-
ser la crise et de relancer l’activité dans
les prochains mois.
Nous demandons l’annulation des
loyers durant la période de fermeture et
leur indexation sur la réalité de notre
activité après la reprise. C’est une ques-
tion de bon sens pour l’Etat, les salariés,
mais aussi les bailleurs, dont l’objectif
Pour préserver les emplois du com-
merce, notre message est simple :
soyons solidaires et déterminés pour
créer ensemble, bailleurs et commer-
çants, les conditions de notre future
réussite commune.
a
Retrouvez la liste complète
des signataires sur notre site
lesechos.fr/idees
s’inscrit bien dans l’air du temps. Face à une
entreprise qui se sert de ses salariés comme
de vulgaires pions, un homme déjà broyé
par le système, un senior apparemment
hors du coup, se rebiffe et tente de retourner
la situation à son avantage. Le héros, joué
par Eric Cantona, est loin d’être parfait : il est on se rappelle que l’ancien footballeur avait
agressif, retors, et surtout prêt à s’aliéner sa
femme (superbe Suzanne Clément) et ses
deux filles pour aller au bout d’un projet
insensé, qu’il fomente avec son compère de
galère Charles, génial informaticien magni-
lité. L’aggravation du fossé entre les riches et
les pauvres est un sujet brûlant, partout dans
le monde », explique-t-il. Et le choix d’Eric
Cantona pour incarner ce senior rebelle
n’est pas anodin, outre son talent pour les
coups de boule et les personnages éruptifs,
appelé il y a dix ans à faire « vaciller le sys-
tème » en enlevant son argent des ban-
ques… Depuis, il a voté Macron mais la
colère semble toujours prête à exploser – à
l’écran du moins. n

https://t.me/WorldAndNews
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14 // IDEES & DEBATS
stratégie
Ne laissons pas
les ponts tomber
LA
CHRONIQUE
de Xavier Fontanet
n nouveau pont vient de s’effondrer,
U il enjambait le fleuve Magra, près d’Aulla,
en Italie. Une chance inouïe, personne
ne l’utilisait à cause du… coronavirus ! Certes, il était
mal entretenu mais il faut savoir que les ponts
s’effondrent aussi à cause de leur âge ! Le béton est
devenu un adjectif qui porte à croire qu’il est
indestructible et éternel. En fait, il faut prendre soin
d’un pont, fût-il en béton, et l’entretenir comme
une voiture ou un ascenseur. Le béton est
un composite qui continue à réagir.
Les changements de température ne sont pas
neutres sur sa tenue, et l’eau qui migre au travers, fait
pénétrer les éléments extérieurs qui vont favoriser
la corrosion des aciers.Le parc des ponts en France
est d’environ 200.000. La période de forte
construction qui a suivi la guerre, soixante-quinze
ans, correspond à la durée normale du béton ; une
nouvelle période s’ouvre donc, celle de l’entretien,
qui devrait correspondre à un maintien de l’activité
si on considère qu’il faut y consacrer chaque année
à peu près 1,5 % de la valeur du pont. Le métier
d’ingénieur des Ponts va donc devoir, lui aussi,
se réinventer et passer de constructeur
à « entreteneur » (avec des compétences de chimie,
de pose de capteurs intelligents, entre autres). Même
changement, d’ailleurs, pour les ingénieurs des
Mines, à qui on a appris à forer des puits de pétrole
ou creuser des mines de charbon et qu’il faut former,
entre autres, au recyclage, à la biologie
(biocarburant) ou à la chimie (captage de CO2).
L’ancien patron de L’Oréal, François Dalle, disait que
l’une des principales responsabilités du dirigeant
était de savoir « saisir ce qui commence ». On peut
dire de la série de ponts qui viennent de s’effondrer
que c’est la faute de camions trop lourds ou
d’entretien insuffisant, c’est vrai, mais le signe qu’il
faut percevoir derrière ces accidents qui se répètent,
c’est l’arrivée d’une nouvelle ère qui va impacter
considérablement cette prestigieuse profession et
révolutionner jusqu’aux programmes de nos écoles.
Xavier Fontanet est professeur de stratégie
à HEC.
o « génie spécifique français qui a donné nais-
L’ ÉTUDE
Confinement : Harvard
prône le stop & go
jusqu’en 2022
’il est une seule étude scientifique que les
S dirigeants d’entreprise et les décideurs
économiques devraient garder à l’esprit, c’est
bien celle-ci. Elle est signée d’une équipe de Harvard
et a eu les honneurs de la revue « Science ». Que dit-
elle en substance ? Que, en l’absence de traitements
efficaces ou d’un vaccin, le maintien intermittent
de mesures de distanciation sociale – confinement,
fermeture des écoles et des entreprises – devra durer
jusqu’en 2022, si l’on veut faire en sorte que la
pandémie de Covid-19 soit un jour derrière nous…
L’étude, qui a consisté à modéliser la pandémie en
partant de l’hypothèse que le nouveau coronavirus
deviendra saisonnier à l’instar de celui du rhume
(de la même famille que lui), porte sur les Etats-Unis,
mais ses conclusions sont sans doute valables pour
tous les autres pays touchés. Et celles-ci sont que,
pour le territoire nord-américain, une unique
période de confinement suivie d’un retour à la
normale sera vraisemblablement insuffisante pour
maintenir l’incidence du Covid-19 dans les limites
de la capacité des services de réanimation du pays.
Toutefois, prolonger le strict confinement actuel
indéfiniment empêcherait que ne se construise
progressivement l’immunité collective de la
population. Les auteurs en concluent que l’approche
la plus efficace consisterait en une alternance de
périodes de confinement et de déconfinement et ce,
pendant au moins les deux prochaines années. Un
stop & go avec lequel les esprits devraient peut-être
commencer à se familiariser… —Yann Verdo
PUBLICITÉ // Le grand manitou de la pub en ligne souffre du durcissement de la régulation
et des attaques des Gafa, sans parler du coronavirus. Criteo assure avoir les atouts pour rebondir.
Criteo, un fleuron de la French Tech dans la tempête
LE
DÉCRYPTAGE
de
Nicolas Richaud
et
Sébastien
Dumoulin
eut-on être et avoir été ? Pour le fran-
P çais Criteo – dont le nom signifie « je
prédis » en grec ancien – c’est une
question philosophique d’actualité. Après
avoir stagné en 2018, son chiffre d’affaires a
reculé pour la première fois l’an dernier, de
2 %, pour s’établir à 2,3 milliards de dollars.
A Wall Street, le champion du ciblage publi-
citaire traîne sa peine. Le 18 mars, le groupe
a touché son point bas historique, à 395 mil-
lions de capitalisation. Soit une chute de
90 % en trois ans.
Du Capitole à la Roche tarpéienne, il n’y a
pas loin… « Criteo, c’était 100 % de croissance
par an, des rock stars ! » témoigne Julien Ver-
dier, fondateur d’Adyoulike, une pépite du
secteur. Créé en 2005, un an après Viadeo et
la même année que Dailymotion, Criteo
s’impose vite comme le fleuron de la French
Tech. Son coup de génie ? Des algorithmes
de « retargeting », qui font merveille. En col-
lectant les cookies tiers – de petits fichiers
stockant les données de navigation – Criteo
piste les internautes pour leur proposer à
nouveau, sur d’autres sites, un produit pour
lequel ils ont manifesté de l’intérêt. « Pour les
annonceurs, le return on ad spend [le rapport
entre une dépense publicitaire et les revenus
qu’elle génère] a longtemps été multiplié par
5. La seule contrainte était de trouver plus
d’inventaires [les espaces en ligne pour affi-
cher les pubs] », explique Julien Verdier. En
prélevant sa dîme sur les ventes réalisées,
Criteo devient très vite très riche.
En 2012, le groupe est valorisé 800 mil-
lions de dollars, devenant quasiment ce que
l’on ne nomme pas encore une « licorne »
(une start-up valorisée 1 milliard). Le Pre-
mier ministre Jean-Marc Ayrault vante le
sance à Criteo ». Et quelques mois plus tard,
le groupe débarque en fanfare sur le Nas-
daq. Criteo devient la success story de réfé-
rence pour la tech française. Au printemps
2017, son fondateur Jean-Baptiste Rudelle
sort un livre manifeste intitulé : « On
m’avait dit que c’était impossible », peu avant
que la société n’atteigne un sommet bour-
sier, à près de 3,4 milliards de capitalisation.
Le boulet du RGPD
Pourtant, le vent a déjà commencé à tour-
ner. La publicité en ligne, largement déré-
gulée, entre progressivement dans le viseur
des autorités. En Europe, le Règlement
général sur la protection des données
(RGPD) entre en vigueur en mai 2018. Et la
capacité des professionnels du pistage
publicitaire à tout connaître des habitudes
et des goûts des consommateurs s’érode
lentement. Ce qui n’est pas bon pour les
affaires. Lorsqu’un internaute refuse de
donner son consentement, sa valeur publi-
citaire est instantanément divisée par trois,
selon certains professionnels du secteur.
Heureusement pour Criteo et l’ensemble
de l’écosystème publicitaire, le reste du
monde est plus hésitant que Bruxelles sur la
question. Et même sur le Vieux Continent,
des modalités très discutables de recueil du
consentement ont largement permis de
continuer à pister les internautes.
Hélas, Il n’y a pas que les Etats. Les Gafa
aussi s’en prennent à l’industrie de la pub en
ligne – et son champion Criteo. A l’automne
2017, Apple annonce qu’il va limiter drasti-
quement l’utilisation des cookies dans son
navigateur maison, Safari, pour protéger la
vie privée de ses clients. Pour Criteo, c’est
une catastrophe. Moins de cookies, moins
de business. La firme revoit ses ambitions,
s’accroche. Mais deux ans plus tard, une
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Jeudi 16 avril 2020 Les Echos
Les chiffres secousse sismique encore plus forte ébranle table avec 100 millions de bénéfices nets par
clés cet édifice déjà fragilisé. Google annonce an et une trésorerie nette de 431 millions.
suivre le même chemin qu’Apple. Sauf que « Je ne me fais pas trop de souci pour eux,
l Chiffre d’affaires son navigateur, Chrome, est trois fois plus s’amuse Mickaël Ferreira. Beaucoup de boî-
La firme a enregistré utilisé que Safari. Google, qui vit de sa con- tes d’adtech couleront avant Criteo. »
des revenus naissance des moindres faits et gestes des A moins qu’affaibli par le RGPD et les
de 2,26 milliards internautes, est prudent. Il n’expurgera Gafa, Criteo ne soit finalement victime…
de dollars l’an passé. Chrome des cookies tiers que dans deux ans. d’un tout petit virus. L’épidémie de Covid-19
Un niveau inférieur Mais chez les professionnels de la pub en est particulièrement rude pour la publicité,
aux exercices 2017 et ligne, la panique est immédiate. Début 2020, premier budget coupé en cas de crise…
2018. la valeur boursière de Criteo passe pour la Début avril, Criteo a fait savoir que ses reve-
l Bénéfices Lancé en première fois depuis son introduction sous nus allaient être amputés de 9 à 10 millions
2005, Criteo a réussi la barre symbolique du milliard de dollars. de dollars sur le premier trimestre. Mais la
le tour de force d’être société a aussi revu à la hausse son objectif
rentable depuis plus Nouveaux mouchards, de résultats opérationnels et vu son cours
de dix ans. En 2019, le
groupe a dégagé un
nouveaux produits
Pourtant, la société assure avoir de la res-
bondir de 13 % dans la foulée et surnage au-
dessus de 550 millions de dollars de capitali-
bénéfice net de source. « A peine 5 % de notre “shopper sation. Le groupe n’a pas recours au chô-
96 millions de dollars. graph” [la base de données centrale de Cri- mage partiel, ni n’a de plan de départs dans
l Clients Criteo teo] repose sur les cookies tiers », explique les tuyaux, promet-il.
travaille aujourd’hui
avec plus de
Nicolas Rieul, le nouveau responsable
France de la société. Criteo a des astuces.
Pour accélérer une
20.000 sociétés dans
le monde, réparties
« Ils passent par les éditeurs, qui enregistrent
et traitent les informations directement sur transition vers un modèle
dans 103 pays, pour
lesquelles le groupe
leurs serveurs. Ça devient des cookies first
party, autorisés. C’est assez intelligent »,
plus équilibré, Criteo
revendique un taux détaille Mickaël Ferreira, le patron de
dispose de trois atouts :
de rétention de près Quantum Advertising. Criteo sait aussi ses relations avec les
de 90 %. En tout, la
société tricolore
compte 29 bureaux
installés dans 19 pays.
récolter d’autres indices, comme les identi-
fiants publicitaires utilisés par les applis
mobiles, bien plus maniables et bavards
que les traditionnels mouchards des PC par
annonceurs et les éditeurs,
sa base de données et ses
algorithmes d’intelligence
l Cash La firme exemple. artificielle.
dispose d’une Et avec ses connaissances, le groupe peut
trésorerie nette voir grand. « Aujourd’hui, nous répondons à
de 431 millions de l’ensemble des problématiques des annon- Criteo assure avoir le temps de voir venir.
dollars. Un matelas ceurs : faire connaître sa marque, apporter de Mais jusqu’à quand ? « Ils doivent réussir là
des plus confortables nouveaux clients dans les magasins physi- où ils ont échoué depuis sept ans : créer une
pour une entreprise ques… C’est une multiplication par dix de nouvelle dynamique business forte et positive,
de la taille de Criteo. notre marché adressable », assure Nicolas estime Pascal Gauthier, ancien de Criteo et
l Salariés Rieul, qui rappelle que ces « nouveaux pro- actuel patron de Ledger. S’ils ne font pas quel-
L’entreprise française duits » représentent 12 % des revenus en que chose d’un peu osé comme une grosse
comptait 2019, « ça peut paraître peu, mais en valeur fusion, ils sont condamnés à mourir. »
2.755 salariés dans absolue, on parle d’une start-up qui générerait Reste que pour faire des mouvements
le monde au dernier 260 millions de dollars de chiffre d’affaires d’envergure, il faudra peut-être se soustraire
pointage à la fin avec une croissance de 54 % ». à l’œil des marchés. « Le grand point faible de
de l’année 2019. Pour accélérer cette transition vers un Criteo, c’est d’être coté en Bourse. Quand le
Un volume qui modèle plus équilibré, Criteo dispose de cours se fait massacrer, c’est hyper visible,
comprend près trois atouts. Premièrement, ses relations notamment auprès de ses clients », tranche
de 700 personnes étroites avec les annonceurs et les éditeurs. Pascal Gauthier. « La capitalisation est à
travaillant dans Deuxièmement,une base de données peine supérieure à leur volume de cash. Ça n’a
la recherche incroyable des transactions commerciales plus grand sens pour eux d’être coté »,
et développement du monde entier, embarquant 4,5 milliards approuve Julien Verdier. Sept ans après être
(R&D). de produits et 2 milliards de personnes pour devenu une étoile au Nasdaq, le groupe va-
une valeur totale de 800 milliards de dollars. t-il en sortir pour retrouver sa superbe ? « Ce
Et, troisièmement, ses algorithmes d’intelli- n’est absolument pas d’actualité », assure Cri-
gence artificielle et ses 700 ingénieurs de teo. Bien malin qui saura prédire l’avenir de
R&D. Ajoutez à cela que l’entreprise est ren- la boîte tricolore. n
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Les Echos Jeudi 16 avril 2020 // 15

enquête

Emmanuel Grasland
@EGrasland

l y a les joggeurs, dont les pas résonnent

I dans la rue, et puis il y a eux. Ces véhicu-

les noirs ou gris métallisé, qui transpor-
tent les corps arrivant au cimetière du Père-
Lachaise. En ce matin d’avril, ils sont une
dizaine à se succéder rue des Rondeaux en
une demi-heure. Un rythme effrayant, révé-
lateur de la catastrophe sanitaire. Le même
jour, au cimetière de La Courneuve (93), ils
sont une quinzaine à attendre l’arrivée du
corbillard. Les gens, masqués, se saluent à
distance. Les deux employés chargés de
l’inhumation sont en combinaison blan-
che. Ils se protègent.
Respect des distances, mise en bière
immédiate, limitation à 20 personnes à
l’église et au cimetière… Avec plus de
16.000 morts à ce jour en France, la pandé-
mie de Covid-19 a bouleversé le travail des
pompes funèbres et le deuil des familles. Ce
matin d’avril, ils sont six à s’attarder devant
l’entrée du cimetière Montparnasse pour
lire les messages des proches. « Mon frère
est passé, a sonné au cimetière et m’a fait signe
de loin », explique la veuve de Philippe,
82 ans, qui est décédé d’un cancer du côlon.
Elle est restée deux jours, seule avec le
corps, avant la cérémonie et l’inhumation.
« On est tout de suite confronté à la limite
des 20 personnes », explique Michel*, qui a
perdu son oncle du Covid. « En Normandie,

Sebastien Bozon/AFP
on était 18 à l’église, alors qu’il y aurait eu des
centaines de gens, sinon. » Chaque personne
était à l’extrémité d’un banc, et la dame de la
paroisse a officié avec masque et gants.
« Chacun vit le moment en lui-même, dans sa
relation avec le défunt », raconte Michel. Les La contamination inquiète les employés des pompes funèbres. En Ile-de-France et dans le Grand-Est, il a fallu se débrouiller pour trouver des équipements de protection.
gens ont envie de se toucher, de s’étreindre,
mais ils ne le peuvent pas. Une limite de

Aux pompes funèbres, des journées

temps est aussi imposée par les pompes
funèbres. Et puis, il y a la solitude des
conjoints, laissés seuls face au deuil, sans
que des proches puissent rester avec eux
quelques jours. « C’est horrible, c’est un cau-
chemar, ce que vivent les familles », soupire
une employée d’une agence de pompes
funèbres. Dans les régions très touchées, les
cérémonies religieuses n’ont plus forcé-
ment lieu. « Par chez nous, il n’y a plus grand-
chose », dit Christian Schieber, marbrier
funéraire, près de Mulhouse. « Et au cime-
tière, c’est rare quand il y a dix personnes. Ils
sont deux ou trois, et ça dure cinq minutes. »
Si les familles souffrent terriblement,
cette crise sanitaire est aussi une épreuve
pour les employés des pompes funèbres. En
Ile-de-France ou dans le Grand-Est, la pro-
fession enchaîne les rendez-vous et apparaît
épuisée nerveusement. « C’est simple, moi je
prends des somnifères pour tenir », lâche
Véronique*, une salariée parisienne d’un
réseau de pompes funèbres.
« C’est simple,
moi je prends des
somnifères pour tenir. »
Une salariée parisienne d’un réseau
de pompes funèbres
« Et encore, vendredi, j’avais une famille et
j’ai craqué… » « On est tous extrêmement fati-
gué et stressé. On prend des cachets, on essaie
de parler d’autre chose. On se dit qu’il faut rela-
tiviser au vu de ce que vivent les familles. Elles
ont besoin de nous », confie une profession-
nelle des Hauts-de-France. Il y a peu de droits
de retrait, disent la plupart des entreprises.
Les 20.000 personnes de la filière sont sur le
pont. Mais certains n’en peuvent plus.
« Des mises en bière
dans des cages d’escalier »
Consciente de la situation, la Fédération
française des pompes funèbres propose le
soutien de thérapeutes aux adhérents qui le
souhaitent via la plateforme Covid-
ecoute.org. Car il y a du stress. « Descendre
dans la morgue de l’hôpital, au sous-sol, en
combinaison, masques et gants, c’est physi-
quement angoissant », reconnaît Denis
Lourdelet, installé près de Charleville-Mé-
zières (Ardennes). « Les nuits ne sont pas
faciles », confirme Christophe Lantz, pro-
priétaire d’une entreprise d’une cinquan-
taine d’employés dans la région de Mul-
house. « Ce qui me fatigue le plus, c’est le choc
psychologique. Ça fait trop de moments dou-
loureux qui s’enchaînent, trop de familles
qu’on ne peut pas aider… A cause des nouvel-
les règles, on n’arrête pas de leur dire non. On
fait le travail sanitaire, mais pas le travail
d’accompagnement. »
d’angoisse et des nuits sans sommeil
CORONAVIRUS // Dans l’Est et l’Ile-de-France, la crise sanitaire est une épreuve physique
et psychologique pour les professionnels des funérailles. Surchargées de travail, les équipes
ont le sentiment de ne pas faire leur métier comme il faut.
Sur le terrain, la peur de la contamination
« inquiète les équipes au quotidien ». Dans les
hôpitaux, les corps sont placés dans une
housse hermétique par le personnel soi-
gnant, mais ce n’est pas forcément le cas
dans les Ehpad. En cas de décès à domicile,
la situation peut être très délicate. « Faute de
place pour le cercueil, nous avons parfois dû
faire des mises en bière dans des cages d’esca-
lier », raconte Christophe Lantz.
Pour lui, tout a commencé le vendredi
13 mars, avec un premier décès Covid. « Et
puis, c’est monté très vite avec une activité
multipliée par trois début avril ». Les
familles devaient choisir un cercueil « dans
l’heure », parce qu’il fallait aller chercher les
corps à l’hôpital, faire de la place… Les cho-
ses ont aussi rapidement pris de l’ampleur
dans l’Oise, un des premiers clusters. « En
mars, nous avons enregistré 64 décès contre
38 à la même période l’an dernier. La pre-
mière semaine d’avril, 20 convois ont déjà été
organisés », raconte Carmen Langlois, qui
gère quatre agences près de Compiègne.
Chez OGF, le numéro un du secteur, une
centaine de salariés sont montés de pro-
vince pour aider une région Île-de-France
débordée. « C’est simple, j’exerce dans le
métier depuis quarante-deux ans, et c’est la
première fois que je vois des convois organisés
le lundi de Pâques », dit Lambert Ravasi, fon-
dateur du site d’organisation d’obsèques
Reposeo. Une chambre mortuaire a été ins-
tallée à Rungis et il y a jusqu’à huit à dix jours
ouvrables d’attente dans les crématoriums
d’île-de-France. « Nous enregistrons une
hausse d’activité de l’ordre de 70 % par rap-
port à d’habitude sur certains établissements,
mais sans effet de saturation », explique
Alain Pouget, DG de la Société des Crémato-
riums de France, une filiale de Funecap. Les
délais d’inhumation et de crémation ont été
repoussés de 6 à 21 jours pour éviter de
demander constamment des dérogations.
« Au début, on a été oublié »
Le paradoxe, c’est la stabilité des chiffres à
l’échelon national. En mars, OGF n’a enregis-
tré que quatre décès de plus en France d’une
année sur l’autre. De fait, la façade Atlanti-
que est pour l’instant peu touchée par le
Covid-19, alors que la situation est dramati-
que en Ile-de-France et dans le Grand-Est.
Dans ces régions, il a fallu se débrouiller
pour trouver suffisamment de masques,
gants ou combinaisons de protection. Quitte
à utiliser des produits de la grippe H1N1. « Au
début, on a été un peu oublié. Puis, la sous-pré-
fecture nous a livré une cinquantaine de mas-
ques fin mars », expliquent les pompes funè-
bres Martin van de Sype, à Margny-lès-
Compiègne (Oise). Appartenir à une grosse
structure n’a pas forcément changé la
donne. « On a eu des masques à partir de la
deuxième semaine de confinement », dit une
employée parisienne d’un réseau.
Quels sont les besoins ? « Il nous faudrait
plusieurs centaines de milliers de masques
par mois », estime Richard Feret, le direc-
teur délégué de la confédération des pom-
pes funèbres et marbrerie. Mi-mars, un
sondage auprès des 450 agences du groupe-
ment des opérateurs funéraires indépen-
dants (Gofi) révélait que la moitié des adhé-
rents s’estimaient insuffisamment dotés en
équipements de protection.
Le flottement de la législation
Le flottement en matière de législation a
aussi beaucoup perturbé les agences. En
cas de décès d’un patient infecté au
Covid-19, le Haut Conseil pour la santé
publique (HCSP) a commencé par préconi-
ser, le 18 février, le dépôt du corps du défunt
dans une housse hermétique et une mise en
bière immédiate (délai maximum de
24 heures). Mais il a changé d’avis le
24 mars, en autorisant une ouverture de 5 à
6 cm au niveau du visage et en levant l’obli-
gation de mise en bière immédiate. Le tout
avant que deux décrets ne reviennent en
arrière à la demande du secteur.
« L’avis du 24 mars a rendu la situation
anxiogène », dit Valérie Touchard, prési-
dente du Gofi et installée près du Mans. Sans
mise en bière immédiate, comment éviter
les contacts, alors qu’il n’y a pas de sur-
veillance dans une chambre funéraire ?
« L’ouverture de la housse nous a sidérés. J’ai
interdit à mes employés de le faire », dit Chris-
tophe Lantz. « De toute façon, cela n’avait pas
de sens. Cinq à six centimètres, ce n’est pas la
taille d’un visage », soupire Florence Fresse,
déléguée générale de la Fédération française
de pompes funèbres. « Le HCSP a donné un
avis sur des métiers qu’il ne connaissait pas
bien », juge Richard Feret, directeur délégué
à la Confédération des entreprises de pom-
pes funèbres et de marbrerie.
Si la thanatopraxie est dans tous les cas
interdite, la toilette mortuaire (laver le
corps, obturer les orifices naturels avec du
coton…) reste en théorie autorisée pour les
décès « non-Covid ». Mais dans les villes
très touchées, les médecins signent des
mises en bière immédiate par précaution,
glissent plusieurs professionnels… Pour les
rapatriements au pays de personnes décé-
dées du Covid, il y a eu aussi beaucoup
d’atermoiements au début. « Pour l’Algérie,
on nous a dit oui, puis non. C’était un cauche-
mar », dit Christophe Lantz.
Un choc pour les familles
Annoncer ces règles aux familles a été très
difficile. « A la télévision, ils n’ont pas expliqué
comment on allait enterrer les morts, peste
Leila*, employée dans un cimetière pari-
sien. Au début, on a vu arriver 40 personnes
pour un décès Covid. Les gens voulaient entrer,
disaient que c’était inhumain ! Certains nous
« J’exerce dans le métier
depuis quarante-deux
ans, et c’est la première
fois que je vois
des convois organisés
le lundi de Pâques. »
LAMBERT RAVASI
Fondateur du site d’organisation
d’obsèques Reposeo
prenaient en photo, nous menaçaient… » « Je
me souviens du mail du crématorium met-
tant fin aux cérémonies. Quand on l’a dit à la
famille, il y a eu des hurlements… », raconte
Carmen Langlois. Au crématorium du Père-
Lachaise, il n’y a plus de cérémonie, mais un
temps de recueillement en extérieur, à l’arri-
vée du cercueil, limité à cinq personnes.
Après le confinement, les choses ont été
mieux acceptées. « Il y a ceux qui ont compris
la situation et ceux qui sont au cimetière… »,
dit Christian Schieber. Au début, il y avait du
monde aux cérémonies en Alsace. Et puis, on
s’est aperçu dans les villages qu’untel et untel
étaient tombés malades après la messe ; ça a
fait vite le tour… » Du coup, des opérateurs ou
des plateformes proposent de filmer les céré-
monies ou de créer des « espaces numériques
de souvenirs ». « On est constamment démar-
ché sur ces sujets. Il y a beaucoup d’opportu-
nisme », dit Jean Ruellan, directeur marke-
ting et développement chez OGF. De son
côté, Funecap teste des kits pour filmer gra-
cieusement la cérémonie en streaming.
Quel sera l’impact de la crise sur les
4.500 sociétés du secteur ? Il n’y aura pas
d’envolée du chiffre d’affaires, disent les pro-
fessionnels. Impossible de vendre le maître
de cérémonie ou le beau capitonnage,
comme on fait d’habitude. « Nous accompa-
gnons les familles, mais quelque part, notre
métier, c’est aussi de l’événementiel. Nous
organisons les obsèques comme d’autres orga-
nisent un mariage. Là, on ne fait plus cela »,
dit une professionnelle. En 2003, l’impact de
la canicule avait pesé pendant douze à dix-
huit mois sur la filière, selon les anciens.
Au Père-Lachaise, les corbillards ressor-
tent un à un du cimetière aux 70.000 tom-
bes. Si la télévision met chaque soir en scène
la solidarité des Français face au Covid, les
gardiens sont plus prudents. Marqués par
les histoires d’infirmières mises dehors par
des propriétaires inquiets, ils se méfient :
« Ma voisine ne sait pas le métier que je fais.
Eh bien, avec ce que je vois, je ne vais certaine-
ment pas lui dire… »
*Les prénoms ont été modifiés.

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« Le temps du confinement » par Mathieu Clauss pour « Les Echos »

DERNIÈRE HEURE

IVG médicamenteuse 21.000 tonnes Etats-Unis : après Caucase : un nouveau

L’ÉDITORIAL autorisée jusqu’à de déchets de la Corse Obama, Warren président pour une
DES « ÉCHOS » 9 semaines à domicile vers la région Sud soutient Joe Biden région séparatiste
SANTÉ – L’accès à une inter- ENVIRONNEMENT – La AMÉRIQUE – La sénatrice ASIE – La région du Nagor-
Arrêt de travail ' ruption volontaire de gros-
sesse médicamenteuse à
' Corse, confrontée à une
crise des déchets depuis
' Elizabeth Warren a affiché
à son tour mercredi son
' ny-Karabakh, que se dispu-
tent depuis des décennies
domicile est étendu jusqu’à neuf novembre, a débuté mercredi le soutien à Joe Biden, un ralliement l’Arménie et l’Azerbaïdjan, s’est
Il serait, paraît-il, indécent de demander aux Français semaines pendant la crise liée au transfert de 21.000 tonnes d’ordu- supplémentaire de premier plan dotée, mercredi, d’un nouveau
de travailler plus pour tenter de commencer coronavirus afin de limiter les res ménagères vers les unités de pour l’ex-vice-président américain « président » à l’issue d’une élection
à rembourser la colossale addition du coronavirus. consultations en milieu hospitalier valorisation énergétique de Nice quasiment assuré d’être investi dénoncée comme « illégale » par
Mais pourrons-nous au moins leur demander de tout en garantissant le droit à l’avor- (Alpes-maritimes), Vedène (Vau- par le Parti démocrate pour l’élec- Bakou et la communauté interna-
travailler un peu ? La question peut paraître folle et tement, selon un arrêté paru mer- cluse) et Fos-sur-Mer (Bouches- tion présidentielle de novembre. tionale. Arayik Haroutiounian a
provocatrice mais elle est néanmoins réelle pour bien credi au « Journal officiel ». L’IVG du-Rhône), en sous-activité du fait Le soutien d’Elizabeth Warren remporté 88 % des voix au second
des directions des ressources humaines. Encore plus médicamenteuse, qui peut être du confinement. Ces marchés intervient après ceux de Bernie tour de ce scrutin qui s’est déroulé
au lendemain d’une décision du tribunal de Nanterre prescrite par un médecin libéral, d’urgence impérieuse ont été Sanders et de Barack Obama. mardi, a indiqué la responsable de
obligeant, de fait, Amazon à cesser ses activités en une sage-femme ou être réalisée à attribués par le Syvadec, l’orga- « Aujourd’hui, je suis fière la commission électorale de ce
France. En estimant que le géant américain de l’hôpital, était jusqu’à présent acces- nisme public qui gère les déchets de soutenir Joe Biden comme territoire, Srboui Arzoumanian.
l’e-commerce n’avait pas pris assez de précautions pour sible jusqu’à sept semaines pour les sur l’île de Beauté, pour un mon- président des Etats-Unis », précise La participation a été de 45 %,
protéger ses salariés de la pandémie, la justice a rappelé pratiques à domicile. tant de 6,1 millions d’euros. la sénatrice dans un tweet. selon la commission électorale.
qu’en incitant à la reprise du travail, les entreprises se
placent dans une position de très grande vulnérabilité.
Si demain, des salariés estiment et arrivent à faire valoir LA PHOTO DU JOUR
que c’est sur leur lieu de travail qu’ils ont été
contaminés, les employeurs feront face à une bombe
à retardement. En dépit des propos rassurants du
gouvernement, la crise sanitaire et économique
actuelle représente déjà une première lame qui va
provoquer la faillite de bon nombre d’entreprises.
Le risque de poursuites
judiciaires représente
maintenant une deuxième lame
tout aussi mortifère sur le plan
économique.
Bien sûr, la santé n’a pas de
prix et il est indispensable que
toutes les précautions soient
Par David prises pour protéger les salariés.
Barroux Certes, Amazon n’a peut-être fait
que le strict minimum sur le
Si l’exécutif plan sanitaire et pas assez réduit
son offre pour chercher à mieux
ne clarifie répondre aux attentes d’une
pas France confinée. Son dialogue
rapidement social souvent compliqué a
les règles aussi sans doute joué contre ses
intérêts. Mais il faut avoir
de reprise conscience que la décision du
du travail, tribunal de Nanterre crée un
c’est tout précédent aux allures d’épée de
Damoclès. Dans un pays qui a
le pays qui inscrit le principe de précaution
pourrait se dans sa Constitution, nous
retrouver pourrions, si cette décision fait
jurisprudence, aboutir à un
à l’arrêt. gigantesque arrêt de travail
collectif jusqu’à la disparition
très lointaine de toute menace biologique. Une mise
sous cloche dévastatrice pour les entreprises mais aussi
pour leurs salariés et les consommateurs. Passé maître
dans l’art des injonctions contradictoires, l’exécutif, qui
nous demande de travailler tout en restant confiné, n’a
pas ménagé ses critiques à l’encontre d’Amazon et
a joué avec le feu. S’il n’est pas capable de dire très vite
dans quelles conditions précises les entreprises
peuvent tourner sans risquer d’être poursuivies, c’est
toute la France qui brûlera les ailes de son
économie. Va-t-on maintenant donner carte blanche AU DANEMARK, LA RÉOUVERTURE DES ÉCOLES Le Danemark a été, mercredi, le premier pays européen à réouvrir ses écoles après un mois de fermeture
à l’Inspection du travail pour quelle ferme tous les due à l’épidémie de coronavirus. La Première ministre, Mette Frederiksen, a assuré elle-même la réouverture d’une classe de Copenhague.
entrepôts de France ? Le monde va finir par Photo : Philip Davali / Ritzau Scanpix / AFP) / Denmark OUT
redémarrer. Il ne faut pas que notre pays reste à l’arrêt.

Lire nos informations

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CAC 40 DOW JONES EURO/DOLLAR ONCE D’OR PÉTROLE (BRENT)

n 4.353,72 points
-3,762 % n 23.340,91 points
-2,5422 % n 1,0905 $
-3,3974 % n 1.718,65 $
-1,3347 % n 27,65 $
-8,109 %

DEVISES EUR/GBP 0,8707 EUR/JPY 1,1718 EUR/CHF 1,0527 GBP/USD 1,2525 USD/JPY 1,0745 USD/CHF 0,965 TAUX EONIA -0,451 LIFFE EURIBOR 3 MOIS -0,248 OAT 10 ANS 0,0941 T-BONDS 10 ANS 0,7595
Jeudi 16 avril 2020
www.lesechos.fr

Confinés, les Français placent toujours La France

va lever
des montants
plus d’argent sur leur Livret A record sur
les marchés
ÉPARGNE DETTE
Romain Gueugneau Bastien Bouchaud
@romaingueugneau @BastienBouchaud

C’est l’une des conséquences logiques du
confinement et de l’arrêt brutal d’une partie
de l’économie. Au mois de mars, les Fran-
çais ont mis leur argent de côté, beaucoup
d’argent. Selon des chiffres communiqués
par le ministre de l’Economie et des Finan-
ces ce mercredi, la collecte du Livret A et du
Livret de développement durable et soli-
daire (LDDS) a en effet bondi.
« Les encours ont augmenté de 50 % entre
mars 2019 et mars 2020 », a déclaré Bruno
Le Maire devant la commission des finan-
ces de l’Assemblée nationale, où il présen-
tait le deuxième projet de loi de finances
rectificative avec de nouvelles aides
d’urgence à l’économie pour faire face à
l’épidémie de coronavirus.
Sur le seul mois de mars, le montant
total des dépôts sur le Livret A et le LDDS
s’élevait à 3,8 milliards d’euros, a précisé
le ministre, soit plus de deux fois le mon-
tant enregistré en février – mais moins
que les sommes collectées en janvier
(4,13 milliards). En mars 2019, la collecte
avait atteint 2,5 milliards.
Contactée, la Caisse des Dépôts, qui gère
l’argent déposé par les Français sur leur
Livret A, et publie traditionnellement ces
chiffres en fin de mois, n’a pas souhaité
commenter cette information.
Incertitudes sur l’avenir
Pour Bruno Le Maire, ce refuge des Fran-
çais vers l’épargne pose problème. Il
avertit : « Ce n’est pas d’épargne dont nous
avons besoin aujourd’hui pour notre éco-
nomie, mais d’investissement. » Si le taux
d’épargne continue d’augmenter face aux
incertitudes, cela se fera « au détriment
du financement de notre économie »,
prévient-il.
Sur le seul mois de mars, le montant total des dépôts sur le Livret A et le LDDS s’élevait à 3,8 milliards d’euros.
Ce rebond de la collecte n’est pourtant
pas une surprise. L’épidémie de coronavi-
rus et les incertitudes qui l’accompagnent
poussent les foyers à épargner davantage,
alors même que la consommation, hors ali-
mentaire, demeure compliquée, compte
tenu de la mise sous cloche de très nom-
breux secteurs d’activité.
« Les récessions conduisent en général
les ménages à privilégier la sécurité et la liqui-
dité, rappelait récemment Philippe Crevel,
directeur du Cercle de l’Epargne. Le Livret A
avait ainsi connu une collecte nette de
33 milliards d’euros entre juillet 2008
et juillet 2009 ».
Placement phare
Malgré un rendement très faible, ramené à
0,50 % en février après l’application d’une
nouvelle formule de calcul, le Livret A reste
l’un des placements privilégiés des Fran-
çais, avec des encours qui avoisinent les
420 milliards d’euros (en comptant le
LDDS). Un paradoxe qui interroge et qui
Denis Charlet/AFP
avait conduit, fin février, les députés à créer
une mission portant sur l’épargne des
ménages dans un environnement de taux
bas, et comment la protéger.
Les parlementaires souhaitaient égale-
ment réfléchir aux pistes pour réorienter
l’épargne réglementée, essentiellement
dévolue au financement du logement
social, vers de grands projets d’infrastructu-
res ou de transition énergétique. La crise du
coronavirus et ses conséquences sur l’éco-
nomie pourraient changer la donne. n
Toujours plus. Pour répondre à la crise
économique liée à l’épidémie de corona-
virus, le gouvernement n’a pas lésiné sur
les moyens. La deuxième loi de finances
rectificative en moins d’un mois, présen-
tée mercredi en conseil des ministres, a
logiquement revu à la hausse les besoins
de financement de l’Etat. Le déficit fran-
çais devrait finalement atteindre 7,6 %
du PIB, soit 183,5 milliards d’euros, près
de deux fois plus que le déficit estimé en
loi de finance initiale, de 93 milliards, et
76 milliards supplémentaires par rap-
port aux annonces de mars. Avec l’amor-
tissement de la dette, les besoins de
financement se chiffrent à 322 milliards.
Les émissions de court terme
mises à contribution
L’Agence France Trésor (AFT), la
cellule de Bercy chargée d’emprunter
sur les marchés, a déjà fait ses comptes.
Elle va devoir augmenter sensiblement
ses émissions de moyen et long terme,
ce qu’elle avait rechigné à faire précé-
demment. Ces émissions d’obliga-
tions assimilables au Trésor (OAT)
vont représenter 245 milliards d’euros.
En début d’année, l’AFT comptait
lever 205 milliards, ce qui représentait
déjà un montant record.
Les émissions d’OAT
vont représenter
245 milliards d’euros.
C’est 40 milliards
de plus que prévu
en début d’année.

Le solde sera financé via des émis-

l’essentiel Les adversaires sions de dettes de court terme, infé-

rieure à un an (BFT). Ces instruments
privilégiés en cas de choc vont de nou-

Les fabricants de robots La tech française veut

en embuscade pour limiter
les contacts humains
Déjà utilisé dans les hôpitaux, les robots
de désinfection à la lumière ultra-
violette intéressent les hôtels,
qui envisagent aussi d’auto-
matiser le room-service afin
d’éviter les contacts. // P. 22
Les PME
des respirateurs
encaissent la pression
Tête de file du programme sur
les respirateurs artificiels, Air
Liquide mobilise aussi une centaine
d’ETI et de PME pour riposter contre le
coronavirus et produire 10.000 respira-
IStock
apporter sa pierre
à l’appli StopCovid
Parallèlement au projet officiel porté
par l’Inria, six grands groupes
français, dont Orange, Dassault
et Capgemini, sont prêts
à offrir leurs briques techno-
logiques. // PP. 26-27
Le pétrole revient
dix ans en arrière
Le baril de brut américain
WTI est tombé à son niveau le
plus bas depuis 2002, mercredi,
sous les 20 dollars. La demande mon-
diale de pétrole va chuter de plus de 9 %
cette année, prévoit l’Agence internatio-
du coronavirus brûlent
des mâts 5G outre-Manche
TÉLÉCOMS
Alexandre Counis
@alexandrecounis
— Correspondant à Londres
Les incendies de tours 5G se multiplient
au Royaume-Uni depuis que des théories
conspirationnistes prospérant sur les
réseaux sociaux lient cette technologie et
l’épidémie de coronavirus. Au total, plus
de 40 mâts ont été saccagés dans le pays,
dont 20 pour le seul opérateur Vodafone.
que la 5G l’aggrave, d’autres que les symp-
tômes ne sont pas la manifestation du
virus mais le résultat de la 5G, d’autres
encore qu’il n’y a pas d’épidémie. Autant
de « fake news » qui se répandent sur
Facebook et WhatsApp, déstabilisant les
opérateurs et le gouvernement.
Prolifération des « fake news »
Les rumeurs visant la 5G ne sont pas nou-
velles. Mais tous les ingrédients sont réu-
nis pour qu’elles prolifèrent : une popula-
tion effrayée, des groupes de discussions
en rapide croissance sur les réseaux
veau être fortement mis à contribution.
La variation de l’encours, prévue à
10 milliards d’euros en début d’année,
s’élèvera finalement à 62,1 milliards. De
quoi réduire légèrement la facture pour
l’Etat, qui emprunte toujours à taux
négatif sur ces échéances courtes.
Remontée des taux
Des questions se posent toutefois sur la
manière dont les marchés accueille-
ront cette hausse des émissions souve-
raines. Tous les pays sont touchés par
l’épidémie, et les déficits sont attendus
en forte hausse partout en Europe. Le
taux d’emprunt français à 10 ans a déjà
été malmené au cours de la crise, pas-
sant en moins d’une semaine de –0,3 % à
+ 0,3 %. Depuis le lancement du pro-

teurs d’ici à mi-mai. // P. 25 nale de l’énergie. // P.28 Le plus souvent, la 5G n’y était même pas sociaux, et des stars de la télévision qui gramme d’achat d’actifs de la Banque
encore installée. Vingt cas ont été à déplo- relaient les « fake news », involontaire- centrale européenne, le taux d’emprunt
rer sur le seul week-end de Pâques. ment ou non. Comme Amanda Holden, français s’est détendu et se rapproche

= LES ENTREPRISES CITÉES L’incendie d’un mât Vodafone desser-

vant l’hôpital temporaire installé dans un
centre d’exposition de Birmingham, le
une juge de « Britain’s Got Talent », qui s’est
excusée d’avoir « accidentellement » par-
tagé un lien vers une pétition, ou Eamonn
désormais de 0, même s’il demeure en
territoire positif.
Le remède semble toutefois montrer
Accenture 26 Capgemini 26 JPMorgan Chase 29 Rystad Energy 28
Adidas 18 Caroll 20 Marcus 29 Sia Partners 26 week-end dernier, a frappé les esprits. Holmes, le présentateur de « This Mor- les limites de son efficacité. Le taux ita-
Airbnb 24 Citigroup 29 MediaPro 18 SNCF 23 Dans l’est de Londres, trois jeunes de dix- ning » sur ITV, dont les propos ambigus lien s’est considérablement tendu mer-
Air Liquide 25 Comcast 27 Minelli 20 Sopra-Steria 26 huit et dix-neuf ans ont été arrêtés mardi à ont conduit le régulateur du secteur à credi, augmentant de 10 points de base
Amazon 20, 22 D-AIM 25 Morgan Stanley 29 Starship Technologies 22 la suite d’un autre feu. La police est aussi enquêter. Sous la pression du gouverne- pour atteindre 1,87 %. Dans le même
American Airlines 20 Dassault Systèmes 26 NBCUniversal 27 The Oligarchs Group 27 intervenue mardi dans le West Yorkshire, ment, Facebook a annoncé lundi qu’il reti- temps, les taux espagnol et portugais
ASO 18 Disney+ 27 Orange 26 United Airlines 20
pour un mât incendié à Huddersfield. Les rerait les contenus liant virus et 5G. Mais sa suivaient à la hausse, tandis que les taux
Bank of America 29 DJI 22 Ouvry 25 UPS 22
BeIN Sports 18 GermFalcon 22 Peacock 27 deux incidents ont mobilisé, au total, politique est vague sur les autres messages allemand, français et néerlandais se
BT 18 Goldman Sachs 29 Pierre Fabre 25 AVIS FINANCIERS 10 camions de pompiers. Certaines théo- accusant la 5G d’effets sanitaires indésira- détendaient. De quoi raviver le spectre
Canal+ 18 Google 26, 27 Refraction AI 22 Gecina 21 ries soutiennent que le virus est réel mais bles sans bases scientifiques solides. n de la fragmentation de la zone euro. n

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Jeudi 16 avril 2020 Les Echos

ENTREPRISES
CORONAVIRUS

Le casse-tête de la reprise
pour la filière sport
l Le report de deux mois du départ du Tour de France est la première
bonne nouvelle pour le monde sportif, frappé de plein fouet
par la pandémie de Covid-19.
l Les enjeux économiques de ses élites professionnelles poussent
à une difficile remise à plat des calendriers.

L’expert relève, en particulier, 31,2 % du total. Avec l’international,

SPORT
Christophe Palierse
@cpalierse
Après le report d’un an des Jeux
Olympiques et de l’Euro de football
et la suspension ou annulation de
pratiquement toutes les compéti-
tions sportives sur tous les conti-
nents, le sport business, qui tra-
verse la crise la plus grave de toute
son histoire, peut commencer à
espérer qu’une sortie de la tempête
est possible. L’officialisation mer-
credi du report du Tour de France
sur août-septembre, avec pour
corollaire un remodelage du calen-
drier du cyclisme mondial, consti-
tue ainsi la première relative bonne
nouvelle au bout d’un mois de crise
sans précédent.
Certes, les modalités précises de
ce Tour 2020 inédit ne sont pas
connues – il est en revanche acquis
que les villes étapes ne changent
pas – mais, contrairement à la plu-
part des disciplines sportives, le
cyclisme a, lui, son calendrier
« post-coronavirus ». Un report qui
a provoqué bien moins de vagues
que celui de Roland Garros, qui
avait suscité de nombreux remous
dans le monde du tennis, par exem-
ple, en décidant seul dans son coin
de repousser à l’automne ce tournoi
du Grand Chelem.
L e c a l e n d r i e r s’avè r e ê t r e
aujourd’hui le talon d’Achille d’une
industrie mondiale du sport vic-
time de son succès. « Le calendrier
est surchargé et le moindre grain de
sable grippe la mécanique », souli-
gne Vincent Chaudel, fondateur de
l’Observatoire du Sport Business.
l’extrême difficulté à laquelle est
confronté ainsi le sport de contact
qu’est le rugby, et notamment en
France la Ligue nationale de rugby
(LNR). « Il est impossible de jouer
deux à trois fois par semaine. Or, il
faut terminer la phase régulière du
championnat TOP 14, puis jouer les
phases finales, sachant qu’il faut
mettre les joueurs à disposition pour
la tournée d’été de l’équipe de France,
et continuer le parcours en Coupe
d’Europe pour les clubs concernés.
La marge de manœuvre est nulle ou
presque », observe Vincent Chau-
del. De fait, face à des clubs divisés,
la LNR, qui a en outre une relation
difficile avec la fédération française,
n’a pas encore tranché.
Matchs à huis clos
La Ligue de football professionnel
(LFP) semble avoir une longueur
d’avance. Elle a échafaudé deux scé-
narios pour la Ligue 1, en relation
avec l’instance européenne UEFA.
L’option privilégiée est une reprise
le 17 juin pour une fin du champion-
nat le 25 juillet. Cette option, dont la
mise en œuvre dépend bien
entendu de l’avis des pouvoirs
publics et, par là même, des autori-
tés de la santé, sous-tend, elle aussi,
le principe de matchs à huis clos,
peu prisée de certains présidents de
club et ouvertement contesté par
les associations de supporters.
Comme le souligne un fin
connaisseur, la LFP a toutefois trois
« obligations à tenir : une obligation
de l’UEFA à boucler le championnat
au plus tard début août pour permet-
tre la fin des Coupes d’Europe ; une
obligation droits télé, car ils ne seront
payés que si les matchs ont lieu ; une
A travers l’exemple
de la Ligue 1, se pose
au fond une autre
question plus large.
Celle du modèle
économique, ou
plutôt des modèles
économiques des
sports professionnels
et du degré de
dépendance à l’égard
des droits TV.
obligation sponsors, car, pourquoi
paieraient-ils s’ils ne sont pas visi-
bles ? ». En outre, les clubs alle-
mands, italiens et espagnols ont,
eux aussi, leur scénario de reprise –
entre la fin mai et la mi-juin –, inté-
grant également le huis clos.
La question des abonnés ne pou-
vant plus aller au stade reste posée.
A travers l’exemple de la L1, de
l’option du « moindre mal », se pose
au fond une autre question plus
large : celle du modèle économique,
ou plutôt des modèles économi-
ques des sports professionnels et du
degré de dépendance à l’égard des
droits TV.
Celui-ci reste puissant pour la L1,
en dépit d’une diversification de ses
ressources. Lors de la saison 2018-
2019, la dernière pour laquelle le
rapport de la DNCG – le contrôleur
financier du foot pro – est disponi-
ble, les seuls droits TV domestiques
pesaient pour un peu plus de
594 millions d’euros dans les recet-
tes – hors transferts – des clubs, soit
pour l’essentiel les droits liés aux
Coupes d’Europe, cette part avoi-
sine les 47 %.
Situation compliquée
A titre de comparaison, les clubs du
TOP 14, le deuxième grand cham-
pionnat professionnel tricolore de
rugby, généraient, eux, 47 % de leurs
recettes avec le sponsoring, selon le
dernier rapport annuel disponi-
ble (saison 2017-2018) de la DNACG,
son contrôleur financier, la part des
droits TV étant grosso modo de
22 %. Pour autant, les clubs de rugby
pro n’en sont pas moins, eux aussi,
dans une situation compliquée, avec
l’arrêt de leur championnat. La
Ligue nationale de handball vient,
elle, d’arrêter définitivement la sai-
son, en sacrant champion le PSG ,
largement en tête.
Le sport professionnel, du fait
des conséquences de la crise sani-
taire, va traverser une période très
délicate. Et pour les clubs de foot, le
passage d’une saison à l’autre pour-
rait être d’autant plus rude qu’un
coup de froid sur le juteux marché
des transferts n’est pas à exclure.
Dans l’immédiat, il leur faudra met-
tre en place de subtiles procédures
sanitaires. Certes, les modalités précises de ce Tour 2020 inédit ne sont pas connu
« post-coronavirus ». Photo Anne-Christine Poujoulat/AFP
4
À NOTER
Le Comité directeur de la Ligue
nationale de basket a décidé
Adidas reçoit une aide
mercredi que ses champion-
nats Jeep ELITE – l’équivalent financière de Berlin
de la première division – et
PRO B 2019-2020, actuellement
suspendus, ne pourront pas L’équipementier sportif ger. La pandémie de Covid-19 a
reprendre avant septembre. a obtenu 2,4 milliards entraîné la fermeture des maga-
d’euros de lignes de crédit sins Adidas en Europe et en Amé-
public pour faire face rique du Nord, amputant de plus

Les médias sportifs chamboulés par les reports à la chute de près de 60 %

de ses ventes provoquée
par le Covid-19.
de 60 % le chiffre d’affaires de
l’équipementier sportif. En Chine,
les magasins ont en partie rouvert

et annulations des compétitions phares Ninon Renaud

Alors que le Tour de France
vient d’être décalé par son
organisateur, ASO, pépite
du groupe Amaury, dont le
média « L’Equipe » souffre
économiquement, le bras
de fer se prolonge entre
la Ligue de football profes-
sionnel et les diffuseurs
BeIN et Canal+, qui refusent
de payer les droits télé
de la fin de saison.
Nicolas Richaud
@NicoRichaud
Roland-Garros, Jeux Olympiques
de Tokyo, Grand Prix de Formule 1,
Euro 2020 : la liste des annulations
et reports d’événements sportifs
prestigieux ne cesse de s’allonger en
raison de la crise sanitaire actuelle.
Une catastrophe sur le plan écono-
mique à même de se répercuter sur
les médias sportifs qui couvrent et/
ou diffusent ces compétitions
phares.
Mercredi, le group e ASO a
annoncé que le départ du Tour de
France était décalé de deux mois et
sera donné fin août, en lieu et place
du Tour d’Espagne qu’il organise
aussi et qui démarrera, lui, début
novembre. Aux grands maux, les
grands moyens. Point d’orgue du
calendrier cycliste, la Grande Bou-
cle est aussi la machine à cash
d’ASO, lui-même pépite de l’empire
Amaury, dont le média « L’Equipe »
serre les dents.
« Quand on a vu les compétitions
sportives annulées une à une, on s’est
dit : mais comment on va faire un
journal, une chaîne de télé ? On
arrête ? », confiait, la semaine der-
nière, aux « Echos », Jean-Louis
Pelé, patron du groupe L’Equipe,
estimant que le manque à gagner
allait se « chiffrer en millions ».
Même si le groupe Amaury a les
reins solides, il a plus que jamais
besoin de la manne générée par le
Tour de France.
« Quand vous
n’êtes pas livré,
vous ne payez pas.
On n’est pas une
banque. »
MAXIME SAADA
Président du directoire
du groupe Canal Plus
Reste que « L’Equipe » est loin
d’être à l’arrêt. « On a racheté des
droits télé pour rediffuser des étapes
mythiques du Tour de France et des
matchs de foot de légende », détaillait
Jean-Louis Pelé. « On a publié des
sujets sur les conséquences sportives
et économiques de leur arrêt ». Car à
défaut d’affrontements sportifs
entre champions, un autre type de
match se déroule actuellement dans
le foot français.
Alors que la Ligue 1 est à l’arrêt
depuis mi-mars, les deux diffuseurs
Canal+ et BeIN refusent de verser
respectivement 110 millions et
43 millions d’euros à la Ligue de foot-
ball professionnel au titre des der-
niers matchs de la saison dont
aucune date de reprise officielle n’a
encore été dévoilée. Une position
qui tranche avec celle de Media-
Pro – qui diffusera la Ligue 1 à comp-
ter de la saison 2020-2021 –, et a fait
savoir qu’il était prêt à prendre le
relais, par la voix de son patron,
Jaume Roures, auprès de
« L’Equipe » justement.
Trouver un terrain
d’entente
Mais depuis l’allocution d’Emma-
nuel Macron, lundi soir, les spécula-
tions sur la reprise de la Ligue 1 ont
redémarré et celle-ci pourrait éven-
tuellement avoir lieu mi-juin. De
quoi permettre à la LFP et à BeIN et
Canal+ de trouver un terrain
d’entente ? Une chose est sûre : sans
reprise du championnat, la chaîne
cryptée ne changera pas son fusil
d’épaule.
« Quand vous n’êtes pas livré, vous
ne payez pas. On n’est pas une ban-
que, a taclé Maxime Saada, patron
de Canal+, il y a dix jours. C’est une
situation identique partout dans le
monde. Tous les opérateurs ont sus-
pendu les paiements avec la suspen-
sion des championnats. Tout le
monde en parle : en Espagne, en Alle-
magne, en Italie, en Angleterre. »
Préserver l’actif
qu’est la Premier League
Une assertion à nuancer en Espa-
gne où MediaPro assure avoir
maintenu les paiements, mais aussi
de l’autre côté de la Manche, où la
situation entre clubs et diffuseurs
est plus apaisée. Certes, cela s’expli-
que aussi parce que Sky Sport et BT
ont déjà payé leur dû au titre de la
saison 2019-2020 de la Premier Lea-
gue, le championnat national de
football le plus prestigieux du
monde. Mais les deux groupes
n’auraient pas l’intention de
demander un quelconque rem-
b oursement, selon la presse
anglaise.
La raison ? Ils ne veulent pas
affaiblir l’équilibre économique des
clubs et donc potentiellement
l’attractivité de la Premier League,
pour laquelle ils ont déboursé
4,65 milliards de livres sterling
pour la période 2019-2022. Ce qui ne
se fera pas totalement sans contre-
partie puisque BT et Sky Sport ten-
tent d’obtenir des compensations
(caméra dans les vestiaires, inter-
view de l’entraîneur en plein
match, etc.) pour enrichir leurs pro-
grammes. De bonne guerre. n
@NinonRenaud
— Bureau de Berlin
Kasper Rorsted, le PDG d’Adidas,
ne faisait pas secret de son inten-
tion d’en appeler au soutien de
Berlin. Celui-ci est arrivé mardi
soir sous la forme de lignes de cré-
dit d’urgence pour un total de
2,4 milliards d’euros, garanties à
80 % par l’Etat et débloquées pour
une durée de quinze mois par la
banque publique KfW. En
échange, l’équipementier sportif
renonce durant cette période à
tout paiement de dividende, soit
une économie de 840 millions
d’euros en 2020. « La situation
actuelle pose de sérieux problèmes,
même aux entreprises saines. Nous
tenons à remercier le gouvernement
pour son action rapide en réponse à
cette crise mondiale sans précé-
dent », a déclaré le patron de la
marque à trois bandes.
Un consortium de banques pri-
vées (UniCredit, Bank of America,
Citibank, Deutsche Bank, HSBC,
Mizuho Bank et Standard Charte-
red Bank) s’est en outre engagé
à prêter jusqu’à 600 millions
d’euros supplémentaires, portant
à 3 milliards d’euros son ballon
d’oxygène.
« Il est raisonnable et prudent de
garantir l’accès à autant de liquidi-
tés que possible étant donné l’incer-
titude » actuelle, estime Graham
Renwick, analyste chez Berenber-
mais leur fermeture, après le Nou-
vel An lunaire, a entraîné un man-
que à gagner de près de 1 milliard
d’euros. L’arrêt des rachats
d’actions, le renoncement des
membres du directoire à leurs
bonus en 2020 et la mise au chô-
mage partiel de 1.200 de ses
7.700 employés outre-Rhin n’ont
pas permis pas de compenser la
totalité des pertes.
Préjudice « gérable »
Adidas, qui présentera ses résul-
tats trimestriels le 27 avril, estime
que « l’évolution de la pandémie et,
donc, l’impact sur les activités du
groupe ne peuvent être prédits
actuellement ». L’annulation de
grandes manifestations sportives,
comme l’Euro 2020 et les JO,
représentent « un préjudice écono-
mique gérable, compris entre 50 et
70 millions d’euros », mais le
rayonnement commercial de la
marque en pâtira.
Alors que son cours de Bourse
reculait mercredi après-midi de
2,5 %, « Adidas va rembourser le
plus rapidement possible les parties
du crédit auxquelles le groupe a eu
recours », assure le groupe. Il veut
surtout voir dans ces crédits une
façon de « garantir sa flexibilité
f i n a n c i è re » . P o u r G r a h a m
Renwicks, il n’y a en effet pas péril
en la demeure. « Fin 2019, le groupe
disposait de 875 millions d’euros de
trésorerie net, avec près de 6 mil-
liards d’euros de liquidités disponi-
bles », rappelle l’analyste. n

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Les Echos Jeudi 16 avril 2020
es, mais, contrairement à la plupart des disciplines sportives, le cyclisme a, lui, son calendrier
Le football français esquisse
un très fragile plan de redémarrage
L’annonce d’une levée
progressive du confine-
ment à compter du 11 mai
entretient l’espoir
d’une fin de saison à huis
clos avant fin juillet.
Mais le calendrier reste
soumis aux échéances
européennes et au bon
vouloir des pouvoirs
publics, qui restent
pour l’instant silencieux.
Basile Dekonink
@Bdekonink
C’est une équation à mille incon-
nues. La saison 2019-2020 du foot-
ball français, figée depuis le
13 mars en raison de la crise du
Covid-19, sera-t-elle menée à son
terme ? Si l’annonce de la levée
progressive du confinement à
compter du 11 mai donne un peu
de visibilité, le scénario d’une
reprise reste soumis à de très nom-
breux points d’interrogation.
Une chose, au moins, est cer-
taine : si reprise il y a, elle se fera à
huis clos. L’interdiction des ras-
semblements publics jusqu’à mi-
juillet, annoncée par Emmanuel
Macron, a mis fin aux derniers
espoirs de voir le football repren-
dre dans des stades combles.
Rien ne dit pour autant que les
pouvoirs publics laisseront
les matchs se dérouler dans des
enceintes vides : les rencontres à
huis clos mobilisent des moyens
humains et matériels, à un
moment où les tests manquent et
où les forces de l’ordre sont sollici-
tées comme jamais. Impossible
également d’assurer un risque
zéro de contamination pour les
200 à 300 personnes nécessaires
au bon déroulé de l’événement.
Stay Safe&Protect Your Families in the Coronavirus Pandemic. @WorldAndNews
Le programme des prochaines
semaines va dépendre, comme
dans de nombreux pans d’activité
dans la société française, de l’évo-
lution de la pandémie. « Le minis-
tère prépare un plan de sortie de
confinement en collaboration avec
tout l’écosystème du sport. […] D’ici
quinze jours, ce plan sera soumis au
ministère des Solidarités et de la
Santé et au Premier ministre », a
indiqué mercredi le ministère des
Sports sur son compte Twitter.
En attendant un éventuel feu
vert, le football français tente, tant
bien que mal, d’établir un calen-
drier. La « date privilégiée » du
23 août a d’abord été votée la
semaine dernière par la Ligue
de football professionnel
(LFP) pour le démarrage de
la prochaine saison de
Ligue 1.
En prenant en compte cette
date, la levée du confinement le
11 mai et le fait que les joueurs
auront besoin de quatre semaines
de préparation physique, c’est un
véritable marathon qui se pré-
pare. La LFP privilégierait, selon
l’AFP et « L’Equipe », un scénario
dans lequel les dix dernières jour-
nées de Ligue 1 se tiendraient entre
Certains dirigeants
de clubs, emmenés
par le président
de Lille Gérard
Lopez, songent
à se financer
à hauteur de 300 à
500 millions d’euros
auprès de fonds
d’investissement.
https://t.me/WorldAndNews
Le Tour de France aura lieu
du 29 août au 20 septembre
L’UCI a officialisé mercredi
le report de deux mois de
la Grande Boucle, en raison
de la pandémie de Covid-19.
Une première depuis
la création de la course,
en 1903. En conséquence,
le Tour d’Espagne s’élan-
cera en fin de saison.
Aucune date n’a encore été
fixée pour le Tour d’Italie.
A l'heure où le plus grand flou règne
encore sur le calendrier de quel-
ques-uns des plus grands cham-
pionnats et événements sportifs
dans le monde, l’annonce officielle,
mercredi, par l’Union cycliste inter-
nationale (UCI) d'un report du
départ de Tour de France à Nice du
27 juin au 29 août, pour une arrivée
le 20 septembre à Paris, fait figure de
bonne nouvelle. Contrairement
donc aux Jeux Olympiques d’été de
Tokyo, qui ont été renvoyés à l'été
2021, la Grande Boucle partira bien
en 2020, et ce malgré un calendrier
initial bousculé par la pandémie de
Covid-19.
Moins de monde
sur le bord des routes
Jamais le Tour de France n’est,
depuis sa création, en 1903, parti
aussi tard dans l’été, et il se fera sur le
parcours prévu, a confirmé Chris-
tian Prud'homme, le directeur de la
Grande Boucle, au cours du journal
de 13 heures sur France 2. Pour le
patron du Tour, ce report de deux
mois était nécessaire, à la fois pour
garantir le respect de toutes les
consignes sanitaires nécessaires au
bon déroulement de l'épreuve, et
pour laisser le temps aux coureurs
de pouvoir se préparer dans les
meilleures conditions possible.
le 17 juin et le 25 juillet. Un calen-
drier infernal auquel il faudrait
ajouter les deux finales de Coupes
ainsi que les barrages Ligue 1/
Ligue 2, tout en espérant que
l’UEFA reporte à août la fin de ses
compétitions européennes.
Explosion des droits TV
L’idée : jouer le plus de matchs
possible pour s’arroger au moins
une partie des droits TV de la sai-
son en cours, pour l’instant gelés
par BeIN Sports et Canal+. Privés
de revenus « matchday » (billette-
rie, loges et hospitalité les jours de
matchs) et de recettes
marketing, les
clubs voudraient
sauver au moins
une partie de
cette manne qui
représente 36 % de
leur chiffre d’affaires, selon la
DNCG.
En attendant l’explosion des
droits TV prévue la saison pro-
chaine, les pertes s’annoncent
immenses. A tel point que cer-
tains dirigeants de club, emme-
nés par le président de Lille
Gérard Lopez, songent à se finan-
cer à hauteur de 300 à 500 mil-
lions d’euros auprès de fonds
d’investissement. Un emprunt
massif loin d’emporter l’adhésion.
Pour soulager les trésoreries
des clubs, le syndicat des joueurs
et les dirigeants de Ligue 1 et de
Ligue 2 se sont enfin entendus sur
la baisse « provisoire » des salai-
res, jusqu’à 50 % pour ceux
gagnant plus de 100.000 euros
mensuels. Il ne s’agit que d’une
recommandation puisque rien,
dans le Code du travail, n’oblige
les footballeurs à accepter de
diminuer leur rémunération. n
ENTREPRISES // 19
Le Tour de France
2020 se fera sur
le parcours prévu,
a confirmé Christian
Prud'homme,
le directeur de
la Grande Boucle.
En indiquant avoir
reçu le soutien
de tous les élus
des villes concernées.
Le peloton tout entier s'en félicite.
« C'est une grande joie, je commençais
à perdre un peu espoir », a réagi sur
France 2 Julian Alaphilippe, le héros
de l'été dernier. Le Britannique Chris
Froome a parlé d'une nouvelle « que
beaucoup d'entre nous attendaient ».
C'est « un peu de lumière au bout du
tunnel », a estimé le quadruple vain-
queur du Tour. « Les champions
cyclistes savent désormais qu’ils ont
un objectif », a souligné Christian
Prud’homme, tout en indiquant
avoir reçu le soutien de tous les élus
des villes devant accueillir cette
année le Tour de France. Alors cer-
tes, a-t-il convenu, « il y aura peut-être
un peu moins de monde sur le bord
des routes », avec moins d'étrangers
et moins d’enfants du fait de la ren-
trée scolaire.
De même, à propos de la caravane
publicitaire, l'un des éléments
d'attraction de l'événement qui
draine habituellement quelque 10 à
12 millions de spectateurs, selon les
chiffres des organisateurs, le direc-
teur du Tour estime qu’« il y aura
sans doute un peu moins de véhicules
Les joueurs anglais contre
la baisse de leurs salaires
Là où, face aux effets du
coronavirus, les joueurs du
FC Barcelone et de l’Atlético
de Madrid ont accepté
de baisser leurs salaires
de 70 %, ceux de la Premier
League anglaise de football
refusent toujours
de réduire les leurs.
Alexandre Counis
@alexandrecounis
— Correspondant à Londres
L’association des joueurs profes-
sionnels ou PFA, le syndicat qui
représente les footballeurs de la
Premier League anglaise de foot-
ball, l’épreuve reine en Europe, a
rejeté la proposition des 20 clubs de
la compétition, qui voulaient bais-
ser les salaires des joueurs de 30 %
pour les forcer à prendre leur part
dans l’effort contre l’épidémie et ses
effets sur l’économie, alors que la
saison est suspendue outre-Man-
che jusqu’au 30 avril au moins. Et il
continue de tenir tête aux clubs de
l’élite du football anglais.
« La baisse de 30 % proposée sur
une période de douze mois équivau-
drait à un total de plus de 500 mil-
lions de livres de réductions salaria-
les et à une perte de plus de
200 millions de livres en contribu-
tions fiscales pour le gouverne-
ment », a calculé la PFA. Avant
d’asséner : « Quel serait l’effet de
cette perte de revenus pour le gouver-
nement sur le Service national de
santé ? » Résultat des courses : à ce
jour, aucun accord global n’a pu être
trouvé. Et la situation, outre-Man-
che, reste bloquée.
La pression politique reste pour-
tant forte pour que les clubs fassent
un geste sur les salaires des joueurs.
Les supporters font aussi pression
que les années précédentes ». Ne
serait-ce qu’en raison des difficultés
économiques prévisibles pour des
entreprises. Mais pour Christian
Prud’homme, le départ de la pro-
chaine Grande Boucle, « ce sera le
phare pour dire “on va s’en sortir” ».
Reste que la saison cycliste est
profondément bouleversée. La
période de suspension des compéti-
tions internationales est prolongée
d’un mois jusqu’au 1er juillet, a égale-
ment annoncé l’UCI au terme d’une
réunion avec les parties prenantes
du cyclisme, équipes, coureurs et
organisateurs. Le report du Tour de
France a notamment pour consé-
quence un déplacement de la Vuelta
(Tour d’Espagne) en fin de saison.
Un nouveau calendrier
le 15 mai
Les dates des autres grandes courses
reportées, notamment le Giro (Tour
d’Italie) et les « monuments » (gran-
des classiques), n’ont pas encore été
précisées par l’UCI. Celle-ci a fixé la
publication du nouveau calendrier
« au plus tard le 15 mai », livrant tout
de même des premières indications.
« Le Giro se disputera après les Mon-
diaux sur route et sera suivi par la
Vuelta », a déclaré la fédération
internationale, sans toutefois préci-
ser si les deux événements pou-
vaient se chevaucher. Les cham-
pionnats nationaux auront lieu le
week-end des 22 et 23 août.
En France, où la pandémie a
causé la mort de plus de 15.000 per-
sonnes depuis début mars, aucune
course n’est prévue avant la mi-
juillet. Conséquence des annonces
du président de la République lundi
soir, interdisant les rassemblements
publics jusqu’à cette période.
— A. Bo.
pour qu’ils y réfléchissent à deux
fois avant d’avoir recours, pour le
reste de leur personnel, au disposi-
tif de chômage partiel mis en place
par l’Etat, prévoyant que le contri-
buable paie 80 % des salaires. Der-
nière illustration en date, le virage à
180 degrés de Tottenham, lundi, qui
a finalement renoncé à en faire
bénéficier 550 de ses salariés, après
avoir annoncé quinze jours plus tôt
qu’il y aurait recours « pour protéger
les emplois ». Le club leur versera
finalement 100 % de leurs salaires
en avril et en mai, même s’ils ont été
placés en congés temporaires.
Liverpool avait lui aussi dû
renoncer, quelques jours plus tôt, à
en faire profiter environ
200 employés. Seul Newcastle,
détenu par le controversé milliar-
daire Mike Ashley, à la tête de la
c h a î n e d ’a r t i c l e s d e s p o r t
Sports Direct, continue pour l’ins-
tant de vouloir souscrire au disposi-
tif pour son personnel administra-
tif. Mais il est désormais sous
pression pour, lui aussi, reculer.
Les salaires représentent, pour les
20 clubs de Premier League, 2,9 mil-
liards de livres, soit environ 59 % de
leurs revenus, selon le cabinet de
conseil Deloitte. Or, ils risquent de
perdre environ 750 millions de livres
en droits audiovisuels si la saison ne
reprend pas.
4
À NOTER
Le club de Newcastle est
sur le point d’être racheté
pour 310 millions de livres.
La femme d’affaires Amanda
Staveley mène un consortium
de repreneurs dans lequel
figure le fonds souverain
de l’Arabie saoudite.

20 // ENTREPRISES
CORONAVIRUS
Amazon met ses entrepôts à l’arrêt en France
Amazon France a réuni
un comité social et
économique (CSE) mer-
credi. Il a présenté aux élus
son projet de fermer ses
six plateformes logistiques
dès ce jeudi et au moins
jusqu’au 20 avril.
Leïla de Comarmond
et Yann Duvert
Amazon a décidé ce mercredi de
fermer ses six entrepôts logisti-
ques en France, à l’issue du comité
social et économique (CSE) réuni
ce mercredi à partir de 15 heures.
La fédération CFDT des services
l’avait annoncé ce mercredi en fin
de matinée. Et le géant mondial
d’e-commerce ne l’avait toujours
pas confirmé en fin d’après-midi,
après avoir, en revanche, confirmé
l’envisager. « Nous pourrions être
contraints de suspendre l’activité de
nos centres de distribution en
France » et de « restreindre un ser-
vice qui est devenu essentiel pour des
millions de personnes à travers le
pays », a-t-il indiqué dans un com-
muniqué publié dans la matinée.
Dans un document interne que
l’agence Reuters a pu consulter, le
groupe américain explique, néan-
moins, qu’il prévoit bien d’inter-
rompre toute activité de produc-
tion dans ses entrepôts à partir de
ce jeudi et au moins jusqu’à lundi
prochain, 20 avril. Ce que des sour-
ces proches de la direction et des
syndicats ont confirmé à l’AFP.
Le CSE s’est prononcé par 14 voix
sur 18 votants en faveur de cette fer-
meture pour nettoyer les sites et
évaluer les risques, a indiqué à
l’agence de presse un délégué CGT,
Emilien Williatte. Selon la direc-
tion, les salariés seront payés à
100 % de leur rémunération pen-
dant cette fermeture.
Sérieux revers judiciaire
Car l’entreprise a subi un très
sérieux revers mardi. Dans le cadre
des restrictions dues à la crise du
coronavirus, elle s’est vu imposer
par le tribunal de Nanterre, saisi en
référé par le syndicat Solidaires,
une réduction drastique de son
activité. Elle n’est plus autorisée
La Halle vers la procédure de sauvegarde
Après le mouvement
des « gilets jaunes » et
les grèves de transport,
l’épidémie de Covid-19
a porté le coup de grâce
à la chaîne de 850 magasins
d’habillement
du groupe Vivarte.
Antoine Boudet
@Aboudet
Patrick Puy, le président de Vivarte,
propriétaire des enseignes La
Halle, Minelli et Caroll, a présenté
mercredi matin aux représentants
du personnel lors d’un comité
social et économique (CSE) un pro-
jet de mise sous procédure de sau-
vegarde de la chaîne de magasins
de vêtements et chaussures La
Halle. L’annonce d’un premier plan
de restructuration début février
n’aura donc pas suffi. Pour le
patron du groupe, nommé en
novembre 2017 afin de sauver ce
sur franceinfo
dans C’est mon argent
à 5h51 le vendredi
Stay Safe&Protect Your Families in the Coronavirus Pandemic. @WorldAndNews
dès cette date à livrer que les pro-
duits alimentaires, médicaux et
d’hygiène sous astreinte de 1 mil-
lion d’euros par jour et par infrac-
tion constatée dans la limite d’un
mois, soit juste après la fin annon-
cée du confinement.
Ces restrictions doivent durer
tant que l’entreprise n’aura pas
procédé à un nouvel audit de la
situation, en concertation avec les
syndicats, et pris de nouvelles
mesures afin de protéger son per-
s o n n e l f a c e à l ’é p i d é m i e d e
Covid-19. Les salariés français du
groupe de Jeff Bezos réclament
depuis le début de la crise d’être
mieux protégés. Une réunion a
bien eu lieu mardi après-midi avec
les syndicats. Mais sans donner de
résultats concrets.
Mesures insuffisantes
En ripostant ainsi par des fermetu-
res, Amazon va placer « des mil-
liers de salariés en chômage techni-
que financé par la solidarité
nationale pour mettre la pression
sur le gouvernement et les syndi-
cats », regrette en revanche le
secrétaire général de la fédération
des services CFDT, Olivier Gui-
varch. Cette annonce est en revan-
che bien accueillie du côté de
l’union syndicale Solidaires. « Cela
nous satisfait. J’espère qu’on mettra
à profit le temps de la fermeture
pour se retrouver autour d’une
table », se félicite le codélégué de
SUD-commerce, Laurent Degou-
sée. « On n’a jamais dit qu’Amazon
n’avait rien fait pour la sécurité des
salariés, mais il y a beaucoup d’affi-
chages », estime le syndicaliste.
Dans son jugement, que « Les
Echos » ont pu consulter, le tribu-
nal judiciaire de Nanterre ne nie
pas les mesures de prévention
mises en place par Amazon (mas-
ques, distanciation sociale, gel
hydroalcoolique, etc.). Mais il
estime que ces dernières demeu-
rent insuffisantes, et enjoint à
l’entreprise de « mettre en œuvre,
en y associant les représentants du
personnel, une évaluation des ris-
ques professionnels inhérents à
l’épidémie de Covid-19 ».
En d’autres termes, tous les chan-
gements liés à la sécurité devront
qui pouvait encore l’être de l’ancien
empire du commerce de détail créé
autour de l’emblématique enseigne
André, l’épidémie de Covid-19 a été
« le coup de grâce », a-t-il commenté
à l’issue du CSE.
Nouveau plan
de restructuration
Déjà lourdement frappé par le mou-
vement des « gilets jaunes », puis
les grèves dans les transports, dans
un marché du textile de surcroît en
baisse, le réseau des 850 magasins
La Halle a vu sa situation rapide-
ment se détériorer, au point d’avoir
consommé à fin mars 100 millions
des 178 millions d’euros de cash
dont disposait Vivarte fin août. Au
vu des projections, compte tenu
des pertes générées par la ferme-
ture de la totalité des points de
vente et notamment des charges
locatives qui pèsent encore, « on va
perdre 90 millions d’euros d’ici à fin
mai, ce qui nous mettrait en situa-
Amazon prévoit d’interrompre toute activité de production dans ses plateformes à partir de jeudi. Photo Guillaume Souvant/AFP
être soumis en amont aux instances
représentatives, puis notifiés par
écrit. « On peut tirer plusieurs leçons
de cette affaire. D’une part, Amazon
n’a pas suffisamment associé les
représentants des salariés. D’autre
part, il n’a pas documenté les mesures
mises en œuvre. Enfin, certaines cho-
ses auraient pu être mieux faites »,
résume Marie-Hélène Bensadoun,
avocate associée chez August
Debouzy. Des tensions sont par
exemple apparues au sujet d’un por-
tique de sécurité, dont le retrait avait
été réclamé par les salariés mais
refusé par la direction. Plus que la
sécurité de ses salariés, Amazon
semble donc payer ses lacunes en
matière de dialogue social.
tion de cash négatif et nous condui-
rait à un état de cessation de paie-
ment et de mise en règlem ent
judiciaire », a indiqué Patrick Puy.
C’est pour éviter ce scénario
catastrophe qu’après un deuxième
CSE, prévu le 20 avril notamment
afin de désigner ses représentants
devant la justice, La Halle va dépo-
ser une demande de sauvegarde au
tribunal de commerce de Paris lors
d’une audience si possible le
21 avril, pour une ouverture de la
procédure en cas d’accord des
juges vers le 24 avril, anticipe le
patron de Vivarte.
Celle-ci, non seulement permet-
trait de geler la dette et de garantir
le concours des créanciers, mais
encore ouvrirait alors la porte à la
définition d’un nouveau plan de
restructuration, le précédent étant
logiquement abandonné. Pour
Patrick Puy, l’objectif serait de ten-
ter de se séparer des quelque 150 à
200 points de vente déficitaires, soit
1 millier d’emplois environ concer-
nés sur les 5.500 salariés de La
Halle, avec la vente ou la fermeture
de 50 % des magasins de chaussu-
res et 20 % des magasins de vête-
ments. S elon le président de
Vivarte, qui reconnaît que compte
tenu du contexte les candidats à la
reprise ne se bousculeront pas, dis-
poser d’un réseau de 600 magasins
serait « le rêve ».
Une autre solution serait de
céder un périmètre de 200 points
de vente « extrêmement rentable »,
mais là encore faudrait-il trouver
un repreneur. Quoi qu’il en soit ni
https://t.me/WorldAndNews
Reste à savoir si le cas Amazon
peut faire des émules. « C’est une
décision plus politique que juridi-
que, qui va avoir un effet boule de
neige », prédit pour sa part Sabrina
Kemel, avocate en droit du travail
au sein du cabinet FTMS. « Elle va
conforter les syndicats et les salariés
dans l’exercice du droit de retrait et
du droit d’alerte danger grave et
imminent. » Les concurrents de
l’entreprise américaine, eux, veu-
lent croire le contraire, invoquant
l’absence de conflit entre employés
et direction.
Lire l’éditorial de
( David Barroux
Page 16
Caroll, ni Minelli, qui sont en excé-
dent brut d’exploitation (Ebitda)
positif, ne sont concernés par la
procédure et cet éventuel plan. En
revanche, Patrick Puy n’exclut pas,
à plus long terme, une mise en
vente de ces deux enseignes (une
première tentative pour Minelli
ayant échoué), les actionnaires de
Vivarte, c’est-à-dire les créanciers,
n’« ayant pas vocation à rester une
éternité ».
Mais, ce n’est pour l’heure pas
d’actualité. Selon le président du
groupe, les représentants du per-
sonnel au CSE de La Halle auraient
accueilli plutôt favorablement le
projet de sauvegarde, le voyant
comme un moyen de se protéger et
d’envisager un avenir « le moins
mauvais possible ». n
« On va perdre
90 millions d’euros
d’ici à fin mai, ce
qui nous mettrait
en situation de cash
négatif et nous
conduirait à un état
de cessation de
paiement et de
mise en règlement
judiciaire. »
PATRICK PUY,
président de Vivarte
Jeudi 16 avril 2020 Les Echos
Les compagnies aériennes
américaines ont leur plan
de sauvetage
Dix d’entre elles, parmi
lesquelles American
Airlines, Delta et United,
ont l’intention de signer
l’accord trouvé avec le
secrétariat au Trésor. Ce
plan de 25 milliards de
dollars prévoit que 30 %
des sommes devront être
remboursées.
Nicolas Rauline
@nrauline
— Bureau de New York
Les compagnies aériennes améri-
caines ont leur plan de soutien. Le
secrétaire au Trésor a annoncé
mardi qu’un accord avait été
trouvé avec les plus importantes
d’entre elles sur les modalités de
l’aide. Le gigantesque plan de sau-
vetage de l’économie américaine,
qui dépassait les 2.000 milliards
de dollars, prévoyait des subven-
tions spécifiques de 25 milliards
pour les compagnies aériennes,
les premières touchées par la crise
du fait de la fermeture des frontiè-
res et de l’effondrement du trafic.
Cette aide sera accordée direc-
tement aux compagnies trans-
portant des passagers. Elle doit
leur permettre d’assurer les salai-
res de leurs employés durant les
prochains mois. Toutefois, con-
trairement à ce qu’avait espéré le
secteur, 30 % de ces aides devront
être remboursées. L’Etat fédéral
devrait aussi recevoir, en échange
de son aide, des « warrants », des
produits financiers convertibles
en actions qui devraient repré-
senter 10 % de l’aide que percevra
chaque compagnie. L’Etat pour-
rait donc devenir actionnaire
minoritaire des entreprises
signataires.
Dix compagnies aériennes
parmi les 12 plus grandes ont con-
firmé leur intention de signer
l’accord : les quatre principales,
American Airlines, Delta, United
Airlines et Southwest, ainsi que
Jet Blue, Alaska Air, Allegiant,
Frontier, Hawaiian et SkyWest.
Ces dernières ont exprimé leur
satisfaction et confirmé que les
subventions devraient permettre
de payer une partie des salaires et
des prestations sociales jusqu’au
30 septembre.
Dix compagnies
signataires
L’accord doit assurer la survie d’un
secteur essentiel à l’économie
américaine : il emploie
750.000 personnes. Les compa-
gnies américaines ont annulé
70 % de leurs vols et de nombreu-
ses liaisons sont aujourd’hui qua-
siment vides. Au niveau mondial,
les pertes cumulées du secteur
sont estimées à 314 milliards de
dollars par l’Association interna-
tionale du transport aérien (Iata).
Des discussions se poursuivent
avec les autres compagnies, non-
signataires, comme la low cost Spi-
rit Airlines ou encore Republic
Airway, qui assure des vols pour le
compte d’autres compagnies. Le
gouvernement cherche enfin à
venir en aide aux compagnies
maritimes et aux sous-traitants.
« Nous avons hâte de travailler avec
les compagnies aériennes pour fina-
liser l’accord et débloquer les fonds
aussi vite que possible », a indiqué le
secrétaire au Trésor, Steve Mnu-
chin, dans un communiqué.
En plus de ces 25 milliards de
dollars, les compagnies aérien-
nes pourront également accéder
à des prêts garantis à hauteur de
25 milliards. American Airlines a
indiqué que, selon les termes de
l’accord, elle recevrait 5,8 mil-
liards, dont 4,1 milliards de dol-
lars de subventions et 1,7 milliard
de prêts à taux réduit. Elle va aussi
demander un crédit de 4,7 mil-
liards, via un autre programme
de prêts prévu par le plan de sau-
vetage. « Nous pensons désormais
avoir les ressources nécessaires
pour résister à cette crise et être en
mesure de servir nos clients voya-
geurs quand ils seront prêts à
reprendre l’avion », ont affirmé,
dans une lettre aux employés, le
directeur et le président d’Ameri-
can, Doug Parker et Robert Isom.
Southwest, de son côté, bénéfi-
ciera de 3,2 milliards de dollars.
Lire « Crible »
( Page 34

Les Echos Jeudi 16 avril 2020
« Avec cette crise, on regarde
moins de haut les métiers de services »
l Le directeur général du géant de la restauration
collective, Sodexo, dirige 470.000 salariés dans 67 pays.
l Il a vu arriver depuis Wuhan la vague du coronavirus
et livre aux « Echos » son analyse de la crise.
Propos recueillis par
Martine Robert
@martiRD
remier employeur privé
P français dans le monde et
le 19e sur la planète, Sodexo
est présent dans deux hôpitaux à
Wuhan. Le géant de la restauration
collective et des services de qualité
de vie s’est servi de ce retour d’expé-
rience pour anticiper les mesures à
prendre ailleurs.
Comment Sodexo
traverse-t-il cette crise ?
Nous avons fait un premier semes-
tre 2019-2020 meilleur que prévu,
donc nous sommes entrés dans
cette crise en bonne forme et cela
est rassurant, même si le climat
est lourd d’incertitudes pour
nos 470.000 salariés. Notre pré-
sence dans 67 pays, ainsi que la
diversité de nos segments de clien-
tèle – entreprises, éducation, santé –
et de nos services – restauration col-
lective, facility management, avan-
tages aux salariés, services à la
personne – nous apporte une rési-
lience. Et si nous sommes à l’arrêt
dans certaines entreprises et dans
nos activités sports et loisirs, à
l’inverse, nous servons encore
300.000 repas par jour à des éco-
liers défavorisés aux Etats-Unis,
tandis que, dans les hôpitaux, les
maisons de retraite et les prisons,
nous sommes en tension.
Vous êtes à Wuhan, avez-vous
mesuré la pandémie qui nous
attendait ?
Oui, nous avons vu la vague arriver
très tôt, car deux hôpitaux de
Wuhan sont nos clients. Cette
expertise acquise en Chine, on l’a
ensuite déployée ailleurs. Notre cel-
lule de crise instaurée en décembre
là-bas est devenue mondiale dès le
5 février. Nous nous sommes focali-
sés sur la mise en place de procédu-
res pour sécuriser notre personnel
et continuer l’activité : instaurer
une distanciation physique dans les
restaurants, distribuer les couverts,
privilégier la vente à emporter, etc.
Et cela a été très vite généralisé par-
tout, afin que chacun soit prêt le
moment venu. Idem pour le net-
toyage, la désinfection. Les proto-
coles ont été renforcés, les forma-
tions accélérées, auprès de
nos 16.000 employés en Chine. Puis
dans tous nos pays, dont l’Italie, où
nous avons 7.600 collaborateurs, et
les Etats-Unis, qui représentent
45 % de notre chiffre d’affaires
avec 140.000 salariés.
Comment jugez-vous la gestion
de la crise aux Etats-Unis ?
Le gouvernement fédéral n’a proba-
blement pas pris la mesure à temps,
malgré l’expérience de l’Europe et
de l’Asie. Je suis très inquiet. Il est
vrai que l’économie américaine
peut descendre très vite et remon-
« Nous avons vu
la vague arriver
très tôt, car
deux hôpitaux
de Wuhan sont
nos clients. Cette
expertise en Chine,
on l’a ensuite
déployée ailleurs. »
Stay Safe&Protect Your Families in the Coronavirus Pandemic. @WorldAndNews
ter très fort. Mais le bilan sanitaire
va être sévère, et le taux de chômage
très élevé, y compris chez Sodexo.
Nous avons d’ailleurs mis à dispo-
sition une plate-forme de
300.000 offres d’emploi émanant
de partenaires divers, pour aider
nos salariés licenciés faute d’avoir
pu être affectés sur un autre site, à
retrouver du travail. On est à
l’opposé de la France, qui amortit
socialement la crise avec un chô-
mage partiel généreux, mais dont
l’économie mettra beaucoup plus
de temps à repartir, malgré de
vraies mesures de soutien de l’Etat.
Quel rôle pourrez-vous jouer
quand viendra la reprise ?
Un rôle essentiel, car le déconfine-
ment ne sera pas immédiat. Il nous
faudra accompagner les entreprises
pour qu’elles puissent reprendre
progressivement leur activité en
toute sécurité sanitaire grâce aux
services de proximité que nous assu-
rerons sur les lieux de travail : res-
tauration sécurisée et fluide avec des
horaires élargis pour éviter la pro-
« Il faudra [...]
passer d’une
économie low cost
à une économie
de la valeur
et de la valeur
humaine. »
miscuité, désinfection des locaux et
protection adaptée de notre person-
nel et de nos consommateurs, forts
de notre expérience en milieu hospi-
talier. En Chine, où le déconfinement
se généralise, la plupart des entrepri-
ses ont rouvert. On y a acquis de nou-
velles façons de travailler, avec, par
exemple, la mise en place d’une
équipe A et d’une équipe B : quand
l’une est sur place, l’autre est en télé-
travail, et à chaque permutation, on
désinfecte les locaux.
Pourquoi avoir mis en place
un fonds de solidarité ?
En France, où 50 % de nos salariés
sont au chômage partiel, mais aussi
en Italie, en Espagne, au Royaume-
Uni, des mesures ont été prises pour
préserver emplois et revenus. Aux
Etats-Unis et en Inde, où il n’existe
pas de tel filet de sécurité, le manage-
ment de Sodexo a voulu exprimer sa
solidarité envers les plus vulnérables
en créant un fonds de 30 millions
d’euros, abondé par 200 dirigeants
du groupe et par l’entreprise. Moi-
même et Sophie Bellon, présidente
du conseil d’administration, avons
renoncé à 50 % de notre rémunéra-
tion sur les six prochains mois.
La crise a-t-elle changé
la perception de ces métiers
de l’ombre de Sodexo ?
Oui, c’est la leçon de cette crise, les
métiers de service sont apparus
comme essentiels, alors qu’ils
étaient jusqu’ici regardés de haut. Il
ne faut pas perdre cette vision et
revaloriser ces métiers. Cela signifie
qu’il faudra avoir un vrai dialogue
avec nos clients lors des futurs
appels d’offres dans le privé comme
dans le public, non pas uniquement
sur les prix, et passer d’une écono-
mie low cost à une économie de la
valeur et de la valeur humaine. Si
demain, le seul critère reste le prix,
alors on va continuer l’écrasement
de l’humain. Un rééquilibrage est
ENTREPRISES // 21
DENIS MACHUEL
Directeur général
de Sodexo
impératif, même si, évidemment, il
faut rester compétitif.
Quel sera l’impact durable
de la crise ?
La crise va probablement amener
une forme de régulation de la mon-
dialisation, on va revenir à des chaî-
nes d’approvisionnement plus loca-
les. Chez Sodexo, c’est déjà notre fer
de lance, nous travaillons à cons-
truire des écosystèmes de proxi-
mité. Le deuxième sujet, c’est l’évo-
lution à attendre du comportement
des consommateurs. Notamment
de la part de la nouvelle génération,
qui assiste à ce tragique spectacle,
renvoyant à ce que la génération
précédente a raté. Cela devrait
influer sur le choix de leurs achats :
qu’y a-t-il dans ce produit ? Com-
ment est-il fabriqué ? Qui me le
vend et comment ? J’appelle de mes
vœux cette prise de conscience,
avec une exigence plus humaine- Denis Machuel, directeur général de Sodexo, le premier employeur privé français dans le monde
ment durable. n avec 470.000 salariés. Photo Eric Piermont/AFP
AVIS FINANCIERS
Société anonyme au capital de 573 076 950 €
Siège social : 14-16, rue des Capucines – 75002 Paris - 592 014 476 R.C.S. Paris
APPROBATION DU PROJET D’APPORT PARTIEL D’ACTIFS PAR LES PORTEURS
DES OBLIGATIONS SUIVANTES
Obligations pour un montant de 200 200 000 € au taux de 2,875% et venant à échéance le 30 mai 2023, Code ISIN : FR0011502814, Code Commun :
93723040 • Obligations pour un montant de 100 000 000 € au taux de Euribor 3 mois + 0,30% et venant à échéance le 4 mai 2020, Code ISIN :
FR0013332202, Code Commun : 181527919 • Obligations pour un montant de 500 000 000 € au taux de 1,625% et venant à échéance le 14 mars 2030,
Code ISIN : FR0013322989, Code Commun : 179146894 • Obligations pour un montant de 700 000 000 € au taux de 1,375% et venant à échéance le
26 janvier 2028, Code ISIN : FR0013284205, Code Commun : 168954522 • Obligations pour un montant de 500 000 000 € au taux de 2,00% et venant à
échéance le 30 juin 2032, Code ISIN : FR0013266368, Code Commun : 164173518 • Obligations pour un montant de 500 000 000 € au taux de 1,375% et
venant à échéance le 30 juin 2027, Code ISIN : FR0013266350, Code Commun : 164171965 • Obligations pour un montant de 500 000 000 € au taux de
Euribor 3 mois + 0,38% et venant à échéance le 30 juin 2022, Code ISIN : FR0013266343, Code Commun : 164163377 • Obligations pour un montant de
500 000 000 € au taux de 1,00% et venant à échéance le 30 janvier 2029, Code ISIN : FR0013205069, Code Commun : 149760482 • Obligations
pour un montant de 377 800 000 € au taux de 2,00% et venant à échéance le 17 juin 2024, Code ISIN : FR0012790327, Code Commun : 124687977
• Obligations pour un montant de 500 000 000 € au taux de 1,50% et venant à échéance le 20 janvier 2025, Code ISIN : FR0012448025,
Code Commun : 116970155 • Obligations pour un montant de 166 600 000 € au taux de 1,75% et venant à échéance le 30 juillet 2021, Code ISIN :
FR0012059202, Code Commun : 109220566 • Obligations pour un montant de 125 000 000 € au taux de 3,051% et venant à échéance le 16 janvier
2023, Code ISIN : FR0012383842, Code Commun : 115379399 • Obligations pour un montant de 100 000 000 € au taux de 3,00% et venant à échéance le
6 novembre 2023, Code ISIN : FR0013048196, Code Commun : 131793391 • Obligations pour un montant de 50 000 000 € au taux de 2,75% et
venant à échéance le 6 novembre 2022, Code ISIN : FR0013048204, Code Commun : 131793405 • Obligations pour un montant de 50 000 000 €
au taux de 3,30% et venant à échéance le 13 juillet 2021, Code ISIN : FR0012031599, Code Commun : 108650583 • Obligations pour un montant
de 50 000 000 € au taux de 2,99% et venant à échéance le 13 juillet 2020, Code ISIN : FR0012031565, Code Commun : 108649712 • Obligations
pour un montant de 100 000 000 € au taux de 3,00% et venant à échéance le 1er juin 2026, Code ISIN : FR0013064573, Code Commun : 132791414
La Société annonce par la présente que le projet d’apport partiel • Approbation de l’apport partiel d’actif placé sous le régime
d’actif soumis au régime juridique des scissions par lequel la juridique des scissions consenti par la Société au bénéfice de sa
Société s’engage à apporter au bénéfice de sa filiale à 100% GEC 25 filiale à 100% GEC 25, et de l’attribution à la Société d’actions de
l’ensemble des éléments actifs et passifs, droits et obligations de GEC 25 émises en rémunération de l’apport partiel d’actif ;
toute nature composant son activité résidentielle en contrepartie de
• Dépôt au siège social de la Société de la feuille de présence,
l’émission par GEC 25 d’actions ordinaires nouvelles au bénéfice de
des pouvoirs des obligataires représentés et du procès-verbal de
Gecina (l’ « Apport ») a été approuvé par l’ensemble des assemblées
l’assemblée générale des porteurs d’Obligations ;
générales des porteurs des obligations listées ci-dessus (ensemble
les « Obligations », et chacune des Obligations individuellement • Pouvoirs pour l’accomplissement des formalités.
une « Souche d’Obligations ») sur première convocation le
Pour chacune des Souche d’Obligations, la feuille de présence, les
23 mars 2020 s’agissant des Souches d’Obligations suivantes :
pouvoirs des obligataires représentés et le procès-verbal relatifs à
FR0013322989, FR0013284205, FR0013266350, FR0013266343,
FR0012790327, FR0012448025, FR0012059202, FR0011502814,
l’assemblée générale des porteurs d’Obligations sont disponibles
au siège social de la Société (14-16 rue des Capucines, 75002 Paris,
FR0013048196, FR0013048204, FR0012383842, FR0012031599,
France).
et FR0012031565, et sur seconde convocation le 7 avril 2020
s’agissant des Souches d’Obligations suivantes : FR0013332202, L’Apport sera soumis à l’approbation des actionnaires de la Société
FR0013266368, FR0013205069 et FR0013064573. lors de l’assemblée générale qui se tiendra le 23 avril 2020.
L’ordre du jour qui a fait l’objet de l’approbation de l’ensemble des Des avis de résultats des votes des assemblées générales des
assemblées générales des porteurs des Obligations listées ci-dessus Souches d’Obligations ont été transmis via Euroclear aux teneurs
était, pour rappel, le suivant : de comptes des Obligations.
Contact : Jérôme Engelbrecht - Tél + 33 (0) 1 40 40 52 92
https://t.me/WorldAndNews

22 // ENTREPRISES
CORONAVIRUS
Les fabricants de robots en embuscade
pour limiter les contacts humains
l Déjà utilisés
dans les hôpitaux,
les robots de
désinfection à la
lumière ultravio-
lette intéressent
désormais les
hôtels, qui envisa-
gent aussi d’auto-
matiser le room
service afin d’évi-
ter les contacts.
l La livraison
de courses
par des robots
se développe,
mais leur coût
et leur efficacité
sont des freins.
SERVICES
Anaïs Moutot
@AnaisMoutot
— Correspondante à San Francisco
« Vous entendez la cloche ? Elle se
déclenche à chaque nouvel achat.
Cette fois, c’est un hôpital en Espagne
qui nous a commandé 12 robots ». Au
téléphone depuis San Antonio,
Morris Miller, le PDG de Xenex, voit
les compteurs s’affoler : les com-
mandes de ses machines désinfec-
tant les hôpitaux ont augmenté de
600 % sur les trois premiers mois de
l’année par rapport à 2019.
Alors que les hôpitaux sont
potentiellement des foyers de conta-
mination au Covid-19, les robots de
l’entreprise texane, déjà en activité
dans plus de 500 établissements,
séduisent. « Les agents d’entretien
mettent 30 à 40 minutes à nettoyer
une chambre. Ils n’arrivent à attein-
dre que la moitié des surfaces », met
en avant le patron. Les rayons ultra-
violets (UV) diffusés par ses machi-
nes seraient capables de tuer les ger-
mes d’une pièce en cinq minutes. Si
l’efficacité de la technologie contre
le Covid-19 n’a pas été prouvée, plu-
sieurs études montrent qu’elle mar-
che contre le MERS et Ebola.
Crainte de contamination
Utilisés depuis le début des
années 2000 par les hôpitaux, les
UV intéressent désormais d’autres
secteurs. « Toutes ces industries vont
devoir trouver comment susciter suf-
fisamment de confiance pour que les
Stay Safe&Protect Your Families in the Coronavirus Pandemic. @WorldAndNews
Le robot de Xenex, une entreprise texane, utilise les rayons ultraviolets pour désinfecter les chambres des hôpitaux. Photo Paul Nurneberg/Xenex
gens reprennent le cours normal de
leur vie », pointe Elliot Kreitenberg,
le cofondateur de GermFalcon, une
majordome. Désormais, ils envisa-
gent d’utiliser des robots car les hôtes
veulent le moins de contacts humains
machine désinfectant les avions,
en discussion avec plusieurs
possible », raconte Peter Steiff, le
PDG d’Aethon. L’entreprise de Pitts-
compagnies aériennes.
L’ hyg i è n e n’e s t p a s l e s e u l
burgh, dont le millier de robots
transportent spécimens ou nourri-
domaine où les fabricants sont en ture dans les couloirs des hôpitaux,
embuscade. « Jusqu’ici, les hôtels est en contact avec plusieurs hôtels
voyaient le room service comme une et gestionnaires d’immeubles. « Les
offre haut de gamme nécessitant un gens commandent davantage sur
Uber Eats et les gardiens cherchent
une solution pour que les livreurs
n’entrent pas dans leurs buildings »,
« Les hôtels explique-t-il.
voyaient le room Alors que les rues sont moins
service comme encombrées que d’ordinaire et que
la crainte de contamination des
une offre haut de livreurs est forte, les robots espèrent
gamme nécessitant aussi transporter les courses des
un majordome. supermarchés. A Milton Keynes, au
Ils envisagent nord de Londres, le californien
Starship Technologies a étendu son
désormais partenariat avec Tesco et Co-op.
d’utiliser des robots
car les hôtes Des emplois menacés
Les usines se tournent également
veulent le moins de vers les robots afin d’éviter les
contacts possible. » contacts entre employés ou faire
PETER STEIFF face à leur absence, menaçant de
PDG d’Aethon plus en plus d’emplois peu qualifiés.
« Plusieurs entreprises m’ont dit
https://t.me/WorldAndNews
qu’elles mettaient tous leurs projets
en pause sauf l’automatisation »,
raconte Melonee Wise, la PDG de
Fetch Robotics, un fabricant de
robots d’entrepôts californien dont
la demande a crû de 63 % en mars.
Ces mini-ordinateurs sur pattes
ne sont cependant pas la panacée.
« Il y a toujours des tâches qui néces-
sitent des humains », reconnaît le
PDG de Vicarious AI, une start-up
robotique cherchant à approcher
l’agilité des mains humaines. Leur
installation pose problème alors
que les entreprises ne laissent plus
de personnes extérieures pénétrer
dans leurs lo caux. Leur prix
– 100.000 dollars pour le robot de
Xenex – est également prohibitif.
Autre problème : si les robots
ont l’avantage de ne pas tomber
malades, ils peuvent tout de même
être des vecteurs de contami-
nation. Après chaque trajet, les
neuf robots de Refraction AI, qui
livrent des repas dans le Michi-
gan, reviennent au garage pour
être désinfectés manuellement.
Le PD G de la start-up étudie
désormais la possibilité d’ajouter
de la lumière ultraviolette pour
qu’ils s’autonettoient. n
Jeudi 16 avril 2020 Les Echos
La crise pourrait
accélérer le déploiement
des drones aux Etats-Unis
Les mesures de confine-
ment et la situation des
hôpitaux dans certaines
régions pourraient
favoriser l’utilisation des
drones pour la livraison
de produits ou de matériel
médical. Mais il faut encore
convaincre les régulateurs.
A. M. (à San Francisco)
et Nicolas Rauline
@nrauline
— Bureau de New York
C’est l’histoire de deux « techies »
confinés à San Francisco. Quand
l’un ne trouve plus de papier toi-
lette sur Amazon, il est secouru
par le drone d’un ami transpor-
tant un rouleau via une cordelette.
Une vidéo publiée le 25 mars sur
Twitter montre le bienheureux,
posté sur le toit de son immeuble,
attraper le PQ à la volée…
Si les dronistes amateurs inno-
vent, les autorités américaines
n’autorisent encore ces machines
volantes qu’au compte-gouttes
dans le ciel des villes américaines.
Amazon n’a toujours pas le droit
d’y recourir : en octobre, l’agence
fédérale de l’aviation (FAA) n’a
permis qu’à deux sociétés, UPS et
Wing, de tester des livraisons à
petite échelle dans des zones rura-
les. Début avril, Wing, la filiale
d’Alphabet (Google), a annoncé
que les commandes avaient dou-
blé à Christiansburg, une commu-
nauté rurale de Virginie.
Discussions constructives
Une autre start-up, Zipline, a
obtenu l’autorisation de la FAA
pour commencer ses opérations
en Caroline du Nord à l’automne.
Elle devait ainsi livrer du matériel
médical pour des hôpitaux de
la région. Mais, face à l’urgence,
elle pousse désormais pour
accélérer la procédure. « Nous
avons l’expérience du terrain au
Rwanda et au Ghana, nous pou-
vons aussi aider au déploiement
d’opérations humanitaires aux
Etats-Unis », explique un porte-
parole de la société.
Zipline est en contact perma-
nent avec les autorités de régula-
tion, et aussi avec la Maison-Blan-
che et les collectivités locales. Il a
bon espoir que les discussions
aboutissent rapidement.
Si les dronistes
amateurs innovent,
les autorités
n’autorisent ces
machines qu’au
compte-gouttes
dans le ciel des villes
américaines.
Les obstacles restent cepen-
dant nombreux : « Dans les zones
rurales, l’utilisation de drones pour
la livraison a du sens, mais, dans les
zones urbaines, un engin de 5 à
7 kilos peut assez rapidement tuer
quelqu’un quand il s’approche du
sol », estime Matthew Johnson-
Roberson, professeur de roboti-
que à University of Michigan
et PDG de Refraction AI, une
start-up de robots livrant de
la nourriture. « Au-delà d’un cer-
tain poids, ce n’est pas une option »,
confirme Romeo Durscher, le
directeur de l’intégration de la
sécurité publique aux Etats-
Unis de DJI, le numéro un des
drones. L’entreprise chinoise
estime que le Covid-19 va plutôt
accélérer l’adoption des drones
pour collecter des données et
surveiller la population. n

Les Echos Jeudi 16 avril 2020
« La reprise
en V, c’est
foutu »
CHRONIQUE
DU VIRUS
Philippe
Mellier
Le président du loueur
de véhicules commer-
ciaux et industriels
courte et longue durée
Fraikin, Philippe Mellier,
explique pourquoi il voit
une lueur au bout
du tunnel.
« Chez nous, certaines choses
ont changé depuis la mi-mars, et
d’autres pas. Nous sommes
impactés, mais nous sommes
indispensables au bon fonction-
nement de l’économie ! Contrai-
rement aux loueurs classiques
de véhicules courte durée ou
aux concessionnaires automo-
biles, une grosse partie de notre
activité tourne toujours.
En France, 52 % de nos colla-
borateurs, sur 2.100, sont sur le
terrain. La moitié de notre flotte
de véhicules en location fonc-
tionne, soit environ 16.000 uni-
tés, et nos 110 agences sont
ouvertes, pour seulement deux
fermées. La moitié des camions
et fourgonnettes roulent…
Bien sûr, environ la moitié de
nos clients travaillent à effectifs
réduits, comme nous, ou bien
sont fermés. Des secteurs tradi-
tionnels ont très fortement
réduit leur activité, comme le
BTP, les déménageurs ou l’évé-
nementiel. Même pour l’alimen-
tation, en apparence préservée,
les livraisons des restaurants,
bars, et les commandes des trai-
teurs ont plongé. Mais avec le
transfert massif des repas désor-
mais pris à domicile, il y a énor-
mément de demande pour
transporter les produits frais
vers les supermarchés. Notre
agence de Rungis est débordée !
Livraisons urbaines
et messageries
Le transport de médicaments,
des livraisons du dernier kilo-
mètre en ville ou la messagerie
sont aussi des niches qui mar-
chent bien. Aujourd’hui, tous
nos camions-poubelles sont
dehors, et nous n’avons plus une
seule ambulance de disponible.
En France, mes véhicules sont
loués aux deux tiers (22.000) en
longue durée, soit de 18 mois à
10 ans, et un tiers (11.000) en
courte et moyenne durée.
En matière d’activité partielle,
il a fallu faire des choix poste par
poste. Les métiers sont principa-
lement chez nous dans les ate-
liers, des carrossiers, mécani-
ciens, etc., qui doivent s’adapter
aux nouveaux plannings de
révision ou réparation, avec des
experts. Ce que je loue chez nos
salariés, c’est le courage, par
exemple quand un des mécanos
va livrer dans les hôpitaux. Les
gants, le gel, les masques, tout le
monde fait bien attention, mais
il ne faut pas tomber dans la psy-
chose, ni créer d’anxiété, il y en a
assez à la télé !
Certains de nos clients souf-
frent plus que d’autres, et nous
nous demandons chaque jour
comment les aider avec leurs
surcoûts induits et leurs trésore-
ries tendues. Difficile d’effacer
une échéance. Nous sommes
une boîte de services de 800 mil-
lions de chiffre d’affaires, pas
une banque… Ce que l’on voit
depuis peu, c’est que de plus en
plus de nos clients cherchent à
redémarrer. Je sens une petite
reprise, dans les zones les moins
touchées. En termes de reprise,
la courbe en V, c’est foutu, je
pense que ce sera un U aplati.
— Propos recueillis par D. F.
Stay Safe&Protect Your Families in the Coronavirus Pandemic. @WorldAndNews
Comment la SNCF, lourdement
déficitaire, prépare le déconfinement
l Le bilan économique de la SNCF, depuis la mi-mars et le déclenchement du confinement
dans l’Hexagone, est catastrophique.
l L’entreprise s’attelle en ce moment à « remonter un plan de transport », entre le 11 mai
et le début de l’été, un défi de taille.
FERROVIAIRE
Denis Fainsilber
dfainsilber@lesechos.fr
C’était il y a à peine quatre mois :
éreintée par la plus longue grève de
son histoire, durant laquelle elle
avait réussi à faire rouler 50 % de
ses TGV et transporter près de 85 %
des clients ayant choisi de mainte-
nir leurs réservations pendant les
fêtes, la SNCF promettait de repartir
à la conquête de sa clientèle. Et de
sauver les vacances de Pâques, avec
une opération promotionnelle iné-
dite : 5 millions de billets TGV à
35 euros ou moins.
A l’époque, le PDG Jean-Pierre
Farandou espérait encore rattraper
200 millions de cash, sur les
330 millions brûlés uniquement
durant les premières semaines de
janvier 2020. « J’ai confiance, le fer-
roviaire a de l’avenir dans ce pays »,
affirmait-il.
La très grande majorité des 400 rames à grande vitesse de la SNCF est actuellement remisée sur des voies de garage. Photo Thomas Coex/AFP.
Un plan inédit de « cocooning » des trains
A la SNCF, la très grande
majorité des rames TGV,
Intercités ou TER sont
stockées sur des voies
de garage. Comme
les avions, elles demandent
des mesures particulières
afin de pouvoir
redémarrer graduellement
dans quelques semaines.
On confine bien les TGV : depuis la
mi-mars, la très grande majorité
des 400 rames à grande vitesse de la
SNCF est remisée sur des voies de
garage. Du jamais-vu dans l’histoire
de l’entreprise publique. Alors,
qu’habituellement l’opérateur fer-
roviaire aligne en une seule journée
plus de 700 circulations différentes
sur son réseau à grande vitesse, ava-
lant quelque 10.000 kilomètres
quotidiens pour desservir
230 gares, le programme mini-
mum, décrété par le gouverne-
ment, consiste à faire circuler à
En cette mi-avril, tous ces plans
de relance sont plus que dynamités.
Depuis le début du confinement, la
SNCF ne fait plus circuler qu’envi-
ron 3.000 trains en moyenne par
jour ouvrable, contre un pro-
gramme nominal de 15.000 convois
quotidiens. Guère plus de 3.500
passagers se hasardent à monter
dans un TGV, contre un niveau
habituel de 350.000 clients, tandis
qu’en Ile-de-France, le trafic journa-
lier se résume à 100.000 voyageurs,
contre 3,5 millions en temps nor-
mal ! Même les trains de fret, qui
tournent à hauteur de 60 % par rap-
port au programme, creusent leurs
pertes.
Le système ferroviaire français,
qui exploite déjà tant de lignes non
rentables en temps normal, est
donc au fond de l’abîme. « Nous
allons subir de lourdes pertes ; il est
encore trop tôt pour les quantifier,
mais elles seront considérables », a
expliqué mercredi Jean-Pierre
Farandou, auditionné par deux
commissions de sénateurs. Le PDG
peine 7 % du plan de transport
nominal. Des rames elles-mêmes
presque vides.
Idem pour les trains régionaux
TER, qui sont d’abord passés à 50 %
du plan de marche classique, puis
30 %, et enfin 18 % actuellement.
Dans toutes les régions, quelque 70 à
75 % des rames sont garées pour un
bon moment, tandis que les autres
assurent le service minimum. Des
trains « sortis du roulement », selon
l’expression du monde cheminot.
« Garage bon état »
Afin de protéger ces actifs, la SNCF a
déployé un plan sans équivalent,
baptisé « garage bon état » (GBE).
Des mesures conservatoires visent
à ne pas détériorer le matériel
inemployé : portes condamnées
pour éviter le vandalisme ou les
occupations intempestives de sans-
logis, pantographes baissés, batte-
ries coupées, cales sur les roues,
examen particulier des « boîtes noi-
https://t.me/WorldAndNews
a eu une chance dans son malheur :
que l’Etat efface discrètement
25 milliards d’euros de dette de
SNCF Réseau, en janvier dernier.
« En termes de trésorerie, nous
sommes une entreprise solide. Je ras-
sure tout le monde : la SNCF tien-
dra ! » a-t-il ajouté, en laissant néan-
moins augurer des nécessaires
« économies post-crise ». En atten-
dant des jours meilleurs, l’état-ma-
jor est allé sur le marché lever des
fonds, paré de la signature de l’Etat
actionnaire, dont 1,25 milliard
d’euros de « greenbonds ».
Un défi de taille qui
ne ressemble à aucun autre
Mais au-delà du choc sans précé-
dent sur ses rentrées commerciales
et des 15 « task forces », montées en
interne pour gérer les problèmes
immédiats, l’état-major se prépare
déjà au « jour d’après » : la sortie du
confinement. Un défi de taille qui ne
ressemble à aucun autre. « Nous
avons un rendez-vous important à
partir du 11 mai, il ne faudra pas se
res » des motrices, équipes de gar-
diennage renforcées…
Il faut en permanence surveiller
certains points chauds « en raison de
la vulnérabilité du réseau et de son
emprise, témoigne un proche de
l’entreprise, des vols de cuivre et de
matériel ont lieu actuellement sur les
sites les moins surveillés. Cela suppose
un gros travail avec la préfecture de
police pour organiser des tournées ».
« Les rames sont remises en service
au moins une fois par semaine, ce qui
permet la ventilation, la déshumidifi-
cation, le relevé des codes défaut et un
suivi de l’état général des organes du
train », ajoute-t-on à la SNCF. Quand
c’est possible, certaines opérations
régulières de maintenance sont réa-
lisées sur les rames par anticipation,
en amont de la reprise. Mais le taux
d’absentéisme et le chômage techni-
que dans les équipes d’entretien
limitent l’exercice.
Avec le cadrage encore flou du
déconfinement, donné lundi soir
ENTREPRISES // 23
du quotidien », la SNCF devrait
« En termes assez vite faire circuler 50 % du plan
classique. « Le plan sera progressif, il
de trésorerie, s’agit de coller à la demande, quand
nous sommes nous y verrons plus clair sur le décon-
une entreprise finement partiel », explique le
solide. Je rassure patron des cheminots.
Un sujet tout sauf simple, car
tout le monde : consistant à transporter les gens
la SNCF tiendra ! » tout en assurant leur sécurité et
JEAN-PIERRE FARANDOU celle du personnel de bord. Le tout
PDG de la SNCF en respectant scrupuleusement les
« gestes barrières », pour prévenir la
seconde vague de Covid-19. Enor-
mément de paramètres restent
encore flous pour la SNCF, qui fait
tromper », prévient Jean-Pierre valoir ses vues auprès des pouvoirs
Farandou qui travaille avec ses publics.
managers à « remonter un plan de Etant donné le réseau en étoile du
transport ». TGV, un déconfinement géographi-
Le plan actuel, qui sera forcé- quement séquencé par région, qui
ment ajusté en fonction des annon- exclurait l’Ile-de-France à ses
ces gouvernementales, consiste à débuts, serait ainsi un vrai casse-
faire rouler progressivement après tête pour l’entreprise publique et, a
cette date 10 à 20 % des TGV, puis contrario, une prime extraordi-
50 %, en espérant arriver à 100 % naire à la voiture particulière.
« au début de l’été ». Pour les TER et
les Transiliens, les fameux « trains Placement en damier
ou masque obligatoire
A bord des trains, le placement des
passagers « en damier » à la mi-
mai au nom de la distanciation
serait certes psychologiquement
rassurant, mais très pénalisant au
plan économique. Pour être renta-
ble, un TGV doit afficher un taux
d’occupation de 60 % des sièges
minimum.
« Or si on laisse 1,50 mètre entre
chaque passager, cela veut dire qu’en
mettant 100 % de notre offre de trains
habituelle, on ne pourrait transpor-
ter que 20 % de notre trafic normal.
Donc ça ne marche pas ! » prévient
Jean-Pierre Farandou, qui préfère
de beaucoup une autre solution : le
masque obligatoire à bord des
trains, comme il l’a fait valoir à sa
tutelle publique. Quitte à renforcer
le filtrage lors des accès aux gares
ou aux trains.
Selon l’ancien président de
l’Union des transports publics
(UTP), la RATP et les bus de la
grande couronne Optile « sont tous
confrontés au même problème ». Un
autre gros sujet l’attend : les ave-
nants à signer dans les contrats
financiers qui lient la SNCF à toutes
les régions, après la panne sans pré-
cédent des TER pour cause de force
majeure. n
par Emmanuel Macron, la SNCF veille sur les TGV Atlantique, puis
travaille sur divers scénarios de sur tout le parc roulant après la
reprise, par définition très aléatoi- grève sur la réforme des retraites,
res. Sachant qu’au plan opération- en décembre-janvier. « Tout dépend
nel le redémarrage sera forcément de la date et des conditions de la
graduel. reprise, la variabilité est énorme »,
Comme il l’avait déjà été récem- admet un dirigeant de l’entreprise
ment, d’abord avec la grève sauvage publique.
du technicentre de Châtillon, qui — D. F.
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24 // ENTREPRISES Jeudi 16 avril 2020 Les Echos

CORONAVIRUS start-up
Airbnb sécurise sa trésorerie en bref
La plateforme d’héberge- aux côtés de Sixth Street Partners. d’hébergement à hauteur de 25 %
ments touristiques a levé Une dizaine d’autres investis- du montant des réservations con-
2 milliards de dollars seurs institutionnels, parmi les- clues entre le 14 mars et le 31 mai. Le trafic
en l’espace de deux semai-
nes sous forme de dette
et d’échange de titres.
quels BlackRock, Apollo Global
Management, Oaktree Capital
Management et T. Rowe Price, sont
Airbnb a aussi décidé de créer un
fonds spécial de 10 millions pour les
« super-hôtes », les hébergeurs de
passagers des
aéroports de Vinci Spareka lève 5 millions
Basile Dekonink
également sur les rangs. Cette nou-
velle tranche de dette, échelonnée
longue date et très bien notés. en forte baisse
pour son outil
@Bdekonink

Deux milliards de dollars pour

affronter les beaux jours. A l’arrêt
depuis plusieurs semaines, alors
que plus de 3 milliards d’individus
sont confinés sur la planète, Airbnb
multiplie les financements pour
sécuriser sa trésorerie et endurer
son hibernation forcée.
Une semaine après avoir levé
1 milliard de dollars sous forme de
dette et d’échange de titres, la plate-
forme d’hébergements touristi-
ques a officialisé, mercredi, une
nouvelle levée de même montant.
Selon Bloomberg et Reuters, l’opé-
ration est menée par le principal
fonds de capital-risque de la tech
californienne, Silver Lake, qui a
déjà bouclé le premier financement
COMMUNIQUÉ
sur cinq ans et avec un taux d’intérêt
supérieur à 10 %, est dite « senior »
ou « de premier rang » : les créan-
ciers seront remboursés en priorité
si Airbnb venait à faire défaut.
Dédommager les « hôtes »
La plateforme se retrouve désor-
mais à piocher dans ses réserves.
Après avoir décidé que les annula-
tions de réservation liées aux
mesures de confinement seraient
remboursées à 100 % – renonçant
au passage à sa commission –, elle
a dû apaiser la grogne de nom-
breux hôtes pour lesquels cette
décision est synonyme d’un lourd
manque à gagner.
Un fonds de 250 millions de dol-
lars a ainsi été débloqué pour
dédommager les propriétaires
Valorisation en chute libre
Autant de mesures qui doivent lui
permettre de conserver son pre-
mier actif, le choix pléthorique
d’hébergements dans le monde
entier, et de repartir sitôt les confi-
nements levés. Airbnb devrait tou-
tefois y laisser des plumes : sa très
attendue cotation à Wall Street,
initialement prévue en 2020, est
mise entre parenthèses.
Les warrants fournis par Air-
bnb à ses créanciers valoriseraient
également la firme autour de
18 milliards de dollars, selon la
presse anglo-saxonne. C’est large-
ment moins qu’au dernier poin-
tage, en 2017, quand la plateforme
avait été valorisée 31 milliards de
dollars au terme d’une levée de
fonds. n
AÉRIEN Vinci Airports, filiale
de Vinci et premier opérateur
privé d’a éro p o rt s dans l e
monde, a publié mercredi ses
chiffres pour le premier trimes-
tre. Il en ressort une forte baisse
de 20 % du trafic passagers du
réseau au cours du 1er trimestre
2020 (– 20,9 %), par rapport à la
même période de l’année der-
nière, avec un total de 45,3 mil-
lions de passagers accueillis.
Après une performance solide
en janvier 2020 (+2,1 %) dans la
continuité de la fin de l’exercice
précédent, le trafic s’est con-
tracté en février (– 5 %) en raison
de la baisse de la demande en
Asie. Il a ensuite été fortement
pénalisé en mars (–55,7 %) par
la pandémie de Covid-19.
d’autoréparation
l’économie circulaire qui a été
SERVICES promulguée le 10 février 2020.
« Nous sommes à un moment
Le marché du crucial pour ce sujet,
capital-risque n’est estime Geoffroy Malaterre.
pas totalement Nous avons participé à des grou-
crispé. Pour preuve, pes de travail autour de l’indice
cette levée annon- de réparabilité et discutons
cée par la start-up aujourd’hui avec le gouverne-
Spareka, qui ment pour l’écriture des
conjugue média décrets. »
et e-commerce pour
Une activité en hausse
aider les particu- La crise du coronavirus, qui
liers à réparer leur limite l’accès aux artisans, a par
électroménager. ailleurs fait exploser l’activité de
la start-up. « Notre chiffre
d’affaires a augmenté de 15 % les
Déborah Loye premiers jours, et là nous som-
@Loyedeborah mes à +50 % », indique l’entre-
preneur. Cette levée de fonds lui
Si elles ont été ralenties, les permettra de recruter 10 nou-
levées de fonds dans la French velles personnes, alors que son
Tech ne se sont pas totalement équipe est aujourd’hui compo-

Transformation digitale : arrêtées avec la crise du coro-

navirus. Spareka annonce ce
mercredi avoir bouclé un tour
sée de 25 salariés. L’argent sera
en outre investi dans le dévelop-
pement de sa technologie de

une opportunité pour vos collaborateurs de table de 5 millions d’euros

auprès du fonds Paris Fonds
Vert, créé à l’initiative de la
diagnostic, ainsi que dans le
marketing.
Spareka souhaite qui plus est

et une nécessité pour votre entreprise ! Ville de Paris et géré par le capi-
tal-risqueur spécialisé dans la
transition écologique et éner-
transformer son modèle
e-commerce, qui recense 8 mil-
lions de références de pièces

Envie de construire le monde d’après ?

Netexplo Digimapper, programme en ligne de mesure de la connaissance digitale, est né de la collaboration
du Groupe PSA et de l’Observatoire Netexplo, avec un objectif : proposer un outil d’évaluation des connaissances
du digital et faire monter en compétences les équipes.

Xavier Chéreau Christophe Rauturier Anne Fenninger

EVP, Human Resources & Chief Digital Officer VP, Head of PSA University
Transformation Division Groupe PSA Groupe PSA
Groupe PSA

Pourquoi avez-vous lancé cette initiative ? Comment fonctionne Netexplo Digimapper ?

Le Groupe PSA conçoit des expériences automobiles Digimapper est un dispositif d’évaluation qui peut être associé à un catalogue
uniques et apporte des solutions de mobilité innovantes de contenus de formations adaptatives.
La crise du coronavirus, qui limite l’accès
pour répondre aux attentes de tous. Cela passe notamment L’évaluationprendlaformed’unquestionnairequisefondesurunRéférentiel
aux artisans pour des réparations, a fait exploser
par une transformation des métiers de l’entreprise et de sa de connaissance mis au point par Julien Lévy (Professeur associé à HEC l’activité de la start-up. Photo Spareka
culture. Une transformation en marche rendue possible Paris et Directeur du Centre IDEA HEC). Ce référentiel cartographie les 67
grâce à des équipes maitrisant le digital dans toutes les concepts clés de la transformation digitale dans une entreprise industrielle et gétique Demeter. Le tour a été détachées, en modèle de place
fonctions de l’entreprise : dans la façon de concevoir, de permet d’évaluer le niveau de connaissance, les points faibles et points forts signé juste avant le confine- de marché. « Cela nous permet-
produire, et de vendre des produits et des services, mais par domaine de l’utilisateur. En fonction du score atteint, celui-ci pourra être ment. « Le fonds croit énormé- tra d’avoir accès à plus de pièces,
également dans la manière de manager. Pour cela, la orienté vers des ressources pédagogiques adaptées. ment en ce secteur de la répara- juge son fondateur. Nous pour-
montée en compétence de l’ensemble des équipes sur le L’Observatoire Netexplo a été choisi par le Groupe PSA pour développer tion, ils savent que nous rions ainsi en recenser 40 mil-
numérique est clé. ce baromètre. Il a été, depuis, adopté par EDF, Safran, Saint-Gobain, sommes sur un segment por- lions, et faire baisser les prix. » Ce
teur et que la crise ne va pas for- nouveau modèle, qui devrait
Total, Transitions Optical, sociétés qui sont toutes membres du Think
cément nous impacter », indi- être mis en place d’ici à un an,
En quoi Digimapper est innovant ? Tank NewDIL, animé par Netexplo depuis 2014. Ce think tank des
que le fondateur de la start- aidera en outre la start-up à se
Pour que les collaborateurs du Groupe PSA puissent être Chief Digital Officer de l’Industrie - NewDIL pour « Digital Industry up, Geoffroy Malaterre. développer à l’international.
acteurs de la transformation portée par le numérique, Lab » - permet d’observer, de partager et de co-construire des projets « La place de marché est une
nous avons souhaité disposer d’un baromètre de la comme Digimapper. Le développement de Digimapper a été assuré par Média et e-commerce façon de s’affranchir de la logisti-
connaissance digitale. Notre objectif : cartographier nos WeUp Learning, partenaire régulier de l’Observatoire Netexplo. La jeune pousse a développé un que », indique Geoffroy Mala-
forces et nos points d’amélioration équipe par équipe. outil de diagnostic de pannes en terre. Ce dernier, qui a « conçu
Nous pouvons ainsi ajuster de façon appropriée nos axes Quel est l’objectif de l’indice inter-entreprise Netexplo Digimapper ? ligne, ainsi que des tutoriels de son outil pour être polyglotte »
réparation. Elle monétise son ambitionne de le déployer
de formation. C’est pour répondre à ce besoin que la L’indice inter-entreprise anonymisé sera publié deux fois par an, enrichi des
activité grâce à son site d’e-com- « partout dans le monde ». n
Direction du Digital et l’Université du Groupe PSA, en résultats d’autres entreprises. L’objectif est d’en faire une mesure partagée
merce sur lequel elle vend les
collaboration avec l’Observatoire Netexplo, ont co-créé entre entreprises leur permettant de faire progresser leurs collaborateurs et pièces détachées nécessaires
Digimapper. leur capacité d’innovation portée par le digital, dans un environnement en aux réparations.
« Le fonds croit
pleine mutation. Elle indique avoir généré énormément
Pourquoi proposez-vous à d’autres grandes entreprises La récente reconnaissance du baromètre digital du Groupe PSA, qui s’est vu 10 millions de chiffre d’affaires en ce secteur
industrielles de rejoindre cette plateforme ? décerner le prix des Trophées du Digital Learning catégorie « Evaluation & en 2019. Au total, ce
de la réparation,
Parce que nous sommes convaincus qu’ensemble nous mise en pratique », confirme l’intérêt porté à Digimapper et sa pertinence seraient 900.000 appareils qui
dans une démarche de développement des connaissances numériques. auraient été réparés grâce à ils savent que
pourrons aller plus loin !
Associer d’autres grands groupes industriels à ce projet est Cette période tumultueuse, durant laquelle de nombreux salariés font du Spareka. « Cela représente, pour nous sommes
nos clients, 420 millions d’euros sur un segment
essentiel pour construire une plateforme plus intelligente, télétravail, peut être une opportunité pour que chacun puisse évaluer et
économisés, soit 31.700 tonnes de
échanger sur nos meilleures pratiques et créer un indice développer ses connaissances digitales et être ainsi pleinement acteur dans
CO2 évitées grâce à l’autorépara- porteur et que
inter-entreprise de Digimapper. C’est grâce à cette son activité des transformations portées par le numérique. tion », indique-t-on chez la la crise ne va pas
approche que nous contribuerons à renforcer davantage start-up. forcément nous
la puissance de l’industrie française et européenne. renseignements : hello@netexplo.org Cette dernière se définit ainsi
comme une entreprise à
impacter. »
impact, et se réjouit de voir le GEOFFROY MALATERRE
sujet de l’économie circulaire Fondateur de Spareka
monter en puissance, notam-
ment grâce à la loi relative à la
lutte contre le gaspillage et à

https://t.me/WorldAndNews

Les Echos Jeudi 16 avril 2020
Les PME des respirateurs
encaissent la pression
CENTRE-
VAL DE LOIRE
Tête de file du
programme sur les
respirateurs artificiels,
Air Liquide mobilise
aussi une centaine
d’ETI et de PME.
Stéphane Frachet
@FrachetStephane
Mobilisés. Dans le sillage des multi-
nationales Air Liquide, PSA, Sch-
neider Electric et Valeo, une petite
centaine d’ETI et PME sont en pre-
mière ligne pour riposter au coro-
navirus et produire 10.000 respira-
teurs d’ici à mi-mai, à l’instar du
tourangeau Vlad, fabricant de
packs batterie, et de deux entrepri-
ses de Romorantin, l’électronicien
Emka et le mécanicien de précision
et intégrateur Axe Systems.
Ce programme industriel inter-
vient dans un contexte d’accéléra-
tion du secteur du matériel médical
depuis le début d’année. « Notre
carnet de commandes a quasiment
quadruplé », témoigne Patrick
Marionneau, PDG d’Emka, qui
conçoit et assemble des cartes élec-
troniques pour le respirateur T60
Pierre Fabre négocie la vente
de deux sites à Fareva
OCCITANIE
Le groupe pharmaceu-
tique tarnais est entré
en négociations exclu-
sives avec le façonnier
Fareva pour lui céder
deux unités de produc-
tion près de Pau et
à Saint-Julien-en-Gene-
vois (Haute-Savoie), qui
emploient 230 salariés.
Laurent Marcaillou
— Correspondant à Toulouse
Coup double pour Pierre Fabre. Le
groupe pharmaceutique basé à Cas-
tres (Tarn) est entré en négociations
Ouvry va fabriquer 5 millions de masques
réutilisables conçus par Michelin et le CEA
AUVERGNE-
RHÔNE-ALPES
Le fabricant lyonnais
d’équipements
de protection pour
les soldats ou les
pompiers a mis son
organisation au service
de la production d’un
masque réutilisable.
Léa Delpont
— Correspondante à Lyon
Ouvry est venu grossir le bataillon
des PME qui fabriquent des mas-
ques de protection contre l’épidé-
mie de coronavirus. Cette PME lyon-
naise est spécialisée dans les
équipements de protection indivi-
duelle classés NRBC, contre les éma-
nations nucléaires, radiologiques,
biologiques et les agents chimiques
Stay Safe&Protect Your Families in the Coronavirus Pandemic. @WorldAndNews
et le distributeur de gaz médicaux
Vigie d’Air Liquide. Sa PME tra-
vaille aussi pour les éclairages
médicaux de l’orléanais Maquet,
lui-même très sollicité par les
extensions d’hôpitaux.
Sur ce segment particulier de
l’électronique, Air Liquide a aussi
fait appel à l’ETI française Eolane
ainsi qu’à Valeo. « Nous n’avions
pas la taille pour suivre seul une telle
cadence. D’autant que nos autres
clients attendent aussi leurs pro-
duits, notamment dans la défense
ou bien JCDecaux pour les prochai-
nes stations Vélib’ », explique le
dirigeant d’Emka, qui a réalisé
19 millions d’euros de chiffre
d’affaires en 2019.
Approvisionnement
au ralenti
Dans ses usines de Pruniers-en-So-
logne (Loir-et-Cher) et Noyant (Mai-
ne-et-Loire), près de 70 % de l’effec-
tif est au travail, dont 85 personnes
en production. Mais l’électronicien
a dû réduire à une seule équipe afin
de tenir compte de l’approvisionne-
ment ralenti en composants et des
salariés absents.
Les deux tiers des 400 salariés
d’Axe Systems (50 millions d’euros
de chiffre d’affaires) sont au travail.
« Au fil des jours, nous avons récu-
péré des volontaires, d’autant que la
exclusives avec le façonnier Fareva
pour lui céder deux sites de produc-
tion, dont l’usine d’Idron, près de
Pau, qui fabrique des médicaments
injectables, principalement en
oncologie, avec 200 salariés. Il négo-
cie aussi la vente de son unité de
production d’anticorps monoclo-
naux de Saint-Julien-en-Genevois
(Haute-Savoie) qui emploie 30 per-
sonnes. Pierre Fabre et Fareva espè-
rent parvenir à un accord d’ici à l’été.
« Nous ne connaissons pas encore
les conditions pour l’emploi mais c’est
plutôt une bonne nouvelle que ces
sites soient peut-être repris par un
façonnier qui a les reins solides, plutôt
que par un fonds d’investissement »,
estime Frédéric Fabre, délégué CGT
du groupe pharmaceutique.
Pierre Fabre avait mis en vente en
de guerre. Destinés aux armées, à la
sécurité civile et aux premiers
secours, ses combinaisons et mas-
ques sont calibrés pour affronter le
virus Ebola ou le gaz sarin.
500 millions d’utilisations
L’entreprise de 100 salariés et de
10 millions d’euros de chiffre d’affai-
res a rejoint avec le groupe Michelin
et le CEA à Grenoble le collectif
citoyen VOC-COV (acronyme de
Volonté d’organiser contre le
Covid-19) constitué le 16 mars. Cette
trentaine de chercheurs et ingé-
nieurs de la région ont « actionné
leurs réseaux pour coordonner la
mise au point et l’industrialisation en
un temps record du masque réutili-
sable Ocov », explique Pierre-Em-
manuel Frot, leur porte-parole.
Conçu chez Michelin et testé sur
les bancs d’essai du CEA, qui en a
réalisé les prototypes, il sera pro-
duit par Ouvry. L’entreprise lyon-
naise maîtrise le sourcing des maté-
production de matériel médical en ce
temps de crise est très mobilisa-
trice », précise Josh James, codiri-
geant de cette PME. Pour cette
entreprise implantée à Lisieux, à
Besançon et en Roumanie, il s’agit
de produire des supports intégrant
des boîtiers de commandes, et aussi
l’assemblage du nouvel appareil du
francilien Airinspace, qui purifie
l’air des blocs opératoires et des sal-
les de réanimation.
Chez Vlad, l’usine de Parçay-Mes-
lay (Indre-et-Loire) n’a jamais
fermé, et l’objectif de packs pour Air
Liquide est passé de 3.000 batteries
par an à 8.000 en deux mois. Pour
encaisser ce violent à-coup de pro-
duction, Jean-Louis Jarry a pu
compter sur ses salariés. Sur les
65 salariés, une vingtaine assure la
production et la logistique sur site.
Robotisation à point nommé
Il a aussi tiré profit de l’accélérateur
bpifrance financé par la région Cen-
tre-Val de Loire, auquel il vient de
participer. « Nous avions réfléchi à la
pérennité de la production, quelles
que soient les circonstances. Et sans
imaginer qu’une pandémie nous
mettrait en danger, nous avons fina-
lisé en janvier un investissement
d’environ 300.000 euros en robotisa-
tion, ce qui a considérablement accru
nos capacités », se réjouit le diri-
novembre ses deux sites pour
concentrer ses investissements
dans l’oncologie. L’usine d’Idron,
accréditée en France, aux Etats-
Unis et au Japon, réalise 95 % de sa
production en sous-traitance pour
d’autres laboratoires. Elle nécessite
un investissement de 8 millions
d’euros que Pierre Fabre n’a pas
voulu engager, préférant concen-
trer ses moyens dans la commercia-
lisation de deux médicaments
contre le cancer.
« Investissements
importants »
« Nous devons effectuer des investis-
sements importants pour faire con-
naître ces médicaments », explique la
direction. Dans son plan Transfor-
mation 2019-2022, le groupe tarnais,
riaux indispensables et une chaîne
de sous-traitants rompus aux exi-
gences de qualité.
Il s’agit d’un modèle étanche FM
en plastique enveloppant le nez, la
bouche et le menton, inspiré des
masques à gaz militaires. La PME a
mobilisé ses partenaires habituels
mais aussi ARaymond, à Grenoble,
qui dispose de machines à injection
de forte capacité, pour atteindre cou-
rant mai une cadence de 1 million de
masques par semaine. Elle vise les
5 millions d’unités fin juin, soit l’équi-
valent de 500 millions de masques
jetables, avec cinq filtres réutilisa-
bles 20 fois livrés avec chaque pièce.
Le filtre est en textile lavable, et non
en papier comme les masques FFP1
ou FFP2 dont l’approvisionnement
est aujourd’hui sous tension. La
gageure : allier la filtration et le pas-
sage de l’air pour que le porteur
puisse respirer. L’expérience
d’Ouvry a permis de gagner du
temps en recyclant un textile utilisé
https://t.me/WorldAndNews
PME&REGIONS
Vlad produit des batteries pour Air Liquide. Photo Alexandre Yagoubi Idrissi /Vlad
« Notre carnet
de commandes
a quasiment
quadruplé. »
PATRICK MARIONNEAU
PDG d’Emka
qui a réalisé un chiffre d’affaires de
2,4 milliards d’euros en 2019 avec
11.000 salariés, recentre ses investis-
sements dans l’oncologie, la derma-
tologie et la dermo-cosmétique.
Créé en 1990 dans l’Ardèche et
basé au Luxembourg, le groupe
familial Fareva fabrique en sous-
traitance des produits pharmaceu-
tiques, cosmétiques, industriels et
ménagers. Propriétaire de 14 unités
pharmaceutiques dans le monde
dont 9 en France, il est aussi entré
en négociations exclusives avec
Merck le 26 mars dernier pour lui
racheter l’usine de médicaments
stériles de Riom (Puy-de-Dôme),
qui compte 584 salariés. Il emploie
12.000 personnes et a réalisé
1,8 milliard d’euros de chiffre d’affai-
res en 2019. n
pour la fabrication de lingettes et de
gants de décontamination.
« J’ai du stock et j’ai aussi des par-
tenaires très réactifs pour le tissage et
la confection », assure le président
Ludovic Ouvr y, qui a fourni à
l’armée française, entre 2010
et 2017, 22.000 combinaisons NRBC
Félin. Il a investi en trois semaines
« 2,7 millions d’euros, un quart du
chiffre d’affaires annuel », pour la
réservation de stocks de textiles et
composants, l’achat des moules et
les factures de consultants pour
accélérer. « On a même fait revenir
des retraités », glisse-t-il.
Les tests de certification seront
réalisés sous deux semaines, mais
le consortium, a déjà lancé une pré-
série de 5.000 pièces. Michelin a
réservé 130.000 masques. D’abord
destinés aux industriels, ils seront
disponibles pour le grand public
« après le mois de juin », précise
Ludovic Ouvry, au prix de 28 euros,
« soit 28 centimes l’utilisation. » n
geant de cette PME de 18 millions
d’euros de chiffre d’affaires.
Reste une question de finance-
ment : les facturations sont en
baisse alors que les commandes
s’envolent. Il faut acheter les com-
posants et matières premières et
payer des salaires malgré des
encaissements en recul. « Ce pro-
gramme de respirateurs facilite les
Intelligence artificielle :
l’éditeur de logiciel
D-AIM lève 10 millions
ÎLE-DE-FRANCE
Cette entreprise
des Hauts-de-Seine
a mis au point un
logiciel qui permet
d’automatiser
une grande partie
du marketing client
grâce à l’intelligence
artificielle.
Cette levée de fonds
doit notamment lui
permettre d’accélé-
rer à l’international.
Dominique Malécot
@DMalecot
Les conséquences de l’épidémie
de coronavirus sur la marche
des affaires n’ont pas arrêté tous
les investisseurs. L’éditeur de
logiciels destinés aux profes-
sionnels du marketing D-AIM
vient ainsi de lever 10 millions
d’euros auprès d’Alliance
Entreprendre, tête de file de
l’opération, et SWEN Capital.
Ils rejoignent Sofiouest, inves-
tisseur historique de l’entre-
prise, et Omnes Capital, qui
contribuent aussi au nouveau
tour de table.
D-AIM, qui s’appelait Inbox
avant de prendre le nom de son
logiciel en janvier, revendique
des clients dans les médias,
l’énergie, la banque et la télé-
phonie. Près des deux-tiers de
sa centaine de salariés sont
basés à son siège de Malakoff
(Hauts-de-Seine). Les autres se
répartissent entre ses implan-
tations en Belgique, au Canada,
au Maroc et en Tunisie
Cette levée de fonds s’inscrit
dans le cadre d’un long proces-
sus de transformation de
l’entreprise co-fondée en 2001
par Stéphane Amarsy et
Marilyn Courtois Perin. « En
2016-2017, nous avons engagé
choses auprès des banquiers », se
rassure Jean-Louis Jarry. « Je n’ai
jamais mis ma trésorerie entre les
mains d’un seul banquier, et je m’en
réjouis aujourd’hui », se félicite de
son côté Patrick Marionneau, ravi
de pouvoir compter sur des lignes
de crédit, et qui s’apprête à deman-
der un prêt garanti par l’Etat. Le tic-
ket Air Liquide devrait l’y aider. n
avec nos clients un travail de
réflexion sur l’avenir de l’intelli-
gence artificielle dans nos
métiers. Nous en avons conclu
qu’il fallait s’en servir », explique
le premier.
Automatiser 70 %
des tâches
Le logiciel D-AIM qui en est issu
permet d’automatiser tout ce
qui peut l’être dans un service
marketing client, soit 70 % de
son activité, y compris des
tâches à valeur ajoutée et l’ana-
lyse de données. « Cela revient à
accepter qu’une décision sur un
client puisse être prise sans
humain. Chaque client devient
une entité autonome », résume
Stéphane Amarsy.
Surtout, cette automatisa-
tion enrichit le processus de
décision, notamment parce
que la machine apprend. Le
marketing peut découvrir des
gisements de valeur car la
machine peut tester des mil-
liards de possibilités, au lieu de
quelques dizaines avec les
méthodes conventionnelles.
Des critères tels que la finance,
la capacité de production, le
degré de sollicitation du client
ou encore l’empreinte carbone
peuvent être pris en compte,
avance son dirigeant.
L’an dernier, D-AIM a réalisé
52 % de ses 6,4 millions d’euros
de chiffre d’affaires à l’interna-
tional. Cette levée de fonds doit
lui permettre de poursuivre
ses recherches et d’accélérer
notamment en Amérique du
Nord et au Moyen Orient. n
6,4
MILLIONS D’EUROS
Le chiffre d’affaires 2019
de D-AIM.
 Stay Safe&Protect Your Families in the Coronavirus Pandemic. @WorldAndNews

Jeudi 16 avril 2020 Les Echos

HIGH-TECH&MEDIAS
CORONAVIRUS

La tech française veut

apporter sa pierre
à l’appli StopCovid
l Parallèlement au projet officiel porté par l’Inria,
six grands groupes français dont Orange, Dassault et
Capgemini sont prêts à offrir leurs briques technologiques.
l Les start-up françaises ne sont pas en reste.

Systèmes, Sopra-Steria, Accenture nologie. Car aujourd’hui, « il n’y a

APPLICATION
Florian Dèbes
@FL_Debes
et Raphaël Balenieri
@RBalenieri
Rien ne dit encore qu’elle verra le
jour mais l’application StopCovid
fait déjà l’objet d’une mobilisation
générale. Pendant qu’un vif débat
politique sur le respect des libertés
publiques s’est ouvert, le gouverne-
ment continue d’étudier ce dispositif
qui permettra, dans la perspective
du déconfinement prévu le 11 mai,
d’identifier et d’inviter à se faire tes-
ter les individus approchés par les
porteurs du Covid-19. Mais les
start-up et les grands groupes fran-
çais technologiques ne sont pas en
reste. Officiellement, le gouverne-
ment avance sur un projet piloté par
l’Institut de recherche publique
Inria, en lien avec le comité Care
nommé par l’Elysée pour faire face à
l’épidémie. La Direction interminis-
térielle du numérique (Dinum) et
l’Agence nationale de sécurité infor-
matique (Anssi) s’attellent au codage
et à la protection de la future applica-
tion, parfois en écoutant quelques
start-up. Par exemple, Unspread
(une émanation de l’agence Faber-
novel) a fait des propositions sur
le design de l’application. Dans
l’ombre, des industriels français
offrent leur aide, mais le gouverne-
ment tait pour l’instant leurs noms.
et le cabinet de conseils Sia Partners
avaient déjà commencé à plancher
sur « une application de déconfine-
ment ». D’après « Le Point », une let-
tre signée des six PDG de ces entre-
prises a été envoyée au Premier
ministre le 6 avril dernier.
Ils y promettent une version ini-
tiale mais opérationnelle de l’appli-
cation pour le 20 avril prochain.
« Soixante-dix personnes de nos
entreprises travaillent sur ce projet
mais nous n’espérons pas en tirer un
quelconque bénéfice économique,
explique Mohammed Sijelmassi,
le directeur des technologies de
Sopra-Steria. Nous échangeons avec
le gouvernement pour voir comment
nos technologies pourraient conver-
ger avec les siennes. » Afin d’être effi-
cace, il est essentiel que StopCovid
soit utilisé par un maximum de
Français. Pas question donc de
diluer les efforts avec une appli-
cation concurrente.
Afin d’être efficace,
il est essentiel que
StopCovid soit utilisé
par un maximum
de Français.
Les experts en développement
d’applications mobiles de Sopra-
Steria sont au travail. Les spécialis-
tes des données de santé chez
pas un Bluetooth, mais des Blue-
tooth », rappelle Mari-Noëlle Jégo-
Laveissière, directrice générale
adjointe chargée de la technologie
et l’innovation chez l’opérateur. Le
gouvernement confirme que cette
technologie et d’autres posent
encore des défis.
Orange est aussi prêt à tester « de
bout en bout » l’application avant
qu’elle n’arrive sur les smartpho-
nes. Et à faciliter les relations avec
Apple, Google et les autres fabri-
cants de téléphones que l’opérateur
connaît bien. « Nous intervenons
davantage sur la partie “delivery” du
projet, reprend Mari-Noëlle Jégo-
Laveissière. Nous savons faire des
systèmes industriels volumiques,
stables, transparents et auditables, le
tout dans le respect du RGPD. »
Prudence du côté
du gouvernement
Une équipe de startuppeurs fran-
çais expatriés à San Francisco, Lon-
dres et en Inde assure, elle, avoir ter-
miné ses travaux. Parrainée par la
municipalité de Berkeley, leur
application Coalition est déjà
disponible pour les smartphones
Android, dans l’attente d’une vali-
dation par Apple. « Notre code
est open source, j’espère qu’il sera
repris par les gouvernements dans
le monde entier », explique Micha Le lancement de l’application StopCovid est étudié par le gouvernement, mais l’outil suscite des réserves.
Benoliel, le fondateur de Coali-
tion, qui s’était déjà fait connaître

Six géants français

à la manœuvre
Sur ce sujet, ils ont déjà acquis une
petite expérience en lançant un pro-
jet parallèle. Avant même l’officiali-
sation des travaux exploratoires de
l’Etat, Orange, Capgemini, Dassault
Capgemini, les professionnels de
l’hébergement informatique en
France de Dassault Systèmes (Outs-
cale) aussi. Orange, de son côté, tra-
vaille sur le Bluetooth, la technolo-
gie retenue par le gouvernement
pour la future application. Une
quinzaine de salariés tentent d’uni-
formiser au maximum cette tech-
en 2014 avec l’application FireChat,
alors largement adoptée par les
protestants contre le régime chi-
nois à Hong Kong. Pour la France,
il est en contact avec le secrétariat
d’Etat au Numérique.
Ce dernier regarde avec attention
cette émulation mais se montre
encore prudent. « Si toutefois [des
entreprises privées] parvenaient
à concevoir une technologie qui
réponde aux règles strictes que nous
avons fixées – respect de la vie pri-
vée, volontariat, anonymisation
totale, open source et gratuité –, nous
n’aurions pas de difficultés à y avoir
recours », précisait Cédric O le
9 avril dernier devant les députés. n
70 Bruxelles dé
SALARIÉS La Commission euro-
de groupes français élaborent péenne estime que des
une application similaire applications de traçage
à l’appli de « contact tracing » permettraient d’« aider à
du gouvernement. interrompre les chaînes
de transmissions » du
virus. Mais elle exclut

Le gouvernement mise sur un débat parlementaire d’en imposer l’obligation

aux citoyens et défend
une stricte protection

pour dépassionner des données collectées.

Un débat sera organisé à données des téléphones mobiles
l’Assemblée nationale le dans le cadre du déconfinement. Le
28 avril et le 29 au Sénat, débat parlementaire annoncé lundi
mais il ne donnera pas lieu soir par Emmanuel Macron lors de
à un vote. Les opposants au son allocution sera organisé le
lancement d’une telle 28 avril prochain à l’Assemblée
application restent mobili- nationale, et le 29 avril au Sénat. Il
sés malgré les propos ne donnera pas lieu à un vote.
rassurants de l’exécutif. Vu la polémique autour de ce pro-
jet, ce choix d’un débat sans vote a
Grégoire Poussielgue immédiatement suscité des criti-
@Poussielgue ques. « Un débat sans vote, c’est gro-
tesque. Le Parlement est là pour voter.
L’exécutif avance prudemment sur Certaines de nos têtes pensantes ont
la piste d’une application, baptisée visiblement encore du mal à voir à
« StopCovid », destinée à utiliser les quoi peut et doit servir le Parlement »,
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01 87 39 70 08
estime le député ex-LREM Matthieu
Orphelin, très opposé au lancement
de cette application.
A gauche, cette absence de vote
fait peur. « A-t-on changé de régime ?
Depuis quand on débat sans vote sur
un sujet aussi dangereux pour les
libertés publiques et individuelles ?
La prochaine étape, c’est quoi, suppri-
mer le Parlement ? » a déclaré sur
Twitter Julien Bayou, secrétaire
national d’EELV.
Ce débat parlementaire inter-
viendra au moment où l’exécutif
présentera sa stratégie de sortie du
confinement. « Si on veut qu’une telle
« Si on veut qu’une
telle initiative
marche, il faut
qu’elle soit acceptée
par les Français,
donc il faut
de la transparence
et de la clarté. »
YAËL BRAUN-PIVET
Députée LREM
initiative marche, il faut qu’elle soit
acceptée par les Français, donc il faut
de la transparence et de la clarté. D’où
l’intérêt de ce débat parlementaire,
même si on peut avoir des réserves sur
sa forme et le fait qu’il n’y ait pas de
vote », estime Yaël Braun-Pivet,
députée LREM et présidente de la
Commission des lois à l’Assemblée
nationale. L’exécutif souhaite que
l’application soit prête pour le 11 mai,
date du début du déconfinement.
Avant de donner son feu vert, il
attend encore de voir la faisabilité
technique et l’utilité d’une telle appli-
cation, qui doit être utilisée par 60 %
de la population pour être efficace.
L’exécutif multiplie
les messages rassurants
La majorité reste plus que prudente
sur ce projet, qui suscite beaucoup
d’« émotion » en son sein, de l’avis
même de Gilles Le Gendre, le patron
des députés LREM. Il n’est « pas cer-
tain du tout » que cette application
StopCovid « soit prête et utile » à
compter de mi-mai, a-t-il rappelé
mardi à l’occasion d’une conférence
de presse. La semaine dernière, le
groupe LREM a organisé une réu-
nion consacrée au sujet avec les
députés de la majorité.
Devant la multitude d’interroga-
tions que porte une telle initiative,
Cédric O, secrétaire d’Etat au
Numérique et chargé du projet,
multiplie les messages rassurants,
sans, pour l’instant, convaincre les
opposants. Malgré les réticences
exprimées au sein même de
l’équipe gouvernementale, l’Elysée
et Matignon, sans être enthousias-
tes sur le sujet, ne veulent exclure
aucune piste pour permettre la
réussite d’un déconfinement qui
s’annonce déjà complexe. « J’insiste
sur le fait qu’il ne s’agit pas d’une
solution magique. La stratégie de
déconfinement est beaucoup plus
large, et il n’est pas impossible que,
dans quelques semaines, ce projet se
dégonfle. Cela dit, il serait irresponsa-
ble de la part du gouvernement d’y
renoncer », a déclaré la semaine
dernière Cédric O devant la Com-
mission des lois de l’Assemblée
nationale. Emmanuel Macron a lui
aussi évoqué le sujet lors de son
allocution lundi dernier.
Chez les Français, le sujet divise.
Selon un sondage Elabe publié mer-
credi matin, 51 % des Français
seraient prêts à utiliser une telle
application, tandis que 42 % affir-
ment le contraire. n
Derek Perrotte
@DerekPerrotte
— Bureau de Bruxelles
C’est un « oui », au nom du
nécessaire pragmatisme face à
la pandémie, mais assorti d’un
gros « mais », au nom du res-
pect des libertés fondamenta-
les. Mercredi, dévoilant ses pré-
conisations de sortie future de
confinement, la Commission
européenne a ouvert la porte à
l’utilisation d’applications de
traçage des déplacements sur
mobile pour repérer et prévenir
les personnes ayant été en
contact avec des malades.
De fait, « elles peuvent aider à
interrompre les chaînes de trans-
mission de l’infection plus rapi-
dement et de façon plus efficace
que des mesures générales de
confinement », indique la
« communication » dévoilée
par l’exécutif continental. Plu-
sieurs équipes de chercheurs
travaillent sur ce système, qui a
été utilisé avec un certain suc-
cès à Singapour.
Cette numérisation du
suivi des déplacements et des
contacts humains remplacerait
celui, plus long et difficile, orga-
nisé manuellement par le per-

https://t.me/WorldAndNews

Les Echos Jeudi 16 avril 2020
Photo Hennadii Minchenko/Ukrinf/Sipa
fend le volontariat
sonnel médical, explique Fran-
cesco Benedetti, un chercheur
du prestigieux Massachusetts
Institute of Technology (MIT)
travaillant sur ce sujet avec plus
de 30 pays ou agences de santé.
Données inaccessibles
à la police
Mais Bruxelles insiste sur le fait
qu’une telle approche ne peut
être imposée aux citoyens et
doit pleinement respecter les
règles européennes sur la pro-
tection des données personnel-
les. « Ce sera sur la base du volon-
tariat, on ne soutiendra jamais
des mesures coercitives », avait
indiqué dès dimanche sur RTL
le commissaire à l’Industrie,
Thierry Breton.
« Concrètement, […] si vous
l’acceptez, parce que vous pensez
que c’est un rôle citoyen, vous
vous inscrivez sur une plate-
forme qui fonctionne par Blue-
tooth » et « si l’un de vos contacts
est malade, on pourrait savoir
qu’une liste de personnes autour
de vous peut potentiellement être
en contact avec le virus », a-t-il
alors précisé. Les données de la
plateforme seraient « unique-
ment utilisées par les autorités
de santé » et interdites d’accès
« aux autorités judiciaires, poli-
cières, commerciales ». Un utili-
sateur serait averti s’il a été à
proximité d’un malade mais
aucun nom de personne infec-
tée ne devrait être publique-
ment révélé, précise la commu-
nication dévoilée par Bruxelles.
La promesse est faite de fixer
des « lignes rouges très claires »
dans la « boîte à outils » en cours
de finalisation, qui doit être pré-
Stay Safe&Protect Your Families in the Coronavirus Pandemic. @WorldAndNews
sentée ces prochains jours, a
priori ce jeudi. Elle devrait com-
porter des spécifications techni-
ques, des mesures visant à éviter
la prolifération d’applications
incompatibles via des obliga-
tions en matière d’interopérabi-
lité (Apple et Google travaillent
en ce sens depuis une semaine
sur leurs systèmes respectifs
d’exploitation), et des mécanis-
mes de gouvernance pour les
autorités de santé publique.
Ce suivi numérique
des déplacements
et des contacts
remplacerait celui ,
plus long et difficile,
organisé manuelle-
ment par le person-
nel médical.
Ces recommandations ne
seront pas stricto sensu obliga-
toires mais, comme pour les
recommandations techniques
sur la 5G présentées en janvier,
la Commission estime que
l’association des Etats à la défini-
tion de cette boîte à outils vaut
engagement de leur part à la res-
pecter. Thierry Breton a aussi
indiqué avoir déjà, au début de la
crise, sollicité les « opérateurs de
télécommunications pour obte-
nir des données agrégées » pour
évaluer les effets du confine-
ment, « mais attention, ce ne sont
pas des données individuelles
mais des données agrégées », a-t-il
expliqué dimanche, martelant
ce qui constitue à ses yeux la
limite à ne pas franchir. n
« 30 Rock », créé par Tina Fey, fait partie des séries proposées par Peacock TV à son lancement. Photo NBC
Avec Peacock, le « Netflix financé par
la publicité » débarque aux Etats-Unis
Le service a été lancé
mercredi par NBCUniversal
en cette période propice
de confinement. Même si
le groupe comptait
sur les JO et de nouvelles
séries pour bien mettre
en valeur ce nouveau
segment prometteur
de la télévision…
Nicolas Madelaine
@NLMadelaine
L’AVoD, c’est-à-dire la vidéo à la
demande financée par la publi-
cité (« advertising ») et non pas
par ses souscripteurs abonnés
comme la SVoD, compte depuis
mercredi un nouvel acteur de
poids aux Etats-Unis avec l’arrivée
de Peacock, la filiale de NBCUni-
versal, elle-même détenue par
Comcast. Le service, sur lequel le
câblo-opérateur prévoit d’investir
pas moins de 2 milliards de dol-
lars en deux ans, est pour l’instant
réservé aux abonnés Comcast
et le lancement général devrait
intervenir dès le 15 juillet.
« J’ai lancé le “Bureau des légendes”
de mon village de Roussillon »
CHRONIQUE
DU VIRUS
Alex Berger
Le producteur du « Bureau
des légendes » raconte
aux « Echos » comment
il a lancé la cinquième
saison de la série en plein
confinement. D’abord
avec un modem 56K…
« Je suis arrivé le vendredi 13 mars
[dernier week-end avant le confine-
ment, NDLR] dans mon village de
Roussillon, dans le Vaucluse, pour
les élections municipales, car j’étais
sur la liste – réélue – de Gisèle Bon-
nelly. C’était déjà un moment trou-
blé, et nous étions à un mois du lan-
cement de la saison 5 du “Bureau
des légendes” (BDL) que je produis
avec Eric Rochant.
Il a vite fallu que j’annule toutes
les avant-premières avec les
équipes, à la DGSE, à Cannes, à
https://t.me/WorldAndNews
La période est propice en raison
du confinement lié à la crise du coro-
navirus. Si la télévision payante
traditionnelle, très chère outre-
Atlantique, risque de voir les
désabonnements s’accélérer avec
l’absence d’événements sportifs,
tous les services vendus directement
aux consommateurs, qu’ils soient de
SVoD ou d’AVoD, constatent une
forte hausse de leurs souscripteurs.
Disney a annoncé que Disney+
avait déjà dépassé la barre des
50 millions d’abonnés. L’AVoD ris-
que d’être particulièrement recher-
chée, estiment certains analystes.
Les foyers ne vont pas multiplier à
l’infini les abonnements à Netflix,
Disney ou HBO Max. Si la crise éco-
nomique qui risque d’arriver est
dure, toutes les économies seront
9,99
DOLLARS
Le tarif de l’abonnement
mensuel à Peacock, pour une
offre complète et sans publicité.
Séries Mania, et que je continue à
travailler avec un modem 56K qui
me laisse le temps d’aller déjeuner
quand je veux télécharger une
photo ! Je n’avais même pas de
réception 4G correcte.
Dès le dimanche, je dis aux gens
du village qu’il me faut un bureau
avec une Livebox et, en quelques
heures, je trouve une petite mai-
son habituellement louée dès
Pâques. J’y vais tous les matins à
pied. Les gens ont été super, cer-
tains sont fans de la série, ils ont
vu une page sur nous dans “La
P r o v e n c e ”. E n f a c e d e m o n
bureau, il y a le vendeur de cigaret-
tes et de journaux, mon centre de
presse international, la pharma-
cie et la boulangerie-vendeur de
légumes. C’est une période que je
n’oublierai jamais.
Je suis un hypocondriaque.
J’étais déjà en crise depuis février et
quand je descendais à Roussillon,
j’apportais depuis un moment de
gros dossiers et téléchargeais mes
fichiers. J’ai très tôt demandé à mes
équipes un plan B de promotion sur
le numérique. On me disait que
j’exagérais. C’est ma déformation de
HIGH-TECH & MEDIAS // 27
bonnes. Peacock TV est gratuit pour
ceux qui acceptent de voir de la
publicité. Il est facturé 4,99 dollars
pour ceux qui acceptent la publicité
mais veulent des programmes en
plus et 9,99 dollars pour ceux qui
veulent tout, sans publicité.
Publicité interactive
NBCUniversal est loin d’être le seul à
s’intéresser à l’AVoD. L’an dernier,
ViacomCBS a racheté Pluto TV pour
340 millions de dollars. Fox Corp, la
société constituée des actifs de
Rupert Murdoch non vendus à
Disney, a acquis Tubi en mars pour
440 millions de dollars. Et bien
sûr, Hulu, désormais contrôlé par
Disney et comptant plus de 30 mil-
lions d’abonnés, a un prix d’entrée
de gamme plébiscité de 5,99 dollars
pour ceux qui acceptent la publi-
cité. Les prix de ses autres offres
sont bien plus élevés.
Peacock démarre avec 600 films,
notamment des studios Universal,
et 400 séries. Parmi celles-ci, des
classiques très appréciés comme
« 30 Rock » ou « Law and Order ».
En revanche, la crise sanitaire
producteur, se demander “Et si…”.
Nous avons eu de la chance, au
moins, nous avions terminé de
tourner en octobre. Mais il nous
fallait finir la postproduction de la
série. C’était très anxiogène.
Trois ingénieurs du son et mon-
teurs ont décidé de braver les ris-
ques pour finir le travail. Nous
avons tout fait pour que ce soit fait
prudemment, en nettoyant l’audi-
torium, etc. Avant la sortie, nous
avons pu faire l’avant-première VIP,
virtuellement !
En face du tabac-marchand
de journaux
The Oligarchs Group, ma société,
c’est environ 22 à 23 millions de
chiffre d’affaires centré sur le
“BDL”. En plus de nous assurer
d’avoir les systèmes de communi-
cation pour se réunir en vidéo et
transmettre les fichiers de la série,
nous avons dû gérer les aspects
financiers et sociaux de l’entre-
prise. Entre le 15 et le 17, avec une
seule personne autorisée par voi-
ture et à l’intérieur du bureau, nous
avons fait un “paquet de survie”,
avec de quoi faire des virements,
l’empêche de profiter de la rampe de
lancement qu’auraient dû être les
JO de Tokyo, décalés en 2021. De
même, des séries phares comme
« Battlestar Galactica » ou
« Girls5Eva » par Tina Fey, ou
l’adaptation du « Meilleur des mon-
des » d’Aldous Huxley, ne seront pas
prêtes cette année comme prévu. Le
vrai lancement de Peacock aura
donc plutôt lieu l’an prochain.
D’autant qu’il aura récupéré sa série
phare « The Office » en 2021.
Peacock ambitionne de séduire
30 à 35 millions d’abonnés d’ici
à 2024. Son succès sera scruté avec
attention par tout l’écosystème, y
compris celui de la télévision gra-
tuite. Car l’AVoD permet du ciblage
des consommateurs et de nouvelles
formes d’interactivité pour posi-
tionner de la publicité. On peut par
exemple recevoir une publicité
pour une alarme en cherchant un
film dans la catégorie « thriller ». En
janvier, un dirigeant de Peacock
avait dit avoir sécurisé des centaines
de millions de dollars de recettes
auprès des annonceurs, dont cer-
tains ont signé pour dix-huit mois. n
récupérer notre tampon, imprimer
des documents, etc. J’ai réussi à
signer avec Paramount pour le
remake américain du “BDL”. Nor-
malement, pour nous, c’est une sai-
son par an, mais il y a évidemment
beaucoup d’incertitudes pour la
prochaine : quelles seront les
règles sanitaires en fonction des
pays de tournage ? Pour la dou-
zaine d’autres séries que nous
avons en développement, nous
nous concentrons sur l’écriture.
Nous avons de la trésorerie, nous
baissons les charges variables.
« Trois ingénieurs
du son et monteurs
ont décidé de braver
les risques pour finir
le travail. »
Au final, c’est dix fois plus cre-
vant. Mais je vais répéter ce qu’a dit
Maxime Saada [le président du
directoire de Canal+] sur l’accueil de
la série par les abonnés : “Mieux
qu’excellent” ! »— N. M.

FINANCE&MARCHES
CORONAVIRUS
Le pétrole revient dix ans en arrière
l Le baril de brut américain WTI est tombé à son niveau le plus bas depuis 2002 mercredi, sous les 20 dollars.
l La demande mondiale de pétrole va chuter de plus de 9 % cette année, prévoit l’Agence internationale de l’énergie.
MATIÈRES
PREMIÈRES
Vincent Collen
@VincentCollen
La promesse faite par les grands
pays producteurs de pétrole de
réduire leur offre ne suffit pas face à
l’effondrement de la consomma-
tion mondiale. Les cours du brut
étaient à nouveau en forte baisse
mercredi. Le baril de WTI améri-
cain est même passé sous la barre
des 20 dollars, touchant son niveau
le plus bas depuis 2002. Le brent,
référence internationale, cédait
plus de 8 %, à moins de 28 dollars.
L’Agence internationale de l’éner-
gie (AIE) a publié les prévisions les
plus pessimistes de son histoire. La
demande quotidienne de pétrole va
chuter de 29 millions de barils ce
mois-ci, a-t-elle annoncé, soit envi-
ron 30 % de moins que l’an dernier à
la même époque. « Un avril noir du
pétrole », selon Fatih Birol, directeur
général de l’agence, qui marquera
un retour au niveau de 1995.
En recul tous les mois
de l’année
Il n’y aura pas de véritable améliora-
tion en mai, la consommation bais-
sant encore de 26 millions de barils.
L’AIE prévoit ensuite un léger
mieux, au fur et à mesure que les
restrictions des déplacements com-
menceront à être levées. Mais la
demande mondiale restera en recul
tous les mois jusqu’en décembre.
Sur l’ensemble de 2020, elle se
contracterait de 9,3 millions de
barils par jour. « Ce sera la pire année
de l’histoire des marchés pétroliers »,
a prédit Fatih Birol, soulignant que
la demande reviendrait ainsi « près
d’une décennie » en arrière.
La consommation de carburants
est en chute libre partout dans le
monde. En France par exemple, les
ventes d’essence et de gazole sont
inférieures de 75 % à 80 % à la nor-
male depuis le début du confine-
ment. La demande est encore plus
faible dans le transport aérien pour
Violent retour à la réalité pour les Bourses mondiales
Les chiffres catastrophi-
ques du département du
Commerce américain ont
sifflé la fin de la récréation
ce mercredi, mettant fin
à plusieurs séances
d’euphorie sur les marchés.
Gabriel Nedelec
@GabrielNedelec
et Sophie Rolland
@SoRolland
Après l’espoir, le retour à la réalité.
Les bourses mondiales qui sem-
blaient repartir à la hausse ces der-
nières semaines, ont à nouveau
décroché. Plombées par des indica-
teurs économiques calamiteux et
des résultats de sociétés en chute
libre, les places financières euro-
péennes ont cédé.
A Paris, le CAC 40 a perdu 3,76 %,
à 4.353,72 points, l’indice européen
Euro STOXX 50 a baissé de 3,75 % et
le FTSE londonien a lâché 3,34 %.
Les pays les plus endettés de la zone
euro sont dans le viseur des inves-
tisseurs et le MIB italien a, lui, chuté
de 4,78 %.
Simples prises de bénéfices après
cinq séances de rebond ou juste
retour de balancier ? « Les marchés
sous-estiment actuellement l’impact
de l’arrêt complet de l’activité sur les
bénéfices, et en particulier la lenteur
de leur reprise. En conséquence, les
valorisations pourraient ne pas être
aussi bon marché qu’elles le parais-
Stay Safe&Protect Your Families in the Coronavirus Pandemic. @WorldAndNews
L’Opep et la Russie
ont annoncé que près
de 10 millions
de barils seraient
retirés du marché
tous les jours
à partir du 1er mai.
Mais cette
contraction arrive
trop tard.
le kérosène. Partout dans le monde,
les raffineries réduisent leur acti-
vité, faute de débouchés, et certai-
nes pourraient s’arrêter totalement.
Le week-end dernier, les grands
pays pétroliers se sont engagés à
réduire leur production. L’Opep et
la Russie ont annoncé que près de
10 millions de barils seraient retirés
sent, surtout après la dernière
hausse », commente Esty Dwek,
responsable des stratégies de mar-
ché de Natixis Investment Mana-
gers Solutions.
Pressés de faire des bonnes affai-
res après la tempête de février-
mars, les opérateurs boursiers
s’étaient peut-être un peu emballés.
Après sa dégringolade historique
de 38 %, le CAC 40 avait réussi à
reprendre quasiment 20 %, porté
par les espoirs de stabilisation de la
pandémie et de sortie progressive
du confinement.
Un scénario à la 2001 ?
Le réveil est particulièrement rude.
Les ventes au détail aux Etats-Unis
ont baissé de 8,7 % le mois dernier,
leur plus fort repli depuis au moins
28 ans. La production manufactu-
rière, elle, a reculé de 6,3 %, du
jamais vu depuis 1946. Enfin,
l’indice d’activité « Empire State »,
L’AMF prolonge l’interdiction
des ventes à découvert au 18 mai
L’Autorité des marchés financiers (AMF) a annoncé mer-
credi qu’elle prolongeait jusqu’au 18 mai l’interdiction
des positions nettes vendeuses (short) sur tous les titres
négociés sur une plateforme boursière en France. Cette
interdiction, en vigueur depuis le 17 mars, demeure justi-
fiée, car « les circonstances exceptionnelles actuelles res-
tent à ce jour une menace sérieuse pour la confiance des
marchés », explique l’AMF dans un communiqué.
du marché tous les jours à partir du
1er mai. Mais cette contraction arrive
trop tard. Les volumes vont conti-
nuer à progresser au cours des
quinze derniers jours d’avril.
C’est le résultat de la guerre des
prix déclarée par l’Arabie saoudite
début mars. Le royaume wahha-
bite, ses alliés du Golfe ainsi que la
Russie, ont décidé le mois dernier
d’augmenter leur production pour
prendre des parts de marché au
moment même où la pandémie
commençait à plonger la planète en
récession. « Nous avons perdu deux
mois très importants », a relevé
Fatih Birol. En conséquence, les
stocks mondiaux vont continuer à
gonfler jusqu’à l’été, estime l’AIE. « A
moins de nouvelles mesures de réduc-
tion de la production dans un avenir
proche, il est mathématiquement cer-
tain que les stocks mondiaux seront
remplis au cours des prochains
mois », écrit Bjørnar Tonhaugen,
de la région de New York, a chuté à
son plus bas niveau jamais enregis-
tré. En France, les ventes au détail
ont chuté de 24 % en mars.
« Après le fort rebond des derniers
jours, nous ne savons pas si les mar-
chés américains ont fait leur point
bas et ont déjà entamé leur rebond ou
si c’est un scénario à la 2001 qui se
met en place », note Tangi Le
Lib oux, analyste p our Aurel
BCG. Cette année-là, les indi-
ces avaient récupéré la moitié de
leurs pertes en quelques mois, mais
« ce n’était toutefois que le prélude à
la forte baisse qui a suivi ensuite. »
Alors que certains comme Gold-
man Sachs, estiment que le creux
est passé, les investisseurs ont rare-
ment été aussi pessimistes, montre
la dernière enquête de BofA Merrill
Lynch. Une majorité d’entre eux
écarte une reprise rapide et s’attend
à de nouvelles révisions à la baisse
des bénéfices des entreprises. Signe
https://t.me/WorldAndNews
analyste chez Rystad Energy.
L’accord de l’Opep et de la Russie
« n’a réussi qu’à retarder le problème
et donné un peu de temps aux pro-
ducteurs pour se préparer » à fermer
des puits.
Baisser la production
La production devrait certes baisser
dans d’autres pays. Aux Etats-Unis,
au Brésil, au Canada et en Norvège
notamment, ce qui aboutira à
réduire l’offre mondiale de 3,6 mil-
lions de barils supplémentaires,
selon l’AIE. Mais cette contraction
ne sera pas immédiate. Contraire-
ment à l’Arabie saoudite, ces Etats
ne peuvent pas décréter une baisse
de leur production nationale. Leur
niveau de production résulte de la
décision de compagnies pétrolières
privées, chacune en fonction de sa
situation. La pression sur les prix
restera donc forte au cours des pro-
chaines semaines, prévoit Rystad.
de leur extrême prudence, la part
non investie (« cash ») des porte-
feuilles est passée ce mois-ci à 5,9 %,
au plus haut depuis les attentats du
11 septembre 2001, contre 5,1 % en
mars. Quant aux investissements
en actions, ils ont parallèlement
touché un plus bas depuis
mars 2009.
La fin de la hausse
du bilan de la Fed
Le Fonds monétaire international
(FMI) s’attend à une contraction de
3 % du produit intérieur brut (PIB)
mondial cette année. Et cela pour-
rait avoir de terribles conséquences
pour les entreprises. « Pour elles,
une étude de la banque JP Morgan
pointe un facteur multiplicateur de 7
en période récessive entre la baisse du
PIB mondial en valeur et celle des
profits des sociétés retenus dans
l’indice MSCI monde », note Hervé
Goulletquer, de LBPAM.
Cette réalité, risque de conduire
les marchés vers de nouvelles bais-
ses, semblent croire les analystes.
D’autant que la hausse du bilan de la
Fed, très rapide depuis un mois et
demi – il est passé de 4.200 milliards
de dollars début février à plus de
6.000 milliards aujourd’hui –, va
ralentir progressivement d’ici à la
fin de l’année. « Tandis que les
investisseurs vont mesurer peu à peu
l ’ a m p l e u r d u m a ra s m e é c o -
nomique », reprend Tangi Le
Liboux. n
Jeudi 16 avril 2020 Les Echos
Métaux : le
rétablissement ambigu
de « Docteur Copper »
Le cuivre remonte sur
fond de reprise en Chine.
Mais Dr Copper, considéré
comme le baromètre de
l’activité économique
mondiale, n’est pas encore
rétabli. Les stocks restent
élevés et les prix toujours
très bas par rapport à
janvier. De plus, le récent
rebond est lié à des
perturbations de la
production.
Etienne Goetz
@etiennegoetz
Grâce à ses propriétés d’excellent
conducteur électrique, le cuivre
est un métal utilisé dans de nom-
breux secteurs industriels,
notamment dans le bâtiment ou
dans la construction d’automo-
bile. Sa demande est donc un
baromètre de l’activité économi-
que dans le monde, d’où son son
surnom de « Docteur Copper ». Il
est aussi un excellent indicateur
de l’activité industrielle en Chine,
pays qui engloutit à lui seul la moi-
tié des matières premières extrai-
tes sur la planète.
Dans le sillage de la crise du
coronavirus et de la mise à l’arrêt
de nombreuses usines, les cours
du cuivre à Londres ont reculé de
26 %, tombant à 4.630 dollars la
tonne. Les prix reprennent toute-
fois un peu de hauteur ces der-
niers temps. Depuis son dernier
plus bas, touché le 23 mars, la
tonne de métal rouge a pris 11 % à
5.106 dollars, un signal de redé-
marrage de l’économie.
« Les prix ont été dopés par la
publication de bons chiffres écono-
« Les prix ont été
dopés par
la publication
de bons chiffres
économiques
en Chine. »
LES ANALYSTES
DE COMMERZBANK
miques en Chine », entre autres, en
ce qui concerne le commerce
extérieur, relèvent les analystes de
Commerzbank. Les importations
de cuivre se sont élevées à 440.000
tonnes, en hausse de près de 13 %
sur un an, indiquant une reprise
de l’activité chinoise. Autre signe
encourageant, les stocks de cuivre
à Shanghai ont eux aussi com-
mencé à reculer après avoir enflé
dans les premières semaines de
l’épidémie. Cependant, la tonne de
cuivre est toujours 18 % en deçà de
son niveau précédant la propaga-
tion du Covid-19 et les stocks sont
encore élevés. « D’après Docteur
Copper, on reste, pour l’instant, sur
une normalisation seulement par-
tielle de l’activité », résume Sté-
phane Déo de La Banque Postale
AM.
Fermetures de mines
Le message envoyé par les cours
du cuivre est d’autant plus ambigu
que le rebond s’explique égale-
ment par des perturbations de
production liées à la mise en place
des mesures pour endiguer l’épi-
démie. Des mines ont été fermées
ou tournent au ralenti.
Au Pérou, les extractions à
Antamina, la sixième plus impor-
tante mine du monde, co-exploi-
tée par Glencore, BHP, Teck et
Mitsubishi, ont été suspendues et
ne reprendront pas avant deux
semaines. Cerro Verde, la cin-
quième mine, a dû revoir à la
baisse sa production sur ordre du
gouvernement péru-
vien. L’impact de ces mesures
sur le marché est encore diffi-
cile à mesurer : « C’est une zone
grise », confie à Bloomberg Ben
Davis, analyste chez Liberum
Capital Markets, qui avance le
chiffre de 25 % d’offre en moins.
4
À NOTER
Au Chili, premier producteur
de cuivre au monde, deux
entreprises ont développé des
masques anti-coronavirus
avec des nanoparticules du
métal. Le cuivre a aussi des
propriétés antiseptiques.

Les Echos Jeudi 16 avril 2020
L’Europe va subir une vague de défauts d’entreprises
Les programmes d’aide
des Etats ne pourront pas
sauver toutes les entrepri-
ses touchées par la crise,
estime l’agence Moody’s.
Les sociétés des secteurs
du tourisme, de la restaura-
tion, de la vente au détail
non alimentaire ou encore
de l’aéronautique
sont particulièrement
vulnérables.
Bastien Bouchaud
@BastienBouchaud
La crise économique ne fait que
commencer. Les programmes
d’aide des Etats, en Europe comme
ailleurs, ne pourront pas sauver
toutes les entreprises. C’est en subs-
tance le message délivré par
l’agence de notation Moody’s, qui
s’attend à voir le taux de défaut des
entreprises financièrement fragiles
exploser au cours des prochains
mois. « Les actions négatives, y com-
pris les dégradations de notes de cré-
dit, vont se poursuivre », avertit
l’agence américaine. Les pertes
d’activité liées au confinement vont
peser sur les bilans des sociétés, et
toutes ne passeront pas le cap.
Les trois grandes agences de
notation – Fitch, S & P et Moody’s –
ont enchaîné les actions négatives
sur les notes de crédit à un rythme
effréné ces derniers temps, jusqu’à
200 par semaine. Une bonne part
de ces dégradations de notes et
mises sous perspective ou sur-
veillance négative se sont concen-
trées sur des entreprises déjà fragi-
les financièrement avant la crise,
aux dettes notées en catégorie
« spéculative ». Aujourd’hui, 37 %
des sociétés dans ce cas de figure
sont sous la menace d’une dégrada-
tion de note chez Moody’s.
Efforts financiers minés
par le confinement
Le propriétaire des parcs de loisirs
espagnols PortAventura et des
hôtels attenants, International Park
Holdings, en a fait les frais dernière-
ment. Sa note de crédit a été dégra-
dée de deux crans, passant de B2 à
Caa1, l’une des pires notes possibles
avant le défaut. La société bénéfi-
ciait pourtant d’une dynamique
Goldman Sachs à son tour touché
par la crise
Même moins exposées
aux difficultés des ménages
américains, les banques
d’investissement commen-
cent aussi à souffrir.
Goldman Sachs a vu son
bénéfice fondre au premier
trimestre et s’attend à des
prochains mois difficiles.
Bank of America et
Citigroup ont passé des
provisions record pour
anticiper les défauts de
paiement de leurs clients.
Nicolas Rauline
@nrauline
— Bureau de New York
La tendance se confirme : si l’acti-
vité du premier trimestre n’a été que
partiellement ralentie par les mesu-
res de confinement, les banques
américaines ont déjà été sévère-
ment touchées. Et, si elles résistent
mieux, les banques d’investisse-
ment ne sont pas épargnées. Gold-
man Sachs, qui se positionne paral-
lèlement sur la clientèle des
particuliers avec sa banque en ligne
Marcus, a ainsi vu son bénéfice net
quasiment divisé par deux sur les
trois premiers mois de l’année, à
1,2 milliard de dollars, pour un chif-
fre d’affaires stable, à 8,7 milliards
de dollars. « Inévitablement, notre
rentabilité financière a été affectée
par l’effondrement de l’économie, a
indiqué le patron de la banque,
Stay Safe&Protect Your Families in the Coronavirus Pandemic. @WorldAndNews
positive après avoir revu ses tarifs
l’année dernière. Mais la fermeture
de ses parcs et donc l’absence de
rentrées d’argent cette année a
rendu ces efforts caducs. Son
chiffre d’affaires devrait chuter d’au
moins 50 % en 2020, d’après
Moody’s, qui craint le pire si les
fermetures devaient perdurer cet
été.
Un cas loin d’être isolé. En
France, l’agence de notation a
récemment dégradé la note de cré-
dit de la maison de couture pari-
sienne Isabel Marrant, du groupe
hôtelier B & B, ou encore du loueur
de voitures Europcar. Plusieurs
dizaines d’autres notes de crédit
sont actuellement en révision en
vue d’une dégradation en Europe,
dans des secteurs aussi variés que
les produits de beauté, l’automo-
bile, la construction ou encore le
transport de marchandises.
Contrairement aux entreprises
plus solides financièrement, ces
sociétés n’ont plus accès aux mar-
chés de capitaux. Alors que le mar-
ché de la dette d’entreprise s’est rou-
vert aux belles signatures comme
aux membres du CAC 40, ce n’est
David Solomon, dans un communi-
qué. Alors que les mesures de politi-
que publique se prolongent, je suis
convaincu que nous sommes bien
positionnés pour aider nos clients et
notre communauté à se rétablir. »
La gestion de fortune et les
métiers de marchés, qui ont profité
de la volatilité, ont vu leurs revenus
croître fortement sur la période. Et
les activités de conseil ont soutenu
l’activité, avec un chiffre d’affaires
en hausse de 25 % sur un an. Mais la
banque a enregistré de lourdes per-
La banque a
enregistré de lourdes
pertes dans la
division gestion
d’actifs et s’attend
à souffrir davantage
dans les mois
qui viennent.
tes dans la division gestion d’actifs
(868 millions de dollars) et s’attend
à souffrir davantage dans les mois
qui viennent. Elle a, par ailleurs,
passé une provision de 937 millions
de dollars, soit presque autant que
sur l’ensemble de l’année 2019, pour
faire face aux défauts de crédit.
Le titre a été sévèrement sanc-
tionné en Bourse mercredi, chutant
de plus de trois points à l’ouverture
de Wall Street, tout comme son con-
pas le cas de celui des « junk
bonds » (obligations pourries), sauf
aux Etats-Unis. Les banques sont
aussi plus réticentes à leur prêter de
l’argent frais pour les aider à traver-
ser la crise. Et les programmes gou-
vernementaux de soutien ne pour-
ront pas suffire pour nombre
En France, Moody’s a
récemment dégradé
la note de crédit de
la maison de couture
parisienne Isabel
Marrant, du groupe
hôtelier B & B, ou
encore du loueur
de voitures Europcar.
d’entre elles, du fait de critères d’éli-
gibilité complexes ou de restric-
tions sur le paiement des intérêts.
Or ces entreprises aux finances
fragiles se sont largement endettées
sur les marchés ces dernières
années pour profiter de taux d’inté-
rêt historiquement faibles. Au
current Morgan Stanley, qui doit
publier ses résultats ce jeudi.
Pour les banques de détail, le
choc est encore plus rude.
Comme JPMorgan Chase mardi, le
numéro deux du secteur Bank of
America et le numéro trois Citi-
group ont passé des provisions
record. Bank of America a mis de
côté 3,6 milliards de dollars pour se
couvrir des pertes liées au coronavi-
rus, Citigroup 7 milliards.
Cette dernière, dont une partie
importante de l’activité repose sur
les cartes de crédit à la consomma-
tion, pourrait être plus sévèrement
touchée. « Nous avons réussi à maî-
triser nos coûts et avons eu de bonnes
performances en termes de revenus,
le choc économique lié à la pandémie
ne se faisant ressentir que tard dans
le trimestre, a souligné le PDG de
Citi, Michael Corbat. Cependant, la
détérioration des perspectives écono-
miques et le passage à de nouvelles
normes comptables nous ont obligés
à constituer d’importantes réserves
de crédit. »
Bank of America pourrait s’en
sortir un peu mieux du fait de sa fai-
ble exposition aux cartes de crédit
et à des normes plus strictes. Elle a
publié au premier trimestre un
résultat net légèrement en dessous
des prévisions, en baisse de 48 %, à
3,5 milliards de dollars.
Lire « Crible »
( Page 34
https://t.me/WorldAndNews
niveau mondial, janvier a ainsi
marqué un record de 25 ans d’émis-
sions obligataires « spéculatives ».
En Europe, elles représentent
aujourd’hui plus de 520 milliards
d’euros de dettes négociables, dont
un quart émis par des sociétés
directement touchées par le confi-
nement : tourisme, restauration,
distribution non alimentaire... Les
pertes sèches de chiffre d’affaires
vont peser sur les ratios financiers
de ces entreprises et risquent d’en
pousser plus d’une vers le défaut.
ANNLEGALWK
92 • HAUTS-DE-SEINE
DIVERS
12202864 – LE PUBLICATEUR LEGAL
AGIPI CONVICTIONS
Société D’investissement à Capital
Variable " SICAV "
Siège social : 313 Terrasses de l’Arche -
92727 Nanterre Cedex
Adresse postale : ARCHITAS FRANCE -
Tour Majunga, 9ème étage, 6 place de la
pyramide 92908 Paris La Défense Cedex
790 180 806 R.C.S Nanterre
AVIS DE CONVOCATION
MM. les actionnaires sont convoqués
en Assemblée générale extraordinaire
le mercredi 13 mai 2020 à 10 heures
30 dans les locaux de l’association AGIPI
situé au 52 rue de la Victoire 75009 Pa-
ris, Assemblée qui se tiendra par vi-
sioconférence conformément à l’or-
donnance nº 2020-321 du 25 mars
2020, en vue de délibérer et statuer sur
l’ordre du jour suivant :
1. Lecture et approbation des rapports
du Conseil d’Administration et du
Commissaire aux comptes sur le projet
de fusion-absorption (" l’Opération ") de
la SICAV AGIPI Revenus (" SICAV Ab-
sorbée ") par la SICAV AGIPI Convic-
tions (" SICAV Absorbante ") ;
2. Lecture et approbation du projet de
traité de fusion et approbation de l’Opé-
ration qui en découle ;
3. Fixation du jour de calcul de la parité
d’échange et pouvoir donné au Conseil
d’Administration de la SICAV pour procé-
der sous le contrôle du commissaire aux
comptes, à l’évaluation des actifs et à la
détermination de la parité d’échange ;
4. Dissolution sans liquidation de la SI-
CAV AGIPI Revenus au jour fixé pour la
réalisation de l’Opération ;
5. Pouvoirs en vue de l’accomplisse-
ment des formalités légales.
********
Conformément à la législation en vi-
gueur, les actionnaires sont informés que
le bilan, le compte de résultat et la
composition des actifs sont à leur dispo-
sition au siège social de la société de
gestion de la SICAV et qu’ils seront en-
voyés gratuitement sur demande.
Tout actionnaire, quel que soit le nom-
bre d’actions qu’il possède, a le droit de
participer à cette assemblée, de s’y faire
FINANCE & MARCHES // 29
Le taux de défaillance des entre-
prises fragiles dans le secteur de
l’hôtellerie et des loisirs pourrait
ainsi atteindre 18 % d’ici un an. La
distribution, un secteur plus large
qui compte plus de 50 milliards
d’euros de dettes notées en catégo-
rie spéculative, s’en sort à peine
mieux, avec un taux de défaut
attendu à près de 17 %. L’énergie, le
transport de marchandises et
l’automobile devraient, quant à
eux, enregistrer des taux de défaut
supérieurs à 7 %. Et il ne s’agit que
représenter par un actionnaire ou par son
conjoint ou d’y voter par correspondance.
Le droit de participer pour tout action-
naire à l’assemblée ou de s’y faire repré-
senter est subordonné à l’enregistrement
comptable de ses titres, soit en son nom
ou au nom de l’intermédiaire inscrit pour
son compte, au deuxième jour ouvré pré-
cédant l’Assemblée à zéro heure, heure
de Paris.
Les actionnaires désirant voter par
correspondance peuvent se procurer le
formulaire de vote auprès de BNP PARI-
BAS Securities Services - Support Juri-
dique ACI : CPD07A1 - 9, rue du Débar-
cadère - 93500 Pantin (" VSJ-BPSS ").
La demande de formulaire doit être
adressée par lettre recommandée avec
accusé de réception et parvenir à VSJ-
BPSS six jours au moins avant la date
de la réunion. Les formulaires de vote à
distance ne seront pris en compte qu’à
la condition de parvenir à VSJ-BPSS
deux jours avant la date de l’assemblée,
accompagnés d’une attestation établie
par le dépositaire de ces actions justifiant
de leur enregistrement comptable.
L’actionnaire ayant voté par corres-
pondance n’aura plus la possibilité de
participer directement à l’Assemblée ou
de s’y faire représenter en vertu d’un
pouvoir.
Le Conseil d’Administration
12202867 – LE PUBLICATEUR LEGAL
AGIPI REVENUS
Société D’investissement à Capital
Variable " SICAV "
Siège social : 313 Terrasses de l’Arche -
92727 Nanterre Cedex
Adresse postale : ARCHITAS FRANCE -
Tour Majunga, 9ème étage, 6 place de la
pyramide 92908 Paris La Défense Cedex
812 844 249 R.C.S Nanterre
AVIS DE CONVOCATION
MM. les actionnaires sont convoqués
en Assemblée générale extraordinaire
le mercredi 13 mai 2020 à 14 heures
30 dans les locaux de l’association AGIPI
situé au 52 rue de la Victoire 75009 Pa-
ris, Assemblée qui se tiendra par vi-
sioconférence conformément à l’or-
donnance nº 2020-321 du 25 mars
2020, en vue de délibérer et statuer sur
l’ordre du jour suivant :
1. Lecture et approbation des rapports
du Conseil d’Administration et du
Commissaire aux comptes sur le projet
de fusion-absorption (" l’Opération ") de
la SICAV AGIPI Revenus (" SICAV Ab-
de la partie émergée de l’iceberg. Au
cours des prochains mois, l’impact
de la crise sera sensible pour
l’ensemble de l’économie. Les pro-
blèmes de trésorerie risquent alors
de se multiplier également pour des
entreprises issues de secteurs qui
ne sont pas directement touchés
par le confinement, alerte Moody’s.
En Europe, le taux de défaut des
entreprises notées en catégorie spé-
culative devrait atteindre 8 % au
total, et dépasser les 10 % au niveau
mondial. n
sorbée ") par la SICAV AGIPI Convic-
tions (" SICAV Absorbante ") ;
2. Lecture et approbation du projet de
traité de fusion et approbation de l’Opé-
ration qui en découle ;
3. Fixation du jour de calcul de la parité
d’échange et pouvoir donné au Conseil
d’Administration de la SICAV pour procé-
der sous le contrôle du commissaire aux
comptes, à l’évaluation des actifs et à la
détermination de la parité d’échange ;
4. Dissolution sans liquidation de la SI-
CAV AGIPI Revenus au jour fixé pour la
réalisation de l’Opération ;
5. Pouvoirs en vue de l’accomplisse-
ment des formalités légales.
********
Conformément à la législation en vi-
gueur, les actionnaires sont informés que
le bilan, le compte de résultat et la
composition des actifs sont à leur dispo-
sition au siège social de la société de
gestion de la SICAV et qu’ils seront en-
voyés gratuitement sur demande.
Tout actionnaire, quel que soit le nom-
bre d’actions qu’il possède, a le droit de
participer à cette assemblée, de s’y faire
représenter par un actionnaire ou par son
conjoint ou d’y voter par correspondance.
Le droit de participer pour tout action-
naire à l’assemblée ou de s’y faire repré-
senter est subordonné à l’enregistrement
comptable de ses titres, soit en son nom
ou au nom de l’intermédiaire inscrit pour
son compte, au deuxième jour ouvré pré-
cédant l’Assemblée à zéro heure, heure
de Paris.
Les actionnaires désirant voter par
correspondance peuvent se procurer le
formulaire de vote auprès de BNP PARI-
BAS Securities Services - Support Juri-
dique ACI : CPD07A1 - 9, rue du Débar-
cadère - 93500 Pantin (" VSJ-BPSS ").
La demande de formulaire doit être
adressée par lettre recommandée avec
accusé de réception et parvenir à VSJ-
BPSS six jours au moins avant la date
de la réunion. Les formulaires de vote à
distance ne seront pris en compte qu’à
la condition de parvenir à VSJ-BPSS
deux jours avant la date de l’assemblée,
accompagnés d’une attestation établie
par le dépositaire de ces actions justifiant
de leur enregistrement comptable.
L’actionnaire ayant voté par corres-
pondance n’aura plus la possibilité de
participer directement à l’Assemblée ou
de s’y faire représenter en vertu d’un
pouvoir.
Le Conseil d’Administration

30 // FINANCE & MARCHES
CORONAVIRUS
La mise en œuvre du prêt garanti,
un parcours du combattant
l L’ampleur du dispositif, garanti par l’Etat entraîne nombre de couacs ou d’incompréhensions chez les entreprises.
l Les règles d’éligibilité sont encore souvent disparates aux yeux des organisations patronales.
CRÉDIT
Eric Benhamou
et Romain Gueugneau
Tout n’est pas rose, mais la promesse
a été tenue. Du moins, pour Gégroire
Quenot, gérant du camping Les
Bains à Saint-Honoré-les-Bains, qui
a obtenu en dix jours le virement de
son prêt à taux garanti (PGE), d’un
montant de 50.000 euros, auprès de
la Caisse d’Epargne Franche-Comté
Bourgogne. La demande de PGE a
été moins simple pour ce dirigeant
parisien d’un cabinet de conseil : « Il
y a eu au départ une phase de tension
avec la banque, notamment avec une
demande à peine voilée de caution
personnelle, mais les choses se sont
progressivement aplanies ».
Lancé le 23 mars dernier, le dispo-
sitif de prêt garanti par l’Etat, d’un
montant maximum de 300 mil-
liards d’euros, génère sur le terrain
couacs et incompréhensions qui
sont aussitôt relayées par les organi-
sations patronales auprès des pou-
voirs publics.
« Les banques font leur boulot »,
reconnaît Jean-Eudes du Mesnil,
secrétaire général de la Confédéra-
tion des PME, mais ce der-
nier regrette un manque de cohé-
rence et de clarté : « Les demandes
sur certains dossiers peuvent différer
d’un réseau bancaire à l’autre, d’une
région à l’autre. Sans vraiment qu’on
comprenne pourquoi », avance-t-il.
Et de plaider « pour une véritable
« Il n’y aura pas
100 % d’acceptation
des demandes
et cette
compréhension
par les entreprises
n’est pas
évidente. »
LA FÉDÉRATION BANCAIRE
FRANÇAISE
La Banque de France retarde sa campagne 2020
de notation des entreprises
Chaque année, la Banque
de France passe en revue
la solidité financière
des entreprises, puis
attribue une cotation,
une information indispen-
sable aux banques.
Edouard Lederer
@EdouardLederer
C’est une information prise en
compte par les banques dans leurs
propres modèles avant d’octroyer
ou de refuser d’accorder un prêt. La
« cotation » Banque de France attri-
bue une note chaque année à toutes
les entreprises en fonction de leur
solidité financière. Cette année,
l’institution a pris une décision qui
devrait faciliter les relations entre
banques et entreprises : elle a
annoncé des « mesures organisa-
tionnelles » conduisant à retarder sa
campagne 2020 de révision des
notes des entreprises.
L’annonce est à la fois pragmati-
que – en raison de la crise sanitaire,
Stay Safe&Protect Your Families in the Coronavirus Pandemic. @WorldAndNews
harmonisation des critères d’éligibi-
lité, et que ce soit écrit, avec des cases à
cocher ». Dans la restauration, le
PGE passe mal. « Les prêts sont au
bon vouloir des banques, et ce sera
toujours un problème pour nous »,
critique, amer, Hubert Jan, le prési-
dent de la branche restauration de
l’Umih, d’autant que le secteur est
désormais considéré comme une
profession à risque et constitué à
95 % de TPE, « une double peine ».
« Il reste des angles morts notam-
ment sur l’éligibilité des sociétés inno-
vantes, ou la possibilité de cumuler le
PGE avec d’autres dispositifs de
prêts », constate de son côté Alexan-
dre Henault, associé chez Leuwen,
conseil financier aux entreprises.
« De nombreux dossiers de start-up,
parfois importantes, ont été en ballot-
tage, voire bloqués, mais les banques
et les pouvoirs publics tentent proacti-
vement de clarifier les critères au fur
et à mesure que les points de blocage se
présentent », précise-t-il.
Les entreprises fragiles
en suspens
Autre problème, le sort des entrepri-
ses dont la cotation Banque de
France est inférieure à 5 +, c’est-à-
dire une capacité de rembourse-
ment « assez faible », soit environ
15 % des entreprises françaises. Ces
dernières doivent compter sur
« l’engagement moral » des banques
d’analyser leur situation avec bien-
veillance. L’incertitude est d’autant
plus grande, regrettait vendredi le
président délégué du Medef, Patrick
Martin, dans un entretien à « Ouest-
France », pour les petites entrepri-
ses notées de façon moins précise
par la Banque de France et qui
« voient leur dossier laissé à l’appré-
ciation des banques ».
« Après discussion avec le Trésor,
nous avons compris que cette note de
5 + n’était qu’un simple point de
repère. C’est bien à la banque de se
faire sa propre idée sur la situation de
l’entreprise, en fonction de sa propre
appétence au risque », répond un
banquier, pour expliquer les diffé-
rences de traitement d’un réseau à
l’autre. « Le PGE n’a pas vocation à
créer un effet positif pour les entrepri-
ses déjà en difficultés », prévient une
source bancaire. De son côté, la
le dépôt des comptes 2019 est plus
compliqué que d’habitude – et politi-
que. Si les révisions de cotations
avaient lieu normalement, elles
tiendraient compte des effets du
confinement sur l’économie, et con-
duiraient à dégrader la note de nom-
breuses entreprises. En le décalant
dans le temps, l’exercice pourra
peut-être tenir compte de l’assou-
plissement du confinement, et d’un
regain d’activité des entreprises.
Pour celles actuellement à l’arrêt,
« il convient de prendre le meilleur
recul possible afin de pouvoir évaluer
correctement l’impact de cette situa-
tion sur le court-moyen terme,
notamment en tenant compte de
l’effet des actions publiques de sou-
tien », précise l’institution. Au total,
elle veut que sa notation, malgré le
choc économique actuel, reflète
bien les « fondamentaux » du tissu
productif. La Banque de France
attribue une note (allant de 3++ à 9
pour les situations les plus compro-
mises) chaque année à l’ensemble
des entreprises. Pour celles présen-
A ce jour, plus de 150.000 entreprises ont bénéficié de 22 milliards d’euros de crédit. Photo Edouard Richard/Hans Lucas
Fédération bancaire française rap-
pelle que le PGE reste un crédit à
rembourser et « qu’il n’y aura pas
100 % d’acceptation des demandes et
cette compréhension par les entrepri-
ses n’est pas évidente ».
Des solutions alternatives au PGE
existent, notamment la création
d’une avance de trésorerie rembour-
sable, annoncée mercredi par
Bruno Le Maire. Et quelque
900.000 entreprises se sont tour-
nées vers le fonds de solidarité con-
tre 200.000 vers le PGE. A ce jour,
plus de 150.000 entreprises ont
bénéficié de 22 milliards d’euros de
crédit, soit un prêt moyen de quel-
que 150.000 euros. « Le dispositif
fonctionne clairement au profit des
PME ; mais la montée en charge appa-
tant un chiffre d’affaires inférieur à
750.000 euros (environ un million
d’entreprises), la cotation se fait uni-
quement sur base documentaire,
notamment sur base des comptes
déposés au greffe.
Si les révisions
de cotations avaient
lieu normalement,
elles tiendraient
compte des effets
du confinement
sur l’économie.
En revanche, 270.000 autres, de
plus grande taille, sont cotées de
façon détaillée et suivies par un ana-
lyste. Cette cotation est gratuite et
non sollicitée pour l’entreprise, les
frais étant couverts par les abonne-
ments au fichier reprenant ces
informations financières. Autre-
ment dit, le système est pour partie
financé par les banques elles-mê-
https://t.me/WorldAndNews
raît plus lente pour les ETI ou les gran-
des entreprises », note Muriel Nah-
mias, senior advisor chez
Redbrigde, conseil en financement
des entreprises. « Mais l’enjeu est
maintenant de délivrer le PGE plus
largement. Les banques doivent accé-
lérer les process. En pratique, on cons-
tate sur les gros dossiers des différen-
ces significatives dans l’approche et le
discours, que ce soit entre banques
pour un même client, ou entre entre-
prises clientes pour une même ban-
que », ajoute-t-elle. En attendant, le
médiateur du crédit voit ses dossiers
exploser : 731 entreprises au mois de
mars, soit 70 % du nombre traités en
2019, et sur la seule semaine du 6 au
10 avril, près de 650 entreprises,
quasi exclusivement des TPE. n
mes. La décision d’actualiser les
notations seulement en fin d’année
devrait d’abord donner un coup de
pouce aux entreprises : cela évitera,
pour celles dont l’activité se serait
rapidement dégradée, d’être jugée
« non finançable » avant retour à
meilleure fortune.
Mais cette décision devrait aussi
soulager les banques : ces dernières
doivent immobiliser en face de cha-
que crédit octroyé un montant
déterminé de fonds propres, en
fonction du risque couru. Une
note Banque de France moins
bonne veut dire que l’entreprise
devient plus risquée, ce qui impli-
que d’immobiliser plus de fonds
propres. D’où l’importance de frei-
ner la dégradation des notes.
Par ailleurs, les banques obtien-
nent auprès de la Banque centrale
européenne (BCE) des refinance-
ments en échange de créances
d’entreprises de bonne qualité. Le
volume de créances éligibles à ce
refinancement pourrait s’affaiblir si
les notes se dégradaient. n
Jeudi 16 avril 2020 Les Echos
Inquiétudes autour de
la hausse des impayés
L’Etat vient d’accroître
son soutien aux entrepri-
ses exportatrices. Le poids
lourd de l’assurance crédit
Euler Hermes s’inquiète
toutefois de la hausse
des impayés à très court
terme.
Solenn Poullennec
@SolennMorgan
Les assureurs couvrant les entre-
prises contre les impayés de leurs
clients sont en alerte. Le gouver-
nement a promis de renforcer
l’aide au secteur, mais Euler Her-
mes, le poids lourd de l’assuran-
ce-crédit en France, plaide pour
une augmentation du montant et
de la portée de sa garantie publi-
que. « Nos clients nous font part de
difficultés grandissantes de la part
de leurs propres clients et même
d’arrêts de paiements », explique
aux « Echos », Eric Lenoir, prési-
dent du comité exécutif d’Euler
Hermes France. « Des entreprises
vont faire défaut. Si on ne prévient
pas cela, les dispositifs mis en place
pour accompagner les entreprises
au moment de la reprise de leur
activité ne fonctionneront pas »,
assure-t-il.
Plus d’aide pour
les exportateurs
Ces dispositifs viennent d’être
mis sur pied par l’Etat, qui a
apporté une garantie publique
auprès des assureurs-crédit, fixée
à 10 milliards pour les échanges
commerciaux entre entreprises
françaises. Afin de protéger
davantage les entreprises exporta-
trices, l’exécutif vient par ailleurs
d’augmenter la garantie dédiée de
2 à 5 milliards d’euros, dans le pro-
jet de loi de finances rectificative
présenté ce mercredi. Pour autant
ce dispositif est d’abord utile pour
garantir les transactions commer-
ciales futures, souligne Euler Her-
mes. Or les échanges déjà engagés
« sont fortement en risque ». Afin
de les protéger, « je pense qu’il fau-
drait entre 10 et 20 milliards d’euros
de garantie d’Etat en plus des 15 mil-
liards », explique Eric Lenoir. Con-
crètement, le médiateur du crédit
pourrait être saisi pour activer une
garantie au cas par cas. « Nous ne
demandons pas à l’Etat de
nous signer un chèque en blanc »,
assure-t-il.
Tous les assureurs-crédit ne
sont pas aussi pressants qu’Euler
Hermes. « Si tous les dispositifs mis
en place comme le prêt garanti par
l’Etat fonctionnent bien, cela doit
pouvoir soutenir les entreprises en
difficulté [et réduire l’impact sur le
secteur de l’assurance-crédit] »,
temporise Nicolas de Buttet,
membre du comité exécutif de
Coface, qui se félicite déjà du ren-
forcement du soutien de l’Etat sur
les entreprises exportatrices. Il
n’empêche, la société verrait d’un
bon œil une nouvelle modification
du dispositif. « Le dispositif adopté
[par l’Etat] présente certaines com-
plexités. On espère qu’il y aura des
adaptations. » n
« Je pense qu’il
faudrait entre
10 et 20 milliards
d’euros
de garantie d’Etat
en plus des
15 milliards. »
ÉRIC LENOIR
Président du comité exécutif
d’Euler Hermes France
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Les Echos Jeudi 16 avril 2020 FINANCE & MARCHES // 31

Total visé par la première

résolution climatique déposée
par des investisseurs en France
Un groupe d’investisseurs, Alors que des résolutions de ce n’est pas une démarche hostile, c’est
constitué notamment type se sont multipliées ailleurs un élargissement du dialogue à tous
de La Banque Postale Asset dans le monde ces dernières les actionnaires de l’entreprise ».
Management ou encore de années, il a fallu attendre 2020 pour Parmi les onze investisseurs, on
Crédit Mutuel, souhaite que que des investisseurs sautent le pas compte également Sycomore AM
Total prenne en compte en France. Un retard lié à l’existence ou encore Meeschaert AM.
l’utilisation par ses clients d’une règle française qui impose Le texte, auquel « Les Echos » a eu
du pétrole qu’il produit aux investisseurs souhaitant dépo- accès, demande à Total d’aligner
dans ses objectifs de ser une résolution de représenter « ses activités avec les objectifs de
réduction d’émissions au moins 0,5 % de la capitalisation l’Accord de Paris », et réclame une
de gaz à effet de serre. du groupe en question (un peu plus réduction de ses émissions de gaz à Le seuil nécessaire pour déposer une résolution a été atteint notamment grâce à la présence
de 80 milliards d’euros pour Total, effet de serre tant en ce qui con- de deux gros investisseurs dans le groupe d’actionnaires : La Banque Postale Asset Management
Gabriel Nedelec mercredi). cerne les émissions liées à sa propre et le Crédit Mutuel. Photo Loic Venance/AFP
@GabrielNedelec activité (scope 1 et 2) mais égale-
Une résolution exigeante ment celles liées à l’utilisation faite tion va plus loin que celles déjà dépo- œuvre pour la mise en place d’un faire bouger le groupe, se réjouit
Jusqu’à présent, Total devait faire Deux gros investisseurs ont notam- par ses clients du pétrole qu’il pro- sées par des investisseurs hors de système financier respectueux de Mark Van Baal, le fondateur de Fol-
face à la pression des ONG sur les ment permis d’atteindre le seuil : La duit (scope 3). Un point contre France en direction des autres majors l’environnement. low This, un groupe d’investisseurs
sujets environnementaux. Banque Postale Asset Management lequel s’est toujours élevé Total, le pétrolières et gazières, comme Shell, En 2011, Total avait déjà failli engagés qui a déjà défendu de telles
Aujourd’hui, c’est à ses actionnaires (LBPAM) et le Crédit Mutuel Asset groupe arguant ne pas être respon- BP ou Exxon, cela demande un virage ouvrir le bal des résolutions clima- résolutions. Il a suffi que des résolu-
qu’il doit répondre. Un groupe Management (le plus important). sable de cette utilisation. à 180° », affirme un spécialiste. tiques. Mais le groupe avait neutra- tions similaires soient mises au vote
d’investisseurs vient en effet de « En France, il y a de nombreux obs- En outre, les réductions devraient « Pour la première fois, des inves- lisé l’initiative menée par la société des assemblées de Shell et d’Equinor
déposer, pour la première fois, une tacles administratifs au dépôt d’une être fixées en « valeur absolue », et tisseurs se mobilisent pour pousser le de gestion PhiTrust en s’engageant pour qu’ils intègrent d’eux-mêmes,
résolution portant sur des objectifs résolution, expose Luisa Florez, de non relative, et être obtenues en sui- premier émetteur de CO2 du CAC 40 à publier un rapport complet sur la l’année suivante, les objectifs de scope
climatiques. Elle sera soumise au LBPAM. Avec cette résolution, nous vant « un plan d’action avec des éta- à se transformer de manière à répon- gestion des risques liés au climat. Et 3. » Pour sa part, le géant pétrolier
vote lors de l’assemblée générale du souhaitons également poser la ques- pes intermédiaires », afin que les dre à l’urgence climatique », souligne pour cause, « il n’est pas nécessaire français indique « ne pas commen-
géant pétrolier français, prévue le tion de la démocratie actionnariale objectifs ne soient pas renvoyés aux pour sa part Lucie Pinson, direc- que la résolution obtienne le soutien ter les résolutions en amont de
29 mai. en France. Le dépôt d’une résolution calendes grecques. « Cette résolu- trice de l’ONG Reclaim Finance, qui d’une majorité d’actionnaires pour l’assemblée générale ». n

carnet
fr

DISPARITION ENTREPRISES torial, membre du comité exé- l’administration, responsable

cutif de SNCF Réseau en 2017. du centre de recherche et de dif-
par Laurance N’Kaoua BRITISH AMERICAN TOBACCO fusion juridiques (CRDJ) et
@LauranceNKaoua Pierre Durinck Jean Ghedira, 58 ans, diplômé enfin rapporteur public à la
est nommé directeur général de l’IEP de Paris, devint direc- 6e chambre du contentieux.
France de BAT. teur de la communication de

Robert Poujade, Pierre Durinck, 45 ans, diplômé

Keolis en 1999, puis directeur
écomobilité et innovation de

figure du Gaullisme, de l’Instituut van Gent (en Belgi-

que), a rejoint BAT en 1998. Il a
SNCF Proximités en 2008. En
parallèle, il fut PDG d’Effia. Il a
+
pris la tête des affaires corporate rejoint la direction régionale de
Ils sont nés
est mort
Samira Bouhin/AFP

et juridiques de BAT Belux en SNCF Languedoc Roussillon en un 16 avril

2013 puis devint country sales 2010, avant de prendre la tête de
manager chez BAT Belgique en SNCF Intercités en 2014. Il était

C’est une page de l’histoire politique qui se tourne.

2016. Il était directeur général de
BAT Belux depuis 2017.
directeur général adjoint clients
et ser vices de SNCF Réseau
•treEricka Bareigts, ex-minis-
des Outre-mer, députée
L’ancien ministre Robert Poujade s’est éteint le 8 avril. Il depuis 2018. de la Réunion, 53 ans.
avait 91 ans. Ce gaulliste dans l’âme fut l’un des artisans
de la Ve République. Elu maintes fois député et sur-
même année, son entrée au conseil municipal, dans
cette ville ouvrière, longtemps bastion de la gauche. Il
CARMIGNAC
Gautier Ripert VEEVA
•Alois
Benoît XVI, né Joseph
Ratzinger, ancien souve-
nommé le « duc de Bourgogne », Robert Poujade, resta en deviendra maire en 1971. Quelques mois plus tard, prend la direction des David Egée rain pontife de l’Eglise
30 ans maire de Dijon. Il fut aussi le premier ministre de sous la présidence de Georges Pompidou, le chef du opérations et intègre le comité est nommé directeur catholique romaine, 93 ans.
l’Environnement de toute l’histoire de France.
Ses premiers pas professionnels se firent toutefois, en
gouvernement Pierre Chaban-Delmas le nomme
ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé de
de développement stratégique. de la stratégie cosmétique. • Michel Blanc, acteur,
68 ans.
1954, dans une salle de classe, comme professeur de let-
tres supérieures au lycée Carnot de Dijon. Fils d’un pro-
la Protection de la nature et de l’Environnement. Un
poste que Robert Poujade gardera jusqu’en 1974, y com-
Gautier Ripert, 49 ans, ancien
élève de l’Ecole centrale de
David Egée, 43 ans, est ingénieur
diplômé de l’Ecole nationale
•ex-directeur
Philippe Carlier,
Europe, senior
fesseur agrégé de lettres classiques, ce littéraire, grand pris au côté du second Premier ministre du septennat, Paris, a d’abord travaillé chez supérieure des Arts et Métiers. Il VP technology & Industry
amateur de poésie, arriva, lui-même, jusqu’à l’Ecole nor- Pierre Messmer. Précurseur, il s’attelle alors à lutter con- Crédit Agricole et à la Société a débuté chez General Electric de Vallourec, 55 ans.
male supérieure et à l’agrégation. Il parlait grec, latin.
Mais, dès 1945, l’intérêt général chevillé au corps, le
tre la pollution sonore, veut contrôler la qualité de l’air,
réfléchit à des normes contre les nuisances industriel-
Générale. Il a œuvré seize ans
chez d’AXA IM. Plus récem-
Healthcare. En 2008, il a rejoint
Parfums Christian Dior où il a
•ancienne
Catherine Colonna,
ministre,
jeune homme, doté d’une certaine idée de la France, les… Et déjà, à l’aube du premier choc pétrolier de 1973, ment, il était responsable mon- notamment été chargé des labo- ambassadrice de France
veut prendre part à l’action publique. A 18 ans, sur les le portefeuille n’est pas une sinécure. dial des opérations chez AXA ratoires de microbiologie, chi- au Royaume-Uni, 64 ans.
bancs de Khâgne déjà, il anime des mouvements de jeu-
nesse de tendance gaulliste. Et, à Normale sup, l’étu- Le ministère de l’impossible
Investment Managers. mie, sensoriel et industrialisa-
tion des vracs, puis de la totalité
•journaliste,
Michel Denisot,
réalisateur,
diant contribue aux débuts de la revue de doctrine du Plus tard, il écrira un ouvrage baptisé « Le ministère de KEOLIS d e l a q u a l i t é p o u r Pa r f u m s ex-président du PSG, 75 ans.
RPF, le premier parti de De Gaulle. Aux côtés de l’intel-
lectuel Claude Mauriac et du philosophe Raymond
l’impossible », dénonçant, au fil des pages, des moyens
trop maigres et des blocages de l’administration. A
Marc Berthod
Jean Ghedira
Christian Dior. •danseur,
Ian Anthony Eastwood,
chorégraphe, 27 ans.
Aron, il prêtera, plusieurs années durant, sa plume à la
revue « Liberté de l’esprit ». L’écrivain François Mauriac
l’époque, Valéry Giscard d’Estaing, alors à Bercy, lui
aurait déclaré : « C’est intéressant, votre ministère, il ne
sont nommés directeur
communication, et directeur
AUTORITÉ •grand-duc
Henri de Luxembourg,
du Luxembourg,
ne lui prédisait-il pas un destin exceptionnel ? devrait rien coûter à l’Etat. » Moqueur aussi, Albin Cha- marketing et nouvelles CNIL 65 ans.
Engagé successivement au RPF, chez les Républi-
cains sociaux, à l’UNR, à l’UDR puis au RPR, il côtoiera
landon, ministre de l’Equipement et du Logement, lui
aurait glissé : « En somme, tu es préposé à embêter tout le
mobilités, membres du comité
exécutif du groupe.
Louis Dutheillet
De Lamothe
•duMargrethe II, reine
Danemark, 80 ans.
André Malraux, Edgar Faure, Georges Pompidou… De
Jacques Chirac il disait « il est impossible mais irrempla-
monde, un métier plutôt risqué. »
Dans la foulée, Robert Poujade présidera, entre mille Marc Berthod, 62 ans, diplômé
devient secrétaire général
de la Commission nationale de
•général
Hubert Mongon, délégué
de l’UIMM, 58 ans.
çable ». A propos du général de Gaulle, il écrira : « Rien
n’a été comparable dans notre vie à la chance qui nous a
autres choses, le Conservatoire du littoral, le conseil
d’administration de la BNF… Ce père de famille, plu-
en droit et de l’Institut de la com-
munication de l’université de
l’informatique et des libertés. •dente
Chantal Parpex, ex-prési-
d’Innovation Capital,
été donnée d’avoir pu l’accompagner, de travailler pour sieurs fois grand-père et écrivain, dépeint comme cour- Lyon-II, a débuté au Sytral en Louis Dutheillet De Lamothe, senior advisor chez LBO,
lui, et un peu avec lui. » Fidèle, parmi les fidèles. tois, cultivé, a renoncé à briguer un mandat de maire en 2001. Il devint directeur de la 36 ans, ancien élève de l’ENA et 73 ans.
En 1968, alors que le gaullisme se voit contesté avec
violence, Robert Poujade, fraîchement élu député de
2000. Il resta député jusqu’en 2002. « Installé à Paris, il
n’a cependant jamais arrêté de suivre le jeu politique
relation client et de la communi-
cation, membre du comité de
de l’ENS, est diplômé de l’IEP de
Paris. Maître des requêtes au
• Sadie Sink, actrice, 18 ans.

Côte-d’Or, combat les « rouges et noirs », rappelle le quo- national et dijonnais d'un œil attentif », écrit le « Bien direction de Keolis Lyon en Conseil d’Etat, il y fut rapporteur
tidien bourguignon « Le Bien public ». Envoyé par le
général à la conquête de Dijon, Robert Poujade fera, la
public ». L’ancien maire, député et ministre, a été
inhumé mardi dans l’intimité familiale. n
2007, puis directeur de la com-
munication et du dialogue terri-
à la 4e chambre de la section du
contentieux et à la section de , Envoyez vos nominations à
carnetlesechos@nomination.fr

Les Echos est une publication du ÉDITRICE Marie Van de Voorde-Leclerq Elsa Conesa (Finance et Marchés) DIRECTEUR DE CRÉATION Fabien Laborde LES ECHOS WEEK-END DIRECTEUR DE LA DIFFUSION ET DU MARKETING CLIENTS
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32 // FINANCE & MARCHES Jeudi 16 avril 2020 Les Echos

euronext
SÉANCE DU 15 - 04 - 2020 A : Indicateur acompte, solde ou total du dividende. BPA : Bénfice par action. PER : Price Earning Ratio. Les plus hauts et plus bas ajustés sont sur l’année
CAC 40 : 4353,72 (-3,76 %) NEXT 20 : 9176,02 (-4,48 %) civile. Les valeurs classées par ordre alphabétique sont regroupées en trois classes de capitalisation signalées par les lettres A pour les capitalisations
CAC LARGE 60 : 4810,9 (-3,83 %) supérieures à 1 milliard d’euros, B pour les capitalisations comprises entre 1 milliard d’euros et 150 millions d’euros et C pour les capitalisations inférieures
CAC ALL-TRADABLE : 3355,35 (-3,85 %) à 150 millions d’euros. L : Valeurs de l’indice CACNext20. R : Valeurs de l’indice CACLarge60. G : Valeurs de l’indice CACMid60. g : Valeurs de l’indice
DATE DE PROROGATION : 27 AVRIL CACSmall. Les bénéfices par action : source FacSet JCF Estimates. Mise en ligne intégrale des informations réglementées sur www.lesechos-comfi.fr

CAC 40 SRD Suite VALEURS FRANÇAISES SRD Suite VALEURS FRANÇAISES

VALEURS MNÉMO / INFO / OUV CLOT % VEIL % AN BPA VALEURS MNÉMO / INFO / OUV CLOT % VEIL % AN BPA VALEURS MNÉMO / INFO / OUV CLOT % VEIL % AN BPA VALEURS MNÉMO / INFO / OUV CLOT % VEIL % AN BPA
OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER
ISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT ISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT ISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT ISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT
ACCOR (AC) R A 27,17 25,66 - 7 - 38,54 MICHELIN (ML) R A 84,04 82,2 - 3,32 - 24,66 GENSIGHT (SIGHT) g C4 2,84 - 14,97 + 14,29 ROTHSCHILD & CO (ROTH) G A 18,5 18,36 + 2 - 28,28
1378290 27,3 + 5,73 42,24 464711 85,14 + 9,28 112,8 3194350 4,275 +55,19 4,88 27195 18,7 +10,6 26
FR0000120404 10/05/19 1,05 270.673.406 25,46 - 30,39 21,06 9,43 FR0000121261 21/05/19 3,7 178.627.555 82,2 - 29,11 68 4,5 FR0013183985 32.827.362 2,76 + 51,87 1,36 FR0000031684 20/05/19 0,79 77.617.512 17,72 - 38,49 14,62
AIR LIQUIDE (AI) R A 123,7 120,5 - 3,37 - 4,52 ORANGE (ORA) R A 11,42 11,315 - 2,88 - 13,76 GETLINK (GET) LR A 11,2 10,65 - 4,48 - 31,33
996176 124,7 +14,38 140,7 6678448 11,65 +17,77 13,545 RUBIS (RUI) G A 39,3 36,26 - 7,88 - 33,77
918925 11,3 - 3,18 17,04 DIV 2 28/07/17 413568 40,02 - 6,64 57,45
FR0000120073 20/05/19 2,65 473.281.466 119,65 + 14,32 94,86 2,2 FR0000133308 02/12/19 0,3 2.660.056.599 11,19 - 22,71 8,84 2,65 FR0010533075 23/05/19 0,36 550.000.000 10,65 - 22,38 8,615
AIRBUS GROUP (AIR) R A 61 54,8 - 8,67 - 58 3,4 PERNOD-RICARD (RI) R A 137,05 135,15 - 1,39 - 15,21 FR0013269123 17/06/19 1,59 100.385.652 36,02 - 25,54 31,6 4,39
GL EVENTS (GLO) g B 13,1 11,44 - 10,63 - 52,43
3149765 61,2 -26,27 139,4 16,14 542595 139,6 +10,69 171,1 36118 13,1 - 0,17 24,45 SARTORIUS STED. BIO. (DIM) G A 202 199,4 - 0,7 + 35
NL0000235190 15/04/19 1,4 783.173.115 54,53 - 53,26 48,12 3,01 FR0000120693 25/11/19 1,94 265.421.592 134,35 - 14,97 112,25 1,44 FR0000066672 01/07/19 0,65 29.982.787 11,44 - 48,7 10,28 5,68 DIV 6 10/05/16 83190 208 +33,2 208
ARCELORMITTAL (MT) R A 9,23 8,51 - 8,61 - 45,6 PEUGEOT (UG) R A 12,63 11,75 - 6,97 - 44,84 GROUPE CRIT (CEN) g B 53,7 54,8 + 1,48 - 25,54 FR0013154002 27/03/20 0,68 92.180.190 199,4 + 77,09 133,9 0,29
8711750 9,267 +6 16,85 3703205 12,72 - 1,18 22,01
LU1598757687 16/05/19 0,15 1.021.903.623 8,504 - 57,74 5,98 FR0000121501 02/05/19 0,78 904.828.213 11,75 - 51,22 8,878 6,64 8388 54,8 +19,26 74,4 SAVENCIA (BH) B 50 50 + 0,2 - 18,57
FR0000036675 26/06/19 1 11.250.000 52,3 - 15,3 36,15 1,83 6373 51 - 4,58 64,8
ATOS SE (ATO) R A 61,6 58,5 - 4,38 - 21,29 PUBLICIS GROUPE (PUB) R A 29,81 27 - 9,58 - 33,1
518651 61,6 +15,84 82,46 1174092 29,89 + 7,23 43,7 GROUPE GORGÉ (GOE) g B 13,76 12,5 - 9,03 - 26,64 FR0000120107 13/05/19 1 14.032.930 49,8 - 22,84 45,1 2
FR0000051732 03/05/19 1,7 107.157.904 58,3 - 15,23 43,26 2,91 FR0000130577 25/06/19 2,12 240.438.556 27 - 43,46 20,94 7,85 18110 14 +23,76 19 SCOR (SCR) LR A 21,78 20,86 - 4,84 - 44,25
FR0000062671 04/07/19 0,32 13.502.843 12,5 - 17,65 8,59 2,56
AXA (CS) R A 15,4 14,922 - 3,69 - 40,57 RENAULT (RNO) R A 18 16,58 - 8,03 - 60,69 638093 22 + 4,43 39,12
9100893 15,488 - 2,66 25,615 2204371 18,046 - 0,72 43,365 GTT (GTT) G A 73 72,3 - 2,03 - 15,34 FR0010411983 30/04/19 1,75 187.152.361 20,86 - 45,93 15,88 8,39
FR0000120628 02/05/19 1,34 2.417.695.373 14,854 - 36,37 11,844 8,98 FR0000131906 18/06/19 3,55 295.722.284 16,58 - 73,33 12,77 21,41 51070 74 +17,37 102,7
FR0011726835 25/09/19 1,5 37.028.800 70,25 - 18,07 48,76 2,08 SEB (SK) G A 119 113,4 - 4,63 - 14,35
BNP PARIBAS (BNP) R A 27,6 25,82 - 7,16 - 51,13 SAFRAN (SAF) R A 79 74 - 7,22 - 46,24
6459828 27,635 -18,63 54,22 1502535 79,6 -12,2 152,3 GUERBET (GBT) g B 28,7 28,25 - 4,72 - 31,6 49981 119,7 +11,94 139,8
FR0000131104 29/05/19 3,02 1.249.798.561 25,82 - 44,89 24,505 FR0000073272 27/05/19 1,82 427.235.939 72,5 - 38,97 51,1 4887 29,2 - 0,53 44,1 FR0000121709 27/05/19 2,14 50.307.064 113 - 30,85 86,35 1,89
BOUYGUES (EN) R A 28,57 26,85 - 6,93 - 29,12 SAINT-GOBAIN (SGO) R A 25,18 23,91 - 4,78 - 34,49 FR0000032526 03/06/19 0,85 12.581.261 28,2 - 50,44 26 3,01 SES-IMAGOTAG (SESL) g B 21,75 20 - 7,83 - 36,91
2363412 28,7 + 3,43 41,32 2528927 25,39 + 2,38 37,255 HAULOTTE GROUP (PIG) g B 4,145 4 - 3,5 - 24,53 20170 21,8 -13,79 37,5
FR0000120503 30/04/19 1,7 379.909.803 26,85 - 22,15 22,27 FR0000125007 10/06/19 1,33 544.683.717 23,81 - 33,8 16,408 5,56 18784 4,175 +10,04 5,6 FR0010282822 25/06/12 0,5 15.758.108 19,98 - 22,78 19,5
CAP-GEMINI (CAP) R A 82,74 77,02 - 6,07 - 29,27 SANOFI (SAN) R A 83 82,81 + 0,19 - 7,6 FR0000066755 10/07/19 0,22 31.371.274 4 - 51,16 3,27 5,5
558491 83,9 +10,34 120,9 2765658 84,96 +12,8 95,06 SHOWROOMPRIVÉ (SRP) g C 0,59 0,566 - 4,07 - 56,39
HEXAOM (HEXA) g B 27,7 27,4 + 0,74 - 25,54 200388 0,666 -13,85 1,532
FR0000125338 05/06/19 1,7 169.449.699 77,02 - 31,39 51,78 2,21 FR0000120578 09/05/19 3,07 1.254.420.040 82,3 + 10,41 67,65 3,71 3467 27,7 - 1,44 39,8
CARREFOUR (CA) R A 14,5 14,1 - 2,76 - 5,69 SCHNEIDER ELECTRIC (SU) R A 82,38 79,22 - 3,74 - 13,42 FR0013006558 50.865.537 0,55 - 80,48 0,477
FR0004159473 11/06/19 1,5 6.937.593 27 - 23,03 21,7 5,47
2323922 14,585 + 8,21 16,915 1416212 82,9 +10,09 105,5 HIGH CO (HCO) g C 3,38 3,6 + 6,2 - 40,79 SOITEC (SOI) G A 74,55 72,15 - 4,31 - 23
FR0000120172 20/06/19 0,46 807.265.504 14,05 - 16,39 12,195 FR0000121972 30/04/19 2,35 581.982.902 79 + 7,23 61,72 2,97 EX-DS 13/05/16 REGR.1P20 78096 75,8 +15,81 101,4
54757 3,85 -12,2 6,32
CREDIT AGRICOLE (ACA) R A 6,8 6,234 - 8,13 - 51,77 SOCIÉTÉ GÉNÉRALE (GLE) R A 14,62 13,472 - 8,2 - 56,56 FR0000054231 24/05/19 0,16 22.421.332 3,38 - 33,58 2,95 FR0013227113 32.853.813 71,3 - 11,8 48,86
12455102 6,822 - 9,15 13,8 7622466 14,62 -21,44 32,23
FR0000045072 24/05/19 0,69 2.884.688.712 6,216 - 48,9 5,7 FR0000130809 27/05/19 2,2 853.371.494 13,472 - 51,86 12,8 16,33 ICADE (ICAD) G A 74,2 71,55 - 2,72 - 26,28 SOLOCAL GPE (LOCAL) g B 0,177 0,164 - 8,6 - 70,34
109160 76,9 - 1,31 106 REGR. 6933903 0,177 -30,22 0,583
DANONE (BN) R A 62 62 + 1,21 - 16,1 SODEXO (SW) R A 69,54 63,04 - 9,35 - 40,33 FR0000035081 04/03/20 2,41 74.535.741 70,6 - 6,65 59
2386411 62,98 +15,33 75,16 481897 69,86 + 0,51 107,25 FR0012938884 619.541.466 0,161 - 79,01 0,087
FR0000120644 07/05/19 1,94 686.120.806 61,18 - 11,4 50,26 3,13 FR0000121220 30/01/20 2,9 147.454.887 63,04 - 38,56 48,45 4,6 ID LOGISTIC (IDL) g A 157 158 + 0,64 - 12,42 SOMFY (SO) A 79,2 76,8 - 1,92 - 12,23
DASSAULT SYSTEMES (DSY) R A 129,65 131,3 + 0,65 - 10,41 STMICROELETRONICS (STM) R A 21,83 20,4 - 7,69 - 14,89 0,23 2078 158 +14,49 186 3090 80 + 5,21 95
330742 133,8 + 8,51 164,15 4358104 22,11 +12,74 29,44 89,77 FR0010929125 5.646.927 154,8 + 10,34 115
FR0013199916 03/06/19 1,4 37.000.000 76,8 - 4,6 63,6 1,82
FR0000130650 29/05/19 0,65 262.927.968 129,15 - 2,31 105 NL0000226223 16/03/20 0,05 911.204.420 20,4 + 28,58 13,73 0,29 IMERYS (NK) G A 24,72 23,32 - 6,72 - 38,11
137564 25,3 - 5,59 43,54 SOPRA STERIA GP (SOP) G A 110,2 103,4 - 6,34 - 27,94
ENGIE (ENGI) R A 9,65 9,334 - 3,97 - 35,18 1,21 THALES (HO) R A 72,5 68,18 - 5,96 - 26,31 22042 110,2 - 1,15 162
8854527 9,728 -10,98 16,795 7,74 404501 72,98 - 6,55 99,96 FR0000120859 20/05/19 2,15 79.343.115 22,92 - 51,48 20,68 9,22
FR0010208488 21/05/19 0,75 2.435.285.011 9,292 - 29,9 8,626 FR0000121329 03/12/19 0,6 213.181.224 68,02 - 36,34 52,5 0,88 INGENICO GROUP (ING) LR A 108,7 102,55 - 6,52 + 5,94 FR0000050809 02/07/19 1,85 20.547.701 103,4 - 5,57 78,15 1,79
ESSILORLUXOTTICA (EI) R A 106,5 105,1 - 2,51 - 22,61 TOTAL (FP) R A 32 30,685 - 6,05 - 37,63 325548 111,1 + 1,84 142,7 SMCP (SMCP) g B 4,5 4,27 - 3,74 - 54,81
703196 108,05 +5 145 11172441 32,115 +17,91 50,93 FR0000125346 17/06/19 1,1 63.713.047 102,55 + 55 64,46 76070 4,5 + 8,65 10,08
FR0000121667 26/04/18 1,53 437.533.516 104,45 + 3,44 86,76 1,94 FR0000120271 30/03/20 0,68 2.601.881.075 29,985 - 38,72 21,12 2,22 INNATE PHARMA (IPH) g B 6,42 6,11 - 2,71 + 2,52 FR0013214145 74.117.760 4,132 - 70,83 2,945
HERMES INTL (RMS) R A 666 675,6 + 0,42 + 1,41 UNIBAIL-R/WFD (URW) R A 58,7 53,5 - 8,89 - 61,96 713185 6,89 +54,45 7,48 SPIE (SPIE) G A 11,75 11,28 - 4,41 - 37,89
69568 683 +17,95 725,6 1596471 58,8 -25,88 142,05 FR0010331421 78.898.264 5,865 + 2,35 2,9
FR0000052292 03/03/20 1,5 105.569.412 666 + 12,6 516 0,22 FR0013326246 24/03/20 5,4 138.378.605 53,5 - 65,48 45,22 216870 12 - 2,84 19,58
INTERPARFUMS (ITP) g A 31,5 31,75 + 0,79 - 14,19 FR0012757854 24/09/19 0,17 157.698.124 11,18 - 31,43 7,805 1,51
KERING (KER) R A 489 475 - 1,81 - 18,83 VEOLIA ENV. (VIE) R A 19,01 18,885 - 0,61 - 20,35 12360 31,75 + 9,67 38,9
165887 491,75 +17,28 614,9 2645865 19,47 + 3,34 29,09 FR0004024222 02/05/19 0,71 47.262.190 31,2 - 31,35 26,05 2,24 SQLI (SQI) g 18,1 16,8 - 6,67 - 31,43
FR0000121485 14/01/20 3,5 126.279.322 470,6 - 10,65 348,55 0,74 FR0000124141 14/05/19 0,92 567.266.539 18,845 - 8,64 16,015 4,87 6638 18,1 - 4,55 24,5
IPSEN (IPN) G A 56,65 51,55 - 7,12 - 34,75
L.V.M.H. (MC) R A 352 342 - 2,84 - 17,43 VINCI (DG) R A 76,52 70,56 - 8,41 - 28,73 95463 56,65 +28,36 83,9 FR0011289040 21/07/17 0,88 4.613.975 16,5 - 25,5 13,42
743853 352,05 + 8,61 439,05 1816522 77,7 + 4,72 107,35 FR0010259150 31/05/19 1 83.814.526 51,55 - 58,12 34,2 1,94 STEF (STF) g B 68,5 67,4 - 1,61 - 16,17
FR0000121014 06/12/19 2,2 505.027.339 337,95 - 0,28 278,7 0,64 FR0000125486 05/11/19 0,79 606.212.714 70,2 - 20,99 54,76 1,12
IPSOS (IPS) G A 19 18,04 - 3,94 - 37,69 642 68,5 - 5,2 85,1
LEGRAND (LR) R A 59,9 56,7 - 5,81 - 21,94 VIVENDI (VIV) R A 20,9 20,6 - 2,51 - 20,22 47383 19 -16,09 32,1 FR0000064271 03/05/19 2,5 13.000.000 67,4 - 19,67 57,2 3,71
641549 60,36 +10,44 77,94 3008635 21,28 + 8,76 26,42 FR0000073298 01/07/19 0,88 44.436.235 18,02 - 21,22 15,82 4,88
FR0010307819 03/06/19 1,34 266.945.149 56,7 - 8,9 45,91 2,36 FR0000127771 16/04/19 0,5 1.184.847.025 20,6 - 21,88 16,6 2,43 SUEZ (SEV) LR A 9,784 9,292 - 5,16 - 31,09
L'ORÉAL (OR) R A 250 245,9 - 1,84 - 6,86 WORLDLINE (WLN) G A 61,42 56,52 - 7,98 - 10,5 JACQUET METAL SERVICE (JCQ) g B 11,4 10,6 - 6,53 - 31,26 2617846 9,864 - 6,65 16,035
617537 254,5 +13,84 278,5 740783 62,9 + 8,07 77,7 32509 11,94 +18,7 15,86 FR0010613471 20/05/19 0,65 628.362.579 9,18 - 22,73 8,046 7
FR0000120321 26/06/19 3,85 558.117.205 244,6 + 3,1 196 1,57 FR0011981968 182.805.852 56,08 + 0,12 36,36 FR0000033904 02/07/19 0,7 24.028.438 9,94 - 38,66 7,6 6,6
JCDECAUX (DEC) G A 18,58 17,09 - 7,62 - 37,81 SWORD GROUP (SWP) g B 26,4 26,25 - 2,24 - 23,02
169481 18,69 + 2,21 27,74 6741 26,7 + 8,47 37,15
FR0000077919 21/05/19 0,58 212.902.810 17,05 - 40,37 15,06 FR0004180578 07/05/19 1,02 9.544.965 25,35 - 16 20,45 9,14
KAUFMAN & BROAD (KOF) g B 31,4 31 - 1,9 - 16,22 SYNERGIE (SDG) g B 20 19 - 5,71 - 34,93
54393 31,5 +11,19 41,86 4582 20,1 + 5,67 31,4
SRD VALEURS FRANÇAISES FR0004007813
KLEPIERRE (LI) LR
15/05/19 2,5 22.088.023
A 17,84
30,95
16,525
- 14,69
- 6,35
19,4
- 51,18
8,07 FR0000032658
TARKETT (TKTT) G
19/06/19 0,8 24.362.000
B 9,315
18,8
8,625
- 41,18 13
- 6,91 - 40,1
4,21

946086 17,965 + 2,29 34,66 56590 9,315 -17,54 16,56

FR0000121964 09/03/20 1,1 302.664.095 16,525 - 48,98 12,625 FR0004188670 12/06/19 0,6 65.550.281 8,6 - 53,07 7,53
VALEURS MNÉMO / INFO / OUV CLOT % VEIL % AN BPA VALEURS MNÉMO / INFO / OUV CLOT % VEIL % AN BPA KORIAN (KORI) G A 28,76 26,92 - 6,53 - 35,78
OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER 366012 28,98 -11,8 45,66 TECHNICOLOR (TCH) g A 0,24 0,239 + 2,93 - 65,08
ISIN / DATE DÉTACH. COUPON / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT ISIN / DATE DÉTACH. COUPON / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT 15246900 0,276 +18,67 0,73
FR0010386334 11/06/19 0,6 82.730.907 26,56 - 23,74 25,16 2,23
A.S.T. GROUPE (ASP) g C 2,24 2,05 - 2,38 - 42,9 CATANA GROUP (CATG) g C 2,11 1,912 - 7,86 - 55,84 LAGARDÈRE (MMB) G A 14,6 15,2 + 4,11 - 21,77 FR0010918292 21/06/17 0,06 414.461.178 0,233 - 79,81 0,17
6895 2,24 - 9,69 4,05 390439 2,11 -10,65 4,49 685316 15,29 +50,5 19,76 TELEPERFORMANCE (RCF) LR A 203,1 194 - 4,43 - 10,76
FR0000076887 19/06/19 0,25 12.903.011 2,04 - 51,48 1,82 12,2 FR0010193052 30.514.178 1,904 - 26,46 1,7 FR0000130213 14/05/19 1,3 131.133.286 14,46 - 36,88 8,14 150152 205 +11,24 246,8
AB SCIENCE (AB) g B 8,4 7,94 - 3,87 + 47,58 CGG (CGG) G A 1,051 0,973 - 9,22 - 66,38 LDC (LOUP) A 99,2 98 - 0,81 - 6,22 FR0000051807 13/05/19 1,9 58.719.000 192,1 + 13,25 150,3 0,98
238897 8,5 +15,07 11 12476025 1,06 - 3,74 3,121 5822 99,4 +15,02 109
FR0010557264 44.578.160 7,75 + 56,92 4,81 FR0013181864 709.961.702 0,963 - 42,75 0,76 TF1 (TFI) G A 4,8 4,502 - 5,93 - 39,16
FR0013204336 27/08/19 1,6 16.713.242 97 - 7,98 74,2 1,63 443501 4,818 -13,17 7,805
ABC ARBITRAGE (ABCA) g B 6,28 6,16 - 1,91 - 8,06 CHARGEURS (CRI) g C 20,2 17,26 - 13,7 - 0,12 LE BÉLIER (BELI) g C 29,8 29 - 2,69 - 20,33
48935 6,28 + 7,32 6,84 795744 20,4 +72,6 24,1 FR0000054900 29/04/19 0,4 210.242.074 4,5 - 49,61 4,37 8,89
9974 30,1 + 0,35 37,7
FR0004040608 10/12/19 0,1 58.512.053 6,08 - 5,23 5,05 1,62 FR0000130692 18/09/19 0,2 23.848.641 16,4 - 7,8 7,9 FR0000072399 21/05/19 1,18 6.582.120 28,6 - 12,78 26,15 TFF GROUP (TFF) B 26,1 25,4 - 3,05 - 30,79
ABIVAX (ABVX) g B 18,5 17,86 - 2,62 - 20,8 CHRISTIAN DIOR (CDI) A 344,8 326,4 - 2,86 - 28,55 3308 26,1 - 5,93 38,2
LNA SANTÉ (LNA) g B 39,75 38,5 - 4,82 - 22,3
19761 18,5 +43,11 24,2 EX D OP 08/06/17 7661 344,8 + 9,53 479,8 8189 40,4 + 5,48 52 FR0013295789 06/11/19 0,35 21.680.000 25 - 35,86 22 1,38
FR0012333284 12.151.939 17,8 + 73,4 10,4 FR0000130403 06/12/19 31,4 180.507.516 326,4 - 24,65 252,4 9,62 FR0004170017 08/07/19 0,38 9.705.937 38,5 - 18 31,75 THERMADOR GROUPE (THEP) B 46,4 47,9 + 3,46 - 9,62
ACTIA GROUP (ATI) g C 2,25 2,16 - 3,57 - 49,88 CNP ASSURANCES (CNP) G A 8,97 8,135 - 8,85 - 54,12 LECTRA (LSS) g B 15,7 14,8 - 5,73 - 33,78 3656 49,4 +13,51 55
11312 2,25 -11,48 4,625 1001855 8,975 -11,04 18,17 10796 15,7 + 1,93 24,85 FR0013333432 09/04/20 1,8 9.109.752 45 - 10,63 35,7 3,76
FR0000076655 12/06/19 0,1 20.099.941 2,14 - 49,94 1,8 4,63 FR0000120222 26/04/19 0,89 686.618.477 8,135 - 61,11 5,3 FR0000065484 03/05/19 0,4 32.099.100 14,62 - 33,33 12,2 2,7 TIKEHAU CAPITAL (TKO) g A 21,4 21,5 + 0,47 - 2,27
ADOCIA (ADOC) g B 9,62 8,74 - 10,36 - 11,72 COFACE (COFA) G A 6,24 5,72 - 7,89 - 47,86 LINEDATA SVICES (LIN) g B 19,75 19,7 - 1,5 - 26,22 EX D S 03/07/17 8014 21,5 +18,46 25,8
106943 9,62 +34,46 16,18 473151 6,24 -14,94 12,51 2172 19,9 -13,97 30,9
FR0011184241 6.960.069 8,58 - 39,31 5,6 FR0010667147 22/05/19 0,79 152.031.949 5,59 - 32,27 4,448 FR0013230612 24/05/19 0,25 136.794.130 21,3 - 4,44 15,45 1,16
FR0004156297 05/07/19 1,35 6.625.726 19,5 - 31,6 18 6,85
AÉROPORTS DE PARIS (ADP) G A 95,4 87,95 - 6,73 - 50,06 COLAS (RE) A 106,5 106 - 0,94 - 24,72 TRANSGÈNE (TNG) g B2 1,748 + 7,37 + 12,77
LISI (FII) g A 16,3 15,08 - 8,61 - 49,82
76009 95,4 - 5,43 179,2 547 107,5 - 3,64 143 25685 16,34 -24,52 32,7 826810 2 +72,39 2
FR0010340141 06/12/19 0,7 98.960.602 87,95 - 50,53 70,7 0,8 FR0000121634 29/04/19 5,55 32.654.499 106 - 25,25 90 FR0000050353 30/04/19 0,44 54.114.317 15,08 - 45,46 14,34 2,92 FR0005175080 83.466.214 1,712 - 42,31 0,81
AIR FRANCE-KLM (AF) LR A 5,08 4,714 - 6,28 - 52,5 COVIVIO (COV) G A 61,6 56,95 - 3,88 - 43,73 LUMIBIRD (LBIRD) g C 10,1 9,7 - 1,42 - 36,18 TRIGANO (TRI) G A 56,35 57,4 + 1,86 - 39
2875785 5,1 - 1,89 10,27 331360 61,8 -12,11 112,2 32636 10,1 +45,86 15,6 21682 57,8 +17,67 101
FR0000031122 14/07/08 0,58 428.634.035 4,714 - 57,49 3,81 FR0000064578 13/05/19 4,6 87.257.829 56 - 40,05 38,84 FR0000038242 18.429.867 9,5 - 45,81 5,4 FR0005691656 14/01/20 2 19.336.269 55,4 - 25,41 41,76 3,48
AKKA TECHNOLOGIES (AKA) Gg B 27,75 26,55 - 3,46 - 59,47 COVIVIO HOTELS (COVH) A 18 18,15 + 3,71 - 36,32 M6-MÉTROPOLE TV (MMT) G A 10,64 10 - 5,66 - 40,41 UBISOFT ENTERTAINMENT (UBI) LRA 69,3 68,26 - 1,07 + 10,85
46524 27,85 - 8,76 68,5 3434 18,4 -13,57 30 61928 10,64 - 8,17 17,07
FR0004180537 28/06/19 0,49 20.291.990 25,5 - 58,06 18,64 2,64 FR0000060303 08/04/20 1,55 121.036.633 17,8 - 30,46 16 256374 69,3 +20,26 75,7
FR0000053225 15/05/19 1 126.414.248 9,91 - 40,79 9,16 10 FR0000054470 120.926.773 67,26 - 16,25 51,16
AKWEL (AKW) g B 10,26 10,22 - 0,78 - 49,41 DASSAULT AV. (AM) G A 836 774,5 - 6,74 - 33,8 MAISONS DU MONDE (MDM) G B8 7,42 - 6,67 - 42,79
23471 10,38 - 8,75 20,8 5471 836 + 4,24 1192 103943 8 + 0,54 13,38 VALEO (FR) LR A 16,33 15,37 - 5,27 - 51,07
FR0000053027 05/06/19 0,3 26.741.040 9,9 - 42,84 8,8 2,94 FR0000121725 22/05/19 21,2 8.348.703 771 - 40,01 624 FR0013153541 02/07/19 0,47 45.241.894 7,42 - 59,43 5,35 6,33 1087594 16,56 +13,47 33
ALBIOMA (ABIO) g B 31 31 + 0,98 + 19,23 DBV TECHNOLOGIES (DBV) G B 8,2 7,65 - 3,96 - 61,03 FR0013176526 30/05/19 1,25 241.036.743 15,26 - 49,42 10,51 8,13
MANITOU (MTU) g B 14,1 13,68 - 1,58 - 36,22
35399 31,55 +18,32 35,75 529297 8,2 -27,21 25,44 23081 14,1 + 0,59 22,3 VALLOUREC (VK) G A 1,1 0,99 - 10,37 - 64,79
FR0000060402 11/06/19 0,33 30.930.644 30,15 + 48,33 22,85 1,05 FR0010417345 54.927.187 7,42 - 52,6 3,5 FR0000038606 17/06/19 0,78 39.668.399 13,3 - 53,31 11,36 5,7 5031134 1,101 + 7,52 2,867
ALD (ALD) G A 8,52 7,7 - 7,01 - 44,36 DERICHEBOURG (DBG) g B 2,5 2,412 - 3,21 - 33,92 MARIE BRIZARD W & S (MBWS) g C 1,12 1,162 + 3,75 - 27,47 FR0000120354 04/06/15 0,81 457.987.760 0,99 - 53,24 0,65
44103 8,56 + 1,58 14,2 167348 2,524 - 0,9 3,784 94724 1,224 +30,56 1,7 VALNEVA (VLA) g B 2,72 2,72 + 1,87 + 5,84
FR0013258662 29/05/19 0,58 404.103.640 7,7 - 42,37 6,29 7,53 FR0000053381 07/02/20 0,11 159.397.489 2,412 - 37,42 2,07 4,56 FR0000060873 27/09/07 0,5 44.698.454 1,09 - 60,21 0,651 292144 2,77 +31,4 3,475
ALPES (CIE DES ) (CDA) g B 16 15,4 - 3,75 - 48,41 DEVOTEAM (DVT) g C 67 65 - 2,84 - 31,22 MAUNA KEA (MKEA) g C 1,03 1,354 + 30,95 - 0,88 FR0004056851 92.132.927 2,665 - 21,16 1,784
30387 16 -12,8 30,95 10577 67,8 + 8,33 96 3074871 1,656 +46,22 2
FR0000053324 10/03/20 0,7 24.510.101 15,3 - 38,65 13,2 4,55 FR0000073793 03/07/19 1 8.332.407 64,8 - 35,64 47,25 FR0010609263 30.558.480 1,022 - 14,63 0,566 VERALLIA (VRLA) A 25 25 + 0,6 - 17,38
ALSTOM (ALO) LR A 38,46 36,44 - 5,84 - 13,71 EDENRED (EDEN) LR A 39,01 38,08 - 3,08 - 17,4 10517 25 + 0,81 36,01
MEDIAWAN (MDW) g B 7,55 7,4 - 1,99 - 29,12
647043 39,46 - 5,25 50,64 384776 39,7 + 8,09 51,56 32153 7,64 + 8,5 11,2 FR0013447729 118.393.942 23,8 - 7,41 19,26
FR0010220475 15/07/19 5,5 225.973.782 36,44 - 10,31 29,73 15,09 FR0010908533 20/05/19 0,86 243.204.857 38,08 - 9,1 29,74 2,26 FR0013247137 31.922.723 7,4 - 38,13 5,02 VERIMATRIX (VMX) g B 1,536 1,496 - 3,86 - 24,44
ALTAREA (ALTA) A 118 111,8 - 4,61 - 44,79 EDF (EDF) LR A 7,98 7,638 - 4 - 23,07 MERCIALYS (MERY) G A 7,17 7,26 + 0,76 - 41,12 260087 1,6 + 6,4 2,09
5678 118 -24,97 210 EX-DS 7/03/17 3002473 8,044 -16,32 13,61 152497 7,36 - 5,78 12,64 FR0010291245 84.911.882 1,47 - 20,26 1,138
FR0000033219 29/05/19 12,75 16.700.762 111,6 - 39,57 103,2 FR0010242511 26/11/19 0,15 3.103.621.086 7,638 - 38,8 5,978 FR0010241638 21/10/19 0,47 92.049.169 7,015 - 42,83 5,7 VICAT (VCT) g A 27,15 25,15 - 5,98 - 37,67
ALTEN (ATE) G A 66 61,55 - 5,89 - 45,29 EIFFAGE (FGR) LR A 72,5 69,08 - 5,89 - 32,27 MERSEN (MRN) g B 18,26 17,32 - 4,73 - 49,28 45718 27,15 - 7,37 41,65
107117 66,75 -11,76 119 407836 75,3 + 3,1 111,75 43138 18,26 + 4,21 35,3 FR0000031775 25/04/19 1,5 44.900.000 24,45 - 45,21 22,5
FR0000071946 20/06/19 1 34.153.067 61,55 - 37,89 54,5 1,63 FR0000130452 21/05/19 2,4 98.000.000 68,76 - 21,25 44,65 FR0000039620 03/07/19 0,95 20.855.883 17,22 - 44,4 12,38 5,49
AMPLITUDE SURG. (AMPLI) g 1,075 1,06 - 1,85 - 37,28 EKINOPS (EKI) g 5,16 4,9 - 4,85 - 25,87 VILMORIN & CIE (RIN) g A 37,9 37 - 2,5 - 23,32
METABOLIC EXPLORER (METEX) g C 1,275 1,27 - 17,53 3258 37,9 49
303767 1,275 - 7,83 1,85 46199 5,27 +16,67 6,8 124179 1,285 + 7,26 1,79
FR0012789667 47.804.841 1,04 - 60 0,92 FR0011466069 24.106.504 4,9 + 3,48 3,67 FR0004177046 27.813.800 1,19 - 29,44 0,921 FR0000052516 11/12/19 1,35 22.917.292 36,8 - 23,32 34,25 3,65
AMUNDI (AMUN) G A 57 53,45 - 4,98 - 23,53 ELIOR (ELIOR) G A 6,81 6,4 - 6,36 - 51,15 NANOBIOTIX (NANO) g B 7,69 6,71 + 1,82 - 18,96 VIRBAC (VIRP) G A 164,6 167,8 + 2,32 - 29,05
EX-DS 15/03/17 148278 57,8 + 5,63 78,55 444777 6,81 - 3,03 13,83 249764 7,7 +41,92 9,56 7560 167,8 + 6,88 244,5
FR0004125920 24/05/19 2,9 202.163.305 53,45 - 14,62 43,82 5,43 FR0011950732 07/04/20 0,29 174.125.268 6,18 - 48,43 4,072 4,53 FR0011341205 13/05/19 22.731.122 6,62 - 44,77 3,54 FR0000031577 26/06/15 1,9 8.458.000 160,6 + 4,88 132,2
ARCHOS (JXR) g C 0,042 0,043 + 2,66 - 60,28 ELIS (ELIS) G A 8,62 8,05 - 8,21 - 56,49 NATIXIS (KN) LR A 2,119 1,96 - 8,2 - 50,48 WAVESTONE (WAVE) g B 18,1 17,68 - 2,32 - 32
8396065 0,049 +11,84 0,115 1069934 8,745 -19,38 19 12317338 2,12 + 6,46 4,411 6016 18,1 -13,76 29
FR0000182479 86.009.898 0,042 - 84,52 0,031 FR0012435121 27/05/19 0,37 221.297.797 7,99 - 48,1 5,375 4,6 FR0000120685 31/05/19 0,78 3.155.846.495 1,96 - 62,03 1,471 FR0013357621 19/09/19 0,23 20.196.492 17,4 - 35 15,5 1,3
ARKEMA (AKE) LR A 75,56 69,72 - 4,94 - 26,38 EOS IMAGING (EOSI) g C 2,18 2,15 - 1,6 - 2,93 NEOEN (NEOEN) g A 33,25 32,3 - 2,12 + 4,53
397267 75,56 +12,89 95,66 91404 2,2 - 6,52 2,9 WENDEL (MF) G A 80,35 76,25 - 4,51 - 35,65
58030 33,25 +11,38 37,25
FR0010313833 27/05/19 2,5 76.624.220 69,52 - 25,73 42,5 3,59 FR0011191766 26.589.946 2,125 + 13,76 1,654 FR0011675362 85.088.748 31,9 + 65,98 25,3 58798 80,35 - 5,34 127,5
ARTMARKET.COM (PRC) g C /160320 - 47,32 ERAMET (ERA) G A 29,41 28,14 - 3,96 - 38,61 FR0000121204 21/05/19 2,8 44.682.308 75,95 - 35,82 54,8 3,67
NEXANS (NEX) G A 28,88 28,48 + 0,78 - 34,51
-15,8 10,1 47676 29,47 +16,86 47,18 56081 28,88 + 3,04 50,8 WORLDLINE (WLN) G A 61,42 56,52 - 7,98 - 10,5
FR0000074783 6.651.515 - 62,67 5,01 FR0000131757 29/05/19 0,6 26.635.884 27,83 - 52,58 18,665 FR0000044448 17/05/19 0,3 43.606.320 27,38 - 6,32 21,55 740783 62,9 + 8,07 77,7
ASSYSTEM (ASY) B 19,84 18,88 - 4,84 - 41,55 ERYTECH PHARMA (ERYP) g B 5,49 5,12 - 2,48 - 23,58 NEXITY (NXI) G A 29,4 28,4 - 1,8 - 36,58 FR0011981968 182.805.852 56,08 + 0,12 36,36
OPA 24/11/17 12136 19,84 -10,31 34,65 67590 5,49 +40,27 6,97 108215 29,4 - 3,66 46,2 XPO LOGISTICS (XPO) A + 0,81 - 4,62
FR0000074148 17/06/19 1 15.668.216 18,7 - 46,13 16,58 5,3 FR0011471135 17.940.035 5,06 - 29,96 2,8 FR0010112524 27/05/19 2,5 56.129.724 28 - 33,18 23,3 8,8 - 1,59 280
ATARI (ATA) g C 0,269 0,293 + 11,2 - 11,1 ESI GROUP (ESI) g C 29,8 29 - 10,77 NICOX (COX) g B 3,9 3,9 - 10,45 FR0000052870 20/06/19 0,6 9.836.241 - 18,42 216 60
7746235 0,329 +41,41 0,36 10879 32 -21,62 41 216712 4,14 +23,81 5,23
FR0010478248 267.782.050 0,255 - 16,28 0,17 FR0004110310 6.019.592 27,3 + 5,45 24,6 FR0013018124 33.469.770 3,8 - 30,85 2,53
AUBAY (AUB) g C 21,35
8525
20,85
21,45
- 3,47 - 37,67
+ 3,22 34,2
EURAZEO (RF) G A 45,5
170892
40,54
45,5
- 10,51 - 33,54
-14,44 67,05
NRJ GROUP (NRG) B 4,82
12496
4,9
4,99
+ 2,73 - 26,87
- 2,78 6,88
AUTRES VALEURS DE LA ZONE EURO
FR0000063737 08/11/19 0,33 13.193.296 20,75 - 34,64 15,32 1,58 FR0000121121 08/05/19 1,25 78.764.149 40,54 - 35,41 35,6 FR0000121691 03/06/19 0,17 78.107.621 4,81 - 30 4,5 3,47 EURONEXT (ENX) G A 74,7 71,8 - 0,21 - 1,17
AVENIR TELECOM (AVT) g C 0,013 0,011 - 8,07 - 6,56 EUROFINS SCIENTIFIC (ERF) G A 482,7 456,2 - 3,39 - 7,69 ONXEO (ONXEO) g B 0,503 0,534 + 10,1 - 3,78 113971 74,7 + 5,98 83,2
18915918 0,013 +23,91 0,017 38546 482,7 + 1,24 523,5 2010738 0,605 +48,33 0,663
FR0000066052 21/10/11 0,05 459.297.338 0,011 - 90,5 0,005 FR0000038259 03/07/19 2,45 17.915.265 449 + 24,1 393 0,63 NL0006294274 22/05/19 1,31 70.000.000 70,75 + 22,53 52,9 2,15
FR0010095596 61.117.851 0,5 - 37,03 0,3
AXWAY SOFTWARE (AXW) g B 16,2 15,45 - 3,44 + 24,6 EUROPCAR GROUPE (EUCAR) G B 1,83 1,656 - 8,31 - 61,79 ORPÉA (ORP) G A 96,56 91,04 - 5,68 - 20,35 NOKIA (NOKIA) R A 3,08 2,914 - 5,54 - 11,9 0,3
7836 16,2 - 0,64 18,4 1450973 1,85 - 2,59 4,688 166073 97,2 + 7,61 129 482595 3,08 +28,07 4,12 9,84
FR0011040500 02/07/19 0,4 21.210.546 15,1 + 11,15 10,55 2,59 FR0012789949 21/05/19 0,26 163.884.278 1,652 - 76,66 1,22 FR0000184798 12/07/19 1,2 64.615.837 90,3 - 16,25 69,1 1,32 FI0009000681 29/07/19 0,02 5.653.886.159 2,913 - 41,56 2,083 1,72
BAINS MER MONACO (BAIN) B 54 52,6 - 1,5 - 8,36 EUTELSAT COM. (ETL) G A 10,065 9,944 - 0,56 - 31,37 PHARMAGEST INT. (PHA) g 60,3 58,4 - 3,15 - 3,63 SES (SESG) LR 5,83 5,984 + 2,64 - 52,13
4991 54 + 1,54 67,6 849961 10,245 +13,67 14,825 7101 60,3 +18,94 65,9 2040906 6,062 + 0,77 14,165
MC0000031187 26/09/14 0,01 24.516.661 51 + 16,37 44 FR0010221234 21/11/19 1,27 232.774.635 9,902 - 36,36 7,996 12,77 FR0012882389 01/07/19 0,85 15.174.125 57 - 1,35 41,25 1,46 LU0088087324 23/04/19 0,68 370.693.490 5,648 - 59,8 4,87 13,37
BÉNÉTEAU (BEN) g B6 5,9 - 3,28 - 45,52 EXEL INDUSTRIES (EXE) B 39,1 39,9 + 2,31 - 14,38 PIERRE & VACANCES (VAC) g B 13,7 11,75 - 10,31 - 41,83 X-FAB SILICON (XFAB) g A 2,3 2,205 - 5,77 - 47,12
181546 6,28 + 1,37 10,9 1158 40 +17,35 47,8 26545 13,7 -10,85 33,9 318996 2,33 -25,63 6,08
FR0000035164 12/02/20 0,23 82.789.840 5,9 - 48,65 4,9 3,9 FR0004527638 13/02/19 1,14 6.787.900 39,1 - 44,12 31 FR0000073041 19/03/12 0,7 9.805.232 11,55 - 33,99 9,9 BE0974310428 130.781.669 2,16 - 56,93 1,868
BIC (BB) G A 49,66 48,44 - 1,98 - 21,87 FAURECIA (EO) LR A 31,17 29,11 - 3,96 - 39,39 PLASTIC OMNIUM (POM) G A 15,43 13,09 - 10,16 - 47,43
80359 50,5 - 4,36 66,05 395019 31,17 + 3,34 49,49 539592 15,43 -11,01 26,41
FR0000120966
BIGBEN INT. (BIG) g
03/06/19 3,45 45.532.240
C 11,64
47,82
11
- 37,54 41,86
- 2,66 - 31,42
7,12 FR0000121147
FDJ (FDJ) G
31/05/19 1,25 138.035.801
A 23,8
29,08
22,41
- 37,72 20,58
- 5,84 - 5,94
4,29 FR0000124570
PLASTIVALOIRE (PVL) g
02/05/19 0,74 148.566.107
B 3,84
13,02
3,695
- 51,96 12,01
- 2,38 - 46,6
5,65
VALEURS ZONE INTERNATIONALE
39813 11,8 + 8,7 17,1 238175 23,95 - 0,18 30,655 DIV 8 02/05/17 34295 3,84 - 6,34 7,48
FR0000074072 24/07/19 0,2 19.718.503 11 + 20,09 8,1 1,82 FR0013451333 191.000.000 22,41 + 14,92 18,3 FR0013252186 18/04/19 0,2 22.125.600 3,61 - 61,19 2,79 GENERAL ELECTRIC (GNE) 6,442 5,933 - 6,41 - 39,75 1,29
24311 6,496 - 7,31 12,1
BIOMÉRIEUX (BIM) G A 105,6 103,9 - 0,86 + 30,94 FFP (FFP) g A 65,9 60,8 - 6,46 - 41,54 PROLOGUE (PROL) g C 0,224 0,297 + 34,39 - 13,16
170455 106 +23,76 125,1 12887 66 - 5,88 105,6 US3696041033 USD 06/03/20 0,01 8.700.000.000 5,87 - 24,42 5,65
2957648 0,375 +45,59 0,387
FR0013280286 04/06/19 0,35 118.361.220 103 + 34,24 75 0,34 FR0000064784 20/05/19 2,15 24.922.589 60,8 - 41,87 42,15 3,54 FR0010380626 46.585.630 0,221 - 44,59 0,15 HSBC (HSB) 4,833 4,686 - 4,32 - 33,21 52,19
BOIRON (BOI) g A 32,9 32,5 - 1,22 - 10,71 FIGEAC AERO (FGA) g B 4,26 3,91 - 7,35 - 57,96 QUADIENT (QDT) G B 14,8 14,25 - 3,72 - 33,97 21230 4,833 - 8,13 7,121
5320 32,9 +15,04 37,15 44640 4,29 -15,91 9,69 31941 14,8 + 2,3 24,3 GB0005405286 USD 27/02/20 0,21 20.365.013.016 4,651 - 38,59 4,421
FR0000061129 30/05/19 1,45 17.545.408 31,15 - 37,98 26,75 4,46 FR0011665280 31.839.473 3,84 - 65,82 3,7 FR0000120560 02/08/19 0,53 34.562.912 14,22 - 33,78 11,5 3,72 LAFARGEHOLCIM LTD (LHN) A 35,3 34,11 - 4,11 - 30,32 4
BOLLORÉ (BOL) G A 2,438 2,314 - 5,16 - 40,51 FIN. ODET (ODET) A 562 560 - 28,39 RALLYE (RAL) A 6,95 7,05 - 0,7 - 30,34 48489 35,32 + 5,31 49,79
1758690 2,45 - 6,32 3,996 74 580 + 1,45 810 49641 7,09 +43,88 10,3 CH0012214059 CHF 20/05/19 2 615.929.059 33,65 - 25,73 26,89
FR0000039299 19/09/19 0,02 2.941.500.778 2,314 - 45,55 2,01 1,73 FR0000062234 04/06/19 1 6.585.990 554 - 36,94 497 0,18 FR0000060618 20/05/19 1 52.181.769 6,66 - 31,95 3,87 14,18
SCHLUMBERGER (SLB) A 14,9 13,5 - 8,16 - 62,4 3,45
BONDUELLE (BON) g B 19,6 19,4 - 1,02 - 16,74 FNAC DARTY (FNAC) G A 27,5 25,58 - 5,61 - 51,55 RAMSAY GDS (GDS) A 17,6 17,6 - 0,57 + 4,76 172219 14,9 - 5,92 36,9
7938 19,6 +11,49 23,9 56410 27,56 + 8,48 53,85 166 17,6 + 1,73 21,8
FR0000063935 06/01/20 0,5 32.538.340 19,18 - 31,93 16,58 2,58 FR0011476928 26.566.152 24,9 - 64,4 16,29 FR0000044471 02/12/14 1,4 110.389.690 17,25 + 4,76 15,2 AN8068571086 USD 11/02/20 0,5 1.385.122.304 12,85 - 67,23 11,05
BUREAU VERITAS (BVI) LR A 18,95 18,215 - 3,47 - 21,69 FONCIÈRE LYONNAISE (FLY) A 69,4 69 - 0,58 - 6,5 RECYLEX SA (RX) g C 2,15 2,065 - 2,13 - 39,18
515774 18,95 + 1,34 26,01 8128 69,4 - 4,7 83,4 18046 2,15 +14,09 3,66
FR0006174348 20/05/19 0,56 452.092.988 18,165 - 16,14 15,165 3,07 FR0000033409 23/04/19 2,65 46.528.974 66 + 7,14 58 FR0000120388 04/07/90 0,61 25.886.482 2,05 - 62,45 1,3
BURELLE SA (BUR) A 488 470 - 3,49 - 42,54 GECI INTERNATIONAL (GECP) g C 0,042 0,041 + 2,5 + 25 RÉMY COINTREAU (RCO) G A 103,1 101,5 - 1,55 - 7,31
164 488 -12,64 842 5452272 0,047 +60,78 0,07 80056 103,9 +16,33 118,1
FR0000061137 05/06/19 20 1.757.623 461 - 51,04 407 4,26 FR0000079634 01/10/01 0,1 210.245.083 0,04 - 65,89 0,018 FR0000130395 12/09/19 2,65 50.149.787 99,8 - 14,63 79,2 3,6
CARMILA (CARM) g C 11,4 10,74 - 4,96 - 46,3 GECINA (GFC) LR A 125,8 122,6 - 0,65 - 23,18 REXEL (RXL) G A 7,86 7,014 - 11,19 - 40,79
82463 11,4 -10,05 20 127860 127 - 1,45 183,6 1324931 7,916 - 5,42 13,415
FR0010828137 21/05/19 1,5 136.561.695 10,74 - 41,25 8,69 FR0010040865 04/03/20 2,8 76.411.605 120,9 - 7,54 88,5 FR0010451203 03/07/19 0,44 304.102.013 7,014 - 37,01 4,921 6,27
CASINO (CO) G A 36,2 35,2 - 2,22 - 15,59 GENFIT (GNFT) G B 15,95 15,68 - 1,32 - 11,16 ROBERTET (RBT) g B 805 805 - 0,49 - 12,78
329148 36,43 +18,76 42,85 288470 16,28 +41,01 19,17 674 812 +11,03 1068
FR0000125585 09/05/19 1,56 108.426.230 35,16 - 7,73 27,92 4,43 FR0004163111 38.858.617 15,53 - 30,43 8,905 FR0000039091 27/06/19 5,6 2.170.247 787 + 42,73 662 0,7

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Les Echos Jeudi 16 avril 2020 FINANCE & MARCHES // 33

euronext//taux&changes
ACTIONS ACTIONS ACTIONS ACTIONS
EURONEXT HORS SRD FRANÇAISES EURONEXT HORS SRD Suite FRANÇAISES EURONEXT HORS SRD Suite FRANÇAISES EURONEXT HORS SRD Suite FRANÇAISES

ISIN VALEUR OUV +HT +BS CLÔT ÉCART VOL ISIN VALEUR OUV +HT +BS CLÔT ÉCART VOL ISIN VALEUR OUV +HT +BS CLÔT ÉCART VOL ISIN VALEUR OUV +HT +BS CLÔT ÉCART VOL
FR0013341781 2CRSIg C 2,5 2,5 2,215 2,22 - 7,88 72942 FR0013399474 GENKYOTEXg C 2,37 2,37 2,05 2,05 - 8,89 45597 FR0004052561 PROACTIS C 0,099- 7,01 GA0000121459 TOTAL GABON A 95,6 96,6 94,2 94,2 - 1,67 878
FR0013185857 ABEOg C 9,34 9,48 8,9 9,12 - 1,94 3221 FR0011799907 GENOMIC VISIONg C 0,435 0,52 0,406 0,423 + 1,56 8824536 FR0012613610 PRODWAYS GROUPg C 2,56 2,8 2,16 2,39 - 0,83 373258 BMG9887P1068 ZCI LIMITED C 0,02
FR0012616852 ABIONYX PHARMAg B 1,29 1,29 1,05 1,15 - 11,54 777419 FR0000061459 GÉRARD PERRIER B 50 51 49 49 - 1,61 615 FR0000060329 PSB INDUST.g B 16,8 16,8 15,6 15,6 - 2,5 5763
FR0000064602 ACANTHE DEV. C 0,4 0,4 0,394 0,4 15709 FR0000065971 GRAINES VOLTZ C 66 66 64,5 64,5 - 0,77 341 FR0000075954 RIBERg C 1,435 1,45 1,37 1,4 - 2,44 30020
FR0000076861 ACTEOSg C 1,21 1,21 1,16 1,2 - 0,83 2484 FR0004076891 GROUPE FLOg B 0,125 0,125 0,121 0,123 - 1,99 52999 FR0000045601 ROBERTET B 630
BE0974269012 AD CAPITAL
FR0000062978 ADL PARTNERg C 9,98 10 9,86
0,11
9,86 - 1,2 351
FR0000124232 GROUPE IRD
FR0004010338 GROUPE JAJ
C
C
21,45 21,45
1,07 1,07
21,45
1,07
21,45
1,07 - 2,73
1
1250
FR0000045619 ROBERTET
FR0013344173 ROCHE BOBOIS
B
B 14,55 14,55 14,1
150
14,1 - 2,76 351 EURONEXT GROWTH (Sélection)
FR0012821890 ADUX (EX:HI MEDIA)g C 1,25 1,25 1,195 1,21 - 3,2 4815 FR0004050300 GROUPE OPENg C 7,9 8,25 7,77 7,95 + 0,89 10744 FR0000060071 S.A.M.S.E. B 114 114 109 109 - 4,39 257 ISIN VALEUR OUV +HT +BS CLÔT ÉCART VOL
FR0004152874 ADVENISg C 1,16 1,25 1,16 1,25 + 7,76 2251 FR0012612646 GROUPE PARTOUCHE 18,2 18,45 18 18,05 - 0,82 578 FR0000060121 SABETON C 19
FR0010641449 AGROGENERATION 0,088 0,103 0,082 0,088 + 3,28 1657547
FR0013296746 ADVICENNEg C 8,54 8,54 7,56 7,58 - 11,45 10214 FR0010214064 GROUPE PIZZORNO C 11,9 12,2 11,2 11,7 - 0,85 488 FR0006239109 SCBSMg C 7,1 7,1 7 7 - 1,41 889
FR0013410370 AUPLATA 0,235 0,24 0,21 0,218 - 5,84 3323455
FR0000053043 ADVINI C 20,6 21,8 20 21,2 + 3,92 1201 FR0004155000 GROUPE SFPIg C 1,18 1,24 1,11 1,14 - 0,44 22332 FR0000039109 SÉCHÉ ENV.g B 32,6 32,95 31,2 31,3 - 3,54 6218
FR0012788065 BIOCORP 15,15 16,2 15 15 + 0,67 51420
FR0013421286 ALPHA MOS C 1,19 1,28 1,15 1,2 -4 4961 FR0000066722 GUILLEMOT CORP.g C 2,54 2,55 2,32 2,4 - 3,61 53813 FR0004175842 SELECTIRENTE B 77,5 77,5 77,5 77,5 1
FR0012816825 BIOPHYTIS 2,4 2,4 1,35 1,51 - 43,02 15154230
FR0000053837 ALTAMIR B 15,402 15,402 15,05 15,07 - 2,16 4957 FR0000038531 HF COMPANY C 3,19 3,21 3,11 3,11 - 2,81 3709 FR0011950682 SERGEFERRARI GROUPg C 3,97 3,97 3,95 3,95 - 0,5 3693
FR0011053636 BLOCKCHAIN GROUP 0,225 0,23 0,207 0,213 - 7,39 200200
FR0000039216 ALTAREIT B 472 472 472 472 1 FR0012821916 HIPAY GROUPg C 2,75 2,84 2,75 2,83 + 1,8 2434 FR0000060790 SIGNAUX GIROD g C 9,96 9,98 9,96 9,96 76
FR0011648716 CARBIO 16,32 16,9 13,54 14,8 - 9,43 228998
FR0000034639 ALTRAN TECHNOLOGIESG A 14,77 FR0000065278 HOPSCOTCH GROUPEg C 4,14 4,19 3,99 4,04 - 0,25 7545 FR0000074122 SIIg C 17,8 18,1 17,7 18 2292
FR0010907956 CARMAT 19,18 19,64 17,34 17,52 - 6,91 45948
FR0011051598 AMOEBAg C 1,3 1,346 1,076 1,116 - 7 1941342 FR0000051393 IDI B 33,7 33,7 33 33 - 2,94 626 FR0004016699 SMTPCg B 19,2 19,2 18 18,3 - 0,81 2954
FR0010879056 DEINOVE 0,978 1,345 0,856 0,912 + 15,15 1884296
FR0013258589 ANTALISg B 0,704 0,716 0,702 0,714 + 1,42 128372 FR0000030827 IGE + XAOg C 140 140 135 136 82 FR0010209809 SOC. FR. CASINOS C 1,38
FR0010436584 DNXCORPg 5,32 5,42 5,3 5,3 3212
FR0004037125 APRIL GROUP B 21,9 21,9 21,9 21,9 812 FR0004035913 ILIADG A 133 133,85 130,35 131,15 - 1,69 91208 FR0000072563 SODIFRANCE C 15,9 15,9 15,7 15,7 - 1,88 412
FR0004030708 ENCRES DUBUITg 3,4 3,7 3,34 3,7 + 8,82 1352
FR0010481960 ARGAN A 69,6 69,8 68,2 68,6 - 2 4134 FR0000033243 IMMO. DASSAULT B 63 63 61 61,6 - 1,91 397 FR0000078321 SODITECH ING. C 0,51
FR0000035818 ESKER 105,8 105,8 97,5 97,9 - 7,64 8799
FR0012185536 ARTEA C 8,65 8,65 8,65 8,65 + 0,58 1 FR0000066219 IND. FIN. ENT. C 41 FR0000038804 SOFIBUS B 188 192 188 192 5
FR0004166197 EVOLIS 30 30 30 30 + 6,38 120
FR0000076952 ARTOIS A 3800 FR0000071797 INFOTELg C 31,2 31,3 30,2 30,3 - 2,57 4600 FR0000065864 SOGECLAIRg C 19 19 18,5 18,5 - 2,63 455
FR0013256518 EUROFINS CEREP 6000
FR0011992700 ATEMEg C 12,6 12,6 11,8 12,24 - 2,86 13782 FR0000064297 INNELEC MULT.g C 3,03 3,03 2,92 3,01 - 2,27 3037 FR0000131732 SPIR COM.g C 4,84 4,9 4,84 4,9 + 1,66 2231
FR0000044810 EUROPLASMA 0,002 0,002 0,001 0,001 - 6,67 376122669
FR0000061780 AUGROS CP C 4,6 4,6 4,6 4,6 - 3,36 166 FR0000060451 INSTALLUX SA C240 240 240 240 5 FR0000054199 ST DUPONT C 0,073 0,074 0,07 0,072 - 3,21 421702
FR0010342329 GAUSSIN 0,13 0,13 0,121 0,122 - 7,88 3268864
FR0000039232 AUREA g C 4,66 4,66 4,48 4,48 - 4,27 1796 FR0000064958 INTEXA C 2,5 FR0010949404 STENTYS C 0,46
FR0012819381 GROUPE GUILLIN 13,68 14,02 13,44 13,9 + 1,61 11875
FR0013183589 AURES TECH.g C 16,2 16,2 15,3 15,35 - 4,36 2318 FR0013233012 INVENTIVAg B 4 4 3,7 3,72 - 7 36102 FR0010526814 SUPERSONIC IM.g C 1,46 1,46 1,375 1,375 - 3,85 1220
FR0000075442 GROUPE LDLCg 12,25 13,9 11,35 11,75 - 1,67 15426
FR0011800218 AWOXg C 0,61 0,73 0,61 0,64 + 5,26 224731 FR0000072597 IT LINKg C 9,62 9,62 9,2 9,2 - 4,37 2359 FR0000063307 TAYNINH C 1,14
FR0013204070 GROUPE PAROT 2,36 2,55 2,11 2,27 - 2,58 3341
FR0000064123 BACCARAT B 192 FR0004026151 ITESOFTg C 2,42 2,42 2,38 2,38 - 1,65 1244 FR0004529147 TESSI B 70,8 70,8 69 69,8 - 0,29 82
FR0000077562 HIOLLE INDUSTRIES 2,96 3,02 2,9 3,02 + 2,03 3641
FR0013258399 BALYOg C 0,799 0,93 0,762 0,764 - 2,3 809341 FR0012872141 JACQUES BOGART g C 6,52 6,52 6,32 6,32 - 2,77 2833 FR0000066482 TIPIAK C 67 67 67 67 8
FR0004153930 HYBRIGENICS 0,447 0,447 0,286 0,29 - 35,27 11770854
FR0000062788 BARBARA BUI C 6 FR0004029411 KEYRUSg C 1,99 2,08 1,905 1,905 - 2,06 10036 FR0000060949 TIVOLY C 15,8 15,8 15,5 15,5 - 1,9 125
FR0010458729 IMPLANET 1,55 2,16 1,5 2,16 + 40,26 861638
FR0004023208 BASSAC B 36 37 35,6 36,2 + 1,69 860 FR0000039638 LA FONCIÈREVERTE C 84 FR0000033003 TOUAXg C 3,49 3,55 3,45 3,45 - 1,15 7691
FR0004027068 LANSON-BCC 20,8 20,8 20,2 20,8 444
FR0000035370 BASTIDEg C 35 36,95 33,6 33,7 - 3,44 17105 FR0000066607 LACROIX SAg C 20 20,5 19,5 19,5 - 4,41 718 FR0000036816 TOUR EIFFEL g B 29,4 29,9 28,3 28,5 - 2,73 3466
FR0000075673 LE TANNEUR 2,96
FR0000121857 BEL A268 268 268 268 10 FR0000035263 LAFUMA C 14,5 FR0000054215 UNIBEL A 545
FR0004155687 MASTRAD 0,378 0,378 0,35 0,376 + 7,43 359
FR0000062150 BLEECKER B 152 FR0000032278 LATECOEREg C 2,04 2,04 2,005 2,005 - 1,47 19529 FR0000034548 UNION FIN.FRANCE g B 16,35 16,5 15 15,35 - 7,25 13251
FR0000061244 MECELEC 1,82 1,82 1,79 1,79 - 2,19 2185
FR0011592104 BLUE SOLUTIONS B 16,9 16,9 16,9 16,9 530 FR0006864484 LAURENT-PERRIER B 78,4 79,2 78 78 - 1,52 223 FR0000074197 UTIg C 0,398 0,402 0,39 0,398 + 5,85 7835
FR0011584549 MNDg 0,108 0,113 0,105 0,107 - 0,93 168179
FR0011814938 BOOSTHEAT C 8,76 8,98 8,62 8,62 - 1,6 2818 FR0000121295 LEBON C 94,8 94,8 92,6 93 - 1,9 67 FR0000062465 VERNEUIL PART. C 1,64 1,64 1,64 1,64 + 12,33 30
FR0004034320 MR BRICOLAGE SA 2,76 3,02 2,76 2,98 + 10,37 6600
FR0004548873 BOURBONg A 3,675 FR0004165801 LES HÔTELS DE PARIS C 3,16 3,16 3,16 3,16 511 FR0004186856 VETOQUINOL B 56 56 54 55,8 4397
FR0004032746 NEOVACS 0,058
FR0000074254 BOURSE DIRECT C 1,6 1,6 1,41 1,49 - 2,61 66128 FR0013233475 LYSOGENE g C 3,67 4,01 2,98 3,15 - 12,5 731978 FR0000066680 VIDELIO (EX:IEC) C 1,56 1,59 1,56 1,59 + 1,92 201
FR0000030074 MALTERIES FR-B C580 580 580 580 - 0,86 4 FR0004171346 NEXTEDIA 0,425 0,438 0,415 0,424 - 3,42 38509
FR0000078958 BUSINESS ET DEC. C 7,85 FR0000050049 VIEL ET CIE C 4,81 4,81 4,74 4,74 - 1,66 292
FR0000032302 MANUTAN INTER. B 52 53,4 48 48 - 4,76 1845 FR0000064529 NSC GROUPE 65,5
FR0010151589 CAFOM C 3,06 3,06 3,06 3,06 1 FR0000035719 VIKTORIA INVEST C 3,28
FR0000051070 MAUREL & PROMg A 1,618 1,618 1,514 1,536 - 3,52 188142 FR0000061608 PISCINES DESJOYAUX 10,6 10,7 10,6 10,6 533
FR0012969095 CAPELLIg 23 24,7 20,8 20,9 - 8,33 3116 FR0000065765 VISIODENT C 2,4
FR0011742329 MCPHY ENERGYg 5,14 5,15 4,5 4,705 - 7,02 89001 FR0000066441 POUJOULAT 22 22 22 22 10
FR0000064156 CARP.DE PARTIC. C 38 FR0004183960 VOLUNTISg C 1,28 1,4 1,22 1,29 60067
FR0000052623 DEDALUSg C 0,6 0,66 0,485 0,485 - 11,82 1140093 FR0004044600 PRISMAFLEXg 4,16 4,16 4,16 4,16 1
FR0000072894 CASTg C 2,09 2,18 2,01 2,03 - 2,4 13129 FR0011995588 VOLTALIA A 14,12 14,2 13,5 13,5 - 5,46 44580
FR0000064404 MÉDIA 6g C 6,75 6,75 6,5 6,75 750 FR0012452746 SAFE ORTHOPAEDICSg 0,68 0,83 0,66 0,68 - 0,06 629714
FR0000064446 CATERING INTER.g B 8,56 8,56 7,94 8 - 5,88 9150 FR0000062796 VRANKEN-POMMERY M. B 14,55 14,55 14,1 14,3 - 1,72 2429
FR0004065605 MEDINCELL C 14,25 14,3 12,3 12,3 - 13,99 90447 FR0004197747 THERADIAG 1,94 1,96 1,65 1,66 - 13,99 373891
FR0010193979 CBO TERRITORIA C 3,37 3,37 3,18 3,21 - 3,89 77484 FR0004034072 XILAM ANIMATIONg C 36,8 36,8 34,9 35,3 - 1,67 3935
FR0010298620 MEMSCAPg C 0,882 0,918 0,872 0,872 31879 FR0013263878 UMANIS 4,96 4,96 4,9 4,9 - 3,16 4344
FR0000053506 CEGEDIM B 26,1 26,3 23,9 24 - 8,05 7670 FR0011471291 YMAGISg 0,798
FR0000077570 MICROPOLEg C 0,95 0,978 0,94 0,974 + 1,46 14554 FR0004155240 VERGNET 0,34 0,438 0,34 0,36 + 28,57 3778436
FR0010309096 CEGEREAL B 38,2 38,2 37,8 37,8 - 1,05 86
FR0000060196 MRM C 1,04 1,05 1,04 1,05 - 1,87 6169 FR0004045847 VOY. DU MONDE 60 60,8 59 60 1680
FR0012633360 CELLNOVO C
AUTRES VALEURS DE LA ZONE EURO
0,128
FR0000037475 CFI C 1,22 1,22 1,21 1,21 + 30,81 452 FR0000037970 MUSÉE GRÉVIN C 53

FR0000060907 CHAUSSERIA SA C 4,1 FR0013482791 NACON B 5,34 5,4 5,08 5,26 + 2,14 59089
LU0569974404 APERAMG A 21,4 21,58 19,57 19,685 - 8,27
FR0000054322 CIBOX INTER.g
FR0000079659 CIE DU CAMBODGE
C 0,39
A
0,39 0,166 0,168 +101,44 8585752
4900
FR0013018041 NAVYAg
FR0004154060 NETGEMg
B 0,91
C 0,908 0,912
1,08 0,83
0,872
0,9 + 15,39
0,872 - 3,75
485478
22947
BE0974260896 CELYAD C 8,2 8,32 7,53 7,66 - 5,43 48403 CERTIFICAT/FONDS INVESTIR 10
NL0010949392 CNOVA B 2,98 3 2,98 2,98 893 INVESTIR 10 GRANDES VALEURS I10GS - FR0011630474 99,52 -3,19
FR0013426004 CLARANOVAg B 4,12 4,12 3,8 3,802 - 7,27 396510 FR0004050250 NEURONES B 18,9 18,9 18,55 18,8 - 0,53 2444
IE00BJYS1G50 MAINSTAY MEDICAL 3,3 - 6,29 INVESTIR PEA PALATINE FR0013284114 85,51 1,70
FR0000060824 CLAYEUX C 0,228 FR0012789386 NEXTSTAGE C 87,5 87,5 87,5 87,5 1
BE0003853703 MONTEA CVA 80 80 75,2 75,2 - 4,45
FR0000053399 CNIM GROUP C 12,6 12,6 11,8 12,4 - 0,8 1147 FR0000052680 OENEOg B 10,8 10,8 10 10,08 - 2,33 3772
FR0013335742 COGELECg C 5,06 5,38 4,89 4,92 - 1,6 4769 FR0010428771 OL GROUPEg C 2,26 2,26 2,2 2,22 + 0,45 36726
FR0004031763 COHERISg C 1,675 1,675 1,675 1,675 + 1,21 293 FR0000075392 ORAPIg C 9,18 9,36 8,6 8,96 - 4,48 92746 VALEURS ZONE INTERNATIONALE
FR0000065393 COURTOIS C 106 106 106 106 1 FR0013190410 ORCHESTRA-PRE.g C 0,179

FR0000044323 CR ALPES PROV. C 109,2 109,2 109 109 - 0,07 12 FR0010609206 OREGE 0,788 0,788 0,714 0,736 - 5,64 13596 US00774B2088 AERKOMM INC. B 38

FR0000185506 CR ATL. VENDÉE C 142 143 142 143 + 0,7 11 FR0012127173 OSE IMMUNOg C 4,47 4,47 4,17 4,24 - 5,36 61020 CH0008853209 AGTA RECORD B 65,5 65,5 65,5 65,5 + 0,77 233
FR0010483768 CR BRIE PICARD. B 25,795 25,795 25,1 25,12 - 2,64 1085 FR0013318813 PARAGON IDg C 36 36 31 31 - 12,92 1501 US1491231015 CATERPILLAR INC. 117 117 117 117 + 10,38 10
FR0000045213 CR ILLE VILAINE C 97,99 98 93 98 + 0,01 253 FR0010263202 PAREF C 64 64 63 63 - 1,56 15 SN0000033192 CFOA C 8 8 8 8 - 10,62 110
FR0010461053 CR LANGUEDOC B 72 72 70 70 - 2,78 127 FR0004038263 PARROT B 2,19 2,39 2,17 2,2 - 0,45 15638 GB0002374006 DIAGEO 30,5 30,755 30,3 30,755+ 0,85 185
FR0000045239 CR LOIRE HTE-LOIRE C 85,05 85,99 84 85,99 + 1,11 273 FR0000038465 PASSATg C 3,9 4,02 3,9 3,94 - 1,99 1261 CI0000053161 FORESTIÈRE EQ. C 680

FR0000045551 CR MORBIHAN B 94,99 95 91,5 95 536 FR0011027135 PATRIMOINE & COM B 14 14,3 13,7 13,7 - 1,08 4222 CH0308403085 GENEURO B 3,15 3,2 3 3 - 4,46 3040
FR0000185514 CR NORD FRANCE B 23,5 23,79 23 23,5 1144 FR0000053514 PCAS B 9 -1 MA0000011488 MAROC TELECOM 11,7 11,7 11,2 11,2 - 1,75 2806
FR0000044364 CR NORM. SEINE B 126,52 129 126,5 126,5 - 0,39 121 FR0012432516 POXELg C 6,97 7,35 6,22 6,54 - 2,53 482684 US58933Y1055 MERCK AND CO INC 70 75,8 70 75 + 1,35 630
FR0000045528 CR PARIS IDF B 87 87 82,35 85,17 + 4,41 704 FR0000060832 PRECIA C 157 - 2,86 CH0008175645 TELEVERBIER C 44

FR0000045346 CR RHÔNE-ALPES B 189 189 183,1 187,14 - 0,98 378

FR0000045544 CR TOULOUSE C 115,5 115,5 111 111,5 - 3,46 363
FR0000045304 CR TOUR. POITOU C 112,2 112,2 112,2 112,2 + 0,39 1
FR0000050395 CROSSWOOD
FR0007317813 CS GROUPg
C
C 3,56 3,56 3,47
4,64
3,47 - 0,57 2910 TAUX ET CHANGES
FR0011026749 DALETg C 9,8 9,8 9,8 9,8 1
FR0013283108 DELTA PLUS GROUPg B 43,5 44,3 42,7 43,2 - 1,82 5696
CHANGES : COURS AU COMPTANT COURS DE CHANGES CROISÉS TAUX MARCHÉS MONÉTAIRES ET EURODEVISES MARCHÉ OBLIGATAIRE
FR0000035784 DIGIGRAM C 1,01 1,04 1,01 1,04 +4 10871
15-04-2020 VAR. VAR. 15-04-2020 EUR USD GBP CHF SEK DKK JPY (100) CAD MARCHÉS MONÉTAIRES
FR0012202497 DMSg C 2,4 2,47 1,8 1,9 - 18,46 1048909 COURS VEILLE ANNÉE 15-04-2020 JOUR 1 MOIS 3 MOIS 6 MOIS 1 AN EUROMTS INDICE VAR % 31/12 VAR %
FR0000065260 DOCKS PÉTROLES A C 414 1 EURO EN DEVISE BCE EN % EN % EUR 1 0,9162 1,1467 0,9499 0,0913 0,134 0,8526 0,6495
ZONE EURO-0,43/-0,73-0,25/-0,55 -0,18/-0,48 -0,16/-0,46 -0,12/-0,42
FR0010099515 ECAg B 24,4 24,4 24 24,1 - 1,23 3103 DOLLAR US 1,0915 -0,67 -2,73 USD 1,0915 1 1,2515 1,0368 0,0997 0,1463 0,9303 0,7089 FRANCE 244,69 0.19 256,93 -4.94
LIVRE STERLING 0,872 0,21 3,01 GBP 0,872 0,799 1 0,8285 0,0796 0,1169 0,7434 0,5665 ECARTS DE TAUX AVEC L’ALLEMAGNE 1-3 ANS 169,77 0.78 171,44 -0.09
FR0000072373 EGIDEg C 0,668 0,67 0,64 0,668+ 3,73 14598
FRANC SUISSE 1,0527 -0,19 -3,02 CHF 1,0527 0,9645 1,2069 1 0,0961 0,1411 0,8973 0,6837 15-04-2020 6 MOIS 2 ANS 5 ANS 7 ANS 10 ANS
FR0000031023 ELECT. STRASBOURG B 101,5 101,5 100 100 - 0,99 640 COURONNE DANOISE 7,4624 -0,01 -0,14 5-7 ANS 243,34 -0.14 246,41 -1.11
SEK 10,9504 10,0327 12,5554 10,4026 1 1,4673 0,0933 7,1123 ALLEMAGNE 100,26 -0,60 -0,64 -0,56 -0,44
FR0012650166 ENGIE EPSg C 5,8 5,98 5,6 5,6 - 0,71 5399 COURONNE NORV. 11,4706 1,31 16,13 10-15 ANS 315,53 0.27 319,09 -1.27
KUNA CROATE 7,6104 -0,03 2,22 DKK 7,4624 6,8375 8,5561 7,0891 0,6815 1 6,3608 4,8468 PORTUGAL -0,26 1,22 0,85 1,07 1,24
FR0000120669 ESSOg B 18 18,05 17,1 17,1 - 5 4578 FRANCE -0,10 0,08 0,37 0,40 0,53 PLUS 15 ANS 402,02 1.00 395,77 0.58
COURONNE SUEDOISE 10,9504 0,42 4,33 JPY 1,1729 1,0749 134,5137 111,44 10,7136 0,1572 1 0,7623
FR0000061475 EURASIA FONC INV C 0,24 0,24 0,24 0,24 + 8,11 250 DOLLAR CANADIEN 1,5397 0,94 5,68 ESPAGNE -0,24 0,54 0,94 1,15 1,29 PLUS 25 ANS 435,93 1.40 422,19 1.83
CAD 1,5397 1,4106 1,7653 1,4626 0,1406 20,632 1,3118 1
FR0000075343 EUROMEDIS GROUPE C 15,8 16 14,2 14,5 - 8,23 55268 YEN JAPONAIS 117,2855 -0,38 -3,83 ITALIE -0,39 1,29 1,17 1,97 2,24 EMTXI-BE 248,26 -0.02 250,19 -0.75
FR0010490920 EUROPACORPg C 0,659 0,664 0,597 0,6 - 8,95 142614 DOLLAR AUSTRALIEN 1,7254 1,17 7,88
ROUBLE RUSSE 82,0725 2,28 18,16
FR0000054678 EURO RESSOURCES C 3,03 3,13 2,98 3,03 21626 ROUPIE INDIENNE 83,5772 0,07 4,46 COURS A TERME DE L’EURO CONTRE LES PRINCIPALES DEVISES
FR0000064164 EXACOMPTA CLAIREF. C 105 105 105 105 + 0,96 20 DOLLAR NEO-ZELANDAIS 1,8204 1,18 9,10
FR0000037343 EXPL. PROD. CHIM. C 700
COURONNE TCHEQUE 27,0565 0,80 6,48 15-04-2020 USD GBP CHF SEK DKK JPY (100) CAD INDICES DE RÉFÉRENCE DES EMPRUNTS À TAUX VARIABLES SOURCE CDC IXIS

FORINT HONGROIS 351,17 -0,14 6,06 MOY. TMM EURIBOR TME TMOR. MOY. EONIA EURIBOR TEC THE THOR.
FR0000039026 EXPL. & PROD. CHIM. C 680 ZLOTY POLONAIS 4,5404 0,43 6,37 COMPTANT
MENS. 1 MOIS 3 MOIS PUB. PRIV. HEBDO 1 MOIS 3 MOIS 10 PUB. PRIV.
FR0000062341 F.I.E.B.M. C 4,26 LEV BULGARE 1,9563 -0,01 0,00 ACHAT 1,0913 0,8719 1,0526 10,9465 7,4607 117,3000 1,5395
FR0000062507 F.I.E.B.M. C 105
DOLLAR HONG-KONG 8,4599 -0,67 -3,16 VENTE 1,0916 0,8721 1,0528 10,9538 7,4640 117,3200 1,5397 DÉC. 17 -0,3411 -0,369 -0,328 0,62 0,82 0,82 06-03 -0,456 -0,513 -0,469 -0,32 -0,26 -0,06 -0,06
WON SUD COREEN 1336,1682 0,37 3,12 JANV. 18 -0,3614 -0,369 -0,328 0,82 1,02 1,02 09-03 -0,455 -0,501 -0,473 -0,36 -0,26 -0,06 -0,06
FR0000038184 F.I.P.P. C 0,185 0,188 0,185 0,188 4000 PESO MEXICAIN 26,2976 2,27 23,79 A 1 MOIS
REAL 5,7334 1,05 27,20 FÉV. 18 -0,3649 -0,37 -0,329 0,97 0 1,17 10-03 -0,456 -0,496 -0,468 -0,29 -0,26 -0,06 -0,06
FR0000063034 FAUVET-GIREL C 31,4 ACHAT 0,0011 -0,0004 0,0000 0,0325 -0,0015 0,1267 0,0065
DOLLAR SINGAPOUR 1,5537 0,03 2,93 MARS 18 -0,3628 -0,371 -0,328 0,85 0 1,05 11-03 -0,454 -0,513 -0,482 -0,26 -0,26 -0,06 -0,06
FR0011271600 FERMENTALGg C 1,186 1,186 1 1 - 10,23 224630 VENTE 0,0013 -0,0007 -0,0001 0,0326 0,0006 0,1177 0,0053
RAND SUD-AFRICAIN 20,4423 1,59 30,12 AVR. 18 -0,3648 -0,372 -0,329 0,80 0 1,00 12-03 -0,456 -0,503 -0,473 -0,32 -0,26 -0,06 -0,06
FR0000062101 FERMIÈRE CANNES B1160 1160 1150 1150 - 3,36 4 LIVRE TURQUE 7,5327 0,57 12,85 A 3 MOIS MAI 18 -0,3628 -0,371 -0,326 0,83 0 1,03 13-03 -0,458 -0,52 -0,489 -0,04 -0,27 -0,07 -0,07
FR0000061418 FIDUCIAL OFFICE C 27,6 27,6 27,6 27,6 1 RENMIBI YUAN 7,7141 -0,41 -1,21 ACHAT -0,0005 -0,0003 0,0006 0,0248 0,0013 0,1356 0,0055 JUIN 18 -0,3614 -0,37 -0,322 0,83 0 1,03 16-03 -0,455 -0,48 -0,428 0,06 -0,27 -0,07 -0,07
FR0000060535 FIDUCIAL RE B 167 167 167 167 1 RUPIAH 16986,8638 -1,10 9,05 VENTE -0,0006 -0,0017 0,0003 0,0246 0,0025 0,1285 0,0042 JUIL. 18 -0,3636 -0,37 -0,321 0,68 0 0,88 18-03 -0,451 -0,495 -0,408 0,30 -0,27 -0,07 -0,07
PESO PHILIPPIN 55,329 -0,72 -2,60 AOÛT 18 -0,359 -0,369 -0,319 0,73 0 0,93 19-03 -0,446 -0,478 -0,408 0,30 -0,27 -0,07 -0,07
FR0000076986 FIN. MONCEY B 4460 RINGGIT MALAIS 4,7374 -0,46 3,15 A 6 MOIS
BATH THALANDAIS 35,7043 -0,52 7,12 SEPT. 18 -0,3609 -0,371 -0,319 0,79 0 0,99 20-03 -0,444 -0,474 -0,393 0,17 0,19 0,39 0,39
FR0000035123 FINATIS B 27,2 27,2 27 27 + 8 5 ACHAT -0,0031 -0,0032 0,0019 0,0100 0,0042 0,1901 0,0030
OCT. 18 -0,3662 -0,37 -0,318 0,86 0 1,06 23-03 -0,441 -0,45 -0,371 0,10 0,19 0,39 0,39
FR0000074759 FLEURY MICHON C 23,8 23,8 23,2 23,8 894 VENTE -0,0032 -0,0035 0,0005 0,0103 0,0015 0,1113 0,0013
NOV. 18 -0,3614 -0,369 -0,316 0,81 0 1,01 24-03 -0,439 -0,445 -0,369 0,14 0,19 0,39 0,39
FR0000065930 FONCIÈRE 7 INV. C A 12 MOIS
0,625
PRINCIPAUX TAUX DIRECTEURS DÉC. 18 -0,3608 -0,367 -0,312 0,74 0 0,94 25-03 -0,44 -0,457 -0,373 0,21 0,19 0,39 0,39
FR0000064362 FONCIÈRE ATLAND C 153 153 152 152 - 0,65 4 ACHAT -0,0086 -0,0070 0,0032 -0,0170 0,0097 0,2439 -0,0042 FÉV. 19 -0,3668 -0,366 -0,308 0,58 0 0,78 26-03 -0,442 -0,458 -0,369 0,21 0,19 0,39 0,39
PAYS TAUX DE RÉFÉRENCE TAUX EN %
FR0000038499 FONCIÈRE EURIS B 11 11 11 11 20 VENTE -0,0089 -0,0078 0,0027 -0,0240 0,0031 0,0385 -0,0062 MARS 19 -0,3671 -0,367 -0,309 0,44 0 0,64 27-03 -0,442 -0,443 -0,349 -0,05 0,23 0,43 0,43
FR0010341032 FONCIÈRE INEA B 40 40 38,5 39,9 - 0,25 550 BCE TAUX PRET MARGINAL 0.25 % MARS 19 -0,3671 -0,367 -0,309 0,35 0 0,55 30-03 -0,444 -0,438 -0,353 -0,09 0,23 0,43 0,43
Taux repo (refi) 0.00 % MAI 19 -0,3657 -0,369 -0,311 0,34 0 0,54 31-03 -0,445 -0,436 -0,353 -0,04 0,23 0,43 0,43
FR0011277391 FONCIÈRE PARIS NORDg C 0,025 0,026 0,025 0,025 - 1,96 96347 TAUX BONS DU TRÉSOR
Taux depoT -0.50 % JUIN 19 -0,3548 -0,369 -0,311 0,14 0 0,34 01-04 -0,443 -0,423 -0,363 -0,02 0,23 0,43 0,43
FR0000053944 FONCIÈRE VOLTA C 5,2 5,5 5,2 5,5 + 7,84 540 JUIL. 19 -0,3669 -0,395 -0,365 -0,01 0 0,19 02-04 -0,437 -0,468 -0,343 0,08 0,23 0,43 0,43
ROYAUME UNI TAUX JOUR LE JOUR -0.10 % BTF TAUX
FR0013030152 FRANÇAISE ENERGIEg C 15,2 15,2 15 15,15 - 0,33 1386 Taux de base 0.75 % AOÛT 19 -0,3608 -0,41 -0,408 -0,27 0 -0,07 03-04 -0,442 -0,454 -0,336 0,04 0,13 0,33 0,33
1 MOIS -0,56
FR0010588079 FREY B 32 32 32 32 143 USA TAUX JOUR LE JOUR 0.09 % 3 MOIS -0,56 SEPT. 19 -0,4036 -0,448 -0,416 -0,21 0 -0,01 06-04 -0,449 -0,438 -0,341 0,07 0,13 0,33 0,33
FR0000031973 FSDV C 30 fonds federaux 0.25 % 6 MOIS -0,51 OCT. 19 -0,4643 -0,448 -0,416 -0,10 0 0,10 07-04 -0,454 -0,431 -0,318 0,11 0,13 0,33 0,33
2 ans 0.32 % NOV. 19 -0,4525 -0,457 -0,413 0,02 0 0,22 08-04 -0,448 -0,406 -0,293 0,15 0,13 0,33 0,33
FR0000030611 GALIMMO C 18,4 18,4 18,4 18,4 1 10 ans 0.76 % 9 MOIS -0,49
1 AN -0,46 DÉC. 19 -0,4565 -0,453 -0,395 0,08 0 0,28 09-04 -0,448 -0,379 -0,254 0,16 0,13 0,33 0,33
FR0000034894 GAUMONT B 99 99 94,6 94,6 - 4,06 102 JAPON BOJ TOKYO -0.10 % 2 ANS -0,50 JANV. 20 -0,4524 -0,456 -0,39 0,05 0 0,25 13-04 -0,45 -0,387 -0,22 0,16 0,13 0,33 0,33
FR0000053035 GEAg C 87 90 87 90 + 4,65 96 Taux jour le jour -0.25 %
5 ANS -0,26 FÉV. 20 -0,4546 -0,456 -0,39 -0,13 0 0,07 14-04 -0,45 -0,387 -0,22 0,12 0,13 0,33 0,33
FR0010501692 GENERIXg C 5,6 5,6 5,06 5,34 - 3,96 9764 Taux repo (refi) -0.10 %
10 ans 0.01 % 10 ANS 0,11 MARS 20 -0,4491 -0,472 -0,408 -0,03 0 0,17 15-04 -0,451 -0,404 -0,248 0,09 0,13 0,33 0,33

sicav//fcp
VAL. UNIT DATE DERNIER VAL. UNIT DATE DERNIER VAL. UNIT DATE DERNIER VAL. UNIT DATE DERNIER
CLASSIFICATION

CLASSIFICATION

CLASSIFICATION

CLASSIFICATION

DÉSIGNATION HORS FRAIS DE LA DIVIDENDE NET DÉSIGNATION HORS FRAIS DE LA DIVIDENDE NET DÉSIGNATION HORS FRAIS DE LA DIVIDENDE NET DÉSIGNATION HORS FRAIS DE LA DIVIDENDE NET
CODE ISIN DES VALEURS EN EUROS** VALOR. EN EUROS** CODE ISIN DES VALEURS EN EUROS** VALOR. EN EUROS** CODE ISIN DES VALEURS EN EUROS** VALOR. EN EUROS** CODE ISIN DES VALEURS EN EUROS** VALOR. EN EUROS**
MONT. DATE MONT. DATE MONT. DATE MONT. DATE

Banque Cantonale
de Genève (France) SA
Mirabaud Asset Management Tél. 04 72 07 31 50
Tél. +41 058 200 60 01
www.mirabaud.com bcgef.fr/fonds
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Valeur unitaire hors frais : valeur de la part ou de l’action hors droits d’entrée ou de sortie éventuels. Les SICAV éligibles au PEA sont signalées par un astérisque *. Le pictogramme P indique la cotation d’un FCP.
Classification des OPCVM : actions françaises (AF), actions de la zone EURO (AE), actions internationales (AI), monétaires EURO (ME), monétaires à vocation internationale (MI), obligations et autres titres de créances libellés en EURO (OE), obligations et autres titres de créances internationaux (OI), sicav luxembour-
geoises (LX), diversifiés (DI), garantis ou assortis d’une protection (GP). ** : en euros ou dans la devise indiquée dans la colonne «DÉSIGNATION DES VALEURS».

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34 // Jeudi 16 avril 2020 Les Echos

= Les chiffres de l’économie

// Budget de l’Etat 2020 : 399,2 milliards d’euros // PIB 2019 :2.479,4 milliards d’euros courants
// Plafond Sécurité sociale :3.428 euros/mois à partir du 01-01-2020 // SMIC horaire :10,15 euros à partir du 01-01-2020
// Capitalisation boursière de Paris :1.827,78 milliards d’euros (au 06-01-2020)
// Indice des prix (base 100 en 2015) :103,55 en décembre 2020 // Taux de chômage (BIT) :8,6 % au 3etrimestre 2019
// Dette publique :2.415,1 milliards d’euros au 3etrimestre 2019

crible
Renversement de valeurs
Les marchés des biens de consommation ne seront plus les mêmes après le Covid-19. La clé de Sol
A trop observer la pandémie
Le particularisme de Goldman Sachs
de coronavirus au microscope, lui est favorable dans la crise.
on risque les effets de loupe. Prati-
quement la moitié des fabricants
de biens de consommation cotés
ont revu ou suspendu leurs objec-
tifs de résultats pour 2020, en cor-
rélation directe avec leur exposi-
tion à la fermeture des commer-
ces jugés « non essentiels ». Celle-
ci a déterminé la réaction de leurs
titres en Bourse mais, rappellent
les analystes de Barclays, 60 % à
70 % de leur valeur fondamentale
dépend en réalité de celle des
cash-flows au-delà de dix ans. Ce
sont donc bien les effets de la crise
sanitaire sur les tendances de
long terme qu’il faut examiner.
Certaines s’en trouveront accélé-
rées (e-commerce, digital, hygiè-
ne, santé, personnalisation « de
masse ») et d’autres nettement
ralenties (consommation discré-
tionnaire, « hors-domicile »,
durable et responsable).

Les ailes européennes de l’Oncle Sam

Washington va faire une entrée limitée au
capital des compagnies aériennes américaines.
Etre loué pour ce qu’on n’a pas encore changé, David Solomon y est
« La propriété, c’est le vol. » La formule proudhonienne, les actionnaires habitué depuis qu’il a pris les rênes de Goldman Sachs il y a dix-huit
des compagnies aériennes pensaient en avoir fait le tour complet, régu- mois. Mais le premier trimestre de l’année n’étant décidément pas
lièrement « rincés » qu’ils ont été par les guerres, les attentats et autres comme les précédents, il l’est aussi cette fois-ci pour ce que la banque
éruptions volcaniques. Mais il faut bien avouer que le placage au sol de Wall Street n’a pas pu encore devenir, à savoir une enseigne qui a
de 80 % des avions par un microbe leur permet d’explorer des facettes pignon sur « main street ». Elle apporte certes sa pelletée à la tranchée
qu’ils n’avaient jamais envisagées. Comme celle des « nationalisations » de provisions pour impayés potentiels sur les crédits creusée par les
à l’américaine d’un secteur dont quatre des principaux acteurs leur établissements qui ont une clientèle de particuliers. Mais à moins
avaient rendu sur la décennie précédente 96 % de leurs cash-flows libres d’un milliard de dollars sur un total de 28 milliards déjà annoncés par
sous formes de rachats d’actions. La vérité des participations étatiques JPMorgan Chase, Wells Fargo, Bank of America et Citigroup et lui-
dans les empennages en deçà des frontières européennes ne serait donc même, celle-ci ne place pas « Government Sachs » au premier rang
plus une erreur au-delà de l’Atlantique ? Si l’ampleur du plan concocté des banquiers montrant patte blanche auprès de la Maison-Blanche
par le secrétaire d’Etat au Trésor, Steve Mnuchin, totalisant 50 milliards par leur soutien sans faille à la Nation. Jamie Dimon, son homologue
de dollars soit la quasi-totalité de la capitalisation du secteur en Bourse chez JPMorgan Chase, n’a-t-il pas déclaré que s’il perdait « un peu
après sa chute de 54 % depuis le début de l’année, en fait un sauvetage d’argent, qu’il en soit ainsi » ? Brian Moynihan, chez Bank of America,
massif ne s’encombrant pas vraiment du concept d’aléa moral, sa confi- n’a-t-il pas repoussé les échéances d’un tiers de son encours de prêts
guration limite l’interventionnisme de Washington au seul maintien aux TPE ? DJ à ses heures perdues sous le pseudonyme de D-Sol, le
des 750.000 emplois de la branche jusqu’au 30 septembre. L’entrée PDG de Goldman Sachs, lui, n’a pas à changer de partition pour expli-
au capital demeure en fait hypothétique et limitée chez Delta (1 %) quer que la volatilité des marchés financiers reste une musique sur la-
et Southwest (0,5 %). Elle n’est significative que pour l’opérateur le plus quelle il sait danser. Le trading a généré 59 % de ses revenus sur trois
fragile, American Airlines (12 %). Le vol est parfois justifié… mois, contre 40 % en 2019. So be it…

La Bourse de Paris rechute

EN VUE

Daniel Barenboim
uel meilleur symbole que ce jamais supporté les frontières. A 77 ans,

Q choix des « Variations Dia-

•phare
A la Bourse de Paris, l’indice
CAC 40 a terminé la séance
en baisse de 3,76 % à 4.353,72
points. Une série de mauvaises nou-
velles a pesé sur les investisseurs.
Les cours du pétrole sont passés
sous les 20 dollars en raison de
l’effondrement de la demande et de
la hausse des stocks de brut outre-
Atlantique. Aux Etats-Unis, les ban-
ques américaines ont publié des
résultats décevants. Enfin les ventes
au détail ont plongé de 8,7 % et les
production de industrielle de 5,4 %,
la plus forte baisse depuis 1946.
Du côté des valeurs du CAC 40,
quatre ont terminé la séance dans le
vert. Parmi elles, Danone (+1,21 %) ,
Sanofi (+0,19 %), Dassault Systè-
mes (+0,65 %) et Hermès (+0,42 %).
ArcelorMittal, valeur cyclique, a
dégringolé de 8,61 %. Le groupe
Accor a reculé de 7 %. Le secteur
bancaire a été à nouveau très tour-
menté. Société Générale a plongé
de 8,20 %, Crédit Agricole de 8,13 %
et BNP Paribas de 7,16 %. Tout
comme le secteur aéronautique:
Airbus a flanché de 8,67 %.
Au sein du SBF 120, Air France a
abandonné 6,28 %. Le ministre de
l’Economie, Bruno Le Maire, a indi-
qué mercredi que le gouvernement
prendrait « dans les prochains
jours » une décision sur le soutien
public à la compagnie, dont la plu-
part des avions sont cloués au sol à
cause du coronavirus.
belli » de Beethoven pour les
premiers concerts confinés donnés par
Daniel Barenboim de la salle Pierre-
Boulez de Berlin ! Le musicien ne pro-
duisit-il pas la plupart de ses
chefs-d’œuvre, y compris ces « Varia-
tions », dans un « état de totale isolation
du monde » comme le souligne le célé-
brissime pianiste et chef d’orches-
tre ? Appuyés sur un partenariat avec
Deutsche Grammophon, la mythique
marque jaune, cinq concerts de musi-
que de chambre – Mozart est aussi au
programme – sont donc diffusés sur les
sites medici-tv et Mezzo. Le prochain
aura lieu vendredi 17 avril. Une salle n’est
jamais vide quand elle est pleine de
musique. L’événement est d’autant plus
exceptionnel que le maestro se fait de
plus en plus rare en public au piano et
refuse presque systématiquement d’être
filmé en solo. Daniel Barenboim n’a
le voilà qui, comme tant d’autres musi-
ciens, décide de briser aussi celle du con-
finement. Son arbre généalogique déjà
ressemble à une carte du monde. Lui-
même a trois nationalités, argentine,
espagnole, israélienne. Le chef s’est mis
presque autant au service de la paix qu’à
celui de la musique. En 1955, le directeur
musical de la Staatskapelle a étudié
l’harmonie avec Nadia Boulanger,
apporte sa pierre pour l’installer entre
les peuples. Jamais il n’a cessé de tendre
la main aux Palestiniens, ceux-là lui ont
délivré un passeport d’honneur. En
1999, l’ami de Pierre Boulez, de Fischer-
Dieskau, créa le Divan, orchestre de
musiciens du Moyen-Orient, Israéliens,
Palestiniens, Syriens, Egyptiens, Liba-
nais. Dirigé par lui-même, l’ensemble
donnera en 2005 un concert historique
en Cisjordanie. En 2001, à l’occasion d’un
rappel, il joue du Wagner, alors interdit
en Israël. La musique sans tabou.

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