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Virginie Descoutures
La Découverte | « Mouvements »
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2015/2 n° 82 | pages 43 à 48
ISSN 1291-6412
ISBN 9782707186201
Article disponible en ligne à l'adresse :
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http://www.cairn.info/revue-mouvements-2015-2-page-43.htm
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•L’attribution
•La pratiqueetdeladévolution du nom n’a pas toujours existé
transmission du nom sont des pratiques qui ont été
tardivement inscrites dans le droit. Loin d’être naturelle et immuable, la loi
s’inscrit dans l’évolution des sociétés, c’est donc une construction sociale
et politique dont rend compte la diversité des législations et des pra-
tiques. C’est entre le IXe et le XVe siècle qu’émerge, se met en place et
s’impose en Occident le système anthroponymique que l’on utilise encore
aujourd’hui et qui associe un prénom, considéré comme une identifica-
tion individuelle et intime (appelée « nom » – name en anglais – dans
de nombreux pays), et un nom de famille qui identifie une personne en
référence à sa famille ou sa lignée et constitue à cet égard un élément
inaliénable de son identité (surname en anglais). En France, la transmis-
* Membre du comité de
sion du nom de famille se généralise au XVIe siècle par l’enregistrement rédaction de la revue
sur les registres de baptême devenus registres d’état civil à la Révolution Mouvements.
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Depuis lors, c’était le nom patronymique (nom du père) qui était trans-
mis de génération en génération, évacuant systématiquement le matro-
nyme (nom de la mère). Ce n’est plus le cas en France depuis 10 ans (loi
du 4 mars 2002 entrée en vigueur le 1er janvier 2005, cf. Focus sur la loi
française, en fin d’article).
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•Dans
•Mariage et nom des femmes en France et en Europe
la plupart des pays européens – sauf en Espagne où près de 80 %
des femmes mariées portent leur nom de naissance – les épouses utilisent
le nom de leur mari ou les deux noms accolés. Pourtant, contrairement
aux idées reçues, le mariage n’a aucune incidence légale sur le nom des
épouses, qui sont toujours connues officiellement et administrativement
(état civil) sous leur nom de naissance. « Aucune loi n’oblige les femmes
à prendre le nom de leur mari. Ce sont les pratiques administratives qui
ont occulté le droit et qui, en exerçant un rôle contraignant, ont entre-
tenu l’ambiguïté. 1 » L’expression « nom de jeune fille » est donc impropre,
d’une part, parce que le mariage ne modifie pas le nom des femmes et,
d’autre part, parce que toutes les femmes ne se marient pas. De la même
1. M.-F. Valetas, manière, la suppression du terme français Mademoiselle dans les formu-
« La subordination laires administratifs a été validée en 2012 par le Conseil d’État qui préco-
patronymique de la
femme », in Travail, nise l’emploi du terme Madame comme l’équivalent de Monsieur qui ne
genre et sociétés, 7, préjuge pas du statut marital pour les hommes.
2002, p. 180-184. Cependant, dans certains pays, chaque époux (cela vaut pour les
hommes mariés aussi) acquiert par le mariage un droit d’usage du nom
de son/sa conjoint.e, soit en l’ajoutant, soit en le substituant au sien (cf.
Focus sur le nom d’usage en France, ci-dessous). Cette utilisation d’un
nom d’usage est facultative et n’a aucun caractère automatique : c’est à
la demande de l’époux, quel que
soit son sexe, que le titre d’iden-
« Aucune loi n’oblige les tité (passeport, carte d’identité,
femmes à prendre le nom de carte de séjour) pourra mention-
ner, outre son nom patronymique
leur mari. Ce sont les pratiques inaliénable, le statut matrimo-
administratives qui (...) ont nial et son nom d’usage. À titre
d’exemple, si l’intéressé.e souhaite
entretenu l’ambiguïté. » voir apparaître sur son passeport
sa qualité d’époux ou d’épouse, le
nom d’usage apparaîtra sous la forme « Nom : X époux Y » ; sinon, le nom
d’usage apparaîtra sous la forme « Nom : X usage Y » ou « Nom : X usage
X-Y » ou encore « Nom : X usage Y-X ».
Pourtant porter le nom de son mari est une pratique ordinaire et cou-
rante, coutume à laquelle la plupart des femmes mariées se conforment
dans de nombreux pays, même en Allemagne où le Code civil permet
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celui de leur père… Les enquêtes ont montré notamment que pour
les femmes divorcées le souci de conserver le nom de leur ex-mari
se confond souvent avec le désir de continuer d’avoir le même nom
que leurs enfants 2. C’est la raison pour laquelle la première étape de 2. M.-F. Valetas,
la réforme du nom en France a permis aux enfants de porter en nom « Le nom des femmes
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mariées en Europe »,
d’usage le nom de leur mère : droit de porter mais non de transmettre Grande Europe, 4,
(loi du 23 décembre 1985). 2009, p. 23-29.
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dence signale un mouvement général en Europe de suppression des pri-
vilèges du patronyme et d’égalité entre les père et mère qui ne date pas
d’hier : dès 1978 le conseil de l’Europe recommandait aux pays membres
d’adopter une législation assurant l’égalité stricte en matière de transmis-
sion du nom de famille.
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également, et c’est la singularité de ce pays en Europe, de tout autre nom
de son choix.
––Le système alternatif : la transmission du nom des femmes a toujours
été possible dans certains pays mais seul l’un des deux noms (paternel
ou maternel) est transmis. L’Allemagne, la Finlande et la Suède donnent
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« Lorsque la filiation d’un enfant est établie à l’égard de ses deux parents au
plus tard le jour de la déclaration de sa naissance ou par la suite mais simul-
tanément, ces derniers choisissent le nom de famille qui lui est dévolu : soit le
nom du père, soit le nom de la mère, soit leurs deux noms accolés dans l’ordre
choisi par eux dans la limite d’un nom de famille pour chacun d’eux. En l’ab-
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