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Histoire Des Conceptions Philosophiques Du Vivant Cours l31
Histoire Des Conceptions Philosophiques Du Vivant Cours l31
C. Lefève
- Tout être naturel se trouve constitué d’une matière et d’une forme : la matière est
une puissance presque totalement indéterminé. L’être naturel reçoit sa réalisation
pleine et entière et sa définition de la forme, de l’idée ou de l’essence (eidos).
Par ex. , la nature fait du bois un chêne en fonction de la forme, de l’idée ou de l’essence du
chêne que tous les chênes ont en partage. La forme ou l’idée de chêne est ce qui guide le
devenir de l’arbre.
Ce qui définit un être naturel, ce n’est pas sa matière mais la forme à laquelle tend son
devenir.
- Toute définition chez Aristote consiste dans une explication par les causes : définir une
chose consiste à en donner les causes.
Pour toute chose, Aristote distingue 4 causes : la cause matérielle, la cause
efficiente, la cause formelle et la cause finale. (Physique, II, ch. III et Métaphysique, )
On prend souvent l’exemple de la statue d’Apollon : 1° sa cause matérielle consiste
dans la matière, l’airain ou le bronze, dont elle est faite ; 2° sa cause formelle consiste dans
l’essence d’Apollon (la forme (eidos), le modèle, l’essence d’une chose) ; 3° la cause
efficiente de la statue consiste dans ce qui fait commencer le mouvement qui la produit : le
sculpteur et 4° sa cause finale, ce pourquoi la statue est faite est le Beau.
Dans l’être vivant, la cause finale prime sur les 3 autres : les phénomènes du vivant
s’expliquent à partir de la fin, de la fonction ou du but auxquels ils concourent dans
l’organisme. Pour connaître et expliquer les phénomènes du vivant, il faut d’abord
connaître « ce en vue de quoi » ils existent.
Aristote critique l’explication du vivant par les causes efficientes.
Par exemple, la santé de l’organisme n’est pas une conséquence, le résultat mécanique d’un
antécédent, d’une cause efficiente, mais c’est la fin qui explique les phénomènes organiques
qui y concourent (cause finale). (cf. sur l’exemple de la santé texte du haut de la p. 40)iii
Cf. Parties des animaux, I: « Il semble que la première cause soit celle que nous
appelons « en vue de quoi » ; en effet, elle est « raison » et la raison est principe. »
Cf. Parties des animaux, I, 5, 645 b 19 : « Le corps tout entier existe en quelque sorte
pour l’âme et chacune des parties pour la fonction qui lui est naturelle. »
- De fait, la causalité dans le vivant ne réside pas dans l’agencement de ses éléments
matériels. Seules les notions de forme et de finalité peuvent rendre compte du vivant
comme totalité et comme fonctionnement.
« La nature formelle a plus d’importance que la nature matérielle. »
Pour faire comprendre que la nature du vivant réside dans sa finalité, Aristote le
compare à un objet fabriqué par l’homme.
NB : Aristote distingue cependant l’objet technique de l’être vivant : la finalité qui
préside à l’existence de l’objet technique lui est extérieure : elle réside dans l’esprit de celui
qui l’a produite et dans l’esprit de celui qui l’utilise. La finalité de l’être vivant qui est la cause
de son existence lui est au contraire intérieure.
Aristote prend l’exemple de la maison : la cause première de la maison qui en définit la
nature, c’est la finalité de la maison : l’habitat (cause finale) qui guide l’architecte
Cf. Les Parties des animaux, I, 38-39 : la première cause de la maison est ce en vue
de quoi la maison est faite, c’est cette finalité qui guide l’architecte.
De même, Aristote prend l’exemple d’un trou fait par un charpentier : la nature du trou
n’est pas définie par le contact de l’outil et du bois (cause efficiente), mais par l’intention et
par la visée du charpentier (cause finale).
Cf. Aristote, Les Parties des animaux, I, pp. 41-43 : « Le charpentier parlerait peut-
être de sa hâche et de sa tarière, comme eux font de l’air et de la terre ; seulement, il
parlerait mieux ; il ne lui suffirait pas de dire qu’au contact de son outil se produit tantôt
un trou, tantôt une surface plane, mais il dirait aussi pourquoi il a donné tel coup et en
vue de quoi – il dirait la cause qui fait que telle ou telle chose prend sa forme. Ce qui
manifeste que ces naturalistes ont tort et qu’il faut parler de la nature d’un animal, de
ce qu’il est, de ses qualités et de chacune de ses parties, comme on parle de la forme
d’un lit. »
Enfin, Aristote prend l’exemple d’outils comme la scie. L’essence de la scie, c’est l’action
de scier, c’est l’action en vue de quoi elle a été produite (cause finale) et non la matière de
bois et de fer dont elle est faite (cause matérielle), ni le geste par lequel l’artisan l’a produite
(cause efficiente).
« La fin, c’est l’action, il ressort que le corps tout entier est constitué en vue d’une
action totale. L’action de scier, en effet, n’est pas faite en vue de ce qui l’opère, mais
c’est ce qui l’opère qui est en vue de l’action de scier, car scier c’est précisément une
action. » Aristote, Les Parties des animaux, livre I, trad. J. – M. Leblond, Paris, GF,
1995, pp. 59-60.
De la même manière, la nature de l’œil, c’est la vue, c’est la fonction de voir, c’est l’acte
de voir, et non la matière de l’œil. Ainsi Aristote écrit que l’âme de l’œil est la vue.
Cf. Aristote, De l’Ame, II, 1, 412 b – 413 a, trad. E. Barbotin, Paris, Gallimard, TEL,
1989, pp. 40-41 : « Si l’œil était un animal indépendant, son âme serait la vision. L’œil
lui-même (considéré dans sa structure) est matière de la vision. Celle-ci disparue, il
n’est plus œil que de nom. »
- NB : La forme de l’être vivant ne consiste pas dans sa figure spatiale, dans son aspect
extérieur (morphé), mais dans son essence, son idée (eidos).
Ex. : cf. Aristote, Les Parties des animaux, I, pp. 41-43 : De même, une main sculptée
présente la même forme qu’une main vivante ; cependant, elle ne remplit pas sa fonction de
préhension : elle n’est donc pas une main.
Le cadavre présente la même forme que l’homme vivant et pourtant, puisque l’âme et la vie
l’ont quitté, il n’est ni un vivant, ni, de fait, un homme. Il lui manque, l’activité, l’exercice des
fonctions de vivant.
Ainsi il existe une identité entre la forme, la fonction, la fin et l’acte du vivant : la forme
ou l’essence du vivant est sa fonction, son activité accomplie, sa finalité.
II. Le mécanisme de Descartes (1596-1650) et le problème de la
connaissance du vivant :
- Aristote distinguait dans le cosmos deux mondes : le monde céleste ou monde des
astres dont le mouvement circulaire est éternel, et le monde terrestre ou monde du
devenir, du changement.
Le mouvement des astres est causé par Dieu, qui est le premier moteur, pure forme, acte
pur sans matière. Le Cosmos antique puis le Cosmos médiéval était conçu comme le corps
le plus parfait, doté d’une forme sphérique, clos, fini et centré sur la terre.
Les changements et mouvements terrestres, définis par le passage de la puissance à l’acte,
constituent des imitations nécessairement imparfaites du mouvement céleste et de la
perfection divine, parce qu’ils ont lieu dans le monde matériel qui est voué à
l’indétermination.
Par conséquent, le mouvement chez Aristote n’est indifférent à la nature du mobile et
le mouvement dans le ciel et sur la terre n’est pas soumis aux mêmes règles.
- Galilée formule la première loi scientifique de la physique, loi qui porte son nom et
qui lie la durée de la chute d’un corps à l’espace parcouru. Galilée formule le premier
invariant scientifique d’expression mathématique.
Conclusion :
- La révolution scientifique de l’âge classique constitue un passage du monde clos à
l’univers infini. Toute différence ontologique est bannie entre les choses du ciel et les
choses de la terre, ce qui permet de fonder une physique unifiée et une science
mathématisée du mouvement.
- En conséquence, toute différence ontologique est également bannie entre les choses
inertes et les êtres vivants.
C’est sur le fondement de ce décentrement et de cet éclatement du Cosmos que le
mécanisme au XVIIème s. répudie toute considération relative à la finalité, parle du
vivant sans faire référence à « la vie », ni à l’âme, et en recourant seulement à la
physique et à la chimie.
2. Le mécanisme de Descartes :
b. La théorie de l’animal-machine
- La physiologie mécaniste de Descartes est exposée dans son Traité de l’homme, rédigée
probablement vers 1632 et publiée de manière posthume en latin 1662, en français 1664, et
dans le Discours de la méthode, 5ème partie, 1637.
- Par conséquent, le corps vivant est assimilé à une machine.
La théorie de l’animal-machine est une hypothèse qui a pour visée d’affranchir la
physiologie de l’animisme aristotélicien.
Descartes, Principes de philosophie, IV, art 203 : « Je ne reconnais aucune différence
entre les machines que font les artisans et les divers corps que la nature seule
compose, sinon que les effets des machines ne dépendent que de l’agencement de
certains tuyaux ou ressorts ou autres instruments qui sont toujours si grands que leurs
figures ou mouvements se peuvent voir, - au lieu que les tuyaux ou ressorts qui
causent les effets des corps naturels sont ordinairement trop petits pour être aperçus
de nos sens. »
Cette hypothèse est présentée comme une fiction, pour échapper aux accusations de
matérialisme de la théologie qui défend l’immatérialité et l’immortalité de l’âme.
- Cette théorie du vivant prend pour modèle les automates inventés au XVIIème s. ex.
montres, horloges, fontaines artificielles des jardins royaux de Saint Germain en Laye.
- La théorie de l’animal-machine exclut tout recours aux causes finales et privilégie
l’explication par les causes efficientes et par les causes matérielles. Les fonctions du
vivant autrefois attribuées par Aristote aux âmes nutritive et sensitive, la digestion et la
respiration, d’une part, et, d’autre part, la sensibilité et la motricité, enfin l’imagination et la
mémoire ne s’expliquent que par des causes mécaniques : par les mouvements matériels et,
en particulier, par les mouvements du sang à l’intérieur du corps.
R. Descartes, L’Homme, in : Œuvres philosophiques, éd. F. Alquié, t. I, pp. 479-480 :
« Je désire, dis-je, que vous considériez que ces fonctions suivent toutes
naturellement, en cette machine, de la seule disposition de ses organes, ne plus ne
moins que font les mouvements d’une horloge, ou autre automate, de celle de ses
contrepoids et de ses roues ; en sorte qu’il ne faut point à leur occasion concevoir en
elle aucune âme végétative, ni sensitive, ni aucun autre principe de mouvement et de
vie, que son sang et ses esprits, agités par la chaleur du feu qui brûle continuellement
dans son cœur, et qui n’est point d’autre nature que tous les feux qui sont dans les
corps inanimés. »
- Ce sont des conceptions mécanistes qui animent les biologistes de la molécule dans les
années 1970 ; ainsi Jacques Monod écrivait que « la cellule est une machinerie chimique. »
(Le Hasard et la nécessité, p. 87)
Cependant le mécanisme implique le réductionnisme selon lequel le vivant se compose
d’éléments inertes et selon lequel le fonctionnement du vivant s’explique par les lois physico-
chimiques. Le mécanisme implique la réduction de la biologie à la chimie et à la physique.
- Cependant, la téléologie, fondée par Aristote, et les concepts de finalité et de
fonction, repris par Kant, sont aujourd’hui encore sollicités pour penser l’organisme
vivant, pour en rendre compte comme tout finalisé et pour faire reconnaître la
spécificité du vivant et de la biologie.
Comme le préconisait Kant, il apparaît nécessaire d’expliquer le mécanisme, les
causes efficientes des phénomènes organiques mais aussi de comprendre leur
finalité, leur fonction. Le mécanisme est nécessaire mais insuffisant.
Sur ce point, texte de G. Canguilhem, Le Normal et le pathologique, Essai sur quelques
problèmes concernant le normal et le pathologique (1943), Paris, P. U. F. , Quadrige,
1966, pp. 146-147 : « Mais à supposer qu’une explication complète des fonctions de la
surrénale soit possible, le jugement téléologique qui reconnaît la nécessité vitale de la
capsule surrénale garderait encore sa valeur indépendante, eu égard précisément à
son application pratique. L’analyse et la synthèse font un tout, sans se substituer l’une
à l’autre. Il est nécessaire que nous soyons conscients de la différence des deux
conceptions. »
- Il n’est plus aujourd’hui question d’affirmer l’existence d’une force vitale immatérielle.
Cependant, le vitalisme, qui affirme la spécificité du vivant et son irréductibilité par rapport à
ses structures et propriétés physico-chimiques, a trouvé une continuation notamment dans
les philosophies de la vie de Nietzsche, de Bergson et de G. Canguilhem (1904-1995).
- Le philosophe et médecin français Georges Canguilhem a fondé sa philosophie sur une
réflexion sur la maladie et la santé – Le Normal et le pathologique, titre de sa thèse de
médecine de 1943 – et il a dégagé des concepts spécifiques au vivant : les concepts de
norme et de normativité.
- Il a montré qu’un vivant se rapporte à son milieu en instaurant, en préférant ou, au
contraire, en répugnant à certaines relations au milieu, à certains comportements
biologiques (comportements alimentaires, de prédation, de migration, de reproduction, etc.).
Autrement dit, le vivant attribue une valeur positive ou négative, attractive ou répulsive, à sa
relation au milieu. La vie, c’est le contraire d’une relation d’indifférence au milieu. On
peut donc dire que le vivant instaure des normes dans sa relation au milieu. La santé et
la maladie, le normal et le pathologique peuvent donc être définis comme des relations
respectivement valorisée et dévalorisée de l’individu vivant à son milieu de vie habituel.
Elles sont valorisées ou dévalorisées en fonction de l’adaptabilité au milieu qu’elles
permettent (ou interdisent) et par conséquent en fonction de la conservation et de
l’expansion du vivant dans son milieu qu’elles permettent (ou interdisent).
Le Normal et le pathologique : « la vie est activité polarisée de débat avec le milieu qui
se sent ou non normale, selon qu’elle se sent ou non en position normative. »
Précisément, Canguilhem définit cette capacité au vivant de valoriser ou de
dévaloriser sa relation au milieu, qu’il appelle « normativité », comme une capacité
propre, spécifique au vivant qui le distingue irréductiblement de l’inerte et qui, en
conséquence, fonde l’autonomie de la biologie par rapport à la physique et à la
chimie. Canguilhem hérite du vitalisme ainsi cette affirmation de la spécificité du
vivant et de l’autonomie de la biologie qui doit se poser des questions spécifiques et
élaborer des méthodes scientifiques spécifiques.
- Canguilhem a également souligné qu’un état pathologique n’affecte jamais une cellule
ou un organe pris isolément mais le tout de l’organisme ainsi que la qualité (ou la
valeur) de la relation du vivant à son milieu. La conception holiste (du grec : holos :
totalité) du vivant s’oppose au mécanisme et au réductionnisme.
De fait, comme l’avait déjà affirmé X. Bichat, seul le vivant peut tomber malade :
l’expérience de la norme négative, de l’anormal, du pathologique fait la spécificité du
vivant.
- A partir de sa réflexion sur la spécificité de la normativité et sur la santé et la maladie,
Canguilhem établit que la biologie est irréductible à la physique et à la chimie.
Cf. G. Canguilhem, « Aspects du vitalisme » dans La Connaissance de la vie : « La physique et
la chimie en cherchant à réduire la spécificité du vivant ne faisaient en somme que rester fidèles
à leur intention profonde qui est de déterminer les lois entre objets valables hors de toute
référence à un centre absolu de référence. »1
1
Cependant, bien entendu, d’autres concepts montrent la spécificité du vivant : la reproduction,
l’hérédité, l’évolution, etc.
i
« La nature est une impulsion innée au changement » (Aristote, Physique, II, 1, 192 b 13)
ii
« La vie telle que je l’entends consiste à se nourrir soi-même, à croître et à dépérir. » (Aristote, De l’Ame,
livre II, 1, 412 a – 412 b, trad. E. Barbotin, Paris, Gallimard, TEL, 1989, pp. 39-40)
iii
Cf. Aristote, Parties des animaux, I, 1, 640 a, p. 39 : « Ainsi, c’est parce que la santé ou l’homme sont telle
chose qu’il est nécessaire que telle chose existe ou se produise, et ce n’est pas parce que telle chose existe
ou s’est produite que nécessairement la santé existe ou s’ensuivra. »
iv
« La philosophie est écrite dans ce vaste livre qui constamment se tient ouvert devant nos yeux (je veux
dire l’Univers), et on ne peut le comprendre si d’abord on n’apprend pas à connaître la langue et les
caractères dans lesquels il est écrit or il est écrit en langue mathématique » (Galilée, L’Essayeur, 1632)
v
« L’étendue en longueur, largeur et profondeur constitue la nature de la substance corporelle. »
(Descartes, Principes de philosophie, I, 53)
vi
Précision : néanmoins, la distinction entre les substances est seconde, elle a une visée de connaissance :
elle vise à attribuer à l’âme et au corps les attributs qui leur conviennent : la pensée et l’étendue.
L’expérience première vécue par l’homme est celle de l’union. Le sujet n’est pas dans son corps comme un
pilote en son navire : il ne possède pas son corps, mais il est son corps. Descartes pense la distinction des
substances dans leur union.
vii
Principes, IV, LXXX.
viii
Le vivant est une machine construite par Dieu et, pour cette raison, infiniment plus sophistiquée que
celles construites par les hommes. (cf. Descartes, Discours de la méthode, 5ème partie : « ce corps, comme
une machine qui ayant été faite des mains de Dieux, est incomparablement mieux ordonnée et a en soi des
mouvements plus admirables qu’aucune de celles qui peuvent être inventées par les hommes. »)
ix
Descartes ne parvient pas à penser la formation du vivant selon la mécanique, mais il pense le vivant déjà
formé sur le modèle de la machine : c’est pourquoi stricto sensu il faudra dire que sa philosophie est
machinique et non mécanique.
x
G. Canguilhem, « Machine et organisme », La Connaissance de la vie, p. 114 : « Si le fonctionnement de la
machine s’explique par des relations de pure causalité, la construction de la machine ne se comprend ni
sans la finalité, ni sans l’homme. »
xi
Kant, Critique de la faculté de juger, § 65 : « certes une partie existe pour une autre, ce n'est pas par cette
autre partie qu'elle existe. (…) un rouage ne peut en produire un autre (…). »
xii
Kant, Critique de la faculté de juger, § 65. Dans la machine, il y a extériorité de la forme ou de la fin et de
la matière. cf. 5ème § : "la cause productrice (des parties de la montre) et de leur forme n'est pas contenue
dans la nature (de cette matière), mais en dehors d'elle (…)."
xiii
Kant, Critique de la faculté de juger, § 65. "ce n'est qu'alors et pour cette raison seulement qu'un tel
produit, en tant qu'être organisé et s'organisant lui-même, peut être appelé une fin naturelle."
xiv
Kant, Critique de la faculté de juger, § 65. "(toute partie) n'existe que par toutes les autres (…) on la
conçoit donc comme un organe produisant les autres parties (…)." Cf. aussi 3ème § : "les parties (…) se
produisent l'une l'autre dans leur ensemble"
xv
Kant, Critique de la faculté de juger, § 65. ("elle ne remplace pas d'elle-même les parties", je souligne).
xvi
Ce sont autant d'exemples de l'auto-régulation qui définit une chose comme fin naturelle. (cf. "corrige
leurs défauts (…) ou se répare elle-même, lorsqu'elle est déréglée (…).")
xvii
La "force motrice" est la propriété de la machine, la "force formatrice" définit le vivant et elle « ne peut être
expliquée par la seule faculté de mouvoir (le mécanisme)."
xviii
La critique du mécanisme : « Ce qui me choquait par-dessus de tout, c’est que dans cette théorie
physique du corps humain, la vie (…) était passée sous silence, et que je n’en voyais nulle part une
définition logique. J’eus beau chercher en effet, ce fut en vain : car aucun des propagateurs de ces
prétendus doctrines n’a jamais dit et démontré ce que c’est, en quoi en consiste, d’où provient, par quels
modes, par quels moyens se maintient et subsiste ce que nous appelons la vie ; par quoi, enfin, et sous quel
point de vue le corps est dit vivant. » G. – E. Stahl, De la nécessité d’éloigner de la doctrine médicale tout ce
qui lui est étranger, cité par P. Pichot, Histoire de la notion de vie, Paris, Gallimard, 1993, p. 455.