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JONAH SMITH

Voyage immobile au
Colorado, l’Etat
sauvage
Par Eléna Pougin

Publié aujourd’hui à 16h00

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SÉLECTION | En attendant des jours meilleurs, il est

possible de découvrir le monde sans quitter sa
chambre. Les paysages montagneux de l’Etat de
l’Ouest américain en font une terre d’évasion. Mais
 aussi une source d’inspiration pour la contre-culture.

Prendre un peu de hauteur

Décor phare de l’Ouest américain, côté montagnes, le Colorado possède
des paysages à couper le souffle. Située à trois heures trente de Denver, la
capitale, Aspen, est une station de ski réputée pour ses chalets luxueux
appartenant à des célébrités hollywoodiennes et pour ses pistes
vertigineuses. Une destination de rêve à laquelle les Editions Be-Poles ont
consacré le dernier livret de leur collection « Portraits de villes ». Sur les
clichés signés Jonah Smith – photographe et créateur de la marque
Aether Apparel –, aucune trace de neige mais un beau soleil estival qui
illumine la Smith Cabin, une maison ravissante nichée dans la
montagne, mais aussi les plaines immenses où galopent des chevaux
sauvages.

Aspen, de Jonah Smith, Editions Be-Poles, 64 p., 20 €.

Siroter une bière artisanale locale

Le coin n’est pas seulement connu pour son paysage de carte postale : ses
bières artisanales aussi ont beaucoup de succès. Réalisées par des craft
brewers, brasseurs traditionnels à l’origine du mouvement des bières
craft, dans les années 1970, aux Etats-Unis, elles sont un peu sucrées ou
plutôt corsées, voire dotées d’une note fumée. Si le Colorado est l’une des
régions dans le monde où l’ont produit le plus de bières, pour les tester,
pas besoin de quitter la France : le Colorado Craft Beverage, importateur
parisien, propose à la vente les breuvages d’une dizaine de ces brasseurs
indépendants de renom.

coloradocraftbeverage.com

Ricaner sans modération

De gauche à droite, Stan Marsh, Kyle Broflovski, Eric Cartman et Kenny McCormick, la célèbre
bande de la série « South Park ». Everett Collection/Aurimages

Ce vaste Etat américain est aussi le berceau de la série animée South Park,
créée en 1997. Les épisodes d’une vingtaine de minutes ont plus
exactement lieu à South Park, ancienne cité minière devenue ville
fantôme située à 3 000 mètres d’altitude, dans les Rocheuses. Si le décor
montagneux enneigé est omniprésent, c’est surtout l’esprit satirico-trash
de la série qui l’a rendue célèbre. Dans les premières saisons, l’un des
principaux personnages, Kenny, meurt à chaque épisode. « Oh ! mon
Dieu, ils ont tué Kenny ! », s’écrient systématiquement ses trois acolytes,
avant de le laisser se faire dévorer par des souris. Avis à ceux qui auraient
visionné les 309 épisodes des 23 saisons déjà tournées : South Park, le film
(1999) est disponible sur Netflix et en location sur les plateformes de
VOD.

South Park, de Trey Parker et Matt Stone, sur Prime video (23 saisons) et Netflix (7 saisons).

Enrichir sa contre-culture
 Couverture du magazine « Rolling Stone » du
1er octobre 1970. Pas de crédit

En octobre 1970, Hunther S. Thompson, journaliste américain et figure du

mouvement gonzo, signe un article intitulé « The Battle of Aspen » (« La
bataille d’Aspen ») dans les pages du magazine Rolling Stone. Il y raconte
l’élection du maire d’Aspen – qui a eu lieu l’année précédente – et
comment l’un des candidats, Joe Edwards, a tout mis en œuvre pour que
les freaks, une communauté hippie de la région, votent pour lui lors du
scrutin. Un texte devenu un classique – que l’on peut lire encore
aujourd’hui sur le site de la revue – et qui a donné lieu à un film, tourné
en 2020 par Bobby Kennedy III, Fear and Loathing in Aspen, dont la sortie
est prévue sur les écrans américains en mai.

Visiter le Musée d’Art de Denver

 « Four-faced Hamat'sa Mask », 1938, George Walkus. Denver Art Museum

Soixante-dix mille objets et œuvres d’art : l’immense collection du

Musée d’art de Denver est désormais disponible en ligne. Connue pour
son fonds d’œuvres amérindiennes, cette institution du Colorado
présente également les productions d’artistes américains, comme
Charles Marion Russell ou Frederic Remington, et celles d’illustres
peintres européens, parmi lesquels Gustave Courbet, Vincent Van Gogh
et Edouard Manet. Jusqu’au 18 juillet, le DAM présente aussi « Paris to
Hollywood : The Fashion and Influence of Véronique and Gregory Peck »,
qui met à l’honneur le vestiaire de l’épouse (parisienne) du héros de Duel
au soleil (1946). Les grandes lignes de l’exposition sont à découvrir sur le
site du musée.

denverartmuseum.org

Ecouter des ballades engagées

Le chanteur et guitariste Neil Young. DH Lovelife
Colorado, sorti en 2019, est le titre du 39e album studio de Neil Young. Le
chanteur et guitariste de 75 ans, accompagné de ses acolytes du groupe
Crazy Horse, y clame une fois encore son militantisme en faveur de
l’environnement. Il rend notamment hommage au fleuve Colorado, qui
approvisionne en eau une grande partie de l’Ouest américain, mais dont
les ressources s’appauvrissent au fil des ans. L’album, composé de
10 titres aux mélodies folk impeccables, a été salué par la critique.
L’écouter revient à s’évader de l’autre côté de l’Atlantique, tout en
s’informant sur les désastres écologiques qui menacent les Etats-Unis.

Colorado, de Neil Young, Warner, disponible en ​streaming ou à la vente pour 15,99 €.

Se faire peur avec un film

Long-métrage certainement le plus effrayant tourné dans le Colorado,
Shining (1980) est l’œuvre du réalisateur américain Stanley Kubrick, qui,
en 13 films, s’est essayé à presque tous les genres. Adapté d’un roman de
Stephen King, le scénario montre un écrivain (Jack Nicholson, terrifiant,
doublé en français par Jean-Louis Trintignant) qui, engagé pour veiller
pendant tout l’hiver sur un hôtel désertique, va sombrer dans la
démence. Seuls témoins de sa folie, sa femme (Shelley Duvall, au comble
de l’effroi), son fils (le jeune Danny Lloyd, devenu professeur de biologie
après une courte carrière d’acteur), quelques fantômes et la neige épaisse
du Colorado pendant la mauvaise saison. S’il n’a pas connu le succès à sa
sortie, Shining est aujourd’hui considéré comme un des sommets du
cinéma d’épouvante.
Shining, de Stanley Kubrick, en DVD ou VOD, à partir de 2,99 €.

Eléna Pougin