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com N°8
« Le travail n’a pas pour but la production des richesses, mais la sustentation de l’homme. » R . de la Tour du Pin
SOMMAIRE
Nos maîtres :
Jacques VALDOUR
P 2 et 3
Le désespoir de la
France des usines
Patrice Mallet
P 3 et 4
Pierre-Joseph
PROUDHON aurait 200
ans
Michel FROMENTOUX
P 6, 7 et 8
Eloge de la qualité
Paul TURBIER
P 8, 9 et 10
Passe-passe à 19
milliards
Patrice MALLET
P 10
Base doctrinale
P 15
Contact : Royco07@aol.com
JACQUES VALDOUR
D'une famille aisée, Jacques Valdour aurait pu vivre en Mais Jacques Valdour restera surtout par ses nombreux
voyageant pour se distraire. Au cours de sa jeunesse, il livres sur "La Vie ouvrière. Observation vécues". Dans
visita l'Europe, puis le Maroc, l'Egypte, la Syrie, les Indes, le "La Nouvelle Lanterne" (juin 1934), René de Planhol
Siam, la Chine, etc. Dans son ouvrage "Aux pays des remarquait:
Deux Nils", avec 77 reproductions photographiques hors "Ce serait une fortune pour les historiens d'être
texte, publié beaucoup plus tard chez Berger-Levrault, en renseignés sur les conditions de la vie laborieuse dans le
1929, il raconte comment il vécut à la mode indigène durant passé comme l'oeuvre de M. Jacques Valdour fera connaître
plusieurs mois, d'abord en barque sur le Nil, puis, avec ses aux érudits de l'avenir l'existence ouvrière de notre temps".
porteurs, à travers les forêts du Haut Nil Bleu et dans la
brousse. Dès 1903, Jacques Valdour passait une grande partie de
ses vacances universitaires à vivre et à travailler avec les
Mais Jacques Valdour avait un idéal plus élevé. Dès l'âge ouvriers. Plus tard, il resta parfois plusieurs années parmi
de quinze ans, son attention avait été retenue par le eux, vivant comme eux, uniquement de son gain, sans faire
problème ouvrier. A cette époque, 1886, des grèves appel à ses ressources familiales, afin de mieux connaître la
éclataient à tout moment accompagnées d'incidents crainte du chômage, les angoisses des petits salariés,
gravent. Si les ouvriers se révoltent souvent, se dit Jacques l'insuffisance de leurs menus, la misère de leurs logements.
Valdour, c'est qu'ils ont de fortes raisons de se plaindre. Il fut teinturier à Roanne, marinier sur les canaux du
Quelles sont ces raisons? Il voulut les connaître. Nord, moissonneur en Beauce, vendangeur en Languedoc,
mineur de fond à Saint-Etienne, manoeuvre sur le carreau
Quelques années plus tard, après de longues études à de la mine à Lens, chauffeur-conducteur à Roubaix,
l'Université de Paris, au cours desquelles il était devenu tourneur à Saint-Ouen, manoeuvre dans la métallurgie ou
successivement docteur en droit (1897), docteur ès science la mécanique à Saint-Denis, Billancourt, Levallois-Perret,
politiques et économiques, licencié ès lettres-philosophie Puteaux, Decazeville ; ébéniste à Paris, rue du Faubourg-
(1898), docteur en médecine (1905) et docteur ès science Saint-Antoine; cordonnier à Romans, cheminot à Saint-
naturelles (1909), Jacques Valdour se mit à la véritable Pierre-des-Corps, etc.
école de l'expérience personnelle.
"Je me fis ouvrier, dit-il, pour tâcher d'entrer dans leur Il a étudié les ouvriers de métiers et de pays très divers.
âme, de devenir l'un d'eux, de sentir sur moi-même ce dont Partout, ses observations l'ont conduit aux mêmes
ils pouvaient souffrir, de trouver par le chemin de leurs conclusions : l'ouvrier français a beaucoup plus de qualités
peines la direction de leurs espérances." qu'il n'a de défauts. Ils est très intelligent, à l'amour de son
métier et du travail bien fait, le souci de s'instruire et de
Il fut l'initiateur de ce qu'il appela "La Méthode concrète s'élever ; il aime le chef qui sait commander ; il secourt ses
en Science sociale" qui n'exclut pas les autres méthodes, camarades en difficultés, mais il manque de culture
mais qui les complète, en suppléant à certaines de leurs générale ; son ignorance des problèmes politiques,
insuffisances. économiques et financiers (notamment des frais généraux
Jacques Valdour a, dans plusieurs ouvrage remarquables, de l'entreprise) le met trop souvent à la merci de charlatans
étudié "Les Méthodes en Science sociale" (1927) et "Les qui profitent de ces lacunes pour le dresser contre son
Méthodes de liaison entre la science sociale patron, présenté par eux comme l'oppresseur, le profiteur.
expérimentale et les autres sciences naturelles" Peu d'ouvriers connaissent et approuvent les doctrines de
(1931). Marx et de Lénine. Pour eux, le socialisme, le communisme,
Un de ses meilleurs livres : "Libéraux, Socialistes, ne sont que les moyens d'obtenir des conditions humaines
Catholiques sociaux" (1929) est une étude historique et de travail.
critique sur les méthodes appliquées dans l'école libérale
(de Ricardo à Paul Leroy-Beaulieu), dans l'école socialiste On ne peut résumer dans un article ce qui est contenu
(de Babeuf à Jules Guesde) et de l'école libertaire ; enfin dans trente volumes, bourré de faits, publiés par Jacques
dans l'école catholique (démocrates, réalistes, Valdour. Jacques Valdour a dénoncé pendant trente-cinq
corporatistes). ans, de 1903 à 1938, la misère des taudis ouvriers et la
déchristianisation de la classe ouvrière.
Ouvrages fort intéressants, l'un d'eux est le recueil des Toute la presse catholique a fait l'éloge du livre de l'abbé
cours professés par Jacques Valdour aux facultés Godin : "France, pays de mission ?" Mais pas un journal
catholiques de Lille, à l'Ecole des Sciences sociales et n'a signalé que Jacques Valdour avait, depuis longtemps,
politiques, dirigée par Eugène Duthoit, alors président des posé la question, notamment dans "Les Puissances de
Semaines sociales de France. désordre" ou il écrivait (page 89) :
Albert Marty
En moins d'un mois, cinq sites industriels ont vu des ouvriers retenir leur patron ou de hauts cadres de leur entreprise.
Après Sony (Landes), 3M (Loiret), Caterpillar (Isère), Scapa (Ain), c'était au tour des salariés de Faurecia (Essonne) de
s'engager, jeudi 9 avril, dans une action de séquestration de leurs dirigeants.
Bien que ces coups de force ne soient pas une franche nouveauté dans le paysage social français – on peut évoquer Daewoo
en Moselle en 2002 ou Duralex en 2006 dans la Loire – leur récente répétition a provoqué les réactions des autorités
médiatiques et politiques : de la compréhension – reprenant l'opinion des 45 % de Français qui déclarent cette méthode de
contestation « acceptable » – à l'indignation et à la
réprobation, à commencer par celle du chef de l'État qui
déclare qu'il ne peut pas « laisser faire cela » et des
dirigeants du MEDEF qui prédisent de futurs lynchages de
patrons.
Dans ces conditions, il n'est pas difficile de comprendre la révolte des salariés qui voient leurs outils de production et leurs
savoir- faire bradés et délocalisés à la première occasion. Au-delà, tout cela révèle la difficulté de réhabiliter la valeur travail
sans changer les fondamentaux économiques.
Il s'agit de l'échec du "travailler plus pour gagner plus" du président de la République qui fait suite à l'échec d'une autre
conception du travail, celle des 35 heures et des théories du "travail partagé". Ces conceptions n'ont pas résisté pour l'une à
la logique des coûts, pour l'autre à celle de la flexibilité. La valeur travail n'est plus source de richesse, mais est réduite à
une simple variable d'ajustement. Aujourd'hui, c'est surtout la France ouvrière qui en paye le prix, demain ce sera peut-être
celle des cols blancs et des bureaux d'étude.
La première, la plus médiatisée aussi (et, pour une fois, tant mieux !), autant Outre-Rhin que de ce côté-ci de la frontière,
c’est celle de cette caissière licenciée après 31 années de bons et loyaux services dans le même supermarché pour avoir,
selon l’accusation, « encaissé deux bons, l’un d’une valeur de 48 et l’autre de 82 centimes, des consignes que n’avaient pas
réclamées les clients »… Il s’est trouvé un tribunal à Berlin pour justifier ce licenciement, et un deuxième pour le confirmer :
« le licenciement pour « suspicion » est justifié. « L’employeur doit pouvoir se reposer sur une caissière en toute confiance»,
a motivé la juge Danièle Reber. Autrement dit, ce n’est pas le montant d’un détournement qui justifie la rigueur de la peine,
mais le geste. C’est un principe. »
Je remarque que ce n’est pas la simple culpabilité qui est mise en avant, mais la « suspicion »… En somme, l’application
tranchante d’une sorte de « loi des suspects » à l’encontre d’une salariée aujourd’hui au chômage et dans l’impossibilité de
retrouver du travail, autant dire condamnée à une forme de « mort sociale » !
Mais, de qui se moque-t-on ? La différence entre le sort réservé à l’une et aux autres est, non seulement choquante, mais
immorale, profondément immorale !
La deuxième anecdote (italienne, cette fois) rapportée par « La Croix » est celle d’une ouvrière ghanéenne de 47 ans qui,
après 17 ans d’ancienneté dans l’entreprise, en a été licenciée (en novembre) parce qu’elle… chantait ! L’argument de la
gêne occasionnée à ses collègues de travail semble ne pas exactement tenir puisque, « vu son travail sur le fer battu, on ne
pouvait pas l’entendre à plus d’un mètre. » Et puis, en quoi chanter est-il, surtout à l’usine, une « faute professionnelle » ?
Triste société où l’on vend des baladeurs musicaux qui, parfois, servent à cacher la tristesse de ce monde-là qui oublie de
chanter et où l’on vire celle qui pousse la chansonnette pour se donner du cœur à l’ouvrage… Je me souviens pourtant d’une
expression que j’ai entendue mille fois jadis et qui disait qu’un peuple heureux est un peuple qui chante : est-ce donc aussi
condamné dans nos démocraties consuméristes et ennuyeuses, sans âme et sans mémoire autre que conflictuelle ?
Rossignol, où pourras-tu, demain, trouver refuge ?
En tout cas, quand elle en est à ce point inéquitable et injuste, liberticide et sans coeur, parce que profitant trop aux
puissants de l’heure, aux nouveaux féodaux de l’Argent, parce qu’écrasant les petits et les faibles tout en clamant ses «
grands principes », parce qu’étouffant les voix discordantes et, parfois, les voix tout court, une société se condamne elle-
Au-delà de ces deux anecdotes, il en est de nombreuses aussi du même genre dans notre pays : ainsi, la crise que notre
société vit aujourd’hui, n’est pas qu’une simple crise économique, sociale ou politique, c’est aussi une « crise de la
civilisation ».
Un royaliste social, aujourd’hui comme hier, a le devoir de dénoncer les absurdités de cette « dissociété » (selon le mot
heureux et souvent imité du philosophe Marcel de Corte), de cette « décivilisation » qui oublie les personnes et les
communautés et offre trop souvent le spectacle d’une immense tartufferie, politique comme spirituelle. Etre royaliste, c’est
aussi, au-delà du combat pour l’instauration d’une nouvelle Monarchie française, mener le combat pour la civilisation, celle
de l’histoire, des cités et des personnes contre l’anonymat, l’individualisme et l’égoïsme, contre ce règne des principes
abstraits et des tromperies médiatiques, contre les injustices sociales et les féodalités méprisantes. Les colères de Bernanos,
aussi violentes soient-elles, nous rappellent à notre devoir de polémique et d’insurrection quand l’essentiel est en jeu !
Jean-Philippe CHAUVIN
Dans une France qui redoute de connaître en 2009 une aggravation du taux de chômage, les agriculteurs peinent à
recruter. C'est l'un des messages que la profession a voulu faire passer à l'occasion du Salon de l'Agriculture qui s'est ouvert
le 21 février à la Porte de Versailles à Paris.
Faisant face au papy boom, près de 50 % des entreprises agricoles vont changer de main dans les huit ans qui viennent.
Déjà, l'annonce du projet de loi de modernisation de l'agriculture et de l'agroalimentaire qui doit préparer à cette réforme
n'a pas manqué de secouer le monde agricole. À l'ouverture du salon, le ministre Michel Barnier a indiqué que 18 % des
aides directes reçues par les agriculteurs, soit 1,4 milliard d'euros, seraient «réorientées» d'ici 2010, notamment pour
soutenir l'élevage, les régions de montagne, l'agriculture biologique et la production de protéines.
Les céréaliers, principaux bénéficiaires des aides européennes, verront diminuer d'autant celles dont ils bénéficient.
De plus en plus, c'est sur des "marchés à terme" que l'on s'échange non plus des tonnes de blés, mais des promesses de
récolte.
Les agriculteurs eux-mêmes y engagent une partie croissante de leur production. Ainsi le nombre de contrats à terme
enregistrés sur le marché français Euronext est-il passé de 210 000 à 970 000 entre 2003 et 2005. Pour les agriculteurs, il
s'agit moins de spéculer que de tenter de sécuriser leurs prix futurs. Mais ces marchés sont perturbés par la dérive
spéculative de grands négociants et de fonds de pension qui ont en partie contribué à la récente flambée des prix
alimentaires.
Déjà contraints de vivre des aides européennes plutôt que de la vente de leur production, une partie des agriculteurs
pourraient demain se trouver confrontés à des marchés spéculatifs dont le contrôle leur échappe. Dans ce contexte, la
réforme de la Politique agricole commune, qui tendra à réduire les aides et les interventions de l'Union européenne, peut
légitimement inquiéter le monde agricole. Ce qui n'aidera pas, dans les années à venir, à trouver de jeunes recrues en
nombre suffisant.
Il y a deux cents ans ce 15 janvier naissait à Besançon Pierre-Joseph Proudhon. On s'est trop souvent contenté de retenir
de lui sa phrase à l'emporte-pièce : « La propriété c'est le vol » et de le classer parmi les socialistes. C'est oublier que ce
penseur se qualifiant lui-même d'« anarchiste » et qui l'était, n'a jamais rejoint quelque doctrine que ce fût, se laissant
seulement séduire par certaines vérités qu'il entrevoyait. Maurras dans La Démocratie religieuse l'opposait à Jean-Jacques
Rousseau, « vagabond genevois sans feu ni lieu, sans cœur ni vertu » ; Proudhon, lui, était « ce robuste Franc-Comtois,
puissamment établi sur sa race, sur sa famille, sur son foyer, fidèle époux, père rigide, aussi incorruptible et probe à l'état
de travailleur que de débiteur, riche des vieilles qualités héritées qui expliquent son profond malaise dans ses erreurs et tant
de brusques sauts en arrière ».
En fait, il ne se faisait aucune illusion sur le socialisme : « Le socialisme n'est rien, n'a jamais rien été, ne sera
jamais rien.» Quant à la propriété, il ne considérait comme un « vol » que celle qui lui apparaissait comme « le droit de
jouir et de disposer à son gré du bien d'autrui, du fruit de l'industrie et du travail d'autrui » (cité par Louis Salleron :
Libéralisme et Socialisme).
En fait, quand, au sortir d'une jeunesse dure et laborieuse, Proudhon présenta sa thèse Qu'est-ce que la propriété ?, il ne
manquait ni de talent ni d'audace ni même d'un certain sens de la provocation. Lui qui était pauvre et n'enviait nullement les
richesses des autres, affectait de croire qu'au droit de propriété était lié le droit d'en abuser. En homme profondément
honnête qui allait toute sa vie devoir lutter pour subsister, il se sentait le devoir de condamner dans la propriété l'intérêt et
l'usure. Son impulsivité allait lui inspirer quelques ouvrages qui lui vaudraient d'être assigné en justice, mais à l'âge mûr, il
se détacha de tous les systèmes alors en vogue : saint-simonisme, fouriérisme, blanquisme, anarchisme, communisme.
Il venait de publier ses Contradictions économiques quand éclata la révolution de 1848. Il avait déjà réfléchi sur la
révolution de 1789 et savait qu'après avoir isolé et abandonné l'ouvrier par la sinistre loi Le Chapelier de 1791 contre les
associations, elle n'avait profité qu'aux bourgeoisies financières, lesquelles avaient imposé le pouvoir absolu de l'État.
Proudhon voulait en arriver au plus tôt à une réorganisation du travail. Une expérience de l'Assemblée nationale en juin
1848 sous la IIe République le dégoûta à jamais du parlementarisme : sa tiédeur à l'égard des "Ateliers nationaux" de Louis
Ni communisme ni libéralisme
Il rompit très tôt avec Karl Marx, lequel avait répondu à sa Philosophie
de la misère par La Misère de la philosophie... Proudhon, qui ne croyait
pas à la lutte des classes, entrevoyait déjà le communisme comme la pire
des dictatures : «Centralisation absorbante, destruction
systématique de toute pensée individuelle, corporative et locale,
réputée scissionnaire, police inquisitoriale, abolition ou restriction
de la famille, à plus forte raison de l'hérédité. »
Pas moins sévère avec le libéralisme, Proudhon nous semble parler pour
notre temps : « Dans leur théorie de la propriété, de la concurrence, du
crédit, non contents de professer une liberté illimitée que nous voulons
aussi, ils font abstraction des intérêts de la collectivité, qui sont le droit ;
ne comprenant pas que l'économie politique se compose de deux parties
fondamentales : la description des forces et phénomènes économiques en
dehors du droit, et leur régularisation par le droit.»
Anarchie ?
Pour remplacer l'État tyran et planificateur, une solution, la mutualité : « Des statistiques détaillées et souvent
renouvelées, des informations précises sur les besoins et les existences, une décomposition loyale des prix de revient, la
prévision de toutes les éventualités, la fixation entre commerçants et consommateurs, après discussion amiable, d'un taux
de bénéfices en maximum et minimum selon les difficultés et les risques, l'organisation de sociétés régulatrices : tel est à
peu près l'ensemble des mesures au moyen desquelles les partisans de la mutualité
songent à discipliner le marché. » Tout un programme qui mérite attention. Vraiment
l'anarchiste Proudhon n'était ni un destructeur ni un rêveur. Son "anarchie" était tout le
contraire d'un désordre.
Proudhon et Maurras
La société selon lui reposait sur le contrat social, mais tout à l'opposé de celui dont avait
rêvé Rousseau : le contrat pour être social doit relier tous les membres d'une nation dans
un même intérêt. Il est « l'acte suprême par lequel chaque citoyen engage à la société son
amour, son intelligence, son travail, ses services, ses produits, ses biens, en retour de
l'affection, des idées, travaux, produits, services et biens de ses semblables, la mesure du
droit pour chacun étant déterminée toujours par l'importance de ses apports et le
recouvrement exigible au fur et à mesure des livraisons ».
Proudhon voit les choses en juriste également quand il aborde en matière régionale la
question du fédéralisme, et Maurras, dans L'Idée de décentralisation, a opposé au
fédéralisme contractuel les fédérations historiques réelles, comme on peut opposer au
"contrat social" les organisations professionnelles à l'image des grandes libertés de l'Ancien Régime. Il n'en reste pas moins
que Maurras a loué les lumières de Proudhon sur la démocratie et sur le libéralisme. Il saluait même les efforts d'anciens
révolutionnaires curieux et de bonne foi qui trouvaient dans le proudhonisme de quoi « les tirer du collectivisme et les
conduire à la vue exacte des conditions réelles de la vie en société ».
N'oublions pas les rapprochements entre syndicalistes et nationalistes d'Action française qui eurent lieu avant 1914, sous le
nom, justement, de Cercle Proudhon, dont Maurras a dit : « Les Français qui se sont réunis pour fonder le Cercle Proudhon
sont tous nationalistes. Le patron qu'ils ont choisi pour leur assemblée leur a fait rencontrer d'autres Français, qui ne sont
pas nationalistes, qui ne sont pas royalistes, et qui se joignent à eux pour participer à la vie du cercle et à la rédaction des
Cahiers. Le groupe initial comprend des hommes d'origines diverses, de conditions différentes, qui n'ont point d'aspirations
politiques communes, et qui exposeront librement leurs vues dans les Cahiers. Mais, républicains fédéralistes, nationalistes
intégraux et syndicalistes ayant résolu le problème politique ou l'éloignant de leur pensée, tous sont également passionnés
par l'organisation de la cité française selon des principes empruntés à la tradition française, qu'ils retrouvent dans l'œuvre
proudhonienne et dans les mouvements syndicalistes contemporains... »
Comme le dit Pierre Bécat dans son ouvrage déjà cité, Proudhon met sur la voie de Maurras voulant concilier « les libertés
en bas, l'autorité en haut ». Ce qui a manqué à Proudhon, c'est de comprendre que l'organisation sociale à laquelle il
aspirait, si elle nécessitait le moins d'État possible, forçait à rechercher quand même « un modèle d'État indépendant des
coteries et impartial, dégagé des préjugés de classes et mu par la notion de l'intérêt national, dans le respect des intérêts du
travail fortement garantis ». Cet État que l'on a parfois présenté comme « l'anarchie plus un », c'est assurément la
monarchie qui eut la force de faire la France sans jamais s'immiscer dans ce qui ne regardait que les Français eux-mêmes,
leurs familles, leurs professions, leurs collectivités locales. Dans Calendal, Frédéric Mistral parle des Provençaux qui savaient,
quand le droit était dedans, laisser le roi dehors... Ce qui ne les empêchait nullement d'aimer et de servir le roi, incarnation
du bien commun.
Proudhon mourut en 1865, trois ans avant la naissance de Maurras, qui allait enfin enseigner les disciplines de l'intelligence
et du cœur aux penseurs comme Proudhon, sagaces, de bonne foi, mais encore trop brouillons.
Michel Fromentoux
Défenseur du dimanche
La pensée religieuse de Proudhon est difficile à définir. Sans doute a-t-il proféré contre Dieu lui-même, contre le
christianisme et contre l'Église des paroles très dures, mais elles semblent plus manifester un amour déçu qu'une véritable
haine. Il a d'ailleurs écrit : « L'athéisme se croit fort et intelligent, il est bête et poltron. »
Il est aussi l'auteur d'un Discours sur la célébration du dimanche : « Dans les campagnes où le peuple cède plus facilement
au sentiment religieux, le dimanche conserve quelque chose de son influence sociale. L'aspect d'une population rustique
réunie comme une seule famille, à la voix du pasteur, et prosternée, dans le silence et le recueillement, devant la majesté
invisible de Dieu, est touchante et sublime. Le charme opère sur le cœur du paysan : le dimanche il est plus bienveillant,
plus aimant, plus affable ; il est sensible à l'honneur de son village, il en est fier ; il s'identifie davantage avec l'intérêt de sa
commune... »
Eloge de la qualité
QUELQUES OBSERVATIONS A PROPOS DU CHOMAGE.
Nos gouvernants se trompent et nous trompent à propos du chômage [. . .]
Qualité, voilà un mot-clé. La qualité dont il s’agit ici n’est pas celle, fonctionnelle et naturelle, que l’on attend du produit lui-
même et qui est la plupart du temps acquise et offerte C’est bien plus : c’est celle de l’entreprise elle-même, de ses
hommes, de ses méthodes de travail, de gestion, de commerce et d’après-vente. Une gestion soignée, des procédés sûrs,
des équipements bien entretenus sont des facteurs auto-générateurs de qualités, en quelque sorte « qualitigènes ».
Ce qui serait bon pour améliorer la situation française, ce serait que les PME s’y mettent. Or, leur performance à cet égard
n’est pas bonne. Il n’est que d’en visiter (dans la tranche 10-100 salariés) pour voir les signes qui ne trompent pas : ateliers
encombrés, magasins mal rangés, outillages délabrés, bennes à rebut bondées. Autant d’indices qui révèlent une marge de
progrès considérable et inexploitée. Beaucoup de leurs patrons, toujours très courageux, souvent munis d’un réel savoir-
faire, manquent de temps ou de formation pour remédier à une situation que, souvent, ils méconnaissent. Mettre seul leur
entreprise sur la route de la qualité totale est impossible, plus pour cause de blocages intellectuels que par impossibilité
technique ou économique réelle. Pourtant, ils y trouveraient des clients, des bénéfices et, tout naturellement, ils
embaucheraient.
La qualité totale est une tournure d’esprit qui ne va pas de soi. ELLE DOIT ÊTRE PROMUE.
LA PROMOTION QUALITE.
Il faut mettre trois outils en action : une norme, un label, et une publicité des résultats.
Une norme :
Le label :
C’est le signal qui alerte l’acheteur en lui passant un message clair : « Ce produit est un produit de première classe. Vous le
payez peut-être un peu plus cher qu’un produit de premier prix, mais c’est pour vous un excellent achat ». On peut voir sur
beaucoup de marchandise des grandes surfaces le label TüV. C’est le label qualité de l’industrie manufacturière allemande.
ET SI ON GENERALISAIT ?
Le concept, ou plutôt la mentalité, « qualité totale » n’est nullement réservé à l’industrie. L’agriculture, les services,
l’administration, l’Etat également, peuvent le mettre en pratique avec profit.
Mais aussi, chacun, à titre personnel peut s’en imprégner dans sa relation avec les autres. On redécouvrirait que les
préceptes, aujourd’hui décriés, de la morale (et en particulier de la morale chrétienne) sont en fait des normes de « qualité
relationnelle » dont l’observation a des conséquences économiques positives.
Quelques exemples :
Moins de voleurs = moins de police = moins d’impôt. Moins de vandalisme : idem. Moins de négligences, plus de conscience
professionnelle ou scolaire : la même chose.
Plus de famille = plus de solidarité directe = moins de problèmes de société etc .. etc..
Accepter avec joie des enfants, les élever dignement = retraites financées sans peine.
Comportement sexuel naturel maîtrisé = Sida vaincu
L’éducation des enfants prend alors un aspect concret. Leur donner le sens du beau, du bon et du bien, leur donner le goût
de l’effort, c’est travailler à leur assurer un emploi pour son futur. C’est peut être, en fin de réflexion, le seul outil de lutte
contre le chômage qui soit à la portée de chacun.
Paul TURBIER
Passe-passe à 19 milliards
Alors que l'économie française sombre progressivement dans la récession, les entreprises du CAC 40 ont dépensé, en 2008,
des sommes considérables dans des opérations stériles de rachat d'actions.
La crise profonde que vivent la plupart des économies du monde semble avoir, malgré la violente augmentation du
chômage et ses dramatiques conséquences sociales, quelques vertus salvatrices. La première d'entre elles est sans doute de
rappeler les fondamentaux du fonctionnement de l'économie aux illusionnistes de la finance et aux équilibristes des cours de
bourse.
Un manque d'investissement
En effet, le rêve insensé, fait par une petite élite économique et politique, de réduire les entreprises à des salles de
marché, en externalisant ou en délocalisant les tâches de production, a définitivement volé en éclats. Et chacun constate un
peu tard que l'argent englouti dans la spirale de la spéculation manque cruellement à l'économie dite "réelle" et que
l'investissement reste la clé de voûte d'un tissu économique solide sur le long terme.
Déjà affectées par un sous-investissement chronique avant la crise, les entreprises françaises ont donc plus que jamais
besoin des 24 milliards d'euros d'investissement prévus par le fameux plan de relance de Nicolas Sarkozy, et financés par la
dette publique.
En ces temps de raréfaction du crédit, la mesure est tout à fait justifiée. Mais un chiffre interpelle tout de même : celui des
19 milliards d'euros dilapidés en 2008 par les sociétés du CAC 40 pour racheter leurs propres actions.
19 milliards qui auraient pu être investis mais qui ont été engloutis dans ce que la "gouvernance d'entreprise" appelle
pudiquement la "création de valeur pour l'actionnaire". Il s'agit plutôt d'une nouvelle sorte d'escroquerie que les dirigeants
des grandes sociétés ont élaborée pour créer artificiellement de la richesse et qui, à l'image de la pyramide de Ponzi de
Bernard Madoff (cf. notre chronique précédente) ne repose que sur des jeux d'écriture.
Cerise sur le gâteau : si ces dirigeants possèdent un petit paquet d'actions de leur société, sous forme de stock options,
l'opération permet évidemment de gonfler fortement leurs revenus sans qu'ils aient eu à faire le moindre effort pour
augmenter le chiffre d'affaires ou les bénéfices.
Pour sa part, la société est "juste" perdante du montant du rachat !
Et cette perte, comme nous l'avons dit, est loin d'être anodine.
En 2008, le palmarès du CAC 40 est le suivant : Arcelor Mittal a racheté pour 2,6 milliards d'euros, 8,5 % de son capital,
Sanofi - Aventis 2 % pour 1,787 milliard d'euros, Accor 8,5 % pour 1,24 milliard d'euros, Vinci 3,6 % pour 937 millions.
Dans certains cas, le montage est à double niveau : les entreprises ont emprunté, directement aux banques ou par
émission d'obligations, pour financer le rachat et rendre l'opération encore plus juteuse dans l'immédiat, puisque l'intérêt et
l'amortissement du crédit ne viendront diminuer le bénéfice, donc le dividende éventuel, que progressivement Face à
l'ampleur de la crise financière, les sociétés du CAC 40 ont annoncé un gel de leurs programmes de rachat d'actions.
Malheureusement, à la première embellie, tout porte à croire que la mécanique financière poursuivra le pillage de la
richesse des entreprises.
Patrice MALLET
SOUTENEZ L’ASSOCIATION :
« Nos seigneurs les Pauvres »
Cette association propose d’organiser fréquemment des soupes populaires
appelées plus communément « Soupes du Roi » un peu partout en France dans un
esprit de charité et de volonté de servir les défavorisés.
Pour plus d’informations :
ACTIONROYALISTE.COM
ACTIONFRANCAISE.NET
ROYALISMESOCIAL.COM
ALLIANCE-SOCIALE.ORG
DEFINITION. On désigne par corps intermédiaires les groupes sociaux et humains, situés entre l’individu et l’Etat,
constitués naturellement ou par accord délibéré en vue d’atteindre un objectif commun aux personnes qui les composent, en
fonction des affinités, ressemblances, relations familiales, professionnelles ou locales Leur principe essentiel est
l’indépendance et l’autonomie vis-à-vis des pouvoirs publics. Ils fonctionnent selon le principe de subsidiarité, c’est-à-dire en
complémentarité les uns des autres. L’élément supérieur ne doit jamais empiéter sur l’autonomie d’un élément inférieur,
mais au contraire l’aider à assumer pleinement sa fonction On les qualifie parfois de « société civile » pour les distinguer des
organes de l’Etat. Leur vitalité repose essentiellement sur :
1 La LIBERTE de leurs membres, pour organiser leur vie interne, dans les limites de leurs compétences et de leur objet. Ils
peuvent varier en nombre et en durée. Chacun reste libre de s’y intégrer ou de s’en séparer, sauf si le bien commun impose
l’obligation (la commune) Chacun apporte et chacun reçoit. Leur légitimité est subordonnée aux exigences du Bien Commun
national et aux principes d’ordre naturel.
2 L’AUTORITE qu’ils détiennent dans leur domaine de compétence propre. C’est cette compétence qui justifie leur autorité
spécifique. Ils édictent ainsi leurs propres lois de fonctionnement, comme une association décide de son règlement intérieur,
ou comme une entreprise établit ses horaires de travail, ses financements, ses critères d’embauche..... Chaque corps est
autonome et souverain en son état. Pour satisfaire ses besoins et assurer son indépendance, il doit pouvoir disposer d’une
propriété privée, notamment financière. Les corps intermédiaires sont les lieux privilégiés du LIEN SOCIAL, à échelle
humaine. Ils sont les éléments centraux de la vie en société, conformes à la nature de l’homme, personne indépendante et
être de relation. Ces organes vitaux, armature de la société, sont surtout : les familles, professions, communes et
provinces...., accessoirement des associations, en raison d’une évolution dans la vie sociale, qui accorde une plus grande
place aux appartenances culturelles ou socio-économiques (sociétés sportives ou culturelles.......) Ils sont de droit public, car
ils assument une fonction d’utilité publique.
ASSIMILATION OU INTEGRATION.
La République une et indivisible, qui a aboli en 1789 le droit d’association, dût le rétablir d’une certaine manière : c’est un
droit naturel incontournable. Elle le rétablit pour les professions par le droit syndical, arraché d’abord par le catholicisme
social, puis par le courant socialiste qui s’en est approprié la paternité. Il le rétablit par la loi de 1901 sur les associations
(soit un siècle après l’abolition). Les communes, elles, n’ont jamais disparu. Mais la République a toujours eu peur de voir
renaître des particularismes remettant en cause le principe d’égalité des citoyens, fondement du pacte républicain : crainte
des langues régionales, des religions, crainte de la différence... D’où son rejet de toute conception fédérale en matière
locale. Plutôt perdre des territoires (l’Algérie), que de porter atteinte au dogme de la nation unitaire. On oppose ainsi la
politique d’assimilation, seule admise comme centripète, à la politique d’intégration estimée centrifuge et grevée du risque
de séparatisme. Où commence et où doit s’arrêter l’assimilation ? Où commence et où doit s’arrêter l’intégration ? Tout est
dans la mesure. Les communautés juives, polonaises ou arméniennes ont su garder leurs coutumes tout en s’assimilant,
après une période d’intégration. On reste admiratif devant la sagesse des gouvernants d’ancien régime, qui surent préserver
les légitimes autonomies et les particularismes des régions qui s’agglutinèrent à la nation française. Seules exceptions
actuelles : l’Alsace qui bénéficie toujours de lois particulières et également les T.O.M. : Wallis et Futuna. . L’harmonie relève
du principe de totalité, qui veut qu’en retour de leur indépendance, les corps intermédiaires doivent œuvrer pour le Bien
Commun de tous, selon l’adage : tous pour un, mais aussi un pour tous. Bien Commun dont l’Etat est le gardien.
COMMUNAUTE ET COMMUNAUTARISME
Nous sommes victimes du contenu que chacun donne aux mots. C’est pourquoi les termes de communauté et
communautarisme sont considérés comme des éléments dissolvants de l’unité nationale, surtout en France qui a une forte
tradition jacobine. Tout est dans la mesure. Où commence et où finit le droit à la différence ? Dans la mesure où l’expression
des communautés ne porte pas atteinte au Bien Commun national, il est légitime de maintenir des usages et des traditions
locales ou culturelles, qui enracinent et qui développent des fraternités primaires. Ce fut le cas des bretons groupés au début
du siècle autour de Montparnasse qui formèrent des associations pour s’entraider, revivre des traditions locales, par leurs
fêtes et leurs musiques. En revanche, lorsque des communautés créent des zones de non droit, qui excluent et rejettent par
la violence les obligations de se soumettre à une loi commune nationale, elles portent atteinte à l’unité nationale......... Ou
lorsque ces communautés revendiquent la double nationalité. Ou encore quand les coutumes pratiquées touchent l’intégrité
de la personne. Cas de l’excision ou des sectes, qui contraignent leurs membres à des usages que la morale naturelle
réprouve (polygamie). C’est pourquoi un Etat fort est indispensable pour maintenir cette unité, opérer des arbitrages
C’est le partage des mêmes valeurs, admises par tous pour vivre ensemble et constituer une société homogène, qui, sans
être uniforme, assure la cohésion sociale. Ces valeurs renvoient à une histoire, qui a façonné une identité spécifique, qui
distingue un français d’un chinois, à des mœurs (morale), à des références ethno-culturelles qui se perpétuent, à une
religion, qui « relie » dans une même conception de l’homme, de sa destinée. Le relativisme, la non-référence ou l’hostilité à
ces valeurs essentielles sont désagrégateurs d’une société Ces valeurs reposent sur trois critères : la légitimité, la légalité, la
représentativité. La légalité : elle est faite par la loi, qui doit refléter la loi naturelle et non la loi du plus grand nombre, donc
se référer à la vertu fondamentale et morale de respect d’autrui : l’amour des autres. La loi dote un corps intermédiaire d’un
statut de droit public. Un maire peut prendre des arrêtés d’ordre public.
Un C.I. peut être légal et illégitime. Ex : l’homosexualité est légale au regard de la loi, mais illégitime et contre-nature au
regard de la loi naturelle. La légitimité : elle est constituée en référence à un bien, qui peut être public ou social - Un C.I.
peut être légitime, mais illégal : ex : La « Résistance » fut illégale, mais légitime.
LES PARTIS POLITIQUES : Lorsque le député une fois élu devient le « député de la nation ( art.29 de la Constitution de
1793) il perd son caractère de représentant de ses mandants. Le parti politique est en fait un organe du pouvoir politique,
qui par ses députés collabore à l’élaboration des lois générales. C’est pourquoi dans ce régime, dit représentatif, le mandat
impératif lui est refusé. De plus, exprimant généralement une idéologie, il ne peut prétendre être un corps intermédiaire
naturel. Il reflète une idée et ne peut exprimer les problèmes concrets d’un corps constitué. Cela ne veut pas dire que des
idéologies ou opinions n’aient pas droit de s’exprimer ; mais elles doivent le faire comme toute autre association. Une
association écologique a évidemment tout droit d’exprimer une opinion pour ou contre les OGM, pour ou contre le nucléaire,
pour ou contre la vaccination.... Dès l’instant qu’elles se propulsent au plan politique et se transforment en « parti politique
», elles perdent le caractère propre aux corps intermédiaires. Ce fut le cas du poujadisme, lorsque l’UDCA (Union de défense
des commerçants et artisans) se présenta à des élections politiques et se mit ainsi au rang des partis. Par ailleurs lorsque
des idéologies sont de nature à troubler l’ordre public, ou sont contraires à l’ordre naturel, elles peuvent encore moins
revendiquer le caractère de corps intermédiaire légitime : ce fut le cas du parti communiste ou du parti nazi.
Certains les qualifient de corps intermédiaires. La Justice, la Police, l’Armée, Les Ambassades, la Préfectorale,
l’Administration pénitentiaire,......n’ont pas ce caractère. Ce sont les outils du pouvoir politique pour assurer les fonctions
régaliennes de l’Etat ou suppléer à des insuffisances de corps intermédiaires (écoles publiques, hôpitaux publics, centrales
nucléaires, SNCF nationalisée, Sécu....). Dès l’instant qu’ils n’ont plus d’autonomie et de pouvoir propre, de financement
propre, et dépendent de l’Etat, ces organes ne sont plus des corps intermédiaires.
LES ASSOCIATIONS
Il faut distinguer les associations d’intérêt général et celles d’utilité publique. Entrent dans ces catégories, les sociétés de
pêche ou de chasse, les associations culturelles, historiques ou théâtrales, les associations humanitaires ou sportives, les
associations de gens de petite taille, les sociétés philharmoniques, les collectionneurs. Leur nombre et leur objet est infini
.Elles perdent leur caractère de corps intermédiaire lorsqu’elles sont financées ou subventionnées par l’Etat ou quand l’Etat
désigne leur président.... Elles gardent cependant ce caractère lorsqu’elles passent seulement des conventions d’utilité
publique, ou sont astreintes à un cahier des charges en vue de missions d’intérêt général. Elles gardent alors leur
fonctionnement privé, tout en concourant au Bien Commun. Ex : l’Académie française ou l’Institut Pasteur... Ce fut le
principe des « métiers jurés » autrefois, quand des professions (boulangers....) étaient soumises à des obligations strictes.
C’est une question de degré. Ainsi des concessions d’autoroutes relèvent à la limite du corps intermédiaire et du service
public. Par ailleurs le caractère de corps intermédiaire - et les droits afférents- se perd lorsqu’il ne correspond plus aux
normes de l’ordre naturel. Exemple : une association regroupant des prostituées ou des gays/lesbiennes, une association de
défenseurs des drogues douces, certaines sectes.... ne peuvent prétendre au caractère de corps intermédiaire naturel. Elles
peuvent tout au plus être admises pour manifester la détresse humaine, la soulager ou tenter d’apporter des remèdes et
rechercher le moindre mal.
Les entreprises et coopératives ouvrières sont des corps intermédiaires simples. Quant aux syndicats de patrons ou de
salariés, ils ne peuvent devenir des corps intermédiaires majeurs que s’ils s’associent au sein d’une profession ou d’un
métier. Aujourd’hui il existe des syndicats de salariés au niveau de l’entreprise (souvent quand les entreprises sont petites
un syndicat rassemble des adhérents de plusieurs établissements dans la région, mais à la base il y a toujours une section
syndicale chargée des négociations avec la direction). Le plus souvent, ce type de syndicat se constitue au niveau du métier.
Au niveau supérieur, la branche regroupe les entreprises d’une même profession (près de 500 en France). C’est alors
davantage le produit qui réunit les salariés d’entreprises qui emploient des hommes de métiers différents. (Ex : l’Automobile,
le Textile, la Chimie, l’Assurance, les Métiers de la Viande : charcutiers, bouchers, tripiers, volaillers...) Pour élaborer et
LES ECOLES
Les écoles dites libres sont des corps intermédiaires libres, dès l’instant qu’elles peuvent choisir leurs professeurs, leurs
programmes, et avoir leur financement propre..... Elles associent en fait deux corps intermédiaires simples, le corps
enseignant et les parents d’élèves. Quand elles perdent ces attributs, elles deviennent des organes semi-publics et sont en
fait des organes de l’Etat, d’autant plus que les parents ne participent plus à part entière aux décisions. Elles perdent leur
caractère de corps intermédiaire. C’est le cas des écoles sous contrat, même si les directeurs sont nommés par les instances
familiales ou confessionnelles. C’est une question de degré selon l’importance de la « concession » octroyée par l’Etat. Les
écoles se conçoivent comme une entreprise, où trois corps de base, les enseignants, le personnel, les parents d’élèves
collaborent à une œuvre commune, même si leur statut particulier varie. Si ce sont les parents qui sont propriétaires, ils
désignent une direction, qui définit un projet scolaire. Si c’est la direction (les enseignants) qui est propriétaire, c’est elle qui
est totalement maîtresse des programmes Selon le cas on est dans une démocratie autoritaire ou dans une démocratie
participative.
LES UNIVERSITES
Il en est de même pour les Universités. En dépendant de l’Etat elles perdent leur caractère de corps intermédiaire. Seules
les Universités libres peuvent prétendre à cette qualification de corps intermédiaire. Ex : On a vu après Mai 68 se créer des
Universités totalement libres (par exemple la FACO, faculté autonome et cogérée de droit) pour échapper justement à la
tutelle contraignante de l’Etat
La commune est le corps intermédiaire local de base, intégré aux niveaux supérieurs le canton, l’arrondissement et la
province. Dans la mesure où ils disposent d’une très large autonomie financière et de gestion, ce sont tous de véritables
corps intermédiaires naturels. Ils perdent ce caractère lorsque les maires sont nommés par le pouvoir politique
(historiquement ce fut parfois le cas) ou lorsque leurs finances dépendent de fonds d’Etat. Ce sont alors des divisions
administratives du pouvoir central. C’est le cas des départements, gérés par des préfets ; par exemple les départements
d’outre-mer, Martinique ou Guadeloupe ont perdu leur caractère propre.
LES ARBITRAGES.
Est-ce l’anarchie ? Non, car si les conflits entre corps intermédiaires doivent se régler par des accords ou des conventions,
selon le principe de subsidiarité, il est indispensable qu’une autorité supérieure impose en cas de conflits aigus, au nom du
Bien Commun et de la Justice, les arbitrages nécessaires. C’est essentiellement le rôle de l’Etat.
CONCLUSION
Une société fonctionnant sur les corps intermédiaires, et non sur les partis, constitue un enchevêtrement complexe de
relations sociales, économiques ou culturelles. Ils expriment la vitalité d’une société en perpétuel mouvement et en
perpétuelle créativité. C’est pourquoi il n’y a pas un modèle tout fait, applicable à tous pays, à toutes régions. La Corse ou la
Vendée, l’Alsace, le Béarn ou la Flandre refléteront leurs particularismes. C’est ce qui fait la richesse d’une société plurielle.
Pas plus qu’il n’y a deux personnes semblables, deux familles semblables, il ne peut y avoir deux corps intermédiaires
identiques. Chaque nation, chaque profession reflète une image et des structures spécifiques. Les länders allemands sont
différents des cantons suisses. C’est l’Etat National qui imprime une Identité Nationale, qui la distingue d’autres nations et
préserve l’Unité autour de valeurs communes : un drapeau, une langue commune, une culture commune qui a produit des
écrivains, des musiciens, une histoire commune, des châteaux et des cathédrales, des forêts et des littoraux, une
gastronomie spécifique. La Nation est elle même un corps intermédiaire au sein d’ensembles plus vastes Mais ce type
d’organisation naturelle de la société – de type fédéral - est tout le contraire du nationalisme centralisateur et du
mondialisme qui uniformise toutes les structures. C’est la subsidiarité appliquée à tous les niveaux. C’est le projet de
l’Alliance Sociale
UN PARLEMENT DE CORPS INTERMEDIAIRES. Comment structurer un parlement représentant ces corps intermédiaires
pour sortir du système des partis politiques ? C’est l’objectif à envisager, qui sera développé ultérieurement.
Un ami médecin s’inquiétait de l’avenir de sa profession sous un régime socialiste. Je lui dis :
- La solution pour la France est dans l’ordre corporatif.
- Le corporatisme ? Ah ! non, la réglementation rigide, l’abandon des libertés,…
- Vous êtes donc pour le libéralisme, docteur ?
- Je suis pour la liberté.
- Disons que vous voulez garder votre cabinet, votre clientèle, votre façon d’opérer et ne voulant pas que tout se ramène à
l’hôpital, vous refusez le socialisme. Est-ce cela ?
- Exactement.
- Cependant, si grande que soit votre indépendance, elle ne va pas jusqu’à vous faire les médicaments, les injections, les
analyses de vos malades.
- Non
- C’est ici qu’intervient un caractère propre à votre profession. Vous êtes en droit de prescrire ce que des auxiliaires
exécutent : le pharmacien vendant sous sa responsabilité, le laboratoire, à condition d’être compétent, analysant, l’infirmière
diplômée faisant les piqûres. Bref, une organisation surveillée et contrôlée complète l’acte médical.
- Parfaitement.
- Vous souhaiteriez même, à l’inverse du socialisme, que les Hôpitaux vous apportent leur aide. Grâce à des appareils trop
coûteux pour vous.
- Mais oui.
- En somme, votre profession est organisée et elle l’est sous contrôle. Même pour vous médecins, il y a des règles, parfois
sévères. Règles de déontologie, serment d’Hippocrate. Règles de compétence qui supposent l’acquit des connaissances et la
conformité de vos traitements à des normes imposées.
- Règles parfois un peu étroites.
- Peut-être. Elles sont cependant nécessaires. Le contraire où n’importe qui pourrait faire n’importe quoi et soigner à sa
guise serait grave.
- Bien sûr.
- Résumons-nous. Votre cabinet je le compare à une entreprise. Vous le voulez indépendant. Disons que c’est une entreprise
libre. Par contre la profession, vous la voulez organisée et règlementée, ce qui revient à dire que vous voulez l’entreprise
libre dans la profession organisée et réglementée. Est-ce cela ?
- Oui, c’est cela.
- Eh bien Docteur, nous venons de trouver une définition du corporatisme, une définition que je reconnais incomplète,
suffisante toutefois pour nous donner du corporatisme un premier aperçu.
Reprenons-la. L’entreprise libre dans la profession organisée et réglementée. Qu’est-ce à dire sinon que la liberté et la
réglementation vont s’ordonner, se disposer chacune à la place qui leur convient. Autrement dit : la liberté d’entreprendre
avec toutes les initiatives que cela implique à condition toutefois de respecter certaines règles fondamentales du métier,
puisque ce sont ces règles qui protègent et garantissent le client. Quoi de plus naturel et de plus normal ?
Par cette définition, le corporatisme nous apparaît intermédiaire entre libéralisme et socialisme. Il présente en outre des
qualités de diversité, souplesse et adaptation qui expliquent sa longue durée et son immense extension. Or cette nécessité
d’une combinaison heureuse de libertés et de règlements vaut pour tout le régime politique ou économique, et elle était fort
bien sentie de nos anciens chefs d’Etat ou ministres. A commencer par M. Giscard d’Estaing qui déclarait : « Je gouverne au
Centre ». Le centre de quoi ? Sans doute au centre du libéralisme et du socialisme, un mélange, une mixture des deux
doctrines que son auteur baptisa : « libéralisme avancé ». Lequel libéralisme s’avançant lentement vers son contraire, sans
doctrine aucune ni aucun souci du réel, finit dans les bras de François Mitterrand.
Quant à M. Chirac, il a lui aussi son centre. C’est la fameuse troisième voie. Qu’est-elle au juste ? Je cherche en vain à le
découvrir.
Ces messieurs rêvent d’une doctrine centrale. Elle existe. Elle n’est pas un simple mélange, elle est un ordre et se nomme :
l’ordre corporatif.
Une dénomination qui le définit. Le corporatisme ordonne, autrement dit il situe liberté et réglementation comme on l’a vu
plus haut. Mais il peut aussi les combiner de façons diverses en les adaptant à chaque cas. Il le fait selon la nature du métier
ou de la profession, compte tenu des contraintes techniques ou naturelles et selon les conditions d’époque et le lieu. Il peut
suivre les désirs et préférences de ses membres sous la seule réserve de respecter l’intérêt public. Dans le cas contraire,
l’Etat interviendrait. En quoi chacun fait ce qu’il doit. Ce qu’oublient trop souvent nos adversaires et ce pourquoi je dis que le
corporatisme a un caractère naturel, tellement naturel qu’on en saisit souvent mal les principes ; car ce qui crève les yeux se
voit mal. Mais c’est aussi la raison pour laquelle il s’adapte si bien à toutes les circonstances. Alors que le libéralisme, que le
XVIIIè siècle tenait pour l régime typiquement naturel, est en fait artificiel et primitif.
C’est une conception abstraite, une construction de l’esprit qui aide à la compréhension de certains phénomènes
économiques ; ce n’est nullement une bonne doctrine. Bien sûr, il y a la réussite américaine. Mais elle s’explique. Elle
s’explique par la rencontre d’immenses richesses et d’immenses besoins avec l’énergie laborieuse d’immigrants venus
d’Europe qui changèrent une terre déserte en une formidable puissance économique. Elle a fait l’étonnement du monde.
Précisément cet exemple influe sur la pensée de nos économistes : critiquez devant eux le libéralisme, ils regardent Outre-
Atlantique. Ils ont tort. La France a grandement pâti à vouloir suivre un système si peu fait pour elle. Pourquoi n’avoir pas
tout simplement réformé le corporatisme au lieu de le détruire ? Pourquoi en 1789 se jeter follement dans un libéralisme
effréné qui nous valut la crise de 1830 et la évolution qui s’ensuivit sans parler de tous les maux politiques des XIXè et XXè
siècles ? Un corporatisme libéral, ouvert, comme le nomme M. Salleron, n’eut-il pas été la vraie solution ? On peut rêver et
refaire l’Histoire. On ne peut s’empêcher de penser que le choix ne fut pas bon.
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