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Chapitre 7 : Le modèle keynésien de sous-emploi

La grande dépression économique des années 1929-1939 a conduit John Maynard Keynes, à
proposer, en 1936, dans son livre « La Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la
monnaie» une explication crédible des causes de l'insuffisance de la demande, et donc de la
contraction de la production et du chômage. Il suggère aux pouvoirs publics d’intervenir
quand l'insuffisance de la demande globale conduit à un équilibre de sous-emploi. Il considère
le marché comme un régulateur imparfait de l’économie et que les imperfections du marché
peuvent être corrigées par l’intervention de l’Etat pour résorber le chômage et stimuler
l’investissement.

I- Définitions et Hypothèses du modèle keynésien du sous-emploi

1- Définitions

Dans l’analyse keynésienne, il peut effectivement apparaître un déséquilibre


macroéconomique, c’est-à-dire un écart entre ce que les agents souhaitent (équilibre ex ante)
et ce qu’ils observent (équilibre ex post).
On parle d’équilibre comptable lorsque, sur le marché des biens et services, l’ensemble des
échanges est effectué, c’est à dire lorsque, par construction, les biens et services fournis sont
égaux à la demande effective de biens et services. Il s’agit d’un équilibre ex post puisqu’il est
observable à posteriori, c’est à dire une fois que l’ensemble des échanges s’est produit.
L’équilibre macroéconomique ou équilibre ex ante, correspond à ce que les agents
souhaitent avant que des contraintes éventuelles (sous-emploi, insuffisance de la demande
effective) ne les conduisent à réviser leurs plans. Il repose donc sur les anticipations et la
coordination des agents économiques.

En résumer, l’équilibre comptable (celui qui constate les dépenses effectuées) peut ne pas
coïncider avec l’équilibre macroéconomique (celui qui est souhaité initialement). D’où
l’apparition de déséquilibres qui ne permettent pas d’assurer le plein-emploi. On parle alors
d’un équilibre de sous-emploi.

2- Hypothèses du modèle

Les hypothèses du modèle keynésienne apparaissent comme une rupture avec l’analyse
classique sur plusieurs points :
H1 : l’économie n’est pas concurrentielle, car dominée par les monopoles et les
oligopoles.
H2 : l’information n’est pas parfaite, d’où l’existence de la notion d’anticipation des
agents économiques.
H3 : l’analyse keynésienne étant dans le court terme, le niveau général des prix et le
taux de salaire sont rigides. Ainsi, l’ajustement se fait donc par les quantités et non par
les prix.
H4 : L’analyse keynésienne n’est pas dichotomique. En effet, les deux sphères (réelle
et monétaire) vont communiquer par l’intermédiaire du taux d’intérêt.

II- Présentation du modèle keynésien


Le modèle keynésien a pour objet d’expliquer la relation entre la demande effective et le
niveau de production. Pour une meilleure compréhension, le modèle va être présenté dans
sa version simplifiée, puis dans sa version complète.

1- Modèle simplifié de sous-emploi ou modèle Revenu-Dépenses


Dans ce modèle, on va éliminer l’effet du taux d’intérêt en isolant la sphère réelle de la sphère
monétaire. Cette séparation suppose que la sphère réelle ne dépend pas du taux d’intérêt,
c'est-à-dire que l’investissement est autonome.
Pour mieux expliquer la notion du multiplicateur, nous procédons par étapes, en travaillant
dans un premier temps sur une économie à deux agents (fermée et sans état), puis sur une
économie à quatre agents.

a- Modèle simplifié à deux secteurs


Supposons une économie à deux agents en situation de sous-emploi décrite par :
■ C = C0 + c Y
■ I = I0
Contrairement aux économistes classiques, le niveau de production d’équilibre n’est pas
déterminé à partir de l’équilibre sur le marché du travail, mais à partir de la demande
effective, c'est-à-dire :
Y = C + I = C0 + c Y + I0 (Co + Io = A0 ; c’est à dire les dépenses autonomes)
𝑪𝟎 + 𝑰𝟎 𝑨𝟎 𝟏
Y (1 - c) = C0 + I0 = A0 ↔ 𝒀 = = = 𝒌 𝑨𝟎 , avec k =
𝟏−𝒄 𝟏−𝒄 𝟏−𝒄
« k » est appelé multiplicateur keynésien des dépenses autonomes. Il se définit comme étant
la variation de la production résultant de la variation des dépenses autonomes d’une unité.

b- Modèle simplifié à quatre secteurs


Supposons une économie à quatre agents en situation de sous-emploi décrite par le modèle
suivant :
C = Co + cYd,
T = To + tY
G = Go
I = Io
X = Xo
M = Mo + mY
La détermination du niveau de production d’équilibre procède de la même logique que dans
l’économie à deux agents. En effet, l’équilibre macroéconomique est tel que :

Y =C+I+G+X-M
Y = Co + c Y - c To - ct Y + Go + Io + Xo - Mo - m Y
Y(1 — c + ct + m) = Co — cTo + Go + Io + Xo – Mo

𝐂𝐨 — 𝐜𝐓𝐨 + 𝐆𝐨 + 𝐈𝐨 + 𝐗𝐨 – 𝐌𝐨
𝒀=
𝟏 — 𝐜 + 𝐜𝐭 + 𝐦

En posant Ao = Co + cT0 + Go + Io + Xo – M0, on obtient:


𝑨𝟎
𝒀=
𝟏 — 𝐜 + 𝐜𝐭 + 𝐦

𝟏
Et le multiplicateur « k » est égal à : 𝒌 =
𝟏 — 𝐜 + 𝐜𝐭 + 𝐦

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