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CHAPITRE PREMIER 

: CONSIDERATIONS GENERALES SUR LA


PROTECTION DE L’ENFANT
Pour aborder la question de la protection de l’enfant, il est utile
que nous commencions par définir qui est l’enfant (section 1), par identifier ses
droits et ses devoirs (section 2), par voir l’historique de la création du tribunal
pour enfant (section 3) et l’instruction de l’organisation du tribunal pour enfant
(section 4).
Section 1 : Approches lexicales
Dans cette section il sera premièrement question de définir qui est
un enfant tout en relevant quelques concepts relatifs à celui-ci ensuite nous
ferons un aperçu sur la protection ordinaire et spéciale de l’enfant.
Paragraphe 1 : Quid l’enfant
Le concept  « enfant » revêt plusieurs acceptations ou
significations. Pour une appréhension plus aisée nous allons définir le mot
enfant d’abord au sens étymologique ensuite d’un point de vu législatif.
Au sens étymologique le mot enfant vient du Latin « infantum » et
« infans ». Dans la Rome antique, il désignait un être qui ne sait exprimer sa
pensée par la parole, qui ne sait parler c’est-à-dire un bébé.
Le petit Robert de la langue française définie l’enfant comme étant
un être humain dans les premières années de sa vie de la naissance à
l’adolescence.
21

Au moyen âge, les enfants étaient considérés comme des petits


adultes, des êtres humains en version modèle réduit et la fragilité de l’enfant par
sa faiblesse naturelle n’était pas considérée. Cependant, la définition de
l’enfance peut différer selon les disciplines qui traitent du sujet. Droit,
Psychologie, Médecine, Biologie ne fixent pas exactement les mêmes repères.
Très souvent, s’impose une confusion entre les termes « enfant » et « mineur »
et c’est à ce niveau que la loi intervient avec un net éclaircissement.
D’un point de vue législatif, l’enfant est défini comme toute
personne âgée de moins de 18 ans et le terme mineur est tout simplement une
autre appellation de l’enfant au regard du droit ou de la loi. Pour celle-ci, une
personne qui n’est pas adulte est appelée mineur.22

21
Https : sites.google.com/site//éty,ologielatingrec/home/e/enfant consulté le 10 mai 2021
22
Voir l’exposé des motifs de la loi N9/001 portant protection de l’enfant, titre 1, art 2, alinéa 1
Ainsi l’enfance commence soit à la naissance soit à l’âge de la
parole et elle se termine soit à l’adolescence avec l’entrée dans la puberté, soit à
l’âge légal de la majorité civile. Le mot enfant désigne aussi une position
relative à un parent indépendamment de l’âge. « L’enfant de » renvoie alors au
statut généalogique, à la filiation légale ou encore à un lien affectif ou social.23
L’enfant est dépendant de son environnement et gagne petit à petit
son indépendance. Les caractéristiques de son environnement, ses parents, sa
culture, l’époque à laquelle il est né influencent son développement. Cette
interaction entre l’enfant et son environnement doit être pris en compte pour
mieux comprendre son développement, en particulier son développement
psychologique.

Paragraphe 2 : Quelques concepts liés à l’enfant

Au travers le monde il y’a des enfants qui au-delà de leur


qualificatifs d’enfant s’ajoute d’autres qualificatifs que la société leur donne
suite au concours de certaines circonstances et de certaines réalités.
1. D’une manière générale

a. Enfants placés : ce sont des enfants en Suisse, placés dans des familles
paysannes pour servir de main d’œuvre bon marché des années 1800 aux
années 1960.24
b. Enfants inadaptés : ce sont des enfants présentant des troubles divers
ayant en commun un mal d’ajustement entre eux et leur environnement et
qui se traduit par un mal être.25
c. Enfants sorciers : ce sont des enfants accusés de sorcellerie. Les enfants
albinos, orphelins et handicapés sont les plus exposés aux accusations de
sorcellerie.

2. Au regard de la loi

a. L’enfant déplacé : est celui qui est non accompagné de ses parents ou
tuteur et qui a été contraint de quitter son, milieu de vie par suite de

23
https://fr.wikipedia.Org/wiki/enfant/ Consulté le 10 mai 2021
24
https://fr.wikipedia.Org/wiki/enfantplacés/ consulté le 10 mai 2021
25
https://fr.psychologies.com/dico-psycho/enfant-inapte Consulté le 10 mai 21
guerre, de catastrophes naturelles ou d’autres évènement graves et s’est
installé dans un endroit à l’intérieur du pays où il réside.26
b. L’enfant réfugié : est tout enfant qui a été contraint de fuir son pays en
franchissant une frontière internationale et qui demande le statut de
réfugié.27
c. L’enfant en situation difficile : est un enfant qui ne jouit pas de ses droits
fondamentaux et qui n’a pas accès aux services sociaux de base tel que la
santé, le logement, l’alimentation, et l’éducation.28
d. L’enfant en situation exceptionnelle : c’est l’enfant en situation de conflit
armés, de tensions ou de troubles civils, de catastrophes naturelles ou
dégradation sensible et prolongée des conditions sociaux-économiques.29
e. L’enfant avec handicap physique ou mental : c’est un enfant se trouvant
dans une situation qui peut constituer un obstacle ou une difficulté à
l’expression normale de toutes ses facultés physiques ou mentales.30
f. L’enfant séparé : l’enfant séparé de ses père et mère ou de la personne qui
exerçait sur lui une autorité parentale.31
g. L’enfant en conflit avec la loi : c’est un enfant âgé de 14 à moins de 18
ans qui commet un manquement qualifié d’infraction à la loi pénale.32

Paragraphe 3 : Les principes fondamentaux


Les dispositions de la loi portant protection de l’enfant sont
applicables à tout enfant vivant sur le territoire national, sans discrimination. Par
discrimination, il faut entendre toute exclusion, toute distinction arbitraire dans
la jouissance des droits garantis par la loi fondée sur la race, sur la couleur, le
sexe, la langue, la religion, les opinions de l’enfant, de ses parents ou
représentants légaux, l’origine nationale, éthique, tribale ou sociale, la fortune,
la santé, le handicap physique, l’incapacité, l’âge, la naissance ou tout autre
situation.33
Tous les enfants sont égaux devant la loi et ont droit à une égale
protection. Il est interdit à l’égard des enfants tout acte discriminatoire car
l’intérêt supérieur de l’enfant doit être une préoccupation primordiale dans
toutes les décisions et mesures prises à son égard. Par intérêt supérieure de
26
Art 2, alinéa 1, point 2 de la loi portant protection de l’enfant
27
Art 2, alinéa 1, point 3 de la loi portant protection de l’enfant
28
Art 2, alinéa 1, point 4 de la loi portant protection de l’enfant
29
Art 2, alinéa 1, point 5 de la loi portant protection de l’enfant
30
Art 2, alinéa 1, point 6 de la loi portant protection de l’enfant
31
Art 2, alinéa 1, point 7 de la loi portant protection de l’enfant
32
Art 2, alinéa 1, point 8 de la loi portant protection de l’enfant
33
Art 2 de la loi portant protection de l’enfant
l’enfant, il faut entendre le souci de sauvegarder et privilégier à tout prix ses
droits.
L’enfant capable de discernement a droit d’exprimer son opinion
sur toutes questions l’intéressant. Ses opinions étant dument prises en
considération en égard à son âge et à son degré de maturité. Aucun enfant ne
peut être soumis à la torture ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou
dégradant. La peine de mort et la servitude pénale à perpétuité ne peuvent être
prononcées pour les infractions commises par un enfant.
Aucun enfant ne peut être privé de liberté de façon illégale ou
arbitraire. L’arrestation, la détention ou l’internement d’un enfant ne peuvent
être décidés qu’en conformité avec la loi, comme mesure ultime et pour une
durée brève que possible. Tout enfant privé de liberté est traité avec humanité en
tenant compte des besoins des personnes de son âge. Il est séparé des parents à
moins que la loi l’estime préférable de ne pas le faire dans son meilleur intérêt.
Il a le droit de rester en contact avec sa famille par correspondance et par des
visites sauf circonstances exceptionnelles.

Section 2 : Droits et devoirs de l’enfant


Paragraphe 1 : Les droits de l’enfant
A. Historique du droit de l’enfant
Les droits de l’enfant sont les droits de la personne qui
s’appliquent à tout être humain âgé de moins de 18 ans sauf si la majorité est
atteinte plus tôt en vertu de la législation qui lui est applicable.
Les jeunes ont droit à une protection et à des soins attentionnés, au
maintien d’un lien avec leurs parents biologiques, à une identité humaine, à la
satisfaction de leurs besoins alimentaires fondamentaux, à une instruction
financée par l’Etat, à des soins de santé et à des lois pénales adaptées à leur
développement.
Les droits de l’enfant en tant que branche des droits de l’homme
visent la protection spécifique de l’enfant être humain à part entière tout en
considérant son caractère vulnérable et sa nécessité de développement. Ces
droits sont l’objet des traités nationaux et internationaux dont la portée va de
l’offre de l’autonomie à la protection physique, psychologique ou
émotionnelle.34
34
Convention relative aux droits de l’enfant (CIDE), adoptée par l’assemblée générale des Nations unies le 20
Novembre 1989
C’est au 18 eme siècle avec les philosophes de lumière que l’on
commence à s’intéresser aux conditions du développement de l’enfant qui a
besoin d’éducation, d’aide et d’une protection pour son épanouissement. Cette
évolution s’inscrit dans le cadre de la révolution et de la reconnaissance des
droits de l’homme en général. Pour LOCKE : « Tous les hommes sont
naturellement égaux et disposent des droits dès la naissance dont ils prennent
conscience ultérieurement ». Il estime que les parents ont des devoirs envers
leurs enfants et ainsi il ouvre la perspective de pouvoir créer un droit propre aux
enfants.35
Au 19 e siècle c’est l’avènement de la révolution industrielle et de
nombreux enfants commencent à travailler dans les usines. Les gouvernements
des pays concernés commencent à faire des lois pour protéger l’enfant contre les
conditions de travail difficiles et les mauvais traitements.
En 1948 la déclaration universelle des droits de l’homme adoptée
le 10 Décembre reconnait que : « la maternité et l’enfance ont droit à une aide
spéciale ». Deux nouveaux devoirs de l’humanité envers les enfants y
apparaissent :
 L’enfant doit être protégé en dehors de toute considération de race, de
nationalité et de croyance.
 L’enfant doit être aidé en respectant l’intégrité de la famille.

D’après SELOGENE ROYAL, la notion « droit de l’enfant » peut revêtir


plusieurs sens qui résultent des traditions philosophiques et distinctes. La
première met l’accent sur le fait que le premier droit de l’enfant est le droit à la
protection et au respect de la spécificité de son âge.36
A notre avis, les concept « droit de l’enfant » n’a que deux sens :
 Premièrement, le droit de l’enfant signifie la législation relative à l’enfant
laquelle avant tout est fonctionnelle c’est-à-dire vise la protection de
l’enfant en tant que faisant parti de la catégorie des personnes vulnérables.
 Deuxièmes, le droit de l’enfant comprend l’ensemble des prérogatives
reconnus à l’enfant ayant besoin d’assistance.
Toutefois, il faut attendre le 20ème siècle pour que l’enfant soit considéré comme
une personne à part entière avec des droits spécifiques.

35
 MORERE Pierre, «  l’idée d’éducation chez LOCKE et ses fondements empiriques  » ; Revue de la société
d’étude anglo-américaines des 17 et 18e siècle, 2005
36
SELOGENE ROYAL, les droits de l’enfant, éd. Dalloz, Paris, 2007, p.35
B. Textes sur les droits de l’enfant

1. La déclaration universelle des droits de l’homme


Ce n’est qu’après la fin de la seconde guerre mondiale que la question des droits
de l’homme devient une préoccupation majeure. En 1946, l’ONU crée une
agence spéciale pour l’enfance qui est l’UNICEF chargé d’améliorer les
conditions de vie de l’enfant.
2. La convention relative aux droits de l’enfant
La convention internationale des droits de l’enfant est un traité international
adopté par l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations Unies le 20
Novembre 1989 dans le but de reconnaitre et protéger les droits spécifiques aux
enfants, en élargissant les concept de droit de l’homme tel que prévu par la
déclaration des droits de l’homme, elle introduit le concept d’intérêt supérieur de
l’enfant qui est un principe général d’interprétation juridique relevant du droit
international privé et consacrant le passage de l’enfant d’objet de droit à sujet de
droit. En l’honneur de cette convention est organisée tous les 20 Novembre une
journée internationale du droit de l’enfant.
Ainsi que l’indiquent les sources officielles des Nations Unies la convention est
construite sur ses différentes articles :
- La non-discrimination (art 2)
- L’intérêt supérieur de l’enfant (art3)
- Le droit à la survie et au développement (art 6)
- L’opinion de l’enfant (art 12)

Pour la première fois des droits civiles, économiques, politiques, sociaux et


culturels sont reconnus à l’enfant. Celui-ci n’est plus considéré comme un être
protégé mais comme un acteur de saisi. Ses parents et l’Etat doivent lui
permettre de se développer physiquement, mentalement et socialement pour
qu’il puisse lui-même exercer ses droits.
C. Les droits de l’enfant en RDC
S’agissant des droits de reconnus à l’enfant, le législateur Congolais n’est pas
resté muet sur ce point. Il a donné une nomenclature des droits reconnus à
l’enfant dans les dispositions de la loi N 09/001 du 10 Janvier 2009.
1. Droit à la vie
Tout enfant a droit à la vie. Le père et la mère ou l’un d’eux ou la personne
exerçant l’autorité parentale ainsi que l’état ont l’obligation d’assurer sa survie.
2. Droit à une identité
Tout enfant a droit à une identité dès sa naissance. Sans préjudice des
dispositions des articles 56 et 70 du code de la famille, l’identité est constituée
du nom, du lieu et de la date de naissance, du sexe, des noms et de la nationalité.
L’enfant illégalement privé d’un ou de tous les éléments constitutifs de son
identité a droit à une assistance et à une protection appropriée assurée par les
instances compétentes. Tout enfant a le droit d’être enregistré à l’état civil dans
les 90 jours qui suivent sa naissance conformément à la loi. Pour les enfants, le
code de la famille impose la déclaration de leur naissance à l’état civil dans les
plus brefs délais que possible afin d’assurer leur protection.
A cet égard, la législation nationale est conforme aux conventions nationales
cependant la réalité congolaise contraste sensiblement cette exigence .37
3. Droit à l’adoption
Tout enfant a droit à l’adoption. Sans préjudice des dispositions des articles 650
à 691 du code de la famille, l’adoption d’un enfant par un étranger n’a lieu que
si les autorités compétentes de l’état d’origine ;
- Constatent après avoir dûment examiné les dispositions de placement de
l’enfant dans son état d’origine que l’adoption répond à l’intérêt supérieur
de l’enfant.
- Se sont assurés que le consentement n’est pas obtenu moyennant
paiement, les souhaits et avis de l’enfant sont pris en considération selon
son âge et son niveau de maturité, le consentement de l’enfant à
l’adoption est donné librement dans les formes légales requises et que ce
consentement est constaté par écrit.
L’adoption ne peut être accordée que dans la mesure où les autorités
compétentes de l’état d’accueil constatent que les futurs parents adoptifs sont
qualifiés à adopter et que l’enfant est autorisé à entrer et à séjourner de façon
37
LEMBO KIALA Ali, «  Recueil des modèles de formation de protection légale de l’enfant », Kinshasa, 2004, p.30
permanente de cet état. Il sied de noter que l’adoption d’un enfant par une
personne ou un couple homosexuel, un pédophile ou une personne souffrant de
troubles psychiques est strictement interdite.38
4. Droit à la santé et à la sécurité sociale
Tout enfant a le droit de jouir du meilleur état de santé possible. Ce droit inclut
les soins de santé, l’allaitement maternel ainsi qu’une alimentation saine,
suffisante, équilibrée et variée. Tout enfant a le droit de bénéficier de la sécurité
sociale conformément à la loi.
5. Droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion
Les parents et le cas échéant la personne exerçant l’autorité parentale fournit à
l’enfant des orientations dans l’exercice de ce droit d’une manière compatible
avec l’évolution de ses capacités et de son intérêt.
6. Droit à la liberté d’expression et d’information
L’enfant a droit à la liberté d’expression sous l’autorité des parents et sous
réserve du respect de la loi, de l’ordre public et des bonnes mœurs. Ce droit
comprend la liberté de rechercher, de recevoir et répandre des informations et
des idées de toute espèce, sans considération de frontière sous forme écrite,
imprimée ou artistique ou pour tout autre moyen du choix de l’enfant.
Il a également droit à l’information et pour ce faire l’état veille à l’application
effective des textes légaux garantissant la diffusion des informations qui ne
porte pas atteinte à l’intégrité morale ni au développement intégral de l’enfant.
L’état encourage donc les médias à diffuser une information saine et des
programmes qui présentent une utilité sociale, culturelle et morale pour l’enfant.
7. Droit à la liberté d’association
L’enfant a le droit à la liberté d’association et des réunions pacifiques sous la
responsabilité des parents et sous réserve de la loi, de l’ordre public et des
bonnes mœurs.
8. Droit au respect de sa vie privée
L’enfant a le droit d’être protégé contre tout immixtion dans sa vie privée, sa
famille, son domicile et sa correspondance et contre toute atteinte illégale à son
honneur et sa réputation.
9. Droit de vivre avec ses parents

38
Art 28 de la loi portant protection de l’enfant
L’enfant a le droit de vivre avec ses parents ou avec les personnes exerçant sur
lui l’autorité parentale. Toute décision à prendre doit tendre à maintenir l’enfant
dans son milieu familial et éviter de le séparer de ses parents sauf si l’autorité
judiciaire estime qu’une séparation est nécessaire pour sauvegarder son intérêt,
sous réserve d’une nouvelle décision judiciaire conformément aux dispositions
de la présente loi.
10.Droit à la protection contre le déplacement
L’enfant a le droit d’être protégé contre le déplacement et/ou la rétention illicite
à l’étranger perpétré par un parent ou un tiers.
Le déplacement ou la rétention d’un enfant est considéré comme illicite lorsqu’il
a lieu en violation d’un droit de garde attribué à une personne, une institution ou
tout autre organisme seul ou conjointement par le droit de l’état dans lequel
l’enfant avait sa résidence habituelle immédiatement avec son déplacement ou
sa rétention et que ce droit était exercé de façon effective au moment du
déplacement ou de la rétention.
11.Droit l’éducation
Tout enfant a droit à l’éducation. Les parents ont l’obligation d’envoyer leurs
enfants à l’école sans aucune discrimination. L’état garantit le droit de l’enfant à
l’éducation en rendant obligatoire et gratuit l’enseignement primaire public. Il
organise les différentes formes d’enseignements secondaires et professionnels et
il intègre l’enseignement des droits humains, en particulier des droits et devoirs
de l’enfant ainsi que l’initiation à la vie à tous les niveaux du système éducatif.
Paragraphe 2 : Devoirs de l’enfant
S’inspirant de la charte africaine du droit et du bien-être de
l’enfant, nous avons pu relever en son article 31, les responsabilités de l’enfant
envers sa famille, la société, l’état et toute autre communauté reconnue
légalement ainsi qu’envers la communauté internationale.
L’enfant, selon son âge et ses capacités, et sous des restrictions contenues dans
la présente charte, a le devoir :
- D’œuvrer pour la cohésion de sa famille, de respecter ses parents et
personnes âgées en toutes circonstances et de les laisser en cas de besoin ;
- De servir sa communauté nationale en plaçant ses capacités physiques et
intellectuels à sa disposition ;
- De préserver et de renforcer les valeurs culturelles africaines dans ses
rapports avec les autres membres de la société, dans un esprit de
tolérance, de dialogue, et de consultation, de contribuer au bien-être moral
de la société ;
- De préserver et renforcer l’indépendance nationale et l’intégrité de son
pays ;
- De contribuer au mieux de ses capacités, en toutes circonstances et à tous
les niveaux à promouvoir et à réaliser l’unité africaine.39
Au niveau national, le législateur congolais a énuméré une liste de devoir qui
incombe à l’enfant, en son article 43 de la loi N 09/001 du 10 Janvier 2009 et
prévoit ce qui suit ; l’enfant a des devoirs envers ses parents, sa famille, la
société, l’état, la communauté internationale, ainsi que vis-à-vis de lui- même,
l’enfant, selon âge, ses capacités et sous réserve des restrictions contenues dans
la présente loi, a le devoir de :
 Saisir toutes les opportunités qui lui sont offertes par ses parents, sa
famille, sa communauté, l’état ainsi que la communauté internationale
pour son développement intégral ;
 Contribuer en toutes circonstances et à tous les niveaux à la promotion
des valeurs citoyennes et démocratiques, notamment la culture de la paix,
la tolérance, le dialogue, l’unité, l’indépendance nationale ;
 Contribuer à la préservation et au renforcement de la solidarité de la
communauté et la nation ;
 Œuvrer au respect des droits humains et des droits de l’enfant ;
 Œuvrer pour la cohésion de sa famille et pour le bien de la communauté et
de la nation dans la mesure de ses capacités ;
 Aller à l’école ;
 Respecter les droits, la réputation et l’honneur d’autrui, les lois et
règlement du pays ;
 Respecter l’environnement, les biens et lieux publics et promouvoir la
qualité de vie pour tous ;
 Obéir à ses parents, respecter ses supérieurs, les personnes âgées et celles
de son âge en toute circonstance, les assister en cas de besoin.

Section 3 : Origine et organisation du Tribunal pour Enfant


Les Tribunaux pour enfants ont été créés par la loi N9/001 du
10 Janvier 2009 portant protection de l’enfant. En effet, cette loi dispose en son
39
MUTOY MUBIALA, le système régional africain de protection des droits de l’homme, éd. Emile Bruyant,
Bruxelles, 2005, p.121
article 84 qu’il est créé dans chaque territoire et dans chaque ville, une
juridiction spécialisée dénommée Tribunal pour enfants.
Il est composé d’un président et des juges tous affectés par le
conseil supérieur de la magistrature parmi les magistrats de carrières spécialisés
et manifestant de l’intérêt dans le domaine de l’enfance.
A ce jour, un seul tribunal pour enfants est opérationnel dans
chacune des provinces et dans la ville de Kinshasa. En effet, deux ans après
l’installation des premiers tribunaux pour enfants en RDC le président par
ordonnance N 13/037 et 038 du 1 Juin 2013 et sur proposition du conseil
supérieur de la magistrature, a affecté des juges compétents dans les sièges
ordinaires et secondaires des tribunaux pour enfants en RDC. Et il est de
coutume qu’en matière d’enfance lors d’un procès les avocats puisse se
présenter sans toge ; et cela s’explique par le fait qu’en voyant la toge l’enfant
risquerait d’être traumatisé ou frustré, lorsqu’un enfant commet une infraction
on le considère comme un manquement c’est-à-dire l’enfant est en conflit avec
la loi car un enfant ne commet par d’infraction.
Le Tribunal pour enfant est organisé de manière à ce qu’on y
retrouve : le Juge, le ministère public, le Greffier et surtout un Assistant Social
et un système alternatif de garde des enfants et de prise en charge judiciaire.
Ainsi, la protection spéciale est bénéfique à une certaine
catégorie d’enfant notamment l’enfant rejeté, abandonné, exposé à la négligence
ou au vagabondage ou qui se livre habituellement à la mendicité. A l’enfant qui,
par sa mauvaise conduite donne des graves sujets de mécontentement à ses
parents, tuteurs ou à son entourage, l’enfant qui se livre à la débauche ou
cherche ses ressources dans le jeu, trafics ou occupations, s’exposant à la
prostitution ou à la criminalité, l’enfant accusé de sorcellerie, l’enfant victime
d’une grossesse et qui est devenu objet de maltraitance de la part de ses parents
ou tuteurs, l’enfant sans soutien familial suite à la perte de ses parents.
En effet, la protection spéciale doit se réaliser à travers les
mécanismes de tutelles de l’Etat tel que prévu par la loi notamment le placement
social de prise en charge appropriés comme la famille d’accueil qui est une
structure à caractère familial qui prend en charge de façon temporaire, le foyer
autonome qui est une structure composée et entrenue par un groupe d’enfants
placés sous la supervision d’une institution publique ou privée à caractère social.
Il est important de noter que les parents incapables d’assurer la
survie de leurs enfants bénéficient d’une assistance matérielle ou financière de
l’Etat. Les arrêts des ministres ayant dans leurs attributions la famille, l’enfant et
les affaires sociales filent les conditions nécessaires pour l’intervention de
l’Etat.40
Section 4 : De la compétence du Tribunal pour enfants
Sur fondement de l’article 149 alinéa 5 de la Constitution, l’article
84 de la loi portant protection de l’enfant créée, dans chaque territoire et dans
chaque ville, une juridiction spécialisée dénommée tribunal pour enfants. Le
Tribunal pour enfant n’est compétent qu’à l’égard des personnes âgées de moins
de 18 ans .41
Ainsi, en matière répressive, le tribunal pour enfant est le seul
compétent pour connaître des matières dans lesquelles se trouve impliquer
l’enfant en conflit avec la loi. Tout autre tribunal qui serait saisi au pénal d’une
cause dont l’enfant serait prévenu, doit se déclarer incompétent en raison de la
personne. Lorsque l’enfant est poursuivi en participation ou en corréité
(complicité) avec des adultes, la juridiction autre que le tribunal pour enfant doit
ordonner la disjonction des poursuites et renvoyer l’enfant devant son juge
naturel, à savoir le tribunal pour enfant.
En matière civile, il connait des matières se rapportant à l’identité,
la capacité, la filiation, l’adoption et la parenté des enfants. Il sied de noter qu’en
matière répressive, l’âge qui est pris en compte est l’âge au moment de la
commission des faits.
Section 5 : La procédure devant le tribunal pour enfant
Paragraphe 1 : De la saisine
Le tribunal pour enfant est saisi par :
1. La requête de l’officier du ministère public ;
2. La requête de l’officier de police judiciaire dès qu’il a connaissance
des faits portés contre l’enfant ;
3. La requête de la victime ;
4. La requête des parents ou tuteurs ;
5. La requête de l’assistant social ;
6. La déclaration de l’enfant lui-même
Lorsque le Tribunal est saisi par l’officier de police judiciaire,
celui-ci en informe immédiatement le tribunal en faisant le procès-verbal que le
tribunal prendra ou pas avec considération.
Paragraphe 2 : Des garanties procédurales
40
Principe de l’Etat interventionniste dans les affaires familiales
41
Article 94 de la loi portant protection de l’enfant
L’intérêt de l’enfant étant d’abord entre les mains du juge dès
qu’il a connaissance des faits portés contre l’enfant ensuite l’officier du
ministère public ou de police judiciaire en informe immédiatement ses parents
ou tuteur qui exerce sur lui l’autorité parentale.42
Tout enfant suspecté ou accusé d’un fait qualifié d’infraction par
la loi pénale bénéficie sous la peine de nullité de la procédure des garanties ci-
après :
1. Doit à la présomption d’innocence et à un procès équitable ;
2. Le droit de voir son affaire être jugée dans un délais raisonnable ;
L’enfant a aussi le droit d’être entendu en présence de ses parents,
de ses tuteurs qui ont sa garde ou l’assistant social et l’enfant a droit à la
confidentialité du dossier judiciaire le concernant.
Paragraphe 3 : Des mesures provisoires
Le juge pour enfant peut avant de statuer, prendre par voie
d’ordonnance l’une des mesures provisoires suivantes :
1. Placer l’enfant sous l’autorité de ses pères et mères ou de ceux qui en ont
la garde ;
2. Assigner à résidence l’enfant sous la surveillance de ses pères et mères ou
de ceux qui en ont la garde ;
En ce qui concerne les mesures provisoires, le choix du juge pour
enfants doit être privilégié autant que possible afin d’assurer le maintien de
l’enfant dans un environnement familial.
Si les mesures prévues à l’article 106 ne peuvent être prises parce
que l’enfant est présumé dangereux et qu’aucun couple ou institution n’est en
mesure de l’accueillir, l’enfant peut être préventivement placé dans un
établissement de garde et d’éducation de l’Etat pour une durée ne dépassant pas
deux mois.

Paragraphe 4 : De l’institution


Aux fins de l’instruction de la cause, le juge peut à tout moment
convoquer l’enfant et les personnes qui exercent sur lui l’autorité parentale. Le
42
Article 103 du code portant protection de l’enfant
juge appréciera les conditions de sursis, il passe à la vérification de l’identité de
l’enfant et le soumet à une visite médicale portant sur son état physique ou
mentale. En cas de doute sur l’âge de l’enfant, la présomption de la minorité
prévaut. Le greffier notifie la date de l’audience à la partie lésée, la procédure
par défaut est exclue à l’égard de l’enfant.
Dans l’intérêt de l’enfant le juge peut décider du déroulement
des plaidoiries et dans la présence de l’enfant l’audience se déroule sans toge et
le ministère public donne son avis sur le banc. Lorsque le fait commis par
l’enfant est connexe à celui qui peut donner lieu à une poursuite contre un
adulte, les poursuites sont disjointes et l’enfant est poursuivi devant le juge pour
enfant. A l’enfant qui, par sa conduite donne des graves sujets de
mécontentement à ses parents, à ses tuteurs ou à son entourage, à l’enfant qui se
livre à la débauche et autres formes de délinquance, est réservé une protection
spéciale qui doit se réaliser à travers les mécanismes de tutelles de l’Etat tel que
prévu par la loi, le placement social de pris en charge approprié.
Paragraphe 5 : De la décision
Un décret du premier ministère délibéré en conseil des
ministères fixe l’organisation et le fonctionnement de l’établissement de garde et
d’éducation de l’enfant. Car dans les huit jours qui suivent la prise en délibéré
de cause ou le juge prend l’une décision suivantes :
1. Réprimander l’enfant et le rendre à ses parents ou aux personnes qui
exercent sur lui l’autorité parentale en leur enjoignant de mieux le
surveiller à l’avenir.
2. Le confier à un couple de bonne moralité ou d’une institution privée agréé
à caractère social pour une période ne dépassant pas la dix-huitième année
d’âge.
Paragraphe 6 : Des voies de recours
Les décisions rendues par le juge pour enfant sont susceptibles
d’opposition ou d’appel, hormis le ministère public et l’enfant concerné,
l’opposition est ouverte à toutes les autres parties dans les dix jours qui suivent
la signification de la décision. La chambre de première instance statue dans les
15 jours à dater de sa saisine et celle de l’appel en appliquant les mêmes règles
de procédure que la chambre haute.
Paragraphe 7 : De la révision
Le juge peut en tout temps, soit spontanément soit à la demande
du ministère public, de l’enfant, des parents ou représentants légaux ou de toute
personne intéressée soit sur rapport de l’assistant social rapporter ou modifier les
mesures prises à l’égard de l’enfant.
A cet effet, le juge visite le lieu de placement de l’enfant et il
statut sur la demande de révision dans les huit jours qui suivent sa saisine. Les
mesures prises à l’égard de l’enfant sont d’office l’objet d’une révision tous les
trois ans.43
Paragraphe 8 : De l’exécution de la décision
A moins que le juge n’en décide autrement, la décision est
exécutoire sur minute dès le prononcé en ce qui concerne la mesure prise à
l’endroit de l’enfant.
Le ministère public vient à l’exécution de toutes les mesures qui
ont été prises à l’égard de l’enfant. Sur décision motivée du juge prise soit
d’office, soit à la demande du ministère public, des parents ou tuteurs ou
personnes qui ont la garde de l’enfant, soit sur rapport de l’assistant social
l’enfant placé dans l’établissement de garde et d’éducation de l’Etat qui atteint
l’âge de dix-huit ans peut pour raison de perversité, être transféré dans un
établissement de rééducation de l’Etat pour une durée qui ne peut excéder sa
vingt deuxième année d’âge. 
Paragraphe 9 : De la sanction pénale
Sont punis d’un service pénal principe de 1 à 5 ans et d’une
amande de cent mille à deux cent cinquante mille franc congolais ou l’une de
ces peines seulement, le père, la mère, le tuteur ou toute personne qui :
- Soustrait ou tente de soustraire un enfant à la procédure intentée contre lui
en vertu de la présente loi ;
- Soustrait ou tente de soustraire un enfant à la garde des personnes ou
institution à qui l’autorité judiciaire l’a confié ;
- Ne le présente pas à ceux qui ont le droit de le réclamer ;
- L’enlever ou le faire enlever même avec son consentement.

Notons que si le couple est déchu de l’autorité parentale la


servitude pénale principale est élevée de 2 à 5 ans et une amande de cent mille
franc congolais. Avec la modernisation et l’évolution des sociétés actuelles, la
justice s’est institutionnalisée dans les Etats modernes et c’est à travers cette
évolution que le droit en général et la procédure pénale en particulier dans le
souci profond du législateur de faire assumer une défense commune à la
43
Article 125, 126 et 127 de la loi portant protection de l’enfant
communauté toute entière contre les transgresseurs de la norme et en suite de
mettre à l’écart l’idée de la maltraitance des enfants ancrée dans l’esprit des
hommes primitifs.
L’une des missions essentielles de l’Etat moderne est de
maintenir et de restaurer l’ordre social en punissant toutes les infractions
commises sur le territoire qu’il contrôle ou par les personnes qui relèvent de son
autorité chaque fois que ces infractions commises risquent d’apporter un trouble
ou de causer une indignation affectant la paix sociale de la communauté.44
Le Code de Procédure Pénale Congolais a tenté de trouver un
équilibre en établissant des règles de droit qui permettent aux représentants de la
justice d’agir efficacement en matière de recherche, poursuivre et punir les
coupables, tout en assurant la justice, le respect de leur dignité, de leur droits
essentiels et plus particulièrement une protection digne à travers un jugement
équitable. Pour accomplir cette mission avec efficacité l’Etat a créé des organes
en charge de rechercher les infractions, d’instruire les circonstances objectives et
subjectives de leur commission afin de punir les coupables. Et cette mission est
dévoilée à la police judiciaire, au parquet et aux cours et tribunaux. Il convient
par ailleurs de signaler que les droits qui attirent notre attention dans la présente
étude sont plus particulièrement appelés : « Droits des enfants », qui du reste
peuvent se résumer au droit à la liberté, droit à l’éducation, à la santé et à la
protection de l’enfant en conflit avec la loi dans notre pays, la République
Démocratique du Congo.45

44
TSHIBASU PANDAMANI Joseph, Notes de cours de Procédure Pénale, G2 Droit, UNILU, 2018 - 2019
45
Article 17, alinéa 9 de la constitution de la République Démocratique du Congo du 18 Février 2006 telle que
modifiée à ce jour.

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