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Tome 1
Pierre Emmanuel
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Ouverture 1
Logique ou presque 39
Mises à jour 63
Et moi ? 89
Epilogue 219
A toi,
« Toute la philosophie, lui dis-je, n’est fondée que sur deux
choses, sur ce qu’on a l’esprit curieux et les yeux mauvais ; car
si vous aviez les yeux meilleurs, que vous ne les avez, vous
verriez bien si les étoiles sont des soleils qui éclairent autant de
mondes, ou si elles n’en sont pas ; et si d’un autre côté vous
étiez moins curieuse, vous ne vous soucieriez pas de le savoir, ce
qui reviendroit au même ; mais on veut savoir plus qu’on ne
voit, c’est là la difficulté. Encore, si ce qu’on voit, on le voyoit
bien, ce seroit toujours autant de connu, mais on le voit tout
autrement qu’il n’est. Ainsi les vrais philosophes passent leur
vie à ne point croire ce qu’ils voient, et à tâcher de deviner ce
qu’ils ne voient point, et cette condition n’est pas, ce me semble,
trop à envier. Sur cela je me figure toujours que la nature est un
grand spectacle qui ressemble à celui de l’opéra. Du lieu où vous
êtes à l’opéra, vous ne voyez pas le théâtre tout à fait comme il
est ; on a disposé les décorations et les machines, pour faire de
loin un effet agréable, et on cache à votre vue ces roues et ces
contrepoids qui font tous les mouvemens. Aussi ne vous
embarrassez vous guère de deviner comment tout cela joue. Il n’y
a peut-être guère de machiniste caché dans le parterre, qui
s’inquiète d’un vol qui lui aura paru extraordinaire et qui veut
absolument démêler comment ce vol a été exécuté. Vous voyez
bien que ce machiniste-là est assez fait comme les philosophes.
Mais ce qui, à l’égard des philosophes, augmente la difficulté,
c’est que dans les machines que la nature présente à nos yeux,
les cordes sont parfaitement bien cachées, et elles le sont si bien
qu’on a été longtemps à deviner ce qui causoit les mouvemens de
l’univers. »
Bernard Le Bouyer de Fontenelle. Entretien sur la
pluralité des mondes, 1686.
OUVERTURE
1
Des changements d’état illimités. Il n’y a plus
aucune limite. Nous pouvons tout faire, tout modifier,
tout le temps. Je veux construire une route ? Je la
construis. Je veux construire un immeuble ? Je le
construis. Je veux chauffer l’intégralité des océans
pour pouvoir m’y baigner ? Aucun problème. Je veux
créer un avion et voler en permanence dans les airs ?
Zéro soucis. Je veux créer des armes les plus
puissantes jamais construites pour contrôler qui je
veux ? No problemo.
En l’état actuel du monde humain pris dans son
ensemble, combien de temps pensez-vous qu’il
faudrait pour que s’instaure le chaos le plus total ?
Pensons-nous qu’une énergie illimitée calmerait
immédiatement nos comportements, effacerait notre
ardoise, gommerait l’ensemble des rapports de forces,
uniformiserait subitement l’humanité dans un effort
global vers un monde parfait ?
Imaginez. Demain, la preuve scientifique de ce qui
est appelé actuellement « magie » est apportée.
L’intégralité de l’humanité peut se téléporter, lire dans
les pensées, invoquer des créatures magiques, utiliser
de la télékinésie pour déplacer ou modifier n’importe
quel objet de n’importe quelle taille ou poids, changer
son apparence à volonté.
J’ai une tasse à café devant moi. Je veux la déplacer ?
Je n’ai qu’à y penser. Je veux y verser de l’eau chaude ?
Je claque des doigts, un feu miniature merveilleux
chauffe ma casserole en lévitation devant moi ; et de
l’eau de l’Himalaya se verse automatiquement dans ma
tasse devant mes yeux presque blasés d’autant de
merveilles.
N’importe qui peut lire dans mes pensées et je
peux lire dans les pensées de n’importe qui. Je peux
influencer des personnes, elles peuvent m’influencer.
2
Je peux tout faire. Tout ce à quoi je pense, je peux le
réaliser. Et n’importe qui peut en faire autant.
En l’état actuel du monde humain pris dans son
ensemble, en combien de temps pensez-vous que
l’intégralité de la biosphère s’éteindrait dans le chaos
le plus total ?
La voici, la raison de notre chavirement. La peur,
tout simplement. La crainte légitime de ce que
l’humanité peut advenir si elle peut faire plus, sans
changer ce qu’elle est.
Autorisons nous quelques réflexions chiffrées afin
d’effectuer un rapide état des lieux pour mieux cerner
d’où nous vient cette réserve. Le genre humain s’est
vu doté, en quelques décennies, d’une immense
quantité d’énergie, croissante, pour accomplir ce
qu’elle voulait accomplir. Une consommation de 567
milliards de milliards de Joulesi en 2013, en très
grande majorité des énergies fossiles. En d’autres
termes, elle tire du sol plus de cent cinquante PWhii
chaque année. Nous sommes en 2019 et le bilan est
mitigé quant à l’utilisation de cette énergie.
Qu’avons-nous fait de ces milliards de Joules ? Une
partie de l’humanité vit confortablement, en échange
d’une dette écologique et mentale terrible : si tout le
monde vivait comme un français, il nous faudrait trois
planètes. Comme un américain, cinq planètes[1,2].
Malgré le confort qu’il apporte à une partie de
l’humanité, en l’état, ce mode de vie, tel qu’il est
actuellement, n’est donc ni durable ni exportable, ni
généralisable sans conséquences. Corollaire immédiat :
si nous le voulons durable, exportable ou généralisable,
3
il faut le modifier. Il n’est donc pas un aboutissement.
Durable est un mot confortable. Il ne nous fait pas
peur. On pense « développement durable »,
« croissance verte », petites fleurs, panneaux solaires et
P.D.G souriants pris en photo à côté des arbres. En
pratique, il veut dire : si nous ne voulons pas que nous
nous éteignons dans des souffrances terribles liés à
des effets de systèmes qui ne seront que des
conséquences directes des choix passés et actuels, il va
falloir réfléchir « outside the box », puisque réfléchir
« inside the box » nous a amené ces résultats. Et
réfléchir assez vite, si possible.
Qu’avons nous fait de cette énergie ? Des progrès
en santé incroyables. Des progrès scientifiques
fascinants. Des avancées sociales et culturelles
significatives, dont une partie du monde bénéficie
actuellement. Nous avons aussi créé des armes
abominables. Des hangars terribles dans lesquels nous
tuons soixante milliards d’animaux terrestres dans des
souffrances atroces pour se nourrir de leur chair[3], par
simple plaisir gustatif. En France, c’est un milliard
d’animaux terrestres tués par an ; soit deux millions
sept cent mille par jour, pour le plaisir[4,5]. En
estimation basse, nous sortons chaque année mille
milliards d’animaux marins des océans[5] pendant que
huit cent millions d’humains sont « en insécurité
alimentaire » [6] (traduire : crèvent la dalle, littéralement).
Des chiffres en face desquels il faut en mettre un
autre, celui du gaspillage alimentaire : dans le monde,
quarante et une tonnes de nourriture jetées par…
seconde. En France, dix millions de tonnes par an[7].
Et puis, il y a les réalités qu’on ne veut pas regarder :
la charcuterie a été classée cancérigène par
l’Organisation Mondiale de la Santé, la viande rouge
probablement cancérigène[8], les animaux vivent une
4
fraction dérisoire de leur espérance de vie normale[9]
dans des conditions miséreuses pour finir tués
brutalement dans l’angoisse, souvent encore
conscients. Sans oublier, bien sûr, un détail : l’élevage
par ses émissions en gaz à effet de serre participe
grandement au réchauffement climatique[10]. Mais
rassurons-nous : ce sont des sensibleries… Non ?
Ah, d’ailleurs, concernant le climat, bonne nouvelle :
début 2015, nous avons fièrement dépassé les 400
ppmiii de CO2 dans l’atmosphère[11]. Record battu !
Yes ! La Terre ne les avait pas vu depuis des millions
d’années [11] . Pour limiter une situation déjà
catastrophique, et imprévisible, il faudrait arrêter
d’émettre du CO2. Logique, non ? Nous faisons
l’exact inverse[12], car arrêter d’émettre du CO2
signifie en pratique organiser une récession massive[13]
et initier un changement radical de mode de vie, et
personne ne semble vraiment prêt à embrasser
l’ensemble des implications d’un tel évènement, ou à en
prendre la responsabilité. Dans les années 60, ce taux
était aux alentours de 315 ppm. Dans les années 90, il
était à 350 ppm. Dans les années 2000, il monte à 370
ppm. En 2010, environ 390 ppm. En novembre 2018,
il atteint les 410 ppm. Ça monte. Et ça continue de
monter. Et vite. Le méthane, bien qu’étant un gaz
relativement instable par rapport au dioxyde de
carbone, est des dizaines de fois plus puissant que ce
dernier en tant que gaz à effet de serre. Sa
concentration dans l’atmosphère augmente[11]. Le
protoxyde d’azote aussi[11]. Quelques extraits choisis
du site du ministère français de la Transition
Ecologique et Solidaire avec leur traduction en
langage courant ? Avec joie.
5
« Sans rehaussement de l’ambition des pays signataires de
l’Accord de Paris et sans mise en œuvre immédiate des mesures
nécessaires, le réchauffement climatique global devrait atteindre
3 °C d’ici 2100. »iv
6
Traduction : « Arf, oui, en fait, c’est pas que New-York,
en France, vous allez soit mourir de chaud, soit mourir noyés,
soit mourir de faim. Oui, bon, et ça modifie aussi l’import-
export au niveau international mais bon… vous savez
jardiner ? »
7
Traduction : « Générations futures* : sous réserve de
stock disponible, voir conditions en magasin. Appel surtaxé.
Oui, je sais, on vient de dire trois lignes plus haut que les
générations futures seront immergées et / ou en récession et / ou
ne pourront plus cultiver pour se nourrir et auront une fraction
du budget carbone des générations passées. Oui, bon, c’est
dangereux, on sait pas faire et on va demander aux générations
futures qui seront en grande difficulté de s’en occuper, ça et les
déchets nucléaires, et… arf et puis on déforeste à blinde pour
faire du P.I.B, donc on va oublier la solution naturelle. Mais
hey ! Vous avez vu la coupe du monde ou pas ? Ça, c’était
beau ça non ? »
8
essentiels à la survie de nombreuses espèces dont
nous faisons partie et pas seulement pour des raisons
alimentaires, gagnent lentement mais surement les
continents tout en s’acidifiant, les populations de
coraux s’effondrent, le plastique remplacera bientôt
les poissons[17, 18, 19] ; la biodiversité s’effondre[14].
Le fonctionnement actuel de nos sociétés repose
sur le pétrole. C’est un réservoir d’énergie
extrêmement dense, et qui plus est facilement
transportable. Un seul petit litre d’essence, c’est treize
kilowattheures, treize mille wattheures. C’est immense.
Un seul baril de pétrole représente l’équivalent de
douze années de travail humain manuel. Au niveau
mondial, nous en consommons cent millions de
barils… en une seule journée ! C’est considérable et
presque inconcevable. Le confort occidental vient de
là. Pétrole et métaux rares. Notre action sur
l’environnement vient de là. Notre dépendance à l’or
noir est totale, la majorité de l’énergie produite
actuellement vient du pétrole. Mais c’est une
substance finie. Et elle a le mauvais goût d’émettre du
CO2 quand on la brûle. Le pic de pétrole
conventionnel est passé en 2006. C’est mathématique,
après la période de plateau ondulant, la quantité
extraite de pétrole brut ne pourra que diminuer. Son
extraction demande par ailleurs toujours plus
d’énergie - il faut toujours plus de pétrole pour
extraire plus de pétrole. Nous avons cueilli les
pommes les plus faciles au cours des décennies
passées, nous devons désormais investir énormément
pour ne serait-ce que maintenir constant les débits. Le
pétrole conventionnel décroit en quantité ; mais la
demande en énergie ne fait qu’augmenter, alors il faut
aller chercher du pétrole non-conventionnel, difficile à
extraire, à des prix écologiques très lourds. Sans
9
mentionner un tout petit détail de rien du tout : en
l’état actuel de nos technologies, si nous brulions
toutes les réserves prouvées de pétrole actuellement
sous Terre, la Terre ne serait tout simplement plus
habitable pour la plupart des êtres vivantsvii. Alors que
faire ? Tout arrêter, et se préparer au chaos tout de
suite, ou profiter du calme avant la tempête et
condamner l’humanité par la non-action ?
Transitionner vers d’autres énergies, a fortiori vers
des énergies non pilotables, demande du pétrole et
des métaux rares en masse. Tout demande du
pétrole. Entretenir un parc d’énergie renouvelable
demande du pétrole. Stocker de l’énergie demande
indirectement du pétrole. Aller chercher des métaux
rares demande du pétrole. Nous sommes addicts à ses
précieux Joules, car, dans le pétrole, il y en a
beaucoup, beaucoup et qu’il est facile à utiliser et à
transporter. Aucune autre énergie actuelle ne lui arrive
à la cheville[14,20].
La fluoxétineviii [21] et les statines coulent à flot,
chaque année huit cent mille consciences se suicident
dans le monde, dix mille par année en France, les
vii« Si, par magie, nous arrivions à extraire et à brûler toutes les énergies
fossiles restantes, les problèmes seraient bien plus graves (…). Dans le
cinquième rapport du G.I.E.C, le pire scénario indique une
augmentation compris entre +8°C et +12°C pour 2300. Mais en 2013,
le célèbre climatologue James Hansen et son équipe ont calculé la
trajectoire d’un scénario dans lequel nous parviendrions à brûler un tiers
des réserves prouvées au rythme actuel (…). Elle nous mènerait à une
température moyenne globale de +16°C, c’est-à-dire +30°C aux pôles et
+20°C sur les continents. A cette température, le monde deviendrait
inhabitable pour la plupart des êtres vivants. » Pablo Servigne,
Comment tout peut s’effondrer. Page 75.
10
adolescents occidentaux se pètent à la leanix pendant
que leurs parents pensent que « non, mon enfant est
très sage, lui, il me dit tout, au moins, pas comme ces
drogués », et tout cela, dans l’indifférence la plus totale
et dans un climat exquis de mépris des émotions, de
mépris des « faibles », de « ceux qui s’écoutent trop » et
plus globalement de tous ceux qui ne souhaitent pas
cautionner ce modèle et/ou envisageraient de vivre de
penser un peu différemment.
Conséquence logique, l’agisme explose, sourd ou
manifeste, la jeune génération n’ayant aucune envie
d’écouter des leçons morales surannées de vieux qui
leur lèguent une planète en feu tout en poussant un
maximum pour qu’ils fassent à peu près les mêmes
choix qu’eux, sans se rendre compte une seconde des
paradoxes incroyables que cela engendre. Car non, il
n’est pas acquis que le futur de l’humanité soit
forcément meilleur que son présent, cela ne va pas
« de soi », cela se construit, cela se choisit, cela
s’assume. On peut le tourner de toutes les manières
que l’on veut, utiliser des mots politiquement corrects
ou non, mais toujours est-il que les générations
actuelles certes bénéficient de grandes avancées
obtenues grâce à la sueur et aux combats honorables
de braves consciences, mais devront payer la facture
de choix passés. Comme d’habitude, peut-on penser.
Sauf que non, la facture du jour est particulièrement
salée et les enjeux différents, car les flux d’énergie
impliqués n’ont aucune commune mesure avec les
flux des siècles passés. Aucune. Léguer un million de
11
mètres cube de déchets nucléairesx à une génération
n’est pas léguer la ferme familiale et ses trois
sympathiques boeufs. Léguer 410 ppm de CO2 dans
l’atmosphère et une société intégralement dépendante
au pétrole n’est pas léguer l’atelier du grand-père et
questionne sérieusement les choix faits et à faire.
Mais ne rêvons pas, les jeunes ne se comprennent
pas trop non plus, ceux qui sortent du cadre (coucou la
neurodiversité !) sont comme d’habitude méprisés d’une
manière ou d’une autre, ou harcelés, ou battus, ou
humiliés, dans le meilleur des cas ignorés, une bonne
vieille habitude de l’humanité, et la peer-pressurexi
tend de toute façon à uniformiser les comportements
vers une « bonne » façon d’être et de faire, une façon
consensuelle, qui ne fait pas de vagues, ou bien
seulement celles qui sont « cool » et validées par la
meute. Les exceptions existent, mais elles sont raresxii.
En fait, plus personne ne se comprend. Un rapide
coup d’oeil dans l’histoire nous apprend qu’en réalité,
ça a toujours été plus ou moins le cas, à la différence
qu’actuellement nous avons des plus gros jouets que
des massues ou des pioches. Plus personne ne
comprend le monde que nous créons. C’est la vérité
froide. Tout le monde surfe mais tout le monde est
perdu. La quantité d’information qui circule est
ahurissante. Chaque jour, quatre milliards de vidéos
12
sont vues sur YouTube. Quarante trois mille par
seconde. Deux millions six cent mille heures
visionnées par mois[22]. Soixante cinq mille recherches
sur Google par seconde. Deux mille milliards par
an [23] . Qui peut honnêtement se représenter
mentalement un chiffre pareil ? Qui peut réellement
comprendre ce que ces chiffres impliquent ?
Rendons-nous à l’évidence. L’information n’a plus
la même valeur que dans les siècles passés. Elle
s’échange désormais en masse. Au lieu de se faire
expliquer la vie par le vieux du village à la voix
rocailleuse et les trois livres de la bibliothèque, frère
Google vous inonde de liens, référence l’intégralité ou
presque du savoir humain, vous cite les huit cent
millions d’auteurs qui parlent de ce que vous
recherchez, traduit vos résultats en toutes les langues,
soeur YouTube vous montre cent vidéos sur le sujet,
pendant que l’oncle Instagramxiii vous montre une vie
que vous n’aurez jamais.
Au lieu d’avoir un expert rassurant vous expliquant
que le nuage de Tchernobyl n’a pas dépassé la
frontière, vous avez trois mille références sur Internet
mélangeant professionnels et amateurs, et une
pétaflopée de tutoriels sur YouTube qui vous explique
comment configurer votre compteur Geiger que vous
aurez préalablement créé avec un Arduino, un rouleau
d’essuie-tout et votre imprimante 3D. Et tout le
monde se battra à moyens quasiment égaux pour
avoir votre attention et votre assentiment, qui
auparavant été uniquement accaparés par ce bon vieil
13
expert en blouse blanche qui parlait dans le petit
écran. Se perdre dans un tel océan d’information et ne
plus savoir où donner de la tête n’est pas une honte,
c’est au contraire logique. Le mot discernement prend
tout son sens, car, bien entendu, toutes ces
informations n’ont pas une valeur égale.
Schématiquement, l’information n’a plus de limite
pour la partie du monde qui a accès à Internet, mais
l’information sans l’attention ne vaut rien. Or elle
n’est pas illimitée. Maintenant, ce qui vaut de l’argent,
c’est l’attention. Votre attention, mon attention : c’est
une denrée rare, limitée, précieuse. Monnayable et
monnayée. C’est à qui frappera le plus bas sous le
radar de la conscience pour accrocher notre attention.
Tristan Harris, un ancien de chez Google, en parle de
manière non-ambiguë dans sa conférence TED[24] :
14
A la manière d’un élastique, une information
consciemment intégrée via notre attention invite à
une action de notre part. Tôt ou tard, la tension est
trop forte et une mise à jour de notre logiciel et de
nos actes est nécessaire. Je ne pense pas que ça soit la
tension qui augmente ; l’énergie que nous investissons
pour tendre l’élastique n’étant pas infinie. Si
actuellement, des esprits intellectuellement brillants se
creusent la tête pour attirer notre attention, ce n’est
pas simplement par simple plaisir intellectuel, on
l’aura compris.
Un bilan assez mitigé, disais-je donc, sur
l’utilisation de l’énergie, et donc des technologies, à
notre disposition. Nous commençons à pressentir que
le problème ne se situe pas dans le « faire », mais dans
le « pourquoi » et « comment » nous faisons ce que
nous faisons : bref, dans ce que nous sommes. Et
c’est une autre affaire. Nous savons intellectuellement
que la technologie et la science sont théoriquement
intrinsèquement neutres, et que c’est ce que nous en
faisons qui teinte le monde. Mais nous voulons moins
savoir l’autre vérité, celle qui sous-tend cette dernière :
c’est ce que nous sommes qui teinte ce que nous faisons,
et non l’inverse. Il y a des choix qui, en conscience, ne
se font tout simplement pas.
Se demander si l’humanité est intrinsèquement
bonne ou mauvaise, dans ce qu’elle est, est un débat
qui me parait stérile et inopérant. Ce qui est opérant,
c’est de savoir ce qu’elle a eu a disposition, et ce
qu’elle en a fait, en vrai, sans se mentir ; et de savoir
ce qu’elle a sa disposition maintenant, et ce qu’elle en
fait maintenant, en vrai, sans se mentir.
Le reflet froid et pragmatique de ce qu’elle est, et
de ce qu’elle peut devenir, est là. Car nous ne sommes
pas séparés les uns des autres. Les éléments du
15
système sont reliés. Construire, ou ne serait-ce que
décrire, une brique nécessite l’existence d’autres
briques. Je suis dépendant d’un nombre incalculable
d’éléments pour que je sois en vie, et je n’en suis
conscient que d’un infime pourcentage. Suis-je
conscient qu’une seule et simple inspiration nécessite
une machinerie prodigieuse réglée au millimètre ? Des
muscles pour élever la cage thoracique ? Des nerfs
pour les contrôler ? Des flux sanguins et
lymphatiques, pour les alimenter ? Des trois-cent
millions d’alvéoles pulmonaires qui échangent en
permanence un mélange gazeux vital précisément
dosé et partagé par l’ensemble des créatures vivants
sur Terre au cours de vingt cinq mille respirations
quotidiennes ? Suis-je conscient de l’incroyable toile
d’interdépendance qui me permet aujourd’hui de me
nourrir pour survivre ? Suis-je conscient que mon état
d’être et mes actes influencent mon environnement
ainsi que les choix, les états d’être et les actes d’autres
consciences dans une proportion que je ne peux pas
saisir avec mon intellect ?
L’indépendance, à ce stade, dans ce contexte, n’est
qu’une idée, une histoire que l’on se raconte : elle ne
correspond à rien. Il n’y a pas d’un côté « la
spiritualité », de l’autre « le monde réel », encore de
l’autre, l’économie, l’armée, la science, les institutions,
et tout à la fin, la planète et son état. Il y a des
humains, reliés entre eux, et reliés au reste du monde.
C’est-à-dire nous. Et nous construisons ici un monde
à l’image de ce que nous sommes maintenant.
C’est à partir de ces constats là que nous pouvons
commencer à construire, et comprendre qu’un
changement significatif de « faire » commence par un
changement significatif « d’être ». Et ce dernier ne
peut commencer qu’après une introspection solide.
16
Car bien sûr, il y a des choses à faire. Si agir d’une
certaine manière nous a amené ici, alors nous devons
logiquement agir différemment pour obtenir des
résultats différents. Il y a aussi des choses à ne pas
faire. Des choses à ne plus faire. Mais nous devons
surtout être différemment. Nous ne sommes pas
séparés de l’environnement dans lequel nous vivons,
nous ne sommes pas séparés de la planète qui nous
héberge actuellement, et nous ne sommes pas séparés
les uns des autres.
Ainsi, la bonne question ce n’est pas : que
pouvons-nous faire ? Les questions les plus urgentes
et les plus déterminantes tournent autour de l’être, et
sans surprise, ce sont les questions élémentaires : que
sommes-nous, qui sommes-nous et pourquoi
sommes-nous ? Pourquoi est-ce que j’existe, là
maintenant ? Y’a-t-il une vie après la mort ? Sommes
nous seuls dans l’univers ? Quelle est ma place dans
l’univers ? Quelle notre place en tant qu’humanité
dans l’envers ? Quelle est ma place dans l’humanité ?
Quelle est la place de l’humanité parmi les autres êtres
vivants ?
Si nous y répondons avec notre expérience à nous,
et notre vie à nous, et non en superposant à la va-vite
de simples systèmes organisés de croyances, alors,
tout change. Car si nous remplaçons ces questions par
nos expériences à nous, alors nous n’agissons pas de
la même manière. Si je sais, par mon expérience
directe, que je vais continuer à exister après ma mort,
que cette dernière ne va pas comme par magie effacer
mon « ardoise », si je réalise que je suis une conscience
indépendante de mon corps, alors je vais agir
différemment, en accord avec cette information que
j’aurais vérifiée avec mon expérience. Si je comprends
l’influence que j’ai autour de moi, alors j’agis
17
différemment. Si je rencontre, en vrai, une conscience
qui n’est pas humaine, et a fortiori si je peux
communiquer avec elle, alors je vais agir différemment
dans ma vie. Ma perception de ma position dans
l’univers va solidement se modifier. Ma manière d’être
va se modifier. Mes actes vont se modifier.
Le voilà, le pont manquant entre l’information,
l’attention et l’action : l’expérience. Le mot
« expérience » regroupe plusieurs sens. Le fait de vivre
personnellement un évènement est l’un d’eux. Si vous
êtes en mesure de lire ces lignes, de les entendre, ou
de les percevoir d’une manière ou d’une autre, vous le
vivez, et faites l’expérience de cette lecture.
Cette expérience a une particularité : elle est
consciente. Vous la vivez, vous savez que vous la
vivez et vous savez que vous savez que vous la vivez.
Et ce n’est pas une énième astuce pour vaincre une
quelconque leucosélophobiexiv que de l’énoncer ainsi.
« Quelque chose » éclaire votre écran mental : les
pensées, et les perceptions s’y dessinent, virevoltent,
elles vous sont accessibles. Vous pouvez même
consciemment ajouter une pensée, et l’observer. Si
une personne venait vous voir maintenant, et vous
disait :
18
absolue d’être conscient, d’être « bien » vivant et
conscient, de ne pas rêver. Vous amèneriez sur la table
des arguments qui ne vous convaincront malgré tout
pas tout à fait, car vous feriez appel dans cent pour-
cent des cas à des perceptions qui prennent place…
dans votre conscience.
Vous seriez perplexe, car, utilisant la logique
classique, vous ne seriez pas en mesure de trancher de
manière absolue, même en étant absolument certain de
votre conscience à vous, et finiriez probablement par
tourner autour de la définition de la cénesthésiexv.
De l’autre côté, votre interlocuteur aurait lui aussi
toutes les difficultés à prouver ce qu’il avance, et
même à prouver formellement que vous avez
effectivement cette conversation à deux, et qu’il ne
s’agit pas non plus d’un rêve : le dénominateur
commun de son argumentation utiliserait, directement
ou non, la perception ; d’une pensée ou d’un
environnement.
Les deux seraient perplexes, car tous deux
devraient donner pour vrai une assertion qu’ils ne
peuvent ni l’un ni l’autre prouver formellement :
l’existence de la perception. Payant tous deux, sans
s’en rendre compte, un formidable prix logique au
passage : celui d’accepter qu’une perception est un
matériel solide et qu’elle socle notre existence.
Un des problèmes principaux, on l’aura compris,
c’est la perception, et sa grande soeur, l’attention.
Elles interviennent absolument partout, comme
dénominateurs communs à toute définition, à toute
19
expérience consciente, et à toute discussion. Comme
la perception intervient partout, avec ces seuls éléments,
nous avons deux portes de sortie à cette impasse
apparente.
Soit nous arrêtons notre réflexion ici et par facilité
considérons que notre conscience n’est qu’illusoire
dans un monde fait de causes et d’effets, d’actions et
de réactions automatiques et déterminées. Nous
reléguons le libre arbitre au rang d’épiphénomène
illusoire et pensons que cet artefact, que nous
appelons « conscience » pour ne pas avoir trop peur
d’admettre que nous sommes des robots, est générée
par le cerveau. Nous donnons valeur de vérité à cette
hypothèse, elle devient donc une croyance. En jetant
le libre arbitre, nous jetons avec l’eau du bain notre
responsabilité ; et nous pouvons dormir tranquille sur
l’oreiller moelleux, mais évanescent, de l’irresponsabilité
totale.
Soit nous arrêtons notre réflexion là et nous
considérons qu’elle existe en tant qu’entité distincte,
nous donnons valeur de vérité à cette hypothèse là,
elle passe donc de l’état d’hypothèse à celle de
croyance. Les problèmes commencent, car si nous
pensons qu’elle existe, alors, il va tôt ou tard falloir se
pencher sur les questions difficiles : où elle est, d’où
elle vient, et où elle va, par exemple. Mais aussi :
pourquoi est-elle là ? Et que peut-on faire avec ?
Comment s’articule exactement le lien entre le
cerveau et la conscience ? Ma vie a-t-elle un sens ?
Seulement voilà : nous n’avons pas que ces seuls
éléments à prendre en compte et ces deux portes de
sorties sont factices. Créons deux camps : les
matérialistes, et les spiritualistes. Il serait facile et
confortable pour la pensée de créer d’un côté le camp
des gentils qui ont raison, de l’autre des méchants qui
20
ont tort, de choisir le notre en fonction de la qualité
de notre sommeil la nuit précédente, du jour de la
semaine, ou de l’actuelle lunaison, et de s’affronter un
million d’années sur le terrain des croyances.
Ce livre ne va pas voir la conscience sous l’angle de
tels affrontements, ce peut être assez divertissant pour
occuper de longues soirées d’hiver, mais n’a qu’un
impact limité voire nul sur nos vies, et ce pour une
raison très simple. Les arguments que nous utilisons
dans un tel affrontement sont eux aussi fonction de
nos perceptions et de notre expérience personnelle.
La pensée se met à jour en permanence. Sans
expérience directe, elle tourne en rond. Elle ne peut
toucher plus de réel.
Pour parler conscience, nous allons plutôt tailler
dans un autre matériau, accessible à nous toutes et
tous, sans aucune distinction : l’expérience.
J’émets le souhait sincère que vous ne croyez
absolument rien de ce qui est écrit dans ce livre.
J’émets le souhait sincère que votre expérience
personnelle infirme ou confirme ce qui est écrit ici.
21
22
LA TÊTE HORS DE L’EAU
En principe, un livre structuré conventionnellement
commencerait par une chronologie linéaire détaillée,
débutant à la petite enfance, qui expliquerait bien
proprement et justifierait à coup d’exploits
professionnels incroyables et autres titres pompeux
comment un parfait quidam se retrouve à écrire un
livre sur la conscience alors qu’il aurait bien mieux à
faire dans sa vie, comme par exemple postuler comme
trader dans une banque, s’acheter un appart’ à
N.Y.Cxvi ou poursuivre une carrière académique
« prestigieuse », signer un crédit sur trente ans, faire
trois enfants merveilleux, s’acheter un golden
retriever pure race, trois poissons rouges, une
tondeuse à gazon et un camion de diazépamxvii pour
s’inonder chimiquement d’une merveilleuse nappe
d’inconscience quand l’angoisse pointe le bout de son
nez à trois heures du matin, accompagnée de
saugrenues questions telles que : « alors, c’est vraiment ça
la vie ? ».
23
En toute logique, je vais donc commencer par ne
pas suivre un chemin linéaire et court-circuiter les
chemins classiques d’une sédative autobiographie
« bankable » et standardisée, dont je ne pourrais de
toute façon pas imiter les codes sans mentir.
Car la vérité froide, la voici : concernant le
domaine dont il est question ici, l’exploration
expérimentale de la conscience, personne n’a de
diplôme. La légitimité ne vient pas d’un titre, d’une
hiérarchie, d’un cursus, elle ne s’achète pas, ne se
commande pas. Elle ne peut même pas s’intellectualiser
complètement, car certains éléments sont seulement
accessibles à l’expérience. Un raisonnement
intellectuel naïf passerait à côté. Bref : à partir d’un
certain point, ça ne s’invente tout simplement pas.
Seule l’expérience nivèle ; non seulement elle permet
de mettre à jour la pensée, mais elle modifie en
profondeur l’être ; d’une manière qui se perçoit très
clairement, qui ne peut ni se cacher, ni se travestir. J’y
reviendrai. Si un enfant de douze ans a plus
d’expérience que moi sur ce domaine, je vais l’écouter
avec beaucoup d’attention. Si un vieil académique
presque fossilisé très connu et très crédible me jette
son C.V à la figure mais n’en a aucune, je n’ai que faire
de son avis, fut-il au sommet d’un quelconque
« Groupe d’Etude Intergalactique de l’Exploration de
la Conscience ». Et inversement.
Laissez-moi plutôt vous narrer l’apparition dans
ma vie de terrien d’un évènement qui a pris de
l’ampleur très rapidement et m’a forcé à revoir mes
aprioris sur au moins trois sujets tout à fait mineurs
de l’existence humaine : la conscience, le sommeil et
les perceptions en général. Cet évènement porte
actuellement le nom de « paralysie du sommeil » et est
actuellement une entité nosologique à proprement
24
parlé, c’est-à-dire qu’elle est définie comme une
parasomniexviii. L’exemple constituera une excellente
illustration pratique d’une expérience répétée comme
vecteur de mise à jour.
Remontons le temps. J’ai un peu plus de dix-sept
ans et demi, voilà presque une année jour pour jour
que j’ai passé mon baccalauréat. J’ai toujours aimé la
science, et la scolarité classique, à part me générer de
la souffrance, ne m’a posé aucun problème
intellectuel. Aussi, j’obtins une mention « Bien » d’un
baccalauréat scientifique spécialité physique en le
travaillant une semaine avant ; diplôme qui ne sert
strictement à rien à part donner l’illusion aux jeunes
générations qu’elles savent quelque chose, espoir
rapidement douché quand elles apprendront qu’elles
ne savent rien, qu’elles ont perdu du temps avec des
notions très souvent inutiles, et que de toute façon
elles devront, pour la plupart, tôt ou tard, vendre leur
temps, leur corps et leur intelligence en apprenant
l’abnégation, le mensonge, le compromis, et la
soumission.
C’est le début de l’été, je suis entre deux années de
concours. Je n’ai pas eu le rang que j’espérais au
concours de médecine. Je suis classé dans ce qu’on
appelle les rangs « utiles ». Je suis admissible en
maïeutique, et même si ce métier me parait être un
métier absolument incroyable pour lequel j’ai
beaucoup de respect, il m’est impossible de
m’imaginer accoucher des gens toute la journée. Je
décide donc de me donner une deuxième chance en
redoublant ; une grande partie des primants
dépriment, mais feront le même choix.
du sommeil normal.
25
Une première année de médecine est éprouvant
mentalement. On ne voit personne en dehors de nos
camarades contre lesquels on lutte pour être toujours
mieux classé en apprenant le plus précisément
possible comment l’alpha-cétoglutarate se synthétise à
partir de l’isocitrate via l’action de l’isocitrate
déshydrogénasexix, ou en se faisant violence pour
visualiser si le foramen de l’os sphénoïde qui laisse
passer le nerf maxillaire est plus rostral ou caudal que
le foramen oval qui laisse passer le mandibulaire.
C’est donc un été particulier, qui a une saveur
particulière, celle du break-down mental mêlée à une
espèce de labilité émotionnelle, un certain dégout
pour la vie, une estime de soi au plus bas, un esprit de
compétition intellectuelle exacerbé et un humour
devenu bien trop caustique pour le commun des
mortels, rempart efficace contre la complexité et
l’étendue de la souffrance de l’humain. Bref : un
fantastique moment. Un étudiant en première année
de médecine qui redouble se reconnait d’ailleurs ainsi :
la vie a quitté son regard, le sang s’est barré
également, il est blême, soit trop gros, soit trop
maigre, il a oublié la majorité des conventions
sociales, et il rêve la nuit du trajet de l’artère brachiale
et de l’insertion du sterno-cléido-mastoïdien. Un
deuxième année, c’est un peu l’inverse, et l’on se
demande souvent comment diable autant d’alcool
peut passer dans le corps sans dissoudre les organes,
conséquence relativement logique d’une ou deux
années (trois parfois) de privation intense qui font suite
à des années d’insouciance au lycée et au collège.
On dit que le cycle de Krebs hante les âmes des primants qui
xix
26
Mais sortons de ces considérations carabinesxx ; au
cours de cet été donc, nous passons une soirée avec
des amis. Au petit matin, tout le monde s’en va, et je
m’endors.
Je me réveille tranquillement, parfaitement lucide.
J’essaie naturellement de me lever, mais c’est très
étrange : mon corps est entièrement bloqué. Et ce lit
ne me dit rien du tout… Je sens pourtant que c’est le
mien, mais l’atmosphère est bizarre, comme figée,
tout me semble ralenti. La lumière est très belle, d’un
blanc bleuté éthéré splendide. Précision importante :
je n’ai pas de drogue ni de médicament dans le sang.
Je ne panique pas encore, mais je commence un
peu à m’agiter, j'entends du bruit à côté : ce sont les
voix de mes amis que j'entends clairement un peu plus
loin et j’aimerais me lever pour les rejoindre. Je tente
désespérément de reprendre le contrôle mais mon
corps ne répond pas : je ne peux que bouger mes
doigts de pieds, et respirer plus ou moins fort. En
terme d’action, j’ai connu plus à l’aise. Que se passe-
t-il ? Je n’ai rien fait de particulier la veille. Pourquoi
suis-je dans cet état ?!
Quand j’essaie de parler, seul un gémissement
sort : mes mâchoires ne fonctionnent pas non plus.
Rien de ce que j’essaie ne me fait sortir de cet état et
la tension monte en flèche, sans surprise.
Proche de l’attaque de panique, je réussis
finalement de toutes mes forces à faire de petits
mouvements de balanciers avec mes pieds, et de
« crier » mâchoire fermée (essayez, vous en conviendrez,
comme moi, je pense, que c’est assez technique) et l’ensemble
réussit à me réveiller au bout de ce qu’il me semble
être plusieurs éternités.
27
La vie reprend son cours, mais je note quelque
chose que je traite aussi en blanc complètement à
l’époque : d’où venaient les voix, puisque mes amis
sont rentrés hier soir et qu’il n’y a absolument
personne à la maison ce matin-là ?
Le « phénomène », sur lequel je n’ai strictement
aucune information à l’époque - je ne sais même pas
que cela est décrit dans la littérature et que cela arrive
à d’autres qu’à moi - me laisse, par chance ou
coïncidence miraculeuse, tranquille pendant ma
deuxième et dernière année de concours. J’ai assimilé
cela à des cauchemars éveillés terribles, différents des
cauchemars normaux, sans trop me l’expliquer
davantage et le tout ne prend pas plus de place dans
ma conscience qu’un petit soucis périphérique qui
finira bien par s’en aller.
L’année se termine enfin. Je n’ai pas eu le rang que
j’espérais non plus, je viens de sacrifier deux années
de ma vie en déployant l’intégralité de mon énergie
mentale pour un but que je n’atteindrais jamais. Je suis
dans les cent premiers, mais pourtant, ce qui me
sépare de mon rêve d’alors, ce sont cinq places, en
pratique quelques centièmes de points. Je ne suis pas
super jouasse, cela va sans dire. Cela a dû se jouer à un
tout petit nombre de questions au concours.
A si peu de places, il reste un espoir. Celui des
désistements. En effet, si des personnes refusent leur
rang de médecin (et cela arrive) pour un autre rang plus
« bas », alors, la place se libère et je peux envisager
d’être dans le classement médecine. L’espoir sera vite
douché, un seul se désistera. Je rate donc à quatre
places près. Tout s’écroule.
Je dois repenser mes choix de vie, chercher une
alternative. Mon rang me permet de m’inscrire dans
une école paramédicale, j’accepte, me voilà inscrit.
28
Au cours de cet été de joie intense, d’allégresse et
de sentiment d’accomplissement, le phénomène se
reproduit quelque fois. Ce qui ajoute à ma tristesse
d’être effrayé jusqu’aux os à chaque fois. Je range
malgré tout sagement tout cela au placard et poursuis
mon train de vie. « Move on », ne dit-on pas ?
Mais le phénomène va s’amplifier, et ce,
considérablement. Au début c’est tous les mois, puis
toutes les deux semaines, puis une fois par semaine,
puis rapidement chaque nuit, jusqu’à arriver à un seuil
de une à deux par nuit, qui durera des mois, pour
ensuite diminuer, et arriver à une fréquence actuelle
de plusieurs fois par semaine.
Je prends conscience d’une chose à ce moment là :
il y a décidément beaucoup de jours dans un mois,
beaucoup d’heures dans un jour, et beaucoup de
minutes dans une heure. Avec ces seules informations,
l’on peut se dire :
29
interagissent avec moi pendant la paralysie, et
souvent, je les sens aussi clairement après une
paralysie alors je suis bien réveillé,
30
De mon côté, j’interprète à ce moment ainsi : je
reprends conscience « trop tôt », je me réveille « trop
tôt », alors que mon corps lui dort toujours. C’est bien
cela que je vis, mais à ce moment, je ne comprend
pas. En fait, je ne comprends rien : c’est le champ de
bataille dans ma tête.
31
Dans mon esprit, la lumière se fait, et je
comprends immédiatement certaines choses :
32
complètement autre chose. Ceci m’explique
pourquoi je peux continuer à les percevoir parfois,
même quand je suis réveillé avec mon corps
physique, après une paralysie.
33
nuque. Plus rarement, c’est mon corps entier qui
semble comme branché à une prise électrique.
Impossible de passer à côté, et cela me réveille même
parfois. Ce n’est pas à chaque fois au début, mais
suffisamment pour que je me dise qu’il y a quelque
chose à creuser par là. De toute façon, je n’ai pas
beaucoup d’autres pistes. Au début, je prends ça pour
une création de mon esprit, dans d’autres cas pour
une sorte d’agression, ou pour une sorte de blague
interdimensionnelle.
Je n’arrive pas à être clair dans ma tête : n’ayant
aucune référence, je ne sais si ce phénomène est « bon »
ou « mauvais », encore moins à quoi il sert ou même
s’il a une fonction particulière. Tout ce que je sais sur
ce phénomène, ce sont les éléments suivants :
34
si on m’avait mis des électrodes à cet endroit là. Je
finirai par constater que cette vibration est corrélée au
degré de décoïncidence entre les deux corps de
manière linéaire : plus je décroche, plus cela vibre,
plus cela s’électrise. Un seuil est ensuite atteint, et
quand il est atteint, le corps non-physique n’est plus
coïncident avec sa contrepartie matérielle. Quand je
« retombe » dans le corps, la vibration diminue de
même.
Premier indice. Au fil de mes recherches sur
Internet, je tombe par hasard sur un article très court,
où il était mentionné, je résume : la corde d’argent
relie les corps, et elle s’accroche sur la nuque. Je sens
intuitivement qu’il y a du vrai, même si je ne comprends
pas tout, et surtout, que je ne comprends pas d’où
vient cette intuition que cela me parait vrai. A ce
moment, je suis assez mal à l’aise avec ces
terminologies, et ne suis pas du tout penché sur la
spiritualité. Mais d’un autre côté, je n’ai pas vraiment
de meilleures explications pour le moment et j’ai
mordu, c’est trop tard, il me faut en savoir plus…
Arrive le moment où cela se reproduit : une
nouvelle paralysie arrive. Je me réveille dans « l’entre-
deux » pour la énième fois, je sens l’électricité au
niveau de ma nuque et là, au lieu de paniquer, je
reprends mes esprits, respire doucement, et
complètement naturellement, tente de sortir de mon
corps, au feeling.
Et là, incroyable : ma nuque « s’enflamme » de
picotements et « fourmille » maintenant énormément,
je n’y vois rien, noir complet, mais je me sens décoller.
J'entends pas mal de bruits, comme des orages
électriques, des portes en fer qui claqueraient ou qui
se tordraient brutalement. Je me sens très nu, très
vulnérable, comme si j’avais enlevé quinze manteaux,
35
presque froid, mais je continue, rien ne me fera
flancher, ce coup-ci. Je décolle vraiment, et le
mouvement part du thorax. Je récupère la vue et
incroyable, c’est ma chambre, je la vois, j’ai réussi !
C’est fantastique ! Ce n’est pas possible !
Je dois lutter avec détermination pour combattre
un espèce de rappel. Je sens bien que si je lâche, je
reviendrais. Mais je poursuis l’effort, je grimpe la
corde, et rien ne me fera faire demi-tour. Je veux et je
vais sortir la tête de l’eau, quoi qu’il arrive, quoi qu’il
se passe, je donnerai tout pour cela. Je me dirige vers le
toit, et force avec l’entièreté de ma détermination
pour sortir de là.
Je finis par traverser le toit et là, cela m’étonne
énormément à ce moment, mais la force de rappel a
subitement cédée, je suis complètement libre. Pas de
gravité. Une vue extraordinaire, une lumière
magnifique. Je me balade une dizaine de minutes dans
cet état merveilleux, sans poids, à la vitesse que je
choisis, dans le jardin, puis un peu plus loin, profitant
comme un dingue de ce « nouvel » état. J’observe la
voiture de mes parents, l’arbre au milieu du jardin. Je
peux tout traverser et je ne pèse rien : c’est un rêve
d’enfant. Mais celui-ci, je le vis en temps réel et je
commence même à le contrôler. Ma lucidité est
incroyable, je suis plus vivant que jamais. Mes pensées
sont rapides, elles sont « fluides » : je me rends surtout
compte qu’elles n’étaient pas aussi fluides avant, dans
mon corps humain. Pour la première fois, je pense
incroyablement vite et facilement.
Le retour va être soudain, quelques instants après.
Au retour dans le corps, j’ai une énergie absolument
incroyable. Je veux y retourner, je veux comprendre !
Qu’est-ce que c’est que cette affaire ? Et pourquoi ai-
je cette impression tenace de retrouvailles ? Pourquoi
36
j’ai l’impression que c’est ça mon « vrai » état ? Mes
explorations prennent un autre tournant. Tout ceci est
bien réel.
37
38
LOGIQUE OU PRESQUE
Sortons de mon récit un instant. Si j’avais lu cela il
y a des années, sans avoir aucune expérience directe
de cela, j’aurais probablement pensé que l’auteur
confond rêve et réalité. Que ceci ne peut être la réalité.
J’aurais peut-être même essayé de le prouver.
Sauf que, pensant cela et faisant cela, la seule
chose que j’aurais prouvé de manière certaine, c’est la
faiblesse de mon raisonnement, la maigreur de mes
connaissances, et mon inexpérience totale en la
matière.
J’aurais en fait surtout affirmé une croyance : celle
qui veut que ceci ne peut être la réalité ; j’aurais en
réalité arbitrairement cerclé le réel et exclu ce
phénomène de ce cercle. Je l’aurais exclu de ma réalité
du moment. Je me serais également tapé les dents
contre du dur, ne serait-ce que d’un point de vue
logique.
39
Nous avons tous lu ces titres d’articles. Tous ont
un point commun : des titres basés sur des facilités de
raisonnements. Affirmer que la conscience est créée par
le cerveau est un non-sens logique. Car même si nous
n’avons aucune expérience dans le domaine, il est
impossible de balayer l’hypothèse selon laquelle le
cerveau et le corps servirait à manifester la conscience
et non la créer (et qu’elle ne serait donc pas dépendante de ce
dernier pour exister) sans faire le choix d’opter pour une
croyance arbitraire.
Un cerveau en bon état peut tout à fait être
indispensable pour manifester la conscience avec le
corps biologique. Une altération des fonctions
cérébrales peut altérer la manifestation de la
conscience - même s’il existe des contre-exemples
tout à fait prodigieux. Tout ceci est évident ; mais
encore une fois, ces évidences ne nous autorisent pas
à sauter sur la conclusion que le cerveau a créé la
conscience. Si nous ne pouvons pas affirmer que le
cerveau créé la conscience, nous n’avons donc pas
non plus le droit de statuer sur sa disparition après la
mort du corps biologique.
Nous avons seulement le droit de dire : à la mort
du corps biologique, la conscience ne peut plus se
manifester avec ce corps biologique. Cela, nous
pouvons en être certains.
Nous n’avons, en toute rigueur, pas le droit de
dire : la conscience de cette personne n’existe plus.
Nous n’avons pas le droit de dire : la vie après la mort
n’existe pas. Ce sont des erreurs logiques et des
rapidités de raisonnements qui font écho à des
croyances que nous surimposons sur la réalité ; sans
mentionner le fait qu’il est tout à fait possible de vivre
directement, par notre expérience directe, sans
intermédiaire, sans drogue, des phénomènes qui
40
peuvent apporter des réponses très concrètes à ces
questions. Prenons un des postulats du paradigme
matérialiste réductionniste classique ou du matérialiste
fonctionnaliste selon lequel le cerveau générerait la
conscience. Rappelons que ce paradigme, c’est-à-dire
le socle conceptuel sur lequel la recherche se
construit, n’a jamais pu apporter la preuve absolue
que la conscience est créée par le cerveau[1,2], pour la
simple et bonne raison que cela est tout simplement
impossible de manière absolue. Voyons pourquoi.
Prenons donc le schéma classiquement proposé :
41
Ces signaux sont des données brutes, nous
analysons le fonctionnement du (ou d’un des) substrat(s)
biologique(s) de la conscience, et il convient de choisir
l’hypothèse la plus solide pour élaborer un modèle
intellectuel et conceptuel intégrant – et expliquant –
ces données, voire capable de prédire certains
phénomènes.
Contrairement à ce qui est souvent sous-entendu,
quand on observe le plus grand tableau, l’hypothèse
de la causalité biologique n’est pas la plus intégrative,
ni la plus logique, ni la plus solide.
Elle possède même de nombreux défauts : elle se
contente d’être tout juste descriptive mais n’inclut pas
tous les phénomènes associés à la conscience dans
son ensemble : pour exister, elle exclut de fait les
phénomènes qui sont donc sans surprise qualifiés de
« surnaturels ».
Or d’un point de vue logique, il est incorrect
de conclure, avec ces seuls résultats, que la
consommation en oxygène du cerveau, ou son activité
électrique, donc son activité synaptique, cause
l’émission de la pensée, donc « l’émission » de la
conscience, le problème n’étant bien entendu pas dans
les signaux, mais dans l’inférence logique, dans
l’implication : le mot « donc » et surtout dans la
supposition de la causalité, le verbe « cause »xxii.
Rappelons que ces résultats peuvent s’interpréter
aussi de cette manière : la conscience préexiste et se
sert de l’activité cérébrale pour se manifester ici.
42
Conscience > Activité cérébrale > Action
43
du corps physiquexxiii ? Un des arguments fréquents
qui tente de justifier ce paradigme est le suivant : si
nous enlevons telle ou telle structure ou si elle ne
fonctionne pas, la conscience, qu’on essaie de
quantifier par des échelles mesurant principalement la
réponse aux stimuli douloureux et la vigilancexxiv, est
altérée. Dans telle ou telle pathologie, le cerveau est
altéré, et la conscience est altérée. Donc le cerveau qui
génère la conscience n’est pas en mesure de la générer
aussi bien qu’avant, donc le cerveau l’a crée.
Mais encore une fois, ce ne sont pas des preuves
convaincantes. En effet, dans un paradigme dans
lequel le corps est simplement un véhicule pour la
conscience, il n’y a aucun contre-sens avec le fait que
si un morceau du véhicule est abîmé, le véhicule ne
puisse pas être en mesure de manifester complètement
« la conscience » telle que nous la connaissons (la
vigilance, la mémoire, la lucidité et ainsi de suite) avec ce
corps.
pense que la vie est peut-être le résultat d’un accident, je ne pense pas cela
pour la conscience. La conscience ne peut pas être considérée en termes
physiques. Parce que la conscience est absolument fondamentale. »
44
Mais elle le pourrait avec un autre véhicule, lui
aussi soumis à la causalité de la conscience. En
prenant la classique analogie de la voiture, on peut
dire qu’avec un moteur en panne, la voiture n’est pas
en mesure de se déplacer, mais le conducteur peut
toujours être en vie… et bien lucide. Avec un autre
véhicule en bon état, il pourrait très bien conduire,
comme avant. Et justement, un autre véhicule, il se
pourrait bien que nous puissions en trouver un sans
avoir à attendre la mort de notre corps biologique…
Souvent, ce qui est mis en avant lorsqu’on parle de
ces expériences, c’est le doute. Il y a des experts du
doute, et des experts du non-doute. Dans le domaine
de l’exploration expérimentale de la conscience, le
doute est un outil formidable et nécessaire, tant qu’il
ne se dresse pas comme un mur qui nous empêche
d’expérimenter nous-même. Le doute permet de
tailler notre expérience, d’affiner notre discernement,
de progresser toujours loin dans l’exploration. Sans le
doute, il n’y a pas de progrès, pas d’avancée. S’il n’y a
pas d’esprit critique, idem. Mais si le doute dresse un
mur qui nous empêche d’expérimenter, parce que « ça
ne peut exister de toute façon », il ne s’agit plus de doute,
mais d’une croyance, celle précisément, qui veut que
ça n’existe pas. Car on va alors douter de tout, sauf de
cette croyance là, que l’on fait du coup sienne et à
laquelle on attribue la valeur de vérité « vraie ». Je
n’expérimente pas, car ça n’existe pas. Donc je n’ai pas
besoin d’expérimenter puisque ça n’existe pas. Donc
je n’expérimente pas.
Carl Sagan disait « des affirmations extraordinaires
nécessitent des preuves extraordinaires ». Il est assez curieux
de voir cette phrase citée ça et là comme étendard du
scepticisme ultime, souvent avec condescendance,
alors qu’elle comporte une immense ambiguïté en son
45
sein et que cela ne semble déranger personne : qui
définit l’extraordinaire de manière formelle ?
L’académie des sciences ? Une commission ?
L’I.N.S.E.E ? Un sondage Ifop ? Carl Sagan lui-même ?
Dans ce cas, faut-il se baser sur ce qu’il pensait au
moment où il a prononcé la phrase ou prendre une
moyenne de sa définition sur l’ensemble de sa vie ?
Savoir précisément et sans aucune ambiguïté possible
ce à quoi fait référence le mot « extraordinaire »
pourrait être utile pour commencer. Et une définition
implicite basée sur « le bon sens » ne peut convenir.
Le « bon sens » a fait ses valises et a quitté la science
depuis bien longtemps et c’est pour le mieux. Trop
ambigu. Trop imprécis. Trop subjectif. Et surtout trop
faux. Nous avons tous une définition personnelle de
l’extraordinaire car nous avons tous une définition
personnelle de l’ordinaire, et tant que nous n’aurons
pas interrogé l’ensemble de l’humanité sur ce qu’elle
considère ordinaire, nul besoin d’être un génie pour
comprendre que ce qui sera considéré comme
extraordinaire sera borné à tout ce qui sort du cadre
du matérialisme réductionniste occidental classique.
L’extraordinaire est un jugement de valeur, avec toute
sa subjectivité, tout simplement. La science au sens
strict ne parle pas, elle ne juge pas. Les résultats
qu’elle produit sont jugés et interprétés, ce qui est
différent.
Il est assez amusant de constater que, finalement,
tout le monde veuille tirer la confortable couette de la
science à son avantage, pour lui faire dire ce qu’on
veut qu’elle dise, et s’attirer alors son halo
d’objectivité et de fiabilité. Menteurs, charlatans, faux-
gourous, et même certains zététiciens jouent à ce jeu.
Car malgré ce qu’on puisse en dire, la zététique ne fait
pas non plus partie de la science. Elle dit utiliser ses
46
outils, mais à ma connaissance, ce n’est pas une
discipline scientifique de la science officiellexxv, elle ne
produit pas de contenu scientifique à proprement
parlé, il n’y a pas de revues zététiciennes de haut
niveau à comité de lecture validées par les institutions
scientifiques internationales et pour cause ; la
zététique ne produit rienxxvi. Elle veut faire la guerre
au paranormal derrière un étendard sain : la
promotion de l’esprit critique et de la méthode
scientifique. Elle doute des phénomènes décrits avec
une certaine posture mentale qu’elle considère comme
saine et fiable, sur la base d’études déjà faites. Elle se
bat contre des termes qu’elle ne prend jamais le temps
de définir clairement : paranormal, extraordinaire.
Para-normal signifie qu’il y a un normal. Quel est la
définition exacte de normal ? Prend-on normal dans
le sens appartenance à une norme ? Dans ce cas
quelle est elle ? Prend-on le terme dans le sens
normalité ? Dans ce cas est-on conscient que le terme
est, j’ose, extraordinairement vague et société
dépendant ? Ou bien prend-on le sens statistique ?
Dans ce cas où est le sondage dans lequel les
habitants de la Terre ont répondu sur ce qu’ils
considèrent normal ? Extraordinaire signifie qu’il y a
un ordinaire. Quelle est sa définition précise ? Où
sont les bords ? Qui les définit ?
Si l’on ne fait pas de science, alors, je pense qu’il
vaut mieux se le dire clairement, nous n’en faisons
pas, et c’est tout, et tout va bien. Ce livre se veut le
plus rigoureux possible, mais il ne se réclame pas
47
d’une démarche scientifique, il ne poursuit aucune
démarche de cet ordre et il n’y a absolument aucune
ambiguïté sur ce fait. Nous pouvons essayer d’être
rigoureux, d’avoir un esprit critique affuté, de
faire référence à certains travaux sans brandir
immédiatement l’étendard de la science pour valider
notre démarche. Si je suis un manche à balai
intellectuel, alors je l’assume froidement, et tout va
bien. Je n’ai pas besoin d’aller partir en croisade pour
me faire passer pour plus intelligent que je ne le suis.
Mais ne digressons pas davantage et rentrons dans
le vif. Les preuves. Quelles preuves ? Trois questions
se posent dès le départ. La première, c’est : quelles
preuves peut-on apporter... à quoi exactement ? Que
cherche-t-on à mettre en évidence exactement ?
Il y a une grande différence par exemple entre
prouver la réalité d’une perception extrasensorielle,
c’est à dire une perception en théorie impossible à
traiter avec nos cinq sens, et prouver une
décorporation en tant que telle, c’est-à-dire une
expérience dans laquelle la personne décrit posséder
un autre corps, en dehors de son corps biologique,
qu’il ou elle peut contrôler aussi lucidement qu’elle
contrôle son corps de chair.
Actuellement, le terme « d’expérience hors-du-
corps » regroupe une variété d’expériences très
différentes. Si j’utilise les expressions « traditionnelles »,
alors le terme regroupe par exemple, au moins, le
« voyage astral », le « remote viewing » et « l’expansion
de conscience ». Il faut donc se mettre d’accord sur le
phénomène que nous cherchons à étudier.
La deuxième question, c’est logiquement celle-ci :
quelle preuve, dans l’idéal, voudrait-on ? C’est-à-dire
quel phénomène, en pratique, pourrait nous faire dire,
ok, ce phénomène est « réel » pour moi, je veux bien
48
le faire entrer dans mon cercle de réel personnel ? En
général, la réponse à cette question est la perception
d’une cible à distance. Or, les problèmes commencent
déjà, car il existe plusieurs phénomènes qui peuvent
produire ce genre de résultats et tous les phénomènes
que l’on regroupe sous le terme générique
d’expérience hors-du-corps n’ont pas les mêmes
mécanismes.
Si on cherche à mettre en évidence le « voyage
astral », c’est-à-dire l’expérience de sortie hors-du-
corps dans laquelle le sujet perçoit et contrôle un
autre corps différent du corps biologique, qui lui reste
en état de sommeil, faisant suite à un « décollage » qui
possède ses caractéristiques propres, et se terminant
par un « atterrissage » possédant également son
déroulement spécifique, et ce avec une lucidité au
moins égale à celle de l’état de veille, alors il faut
réfléchir à un protocole permettant d’établir des
corrélations avec ce qui est généralement admis
comme étant la seule et vraie réalité : la réalité
matérielle perceptible par nos sens. C’est ce que l’on
peut se dire naïvement. Est-ce aussi simple ? J’y viens.
La troisième question qui se pose logiquement,
puisqu’elle structurera nos actes, c’est : pour
convaincre qui ?
Une fois ces trois questions posées, l’on peut
commencer à structurer le propos. Mais pas avant, à
mon sens, car il y a une vraie différence, par exemple,
entre vouloir convaincre tout le monde, avec une
perception à distance peu importe le phénomène (on
ne prouvera donc qu’une chose, l’existence d’une perception à
distance), et par exemple, convaincre tout le monde de
la réalité d’une décorporation. Et bien sûr, le propos
change complètement si la réponse à cette question
est : je souhaite me convaincre moi !
49
Si l’on dit par exemple : « je cherche à prouver
l’objectivité et la réalité du voyage astral pour le
monde entier », le problème démarre en fait dans la
définition de l’objectivité et de la réalité.
Une confirmation physique ne prouverait qu'une
seule chose de manière certaine, celle que le corps que
l'on utilise en sortie est en mesure d'observer au moins
la même réalité que celle que nous observons à l'heure
où j'écris ces lignes. Elle ne permet pas de prouver la
réalité des E.H.C qui peut se prouver par d'autres
moyens, c'est un raccourci que nous n'avons en toute
rigueur pas le droit de prendre.
En effet, nous ne connaissons que très peu sur ces
réalités : nous n’avons, en toute rigueur, pas le droit de
prendre le raccourci selon lequel, si l’on fait, par
exemple, un millier de sorties et qu’aucune n’est
corrélable avec ce qu’on appelle le monde matériel
alors elles ne sont pas objectives et réelles.
Cela impliquerait en effet d’avoir réussi à prouver
d’une, que le corps utilisé en sortie de corps
fonctionne à peu près comme le corps humain et ses
sens, c’est-à-dire qu'il irait de soi qu'il pourrait
percevoir tout ce que le corps humain peut percevoir,
et de deux, qu'il pourrait automatiquement se trouver
dans le même pan de réalité que celle auquel nous
avons accès ici (si tant est que ce sont deux choses différentes
et non deux manières de percevoir une seule et même chose) ce
qui est très loin d’être fait.
Cela impliquerait également que la vision physique,
un des sens du corps, si par exemple le sujet doit
percevoir à distance un objet que les autres personnes
peuvent voir avec leurs yeux, est au maximum de ce
qui pourrait être perçu et peut constituer un étalon
fiable de réalité. Ce qui n’est pas vrai, même (et
surtout !) en physique officielle où il y a bien longtemps
50
que les mathématiques ont pris la place des sens pour
expliquer les différents phénomènes et tenter de
toucher le réel.
En effet, si le corps « astral » peut se déplacer dans
beaucoup d’états différents et percevoir plus que la
vision physique que l’on considère « objective » et si
nous ne connaissons pas avec précision l'ensemble de
ces mécanismes ; alors l’équation se complexifie
encore. Et l’on n’a même pas abordé la complexité
des mouvements dit « énergétiques » associés à la
sortie, qui possèdent des caractéristiques très
spécifiques et reproductibles à l’échelle individuelle
par les expérienceurs. J’y reviendrai en détails plus
loin.
Ainsi, nous n’avons en toute rigueur pas le droit de
dire qu’une non-confirmation matérielle prouve la
non-réalité d’un voyage « astral ».
Il peut, en revanche, être plus simple de chercher à
mettre en évidence l’existence de mécanismes de
perceptions extrasensoriels (E.S.P pour ExtraSensorial
Perception) grâce à la perception à distance dite remote
viewing, sans décorporation, comme dans les
expériences de Nicolas Fraisse[3], ou de Russel Targ[4],
ou d’autres[5].
Une autre solution est de laisser une liberté totale à
l’expérienceur pour percevoir la cible, mais dans ce
cas, on perd en spécificité. Si par exemple, il n’y
arrive pas, nous n’avons pas le droit de conclure
qu’aucun des phénomènes inclus dans le terme
générique « expérience hors-du-corps » n’existe. Et
s’il y arrive, cela pourra par exemple prouver qu’il est
possible de percevoir à distance, mais s’il décrit avoir
utilisé un corps, le protocole ne l’aura pas décelé.
Il peut-être également très intéressant de chercher
du mesurable avec nos technologies actuelles pour
51
d’autres éléments, comme par exemple ce qui est
connu sous le nom de « matière éthérique » ou « chi »
ou « fluide magnétique » ou « énergie ». A ce titre, il
est intéressant de noter les travaux de Wagner
Alegretti[6] par exemple, qui cherchent à mettre en
évidence cette substance grâce à des technologies
comme l’I.R.M fonctionnel ou encore la spectroscopie
R.M.N. Ces résultats sont préliminaires, les études se
poursuivent, les biais doivent être éliminés et bien
entendu, ils doivent être confirmés par des équipes
indépendantes et par d’autres sujets. Mais il semble
qu’ils soient pour l’instant fort intéressants.
La question de la preuve est aussi passionnante
que complexe, et il faut aussi rappeler que
contrairement aux idées reçues, la science actuelle
n’arrive déjà pas à prouver de manière absolue le
paradigme consensuel actuel qui voudrait que la
conscience soit créée par le cerveau.
La recherche avance sur le (ou l’un des ?) substrat
biologique qui permet à la conscience de se
manifester avec le corps physique. Cela, c’est
indéniable et fantastique. Quiconque porte dans son
coeur la science et la biologie ne peut qu’être fasciné
des incroyables travaux effectués en neurologie. Mais
elle bute toujours sur la nature véritable de la
conscience.
Les études en neurologie et neurosciences sont
passionnantes. Mais un nombre incalculable de
questions restent entières concernant la conscience en
tant que telle. L’hypothèse de l’immatérialité de la
conscience ne sera pas remise en cause par une étude
montrant tel ou tel mécanisme cérébral (ou telle lésion
entrainant telle perte de « conscience »...) avec telle ou telle
technologie ; à nouveau, le cerveau peut tout à fait
être un substrat biologique de la conscience qui ne
52
permet pas la manifestation de la conscience dans la
réalité physique si ses structures sont lésées, sans pour
autant glisser sur la conclusion que ces structures ont
créé la conscience en elle-même. Il est par ailleurs
souvent fait l’amalgame entre la pensée et la
conscience, qui semblent pourtant, à l’examen, être
deux éléments bien différents, ce qui n’aide pas
vraiment à y voir clair. J’y reviendrai également.
Le dernier amalgame qui entraine beaucoup de
confusion est celui fait entre le rêve lucide et
l’expérience de sortie hors-du-corps. A l’examen, ce
sont deux phénomènes très différents, et j’y reviendrai
à nouveau au cours de ce livre.
De mon côté, je ne cherche à convaincre personne.
J’ai voulu me convaincre moi, et pour cela, j’ai
expérimenté un grand nombre de fois. Sur ces
domaines, en l’état actuel, je pense que l’expérience
directe et personnelle, que tout un chacun peut vivre,
est un matériau solide, qu’il nous faut multiplier et
tailler avec notre lucidité et avec notre discernement,
qui lui-même s’affine avec le temps, l’expérience et le
partage avec d’autres expérienceurs.
53
- l’expérience dans laquelle le sujet vit une
expérience de sortie de son corps biologique (lequel
est en état de sommeil), et vit une expérience consciente,
en ayant la conscience d’un autre corps qu’il contrôle
et depuis lequel il perçoit,
54
tout le monde n’adopte pas les mêmes termes ?
Prenons quelques termes en exemple pour fixer les
idées sur certaines ambiguïtés.
Or…
55
- « l’énergie » des expérienceurs peut satisfaire
également tout ou partie de ces définitions : elle est
connaissable (le mot connaître est-il limité aux sens
classiques?) par ses propriétés bien spécifiques, son
« inertie » par exemple, mais il y en a d’autres, elle
est décrite comme constituant même un certain
corps appelé souvent « corps énergétique » ou
« energosoma » ou « corps éthérique » possédant
des caractéristiques bien particulières…
56
Intra-physique et Extra-physique. Ces termes
sont intéressants bien qu’ils puissent comporter
quelques ambiguïtés. En fait, tout se joue dans la
définition du mot physique. L’étymologie[11] nous
donne, du latin physica :
- Relatif à la physique.
Or…
57
2. Une expérience extraphysique peut
concerner le corps humain. Dans le cas d’une
sortie hors-du-corps classique, c’est-à-dire
avec décorporation, avec l’usage d’un autre
corps, l’état du corps biologique est
manifestement influencé par le corps de
sortie[13, 14].
58
« force en action ». L’énergie physique, ce n’est pas
« quelque chose », tout au moins, ce n’est pas une
substance au sens où on le comprend habituellement
mais une notion assez abstraite ; c’est une capacité à
modifier l’environnement, c’est une capacité à
produire un travail ; travail, à nouveau, au sens
physique du terme.
En physique, l’énergie est quantifiée par des
Joules, des kg.m².s-2 en système international. Elle se
retrouve dans de nombreuses formules : la classique
énergie cinétique, E = 1/2m.v², mais aussi l’énergie
potentielle de pesanteur, E = mgh, ou même la
célèbre E = mc²… toutes homogènes au niveau des
dimensions (dimensions au sens de la physique) : le E,
l’énergie, ce sont des Joules, sans aucune ambiguïté
possible.
Plus « concrètement » peut-être, un Joule, c’est
aussi.. un watt seconde. Plus connu sous la forme du
kilowatt heure ; le fameux kWh des factures
d’électricité, c’est aussi de l’énergie au sens physique
du terme : de la puissance (électrique) multipliée par une
unité de temps, c’est bien une énergie.
Un kilowattheure, ce n’est rien de moins que
l’énergie « consommée » (qui est un terme impropre en
physique, on devrait plutôt dire « convertie ») par un appareil
(un convertisseur, devrions-nous dire) d’une puissance d’un
kilowatt (1000 watts) pendant une heure.
Et là l’expérienceur, le lecteur, bref, tout le monde
est confus : ce qui est expérimenté et décrit,
schématiquement, rapidement, c’est la sensation d’un
mouvement d’une « substance » (faute d’un meilleur
terme) qui peut tout à fait se percevoir sans ambiguïté
possible, qui peut se déplacer et sur laquelle il est
possible d’agir.
59
Alors de quoi parle-t-on ? Y a-t-il un lien entre ces
deux notions ou bien, ce ne sont pas du tout les
mêmes phénomènes que l’on rassemble pourtant sous
un même terme ?
Doit-on affubler « l’énergie » des expérienceurs
d’un adjectif comme éthérique au risque d’entrer en
conflit avec la notion d’éther (luminifère) physique (ce
milieu théorisé au siècle passé comme étant le support de la
lumièrexxviii) pour la séparer de l’énergie tout court ?
Doit-on parler plutôt de matière x ou y ? De pseudo-
matière ? D’encore autre chose ?
Ces questions méritent d’être posées. Pour que
nous nous comprenions à peu près tous, j’utiliserai
pour ma part les termes classiquement employés, ou
utiliserai des termes neutres comme « corps de
sortie ». Poursuivons donc.
60
61
62
MISES À JOUR
Ce que j’ignorais au moment où je vivais les
expériences racontées au premier chapitre, c’est
qu’elles n’étaient qu’un début, et surtout, que la suite
n’allait pas être linéaire. Ainsi, je ne vais pas la
raconter de manière tout à fait chronologique, et ce
n’est pas juste une manifestation quelconque
d’anarchisme littéraire : cela a un sens bien précis.
L’autre fracture majeure dans ma réalité d’alors,
déjà abimée par d’incessantes paralysies du sommeil
que je ne contrôle pas, arrive quelques temps plus
tard.
Il faut comprendre qu’en parallèle de ces
expériences, mes perceptions s’ouvrent dans tous les
sens, sans que je puisse faire le tri, au départ, et sans
que je n’y puisse rien. Ma sensibilité pourtant déjà
bien présente depuis le début de ma vie explose. Mon
esprit critique s’allume en même temps que chaque
perception et je suis rapidement inondé. L’overthinking
est un euphémisme. Je suis noyé. Je suis donc à la fois
déprimé et inondé de perceptions pour la plupart
terribles, et cela impacte fortement ma vie d’étudiant.
63
Je perçois très clairement si quelqu’un me ment, si
quelqu’un souffre, ou si quelqu’un cherche à cacher
quelque chose. Autant dire que mes alarmes sont au
rouge en permanence. Je ne trouve du repos qu’en
forêt, le plus loin possible de la moindre présence
humaine. Dans un premier temps, je ne sais pas si ces
perceptions correspondent à des faits : je veux juste
que cela cesse, que je redevienne comme avant : un
mélange subtil d’intelligence, de créativité, et de
stupidité saupoudrée d’impulsivité, d’ignorance et de
mauvais choix. Bref, le confort d’une classique vie
adolescente.
Mon humeur se dégrade considérablement, au fil
des jours, des semaines, des mois. Ma tristesse
augmente, mon angoisse prend des proportions
impossibles, je ne comprends rien à ce qu’il m’arrive.
Le désespoir arrive, sans aucune surprise. C’est ce
qu’il se passe quand l’information manque pour traiter
intellectuellement des expériences, soit parce qu’on ne
veut pas l’entendre, soit parce qu’elle n’est pas
disponible. Point positif, intellectuellement je m’en
sors plutôt bien sans forcer, et je n’ai aucun mal à
avancer dans le cursus. Après deux années de
première année de médecine, on a surtout appris à
apprendre vite, et cela s’avère assez utile. Il faut juste
s’abimer un peu de santé mentale pour arriver à ce
résultat.
Les expériences s’accumulent, certaines avec ma
volonté, la majorité contre mon gré. Certaines
expériences font émerger dans ma conscience certains
évènements de mon passé, que j’avais complètement
oublié. Comme mes tentatives, quand je n’avais même
pas dix ans, d’essayer lucidement de me rapprocher de
la limite entre la veille et le sommeil en gardant ma
conscience, toujours plus loin. Comme mes tentatives
64
d’influer chaque nuit sur mes rêves très tôt, sans avoir
lu quoi que ce soit sur le rêve lucide. Comme mes
tentatives de reprendre ma lucidité et de voler dans
certains rêves qui me paraissaient extraordinairement
réels. Ou plus exotique, comme cette fois-ci, quand
j’avais quinze ans, où, alors que j’étais allongé
tranquillement dans mon lit en pleine journée, j’ai eu
une absence de quelques minutes, et, me suis retrouvé
à m’écraser sur le lit en reprenant mes esprits, comme
si pendant cette absence, je flottais avec mon corps de
chair à quelques centimètres au dessus mon lit.
Expérience qui m’a d’ailleurs fait très peur, fait
sérieusement douter de ma santé mentale, que j’ai
bien sagement refoulé sans en parler à qui que ce soit
et que même aujourd’hui je ne comprends pas.
Mais la descente continue, tant et si bien que je
finis par me voir obligé d’interrompre temporairement
mon cursus, le temps de me remettre sur pieds.
C’est dans ce contexte qu’une fracture majeure
vient s’ajouter au tableau. Je suis installé tranquillement
sur un banc. Je vois passer Maëlle (j’ai modifié son
prénom) : j’ai immédiatement une scène qui se déroule
dans mon esprit, qui ne laisse place à aucun doute.
Comme un flash, des images se superposent à mon
écran mental. Dans ces images, je vois qu’elle va avoir
un petit accident de la route, qu’elle ira à l’hôpital
pour un contrôle mais s’en sortira sans égratignure. Je
vois que cela va se produire peu de temps après son
départ.
Je vois le nom de l’examen médical qu’elle va subir,
une simple radio de contrôle en l’occurence, je perçois
même un morceau de ce que cela va provoquer
émotionnellement chez elle, ainsi que des éléments
assez précis sur la manière dont elle intégrera ce
phénomène.
65
Je reste assez paralysé : tout cela m’apparait très
clairement, mais que faire ? Lui dire et passer pour un
grand malade ? Ne rien faire et ne pas empêcher le
scénario ? Je finis par décider de ne rien faire : après
tout, j’ai surement halluciné. Oui… mais non.
Je reçois un coup de téléphone quelques minutes
plus tard. Ce que j’ai vu se produit peu de temps après
son départ. Je ne sais plus où me mettre pendant un
bon jour, et y pense constamment pendant la semaine.
Mais ce qui me préoccupe, c’est surtout cela : et si
c’était plus grave, fallait-il la prévenir au risque de
passer pour un fou ? Et la prévenir aurait-il changé
son comportement ?
D’autres éléments analogues se produisent, et la
fracture s’ouvre complètement lorsque je vois un
évènement qui se produira trois mois après l’avoir
perçu. Je n’hallucine pas, ce que je perçois dans ces
moments si particuliers que je ne contrôle pas ne
relève manifestement pas de l’imagination. Je dois
repenser ce que je pensais du monde : bref, mettre à
jour le logiciel. Et la mise à jour frictionne sévère avec
ma réalité du moment. Mais là encore, comme je le
comprendrais plus tard, ce n’est que le début du
chemin pour moi.
Mais pour le moment, je suis toujours
complètement perdu. Dans ce contexte, je lis. J’aime
lire et ma curiosité intellectuelle est très importante.
Krishnamurti, Paulo Coelho. Je cherche désespérément
de l’information. Qu’est-ce qu’il m’arrive ? Pourquoi
tout a changé en si peu de temps ?
La veille, je prépare ma carrière de médecin, qui ne
fait absolument aucun doute pour moi. Je serai
médecin, et c’est tout. Je suis immortel, et invincible
intellectuellement. J’ai toujours très bien réussi tout
haut la main sans travailler. Je peux tout faire, ma vie
66
sera tracée et facile. J’aime la science, je suis plutôt
bon et plutôt rapide, je veux aider mon prochain,
donc je serai médecin. Point barre. Aucun doute. Je
serai un vrai scientifique, la réalité dans son ensemble
me sera accessible grâce à mes connaissances
intellectuelles et mon travail. L’humain et la réalité
n’auront plus aucun secret pour moi, car la science
occidentale et sa médecine représentent le sommet de
l’intelligence humaine.
Le lendemain, je me retrouve en arrêt sabbatique,
dans une filière que je n’ai pas vraiment choisie, j’ai
raté mon si beau plan à quelques centièmes de points,
tout s’écroule, mais surtout, punaise de mince : je sors
de mon corps, je suis inondé de perceptions
incompréhensibles, et suis obligé de tout reprogrammer,
tout revoir, tout reprendre à zéro, tout mettre à jour
alors que j’étais prêt à me lancer dans la course
« rêvée » : le job de médecin, les trois enfants
merveilleux, le golden retriever, les poissons rouges, la
tondeuse à gazon puis la retraite et la mort.
Dans ce contexte, je décide d’aller chercher un
autre livre en librairie. J’entre dans le magasin, je n’ai
pas d’idées en tête, je fouille dans les rayons dans
lesquels je ne pensais jamais mettre les pieds un jour :
spiritualité, ésotérisme. Mon regard n’est porté que
sur le dos d’un seul livre, sur lequel il est écrit
0,001%xxix. A ce moment précis de ma vie, c’est
précisément comme cela que je me sens. Je me sens
comme 0,001% des gens, alors que la veille, je me
sentais et vivais comme cent pour-cent avec grande
aisance. J’attrape immédiatement le livre, le lis d’une
traite. Je prends une grande claque. Pour la première
fois, on parle clairement et simplement de ces
67
phénomènes, de manière très brute. Je découvre au
passage l’ufologie, ce qui me rend à la fois
inconfortable et terriblement curieux. Comme je le
découvrirai plus tard par mon expérience directe sur
ce sujet, le monde est décidément plus vaste que le
plancher des vaches…
Mais à ce moment, c’est le brouillard et mon phare
ce sont les expériences de sorties hors-du-corps. Je
sais qu’elles sont réelles, qu’elles sont accompagnées
d’un certain nombre de phénomènes que seul un
expérienceur connait. Je contacte son auteur. Prudent,
je n’envoie que quelques lignes au début. Puis la taille
des messages augmente. Une amitié se tisse. Nos
discussions m’amènent peu à peu à l’idée d’écrire sur
ce que je vis. C’est la naissance de mon blogxxx. Marc
m’apporte son précieux soutien, m’explique très
clairement et très simplement un quantité de
phénomènes que je ne m’expliquais pas, notamment
que mes perceptions au niveau de la nuque sont
parfaitement naturelles. Un sacré bond en avant. Je
comprends que je ne suis pas du tout seul, que tout
cela est finalement très naturel. Il me fait découvrir
l’International Academy of Consciousness, me
recommande certaines lectures, Sylvan Muldoon,
Robert Monroe, autant de précieuses et solides
références. En décembre 2014, nous partons à
Londres pour un stage de l’I.A.C sur les sorties hors-
du-corps. J’y découvre des gens rationnels et très bien
informés, pour la plupart issus d’un cursus
académique scientifique traditionnel. Je suis à côté
d’une docteure en biologie, et nous discutons de nos
expériences de sortie hors-du-corps. Tout va bien. Ma
vie prend une autre direction. Mes expériences se
xxx https//explorationconscience.wordpress.com
68
poursuivent, mes explorations s’ouvrent dans des
directions que je ne pouvais même pas soupçonner.
L’équation se complexifie encore.
Au niveau scolaire, j’ai repris mes études mais ce
n’est pas la fin de la souffrance mentale pour moi. Je
m’engage en fait dans un deuxième gouffre.
Décidément, ce cursus traditionnel n’était pas
tellement fait pour moixxxi. Mon décalage avec les
autres était immense, il est maintenant infini. Je me
sens plus seul que jamais. Je ne vais presque pas en
cours, n’assiste bien souvent qu’aux cours de
médecins, les seuls qui arrivent vraiment à attirer mon
attention intellectuelle par leur complexité et ravivent
de loin mon rêve d’une carrière médicale. Pourtant
mes résultats sont bons voire parfois excellents aux
examens, car quand j’arrive à travailler, cela se passe
bien. Certains cours me passionnent. La neurologie, la
traumatologie, je suis happé, et tout simplement
fasciné par la complexité du corps humain et ses
pathologies. Mais je déprime sévèrement, ce qui me
brouille l’esprit souvent, et m’emplit d’idées noires
plus souvent que je ne le voudrais. Dans ces périodes,
pendant certains examens, rarement mais suffisamment
pour que cela me paraisse complètement surréaliste,
c’est parfois le miracle, j'entends parfois dans ma tête
les bonnes réponses, parfois des pages entières de
réponses. Comme des amis non-physiques qui me
souffleraient le bon texte à dire dans la pièce de
théâtre de la vie. Je découvrirai qu’eux aussi sont bien
réels et que ma relation avec eux allait grandir bien au-
delà de ce que je pouvais penser. Ils sont là avec moi
depuis le début, ne m’ont jamais laissé tomber une
seule seconde.
69
Je décroche mon diplôme de paramédical mais
cette vie n’est pas pour moi. J’ai choisi par défaut une
voie qui n’est pas la mienne, car je voulais ne pas
gâcher les efforts que j’avais investi dans deux années
mentalement très éprouvantes. Je change de voie et
pars dans une autre direction, en réalité, d’autres
directions, plus proches de ce que je suis et de ce que
je peux faire.
Après un chemin mental très important, je finirai
par découvrir que je n’aurais pas non plus pu faire
médecine à ce moment-là, alors que je le croyais
pourtant très fortement. J’avais prévu cela, mais à ce
moment, je l’ignorais totalement. Et je ne l’aurais de
toute façon pas cru. Comme souvent quand il s’agit
de réalisations comme celles-ci, cela devait venir de
moi. Si quelqu’un, n’importe qui, m’avait dit pendant
ma première année de médecine : tu as prévu autre
chose avant de venir, tu te souviens ? Je l’aurais de
toute façon très mal accueilli et ne l’aurait pas cru une
minute.
Me dissuader de faire médecine m’aurait par
ailleurs empêché de faire une rencontre absolument
cruciale dans ma vie, qui plus est, prévue de longue
date, qui n’est autre que ma compagne, que j’ai
rencontré dans mon cursus de paramédical, qui dans
la faculté où j’étais, n’était accessible que via la
première année de médecine, précisément dans les
places tout juste derrière médecine : pile où j’étais, en
somme. Sans elle, je ne serais surement pas entrain
d’écrire ces lignes. Ces réalisations doivent venir de
soi.
Je vais faire une autre légère entorse à la linéarité
chronologique pour introduire un autre concept, que
j’ai découvert un petit nombre d’année avant les
évènements décrits juste au dessus. Actuellement, le
70
terme générique pour le décrire est « énergie », auquel
on ajoute en général un adjectif « éthérique », « vitale »,
et ainsi de suite.
Je suis dans mon lit. Je suis parfaitement attentif et
lucide, je n’ai aucune envie de dormir, mes yeux sont
fermés. Je porte mon attention sur la partie gauche de
mon corps, entièrement. L’entièreté de ma conscience
est focalisée sur l’ensemble ma partie gauche, il n’y a
aucune place pour aucune pensée, je suis ma partie
gauche. Je me sens plus « lourd » de ce côté à la suite
de cette intention. Plus vivant, la partie droite me
parait « vidée ». D’un seul coup, je passe du côté droit.
Je porte l’intégralité de mon attention sur mon côté
droit, à nouveau, je ne laisse place à aucune pensée,
mon attention est focalisée et totalement centrée sur
le côté droit de mon corps. A l’intérieur de mon
corps, je sens comme un déplacement d’une masse
dense qui passe du côté gauche au côté droit. Je
poursuis mes tests, bras gauche, bras droit, haut du
corps, bas du corps. Je viens de découvrir cette
étrange substance, qu’on appelle « l’énergie », et je
découvre au passage que le moteur de son
déplacement n’est que mon attention focalisée.
Je ne comprends pas immédiatement les
implications d’une pareille expérience. Je ne sais pas
encore que de pareils déplacements ne sont pas que
« quantité », tel un liquide dense que l’on bougerait, ils
portent aussi une « qualité », donc de l’information.
Mes expériences de confirmation et d’exploration
sur cette substance s’étalent dans le temps. Semaine
après semaine, mois après mois, année après année,
j’explore expérimentalement le comportement de
cette « énergie », ce que je peux faire avec, où elle peut
aller, ce qu’elle peut générer. Je me rends compte
qu’elle peut se déplacer dans le corps, mais qu’elle
71
n’est pas limitée par ce dernier. Je me rends compte
que je peux l’envoyer sur des arbres, sur des objets,
sur… des personnes. Je me rends compte qu’elle est
partout, que tout est empli de cette « substance ».
Pile, je me rends compte que je peux, toujours avec
mon attention focalisée et mon intention, charger
cette substance d’information avant de l’envoyer.
Face. Je me rends compte que je peux percevoir
des informations, en me liant avec cette substance.
A l’instar des perceptions « précognitives » que j’ai
raconté précédemment, il me faut plusieurs mois,
années même, d’expériences répétées pour commencer
à cercler dans quelle mesure les informations perçues
peuvent être mises en corrélation avec la réalité dite
matérielle.
En 2016, il y a un point de bascule, nouvelle
fracture, mais celle-ci, je l’ai choisie et voulue. Je me
rends à un stage de l’I.A.C, au Portugal, dans leur
campus. Le thème du stage est précisément
« l’énergie » ; pendant neuf jours de théorie et de
pratique expérimentale directe, nous allons en
apprendre davantage sur cette « substance » et son
comportement. Je choisis d’y aller dans cette optique :
je veux en savoir plus, la théorie m’intéresse mais c’est
surtout la pratique qui me motive à prendre la route.
Je veux en vivre plus, je veux en comprendre plus, je
veux savoir où tout cela va, dans quelle mesure cela
influe sur ma vie, sur mes sorties hors-du-corps, sur la
vie des gens, sur l’humanité. Je veux relire les
expériences de ma vie que je n’ai pas compris. Je veux
comprendre d’où vient ma sensibilité, d’où viennent
mes perceptions, dans quelle mesure elles sont fiables,
et ce que je peux en faire.
Je rencontre pour la première fois Nanci Trivellato,
Wagner Alegretti, Luis Minero ainsi qu’une partie de
72
l’équipe de l’I.A.C. Les participants viennent de
différents endroits d’Europe, il y a un médecin, un
artiste, un entrepreneur, bref, des personnes que l’on
pourrait qualifier de « bien insérées socialement » si
tant est que ce terme puisse vraiment dire quelque
chose dans l’absolu. Nous sommes à peu près tous
sur la même longueur d’onde, nous voulons en
connaître davantage de manière non dogmatique, non
religieuse, simple et rationnelle.
Durant l’un des exercices, cinq boites bleues sont
fermées et posées sur une table au centre. Nous
sommes une vingtaine. Dans l’une des boîtes a été
placé un objet, aucun participant ne sait ce qu’il se
trouve dedans. Ce n’est pas de la science mais ce n’est
pas conçu ainsi, c’est un entrainement.
Le protocole est simple : chacun à notre tour, nous
allons devoir essayer de sonder la boîte, par une
simple extériorisation « d’énergie », donc une
intention focalisée pour envoyer cette « énergie » à
l’intérieur de la boite afin de créer ce qu’ils nomment
un « coupling », c’est-à-dire un lien entre notre
« énergie » et celle de la cible. Je reviendrai plus loin
dans le livre sur cette technique. Dans un premier
temps, le but est de garder pour nous ce que nous
avons perçu, et d’écrire sur papier nos ressentis, pour
ne pas influencer et déranger les autres participants. Je
suis un des derniers à passer.
L’instructrice, en l’occurence Nanci Trivellato,
lance le protocole, et avant que le premier puisse se
lever de sa chaise, quelque chose de très surprenant
m’arrive.
J'entends très clairement dans ma tête que c’est la
boite n°4. Le chiffre quatre emplit mon espace
mental, avec une certitude désopilante. Le plus
amusant est à venir : je me mets à entendre très
73
distinctement une voix masculine, qui me dit en
condensé, et en français :
74
Viens la n°4. J’extériorise, je joue au ping-pong
« énergétique » et j’ai un retour. Je sens des
picotements distincts dans ma main, et cette sensation
me rappelle l’exercice du jour passé où nous devions
sonder des éléments naturels et discerner par exemple
la différence entre une « énergie » du sol et
« l’énergie » d’un arbre. Ce que je ressens s’approche
d’un arbre, de sa vitalité, de sa texture, de sa « signature ».
J’écris sur mon papier, sonde la n°5 dans laquelle je ne
sens rien non plus, et reviens à ma place.
Quelques minutes plus tard, c’est l’ouverture des
boites, les tant attendus résultats. Nanci ouvre… la
boîte n°4. Je bous intérieurement. Mince mais c’était
vrai alors ? Et les voix ? Qu’est-ce que c’est que ça ?
Mais elle laisse le couvercle ouvert en attendant le
débriefing final et personne ne peut voir ce qui est
vraiment à l’intérieur. C’est le moment du débriefing :
chacun donne son avis sur les différentes boîtes.
C’est mon tour et timidement je lance, avec mon
accent à couper au couteau :
« You’ll think I’m crazy, but I knew all along that was the
box 4. I heard a… dialogue ! »xxxii
xxxii« Vous allez penser que je suis fou, mais je savais depuis le début que
c’était la boite n°4. J’ai entendu… un dialogue ! »
75
« Is this organic ? I felt like something that feels like a tree,
related to a tree or something like that, because it is basically
the same feeling, but not exactly, with some trees »xxxiii
« Very good ! »
« Est-ce que c’est organique ? J’ai perçu quelque chose qui ressemble à
xxxiii
76
perceptions, je dois tailler mon discernement, et
poursuivre mes explorations, mais désormais, le seuil
est franchi. « L’énergie » était déjà dans mon réel
expérimental, mais j’y ajoute désormais de manière
certaine un élément important : les corrélations avec
des éléments « matériels ».
Mais à nouveau, le processus de mise à jour va
encore devoir tourner. C’est au cours de cette même
année 2016 que survient une expérience qui
m’obligera à réarranger ce que je pensais. Il n’y a pas
d’un côté : le matériel, de l’autre l’immatériel. D’un
côté un certain « au-delà », de l’autre le solide. Je m’en
rend compte de manière assez directe au cours d’une
soirée d’octobre, précisément dans la nuit du samedi 8
au dimanche 9 octobre 2016.
Il est entre une heure et deux heures du matin. Je
suis seul à la maison, et j’ai décidé d’étudier des
mathématiques ce soir. Oui, ça peut paraître étrange,
mais depuis des années j’ai découvert que mon pic de
productivité est vraiment dans ces heures-là. Et pour
étudier la mathématiquexxxiv, il faut effectivement une
quantité de productivité et de courage non-nulle.
En cette période automnale, je suis focalisé sur du
travail intellectuel très classique, et je n’ai sur le
moment aucune idée de ce qui va m’arriver dans
l’heure qui va suivre.
Il est environ deux heures trente. Je décide
d’arrêter mon travail : ces équations différentielles me
sortent de toute façon par le nez, comme on dit. Je
branche mon casque et lance une playlist musicale
77
bien méritée. Comme souvent, je me « perds » dans
les recommandations YouTube. Je finis par tomber
sur un label intéressant et lance une de leur musique.
D’un seul coup, je vois quelqu’un passer à ma
gauche dans le couloir. Je panique immédiatement,
j’arrête la musique, jette mon casque, me lève et me
prépare mentalement au combat : dans ma tête, je suis
entrain de me faire voler, quelqu’un est rentré je ne
sais comment et je ne l’ai pas entendu à cause du
casque. J’habite alors dans une grande ville et la
probabilité de me faire cambrioler ne me parait pas
nulle. Mon coeur bat la chamade, je suis en état de
panique. Dans mon esprit il n’y a que le combat, la
confrontation avec un voleur, puisque je n’ai
physiquement aucun moyen de fuir.
Et me voilà donc, à deux heures trente, un samedi
soir, en position de combat, au bord de l’arrêt
cardiaque, à fixer mon couloir plongé dans l’obscurité
en attendant un éventuel combat. Ça ne s’invente pas.
Seulement voilà : il n’y aucun bruit, personne ne se
manifeste, et prenant mon courage à deux mains pour
regarder de plus près, je me rends compte très
rapidement en observant attentivement les moindres
recoins des trente mètres carrés que j’occupe alors,
qu’il n’y a absolument personne dans la maison.
C’est ainsi que vont débuter les trente minutes
parmi les plus folles de ma vie. Je me rends compte
que malgré l’absence de bruit ou de personne
physique, il y a bien quelqu’un qui est entré dans la
maison. Une présence non-physique, mais avec une
densité quasiment physique et il m’est absolument
impossible de passer à côté. Malgré mes efforts, je ne
la vois pas directement, seulement des volutes
« énergétiques » transparentes, comme membraneuses
qui se déplacent étrangement, mais surtout je sens
78
une densité que je n’avais encore jamais sentie
physiquement, étant parfaitement réveillé. J’ai déjà
perçu des présences dans mon lit quand je suis au
repos, mais jamais de cette densité quasiment
physique, et surtout, jamais de cette « nature ». Je sens
qu’il va se passer quelque chose d’important et ça
n’aide pas à me calmer.
Je sens cette présence de plus en plus proche de
moi, jusqu’à me toucher, comme si quelqu’un de
« matériel » me touchait, de manière tangible. Mes
jambes se mettent à trembler et une peur viscérale
s’empare de moi immédiatement. Une peur
alarmante, profonde, interne, que je n’avais encore
jamais ressentie, mon corps me dit clairement qu’il ne
comprend pas ce qu’il se passe et m’envoie des
signaux d’alarme en masse. Mais d’un autre côté, je ne
peux pas céder à la panique et à la perte de contrôle
totale : la conscience qui vient d’arriver est l’inverse
d’un attaquant ou d’une personne mal intentionnée :
elle a tout d’une présence féminine, du moins ce qui
s’en rapproche le plus, et ressemble en plus fortement
à « l’énergie », la « signature » de ma compagne, ce
qu’au moment je ne comprends pas.
Cette conscience est venue là alors qu’elle sait
pertinemment que je ne dors pas et que j’allais forcément
la percevoir à cause de sa densité quasiment matérielle
: je me dis qu’il y a forcément une bonne raison, tout
au moins, une raison, une ligne causale, bref, quelque
chose. J’en déduis qu’il ou elle a forcément souhaité,
à un moment donné, que je sois conscient en temps
réel de ce contact : à quelques heures près, je dormais
à peu près profondément. A moins que ce ne soit le
jeu d’un voyageur qui passe chez moi à l’improviste ?
Cette dernière hypothèse ne me satisfait pas. Ce qui
va se passer après me le confirmera.
79
Je m’assois et essaie de calmer ma respiration. Je
sens cette présence en face de moi, devant moi, elle
est d’une densité incroyable, quasiment physique et je
ne comprends toujours pas comment, punaise de
mince, cela est, punaise de mince, possible. La
matérialité n’est-elle pas réservée aux « humains » avec
des corps biologiques ? Je sens mes mains s’ouvrir et
se fermer toutes seules, c’est elle, cette conscience, qui
agit et qui ouvre et ferme mes mains, je ne les ouvre
pas par un contrôle conscient. Je sens qu’on me
caresse les mains, pour me calmer. Un langage tactile
s’installe, simple, universel, doux.
Dans mon esprit tout se bouscule : un mélange de
peur, de questions, et en même temps de calme, de
sérénité, d’apaisement, de fraternité. J’arrive assez vite
à faire le tri : la présence a clairement l’intention de
me calmer et me rassurer. Elle a une énergie très
douce, pas du tout envahissante, très calme. Il ne
s’agit pas d’une attaque ni de quoi que ce soit d’autre.
Les pensées parasites et la peur ne sont qu’annexes,
signaux envoyés par le logiciel qui manifestement va
devoir se mettre à jour une nouvelle fois. Pourtant le
signal de peur est viscéral et profond, puissant,
exotique et intraduisible à la fois. Mon corps tremble,
c’est inarrêtable, un tremblement réflexe, surtout dans
les jambes, qui ne s’arrêtera pas jusqu’à la fin de cette
incroyable expérience.
Ces mains qui me touchent sont le seul moyen
pour moi de me calmer, elles me caressent gentiment
et m’apaisent. Je me lève. Je sens que cette conscience
m’enlace calmement, elle m’enveloppe de son
« énergie » douce et rassurante.
Ce qui se passe est absolument incroyable. A
nouveau, il n’est pas question d’une vague sensation de
présence, mais d’un contact tangible, il m’est
80
impossible de passer à côté, et c’est bien cela qui me
retourne le cerveau. Je me rassois. La sidération
passée, vient le temps des questions. Est-ce mon
amie, qui vient en sortie hors-du-corps me voir ?
Non, à l’examen, malgré la familiarité, ce n’est pas la
même « énergie ». Est-ce une personne de ma famille
qui est décédée et qui vient me voir pour me dire au
revoir ? Je ne reconnais personne et la présence ne
s’identifie pas. Est-ce une personne que je ne connais
pas, et qui a besoin d’aide dans l’urgence ? Est-ce qu’il
y a eu un accident dans la rue et je dois intervenir
d’une manière ou d’une autre ?
Je n’ai aucune réponse directe qui me vient.
Personne ne s’annonce, je n’entends rien, et pour le
coup, ne comprends pas grand chose non plus.
Quelqu’un vient chez moi, a priori sans me prévenir,
et sans me dire qui il est, ni pourquoi il est là. En
d’autres circonstances, j’aurais immédiatement tenté
de repousser tout contact via certaines techniques,
mais là, c’est très différent ; la présence non
seulement ne me veut aucun mal, mais il y a autre
chose… Une familiarité, une confiance, indicible. Je
tente d’établir un protocole. J’envoie la question : as-
tu besoin d’aide ? Que puis-je faire pour toi ? Est-ce
que tu veux que j’écrive ? Mes mains sont à demi
fermées, et je pense à une manière de communiquer.
Mentalement, je dis :
81
clair. Je sens qu’en réalité, tout est fait pour
m’accommoder à ces sensations, et que tout a été fait
pour que je sois en dessous du seuil de panique.
Plus étonnant encore, je sens que mes réactions
ont toutes été prévues et anticipées. Je finis par
comprendre qu’en fait, si quelqu’un a besoin d’aide, ce
n’est pas elle. Celui qui a besoin d’être rassuré ou aidé,
c’est moi, et personne d’autre.
Je ne le réaliserai pas immédiatement, mais va
s’installer une densité de plus en plus forte autour de
moi, que je ressentirai surtout au niveau du plexus
solaire et au niveau du cou. Je me sentirai de plus en
plus « entouré », comme si on m’avait mis un manteau
« énergétique » très lourd.
Je suis assis, bien réveillé et bourré d’adrénaline.
Mon corps entier tremble et il m’est impossible de
calmer ces tremblements. J’essaie de me calmer à
nouveau et ferme les yeux. Je me mets à sentir
progressivement d’intenses vibrations, comme celles
que l’on peut obtenir en faisant certains exercices
« énergétiques », mais ici je ne fais rien et cet état de
vibration s’installe tout seul. Il s’installe fortement, et
je me mets à voir derrière mes paupières fermées
d’intenses lumières blanches, comme un stroboscope
intense.
Je rouvre les yeux et me voilà un peu plus calme. Je
perçois une information : il vaut mieux que je reste
calme, et que je me détende au maximum. Ça ne sera
pas long. D’un côté, je sens que j’ai mon libre arbitre,
mais de l’autre ; comme si j’étais à l’hôpital entrain de
me faire examiner, je sens qu’il serait assez
contreproductif que je me débatte. Cette conscience
féminine est par ailleurs plus que rassurante, il m’est
impossible de céder à la panique avec une présence
pareille. Un mélange de profonde sérénité, de
82
fraternité, de confiance absolue qu’elle m’accorde sans
condition ; un calme fascinant, une pensée forte et à
la fois subtile, posée, complexe.
Je comprends finalement que le sujet ici en fait,
c’est moi. Personne n’a besoin d’aide, personne n’est
en danger, il n’y a pas d’urgence, et surtout, je n’ai rien
d’autre à faire que me calmer. Mon seul job ici, c’est
de me calmer. Ça pourrait paraitre facile, mais sur le
moment, c’est une autre paire de manches, cela
dépasse tout ce que j’ai pu vivre en intensité, et je n’ai
pas de point de repère autre que cette présence
féminine qui est là pour m’aider, pas de « protocole à
mettre en place », pas de « marche à suivre
préétablie », pas de « prêt à penser » dont on a tant
l’habitude en société. Ça se passe maintenant, tout de
suite, comme ça.
Je me sens proche de la ligne rouge, celle où on
perd les pédales et où on tombe probablement
inconscient. Se sentir proche de cette ligne, c’est tout
sauf confortable. Mais d’un autre côté, je sens que
tout est fait pour me calmer, et cette personne qui me
tient les mains dégage quelque chose d’incroyable. Je
me sens proche d’elle, inexplicablement. Tout est fait
pour que je sois en mesure de gérer consciemment la
situation.
J'entends une information, comme si on me
tendait la main pour agir, sans me forcer.
83
Je sens qu’on me tourne : comme si une force
puissante me faisait tourner le corps et bouger la tête
d’une certaine manière. Je ne résiste pas, et à bien y
réfléchir, je ne sais pas si j’aurais pu tant la force, bien
que d’une grande douceur, était importante. Dans
tous les cas, mieux valait au moment que j’ai
l’impression de pouvoir y résister si j’en avais envie.
Pour le moral, c’est important, l’illusion du contrôle.
Je sens qu’on « m’examine », mais surtout qu’on
agit sur mon corps de chair, et sur mon corps
« énergétique », ce fameux intermédiaire emplit de
cette « substance » étrange qu’on appelle ça et là
« énergie éthérique », « matière éthérique », ou encore
« fluide magnétique ». On tourne ma tête légèrement à
droite, puis à gauche. Je sens des courants d’énergie
interne, des courants qui remontent, qui partent à
droite, à gauche.
Je sens qu’il faut que je me rassoie. Je sens comme
si on m’insérait des perfusions. J’ai de rapides notions
de médecine chinoise : je sens qu’on remonte le long
d’un trajet particulier qui correspond à un méridien
du bras. Je sens qu’on m’insère des sortes de
dispositifs ça et là.
Clamp ! Je sursaute : on vient comme de me
« clipser » un dispositif sur le poignet gauche ! Je sens
comme des mains qui me touchent et sursaute à
chaque fois. J’essaie de me détendre et de faciliter la
manoeuvre en restant le plus passif possible. Dès que
je sens que je perds pied, je me raccroche à la
présence féminine, et immanquablement, dès que je
me fixe sur elle, j’arrive à me calmer quasiment
entièrement.
Je sens qu’on « travaille » au niveau du front. Je
sens qu’il faut que je regarde dans le vide, ce que je
fais. Je perçois :
84
« Ne focalise sur rien en particulier »
85
« Ho, ça va, tu en as un deuxième de toute façon ! »
86
Sous entendu, on a tout laissé en place. Ce qui me
fera beaucoup rire. Je finis par aller me coucher, aux
aguets toutefois. Au coucher, je sentirai toujours des
mouvements « énergétiques » assez puissants, mais je
finis par m’endormir, épuisé mentalement. Dans la
nuit, à part un rêve assez étrange qui n’a a priori rien à
voir, je ne serai conscient de rien d’autre.
Je me réveille le lendemain un peu fatigué et avec
une légère douleur au dos, qui elle peut s’expliquer
tout à fait mécaniquement pour le coup. Je sens qu’il
me faudra un jour ou deux pour encaisser. Une pièce
de puzzle vient de s’ajouter à l’équation. A cet instant,
je suis bien incapable de la placer ou que ce soit. Les
questions affluent : est-ce eux qui m’aident parfois en
me réveillant et me tirant hors de mon corps alors que
je dors dans un trou noir d’inconscience ? Est-ce eux
qui cassent certains de mes rêves pour me réveiller
hors-du-corps ? Est-ce eux qui me soufflent à l’oreille
certaines intuitions ?
Ce que j’ignore alors, c’est que cette expérience ne
va pas être ponctuelle, elle signe en réalité le passage
d’un nouveau seuil dans une relation non-physique
qui perdure jusqu’à aujourd’hui. Un seuil très
important pour moi, un seuil qui me fait prendre
conscience que mes amis qui n’ont actuellement pas
de corps de chair n’ont aucun soucis pour se
manifester ici et que la barrière entre le « matériel » et
« l’immatériel » n’est pas aussi franche que ce que je
pensais ; j’en viens même à douter de son existence.
87
88
ET MOI ?
« Et moi ? »
89
pour m’auto-jeter des fleurs à chaque page. Cela
n’aurait pas d’intérêt, hormis celui de combler un
manque de reconnaissance, vaincre un syndrome de
l’imposteur ou plus pertinent encore, celui de donner
à l’humanité un outil fort utile pour caler un
quelconque meuble. On trouve ça bien, pas bien, bien
écrit, mal écrit, on trouve ça réel, irréel, on se
positionne ça et là en fonction de notre opinion du
moment et de notre chemin de vie. Mais ça n’a aucun
intérêt réel. On passe un bon ou un mauvais moment,
et puis on passe de toute façon à autre chose, au
prochain « truc ».
L’intérêt réel, c’est de rejeter en bloc les croyances
qui émergent à la lecture de l’intégralité de ce livre : j’y
crois, je n’y crois pas. Ça n’a aucun intérêt. C’est
bancal, ce n’est pas fiable et c’est de toute façon, par
nature, bien trop fragile. Oublions ça. Ce qui change
nos vies, c’est notre expérience à nous, celle qui
façonne notre être directement.
Ce qui change notre vie, ce n’est pas un énième
cours sur l’infection de la moelle épinière, un énième
article de presse sur le handicap ou le montant de
l’A.A.Hxxxv. C’est le regard du gamin de quinze ans
que tu étais il n’y a pas si longtemps que ça, qui du
jour au lendemain se retrouve à l’hôpital à cause d’une
infection gravissime complètement imprévisible qui
lui mange la moelle épinière toujours un peu plus
chaque jour, et qui te demande droit dans les yeux,
avec espoir, s’il pourra remarcher.
Ce qui change notre vie, ce n’est pas l’énième
célébrité, l’énième sommité, l’énième personnalité
dont tout le monde se fout et que tout le monde
oubliera. C’est la jeune femme de ton âge qui vient de
90
faire un accident vasculaire cérébral sans aucun
facteur de risque déclenchant, sans aucune cause
apparente, sans que personne ne comprenne
pourquoi, qui n’arrive plus à parler que par
gémissements, mais qui te sourit, perce ta carapace,
parle directement à ton âme sans filtre en te disant,
complice : « sacrée histoire la vie, pas vrai ? ».
Ce qui change notre vie, ce n’est pas une anecdote
de Dupont qui connait Durand qui connait Duflanc
qui a entendu parler de sa grand-mère qui est morte
d’une maladie rare. C’est la personne âgée, dont le
corps déjà fragile se bat dans une lutte impossible
contre une sclérose latérale amyotrophiquexxxvi, qui
pose ses yeux sur toi, cherchant une quelconque
espérance de salut, ou peut-être juste un peu de
chaleur humaine, en pleurant car son état se dégrade
de jour en jour, car ses muscles dégénèrent lentement
mais surement et qu’elle est parfaitement consciente
qu’elle mourra bientôt faute de ne plus pouvoir faire
entrer de l’air dans son corps.
Ce qui change notre vie, ce n’est pas de lire sur un
quelconque article le taux de mortalité du cancer, où
de comprendre intellectuellement la physiopathologie
du processus métastatique. C’est de dire au revoir à un
ami que tu connais depuis que tu mesures cinquante
centimètres de haut car le cancer mange son corps
plus vite que tu ne manges une pomme.
De la même manière, ce qui change notre vie, ce
n’est pas un énième débat passionné, intellectuel ou
philosophique sur la conscience, avec un matérialiste,
91
un dualiste et un arbitre. C’est quand tu vis par toi
même une expérience consciente en dehors de ton
corps, que tu réalises que tu existais avant la chair, que
certains souvenirs d’une existence avant celle-ci te
reviennent, et que tu dois repenser ta vie actuelle et le
monde en général sur d’autres bases.
Ce sont ces expériences qui façonnent nos vies en
profondeur. Ce sont ces expériences qui colorent
notre vie. Qui modifient notre être. Qui modifient
notre façon de faire. Qui nous questionnent loin sur
l’existence humaine et la conscience. Qui nous
ramènent à nous même. Sans filtre. Sans artifice. Sans
mensonge. Remplaçons donc nos certitudes par des
questions, et troquons nos questions contre des
expériences personnelles.
De nombreux livres ont été écrit sur la sortie hors-
du-corps. Pour que nous nous comprenions bien, je
fais référence ici à l’expérience dans laquelle la
personne expérimente une sortie de son corps
biologique avec un autre véhicule qu’elle contrôle,
depuis lequel elle perçoit, dans un état de lucidité et
de conscience égal voire souvent supérieur à la
lucidité maximale possible avec un corps fait de
muscles, de neurones et de chair. De nombreuses
techniques ont été référencéesxxxvii et il n’est pas
pertinent que je réinvente la roue ici et réécrive ce qui
a déjà été écrit.
Je ne vais donc pas aborder le « comment » par un
catalogue de technique classique, mais plutôt essayer
de dessiner une certaine perspective technique étayée
de briques expérimentales que j’ai accumulé au cours
du temps, en prenant des exemples clairs, ce qui je
crois, sera plus utile pour tout un chacun. La
92
perspective générale, inspirée du travail de Muldoon,
peut se résumer ainsi : augmenter la proportion de
facteurs favorisants la sortie, diminuer la proportion
de facteurs inhibants la sortie. Mais avant que vous ne
pensiez que je vais réécrire le livre de ce cher Sylvan,
laissez-moi dérouler le fond de ma pensée au cours de
ce chapitre, car, sur la forme, je vais mélanger
différentes approches, et ce qui peut favoriser une
sortie n’est pas forcément ce qu’on peut imaginer de
prime abord avec un raisonnement naïf. Le fond sera
quant à lui toujours expérimental, la moindre phrase
écrite faisant écho à de l’expérience vécue.
Permettez-moi également de clarifier une chose en
préambule : le chemin vers les résultats n’est pas
forcément le chemin de moindre résistance. Si c’était
le cas, l’humanité entière serait lucide de ces
phénomènes à l’heure où j’écris ces lignes. Ce qui
n’est manifestement pas le cas.
Car pour sortir consciemment, il faut remonter une
pente. Remonter le courant qui va dans le sens inverse,
celui qui nous pousse à dormir en parfaite inconscience
et à laisser notre attention voler au vent vers ce qui
clignote le plus fort. Le développement de sa lucidité
pendant le sommeil du corps biologique n’est pas non
plus séparé du développement de sa lucidité en journée,
et c’est quelque chose qui peut prendre du temps au vu
du nombre d’éléments qui sont touchés : tous en fait.
Car augmenter sa lucidité, ce n’est pas simplement
être plus conscient de ce qu’on fait physiquement, ce
qu’on est physiquement. Cela prend aussi en compte
les autres versants de la réalité. C’est prendre un
chemin qui nous amène à savoir ce qu’on est, comment
on est, pourquoi on est, dans quel environnement on
est, ce qu’on fait, comment on le fait, pourquoi on le
fait, dans quel environnement on le fait.
93
Toucher à la conscience, au sommeil, et aux
perceptions touche directement à notre vie, à
comment nous la vivons, à pourquoi nous la vivons.
Ce sont les fondations. Rien de moins, rien de plus.
C’est une démarche d’honnêteté envers nous-
même, car nous nous rapprochons de ce que nous
sommes vraiment. Aussi, la première étape de ce
processus n’est pas surprenante.
Le premier pas est simple. Il consiste à se poser
une question : pourquoi j’ai envie de sortir de mon
corps ? Et d’y répondre avec une franchise et une
honnêteté radicale. Oubliez le jugement, oubliez la
« bonne » façon de faire. Seul, posez-vous
franchement la question, et faites face frontalement à
la réponse qui vient, sans la juger, sans vous battre
contre elle si elle vous déplait. L’idée, c’est de cerner
le ou les moteurs qui nous poussent à entreprendre ce
chemin et, pour le discerner, il est très important que
la réponse soit radicalement honnête. Car c’est bien ce
moteur là qui va déterminer en premier s’il va nous
lâcher dans les côtes.
« Ok ça existe, mais c’est pas pour moi tout ça, d’autres y
arrivent je n’ai pas besoin d’y arriver non plus. Je laisse ça à
ceux qui y arrivent sans forcer. Moi, ça ne sert à rien. »
94
calmement sa conscience sur ces réflexions et ces
pensées qui arrivent pour ne pas qu’il y ait de zones
d’ombre. Et par zone d’ombre, il ne faut pas
comprendre des pensées que l’on pourrait juger
« sombres » ; par zone d’ombre, il faut comprendre :
zones sur lesquelles une conscience pleine et attentive
ne s’est pas posée. Ainsi, il faut arriver au point où
nous sommes parfaitement lucides de l’ensemble des
évocations produites quand on se pose la question
« pourquoi je veux sortir de mon corps ? ».
Si, lors de ce processus de pleine conscience, les
différentes évocations nous invitent naturellement à
changer de moteur, alors c’est très bien. Mais si ce
n’est pas le cas, c’est très bien également car le
principal ici, c’est très simplement de ne pas se mentir
et cela invite très naturellement la paix en nous.
Ce processus en initie naturellement un autre : il
nous fait réaliser que si nous ne sommes pas lucides
chaque nuit, c’est qu’il y a des raisons à cela, et ce sont
ces raisons sur lesquelles la conscience doit peu à peu
se poser pour remonter le courant vers la lucidité.
Dans cette rivière, arrêtons-nous un instant et
accrochons nous à un rocher familier : le rêve. De
quoi suis-je lucide la nuit ? De mes rêves, parfois.
Quand suis-je lucide ? Pendant le rêve, ou bien c’est
seulement le matin que je réalise avoir rêvé ? Qu’est-
ce qu’un rêve, finalement ?
Méditons un instant sur ces notions. Je me réveille.
Je reprends conscience. Où était-elle passée
exactement, précisément cette conscience ? M’est-il
possible de rester conscient toute une nuit, pendant
que je dors, où ces notions sont-elles contradictoires ?
Je suis conscient d’avoir rêvé. Dans la nuit, j’ai
porté mon attention sur des éléments nommés « rêves ».
J’ai été lucide de percevoir ces éléments : ces
95
informations, je les ai même gardées en mémoire.
Mon intention les fait resurgir sur mon écran mental.
Où se situe la différence avec la perception des
pensées ?
Pourquoi ne serais-je pas observateur de mes
pensées quand je dors ? Le suis-je quand je ne dors
pas ? Si j’étais conscient de l’intégralité de mes
pensées en journée, le serais-je aussi la nuit ? Si je
pouvais faire resurgir toutes mes pensées avec mon
intention, me rappellerais-je aussi de tous mes « rêves » ?
J’ai un outil qui me permet d’agir sur mes pensées :
mon intention. Je peux décider de ne plus prendre un
chemin mental, en temps réel : il me suffit de ne pas
juger, de ne suivre aucune route, de ne pas
m’impliquer émotionnellement, d’émettre une
intention stable de ne plus rêver, de ne plus me perdre
dans ces pensées. Ma sensation d’exister augmente
alors : je suis derrière « mes » pensées.
A quoi le terme se « perdre » dans mes pensées
fait-il référence ? Est-ce un rêve en journée ? Perdu
dans mes pensées, mon corps passe en pilote
automatique. Je peux agir « mécaniquement ». Qui agit
à ma place, si mon attention est ailleurs ? Un élément
soudain me fait « revenir » à moi : qu’est-ce que cela
signifie ? Où étais-je, quand j’étais « ailleurs » ?
Puis-je être cet élément soudain ? Tout ce qu’il me
faut, c’est prendre conscience de mon « inconscience ».
Mobiliser mon attention. La déplacer. Ne plus me
laisser emporter par la rivière de la pensée.
Il m’arrive parfois de savoir que je rêve pendant
que je rêve : j’observe que j’observe le rêve. Au lieu
d’observer : j’émets une intention, je sors du rêve,
lucidement. Je prends de la distance. Que se passe-t-
il ? Je me réveille. Le brise-rêve est une approche très
efficace. Elle consiste, comme son nom l’indique, à
96
sortir du rêve, et sortir du rêve lucide. C’est une
technique qui nous permet de réaliser de manière
directe qu’un rêve n’est pas quelque chose d’aussi
simple qu’on puisse le croire. Qui nous permet de
réaliser très directement qu’un rêve lucide n’est pas le
sommet de la lucidité possible pendant le sommeil du
corps humain.
Ces dernières années, je me suis amusé à briser
une grande quantité de rêves. Assez étonnamment,
c’est aussi une technique utilisée par mes amis
d’ailleurs pour me réveiller hors-du-corps. Certaines
consciences peuvent modifier nos rêves, mais cela va
dans les deux sens : selon les cas, elles peuvent aussi
bien induire des scénarios qu’interrompre un scénario.
Le point de bascule s’est véritablement effectué en
2015, quand j’ai réalisé par l’expérience que certaines
consciences non-physiques peuvent induire certains
types de rêve pour nous faire manifester ou
extérioriser une certaine « énergie » avec la qualité
recherchée. Vous souhaitez récupérer une « énergie »
sexuelle ? Induisez un rêve sexuel personnalisé chez
un dormeur et servez-vous. Vous souhaitez récupérer
une « énergie » de soin ? Induisez un rêve de soin
personnalisé chez un dormeur et servez-vous.
J’ai raconté plus haut comment j’avais en moi
depuis plusieurs année le rêve d’exercer la médecine.
En pratique, j’émettais donc, en moi, et autour de
moi, une « signature » particulière qui se manifestait
chez moi dans mes pensées, dans mes émotions, dans
mon « énergie ». Un mélange de frustration, de
fascination, d’attrait presque irrationnel pour cette
profession. Car à ce moment là, je voulais me
raconter cette histoire. Pas forcément la vraie histoire,
de ce qu’est vraiment le travail incroyablement
difficile de médecin. Je voulais mon histoire à moi. Je
97
voulais presque qu’on me prenne dans les rangs de
médecine pour que je puisse le refuser moi-même, ce
qui m’aurait donné l’impression d’avoir eu le contrôle.
Bref : je n’avais toujours pas digéré complètement.
Je m’endors un soir de mai de cette année 2015,
sans intention particulière, après un petit exercice
classique de vibration du « corps énergétique », que
j’aborderai un peu plus loin. Au cours de la nuit, je me
prends à rêver d’un scénario assez élaboré.
Je suis à l’hôpital, et manifestement j’ai le beau
rôle. Tout le monde m’admire, et on me sollicite pour
aller sauver une petite créature qui est un mélange
entre un poisson et un chien, et cette créature parle.
C’est une voix de femme, mais après tout, sur le
moment, ça ne me parait pas illogique. Je m’attelle à la
tâche avec amour : je veux absolument sauver cette
bête et y met beaucoup d’énergie de compassion, de
vitalité, et ne me rends absolument pas compte que je
rêve. Jusqu’ici tout va bien. Rien de trop anormal.
Cette créature, d’un coup, change complètement
son dialogue et me pose une question absolument
inattendue. Sur le coup, je ne calcule pas, mais une
bonne vingtaine de secondes plus tard, je réalise : je
suis entrain de rêver, cette situation n’est pas
cohérente et je rêve. Comme d’habitude, je décide de
briser le rêve. Et là, surprise.
La voix du chien/poisson continue son dialogue
comme si de rien n’était. Et pour cause. Ce n’est pas
un chien mais une dame, une personne non-physique
qui parle, et c’est vers elle que se dirige mon flot
« d’énergie » de compassion pour sauver la bête
fictive. Cette personne a lu dans ma structure ce qui
serait le plus susceptible de me faire réagir, a élaboré
un scénario pertinent et intelligent dans lequel je suis
noyé de flatterie et à travers duquel je suis touché
98
émotionnellement : les meilleurs ingrédients pour me
faire envoyer de « l’énergie » sans trop que je sois
conscient.
Je perçois clairement et très nettement ses
intentions, prends peur, et réintègre rapidement le
corps physique. Mais elle est toujours présente, je la
perçois très clairement. Je fais vibrer de manière très
importante mon « corps énergétique », ce qui la fait
s’en aller dans les secondes qui suivent.
Sur le moment je ne perçois pas clairement le
pourquoi du comment. Ce n’est qu’après le calme
revenu que toutes les pièces s’assemblent : cette
personne m’a fait extérioriser de « l’énergie » avec une
information particulière, plutôt orientée vers l’aide
envers les autres en tordant mon rêve, en me
suggérant que je devrais donner de l’énergie. J’avais
cette notion intellectuellement, mais, comme toujours,
au premier plan, c’est une autre affaire.
Pour le moment, je n’aborde pas les questions
éthiques que soulèvent de pareilles expériences. C’est
l’objet de la suite de cet ouvrage, et je reste pour
l’instant dans une stricte description de faits.
En pratique, le brise-rêve est une technique solide,
car elle touche au coeur du pourquoi nous ne sommes
pas lucides la nuit. Pour reprendre l’image de la
rivière, c’est un peu comme si, alors que nous nous
laissons tranquillement porter par le courant, nous
décidons subitement de nous arrêter à cause d’un
élément déclencheur, et de remonter à la nage. L’arrêt
nous coûte aussi de l’énergie, car la tendance file vers
l’autre côté.
Mais le brise-rêve n’est pas qu’une technique « de
nuit ». Car se laisser embarquer par certaines pensées
est parfois équivalent à une forme de rêve. Si je suis
embarqué dans un puissant flot de pensées sans trop
99
de lucidité, en journée, j’agirais avec mon corps en
fonction de ce flot de pensées, en général suivant un
chemin de moindre résistance.
Si je suis embarqué dans un puissant flot de rêves
sans trop de lucidité, pendant la nuit, j’agirais avec un
autre corps en fonction de ce flot de rêves, en général,
suivant un chemin de moindre résistance.
Ce dernier point a motivé certains auteurs, dont le
sus-nommé Muldoon, à developper des techniques de
sorties se servant des rêves, car certains rêves ont une
caractéristique particulière : ils entrainent le corps de
sortie hors de sa coïncidence, un peu comme un
somnambule. Brisant dans un second temps le rêve, le
corps de sortie est déjà dehors, et nul besoin de
s’occuper des symptômes parfois très surprenants du
décollage, comme certains bruits ou certaines
sensations dites énergétiques.
Ainsi, de nombreux rêves de chute, de décollage,
de vol… ne sont que des rêves sur-imposés sur des
mouvements réels du corps de sortie. J’y reviendrai,
mais l’on comprend aussi le corollaire de ce qui est
énoncé plus haut : l’interprétation des rêves doit être
complètement repensée. Quand on comprend qu’un
rêve est facilement modifiable par des consciences
non-physiques avec des éthiques et des motivations
diverses, difficile de continuer à soutenir de vieilles
théories d’interprétation « standard » des rêves.
Un brise-rêve amène au réveil, quoi qu’il arrive.
Soit avec le corps humain, soit avec le corps de
sortie. J’y reviendrai, mais la paralysie du sommeil
hypnopompiquexxxviii n’étant qu’un réveil avec le corps
de sortie, elle entre dans le deuxième cas. Car oui, à
succède au sommeil.
100
nouveau, la fameuse « conscience réflexivexxxix » n’est
pas l’apanage d’un fonctionnement cérébral classique
en journée.
Dans mon expérience personnelle, un brise-rêve
génère dans la grande majorité des cas le phénomène
de paralysie du sommeil. Je me réveille au dessus de
mon corps, en position horizontale, les yeux vers le
plafond. Ma liberté de mouvement est moindre voire
nulle, et je dois faire appel à ma volonté ou à certaines
techniques pour soit me rebrancher à la motricité du
corps humain soit initier le décollage et sortir pour de
bon.
Une technique de rêve lucide bien connue nommée
W.I.L.D pour « Wake-Initiated Lucid Dream », c’est-à-
dire « rêve lucide initié depuis l’état de veille », en
pratique un endormissement conscient, génère souvent
le phénomène de paralysie du sommeil ou les
symptômes du début de la désynchronisation. Souvent,
il est conseillé d’atteindre cette phase et… d’attendre
que le rêve se manifeste, ou de partir dans des rêveries
oniriques inspirées des diverses sensations.
Rêveurs lucides, réalisez : vous êtes quasiment
hors-du-corps. Faites l’inverse, arrêtez de rêvez, et
sortez pour de bon. Sensations garanties.
Il a été montré en laboratoire[1] qu’un rêveur
lucide peut manifester son état à un observateur
éveillé par un code oculaire spécifique, et que ce
repérage de périodes conscientes permet d’établir
des liens avec des appareils de monitoring tels que
l’électroencéphalogramme ou l’imagerie fonctionnelle
à des actions de rêves spécifiques. Le rêve lucide est
101
du sommeil paradoxal conscient. La sortie hors-du-
corps est encore autre chose. Waldo Viera nous
indiquait à ce propos dans son ouvrage Projectiology
[p.224, paragraphe 2, encart 33] que :
102
cas, soit immédiatement, soit avec un retour en deux
temps, au corps physique. Comme pour répondre à
notre ordre : tu veux contrôler ton corps physique ?
Très bien, je t’y ramène immédiatement. Un retour
en deux temps est un retour dans lequel il y a une
phase intermédiaire dans lequel le corps de sortie se
positionne horizontalement juste au dessus du corps
biologique et se rebranche à ce dernier doucement,
comme une feuille qui tomberait gentiment au sol.
Expérimentalement, en sortie proche du corps de
chair, ce n’est d’ailleurs pas que la motricité qui est
parfois double, c’est aussi la sensibilité. Il est en effet
possible, quand on n’est pas encore trop loin, d’avoir
une double motricité et une double sensibilité. En
pratique, on peut parfois percevoir à travers deux
corps à la fois, à travers deux paires d’yeux par
exemple. Sensations garanties, disais-je, plus en
amont.
Le rêve lucide, dans sa forme simple, est aussi
limité par sa nature : deux rêveurs ne peuvent partager
un rêve. Or, deux voyageurs le peuvent. Quand le
voyageur se meut dans l’environnement « terrestre », il
peut récupérer des informations terrestres qu’il
pourra vérifier par la suite, ce qui n’est pas non plus
accessible au rêveur. Mais la clé, c’est la lucidité : ni le
rêve, ni le rêve lucide ne représente un aboutissement
de la lucidité possible pendant que le corps matériel
dort. La conscience réflexive de plus haut niveau dans
le corps humain ne représente pas un aboutissement,
elle ne représente pas un maximum de lucidité. Par
l’expérience, nous pouvons vivre, en voyage hors-du-
corps, des états de lucidité supérieurs. Il est à noter
toutefois qu’il s’agit bien ici de la forme de rêve lucide
« simple », c’est-à-dire un rêve vécu dans un état de
décoïncidence partiel avec le corps biologique, dans
103
lequel le brise-rêve amène logiquement à vivre une
paralysie du sommeil. Mais ces réalités sont, à
nouveau, plus complexes qu’il n’y parait. Il est en effet
également possible de nommer « rêve lucide » une
sortie hors-du-corps type « somnambule », dans
laquelle le voyageur non-lucide modifie son
environnement non-physique autour de lui, tout en
rêvant. Dans ce dernier type, un voyageur extérieur
pourrait tout à fait observer les créations du rêveur
qui serait du coup « objectives » pour lui.
Nous pouvons par ailleurs, sans aucune perte de
lucidité, dans une continuité parfaite, passer de l’état
de veille vers une sortie plus lucide que l’état de veille,
et retourner au corps matériel sans aucun « trou-
noir », sans aucun gap, sans aucune phase
d’inconscience, et ainsi comprendre par l’expérience
directe dans quelle mesure le corps humain feutre nos
perceptions et notre conscience.
Dans un voyage au delà du corps, les situations les
plus absurdes ne sont pas considérées comme
normales, nous sommes « nous », comme nous le
sommes maintenant à l’heure où nous lisons ces
lignes. Nous savons d’où nous venons, nous savons
que notre corps dort, nous savons depuis quand il
dort, nous savons qui nous sommes, et ainsi de suite.
Nous agissons, comme à l’état de veille, selon une
séquence logique d’événements en fonction de nos
intentions et de notre jugement. Nous sommes en
mesure de planifier des actions. La qualité de ce que
nous vivons est immense, nos récits sont le plus
souvent riches de détails.
Hors du corps, il est également possible de
manipuler ce qu’on appelle « l’énergie ». Certaines
actions entraineront certains effets et certains
comportements de cette dernière. Une extériorisation
104
allégera le corps de sortie, un exercice de circulation
en circuit fermé telle que l’oscillation volontaire
longitudinale énergétique aura tendance à augmenter
la lucidité ou repousser certaines consciences qui
s’avéreraient un peu trop intrusives. Corollaire
immédiat : les exercices que nous effectuons depuis
l’état de veille sont « transposables » hors-du-corps. Ils
influent également sur l’occurence et la facilité avec
laquelle nous pouvons sortir, c’est donc en toute
logique que je vais aborder ce point à présent.
Notons au passage une particularité importante :
cette « substance » est beaucoup plus facile à
manipuler hors-du-corps qu’avec le corps biologique.
Est-ce parce qu’on en a moins ? Est-ce sa qualité qui
diffère ? Est-ce notre force, ou notre capacité à
focaliser qui est différente ? Tout ceci à la fois ?
Je viens de mentionner une technique, l’oscillation
volontaire longitudinale énergétique. Comme son
nom l’indique, il s’agit d’une oscillation de cette
substance nommée « énergie » via notre intention et
notre attention, son but étant de générer un état de
vibration interne, non-physique, spécifique, auquel on
attribue le terme d’état vibratoire en anglais vibrational
state abrégé V.S, fréquemment expérimenté
spontanément par les voyageurs lors des premières
phases de la sortie hors-du-corps.
L’exercice en lui même n’est pas nouveau. Le
premier auteur à mentionner le déplacement de cette
substance de haut en bas pour générer un tel régime de
vibration est Sylvan Muldoon, en 1929. Il sera rejoint
quelques décennies plus tard par Robert Monroe, qui
de son côté, posera les fondations de la technique.
Waldo Viera, dans les années 80, reprend la technique,
la détaille, et la systématise : elle devient une technique
précise et spécifique. Nanci Trivellato proposera de
105
nommer la procédure : Voluntary Energetic
Longitudinal Oscillation (abrégé V.E.L.O), ce qui peut
se traduire par « Oscillation Energétique Volontaire
Longitudinale ». Avec son manuel technique Vibrational
State and Energy Resonance, Nanci perfectionnera à son
tour l’étude de l’état vibratoire et du V.E.L.O en ce
début de 21ème siècle en compilant plus d’une
décennie de recherche expérimentale sur le sujet,
accompagnée des travaux de Wagner Alegretti.
Le cheminement mental global est le suivant : nous
autres expérienceurs vivons parfois un état de vibration
lors des premières phases de la désynchronisation.
Question : pouvons-nous reproduire cet état afin
d’augmenter la probabilité que nous sortions de notre
corps ? Réponse : oui.
Car il s’avère en pratique que l’état vibratoire et la
technique d’oscillation possèdent des propriétés bien
particulières, ils modifient notamment l’état de ce qui
est connu sous le nom de « corps énergétique » ou
« energosoma ». Cet état de vibration « fluidifie » ce
dernier, et augmente la facilité avec laquelle nous
pouvons nous décrocher du corps matériel. Mais pas
seulement, la technique et plus largement l’état
vibratoire possédant des caractéristiques très
particulières et fort utiles, comme nous le verrons
plus loin.
En pratique, le corps matériel et le corps de sortie
sont tous deux comme « englués » dans cette
substance, c’est en tout cas ce que l’on ressent
lorsqu’on cherche à analyser - en le ralentissant par
exemple - le processus de décrochage du corps de
sortie. Ainsi, modifier son comportement modifie
naturellement l’occurence des voyages hors-du-corps.
L’energosoma est une sorte d’intermédiaire, et on
peut avoir une action sur ce dernier quand on utilise le
106
corps de chair ou le corps de sortie. A ce stade du
livre, j’ai abordé trois termes : corps biologique, corps
« énergétique », corps de sortie. J’ouvre une courte
parenthèse.
En réalité, la foison de termes concernant les
différents véhicules n’est pas un simple jeu de l’esprit
dont le seul but serait d’émousser le rasoir
d’Ockhamxl. Il s’agit d’une tentative de classer derrière
différents termes différentes expériences, analyses et
observations. Un raisonnement naïf et n’ayant jamais
vécu aucune expérience hors de son corps se
demandera avec raison pourquoi donc inventerait-on
plusieurs corps alors qu’un seul suffit à expliquer son
réel empirique ?
Mais le voilà, le noeud du problème. Le réel
empirique, précisément, n’est pas le même pour les
deux. Un expérienceur vit certains phénomènes très
importants, qui redéfinissent complètement son
existence. Il cherche des mots à sa disposition pour
classer ces expériences, pour mettre du vécu derrière
des mots, et pas seulement inventer des mots pour
inventer des mots. Ça n’a aucun intérêt. Le raisonneur
naïf qui n’a jamais rien vécu de cet ordre-là se sert lui
de raisonnements mentaux les plus simples et les
moins couteux pour expliquer sa réalité à lui, et dans
sa réalité, nul besoin d’utiliser d’autres corps pour
expliquer son réel, qui pour lui restent donc des
« concepts » intellectuels ; quand pour l’expérienceur,
il s’agit de vécu en attente de classement et en quête
107
de réponses. Le rasoir d’Ockham est souvent brandi à
tort. Je m’imagine un scientifique du 17ème siècle
discutant avec un scientifique contemporain en
utilisant cette fameuse technique de raisonnement :
108
Un manuel récent, complet et très détaillé a été
écrit sur la technique V.E.L.O et sur l’état vibratoire
par Nanci Trivellatoxli, il ne sera donc pas question ici
de copier-coller son travail. L’ouvrage n’étant pas
encore traduit en français, et devant l’importance que
j’attribue à ces aspects de la réalité, je vais toutefois
introduire ici certains éléments afin que le lecteur
francophone découvrant cet exercice puisse avoir à sa
disposition du matériel à expérimenter. Car tôt ou
tard, si l’on se lance dans l’exploration, d’une manière
ou d’une autre, nous allons nous confronter aux
différents états de vibration de « l’énergie ».
Cette technique consiste, comme son nom
l’indique, en une mobilisation volontaire (Voluntary)
de notre « énergie » (Energetic) en ligne droite
(Longitudinal), à l’intérieur de notre corps, selon un
mouvement de va et vient (Oscillation), de la tête vers
les pieds, des pieds vers la tête et ainsi de suite. La
technique ne requiert aucun pré-requis, et tout le
monde peut l’effectuer. Aucune position physique ni
rituel ne sont requis car à terme, l’objectif est
d’arriver à pouvoir effectuer cette technique dans
n’importe quelle position, à n’importe quel moment.
Le moteur de cette mobilisation est simplement
l’intention, la volonté. Il ne s’agit pas de visualisation,
ni d’imagination, mais bien d’un mouvement
directement impulsé par notre force mentale. Quand
elle est effectuée correctement, la technique amène à
différents degrés de vibration de notre « énergie ». La
technique en elle-même, mais aussi grâce à sa capacité
à induire des états vibratoires, promeut un grand
nombre d’effets bénéfiques pour l'experienceur et son
environnement direct au sens large. Parmi eux nous
109
retrouvons : une plus grande lucidité, un plus grand
discernement sur les phénomènes extraphysiques, une
plus grande forme « énergétique », un plus grand
contrôle, une plus grande stabilité « énergétique » et
émotionnelle et une meilleure fluidité de notre
energosoma (ce qui facilite, entre autre, la survenue
d’expériences hors-du-corps - c’est une technique de
sortie en elle-même) et une meilleure self-défense
énergétique, notamment grâce à l’effet de découplage
des liens énergétiques indésirables.
Notons que ces effets peuvent apparaitre
immédiatement, ou à distance dans le temps. Certains
de ces effets peuvent également se manifester même
au tout début de la technique, et même avant
d’atteindre un état vibratoire.
Enfin, cette technique n’est pas seulement utile à
l’intérieur du corps biologique : nous pouvons
également nous en servir également lors d’expériences
hors-du-corps, mais également pour sortir d’une
paralysie du sommeil par exemple, ou pour repousser
une conscience extraphysique un peu trop intrusive.
Elle nous permet d’accroitre notre lucidité, notre
contrôle et notre stabilité, et ce, d’un point de vue
multidimensionnel. Ce mouvement en circuit fermé
est décrit comme faisant entrer en résonance
différents « centres énergétiques » fonctionnant
initialement à différentes fréquences, pour atteindre
progressivement un régime vibratoire global distinct.
Quand il s’installe, impossible de passer à côté,
c’est très puissant. Ce régime nous « hermétise »
temporairement des influences extérieures. Bien
entendu, il s’agit d’un état temporaire, il n’est pas
possible ni même souhaitable de s’hermétiser
complètement et en permanence ; en effet, nous
échangeons de l’énergie en permanence, avec tout le
110
monde. La technique n’est pas passive, même si son
point de départ est notre intention couplée avec notre
pleine attention, il s’agit bien d’un mouvement : c’est
une action dynamique. Il n’y a pas de fréquence bien
définie à atteindre pour déclencher un état vibratoire,
mais le mouvement n’est pas d’une fraction de
millimètre par minute ou au contraire un millier
d’oscillations par seconde : dans le deuxième cas, le
mouvement aurait de grandes chances d’être
uniquement imaginaire et nous ne pourrions pas
atteindre l’état vibratoire qui lui possède une réalité
objective. Il ne s’agit pas d’une création mentale mais
bien d’une condition spécifique particulière de notre
energosoma, que nous cherchons à atteindre par une
technique mentale directe, qui elle seule, et non
l’imagination, possède ses caractéristiques spécifiques
et ses bénéfices.
L’oscillation doit embarquer un maximum
d’énergie par mouvement, aussi, même si un
minimum est requis, le facteur vitesse n’est que
secondaire. Ce qui est mobilisé dans cette technique
est en fait un contingent « d’énergie libre » dans notre
énergosoma : plus nous travaillons avec l’énergie, avec
le temps, plus ce contingent d’énergie libre augmente
en proportion. Autrement dit, plus nous travaillons
avec l’énergie, plus nous sommes en mesure de
mobiliser davantage d’énergie. Et plus nous
mobilisons d’énergie, plus rapidement les différents
états vibratoires pourront être atteints.
Nous n’augmentons pas la quantité « d’énergie »
dans notre energosoma à proprement parlé, nous n’en
ajoutons pas de supplémentaire. Nous faisons
simplement circuler (ou recirculer) par notre intention
nos propres « énergies ».
111
Peu à peu, nous gagnons en fluidité et en maîtrise.
Ce n’est que lorsque nous sentons cette substance se
déplacer, se basant sur nos propres sensations et non
notre imagination, que nous pouvons commencer à
augmenter la vitesse légèrement. En somme, nous
nous servons uniquement de nos informations
sensitives, de notre force mentale, de notre attention
et rien d’autre.
Il est important de noter que même si nous ne
percevons pas beaucoup au début ou pas du tout, ce
n’est pas grave : ce n’est pas parce que nous ne
percevons pas notre « énergie » au début que le
mouvement ne s’effectue pas. L’intention et
l’attention déplacent « l’énergie ». Que nous le
sentions ou pas. En fait, le déplacement effectif de
« l’énergie » et sa sensation ne sont pas forcément
corrélés, surtout au début de la pratique. Au fur et à
mesure de nos efforts et de notre volonté d’aller
toujours plus loin, nous commençons à nous habituer
aux sensations subtiles de notre « énergie » et de notre
energosoma. Il faut simplement persévérer dans nos
efforts et les bénéfices viendront tout naturellement.
Le mouvement en lui-même s’effectue de haut en
bas, en prenant le point de départ que l’on veut pourvu
que le mouvement aille bien du haut du crâne, du point
le plus haut de notre corps physique jusqu’à la plante
de nos pieds. Le mouvement est cyclique, c’est à dire
qu’une fois qu’on a atteint une extrémité, nous devons
inverser le sens du mouvement rapidement -
immédiatement si possible - et remonter. L’efficacité
chute drastiquement si nous effectuons le mouvement
uniquement sur la région du thorax par exemple : il faut
bien effectuer le mouvement du plus haut vers le plus
bas, sans toutefois dépasser notre corps physique, et
remonter.
112
L’expérience montre qu’une oscillation longitudinale
droite et sans détour s’avère être le plus efficace, en
particulier pour le déblocage de certains endroits. En
effet, si nous autorisons à chaque oscillation que le
flux parte et contourne d’éventuels blocages, nous
n’arriverons pas à refaire circuler convenablement
« l’énergie » dans ces centres. Nous voulons que le
flux touche chaque cellule de notre corps, ni plus, ni
moins. La « pulsation » doit être la plus compacte
possible en terme de hauteur, par exemple de la
hauteur de la tête, simplement parce que si elle est très
large en hauteur, il peut y avoir différentes circulations
annexes qui se mettent en place ; un « faisceau »
pourra par exemple, dans un mouvement vers le bas,
arriver trop tôt en bas, alors que la majorité de la
« pulsation » est encore haute, et ceci fera perdre en
intensité le mouvement : atteindre une résonance
globale n’en sera que plus difficile.
Il se peut que nous soyons distraits pendant la
technique : la meilleure des choses à faire dans ce cas
est de se concentrer à nouveau et de se focaliser
entièrement sur la technique en oubliant nos pensées
et nos soucis temporaires.
Le mouvement fait appel à notre intention : elle
seule est en mesure de déplacer notre « énergie ». Pour
atteindre les différents états vibratoires, nous avons
besoin d’une quantité convenable « d’énergie ». Si
nous imaginons ou visualisons, nous divisons notre
attention entre le mouvement réel et l’image que nous
créons, et nous perdons malgré nous en efficacité. Le
plus efficient est de ne pas imaginer du tout et de
passer à l’action simplement.
Le mouvement est uniquement « énergétique » :
le corps physique doit être le plus relaxé possible, quoi
qu’il arrive, quelles que soient les sensations. Si le
113
corps se tend, alors il est plus efficace de se relâcher
d’abord, et de ne reprendre que lorsque notre corps
physique est relaxé au maximum. Pourquoi ? Parce
qu’en contractant notre corps physique, nous
bloquons et investissons de « l’énergie » pour autre
chose que la technique, ce qui diminue son efficacité.
La technique est nettement plus efficace si on oublie
tout simplement notre corps physique. Idéalement,
par ailleurs, il faut pour atteindre des états vibratoires
complètement désynchroniser la respiration du
mouvement. Il serait en effet contreproductif d’entrer
en hyperventilation quand le mouvement s’accélère.
On préférera un rythme respiratoire profond et
stable, et surtout, on l’oubliera pour se focaliser
uniquement sur le mouvement, à 100%.
Un des autres avantages d’oublier et de relâcher
son corps physique est le suivant : si nous arrivons à
un état vibratoire puissant et que nous arrivons à nous
désynchroniser afin de sortir de notre corps, nous
n’avons qu’à poursuivre le mouvement et sortir pour
de bon, le corps sera déjà quasiment en état de
sommeil, et il ne nous reste plus qu’à explorer.
Si l’on résume :
114
- Il n’est pas nécessaire d’accumuler ou
d’absorber de « l’énergie » à l’endroit de notre
point de départ avant de commencer la
technique.
- Si nous pouvons percevoir « l’énergie »,
tant mieux, sinon, ce n’est pas grave : il faut
poursuivre la technique et persévérer.
115
extrêmement fort, tellement que je suis complètement
submergé par les vibrations. J’ai l’impression d’être
branché sur le secteur. Je me sens « détaché » de mon
corps tout en étant à l’intérieur, comme si je pouvais
bouger à l’intérieur de mon corps, j’ai une marge de
mouvement. Je me sens extrêmement vivant mais
surtout.. inexplicablement « puissant », c’est le mot
qui vient à ce moment. Comme si toutes les cellules
de mon corps s’étaient mises à vibrer intensément. Je
me sens libre et puissant, comme si rien ne pouvait
me faire flancher mentalement. Comme si j’étais léger,
libre, davantage « moi-même », comme si j’avais fait
sauter temporairement tout ce qu’on pense de moi, et
tout ce que je pense de moi, et un milliard d’autres
influences. Bref : comme si j’avais coupé les liens
désagréables, comme ceux qui me « tirent » vers le bas
et ainsi de suite. Ceux qui font un contre courant
d’une manière ou d’une autre le sentent souvent, un
espèce de vent de sable qui érode jour après jour… et
bien, il disparait. Et comme si j’étais davantage
« vivant » ! Je me sens parcouru d’une vitalité
extrême ! C’est en tout cas bien la première fois que je
me sens ainsi sur Terre. Je pense que les deux mots
clés qui conviennent le mieux pour décrire cet état
c’est puissance et liberté, mais pas de la puissance au
sens où on l’entend habituellement ; je le conçois plus
comme un débridage que l’acquisition de quelque
chose.
Pendant ce temps, mon écran mental est d’une
clarté parfaite. Je pense vite et facilement. Visuellement,
je peux observer quelques manifestations visuelles
assez difficiles à décrire. Les vibrations extrêmes se
poursuivent pendant au moins quinze secondes. Et
quinze secondes, dans cet état très intense, c’est long.
C’est vraiment étonnant parce que mon corps
116
biologique est parfaitement relâché mais à l’intérieur,
c’est tout l’inverse. Je sens une circulation intense
dans l’ensemble de mon energosoma. Je perçois en fait
que, même si je ne me sentais absolument pas
« bloqué » avant de faire la technique, je l’étais de fait,
puisque maintenant, je ne le suis plus du tout.
Étonnant phénomène… qui me fait réaliser qu’on ne
peut manifestement pas tout le temps savoir si il y a
certains blocages, avant de les faire sauter…
Les intenses vibrations finissent par se calmer
doucement, mais je continuerai à sentir les effets
pendant au moins une heure, puis je m’endormirai. A
l’heure où j’écris, je sens même que ce V.S d’une
certaine manière continue à m’apporter certains
effets, je sens en tout cas clairement qu’il y a eu un
avant et un après, sans l’ombre d’un doute. En
pratique, produire fréquemment des états vibratoires
augmente la fréquence de voyage hors-du-corps, soit
directement, soit indirectement.
Directement, car il peut arriver par exemple qu’un
état vibratoire s’installe spontanément alors que nous
dor mons, ceci nous réveillant partiellement
désynchronisés du corps biologique, ceci nous
ouvrant une fenêtre facile pour sortir. Directement,
car notre energosoma étant plus fluide, le mécanisme
de « décrochage » est facilité, ce qui peut se vérifier
facilement en pratique, et peut ainsi faciliter
globalement nos efforts en ce sens.
Directement, car le V.E.L.O est également une
technique de brise-rêve, il suffit pour cela d’effectuer
la technique dès la moindre étincelle de lucidité
pendant un rêve, en général, ce dernier se « dissout »
rapidement. Dans mon cas ceci génère une paralysie
du sommeil dans une grande majorité des cas. Le
reste du temps, cela me réveille hors-du-corps à
117
l’endroit où j’étais entrain de rêver. Indirectement, car
notre sensibilité augmente, de même que nos
perceptions. Ceci peut par exemple entrainer certains
réveils hors-du-corps, étant plus sensible et plus
conscient des différents mouvements de notre
« énergie », certaines consciences ou certains
évènements non-physiques peuvent nous réveiller
alors qu’auparavant, nous aurions dormi dans la plus
parfaite inconscience. Tout ceci réunit, nous
augmentons donc logiquement la proportion de
facteurs favorisant la sortie.
Si nous nous appliquons à mettre de notre côté un
maximum de chances pour sortir, il y a de grandes
chances pour que nous finissions par générer cette
fameuse paralysie du sommeil, véritable tremplin vers
la sortie complète. Même sans cela : la H.A.Sxlii
indique dans un rapport que « 40 à 60 % de la
population générale présenteraient un épisode de paralysie du
sommeil au cours de la vie ».
J’avais mentionné plus haut qu’une paralysie du
sommeil hypnopompique est en réalité un réveil avec
le corps de sortie, quand il est dans un état de
décoïncidence partiel avec le corps biologique.
Entrons dans le détail et voyons comment nous
pouvons nous servir d’une telle expérience pour sortir
de notre corps. D’avance, je me permet de divulguer
l’intrigue : si vous êtes en paralysie, qu’elle soit
hypnopompique ou hypnagogique, vous êtes déjà
partiellement désynchronisés.
118
A titre d’hypothèse et me basant sur mon
interprétation de mes expériences, je considère que la
raison de la paralysie est précisément cette
désynchronisation : c’est, pour moi, la décoïncidence
qui génère la symptomatologie biologique, et non
l’inverse. Nous contrôlons un robot biologique via ses
circuits de motricité volontaire. Si nous sortons
partiellement du robot, nous pouvons le contrôler
partiellement. Si nous sortons complètement du
robot, nous ne pouvons plus le contrôler, nous
sommes débranchés de la motricité volontaire, et il
fonctionnera en automatique pendant notre absence,
tant que le lien entre le corps de sortie et le corps
biologique sera fonctionnel. Un expérienceur
perceptif voyant notre corps biologique à ce moment
se dirait qu’on est « plus là ». L’analyse des
expériences de mort provisoire et des récits de
voyages hors-du-corps indiquent que si ce lien n’est
plus présent pour une raison ou pour une autre, le
robot ne peut plus fonctionner en automatique, il
meurt. Ceci implique qu’une partie du lien,
directement ou via un intermédiaire, donne l’ordre au
robot de ne pas mourir. Ce raisonnement implique
également que les personnes en état végétatif sont
des consciences désynchronisées de leur corps
biologique, mais avec un lien toujours partiellement
fonctionnel. Une communication avec certains
individus perceptifs est par ailleurs possiblexliii. La
désynchronisation est-elle forcée quand le corps
biologique ne peut plus « héberger » et manifester
convenablement la conscience ? Où est le corps de
sortie quand une personne est en état végétatif ? Tout
Jacques Charbonier.
119
ceci se questionne et cela est non seulement
passionnant mais me parait crucial. Je n’entre pour
l’instant pas davantage dans les détails pour ne pas
trop m’éloigner de cet encart concernant la paralysie
du sommeil.
Parler de paralysie du sommeil, c’est parler d’une
paralysie certes, mais c’est aussi parler de sommeil.
Entrons dans quelques points de détails concernant le
sommeil du corps biologique afin de mieux cerner de
quoi il est question, ainsi que quelques points qui
amènent la médecine actuelle à considérer qu’il s’agit
d’une parasomnie.
On estime qu’un humain dort sept heures et demie
en moyenne par jour. Un regard naïf nous conduirait
à penser que le sommeil est quelque chose de simple,
après tout, on s’écroule le soir et on se réveille par
magie le lendemain. En réalité, le sommeil du corps
physique est loin d’être un phénomène linéaire, stable
et continu. Le corps va expérimenter différentes
modifications qui sont physiologiquement régulées
par des mécanismes complexes.
Les phases du sommeil sont classées sur des
critères objectifs, comprendre : mesurés avec la
technologie du moment. Une des technologies
employées repose sur l’enregistrement de l’activité
électrique du cerveau au moyen d’un appareil doté de
capteurs que l’on place sur le cuir chevelu, il s’agit de
l’électroencéphalogramme (abrégé E.E.G).
Cet appareil enregistre l’activité électrique cérébrale
globale. Malgré sa relative précision en terme
temporel, il faut noter qu’elle n’enregistre qu’une
résultante générale.
En fonction de ce que l’on récupère en terme
d’activité, on classe le résultat en différents groupes
d’ondes qui représentent un état particulier du
120
sommeil. On distingue ainsi deux grands types de
sommeil : le sommeil lent, et le sommeil paradoxal.
Selon cette classification, on observe que le sommeil
lent englobe les trois quarts du temps de sommeil
total. Il correspond à la phase où l’on observe un
ralentissement et une synchronisation de l’activité
E.E.G. Le sommeil lent est lui-même divisé en
quatre stades, de profondeur croissante.
121
métabolisme cérébral. La température corporelle
s’abaisse, mais les réflexes restent intacts et le tonus
musculaire ne diminue que très légèrement. Fait
important à noter : c’est durant ce stade que peut
survenir le somnanbulisme.
Le sommeil paradoxal représente quant à lui en
moyenne un quart du temps de sommeil total. On y
observe une activité électroencéphalographique
désynchronisée rapide, une atonie musculaire ainsi
que des mouvements oculaires rapides qui lui ont valu
le nom de « Rapid Eyes Movements Sleep » que l’on voit
souvent abrégé « R.E.M sleep ».
Le sommeil paradoxal est, de nos jours,
médicalement considéré comme la phase qui génère le
plus de rêves. Les chercheurs en sont venus à cette
conclusion en réveillant des gens pendant cette phase.
Ils se sont rendus compte que les récits de rêves
étaient plus vifs à ce moment-là. Rappelons
qu’actuellement il n’existe officiellement rien d’autre
que des rêves pendant la nuit.
C’est durant cette phase de sommeil que l’on est
en mesure d’observer l’atonie musculaire. Qu’est-ce
qu’une atonie ? Techniquement parlant, le corps, plus
exactement les muscles squelettiques, pour la plupart,
ne répondent plus aux ordres du cortex moteur. Le
mécanisme tel qu’il est décrit est le suivant : le signal
est bloqué au niveau des motoneurones spinaux (dans
la moelle épinière) en amont, par un neurotransmetteur
inhibiteur. En prenant une analogie, l’on peut dire que
la transmission du signal moteur est interrompue au
niveau du câblage électrique, pour éviter qu’une
activation, qu’un ordre envoyé aux circuits moteurs du
cortex frontal ne se traduise effectivement par un
mouvement grâce aux muscles squelettiques. En
pratique, ce mécanisme empêche, s’il l’on rêve qu’on
122
est entrain de courir par exemple, de courir
physiquement. Plutôt pratique, on ne va pas se le
cacher. Lorsque l’on dit que le sommeil lent et le
sommeil paradoxal représentent respectivement trois-
quarts et un quart du temps de sommeil total, on
pourrait avoir l’impression d’une certaine linéarité ;
que nous dormirions en sommeil lent en début de
nuit, et que nous dormirions en sommeil paradoxal en
fin de nuit. En réalité, c’est une succession de
sommeil lent léger, lent profond et sommeil paradoxal
qui va définir un cycle de sommeil, dont la durée est
d’environ quatre-vingt dix minutes en moyenne. En
termes de cyclicité, on compte trois à cinq cycles de
sommeil au cours d’une nuit. Ces cycles ne se répètent
pas exactement à l’identique :
123
fonction du temps passé éveillé. Moins on dort, plus
on a envie de dormir. Un sujet en privation de
sommeil aura une plus grande pression de sommeil.
Une fois endormi son activité E.E.G delta sera
importante : il passe directement dans un sommeil
plus profond. La seconde est la régulation dite
« circadienne » : l’alternance veille-sommeil suit un
rythme circadien sous le contrôle de l’horloge
centrale. La mélatonine est la principale hormone de
régulation des rythmes chronobiologiques ; elle est
synthétisée par la glande pinéale la nuit et exerce un
puissant effet hypnogène. La lumière est le principal
synchroniseur de l’horloge biologique : elle inhibe la
synthèse de mélatonine et exerce un effet éveillant.
La paralysie du sommeil est quant à elle séparée en
deux entités : la paralysie du sommeil est soit associée
à des pathologies (comme la narcolepsie par exemple)
soit isolée. Techniquement, deux symptômes étayent
le diagnostic médical :
124
- hallucinations de nature visuelles, auditives,
kinesthésiques volontiers effrayantes.
125
dans les individus sujets à la paralysie du sommeil, il
n’y aurait pas de blocage des stimuli exogènes, ce qui
veut dire qu’il est plus facile pour un stimulus de
réveiller l’individu. Il pourrait y avoir un problème
avec la régulation de mélatonine, qui dans des
conditions normales régule les populations neuronales
sérotoninergiques [Terrillon, J.; Marques-Bonham, S.] . La
mélatonine est typiquement à son point le plus bas
pendant le sommeil paradoxal. L’inhibition de la
mélatonine à un moment inapproprié rendrait
impossible la dépolarisation des neurones du sommeil
quand un stimulus qui aurait normalement conduit à
un réveil complet se produit. Ceci pourrait expliquer
pourquoi le R.E.M et les stages d’éveils dans le
sommeil s’entrecroisent pendant la paralysie du
sommeil et expliquerait la paralysie musculaire lors du
réveil. Si les effets des neurones du sommeil ne
peuvent pas être contrés, les caractéristiques du
sommeil paradoxal sont maintenus jusqu’au réveil. En
synthèse ici, deux mécanismes interdépendants dans
notre cerveau gèrent notre sommeil : le premier nous
permet de nous réveiller et le second de nous
maintenir en état de rêve. L’explication serait la
suivante : lorsque ces mécanismes ne fonctionnent
pas correctement, le premier n’inhibe plus le second,
et l’on se réveille étant toujours entrain de rêver [Cheyne,
J.; Rueffer, S.; Newby-Clark, I.].
126
Malgré leur spécificité biologique, ces explications
n’intègrent pas toute la complexité de la symptomatologie
rapportée par les expérienceurs, ne proposent aucune
explication convenable sur les dites hallucinations, et
ne proposent pas de solutions ou d’ouvertures
opératives possibles satisfaisantes pour les expérienceurs
à part étouffer la lucidité de ces moments grâce à des
hypnotiques médicamenteux.
La paralysie du sommeil, comme les N.D.E
d’ailleurs, est tout simplement un phénomène qui se
situe à la frontière du paradigme actuel concernant la
conscience : la décrire complètement implique
nécessairement une vision différente de la
conscience et du sommeil, une vision qui implique
nécessairement l’existence d’autres corps.
Quittons un temps la théorie et voyons ce que
l’expérience nous raconte. En pratique, garder sa
lucidité pleine et entière durant l’endormissement
génère très naturellement une paralysie du sommeil,
qualifiée alors d’hypnagogique. L’on peut se servir par
exemple d’un réveil en pleine nuit. Ce peut être plus
aisé que de garder sa lucidité pendant un
endormissement le soir, mais c’est selon le
tempérament. Ce qui est capital, si cela se produit,
c’est de ne pas bouger d’un centimètre, et ne pas se
laisser happer par nos pensées et les images qui se
présentent à la conscience. Il faut que le corps
s’endorme de lui-même, seulement, nous, nous allons
rester éveillés et expérimenter par nous même,
directement, sans aucune perte de lucidité, avec une
pleine conscience totale, ce qu’est vraiment le
sommeil.
Si nous arrivons à faire cela, très naturellement,
nous allons sentir un engourdissement progressif qui
va assez rapidement englober tout le corps, puis se
127
manifesteront souvent des manifestations auditives
comme des craquements ou des bruits parfois assez
forts, certains acouphènes parfois aigus, ou certaines
sensations « électriques » ou de vibrations ça et là ;
souvent dans la nuque, dans mon cas. Il ne faut pas
s’en affoler. Ces sensations bien qu’impressionnantes
sont normales, on s’y habitue assez rapidement en
multipliant les expériences. Au début, on pense qu’on
va mourir, puis, finalement, on s’y fait, et la curiosité
nous pousse à reproduire l’expérience. La deuxième
fois, on pense à nouveau qu’on va mourir, puis la
troisième, et ainsi de suite, pour qu’au final tout cela
deviennent aussi naturel que de boire un thé
camomille gingembre sans sucre.
Si nous réussissons à ne pas bouger, et à ne pas
nous endormir, il faut réussir à maintenir une
intention mentale de sortir, mais, fait crucial : cette
intention ne doit pas faire intervenir une quelconque
notion d’effort. Si l’on force, si l’on pousse pour
accélérer le mouvement, dans l’immense majorité des
cas, on donnera involontairement un ordre conscient
à la motricité volontaire du corps biologique, et si cela
se produit, à moins d’être très fatigué, vous êtes bon
pour vous lever carrément hors du lit et réessayer plus
tard. Il faut donc rester calme, et se laisser porter par
le mouvement naturel. Les sensations peuvent être
différentes à ce stade en fonction des personnes.
Dans mon cas, si j’arrive à ce stade, j'entends
comme une sorte d’acouphène, de tonalité aiguë,
accompagné de sensations électriques dans la nuque.
Si je maintiens l’intention de sortir, ces sensations
augmentent en intensité jusqu’à un seuil maximal où
les sensations s’arrêtent, et à ce stade je suis toujours
en position horizontale, mais je suis libre de mes
mouvements, en général, si je poursuis encore, mon
128
corps de sortie se redresse et je peux alors m’en aller.
J’ai essayé de nombreuses fois d’analyser en
profondeur ces sensations en effectuant de nombreux
allers-retours. Si au lieu de sortir, complètement, on
décide de se rebrancher volontairement, si l’on ne
bouge pas son corps physique, alors on peut ressortir.
Je n’ai pas remarqué de limite dans le nombre d’allers
retours que l’on peut faire de cette manière : je suis
monté jusqu’à cinq sans problème. La clé, c’est de ne
pas bouger son corps biologique. C’est crucial. Un
seul mouvement et c’est terminé. On finit par prendre
le coup.
Tant qu’on est encore dans le seuil, donc entre
l’état de veille normal et la sensation maximale dans la
nuque dans mon cas, les perceptions auditives de
l’environnement extraphysique sont comme feutrées,
comme si on était sous l’eau. Passé le seuil, les
perceptions deviennent très claires subitement. Si on
passe le seuil, mais qu’on décide de retourner au
corps, alors de nouveau, les perceptions auditives
redeviennent feutrées. Toujours dans ce seuil, une
technique permet d’accélérer la transition : il faut
extérioriser de « l’énergie » ou effectuer une technique
qui augmente la vibration comme le V.E.L.O. Mais
c’est à double tranchant, il faut être sûr et certain de
ne pas avoir pris de mauvaises habitudes comme
forcer avec le corps physique pendant qu’on fait ces
techniques, car alors, la motricité volontaire du corps
de chair serait rebranchée involontairement et cela
signerait la fin de l’essai.
J’ai fini par remarquer chez moi que ce qui
fonctionne avec plus de succès, c’est d’arriver à
générer le plus de périodes « d’entre deux » possibles
dans la nuit, le plus de périodes entre la veille et le
sommeil. Car alors, il suffit de se détendre et d’être en
129
pleine conscience et la paralysie arrivera, nous
permettant d’aller plus loin par la suite, sans aucune
technique. Tout ceci est finalement très naturel.
Pour générer ces phases, il y a des méthodes
douces, on peut passer par la technique du brise-rêve,
par des techniques « énergétiques », ou des méthodes
beaucoup plus brutales, en brisant son rythme de
sommeil habituel, en le fractionnant, en le découpant.
On commence à comprendre pourquoi j’ai introduit
ce chapitre par la question suivante « pourquoi j’ai
envie de sortir de mon corps ? » afin d’identifier le
moteur qui nous pousse à sortir…
Je dois dire que sur ce sujet, j’ai eu de
la « chance » ; cela s’est un peu calmé, mais j’ai eu
pendant très longtemps un sommeil complètement
chaotique. Je me réveillais souvent et souvent sans
raison. Quelque soit l’heure à laquelle je me couchais
ou me levais, je pouvais être sûr que la nuit allait être
compliquée. Le point positif, c’est que j’avais du coup
énormément d’opportunités, me réveillant très
souvent entre la veille et le sommeil.
Le sommeil paradoxal serait, à la lumière de ces
informations et à titre d’hypothèse de travail, un état
transitionnel, propice au rêve, dans lequel le corps de
sortie serait dans un état de perte de coïncidence
partielle avec le corps biologique, proche de ce
dernier. Dans cet état, le cerveau biologique
fonctionne activement, et les interactions et collusions
entre le corps de sortie et le corps physique sont
nombreuses. Lors d’une projection complète à
distance du corps physique, le corps physique n’est
plus en sommeil paradoxal et bascule sur un sommeil
différent, vraisemblablement un sommeil profond
[Viera]. Se pourrait-il qu’il s’agisse d’un sommeil stade 3
ou 4, et que cela puisse être corrélé, en partie ou
130
complètement, à l’abaissement de la température
corporelle et de la pression artérielle, observée à ces
stades ? La cataplexie du corps matériel ne serait que
la manifestation matérielle d’un mécanisme
concernant en réalité plusieurs véhicules.
131
« simplexliv », ou bien développer notre sensibilité
« énergétique » afin d’être plus facilement et plus
souvent lucide de cet état et des différents
évènements et consciences interagissant avec nous.
132
attention sur ce à quoi je fais référence depuis le
début du livre par le terme « corps de sortie ». C’est
un acte de pleine conscience. Rien de plus, mais rien
de moins non plus. Nous n’apprenons pas de
techniques à proprement parlé pour apprendre
quelque chose, nous cherchons une voie d’accès vers
la lucidité.
J’ai commencé ce chapitre par une question. Je le
terminerai par une autre. Pourquoi allons-nous au lit ?
Qu’attendons-nous du sommeil ? Qu’il ôte notre
lucidité et repose notre corps physique, pour pouvoir
récupérer ce dernier au petit matin bien reposé ? Que
cherchons-nous exactement ? Un trou noir mental ?
Oublier tous nos soucis ? Ne plus exister ?
Une sortie hors-du-corps est l’inverse d’un black-
out dans la nuit. Si nous sortons, ou que nous
sommes lucides la nuit d’une manière ou d’une autre,
même quand notre corps biologique dort, alors, nous
serons là. Nous existerons, nous serons conscients
d’exister, nous aurons des pensées, nous voudrons
faire des choix, notre mémoire sera active et présente.
Voulons-nous cela vraiment ?
Si, pendant des années, nous nous sommes servi
de la nuit comme d’une pause mentale, d’une
suspension de conscience, pour oublier un temps
notre existence et nous plonger dans des mondes où
nous sommes uniquement spectateurs, alors, vouloir
augmenter sa lucidité, briser des rêves, où nous mettre
sur le dos à deux heures du matin pour faire des
exercices « énergétiques » à la suite d’un micro-réveil
est un vrai contre-courant.
Cela peut paraitre évident, mais si je termine ce
chapitre par ces questions pourtant simples, c’est que je
considère qu’elles sont plus qu’importantes : nos
réponses réelles, profondes, honnêtement radicales envers
133
nous-mêmes à ces questions influent beaucoup sur la
survenue de ces expériences. A nouveau, il n’y a pas de
jugement à poser sur ces réponses. Nous avons toutes
et tous nos réponses très personnelles à ce qui nous
motive à sortir ou à entreprendre une pareille aventure
et nous avons toutes et tous des vies très différentes. Ce
qui importe, c’est simplement d’être parfaitement
lucide de ces réponses et de ces intentions : être
parfaitement conscient de ce qui « freine » la sortie, être
parfaitement conscient de ce qui la favoriserait. Etre
conscient de nos états mentaux, de nos intentions
internes, c’est aussi augmenter sa lucidité.
134
135
136
MERVEILLEUSE COMPLEXITÉ
137
pour le chaos mondial, des personnes, physiques ou
non, nous aiment profondément, depuis très
longtemps et veulent notre bien. Savons-nous que
nous pouvons entrer en relation avec eux ? Echanger
parfois quelques « mots », parfois davantage ? Savons-
nous qu’ils nous aident, même quand on pense qu’on
est seul, atterri par hasard sur une planète de fous-
furieux ? Savons-nous que ce qui nous aide d’un point
de vue global n’est pas forcément ce que nous
considérons comme confortable sur l’instant ?
Savons-nous qu’ils ne sont pas des pantins à nos
ordres que l’on peut invoquer quand on cherche
une place de parking pour aller au cinéma voir le
dernier blockbuster, ni des consciences angéliques
hiérarchiquement supérieures à nous, mais de véritables
amis qui souhaitent que nous accomplissions les
objectifs que nous-même nous sommes fixés pour
cette existence terrienne ?
D’un autre côté… pensons-nous au fond de nous
que l’ensemble des consciences non-physiques
souhaitent notre bien et sont là pour nous tels des
serviteurs dédiés à la bonne réalisation de notre vie
physique ? Pensons-nous au fond de nous que
l’ensemble des consciences non-physiques ne cherche
pas à prendre avantage de nous, ne cherche pas à
nous influencer, et qu’elles respectent absolument
toutes le sommeil profond de milliards d’humains qui
dorment en parfaite inconscience, et sont donc
influençables, pendant des heures chaque jour ?
Pensons-nous par ailleurs que toutes les consciences
de l’univers tournent autour de notre existence et s’en
préoccupent ? Non, bien sûr.
Soyons réalistes un instant. Si nous ne sommes pas
lucides en permanence pendant l’intégralité de la nuit,
il n’y a aucun moyen pour nous d’affirmer que rien de
138
tout cela ne nous concerne. On peut se raconter des
histoires, penser que « moi, je suis pur, solide et protégé »
ou bien « j’ai mis de l’encens et une bougie, tout va bien ».
Soyons réalistes, sans nous mentir. Nous sommes
vraisemblablement influencés. Il n’y a aucune
conscience dans aucune portion de la galaxie et
d’ailleurs qui se dirait « arf, non, il a mis de l’encens et une
bougie, je dois sortir de la chambre, il est bien trop protégé, quel
puissant guerrier ! ».
Si nous n’avons rien entrepris de particulier, notre
chambre est vraisemblablement une gare. Et les
histoires qu’on se raconte les font bien rire. C’est une
certitude. Le point de départ est de s’en rendre
compte, et de réaliser dans quelle mesure nous le
sommes, sans verser dans la paranoïa ni l’angélisme
naïf. Car la seule chose que l’on cherche à faire, c’est
d’augmenter notre lucidité sur des phénomènes qui
existent déjà. Tout le monde n’est pas contre nous, et
tout le monde n’est pas avec nous, et tout va bien.
Il existe des méthodes bien plus efficace que de
l’encens pour repousser des consciences trop
intrusives. Globalement, la seule chose véritablement
efficace concerne notre point faible, notre attention.
Il est facile d’allumer une bougie, et de s’endormir
l’esprit serein pendant huit heures d’inconscience.
Moins facile de faire un V.E.L.O pendant trente
minutes à trois heures du matin parce qu’on sent
qu’une conscience relativement mal-intentionnée est
présente, et que nous ne souhaitons pas sa présence
dans notre espace.
Cela implique qu’augmenter sa lucidité sur ces
phénomènes n’est pas un chemin de moindre
résistance. Nous en avons vu une technique au
chapitre précédent, la technique V.E.L.O. Il y en a
d’autres, mais elles s’articulent toutes autour de
139
l’attention et de ce que nous en faisons. Et ce n’est
pas du tout un hasard, car l’attention dirige
« l’énergie », l’attention créé notre réalité.
C’est une puissance considérable, et nous la
bradons systématiquement vers ce qui clignote le
plus fort ou vers celui qui parle ou pense le plus
fort. Nous avons appris à ne pas regarder nos
émotions et nos pensées en profondeur, et à plutôt
porter notre attention ailleurs. Nous n’avons pas
appris à faire la paix avec nous, et avec ce que nous
sommes en profondeur. A la place, nous déportons
systématiquement l’intégralité de notre attention
ailleurs.
Du mal à dormir ? Focalisez vous sur autre chose,
et prenez des hypnotiques pour éteindre les
symptômes. Triste ? Focalisez-vous sur autre chose.
En colère ? Regardez ailleurs. Pensez à autre chose.
Angoissé ? Pensez à autre chose, sédatez-vous aux
benzosxlv, redevenez vite un vrai membre productif
de la société. Travaillez et distrayez-vous. Puis
travaillez. Puis distrayez-vous. Puis travaillez. Ne
pensez à rien d’autre, il n’existe rien d’autre de toute
façon. Travaillez. Vous êtes fatigués ? Distrayez-vous.
Vous n’avez plus d’argent pour vous distraire ?
Travaillez.
Vous ne pouvez plus travailler pour une raison ou
pour une autre ? Culpabilisez. Vivez dans l’angoisse.
Consommez, ça sera moins pire que de ne rien faire
du tout, la T.V.A c’est la moitié des recettes de l’état
de toute façon. Ne méditez pas, ne vous arrêtez pas,
140
culpabilisez d’être ainsi en vie sans travail, sans but,
sans raison d’être, sans fonction, n’en profitez pas
pour prendre soin de vous, de vos émotions et de
votre vie en général, restez dans les clous, surtout, ne
commencez pas à croire que vous êtes important ou
spécial ou que votre vie a un sens. Vous êtes un
produit biologique du hasard pris dans un univers qui
s’en fout de vous. Tous ceux qui parlent d’énergie, de
spiritualité sont tous des menteurs, des fous, des
charlatans, des personnes en manque d’attention qui
n’attendent que de vous soutirer de l’argent d’une
manière ou d’une autre. Tous, absolument tous. Il n’y
a absolument aucune exception, zéro, rien à voir,
circulez. Lancez une chaîne YouTube, parlez de
zététique, dites que vous êtes du bon côté du manche.
Souriez avec condescendance quand vous serez en
contact avec tout ce qui sort du matérialisme. Oubliez
les mauvaises nouvelles, oubliez que l’ensemble du
monde est en feu. Oubliez qu’une partie du monde
crève la dalle, oubliez les guerres, oubliez qu’on
détruit les forêts, la vie sur Terre, des millions
d’animaux tous les jours, oubliez qu’on torture des
éléphants pour qu’ils soient dociles et amusent les
touristes, oubliez qu’on dépèce des rongeurs et des
crocodiles pour en faire des sacs pour générer du
P.I.B, oubliez que l’autre partie du monde crève
d’angoisse dans des vies sans sens. Vous n’y pouvez
rien. Tout est pris en charge. Tout va bien. Des gens
plus intelligents et plus puissants que vous s’occupent
de tout et ils savent ce qu’ils font. La preuve, ils sont à
cette place. Vous, vous êtes des agents économiques
rationnels dont le but de vie est de maximiser vos
profits. Regardez plutôt ce magnifique modèle
photoshoppé vous vanter les mérites de ce superbe
objet que vous aurez oublié deux heures après l’avoir
141
acheté. Vous êtes au sommet de la chaine, vous avez
droit de vie ou de mort sur l’ensemble de la planète
qui n’est d’ailleurs là que pour vous et vos désirs. Une
chance, car justement, votre destin est d’avoir un livret
A plus gros que celui de votre voisin, d’avoir une plus
grosse voiture que lui, d’avoir un plus beau corps que
lui, des plus beaux vêtements que lui, et de finir dans
une meilleure maison de retraite que lui, et de pourrir
dans un plus joli cercueil que lui. L’incroyable
complexité de la nature, de la physique, de la biologie
acquise au cours de millions d’années d’évolution ne
sert qu’à satisfaire ce but, une chance non ? C’est la
vie. C’est ainsi. Rangez-vous. Obéissez. Si tout le
monde fonce dans un mur, foncez-y aussi. Ils savent
ce qu’ils font, après tout, ils sont nombreux non ? La
société va dans le bon sens, forcément. Elle fait
forcément les bons choix, toujours les moins pires.
Arrêtez de la critiquer et retournez produire pour elle.
Elle vous a tout donné, vous n’allez quand même pas
cracher dans la soupe ?
Vous ne pouvez plus travailler parce que vous êtes
vieux ? Passez votre fin de vie à vous distraire avec
l’argent gagné pendant votre travail. Puis mourez,
seul, facilement et vite si possible pour qu’on puisse
retourner travailler et se distraire en oubliant ce qu’il
vient de passer, et laissez les pompes funèbres générer
du P.I.B parce que vous ne pouvez plus, mort que
vous êtes. Vous n’avez pas fait d’enfants avant de
mourir pour qu’ils génèrent du P.I.B. ? Vous êtes un
égoïste et vous ne pensez qu’à vous. Comment
voulez-vous que le monde tourne si vous arrêtez de
faire des enfants ? Enfantez, mettez vos gamins à
l’école, et insérez-les proprement pour qu’eux aussi
vendent leur temps de manière productive, comme
vous l’avez fait, comme vos parents ont fait, comme
142
l’intégralité de l’univers fait depuis des milliards
d’années et pour des milliards de milliards de milliards
d’années.
Vous vous posez la question : « attendez, est-ce
que tout ça va dans le bon sens ? Et si j’essayais de me
poser pour me recentrer quelques instants, et méditer
sur mes choix de vie passés, présents et futurs… »,
arrêtez-tout, filez au cinéma voir un film consensuel
qui vous brosse dans le sens du poil pour penser à
autre chose, profitez de votre malheur pour faire
fonctionner l’industrie de la distraction, vous n’allez
quand même pas faire quelque chose qui ne génère
aucune valeur économique, et reprenez-vous mon
vieux, parce que vous déconnez plein tube, oisif
communiste que vous êtes surement.
Vous l’aurez compris, dans cet encart je suis
volontairement un peu provocant et d’une mauvaise
foi à dormir dehors. Mais entre nous, quoi de mieux
qu’une saillie humoristique caustique crissant sur le
beau tableau de la vie terrestre actuelle pour attirer
l’attention sur certaines réflexions trop souvent
balayées d’un revers de main ? En réalité, mon
intention n’est pas de dresser un tableau noir de
l’humanité et d’exprimer un certain nihilisme
pessimiste. Mon intention est de dessiner un fort
contraste, comme sur un tableau sur lequel on
noircirait certains contours pour mettre en lumière un
certain élément.
J’ai souvent pensé que seule une guerre intellectuelle
pourrait changer le monde, avec comme armes des
arguments inattaquables. Après tout, quoi de plus
rationnel que de penser que des arguments solides et
des chiffres peuvent changer la face du monde ? Je me
trompais, à l’évidence. Ce n’est pas la guerre, qu’elle
soit intellectuelle ou non, qui peut changer la face du
143
monde durablement et pour le mieux. L’information
fiable, solide, étayée par des arguments est nécessaire,
mais ne nous mentons pas, si la rationalité primait
réellement, alors, l’intégralité du monde se
comporterait de manière rationnelle.
L’industrie du tabac n’existerait pas. La
charcuterie, classée cancérigène par l’O.M.S, ne serait
pas dans nos rayons de supermarché. Qui, au
monde, rationnellement, posément, voudrait
volontairement se provoquer un cancer colorectal et
souffrir terriblement pendant des années ? Ça n’a
aucun sens. Ça n’a aucun sens pour deux raisons :
premièrement, il nous manque souvent des
informations pour décider en toute connaissance de
cause - une partie de la responsabilité nous appartient,
l’autre partie appartient à ceux qui savent et ne disent
pas - et deuxièmement, nous ne sommes pas souvent
des êtres rationnels, tout simplement. Les arguments
n’ont que peu de portée sur nous, sauf ceux qui vont
explicitement dans notre sens. Regardons nous en
face, dans le calme, et voyons la réalité frontalement,
sans se faire violence. Laissons simplement notre
conscience se poser sur nous-même.
144
Prendre ce chemin réduit aussi l’influence que les
consciences, physiques ou non, ont sur nous. Nous
reprenons doucement le contrôle. Nous nous
dirigeons volontairement vers plus de lucidité, peu
importe le prix, peu importe les frictions, peu importe
le nombre de fois où nous allons tomber dans le
processus. Ça n’est pas important. Ce n’est pas une
course, il n’y a personne à doubler. Nous faisons ce
que nous pouvons. Nous nous dirigeons vers la paix,
nous éteignons nos guerres. Nous changeons notre
être.
Car ce sont via nos zones « d’ombres », celles où
nous n’aimons pas aller, celles que nous n’aimons pas
évoquer, car elles génèrent beaucoup de souffrances,
que l’influence peut se faire.
Car explorer une partie plus large de la réalité nous
change en profondeur. Nous n’allons pas seulement
explorer une île déserte, et revenir avec des beaux
souvenirs. Nous partons dans un voyage qui change
nos yeux à mesure que nous voyageons. Cette
exploration nous confronte à ce que nous sommes,
sans filtre. Nous ôtons nos masques. Nous enlevons
des couches. Et ce n’est pas toujours confortable, car
le monde humain tel qu’il est actuellement valorise
souvent l’exact inverse. Ce n’est donc pas un chemin
de moindre résistance.
Mais c’est une occasion merveilleuse de faire la
paix avec nous, et donc avec l’autre. C’est une
occasion merveilleuse de découvrir ce que nous
sommes, et ce qu’il y a de meilleur en nous et en
l’autre. C’est une occasion merveilleuse de nous
plonger dans l’incroyable complexité de la vie, de la
réalité et de la conscience, d’oser avoir le vertige
devant le prodige qu’est la vie, qu’elle soit physique ou
non. C’est une occasion merveilleuse de toucher la
145
pureté, les merveilles des merveilles, le fantastique, le
magique, l’incroyable, le renversant, le prodigieux, ne
serait-ce que pour un instant. C’est une occasion
merveilleuse de percevoir ce qu’est l’amour quand il
déborde de la matière, de percevoir ce qu’est la
confiance, d’avoir un aperçu presque inconcevable
pour l’esprit du lien complètement surréaliste qui unit
certaines âmes qui se connaissent depuis longtemps,
ou tout simplement de toucher du doigt la bonté sans
malice, la profonde sérénité, et la paix profonde.
Tout ceci justifie très largement ce que nous
pouvons entreprendre pour atteindre de telles
merveilles, qui nous sont à toutes et à tous accessibles
sans aucune limite ni aucune condition.
Je débutais ce chapitre en mentionnant deux
éléments qui se mélangent quand on commence à
prendre le chemin de l’expérience directe : les
implications concrètes de pareilles expériences, et
notre responsabilité pleine et entière. Nous avons
désormais assez de matière pour entrer dans le détail,
et mon insistance sur l’attention, l’intention et ce que
nous faisons apparaitra je l’espère de plus en plus
claire au cours de ce chapitre.
Le premier élément pour introduire cette
discussion est une évidence : tout ceci « n’existe pas »
officiellement. On se rend assez vite compte qu’un
nombre incroyable de personnes de tout âge, tout
milieu, toute « fonction » vivent ces expériences et
que l’immense majorité se censure, ce qui est
compréhensible. Mais cela ne change pas le fait
qu’actuellement, même si la situation est sans aucun
doute plus simple qu’avant, à l’heure où j’écris ces
lignes, toutes ces expériences sont officiellement
rangées dans l’irréel, le fantasmé, l’inacceptable,
l’inavouable, ou le ridicule.
146
Tout ceci entraine un phénomène d’auto-censure
chez l’expérienceur, chez lequel se créé un véritable
schisme. D’un côté, il sait que ce qu’il vit est réel, de
l’autre, on lui martèle que non, implicitement ou
explicitement. Ne pouvant pas refouler à vie ce qu’il
vit, tôt ou tard, les frictions sont telles que d’une
manière ou d’une autre, en règle générale, un
expérienceur préférera se censurer par facilité et parler
à ceux qui savent déjà, voir changer de relations, voir
changer de vie. Ceci scinde des groupes humains, car
la force de l’intellect qui sert à refouler ce qu’on vit
n’est pas alimentée par une énergie infinie. On ne peut
pas vivre le bouclier en garde toute sa vie. Il est
épuisant de se sentir marginalisé ou de devoir mentir
pour juste exister comme tout un chacun. Ceci génère
sans aucune surprise beaucoup de souffrances inutiles,
certains gérant toutefois mieux que d’autres cette
espèce de double-vie clandestine, une vie de façade
« bankable », et la vraie, celle du coeur, double-vie qui
ne demande pourtant qu’à devenir une, simple et
légitime.
De l’autre côté, cette « non-existence » et cette
« non-reconnaissance » entraine un flou immense et
un manque d’information colossal pour appréhender
la complexité de la réalité. C’est le far-west de la
conscience. Il n’existe aucune loi, aucun code de
conduite, aucune charte, aucune éthique réfléchie
consensuellement. Chacun se sert là où il le peut,
comme il le peut, et se fabrique une éthique
personnelle en fonction de ce qu’il vit, et des
différentes influences de son entourage. Il existe ainsi
autant d’utilisations des différentes capacités de la
conscience que de consciences.
Aussi, certaines consciences découvrent qu’elles
peuvent se servir de certaines capacités pour
147
influencer d’autres consciences pour servir leurs
intérêts personnels, et n’auront aucun état d’âme à le
faire. Après tout, s’ils ne sont pas lucides, c’est de leur
faute.
D’autres pensent que la non-lucidité des
consciences ne doit pas nous encourager à utiliser
cette faiblesse et au contraire, nous devons propager
l’information pour que tout le monde puisse être à
égalité. Après tout, s’ils se sont pas lucides, ce n’est
pas de leur faute.
Me servant de cet exemple simpliste, je schématise
bien entendu : comme d’habitude, la réalité est un
immense spectre de teintes de gris plutôt qu’un camp
de gentils et un camp de méchants.
Car il n’y a pas de bonnes façons de faire dans
l’absolu, il n’y a pas de « qui a tort » et « qui a raison ».
Il y a des consciences, il y a des choix, et il y a des
conséquences de ces choix, qui sont dans tous les cas
à assumer. Comment y voir clair alors ? Pas facile. En
France, nous sommes par exemple baignés dans une
culture judéo-chrétienne qui a instauré dans les esprits
qu’il y avait un bien, un mal, des récompenses et des
punitions. Un monde des « morts » bien séparé du
monde des « vivants », des règles plus ou moins
précises pour qu’on nous mette un coup de tampon
sur notre carte de membre des « good-guys » ou des
« bad-guys ». Simple et efficace. Mais est-ce que tout
cela touche bien le réel ? De loin, tout ceci a l’air bien
trop simple pour être vrai. Alors, c’est tout ?
Non, bien sûr. Parmi les broussailles, on peut
distinguer certains éléments qui peuvent nous aider à
choisir quand nous avons à choisir, sur des bases
solides. Il faut bien comprendre qu’ici mon intention
n’est pas de créer une « bonne » charte de
l’expérienceur. Cela me paraitrait impossible, mais
148
surtout inutile, contre-productif et par ailleurs
incroyablement prétentieux.
Une éthique, ce n’est pas un tableau de règlement
fixe et rigide. C’est une notion qui évolue en
permanence, en même temps que la conscience. Ce
sont des questions qui précèdent des choix. C’est une
réflexion générale, incroyablement complexe et
surtout dynamique : comment articuler le « faire »
avec ce que « je sais » et ce que « je suis » ici et
maintenant.
A l’instant t, je considère que certains de mes actes
passés sont contre mon éthique actuelle ; si j’avais à
refaire ces choix avec ma lucidité actuelle, je ne les
referais pas. Il en va de même pour mes choix
présents et mes connaissances actuelles, mes yeux
futurs les verront avec des yeux très différents de mes
yeux actuels. Ceci est logique, naturel et attendu, c’est
l’évolution au sens premier du terme : quelque chose
qui se transforme au fil du temps, des expériences et
des connaissances.
Prenons comme point de départ de cette réflexion
des assertions ou des interrogations concrètes à partir
desquelles la réflexion émerge naturellement. Cette
réflexion va ici s’articuler autour de deux points
centraux qui teintent l’ensemble de nos expériences et
de nos actes, physiques ou non-physiques : la gestion
de la souffrance, et la lucidité. Loins d’être de simples
concepts philosophiques inopérants, ces questions
amènent de véritables réflexions de fond.
149
« Si quelqu’un me fait souffrir à cause d’un acte, j’éviterais,
à terme, de répéter cet acte. »
150
déduis que certaines consciences ont forcément fait le
choix de ne pas systématiquement nourrir la
vengeance quand bien même on les a fait souffrirxlvi.
Il y a donc des consciences qui souffrent et qui
sciemment choisissent un chemin de moindre
souffrance parce qu’elles ont compris d’une manière
ou d’une autre qu’un cycle répété de souffrance est
chaotique et génère de la souffrance. Tout ceci parait
très évident d’un oeil rapide, pourtant, à l’examen
minutieux, il s’avère que ça ne soit pas si simple.
Poussons ces concepts dans leurs retranchements.
151
Comment est-ce que je réagirais, si j’apprenais
soudain, qu’une personne qui vit actuellement dans la
rue subissant le mépris de ses contemporains a en
réalité agit en faveur de la communauté mondiale
pendant des vies entières ? La communauté actuelle,
que l’on imagine ici en paix et prospérité grâce à ses
actes, lui « doit » elle quelque chose ou non ?
152
La réflexion émerge naturellement, car, lorsqu’on
vit des expériences de sortie hors-du-corps ou des
expériences de contact direct avec certaines
consciences n’ayant pas forcément de corps humains,
nous nous rendons compte directement, sans aucune
ambiguïté possible, que nous sommes manifestement,
au moins temporairement, beaucoup moins lucides
que d’autres consciences, et ce n’est pas juste « un peu
moins », c’est « beaucoup, beaucoup moins ».
Elle émerge, car nous nous disons : dans l’absolu,
j’aimerais dans ce cas que ces consciences respectent
mon état de non-lucidité et ne m’influencent pas pour
servir leurs intérêts personnels qui peuvent être très
différents des miens.
Elle émerge, car nous nous demandons : je
demande qu’on respecte mon état de non-lucidité et
qu’on agisse soit de manière neutre, soit pour mon
bien, mais comment est-ce que moi j’agis avec des
consciences moins lucides que moi ? Est-ce que j’agis
pour leur bien, ou pour le mien ? Comment je définis
leur bien ? Comment je définis le mien ?
Prenons un exemple. Actuellement, l’humanité
considère, en pratique, dans ses actes et non dans ses
discours, les animaux comme des meubles, des
produits, des objets qui génèrent des flux financiers.
Nous les considérons comme « moins conscients »,
nous considérons que l’incroyable destin d’évolution
biologique et physique qui les amènent à être sur Terre
actuellement ne sert qu’à notre plaisir gustatif, nos
produits, ou notre économie. Nous les considérons
comme « moins conscients » et nous les maltraitons,
nous les infantilisons, nous les tuons et nous les
mangeons. La question qui émerge alors est : ne
sommes-nous pas légèrement hypocrites à exiger qu’on
nous traite ainsi alors que nous ne le faisons pas ?
153
Nous considérons les autistes et les handicapés
mentaux comme « moins » normaux que les
« normaux ». Nous considérons tout ce qui ne suit pas
notre définition de la conscience et de la lucidité
comme « moins » que nous. Et je parle à nouveau en
pratique, donc dans les actes du quotidien, pas dans les
beaux discours qu’on se raconte pour briller en soirée
dans lesquelles notre jeu préféré est se faire passer pour
le philanthrope de service. Ne dit-on pas que « l’éthique,
c’est ce que fait l’homme quand personne ne le regarde » ?
Si ce n’était pas le cas, nous respecterions la
neurodiversité, et les « différents » ne se ferait pas battre
dans la cour de récréation, ou humiliés en société. Ces
comportements n’existent que quand on considère
d’autres comme « moins conscients » que nous, comme
des « pas comme nous ».
154
sommes hors-du-corps, cela peut s’observer. Notre
lucidité veut souvent s’étendre dans tous les sens, la
pensée devient fluide, facile. Notre mémoire s’étend,
naturellement.
Mais d’un autre côté, le tableau n’est pas aussi
simple : ce qui n’est pas « physique » n’est pas
synonyme de nécessairement évolué, nous entrons
aussi en contact avec des consciences que nous
percevons comme étant autant voire moins lucides que
nous, ou bien nous percevons et sommes témoins
d’actes que nous ne cautionnons pas. Il existe en fait
une différence entre la lucidité et l’évolution, bien que
ces concepts soient également liés.
Le terme évolution regroupe plusieurs sens. Il y a le
fait de se transformer dans le temps, donc de changer
d’état. Une réaction chimique peut évoluer. Une situation
peut évoluer. Mais il y a aussi un sens implicite : on
estime qu’un être « évolué » a fait « davantage » que se
transformer et changer d’état, on estime qu’il s’est
transformé « pour le mieux », on ne dira pas qu’il est
évolué s’il parait agir de manière complètement
chaotique et qu’il génère quantité de souffrance autour
de lui. Le verbe être ou avoir modifie complètement le
sens. « Il a évolué » n’est pas synonyme de : « il est
évolué », nous entendons autre chose derrière cette
dernière expression. Mais qu’entendons-nous justement,
qu’est-ce qui nous fait dire qu’un être est évolué ? Sur
quoi nous basons-nous ? Peut-on définir des critères
universels d’évolution, qui seraient valides même dans
d’autres corps ? Serait-ce souhaitable ?
Une réflexion sur l’évolution ne peut se conduire
rigoureusement sans amener une réflexion sur le chaos.
A nouveau, posons donc quelques réflexions et quelques
questions plutôt que des briques rigides figées dans le
temps provenant d’un dogme quelconque.
155
De manière générale, nos comportements
comportent une part d’ordre. Nous marchons à peu
près en ligne droite pour atteindre un point donné ; on
s’attend à ce que nous disions « bonjour » si quelqu’un
nous dit « bonjour » avec une voix mesurée et stable, et
ainsi de suite. Pour une partie de nos actes, nous
sommes à peu près prévisibles. Cela facilite certains
rapports sociaux, car nous n’avons pas à rétablir de
nouvelles règles ex-nihilo à chaque nouvelle personne
que l’on rencontre. Il parait à ce titre logique que nous
attendions par exemple notre tour dans une
boulangerie, c’est un comportement appris et
« attendu », comportant une certaine part d’ordre ; au
lieu de sauter sur les présentoirs en hurlant, puis en
chuchotant, pour revenir à la file d’attente, pour
finalement partir les mains vides en rampant sur le sol,
laissant derrière nous des spectateurs circonspects. Si
nous agissions de manière absolument chaotique,
aucune action de notre part ne serait prévisible. Nous
serions intégralement ballottés par le vent de nos
émotions ou de n’importe quel déclencheur extérieur
ou intérieur. Une conversation serait impossible à tenir,
aucune norme ni aucun comportement social ne serait
possible. De manière assez amusante, on peut
remarquer qu’un comportement qui serait absolument
chaotique nécessiterait, pour survivre, l’existence de
systèmes moins chaotiques et plus ordonnés que lui, ne
serait-ce que pour se nourrir, y compris s’il se nourrit
dans la nature.
Nous avons à peu près tous, consciemment ou non,
l’intuition qu’un système comportant une part relative,
même minimexlvii, d’ordre nous causerait moins de
souffrances qu’un système absolument chaotique et
156
qu’il permet au final plus de possibilités. Pourquoi ?
D’où cela nous vient-il, exactement ? De nos
observations ? De notre peur de l’imprévisible ? De
notre peur de la mort ? Du besoin de sécurité
matérielle ? Autre chose ?
157
Est-ce qu’une conscience qui possède plus de
connaissances qu’une autre est plus évoluée ? Est-ce
qu’une conscience qui a moins de connaissances qu’une
autre est moins évoluée ?
158
Comment réagir si j’ai accès à des informations
classées sensibles via des perceptions non-physiques ?
Sur le fonctionnement d’un état ? D’une institution ?
D’une personnalité « publique » ? Que faire de ces
informations ?
159
Actuellement, le rapport est assez déséquilibré. Il y a
des « perceptifs » et des « non-perceptifs ». Est-ce
juste ? Si je me rends compte que j’ai été manipulé par
certaines capacités ou qu’on cherche à m’influencer
d’une certaine manière, comment m’en prémunir ?
Actuellement, on considère que toutes nos pensées
sont toutes les « nôtres ». Pourtant, à l’examen, on se
rend compte qu’il existe certaines pensées qui nous
traversent qui ne portent pas notre « signature », ce ne
sont tout simplement pas les nôtres. L’auteur de ces
pensées peut être une conscience non-physique, ou un
groupe de consciences non-physiques, ou une
conscience physique qui nous évoque, ou autre chose.
J’y reviendrai. Si l’on n’y fait pas attention, nous
pouvons les considérer comme nôtres et même agir en
fonction de ces pensées. Cela peut-il se considérer
comme de l’ingérence ? Dans quel cas peut-on
considérer cela comme bénéfique ou au contraire
problématique ? Comment s’en prémunir ?
Entrons dans le détail. A l’examen, il est assez aisé
de se rendre compte que, tout au moins dans notre vie
d’humain actuelle, ce que nous appelons « l’énergie » est
en fait lié à la pensée, et également lié à l’émotion. Il
faut se rappeler que cette substance dite « énergie » est
conduite par l’attention. En pratique, nous émettons en
permanence autour de nous cette signature, comme
une marque de l’ensemble de « l’énergie » que nous
émettons, de nos pensées, de notre structure
émotionnelle. Cette signature n’est pas falsifiable, et, de
manière assez amusante, c’est celle-ci, en parallèle de ce
qui est nommé la communication non-verbale par les
petits signes physiques qui nous « trahissent », qui nous
renseigne de manière extrasensorielle si quelqu’un nous
ment par exemple. C’est comme une fausse note, la
bouche prononce un mot, la « signature » en dit un
160
autre, et nous sommes mal à l’aise. L’auteur Waldo
Viera a proposé au siècle passé le vocable de
« pensènexlviii » pour faire référence à cet ensemble de
pensée-énergie-sentiment comme un tout lié : selon
cette vision, à moins d’être une conscience pure sans
véhicule, impossible de manifester une pensée sans
manifester une émotion et un flux d’énergie associé -
selon la proportion de ces trois éléments, le « pensène »
final sera très différentxlix. Sans corps physique, on se
rend compte assez directement que le mensonge n’est
pas possible, car il n’y a plus de zones tampons tel que
le corps humain permettant de dire verbalement autre
chose que ce qu’on pense au fond de soi. Nous
pensons, donc nous disons, immédiatement, et cela se
perçoit immédiatement. On gagne ainsi du temps à se
rapprocher de l’honnêteté quand cela est possible dans
cette vie. Des déconvenues en moins quand le corps
biologique ne sera plus en vie, et du temps gagné pour
nos expériences dans cette vie.
En pratique, il est possible de se lier à la signature
d’une personne. Dans notre conscience, se manifeste
alors des ensembles de pensées, d’émotions, de
sentiments. Il existe plusieurs méthodes plus ou moins
brutes. Si deux perceptifs s’amusent à le faire ensemble,
en principe, des zones décrites comme des centres
161
énergétiques se mettent à se comporter différemment
qu’à l’accoutumée. On peut sentir comme une
oppression au niveau du plexus solaire, ou comme de la
chaleur entre les deux yeux, parfois dans la nuque. Il
s’agit d’une intrusion, pure et simple, par définition.
Si un perceptif souhaite effectuer une telle intrusion
sur une conscience qui ne connait rien de tout cela et
qui ne sait pas se défendre, en général, il se focalisera
sur les zones moins protégées de la conscience en
question, la moindre faille étant plus ou moins
facilement perceptible selon les cas, et une voie d’accès
plutôt simple. Il est par ailleurs possible de manipuler
cette substance à l’intérieur du corps d’une autre
conscience, soit en extériorisant la notre de manière
brute, soit en nous liant pour créer une sorte de
« mélange » que nous pouvons contrôler pour insuffler
une certaine « signature », une certaine information.
Soigner une personne de manière bilatéralement
consentie ou manipuler une personne sans défense
pour servir nos intérêts sont deux choses différentes :
l’on commence doucement à sentir l’importance de
porter sur ces phénomènes des réflexions d’ordre
éthique.
Car encore une fois, le tableau n’est pas si simple.
En effet, les affinités de conscience sont telles
qu’agir d’une certaine manière attire d’une manière
ou d’une autre des consciences physiques et non-
physiques en accord avec ces comportements, et
nous ne connaissons rien ou presque à ces réalités.
Nos groupes d’amis sont des personnes avec qui
nous sommes en affinité. Nous avons à peu près les
mêmes centres d’intérêts, à peu près les mêmes
goûts, à peu près les mêmes avis. Sauf exception,
nous ne sommes pas amis avec des gens que nous ne
supportons pas, ou avec qui nous ne sommes pas du
162
tout sur « la même longueur d’onde ». En pratique, ce
principe s’avère vrai, en tout cas facilement observable,
d’un point de vue « multidimensionnel ».
On observe ainsi par exemple que certains médiums,
ou certains perceptifs, à la personnalité très intrusive
s’entourent, en pleine connaissance de cause, de
consciences non-physiques n’ayant aucun problème
éthique à être également très intrusives pour des motifs
relativement obscurs, sans réelle intention d’aide.
Simplement montrer que « eux », ils perçoivent, eux, ils
savent qui vous êtes, ils savent ce que vous pensez, ils
savent ce que vous allez devenir, ils ont le « don », vous
comprenez, pas comme ces plébéiens…
Le champ lexical est souvent le même : le devoir, la
mission, la hiérarchie. « Vous devez », c’est une
« mission », ou bien vous êtes « élu », vous devez suivre
l’Univers qui me dit de vous dire que vous devez
absolument rencontrer Germaine l’élue des Dieux qui
vous donnera des pouvoirs magiques puis Georges le
Roi Cosmique intercesseur puis vous devez faire ci ou
ça, faire tel rituel, puis, bon, nous faire un café en
passant, et ainsi de suite. Lorsqu’on se protège ou
qu’on perce ces mécanismes à jour, qu’il est amusant de
voir que la seule chose qui est générée est de la violence
de la part de ces consciences. Ben quoi, vous préfériez
les crédules sans défense, inconscients de ces petits jeux ?
La version multidimensionnelle de l’arroseur arrosé.
Qu’on ne me comprenne pas de travers : mon
intention n’est toutefois pas de stigmatiser les médiums,
bien au contraire. Ce qui serait d’ailleurs proprement
incohérent ; si l’on cherche à définir un médium
comme étant une personne en mesure de percevoir par
moments, voire d’entrer en contact avec des
consciences non-physiques, alors j’entre en partie dans
cette définition. Si la définition de médium implique
163
d’utiliser cette capacité pour servir de messager entre
des consciences physiques et non-physiques, dans le
cas où la conscience non-physique vient par exemple
de vivre une incarnation terrestre et souhaite
communiquer avec des proches sur Terre, ou
l’inverse, alors non, je n’entre pas dans cette
définition. Mais où est la limite ? Certaines phrases de
ce livre proviennent par exemple d’inspirations de
consciences non-physiques. Dois-je les créditer à la fin
de l’ouvrage ? Devront-ils aussi se demander si les
recettes indirectement perçues de leurs travaux sont des
B.N.Cl ou des B.I.Cli, payer des impôts, des cotisations
sociales à l’U.R.S.S.A.F et effectuer un dépôt légal sur
leurs phrases ? Ils ne m’ont pas encore dit. J’imagine
que j’aurais une réponse à ces questions existentielles
au prochain épisode.
Plaisanterie à part, le dit Univers étant relativement
bien fait, sauf bien sûr quand il s’agit de mettre en
place une administration dans laquelle il faut un
doctorat d’Harvard en droit, en mathématique et en
économie pour ne serait-ce que comprendre les
intitulés, il existe un certain nombre de techniques pour
se prémunir de certains comportements. Oublions
immédiatement l’encens, les gentilles phrases ou les
gentils « je m’imagine être protégé » qui les font bien
rire, il faut bien que quelqu’un se charge de le dire,
désolé d’être le porteur de mauvaises nouvelles sur ce
coup ; d’autant qu’ils sont passés maître dans l’art de
nous influencer vers les choix qui leur laissent au
maximum le champ libre.
L’intrusion et la manipulation sont des vrais
problèmes. A l’extrême, l’intrusion dans sa forme la
l Bénéfices Non-Commerciaux.
li Bénéfices Industriels et Commerciaux.
164
plus grave et la plus poussée est tout simplement une
possession. Pour s’en prémunir, il faut des solutions
opératives dont on est sûr et certain qu’elles
fonctionnent, et dont on peut vérifier l’efficacité. Une
des techniques assez radicales est le V.E.L.O, dont j’ai
parlé précédemment. En pratique, et après quantité
d’expériences, je peux affirmer sans sourciller un seul
instant que cette technique fonctionne très bien et
qu’elle embête profondément toute conscience,
physique ou non d’ailleurs, au comportement intrusif.
En pratique, quand une conscience, intrusive ou
non d’ailleurs, souhaite établir un lien avec nous, elle
l’établit vraiment. Je n’enfonce pas une porte ouverte
sans raison : en pratique, un véritable lien est créé.
L’inexistence de ce lien correspondrait à l’indifférence
la plus totale, le paroxysme serait une relation
amoureuse très avancée dans laquelle les consciences
peuvent carrément savoir ce que l’autre ressent, même
s’il s’agit de sensations « physiques ». Quand on évoque
quelque chose en conscience, ou quand quelque chose
nous évoque quelque chose, alors un lien est créé. Si
vous lisez un livre de guerre, vous évoquez la guerre,
vous créez un lien avec la « signature » de la guerre. Si
vous lisez un livre de paix, vous évoquez la paix, vous
créez un lien avec la « signature » de la paix. J’ai fini par
comprendre que ce lien est tout à fait réel et qu’il est
incroyablement complexe ; ce qui fait de l’évocation un
concept très loin d’être anodin et sans conséquence.
Evoquez quelqu’un, avant de l’appeler par exemple,
s’il est perceptif, il y a des chances pour qu’il sache que
vous vouliez l’appeler. « C’est marrant, j’étais sûr que tu
allais m’appeler, je pensais à toi justement » : il s’agit
d’évocation. Rien de moins, rien de plus. Si vous parlez
longuement de quelqu’un, et que vous l’évoquez
fortement, qu’il est au centre de votre intérêt, et qu’il
165
est perceptif, soyez certain qu’il sera au courant, d’une
manière ou d’une autre. Si cette discussion est
« négative » par exemple, il pourra sentir clairement
comme une oppression, certains autres symptômes
comme une sensation de malaise très particulière,
parfois certains acouphènes ; s’il est bon, il saura même
d’où ça vient et qui parle de lui avec une bonne chance
d’avoir raison. Tout est une question de discernement
et d’affiner son ressenti, de développer son esprit
critique par rapport à ces perceptions et l’on peut aller
assez loin, mais ce n’est pas parce qu’on a soudain mal
au pied droit que le monde entier complote contre
nous. Il s’agit d’être critique, discernant, d’effectuer
quantité d’essais-erreurs, d’assumer quand on se
trompe, et ainsi de suite. J’aborderai au chapitre suivant
quelques astuces pour affiner ce discernement.
Ce lien peut se briser, mais comme on le remarque
assez rapidement, ce n’est pas la haine qui le brise ou la
négativité, bien au contraire ; c’est l’indifférence pure et
simple, le lâcher prise total, complet et radical. Mais pas
que : quand on effectue une technique comme le
V.EL.O ou toute autre technique qui augmente
fortement la vibration de « l’énergie » ; alors nous
déconnectons presque mécaniquement les liens qui
s’accrochent à nous. En parallèle du V.E.L.O, apparait
d’ailleurs souvent sur notre écran mental les différentes
sources de ces liens, souvent sous formes de scènes ou
d’images. D’où l’intérêt de ne pas se perdre dans ces
imageries, et de poursuivre la technique coûte que
coûte.
L’état vibratoire induit par le V.E.L.O ou une autre
technique est une manière « mécanique » et sure de
protection. Je me suis rendu compte à de nombreuses
reprises que la technique ne déconnecte pas seulement
des liens, elle « repousse » même mécaniquement des
166
consciences non-physiques qui auraient d’aventure une
notion de « l’espace privé » un peu floue… Hors-du-
corps, c’est très efficace. Plus étonnant, même à
l’intérieur du corps, la technique a dans certains cas
tendance à modifier le comportement des personnes
autour de nous.
Mais une intrusion ou une manipulation passe aussi
par l’émotion. Ce n’est pas qu’un lien « d’énergie à
énergie » simple. D’où l’intérêt d’apprendre
convenablement à gérer nos émotions, à les accueillir et
à les reconnaitre mais surtout à en prendre soin avec
beaucoup d’attention. Autant de temps gagné.
Une solide introspection permet de reconnaitre nos
schémas habituels et ainsi de voir ce qui s’en écarte.
Elle permet aussi de mieux connaitre nos brèches, nos
failles, nos différents blocages qui sont autant de
moyens faciles d’accès pour générer chez nous certains
comportements que nous ne cautionnerions pas si
nous étions sereins, pleinement lucides et parfaitement
conscients.
Ne nous est-il jamais arrivés de regretter certaines
choses et de nous dire « je ne me reconnais pas, je ne sais pas
ce qui m’a pris… ». Pardonnons-nous, prenons soin de
nous et dirigeons nous vers plus de lucidité dans nos
actes présents. C’est autant de temps gagné et de
souffrances épargnées. Pas toujours facile et personne
ne peut se targuer d’être parfait sur ces sujets difficiles
sans passer pour un immense guignol cosmique : nous
faisons ce que nous pouvons, et c’est ok.
167
168
UN MILLIER DE BRINS D’HERBE
La trame narrative est un peu inhabituelle, car
certaines thématiques rebondissent sur les chapitres,
sortent du cadre du catalogue linéaire, et, comme je
l’avais introduit tantôt, je mélange volontairement
différentes approches, pourtant, ne vous y méprenez
pas, tout ceci suit toujours une logique claire, nous
sommes toujours entrain d’essayer de répondre aux
questions suivantes : comment augmenter mes chances
pour vivre des expériences hors-du-corps, et comment
augmenter mes chances pour, plus généralement, vivre
des expériences qui débordent du cadre du corps
physique et de ses sens habituels ? Et qu’est-ce que tout
cela implique concrètement ?
On l’aura compris, si j’avais voulu être bien sage et
bien dans les clous, je n’aurais pas écrit un livre sur la
conscience dans lequel j’aborde de telles questions d’un
point de vue très concret. J’aurais un chemin normal,
une vie normale, des idées normales, des amis
normaux, un métier normal. A l’instar du sujet O.V.N.I,
dans notre société actuelle, le chemin de la conscience
hors du matérialisme pudique est un chemin pestiféré
par excellence ; il broie souvent des carrières, inspire le
169
découragement, le mépris des académiqueslii, met en
lumière nos limites, nos failles, nos fonctionnements.
La sacro-sainte ligne rouge, dessinée arbitrairement
avec le si fameux feutre de la dissonance cognitive, du
déni et de la mauvaise foi (le trio gagnant) entre la
subjectivité de ces expériences et leur objectivité,
protège les purs matérialistes des purs tarés et tout va
bien dans le meilleurs des mondes.
Allons bon, reprenez-vous ! Vous venez de lire cent
cinquante pages de non-sens ! De fantasmes ! De
rêves ! De pures hallucinations ! Même si au fond, vous
ne savez pas vraiment définir proprement ce qu’est une
hallucinationliii ni sa nature, je tiens tout de même à
vous apprendre le coeur serré et contrit que vous
déconnez plein tube. Il est encore temps de faire
machine arrière et de demander un remboursement de
ce livre. Allez, ne trainez pas. Foncez à la F.N.A.C au
rayon débunkage des pseudos-sciences à la place. Si
vous ne trouvez aucun bouquin, rédigez des
commentaires haineux sur les pages Facebook des
expérienceurs ! Balancez les pouces rouges sur leurs
h t t p s : / / w w w. n y t i m e s . c o m / 2 0 0 7 / 0 2 / 1 0 / s c i e n c e /
10princeton.html
170
vidéos ! Les mauvais avis sur Amazon ! Trempez votre
plume numérique dans le soufre et insultez-les par
derrière sur des forums obscurs en promouvant l’esprit
critique ! Il est encore temps de sauver l’humanité de
cette ère de post-vérité (l’ère de la vérité, c’était le nuage de
Tchernobyl, le bon vieux temps !) !
Ne vous fatiguez pas à apprendre les mathématiques,
les statistiques, la neurologie ou la physique avancée, ne
vous fatiguez pas à lire les études dans le détail, ou la
littérature spécifique pour établir des comparaisons
rigoureuses, de simples arguments épicés suffiront : « si
ça existait, ça se saurait », « il faut vraiment être fêlé
pour croire qu’on a plusieurs corps », « le cerveau créé
la conscience, c’est prouvé » « Blanke a prouvé que
toutes les O.B.E sont générées par des stimulations
cérébrales », « toutes les études sur la perception
extrasensorielle ont des biais méthodologiques » et ainsi
de suite.
Soyez créatif ! Ne définissez pas vos termes, pas la
peine ! N’entrez pas trop dans le détail, de toute façon,
ça n’existe pas. Le monde a besoin de ces
commentaires construits qui aident tout le monde à
penser clairement dans la joie et la plus pure tradition
scientifique !
Parler et écrire sur la conscience est souvent
déprimant. Ceux qui savent, savent déjà, et ceux qui ne
savent pas vous attaquent. Parfois, ceux qui savent vous
attaquent aussi. Tout nous pousse à ne pas aller voir de
ce côté. Tout nous invite à nous ranger. Tout nous
invite à réprimer ce que nous sommes. C’est déprimant.
C’est fatiguant. On se fait beaucoup d’ennemis, on
crame des carrières académiques… Non… mon
précieux titre… Ma précieuse reconnaissance sociale…
Non… Tout… nous… pousse… à arrêter…
…
171
ALORS ALLONS-Y GAIEMENT ! Le
matérialisme réductionniste est juste une histoire que
certains humains se sont racontés pendant quelques
années. So what ? Elle ne cercle pas le réel, alors on
passe à autre chose. Et tout est ok. Dans ce chapitre, je
vais aborder d’autres types d’expériences, dont
certaines sont un peu moins connues que l’expérience
hors-du-corps. Certaines peuvent être vécues avec
plusieurs expérienceurs, ce que je recommande bien sûr
chaudement. Des perceptions croisées sont toujours
très utiles. Bien sûr, elle permettent de nous rassurer
quand à nos propres ressentis. Percevoir que notre
partenaire sort de son corps, puis le confirmer à son
retour, ou bien vivre une sortie hors-du-corps partagée,
percevoir une présence non-physique à plusieurs,
partager des résultats de séances de remote-viewing
entre amis, vivre et ressentir certains envois
« d’énergie », tout ceci est à mon sens nécessaire et
plante dans tous les cas un énième clou dans le cercueil
déjà profondément enterré de la « subjectivité
totale des expériences de conscience ». Mais les
expériences partagées n’ont pas qu’un but d’auto-
conviction. Elles permettent aussi quelque chose de
fondamental : affiner notre discernement, tailler notre
esprit critique et améliorer la finesse de nos
perceptions. Savoir séparer une création mentale, un
scénario mental personnel d’une authentique
perception est un exercice assez complexe mais
incroyablement gratifiant et extraordinairement utile.
Remote viewing
Commençons par ce qui est actuellement nommé
« remote-viewing » ou vision à distance. Abordons ce
phénomène d’un œil pratique et expérimental. Je vais
considérer ici que le terme remote-viewing fait
172
référence à un phénomène précis : il va s’agir de la
perception, sans décorporation, sans conscience d’un
autre corps, d’éléments situés hors de portée des sens
classiquement décrits comme étant : l’ouïe, l’odorat, le
toucher, la vue, et le goût.
Les protocoles sont très bien décrits dans la
littérature spécifiqueliv. Je vais discuter ici d’une
adaptation pratique de ces techniques, qui mélange en
fait plusieurs approches.
Dans l’idéal, il vous faut un partenaire pour cacher
un objet qui sera la cible. Ce n’est pas, au sens strict,
indispensable, mais cela sera très utile pour multiplier
les expériences et pour des raisons évidentes, nous
n’allons pas cacher nous-même la cible. Ce partenaire
n’a pas besoin d’être dans la même maison, ni même
dans la même ville, ni même dans le même pays, ni
même sur la même planète.
Il faut par contre vous assurer que vous pouvez
communiquer verbalement avec cette personne pour
le « feedback » (ou que vous ayez une photo de la cible, le cas
échéant), le retour, le résultat, indispensable pour la
suite. Si vous n’êtes pas dans la même maison, ceci
implique, bien entendu, que vous faites confiance à ce
partenaire.
Inclure un partenaire peut induire plusieurs biais,
dont celui de la communication interpersonnelle,
c’est-à-dire de manière explicite une communication,
schématiquement, de conscience à conscience, via
notamment le lien que j’ai abordé au chapitre
précédent. Ceci ne pose pas de problème dans le cas
qui nous intéresse ici : il s’agit de faire émerger des
résultats impossibles à percevoir avec les sens
173
classiques. Il est par contre très important que les deux
participants ne soient pas physiquement dans la même
pièce et ne communiquent pas verbalement, ni avec des
bruits, ni avec un téléphone ni quoi que ce soit faisant
appel aux sens du corps humain.
Le troisième élément, c’est qu’il vous faut, de
préférence, un contenant, comme une boîte, de
préférence opaque, qui va séparer la cible des autres
objets.
S’il n’est pas possible de coopérer avec un
partenaire, une cible de prédilection est tout
simplement… la boite aux lettres, car nous ne savons
pas ce qu’il va s’y trouver, nous n’avons pas placé nous-
même le courrier, et la vérification matérielle est aisée.
Vous êtes donc dans une pièce, séparé par vos sens
(les sens classiques) d’une autre pièce, dans laquelle se
trouve votre partenaire, qui a choisi puis placé un objet,
qui sera la cible, dans une boîte opaque.
Cela peut se discuter, mais la première étape est, à
mon sens, une des plus importantes, en terme de gain
de temps et d’efficacité, même si elle va déborder de
l’expérience.
Il s’agit de connaître de manière précise nos
habitudes de pensées, nos schémas de pensées. En
effet, nous allons tenter une expérience qui va faire
émerger dans notre conscience des éléments que nous
allons essayer de verbaliser : ce processus est nettement
plus évident quand on sait, pour commencer, ce qui fait
partie des éléments « habituels » présents sur notre
écran mental.
Cela peut paraitre trivial mais ça ne l’est pas
forcément. S’observer penser est quelque chose
d’immensément instructif et d’incroyablement
productif à faire. Je n’ai pas peur des superlatifs ici, car
c’est vrai, tout simplement.
174
Je vais donc élaborer ce que j'entends par
s’observer penser. Je ne me baserai pas sur des
définitions formelles ou philosophiques mais
simplement sur ce que j’ai expérimenté directement.
S’observer penser, c’est porter son attention sur ses
pensées.
L’attention n’est pas aussi exclusive que l’on peut le
croire, elle peut englober beaucoup d’éléments à la
fois, sans que cela pose de problème. Elle peut
englober nos sens, notre perception, au sens large, de
l’environnement autour de nous, mais elle peut, en
même temps, englober nos pensées, notre état mental,
notre état émotionnel et l’état de cette étrange
« matière » que nous appelons « énergie » que nous
pouvons contrôler.
L’idée, c’est d’inclure systématiquement notre état
mental dans notre attention en plus du reste. C’est
très naturel, nous le faisons parfois, mais l’idée c’est
d’amplifier ce phénomène. Quelles sont mes pensées
précisément, maintenant, là ? Comment je me sens ?
Quel est mon état émotionnel ? Qu’est-ce qui me
passe par la tête ?
Mais, et c’est le point clé de l’affaire, il ne faut pas
s’impliquer, ni dans les réponses à ces questions, ni
dans ce qui est perçu en terme de pensées. Ne pas
s’impliquer est une phrase simple, le faire en pratique,
et le faire vraiment, c’est quelque chose d’incroyable.
C’est un désengagement fort, qui nous désidentifie
de notre personnalité actuelle sans la faire disparaitre ;
c’est un zoom arrière, rien n’est enlevé ou ajouté, rien
n’est touché sur ce qui est observé, c’est « seulement »
notre identification qui s’en va tout naturellement,
puisque nous existons, à ce moment, « davantage »
que pris dans nos pensées. Nos perceptions
s’étendent naturellement, notre lucidité augmente.
175
Par rebond, nous pouvons voir clairement notre
état mental, et à quel point il nous pousse à agir de
telle ou telle manière. Si on essaie de faire ceci tout le
temps, à toute heure, dans toute situation, on en
apprend énormément. Sur l’environnement, et sur
nous même.
La première chose qui se produit, c’est que cela
devient naturel, justement : on n’y « pense » plus. La
conscience est naturellement aussi présente,
caricaturalement, « dedans » et « dehors ».
La deuxième, c’est que les éléments vraiment
inhabituels, extérieurs, deviennent évidents, et
semblent très détachés de l’espace mental habituel. A
titre d’exemple, les personnalités dites intrusives font
littéralement exploser les alarmes et l’on se rend
compte immédiatement quand quelqu’un souhaite
que nous pensions ou agissons différemment, comme
je le mentionnais au chapitre précédent. Mais les
exemples ne concernent pas que les autres personnes,
et c’est de cela dont nous avons besoin ici : faire
émerger des perceptions concernant notre cible, qui
est par définition en dehors de notre espace mental
habituel.
Revenons dans la pièce dans laquelle nous
expérimentons la vision à distance. Je suis dans la
pièce. Je suis habitué à mes pensées, mon état est
calme, mes pensées ne sont pas agitées. Je suis
vigilant, mais pas impliqué non plus. Je n’ai pas
d’attente, pas de but à atteindre. Je n’ai rien à me
prouver. Je n’ai rien à prouver à personne.
A nouveau, je ne choisis pas ces mots au hasard.
En effet, si l’on cherche par exemple à se prouver
quelque chose, il est plus facile de glisser dans un
travers de la méthode, qui est de créer mentalement la
cible. L’idée n’est pas de créer la cible, l’idée, c’est de
176
la voir : en fait, de la percevoir, de la faire émerger
dans notre écran mental, par tous les angles possibles.
Je focalise mon attention sur la cible et pour
commencer… c’est tout. Je laisse venir, j’observe mes
pensées avec attention sans m’impliquer. Y a-t-il des
éléments nouveaux ? Si oui, je les note,
immédiatement, sur un papier. Qu’est-ce que je note ?
C’est une question cruciale. Il faut à tout prix se
séparer du logiciel qui transforme les formes brutes
en idées associées et en objets. Si l’on voit que c’est
rond, et que c’est bleu ; nous notons, c’est rond, c’est
bleu. Nous ne notons pas : c’est une balle bleue. Nous
ne créons pas la cible, nous ramenons des
informations sur elle. Si l’on voit que c’est « comme »
une pomme, ce n’est pas une pomme, c’est « comme »
une pomme. Qu’est-ce qui me fait penser que c’est
une pomme ?
Il faut remonter le fil du logiciel, celui qui associe
tout cela en objet. Celui qui associe une tige en métal
pointue à un couteau, celui qui associe… celui qui
associe tout court.
Je note les éléments qui viennent. Et j’oublie, je
laisse tomber. J’oublie ma cible. Après un temps, je
reviens dessus. Je me pose des questions fermées et
simples, que je peux répéter. Exemple : est-ce que
c’est vivant ? Est-ce que ça me parait vivant ? Est-ce
que c’est mort ? Est-ce que ça me parait mort ? C’est
mort ou pas ? Est-ce que c’est mort ? Oui c’est
mort… c’est plutôt long ou plutôt court ? Non, c’est
plutôt court… ça me parait court… J’ai du bleu, c’est
bleu. C’est coloré ou pas ? Non, ça ne pète pas aux
yeux. Et ainsi de suite… Et on s’arrête net. On oublie
la cible. On y reviendra plus tard.
Le travers, c’est de créer pour avoir les
informations, pour réussir. Ce qu’il se produit, quand
177
on fait cela pour avoir du résultat, c’est précisément
que nous n’avons aucun résultat et c’est bien normal :
nous créons la cible mentalement au lieu de récupérer
des informations sur cette dernière.
Il faut que « ça colle », que le feeling arrive, une
espèce de certitude qui vient s’installer : je sais que
c’est mort, je sais que c’est petit, métallique et rond. Je
n’ai aucun doute là-dessus. Mais il ne faut pas créer
cette certitude, si elle n’est pas là, alors, nous notons :
je ne sais pas, je ne suis pas sûr.
Il faut presque basculer en mode primaire, sans
analyse : je perçois quelque chose qui sort de mon
circuit de pensée habituel, je le note tel quel. Même si
c’est étrange. Même si ça parait dingue ou
inconcevable. On jugera plus tard !
Je reviens sur l’objet après une pause. La pause
sert, elle me parait indispensable, puisqu’à nouveau,
elle permet de marquer encore plus le relief entre
l’état basal des pensées, celui pendant la pause, et
l’état pendant la perception. Plus on creuse le relief,
plus les informations sont claires.
Si je n’ai rien : c’est ok. Je note : « Je n’ai rien perçu
d’autre que mes pensées de d’habitude ». Ou bien : « mon état
mental et émotionnel est strictement inchangé ». Ou encore :
« la cible ne m’évoque rien ». L’idée est d’être précis.
Qu’est-ce que j'entends, précisément, par : je n’ai
« rien » ?
Nous passons au deuxième angle d’attaque. Ce
coup-ci, il va falloir être proche de la cible. Cela n’est
pertinent qu’à plusieurs conditions :
178
- vous n’ouvrez (vue), ni ne touchez (toucher), ni ne
sentez (odorat), la boite ou son contenu en remuant
la boite (ouïe). Il vaut mieux ne pas manger la boîte
aussi (goût) ; ce n’est pas le plus pertinent.
179
Qu’est-ce que je sens ? Comment je me sens ?
Qu’est-ce que la cible m’évoque ? Est-ce que je sens la
moindre différence avec mon état « normal » ?
Absorption
180
peut être un moyen de récupérer de l’information, ou
de se lier à des consciences, ou à la nature plus
généralement. Comment ? Aucune technique
complexe, ni visualisation, ni rituel. Il suffit d’émettre
une intention mentale focalisée d’absorber en se
focalisant sur la cible. Pour que la perception soit
assez claire, maintenir l’intention dans le temps. Nul
besoin de tendre son corps biologique, ni de se
synchroniser avec la respiration, même si cela peut
aider dans un premier temps. Le mouvement est très
naturel. Comme le V.E.L.O, et comme globalement
toute technique liée à « l’énergie », elle peut s’effectuer
hors-du-corps.
181
- quelle sensation perçoit-on quand on essaie
d’absorber « l’énergie » du vent ? De la pluie ? D’un
arbre ? Du sol ? D’un objet quelconque ? Perçoit-on
des ressentis inhabituels ? Qu’est-ce que cela nous
évoque ?
Extériorisation
182
- les deux expérienceurs, tous deux consentants et
informés, se font face à une certaine distance, l’un
extériorisera de « l’énergie » vers son partenaire en
ciblant une zone du corps, l’autre, qui aura les yeux
fermés durant l’expérience, devra percevoir la zone
en question. Les deux débriefent ensuite sur leurs
sensations respectives.
Liaison : métal.
183
nom de psychokinèse, un peu comme tout le monde,
via le bouche à oreille. Mon incrédulité initiale, forte
d’une formation académique standard, était prévisible,
mais comme d’habitude, j’ai voulu en avoir le coeur
net et j’ai essayé par moi-même un très grand nombre
de fois, sans m’arrêter aux échecs du début. Je ne suis
pas allé sur les forums des croyants ou des sceptiques
pour me faire une opinion figée, je n’ai pas juste
essayé deux trois fois : j’ai focalisé l’entièreté de mon
attention sur ce phénomène, des heures entières, pour
en tester la véracité, sans avoir de preuves préalables
que ceci existe ou pas, à blanc, au feeling brut.
C’est bien pour cela que j’écris ce livre. Nous
avons des questions concernant un phénomène
concernant la conscience ? Nous voulons des
réponses ?
N’attendons pas de validation extérieure, nous
avons nous-mêmes une conscience, de l’intention, de
l’attention, oublions ces histoires de maîtres, de
rituels, de drogues, fonçons chercher la matière brute
où elle se trouve sans tergiverser mille ans sur le quai
de la gare pour philosopher si c’est vrai ou pas ou si
les roues du train sont suffisamment rondes.
Explorons, osons nous perdre, osons défricher des
terrains inconnus, osons mettre nos pieds dans la
boue des heures durant sans savoir ce qu’il se passe
ensuite.
Et sur ce coup, j’ai eu de la chance, puisque j’ai
effectivement réussi à avoir des résultats, que j’ai
pu reproduire suffisamment de fois pour me
prouver qu’effectivement, j’étais parfois devant
des phénomènes inexplicables, la matière se
comportant différemment de « d’habitude », violant
ce que je pensais infaillible : la résistance des
matériaux, notamment…
184
Mon tout premier « protocole » se passe ainsi :
j’envoie de « l’énergie », et j’émets l’intention que la
cuillère, que je choisis solide, se torde. J’essaie de me
dire en parallèle qu’en fait, j’ai déjà tordu cette cuillère,
et qu’il suffit simplement que je connecte ce moment
présent au moment où j’ai déjà tordu la cuillère.
Protocole étrange, mais je me fis à mon instinct.
J’essaie de « charger » la cuillère « d’énergie » chaude
et malléable, un peu comme si je voulais mélanger
« l’énergie » de la cuillère à ma propre « énergie »,
comme pour prendre le contrôle d’une extension de
moi-même.
Au bout d’un moment, je perçois une information
qui arrive sur mon écran mental, qui peut se traduire
par : « si tu veux que ça brûle, c’est toi qui doit être le feu »,
suivi de quelque chose d’un peu intraduisible en mots,
une sorte de mode d’emploi « mental ». Je joue le jeu.
J’essaie de faire en sorte « qu’énergétiquement », ce
soit mes propres mains qui soient en feu, et, vu que
j’essaie de me lier à la cuillère, que ça soit la cuillère
qui le soit également. Je m’y prends comme cela,
puisque à ce moment, dans ma tête, la seule manière
de tordre le métal est qu’il soit chaud. Je fais donc
« bruler » mes mains. Rien ne se passe, je perds
patience et je relâche tout. Je regarde par la fenêtre et
mon attention s’accroche ailleurs.
Je réessaie vaguement de tordre, mais je sens que la
cuillère est très souple, et avec un tout petit effort ; je
tord la cuillère en deux, cuillère que je ne pouvais pas
tordre auparavant. Première fracture, qui ne sera en
fait qu’un petit avant-gout des autres fractures.
Ces dernières arrivent peu après, quand je me
rends compte que ce mécanisme étrange peut se
reproduire sur certaines barres de métal que je
n’arrive pas à tordre à la force brute, notamment des
185
barres d’aluminium creuses et rondes de douze
millimètres de diamètre coupées en tranches
d’environ trente centimètres. Une fois ou deux, j’y
arrive sur des seize millimètres.
Je suis blanc comme un linge pendant un certain
temps, et j’ai beaucoup de mal à retomber sur mes
pattes. La dernière fracture se produira quand, sur
certaines fois, le métal se comportera de manière très
étrange, comme s’il devenait d’un coup très souple et
permettait d’étranges torsions, pendant un petit
nombre de secondes, avant de redevenir « froid » et de
nouveau intordable.
Peu de temps après, j’ai perçu un nouveau mode
d’emploi mental. Je tiens à préciser que c’est une
traduction en mots d’informations qui ne sont pas des
mots. C’est également un résumé, donc c’est assez
loin de la réalité, mais je ne peux pas vraiment faire
mieux avec des mots. En vrai, le ton du « message »
est très loin d’être impératif, il faut plutôt s’imaginer
des astuces, dont voici la transcription :
186
Liaison : air.
187
secondes après la fin de l’intention focalisée. Ou a
subitement changé de sens pendant la technique, pour
reprendre son sens initial dès la fin de l’expérience.
Liaison : arbres.
188
fermés, et ouvrant mes perceptions au maximum tout
en essayant de me lier à l’arbre en dessous. Je ne
m’attends à rien, mais rapidement, je vais perdre mes
repères. D’un coup, je me sens attiré par le bas, et je
sens que poussent sous mes pieds des racines
« énergétiques » qui suivent le tronc et viennent loin
dans le sol. A ce moment, je perçois donc que la
sensation habituelle de mes pieds vient de se
transformer en sensation de racines, et ces dernières
s’enfoncent dans le sol !
Gros bouleversement dans mon esprit : ah bon, ce
que je perçois être mon corps… peut… changer ?!
Mais le second bouleversement se produit quelques
instants plus tard, car pour quelques secondes, j’aurais
dans ma conscience un aperçu indescriptible de
l’incroyable toile d’interdépendance que tisse l’arbre
avec son environnement, notamment avec l’herbe sur
le sol. Pour quelques secondes, j’ai vécu… comme
moi, comme un arbre et comme un millier de brins
d’herbe.
189
J’inspire, je suis conscient que j’inspire.
J’expire, je suis conscient que j’expire.
Je compte « 1 ».
190
l’inverse. L’écran mental est plus clair et l’ensemble
des perceptions deviennent plus claires. Notre
conscience des véhicules non-physiques est aussi plus
claire.
Attention : hors-du-corps.
191
de quantifier en Joules des changements d’états. En
pratique, cette « énergie » se comporte bien comme
une substance, une quasi-matière dense, qui possède
un degré d’inertie.
L’inertie en physique représente schématiquement
la « difficulté » à mettre en mouvement un objet arrêté
ou à arrêter un objet en mouvement. C’est-à-dire
qu’hors-du-corps et même dans le corps biologique,
quand on la déplace, elle résiste à ce déplacement. A
ce titre, si on l’extériorise hors-du-corps avec les
mains du corps de sortie par exemple, nos mains vont
partir légèrement en arrière comme repoussées par
une substance plus « dense » qu’elles. Si l’on
extériorise par les pieds, ou par les mains paume vers
le sol, on décolle comme dans les films de super-
héros.
192
« énergie » à lui. L’autre derrière essaie de
« l’accrocher » avec son « énergie » sans contact
physique, pour le faire basculer en arrière.
Mémoire
193
Nulle surprise de se rendre compte alors qu’une
technique de sortie… consiste à remonter la pente de
la mémoire, tout simplement. Car l’on peut aller aussi
loin que l’on veut avec une lucidité infinie, si, lors du
retour, notre expérience se voit feutrée par la biologie,
l’expérience ne pourra pas nous servir une fois de
retour.
J’ai fini par comprendre que la mémoire est liée à
l’évocation, mais ça n’est pas une surprise. Elle se
déroule par grappe, de manière souvent non-linéaire
chronologiquement. Mon hypothèse est que, dans ce
cas précis, les différentes évocations sont « liées » par
leur « signature » énergétique-mentale-émotionnelle et
non par la date chronologique à laquelle ils ont été
perçus et enregistrés. Parfois, le lien entre deux
évocations nous échappe en conscience, mais ce n’est
pas le plus important. L’intention d’évoquer nos
souvenirs de la nuit convoque ces derniers. L’attention
doit alors être maximale et le jugement minimal pour
faciliter l’évocation.
Pour maintenir cette intention dans le temps, il est
parfois utile de tenir un journal, dans lequel on va
méthodiquement noter la moindre évocation, dès le
réveil. On peut trouver sur mon blog une matrice
d’un tel journallvii. Cela force la mémoire, et donc le
lien entre le corps de sortie et le corps biologique, à se
renforcer à ce niveau-là. A terme, le corps biologique
se met à jour et la connexion est plus efficace.
Habituellement, les frictions les plus importantes
lors du transfert sont celles qui ont attrait aux
perceptions qui sor tent complètement des
perceptions biologiques, comme un angle de vue très
https://explorationconscience.files.wordpress.com/2017/01/
lvii
matrice-journal-complet.pdf
194
élargi, ou des couleurs inconcevables, qui seront
traduites plus ou moins bien en se servant des briques
perceptives que le cerveau connait. Aussi des scènes
extraordinairement détaillées et complexes se
verront traduites « à la volée », comme si on
souhaitait compresser une image pour envoyer une
pièce jointe trop volumineuse et qu’on perdait
nonante pour-cent des pixels au passage. Mais cela
aussi, est un entrainement. Et l’on peut réduire cette
« compression », en répétant l’expérience et en
habituant la chair à vivre cela.
Perceptions visuelles
195
La première chose que je remarque, c’est que je
peux, par moments, percevoir certains fils de lumière
comme accrochés à ce fameux « nuage », par exemple
autour de mes mains. Derrière ces fils, je peux parfois
percevoir comme une partie d’une espèce de bulle de
savon, qui déborde de la main d’au moins trente
centimètres. Ces fils de soie et cette « bulle » suivent le
mouvement de la main, et suivent d’ailleurs tout
mouvement, avec une certaine inertie. Très légère
mais présente. Dans la pénombre, c’est encore plus
flagrant. C’est un coup à prendre, il faut défocaliser
son regard de la matière, et poser une intention
d’observer au-delà du physique. Rien d’inatteignable,
il suffit de s’y pencher quelques temps sans attente
particulière et sans idées pré-conçues si possible, et les
perceptions arrivent très naturellement.
Quand on commence à percevoir cette « soupe »
dans laquelle certains filaments se dessinent, on peut
également commencer à percevoir certains visages,
parmi d’autres éléments souvent indescriptibles, qui
ressemblent vaguement à des volutes nuageuses qui se
promènent.
Quand une présence non-physique est là, parfois,
elle semble dessiner dans cette soupe son visage,
parfois plus que son visage. Souvent, quand une
présence est présentelviii, un intense stroboscope peut
aussi se percevoir, similaire à celui que l’on peut
percevoir quand on fait un exercice de type V.E.L.O.
Il se dessine parfois sur un fond de couleur violet.
Pour affiner sa perception, on peut par exemple se
mettre à deux. L’un essaie d’atteindre un état
vibratoire, l’autre essaie de percevoir en « clairvoyance »
ce qu’il se passe. Dans la pénombre, si l’on est un peu
196
perceptif, c’est le festival de lumière. L’autre peut
également extérioriser de « l’énergie » au niveau d’une
certaine zone, sans le dire à l’autre, par exemple entre
les deux yeux, et l’autre doit en clairvoyance trouver la
zone.
Mais c’est aussi faisable seul. Il est par exemple
intéressant de clair-voir pendant que l’on essaie
d’atteindre un état vibratoire par exemple. En général,
dès les premiers stades de l’état vibratoire, on peut
apercevoir comme un cercle de lumière blanche au
niveau de la vision périphérique, qui apparait
ponctuellement et rapidement, avant de disparaitre.
Parfois des flashs ponctuels.
Une autre technique pour améliorer ses perceptions
visuelles est assez directe : il suffit de sortir de son
corps, pas besoin d’aller très loin, et de focaliser son
attention sur un élément non-physique, puis de
revenir tout doucement dans le corps physique sans
perdre la focalisation sur cet élément.
Quand on fait cela, la perception de l’élément non-
physique, reste quelques secondes alors qu’on est
physiquement bien réveillé, comme un hologramme.
Mais pas seulement. J’ai en effet remarqué que ces
allers-retours en gardant le focus sur l’extraphysique
augmentent les perceptions visuelles non-physiques
tout court, même au long terme.
Un jour, une conscience non-physique me faisait
peur alors que j’étais en paralysie du sommeil. Je la
voyais bien. Une fois de retour au corps, bien réveillé,
je la percevais encore, mais sous une forme
« fantomatique », sa tête était encore assez définie
mais le reste de son corps était nuageux et s’arrêtait en
dessous du tronc. Voilà donc, d’où viennent ces
histoires de fantômes. Mais s’attendait-il à ma réponse
à coup d’extériorisations bien senties et d’états
197
vibratoires induits ? Non, je ne le crois pas. Est-il
revenu m’embêter dans la nuit ? Non, je ne le crois pas
non plus.
Le lien entre le corps de sortie et le corps
biologique est tout à fait fascinant. Prendre le temps
de clair-voir et d’ouvrir ses perceptions au maximum
pendant une sortie, pendant le décollage ou le retour
nous en apprend énormément sur ce lien, et sur la
manière dont les informations circulent entre les
deux.
Formes : hors-du-corps.
lixOu bien vous êtes très patients ou bien vous êtes un alien.
Dans ce deuxième cas, contactez-moi s’il-vous-plait, cela serait
bien urbain de votre part.
198
intention focalisée, soit fixer droit dans les yeux la
conscience et essayer de sonder si la signature est « la
bonne » dans le cas d’une personne que l’on connait,
soit dans certains cas extérioriser de « l’énergie »
directement vers la conscience. Cela peut forcer
l’autre à prendre sa forme la plus « habituelle » et ôte
son masque. Surprises garanties…
On peut changer sa forme, mais l’on peut aussi
créer « ex-nihilo »lx des formes. Dans ce cas, elles
porteront notre signature et seront aussi solide que
l’intention qui les a créé, dans la plupart des cas. Dans
un environnement malléable, la pensée créé
immédiatement beaucoup d’éléments. Si la lucidité est
faible, on peut même considérer cette création
comme une sorte de rêve tangible, car une autre
conscience qui passerait par là verrait sans problème
les éléments de votre rêve. Cela m’a surpris au début,
car je ne m’attendais pas à cela. Ma première
rencontre avec un tel « rêve » s’est produite au cours
de mes premières sorties lucides. Arrivant à
m’extirper hors-du-corps, j’ai pu analyser en détails
comment le rêve d’une personne pouvait modifier
l’environnement non-physique d’une manière assez
drastique. Dans ce cas, elle parvint même à faire
arriver de la neige parmi d’autres éléments qui
évoquaient une célèbre série dans laquelle un certain
hiver est entrain d’arriver. Elle semblait pourtant
complètement non-lucide et complètement absorbée
dans son histoire. Mais cela ne lui posait pourtant
aucun problème pour modifier sérieusement son
environnement.
199
Ceci m’a beaucoup questionné : si l’on modifie
notre environnement non-physique hors-du-corps
même quand on n’est pas lucide, cela veut-il dire que,
là, au présent, incarnés, nous modifions notre
environnement non-physique avec nos pensées et nos
rêveries ? La réponse est pour moi sans aucune
ambiguïté possible : oui. Nous créons sans cesse.
Notre intention et notre attention sont deux pouvoirs
absolument considérables. Et nous modifions aussi,
avec l’inertie que nous lui connaissons, notre
environnement physique. L’introduction de ce livre
fait alors sens. Toucher à qui nous sommes, toucher à
notre degré de lucidité change vraiment la donne.
200
201
202
HOME SWEET HOME
Je vais effectuer la dernière entorse à la linéarité
chronologique de ce livre en me servant de deux
expériences personnelles, pourtant séparées
chronologiquement d’une paire d’années, comme base
d’une dernière réflexion, et non des moindres :
pourquoi suis-je ici ? Quelle est ma place dans
l’univers ?
Avant de commencer, j’aimerais terminer d’achever
mon ingrate tâche de croque-mort en plantant mes
derniers clous dans le cercueil d’une impasse qui
prend ici la forme d’une question : « quel est le sens
de la vie ? ».
Avant même d’essayer d’y répondre, voyons
pourquoi elle nous enferme déjà. « Quel est » sous-
entend qu’il en existe un, mais la subtilité n’est pas ici :
cette question sous-entend qu’il existe un sens général,
qui vaudrait pour tous, « le » sens, « the » meaning. Il
existe actuellement une espèce d’animaux qu’on
appelle humains, qui compte plus de sept milliards de
têtes, mais il existe des millions d’autres espèces.
Ces milliards d’êtres partagent une caractéristique
commune, ils sont dit « vivants », ils font partie de « la
vie ». Il faut être soit ignorant soit économiste pour
omettre ce fait. Répondre à une telle question signifie
203
que nous aurions, dans une sorte de téléchargement
divin dopé à la fibre optique, eu une réponse claire et
non-ambiguë qui concernerait précisément le sens de
l’existence « global » de l’intégralité des milliards
d’êtres vivants. Une réponse, on l’imagine, inclusive.
Ou bien on peut légitimement penser qu’il est
impossible de tracer des concepts mentaux aussi
complexes, et ainsi se borner à essayer de répondre à
une question, plus spécifique, mais plus abordable :
quel est le sens de ma vie à moi ? Que l’on peut
reformuler par « pourquoi suis-je sur Terre à ce
moment ? ».
Beaucoup de groupes de pensée se sont appropriés
la question, y ont sur-imposé un système organisé de
croyance, et la servent aux élus par petite dose. Il est
assez amusant de voir que le seul but de ces groupes
systématiquement fortement hiérarchisés est le
pouvoir, car faire miroiter des réponses claires à des
questions si cruciales est un moyen simple et séculaire
de contrôle.
Je prétends de mon côté qu’il n’y a besoin
d’aucune institution, aucun argent, aucune règle,
aucun rituel, aucun maître pour aborder cette
question et y répondre avec son expérience
personnelle.
Il y a quelques années, je ne pensais pas que l’on
pouvait avoir des réponses claires et non-ambiguës à
ces questions, autrement dit des expériences. Je
pensais qu’on pouvait seulement se fier à notre
intuition. J'entendais et lisais ça et là les récits de vies
antérieures et me disait : « alors, c’est tout ? Juste des
humains qui ont eu des vies d’humains ? ». Ce tableau
me paraissait simple, trop simple. Pourquoi enchainer
des vies ? Pourquoi personne ne se rappelle de l’entre
deux-vies ? Les gens enchaînent juste les vies comme
204
ça, ils meurent et une milliardième de nanoseconde
après ils s’incarnent ailleurs sans se souvenir de rien ?
Cela entrait en conflit avec une idée pourtant affirmée :
ces incarnations servent à faire évoluer la conscience.
Cela ne me paraissait pas logique. Comment est-ce
qu’on évolue si on n’a aucune période entre les vies ni
aucun souvenir ?
Sans mentionner une chose importante. Il y a, dans
notre système solaire, une étoile. Dans notre galaxie,
il y a des centaines de milliards d’étoiles. Dans
l’univers connu, des centaines de milliards de galaxies.
Alors quoi, absolument personne ne vient jamais
d’ailleurs et personne ne part ? La Terre est en circuit
fermé ? L’argument massue des adversaires
inexpérimentés des théories de la réincarnation est
toujours le même : « d’où viennent les âmes si le
nombre de terriens augmente ? », souvent envoyé avec
le même sempiternel sourire condescendant de celui
qui a pigé, celui qui a trouvé la faille ! Il l’a eu ! Il a
trouvé la brèche dans la matrice ! Héhé ! Il n’y a
aucune autre explication possible ! Je vous ai bien eu,
spiritualistes ! Retournez au moyen-âge avec votre
dualisme cartésien !
Parfois, on se force à écouter ces arguments, on se
dit qu’il faut bien qu’on écoute des gens avec qui on
est en désaccord, que cela nourrit la réflexion parfois,
mais au final, c’est un peu comme boire le café froid
qui a trainé dans la cuisine, on le boit et on se dit « ça
n’a plus de goût, ça ne sert à personne, pourquoi je
m’inflige ça ? ». Mais surtout, je souris en coin, car
j’aurais très bien pu avoir ce genre d’arguments il y a
quelques années, et j’aurais eu ce même sourire
condescendant, moi aussi, j’aurais pensé avoir trouvé
la faille, avoir cerclé le réel grâce mon intellect et à ma
logique.
205
Mais la réalité est venue me rappeler que j’avais
tort, sans aucune ambiguïté possible. Elle est venue
me rappeler que, concernant la conscience, la logique
sans expérience dessine une boucle mentale, elle
opère en vase clos. Et elle est aussi venue me rappeler
que non, la vie, ce n’est pas que des humains qui ont
vécu une vie en Egypte antique en tant qu’esclavagiste
ou esclave. Ce n’est pas si simple. Avec tout le respect
que je dois aux anciennes civilisations humaines, je
dois dire que j’ai été assez ravi d’un pareil rappel. Il
existe en effet des personnes qui se souviennent d’un
entre-deux-vies, qui se rappellent de leurs intentions,
et il existe des personnes qui se souviennent sans
ambiguïté possible d’avoir été autre chose qu’un
humain. Et tout est ok.
La première expérience que je souhaite raconter
pour illustrer ces réflexions est une expérience de
voyage hors-du-corps. Bien qu’assez courte, elle fut
une des plus intenses à ce jour.
Brisant un rêve lors d’une froide nuit d’hiver, je me
retrouve bien au chaud sous la couette, dans cet état si
particulier entre la veille et le sommeil. Je décide de
sortir. Sans technique particulière, j’émets une forte
intention mentale de sortir de mon corps, j’arrive à
me décrocher sans difficultés. Je me redresse et…
pour une raison bien étrange, ma tête commence à
tomber en direction du sol, comme si elle pesait plus
que le reste. Je commence à chuter vers le sol. Je ne
peux plus bouger.
D’habitude, quand cela m’arrive, j’essaie de
me débattre, d’effectuer certaines techniques
« énergétiques », comme un V.E.L.O ou une
extériorisation pour m’alléger, ou encore essayer de
me secouer. Mais cette fois-ci, j’aborde différemment
le problème : en fait, il n’y a aucun problème. Je
206
décide de lâcher prise intégralement. Je retrouve ma
liberté de mouvement et j’arrive à traverser le mur
sans difficultés.
Au lieu de trouver le décor habituel du jardin, je
me retrouve dans un endroit très beau, la lumière est
magnifique. Ma pensée est rapide, fluide, efficace,
directe. Je ne ressens aucun danger, aucune agression.
Je ressens une sécurité incroyable, ce qui me fait
réaliser sur le moment que ce que j’appelle sécurité
sur Terre est un vague concept assez flou par rapport
à la sérénité que je ressens maintenant. Ma lucidité est
très présente, ma mémoire fonctionne rapidement. Je
sais où je suis, d’où je viens. Je sais exactement ce qui
devrait se trouver à cet endroit, mais je suis d’un autre
côté absolument ravi d’être dans ce décor vallonné et
merveilleux.
Je n’ai qu’une idée en tête : voler, reprendre ma
liberté. Je décide de décoller et c’est fascinant, je ne
ressens pas de gravité, mon corps de sortie est léger,
et je décolle très facilement à une grande hauteur.
Wow ! J’explore, mon regard se porte en contrebas, et
je n’ai pas d’autres mots, c’est magique. Et
complètement différent de ce que j’ai l’habitude de
vivre en sortie, vraiment complètement différent.
Cet état me fait prendre un recul très important
par rapport à ce que je vis sur Terre. Je réalise d’un
coup qu’il existe une infinité de formes de réalités
possibles, et parmi elles, des réalités, comme celle où
je suis actuellement, vraiment plus sympathiques que
la Terre, dans lesquelles mes « capacités », ma pensée,
ma lucidité, ma mémoire, mon bonheur se déploient
dans toutes les directions, laissant sur le bord ce que
je croyais être « moi ».
Je réalise sur le moment que la Terre et son
expérience dans la dimension physique, n’est qu’un
207
grain de sable, un bout infiniment nanoscopique de la
réalité, qui n’a pas plus d’importance qu’un autre, dans
lequel nous jouons au théâtre, dans lequel nous
jouons à croire un maximum à nos rôles, notre
position, notre « fonction », notre personnalité.
Un grain de sable dans lequel nous jouons
consensuellement à faire comme si tout ce qui se
passe sur Terre était extraordinairement important.
Quel vertige de réaliser que nous pourrions, nous
toutes et tous, changer les règles du jeu.
Un grain de sable dans lequel nous jouons à ceux
qui avons compris, ceux qui savent comment ça
marche. Comment ai-je pu un jour extrapoler mes
découvertes et ma compréhension ? Je n’observe
qu’une population : l’humain, que sur une
« dimension », et sur une seule planète, la Terre.
Le vertige de réaliser que je ne comprends rien,
que je ne sais rien. Le vertige de réaliser qu’un jour,
j’ai cru comprendre et englober la réalité grâce à mes
concepts. L’immensité s’ouvre et mon mental n’arrive
même pas à accrocher un petit bout de ce qu’elle est.
Il ne comprend même pas le mot. A la place, il
superpose un ensemble de concepts confortables, de
prêts-à-penser, de by-pass qui savent se faire oublier,
par confort, un ensemble qui me fait croire que je sais
beaucoup de choses alors que je ne sais rien, un
ensemble qui me fait croire que je suis important,
intelligent, au sommet de l’évolution, alors que je ne le
suis très clairement pas. Même pas un peu.
Le « paradoxe » s’installe, d’un côté, ce qui se
passe sur Terre semble important, d’un autre, ce
n’est qu’une infime poussière nanoscopique
majoritairement peuplée d’inconscients violents et
hautains parmi une immensité inconcevable. Une
sorte de curseur se dessine de la croyance forte, de
208
l’identification, à nous-mêmes, à des groupes
d’humains, à des idées, de l’engagement puissant, vers
le désengagement, la « désidentification », vers lequel
paradoxalement le sentiment de conscience, le
sentiment d’exister ne fait que croître. Il ne tient qu’à
moi de bouger le curseur dans telle où telle direction.
La deuxième expérience prend place une paire
d’années plus tôt. Elle signe en réalité le début d’un
processus de remémoration qui s’étalera dans le
temps, et se poursuit encore actuellement.
Nous sommes un jour de décembre, je suis à
Londres à un stage de l’International Academy of
Consciousness avec mon ami Marc. Le stage est
intense, nous avons peu de pauses, et elles sont
courtes, mais quand nous en avons une, au lieu de
profiter d’un café chaud dans une salle trop petite et
trop calme pour les originaux que nous sommes alors,
nous courrons à grandes enjambées dans les froides
rues de Londres pour visiter en express la ville, mais
surtout pour rire.
C’est la dernière journée de formation. Nous
sommes tous allongés sur nos matelas, en plein
exercice pratique pour provoquer une sortie hors du
corps. Il s’agit de visualiser une porte, avec le
maximum de détails possible, puis il s'agit d’essayer
d’ouvrir cette porte et ainsi sortir de son corps.
Après quelques exercices « énergétiques » de
routine, nous nous lançons. Je n’aime pas du tout les
exercices de visualisation, mais j’essaie de m’y fixer.
Pour me simplifier la tâche, je choisis une couleur
facile : le blanc. J’essaie de visualiser avec beaucoup de
détails une porte blanche. Poignée métallique
classique, une porte la plus simple possible, pour que
j'ai le moins d'efforts à faire. Pour finir de me simplifier
la tâche, je visualise un couloir blanc, à la Matrix.
209
J'observe ça un moment, consciencieusement, bien
déterminé à ce qu'il se passe quelque chose. J'essaie au
maximum de fixer ma conscience dans cet endroit.
Après quelques instants, je décide finalement de me
lancer et d’ouvrir cette porte.
Puis cela apparait. Immédiatement. Sans préambule.
Le décor derrière cette porte emplit quasiment tout
mon espace mental, d'un seul coup. Je n'ai pas que la
vue : je ressens une forme de vertige, j’ai peur de
tomber en contre-bas. Impressionnant. Je suis déjà
très surpris, je n’ai jamais expérimenté une chose
pareille. Ce n’est pas du tout comme quand on
imagine une scène, vaguement, dans notre tête. Je suis
sidéré. Comment est-il possible d’être inondé en
pleine journée d’une réalité différente de la réalité
terrestre sans sortie hors-du-corps ? Pourquoi tout
cela est-il si réel, si prenant, si impressionnant ?
Je suis peut-être à vingt ou trente kilomètres au-
dessus d’une cité. Je suis dans les airs. Il n’y a aucun
nuage, la vue est splendide. Je suis trop loin pour voir
les habitants, mais ce que je peux dire, c'est que
l’ensemble est assez compact. C'est un assemblage de
formes relativement carrées beiges, que j'assimile à
des habitations, reliées par des rues.
La porte a, depuis, disparu. J’émets une intention
très puissante de fixer ma conscience ici. Plusieurs
raisons. Premièrement, j'ai envie d'explorer. Je m'y
sens bien. Deuxièmement, je… reconnais. C'est au
départ assez lointain, mais j’ai l'impression sous-
jacente que je suis simplement entrain d’observer
quelque chose que je connais très bien. Je garde ma
concentration. Je n’ai aucune envie de retourner « sur
Terre » pour l'instant. Je veux en savoir plus.
Au centre, une avenue plus large que les autres. Ce
qui me frappe le regard surtout, c’est la place
210
circulaire avec un énorme cristal pourpre au centre.
L’ensemble me stupéfait : je ne suis pas hors du corps,
je le sens parfaitement, ces images-sensations arrivent
en parallèle de la conscience classique de tous les
jours. Simplement, le variateur est comme tourné à
quatre-vingt pour-cent vers cet endroit.
Le plus étonnant pour moi à ce moment, c’est que
je reconnais cette ville. Je reconnais l’endroit, il me dit
quelque chose. Un peu comme si je retournais dans
un lieu de mon enfance. J’ai l’impression que ce lieu
est très lié à mon histoire, mais cela reste mal défini.
Je décide de poursuivre là-dedans, et d’accrocher un
maximum ma conscience dans cet endroit. Je suis
toujours en haut ; des éléments supplémentaires
m’arrivent.
Des images m’arrivent en pleine tête, des scènes se
déroulent. En premier, je vois les alentours proches.
Une chaîne de montagne, et derrière une sorte de
plage, puis l’océan. La ville est encerclée par des
couches de dômes, j’en vois au moins trois. M’arrive
en un instant l’intuition suivante : c'est le cristal qui
émet les dômes.
Puis viennent les rues, les maisons, la technologie,
puis finalement les habitants. Pas seulement la vue, je
sens le sol sous mes pieds !
Deuxième fracture dans mon esprit : ces habitants,
je les ai déjà vu en sortie hors-du-corps plus tôt dans
l'année, dans ce même décor. Dans cette sortie, j'étais
dans l'avenue principale, et j’avais été très surpris de
l’endroit mais surtout de l’amabilité et de la gentillesse
subtile presque surréaliste de ces habitants, qui ne
faisaient aucun état de mon apparence humaine.
La ville est remplie de créatures humanoïdes très
différentes. Une espèce est plus représentée que les
autres en nombre. Bien qu’ils aient deux pieds, deux
211
jambes, et une tête avec deux yeux, ce ne sont
clairement pas des humains. Leur corps est vert foncé
et très fin, leurs doigts sont allongés et plus longs que
ceux des humains. Leur crâne n’est pas disproportionné
mais plus anguleux, plus rectangulaire qu’un crâne
humain, ils n’ont pas de cheveux, les yeux sont noirs
presque luisants, leur bouche est fine. Ils n’ont pas l’air
habillés ; ils n’ont pas l’air sexués non plus. Ce sont des
gens fantastiques et extraordinairement chaleureux. Je
décide de sonder et d’investiguer encore plus loin.
Et puis cela m’arrive en pleine face. Je connais ces
gens, et eux me connaissent très bien, puisque... j’étais
avec eux avant de venir ici sur Terre. Ces gens
connaissent mon caractère mieux que n’importe qui sur
Terre ; logique, ils ont le même. Je comprends en un
éclair le pourquoi et le comment de ma personnalité ici
et maintenant, de toute ma vie physique actuelle. Le
patchwork actuel qui constitue ma personnalité : j'en
reconnais les pièces. La perspective qui se dessine est
intense et imprévisible : le genre d’expérience qu’on ne
peut pas anticiper intellectuellement, car elle met en
lumière l’articulation et la structure même de notre
personnalité autour de laquelle la pensée tourne…
C’est intraduisible, car il faut se servir des outils de la
pensée pour décrire ce genre d’expérience ; la seule
expression qui ne trahit pas trop ce vécu est « zoom
arrière », un peu comme si, avec une perspective plus
large, l’on peut soudain comprendre certains éléments
qui nous paraissaient auparavant dénués de sens
concernant notre propre existence.
212
Par moments, j’ai quelques sensations de mon
corps physique : ma tête est en ébullition complète et
je sens beaucoup de sensations « énergétiques » ; dans
ma tête et à certains endroits de mon corps.
Le plus incroyable arrive en suivant : dans le flash
qui arrive ensuite, je suis avec mon… corps de
l’époque. Non humain ! Je vois mes bras, qui ne sont
que des petites tiges vertes foncées. Je suis avec plein
d’autres gens, tous très différents. Nous voyons la
Terre en contre bas. Magnifique planète vue de loin,
c'est indéniable. Un humain qui semble avoir la
cinquantaine, aux cheveux et à la barbe grisonnante,
nous montre ce qui se passe sur Terre. Il nous envoie
comme des blocs de pensées-images-sensations, il est
très clair que les images viennent de la Terre, et qu’il
en a fait une sélection. C’est l’horreur absolue. Je vois
une femme enceinte se faire frapper par un homme,
peut-être à mort. Ce n’est qu’un exemple parmi
d’autres horreurs. Il y a aussi des scènes de vie plus
neutres. Mais l’horreur marque la conscience.
Nous sommes tous profondément touchés par ces
émotions. Personne n’ordonne quoi que ce soit. Je
comprends que cet homme cherche… quelque chose
comme des volontaires. Mais il ne le demande pas, il
ne force pas, il n’incite pas. Il montre, et nous
réagissons, et nous réfléchissons. Que faire de ces
images ? C’est intenable. La violence de l’histoire et
notre condition à tous, beaucoup plus libre et surtout
non-violente, entraine un phénomène particulier. Sur
le moment, je l’assimile à un phénomène quasi
osmotique. Il s’agit pour nous, si on le souhaite, de se
rendre sur Terre, simplement pour essayer, non pas
forcément de « faire », mais d’être, de manière
complètement volontaire et qui plus est gratuite - on
ne m’y reprendra pas, à accepter des contrats aussi
213
difficiles pour pas un rond. Non pas pour effectuer
une mission d’envergure récompensée ; simplement
pour être là et essayer de faire quelque chose, si l'on
peut, si l'on veut. Mais surtout d’être là… Tout
simplement. Nous nous sentons attirés vers la Terre ;
non que la situation qui y règne nous attire, mais il
nous semble pouvoir avoir une certaine influence.
De ce point de vue, il parait insensé que des êtres
au fond si semblables à nous agissent de la sorte une
fois sur Terre. Prendre un corps physique est-il
synonyme d'agir violemment nécessairement ? Non,
bien sûr. C’est autre chose.
Malheureusement les flashs s’arrêtent là pour
l’instant et je n’aurais pas la suite. Elle se dessinera
doucement au cours des années suivantes, dans
lesquelles j’aurais, parfois, rarement, une pièce
supplémentaire qui viendra s’ajouter. Je découvrirai
aussi qu’une partie de mes amis non-incarnés
viendront parfois m’aider, ces amis à la signature
reconnaissable parmi mille, l’énergie de la « maison »,
tout simplement. Home sweet home…
Et nous y voilà enfin. La dernière étape du livre est
ici, initiée par ces deux expériences. Rappelons-nous.
Pour vivre des expériences hors-du-corps, ou bien
améliorer nos perceptions, il faut augmenter la
proportion d’éléments favorisants, et réduire la
proportion d’éléments inhibants. Au cours des
chapitres précédents, nous avons vu, au travers de
différentes réflexions et récits d’expériences, certains
éléments pouvant favoriser la survenue de telles
expériences. Il est désormais temps de terminer ce
bout de chemin en abordant certains éléments qui
peuvent les inhiber. Qu’est-ce qui nous empêche de
sortir hors de notre corps, qu’est-ce qui limite nos
perceptions ?
214
A l’analyse, un facteur inhibant central, si ce n’est le
facteur inhibant central, est l’identification à trois
éléments :
*
Je laisse mes souvenirs émerger. Qu’est-ce que je
sens ? Ai-je l’impression de reconnaitre certaines
personnes que pourtant je n’ai jamais vu auparavant ?
Ai-je l’impression d’être parfois immédiatement « sur
la même longueur d’onde » qu’un parfait inconnu ?
215
*
J’inspire, je me désengage.
J’expire, je suis libre.
216
*
217
218
EPILOGUE
Nous sommes fin septembre 2018, tard dans la nuit.
Je suis encore debout, dans ma chambre, à pianoter
sur mon ordinateur. Mon attention est attirée en une
fraction de seconde vers la lampe de ma chambre.
Avant même que je comprenne quoi que ce soit, mes
yeux se sont tournés mécaniquement vers cette
lumière.
Je réalise : la lumière, qui éclaire normalement un
blanc chaud constant, vient, pendant une fraction de
seconde, de passer au vert-bleu avec une forte
intensité ; comme un flash. Je sors mon casque des
oreilles. A ce moment précis, je ne comprends pas ce
que cela vient faire là. Ça n’était encore jamais arrivé.
Des baisses de tensions ou des coupures de courant,
ce n’est pas si rare, et cela s’explique très bien, mais un
flash de ce type, jamais dans cette maison dans
laquelle je suis depuis plus d’une année maintenant.
Le temps extérieur depuis des jours est au beau fixe,
et aucun orage n’est en cours ou prévu.
Mes questionnements concernant l’état du réseau
ne traineront pas. Je commence à percevoir des sortes
de courants d’air froid qui semblent comme « entrer »
dans ma peau. Aucun ventilateur n’est allumé, les
fenêtres sont évidemment fermées. Une densité
s’installe. Je « sonde » avec « l’énergie », c’est-à-dire
que je tente, via de légères extériorisations, de me lier
à la source de la densité afin de ramener des
informations : c’est le premier réflexe que j’ai mis en
place au cours des dernières années en pareil cas.
Je perçois que c’est une présence qui est là. Je suis
épuisé, et plus tellement productif à cette heure
indue, comme disent les personnes extrêmement
âgées, comme par exemple les personnes de plus de
219
trente anslxi. Je m’en vais me coucher et essayer
d’ouvrir davantage mes perceptions, d’être plus
attentif pour comprendre de quoi il s’agit.
Dans mon lit, je perçois à nouveau ces touchers
« froids ». Je place mon avant bras perpendiculaire au
lit, pointant le mur. L’être prend ma main. Frissons
mais joie. La « signature » est reconnaissable entre
mille. Je sens ma main se déplacer comme si l’être me
serrait la main. Bien que je ne vois rien, je sens une
véritable main, bien que non-physique, quasiment
matérielle. Je sens des doigts, une poignée de main. Ce
n’est pas la première fois. Je ris intérieurement, je
trouve ça drôle. Comme un médecin qui serre la main
de son patient pour le saluer, avant de lui faire une
piqure :
220
essayé de mettre en place différentes manières de
communiquer. C’en est une. Je n’effectue pas de
techniques comme le V.E.L.O ou d’une quelconque
technique de protection et / ou je ne bloque pas car à
ce moment :
221
« vivant », notre définition de « relation » et notre
définition de « communication ». Je sens ma main se
plier toute seule, comme si une autre main fermait la
mienne doucement et gentiment, comme pour
attraper un stylo. Je me dis : tiens, et bien voilà, nous
pourrions peut-être communiquer ainsi, ou avec un
ordinateur, et cette conscience essaie de me prévenir
que c’est ainsi que nous pourrons parler.
Je me relève, part dans mon bureau, attrape un
stylo, un cahier, et reste en éveil. Mais rien ne se passe,
je sens pourtant toujours la présence. J’ouvre mon
ordinateur, idem, rien. J’ai du mal comprendre. Je
retourne au lit.
La présence attrape à nouveau mes mains. Puis je
sens des manipulations qui commencent au niveau de
mon corps. Notamment au niveau de mon cerveau, je
sens quelques « pointes » épisodiques. Rien de
douloureux, mais cela se sent très clairement,
impossible de passer à côté.
Dans mon esprit, j’essaie au maximum de
communiquer. J’envoie un million de questions
mentales. Parmi elles :
222
je ne sais pas, venez me cherchez en vaisseau pour
faire un tour, au moins, je prendrais des photos ou au
retour je pourrais écrire sûrement un bouquin et
passer pour un gros fou pour une grande majorité des
humains… La vie de rêve, j’imagine…
Je n’aurais donc aucune réponse à mes questions,
en tout cas, aucune perçue, ni aucune image. Mes
tentatives d’observer dans la pièce en « clairvoyance »
ne fonctionnent pas non plus.
Puis soudain, cela change. L’atmosphère change
d’ambiance. Je comprends que quelqu’un d’autre est
là. La communication va alors être très différente.
Premièrement, le calme arrive dans la pièce. Un
calme indescriptible. Puissant. Un calme très
bienveillant, très apaisant, très serein. Une image
s’impose immédiatement dans mon esprit, une femme
sans âge, au visage quasiment humain malgré une
peau bleue clair ; aux cheveux noirs ondulés, porte
une robe qui me semble verte et bleue qui laisse
apparaitre ses épaules.
Son calme est extrêmement profond, je n’ai jamais
ressenti cela : j’en suis entièrement formel, sans
aucune ambiguïté possible. Je ne savais même pas cela
possible d’être calme à ce pointlxiii. Imperturbable
c’est un mot beaucoup trop faible par rapport à ce
que je perçois ici. C’est un calme transperçant,
communicatif, et extrêmement intense. Une espèce de
nappe de calme s’est installée, en fait, je pense que le
mot exact est : sérénité. J’ai l’impression qu’elle est
tellement sereine que rien, absolument rien ne
223
pourrait perturber son état. L’adjectif le plus proche
qui me vient pour le décrire est « profond », un calme
tellement, tellement, tellement profond.
Ce qui me surprend davantage, c’est que ce calme
m’a tellement apaisé que je ne ressens même plus le
besoin d’harceler quiconque avec un milliard de
questions. Je suis serein. Je freine le débit…
Des phrases mentales vont affluer dans mon
esprit. Je n’entendrais pas avec mes oreilles, mais je
perçois des pensées de type « phrases » (mais
accompagnées d’une complexité que je ne peux pas
raisonnablement traduire) qui sont exprimées avec une
voix de femme, une voix qui parlerait très calmement
et avec une bienveillance et une sérénité immenses.
J’essaie de traduire avec des mots :
Immédiatement après :
224
Je m’attends à ce qu’elle me réponde que l’histoire
vient d’eux, et que nous en parlions mais… Elle me
répond très simplement et à nouveau sans aucune
ambiguïté possible :
« Non. »
225
surtout… je ressens un feeling assez indescriptible que
l’on ressent quand on fait exactement notre plan,
quand on est exactement à notre place… c’est à
nouveau très dur à décrire. Je dis mentalement :
« Merci »
Elle me répond :
226
depuis deux années de contact plus ou moins réguliers.
Je me sens si bien, je sens que je suis exactement à ma
place, que je fais exactement ce qu’il faut, que je fais
mon plan, et que tout va bien, le tout baigné dans une
stabilité incroyable et une clarté mentale rare. Ouf ! Ce
n’est pas tous les jours que je me sens ainsi. Je profite à
cinq mille pour-cent de l’instant.
Progressivement, je ne sentirai plus rien, la densité
s’évaporera, je ne sentirai plus aucun contact. Pendant
quelques instants, je métaboliserai ce qu’il vient de se
passer. Je finirai par m’endormir, sans souvenir de ce
qu’il s’est passé pendant la nuit.
227
partager le peu que j’ai compris : le monde dépasse ce
qu’on imagine de lui. Nous sommes actuellement
baignés dans des sociétés humaines directement ou
indirectement très violentes envers elles-mêmes ou
envers la planète de manière générale. La violence est
tellement permanente et quotidienne qu’on ne
l’appelle même plus violence, on l’appelle « la vie », on
dit « c’est la vie ».
On tente parfois de poser des mots que l’on ne
comprend pas tout à fait ou qu’on utilise seulement
quand ça nous arrange, comme le karmalxvi, on essaie
de généraliser le sens de « la vie », bref : on essaie de
justifier comme on le peut l’immensité de la violence
et de l’injustice que l’on doit digérer chaque jour, du
moins la part restante après le passage du déni. Mais
l’humain sur Terre et son fonctionnement actuel, ni
même le fonctionnement des autres espèces, ne
représentent « la vie » dans son ensemble. L’humain
est juste une petite espèce adolescente qui s’est écrit des
règles temporaires qu’elle suit elle-même en fonction de
ce qu’elle croit savoir à un instant t. Elle est une
fraction nanoscopique de la vie, sur une planète avec
des millions d’autres espèces. La Terre est belle, mais
c’est juste une toute petite planète, une fraction de
La règle avec le karma, c’est que c’est toujours pour les autres.
lxvi
228
grain de sable infinitésimal dans l’immensité de
l’univers. L’univers que l’humain perçoit, avec son
corps ou avec sa science et sa technologie, est une
fraction de grain de sable par rapport à la réalité dans
son ensemble.
Non, je ne pense pas qu’il soit humainement
possible de résumer la complexité de la vie et de la
réalité en de simples prêts-à-penser simplistes et
confortables pour la pensée, a fortiori bien souvent
non étayés d’expériences directes : « la Terre est un
terrain d’entrainement pour la conscience », « il y a un
équilibre entre le bien et le mal », « chaque chose a un
sens », « tout est pour le mieux quoi qu’il arrive ».
D’où cela vient-il ? Parlons-nous de notre vécu ? Si
oui, est-il extrapolable à l’intégralité de l’humanité ? Est-
ce qu’on ne répète pas ce qu’on a lu ? Et si c’est notre
intuition, d’où vient-elle ? De nous-même ? D’une autre
conscience ? De souvenirs d’une autre existence ?
D’influences diverses ? Avons-nous questionné nos
propres certitudes ? D’où viennent-elle précisément ?
Même si certains comportent certainement une part
de réel, pensons-nous sincèrement qu’une telle
prodigieuse complexité puisse se résumer en quelques
mots humains posés à la va-vite ? Pensons-nous que
l’ensemble de la réalité que nous vivons est programmée
et qu’elle va forcément dans le « bon » sens, celui que
nous pensons bon à un instant t, qui serait ainsi l’étalon
de référence pour que l’Univers se sculpte à travers notre
définition du « bon » sens ? Pensons-nous que les
accidents n’arrivent jamais pour rien, que la souffrance a
toujours un sens, qu’elle est toujours utile, que les imprévus
n’arrivent jamais ou seulement quand l’Univers tout entier
lui-même l’a décidé pour nous faire progresser ?
229
Pensons-nous que les corps humains sont
infaillibles ? Que ceux qui font le bien autour d’eux ne
tombent pas malade, et certainement pas à cause d’un
« pas de bol » biologique imprévu ? Pensons-nous que
toutes les maladies ont été choisies par la conscience
avant de venir ? Qu’il n’existe jamais dans aucun
endroit de la planète sur aucune espèce vivante des
imprévus ou des bugs ? Que les crapules elles oui,
elles souffriront grâce à une espèce de justice
cosmique ? Que les plans de vie ne se mettent jamais
à jour une fois arrivé sur place ? Pensons-nous que
toute vie est utile et que toute vie doit être préservée
et protégée dans la meilleure des conditions
possibles ? Pensons-nous que toute expérience est
forcément bonne à vivre ?
Si nous pensons avoir des réponses claires et
définitives à ces questions, à nouveau, pouvons-nous
extrapoler nos obser vations ou nos vies à
l’intégralité intégrale de l’ensemble du cosmos ?
Pensons-nous que nous pouvons raisonnablement
poser des règles générales qui valent pour
l’intégralité de l’existence quand on ne peut même
pas concevoir intellectuellement que trois ou quatre
étapes de l’infinie complexité qui nous permet de
juste boire un verre d’eau ?
N’est-ce pas plus proche du réel que de penser que
nous ne pouvons qu’apporter des réponses
temporaires et limitées à des questions qui nous
dépassent franchement ? N’est-il pas plus pertinent
d’affiner et de resserrer nos questions plutôt que de
chercher systématiquement à combler par des
réponses bateau l’abysse que dessine la réalité dans
notre intellect ? N’est-ce pas précisément grâce à
l’inconfort de ne pas savoir, et grâce à l’absence de
règles générales que nous pouvons vraiment avancer ?
230
Oui, je pense que nous pouvons agir. Que nos
actes, même ceux qui nous paraissent minimes et
surtout notre être peuvent changer les choses. Que
rien n’est écrit tout à fait. Que nous pouvons réécrire
certaines règles. Que nous pouvons nous autoriser à
les questionner. A nous questionner en profondeur.
Nous pouvons nous autoriser à ne pas tout savoir. A
ne pas tout comprendre. A dire tout simplement « je
ne sais pas », ou « je me suis trompé ». Ce sont des actes
de paix.
231
Les possibles deviennent infinis. La vie est redéfinie.
Demain. Imaginez.
232
233
234
SOURCES & RÉFÉRENCES
OUVERTURE
[3] F.A.O
235
[10] (Article) Le Monde. Avant d’être cancérigène, la
viande est polluante pour la planète. https://
www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2015/10/29/la-
viande-a-aussi-un-impact-majeur-sur-la-
planete_4799570_4355770.html
236
sciences/2016/01/25/01008-20160125ARTFIG00358-
en-2050-les-oceans-compteront-plus-de-plastique-que-de-
poisson.php
Egalement consulté
(Article) Le Monde. Suicide dans le monde. https://
www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2014/09/08/ou-
se-suicide-t-on-le-plus-dans-le-
monde_4482878_4355770.html
237
humanite-se-met-en-dang er-en-surexploitant-la-
planete_122373
238
www.theguardian.com/commentisfree/2014/sep/02/
limits-to-growth-was-right-new-research-shows-were-
nearing-collapse?CMP=fb_gu
239
permafrost-l-autre-menace-climatique_5214735_3244.html
240
2018/02/01/01008-20180201ARTFIG00251-climat-la-
hausse-de-la-temperature-moyenne-de-la-terre-pourrait-
flirter-avec-15c-des-2022.php
241
(Article) Adastria. L’addiction aux combustibles
fossiles en graphique. http://adrastia.org/graphiques-
manquants-fossiles/
242
de serre que les transports. https://blogs.mediapart.fr/
edition/il-etait-une-fois-le-climat/article/080915/l-
elevage-emet-plus-de-gaz-effet-de-serre-que-les-transports
243
survivors of cardiac arrest. 2006.
Page 148 :
(…)
(…)
Page 2044 :
(…)
244
Furthermore, blind people have described veridical
perception during out-of-body experiences at the time of this
experience.
(…)
245
mati%C3%A8re/49866
Egalement consulté
246
(Livre) Dr. Jean-Jacques Charbonnier. Histoires
incroyables d’un anesthésiste réanimateur.
247
Les troubles du sommeil chez l’enfant et l’adulte.
https://www.cen-neurologie.fr/deuxieme-cycle%20/
troubles-du-sommeil-lenfant-ladulte
Etudes consultées
248
(Etude) Jalal B, Ramachandran VS. Sleep
paralysis and « the bedroom intruder » : the role of
the right superior parietal, phantom pain and body
imag e projection. Décembre 2014.(http://
www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/25459150)
Ouvrages consultés
249
(Livre) Robert Monroe. Le voyage hors du corps.
Egalement consulté
250
(Livre) Russel Targ. Perceptions extrasensorielles :
Quand un scientifique prouve la réalité des facultés
parapsychiques.
251
DU MÊME AUTEUR
• Hävor (2018)
• Léï (2019)
• L’énigme des Enoras (2019)
252
A PROPOS DE L’AUTEUR
253
« Quand vous vous asseyez seul dans le calme, vous offrez
de la beauté autour de vous, même si personne ne le voit. Quand
une petite fleur apparait dans une fissure entre deux rochers,
c’est magnifique. Il se peut que personne ne la voit jamais, mais
ce n’est pas grave. »
Deuxième édition
Publié de manière indépendante
254