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Aspect du mâle[modifier 

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Peinture d'une sarcelle européenne mâle, avec ses couleurs caractéristiques.

Cette espèce présente un net dimorphisme sexuel durant la période de reproduction. Le plumage nuptial apparaît graduellement
chez le mâle à partir du mois d’octobre et il est conservé entre l'hiver (parades nuptiales) et l'été (séparation des couples de
l'année). Les jeunes mâles acquièrent le plumage nuptial dès leur premier hiver5. Le plumage du mâle se distingue alors par une
tête très colorée, brun rouge, presque rousse, et barrée d'une bande verte iridescente finement soulignée de crème, qui rend
impossible une erreur d'identification. Le mâle des populations américaines présente une barre blanche verticale sur l'épaule,
alors que celui des populations européennes présente une barre blanche horizontale sur le bord de l'aile6. Un autre signe
distinctif visible à grande distance est la présence d'une tache triangulaire jaunâtre au niveau du croupion, encadrée de noir,
visible en toutes circonstances. Le corps est gris, finement strié de gris foncé plus larges sur le dos et les ailes. La poitrine est
souvent d'une couleur différente, plus claire et roussâtre, pointillée de taches sombres. Le bec est gris-noir.

Le reste de l’année, le mâle est aussi terne que la femelle : on parle de plumage éclipse.

Aspect de la femelle[modifier | modifier le code]


La femelle, d'un marron pommelé assez terne, ressemble à la femelle de Sarcelle d'été, espèce un peu plus grande qui, elle,
hiverne en Afrique. Elle porte sur le bord de la queue une courte ligne blanche. Le bec est gris foncé et le dessus de la tête est
parfois plus sombre. L'œil est souvent barré d'une ligne sombre alors que deux bandes beige jaunâtre soulignent l'œil de la
femelle de Sarcelle d'été.

Aspect des juvéniles[modifier | modifier le code]


Les juvéniles ressemblent à la femelle adulte. Les canetons en duvet ressemblent aux canetons du canard colvert, bien qu'ils
soient plus petits que ces derniers. Le dessous est jaune, et le dessus brun-noir, avec quelques taches jaunes. La grande tache
du côté de la tête est, comme chez le caneton colvert, barrée d'une fine ligne sombre arquée allant du bec à la nuque ; mais
contrairement au caneton colvert, il présente en plus un cercle sombre en forme de lunettes autour de l'œil, ainsi qu'une bande
sombre allant de la commissure des lèvre à l'arrière de la joue, juste en dessous de la fine strie barrant l'œil1.

Comportement[modifier | modifier le code]
Locomotion et comportement social[modifier | modifier le code]

Groupe de Sarcelles d'hiver en vol

Les Sarcelles d'hiver ne plongent pas entièrement pour se nourrir, mais elles peuvent le faire pour se protéger d'un prédateur7.
Maladroites sur terre, elles ont un vol agile et rapide, mené avec beaucoup d'énergie. Elles sont capables de décoller très
rapidement, et d'effectuer de brusques changements de direction et des pirouettes. Toutes ces prestations sont possibles grâce à
une musculature puissante, et elles permettent à ces oiseaux d'échapper aux prédateurs aériens. C'est aussi le seul canard
capable de se gratter en vol7. La petite taille de cet oiseau, la rapidité et l'agilité du vol, ainsi que la façon de piquer vers le sol
pour atterrir, font que le vol de la Sarcelle d'hiver ressemble à celui d'un limicole8.
Assez grégaire et ne présentant pas de comportement territorial, la sarcelle d'hiver a tendance à se réunir et à voler en petits
groupes. Lors de la migration, cet oiseau vole en nuée pouvant aller jusqu'à un millier d'oiseaux8 ; il existe une grande
coordination entre les membres de la nuée7.

Alimentation[modifier | modifier le code]

Alimentation d'un mâle au Royaume-Uni

Les Sarcelles d'hiver consomment des graines de plantes de zones humides ou de prés salés (graines
de scirpes, joncs, soudes, Eleocharis, Carex, riz cultivé), des algues ou herbes aquatiques (Chara par exemple), mais aussi de
petits invertébrés aquatiques (crustacés, mollusques) et des larves d'insectes, voire des œufs de poisson. Leur régime
alimentaire est plus riche en aliments d'origine animale en été qu'en hiver9,1. Ces sarcelles ont besoin, en moyenne, d'environ
25 grammes (poids sec) de nourriture par jour5.

Elles trouvent leur nourriture sur les zones humides ou faiblement inondées, saumâtres ou douces. Elles s'alimentent souvent
dans les eaux présentant moins de 15 cm de fond. Elles filtrent l'eau ou la vase grâce à leur bec, garni de lamelles permettant de
retenir les petits organismes et graines dont elles se nourrissent, ou arrachent les herbes tendres. Le bec est capable de filtrer
des particules d'une taille inférieure à 0,5 mm, même si les proies de quelques millimètres sont préférées5. En période hivernale,
les Sarcelles d'hiver se rassemblent le jour sur les plans d'eau et se dispersent la nuit pour se nourrir, parcourant alors jusqu'à
trente kilomètres. Bien que se nourrissant plutôt la nuit ou au crépuscule, la Sarcelle d'hiver observe, dans les zones où les effets
des marées se font sentir, un rythme circadien basé sur ces dernières : elle se reposera à marée haute et se nourrira à marée
basse4.

Selon Guillemain et al (2010) le poids moyen de la Sarcelle d’hiver (comme celui du canard colvert) a augmenté de 12 % en 30
ans (de 1960 à 2000) sans changement de taille, ce qui pourrait en partie être expliqué par le réchauffement climatique10.

Communication[modifier | modifier le code]
Article détaillé : vocalisation des oiseaux.

Cette sarcelle est assez silencieuse mais les mâles produisent des petits « crrit » aigus mais discrets que les chasseurs
apprennent à reproduire. Lors de la saison de nidification, les mâles ont tendance à devenir nettement plus bruyants. Les
sifflements sonores font en effet partie de leur parade nuptiale.

Beaucoup de langues (dont de nombreuses langues germaniques comme l'Allemand Krickente, le suédois Kricka) ont formé le


nom de cette espèce directement à partir de cette vocalise. Le terme sarcelle, lui aussi, indirectement via une racine latine, dérive
d'une onomatopée11. On dit que la sarcelle truffle4.

Les femelles émettent aussi un rugueux « cuac » d'alarme, ou de rapides et aigus « kekeke ».


Reproduction[modifier | modifier le code]

Mâle et femelle de la sous-espèce européenne en plumage nuptial

Mâle et femelle de la sous-espèce américaine en plumage nuptial

Anas crecca - Muséum d'histoire naturelle de Toulouse (MHNT).

La parade nuptiale, spectaculaire, est assez semblable à celle du canard colvert. Le mâle plonge le bout du bec sous l'eau, puis
siffle, se cambre, rejette la tête en arrière, élève les ailes et soulève sa queue12. Cette parade peut débuter dès novembre ou au
cours de l'hiver ; elle dure plusieurs jours et peut mettre en concurrence plusieurs mâles pour une femelle. Elle se déroule sur
l'eau, où les mâles effectuent des séries de plongeons. Si le mâle s'approche trop, la femelle non consentante peut le poursuivre
hostilement. La femelle finit par choisir un mâle et l'accouplement suit immédiatement. Le couple sera monogame sur l'année,
mais les mâles appariés pourront tenter de s'accoupler avec d'autres femelles, souvent de force, alors que les mâles célibataires
ne présenteront pas ce genre de comportement7. La femelle et le mâle choisi partiront au printemps vers le site de nidification où
la femelle avait pondu l'année précédente, et qui est généralement le lieu de naissance de cette dernière5,13.

La saison de ponte se déroule de mai en Europe centrale à juillet en Russie5. Les populations les plus importantes se trouvent
essentiellement en Russie, en Scandinavie et au Canada. La femelle construit un nid bien dissimulé dans une végétation dense,
souvent sous des fougères ou des ajoncs12 ou parmi d'épaisses formations de Carex, joncs ou roseaux, parfois assez loin de
l'eau1. Le nid est garni de duvet que la femelle s'arrache de la poitrine, de feuilles, d'herbes, de brindilles et de fougères. La
femelle y pond de 8 à 11 œufs de 41 à 50 × 30 à 35,5 mm, crème ou gris, teintés de vert ou de roussâtre3, qui sont couvés par
elle durant 21 à 23 jours2. La femelle passera les 3⁄4 de son temps à cette activité7 et si elle est dérangée, elle ne quittera le nid
qu'au dernier moment1. Le mâle l'abandonne pour muer5 au plus tard dès que naissent les canetons, mais son départ peut
survenir dès la ponte. Les sarcelles ne font en général qu’une seule ponte par an, mais en cas de disparition totale, une ponte de
remplacement peut se produire5. Les oisillons, qui pèsent 15 g à la naissance14, sont nidifuges mais sont plus sensibles au froid
que les petits des autres Anatidés ; aussi la mère continue-t-elle à les couver7. Elle sait également les protéger des prédateurs
en attirant leur attention sur elle.

Les canetons commencent à voler après 25 à 30 jours2. Ils atteindront la maturité sexuelle vers 180 jours.

La longévité de ces sarcelles est de 10 à 15 ans en moyenne, mais peut atteindre plus de 21 ans (le record actuel de longévité
en Europe pour cette espèce a été déterminé grâce à la bague portée par un individu abattu à l'âge de 21 ans et 3 mois15).
L'espérance de vie d'une Sarcelle d'hiver en Camargue, calculée à partir des populations baguées, serait selon l'Office national
de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) de 1,4 ans5.
Le taux de reproduction varie du simple au double selon les endroits, ainsi une femelle produit 3,7 jeunes volants
en Islande contre 1,4 en Grande-Bretagne5.

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