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A.

L’autorisation judiciaire

Art. 217 « Un époux peut être autorisé par justice à passer seul un acte pour lequel le concours ou le
consentement de son conjoint serait nécessaire, si celui-ci est hors d'état de manifester sa volonté ou si
son refus n'est pas justifié par l'intérêt de la famille. (=> conditions)
L'acte passé dans les conditions fixées par l'autorisation de justice est opposable à l'époux dont le
concours ou le consentement a fait défaut, sans qu'il en résulte à sa charge aucune obligation
personnelle. » (=> effets)

1. Les conditions

(a) Conditions tenant aux conjoints

Deux possibilités :

- conjoint hors d’état de manifester sa volonté

- conjoint refuse de consentir à l’acte

Hyp 1 : - conjoint hors d’état de manifester (absence ou maladie). Dans ces cas, le droit des
majeurs envisage ces mesures de crise pr les majeurs protégés mariés = art. 428 prévoit l’articulation
entre les mesures de protection juridique et autres règles de droit civil. A ce titre, si on peut recourir
aux txt 217, 219, on y recours plutôt que de mettre en place une mesure de protection juridique. Les
mesures de protection juridique sont tjr subsidiaires.

Art. 428 pr l’habilitation familiale et le mandat de protection futur.

Hyp 2 : - conjoint refuse de consentir à l’acte et son refus n’est pas justifiée par l’intérêt de la
famille. Le conjoint voulant obtenir une autorisation judiciaire doit démontrer que le refus n’est pas
justifier par l’intérêt de la famille => appréciation souveraine des juges du fond (Ccass 22 Nov 2005).

Ce texte s’utilise aussi pdt les procédures de divorce.

(b) Conditions tenant à l’acte :

Ce txt s’applique à des actes pr lesquels le concours ou le consentement du conjoint est nécessaire. Il
vient apporter un complément de pouvoir. Il vient compléter un pouvoir déjà existant. Ce txt ne peut
pas permettre d’investir un époux d’un pouvoir qu’il n’a pas.

«  Complément de pouvoir  » sont visés les hypothèses de co-gestion (le consentement des deux
époux). L’époux demandant l’autorisation a un pouvoir mais il n’est pas suffisant. Il faut le
consentement de l’autre. Par ex, cela s’applique à l’art 215 al. 3 : cad disposer des droits par lesquels
est assuré le logement de la famille.

Cette possibilité d’autorisation judiciaire s’applique dans 2 cas :

➡ Dans les régimes communautaires où le logement appartient aux deux époux. Logement = un bien
commun => consentement des deux époux => autorisation judiciaire possible.

➡ Si l’un des époux ne donne pas son consentement, celui a qui appartient le logement va être
autorisé par le juge à le faire sur le fondement de l’art. 217.

- Ex: celui qui veut vendre est pptaire du bien (bien personnel : séparation de bien, bien propre :
régime communautaire). L’époux pptaire peut obtenir une autorisation judiciaire pr vendre.

Si le logement de la famille est la propriété de l’autre conjoint qui ne donne pas son
consentement : le conjoint demandeur ne peut pas être autorisé sur le fondement de l’art. 217. Il
n’a donc aucun pouvoir sur le bien.

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(c) La procédure

Comment demander cette autorisation ?

Art. 1286 et s. CPC

Le juge compétent n’est pas le même selon le motif :

- Si conjoint hors d’état de manifester sa volonté (art. 1286 al. 2) => juge des tutelles
- Refus => juge aux affaires familiales

C’est en ppce une procédure gracieuse (pas d’adversaire, de conflit). Il faut faire une requête au
juge compétent. Possibilité de former appel contre cette première décision (art. 1288 CPC).

2. Les effets

L’acte qui est passé après autorisation judiciaire est opposable à l’époux qui n’a pas consenti. Dans
ce cas, il n’en résulte aucune oblig personnelle à la charge de la pers n’ayant pas donné son
consentement.
=> L’époux qui a obtenu l’autorisation judiciaire agit en son nom personnel. Il ne représente pas celui
qui n’a pas consenti. Il n’y a pas d’oblig à la charge de celui qui n’a pas consenti.

B. Le mandat judiciaire

Art. 219 al. 1er :  « Si l'un des époux se trouve hors d'état de manifester sa volonté, l'autre peut se faire
habiliter par justice à le représenter, d'une manière générale, ou pour certains actes particuliers, dans
l'exercice des pouvoirs résultant du régime matrimonial, les conditions et l'étendue de cette
représentation étant fixées par le juge. »

1. Les conditions

(a) Condition tenant aux conjoints

-> L’époux est hors d’état de manifester sa volonté.


Lorsqu’une pers refuse de passer un acte, on ne peut pas la représenter.

(b) Condition tenant à l’acte

Système de représentation = représentation judiciaire cad le juge va permettre au conjoint qui sollicite
son intervention de représenter l’autre.

L’acte doit relever en tout ou partie des pouvoirs de l’autre conjoint (cf le régime matrimonial en q°).

Cela vise tous les actes où l’époux empêché a pouvoir d’agir (ex: acte sur lequel l’époux empêche à
seul pouvoir). Art. 219 al. 1 est plus large que l’art. 217.

(c) Procédure

Seul le juge des tutelles est compétent.

Art. 1286 et suivants CPC

Procédure gracieuse

Possible en 1ere instance

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Le juge peut habiliter le conjoint sollicitant la représentation soit d’une représentation générale (pr ts les
actes) soit un pouvoir de représentation spéciale pour certains actes particuliers.

2. Les effets

Le mandat judiciaire est un pouvoir de représentation octroyé au conjoint. Il agit au nom et pr le


compte du conjoint empêché. Il n’agit pas en son nom.

A l’égard des tiers, seul le représenté (le conjoint empêché) est tenu par l’acte.

Si c’est un acte de cogestion, celui qui est habilité agit pr son compte et pr le compte de l’autre en
vertu de l’habilitation judiciaire. Les deux époux sont engagés.

A partir du moment où il y a représentation, le conjoint habilité a la qualité de mandataire. Il doit rendre


compte de sa gestion au conjoint empêché et il a le droit au remboursement de ses frais.

Depuis l’ordonnance de 2016, difficulté : art. 1153 à 1161 Code civil. Ces txt sont applicables aux hyp
de représentation judiciaire (art. 1159 al. 1er : prévoit une règle lorsqu’il y a une représentation soit
légale soit judiciaire). 1159 al. 1er prévoit que des qu’il y a représentation légale ou judiciaire, pdt la
durée de la représentation, le représenté est dessaisit de tout pouvoir = un dessaisissement = une
privation de pouvoir. Il ne peut pas agir lui-même. Pas de sanction prévue par le txt mais une sorte
d’incapacité d’exercice = nullité relative.

II. Les mesures de sauvegarde des intérêts de la famille

Ce sont les mesures les plus graves. Un époux fait n’importe quoi. L’idée est de trouver une solution
juridique sans remettre en cause le mariage. Il n’est plus question d’autorisation ou de représentation,
on va empêcher un époux de nuire à la famille.

Art. 220-1 et suivants Code civil

A. Les conditions

Art. 220-1 : deux conditions cumulatives :

- Un époux manque gravement à ses devoirs cad aux devoirs du mariage (ex: le non-respect du
devoir de cohabitation, des dépenses excessives, …)

- Par ce manquement, mise en péril des intérêts de la famille : intérêts de la famille sérieusement
menacés. La menace suffit. Le préjudice subit par la famille doit être prévisible (ex: cas des
dépenses). Cela vise les intérêts patrimoniaux de la famille mais aussi ceux moraux (discuté).

B. La procédure

Le juge compétent est le juge aux affaires familiales.

Art. 1290 CPC

C’est une procédure d’urgence : le juge statut soit en référé ou soit par ordonnance sur requête.

Une fois l’ordonnance rendue par le juge, elle doit être signifiée au conjoint qui s’est mal comporté
(notification par huissier de justice). Parfois, il faut une publication de cette ordonnance (art. 220-2
Code civil) en présence de certains biens :

- Si la pers a l’interdiction de disposer d’un bien immobilier (-> publicité foncière)

- Pr un fonds de commerce (-> publicité au RCS)

A défaut, une simple signification suffira, c’est le cas pr les meubles corporels (art. 220-2).

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C. La nature des mesures ordonnées

Les mesures pouvant être ordonnées par le JAF :

Art. 220-1 al. 1er : « Si l'un des époux manque gravement à ses devoirs et met ainsi en péril les intérêts
de la famille, le juge aux affaires familiales peut prescrire toutes les mesures urgentes que requièrent
ces intérêts. »
=> Le JAF peut prescrire toutes les mesures urgentes.
Liste indicative dans le txt : al. 2 «  Il peut notamment interdire à cet époux de faire, sans le
consentement de l'autre, des actes de disposition sur ses propres biens ou sur ceux de la
communauté, meubles ou immeubles. Il peut aussi interdire le déplacement des meubles, sauf à
spécifier ceux dont il attribue l'usage personnel à l'un ou à l'autre des conjoints. »

= mesures d’ordre patrimonial. Souvent, ce sont des mesures d’interdiction (interdiction de disposer
(vendre)), mesures positives (restitution d’un bien au conjoint, blocage d’un compte).

Débat en doctrine et JP : les mesures ordonnées sur le fondement de ce txt peuvent-elles être de
nature extra-patrimoniale ?

La JP a parfois ordonné des mesures d’interdiction personnelle (ex: interdiction de conduire pr un mari
alcoolique).

Ce sont des mesures nécessairement provisoires : 3 ans max prolongations comprises. A tout
moment, le juge peut reconsidérer la situation. => mesures provisoires et temporaires

D. La sanction du non-respect des mesures

Art. 220-3 Code civil : « Sont annulables, à la demande du conjoint requérant, tous les actes accomplis
en violation de l'ordonnance, s'ils ont été passés avec un tiers de mauvaise foi, ou même s'agissant
d'un bien dont l'aliénation est sujette à publicité, s'ils sont simplement postérieurs à la publication
prévue par l'article précédent.
L'action en nullité est ouverte à l'époux requérant pendant deux années à partir du jour où il a eu
connaissance de l'acte, sans pouvoir jamais être intentée, si cet acte est sujet à publicité, plus de deux
ans après sa publication. »

Dans ces cas là, les actes sont annulables cad le juge a un pouvoir d’appréciation. Sanction
encourue = nullité à la demande du conjoint requérant = nullité relative de protection.

Sont annulables uniquement les actes passés après la publicité (ordonnance devient opposable
aux tiers).

Pr les meubles notamment ceux corporels, pr qu’il y est annulation possible, il faut que le tiers soit de
mauvaise foi (art. 222 Code civil).

Délai pr agir : le conjoint qui a obtenu la mesure va pouvoir obtenir la nullité pdt deux ans à partir du
jour où il a connaissance, ou si l’acte est sujet à publicité, max 2 ans après cette publicité.

L’époux qui ne respecte pas ces mesures, il peut se voir infliger des sanctions pénales (art. 314-1 Code
pénal).

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