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Quand un second enfant arrive

(www.psycholgie.com)

Il est le premier enfant. Le seul. Le centre de toute votre attention. Mais voilà
qu’un bébé va arriver, le faisant passer du statut d’enfant unique à celui
d’enfant aîné. Comment le préparer au mieux à cette petite révolution ?
Eléments de réponse avec Elisabeth Darchis, psychologue clinicienne,
thérapeute de couple et thérapeute familiale.

 
Julie Martory

© Jupiter

Tu veux un petit frère ou une petite sœur ?


Frères et sœurs, entre complicité et rivalité, de Elisabeth et Jean-Patrick Darchis
(Nathan, coll. J’en parle avec mon enfant, 2009)
Votre premier enfant a deux, trois, quatre ans. L’envie d’agrandir la famille se fait de
plus en plus forte. Si certains parents gardent ce désir secret jusqu’à ce qu’il se
concrétise, d’autres seront tentés de le partager avec leur enfant. Voire, de
l’impliquer à part entière dans l’ultime décision. Mais si l’on peut demander à l’aîné
ce qu’il souhaite, ce n’est pas à lui que revient le dernier mot. « On peut échanger
sur le désir, mais il ne faut pas donner à l’enfant l’impression que c’est lui qui choisit
», met en garde Elisabeth Darchis. Chacun reste à sa place. Un oui ou un non est
structurant pour l’enfant ; le laisser trancher entre le oui ou le non serait au contraire
le surcharger d’une lourde responsabilité.
Ni trop tôt, ni trop tard
Nausées, fatigue, parfois même un petit ventre bombé : les premiers signes de
grossesse s’installent. Quand faire part à son aîné de cette grossesse? « Tout
dépend de l’âge de l’enfant, de son caractère », explique Elisabeth Darchis. Mais
aussi, des parents, et de leur volonté d’annoncer plus ou moins précocement la
nouvelle à l’entourage. Toutefois, il est préférable d’attendre la première échographie
pour être sûr que le bébé va bien. A un jeune enfant pour qui de longs mois peuvent
paraître une éternité, on pourra attendre encore un peu plus. Sauf s’il pressent que «
quelque chose » se passe. « Lui dire qu’il se trompe serait néfaste et perturberait sa
relation à la réalité », met en garde la psychologue. Et le moment venu, n’annoncez
pas la nouvelle entre deux portes. « Il faut choisir un moment où chacun est
disponible pour répondre à des questions ou apaiser des craintes », précise la
psychologue.

Un état d’esprit positif


Quel mot utiliser pour annoncer la nouvelle ? Il n’y a pas de formule magique, mais
un état d’esprit à garder en tête : positif. « Il faut transmettre à son enfant le bonheur
d’avoir un frère ou une sœur, la richesse qu’est le fait d’avoir une fratrie », explique la
psychologue. Alors, les mots couleront naturellement pour annoncer cette « bonne »
nouvelle – et non pour se justifier ou s’excuser, en tant que parent, d’avoir un second
enfant. Car l’enfant, véritable « éponge » a-t-on coutume de dire, risque de ressentir
l’angoisse – celle des parents – tapie sous ce type de discours dédouanant.
 
Ce qui n’exclut pas, bien sûr, de rassurer son enfant de son amour. « Mais inutile
d’en rajouter s’il ne montre pas d’inquiétude – cela sous-entendrait que le bébé
représente effectivement un danger », précise Elisabeth Darchis.

Régresser pour mieux s’adapter


Alors que le ventre de la maman s’arrondit, l’aîné régresse. Réclame ce biberon
rejeté si fièrement il y a quelques mois. Refait pipi au lit, mettant en péril une
propreté acquise au prix de nombreux efforts. Et enchaîne les caprices du matin au
soir… Faut-il s’inquiéter de ce repli dans le développement? « Bien au contraire,
rassure Elisabeth Darchis. La régression est généralement bon signe. Elle indique
que l’enfant se prépare. C’est reculer pour mieux sauter. » D’ailleurs, que fait la
femme enceinte en mangeant des fraises ? Le père en prenant quelques kilos ? Les
grands-parents en ressortant leurs albums photos ? Ils régressent eux aussi. « Tout
le groupe se prépare en vue d’accueillir un bébé qui va fonctionner de manière
primitive. La régression est un signe du réaménagement des places et une
préparation au grandissement », analyse la psychologue.

La jalousie, une réaction naturelle


« Pose le bébé ! ». « C’est ma maman ! » Tout comme la régression, la jalousie est
une réaction naturelle dans ce processus d’accueil d’un nouveau bébé, explique
Elisabeth Darchis : « La jalousie est plutôt bon signe, elle signifie que l’enfant réalise
qu’une nouvelle organisation se met en place ». Si les parents ne sont pas trop
angoissés, cette jalousie disparaîtra naturellement… Mais risque de perdurer si les
parents s’embarrassent de précautions pour « protéger » l’aîné. Par exemple, en
évitant de s’occuper du bébé devant lui. Ce type d’attitude ne fait que conforter
l’enfant dans le danger que représente le bébé.

Amour parental, amour infini


« J’ai l’impression de trahir ma fille. J’ai peur de ne plus avoir assez de temps pour
elle », s’inquiète Ingrid, enceinte de 8 mois. « Parfois, les parents confondent le
partage de l’amour et le partage du temps. Mais l’amour parental ne se partage pas
comme un gâteau ! Un cœur énorme se construit pour chaque enfant, et en aucun
cas, les cœurs ne se divisent », insiste Elisabeth Darchis. De plus, c’est une très
belle chose que d’apprendre à son aîné de partager son temps ». Mais pour
transmettre ce message à son enfant, encore faut-il en être persuadé soi-même. De
l’état d’esprit des parents dépend en effet en grande partie la réaction de l’aîné. Etre
convaincu que donner un frère ou une sœur à son enfant est un cadeau semble être
le postulat de base pour préparer sereinement toute la famille, et pas seulement
l’aîné, à accueillir un nouvel enfant.

A lire
Pour les parents
Frères et sœurs, entre complicité et rivalité, de Elisabeth et Jean-Patrick Darchis
(Nathan, coll. J’en parle avec mon enfant, 2009)
On attend un nouveau bébé, de Bernard Geberowicz et Florence Deguen (Albin
Michel, 2007)
A lire à son enfant
J'attends un petit frère, de Marianne Vilcoq (L'Ecole des loisirs, 2004). Un
livre joliment conçu, avec un système de rabats qui montre l'évolution du ventre
de la maman et du bébé. Et, au fur et à mesure que le ventre grossit et le bébé
grandit, les différentes émotions de l'aîné : colère, jalousie, régression puis enfin,
impatience quand à l'arrivée du petit frère.
Attendre un petit frère ou une petite sœur et Un bébé à la maison, de
Catherine Dolto (Gallimard Jeunesse Giboulées, 2006). Tout simplement
mais avec une grande finesse, les petits ouvrages de Catherine Dolto
permettent d'aborder, avec son enfant, les différentes périodes, épreuves ou
questionnements de la vie d'un tout-petit . Mention spéciale pour Un bébé à la
maison, qui familiarisera l'aîné avec le quotidien d'un nourrisson : les pleurs, les
tétées, les visites au bébé, etc.
Trotro et Zaza sa petite sœur, Bénédicte Guettier (Gallimard-Jeunesse,
2007). Les parents de Trotro sont bizarres ces derniers temps. Maman oublie de
préparer le biberon, papa ne gronde plus... Et pour cause, ils ont un secret : ils
vont avoir un bébé. De l'annonce de la grande nouvelle au retour du bébé à la
maison, en passant par la grande question - fille ou garçon - , on suit l'âne Trotro
dans cette grande aventure qu'est l'arrivée d'un petit frère ou d'une petite soeur.
L'enfant aimera s'identifier à Trotro, l'un de ses héros préférés.
Tout change, de Anthony Bronw (L'Ecole des Loisirs, 2004). Ce matin, le
papa de Joseph est parti chercher sa maman en lui annonçant que les choses
allaient changer. Mais qu'est-ce qui va changer ? Joseph se met alors à voir de
drôles de choses : la bouilloire se transforme en chat, la fauteuil prend des airs de
gorille... Jusqu'au dénouement : papa et maman ramènent... une petite soeur ! Une
manière poétique d'aborder la venue d'un bébé.

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