Vous êtes sur la page 1sur 30

Il L'EVEIL ECONOMIQUE

L'KVKU, KÇUNOMIUUfc. m

Construisons des Ponts


C'est ce dont l'Indochine a le plus besoin.
Oui, mais quels Ponts?
Des ponts à grande portée, donc des Ponts suspendus.
Des ponts suspendus ! mais ça branle, ça oscille, ça ne peut pas supporter les poids lourds,
tout le monde le sait !
Erreur ! cher ami. Ne confondons pas les ponts suspendus de nos grands-pères avec les ponts
suspendus modernes. Mais pourquoi discuter? Citons des faits.
Nous avons montré déjà le pont suspendu des Andelys, construit par la Maison Arnodin
pour remplacer un substantiel pont de pierre qui gênait la navigation. Ce pont suspendu, ap-
prouvé par les T. P. et par le Ministère de la guerre ne branle pas plus au passage des plus
lourds convois qu'un pont rigide, nous avons montré ensuite un pont plus récent, construit
sur le Lot. Voici maintenant trois vues d'un des ponts construits au Maroc par la même maison.

Pont suspendu, système Amodia, sur l'Oued \'kemt entre Rabat el Casablanca

Préparation du platelage en riment armé

Le pont suspendu système Arnodin dont la, portée peut atteindre 500 m. réduit à deux
ou trois le nombre des piles sur les fleuves les plus larges, supprime toutes piles dans le lit I

du fleuve, dans la plupart des cas.


Pour tous renseignements, s'adresser au bureau de Y Eveil Eco-
nomique.
IV L'EVEIL ECONOMIQUE
L1 ÉVEIL. ECONOMIQUE-
VI
LEVEtL ECONOMIQUE
îîrae Année NUMERO 370 Dimanche 13 Juillet 1924

Sommaire
........
Les transports postaux par la côte. H. GUCBEÏIOUSSET Nos Illustrations.
...
.........
L'armée Siamoise. . . . . . . . .
II. C. La mode.
. extraits
. . . . des. Lettres
. . . Maré-
Qu'est-ce que le Laos •. CATON Variétés; Trois du
. . .

........
. . ,
M. de Monlpezat à la commission .
permanente, chal Lyautey
parle du traité japonais. Chronique intercoloniale
. . rive-
La question du pétrole dans les. contrées . .
Chez nos confrères
raines de l'Océan Indien. L. JOLBAUD Informations diverses
Chronique des livres Henri MARTINIE
.

Les transports postaux par la côte


1 C'est un sujet sur lequel bien des lec- comme le service des Pompes funèbres conçoit très bien. Mais ce qu'on ne con-
teurs de l'Eveil trouvent que nous re- ou celui des Bouages et Vidanges de la çoit pas c'est un pays moderne sans
venons un peu souvent. Oh la barbe ! ville de Savannakhet. Postes et Télégraphes.
vont-ils dire encore. Mille regrets* chers Cela vient de ce que les trois précé- C'est ce que nous répéterons jusqu'à
lecteurs; maïs tant que nous n'aurons dentsdirecteurs étaient depetits employés ce qu'enfin ce service ait le rang qui lui
pas obtenu un résultat nous repasserons lamentablement inférieurs à leur tâche. est dû.
le rasoir. Ils se cramponnaient à des situations Nous ne cesserons non plus de pro-
Nous croyons que M. le Directeur Gé- auxquelles rien ne les préparait et ne tester contre la conception ridicule qui
néral des Postes de t'indochine.voudrait pensaient qu'à flatter les grands chefs dépouille la Poste du contrôle sur les
bien donner satisfaction au public ton~ et s?effacer eux-mêmes. Hostiles à tous transports maritimespour le confier aux
kinois et faire en sorte que les deux ca- progrès, car ces progrès auraient fait fameux Services Economiques. Us sont
pitales indochinoises ne soient plus, au ressortir leur insuffisance, ils se conten- jolis les résultats obtenus par cette iné-
point de vue des communications posta- taient de faire marcher canin caha le narrable Direction ! Et que dire aussi de
les, plus loin l'une de l'autre que Paris char dans les vieilles ornières. la séparation entre les Postes et Télé-
ne l'est de New-York. Cela vient aussi d'une conception graphes d'une part et la Télégraphie
•Seulement il a fort à faire à cher- inepte mais bien indoçhinoise, qui cata- sans fil de l'autre ? Est-ce que çà a le
cher à sortir de la vase son char em- logue les services autres que les services sens commun?
bourbé, avec si peu de gens de bonne civils,!'armée et la magistrature, d'après Tout ceci pour dire que le Directeur
volonté pour l'aider. C'est en effet le se- ce qu'ils rapportent au budget. La doua- Général des Postes est mis dans une
cret de Polichinelle qu'il y a dans cette ne rapportant le plus est le service le situation vraiment difficile et qui n'est
administration, à côté d'un tas de braves plus utile, ta poste rapportant le moins guère propice aux grandes réformes.
gens qui souffrent du ridicule où est est le plus inutile. Conception absolu- Ceci dit, et nous le redirons, venons
tombé leur service, un petit nombre de ment grotesque. enfin à notre sujet.
fieffés rossards qui ne pensent qu'à met- C'est comme si les chemins de fer di- Nous avons toujours soutenu qu'on
tre les bâtons dans les roues. saient : l'employé qui délivre les billets pourrait transporter sinon tout le cour-
.' D'autre part la situation diminuée qui est plus utile que le mécanicien parce
: rier du moins le plus pressé par la Côte
lui est faite rend difficile au Directeur qu'il rapporté tandis que le mécanicien d'Annana.
géoéral des Postes la moindre réalisation. ne fait que dépenser. La Poste a étudié l'affaire de son côté.
Alors que la Poste devrait être l'un des La douane ne rapporte rien, voilà la M. Lochard, candidat tuteur de la Poste,
premiers services de l'Indochine, ayant vérité. Elle prélève un tribut sur ceux l'a étudié du sien. M. Lochard l'a étudié
préséance même sur la Douane et en. qui produisent, voilà tout. C'est de la parce qu'il se reconnaissait impuissant
toirt cas sur maints services d'ordre se- piraterie légale, pourrait-on presque à réorganiser les services maritimes.
condaire représentés au Conseil de Gou- dire. D'ailleurs théoriquement on pour- Son rapport n'a d'ailleurs abouti à rien.
vernement, on la traite comme un ser- rait supprimer douanes et régies ; un La poste l'a étudié avec le désir se-
vice tout à fait inférieur, quelque chose pays complètement libre échangiste se cret de s'en tenir au vieux système des
4/KVKiL ECONOMIQUE

transports par mer. Voici les objections les le quinze jours et le courrier du Ton- Voyons maintenant les grandes ob-
qu'elle fait à nos suggestions. kin,
ki quand courrier bi-mensuel il y au- j(jections au transport de la malle d'Eu-
1° — Pour transporter un courrier ra, 1! ce qui n'est pas encore, rendra ainsi rrope par voie de terre.
complet il faudrait jusqu'à dix camions. hebdomadaire
n la communication avec Elle est trop encombrante, il faudra
Au passage des grands bacs comme ce- la " France. Pour les relations avec la un
v train de dix camions et ces dix ca-
lui de Thuy-Hoa, qui demandent une France *" c'est assez, pour celles avec la mionsB mettront dix heures à passer le
heure et plus, les dix camions s'égrène- Gochinchine
*- c'est insuffisant. ' bac
1 de Thuy-Hoa.
raient et le dernier aurait 10 heures de D'autre part le courrier de Chine s'ar- A cela nous répondrons qu'il n'est
retard sur le premier. r toujours bien 36 à 48 heures à Saï- pas
rête j impossible d'avoir à ce bac quatre
gon, de même que celui du Tonkin. Ce chalands ( au lieu d'un, ce qui ramène-
2° — La Société des transports auto- ~,
délai viendra donc s'ajouter aux 3 jours rait j déjà à cinq heures le passage de la '
mobiles du Centre-Annam demande 1/2 4 jours du trajet, ce qui donnera caravane.
pour cela une subvention d'un million
1 ou (
encore de cinq à six jours entre l'arrivée Nous ajouterons que point û'esl be-
de frcs par an. du courrier à Saigon et son arrivée au soin non plus d'expédier tout le courrier
<
3*
— Il peut arriver que la route soit Tonkin, toujours la distance de Paris à le
-] ] même jour et que si on l'expédie en
coupée à la saison des pluies. New-York.
j deux jours le fameux délai sera réduit à
(
Et voilà les grandes objections ! Alors Or le service postal par voie de terre, deux heures ; si on l'expédie eu trois
on nous propose une solution d'ailleurs tel I qu'il fonctionne actuellement une jours, le retard imposé par le fameux *
intéressante, c'est que les courriers de fois j par semaine fait le trajet de Saigon bac sera négligeable.
Chine fassent escale à Tourane, ce qui à Hanoï en trois jours et dix heures et Nous dirons même qu'il n'est pas né-
les retarderait à- peine d'une demi- nous allons voir qu'on peut faire beau- cessaire de transporter tout le courrier
journée, que l'on pourrait déduire de coup mieux encore. par voie de terre, lorsque l'on aura 1 oc-
l'escale de Saigon. Il s'agit donc tout simplement de casion d'un bateau, deux, trois ou mê-
Cette solution a été indiquée par M. rendre quotidien le service hebdoma- me quatre jours après l'arrivée à Saïgon.
de la Pomnieraye. Elle est excellente. daire actuel., Le public serait déjà très satisfait de re-
Au fond, dans le désir si violent mani- En effet il n'y a pas que le courrier cevoir ne fut ce qu'une partie de son
festé par les Haïpnonnais de voir les d'Europe. Il y a le courrier de Cochin- courrier quatre jours après l'arrivée du
grands paquebots faire escale à leur chine et du Cambodge et il arrivera un paquebot.
P°rt, il y a surtout de la badauderie et jour où ce courrier sera beaucoup plus En ce qui concerne le prix que de-
de l'enfantillage. D'ailleurs la conféren- important que le courrier d'Europe. manderaient les transporteurs, la Poste
ce que la mission économique a eue à c» Voilà un point sur lequel nous, nous n'en peut pas avoir une idée exacte tant
sujet avec la Chambre de Commerce de permettons d'attirer l'attention de M. qu'elle n'aura pas fait un appel d'offres
Chine a dû leur enlever toute illusion Lavallée. Il ne faut pas s'hypnotiser sur en règle avec publicité suffisante.
à ce sujet. En fait cette touchée à Haï- le courrier d'Europe ; il faut, en ceci Et quand même il y aurait 100.000
phong n'intéresse que la Poste et les comme en toutes affaires, considérer piastres par an à payer que la question
voyageurs car pour ce qui est des mar- que la clientèle indigène tend inévita- est de savoir si le résultat obtenu ne
chandises notre port tonkinois est on blement, au fur et à mesure des progrès vaut pas ce sacrifice- Or il ne s agit pas
ne peut mieux desservi. matériels qu'elle fait, à devenir plus de compter combien de timbres poste
Or le jour où les bateaux de Chine: importante que la clientèle européenne. seront vendus en plus, mais bien quel
feront escale à Tourane juste les deux Il n'y aura jamais que quelques milliers profit le pays tirera de cette améliora-
heures qu il faut pour laisser et pour de Français au Tonkin à correspondre tion. Encore une fois dégageons-nous
prendre courrier ei passagers, le serviceî avec la France; il.y aura un jour beau- de cette absurde conception que la Pos-
par voie de terre amènera les uns ett coup de dizaines de milliers de Tonki- te est un service fiscal, qui doit produi-
les autres du ou au Tonkin bien pluss nois à correspondre avec les Cochinchi- re un excédent. Non, c'est un service
rapidement que le bateau. Huê, Vinh ett nois et vice versa. C'est ce à quoi il faut social qui, dans un vieux pays, doit au-
Benthuy, le Laos par Napé, le Tran-- s'attendre, c'est ce vers quoi il faut ten- tant que possible couvrir ses frais, mais
ninh, Tnanh-hoa et Namdinh et mêmee dre. Nous n'en sommes peut-être pas dans un pays neuf doit être très large-
Hanoï et les gares au delà, sur les li- encore là mais d'ores et déjà il faut ment doté, faire des dépenses à longue
gnes autres que celles de Haïphong, ga- créer les facilités.
L- échéance et précéder et faciliter mais
gneront beaucoup de temps à débarquerr Et puis il faut aussi considérer qu'il non pas suivre le développement éco-
à Tourane plutôt qu'à Haïphong. D'oress n'y a pas que Hanoï et Saigon mais nomique. ^
et déjà, une fois par semaine, le servi-i- qu'il y aura de plus en plus, avec le dé- Nous avons dit plus haut que te ser-
,

ce combiné par train et automobiles :s veloppement économique du pays, des vice postal pouvait se faire e core plus
met Hanoï à 29 heures de Tourane, !, centres postaux importants tels queNha- vite que le service hebdoms.l'aire actuel.
Namdinh à 26h l/2,Vinh à 20 heures.etc. 3. trang, Sông-Câu, Bongson, Quang-Ngâï, Le sage n'avance rien qu'il ne prouve.
D ici 18 mois la voie ferrée en construc-> Tourane, Huê, Dôugha, Vinh, Bênthuy Le jeudi 19 juin dani> 1«. courant de
tion sera terminée et les trains directs ts etc. qui auront des rapports de plus en l?après-midi, Monsieur le Résident Su-
iront de Hanoï à Tourane en moins de le plus suivis entre eux et avec les capita- périeur en Annam prévenai un entre-
vingt heures. les. preneur de transports que par le train
Donc l'idée de faire faire escale au iU Rien que de ce chef le service postal de vendredi, 20 juin, arriverait à Nha-
Courrier de Chine à Tourane est bonne: e.' rapide quotidien par voie de terre s'im- trang gare à 19 heures, 55 sacs de cour-
Mais ceci, si encore on peut i'obténir-,
r-, pQse.avecune organisation neuve, même rier de France, pesant 1.175 kilos, à des-
reste insuffisant. si les frais du début doivent être impor- tination du Tonkin. Il lui demandait
Ce courrier ne passe qu'une fois tous'
rs tants. d'effectuer ce transport avec un camion
L'EVEIL ECONOMIQUE

en faisant : le Samedi 21 le ftajel de que les sacs postaux puissent être diri- rier à Tourane le samedi soir un peu
Nhatrang à Quinhone et le Dimanche ges sans retard sur Hanoï par le train après minuit. Un train postal quitterait
22 celui de Quinhone à Tourane. du dimanche matin. Tourane vers 2 h. 1/2 du matin pour
Le transport,imprôviséà la hâte) s'ef- Les camionnettes quittèrent Huê sa- arriver à Huê avant l'heure normale du
.
fectua dans de meilleures conditions medi soir vers 20 heures, et malgré la train dé Dôngha et de Dôngha un ca-
encore. nuit, les bacs, et un vent très violent du mion postal spécial amènerait le même
jLe camion, parti de Nhatrang ven- Laos, elles arrivèrent à Vinh vers 7 heu* dimanche soir le courrier à Bênthuy. Là
dredi^ juin à 20 heures, arriva à.Tou- res. Si le train qui avait apporté le cour- la malle serait chargée sur le train de
rane le samedi 21 à 13 heures 20, effec- rier à Huê était allé jusqu'au terminus nuit arrivant à Hanoï le lundi mâtin à
tuant le parcours de 550 kilomètres en- de la ligne.et que les camionnettes aient 6 heures, soit deux jours et demi.
viron en seize heures 30, bacs compris. pris leur chargement à Dôngha, c'est au Voilà ce quon peut faire si l'on veut.
Le courrier put donc être chargé à Tôu- moins une heure qu'elles gagnaient, Mais encore une fois il faut.
rane-marché sur le train régulier de 13 heure précieuse, car lorsqu'elles arrivè- 1° — Ne pas s'hypnotiser sur le seul
heures 50,qui l'amena à Huê à 18 heures. rent à Vinh dimanche malin vers 7 heu- courrier d'Europe mais penser surtout
Ce voyage a eu lieu avec la même res, le train de Hanoï était déjà parti. aux relations entre Cochinchine et Ton-
voiture, mais avec deux équipes de Seulement nos trains coloniaux mar- kin.
chauffeurs l'une de Nhatrang au croise- chent à une allure de tortues, et le di-
recteur de la maison Pham-van-Phi est 2° — Ne pas se croire obligé d'ame-
ment des routes Nhatrang-Quinhone
l'autre de ce point à Tourane et ce, mal- uu homme d'initiative qui, prévoyant le ner tout le courrier d'Europe en une
seule fois mais l'échelonner sur deux
gré une chaleur torride, malgré le vent cas, avait pris ses dispositions. Ses ca-
du Laos qui soufflait en tempête et ren- mionnettes se mirent à la poursuite du ou trois ou même quatre convois.
dait les bacs difficiles, malgré le mau- train, quelles rattrappèrent à ^kilomè- 3° — Penser aux relations postales
vais état de la route presque en totalité tres de Vinh en gare de Quan-Hanh, des principaux centres intermédiaires
en réparations ou rechargements. elles remirent leur chargement au con- et au courrier du Laos dont la Côte
Ainsi Tourane s'est trouvé à 13 heu- voyeur elle train, reprenant ensuite sa d'Annam doit devenir l'itinéraire nor-
res plus 16 1/2 de Saigon c'est-à-dire à route sur Hanoï, y arrivait, cahin-caha, mal.
.
30 heures environ au lieu de 13+24+24 dimanche à 17 heures prouvant ainsi la 4° — Se bien pénétrer de cette idé
soit 61 heures suivant l'horaire du ser- possibilité si souvent affirmée par l'Eveil que la Poste n'est pas comme la DouaÇ
vice régulier. d'un service postal Saïgou-Hanoï eu 60 ne un service qui prélève une dîme su-
Prévenus que des sacs postaux de- heures soit deux jours et demi. ies affaires du pays mais un service qur
vaient arriver à Huê le samedi soir, et Un horaire plus commode serait pos- doit activer ces affaires. Elle est la char-
qu'il y avait urgence à les transporter sible. rette qui amène les denrées du paysan
rapidement à Hanoï, sans que l'admi- Supposons les trains de nuit rendus au marché et non pas l'employé d'octroi
nistration intervienne, MM. Pham-van- hebdomadaires. La malle quitterait qui empoisonne ce paysan à la barrière
Phi et Cie prirent l'initiative d'envoyer Saigon le Vendredi à 21 heures pour et rend la vie chère. Donc qu'importe
à Huê deux camionnettes légères et ra- arriver à 8 h. du matin à Nhatrang. Le la dépense si les résultats la justifient.
pides pour prendre le courrier attendu trajet par camions effectué comme ci-
et le transporter sans retard à Vinh afin dessus, en 16 heures* amènerait le cour- H. GUCUEROUSSET

L'ARMÉE SIAMOISE
Sous le titre «La grande armée du et, incidemment, à amener uue interven-
Siam » le « Temps des Détroits » (Straits tion des puissances intéressées.
Times) publiait la semaine dernière un On ne peut pas lui refuser une armée
au^rë article de fond soutenant que le forte et disciplinée.. Il en a besoin pour
-Siam entretient une armée hors de toute être reconnu comme une nation digne de
proportion avec ses besoins. ce nom ; mais tout lui indique qu'il a dé-
Notre'«onfrère revient sur ce sujet à passé les limites et créé une machine de
l'occasion d'un article d'un officier fran- guerre entraînant une dépense plus gran-
çais : le général Puypéroux, posant aussi de qu'il n'est nécessaire. 11 pourrait ré-
cette question « quel but peut bien pour- duire son armée sans perte de prestige ;
suivre le Siam en continuant à organiser en la maintenant il n'ajoute rien à la pro-
une puissance militaire si considérable ? » tection de ses intérêts.»
La conclusion de l'officier français était
que le Siam dépense plus qu'il ne devrait
pour son armée mais qu'en fait cette ar-
mée ne constitue pas une menacé et n'a
pas pour but de constituer une menace
contre qui que ce soit. Le journal de Sin-
gapour partage cet avis et suggère que les
Siamois sont influencés par le souvenir
del893.
Voici;la conclusion de cet article j
cNous supposons que de toutes les na-
tions orientales le Siam vienne le second
en puissance après le Japon. Est ce possi-
ble jqu'il cherche à imiter celui-ci ? S'il
en était ainsi il ferait bien de se rappeler
que.les circonstances ne sont pas sem-
blab'çs et que chercher à réaliser une
telle ambition serait s'engager.dans une
ère de dépenses insensées, d'armements
téméraires et fiévreux sur terre et sur mer
L'EVEIL ECONOMIQUE

gumeni en, faveur d'une armée moins armés de gourdins. Donc de ce chef,.au venir une race'militaire. C'est ce qua
.forte. point de vue militaire, zéro. admirablement compris le roi Rama VI
En 1896 les gouvernements français et Il y a environ 200 000 malais sur le et la création de ces innombrables Corps
anglais s'engagèrent réciproquement à ne de « Jeunes éclaireurs » et de « Tigres
loyalisme desquels il serait imprudent
pas avancer leurs troupes sans le consen- Sauvages et l'importance donnée à
tement de l'autre partie dans une certaine de trop compter» 3>

zone du Siam. Mais cette zone ne consti- Enfin il ja environ 2.500.000 Chinois l'armée n'ont pas d'autre but. Lès Sia-
tue pas tout le Siam et en fait depuis 1896 qui monopolisent la banque, le com- mois sans l'esprit militaire et sans" une
il y a eu plusieurs remaniements territo- puissante armée ne seraient bientôt plus
riaux relatifs à des régions non prévues merce,, l'industrie et forment la presque
dans cette déclaration. Cela, naturelle- totalité de la classe ouvrière. Véritable les maîtres chez eux.
ment, ne modifie rien à ce fait que les état dans l'Etat les Chinois ne sauraient Ajoutons à cela que ce qui a fait la
puissances sont maintenant guidées par sans danger être enrôlés dans l'armée. torce du Siam et sa cohésion, ce qui lui
un esprit plus Ligue des Nations et qu'il En fait nous croyons que le principal a permis d'étendre sa domination effec-
n'existe aucune menace contre l'intégrité but de l'armée est de les tenir.en res- tive et non plus seulement une vague
du Siam. suzeraineté sur les anciennes principau-
pect.
Bangkok Times. .
Les Siamois forment donc à peine là tés laotiennes,chan et malaises, c'est sa
N.D.L.R. — Pour comprendre les rai- moitié de la population et forment deux dynastie. L'actuelle famille royale a fait
sons qui poussent le Siam à renforcer classes : les nobles et les fonctionnai- le Siam moderne comme les Capétiens
son armée,il faut bien se rendre compte res d'un côté, les cultivateurs de l'autre ont fait la France ; si elle disparaissait
de la constitution de la nation siamoise. Gens, d'un naturel indolent et paisible ce serait la fin de ce pays. Or cette mo-
Si la population totale atteint dix mil- ils n'ont qu'une chance d'échapper à narchie absolue a besoin si elle veut se
lions d'habitants il s'en faut de beaucoup l'emprise complète des Chinois, de leur maintenir, d'une forte armée comman-
que le Siam puisse compter sur ces dix imposer un certain respeci, d imposer dée par une caste militaire en grande
millions d'habitants pour sa défense. Il respect aux Malais et d'occuper effecti- partie de sang royal et ayant un senti-
y a d'abord environ 2.000.000 de laotiens vement les vastes pays laotiens, c est de ment national profond.
dont un régiment ne tiendrait pas con- développer des vertus guerrières qui ne
tre une escouade de tirailleurs annamites sont pas trop dans leur nature et de de- U.C.

QU'EST-CE QUE LE LAOS?


Si étrange que cela puisse paraître il y a
desjournaiistes eu Indochine qui n'ont qu'une
idée confuse de ce qu'est le Laps français, une
des cinq parties dé l'Union Indochinois.
Que des particuliers l'ignorent, dans un
pays où l'ignorance en matière de géographie
est de tradition, passe encore, INOUS avons
eu il y a quelques jours l'occasion de parler
devant un des plus grands chefs d'industrie
de Haïphong du projet de chemin de fer de
Tan-Ap à Ttiakhek. Ce haut personnage nous
avoua qu'il u avait jamais enieudu parler de
la question et n'avait pas la moindre idée de
Tendron où pouvaieut se trouver ces points
géographiques. Notez qu il s'agissait du di-
recteur d'une usine directement intéressée à
la question.
Mais les journaux devraient se piquer non
pas de suivre mais de chercher à former l'o-
pinion, non pas de lancer sans examen n'im-
porte quelle aftiruiatipn, tout simplement par-
ce qu'elle flattera la vanité ou le chauvinisme
de la masse ignorante, mais de fournir à leurs'
lecteurs des informations vérifiées. Il n'est
pas admissible, il ne devrait pas eue admis-
sible, qu'un journal indochinois laisse passer
des articles manifestant l'ignorance de l'his-
toire et de la géographie du pays.
L'EVEIL ECONOMIQUE

duirè nos confrères à demander, comme nous ne les empêchait après 1893 de passer en- loin de les séparer, relie les Lao'des deuv:
venons; de le dire, l'annexion: brutale et sans, masse
ma sur la rive devenue française. Sauf un rives. • ;
phrase (mais peut-être pas sans coups: de .ca- petitpel nombre ils s'en sont bieu gardés;et ce. Et nous avons beaucoup,
. plus à gagner à
odin) du bon.tiers du territoire siamois. fut la.grande désillusion du Colonel Tournier.. une étroite alliance et à une intime commu-
S'ils ne vont pas jusque là c'est.qu'ils ignor- Bieq;au>
Bi< contraire un grand nombre de Lao nauté d'intérêt avec le Siam, qu'à une attitu-
reut tout simplementce qu'est le Laos. Appre^ de la rive française ont émigré sur la -rive de hostile. ;; '
,.
nous, leur donc que le Laos est un immense siamoise,
sia fuyant certains bienfaits de, notre A. posséder plus de territoire nous ne
pays dont le Siam: occupe les deux tiers et civilisation : corvéeis, portage, prison, régies retirerions qu'une vaine gloriole ; mais .alors
,
en
nous le tiers ; que le Laos siamois est fertile men m< talion. adieu notre influence, dans cette vallée de
et desservi par deux- grandes lignes de chemin C'est qu'en réalité les Siamois sont les pro- la Mépam, qui ne saurait d-ailleurs être, si
de fer et qu'il.contient les cinq sixièmes des ches ch parents des Lao comme les Françiis nous nous eu emparions, qu'une cause de
populations Lao soit, 2.000.000 d'âmes au sonteeux so des Wallons de Belgique et des Pié- guerre eutre l'Angleterre et nous. Or de celte
moins,tandis que le Laos français, très mon- montaism< d'Italie. La langue siamoise diffère guerre nous sommes de ceux qui n'en vou-
tagneux, avec d'immenses forêts clairières moins
: m de la laotienne que le français du lons pas car, que cela plaise ou noua quel-
occupant la plus grande partie de ses plaines, provençal.
pi La religion, les moeurs, les cou- ques^ pédants et à de petits esprits, l'Angle-
ne renferme que 400.000 Lao environ, soit tumes tu sont à peu près-les;mêmes. terre est la nation soeur avec laquelle nous
à peu:près un sixième de la race. Quant à établir une différence, si petite vivons en paix dépuis 110 ans et avec laquel-
-
Ce qui légitime notre main mise sur la rive soit-elle,
so entre les Lao du côté français et- le nous avons tout intérêt à vivre en paix
ïjauçhedu Mékong ce n'est pas la nécessité de ceux ce du côté siamois ce serait aussi sensé encore 100 ans. Ce qui ne nous oblige nul-
protéger les Lao contre les Siamois,illusion que qi dTétablir une différence entre les Français, lement à nous mettre à ses pieds.
<iu biéii' des personnes au début mais dont de de la rive droite de la Loire et ceux de la rive Puisque donc il faut bien, messieurs les chau-
.es réalités ont depuis longtemps démontré gauche. ga vins, renouçer, à; vos rêves de conquête par
('inanité, c'est plutôt la présence sur cet im-; Ge sont là des faits. le sabre, ce serait ridicule d* rendre impos-
inense territoire de 400 à 500.000 individus Cela.ue prouve pas qu'il soit absolument sible par une guerre de coup d'épingles la
de races les unes plus ou moins apparentées nécessaire
ni de réunir tous les Lao sous un conquête morale qui, celle-là;, nous est per-,
aux Lao, les autres absolument différentes : même m gouvernement, comme le voudrait mise.
Kha, Man.Yao, Meo, Bahna, Sedang, Stieng, le principe des nationalités. La France est la Une amitité sincère avec le Siam vaudra
Doloveu etc. 11 y a d'autres bonnes raisons preuve pi la plus palpable de l'absurdité de ce de grosses commandes à notre industrie.
pour justifier notre occupation, des raisons principe
pi avec ses Flamands qui ne demandent Qu'on uous permette de rappe 1er qu'au cours
historiques et stratégiques, par exercple en nullement
ni à devenir Hollaudais, ses Alsaciens des quatre dernières auuées cette amitié nous
ce qui concerne les provinces de Cammon qui qi ne demandent pas à faire partie d'uue a valu la commande de deux grands, ponts,
et Savaniiakh>'t,ce serait un danger ponr les République
R Rhénane, ses Savoyards, ses Ni- de nombreuses locomotives, d'auto-chenil-
pays annamites qu'une avancée siamoise jus- çois, ci ses Corses, ses Basques et ses Catalans les, d'avions etc et ; que plusieurs maisous de
qu'à la Chaine Annumitique, au Col Kéo qui q ne demandent tous qu'à rester français. commerce et d'iudustrie françaises sont eu
Neua,à moins de cent kilomètres de la mer. Cela prouve par contre que nous avons train de s'installer au Siam. Rappelons que
Nous avons été justifiés à occuper les états une u excellente raison de vivre en bons voi- des ingénieurs français dirigent le Service
Chan de la rive gauche du. Mékong car déjà) sins s avec le Siam car si chez nous les Py des Eaux et conseillent celui des Travaux
les Anglais s'étaient mis en devoir de s'y rénées r séparent les Catalans et les Basques Publics de la Ville de Bangkok.
installer ; enfin nous avons besoin, de ces de Au point de vue d'intérêts moin» maté-
,
d France de ceux d?Espagne, le Mékong,
Etats comme du Royaume de Louang Pra-
baug comme de tampons entre nos provin-
ces et la Chine anarchique.
Les Siamois ont tout intérêt à nous laisser
faire cette police frontière car nous sommes
,

mieux à même qu'eux d'empêcher une ag~


ression chinoise. Nous avons des moyens
d'action qui nous permettront, quand: nous
le voudrons, défaire rentrer le Yunnan dans
l'ordre1 sans même y envoyer un soldat. Il
suffit de se rappeler où l'Amiral Courbet sut
trouver 1 endroit sensible. Le Siam au cont-
Iraire. malgré son armée, serait immobilisé
dès les premières hostilités avec la Chine par
un bon coup de-ppignard dans le dos. Rap-
pelons que les vrais Siamois parmi lesquels
se recrute l'armée, forme a peine la moitié de
la population.queles 2.000.000 de Lao valent
au point de.vue/militaire un troupeau; de
'moutons ou un pensionnat de petites filles,
que les quelque 200.000 Malais sont plutôt
ihostiles etvque les d-ux,millions de Chinois,
détenant tout, le commerce et l'industrie du
pays et formant presque tonte la classe ou-
vrière sont un état dans l'Etat, et une per-
pétuelle menace.*
Dans ces conditions le Siam a tout . . :
. intérêt,

à vivre dans, les meilleurs, termes avec la


.France etTArjgleterre, qui.'sont.les meilleurs,
ramparts de lâC- civilisation contre le bolché-,
yisme russe et "chinois. '
Quant à nous nous avons tout intérêt à
-abandonner d'anciens rêves de conquête et
d'hégémonie politique et a faire les plus lar-
ges concessions à un voisin qui s'est montré
jusqu'ici capable non seulement de mainte-
nir, l'ordre et la_.paix danii_l.es. pays sur les-
quels il étend Fa"domiuatïon"màïs"dr'y réà«
liser un développement économique réelle-
ment intéressant. "
$ii çpinme on veut bien le dire, lés' Làp;
cous régardaient comme des sauveurs rien
6 L'EVEIL EUJNOMUJUE

riels rappelons; que l'Institut Pasteur et là;


Bibliothèque nationale du Siam ont à leur
tête des Français, que les Codes Siamois sont
rédigés avec le concours de jurisconsultes
cédés.
--.
nous n'en sommes plus à ce genre dé pro-
D'imposer au Siam des tarifs douaniers très
bas aboutissant, presque au libre échange ?
ayons dû examiner la questÎGjtt et reconnaître
notre erreur. '
D'ailleurs il est joli notre monopole de fait
de la navigation à vapeur sur le Mékong ! Ah
français et qu'enfin des Frères et religieuses Mais est-ce que c'est nous oui en profitions pârlôns-en ! - Et puis,à supposer que les Sia-
français dirigent les plus beaux établisse- de cette porte ouverte à tous? L'affirmer serait mois veuillent créer sur le grand bief du
ments d'instruction et y forment une bonne avouer l'excellence du libre échange. Eu fait Mékong une compagnie siamoise... (qui eu
partie de l'élite siamoise. si les Siamois élèvent leurs droits de douane l'ait serait chinoise avec pavillon siamois),
Nous pouvons espérer mieux encore ; nous ce sout les Japonais, les Anglais et les Alle- qu'il faudrait bien amener ces chaloupes
pouvons espérer la construction de deux voies mands qui souffriront le plus et nonpas nous. par le chemin de fer de Khône,qu'il faudrait
ferrées internationales qui, à travers le Siam, Bien au contraire n'avons nous pas bien des par conséquent les construire à Saigon ou à
nous permettront de nous rapprocher beau- fois écrit dans Y Eveil que l'élévation des Pnom-Penh, c'est-à-dire dans des ateliers
coup de la métropole : nous pouvons espérer droits de douane au Siam était le seul moyen indochinois, avec des matériaux français eu
que le Siam fera encore plus largement appel de rétablir dans la vallée du Mékong l'équili- ayant payé chez nous des droits de douane,
à nos savants et à nos techniciens, que l'in- bre entre les marchandises françaises et les et que ces chaloupes devraient en passer à
fluence de notre littérature et de nos arts y marchandises étrangères? Les Siamois seront Khône par les exigences de Ceux qui détien-
grandira et qu'enfla tous ceux : industriels, tout aussi embarrassés que nous d'organiser nent là les moyens de transbordement.
commerçants, ingénieurs, médecins» pharma- une frontière douanière sur le Mékong ; par Non, nous n'avons aucun intérêt à nous
ciens, professeurs, qui voudront bien aller conséquent si tel produit.que l'étranger peut montrer hostiles aux Siamois; nous avons au
s'installer au Siam y recevront le meilleur vendre dix ticaux moins cher que nous,paie contraire le plus grand intérêt à nous mon-
accueil. dix ticaux de droits à l'entrée à Bangkok, ce trer très larges à leur égard. C'est atix bo-
Et qu'est-ce que cela nous coûtera ? produit vendu sur le Mékong devra lutter à ches qu'il s'agit de montrer les deuls;sur le
De renoncer à imposer au Siam notre prix égal avec notre produit similaire intro- Rhin, c'est avec nos alliés d'Europe qu'il,
juridiction sur de soi-disant protégés fran- duit sans payer de droits par nos ports. faut montrer de l'énergie et non pas avec,
çais ? Ah c'est cela qui nous en don- D'empêcher les Siamois de naviguer sur le un petit peuple de la faiblesse duquel il ne
nait du prestige ! Avouons que c'était un Mékong avec des chaloupes à vapeur ? Mais serait pas très glorieux d'abuser. C'est avec
moyen de guerre, lorsque nous étions eu nos traités avec le Siam ne nous donnent les petits au contraire qu'il y a quelque mé-
lutte avec lé Siam : c'était un excellent moyeu à ce sujet aucun monopole. Nous nous l'é- rite à se montrer accommodaut et libéral,
de chercher au Siamois des querelles et d'en- tions imaginé et l'avions affirmé, mais devant là où il serait si facile d'user du droit du
richir des agents d'affaires ; mais, Dieu merci,' une observation d'un journal de Bangkok nous plusfort. CATON

M de Montpezat, à la commission permanente,


parle du traité japonais
La population iudochinoise doit une M. de Montpezat est heureux de voir le l'industrie métropolitaine ; la France ne nous
très grande reconnaissance à M. deMont- Gouvernement favoriser le développement des envoyait plus rien.
relations économiques avec le Japon. D'autre part tout le inonde savait que les
pezat pour la conquête d'une liberté. •
Il fut longtemps seul à préconiser cette poli- »
facilités accordées au Japon disparaîtraient avec
C'est en effet un des droits essentiels tique. Il rappelle les discussions très vives qui .
la guerre, tous les alliés devant reprendre à,
d'un peuple libre que de savoir ce qui eurent lieu à ce sujet'pendant la guerre. ce moment leur liberté entière.
Liés l'ouverture des hostilités, nous avons as- L'élévation des droits dédouane ne pouvait
se passe dans les Conseils de Gouver- sisté à une étrange campagne contre notre donc avoir qu'un intérêt fiscal : mais celui-ci
nement. Jusqu'ici le silence... et le men- allié le Japon. même était rendu impossible par l'excès de
Perdant toute mesure, certain représentant cette élévation, lequel avait un caractère pro-^
songe... étaient de règle ; c'étaient deux de l'Indochine avait publié dans les journaux hibitif.
moyens de gouvernement admis comme de France des critiques acerbes, niant même Le seul résultât était de priver le fisc de re-
indispensables en Indochine. Si M. de la valeur du soldât japonais. cettes certaines^ et la population de produits,
Montpezat avait demandé que fussent On voit le mal que pouvaient faire d'aussi in- qui manquaient complètement ou à peu près..
justes attaques, contre une nation dont la fier- J'eus beau, par un travail assez long, appuyer
publiés les compte-rendus des séances té chatouilleuse nous est connue. ma démonstration sur une étude détaillée,
.

du Conseil de Gouvernement et de la Bientôt le Japon,conscient des services qu'il portant sur presque tous les articles d'impor-
commission permanente, jamais il ne nous avait rendus, nous demandait en matière tation possible, je me heurtai à un parti pris
l'aurait obtenu ; il y aurait toujours eu, de douanes le traitement .de la nation la plus aveugle, qui faillit provoquer une- catastrophe.
favorisée. C'était justice. Je fus cependant soutenu par M. Kircher,
pour s'y opposer, au moins douze voix D'autant qu'il ne pouvait s'agir de protéger ici présent, et par M. Roume.
contre trois et une abstention, celle du
prudent délégué du Tonkin. .
Mais M. de Montpezat, que nous de-
vons en somme considérer, devant la
carence de l'élu des Haïphonnais, com-
me le délégué de l'Annam-Tonkin, n'a
pas demandé la permission de publier
les débats, il l'a prise; et M. Merluï,plus
libéral que tous ses prédécesseurs, a ap-
prouvé son attitude sous réserve des
questions spéciales demandant le huis
clos. La conséquence de cette approba-
tion devrait être la publication officiel-
le d'un Compte-rendu sténographié
complet.
Ceci dit, voici le passage le plus in-
téressant du dernier compte-rendu dû à
Ml de Montpezat.
vt/EVlTL' ÈGQN0MIQ0E

Il était aisé dé prévoir lé mécontentement l'apprenons^ avec' une haute satisfaction, d'être Aux industriels protégés eùx-mêmesicar ceux-
;~
japonais et ses suites. ;
..
Elles né tardèrent p^s. Notre union po.Utique-
:'
justifiée par le succès
Le délégué de l'Annam déclare cepen'dânt
ci, sachant qu'ils vendront quand même à bé^
néfice, ne surveillent plus les prix de revient;
ét militaire avec le Japon faillit être brisée. Il, qu'il serait heureux dtobienir quelques préci- négligent les perfectionnements de l'outillage,
fallut envoyer M. Roume en mission extraor- sions nouvelles.- ...,-.. '._.-, et jusqu'à la qualité. Les droits,, même exagé-
dinaire pour réparer les fautes commises et .11 n'est, certes pas opposé à une .protection,. rés, deviennent impuissants, mais à ce mo-
combler le fossé qui nous séparaitde notre allié," éfficaGe des industries nationales, soit locales meut la ruine doit être consomuiée.
à un moment .critique, et allait s^élargissant. soit métropolitaines. Ce qu'il combat et a tou- A la Ration car ayant un marché privilégié, la
M. Rôumê réussit, grâce à son autorité et à jours'combattu, c'est une protection excessive, plupart des producteurs renoncent à exporter.
son expérience. Mais sa tâche fut loin d'être préjudiciable aux populations assujetties, au tré- 'Ilfaut donc une protection, niais mie pro-
facile. sor, et même aux industriels.protégés, et à la na- tection saiis excès.
Ce n'est donc pas la première fois que le tion. C'est dans cette voie queje demande au gou-
Gouvernement de la République a choisi, pour Auxpopulalions assujetties, parcequ'elles sont vernement d'entrer résolument : et j'espère
lç représenter au Japon,, un Gouverneur géné- de ce fait soumises à des charges fort lourdes, que c'est dans cette voie qu'il est entré avec-
ral de l'Indochine- quoiqu'indirecles. Si à ce dernier titre, celles-ci le Japon.
Le choix dé M. Merlin est d'autant plus flat- ne sont pas toujours exactement appréciées, N.D.L.R. — Nous avons souligné,nous
teur, il prouve d'autant mieux la spéciale esti- elles n'en grèvent pas moins lourdement le répétons encore en la faisant nôtre, cel-
mé'dans laquelle le tient le Gouvernement de prix de la vie, qui augmente chaque jour ici.
.

la France, que celle-ci avait déjà un homme Si.la population indigène calculait le total de ce te phrase:
éminent comme ambassadeur, M. Glaudel.dont qu'une protection oulranciçre lui. impose chaque Si la population indigène calcu-
elle aurait pu. certes, se contenter, si elle année, l indignation serait générale. lait le total de ce qu'une protection
n'avait eu dans les talents diplomatiques,, l'ex- Au trésor, pareeque celui-ci ne perçoit rien, outrancière lui impose chaque an-
périence, le sens pratique du chef de notre colo- les marchandises protégées entrant en franchi-
nie une confiance particulière, qui vient, nous se et entrant seules. née, l'indignation serait générale.

La question du pétrole dans les contrées


riveraines de l'Océan Indien
8,0, p/,9, du tonnage qui emprunte à l'heure très nombreux gisements de naphte du sud
l
Oil C° Ltd, qui exploite directement dans
actuelle le canal; de Suez, de, PÔ.çêau Indien; de la Perse occupent une large bande de ter-
i
tJttiuipire des Indes les gîtes du Beloutchistau
à Ut Méditerranée, est constitué par des. pé- rain qui s'étend du sud-est au nord-ouest du Peujab.du beugale, de l'Assain, de la liasse
troliers anglais amenant, de l'iuidp-rmaiaisie de la province de Fars à la froutière, et au- et de lu Haute-Birmauie, ces derniers parti-
ou. de& rivesj du golfe. Persique, uu, combus- delà, eu Mésopotamie, jusqu'à Mossoul. L'eu- culièrement iinportauts.L'Augio-Persians'est
tible liquide eu Europe. L'énorme propor- semble se développe sur près de-i'.ÏOO kilo- assuré le droit exclusif d'extraction du pétrole
tion, qu occupent, dans la totalité d'à trafic mètres de longueur dont 7 a 800 eu Per- sur tout le territoire de là Perse, à l'excep-
iudp-uiediterrauéeu, les, huiles; minérales se. Les réserves d'hydrocarbures sont ici tion des cinq provinces du ÎNord, lougeautla
empruntant la voie trausoceauique egypt.ieu- évaluées â 5.829 millions de barils, ce qui Caspienne ; celte Compagnie a obteuu eu ou-
ue, momie as&ez queJ.lt importance a prlsi donne à la contrée là troisième place parmi tre de vastes coucessious en Australie, Pa-
la question du pétrole dans,1, économie mon- les pays pètrolifères du globe. pouasie, Egypte et dans diverses contrées
diale, et, plus particulièrement la. question; Le pétrole brut de la Perse méridionale dEuiope et d'Amérique.
ctjl; pétijole, des; contrées; riveraines de.i'Qcéanj
est amené par une pipe-fine, à la raffinerie Eufiu l'Auglo-Persiau possède 50 °/0 des
Indieu, pour le ravitaillement en naphie de d'Abadan, mais les industriels anglais pen~ actions de la furkish Petroleum Go, qui doit
certains Etats du Vieux Monde. Il faut d'ail- sent qu'il serait plus avantageux de le traiter elle-même détenir bientôt le monopole exclu-
leurs orevbir que les transports de cette na- directement en Grande-Bretagne. Aussi l'An- sif des uaphtes de Mésopotamie. En 1007, la
ture n'iront qu'eu s'açcroissaut et qir'un glo-Persiau Oil C° Ltu, qui exploite les hy- Russie et l'Angleterre s'étaient mises d'ac-
jour prochain il faudra envisager le double- drocarbures du Proche-Orient, a-t-elle dé- cord pour partager la Perse eu il eux sphères
ment du canal par une « pipe due » (1) per- cidé la construction d'une grande raffinerie d'influence, l.uue russe au uord, l'autre bri-
mettant'aux pétroliers de 1 Océan Indien de près de Swansea. C'est pour assurer le stoc- tannique au sud-est ; elles laissaient entre
vider leurs soutes à Suez, taudis que (^au- kage des matières premières destinées à cette elles ua territoire neutre correspondant à
tres navires pomperaient le même précieux usine considérable que l'on iutensifie actuel-
liquide à Port-Saïd. Ainsi serait évitée l'énor- lement le ti au sport du naphte brut du golfe
me perte de temps qui résulte, pour les pa^ Persique dans le Pays de Galles et que par
quebots utilisant la voie maritime créée par suite le trafic du canal de Suez est si grave-
Ferdinand de LessepSi du groupement des, ment affecté par l'afflux vers les mers d'Eu-
pétroliersi eu trains, de bateaux devant tra- rope des navires pétroliers.
verser lp çauai a leur faible vitesse mâxiina, L'Anglo-Peisiau Oit G° Ltd doit son ca-
arrêtant tout trafic et obligeant les navires ractère très spécjal au. fait que le gouverne-
allant en sens inversé à se réfugier îdansles ment britannique en possède7 la majorité des
gares. / actions ; le reste des fonds constitutifs de la
D'aUleurs,; presqu'à sa sortie du canal, le Société est surtout aux mains de la Burmah
voyageur venant d'Europe est frappe par le
remarquable développement qu ont pris les
recherches de pétrole effectuées par les Sor
cietes britanniquesen Egypte^ le long de la
côté au désert arabique, en face de la pointe
sud du Sinaï et plus au midi encore. Actuel-
lement mêmey Captivité des chantiers estex^
ivëme, dans éettezpne qui n'a cependant pas,
à beaucoup près, réalisé tous les espoirs que
l?on avait fondés sur elle> Mais lesv derricks
qui se dressent sur les; rives du golfe de
Suez et de- la mer Rouge ne constituent
qu'un chantier bien secondaire par rapport
à ^ensemble des régions? pétrolifères qui, à
la périphérie de. l'océan Indien, sont mises
en valeur par des Sociétés, britanniques: ou
par des Sociétés sous le contrôle britannique.
Tout, autour du golfe Persique, en Arabie
et surtout eii Mésopotamie et eu Perse, s'é^
tend >unec vaste contrée richeen pétrole. Lès
(I) En vieux.'français : tuyauterie, conduite
ou canalisation.
L'EVEIL ECONOMIQUE

près de la moitié de la surface de l'empire ce dans l'avenir économique de son domai- drocarbures provenant des antres régions
des Chahs. Depuis, l'Auglù-Pèrsian a acquis ne métropolitain et colonial. britanniques de Bornéo, principauté de .Sara-
lé Vaste domaine que l'on sait et son champ wak et île de Labouan, contiennent surtout
d'activité s'étend désormais sur 500*000 mil- •
• •
des lubrifiants.
les carrés. Récemment le groupe américain Les plus importantes exploitations d'hy- Les principaux forages productifs de Bor-
Sainclair s'est assuré la propriété du naphte drocarbures dés contrées riveraines de l'Océ* néo se trouvent dans des possessions bri«
des cinq provinces de Perse touchant au an Indien sont, après celles de la Perse, les tanniques. Le territoire du protectorat de
rivage sud de la Caspienne. sondes de Malaisie, situées à Sumatra, à Java, Sarâwak par exemple, a exporté en 1922
Aux termes de l'accord de San-Remo, le à Ceram et surtout à Bornéo. Le pétrole de deux fois plus de pétrole qu'en 1921. D'au-
capital de la Turkish Petroleum C° devait Bornéo a pris une telle importance que, dès tre purt, grâce à une série de combinaisons
être souscrit comme il suit : 50 o/o par 1920, la majeure partie de l'huilé extraite de financières, les sociétés hollandaises du reste
l'Anglo-Persian Oil C°, 25 o/o par la France l'archipel Malais provenait de la grande île de l'archipel soat progessivement passées
et 25 o/o par la Royal Dutch, l'associée de que se partagent l'Angleterre et la Hollande. sous le contrôle de nos voisins d'outre
la Shell Transport. Modifié pour faire parti- Trois champs pétrôlifères y sont en active Manche : le Royal Dutch, qui monopolise
ciper les Américains à l'opération, le prora- exploitation. Le Koctei Oil District, active- depuis 1890 le naphte des îles de la Sonde,
ta semble avoir été récemment arrêté ainsi : ment exploité, voit s'accroître de jour en est intimement liée à la Shell Transport an-
Anglo-Persian 40 o/o, France 20 o/o, Royal jour le nombre de ses puits, dont les produits glaise dans un même groupement à la for»
Dutch 20 o/o, Etats-Unis 20 o/o La conces- riches en benzine, kérosine et nuile lubrifi- matiou duquel les Néerlandais ont participé
dans la proportion de 60 o/o et les Britan-
niques dans celle de 40 o/o. Ce trust, qui est
en fait le maître absolu des recherches d'hy-
drocarbures dans l'Jndpmalaisie, contrée
qui arrive au 5e rang des pays producteurs
de pétrole, possède en outre d'importants
chantiers en Egypte, en Roumanie et en
Amérique.
Par son empire des Indes, dont les pos -
sessions s'étendent d'Aden à Singapour, l'An
gleterre exerce une maîtrise indiscutable dans
l'océan Indien, maîtrise dont l'unité de direc-
tion pourrait,être encore renforcée si,comme
certains le suggèrent, on étend l'autorité du
vice-roi de Delhi à la colonie du Reniai-Ou-
ganda, au territoire du Tanganyka et même
à Maurice. Dans tout cet immense domaine,
en relation vers le sud-ouest avec l'Uoion
sud-africaine, et prolongé vers le sud-est par
les dominions d'Australie et de Nouvelle-Zé-
lande, la marine britannique aménage les
ports en vue de la généralisation de l'usage-
du combustible liquide dans la navigation
commerciale et militaire: les nouveaux projets
du port de Singapour ne prévoient-ils pas
des réservoirs pour 640.000 tonnes de ma-
zout !
En face d'une telle politique menée avec
une si persévérante énergie par les dirigeants
du Royaume-Uni, il faut que la France suive
avec ténacité, dans ses possessions riveraines
de l'océan Indien et des mers voisines, des
directives aussi nettement tracées que celles
des grands trusts d'outre-Mançhe ou d'outre-
Atlantique. Dans tous nos territoires doit être
poursuivi avec la plus parfaite continuité
d'efforts et d'activité un programme de re-
cherches de pétrole qui permette de serrer le
problème dfaussi près que possible. A Mada-
gascar, la mise en valeur des vastes gisements
de sables bituminisés reconnus dans le nord-
Les régions pétrolière voisines de l'Océan Indien par L. Jclcaud ouest de l'île sera, nous l'espérons, dans un
avenir prochain, minutieusement étudiée au
Les chiffres figurant sous les noms des pays producteurs indiquent le nombre de: ba- triple point de vue de .la géologie, de ta chi-
rils extraits en Î922 ; ils sont accompagnés d'un schéma à l'échelle (1 baril = 458 mie et de l'art de l'ingénieur, en même temps
litres 98) les centres de raffinage ont leur nom souligné d'un trait.
que se poursuivra une exploration détaillée
tuyauterie des terrains pétrôlifères de notre grande co-
sion a trait seulement aux trois districts de ante, sont amenés par une aux riche
Mossoul,de Soulemanieh et de Kirkouk.Peut- raffineries de Balikpapan. Le Tarakan Oil lonie de flnsulinde. Notre domaine
pétroles DistrictjSitué nord-est de Bornéo, dans les d'Indochine retiendra tout particulièrement
être établira-t-on pour ces une tuy- au des prospecteurs, tandis qu'une
auterie de 1250 kilomètres vers le golfe Per- îles Tarakan et Sébêtik, a augmenté notable- l'attentionscientifique, assurée par nos natio-
sique ou une de 600 kilomètres environ vers ment, depuis 1910, sa production qui consis- enquête
la Méditerranée à travers notre pays de man- te surtout en essence pour moteurs du type naux, nous fixera définitivement sur là
de Diesel: tuyauterie dirige combustible question du pétrole en Nouvelle-Calédonie.
dat, la Syrie. Mais le vilayet Mossoul, i une ce
en atteucant la conclusion de négociations sur le port de Linekas, qui le réexpédie aux A l'heure où le trouble du marché des
présentement suspendues,reste aux mains de raffineries de Baïikpàpan. Le British Bornéo changes fixe l'attention de toutes les grandes
l'Angleterre, protectrice du royaume d'Irak- Oil District n'a encore atteint sa pleine activité énergies économiques créatrices sur les em-
Arabie, gouverné par l'émir Fayçal. de rendement que dans les champs de Miri, pires coloniaux, la France doit savoir exac-
La mise en valeur des roches hydrocar- au sud du golfe de Brunei. Les suiutemets tement ce qu'elle peut attendre de ses pos-
burées des vallées du Tigre et de l'Euphrâte d'huile et les émanations gazeuses se pré- sessions de l'océan Indien, de l'Extrême-
est une opération de grande envergure pour sentent le long des plissements de la pénin* Orient et de la Mélanésie comme richesses
laquelle le concours des principaux Etats du suie de Klias, de l'île de Labouan et des côtes pétrôlifères.
globe ne sera certainement pas inutile. La du golfe de Brunei : les puits se trouvent L. JOLEAUD.
France qui, par traité, a hérité dans cette surtout actuellement dans la péninsule de
partie de l'Asie des droits de l'Allemagne, Klias, ainsi qu'à l'Ouest et au sud de Bru- Maître de Conférences à la Sorbonne.
se doit d'affirmer aux yeux du monde, dans nei, à Miri, où l'huile, qui donne de la ben*
l'antique Ghaldée, par une activité iudus- zine et de la kérosine, est canalisée sur le Le Monde Colonial Illustré*
petle purement nationale, sa ferme confian- port de Lutong pour y être raffinée. Les hy-
L fcVElL EGONOMlQUli

CHRONIQUE DIS LIVRES


Les livres et les idées
de Paris elles firent bientôt dé M. qui doit être comprise, du niai du siècle.
Quelques livres d'histoire littéraire Jacques Rivière l'un des directeurs de sa Sous ces apparences de négation bruyantes
vues ;
contemporaine génération et du groupe qui prenait volon- se dissimulait une grande inquiétude née pour
Histoire de la littérature française tiers André Gide comme centre attractif. uns très grande part du bouleversement des
con-
temporaine (de 1870 à nos jours} par René D?un autre point de vue, lès « Jugements» valeurs causé par la guerre. Tant de presti-
Grès Çie). de Henri Massis (Pion) apportent une con- ges avaient sombré, tant de faillites s'avé-
Lalou (G. et
tribution considérable à l'histoire des mou- raieut à la lueur tragique des 420 et des
Lorsque parut cet ouvrage, de violentes vements littéraires et intellectuels dé noire torpilles monstrueuses que des jeunes gens
protestations et polémiques surgirent à son temps. Avec M. Massis comme avec M. Ri- étaient excusables, par dépit, par rancune
sujet. On ne travaille pas impunément dans vière il ne s'agit plus d'histoire chronolo- envers les idéaux impuissants, de chambar-
la matière vive. Certains, qui prétendaient gique ni de classement, mais, pôurrah>on der dés idoles périmées. Cette attitude n'était
réparer des injustices envers tels auteurs dire, de l'étude intérieure des oeuvres, et de pas exempte de romantisme, mais d'un ro-
morts, à qui M. Lalou, estimaient ils, n'a- leurs conséquences, ajouterons-nous pour mantisme dont « Dada » désirait ardemment
vait pas fait une place suffisante, visaient M. Massis. Nous avons déjà signalé, à pro- de guérir. Déjà l'on peut dire que la plupart
surtout le soin de leur propre réputation pos de son premier volume de « Jugements » furent exaucés et leurs premières oeuvres
négligée ou dépréciée par l'historien. Ce fut la rigueur et le souci moral qui marquent montrent une saine vitalité.
un beau tohu-bohu de clameurs dans les ses appréciations. Le second volume étudie « Les Pas Perdus » ne sont pas précieux
courriers de lettres des journaux. André Gide ou l'immoralisme, Romain Roi - seulement par les éclaircissements qu'ils ap-
Pourtant, eu un an, de nombreuses édi- land ou le dilettantisme de la foi, Georges portent sur l'état d?esprit des jeunes; gens
tions furent épuisées et voici que parait une Duhamel ou le règne du coeur, le cas de Ju- d'après la guerre ; ils retracent eu outre
réimpression de cette Histoire, remaniée et lien Benda,philospphe et romancier, les cha- l'évolution psychologique du groupe le plus
mise à jour jusqu'à la fin de 1923. En "réa- pelles littéraires. Ces titres de chapitres di- actif de cette jeunesse qui débuta dans la vie
lité, le livre de M. Lalou, pour employer sent seuls l'intérêt majeur des études d'Hen- sous le signe le plus, terrible de Mars.
une formule banale, répond à un besoin et ri Massis. Pour lui, une oeuvre littéraire ne
constitue à peu près le seul guide de la litté- se justifie pas par sa réussite du point de
rature française contemporaine qui présenle vue de l'art ; elle doit encore, elle doit sur- Signalons enfin comme contribution à
un ordre utile et systématique propre à fa- tout servir le progrès humain qui pour lui l'histoire littéraire d'aujourd'hui le livre de
ciliter les recherches. A côté de renseigne- trouve sa voie d'excellence dans le catholi- M. Frédéric Lefèvre « Une heure avec......
ments abondants, on y trouve des apprécia- cisme. Cette réintroduction du caractère de Pour umjournal littéraire de Paris, Frédéric
tions sur les auteurs étudiés; ce sont ces ap- * bienfaisance », comme disait Taine, dans Lefèvre va trouver chaque semaine l'un des
préciation qui émurent le peuple des lettres. le jugement littéraire met Henri Massis eu écrivains les plus marquants de notre temps
Pas toujours sans raison.Des erreurs aussi opposition complète avec la tendance géné- et s'entretient avec lui des problèmes d'art
furent relevées dont.est purgée sans doute la rale des littérateurs d'hier et d'aujourd'hui. et de littérature. C'est la réunion de ces en-
nouvelle édition (je n'ai pas eu le temps de L'ardeur, le courage, la probité intelligente tretiens qui forment son livre. Parmi les
contrôler). Tel quel, l'ouvrage de M. Lalou qu'il apporte, à son travail de redressement personnalités interwievàes par lui citons :
est très complet et de la plus grande utilité et qui vivifient son talent le mettent au pre- .Maurice Barrés, Henri Beraud. A. de Chù-
pour tous ceux qui s'intéressent à la littéra- mier rang de nos critiques historiens. teaubriant, Jean Cocteau, Gourteline, Roland
ture d'hier et d'aujourd'hui. « Les Pas
Perdus », par André Breton Dorgelès/Giraudoux, G. Goyan, l'abbé Loisy,
(Nouvelle Revue Française) apportent le té- H. de Montherlaut, etc.. Jamais encore
moignage le plus pénétrant qui nous ait été l'histoire littéraire n'avait eu à sa disposition
Anthologie poétique du XX° sièc/«,par donné jusqu'ici sur le mouvement « Dada » pareille abondance de témoignages di-
M. Robert de la Vaissière (Crès et Gie).
une
dont André Breton fut un des promoteurs. rects et toute la complexité de la pensée
Cette anthologie aurait pu rendre aux poè- On sait par quels moyens enfantins les jeu- contemporaine se retrouve dans ces pages.
tes d'aujourd'hui le même service que la cé- nes gens de ce groupe affirmèrent leur néga- Un pareil ouvrage, lorsqu'il sera complet,
lèbre anthologie du « Mercure », de P. Lé- tion des écoles et des principes reçus. A pourrait s'intituler « Dictionnaire des opi-
autaud et Van Hever, rendit aux poètes sym- voir la carrière parcourue par certains d'en- nions littéraires, artistiques et philosophi-
bolistes. A son apparition elle souleva des tre eux et la qualité de leurs productions ques en 19J23-192... » Et cela seul en dit
protestations identiques à celles de l'Histoire ultérieures, il faut se convaincre qu'il ne s'a- l'intérêt unique et précieux.
de M. Lalou. Reconnaissons-le, des oublis gissait pas là de réclame tapageuse seule-
invraisemblables furent relevés et des com- ment. On se trouvait réellement en présence HENRI MARTINIË
plaisances que rien n'explique. Telle quelle, d'une manifestation, déplaisante certes mais
et puisqu'elle est la seule, on la consultera
avec profit. Les préférences de l'auteur se
marquent sans trop nuire au véritable ta-
bleau de la poésie française depuis 1900.
Les histoires de M. Lalou et de M. Ro-
bert de la Vaissière témoignent simplement
de la difficulté d'atteindre à la vérité objec-
tive que contrarient la sensibilité et legoût
des auteurs, qualités qui constituent pourr
tant un minimum de garantie. Il y a plus
de compréhension, plus de justice aussi dans
les études franchement systématique*! par-
tiales souvent, de. certains essayistes qui
consacrent et leur sympathie et leur intel-
ligence à la pénétration des oeuvres qu'ils
aiment et défendent.
Par exemple, les « Etudes » de M. Jac-
ques Rivière (Nouvelle Revue Française) sur.
des écrivains (Baudelaire, Paul Claudel, An-
dré Gide;), dès musiciens (Rameau, Bach,
Franck, Wagner, Debussy, Moussorgsky),
des peintres (Ingres, Cézanne, Gauguin,
Rouault, Matisse) n'attestent pas seulement
une culture et une sensibilité enrichies des
spititualités les plus diverses ; elles indi-
quent aussi une activité parallèle à l'évolu-
tion la plus moderne et d'autant plus com-
préhensive qu'elle contribue à cette évolu-
tion. Ces Etudes ont paru dans diverses re-
H> L'EVEIL KCONOMIOUE
.

Nos Illustrations

Hongkong. Arrivée de M. Merlin à Hongkong: les troupes anglaises rendent les


honneurs. Prés du quai Mme Merlin accompagnée de la femme de l'officier d'or-
donnance du Gouverneur de Hongkong gagne son automobile.

"^L'effort de reboisement en Annam. Une plantation de filaos à Cua-Lo, près de


Vinh. Le filao, arbre résineux de la Réunion, donnant dès 5 ou 6 ans un bon
bois de chauffage et à 15 — 20 ans un bois de construction apprécié, est ap-
pelé à couvrir un jour des centaines de kilomètres carrés de dunes et de plaines
sablonneuses.
L'EVEIL ECONOMIQUE 11
-

L'île mystérieuse Le port de l'île de la Cat-Ba, près de Haïphong, un des


:
coins les plus pittoresques du Tonkin.

A Hongkong. La canonnière française Y Argus, destinée à la police de la Ri-


vière de l'Ouest, en Chine, sur son chantier de montage aux ateliers Taikou à
Hongkong (voir les Informations Diverses de notre dernier numéro).

Lancement de la Canonnière l'Argus,


12 -'• L'ÈVÉÏL ECONOMIQUE
L'EVEIL ECONOMIQUE 13

VARIÉTÉS
Trois extraits des lettres du Maréchal Lyautey
One soirée chez P Empereur Européens, ne figurent que le Roi et les Chinois, masqués, barbés; casqués, armés;
d'Anna m Régents, une haie de serviteurs en dalmati- clowns de premier ordre, bondissant, pirou-
Hanoï 27 Août iW6 qûes de velours rouge cadençant sans fin ettant, clamant: ce sont de vrais numéros
.
Soirée des Mille et une nuits. Dîner chez derrière nous les éventails de plumes. Et de cirque, et tout cela vomit du feu, s'éclaire
le Roi, an Palais d'été. Hier m'avait été remis Iloang-Trong-Phu, agenouillé entre le Roi et de bengale, et les deux taureaux figurent une
le billet que je vous envoie précieusement le Gouverneur, transmet les paroles. scène dont les passages les plus roidès ont
ci-joint et dont voici la traduction : Pauvre lloaug-troug--Piiu ! j'ai eu ses con- été coupés par égard pour les dames; ce
fidences aujourdhui, il n'en peut plus, mo-
« Le 19 de ce mois* à 7 heures du soir, ralement et physiquement : ses genoux brû-
qui reste suffit, mais il n'y a pas à décrire
aura lieu un festin au Palais de Tinh-Tam ; puisque vous verrez en 1900. Seulement,
lent ; au retour des longues séances, il ren-
nous avons l'honneur de prier Monsieur le dame ! le cadre n'y sera plus.
Commandant de M. le Gouverneur général tre chez lui brisé, couvert d'ecchymoses que Enfin l'embrasement des eaux.
de vouloir bien venir y assister pour y jouir sa femme passe les nuits à baigner de com- De terrasse en terrasse, de ponts en ponts,
des plaisirs. » presses, et aussi avec des haui-le-coeur de parmi les canaux et les bassins, le Roi nous
Et, nous conformant à ce texte, nous avons cette vie servile que six ans de vie parisien- guide, toujours suivi du trône de soie jaune,
«joui des plaisirs ». ne lui ont rendue intolérable. Le vieux toujours tenant rituellement parla main le
A 7 heures et demie, nos quatre voitures Trong-Hièp, bien que tout puissant ministre, Gouverneur ; et rien n'est gracieux comme
franchissaient la porte de l'enceinte royale trouve tout simple, lui dont rien n'a rompu le groupe de cet enfant et de ce patriarche.
illuminée de la base au faîte, et, de ce mo- l'atavisme, de faire les cinq lais réglemen- Si j'étais en veine de sentiment et de prud-
ment, nous sommes entrés dans: le royaume taires, le front touchant le pavé, et de se hommisme, il y aurait tout un développe-
du feu, des avenues de feu,des arcs de feu, prosterner pendant les audiences. Pour le ment à faire sur ce tableau symbolique :
les arbres flamboyant de lanternes, les gardes récent élève de l'Ecole Alsacienue, c'est un protecteur et protégé, France et Annam.etc.;
rouges portant de grandes torches de résine supplice. Et s'y ajoute encore la suspicion je vous en fais grâce. Les pièces d'artifice
parfumée ; les canaux, les ponts, les bassins, générale, ainsi qu'il me disait : « Je suis un éclatent.des dragons de feu sillonnent la nuit
les frises et les toits, les portes et les escaliers, étranger partout, chez vous, où malgré mes du ciel, des fleurs de lotus en verres de cou-
les contours de toutes choses, dessinés en goûts, mes sympathies et mes habitudes, ma leurs flottent sur la nuit des eaux, éveillant
ligues de feu et, dans cet embrasement, au race me déclasse ; dans mon propre pays, où de leur lourd sommeil parfumé les feuilles
bout d'un pont, le petit Roi nous attendant, je me sens plus étranger encore.» endormies des vrais lotus ; et, par delà la
étincelant lui-même d'or, de joyaux, dans Le festin finit, le Roi se lève, toujours sui- fête, c'est l'obscure mélancolie des palais dé-
la clarté de sa robe, de son turban et de son vi de son trône portatif, tenant toujours le labrés, les « dessous » primitifs de cette cour
visage d'enfant. Gomme fond* de tableau à Gouverneur par la main. cliuquaute et rustique, les allées et venues
cette féerie, une pagode embrasée où, telle Nous voici maintenant sur la terrasse de des serviteurs, les débris de festins, leschar-
qu'une figuration d'opéra, se presse la foule la pagode. D'abord les bouffons : ainsi que ges de riz, toute la figuration naïve des his-
officielle dont les rares habits noirs se per- le remarque quelqu'un, ce serait uu fameux toires saintes illustrées de notre enfance.
dent dans l'universel chatoiement. Et à cette numéro aux Folies-Bergères, et Pidée circu- Et c'est sur ces évocations de rêve qui
heure, dans cette lumière, la misère de la le de suite qu'il les faudra envoyer à l'E im- nous font dire les uus aux autres : « Mais
vieille cour s'efface> les vieux ors, les vieilles position de 1901). Quel récit naturaliste mi- où sommes-nous ? » que nous regaguons les
soies, les vieux velours reprennent leur éclat. ment ces six pierrots grimés ? voitures pour rentrer dans la nuit des ténèr
Than-Taï a pris M. Rousseau par la main, Nous ne comprenons, mais çà, doit être bres extérieures ».
il a gravi les degrés de la pagode de feu et salé à eu juger par le pétillement des yeux, C'est fini.
s'est assis sur un trône portatif drapé de soie la gourmandise des lèvres, la joie des audi-
jaune; au haut bout d'une table où trouve teurs ; et quel rythme endiablé et ensorce- Lettre du Tonkin et de Madagascar 1

place la suite immédiate du Gouverneur, y laut,SGande parles tambours de bois iThan- par le Maréchal LYA UTEY .
compris trois dames, Mme et Mlle Rous- Thaï oublie qu'il est le Roi pour redevenir
Les territoires militaires
seau et Mme R..., femme du Directeur des l'enfant et rit du meilleur et du plus profond
rire de gosse. Hanoï 21 Août 1896
Travaux Publics.
La foulé officielle debout, pressée dans les Vieuneut les taureaux, figurés par deux 6ai, seulement, après deux ans de prati-
bas-côtés, le groupement, derrière le Roi, hommes daus une carapace ne carton et de que, j'ai acquis la conviction absolue que la
des eunuques, des porte sabres, des inter- toile, l'énorme dragon de 40 mètres, vraie formule actuelle est à changer.
prètes, l'accompagnement continu des fifres tarasque : les compères en costume d'acteurs J'estime que l'institution des territoires
et des gongs, toute cette figuration ordonnée
et éclatante donne l'impression croissante
d'une fin d'acte dans le mieux réglé, et le plus
prospère des opéras. Et, du reste, toute cette
scène se décomposerait eu tableaux ayant
chacun leur nom : le Repas, le Spectacle,
l'Embrasement des eaux, etc.
Voici le Repas.
De ponts en pontsjetés sur les bassins et les
canaux, à travers une haie de feu, nous nous
rendons à une pagode, ou plutôt un simple
toit porté par des colonnes, sans murs, sous
lequel la table est dressée : et tout autour;
taudis que nous mangeons, sur les terrasses,
d a us les jardins* la fête se déroule ; et, dans
le décor de lumière, c^estde plus en plus
opéra cette large ondulation de mouvements,
que les allures de la race font toujours ryth-
miques et mesurés, tandis que festinent sur
une estrade les seigneurs importants. Seule-
ment le menu est une réalité,comme en té-
moigne le papier ci-joint,
pue cinquantaine de convives où, avec tes
u hEY.ÉIL KÇUNOMiq.ïJJL

militaires, rédùiîs d'-aïHèurs progressivement sachant quie tout et tous leursont hostiles ; tion, la vie, le résultat tangible, après cet
à une zone plus étroite, n'est pas seulement race trop rare et d'autant plus précieuse. été de labeur tuant et cet hiver d'attenté
une nécessité du moment, mais est la forme Ils savent trop bien que, le jour où Galliéni forcément inactive.
administrative qui répond le mieux, aussi disparaîtrai ils risquent de retomber sous le Le seul point noir, c'est le risque qu'on
bien à l'état social'ét aux iradiiioris indé- poids dé la férule du fonctionnaire guindé nous enlève. Galliéni- "Vous, qui êtes en me-
pendantes et quelque peu féodales delà hau- dans ses règlements et de l'officié r fossilifié sure de parler où il convient,- prenez comme
te région qu'à l'obligation de rester toujours dans sa routine: Et pourtant, que diable ! lèà motiv qu'il faut qu'on le laisse ici, avec
en parade armée en face de ce réservoir de La colonie, c'est eux ! carte blanche, pour y achever son oeuvre.. Il
piraterie qu'est la Ghin6. Seulement, si l'on L'état d'esprit du fonctionnaire se résume a ici derrière lui toute l'opinion, la masse;
veut faire porter à l'institution tous ses dans ce mot du sublime X...., résident de agissante, laborieuse, il en obtient un effort,
fruits, tirer de ces régions inexploitées tout Z. ...aucolon lui demandant de lui délivrer surhumain. Il sait quMl a la confiance abso-
le profit qu'on doit en attendre, il faut de eufin un permis de concession : « Je ne peux lue du Ministre, et il lui en est d'autant plus:
toute nécessité y stabiliser les officiers, en pas : je n'ai pas de géomètre !» reconnaissant qu'il le devine en butte aux
un mot créer un cadre d'officiers de terri- Vous voyez l'état d'âme, la subordination suggestions incessantes des « selon la for-;!
toires militaires tel qu'il existe en Algérie du but aux moyens : « Comment voulez- ' mule ». et qu"il sait que les « Bureaux » le
et surtout au service des renseignements de vous que je fasse ; je n'ai pas de géomètre? mangeraient. Au fond, et quoi qu'il en dise,>
Tunisie. « Nom de nom ! Je n'ai pas de géomètre à il ne demande qu'à achever ici son oeuvre et
Quand on tombe sur un chef comme Gai- Ankazobé, ce qui. ne m'empêche pas, dès à y donner les années nécessaires pour y sor-'
liéui, çà va bien, lequel plaçait au premier qu'un Français m'arrive, de là lui donner, sa tir de la période des tâtonnements et des
rang le rôle organisateur, assurait de lui- concession; je la lui payerais; et je la mesu- espérances. U déclare bien quùl a hâte d'aller
même à ses agents la permanence et l'initia- re avec n'importé quoi, le pas, l'oeil.—« Je se reposer, il l'a peut-être écrit de votre -

tive indispensable mais il est l'exception. Et n'ai pas de géomètre : » Je crois euteadre côté ; mais, si je le mets au pied du mur,.
il faut absolument sortir de l'état actuel qui les bureaux d^Harior et tous ces gens Doyés il convient qu*aprè6, s'il pouvait aller passer
fait rouler les capitaines, avec leur compa- dans un crachat, parmi- lesquels j'ai été quelques mois en France, il reviendrait vo-
gnie d'un poste à 1 autre, qui tient à Hanoï élevé, et que la grande école des Lahessan lontiers continuer l'oeuvre à laquelle il s'est
tels officiers nés pour susciter un secteur et et des Galliéni m'a remis pour toujours à voué.— C'est ce que je souhaite à ce pays-
envoie dans un poste politique où tout est leur juste point. ci. Rien ne se fait qn avec lâ; durée. D'ici là,
à créer tel capitaine-caporal dont c'est le Donc, malgré tout .
et tous, Galliéni pour- il aura pu éliminer les éléments médiocres
«tour ». Un « cadre spécial > et un lien suit ici magistralement sa grande oeuvre. et faire venir les collaborateurs de premier ,
beaucoup plus étroit et direct entre le Gou- Quand je suis arrivé, en Avril, les scepti- choix; ceux de la fidèle équipe tonkinoise,
verneur et ce cadre chez qui l'action politi- ques de Tananarive disaient avec une iro- qui le comprennent et marchent à l'unisson.
que et administrative doit être prépondé- nie réjouie : * L'insurrection reprendra de Ah ! quelle belle association de passionnés
rante, voilà le desideratum. plus belle, cet été, après la récolte. » L'été nous ferons autour de lui ! J'irais, moi aussi. ,

Du reste, le colonel Pennequin, l'émule de est passé, il n'y a plus d'insurrection ; de passer bien volontiers ces quelques mois de ,

Galliéni,. l'a nettement formulé dans ses ad- plus' en plus refoulée, nous la rejetons à ia repos en France, sauf à. revenir av,ec lui.
mirables « i otes autographiées » que je côte, de toutes parts. Les routes se rouvrent, Quelle joie de se donner à une= oeuvre et de,
vous enverrai uu de ces jours ?
,
les villages se repeuplent ; L'Emyrne où, la voir ,pouss-r 1 Quelle, raison de vivre, ,
Si ou veut me. charger de la besogne, d'é- en' AvriL je u'ai plus vu une maison debout, alors qu'en France on fait :oujoiir,s de l'ina-,
tudier cette organisation et de créer à Hanoï se rebâtit et se cultive. Nous allons avoir un chevé I
un « bureau politique », analogue à celui de sale hiver parce que du fait dé l'insurrec- Lettres du Tonkin et de Madagascar
,

Tunis, j'en suis, à la condition par exemple tion, rien n'a été cultivé à l'automne 1896,
de me savoir soutenu par quelqu'un décidé , et, par. conséquent, rien récolté an. printemps
à marcher, sur les objections et les obsta- 1897. Depuis trois mois, tout est bien remis
cles ; car il n'y a rien de moins admis en en culture, mais cela ne produira qu'en
haut lieu militaire que cette conception : Avril, et d'ici là il y aura six mois qui se-
Pennequin et Galliéui sout les premiers à le . ront durs à passer. Mais cet Avril prochain ?
constater... et à le déplôrén Avec quelle confiance et quelle joie nous
Lettres'dû Tonkin et' de Madagascar l'attendons ! Ce sera la période des, résul-
par le MARÉCHAL LYAUTEY. tats : — JDu riz tant qu'on en voudra, —
plus de grosses' colonnes, grâce à Dieu' !
Galliéni partant plus de porteurs à lever, les gens
Madagascar, 21 Septembre 1897 laissés libres chez eux à .panser leurs plaies,
Je. vois rarement Galliéui : parfois il à refaire leurs maisons, les marchés ressus-
m'appelle, je pique sur Tananarive, je passe cites, la route de Majunga réouverte, celle
quatre jours chez lui ; nous nous débon- qui vient de France et qui mène à là nour-
dons ; hors ces deux ou trois brefs séjours, ricière Afrique. Bref, ce sera la résurrec-
nous nous écrivons. Nous nous comprenons
de mieux en mieux. C'est l'homme. 11 pour-
suit ici implacablement l'oeuvre qu'il s'est
assignée, 1 homme des indigènes, des co-
lons, des petits, la bête noire des grosses
légumes militaires ou civiles. Les Colonels
eties Résident, les mandarins de tous poils ;
les.mauitous des Ministères ne:le comprend
dront jamais. Et là aussi est ma terreur
pour son oeuvre, parce que ces animaux
malfaisants sont puissants, en ce pays de
France plus maodarinisé que la Chine.
.Nous ne sommes pas beaucoup ici, dans
les titulaires de grands commandements, à
le comprendre et à le gober à fond. Ses
fanatiques, c'est la foule des lieutenants, des
sous-officiers, des soldats, d'abord, qui don-
nent le maximum de leur effort pour un
regard ou un geste. Ce sont les indigènes,
qui le regardent comme un demi-dieu et
tremblent à son nom ; ce sont les colons
enfin ; que j'aime comme lui, ces admira-
bles colons français, que j'ai appris" à ap-
précier au Tonkin, d'autant plus méritoires
qu'ils s'expatrient contre vents et marées,
L'EVKIIi. Et.ONGMlOUfc 15

C H R O N I QU1 I NT E RCO L.Ô'N 1À LE


LeSt François Xavier namites qu'ils sont autorisés à recruter, il est Djibouti, et l'AbYSsinie.
vrai. Mais l'opposition élevée dans presque
Ge vapeur qui fait 2 fois par an le toute là presse indbehinoise, l'ait craindre qu'il Un accord à là veille d'intervenir qui devrait
service de Nouméa à Haïphong et retour soit très difficile de recourir à une nouvelle de-
assurer des avantages réels aux deux parties
mandé d'engagés Volontaires tonkinois. D'ail-
emportait à son départ de Nouméa, nous leurs, la journée de ces javanais ou tonkinois Djibouti, tête de ligne du Chemin de fer
apprend la France Australe. franco-éthiopien, reliant Addis-Abeba à la mer,
ressortirait de 8 à 10 francs par jour. Il est dou^
est le port naturel de l'Abyssinie. A la suite
feux qu'un planteur calédonien, avec le chan-
180 T màttès de nickel (Anvers) du voyage en France du ras Taffari, il est pro -
ge, puisse payer ces salaires alors que nos mi-
75 —• cacao bable qu'il va en devenir le port officiel.
nes et les colons néo-hébridais peuvent con-
15 —maïs sentir des payes inabordables pour les autres. Nous dirons tout de suite que c'est tant
20-—peaux et divers mieux.
Dans ces conditions, nous ne devons pas hé-
20 biche de mer (Hong-Kong) et en plus siter plus longtemps à recourir à l'introductionGar, depuis que nous sommes installés sur
un échantillonnage de deux tonnes de Trocas, la Côte des Somalis, depuis que l'Etat français
de travailleurs wallisiens dont, depuis longv
pour les usines à boutons du Tonkin, qui font a pris à sa charge l'excédent des frais d'ex-
teoeps.les qualités d'endurance et dé robustesse
le, bouton fini, sur cartes. Envoi d'essai qui ploitation du « Chemin de fer Franco-Ethiopi-
ont été très appréciées. ANouméa, une trentai-
donnera probablement suite à des transactions en «depuis que des Sociétés françaises de ban-
ne environ sont engagés dans différentes mai-
intéressantes avec la grande colonie soeur. que, de navigation, de commerce ont enga-
sons de commerce où ils donnent toute satis-
Dans le même ordre d'idées, if est expédié gé sur ce coin d'Afrique d'importants capi-
faction. Leurs salaires mensuels sont de 75-80
au Tonkin. un échantillonnage de trois mètres francs.. taux, nous avons un intérêt évident à conser-
cubes de kaori et autres bois dii pays. ver, à consolider et à élargir la situation pri-
On sait que depuis 1910, les Iles Wallis et
Au refour le « St-François Xavier », nous vilégiée de Djibouti comme point de transit
Futuna ont été. placées sous le protectorat de
rapportera 800 T riz de Saigon et 550 coolies du commerce extérieur de l'Abyssinie.
la France et que nulle ingérence étrangère ne
tonkinois. peut contrarier une demande des travailleurs. Nous ajouterons même qu'un accord défini-
Le « St-François Xavier » qui vient d'ache- tif entre la France et l'Abyssinie est d'autant
Au dernier recencement de 1923, la popula-
ver à Nouméa de très importantes réparations, plus souhaitable que nul n'ignore les efforts
tion de ces deux îles s'élevait environ à 5.760
passera en cale sèche à Cdkotoo Island à Sy- habitants. tentés par l'Erythrée italienne et par la Somalie
dney, pour s'y radouber,, gratter, peindre et anglaise pour drainer au profit de leurs ports
Les îles Wallis ont leur budget spécial se
ensuite ebarbonner. la plus grande partie possible du trafic exté-
montant à près de 60.000 en recettes et en dé-
Il fera retour direct dHaïphong sur Nouméa penses. rieur éthiopien.
ou Port Vila. Peut être attendu à Nouméa du Nous estimons que les 5.760 wallisiens pour-Certes, l'affaire est d'importance et mérite
15 au 30 juin prochain. d?être traitée parles ministères compétents,
raient fournir 400 travailleurs, engagés pour
en l'espèce, les Affaires étrangères et les Co-
une durée de 18 mois , en cas de nécessité, ne
N. D. L. R... — Peu à peu les esprits lonies, avec une très grande prudence. Nous
pourrait-on pas réduire cette période de 18 mois
perspicaces se rendront compte de l'in- sommes d?ailleurs persuadés que le ras Taffari
aux mois nécessaires pour lès récoltes de co-
ton et de café ? qui vient d?émerveiller Paris par ses qualités
térêt qu'à l'Indochine au maintien et si attrayantes faites autant de mesuré que
Les Wallisiens, affectés exclusivement pour
au développement de ce service. d'éclat, n'aura nullement des exigences que la
les agriculteurs, rendront des services excep-
D'une part les produits à destination tionnels. France ne puisse satisfaire.
Une mission de recrutement pourrait être Djibouti sera donc demain le port officiel
des ports du Nord de l'Europe : cacao, rapidement formée avec notre chef du servicede l'Abyssinie. L'Abyssinie aurrà ses môles,
xnattes de nickel, maïs, peaux etc vien- ses magasins généraux, ses douanes et. dans
des affaires indigènes, un médecin et un ancien
dront transiter par Haïphong ou Saigon. son domaine, elle pourra jouir, sous le bien-
Résident aux Wallis, M. Mallet (actuellement
D'autre part la ligne de Nouvelle Ca- veillant contrôle de la France, de toutes les
juge de paix à Bourail; et qui a laissé dans l'ar-
chipel wallisi.en d'unanimes regrets. prérogatives que peut lui valoir une telle situa-
lédonie nous apportera des matières tion privilégiée.
Le médecin serait de toute utilité, les walli-
premières telles que les trocas (c'est siens, étant affectés généralement de maladies Pour concrétiser l'accord et concilier les
l'Eveil Economique qui a emmanché intérêts en jeu, il. a d'ores et déjà clé envisa-
de peau et notamment l'éléphantiasis. C'est le
gé de procéder à la constitution d'une « Société
manque complet de toute hygiène et lanourriture
cette affaire) et certains bois de valeur. spéciale qui rendent ces maladies communes.fermière franco-éthiopienne du port de Dji-
Le Tonkin manquant maintenant de bouti ». C'est cette société fermière qui assu-
D'ailleurs, l'Administration a demandé au Dé-
rerait l'exécution pratique des accords franco-
partement l'envoi d'un médecin qui fera fonc-
bois d'oeuvre et dé menuiserie on trou- abyssins, traiterait aveu le Gouvernement d'A-
tions de Résident et il paraîtrait que la pénu-
vera peut être à meilleur marché à Nou- byssinie d une part et l'Administration de
rie de médecins militaires a S3ule retardé l'en-
méa qu'en Annam. voi de ce fonctionnaire. Djibouti d'autre part c'est elle qui construi-
5

Signalons l'intérêt qu'auraient aussi Nous sommes persuadés qu'il ne s'élèverarait le port et qui en dirigerait le fonction-
nement et l'entretien. Elle serait d'abord cons-
aucun obstacle ni objections sérieux en faveur
pour l'Indochine le cacao, le coton, et tituée à un capital action peu élevé, car elle
de la venue de wallisiens sur la terre calédo-
aussi les taureaux et vaches laitières. nienne et que notre Administration saura me-pourrait' espérer être autorisée à émettre des
ner à bien cette opération. obligations garanties par l'Etat-français.
Il y a dans la colonie de la Côte française
One main-d'oeuvre à laquelle France Australe des Somalis des groupements assez importants
on ne songe pas Nv.D. L. R.— On a encore bien moins et qui ont l'ait leurs preuves, auxquels pourrait
la main-d'oeuvre l'on être confié le soin de procéder à la constitution
Toutrécemment, en entretenant nos lecteurs songé à russe, que de cette société fermière. La« Sanque d'Indo-
des cptonneraies qui surgissaient de tous côtés, peut trouver à Chaogbaidans les meil- chine », les'f Messageries Maritimes >,. la« Com-
sur la côte Ouest, depuis Gomen jusqu'à Bôulou- leures conditions. pagnie du Chemin de fer Franco-Ethiopien »,
pari, nous avions relaté également que, jusqu'à
ce jour, lès planteurs de coton n'avaient pas
trop à se plaindre de là main-d'oeuvre canaque.
Mais, de différents points, il nous a été écrit
que tout autre était la réalité. Nombre de plan-
teurs se demandent, avec angoisse, comment
ils pourront assurer la prochaine récolte de
coton.
Notons que la cueillette du café s'effectue dé
mai à juillet et celle du coton en fin; d'année.
If faut faire ressortir; une fois de plus, que
de grosses plantations de coton ont été créées
et que les capitaux engagés sont considérables,
Il est donc nécessaire d'augmenter la produc-
tion agricole pour améliorer notre situation éco-
nomique.
Il est prudent de ne pas escompter l'intro-
duction dé javanais et d'annamites pour les cul-
tures. En ce qui concerne les javanais, l'obli-
gation de rapatrier les anciens engages, avant
toute nouvelle introduction a élevé un obstacle
qui ne peut être franchi actuellement;
- Les Etablissements
Ballande termineront, au
cours de celte année,l'introduction dé 2.600 an-
16 ' li'ËVElL ECONOMIQUE

les « Salines de Djibouti> et le groupe « Michel- Albert Sarraut. qui pendant quatre années oc- Les producteurs algériens ne sont pas exi-
Cote », pour ne citer vqûe les plus importants, cupa le ministère des colonies, a établi à ce geants,
, ils se contentent de bénéfices modérés ;
ont certainement assez dé surface et dé tech- sujet un inventaire-remarquablede tout ce que - s'ils avaient plus de facilités pour transporter
nicité pour mener à bien une telle entreprise. nos colonies peuvent donner ; son rapport et expédier leurs produits d'Algérie en France,
Dans sonprogramme de mise en valeur des viendra en discussion bientôt devant le nou- il n'est pas douteux que les chiffres .indiqués
colonies, M. Albert Sarraut prévoyait la créa- veau Parlement,,du moins souhaitons^le. Nous plus haut feraient largement dépassés. Le con-
1

tion à Djibouti d7un port d'escale. Les pour- le dé-


avons la. conSiction que M. Jean Fabrypatrio- sommateur français, par l'afflux des produits
fendra avec toute Fàrdeur et tout le zèle algériens sur le marché, ne' tarderait pas à

tier.
Midi Colonial
,.,..,
parlers franco-abyssins auront vraisemblable-,
ment pour résultat de hâter sa mise en chan-
J, A. M.
tique que nous lui connaissons.
L'Algérie a exporté en France dans cette
année :
1.027.982 quintaux de froment:
voir enfin! une baisse sérieuse se. produire sup
tous les articles de l'alimentation courante ;
des deux côtés de là Méditerranée, produc-
teurs et consommateurs se réjouiraient.
, .462.797 — d'avoine. FÉLIX FALCK
512-296 -r d'orge.
Le ras Tafari 44.383 —
.
de farine de froment, Le chemin de fer du Congo
L'admission de l'Ethiopie dans la Société des j 101.443 — de gruaux et semoules
nations n'alla pas sans difficultés, l'Angleterre en gruau. Par une.question écrite en date du 11 mars
prétendant que l'Ethiopie favorisait la traite 3.688 — de semoules et pâtes 1924, M. Georges Barthélémy, député; avait
des esclaves. Nos représentants à Genève, et; alimentaires. ' ' demandé au Ministre des Colonies si les bruits;
une campagne du Comité de l'Afrique française, Voici pour les céréales et leurs dérivés. qui circulaient à, ce moment étaient fondés,
contribuèrent à combattre cette erreur. Aujour- Si nous passons aux légumes, nous consta- et s'il était vrai qu'il avait envisagé pour des
d'hui, le correspondant du Times écrit « le Ras tons que l'Algérie nous a livré : raisons qu'il voudrait bien faire connaître,
Tafari a fait tout son possible pour mettre fin à 141.1J21 quintaux de légumes secs. l'arrêt des travaux de construction du chemin
Pesciavage..., l'abolition de l'esclavagedépend .
237.361 — de pommes de terre. de fer de l'Afrique Equatoriale Française.,
de l'extension de l'influence du Ras lafari qui '269.000 — , de légumes frais. Voici la réponse du Ministre ï
est nettement opposé à l'esclavage. » C'est un 3.400 — de légumes salés ou « Il n'est pas dans les intentions du Gouver-
langage bien différent de celui qu'il tenait il y «.onservés. nement d'arrêter les travaux de construction
quelques mois, et des Américains qui vien- En ce qui concerne la viande sur pied pour du chemin de fer de Brazzaville-Océan. Toute-
a
nent de visiter l'Abyssinie constataient le désir l'alimentation : fois le département des Colonies étudie des
du Ras Tafari de lui apporter les bienfaits delà, 1.086.000 moutons modalités qui permettraient dé réduire l'im-
civilisation et déclarent que son pays est plein 14.148 boeufs portance des dépenses à mettre à la charge du
d'avenir. 13 d00 agneaux Trésor Français, ».
Le Ras Tafari a trouvé en: France un appui 22,134 por.s Essor Colonial.
moral qui lui manquait partout ailleurs, et no- ont été absorbés par la clientèle de la métro-
tre pays est de beaucoup celui qui a le plus fait pole. N.D.L.R. — Nous avions annoncé
pour l'Abyssinie. C'est la France, en effet, qui . Ajoutons à ces chiffres déjà fort imposants cette nouvelle en nous félicitant de l'es^
lui a donné un débouché sur la mer, en créant lfi.OuO quintaux d'oeufs, 21.200 quintaux de
le port de Djibouti et le chemin de fer éthio- poissons et surtout 639.317 quintaux de fruits prit d'entr'aide qui avait guidé l'admi-
pien ; et ce sont des capitaux français qui ont frais' ou secs fournis par l'Algérie et nous nistration Française dans cette entente
développé brillamment la seule industrie du comprendrons de quelle importance est pour avec les Belges. Mais voici que d'après
pays, celle des salines. le ravitaillement de la France la production
algérienne 1 les dernières nouvelles le chemin dé
.
Le port de Djibouti, du reste, a besoin d'être Non seulement l'Al»érienous a procuré tous 1er de Mafadi à Stanle3'-Pool est com-
ces produits alimentaires, mais elle nous a ap-
perfectionné et agrandi, car des influences provisionnés plètement embouteillé et que son insuf-
aussi en vins, liqueurs et spiri-
étrangères puissantes s'exercent pour essayer tueux. En 19-23. elle a expédié en France : fisance est clairement démontrée. U est
de détourner, au profit d'autres colonies voisi- 5.409.0U0 hectos et vins ordinaires en fûts, probable que même, lorsque la ligne
nes une part importante du trafic de FEthiopie. 449 hectos de vins fins en bouteilles et 400 belge aura élé reconstruite avec acçroisr
Le voyage du Ras Tafari —- qui doit aussi se hectolitres de vins de liqueurs fûts. Ajou-
en
rendre à Rome et à Londres ->- sera sans doute tons y : 34.747 hectos d'alcools de vins et sement considérable de sa capacité,elle
une occasion pour le nouveau ministre de se 2.541 hectos d'eaux-de-vie et spiritueux. suffira à peine à desservir le Congo bel-
convaincre qu'il y a là « quelque choseà faire » Nous terminer cette énumération
si nous ne voulons pas laisser prendre par des
que
ne
liront
pouvons
avec plaisir tous les gastronomes, ge et que nos alliés ont tout intérêt à çè
concurrents une place chèrement acquise. sans mentionner les 9U.803 quintaux d'ex- que la ligne française se construise pour
Le Figaro cellente huile d'olive pure que nous nous pro- provoquer une saine concurrence et
curons également en Algérie. éviter le danger d'un nouvel embou-
Le ravitaillement de la France Aux fumeurs, apprenons que notre grande
teillage.
en Algérie colonie a fourni à la France, en 1923, plus de
35.000 quintaux de cigarettes et 59 000 cen- Il ne faut en effet pas confondre l'in-
Que de fois a-t-on dit que la France pouvait taines de cigares ! térêt général belge avec l'intérêt parti-
se suffire à elle-même et que la pleine mise en Un fournisseur de pareille envergure mérite
culier du chemin de fer Belge.
valeur de son empire colonial la délivrerait d'être apprécié, surtout quand il s'agit de pro-
entièrement de la dépendance étrangère ! M. duits alimentaires. H1.'"Ci

CHEZ NOS CONFRÈRES


•Tous les journaux ont depuis lors annoncé raux et d'idées larges, acquis pleinement aux
Un traité prudemment étudié l'envoi d'une autre mission commerciale ve- intérêts,-, de la population indigène, se iairé
nant de France et que, paraît-il, les Chambres d'emblée, avant tout examen, les défenseurs
L'opposition à cet éventuel traité de com- de Commerce de nos plus grands centres y se- de la muraille douanière et, par suite, trouver
merce japonais a été engagée de singulière ront représentées. Ce sont donc là des prépara- excellents et intangibles ces impôts de surérô
façon U importait à ceux qui entraient en li- tions encore et des études. Il semble même gation que sont certains tarifs a l'entrée , im-
ce de donner à entendre de ce traité par ma- qu'on ait apporté à ces préparations et à ces pôts dont l'énormifè, aussi dissimulèésoit-eiie^
nière d'avis préliminaire, qu'il serait bâclé in- études un soin qui est fort loin d'être habituel ne reste pas moins exorbitante.
considérément et qu'il serait ruineux : il était en pareil cas. Ces gens couvrent PÏridigérie de leur sollici-
obligatoire qu'il en fût ainsi ,• enfin il fallaitRa- Tout semble indiquer assez peu qu'on soit tude, des protestations de leur.dévouemerit,mais
meuter contre lui le commerce local, l'opini- d'humeur à bâcler.. ... entre poire et fromage. en pratique ils jugent excellent de le courber
on publique, sans qu'on sût d'ailleurs ce qui , Ces missions feront des rapports dont le Par- sous ces taxes si parfaites à lés en croire. Pour
allait être fait. lement sera saisi. Notre Direction des Douanes eux concilier l'intérêt métropolitain et l'intérêt
La mission.commerciale qui accompagna M. aura voix au chapitre ; après études à la com- indigène est impossible ; il n'y a pas à F espérer;
le Gouverneur Général au Japon avait été mission des douanes, le projet sera débattu inutile de chercher. La consigne pour le cbnr-
composée avec soin ; elle accomplissait un sim- à .la Chambre. Il serait possible d'affirmer que sommateur est, comme dans Scribe, de a savoir
ple voyage d'étude et la présence de M. le si l'on bâclait toujours toutes nos lois dans dé obéir et se taire... saris murmurer..»
Gouverneur Général donnait à la visite au Ja- - telles conditions nos garanties d'en avoir d'ac- Au boutiquier du coin ou va dire : a prenez
pon le-caractère de courtoisie et toute la dé- ceptables .seraient assez sérieuses..: • - garde : L'Indochine était jusqu'ici à peu près
cence que devait avoir une prise de contact de Un tarif douanier n'ë'sfpas forcément à for- inaccessible à la camelote, japonaise ; vous
bon voisinage après des événements qui avaient me rigide et sans gradation. On peut le sup- jouissiez ainsi d'un domaine clos' et réservé o^i
uni le Japon et nous dans la joie de la victoire poser oeuvre intelligente et souple ; if peut être, vous étiez seul à user d'uç à,chalandag«4outà
et dans les tristesses d'un deuil. Rien n'était
décisif dans ce qu'on allait faire : on ouvrait
protecteur dans une mesure conciliant les inté- votre discrétion... La clôture, Vn.va la jeter
rêts opposés.. Si quelque chose-est caractéris- bas... lolfileincnl.i ce sera l'invasion des pro-
ae simples pourparlers. tique, cest devoir des gens se proclamant libé- dutts j^onais^ et yo'us serez ruiné ! >.
L EVEIL i£C<|NOMlQ'Uk: 17

Et voilà un homme prêt à maudire sa Patrie


et lès dieux. sorts et de se faire photographier quatre N.D.L.R. — Boileau a eu de la chan-
1 En termes Voilés
on dit cependant à cet ex- fois par mois en leur compagnie, tant ce de vivre deux cents ans plus tôt.
cellent ihomme, sans qu'il s'en doute : vous que des généraux français seront assez
êtes un incapable ; l'industrie métropolitaine
rie peut produire que si l'Etat la couve peu jaloux du prestige de leur unifor- Les Plantations de Tahiti
en son
giron ; de même pour vous : il ne vous est pos- me pour assimiler leurs galons à ceux
sible de vendre qu'abrité sous les jupes dé la de bandits déguisés, tant que lé souve- A propos du développement qu'ont
douane. Vous prétendez n'être pas étatiste, vous
vous donnez comme adversaire des monopoles !
nir restera à Yunnanfou d'un Consul pris les plantations de Tahiti, M. G. Fro-
et vous ne sauriez marcher sans vou: crampon- de France bafoué et outragé sans que ment Guiesse écrit.dans POc'unie Fran-
ner à l'Etat, et vous vivez de monopoles...» quelques têtes de généraux /; chinois çaise.
Les tarifs protecteurs à l'excès engendrent
l'inertie, le marasme ,- ils dispensent de tout n aient payé pour ce crime, ne nous «. Le résultat risque d'être compromis : les
progrès. Trouvons donc une formule elle est étonnons pas d'être ridiculisés au Yun- planteurs ne disposeront pas au jour Yenu des

possible—- qui soit utile au pays, favorise bras nécessaires pour leur récolte. Une richesse
plus
d'activité et d'Initiative, accroisse les recettes,
nan. immense s'apprête à être perdue, à se décom-
et entraîne à la création sur placé de nouvelles poser sur place, devant nos colons découragés,
industries. Le droit de réponse irrités et impuissants. Et déjà nous avons pu
évaluer ces perles àplus de 3 millions de francs.
M. D. La Cour de cassation, comme il fallait «"y Ce sera pis encore derriairi. '.
Avenir du Tonkin attendre après les conclusions de M. l'avocat
général Matter, a cassé l'arrêt de la première Il importe donc d'agir, d'agir rapidement ;
Un scandale qui a trop duré Chambre de la Cour qui refusail à MM. SU vain ce n'est point dans des réformes de détail que
et Jaubert, auteurs d'une traduction iesPerscs, réside l'avenir de ces îles, c'est dans une né-
l'insertion dans la Revue des Deux Mondes, d'un gociation sur cette question essentielle avec
La honte rejaillit sur nous, c'est l'évidence Tlndochine française : il faut y consacrer nos /
ej tout doit être mis en oeuvre pour obtenir la article en réponse ù la critique do M. René Dou- forces, notre volonté tendue, sans défaillàrice
prompte libération du R.P. Piton, sa captivité mic.
n'a déjà été que trop longue. Il y va de la di- L'arrêt qu'a prononcé, hier, M. le premier sans arrêt, sinon tout le reste est vain.
gnité de notre pays -, comme il y va aussi de la président Sarrut est fort court. Il n'a somme Et vraiment de quoi s'agit-il au fond? d'un,
sécurité des FrancaisauYunnan.ilseraitigno- toute, rien d'inattendu, c'est un simple retour millier de coolies indochinois. Dérision I Aura-
minieux et coupable de laisser supposer aux à une ancienne jurisprudence bien établie. t il donc fallu tant d'années pour aboutir ? »
Chinois, qu'après tout nous faisons bon mar- La Cour de cassation déclare que l'article 13
ché de l'existence d'un de nos compatriotes,et de la loi du 29 juillet 1881 sur la presse « par N.D.L.R.— Evidemment ; seulement,
que nous nous en désintéressons dès la moin- ses termes généraux et absolus, donne à tou- pauvre M. Froment Guieysse, vous vous
are difficulté. te personne nommée ou désignée dans un ar- heurterez en Indochine à uneformidablé
L'humiliation a trop duré. Que sommes-nous ticle du journal ou de revue périodique,, le
devenus si nous acceptons de ta tolérer encore? droit d'y répondre et d'exiger l'insertion de sa opposition non seulement des Chambres
Nous ne saurions cependant achever cet ar- réponse, Quelle que soit la nature des faits ou de Commerce et d'Agriculture françaises;,
ticle sans souligner aussi, qu'en cette déplo- les critiques à l'o -casion desquelles celle-ci ré- dont le Gouvernement se fiche pas mai»
rable affaire dont est victiihe le R.P. Filon, pond ». Il n'appartient pas, dit la Cour, aux
l autorité, le prestige et la diplomatie "du*Ma- tribunaux de limiter l'exercice de ce droit, sauf mais de la plupart des journaux anna- '
réchal Tang-Ky-Yao subissent à nos yeux un lorsque les termes de la réponse portent attein- mites de langue irauçaise. Quant aux
éùhec sérieux, au point de nous faire douter te à la loi, aux bonnes moeurs, aux intérêts lé- journaux annamites de langue fran-
de sa compétence. Car comment peut-on gitimes des tiers, ou à l'honneur et à la consi-
admettre que ce Maréchal chinois, après six dération de l'auteur de l'article. çaise la censure a été mise jusqu'ici au
mois, ne soit poiat encore arrivé à réduire Là première Chambre de la Cour avaitanalysé service de la maison Ballande pour
une poignée de brigands; qui librement encore l'article de M. René Doumic, et avait déclaré empêcher tout article critiquant soit
.

évoluent dans le massif montagneux au Nord qu'il ne comportait aucune réplique, n'étant
de Tali, charriant après eux notre infortuné pas une attaque. le principe soit les méthodes du recru-
compatriote? La raison de tant d'anomalies Là Coiir de cassation réfute l'argument. L'ar- tement.
est peut-être fort'simple, on la donne assez ticle de M. Doumic, dit-elle, s'inspire, en effet, Pour nous,malgré que nous ne soyons
haut. Faut-il croire que le Maréchal' Tong soit d'un pur souci d'art ; il ne contient rien qui loin
demeuré sous la dépendance des bandits qui permette d'y voir la moindre attaque, ou la pas opposé à ce recrutement, de là,
l'ont aidé dans sa fortune, et sans qui il ne moindre atteinte personrielle à l'honneur ou à nous ne saurions admettre le procédé,
fût peut-être jamais rentré en vainqueur dans la considèratiorideM. Silvàin Mais «attendu que
la capitale Yunnanaise ? H garderait ainsi à sous les réserves précitées, le droit de réponse qui consiste à empêcher les paysans
ces bandes une reconnaissance toute particu- est général et absolu, et qu'il peut exercer mê- auxquels on d'adresse d'entendre le pour';
lière, qui l'oblige, au point dé paralyser sa me aii cas où la réponse a été provoquée en
volonté. Espérons qu'il n'en est pbint ainsi, dehors de toute attaque personnelle par la cri-
et le contre. Le recrutement d'autorité
car autrement l'Indochine se serait singulière- tique d'une oeuvre littéraire que ses auteurs est inadmissible et seule la persuasion
ment trompée au sujet du Maréchal Tang-Ky- ont intérêt à défendre ». Et la Cour casse. Ab- par une campagne loyale et honnête
Yao. 11 faut un acte. Il n'est plus temps de surde loi ; mais c'est la loi. peut-être tolérée. Ces gens doivent sa-
dormir. L'affaire sera renvoyée devant une Cour de
L'Avenir du Tonkin province. 11 y a cinq ans que la Comédie-Fran- voir où on les emmène, sons quel cli-
. çaise a joué les Perses. mat, dans quelles conditions et quelles! 1

N.i>;L.R.— Nous sommes heureux de Le Figaro sont les garanties de rapatriement.


voir notre confrère yenirà son tour ré-
clamer une action énergique au Yunnan
en vue de la libération de notre vénéra-
ble compatriote et reconnaître lui aussi
les dangers de notre politique. Nous pre-
nons beaucoup trop au sérieux les pan-
tins galonnés de Yunnanfou.
Oignez vilain il vous poindra
Poignez vilain il vous oindra.
Tant que nos représentants au Yun-
nan se montreront trop honorés de s!as-
seoir à la table de Tang-Ky-Yao et con-
18 L'EVEIL ECONOMIQUE

dochine pour le concours qu'il leur apporte en travailleurs de ces deux convois sont destinés
Main-d'oeuvre tonkinoise pour les permettant le recrutement des coolies. plus particulièrement aux entreprises minières
Nouvelles Hébrides Ils expriment l'espoir de toujours trouver de la NôuvèHe-Gàlédônie.
l'Indochine aussi bien disposée à leur égard, et UOcéanie Française
En procurant aux colons calédoniens et néo- s'engagent à faire le nécessaire nptir que la ;
hébridais la main=d'oeuvre dont ils ont tant main-d'oeuvre tonkinoise soit utilisée avec
N. D. L. R. —-- Malheureusement les
besoin, c'est un important service qui est ainsi discernement.
rendu à la cause française dans ces îles. Aux L'autorisation de recrutementvaut pour deux planteurs des Hébrides devront compter
Nouvelles-Hébridesen particulier, la prépondé- mille coolies, mais les planteurs de la France avec une opposition de. plus en plus
rance française s'en trouve par là même affir- Australe espèrent que le gouvernement indo- obstinée des Chambres de commerce
mée. ctiinois autorisera le recrutèrrient indochinois
Aussi, les colons néo-hébridais ont-ils adres- au delà de ce chiffre. d'Indochine et surtout de la presse in-
sé, comme nous l'avons fait connaître, leurs Un nouveau convoi est attendu pour le mois digène.
remerciements au Gouverneur général de l'In- d'avril et un suivant trois mois plus tard. Lès

IN F OR M A T10 N S D1V E R S E S
Le Service Postal au Tamdao. — Tout
L'augmentationde la production est obtenue des fruits et légumes ,- dans les Landes, pour la
le monde se plaint au Tamdao de la façon par les procédés suivants : lutte contre les incendies de forêts; aux prin-
dont se fait le service postal ; c'est à croire à 1* Education du producteur, au moyen de cipaux centres de culture de plantes médicina~
conférences théoriques et pratiques faites aux les ; — de notices agricoles ; — de cours spé-
un sabotage organisé. Nous faisons une enquê- agriculteurs, avec distributions de ûotices qui ciaux (école pratique de séchage de fruits à
te à ce sujet. résument les points essentiels ; — de missions Chassiers,Ardèche ; cours de greffage du noyer
En ce qui nous concerne un petit paquet re- à Saint-Marcellin, Isère;.
commandé mis à la poste à Hanoï le lundi 30 d'études (par exemple celles organisées en
Juin à dix heures du matin nous a été remis le Alsace-Lorraine pour la pisciculture ); en Suis- 2* Accroissement des cultures ; par dos
jeudi à onze heures, soit un délai de 73 heu- se pour la laiterie et la fromagerie ; dans les études agronomiques spécialestfjfesdistributions
Alpes pour la culture de la lavande ; en Suisse de plants fruitiers (25.000 arbres fruitiers, plus
res, alors que le trajet par train régulier et et en Alsace.pour la sélection des semences, en de 170.000 greffons de raisin, 80.0y0 plants de
service automobile se fait en quatre heures. Hollande, pour la laiterie et l'élevage ; en Bre- cassissiers) ; des pépinières-écolesA'lOOétablies
Nous savons que le bureau du Tamdao n'est
tagne^ Jersey et en Angleterre, pour l'arbori- de 1916 à 1923 sur l'initiative de la Compagnie,
pas en faute. culture et l'horticulture, pour l'exportation qui a fourni 250.000 petits plants) ; des jardins-
Or U y a deux départs par jour de Hanoï, à
6 h. 3$ le matin et à 13 h. 50 l'après midi, le
premier correspondant à la distribution faite
au|Ejfipidao vers 11 h., le second à la distribu-
tipricfeite vers 18 h. Nous aurions dû avoir no-
.
Mémento des Entrepreneurs
tre paquet au plus tard le mardi matin.
Nous demandons à M.Lorans,pour lequel fut
Offres et adjudications
créé le poste de Directeur Local du Tonkin,.ce
qui entraine une dépense de cent mille francs
par an, de bien vouloir faire cesser le sabotage DATE LIEU OBJET VALEUR
dont souffre le Tamdao.
Chemins de fer. LeB Grands RéBeaux et la 30 juillet Mairie de Cholon Construction d'un marché à l'emplacement du
Production Agricole.—Les services com- bassin de Lanessan Concours
T.P.Tonkin Hanoï , . , .
Construction d'un pont sur lé Sông Ky-Kong.
merciaux des réseaux de chemins de fer dé- 29 sept. .
Concours
ploient une grande activité pour développer,
améliorer et commercialiser la production agri- 21 juillet Postes Télég. Transport auto no bile des dépêches postales -
cole des régions qu'ils desservent.En cherchant et colis postaux dans la ville de Hanoi . . Offres L

à intensifier ainsi leur trafic, ils rendent d'inap- 1 sept. Chemin de fer Fourniture et pose de tabliers métalliques
préciables services aux producteurs et aux con- Nord Annatn sur la 3e section du Vinh à Dôngha. . . . . Adj.
sommateurs/ car ce n'est que dans l'abondance Vinh
de notre production agricole que nous trou- Chemin de fer Fourniture du matériel et des matières et ob-
verons la solution du problème de la vie chère.
Au cours de la dernière session générale
10 sept.
de l'Indochine
Hanoi Dôngha . .....'.
jets pour l'a-néaagenaent des gares du Vinh à
.v . . .
id :
annuelle des Agriculteurs de France, M. Rày-
baud, inspecteur principal de la Compagnie
P. L. M., qui dirige la branche agricole du
service commercial de cette Compagnie, a ex-
2 Août
15 Juillet
Serv. Mar.
Haïphong
T. P. Tontin
Hono!
. .
coupure de Haly. .
.
.....
.
Construction d'un quai sur la rive droite de la
'.

des Ingénieurs en Chef des T. P. Hanoï


. . .
Peinture et vitrerie pour les deux habitations .
. . .
Adj.
32.800
2.500
.
posé le programme d'action conçu par la Com-
pagnie P.-L.-M. et les résultats obtenus. Cette 17 juillet T.P.Tonkin Travaux d'achèvement de la variante entre les
action se fait sentir par l'augmentation de la Hanoï km. 13.491 et 46.850 route coloniale N° 4 section
production et par l'extension de la consomma- de Lang-Son à Loc-Binh 4.070
. , . , , . . . .
tion.
CHANGE DE LA PIASTRE
J niu'i i • i — i'r~ • i' i '
'«~*"'''

-^::
;
,
1924 5 Juillet T Juillet
,
8 Juillet 9 Juillet 10 Juillet 11 Juillet
| ' : : : — :„...„>.
Change officiel du Trésor . . . 10 fr. 0.5 10 fr. 25 . 10 fr. 25 10.fr. €5.'- 10 fr. 05 10 ff. 15; '
.

Jtanaue )t Cours argent fin à Londres 34 .1/2 34 1/2 34 1/2 34 9/16 34 5/8 '

Taux de la Livre en fres 85 13 86 25 85 50 84 50 85 30 ! 85 10'>::,/


fIndochine) Traites à vue 8ur Paris
AP
10 15 10 25 1005 10 10 10 15 ,10 15 ; c
, :;
t Argent fin [341/2 341/2 341/2 34 Q0& 341/2
Société' V Taux de la livre en francs 85 15 85 30 84 60 84 82' 85 10
,ae ! Taux Sew-York-Londres.
'Gérance l Traites à vue suri Vente. 1015 10 25 10 05 10 10 .1015 .10 ,15 " ;

*' France...-. .(Achat. I- ;


..•"-• J ;

'.-.,
-

Î Sur France lo 10 10 25 10 05 10 00 ' ' 10 15 " 10 15 :


' '
Taux de la Livre en fres. 85 15 86 85 50 84 50 84 62 ' -;
-; 8514
"•; 341/2-.,- •-,; :::--:,,--- -:.-;i,.'8*J5P .;-;,; ,:
Argent fin a Londres
.. .
34 1/2 34 3/8 34 1/2 34 9/16
/ CoursdeFArg.finàLond. 34 1/2 34 3/8 34 1/2 34 1/2 3^'9/16 " 34:5/8
I Hongkong \ '
|\ et Çhang- { -Taux de laVi vre *n fres. 85 15 86 20 85 38 84 50 85 30 85 14 n !

hai Bank I Sur Paris à: vue .. .


1015 '.. ,10 25 10 00 10 05 ,
10 15 10 15
H
K
v » Londres ....... . ; j
L'EVEIL ECONOMIQUE 19

-écoles, des subventions à la culture du noyer, point d'escale dans le Pacifique. Cette création noï, il sera envoyé sans aucun frais, utt
des visites aux pépinières privées, une partici- est sans nul doute dirigée contre l'essor que choix d'aquarelles avec ou sans cadre, re
pation active aux groupements quiencouragent prend notre port océanien de Pàpeete. L'îlot présentant des paysages et les scènes les plus
la sylviculture, là culture des plantes médi de Pilcaim est sur la routé maritime Panama- curieuses de la vie indigène, exécutées par
cinale et à essence, les cultures potagères et Auckland, c'est jusqu'à présent Une toute pe-- les meilleurs artistes annamites.
maraîchères (la Compagnie a distribué gra- tite possession où résident deux cents colons. Cet envoi sera fait sans engagement d'a-
tuitement, de 1914 à 1923, 720.000 griffes d'as= N D.L.R — Si l'on avait suivi notre chat pour les clients qui retourneront aux
perges, 120.000 plants de fraisiers, 42.000 Suggestion d'émettre en Indochine un em- frais de La Perle ce qui ne sera pas conservé..
oeilletons d'artichauts, etc )
3° Augmentation des rendements : lutte con- prunt de 7 millio">s (environ 6O0.000$OO à
tre les parasites, développement de l'emploi ce moment), emprunt garanti par l'Etat Travaux Publics Hanoi
des engrais, amélioration des rendements en français et la Colonie avec la garantie que
«éréales parla sélection des semences et le net- cette somme serait uniquement employée Avis d'appels d'offres
toyage des terres, utilisation industrielle des aux travaux du port et non pas à des
-récoltes (séchage des fruits), confitures, etc.) ; Ecoles plus ou moins fantaisistes et des Le 15 Juillet 1924 à 16 heures
4- Economie de main-d'oeuvre (recherchede. oeuvres de fsçade, et bien il y a longtemps Peinture et vitrerie à exécuter aux 2 ha-
main-d'oeuvre étrangère, encouragements à la
tmltnre mécanique) ; que ces travaux seraient en train. bitations
^
pour Ingénieurs en Chef des Tra-
' Ge n'est pas pour ruiner Tahiti que les vaux Publics à Hauoï.
5 • Accroissement du cheptel (amélioration Anglais créent un port à Pilcaim mais
•des pâturages en montagne et étude des alpa- Travaux à l'entreprise. 2.281$57
ges : industrie laitière et fromagère : amélio- parce que nous, Français, nous ne faisons Cautionnement provisoire. . 40$00
ration dé la pisciculture, renaissance de Fêle- rien à Tahiti. Nous aurions.tort de pren- . .
Le 17 Juillet 1924 à 16 heures
-vage du ver à soie). dre ici encore notre habituelle attitude
L'extension de la consommation est due à d'enfants qui chouineut parce qu'un autre Travaux d'achèvement de la variante en-
la recherche des débouchés, l'amélioration des
emballages, l'organisation des miss'ons à l'é-
s'amuse avec lé jouet dont ils n'ont pas tre les P. K. 13 + 491 et 16 + 850. Rou-
te Coloniale N- 4 Section de Laug-Son à
voulu.
tranger, la participation aux expositions et aux En ce qui concerne le peuplement de Loc-Binh, province de Laug-Son.
-concours. Tahiti ne pourrait on pas y attirer des Travaux à l'entreprise
. .
3.999$90
M. Raybaud a fait ressortir que le tonnage Cautionnement provisoire. 70$00
des fruits et. primeurs transportés sur le familles russes qui sont dans "la misère à .
P...L.M. est passé de 190.001) tonnes en 1910,à Ghanghaï et quelques familles italiennes ?
438 000 (dont 67.UQ0 en provenance d'Algérie) Ces éléments seraient bien plus assimila-
an 1923. bles que des Chinois, des Annamites ou
Tels sont, brièvement résumés, les résultats des Japouais et en contrebalanceraient
-obtenus sur le réseau P.- L. M. L'activité des l'influence.
services agricoles du chemin de fer de Paris-
Orléans n'est pas moindre. Elle use de moyens Souvenir du Tonkin. toutes les per-
A
semblables et a obtenu des résultats non moins —
remarquables. Enfin, il faut signaler également sonnes qui en feront la demande à La
la propagande faite dans ce même.sens par le Perle, 11-13 rue Borgnis-DesboiMes, Ha-
réseau de l'Etat, i.ette a-tion des grands ré-
seaux est menée en plein accord ave-, les ser-
vices du ministère de l'agriculture, qui lui don-
nent tout leur appui.
N.D.L R.— Quand verrons-nous nos
chemins de fer d'Indochine entrer dans
'cette voie ? Ils en sont bien loin. Voilà
par exemple le chemin de fer du Yunnan
•*jui a pour les légumes des tarifs tels que
la colonisation française doit renoncer à
la culture maraîchère dans les hautes val-
lées des Pyrénées Tonkinoises aux envi-
rons de Chapa. Pas une de nos lignes ne
possède le moindre wagon ou entrepôt
froid. Aucune gare en Indochine n'offre
aux commerçants une voie de garage le
long de laquelle chacun puisse construire
son magasin à la hauteur des plate-
formes de wagons; on préfère des jardins
d'agrément. G est évidemment plus beau.
— D ailleurs tous nos chemins de fer
'manquent de matériel et attendent pour
en commander que le manque de wagons
tourne au scandale.
TTn nouveau port Anglais Pilcaim.
*•* autorités anglaises font un
- Les
effort pour
transformer l'îlot Pilcaim.situé au Sud-Est des
-Marquises, en un port important servant de
20 L'EVEIL ECONOMIQUE

Hanoi. — Imprimerie dé l'Eveil Economique Le Directeur-gémM* H, CUGHEROUSSET


L'EVEIL ECONOMIQUE VII
vin
»
L'EVE]L ECONOMIQUE

Vous aimerez peut-être aussi