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32 LA RÉVISION

DE LA CONSTITUTION
La Constitution de la Ve République peut être modifiée selon deux procédures
différentes. Il s’agit de la procédure parlementaire et de la procédure référen-
daire. Mais la question de l’initiative se pose toujours.

L’INITIATIVE DE LA RÉVISION

L’initiative de la révision de la Constitution appartient concurremment aux parlementaires


(députés et sénateurs) et au président de la
République. Cependant, l’initiative prési-
dentielle est conditionnée par la proposition Le général de Gaulle
du Premier ministre. Ce projet (initiative du utilise l’article 11
président) ou cette proposition (initiative
parlementaire) doit ensuite être discuté et Une révision de la Constitution est-elle
adopté par les deux assemblées possible par le moyen de l’article 11 ?
(Assemblée nationale et Sénat) avant de En 1958, chacun s’accordait pour
considérer que la Constitution définis-
pouvoir donner lieu à la révision elle-même.
sait une seule procédure de révision,
Les constitutionnalistes de 1958 ont celle prévue à l’article 89. Mais, en
donc conçu une procédure sécurisée, afin 1962, l’utilisation par le général de
que, sans aller jusqu’à la notion de consen- Gaulle de l’article 11 pour modifier le
sus, une révision du texte fondateur soit mode d’élection du président de la Ré-
publique oblige à reprendre la lecture de
plus malaisée que le vote d’une simple loi.
cet article, et en particulier de la dispo-
L’initiative est ainsi dépendante du Premier sition prévoyant que peut être soumis
ministre et du président, puisque sans pro- au référendum « tout projet de loi por-
position du premier le second ne peut rien tant sur l’organisation des pouvoirs pu-
entreprendre, puis celle de la nécessaire blics ». Or, juridiquement, il est clair
qu’un des objets principaux d’une
adhésion des deux assemblées à un même
Constitution est d’organiser les pouvoirs
texte. C’est ainsi qu’a été barrée la route en publics ; la première loi constitutionnelle
1984 à la volonté du président François de la IIIe République est, d’ailleurs, intitu-
Mitterrand, qui souhaitait une révision lui lée « loi relative à l’organisation des pou-
permettant de soumettre au référendum voirs publics ». La possibilité d’une révi-
sion par le moyen de l’article 11 est
la loi sur l’enseignement privé. De même,
donc constitutionnellement défendable.
en période de cohabitation, le président se
voit-il quasiment interdire tout recours à
une modification par cette voie de l’équilibre constitutionnel des pouvoirs.

LA VOIE PARLEMENTAIRE
Quand une proposition de modification de la Constitution a été acceptée dans les
mêmes termes par le Sénat et l’Assemblée nationale, cette proposition peut être alternati-
vement mise au vote de l’ensemble des électeurs (référendum), ce fut le cas pour l’instau-

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ration du quinquennat en 2001, ou soumise au Congrès qui doit se prononcer à la majorité
des deux tiers. C’est la procédure la plus souvent employée.
Le Congrès résulte de la réunion commune des députés et des sénateurs au château de
Versailles. Cette réunion voit donc se regrouper les 577 députés et les sénateurs (346 en
2011), et c’est la majorité des deux tiers de cet ensemble indistinctement désigné qui doit
être réuni pour que la modification soit acceptée. Il va de soi que le Congrès n’est réuni que
lorsque les effectifs des groupes qui soutiennent une modification montrent visiblement
qu’il n’y a pas un risque d’échec. Le Congrès n’intervient que pour approuver ou rejeter le
texte que les deux assemblées ont séparément adopté. Aucun amendement ne peut être
déposé. Mais la majorité requise est renforcée puisqu’elle est des trois cinquièmes. Cette
exigence a conduit à trois reprises le président de la République à renoncer à la révision:
en différant la convocation du Congrès, en n’inscrivant pas le texte à l’ordre du jour de ce
dernier ou enfin en annulant sa convocation.

LA VOIE RÉFÉRENDAIRE
Il appartient au président de la République de choisir entre la voie du Congrès et la voie
référendaire. Ici encore, le texte soumis aux électeurs doit avoir été voté dans les mêmes
termes par les deux chambres. Mais, si l’initiative était parlementaire (ce qui ne s’est jamais
encore produit), la ratification interviendrait obligatoirement suivant la procédure référendaire.

L ES PRINCIPALES RÉVISIONS

• 11–1962 : élection du président de la République au suffrage universel.


• 12–1963 : session parlementaire.
• 10–1974 : possibilité pour 60 députés ou 60 sénateurs de déférer une loi au Conseil
constitutionnel.
• 06–1976 : intérim de la présidence de la République.
• 06–1992 : dispositions permettant de ratifier le traité de Maastricht (Union économique et
monétaire, vote des ressortissants européens aux élections municipales, politique commune
des visas); langue française; lois organiques relatives aux TOM; résolutions parlementaires sur
les actes communautaires.
• 07–1993 : responsabilité pénale des ministres (création de la Cour de justice de la
République).
• 11–1993 : droit d’asile.
• 08–1995 : session parlementaire unique (du premier jour ouvrable d’octobre au dernier jour
ouvrable de juin); aménagement des « immunités » parlementaires et élargissement des possibi-
lités de recours au référendum.
• 02–1996 : loi de financement de la Sécurité sociale.
• 07–1998 : avenir de la Nouvelle-Calédonie.
• 01–1999 : dispositions permettant de ratifier le traité d’Amsterdam.
• 07–1999 : dispositions permettant de reconnaître la Cour pénale internationale; dispositions
relatives à l’égalité entre les femmes et les hommes.
• 10–2000 : durée du mandat du président de la République.
• 03–2003 : mandat d’arrêt européen.
• 03–2003 : organisation décentralisée de la République.
• 03–2005 : traité établissant une Constitution pour l’Europe.
• 03–2005 : charte de l’environnement.

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