Les diathèses et les syndromes hémorragiques sont des formes
pathologiques caractérisées par une tendance aux saignements.
L’étiologie, la pathogenèse. Il existe des formes héréditaires (familiales) de saignement commençant à l'âge de l'enfant et des formes acquises, qui sont le plus souvent secondaires. La plupart des formes héréditaires sont associées aux anomalies des mégacaryocytes et des plaquettes, au dysfonctionnement de ces derniers ou au déficit ou au défaut des facteurs de coagulation plasmatiques, ainsi que du facteur de Willebrand, moins souvent à l’infériorité des petits vaisseaux sanguins (la télangiectasie). La plupart des formes de saignement acquises sont associées au syndromede la CIVD, aux lésions immunitaires et immunocomplexes de la paroi vasculaire et des plaquettes (la plupart des thrombocytopénies), aux troubles de l'hématopoïèse normale, aux lésions des vaisseaux sanguins. Dans de nombreuses maladies énumérées, les troubles de l'hémostase sont de nature mixte et augmentent considérablement en raison du développement secondaire du syndrome de la CIVD, le plus souvent en raison de processus infectieux-septiques, immunitaires, destructeurs ou tumoraux (y compris la leucémie). La pathogenèse. Selon la pathogenèse, on distingue les groupes suivants de diathèses hémorragiques : 1) les diathèses dues aux troubles de la coagulation sanguine, de la stabilisation de la fibrine ou à la fibrinolyse accrue, y compris le traitement des anticoagulants, de la streptokinase, de l'urokinase, des médicaments à action défibrinante ; 2) les diathèses causées par la violation de l'hémostase plaquettaire- vasculaire ; 3) les diathèses causées par des troubles de l'hémostase de coagulation et plaquettaire : а) la maladie de Willebrand ; b) la coagulation intravasculaire disséminée (syndrome thrombohémorragique) ; c) en cas de la paraprotéinémie, l’hémoblastose, la maladie des radiations, etc. ; 4) les diathèses causées par la lésion primaire de la paroi vasculaire avec implication secondaire possible les mécanismes thrombocytaires et de coagulation de l'hémostase. Le diagnostic. Le diagnostic général des maladies hémorragiques et des syndromes est basé sur les critères suivants : 1) la détermination du moment de l'apparition, de la durée et des caractéristiques de l'évolution de la maladie (l’apparition dans la petite enfance, l'adolescence ou chez les adultes et les personnes âgées, le développement aigu ou progressif du syndrome hémorragique, l’évolution chronique, récurrente, etc.) ; 2) la détection, si c’est possible, de la genèse familiale (héréditaire) du saignement ou de la nature acquise de la maladie, la clarification du lien possible entre le développement du syndrome hémorragique et les processus pathologiques antérieurs et les maladies de fond ; 3) la détermination de la localisation préférentielle, de la gravité et du type de saignement. Ainsi, en cas de la maladie d'Osler-Rendu, les saignements de nez persistants prédominent et sont souvent les seuls, en cas de la pathologie plaquettaire – il y a les ecchymoses, les saignements utérins et nasaux, en cas de l’hémophilie – les hématomes profonds et les hémorragies articulaires. 2. Les types du saignement. Le type capillaire, ou le type microcirculatoire, est caractéristique pour les thrombocytopénies et les thrombocytopathies, la maladie de Willebrand, ainsi que pour la carence en facteurs du complexe de prothrombine (VII, X, V et II), pour certaines variantes de l'hypo– et de dysfibrinogénémie, pour une surdose modérée d'anticoagulants. Il est souvent combiné avec les saignements des muqueuses, les ménorragies. Le type mixte de saignement capillaire-hématome : il y a les hémorragies pétéchiales-tachetées combinées aux hémorragies et aux hématomes étendus et denses. Avec la genèse héréditaire du saignement, ce type est caractéristique pour le déficit sévère des facteurs VII et XIII, les formes sévères, la maladie de Willebrand, et avec les formes acquises, il est caractéristique pour les formes aiguës et subaiguës du syndrome de la CIVD, pour une surdose importante d'anticoagulants. Les diathèses hémorragiques causées par des troubles du système de coagulation du sang. Parmi les formes héréditaires, la grande majorité des cas sont dus au déficit en composants du facteur VIII (l’hémophilie A, la maladie de Willebrand) et du facteur IX (l’hémophilie B), de 0,3 à 1,5% – pour un déficit en facteurs VII, X, V et XI. Les formes rares associées au déficit héréditaire d'autres facteurs sont le XII défaut de Hageman, le XIII (le déficit en facteur de stabilisation de la fibrine). Parmi les formes acquises, en plus du syndrome de la CIVD, il y a la prédominance des coagulopathies associées aux déficit ou à la dépression des facteurs du complexe de prothrombine (II, VII, X, V) – les maladies du foie, l’ictère colostatique (obstructive). Le purpura thrombocytopénique Le purpura thrombocytopénique – c’est une diathèse hémorragique primaire causée par l'insuffisance quantitative et qualitative du lien plaquettaire de l'homéostasie. Chez les enfants de moins de 10 ans il se produit avec la même fréquence, chez les enfants de plus de 10 ans et chez les adultes – plus souvent chez les femmes. Ce groupe de maladies est combiné sur le principe de la pathogenèse unique de la thrombocytopénie, du raccourcissement de la vie des plaquettes causé par la présence d'anticorps aux plaquettes ou par un autre mécanisme de leur lyse. L'étiologie est inconnue. Le mécanisme du développement n’est pas étudié. Les facteurs provoquant : prédisposition héréditaire, infections virales, vaccinations préventives, traumatismes mentaux et physiques. La classification: - selon les causes du développement : congénitales, acquises ; - selon le courant : aiguës, chroniques, chroniques avec des rechutes fréquentes, chroniques récurrentes continues ; - selon la forme : transimmunes, isoimmunes, hétéroimmunes, auto- immunes. Les complications : anémie post-hémorragique, encéphalopathie post- hémorragique. Les signes cliniques. Les signes caractéristiques : l'apparition spontanée des ecchymoses après des coups mineures, l'apparition des hémorragies de différentes tailles et formes sur la peau (asymétriques, de nature polymorphe) ; les saignements du nez, des gencives, de l'utérus, parfois des reins, du tractus gastro- intestinal sont possibles – ils se produisent spontanément. La splénomégalie est absente. La maladie est compliquée par l’anémie ferriprive chronique de gravité variable. L'évolution de la maladie peut être légère, modérée et grave. Le diagnostic est établi sur la base de données cliniques et de laboratoire. Dans les analyses du sang périphérique : l’allongement du temps de saignement sur Duke, les tests positifs pour la fragilité capillaire, la teneur élevée ou normale en mégacaryocytes dans la moelle osseuse. Les tests positifs à la résistance capillaire. Le diagnostic de la thrombocytopénie auto-immune peut ȇtre supposé sur la base de l'absence d'antécédents familiaux et d'autres signes de carence plaquettaire héréditaire, ainsi que du résultat positif du traitement par stéroïdes. Le diagnostic différentiel est effectué à la vascularite hémorragique, à la leucémie, aux maladies infectieuses, au syndrome de la CIVD. Le traitement. Le régime alimentaire, le repos au lit strict pendant la crise hémorragique. Le traitement conservateur : l’administration de prednisolone à la dose initiale de 2 mg/kg par jour par voie orale pendant au moins 2 à 3 semaines après quoi la dose est réduite, puis le traitement se présente un cours discontinu. On prescrit des inhibiteurs de la fibrinolyse : l’acide epsilon-aminocaproïque lors de l'exclusion de la CIVD, des produits qui améliorent les fonctions d'adhérence et d'agrégation des plaquettes (etamsylate, dicynone, adroxonum, des médicaments de magnésium), la phytothérapie (ortie), la transfusion de plaquettes en cas de la crise hémorragique grave. Les méthodes chirurgicales de traitement en cas de l'inefficacité du traitement médicamenteux : la splénectomie. Le traitement immunosuppresseur (azathioprine, leukeran, cyclophosphamide, vincristine, etc.) isolé ou en combinaison avec la prednisolone est prescrit uniquement en cas de l'inefficacité du traitement stéroïdien et de splénectomie dans un hôpital spécialisé (et uniquement pour des raisons vitales). La réalisation de l'hémostase : la tamponnade, l'utilisation d'acide aminocaproïque, d'adroxonum, d'éthamzilate et d'autres agents symptomatiques. La surveillance de dispensaire pendant 5 ans. Les vaccinations avec des vaccins viraux vivants sont contre-indiquées. Lors du traitement, l'aspirine, l'analgine, les nitrofuranes, l'UHF (traitement par courant d’ultrahaute fréquence), le traitement par l’irradiation UV, les AINS doivent être évités. Le pronostic peut varier. Avec la réduction immunologique du germe mégacaryocytaire, ainsi qu'avec une splénectomie inefficace, le pronostic se détériore. Les patients sont soumis à un examen médical obligatoire. La fréquence des visites chez le médecin doit ȇtre déterminée par la gravité de la maladie et le programme du traitement à ce stade. La vascularite hémorragique (la maladie de Schönlein-Henoch) La vascularite hémorragique (la maladie de Schönlein – Henoch) est une maladie infectieuse et allergique systémique basée sur l’inflammation généralisée des petits vaisseaux qui se caractérise par le polymorphisme des manifestations cliniques avec les lésions des capillaires, des artérioles, des veinules de la peau, des articulations, de la cavité abdominale et des reins. La maladie survient chez 20 à 25% de la population infantile (de 10 000), les garçons sont plus susceptibles. L’étiologie. La cause de la maladie n'a pas été établie, mais on a noté l’association à une infection virale ou bactérienne transférée (l’angine streptococcique ou l’exacerbation de l'amygdalite, la pharyngite), ainsi qu'après l'introduction de vaccins et de sérums préventifs, en relation avec l'intolérance aux médicaments, les helminthiases, le refroidissement et d'autres effets indésirables de l'environnement. La pathogenèse est liée aux troubles immunitaires – l'élévation du niveau de complexes immuns circulants qui communiquent à la lésion de la paroi des vaisseaux sanguins, ce qui conduit à l'augmentation de leur perméabilité, de l'enflure → on voit le fonctionnement des mécanismes d'hypercoagulabilité, la détérioration des propriétés rhéologiques du sang, il est possible de trouver l'épuisement de l’élément anticoagulant du sang, conduisant à l’ischémie et au purpura de localisation différente. Les signes cliniques. La maladie se manifeste par une triade : des éruptions hémorragiques rouges et fusionnées sur la peau (purpura), des arthralgies transitoires principalement de grosses articulations et un syndrome abdominal. Les éruptions cutanées initiales sont situées sur les surfaces extensibles des membres, s'étendent aux fesses, aux membres supérieurs, au bas du dos et au cou. Les éléments sont de petites taches érythémateuses qui, au début, pâlissent lorsqu'elles sont pressées, et après un certain temps, l'éruption devient hémorragique, les éléments acquièrent la couleur rouge-pourpre. Ensuite, l'éruption pâlit, mais ne fleurit pas, et se termine par la pigmentation résiduelle qui peut persister pendant une longue période. Le signe typique de la vascularite hémorragique est l'éruption tachetée-papuleuse avec des éléments exsudatifs-hémorragiques situés symétriquement principalement sur les surfaces extensives des membres inférieurs et supérieurs, les fesses, les oreillettes, la surface interne des cuisses, moins souvent sur la poitrine, le dos, le visage. Mais parfois, il est possible de voir une autre nature de l'éruption cutanée – avec nécrose, semblable à l’érythème, vésiculo-nécrotique. Les lésions cutanées sont polymorphes en raison des éruptions continues. Les démangeaisons ne sont pas caractéristiques. Les grandes articulations (genou, coude, cheville) sont touchées. On voit le gonflement, la douleur, l'hyperémie des articulations. La lésion est le plus souvent asymétrique. L'arthrite passe rapidement sans causer de déformations persistantes. Les polyarthrites symétriques migratrices, généralement de grandes articulations, sont accompagnées de douleurs de nature différente – de la douleur à court terme à la douleur aiguë, conduisant les patients à l'immobilité. L'arthrite coïncide souvent avec l'apparition et la localisation du purpura. La pâleur de la peau, le visage maigre, les yeux enfoncés, les traits du visage pointus, la langue sèche. Le syndrome abdominal est caractérisé par les douleurs abdominales spasmodiques soudaines très aiguës (le plus souvent près du nombril - les douleurs simulant l’appendicite ), la cholécystite, la pancréatite, la colique intestinale. La douleur augmente à la palpation, des signes d'irritation du péritoine sont possibles. Les patients sont généralement allongés sur le côté, les jambes pressées contre l'estomac, ils sont agités. Les reins sont souvent impliqués dans le processus pathologique sous la forme de la glomérulonéphrite hématurique due à la lésion des capillaires glomérulaires. Cependant, s’il y a le passage de la glomérulonéphrite à la forme chronique, la pathologie rénale peut être variée : du syndrome urinaire à la glomérulonéphrite diffuse de type hypertonique ou mixte. En cas de l’évolution généralement favorable de la néphrite, il est possible de voir l’issue comme la néphrite progressive chronique avec insuffisance rénale. D'autres signes cliniques (lésion du système nerveux central, pneumonie hémorragique, myocardite et sérosite) sont observés rarement et ils peuvent ȇtre détectés à l’aide des études spéciales. Le diagnostic est effectué sur la base de l'anamnèse, des données cliniques et de laboratoire. Dans la FNS : leucocytose modérée, neutrophilie, éosinophilie, augmentation de la VS. Dans l'analyse biochimique du sang : dysprotéinémie, augmentation de la protéine C-réactive, ASAT, ALAT, immunoglobulines dans l'analyse d'urine, protéinurie modérée avec microhématurie. Le diagnostic différentiel est effectué avec des rhumatismes, des maladies de la peau, des maladies du tractus gastro-intestinal. Le traitement. Le repos au lit. Le régime hypoallergénique, la restriction du sel de table, des substances extractives. On fait l’entérosorption, la thérapie anti– ou désagrégante et le traitement antioxydant pour améliorer la microcirculation (curantil, trental, ticlopidine). On prescrit les anticoagulants : l’héparine 150-300 U / kg par jour (en 3-4 doses sous-cutanées). Les antihistaminiques : diazoline, tavegil, fencarol. Les glucocorticoïdes sont indiqués dans tous les cas d'écoulement sévère. La thérapie par perfusion est utilisée pour améliorer les propriétés rhéologiques du sang, normaliser le volume sanguin circulant, réduire le potentiel de coagulation du sang (rhéopolyglucine, contrical, gordox, trasilol - par perfusion goutte à goutte). L'antibiothérapie est prescrite en présence de l’association à une infection bactérienne transférée ou en présence de foyers d'infection chronique décompensés. Avec l'évolution ondulatoire et les rechutes, des traitements alternatifs sont nécessaires : les anti-inflammatoires non stéroïdiens (orthophène, diclofénac sodique, piroxicam, movalis). Les stabilisateurs membranaires (vitamine E, rétinol, rutine) sont indiqués en présence du purpura cutané manifeste, de la néphrite. Les médicaments immuno-correcteurs (dibazol, interféron). Les antimétabolites (azathioprine), les cytostatiques. La thérapie symptomatique comprend l'assainissement des foyers chroniques, le déparasitage, les analgésiques, les antispasmodiques, les antiacides. Le pronostic est favorable. L’observation dispensaire doit ȇtre réalisée pendant 5 ans, l’exemption médicale des vaccinations préventives - pendant 2 ans de l'apparition d'une rémission persistante.