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Chapitre III : Exécution des opérations financières des organismes publics

Université Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou


Faculté des Sciences Economiques, Commerciales et des Sciences de Gestion
Département des Sciences Financières et Comptabilité
Troisième année, Spécialité « Comptabilité et Audit »
Matière : Comptabilité Publique
Année universitaire 2019/2020

Chapitre III : Exécution des opérations financières des organismes publics

L’exécution des budgets des organismes publics consiste dans la réalisation d’un certain
nombre d’opérations par les ordonnateurs et les comptables publics en matière des recettes et des
dépenses. Ainsi, nous avons principalement deux agents qui sont chargés de l’exécution des
opérations financières publiques dans le cadre de deux grandes phases (administrative et
comptable).

Selon l’article 15, de la loi 90-21 relative à la comptabilité publique, l’exécution des budgets
et des opérations financières est réalisée :

- En matière de recettes, par des actes de constatation, de liquidation et de recouvrement ;


- En matière de dépenses, par des actes d’engagement, de liquidation, d’ordonnancement ou
de mandatement et de paiement.

En effet, l’exécution des opérations financières, dans le champ de la comptabilité publique,


est réalisée suivant deux grandes phases :

- La phase administrative, sous l’autorité de l’ordonnateur disposant d’un pouvoir de décision


discrétionnaire, en matière de perception des recettes ou de réalisation des dépenses
publiques.
- La phase comptable au cours de laquelle le comptable public, après vérification de la
régularité des opérations financières et de la qualité de l’ordonnateur, procède au
recouvrement des créances et au paiement de dépenses publiques.
L’intervention des deux agents d’exécution, qui découle du principe de séparation
des fonctions, répond au principe de sécurité et d’efficacité. Cette dualité des fonctions
facilite également l’exercice du contrôle, par les instances habilitées, sur la gestion des
deniers publics.
L’objet de ce chapitre porte sur la présentation du processus d’exécution des
opérations de recettes et de dépenses publiques suivant les deux grandes phases :
administrative et comptable.
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Chapitre III : Exécution des opérations financières des organismes publics

I. L’exécution des opérations de recettes

L’exécution des recettes publiques est réalisée par deux agents (ordonnateurs et comptables
publics) à travers deux grandes phases (administrative et comptable). Elle consiste dans les actes de
constatation, de liquidation, d’établissement des ordres de recettes et de recouvrement des créances
publiques.

I.1. La constatation de créances publiques

Selon l’article 16 de la loi 90-21 relative à la comptabilité publique « la constatation consiste


dans l’acte de consacrer le droit d’un créancier public ». Il s’agit de vérifier la réalité des faits
générateurs et d’établir la validité des créances publiques. A titre illustratif, nous pouvons citer
comme faits, donnant naissance à une créance fiscale, le versement des salaires concernant l’impôt
sur le revenu global (IRG). Nous avons également, à titre d’exemple, à propos des autres recettes en
dehors de l’impôt, la prestation de services en ce qui concerne les produits d’exploitation ; les
créances et droits prévus par la loi ou nés d’une décision de justice en faveur de l’organisme public.

I.2. La liquidation des créances publiques

La liquidation fait référence à la détermination du montant de la dette du redevable au profit


des organismes publics ainsi qu’à l’émission des titres de recettes. Selon l’article 17 de la loi 90-21
relative à la comptabilité publique « la liquidation de la recette permet de déterminer le montant
exact de la dette du redevable au profit d’un créancier public et d’en ordonner le recouvrement ».

Les ordonnateurs publics procèdent après les opérations de constatation et de liquidation, à


l’émission des titres de recettes dans un délai de trente jours (concernant les créances étrangères à
l’impôt et au domaine). L’émission des titres de recettes traduit l’ordre donné par l’ordonnateur au
comptable pour recouvrer la créance publique. Cet ordre se manifeste aussi à travers l’émission
d’un titre de régularisation ou d’un titre exécutoire. L’ordonnateur public tient, dans ce cadre, une
comptabilité administrative des titres de recettes, en vue de ressortir les créances constatées et
liquidées, les titres émis et les recouvrements réalisés.

Ces titres de recettes sont de deux types : - Titres de recettes sans la force exécutoire.

- Titres de recettes exécutoires.


Les titres de recettes sans la force exécutoire permettent un recouvrement à l’amiable par les
comptables publics. En revanche, les titres de recettes exécutoires entrainent un recouvrement forcé
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des créances publiques, par le biais des moyens d’exécution forcée (saisie exécution, saisie-arrêt,
avis à tiers détenteur, etc.).

Remarque
L’administration publique met en œuvre la procédure d’exécution forcée, lorsque le
redevable ne s’acquitte pas de sa dette dans les délais.
Après la naissance d’une créance publique, il y a un délai qui est fixé pour son
recouvrement par l’administration. Au-delà de ce délai, la dette du redevable est considère comme
étant atteinte par la prescription (l’administration ne peut pas recouvrer la créance). Le redevable
se trouve alors libérer de sa dette envers l’organisme public.

II.3. Le recouvrement des créances publiques

Au cours de cette phase comptable, le comptable procède au recouvrement des créances


publiques exigibles. Il doit, au préalable, vérifier : que la créance n’est pas atteinte par la
prescription, la régularité des titres de recettes, les décomptes, l’imputation budgétaire et la qualité
des débiteurs. Au titre de l’article 18 de la loi 90-21 relative à la comptabilité publique, « le
recouvrement est l’acte libératoire de la créance publique ».

Nous pouvons distinguer le recouvrement à l’amiable et le recouvrement forcé. Le


recouvrement à l’amiable est accompli par le comptable, suite à l’émission de l’ordre de recette par
l’ordonnateur. Dans ce cas, le redevable règle volontairement sa dette après réception de l’avis
d’émission de titre de recette. En revanche, lorsque le redevable ne règle pas volontairement sa
dette dans les délais, après sommation écrite, le titre de recette sera rendu exécutoire (état
exécutoire) par l’ordonnateur à la demande du comptable. Les titres de recettes, relatives aux
créances étrangères à l’impôt, sont rendus exécutoires après l’échec de la procédure du
recouvrement à l’amiable. Le comptable transmet les ordres de recettes, rendus exécutoires par
l’ordonnateur, aux receveurs des impôts du lieu de résidence des débiteurs.

Remarque

Le recouvrement forcé entraine la mise en œuvre des procédures d’exécution forcée, à


l’instar de : la saisie arrêt sur les avoirs du débiteur auprès de tiers, la saisie exécution des biens
du débiteur, l’avis à tiers détenteur, etc.
Les recettes provenant des impôts et taxes sont recouvrées par les receveurs des impôts et
ceux des douanes. Pour les recettes du domaine, elles sont recouvrées par les receveurs des

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domaines. En ce qui concerne les recettes étrangères à l’impôt et au domaine, elles sont recouvrées
principalement par les comptables directs du trésor.

Remarque

Selon l’article 15 du décret exécutif n° 91-313 modifié et complété, fixant les procédures, les
modalités et le contenu de la comptabilité des ordonnateurs et des comptables publics, la
comptabilité administrative des recettes retrace :
- les créances constatées et liquidées,
- les ordres de recettes émis ainsi que les réductions ou annulations opérées sur ces ordres,
- les recouvrements effectués sur ces ordres.

II. L’exécution des opérations de dépenses

La réglementation relative aux dépenses publiques constitue un aspect important dans le


domaine des finances publiques. Selon G. Montagnier (cité par A. Bissaad, 2001) : « les principales
sources de préjudice pour les finances publiques se rencontrent en pratique en matière d’exécution
des dépenses publiques ; les irrégularités y sont souvent plus dommageables qu’en matière de
recettes… la dilapidation ou le détournement des fonds publics ayant un caractère plus spectaculaire
que le mauvais recouvrement des créances ».

L’exécution des dépenses publiques nécessite, au préalable, la satisfaction de deux


conditions (A. Bissaad, 2001) :

- L’existence des dettes des organismes publics.


- Les dépenses budgétaires doivent être prévues dans le budget (autorisation annuelle à travers
le budget).
Les opérations relatives aux dépenses publiques sont réalisées à travers les actes
d’engagement, de liquidation, d’ordonnancement ou de mandatement et de paiement. En fait, les
trois opérations à savoir l’engagement, la liquidation et l’ordonnancement ou le mandatement,
constituent la phase administrative. Cette phase est du ressort de l’ordonnateur public. Pour
l’opération du paiement, elle relève de la phase comptable. Cette phase relève des attributions du
comptable public.

II.1. L’engagement des dépenses publiques


Selon l’article 19 de la loi 90-21 relative à la comptabilité publique « l’engagement est l’acte
par lequel est constatée la naissance d’une dette ». Ainsi, l’engagement est l’acte par lequel un

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organisme public constate la naissance d’une dette publique envers un créancier. Cet acte crée une
obligation juridique pour l’organisme public. Nous pouvons distinguer: l’engagement juridique et
l’engagement comptable.
L’engagement juridique est l’acte ou le fait générateur de la dépense publique. Il prend
plusieurs formes. Il émane de la décision de l’ordonnateur (commande de matériel, recrutement du
personnel, passation des marchés, etc.), d’un fait indépendant de la volonté de l’administration
(accident, clause de révision des marchés publics, etc.), de l’application des textes de lois ou
conventions (versement de pensions, contribution à certains organismes, etc.).
L’engagement comptable consiste dans l’affectation des crédits budgétaires à la réalisation
de la dépense publique. Il s’agit de réserver les crédits nécessaires à la couverture des dépenses des
organismes publics.

Selon l’article 16 du décret exécutif n° 91-313 du 07 Septembre 1991, les ordonnateurs


publics tiennent une comptabilité des engagements pour déterminer le montant de ces derniers par
rapport aux autorisations de programmes ou aux crédits de paiement et le montant des soldes
disponibles.
Pour les dépenses de fonctionnement, la comptabilité des engagements retrace (article 17 du
décret exécutif n° 91-313) :
- Les crédits ouverts ou délégués par chapitre et article ;
- Les délégations de crédits accordés aux ordonnateurs secondaires ;
- Les engagements effectués ;
- Les soldes disponibles.
Pour les dépenses d’équipement et d’investissement, la comptabilité des engagements
retrace (article 19 du décret exécutif n° 91-313) :
- Les engagements effectués sur les autorisations de programmes et leurs modifications
successives ;
- Les engagements effectués au titre des délégations d’autorisation de programmes ;
- Les soldes disponibles.
En outre, l’engagement des dépenses publiques est soumis au visa du contrôleur des
dépenses engagées. Selon l’article 9 du décret exécutif n° 92-444 du 14 novembre 1992 relatif au
contrôle préalable des dépenses engagées, la vérification porte sur les éléments suivants :
- La qualité de l’ordonnateur ;
- La stricte conformité avec les lois et règlements en vigueur;
- La disponibilité des crédits ou des postes budgétaires ;
- L’imputation régulière de la dépense publique ;
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- La concordance du montant de l’engagement avec les éléments contenus dans les documents
y annexés ;
- L’existence des visas ou des avis préalablement délivrés par une autorité administrative
habilitée à cet effet, lorsqu’un tel visa est prescrit par la réglementation en vigueur.
Après vérification, dans un délai de dix jours, les engagements présentant des irrégularités
ou non conformes à la réglementation font l’objet d’un rejet provisoire ou définitif. En cas de rejet
définitif, l’ordonnateur peut passer outre ce refus (en engagement sa responsabilité) par décision
motivée, en informant le ministre chargé du budget (tout en tenant destinataire, selon le cas, le
ministre, le wali ou le président de l’assemblée communale du dossier ayant fait l’objet d’un passer
outre).

Remarque

Selon l’article 11 du décret exécutif n° 92-444 du 14 novembre 1992, le rejet provisoire est
notifié dans les cas ci-après :

- Proposition d’engagement entachée d’irrégularités susceptibles d’être corrigées ;


- Absence ou insuffisance des pièces justificatives requises ;
- Omission d’une mention substantielle sur les documents y annexés.
En revanche, selon l’article 12 du décret exécutif n° 92-444 du 14 novembre 1992, le rejet
définitif est motivé par :
- La non-conformité des propositions d’engagement aux lois et règlements en vigueur ;
- L’indisponibilité des crédits ou des postes budgétaires ;
- Le non respect par l’ordonnateur des observations consignées dans la note de rejet
provisoire.

Remarque

L’ordonnateur ne peut pas user de son droit de réquisition en cas de rejet définitif motivé
par (article 19 du décret exécutif n° 92-444 du 14 novembre 1992):

- La qualité de l’ordonnateur ;
- L’indisponibilité ou l’absence de crédits ;
- L’absence des visas ou des avis préalables prévus par la réglementation en vigueur ;
- L’absence des pièces justificatives relatives à l’engagement ;
- L’imputation irrégulière d’un engagement dans le but de dissimuler, soit un dépassement de
crédits soit une modification des crédits ou des concours budgétaires.

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Le contrôleur des dépenses engagées a pour objet (article 58 de la loi 90-21 relative à la
comptabilité publique) :
- de veiller à la régularité des engagements des dépenses par rapport à la législation en vigueur,
- de vérifier préalablement la disponibilité des crédits,
- de confirmer la régularité par un visa sur les documents relatifs aux dépenses ou, le cas échéant, de
motiver son refus dans les délais fixés par voie réglementaire qui tiennent compte de la nature de
l’acte,
- de conseiller l’ordonnateur au plan financier,
- d’informer mensuellement le ministre chargé des finances sur la régularité des engagements et sur
la situation d’ensemble des crédits ouverts et des dépenses engagées.
Ainsi, selon le décret exécutif n° 09-374 du 16 novembre 2009 modifiant et complétant le
décret exécutif n° 92-414 du 14 novembre 1992 relatif au contrôle préalable des dépenses engagées,
le contrôle financier est chargé de :

- Tenir des registres de consignation des visas et des rejets ;

- Tenir une comptabilité des effectifs budgétaires ;

- Tenir une comptabilité des engagements de dépenses ;

- Conseiller, au plan financier, l’ordonnateur.

Remarque
Dans le cadre de l’engagement des dépenses publiques, il y a une limitation du montant des
engagements pour ne pas dépasser le montant des crédits inscrits dans le budget. Pour les dépenses
d’équipement, la limite de l’engagement est constituée par le montant des autorisations de
programme. En revanche, les crédits de paiement permettent d’ordonnancer les montants des
dépenses à payer.
En ce qui concerne les créances publiques, les organismes publics ont une obligation de
recouvrer les recettes prévues.

Remarque
La date de clôture des engagements de dépenses, selon le décret exécutif n° 09-374 du 16
novembre 2009 modifiant et complétant le décret exécutif n° 92-414 du 14 novembre 1992 relatif au
contrôle préalable des dépenses engagées, est fixée au 20 décembre de l’année à laquelle ils se
rapportent. Cette date peut être prorogée, en cas de nécessité, par décision du ministre chargé du
budget.
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Pour les collectivités territoriales, la période d’exécution des budgets s’étale au 31 mars de
l’année suivante, pour permettre à l’ordonnateur d’établir le compte administratif et au comptable
d’élaborer le compte de gestion.

II.2. La liquidation des dépenses publiques

Selon l’article 20 de la loi 90-21 relative à la comptabilité publique « la liquidation permet


la vérification sur pièces et la fixation du montant exact de la dépense publique ». Ainsi, la
liquidation a pour objet de vérifier la réalité de la dette de l’organisme public et de déterminer le
montant de la dépense publique. En fait, la liquidation de la dépense publique comporte deux volets
complémentaires :

- La constatation du service fait (l’administration publique assure le paiement après la


réalisation de la prestation par ses créanciers).
- La liquidation proprement dite (calcul du montant de la dépense publique).

▪ La constatation du service fait


Elle consiste dans le fait de s’assurer de la réalité des faits générateurs de la dette publique et
de la conformité de ces derniers aux actes d’engagement (en ce qui concerne la quantité, la qualité
et le délai). Ainsi, l’organisme public, dans le cadre de la liquidation des dépenses publiques, doit
constater l’exécution des travaux, la livraison des biens, etc.

▪ La liquidation proprement dite


Elle réside dans le calcul du montant de la dette publique, en déduisant les avances et
acomptes versés auparavant par les organismes publics aux créanciers.
La liquidation (calcul du montant de la dépense publique) peut être effectuée par (A.
Bissaad, 2001) :
- Le créancier suite à l’établissement des factures ou autres justifications. Dans ce cas,
l’administration vérifie les décomptes et elle peut les modifier s’il y a lieu, en vue de
déterminer le montant de la dépense.
- L’organisme public en commun accord avec le créancier, essentiellement dans le cadre des
marchés publics.
- L’organisme public sur la base des documents qu’il possède, notamment dans le cas des
dépenses du personnel, des subventions, etc.

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Chapitre III : Exécution des opérations financières des organismes publics

II.3. L’ordonnancement ou le mandatement des dépenses publiques


Selon l’article 21 de la loi 90-21 relative à la comptabilité publique « l’ordonnancement ou
le mandatement est l’acte par lequel est donné l’ordre de payer la dépense publique ». Pour A.
Bissaad (2001), cet acte administratif permet d’établir une liaison entre les deux phases
(administrative et comptable) dans l’opération d’exécution des dépenses publiques, à travers l’ordre
donné par l’ordonnateur au comptable pour payer la dette des organismes publics. Cet acte se
traduit par l’émission des ordonnances par les ordonnateurs principaux et des mandats de paiement
par les ordonnateurs secondaires dans la limite des crédits autorisés.
L’ordonnateur public tient une comptabilité des ordonnancements pour ressortir les crédits
ouverts ou délégués, les délégations de crédits accordées aux ordonnateurs secondaires, le montant
des ordonnancements ou mandats émis, les crédits disponibles (article 24 du décret exécutif n° 91-
313 cité ci-dessus). Il y a lieu de signaler que l’ordonnateur public possède une compétence
exclusive en matière des ordonnancements.
A l’issue de cette phase administrative, l’ordonnateur est tenu d’élaborer le compte
administratif. Ce compte retrace les prévisions en matière de recettes et de dépenses ainsi que les
réalisations (les recouvrements des créances publiques et les paiements des dettes des
administrations) au cours d’un exercice budgétaire. Ce compte sera soumis à la procédure de
contrôle de la cours des comptes. Celle-ci est chargée aussi de l’apurement des comptes des
comptables publics.

Remarque

Au titre des articles 31 et 32 de la loi 90-21 relative à la comptabilité publique, les


ordonnateurs sont responsables des certificats qu’ils délivrent, et des irrégularités et erreurs qu’ils
commettent. Ils sont ainsi responsables civilement et pénalement de la conservation et de
l’utilisation des biens acquis sur les deniers publics. A ce titre, ils sont personnellement
responsables de la tenue des inventaires des biens meubles et immeubles acquis ou dont ils sont
affectataires.

Remarque

Les mandats sont transmis généralement par l’ordonnateur, entre le 1er et le 20 ème jour du
mois, au comptable pour paiement. L’ordonnancement s’effectue dans la limite des crédits
budgétaires ouverts. La date de clôture des ordonnancements est fixée au 25 décembre de l’année.

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II.4. Le paiement des dépenses publiques

Selon l’article 22 de la loi 90-21 relative à la comptabilité publique « le paiement est l’acte
libératoire de la dépense publique ». L’organisme public, à travers cet acte, se libère de sa dette
envers ses créanciers. Le paiement, qui est du ressort du comptable public, intervient après
l’exécution du service fait.

Remarque

Le mandat de paiement est admis en dépenses, dans un délai de 10 jours, par le comptable à
compter de la date de sa réception.

Des acomptes et avances peuvent êtres versés au personnel ainsi qu’aux fournisseurs ou
entrepreneurs dans le cadre de l’exécution des contrats des marchés publics.

Le paiement ne constitue pas une opération de caisse stricto sensu. Le comptable public, au
vu de sa responsabilité personnelle et pécuniaire, a un rôle important en matière de contrôle de la
régularité des dépenses publiques et de la qualité de l’ordonnateur.

Remarque
Le comptable public a un double rôle :
- celui du payeur qui consiste essentiellement dans la vérification de la régularité des
dépenses publiques et de la qualité de l’ordonnateur.
- Celui du caissier qui se manifeste par le règlement de la dépense publique après
l’opération de vérification.

Le comptable public, en tant que payeur, vérifie la conformité des dépenses publiques aux
lois et règlements. Ainsi, selon l’article 36 de la loi 90-21 relative à la comptabilité publique, le
comptable public, avant d’admettre une dépense publique au paiement, doit s’assurer :

- De la conformité de l’opération avec les lois et règlements en vigueur ;


- De la qualité de l’ordonnateur ou de son délégué ;
- De la régularité des opérations de liquidation de la dépense ;
- De la disponibilité des crédits ;
- Que la créance n’est pas atteinte par une déchéance ou frappée d’opposition ;
- Du caractère libératoire du paiement ;
- Des visas des contrôles prévus par les lois et règlements en vigueur;
- De la validité de l’acquit libératoire.
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Remarque
Les dépenses publiques, ayant dépassé 4 années budgétaires, sont éteintes au profit des
organismes publics, sauf dans le cas où cette situation relève de la responsabilité de
l’administration ou liée à d’autres raisons valables. L’administration doit, par conséquent, justifie
cette situation auprès du comptable public pour que ce dernier procède au paiement de la dépense.
En fait, la déchéance quadriennale libère le débiteur public de sa dette (voir les articles 16 et 17 de
loi 84/17 relative aux lois de finances).

Le comptable public, après la vérification des ordonnancements ou mandats émis par


l’ordonnateur, procède au règlement de la dette publique. Ce rôle du caissier libère l’organisme
public de sa dette, par l’admission de la dépense publique au paiement. Toutefois, le comptable peut
signifier un rejet provisoire ou définitif, dans un délai de vingt jours après réception du titre de
paiement, à l’ordonnateur en suspendant le paiement de la dépense publique.

Suite au contrôle effectué par le comptable public, trois situations peuvent alors se présenter
pour cet agent d’exécution :

- L’admission de la dépense publique au paiement, si le mandat émis est régulièrement établi ;


- Le rejet provisoire en présence d’une erreur susceptible d’être corrigée, d’une omission
d’une mention à compléter, d’un manque de pièces justificatives ;
- Le rejet définitif en cas d’irrégularité de fond constatée ou de non respect de la
réglementation en vigueur. Le non respect des observations consignées dans le cadre du rejet
provisoire entraine également la suspension du paiement.

Suite au refus de visa opposé par le comptable public, l’ordonnateur peut ainsi user du droit
de réquisition. Selon l’article 47 de la loi 90-21 relative à la comptabilité publique : « en cas de
refus de payer par le comptable public, l’ordonnateur peut requérir par écrit et sous sa
responsabilité, qu’il soit passé outre à ce refus ». Ce droit de réquisition permet à l’ordonnateur (en
engageant sa responsabilité) d’obliger le comptable à payer la dépense publique. Dans ce cas, la
responsabilité personnelle et pécuniaire du comptable public n’est pas engagée, lorsqu’il défère à la
réquisition.

Remarque

- L’ordre de réquisition doit comporter les motifs le justifiant et la mention « le comptable est
requis de payer ».
- Le comptable public rend compte au ministère de finances dans un délai de 15 jours.

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- Le comptable public vise la dépense publique par l’opposition d’un cachet « vu bon à
payer » sur le titre de paiement.

Toutefois, au terme de l’article 48 de la loi 90-21, le comptable public doit refuser de


déférer à la réquisition lorsque le rejet est motivé par :

- L’indisponibilité des crédits et, sauf pout l’Etat, l’indisponibilité de trésorerie ;


- L’absence de justification du service fait ;
- Le caractère non libération du paiement ;
- L’absence de visa du contrôleur des dépenses engagées ou de la commission des marchés
habilitée, lorsqu’un tel visa est prévu par la réglementation en vigueur.

Enfin, le comptable public, en tant que caissier, procède au paiement des dépenses publiques
dans le respect de la régularité. Ainsi, l’organisme public se libère de sa dette, en payant le véritable
créancier ou son représentant légal.

En guise de conclusion à ce chapitre, nous pouvons dire que le processus d’exécution des
opérations financières, dans le domaine de la comptabilité publique, est réalisé à travers deux
grandes phases : administrative et comptable. L’exécution des opérations de recettes et de dépenses
publiques est effectuée conformément au principe de séparation des fonctions entre l’ordonnateur et
le comptable.

La phase administrative est accomplie sous la responsabilité de l’ordonnateur public. Elle


consiste, en matière de recettes, dans les actes de constatation, de liquidation et d’émission des titres
relatifs aux créances publiques. En ce qui concerne les dépenses publiques, cette phase
administrative consiste dans les actes d’engagement, de liquidation et d’ordonnancement ou de
mandatement.

La phase comptable est opérée sous la responsabilité du comptable public. En matière de


recettes, cette phase consiste dans le recouvrement des créances publiques. Dans le cadre des
dépenses publiques, le rôle du comptable, après vérification de la régularité et de la qualité de
l’ordonnateur, assure le paiement des dettes des organismes publics.

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