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IMSLP653386-PMLP1047844-L'Art Du Chant Suivi D'un - ... - Audubert Jules Bpt6k9695175c
IMSLP653386-PMLP1047844-L'Art Du Chant Suivi D'un - ... - Audubert Jules Bpt6k9695175c
DU CHANT
L'ART
DU CHANT
SUIVI D'UN TRAITÉ
DE MAINTIEN THÉATRAL
AVEC FIGURES EXPLICATIVES
PAR
PARIS
BRANDUS El' Cie., ÉDITEURS
103, RUE DE RICHELIEU
1876
a
A MONSIEUR
AMBROISE THOMAS
PRÉFACE
v
LETTRE
DE M. LE DOCTEUR FAUVEL
Après avoir"lu les parties de votre ouvrage qui se rapportent plus spécialement
à mes études laryngoscopiques, je me plais à vous dire que je partage les opinions par
vous exprimées dans les chapitres relatifs à la voix des enfants, la mue, la respiration
et la position de la langue.
On ne saurait, je crois, trop insister sur l'obstacle que la langue oppose à l'émis-
sion de certaines voyelles et sur la nécessité du travail qui a pour but de le surmonter.
N'est-ce pas un étrange parti pris que l'usage adopté par la plupart de nos
professeurs de chant à Paris de faire étudier les vocalises sur la voyelle a et de
-négliger,les autres, notamment la voyelle è?
C'est un fait de nature à frapper tous ceux qui se servent du laryngoscope.
Pour qui veut amener les cordés vocales en vue du miroir laryngien, le choix de la
•
voyelle n'est pas indifférent, l'è se trouve être la plus favorable; mais faute d'habi-
tude, -pour émettre cette voyelle, presque tous les sujets soulèvent entièrement la
langue, qui remplit alors toute la cavité buccale et obstrue le passage de la voix.
Avec de pareils contre-sens, il est impossible d'émettre le son clair et de le
porter au loin.
Il serait trop long d'entrer dans plus de détails sur ce sujet.
J'ai aussi beaucoup remarqué votre chapitre si important des registres, de la
iaison des registres et de la classification des voix.
Je suis heureux que vous partagiez l'avis de mon bien regrettable et savant ami
Ch. Bataille, qui n'admettait que deux registres : voix de poitrine et voix de tête.
La lumière est loin d'être absolument faite sur ce point; lot cap ita, tôt sensus.
Et ce n'est pas étonnant. C'est là un des arcanes de l'art du chant, et dans
l'étude du mécanisme, le passage d'un registre à l'autre est la grande difficulté.
Vous admettez, comme tout le monde, la classification des voix en soprano,
mezzo-soprano et contralto pour les enfants et les femmes, et en voix de ténor,
baryton et basse pour les hommes. Depuis quinze ans, j'ai passé en revue sous le
miroir laryngien les cordes vocales d'un grand nombre d'artistes lyriques des théâtres
de Paris et d'élèves voués à l'art du chant; j'ai été étonné de la diversité innombrable
- dans la forme des cordes
vocales. Il est certain qu'on peut classer toutes les voix en
trois grandes divisions pour chaque sexe ; mais malheureusement il est des voix qui
tiennent le milieu entre ces divisions. Pour être franchement ténor, il faut avoir des
cordes vocales très-courtes et un peu étroites. Si l'on a des cordes courtes mais larges,
on se rapproche du baryton sans être cependant un vrai baryton. Avec des cordes un
peu plus longues et plus larges que celles du ténor, on a une voix de baryton; mais
si les cordes vocales n'étaient pas d'une largeur proportionnée à leur longueur, on ne
serait ni franchement ténor ni franchement baryton.
Il faut donc que la longueur et la largeur des cordes vocales soient dans des
rapports constants. C'est faute de réunir ces conditions que parfois un débutant, un
élève du Conservatoire s'imagine être tantôt ténor et tantôt baryton. Sa voix passe d'un
timbre à l'autre et on croit y reconnaître un des effets de la fatigue. Pour peu qu'on
atteigne les notes élevées on veut être ténor et on se gouverne en conséquence. En
tendant vigoureusement les cordes vocales on obtient d'abord des sons purs de ténor,
mais bientôt on est forcé de faire effort pour arriver à tendre les cordes, puis les
muscles cessent de se tendre aussi vigoureusement-et la voix reprend avec son timbre
naturel la place que la nature lui a assignée.
On peut dire qu'il en est de la voix humaine, sous certains rapports, comme
des instruments à cordes, violons, altos, violoncelles et contre-basses, qui empruntent
leur timbre spécial au plus ou moins de longueur et d'épaisseur de leurs cordes.
Le travail peut à certain point se jouer de la nature. On a vu un virtuose exécuter
sur la contre-basse des concertos écrits pour le violon. Mais ce sont là de vrais tours de
force. L'exécutant se fatigue et l'instrument reste insuffisant.
Je n'ai pas à me prononcer sur les autres parties de votre ouvrage ; bien que les
ayant lues avec soin, je ne dois pas oublier qu'elles sont en dehors de ma spécialité.
Je me borne à vous dire ce dont je suis convaincu, c'est que grâce à vos études,
grâce à vos recherches, on verra faire un grand pas à cet art si noble et si beau, mais
en même temps si difficile, l'Art lyrique, qui sert à adoucir et à élever nos mœurs.
CH. FAUVEL.
L'ART DU CHANT
PREMIÈRE PARTIE
DE LA JUSTESSE
Pour bien chanter, il faut d'abord avoir la voix juste, c'est-à-dire pouvoir
parcourir les degrés de la gamme, en conservant entre chaque note la distance
que lui assigne notre système musical.
Les chanteurs inexpérimentés chantent quelquefois faux, soit parce qu'ils for-
cent leur voix, soit au contraire parce qu'ils ne la soutiennent pas assez ; dans le
premier cas, la voix monté, dans le second elle descend. Ces défauts se corrigent
par l'étude.
\
Il est assez rare que la voix soit fausse par nature. Il est probable que ce
vice provient d'une mauvaise conformation de l'appareil auditif. La voix chantante
et la voix parlante d'un même individu n'ont quelquefois aucune analogie entre
elles. Ce n'est donc pas d'après la voix parlante qu'il faut juger de l'instrument
du chant. On peut être bon chanteur et avoir un parler d,éteslable." eJt vice versa;
c'est pourquoi, si l'on a la voix fausse quoique sonore; si, bien que sensible aux
inflexions de la musique, on se trouve incapable de les imiter ou de les suivre
en chantant; si on est sujet à attaquer une note éloignée ou baroque en croyant
donner l'unisson, il est inutile de chercher à se vaincre. Le résultat ne répondrait
jamais à la peine. Il faut avoir la sagesse de renoncer au chant.
DE L'ÉTENDUE
L'étendue des voix non cultivées est en général d'une octave et demie. Cette
étendue serait trop restreinte et insuffisante pour le théâtre; mais, par l'étude, la
voix acquiert un grand développement.
Les voix cultivées possèdent le plus souvent deux. octaves moins une note.
Certains virtuoses dépassent ces limites, mais ce sont là des exceptions.
' -1" «T
DU TIMBRE
Quand on émet un son, il faut pouvoir juger soi-même des qualités du tim-
bre; cette faculté s'acquiert également par l'étude.
DE L'ÉGALITÉ
Quand une voix parcourt son étendue en passant successivement par tous
les degrés de la gamme, elle doit conserver la même sonorité. Une voix dans ces
conditions est égale.
S'il arrivait qu'une, deux ou trois notes du médium (milieu de la voix) ne
retentissent que faiblement ou même point du tout, on aurait ce qui s'appelle un
trou dans la voix. C'est un défaut qui cède presque toujours à un travail intelligent
et soutenu.
DU SON
Le chant est une suite de sons musicaux dont chacun doit remplir certaines
conditions : d'abord, se poser fixement, c'est-à-dire se maintenir sur le même
degré de l'échelle vocale, soit qu'il augmente soit qu'il diminue d'intensité (2) ;
ensuite, avoir. une résonnance suffisante; enfin, demeurer homogène, c'est-à-dire
conserver ses qualités individuelles, quel que soit le degré de l'échelle vocale sur
lequel il est placé.
Outre la différence des timbres, le son a des qualités ou des défauts qui lui
sont propres. Il peut être fort ou faible, clair ou sombre, chevrotant ou sec, etc.
La beauté du son est la première qualité du chant.
(1) Un des plus grands chanteurs du siècle, qui s'est retiré du théâtre à l'apogée de sa réputation,
Barroilhet, avait un timbre nasal très-prononcé, surtout dans les passages de force. Cependant sa voix
avait un charme incontestable et incontesté. *
(2) Ne pas confondre intensité avec volume : le son intense est fort, le son volumineux est gros.
VOIX DES E N F A N T S (t)
L'enfant dps deux sexes peut chanter dès l'âge de neuf ans. C'est une erreur
de croire que les études précoces épuisent les ressources d'un âge plus avancé. Il
en est de l'exercice du chant comme de tous les exercices du corps, plus on les
commence de bonne heure, plus on a chance de conserver la souplesse des mus-
cles et des cartilages. ~
C'est au professeur à connaître les moyens de son élève. Pour plus de sûreté,
il devrait examiner au laryngoscope les cordes vocales du sujet, ou les faire
examiner par un docteur. De cet examen, on tire des pronostics à peu près certains
sur la nature de la voix. Les deux cordes de la glotte varient par leur longueur
et leur épaisseur; elles sont longues ou courtes, grosses ou fines. Suivant leurs
proportions on peut classer les voix.
LONGUEUR ÉPAISSEUR
i|
DES CORDES. DES CORDES.
ri)
I ( Fines Soprano aigu.
.
2 I
Courtes !
Moyennes Soprano fort.
I ( Soprano grave.
® Grosses
h | / Fines. Mezzo-soprano élevé.
^ '
o Moyennes Moyennes Mezzo-soprano franc.
H \
> ri)
l
Grosses Mezzo-soprano grave.
« l Fines Contralto élevé.
*^î 1
£ Longues < Moyennes Contralto franc.
-Q y [ Grosses
..... Contralto grave.
SOPRANO.
MEZZO SOPRANO.
ALTO OU CONTRALTO.
du si 0,
| & De onze à quinze ans, le registre de
au sol,
^ b-u ^ Q
poitrine prend une force et une étendue étonnantes. Certains enfants de chœur
extrêmes du registre de poitrine sont d'une grande sonorité et d'un certain effet à
l'église, mais les efforts qu'ils nécessitent fatiguent beaucoup le sujet et compro-
mettent l'avenir de sa voix.
Le registre de tête ou voix de tête, comprend les notes élevées de la voix. Le
timbre de ce registre est doux et flûté.
Les deux registres coïncident sur une certaine partie de leur parcours ; mais
on ne doit chanter les notes coïncidentes en voix de poitrine et en voix de ldte, que
sur l'intervalle d'une tierce, selon la nature de la voix.
La dépense de l'air est moindre pour le registre de poitrine que pour le registre
de tète. On peut donc soutenir les sons plus longtemps en voix de poitrine qu'en
voix de tête.
Ce que nous dirons de la liaison des registres chez la femme, peut s'appliquer
lt la voix d'enfant. (Voyez page 4à.)
mi,
^ 1
au sol,
^ pour les soprani et les mezzo-soprani, et
p Q
du fa, ^ | au la3
^ pour les alti ou contralti.
t>
Chez les jeunes filles, le travail de la liaison des registres devra se faire du
ré
^ |
au fa 3
^ j
pour les soprani et les mezzo-soprani, et
3
^
du mi, ^ au sol,
^ j
pour les alti ou contralti.
^ Q
Les exercices que nous donnerons pour lier les registres des voix de femme
aux pages 48, h9, 53, 5h, 58, 59, pourront sérvir aux voix d'enfant, en se
conformant à ce que nous venons de recommander.
En commençant les études du solfége, on doit s'occuper de la respiration, de
la position que doivent prendre la bouche et la langue, de l'émission de la voix, du
martellement, des registres et de l'articulation d-e l'r lorsqu'on prononce la note ré.
Au début, on doit faire vocaliser les enfants sur la -voyelle é, afin d'obtenir plus faci-
lement le soulèvement de l'épiglotte. En vocalisant sur la voyelle â,-il arrive sou-
vent que l'épiglotte est- trop abaissée et nuit à l'émission du son. Cette recomman-
dation est d'une importance extrême, surtout pour les garçons, qui ont l'épiglotte
plus abaissée que les jeunes filles. ~
Les exercices devront être chantés dans le médium des cordes vocales, de
manière à ne pas atteindre aux notes extrêmes de chaque registre.
De tous les écarts, le plus dangereux est,de chanter trop dans le haut du
^
registre de poitrine. Les garçons ne doivent pas dépasser le sol3 ~~
0
et le la. '
^
Ll
|| de ce registre. Les jeunes filles le faz
^ et le
^
sol
^ | Faute d'observer ce principe, on expose les -enfants à forcer
3 o
leurs cordes vocales, qui se courbent alors par.la fatigue, et ne peuvent plus
vibrer d'une façon normale. C'est ce qu'on appelle vulgairement se casser fa voix.
A Paris, la plupart des enfants souffrent de l'anémie ; l'excès du travail peut
étioler encore leur nature chétive. Nous recommandons les plus grands soins pour
ceux que l'on veut faire chanter. La nourriture doit suppléer fi. la dépense de forces.
Les professeurs auront soin de choisir, dans notre traité, les leçons qui
leur paraîtront les plus propres à la nature de leurs élèves, et de les faire
répéter tous les jours, mais avec modération. Un travail interrompu fatigue
l'organe sans profit.
DE LA MUE
On appelle mue, le cbangement que la nature opère dans la voix des individus
de 1ùn et l'autre sexe, à l'époque où ils passent de l'enfance à la puberté.
Chez l'homme, des sons graves et mâles succèdent aux sons aigus de la voix
d'enfant.
Chez la femme, la mue est moins sensible; elle ne déplace rien, elle dure peu
et se termine en laissant la voix plus forte.
Le traité de Garcia et la méthode du Conservatoire s'accordent pour reconnaître
en principe les inconvénients du chant durant la mue; seulement Garcia exclut le
chant d'une manière absolue, tandis que la méthode du Conservatoire admet des
exercices modérés. Voici, du re2te, les théories des deux auteurs :
« Pendant ce temps de crise, il faut laisser agir la nature, unique dispensa-
trice des forces de l'individu. A ceLte époque de régénération, le sujet ne saurait
être trop économe de ses forces, ni ménager trop sa constitution. Si l'on appauvrit
l'organe vocal par l'exercice du chant ou par des excès quelconques, on épuise la
plante avant qu'elle soit apte à donner des fruits; on fait succéder la caducité à
l'enfance : on tue la virilité. »
(Traité complet de l'art du chanta par Manuel GARCIA, page 7.)
«
Nous pensons cependant qu'avec beaucoup de précautions on peut faire
chanter l'élève, même pendant la mue, mais avec modération, sans forcer les
sons graves, et surtout les sons aigus de la voix.
« Par conséquent, le maître doit tous les jours observer et étudier la voix de
l'élève, afin de retrancher des exercices qu'il lui fera faire, les sons provenant de la
poitrine, que la mue lui aura fait perdre, et lorsqu'il ne restera plus à l'élève qu'une
octave de l'étendue de sa voix, alors il cessera tout à fait de le faire chanter.
« En suivant scrupuleusement cette méthode, soit à l'égard des garçons, soit
à l'égard des filles, mais plus particulièrement pour les premiers, au lieu de gâter la
voix des élèves, non-seulement on la leur conservera, mais aussi, par ce moyen, les
progrès de la mue seront plus rapides, et l'on en obtiendra plus promptement le
terme. » (lIJéthode du Conservatoire, page 7.)
ÉTENDUE
SOPRANO.
MEZZO SOPRANO.
CONTRALTO.
TÉNOR (1).
BARYTON.
BASSE.
(4) Rationnellement, la voix de ténor devrait être écrite en clef d'ut, quatrième ligne; pour
faciliter la lecture des partitions réduites, on a adopté la clef de sol. L'élève sait alors que les sons de
sa voix sont en réalité à une octave au-dessous des notes de cette clef. Les grandes partitions étant
écrites en clefs d'ut, la connaissance de ces clefs est indispensable aux artistes.
La voix ne se classe pas seulement par l'étendue, mais aussi et surtout par le
timbre. Il y a des voix d'homme qui ne descendent pas au-dessous du lat grave
~jjj|
et qui montent jusqu'au la3 aigu jj du ténor.
^ ""f
monter qu'avec peine au-dessus du fa 3 Ces voix n 'en appar-
tiennent pas moins au genre des ténors. L'étude développe le haut de la voix et
fait perdre les notes graves inutiles.
Les basses qui attachent une grande importance à leurs notes les plus graves,
ont souvent de la peine à les conserver.
On est toujours tenté de classer la voix d'après l'étendue primitive, c'est un
tort, car si l'on fait fausse route, on déclasse sa voix et on ne peut plus chanter
aucun genre.
En résumé, nous conseillons aux commençants de ne pas faire trop d'efforts
pour atteindre les limites extrêmes de leur voix, et de ne pas se presser de la classer.
Avec des exercices soutenus on obtient souvent des résultats bien meilleurs que
ceux auxquels on s'attendait.
Les femmes dont la voix n'est pas cultivée ont une tendance à ne chanter que
sur un seul registre (1), soit de poitrine, soit de tête; le travail développe progres-
sivement le registre paresseux, tout en augmentant les qualités naturelles de celui
dont on se sert le plus habituellement.
Chez l'homme, quelle que soit la nature de sa voix, le travail en développe
l'étendue et le volume, plus particulièrement dans les notes élevées du registre de
poitrine.
Dans le tableau suivant on observera le développement des voix cultivées, en
le comparant avec le tableau des voix non cultivées.
Elles se classent comme les voix non cultivées dans les six genres généraux-
déjà énoncés.
SOPRANO.
MEZZO SOPRANO.
CONTRALTO.
TÉNOR.
BARYTON.
BASSE.
Cette étendue des voix est suffisante, néanmoins les compositeurs l'ont souvent
dépassée, soit dans le haut, soit dans le bas ; ils écrivaient alors pour des voix
exceptionnelles.
Telles sont de nos jours les voix de Mmes Alboni, Krauss, Lauters-Gueymard,
Miolan-Carvalho, Nillson, Patti, Stolz-Teresina, Viardot, Waldman-Maria ; de
MM. Duprez, Faure, Levasseur, Roger.
Généralement, lorsqu'un auteur écrit pour une voix exceptionnelle, il met des
variantes aux passages où se trouvent des difficultés insurmontables pour les voix
d'une étendue normale. Un commençant ne doit donc pas s'effrayer des notes qui
dépassent les limites de sa voix, il pourra presque toujours y suppléer.
DE LA RESPIRATION
En même temps que le diaphragme s'aplatit activement, il repousse, en bas et en avant, vers la
région ombilicale, suivant la direction de son axe, les viscères abdominaux; les viscères abdominaùx,
à leur tour, poussent en avant la paroi abdominale, qui jouit d'une certaine élasticité. Aussi, au moment
de l'inspiration, le foie et l'estomac, abaissés, se dégagent de dessous les côtes, et il y a un léger soulè-
..................................
vement du ventre.
S'accouder, de manière à ce que le corps porte sur les bras et tienne les
épaules immobiles ; ouvrir la bouche comme pour dire âa aspirer rapidement une
grande quantité d'air en gonflant ce qu'.on appelle le creux de l'estomac.
DEUXIÈME PARTIE. —
EXPIRATION.
Poser les dents sur la lèvre inférieure, comme pour dire v3 maintenir l'articu-
lation de cette consonne aussi longtemps que possible, en laissant sortir l'air lente-
ment, jusqu'à l'explosion de la voyelle.
DE L'ÉMISSION
•
éprouvera une difficulté quelconque d'émission sur un ou plusieurs sons.
1 a patte, étape. ]j
!
0 ,la bouche horizontalement
Ouvrir . avec une position
2 e présent etc.
sonnante, mais sans contraction, afin d'éviter
3 i ou y aris,
n nj/ure.
,
1 émission stridente (1).
4 o ,bol,..,
idole.
,
faudrait pas, pour éviter l'émission stridente de i't'., le prononcer avec le son
(1) Toutefois, il ne
de J'é fermé, ainsi que le conseillent certains auteurs, car il sera toujours désagréable à l'oreille
d'entendre prononcer Paré pour Paris, marée pour marie, pattée pour patrie, etc.
2° POSITION DE LA LANGUE
Lorsqu'on émet les voyelles, la langue doit rester inerte, c'est-à-dire sans
la moindre contraction, la pointe touchant légèrement les dents de là mâchoire
inférieure. Si l'on voulait exprimer par une image familière la position de la lan-
gue, on dirait qu'elle prend la forme d'une cuiller dont les bords toucheraient les
dents inférieures, et dont le creux, opposé au creux de la voûte palatine, formerait
avec lui une espèce d'entonnoir ou pavillon d'instrument.
Faute d'observer ce principe, notamment pour les voyelles â„ ê-, q-, la langue
serait naturellement portée à se contracter, c'est-à-dire à se ramasser au. fond de
la bouche, ce qui produirait ces sons désagréables qu'on appelle sons de gorge
ou sons gutturaux.
Du reste, il est à remarquer qu'un trop grand écartement des mâchoires ou
une contraction de la gorge produisent des sons plus ou moins gutturaux.
Il serait bon que l'élève observât avec attention, dans un miroir, la position
de sa bouche et de sa langue, lorsqu'il émet des sons.
' '
3° DE L'ÉMISSION DE LA VOIX
On doit commencer par la voyelle é-, parce que, pour l'émettre, l'élève prend
instinctivement la position normale de l'émission en voix blanche; c'est là un point
essentiel sur lequel nous ne saurions trop insister. En effet, les autres voyelles se
prêtent facilement à l'émission gutturale, et toute voix gutturale peut être améliorée
par l'usage prolongé de la voyelle e.
Nous commençons donc par faire émettre le son en voix blanche sur la voyelle é.
Chaque son devra être émis avec une force moyenne, et soutenu également
depuis le commencement jusqu'à la fin, aussi longtemps que la respiration le per-
mettra.
La bouche devra conserver pendant toute la durée de l'émission la position
qu'exige la voyelle é.
Lorsque l'émission de la voix sur la voyelle é sera satisfaisante, on passera à
l'émission en voix blanche sur la voyelle a, et on observera les mêmes règles.
Au début des études, nous négligeonsl'émission sur les voyelles i et o clair, afin
d'éviter toute confusion.
6° DE LA VOIX SOMBRÉE
On appelle voix sombrée, la voix d'une émission moins claire et d'un volume
plus considérable. Cette voix s'emploie plus souvent que la voix blanche; elle sert à
exprimer la force et tous les sentiments dramatiques.
Elle peut chanter soit forte soit piano, sur tout le parcours de l'échelle vocale.
Une voix qui a naturellement le défaut d'être trop sombrée devra employer comme
correctif la voix blanche.
7° ÉTUDE DE L'ÉMISSION EN VOIX SOMBRÉE
L'étude de cette émission doit se faire sur les voyelles eû, ô„ et à (nos 9, 8 et
5 du tableau des sons ou voyelles) en projetant les sons obliquement vers la voûte
palatine.
Pour que l'élève comprenne mieux ce que l'on entend par voix sombrée, nous
faisons émettre le son sur la voyelle grave eû. Sur cette voyelle, on obtient des
sons pleins et volumineux qui, bien qu'assourdis au début, se modifient et se déve-
loppent avec l'étude.
L'émission de cette voyelle a l'avantage de faire prendre à la bouche la posi-
tion nécessaire pour chanter en voix sombrée.
Chaque son doit être émis avec toute la force de la voix et soutenu d'une
façon égale, aussi longtemps que la respiration le permet.
La bouche conserve pendant toute la durée du son la position qu'exige -la
voyelle eû.
Après s'être étudié à émettre la voix sur la voyelle eû, on reprendra un travail
identique sur la voyelle ô et la voyelle â. Le son devra être soutenu d'une manière
égale aussi longtemps que possible.
Pendant toute la durée du son, la bouche conservera la position qu'exige la
voyelle ô et la voyelle d, et le son sera dirigé vers la voûte du palais.
Si l'on écartait trop les mâchoires, si l'on poussait avec trop de force,
il se produirait une espèce de bâillement d'un effet détestable. L'exercice de la
voyelle é prévient ce défaut et le corrige.
Quand l'élève éprouvera une trop grande fatigue à soutenir les notes élevées,
et quand il chantera sombré à. pleine voix, il pourra porter le son vers les fosses
nasales, ou, en termes plus précis, vers les sinus frontaux, il en résultera un
repos immédiat des organes vocaux.
La voix que l'on obtient ainsi est d'un timbre plus clair et d'une qualité moins
belle que celle dont le son est dirigé vers la voûte palatine. Nous conseillons
cependant à l'élève de ne pas abuser de ce moyen. Qu'il sache que c'est en
combinant et en variant les voix qu'il obtiendra ses plus beaux effets.
Il ne faut pas confondre cette voix sombrée qui s'appuie sur les fosses nasales,
avec la voix nasillarde. La voix nasillarde est une chose affreuse qu'il faut éviter
avant tout.
Le son soutenu, qu'il soit fort ou faible, doit conserver la même intensité.
On aura soin de ne pas fermer la bouche immédiatement après l'expira-
tion du son; cette habitude, que les commençants contractent facilement, est
toujours d'un effet désagréable ou comique : par exemple, si l'on vocalise sur
la voyelle en fermant la bouche dès que le son finit, il semble que l'on pro-
nonce ap; il en est de même des autres voyelles, qui paraissent toujours suivies
de la lettre p.
Dès qu'on sera familiarisé avec l'émission du son et qu'on aura fait un tra-
vail sérieux de sons soutenus, on devra reprendre le même travail avec toutes les
voyelles, jusqu'à ce que l'on n'éprouve aucune difficulté ni sur les unes, ni sur les
autres.
Ces exercices devront être faits en observant toutes nos recommandations sur
la position de la bouche que nécessite chaque voyelle, et travaillés jusqu'à ce que
la voix ait pris une certaine assiette.
Les deux défauts les plus à craindre, au début des études de chant, sont
l'émission gutturale et l'émission nasale ; nous ne saurions trop insister là-dessus.
L'émission gutturale, qui est l'effet d'une contraction de la langue ou de l'arrière-
gorge, se corrige en émettant la voix en dehors sur des voyelles à résonnances claires.
L'émission nasale se produit en faisant concourir outre mesure les fosses nasales à
l'émission du son. Il est un moyen simple de s'assurer si l'on ne chante pas du
nez : on se pince les narines en émettant le son ; si le son reste clair et pur,
l'émission est bonne; si le son change de timbre et devient nasillard, l'émission est
nasale et l'on doit y veiller.
On prévient le défaut de l'émission nasale en projetant le son horizontalement
vers l'avant-bouche ; on obtient ainsi des sons blancs, il est vrai, mais d'une émis-
sion correcte et que l'on peut sombrer ensuite, après des exercices plus ou moins
répétés, suivant les dispositions de l'élève.
Lorsque les organes vocaux sont rebelles, nous conseillons de vocaliser à
bouche fermée ; on évite ainsi toute contraction de la langue ou de la gorge, et les
organes vocaux gardent leur position naturelle.
La vocalisation à bouche fermée peut être utile dans une foule de cas ; les
élèves feront bien de s'y exercer, surtout s'ils fredonnent en plein air.
Les principes que nous venons de poser sur l'émission de la voix devront
être appliqués à tous les exercices qui vont suivre, et chacun de ces exercices
devra être chanté forte en voix sombrée, piano en voix blanche.
En résumé, il faut que l'élève puisse chanter, à volonté, en voix blanche ou
en voix sombrée. C'est en tirant parti de ces émissions si différentes, qu'on
obtient les effets d'opposition qui font valoir une œuvre et un artiste.
OBSERVATION.
—
Pour éviter des répétitions volumineuses, on s'est borné
à donner un modèle de chaque exercice.
Chacun des exercices qui vont suivre devra donc se répéter en montant par
demi-ton jusqu'à la limite naturelle de la voix.
(1) ÉMISSION CLAIRE : Après avoir attaqué le son sur la voyelle e, on passera à la
voyelle a sans quitter le son, et, autant que possible, sans changer la position de la bouche.
(2) ÉMISSION SOMBRÉE : On attaquera le son à pleine voix sur la voyelle eû, en le
faisant aussi gros que possible; on passera à la voyelle 6, sans quitter le son ni reprendre
haleine, en conservant à la bouche la même- position. On substituera ensuite l'a à l'd, en
donnant à la bouche la forme ovale dans le sens horizontal.
10" DE L'ATTAQUE ET DU M ARTELLEMENT.
Émettre chaque voyelle avec force et passer de l'une à l'autre sans lâcher
le son.
Lorsque l'on chante piano en voix blanche, la voix est peu moelleuse, et
n'est pas toujours agréable. En sombrant légèrement, c'est-à-dire en dirigeant le
son vers la voûte palatine, tout en gardant la position de la voix claire, on obtient
ce qu'on appelle la voix mixte, et, par le travail, on arrive à une émission douce
qui charme l'oreille, et dont le timbre produit le meilleur effet.
La voix mixte est, on le voit, une moyenne de voix blanche et de.voix som-
brée. Elle n'est donc pas un composé de voix de poitrine et de voix de tête, ainsi
que quelques auteurs l'ont avancé.
Ce genre d'émission adoucit quelques tons criards de la voix blanche, et
arrive à la grâce et à la douceur qui manquent à la voix sombrée. Les sons pa-
raissent sortir d'eux-mêmes, sans le moindre effort. En effet, loin d'éprouver de
la difficulté à chanter en voix mixte, les voix travaillées s'en servent comme d'un
moyen de repos. Toutefois, nous ferons remarquer que par la légère contraction
qu'elle impose à la bouche et qui se communique à la gorge, l'abus de la voix
mixte, au lieu de délasser les organes vocaux, finirait par les fatiguer. Ce qui
nous ramène au principe déjà posé : on doit, autant que possible, alterner les
émissions.
Le tremblement de la voix n'existe guère que chez les jeunes élèves qui n'ont
pas encore la voix posée. Les sons soutenus feront disparaître ce défaut.
Le chevrotement se manifeste, au contraire, chez les chanteurs qui ont forcé
leur voix '
Le moyen d'éviter le chevrotement est d'attaquer le son demi-fort et de l'aug-
menter insensiblement, jusqu'à ce qu'on sente que la voix oscille. Alors on s'arrête
et on recommence sur un nouveau son demi-fort. En résumé, c'est en émettant
des sons d'une intensité progressive qu'on se corrige du chevrotement.
Il est des chanteurs qui pour donner à leur voix un accent plus sympathique,
la rendent volontairement chevrotante; ce ne peut être que l'effet passager d'une
situation dramatique ; il serait du plus mauvais goût d'user continuellement d'un
tel moyen.
1 h° DE LA VOIX VOILÉE.
Il existe des voix d'un timbre couvert, qu'on appelle voilées, parce qu'il semble
en effet, quand elles chantent, que le son passe à travers un voile ; ces voix,
généralement agréables et sympathiques, sont très-susceptibles d'être améliorées.
Les sons voilés sont parfois la conséquence d'une respiration mal réglée, en
ce sens que la dépense d'air excède les besoins réels de l'émission. C'est pourquoi
dans les piano la voix est moins voilée; tandis que si l'on a à chanter fort, on
pousse l'air avec d'autant plus de puissance qu'on a l'espoir de donner plus de son,
et c'est le contraire qui arrive.
Il faut pour corriger ce défaut s'exercer suivant les principes déjà posés au
chapitre de la respiration.
Il ne faut pas confondre la voix voilée avec la voix sombrée ; l'une est le
fruit du travail, l'autre est un défaut d'expérience.
DES REGISTRES
Toutes les voix humaines ont deux modes d'émission que l'on appelle registres,
savoir :
Le registre de poitrine, ou voix de poitrine, et le registre de tête, ou voix de
tête.
D'accord avec Garcia, nous entendons par le mot registre une série de sons
consécutifs et homogènes, en montant comme en descendant, produits par le déve-
loppement du même principe mécanique, et dont la nature diffère essentiellement
d'une autre série de sons également consécutifs et homogènes, produits par un
autre principe mécanique. Tous les sons appartenant au même registre sont, par
conséquent, de la même nature, quelles que soient d'ailleurs les modifications de
timbre ou de force qu'on leur fasse subir.
La voix de poitrine est la plus naturelle, c'est-à-dire que c'est celle dont
l'homme se sert le plus ordinairement pour chanter. Le registre de poitrine, ou voix
de poitrine, ale timbre plein et sonore; l'émission y est accompagnée d'un frémis-
sement vibratoire de la poitrine. Ce registre comprend presque toute l'étendue de
la voix; ce n'est que dans les notes les plus élevées qu'il devient nécessaire d'aban-
donner la voix de poitrine pour passer à la voix de tête.
La résonnance de la voix de poitrine est déterminée par une vibration des
cordes vocales; au moment de l'émission, l'ouverture de la glotte affecte une forme
ovale dont les proportions diffèrent suivant que le son est plus ou moins élevé (1).
(1) Ch. Bataille a faitsur ce sujet un ouvrage très-sérieux qu'il est bon de consulter et dont voici
le titre : Nouvelles recherches sur la phonation, 4 861.
Les sons de la voix de poitrine peuvent, à la volonté du chanteur, augmenter
ou diminuer d'intensité. Quoique ce registre soit plus fatigant que le registre de
tête, la dépense de l'air y est moindre, et l'on peut soutenir un son de poitrine
plus longtemps qu'un son de tête.
On voit que les deux registres coïncident sur une certaine étendue du parcours
de la voix. Par conséquent on peut, sur toutes les notes coïncidentes, employer
l'un ou l'autre de ces deux registres, sans crainte de nuire à l'organe vocal. Le
chant de poitrine n'altère pas la voix de tête et réciproquement.
Néanmoins il ne faut pas abuser de la voix de tête, cela pourrait rendre pares-
seuse la voix de poitrine.
6° DE LA VOIX DE TÉNOR. *
Il faut d'abord remarquer que cette étendue des deux registres du ténor n'est
pas absolue; elle peut varier chez certains sujets, mais c'est l'étendue normale et
par conséquent celle pour laquelle sont faites les études.
Nous appellerons d'abord l'attention sur la coïncidence des deux registres,
parce que c'est sur les notes coïncidentes de ces registres que doit en avoir lieu la
liaison.
Presque tous les ténors ont la voix de tête suffisamment développée; néan-
moins, il en est chez qui elle est tellement désagréable, qu'il leur est impossible
de s'en servir.
La voix de tête est d'une grande ressource; elle permet de chanter des
passages très-élevés, sans fatigue pour le chanteur, et par suite sans malaise pour
l'auditeur; le registre de tête a, de plus, l'avantage de reposer la voix de poitrine.
8° EXERCICES
Adoucir le hoquet autant que possible et chercher une homogénéité relative entre les
deux registres.
Pour émettre la voix de tête avec la voyelle a et obtenir de jolis sons de tête, il est de
toute nécessité d'employer l'émission claire.
(4) La lettre P indique qu'on doit chanter avec rémission de poitrine, la lettre T indique qu'on doit chanter
avec l'émission de tête.
90 DE LA VOIX DE BARYTON
De même que les voix de ténor et de baryton, la voix de basse a deux regis-
tres : celui de poitrine et celui de te te.
(4) Voici, à ce sujet, l'opinion de Garcia dans son Traité de l'art du chant, page 14, 1re partie:
aNous pouvons ajouter que si les deux portions de la voix humaine qui nous occupent constituaient
deux registres différents, il faudrait que le larynx, pour les produire, agit d'après les lois qui règlent
des registres de nature et de mécanisme différents : c'est-à-dire que, pour articuler les sons bas de
chacune d'elles, le larynx devrait reprendre la position la plus basse, ainsi que nous l'avons vu entre le
registre de poitrine et de fausset ; il faudrait encore qu'entre les sons de fausset et de tête, il y eût
des notes communes ou bien, au contraire, que ces deux portions de voix fussent séparées par une
lacune; bien loin de là, les sons de fausset et de tête se suivent et forment une mutuelle prolongation
pendant laquelle le larynx opère comme l'exige la succession des sons d'un seul registre : donc il n'en
existe effectivement qu'un seul. »
fa —
f tf f
I : doit être combattue
par un travail sage, sans forcer les organes vocaux. Par conséquent, loin de
s'abstenir de chanter sur les notes faibles de la voix, il faut tâcher de les
conquérir lentement une à une.
DE LA VOIX DE FEMME
Les deux registres coïncident sur une certaine partie de leur parcours ; mais
on ne doit chanter les notes coïncidentes en voix de poitrine et en voix de tête
que sur l'intervalle d'une quarte au plus, selon la nature de la voix, ainsi qu'on
le verra plus loin.
Il est à remarquer que la dépense de l'air est moindre dans le registre de
poitrine que dans le registre de tête, ce qui explique la faculté de soutenir les
sons plus longtemps en voix de poitrine qu'en voix de tête. -
^
(1) Garcia fait monter le registre de poitrine de la femme jusqu'au ré
4 ~ et
descendre le registre de tête jusqu'au sol Cette étendue de chaque registre existe
2
3
en effet, mais ces notes extrêmes ne peuvent être considérées comme faisant partie de la voix normale,
puisqu'il serait impossible de s'en servir, surtout pour chanter en voix de tête grave, cette voix n'ayant
La voix de soprano est la plus élevée des voix de femme, et par conséquent
celle dont le timbre est le plus aigu.
Dans les traits ou roulades, on a écrit pour le soprano jusqu'au fa B suraigu :
£
^ =| mais jamais on n'a chanté sur ces cordes extrêmes de la voix ; si
Nous faisons coïncider les deux registres du ré3, au /hg, sur les notes ré39
ré Il,, mi3, faz9 fL -| c'est sur ces quatre notes que doit se
faire le travail de la liaison des registres; c'est-à-dire que ces quatre notes
peuvent être chantées indifféremment en voix de poitrine ou en voix de tête et que
l'on peut passer d'un registre à l'autre sur chacune de ces quatre notes.
Toutes les voix de soprani ne se ressemblant pas d'une manière absolue, leur
registre de poitrine n'a pas toujours la même étendue; c'est pour cela qu'il est de
la plus grande importance de bien discerner quelles sont les notes sur lesquelles on
doit exercer la voix de poitrine et travailler la liaison des registres. Le professeur
devient nécessaire, car il serait impossible à une élève de se juger elle-même.
La plupart des soprani ont le registre de tête très-développé, surtout lorsque
leur voix n'a pas encore été cultivée; par suite, elles évitent de chanter en voix de
poitrine, dont le timbre leur paraît d'un contraste si étrange avec le timbre de la
voix de tête; il faut combattre cette tendance à chanter toujours en voix de tête.
La voix de poitrine est, il est vrai, difficile à émettre pour les soprani, elle a besoin
d'être sagement travaillée; mais il est rare que les soprani aient le registre de tête
local; il leur est
assez timbré sur les notes graves pour être entendus dans un vaste
indispensable de posséder le registre de poitrine et par conséquent de l'étudier
avec soin.
Dans tous les cas, nous pouvons assurer que le travail du registre de poitrine
n'a aucun inconvénient pour les voix de soprano, s'il ne dépasse pas le
(a."
^ J J
L'émission de la voix de poitrine, loin de fatiguer les
organes vocaux, ne peut que les reposer, surtout lorsqu'on fait alterner les deux
registres.
Les exercices qui suivent ont pour but d'adoucir le soubresaut qui se mani-
feste lorsqu'on passe d'un registre à l'autre, soit sur des notes différentes, soit sur
la même note.
20° EXERCICES
POUR LIER LES REGISTRES DE ÈA VOIX DE SOPRANO
Travailler ces exercices avec toutes les voyelles, en ayant soin d'employer des voyelles à
résonnance grave lorsqu'on chante en voix de poitrine> et des voyelfs à résonnance claire
lorsqu'on chante en voix de tête.
** - -
EXERCICE
..
Attaquer piano, en voix de tête, sur une voyelle à résonnance claire ; augmenter le
son jusqu'à ce que l'on sente la nécessité de passer au registre de poitrine; changer la
voyelle claire en une voyelle à résonnance grave, donner à la voix la plus grande force
Nous faisons coïncider les deux registres du mi^, au sol 3, sur les notes
mi '3' mi 3 fa3' sol b
c est sur ces quatre notes que
3, 3,
ï
doit se faire le travail de la liaison des registres; c'est-à-dire que ces quatre
notes peuvent être chantées indifféremment en voix de poitrine ou en voix
de tête, et que l'on peut passer d'un registre à l'autre sur chacune de ces quatre
notes.
La voix de mezzo-soprano est celle qui se prête le mieux à la liaison des
registres; elle a les notes coïncidentes naturellement égales et soutenues, et souvent
elle passe d'un registre à l'autre sans faire sentir la transition.
Les élèves qui, au début de leurs études, ne peuvent pas émettre le sol b
3
graves accidents.
Loin de se fatiguer, les organes vocaux se reposent par l'exercice modéré des
deux registres.
23° EXERCICES
POUR LIER LES REGISTRES DE LA VOIX DE MEZZO-SOPRANO.
Travailler ces exercices avec toutes les voyelles, en ayant soin d'employer des voyelles
à résonnance grave, lorsqu'on chante en voix de poitrine * et des voyelles à résonnance
claire lorsqu'on chante en voix de tête.
EXERCICE
Attaquer piano, en voix de tête, sur une voyelle à résonnance claire; augmenter le son
m
jusqu'à ce que l'on sente la nécessité de passer au registre de poitrine; changer la voyelle
claire en une voyelle à résonnance grave, donner à la voix la plus grande force possible,
puis diminuer le son graduellement et revenir au registre de tête en reprenant la voyelle claire
La voix de contralto est, des voix de femme, la plus basse et celle dont le
timbre est le plus grave.
Le contralto chante presque uniquement le grand opéra; l'opéra-comique lui
offre très-peu d'occasions de se produire.
Cette voix a le registre de poitrine d'une grande sonorité; en raison de sa
puissance et de son volume, elle a besoin d'un grand travail pour acquérir le trille
et la roulade; le registre de tête est capable de plus de souplesse et d'agilité.
doit se faire le travail de la liaison des registres; c'est-à-dire que ces quatre
notes peuvent être chantées indifféremment en voix de poitrine ou en voix de
tête, et que l'on peut passer d'un registre à l'autre sur chacune d'elles.
Chez les contralti, la transition des registres est d'autant plus sensible que le
registre de poitrine est plus vigoureux; il est même à remarquer que cette tran-
sition est d'autant plus marquée que la voix est plus belle.
Certaines voix de contralto, ayant le registre de poitrine très-développé, et
par contre le registre de tête faible, ont une tendance à monter plus haut que le
sol,
^ en voix poitrine. C'est un penchant pernicieux et qu'il faut
combattre, surtout au temps des études. Le chant de poitrine sur des notes
trop élevées retire à la voix ses qualités féminines, et le registre de tête
n'étant plus exercé devient d'une faiblesse extrême s'il ne se perd pas complé-
tement.
Les contralti qui ont la voix de tête faible sur les notes sols' la3, si, do
4,
J
et qui, par conséquent, se laissent entraîner à chanter
sur ces notes en voix de poitrine; feront bien de travailler ces notes en voix de
tête. Quel qu'en soit le résultat définitif, ce travail engendre un certain déve-
loppement de la voix de tête et fait toujours gagner quelques notes.
Malgré le volume de la voix de poitrine, il est des contralti dont la voix de
tête est remarquable de développement et d'étendue. Toutefois, les élèves les
mieux douées ne devront pas abuser des notes élevées de leur voix de tête; nous
leur conseillons même de n'employer ces notes que passagèrement ; par exemple,
dans les traits ou les points-d'orgue.
26° EXERCICES
POUR LIER LES REGISTRES DE LA VOIX DE CONTRALTO.
Travailler ces exercices avec toutes les voyelles, en ayant soin d'employer des voyelles
à résonnance grave lorsqu'on chante en voix de poitrine, et des voyelles à résonnance
claire lorsqu'on chante. en voix de tête.
EXERCICE
Attaquer piano, en voix de tête sur une voyelle à résonnance claire; augmenter le son
jusqu'à ce que l'on sente la nécessité de passer au registre de poitrine; changer la
voyelle claire en une voyelle à résonnance grave, donner à la voix la plus grande force
De tous les exercices qui ont pour but de former la voix, l'arpége est un des
plus faciles au point de vue du mécanisme; les difficultés qu'il présente tiennent à
la nature des accords et à l'imprévu des intervalles, difficultés de justesse, qui font
l'objet du solfége.
Nous allons donner, sous forme d'arpéges, quelques exercices sur les princi-
paux accords de notre système musical. Ces exercices, tout en aidant à surmonter
la difficulté d'intonation de certains intervalles, auront l'avantage d'apprendre à
l'élève la plupart des accords.
(1) Le mot arpége nous vient de l'italien arpa, harpe; c'est particulièrement sur cet instrument
qu'on exécute les accords arpégés. Par extension, on a donné le nom d' arpège à tout accord dont
on fait entendre les notes successivement.
EXERCICES D'ARPEGES
SUR L'ACCORD PARFAIT MAJEUR ET SUR L'ACCORD PARFAIT MINEUR.
EXERCICES D'ARPÈGES
SUR L'ACCORD PARFAIT MAJEUR ET SUR L'ACCORD PARFAIT MINEUR.
EXERCICES D'ARPÈGES
SUR L'ACCORD PARFAIT MAJEUR ET SUR L'ACCORD PARFAIT MINEUR.
EXERCICES D'ARPÈGES
SUR L'ACCORD PARFAIT MAJEUR ET SUR L'ACCORD PARFAIT MINEUR.
EXERCICES D'ARPÈGES
SUR L'ACCORD PARFAIT MAJEUR ET SUR L'ACCORD PARFAIT MINEUR.
SOPRANO
SOPRANO
SÉRÉNADE (GouNOD)
TÉNOR
DE LA ROULADE
ou
DE LA VOCALISATION RAPIDE
ner à cette vocalisation vicieuse le nom de roulade saccadée. Elle est souvent
employée par les élèves qui, abandonnés à eux-mêmes, n'ont aucune idée des rou-
lades martelées ou liées. Ces élèves cherchent alors à exécuter une gamme le plus
légèrement et le plus rapidement possible et ils l'obtiennent par la saccade, c'est-à-
dire par une suite de secousses du gosier, espèce de rire nerveux qui ressemble au
bêlement.
Il y a aussi une sorte de roulade qu'on obtient à coups de poitrine ; elle est
encore plus dure que la roulade saccadée, par conséquent tout à fait insupportable.
Beaucoup de chanteurs peuvent exécuter les gammes rapides descendantes en
martelant et en liant ; mais quand il s'agit de monter, ils emploient la roulade sac-
cadée. Ce défaut est un indice de la mauvaise direction de leurs études.
D'autres n'emploient que la roulade saccadée, soit en montant, soit en
descendant, tout en ayant la conviction de bien faire.
Les gens de goût sont révoltés quand ils entendent un chanteur vocaliser par
saccade ou à coups de poitrine.
La dépense de l'air dans la roulade est un point sur lequel on doit porter toute
son attention.
Il est nécessaire, surtout dans la roulade martelée, d'économiser le plus possible
la respiration; si l'air s'échappait en trop grande quantité, le martellement ne
pourrait plus se produire.
2° EXERCICE DE MARTELLEMENT.
Soutenir les rondes avec une certaine force, afin de conserver la plénitude de la
voix.
EXERCICE DE VOCALISATION MARTELÉE.
Avoir soin de ne pas prolonger le son sur les notes finales de chaque gamme, au
delà de la valeur réelle de ces notes. *
EXERCICE DE VOCALISATION MARTELÉE.
Nous avons écrit cet exercice, comme on a l'habitude de le faire dans la musique
usuelle, sans accents ni liaisons et sans répéter les voyelles sous chaque note; néan-
moins, on aura soin de marteler chaque note en les liant entre elles, et de simuler
une
répétition de la voyelle, ainsi qu'on l'a fait dans les exercices précédents.
6.° EXEMPLES DE VOCALISATION MARTELÉE.
SOPRANO
IJBRIGANTI (MERCADANTE)
- BARYTON
ZAÏRE (MERCADANTE)
BARYTON
BARYTON
5° DE LA VOCALISATION LIÉE.
La vocalisation liée est plus difficile que la vocalisation martelée, parce que
notes entre elles ne doit pas empêcher l'oreille d'en percevoir distincte-
la liaison des
pas procéder, comme on l'a fait pour la vocalisation martelée, du lent au vite
graduellement; il faut, au contraire, chercher à obtenir de prime-saut, dans
l'exécution, une vitesse qui ne permette pas de marteler chaque note.
6" EXERCICE DE VOCALISATION LIÉE.
EXERCICE DE VOCALISATION LIÉE.
EXERCICE DE VOCALISATION LIÉE.
EXERCICE DE VOCALISATION LIEE.
7G EXEMPLES DE VOCALISATION LIÉE.
MIREILLE (GOUNOD)
SOPRANO
SOPRANO
1 BRIGANTI (MERCADANTE)
BARYTON
ZAÏRE (MERCADANTE)
BARYTON
BASSE CHANTANTE
8° DE LA VOCALISATION DÉTACHÉE.
Ce genre de vocalisation est une suite de notes rapides, séparées les unes des
autres par un léger silence et plus ou moins piquées.
Cette manière de vocaliser convient particulièrement aux voix de femme.
Quelques ténors s'en servent, mais cela n'est pas de bon goût.
Employée avec mesure et discernement, la vocalisation détachée apporte une,
heureuse diversion à la vocalisation martelée ou liée.
9° EXERCICE DE VOCALISATION DÉTACHÉE.
Les notes détachées s'emploient de préférence dans le haut de la voix.
Les exercices qui suivent sont écrits sur des notes très-élevées et ne doivent être
travaillés qu'après de longues études de chant.
EXERCICE DE VOCALISATION DÉTACHÉE.
EXERCICE DE ;VOCALIS!ATION DÉTACHÉE.
EXERCICE DE VOCALISATION DÉTACHÉE.
EXERCIC;E DE VOCALISATION DETACHEE.]
EXERCICE DE VOCALISATION DÉTACHÉE.
1.00 EXEMPLES DE VOCALISATION DÉTACHÉE.
LA FLUTE ENCHANTÉE (MOZART)
SOPRANO
SOPRANO piqué.
TYROLIENNE (ROSSINI)
MEZZO-SOPRANO
DES NOTES D'AGRÉMENT
ou
PETITES NOTES
Les petites notes, ou notes d'agrément, que l'on écrit en caractères plus
petits, servent à donner plus de charme et d'accentuation aux notes réelles.
Il y a six genres principaux de petites notes :
L'appoggiature,
L'acciaccatura (1),
Le gruppetto,
Le trille, -
Le mordant,
Les petits groupes.
1° DE L'APPOGGIATURE
L'appoggiature écrite en petites notes prend sa valeur sur la note qui la suit,
et la valeur de cette dernière note réelle est diminuée d'autant.
2° EXEMPLES D'APPOGGIATURES.
LA VESTALE (SPONTINI)
LA VESTALE (SPONTINI)
LUCIA DI LAMERMOOR (DONIZETTI)
SOPRANO ET BARYTON
38 LEÇON (RUBINl)
TÉNOR
Les auteurs modernes écrivent les appoggiatures non plus en petites notes,
-
mais en notes ordinaires, telles qu'on doit les exécuter. C'est assurément
une
excellente réforme, qui évite tout malentendu.
Le passage
ci-contre
doit être
exécuté ainsi
LE COMTE OR Y (ROSSINI)
Le passage
ci-contre
doit être
exécuté ainsi :
LA VESTALE (SPONTINI)
1
LE COMTE OR Y (ROSSINi)
le passage
ci-contre
doit être
exécuté ainsi :
Ces petites notes ainsi employées à distance sous forme d'appoggiatures sont
exécutées comme des portamenti et en suivent les règles. (Voyez du Porlamenlo,
page 186).
Elle suit les mêmes règles que l'appoggiature, en ce sens, qu'elle fait sa réso-
lution par degré conjoint, qu'elle ne doit pas monter de plus d'un demi-ton et
qu'elle ne doit pas descendre de plus d'un ton.
U0 EXEMPLES D'ACCIACCATURA.
BASSE
La valeur de l'acciaccatura est toujours moindre que celle de l'appoggiature;
celle-ci est écrite avec la moitié de la valeur de la note réelle, tandis que celle-là
doit toujours être écrite avec une valeur moindre. Certains auteurs négligent cette
distinction lorsqu'ils écrivent; c'est alors au goût du chanteur de déterminer si la
petite note doit être exécutée en appoggiature ou en acciaccatura.
Dans la musique légère, les appoggiatures sont quelquefois barrées ; de façon
que l'exécutant ne sait pas s'il doit considérer la petite note comme une appoggia-
ture ou comme une acciaccatura. Le Comte Ory, notamment, fourmille de ces diffi--
cultés, et les maîtres eux-mêmes ne sont pas toujours d'accord sur la manière d'in-
terpréter les agréments de cette musique. C'est alors une affaire de sentiment plutôt
que de règle.
Dans l'exécution, la valeur de l'acciaccatura est, contrairement à celle de l'ap-
poggiature, prise sur le temps qui précède la note réelle.
Cette petite note brisée est d'un effet très-agréable, elle sauve souvent la
monotonie d'une phrase musicale; mais il faut qu'un chanteur soit sûr de lui pour
se permettre de l'exécuter lorsqu'elle n'est pas écrite.
On emploie quelquefois, à une distance de plus d'un ton, soit au-dessus, soit
au-dessous, de petites notes qui doivent s'exécuter exactement comme l'acciacca-
tura; elles font l'effet d'un portamento rapide et doivent être exécutées suivant les
règles du portamento (1). Exemple :
HAYDÉE (AUBER)
TÉNOR
TÉNOR
TÉNOR
SAPHO (GOUNOD)
TÉNOR
BASSE
Lablache prétend que cette petite note est toujours préparée; on voit par les
exemples qui précèdent qu'il peut en être autrement (1).
Bien enlever la petite note, de telle sorte que la note réelle et la note d'agrément
soient émises presque simultanément.
EXERCICE D'ACCIACCATURA.
6° DU GRUPPETTO
Le gruppetto est un petit groupe de quatre notes d'agrément qui se place d'or-
dinaire entre deux notes réelles. Toutefois, il peut se placer après une seule note
réelle; on l'écrit à l'aide de l'un des deux signes : n ou cn y suivant que le
gruppetto est descendant ou ascendant. Exemples :
(1) Remarque. — Plusieurs auteurs prétendent que les trois notes du gruppetto ne peuvent former
qu'une tierce diminuée ou une tierce mineure, et n'admettent pas la tierce majeure. Ils s'appuient sur
ce principe que la première et la troisième note étant considérées comme des appoggiatures; exemple:
nous nous en autorisons pour maintenir les troisième, quatrième, septième et huitième formules du
gruppetto. Dans les troisième et septième formules, la note inférieure fait sa résolution par ton, et dans
les quatrième et huitième formules, les trois premières notes du gruppetto forment une tierce majeure.
On peut donc poser comme principe que la note inférieure du gruppetto peut faire sa résolution par
ton, et que, dans certains cas, il peut exister un intervalle de tierce majeure entre les première et
troisième notes d'un gruppetto. Exemples :
HERCULANUMJ(FÉLICIEN DAVID)
BASSE
IBASSE CHANTANTE
On voit, d'après tous les exemples ci-dessus, qu'il est impossible de se trom-
per sur la manière d'interpréter le gruppetto écrit en abréviation.
Le gruppetto est un agrément des plus indispensables au chanteur. La musique
la plus sérieuse comme la plus légère en est remplie et l'on ne peut les supprimer.
Il faut donc que le chanteur en fasse une étude spéciale.
Pour exécuter le gruppetto descendant d'une manière parfaite, il faut unir la
rapidité à la légèreté, et faire entendre toutes les notes, égales en force et en durée,
sans être jamais martelées. Pour arriver à ce degré de perfection, eût-on les plus
grandes dispositions, on a besoin de s'exercer graduellement, en suivant la méthode
que nous allons indiquer.
Étant donné l'exercice suivant de gruppetti descendants :
Au lieu d'exécuter les gruppetti qui composent cet exercice avec la valeur
exacte de chaque note, on devra, plus ou moins longtemps, selon l'aptitude de
l'élève, les exécuter en les décomposant, suivant les études de la page 152.
L'exécution du gruppetto ascendant est d'une extrême difficulté; elle exige
une étude spéciale et graduée.
Étant donné l'exercice suivant de gruppetti ascendants,
Exécuter les trois premières notes rapidement en les liant à la quatrième, sur
laquelle on s'arrête légèrement.
Il faut que les quatre notes qui composent le gruppetto soient parfaitement
liées entre elles. Presser 1p mouvement graduellement.
PREMIÈRE ÉTUDE DU GRUPPETTO ASCENDANT
Les deux notes du milieu devront être enlevées rapidement, comme on le ferait
d'une double petite note sans martellement.
Il faut que les trois premières notes soient exécutées rapidement et liées à la
quatrième, sur laquelle on s'arrête légèrement (1).
(4) Il est absolument nécessaire d'étudier longtemps les trois premières études du gruppetto ascen-
dant avant de passer à la quatrième étude.
7° ÉTUDE DU GRUPPETTO.
8° DU TRILLE
groupe ; exemples :
9° DU MORDANT"'
FAUST (GoUNOD)
SOPRANO
SOPRANO
LE TROUVÈRE (VERDI)
SOPRANO
LE PÈRE GAILLARD (HENRI REBER)
MEZZO SOPRANO
fritte majeur.
LE TROUVÈRE (VERDI)
MEZZO SOPRANO
BARYTON
BASSE
14° EXEMPLES DE MORDANTS.
LE TROUVÈRE (VERDI) -
SOPRANO
1
LE TROUVÈRE (VERDI)
SOPRANO
f50 DES PETITS GROUPES
Outre les cinq genres principaux de petites notes dont nous venons de parler,
on peut écrire une foule de groupes divers en notes d'agrément. S'ils ne suivent
aucune règle générale et ne peuvent pas s'indiquer par signes, ils sont écrits.
en toutes notes et leur mode d'exécution est subordonné à leur composition.
Toutefois, il est des groupes de deux ou trois notes, qu'on appelle simplement
petites notes doubles ou triples, et qui suivent les mêmes règles que l'acciaccatura,
quant à l'exécution, parce que ces groupes ne sont, en fait, que des acciaccatura
doublées ou triplées.
Les petits groupes doubles ou triples sont : ou ascendants, ou descendants,
ou brisés, selon la position des notes qui les composent.
SOPRANO
MEZZO-SOPRANO
LE BARBIER DE SÉVILLE (ROSSINI)
/
LE PÈRE GAILLARD (HENRI REBER)
TÉNOR.
BARYTON
BARYTON
LE TROUVÈRE (VERDI)
BASSE
PORT DE VOIX
(4) Remarque. — La traînée du son peut avoir lieu, par exception, dans certains cas particuliers;
alors le compositeur l'indique lui-même, comme l'a fait souvent Meyerbeer.
MEZZO-SOPRANO
FAUST (GOUNOD)
SOPRANO
DES SONS FILÉS
(1) Le sixième degré de la gamme majeure ne doit pas être altéré en montant.
(2) Le cinquième degré de la gamme majeure ne doit pas être altéré en descendant.
(3) Le premier degré de la gamme mineure ne doit pas être altéré en montant.
(4) Le septième degré de la gamme mineure ne doit pas être altéré en descendant.
Avant d'exécuter la gamme chromatique, il est nécessaire de déterminer le ton
dans lequel on se trouve ; supposons que l'on ait à exécuter les gammes suivantes :
en enlevant tous les accidents de la gamme montante, nous aurons la gamme dia-
tonique d'ut :
On chantera d'abord cette gamme pour bien établir la tonalité. On passera ensuite
à la gamme chromatique en appuyant sur les notes diésées et en portant le son vers
les notes qui appartiennent à la gamme diatonique; exemple :
Tous les exercices du genre chromatique devront être étudiés en martelant chaque
son, afin d'éviter la traînée qui résulterait d'une trop grande liaison.
On n'abandonnera ce qui est écrit en petits caractères que lorsqu'on sera sûr de
la justesse.
ÉTUDE DU GENRE CHROMATIQUE.
1
ÉTUDE DU GENRE CHROMATIQUE.
ÉTUDE DU GENRE CHROMATIQUE.
2° EXEMPLES DE GAMMES ET DE TRAITS CHROMATIQUES.
SOPRANO
NORMA (BELLINI)
SOPRANO
SOPRANO
PSYCHÉ (A MBROISE THOMAS)
MEZZO-SOPRANO
MEZZO-SOPRANO
LE BARBIER DE SÉVILLE (ROSSINI)
TÉNOR
Tous les exercices de cet ouvrage doivent être chantés non-seulement avec
les voyelles que nous avons écrites sous la musique, mais encore avec les dix-sept
sons ou voyelles (1), en choisissant surtout ceux que l'on a le plus de difficulté à
émettre.
On doit s'exercer tous les jours, mais sans excès, pour habituer graduellement
les organes à supporter la fatigue.
Pour qu'un exercice soit étudié avec fruit, il faut que l'élève l'apprenne par
cœur, afin qu'il n'ait à s'occuper que de l'émission et du mécanisme.
De même qu'il faut éviter les queues, c'est-à-dire les traînées de son sur la
note finale, il faut avoir la précaution de ne pas arrêter court après chaque phrase
et surtout de ne pas fermer la bouche.
Plus on étudie d'exercices différents, moins on apporte de perfection dans
l'exécution de chacun d'eux. Il faut donc s'attacher d'abord à exécuter bien un
nombres d'exercices restreint, sauf à entreprendre ensuite des exercices nouveaux,
mais sans négliger les premiers. En général les exercices les plus simples sont les
meilleurs ; cependant ils sont tous bons pour exercer la voix, à la condition d'être
exécutés suivant la règle.
Ce qu'il faut avant tout discerner dans un exercice, c'est la manière de l'exé-
cuter, en déterminant le mouvement qui lui est propre, et le principe sur lequel
il repose.
Les exercices qui procèdent par notes se succédant à intervalles de ton ou de
demi-ton et composés de plus de quatre notes devront être exécutés d'après les
principes de la vocalisation martelée. Ceux, au contraire, qui se composent de
brisés, c'est-à-dire de notes n'excédant pas le nombre de quatre (montantes ou
descendantes) à intervalles diatoniques ou chromatiques, doivent être exécutés
d'après les principes de la vocalisation liée.
THÉORIE DE L'EXÉCUTION
DU STYLE
La prononciation,
La prosodie,
Le rhythme,
La nuance,
L'expression.
DE IJA PRONONCIATION
1" ARTICULATION.
Pour parler, on est obligé de donner à chacune des consonnes une articulation
ferme, nette et distincte. En chantant, surtout dans un vaste local, l'articulation
doit être plus ferme encore et plus marquée, sans aller néanmoins jusqu'à doubler
les consonnes, ce qui serait d'un très-mauvais effet.
Tout en gardant sa fermeté, l'articulation ne doit pas être dure. On prépare
quelquefois la consonne, lorsqu'on veut donner plus d'importance à la syllabe;
mais il faut toujours avoir soin d'articuler dans le son lui-même, c'est-à-dire sans
rien changer à la manière de le soutenir.
Une articulation vigoureuse donne beaucoup d'énergie au chant. Certains
chanteurs lui doivent leur succès.
Les mots longs exigent une articulation très-soignée; il faut accentuer de
préférence la consonne qui précède l'avant-dernière syllabe des mots à rime fémi-
nine et la consonne qui précède la dernière syllabe des mots à rime masculine.
Il est à remarquer que dans les théâtres d'opéra les femmes prononcent moins
distinctement que les hommes. Cela ne tient pas, comme on pourrait le croire, au
timbre de la voix, mais bien à l'insuffisance de l'articulation; souvent même, les
femmes rendent ce défaut plus sensible en supprimant complètement certaines
paroles d'un chant, pour les remplacer par des exclamations dont l'émission leur
semble plus facile. On comprend aisément l'inconvénient d'une telle manière; les
plus beaux airs passent à l'état de vocalises, et perdent une grande partie de leur
puissance.
Est-ce à dire que les femmes ne puissent pas articuler avec autant de netteté
que les hommes? Point du tout; avec l'étude, les femmes arrivent à une articu-
lation souvent remarquable.
2° PRONONCIATION.
B.
Ç et S.
CH.
Les enfants prononcent souvent le CH comme l'S, mais il est rare que ce
défaut ne disparaisse pas avec l'âge.
Il existe encore une manière vicieuse de prononcer le CH, qui vient de ce
qu'on soulève la langue outre mesure vers le palais en ramenant la mâchoire
inférieure en arrière; l'articulation se forme alors dans l'arrière-bouche, ce qui
enlève à la syllabe CHE une partie de sa netteté et de sa sonorité.
L'articulation du CH doit avoir lieu le plus possible en avant de la bouche ;
les dents, au lieu de se crocheter, doivent être superposées comme pour l'articulation
de l'S et du C, et la langue doit être légèrement soulevée.
D et T.
G dur.
Le J et le G doux sont des lettres qui s'articulent avec difficulté dans le bas
âge. Les enfants prononcent ces deux consonnes soit en mettant leur langue entre
les dents, soit en leur donnant la prononciation du Z. Il est rare que ce défaut
subsiste chez les adultes.
Il serait impossible de chanter avec un défaut déjà si ridicule en parlant. Pour
l'éviter, il faut prononcer le J ou le G doux, en superposant les dents comme pour
1'5 et le C, mais en changeant la position de la langue qui, au lieu de s'appuyer
contre les gencives inférieures, doit être légèrement soulevée.
M et N.
L'articulation des consonnes nasales exige que les narines soient libres, sinon
on prononce B pour M et D pour N ; ainsi au lieu de dire Mon, on dira Bon, et au
lieu de Non, on dira Don.
Si ce défaut est l'effet d'un vice de conformation du nez, il n'est pas possible
de le corriger ; mais dans tout autre cas, on le prévient en aspirant de l'eau fraîche.
R.
— - Fe-de-le.
—
Gue-de-Je.
— Je-de-le.
— Le-de-le.
— Me-de-le.
— Ne-de-le.
— Pe-de-le.
— Se-de-le.
— Te-de-Ie.
— Ve-de-le.
2° Précédé d'une consonne et suivi d'une voyelle prononcer l'R edel; exemple:
ACHÉRON.
— On prononce généralement le ch de ce mot à la française;
cependant à l'Opéra on lui donne la prononciation du K et l'on dit Akéron; nous
préférons cette dernière prononciation dans la déclamation lyrique.
AIGUILLE, AIGUILLON, AIGUISER. — L'u, doit se faire entendre dans
ces mots. Féraud et Gattel sont d'avis qu'il faut prononcer éghiser; mais Beauzée,
Restaut.. Wailly, Domergue, Lamare, Rolland, Laveaux, etïAcadémie, veulent qu'on
prononce ai-gu-i-ser : ui est prononcé rapidement, mais ru se fait entendre.
ALMANACH. — On prononce Almana; le ch ne doit pas être entendu.
AOUT. — On doit supprimer l'a dans la prononciation, on doit prononcer oilt,
en faisant entendre le t : malgré l'usage qui persiste à dire a-aût, cette prononciation
n'est pas admise.
ARSENIC. — Le c ne se prononce pas.
ASPECT. — Le t ne se prononce pas, le c doit se faire entendre.
AUXERRE, AUXERROIS, AUXONNE. — L'a? de ces trois mots se prononce
Aucerrois, Auçonne.
comme dans soixante; on dit Aucerre,
AVANT-HIER. — Le t doit se faire sentir, niais faiblement.
BAYER. -
Se prononce bé-ié. Bailler aux corneillesn'est pas admis; le verbe
Bailler est employé improprement; il faut dire bayer aux corneilles.
(4) Il semble que l'on prenne à tâche de vouloir justifier le reproche que nous font les étrangers de
rendre notre langue sourde, monotone et efféminée par la multiplication de l'e muet.
(Essai sur les voix de la langue française, par Morel, p. 41, ch. n, art. 4".)
Laveaux, sont d'avis de ne pas prononcer le p. Wailly, Gattel, Féraud, préten-
dent, au contraire, que le p doit être prononcé dans le langage soutenu.
DOUAIRIÈRE. — Il faut prononcer douarière.
ÉDEN doit se prononcer Édène d'après Féraud, l'Académie, Gattel, Wailly.
Bescherelle prétend qu'on peut prononcer E-dein ou É-dènn.
ENIVRER. — Il faut prononcer an-ni-vrer. Domergue veut qu'on prononce
a-nivrer, mais cette prononciation n'est pas admise.
EXAMEN. — On prononce généralement ce mot en donnant à l'n le son
nasal : examain.
EXEMPT. — EXEMPTION. — Le p ne se prononce point dans exempt, il se
prononce dans exemption.
FAON. — On prononce fan.
GRAMMAIRE. — GRAMMAIRIEN. On doit éviter de prononcer les deux
—
m de ces deux mots; ce serait prétentieux et emphatique. Dans les mots gramma-
tical et grammatiste, qui sont moins usités, il faut, au contraire, faire entendre les
deux m.
HENNIR. — HENNISSEMENT, — se prononcent hanir, hanissement.
HYMEN. — Il faut prononcer hymène; on peut aussi prononcer hymain,
mais cette dernière prononciation est moins correcte.
IMMANQUABLE.— Il faut prononcer ein-manquable. Certains auteurs pré-
tendent, contre l'usage, que les deux m doivent se prononcer.
INNOCENT. — INNOMBRABLE. — On prononce ces deux mots et leurs
dérivés comme s'il n'y avait qu'un n : i-nocent, i-nombrable.
LACS (filets).
— Le c ne se prononce point.
LAON. — On prononce Lan.
LIS (la fleur). — On prononce en faisant entendre l's final toutefois, dans
;
fleur de lis, on ne prononce pas l's.
MICHEL. — On prononce le ch à la française, comme dans archevêque.
Toutefois, dans Michel-Ange, on donne au ch le son du k; Mi-kèl-ange, comme en
italien.
-
MOEURS. L's doit être entendu; on prononce meurss.
MONSIEUR. — On prononce mo-cieu.
PAON. — On prononce pan.
PÈLERINAGE. Le second doit être muet.
— e
RESPECT. — Le c doit se faire entendre, le t est muet.
SECOND. — SECONDER.
— Dans ces deux mots et leurs dérivés, on change
la prononciation du c en celle du g; on dit segond, segonder.
SECRET. — SECRETAIRE.
— On doit prononcer se-krè, sekrétaire.
SERF. — On prononce Vf.
SHAKSPEARE ou SHAKESPEARE.
— On prononce Chèkspir.
SOLENNEL. — On prononce solanel.
SOURCIL. — Prononcez sourci.
HAYDÉE (AUBER)
TÉNOR
LA JUIVE (Haléty)
TÉNOR
Pour que l'auditeur n'entende pas le mot confi, qui prêterait à rire, dans un
passage aussi dramatique, il faut prononcer le mot entier, confia, ainsi que nous
l'avons écrit, sans scinder les deux dernières syllabes. Ce petit changement n'altère
en rien la mélodie.
DU RHYTHME
Il faut appuyer sur l'accent prosodique, qui est place sur le temps fort.
1
BARYTON
Exécuter les deux exemples qui précèdent tels que les compositeurs l'on
indiqué.
DES NUANCES
f forte Fort.
p piano Faible.
ff. fortissimo Très-fort.
pp pianissimo Très-faible.
fp forte piano La lre note forte, la 2e faible.
pro piano forte La lre note faible, la 2e forte.
sfz sforzando En forçant.
rf-, rinforzando En renforçant.
mf mezzo forte Demi-fort.
crese crescendo En augmentant.
dim diminuendo En diminuant.
smorz smorzando En éteignant.
morend morendo En mourant.
perdend perdendosi En perdant le son.
cal calando En donnant de la chaleur.
dol dolce Doux.
mez. voc mezzo voce ...... A demi-voix.
sotte voc sotto voce
....... A voix basse.
ZAMPA (HÉR0LD)
TÉNOR
Cette phrase doit être chantée piano en voix sombrée; les sons doivent être
soutenus et l'articulation douce.
Toujours en voix sombrée, mais un peu plus piano, en donnant plus de fermeté
avec une expression entraînante.
BASSE CHANTANTE
Voix mixte légèrement couverte ; ne porter le son en dehors que sur l'avant-
dernière syllabe du mot Helvétie; chanter piano avec une expression douce et amou-
reuse; les sons bien soutenus et liés; un léger appui sur la syllabe qui porte l'accent
prosodique; se garder d'appuyer sur l'e muet.
TÉNOR
La voix toujours très en dehors, mais avec une intention plus aimable; le sou-
rire sur les lèvres, l'articulation moins mordante. Préparer légèrement le b du mot
beau; le mot plaisir très-souriant; donner de l'importance au mot roi, en portant
le son vers le palais.
GUILLAUME TELL (HOSSINl)
SOPRANO
Mezzo-forle doux, soutenu et bien lié; bien articuler et accentuer le mot cœur,
faire un portamento du si au fa, en évitant toute espèce de saccade ou coup de
poitrine.
Piano, d'une voix plus claire, et articuler légèrement avec une expression amou-
reuse mélangée d'une certaine timidité. Exécuter le portamento plus lentement,
tout en évitant la traînée.
MEZZO-SOPRANO
Voix onctueuse de poitrine; le sol qui est placé sur le mot mon peut être fait en
voix de tête avec avantage, mais il faut revenir à la voix de poitrine sur le mot
Fernand. Chanter la phrase avec abandon en liant bien.
Plus fort, avec une articulation plus marquée et avec entraînement. Chanter
toute la phrase en voix de poitrine et avec vigueur.
JOCONDE (NICOLO)
TÉNOR
La voix bien posée, les sons soutenus en voix mixte couverte; sentiment mélan-
colique et tendre.
Attaque douce sur le mot plus, de la fermeté sur la première syllabe du mot
,
craintes. Ne pas accentuer le fa, sur la syllabe tes; appuyer fortement sur l'accent
prosodique lar du mot alarmes, et terminer en liant smorzando.
SOPRANO
Attaque douce sur les mots que Dieu. Articuler la première syllabe du mot
garde; soutenir avec élan le sol sur la syllabe lui, voix stridente et sombrée,
4
observer la justesse du son. Attaquer avec fermeté le mot dans. Au bord du lac bleu!
smorzando et la voix sombrée.
RAYlUOND (AMBROISE THOMAS)
SOPRANO
L'interprétation que nous avons donnée pour l'exécution des exemples qui pré-
cèdent n'est pas absolue ; chacun doit, en tenant compte du principe des nuances,
s'identifier avec la pensée du compositeur et approprier l'exécution à ses qualités
particulières, mais ces exemples suffiront à démontrer l'opportunité des oppositions.
Du reste, la manière dont nous faisons chanter les exercices dès les premières
études, d'abord forte en voix sombrée, puis piano en voix blanche, familiarise de
bonne heure l'élève avec ces oppositions, qui ne lui présentent, dès lors, aucune
difficulté sérieuse sous le rapport de l'exécution.
Il est à remarquer que le forte repose du piano, comme le piano repose du
forte, de même que la voix chantée se repose en parlant et que la voix parlée se
repose en chantant.
Les oppositions donnent aussi au chanteur un moyen de se ménager, car la
voix blanche repose de la voix sombrée et vice versa. — Ces ménagements sont
essentiels dans les morceaux de longue haleine.
Le crescendo doit augmenter de force graduellement et sans brusquerie jusqu'au
fortissimo. Le diminuendo s'exécute naturellement en sens inverse.
Dans les piano on peut chanter soit en voix blanche, soit en voix sombrée, et
l'on use de ces différents timbres selon que l'exigent les sentiments divers que l'on
veut exprimer. Le point essentiel est d'être entendu; c'est pourquoi il faut chanter
les piano avec beaucoup d'énergie.
Dans les grands airs qui se composent d'un récit, d'un cantabile et d'un allegro,
le récit doit être chanté dans le plein de la voix, tout en ménageant, bien entendu,
les nuances nécessaires. Le cantabile doit être chanté piano, le son soutenu et avec
des oppositions de voix, s'il y a lieu. L'allégro, qui termine, se chante forte et les
effets d'intensité doivent être d'autant plus saisissants que l'on aura chanté le can-
tabile plus piano.
Dans les duos-, trios, quatuors, et morceaux d'ensemble, il est du plus mauvais
goût qu'une voix domine les autres. C'est aux voix les plus fortes à se régler sur
les faibles, puisque le contraire ne serait pas possible.
Il peut arriver cependant que dans un morceau d'ensemble il y ait un chant
écrit pour dominer ; dans ce cas, les voix qui ne font que des parties d'accompa-
gnement doivent chanter suffisamment piano pour que le chanteur qui exécute la
partie principale ne soit pas gêné. Si cette règle n'est pas observée avec soin, la
pensée du compositeur se trouve étouffée et reste incomprise.
Le défaut que nous venons de signaler se manifeste souvent dans l'orchestre
qui accompagne un chant; mais il est moins sensible que dans un accompagne-
ment chanté.
Un chanteur ne doit jamais forcer ses moyens; s'il sait mesurer ses effets, on
l'entendra aussi distinctement dans le piano que dans le forte.
Certains artistes qui ont peu de voix croient devoir forcer cette voix lorsqu'ils
chantent dans un grand local. C'est une faute, car alors ils sont tellement préoccupés
du désir d'ètre entendus, qu'ils n'observent plus les nuances et ne font, par consé-
quent, aucun effet. De plus, ils se fatiguent et sont amenés à chevroter.
Il est rare qu'un chanteur de talent, avec une voix relativement petite, ne pro-
duise pas un grand effet, même dans un vaste local et à côté de voix plus volumi-
neuses que la sienne ; car le charme de la voix, bien plus que son intensité, com-
mande l'attention et le silence.
Le suprême de l'art n'est donc pas de se faire entendre, mais bien de se faire
écouter.
DE L'EXPRESSION'
DU POINT D'ORGUE
Le point d'orgue, qui s'écrit ainsi : C, indique qu'il faut prolonger la durée
de la note, ou du silence sur lequel il se trouve placé.
Quand il se rencontre sur une note, la tenue plus ou moins longue de cette note
musicale; on
ne donne pas toujours le brio désirable à la terminaison de la phrase
remplace alors la note tenue par un trait composé et exécuté suivant le style du
morceau. Ce trait prend lui-même, par extension, le nom de point d'orgue.
Lorsque les compositeurs écrivent les traits, ils le font d'une façon tellement
capricieuse qu'on n'a pas de donnée certaine sur la durée relative des notès qui les
-composent; rien n'indique, le plus souvent, la manière de phraser le trait. Aussi les
exécutants interprètent-ils les traits d'une façon tout à fait arbitraire, et il n'est pas
rare, par exemple, d'entendre exécuter des croches simples plus rapidement que
des doubles croches.
Il est vrai que les tràits peuvent être compris et exécutés de diverses manières
sans blesser le goût; certains compositeurs se bornent même à surmonter d'un point
d'orgue C la note sur laquelle il convient de placer un trait et laissent au chan-
teur le soin de le composer à sa fantaisie.
LE TROUVÈRE (VERDI)
SOPRANO
HAYDÉE (AUBER)
.
SOPRANO
HAÏDÉE (AUBER)
SOPRANO
LE TROUVÈRE (VERDI)
MEZZO-SOPRANO
LE PROPHÈTE (MEYERBEER)
MEZZO-SOPRANO
LE TROUVÈRE (VERDI)
TÉNOR
D
RAY)ION (AMBROISE THOMAS)
BARYTON
PSYCHÉ (AMBROISE THOMAS)
BASSE
Le récitatif est une déclamation chantée non rhythmée, qui précède ordinai-
rement un chant mesuré. On l'écrit à quatre temps, mais on ne tient aucun compte
de la mesure.
Le récitatif doit être chanté dans le plein de la voix, largement et simplement,
en accentuant avec soin les syllabes qui portent l'accent prosodique. Il faut que la
déclamation lyrique se rapproche le plus possible de la déclamation parlée ; le chant
est d'autant plus expressif que l'accentuation est plus juste.
La façon de phraser n'étant pas déterminée par le rhythme ou le mouvement,
le chanteur reste libre; il doit réciter la poésie en chantant, comme il pourrait le
faire en déclamant. Aussi le récitatif réclame-t-il du chanteur une connaissance par-
faite de la prosodie.
Les silences qui se trouvent entre les phrases du récit ont une très-grande impor-
tance. D'ordinaire, ils sont remplis par des accords d'accompagnement; le chanteur
doit en attendre la fin et attaquer sans précipitation la phrase suivante de son réci-
tatif. Ces légers temps d'arrêt donnent de la clarté à l'exécution. On fera exception
pour les passages qui expriment la vivacité ou la colère ; en ce cas, les accords et le
chant se succèdent rapidement.
C'est dans le récitatif que l'on emploie le plus souvent J'appoggiature non écrite.
Elle est du meilleur effet et donne du lié à la phrase musicale.
Le récitatif demande une grande fermeté d'exécution ; il exige moins de fini
que le cantabile, sous le rapport du son en lui-même, mais, en revanche, il réclame
une articulation et une accentuation plus vigoureuses.
Certains passages du récitatif sont susceptibles d'être ornés; ainsi la phrase
qui précède immédiatement le chant, peut souvent supporter un point d'orgue ou
un trait.
Il faut que le chanteur soit bien sûr de lui pour ajouter ces ornements de sa
propre autorité. Nous conseillons, à ce sujet, la plus grande circonspection.
DU CANTABILE
Le cantabile est un chant mesuré, d'un mouvement lent, entre Y adagio et l'an-
dante, sans rhythme spécial ; on désigne ordinairement sous le nom de cantabile les
chants lents et doux.
Le cantabile se chante généralement piano, sans exclure néanmoins certaines
oppositions de forte; c'est dans le cantabile qu'on emploie la voix mixte avec le plus
de succès.
Le cantabile exige une délicatesse de son toute particulière et une connaissance
complète de notre art : c'est dans ce genre de musique que le chanteur pourra faire
briller son talent et se faire juger au point de vue de l'émission de la voix; il y pro-
duira de l'effet, même avec de faibles moyens vocaux.
EXEMPLES DE CANTABILE
FAUST (GOUNOD)
TÉNOR
DES CHANGEMENTS
ou
Malgré le respect que l'on doit aux œuvres des compositeurs, il est des cas
où l'on peut s'y permettre quelques changements ; ces changements doivent être
faits avec beaucoup de discernement, de manière à laisser intact l'esprit de la com-
position et à ne pas en altérer le caractère. Ainsi, il serait du plus mauvais goût
d'intercaler des roulades dans une musique d'un caractère sévère.
Les changements sont admis, par exemple, lorsqu'un passage présente des
difficultés insurmontables d'exécution, ou bien lorsqu'il y a lieu de donner à la
mélodie une plus grande puissance, ou même enfin pour faire ressortir les qualités
d'une voix exceptionnelle.
Il est nécessaire, pour apprécier l'opportunité de ces changements, d'avoir des
notions suffisantes d'harmonie et de joindre, pour ainsi dire, au talent d'exécutant,
celui de compositeur. On comprend combien il est difficile et scabreux de modifier,
même légèrement, l'oeuvre généralement remarquable que l'on exécute. C'est dans
ces sortes de variantes que se révèlent le style et le goût du chanteur.
Les agréments tels que l'acciaccatura, l'appoggiature et le gruppetto> qui au
fond n'altèrent pas la mélodie, se prêtent aux changements, sans danger.
Lorsqu'un trait difficile est accompagné de paroles, beaucoup de chanteurs,
et surtout de chanteuses, ont une grande tendance à supprimer les paroles et à
les remplacer par l'exclamation ah! Cette façon de tourner la difficulté a les plus
grands inconvénients, notamment lorsque le même cas se présente plusieurs fois
dans un même morceau ; elle donne une monotonie insupportable à l'exécution,
sans dissimuler le moins du monde l'insuffisance de l'exécutant.
Quand une phrase musicale est trop longue sur un même mot, ce qui arrive
surtout dans les traits, il est permis de scinder la phrase et de terminer le mot
sur la note finale d'un membre de phrase; on respire après ce membre de phrase
et l'on reprend ensuite, soit sur le même mot, soit sur l'exclamation ah !
NORMA (BELLINI)
SOPRANO
Texlt*.
Variante
changement
dans les paroles
Nous sommes d'avis qu'il vaut mieux répéter deux fois le membre de phrase
le bonheur », ainsi qu'il est écrit dans la variante.
On obtiendra de cette manière plus de clarté, et l'auditeur comprendra la
phrase du poëte ; d'un autre côté, la chanteuse respirant avant de répéter le mot
« bonheur » pourra
terminer la vocalise avec d'autant plus de fermeté qu'elle
sera moins gênée par le manque de respiration.
Tous les passages analogues peuvent se plier à ces sortes de changements; loin
de nuire à l'exécution, ils la rendent plus lucide.
Dans certains passages, au contraire, il est du plus mauvais goût de scinder
la phrase, ou de remplacer les paroles par l'exclamation ah! Exemple :
MAINTIEN THÉÂTRAL
PRÉAMBULE
Beaucoup d'auteurs qui se sont occupés de l'art dramatique ont prétendu que
le geste ne s'apprend pas, et qu'en voulant établir des règles à ce sujet, on n'arrive
qu'à produire des comédiens guindés et d'un jeu prétentieux.
Il faut assurément que ces auteurs n'aient jamais assisté à une classe de panto-
mime.
Pour se convaincre du contraire, il suffit de voir un grand comédien jouer
plusieurs fois le même rôle, on constate qu'à chaque représentation il emploie
exactement les mêmes gestes et les mêmes jeux de physionomie. Ce seul fait ne
prouve-t-il pas qu'il y a dans le geste étude et convention?
Si un acteur est prétentieux et guindé, c'est lui qu'il faut accuser, et non le
système de l'étude ; il fait mal le geste parce qu'il ne l'a pas assez étudié.
Le comble de l'art c'est le naturel; mais combien peu d'acteurs ont assez
d'intuition, sinon de génie, pour s'identifier avec leurs personnages dès le début et
sans une étude assez longue ! D'autre part peut-on nier que le geste ne soit un élé-
ment capital de l'expression ? Il faut donc absolument que le geste soit étudié avec
soin ; ce n'est qu'à force d'étude qu'on parvient à faire disparaître la trace même de
l'étude et qu'on arrive au naturel.
Lorsqu'on assiste à une classe de maintien et qu'on voit plusieurs élèves rendre
la même pensée par gestes, on comprend bien vite, à la diversité des jeux, qu'il est
impossible de faire les gestes d'instinct. Il suffit de voir marcher les élèves à tour
de rôle pour sentir la nécessité d'une école. Rien n'est plus comique, en effet,
que les gestes d'instinct, et il n'est pas rare que les plus intelligents ne soient pas les
plus gracieux.
On nous objectera que bon nombre d'excellents comédiens n'ont jamais pris
de leçons de pantomime. Nous demanderons alors combien de temps il leur a fallu
pour devenir ce qu'ils peuvent être. Combien n'ont-ils pas dti observer pour créer
eux-mêmes leur talent, et que ne seraient-ils pas devenus s'ils avaient pu profiter de
l'expérience des autres ?
L'art du comédien est au théâtre ce que l'éducation est à la vie privée. Un
homme de basse condition a certainement beaucoup de peine à se mettre au niveau
d'une société bien élevée et à paraître l'égal de l'homme né dans ce milieu.
Il en est de même du comédien. Celui qui a grandi dans les coulisses trouve
son art facile et nie qu'il puisse s'apprendre ; il regarde comme un don de nature
l'avantage qu'il doit aux circonstances et aux exemples de tous les jours.
La théorie ne suffit pas, il faut pratiquer le geste, le pratiquer beaucoup.
—
Les élèves du Conservatoire, qui suivent assidûment la classe si utile de notre
éminent professeur M. Élie, arrivent presque sans peine, par la force des choses,
aux résultats les plus satisfaisants.
Il existe, dans la pantomime, deux points capitaux : l'exécution propre-
ment dite du geste et l'esprit du geste. Le premier s'apprend comme tous
les exercices de corps ; le second tient de la nature du sujet. Tel qui exécute des
gestes parfaits au point de vue plastique se trompe quand il s'agit d'en faire
l'application.
Livré à lui-même, ne pouvant se voir en scène, un élève ne sait s'il fait bien
ou mal : prétentieux, il croit toujours bien faire et contracte des défauts dont il ne
se corrigera jamais; modeste, il craint de mal faire même en faisant bien. Dans
les deux cas, un maître est nécessaire, ses conseils corrigent les défauts du pre-
mier, ses encouragements donnent au second la confiance qui lui manque.
Le maître développe en outre les dispositions de l'élève, il aplanit les diffi-
cultés et obtient en peu de temps des résultats que l'élève ne saurait acquérir seul.
Sans prétendre traiter d'une manière complète un sujet d'une si grande
importance et que beaucoup d'auteurs ont interprété de manières si diverses,
nous voulons poser ici quelques principes généraux qu'il est indispensable de
connaître.
DU SALUT m
C'est dans cette position qu'on commencera le salut, qui se compose de quatre
mouvements.
1er Mouvement.
— Porter le pied droit vers la
droite, par une légère oblique,
B b, ce qui produit un certain écartement des jambes A b.
SALUT DE L'HOMME.
SALUT DE LA FEMME.
DE LA SCÈNE
La scène est établie suivant un plan incliné s'abaissant vers le spectateur; l'in-
clinaison est assez faible pour ne pas gêner la marche du comédien, toutefois pour
s'y accoutumer on a besoin de quelques exercices.
Remonter la scène signifie se diriger vers le fond du théâtre; descendre la
scène est se rapprocher de la rampe.
La scène a deux côtés qu'on appelle côté cour et côté jardin. Lorsqu'on étu-
die l'art dramatique, on doit savoir la signification et l'étymologie de ces deux
expressions.
On confond souvent le côté droit et le côté gauche de la scène suivant qu'on
se place au point de vue du spectateur ou à celui de l'acteur.
Les comédiens du Roi, qui jouaient autrefois au théâtre des Tuileries, avaient
pris l'habitude, pour éviter tout malentendu, d'appeler côté cour le côté de la scène
qui donne sur la cour du Carrousel, et côté jardin le côté de la scène qui donne sur
le jardin des Tuileries. Or, la scène étant près de la rue de Rivoli et la salle
des spectateurs à l'opposé, le côté droit de l'acteur, qui est le côté gauche
du spectateur, s'appelle côté jardin, tandis que le côté gauche de l'acteur, qui est
le côté droit du spectateur, s'appelle côté cour.
Ces expressions, dont se servaient les comédiens du Roi, furent généralement
adoptées dans tous les théâtres.
DE LA MARCHE
La marche théâtrale est une chose difficile, qui demande une étude spéciale.
On ne marche pas au théâtre comme à la ville. Il faut se tenir droit, la tête
haute sans raideur.
Le haut du corps doit se porter en avant, la pointe des pieds légèrement tour-
née en dehors/ A chaque pas, le corps conserve son impulsion en avant, de façon
qu'il n'y ait pas de temps d'arrêt. Le mouvement de la,jambe doit partir du
la jambe qui est restée
genou et non du pied, comme le font les conscrits ;
la première ; le pied reste un peu en
en arrière se rapproche légèrement de
arrière sur la pointe.
Il serait disgracieux de plier sur la jambe qui est portée en avant et de faire
de trop grandes enjambées.
Les bras doivent tomber le long du corps, la main demi-fermée, et ne se livrer
à aucun balancement comme on se le permet dans la marche ordinaire.
1
m
Dans une marche très-lente le pas se fait de la même manière, mais il faut
le décomposer. Au lieu de porter d'un seul mouvement en avant le pied qui se
trouve en arrière, il faut lui faire marquer un temps d'arrêt sur la pointe.
DE LA POSE
Le poids du corps repose sur une jambe, tandis que l'autre est placée en avant.
Cette position assure l'équilibre. Le corps est droit et ferme, sans raideur; il a de
la grâce et de l'aisance, sans mollesse ; la tête se soutient avec noblesse ; les bras
tombent naturellement le long du corps, la main demi-fermée, la paume tournée
en dedans.
Le poids du corps repose sur l'une des jambes, tandis que l'autre est reportée
légèrement en arrière, le jarret plié et la pointe du pied touchant le sol.
On s'attachera à observer les recommandations ci-dessus pour la position du
corps, de la tête, des bras et des mains. On s'exercera, en outre, à placer la
\ambe qui est en arrière plus ou moins loin, de façon qu'elle soit plus ou moins
tendue et que le pied soit plus ou moins sur la pointe. Il faut avoir soin de tenir
la pointe des pieds toujours un peu en dehors.
Ces deux. poses, que nous appellerons fondamentales, serviront à faire l'étude
du geste.
Il ne faut jamais placer les pieds sur la même ligne, surtout en rapprochant
les talons; outre que cette pose manque de solidité, elle donne le sentiment d'une
ligne droite désagréable à l'œil.
La pose suivante est peu gracieuse; elle est, il est vrai, adoptée par quel-
ques comédiens, mais le spectateur ne l'accepte que par indulgence en faveur
d'artistes qui rachètent ce défaut par des qualités exceptionnelles.
En effet, les jambes écartées et tendues, les pieds sur la même ligne, constituent
une attitude des moins nobles; elle est tout au plus admissible dans une scène
familière.
La flexion et l'écartement simultané des jambes ne peuvent être acceptés que
pour simuler la vieillesse caduque.
Pour exécuter ce geste, le bras doit rester tendu mais sans raideur, la main
décrivant une courbe dont le centre est l'épaule. Quand le bras termine le
mouvement, la main prend de l'action et se retourne sans' brusquerie en indi-
quant le ciel. Il serait mauvais de passer la main devant la figure, c'est-à-dire que
le bras ne doit pas s'élever en dedans et la paume de la main ne doit pas être
tournée du côté du spectateur en terminant le mouvement.
Partant de la position indiquant le ciel (page 268) pour prendre une des trois
positions suivantes, la main devra parcourir les lignes tracées par des points.
Dans ces changements, le bras doit tomber naturellement et s'arrêter exacte-
ment à la nouvelle position.
Il faut remarquer que sur les mots, je le veux, la main est presque fermée,
l'index indiquant la terre, et le dessus de la main en dehors.
Sur les mots, ici même, au contraire, la main se retourne en s'ouvrant à demi,
les doigts recourbés légèrement, dans une position gracieuse, laissant voir en partie
la paume.
Il serait mauvais d'exécuter le geste comme il est indiqué à la page 269,
partant de la position Dieu. La lenteur du mouvement est de l'affectation, et rien
n'est plus gauche que de passer la main devant le visage.
La seconde planche ne diffère de la première que par la mauvaise exécution
du geste. Les positions sont les mêmes.
Lorsque le bras gauche est caché sous le pallium, il est bien -de mettre le
poignet recourbé sur la hanche, cela donne du moùvement à la draperie et de la
grâce à la pose.
-
Pour tomber à genoux, on avance la jambe qui se trouve du côté du person-
nage auquel on s'adresse et on se laisse tomber
naturellement; de cette manière,
le genou qui pose à terre se trouve toujours du côté du spectateur.
On se baisse sans courber les reins et l'on évile que les jambes restent sur
une même ligne et dans une position trop symétrique. L'une des jambes peut être
ramenée près du siége, tandis que l'autre reste légèrement allongée.
Il faut s'asseoir sur le bord du siége, afin que les jambes puissent opérer
facilement des mouvements s'il y a lieu. Dans le genre comique, on fait le contraire
avec succès.
Quand une femme s'assied elle doit veiller à ce que l'étoffe de sa robe ou de
son costume se drape du côté du spectateur.
. Pour boire en scène (c'est toujours dans le maintien noble que nous plaçons
le personnage), on doit tendre la coupe de toute la longueur du bras.
Quand on est servi, on fait décrire à la coupe un demi-cercle bien accusé
horizontalement; la main ne doit ni monter au-dessus du niveau de la bouche, ce
qui est emphatique, ni descendre, ce qui est trivial; le coude reste en place et
Tous les gestes, on ne saurait trop le répéter, doivent -être faits de la manière
la plus simple, la plus naturelle et sans contours inutiles. On doit pouvoir s'expliquer
pourquoi l'on a fait tel geste au lieu de tel autre. Un geste inexplicable est mauvais,
à coup sÙr.
Pour croiser les bras sur la poitrine, on applique d'abord le poing gauche
sur le pectoral droit et l'on ramène le poing de la main droite sous le bras gauche.
Il est une seconde manière plus noble de croiser les bras. Quand on a appliqué
le poing gauche sur le pectoral droit, on ramène la main droite, soit ouverte, soit
fermée, sur l'avant-bras gauche près du coude ; les bras et les mains ne doivent
pas être serrées avec contraction.
On croise les bras de la manière suivante pour exprimer un sentiment religieux :
La main indiquant la poitrine veut dire : moi. Le bras gauche tendu, le poing
fermé, exprime la colère, l'indignation. La position des jambes donne au corps une
attitude mouvementée. Le port de la tête et l'expression de la physionomie viennent
compléter le tableau.
Il est rare de placer les deux mains dans une position symétrique et de faire
des gestes semblables des deux mains, pour exprimer une seule pensée ; cela est
gauche et d'exécution difficile. Si la situation est très-dramatique, ces gestes doublés
ajoutent à l'action, mais pour se les permettre, il faut être bien sûr de soi.
Les gestes suivants bien exécutés sont assurément très-dramatiques, mais s'ils
sont faits avec indécision, ils deviennent ridicules.
Le premier geste indiquant le ciel se fait lentement et avec noblesse, les mains
s'élevant comme nous l'avons déjà indiqué, page 266.
Pour le changement de pose, le geste rendant cette expression : « la mort »,
doit être exécuté avec la plus grande rapidité et même avec une certaine violence.
Les mains doivent tomber perpendiculairement sans décrire de courbe; dans ce
cas, c'est le coude qui se plie légèrement ; le corps reposait sur la jambe gauche
dans la première pose, il doit se porter en avant et reposer sur la jambe droite
dans la seconde.
Tout geste en avant se fait du bras droit, si c'est le pied droit qui se trouve
en avant, et du bras gauche, si c'est le pied gauche. Le principe est inverse s'il s'agit
de gestes en arrière, c'est-à-dire, que le geste se fait du bras droit si le pied droit
est en arrière, et du bras gauche si c'est au contraire le pied gauche qui se trouve
en arrière. Toutefois, si l'on avait à faire un geste en arrière à gauche et qu'à ce
moment ce fût précisément le pied droit qui se trouvât en arrière, il faudrait, en
même temps qu'on fait le geste en arrière à gauche, porter le pied gauche en
arrière. On tient un raisonnement analogue pour le geste en arrière à droite. Faute
de se conformer rigoureusement à ces principes, on n'obtient que des gestes
gauches, contournés et pénibles.
Quand on est en scène avec un autre personnage, la jambe qui se trouve de
son côté se porte en avant et le geste est fait par le bras du même côté.
l'acteur qui parle ou qui chante ; si ce dernier exprime une pensée saillante, on
en profite pour faire un geste en rapport avec la situation et pour effectuer un
changement de pied qui donne un peu de repos.
Il faut s'exercer à pivoter sur les pointes et sur les talons afin de changer
de pose avec la plus grande sobriété de gestes ; mais se garder d'exagérer ce
mouvement, en le répétant trop souvent.
Le geste doit précéder la parole.
Il importe de ne faire de gestes que pour rendre l'image plus saisissante. Rien
n'est plus ridicule que d'accompagner chaque mot d'un geste, ce geste fût-il d'ailleurs
très-juste.
La mimique se règle sur les dimensions de la scène et le genre qu'on y inter-
prète. A l'Opéra, par exemple, où l'on n'entend pas toujours suffisamment les
paroles, le geste très-accentué supplée, en quelque sorte, à l'insuffisance dela voix.
DE L'ENTRÉE EN SCÈNE
Quand on fait face au public, il faut pour sortir de scène avoir soin de porter
en arrière la jambe qui se trouve du côté de la sortie, pivoter ensuite sur les talons
et partir de l'autre jambe. Supposons que le corps repose sur la jambe gauche A et
que la jambe droite B soit en avant ; pour sortir par le côté jardin, voici les
mouvements que l'on est obligé de faire :
1er Mouvement.
— Retirer la jambe droite B en arrière b et porter le poids
du corps sur cette jambe.
ou sur la pointe,
ou sur la pointe,
DE LA PASSADE
La passade la plus usitée est la passade par devant. Elle consiste à passer
franchement devant le personnage avec lequel on est en scène; celui-ci doit faciliter
le mouvement en reculant d'un pas au moment opportun et venir se placer du
côté où se trouvait l'acteur qui a exécuté la passade. Ces divers mouvements
doivent s'opérer sans affectation.
La passade par derrière est moins employée. L'acteur se dirige vers le fond
de la scène, se retourne, fait un léger temps d'arrêt, qu'il occupe par un geste
quelconque; puis vient se placer de l'autre côté de son interlocuteur, qui lui-même
se déplace comme pour la passade en avant.
La passade en rond est employée plus rarement encore. Elle est d'un grand
effet sur une vaste scène, dans les situations dramatiques, au moment d'une sup-
plication par exemple. L'un des personnages se dirige vers le fond de la scène et
revient faire face au public en décrivant un demi-cercle ; l'autre personnage le
suit naturellement en exprimant par gestes sa prière. Au temps d'arrêt les acteurs
ont changé de côté. Ce genre de passade est difficile et demande à être bien exé-
cuté pour ne pas paraître gauche.
La passade a surtout pour objet de donner du mouvement à l'action et d'éviter
la monotonie d'une même position de deux acteurs à l'égard l'un de l'autre. Il faut
avoir soin de l'exécuter à propos, c'est-à-dire lorsque la situation s'y prête;
sinon il vaut mieux s'en abstenir.
CHANTER A L'ÉPAULE
On ne saurait étudier avec trop de soin l'art de tomber. Toute espèce de chute
exécutée trop rapidement est mauvaise ; elle surprend désagréablementle spectateur
et lui donne une sensation pénible.
L'acteur doit se laisser choir avec une certaine grâce, de façon à ne pas
laisser craindre qu'il ne se blesse.
S'il tombait de toute sa hauteur sur le dos, il aurait beau courber la tête en
avant et présenter les omoplates, la secousse n'en serait pas moins violente, et la
tête porterait. En la supposant même exécutée avec adresse, une pareille chute
serait disgracieuse et par conséquent inadmissible.
La chute sur le côté est la plus usitée pour les hommes comme pour les fem-
mes. Il faut tomber d'abord sur un genou, puis
se laisser aller sur le côté en allon-
geant le bras, pour que la tête vienne s'y
porter sans danger.
Les hommes peuvent dans certains
cas exécuter une chute qui paraît plus
Une ritournelle doit être mimée et réglée, de façon que le spectateur s'y inté-
resse quelle qu'en soit la longueur. Est-elle courte, un ou deux pas en arrière, un
geste, un regard, suffisent quelquefois pour occuper la scène ; mais si elle est longue,
l'acteur ne doit jamais oublier que le compositeur a eu une pensée en composant
cette longue ritournelle, et que la pantomime en doit rendre le sens.
C'est surtout dans les ritournelles que se révèle l'esprit du comédien.
DE LA PHYSIONOMIE
SUR LE GESTE
PAR
LE PÈRE SANLECQUE
(1696)
PREMIÈRE PARTIE
son....
Pages.
Conditions essentielles pour chanter 1
De la justesse 4
De l'étendue 2
Du timbre 2
De l'égalité... , 3
Du 3
DE LA RESPIRATION. 43
Exercice de respiration
DE L'ÉMISSION
«... 45
46
° Tableau des sons ou voyelles, leur émission
4
46
2° Position de la langue 47
3° De l'émission de la voix 47
4° De la voix blanche
.....................
48
5° Étude de l'émission en voix blanche 48
6° De la voix sombrée 49
Pages.
7° Étude de l'émission en voix sombrée 20
8° Des sons soutenus 21
9° Étude du son soutenu en voix blanche et en voix sombrée 23
10° De l'attaque et du martellement. 24
11, Étude de l'attaque 25
12° De la voix mixte 25
13° Du tremblement et du chevrotement 26
14° De la voix voilée 26
DES REGISTRES 27
1° Des registres chez l'homme 27
2° Du registre de poitrine chez l'homme 27
3° Du registre de tête chez l'homme 28
4° Étendue générale des registres de la voix d'homme, sans distinction de classe.... 28
5° De la liaison des registres chez l'homme 29
6° De la voix de ténor 29
7° Des registres de la voix de ténor 30
Étendue de la voix de ténor avec ses registres 30
8° Exercices pour lier les registres de la voix de ténor 31
9° De la voix de baryton 39
1 0° Des registres de la voix de baryton 39
Étendue de la voix de baryton avec ses registres 39
H° De la voix de basse. 40
12° Des registres de la voix de basse 40
Étendue de la voix de basse avec ses registres 40
1 3° Des registres chez la femme 41
1 4° Du registre de poitrine chez la femme 42
15° Du registre de tête chez la femme 42
4 6" Étendue générale des registres de la voix de femme 43
17° De la liaison des registres chez la femme 44
18° De la voix de soprano 45
1 9" Des registres de la voix de soprano 46
.
Étendue de la voix de soprano avec ses registres .'16
20° Exercices pour lier les registres de la voix do soprano 48
Exercice pour lier les registres de la voix de soprano sur une même note 49
21° De la voix de mezzo-soprano
22° Des registres de la voix de mezzo-soprano.
Étendue de la voix de mezzo-soprano avec ses registres
23° Exercices pour lier les registres de la voix de mezzo-soprano
.., 51
51
51
53
Exercice pour lier les registres de la voix de mezzo-soprano sur une même note... 54
24° De la voix de contralto 56
25° Des registres de la voix de contralto
Étendue de la voix de contralto avec ses registres
...
26° Exercices pour lier les registres de la voix de contralto
Exercice pour lier les registres de la voix de contralto sur une môme note
56
56
E8
59
DES ARPÈGES 61
Exercices d'arpèges sur l'accord parfait majeur et sur l'accord parfait mineur 62
Exercice d'arpéges sur l'accord de quinte diminuée
Exercices d'arpèges sur l'accord de septième dominante
Exercices d'arpéges sur l'accord de neuvième majeure
...........
...........
67
68
70
Pages.
Exercices d'arpéges sur l'accord de neuvième majeure sans fondamentale 71
Exercices d'arpèges sur l'accord de neuvième mineure 73
Exercices d'arpéges sur l'accord de neuvième mineure sans fondamentale 74
Exercices d'arpéges sur l'accord de septième de seconde espèce 76
Exercices d'arpéges sur l'accord de septième de troisième espèce 77
Exercice d'arpéges sur l'accord de septième de quatrième espèce 78
Exercices d'arpèges 79
Exemples d'arpèges 85
,.......
2° Exemples de portamento 193
DES EXERCICES
.. 242
DEUXIÈME PARTIE
THÉORIE DE L'EXÉCUTION
,
DU STYLE -214
DE LA PRONONCIATION 216
,
1° Articulation?, 216
2° Prononciation....... *
217
3° Des coœonnes 'defëctueuses 218
4° Mots dont la prononciation parait douteuse.. 222
5° De l'accent provincial et de l'accent étranger.... _ 225
*
DE LA PROSODIE ; 226
DU RUYTHME 228
DE L'EXPRESSION 239
Du point d'orgue *
239
Exemples de points d'orgue 214
DU RECITATIF 245
DU CANTABILE 246
Exemples de Cantabile 346
*
Préambule 251
DU SALUT
Salut de l'homme
.... r
253
254
» - - - •
Salut de la femme.. -
255