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Après un accident de
snowboard en 2008 qui m’a rendu paraplégique, il m’a semblé important de poursuivre mes études et une
activité sportive. Les huit mois que j’ai passés à l’hôpital pour appréhender la vie en fauteuil roulant n’ont
pas réduit mon ambition. J’ai toujours souhaité être admise dans une prestigieuse école d’ingénieur et j’ai
continué dans cette voie. Ainsi, ma détermination m’a conduite à intégrer l’école Centrale Paris en 2011.
J’ai découvert le tennis à ma sortie d’hôpital. J’ai tout de suite adhéré à l’ambiance des tournois et à l’esprit
des joueurs. Ces derniers considèrent que ma volonté et mon goût pour la compétition me permettent une
progression rapide. En quelques années de pratique, j’ai accompli le projet fou de participer aux Jeux
Paralympiques de Rio de Janeiro 2016. Cette expérience était incroyable, au-delà de tout ce que j’avais pu
imaginer. Rio a été une étape déterminante dans ma carrière sportive. Je suis revenue épuisée
physiquement et mentalement mais avec la joie d’avoir concrétisé un rêve. Désormais, je peux m’appuyer
sur ce vécu, me préparer dans de meilleures conditions et me sentir plus sereine sur des événements d’une
telle ampleur. De plus, j’ai gagné en légitimité auprès des acteurs du secteur.
Je peux croire maintenant au prochain objectif qui sera de monter sur le podium au son de la Marseillaise.
En parallèle, je me suis lancée dans un nouveau défi avec un poste en marketing chez L’Oréal. Comme je
vise une médaille aux Jeux de Tokyo puis ceux de Paris, je continue à m’entrainer régulièrement et
m’organise de façon à gérer au mieux ces deux carrières.
Il y a beaucoup d’embûches dans mon parcours de sportive de haut niveau : les blessures, les doutes, les
défaites, l’éloignement avec mes proches et mon foyer, l’hygiène de vie irréprochable, les concessions, la
remise en question permanente pour m’améliorer jusqu’à me poser des questions fondamentales sur la
valeur du sport dans la société. J’ai été extrêmement bien entourée sur le plan personnel et professionnel
par des personnes positives, sincères et encourageantes.
Les gens me voient comme une personne à mobilité réduite avant de me voir comme une femme. Il y a
donc déjà cette barrière à franchir avant de traiter le vaste sujet de l’égalité hommes/femmes. Au sein du
milieu handisport, les différences sont notables sur deux points :
Le nombre de joueuses sur le plan international n’est pas aussi important que le nombre de
joueurs. Certains tournois ne possèdent donc pas de tableau féminin ce qui limite les possibilités.
Les médias et le public s’intéressent davantage aux athlètes masculins puissants dans leurs coups
et rapides dans leurs déplacements.
Emmanuelle Mörch, une femme en or
MAI 2021
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Emmanuelle Mörch, une femme en or
A trente ans, Emmanuelle Mörch s’est imposée comme la numéro 1 du tennis fauteuil français et sera l’une des des deux représentantes de la France lors des jeux Paralympiques de Tokyo. Une championne suresnoise dont le parcours et la détermination
forcent l’admiration, à suivre et à soutenir du 24 août au 5 septembre.
Résilience, passion, détermination : voici quelques-uns des qualificatifs qui viennent en tête quand on écoute Emmanuelle Mörch parler de son parcours. En cette fin mars, après quatre mois de compétitions à l’arrêt, crise sanitaire oblige, la jeune Suresnoise revient d’un
tournoi « très relevé » en Angleterre : « J’ai perdu au premier tour, mais j’ai gagné tous les matchs du tournoi de consolation. Après une période d’entraînement intensive, cela m’a fait un bien fou de reprendre la compétition ». Son calendrier sportif est chargé : pas moins
de douze tournois d’ici au challenge suprême de cet été, les Jeux de Tokyo.
Elle sera en effet l’une des deux représentantes françaises engagées dans le simple femmes des épreuves paralympiques du 24 août au 5 septembre.
C’est à 18 ans qu’Emmanuelle Mörch découvre le tennis en fauteuil, peu de temps après qu’un grave accident de snowboard l’a rendue paraplégique : « Une révélation, raconte la jeune femme. Après mon accident, j’ai compris que le sport était trop important pour qu’il ne
continue pas à faire partie de ma vie. J’avais de bonnes dispositions physiques, je me sentais capable d’apprendre quelque chose de complètement nouveau et peut-être même de performer… C’est parti de rien et c’est devenu une passion, puis mon métier. »
Se consacrer à cette carrière sportive n’a pourtant pas tout de suite été une évidence pour Emmanuelle : « Il était très important pour moi de poursuivre mes études. J’ai eu mon accident en terminale, pendant les vacances de Pâques, et j’ai passé mon bac au rattrapage à
l’hôpital en septembre. Comme les sciences me plaisaient beaucoup, j’ai intégré l’Ecole centrale Paris… Et c’est là que j’ai découvert le tennis en compétition. »
Rendez-vous à Paris
Aujourd’hui, la jeune femme vit en couple et entend bien poursuivre le chemin sur lequel elle s’est engagée : « Ce qui m’anime c’est de profiter chaque jour de ma passion. J’aimerais beaucoup participer à des grands chelems comme Roland-Garros. Avoir ses proches dans
les tribunes lors d’événements de cette ampleur, ce doit être fabuleux… » Le cap ultime : les Jeux de Paris en 2024. « J’aurai 34 ans et peut-être l’envie de fonder une famille, ou alors de continuer… On verra ! »
REPÈRES
2008 : accident de snowboard
2012 : première participation au tournoi international de tennis fauteuil
2015 : obtention du diplôme de Centrale Paris
2016 : participation aux JO de Rio
2021 : participation aux JO de Tokyo