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Histoire de la Belgique contemporaine : Les ruptures du XIXème


siècle.
La question sociale.

Une rupture est un changement majeur et brutal, impactant fortement l'évolution d'une ou de
plusieurs variables d'un système, voire le système tout entier.
Le capitalisme a aggravé la situation des travailleurs. Il y a désormais 2 classes : le prolétariat
et la bourgeoisie. Le prolétariat n’ayant pas de pouvoir politique et juridique est dominé par la
bourgeoisie.
Pour se défendre, le prolétariat va recevoir de l’aide des penseurs libéraux radicaux,
socialistes et démocrates chrétiens. Ceux-ci vont diffuser différentes idées comme par
exemple la prise du pouvoir de façon démocratique ou par la force (violence).
1. La condition ouvrière
Suite à la Révolution industrielle, le rythme de travail des ouvriers va augmenter de manière
considérable et va donc devenir pénible :
 Augmentation des heures de travail suite à l’utilisation de l’éclairage (d’où
augmentation de la production et du temps de travail) ;
 Règlement stricte au sein des usines ;
 L’ouvrier devient une sorte de « machine » qui répète les mêmes gestes. Dès lors, les
usines n’ont plus besoin d’une main d’œuvre qualifiée (mécanisation). Les usines
engagent donc des femmes et des enfants ;
 Les conditions d’hygiène ne sont pas bonnes aussi bien dans les usines et que dans les
corons ;
 Les ouvriers sont sous-alimentés, certains deviennent alcooliques, certains se
prostituent, d’autres perpétuent des crimes ;
 Il n’y a pas de sécurité de sociale (pas d’assurance en cas de chômage, maladie,
accident...).
D’autre part, l’État (qui est aux mains de la bourgeoisie) refuse aux ouvriers le suffrage
universel et interdit les coalitions (grèves – Loi le Chapelier du 14 juin 1791).
Les différences devant la loi sont nombreuses, comme par exemple la crédibilité accordée aux
patrons en cas de litiges (ceux-ci ont toujours raison), l’obligation des travailleurs d’avoir
leurs livrets, la répression brutale contre les grèves, révoltes ou manifestations.
Un esprit de résignation règne sur le monde ouvrier (ce sentiment est entretenu par la foi
chrétienne, l’analphabétisme, le paternalisme bourgeois...).
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2. Le mouvement ouvrier
Les syndicats.
En 1824, les associations syndicales apparaissent en Angleterre (Trade-Unions). Ce droit de
coalition sera définitivement reconnu en Belgique en 1866 et en France en 1884. Ce
mouvement syndical a donc été rapide en Angleterre, mais est resté faible pendant longtemps
en Belgique et est devenu rapidement une action révolutionnaire en France (Confédération
générale du Travail).
Les coopératives.
Les ouvriers essaient d’échapper au capitalisme en créant des coopératives de consommation
et de production (donc en mobilisant la classe ouvrière) dans le but de supprimer le profit
capitaliste.
3. Les penseurs socialistes
Pierre-Joseph Proudhon (1809-1865).
La doctrine de Proudhon se base sur plusieurs choses :
 L’anarchisme : l’homme n’est soumis à aucune autorité ;
 L’anticapitalisme : l’homme ne peut être exploité ;
 L’antiétatisme : la suppression de l’État ;
 L’antithéisme : l’inexistence d’un Dieu.
Sa pensée mène au fédéralisme autogestionnaire :
 Il prône la démocratie économique mutuelliste organisée sur le principe de la
solidarité de propriété, de production et d’échange de produits ;
 Il prône une politique fédérative c’est-à-dire une auto gérance des groupes sans l’État
➔ une république fédérative élue grâce à un suffrage universel.
Karl Marx et Friedrich Engels – « Manifeste du Parti communiste (1848) et le Capital »
(1867).
Ces 2 économistes allemands ont analysé le système capitaliste : le matérialisme historique et
l’explication de l’évolution des sociétés humaines.
 Le matérialisme historique :
L’homme ne dépend pas de lui-même, mais des conditions de la société qui évolue
continuellement (il y a eu d’abord la société antique, puis féodale et enfin capitaliste).
Le passage d’une société à l’autre s’explique par la modification du mode de production :
l’évolution des forces productives (les ressources, la force de travail, la technologie) et des
rapports sociaux de production (les relations entre ceux qui produisent et ceux qui possèdent
les moyens de production).
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 La lutte des classes :


Le mode de production capitaliste est caractérisé par un haut niveau des forces productives,
l’existence de 2 classes (les capitalistes et les prolétaires), le fait que toute chose prend une
forme marchande afin d’obtenir du profit et investir...
Karl Marx énonce des contradictions : le développement du capitalisme entraîne la disparition
des petites entreprises, artisans, ... Le prolétariat devient misérable et donc il y a un fossé, un
écart de richesse et de pouvoir entre les 2 classes.
Cependant, les forces productives se développent grâce au capitalisme... et celui-ci va tomber
en crise lorsque les travailleurs vont prendre le pouvoir par la force. Les travailleurs vont alors
faire abolir les classes sociales et imposer une dictature prolétaire : ce qu’on appelle « le
communisme ».
Eduard Bernstein (1850-1932) – « Socialisme théorique et social- démocratie pratique »
(1899).
Eduard Bernstein a constaté que les PME se sont maintenues à la différence de Marx qui
disait que celle-ci aller disparaître avec l’évolution du capitalisme. De plus, le capitalisme a
trouvé des réponses aux crises de surproduction qu’il a déclenché.
Toujours selon lui, le niveau de vie du prolétariat s’est amélioré et le capital s’est démocratisé.

➔ Il met donc en doute la théorie donnée par Marx et Engels.


Pour lui, la révolution n’est pas nécessaire car la situation s’améliorait. En plus, il n’est pas
utile de supprimer l’État afin de supprimer les classes.
Le « socialisme » vise une méthode plus « douce » que le « marxisme » c’est-à-dire demander
des réformes démocratiques et légalistes en faveur du prolétariat.
Lénine (1870-1924) – « Que faire ? » (1902) ; « L’État et la Révolution » (1917).
Lénine dénonce ceux qui, comme Bernstein, versent dans « l’opportunisme » sous prétexte
d’objectivité.
Lénine a révisé le marxisme dans un sens plus volontariste : il remplace l’action prolétaire par
l’initiative d’un groupe de révolutionnaires professionnels qui doivent organiser la révolte des
masses populaires et le passage au communisme.

➔ Il va donc reprendre le marxisme et lui ajouter une dimension « révolutionnaire ».


Lénine pense que le prolétariat peut s’approcher de la victoire grâce à la guerre impérialiste 1,
qui développe le capitalisme d’État...

4. La démocratie chrétienne
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L’impérialisme qui est une politique d’un État visant à lutter pour le partage du monde c’est-à-dire obtenir la
concentration financière et la monopolisation, en d’autres termes la réduction d’autres États sous sa dépendance.
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Ce mouvement prendra forme lorsque le pape Léon 13 sera promulgué (surnommé le « pape
des ouvriers »).
Ce pape n’approuve pas le socialisme, et en particulier la lutte des classes... La démocratie
chrétienne voulait s’appuyer sur la collaboration des classes sociales, le devoir de l’État,
l’amélioration du sort des travailleurs et la justice sociale.
5. L’action politique
L’Association internationale des Travailleurs – La 1ère Internationale (1864-1876).
L’Association internationale des Travailleurs a été créée à Londres par les Trade- Unionistes
anglais, les réfugiés politiques polonais, italiens et hongrois mais aussi les proudhoniens et
Marx et Engels. L’objectif de l’union était d’unir la classe ouvrière (en multipliant les sections
dans tous les pays) afin de prendre le pouvoir.
Le rôle de l’État fera des oppositions et des débats entre les communistes Marx et les
collectivistes du Russe Michel Bakounine (dont le régime d’anarchie qu’il préconise est
proche de Proudhon). Le Belge César de Paepe ne prend pas partie puisqu’il défendra une
position intermédiaire à ce sujet.
En 1871, l’Internationale perdra de sa valeur (après l’écrasement de la Commune de Paris)
suite à l’exclusion de Bakounine et suite aux accusations lancées par un courant
antirévolutionnaire et antisocialiste puissant qui lui reproche d’avoir organisé l’insurrection
parisienne.
La 2ème Internationale (1889).
Après 1880, de grands partis nationaux marxistes se sont formés en Europe. En 1889, ces
partis se réuniront souvent en congrès et formeront un Bureau socialiste international installé
à Bruxelles. Malgré une certaine collaboration, ils ont du mal d’agir contre le capitalisme :
 En Angleterre, les Trade-Unions seront à l’origine du Labour Party ;
 En Allemagne, le Parti ouvrier social se fondé mais se parti suivra, avec Karl Kautsky,
la théorie de Bernstein ;
 En France, Jean Jaurès et Jules Guesde fondent la SFIO tandis que l’anarcho-
syndicalisme révolutionnaire de la CGT est indépendant du parti ;
 En Belgique, le Parti ouvrier belge, créé en 1885, obtiendra des résultats dans le
domaine de la législation sociale et un élargissement du droit de suffrage.
Sous l’influence de Jaurès, Kautsky et Bernstein, la tendance au ministérialisme et au
révisionnisme prend de l’ampleur. Certains dont Louis Bertrand et Emile Vandervelde
prônent une participation au pouvoir avec le parti libéral tandis que les marxistes
minoritaires dénoncent l’économisme des précédents.
La 3ème Internationale (1917-1943).
Suite à la guerre 14-18, les socialistes européens qui participe à la défense de leur patrie sont
considérés par Lénine et par les internationalistes comme des social-chauvins. Pour Lénine,
leader du parti ouvrier social-démocrate de Russie, la guerre impérialiste doit devenir une
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guerre civile où le peuple prendra le pouvoir. Et il va le faire en octobre 1917 en Russie avec
la création de l’Union des Républiques soviétiques.
En 1919, une révolte soviétique éclate en Allemagne mais elle sera écrasée.
En opposition à la 2ème internationale, les communistes en fondent une 3 ème Internationale à
Moscou en 1919. On va demander à chaque parti de se prononcer sur son mouvement et cela
va donc créer des ruptures entre les partis occidentaux : les socialistes français se disent être
communistes (lors Congrès de Tours) alors qu’en Belgique le Parti communiste se crée autour
de Joseph Jacquemotte et de la minorité du POB.
Il faut aussi noter qu’une Quatrième Internationale est créée en France en 1938 à l’initiative
du Russe Leon Trotsky. Il s’agit d’une dissidence de la troisième qui est aux mains des
staliniens. Ses partisans essaient de tirer des conclusions de l’échec des fronts populaires entre
communistes et socialistes.
6. Conclusion
D’une part, dans les pays capitalistes, la plus grande partie des acquis du socialisme
réformiste se situe à la fin du 19ème. Grâce aux actions ouvrières, il y a eu l’approbation de la
législation sociale. L’alliance libéraux-démocrates a souvent donné lieu au suffrage universel.
D’autre part, contrairement à ce que disait Marx, dans l’évolution des sociétés occidentales,
les classes moyennes se sont maintenues et développées en appuyant le capitalisme. Il y a une
amélioration du niveau de vie de la classe ouvrière et certains enfants d’ouvrier ont pu
rejoindre les classes moyennes.
La seule vraie victoire des anticapitalistes est la Révolution Russe qui a eu lieu dans le pays
industrialisé le moins développé et où les classes moyennes n’existaient presque pas.
Cependant la dictature du prolétariat par les Soviets n’a jamais laissé place au communisme.
L’Union soviétique fût dissoute en 1991.
Une 4ème Internationale est créée en France en 1938 à l’initiative du Russe Léon Trotski. Ses
partisans essaient de tirer des conclusions de l’échec des fronts populaires entre communistes
et socialistes.
Plusieurs formations plus ou moins importantes, comme le Parti du Travail de Belgique
(PTB), s’inspireront également de l’expérience soviétique chinoise (maoïsme).

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