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Cours de Madame Caroline DOUESNEAU

ES 1

INTRODUCTION au DROIT
Section 1 : le droit et ses sources

&1 Notion de Droit


Le mot « Droit » a plusieurs sens :
1° soit, il est considéré comme une taxe Ex : droit d’enregistrement
2° Soit, il désigne l’ensemble des règles générales qui s’appliquent actuellement dans
un Etat : il s’agira du « Droit objectif ».
L’Etat est une entité gouvernant l’organisation d’un pays dont la structure juridique qui est
limité par des frontières territoriales et, constitué d’institutions lui assurant un pouvoir
suprême.
3° Soit, il désigne les prérogatives particulières dont une personne déterminée
peut se prévaloir : c’est le « Droit subjectif » … on est « sujet de droit ».
Exemples : le droit de propriété, le droit au respect de sa vie privée…

Le Droit est un ensemble de règles, définies et acceptées par les êtres humains afin de régir les
rapports sociaux.
Ces règles sont garanties par l’intervention de la Puissance Publique càd que l’Etat se donne
les moyens pour faire garantir les droits.

&2 Le droit objectif


A Principe
C’est un ensemble de normes de conduite imposées par l’Etat, et qui constituent des règles
qui sont consignées dans des lois, règlements, des décrets, des ordonnances voire la
coutume…Ces textes sont eux-mêmes consignés dans des Codes.
Ces normes sont appelées « normes juridiques ».

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Le droit objectif est donc un ensemble de règles destinées à organiser la vie en société.
C’est donc un ensemble de règles sociales qui gouvernent les rapports des hommes entre eux
ou avec la Puissance Publique.
Le droit objectif est envisagé sous l’angle de son objet càd du thème qu’il traite.
Exemple : Le droit de propriété

B Différence entre morale et Droit ?


Le droit diffère de la morale parce qu’il est sanctionné par la puissance publique.
En effet, la morale est une règle de conduite individuelle et volontaire et, sa sanction est
intérieure et émane de la conscience.
La règle juridique est une règle de conduite sociale qui a pour but d’assurer l’ordre de la
Société.
Cette règle est sanctionnée par la contrainte càd par la Puissance publique (sanction pénale,
dommages et intérêts).

C Caractéristiques des normes juridiques


1) Norme étatique
Elle est « étatique » en ce sens que c’est l’Etat qui la crée. (Voir &4 « Les sources du Droit »)
Et, qui va en imposer son application, avec le concours de la Force Publique ou grâce aux
décisions de justice (Pouvoir Judiciaire).

2) Norme générale et impersonnelle


Ces normes s’appliquent à un nombre déterminé de personnes : personne n’est visé en
particulier !
Ces règles sont hypothétiques et, ne s’appliqueront qu’aux personnes se trouvant dans telle
situation : elle évite ainsi l’arbitraire !

3) Norme obligatoire et permanente


Elle ordonne, défend, permet, récompense ou punit.
Par ailleurs, ces règles légales s’appliquent tant qu’une nouvelle loi ne les a pas abrogées !

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4) Norme contraignante
Une norme juridique est obligatoire et pour la rendre obligatoire elle est donc assortie d’une
sanction !

5) Norme non-isolée
L’ensemble des normes juridique forme un ensemble cohérent : les normes s’articulent entre
elles, autour d’un même thème.

&3 Le droit subjectif


A Principe
Par contre, le droit subjectif est examiné sous l’angle de son bénéficiaire, que l’on appelle
« sujet de droit » d’où le nom de droit « subjectif » Exemple : le titulaire du droit de propriété

Le droit subjectif est donc une prérogative reconnue par le droit objectif aux personnes et
dont, elles peuvent se prévaloir auprès de l’autorité publique.

B Caractéristiques
Les droits subjectifs sont donc des prérogatives individuelles et, reconnues par une
règle de droit : donc seul l’individu titulaire du droit peut s’en prévaloir !

C Les différentes catégories de droits subjectifs


Parmi les droits subjectifs, on distingue :
. les droits patrimoniaux : droits issus du patrimoine
. les droits extra-patrimoniaux : droits familiaux (autorité parentale, …) et
droits de la personne (droit au respect de sa vie privée, …)

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&4 Les grandes divisions du Droit
A Droit national/ Droit international
Le droit international régit les relations internationales :
. càd qu’il règle les rapports entre les différents Etats entre eux, ainsi que le
fonctionnement des organismes internationaux (droit public international)
. OU il régit les rapports entre les particuliers de nationalités différentes, voire
les collectivités de nationalité différentes (droit privé international)

Le droit national est le droit en vigueur dans un pays donné, on l’appelle également « Droit
positif » ou « droit interne ».

B Les branches du droit interne


Le droit interne ou national comprend le droit public et le droit privé.

1) Le droit public
Il concerne :
. l’organisation de l’Etat et, des personnes morales qui en découlent (Ex : l’ARS)
.il régit aussi les relations entre les particuliers et ces administrations

2) Le droit privé
Il régit les relations :
. des particuliers entre eux
. des collectivités privées entre elles (associations, entreprises,…)
. ou les relations entre un particulier et une collectivité privée

B Les branches du droit interne


1) Les branches du droit public
. le droit constitutionnel qui organise les pouvoirs de l’Etat
. le droit administratif qui règlemente l’organisation des collectivités
publiques ainsi que leurs rapports avec les particuliers

4
. le droit fiscal c’est l’ensemble des règles permettant à l’Etat de percevoir, par
le biais de l’impôt, les moyens financiers pour remplir sa mission : redistribuer la richesse
créée et servir l’intérêt général (éducation, santé, sécurité …)

.le droit pénal se compose de l’ensemble des règles qui déterminent les
infractions et fixent les sanctions applicables à chaque infraction

Le droit pénal est traditionnellement considéré comme une branche du droit public
puisqu’il assure le maintien de l’ordre public.
Toutefois, le droit pénal, en réprimant le préjudice causé à une personne concerne également
les rapports entre particulier ; par conséquent, le droit pénal a également un lien avec le
droit privé !

2) Les branches du droit privé


. le droit civil c’est le droit commun applicable aux relations entre particuliers. Il fixe
les droits que les particuliers peuvent exercer dans leurs rapports entre eux ainsi que les
obligations réciproques qui pèsent sur eux.
Il détermine les personnes qui peuvent être titulaires de ces droits.

Le droit civil est donc le droit privé commun, applicable à tous, sauf lorsque certains
rapports sont régis par des règles particulières, comme pour les relations individuelles du
travail, les rapports entre commerçants.

. le droit social englobe le droit du travail qui régit les relations individuelles et
collectives du travail et le droit de la Sécurité sociale
. le droit commercial regroupe l’ensemble des règles applicables aux commerçants et
aux actes de commerce.
. les autres branches : droit des assurances, de l’urbanisme, de la consommation,
droit bancaire

3) Intérêt de la distinction

a. But recherché

Le but du droit public est d’assurer la satisfaction des intérêts collectifs.


Exemple : droit d’expropriation
Le but du droit privé est la satisfaction individuelle, satisfaction des intérêts privés.

Le droit privé laisse une large part à la satisfaction individuelle alors que le droit public
s’impose à tous.

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b. Compétence des tribunaux

Si un litige relève du droit public : les juridictions de l’ordre administratif seront


compétentes.
Par contre, s’il s’agit d’un litige de droit privé : les juridictions de l’ordre judiciaire seront
compétentes.

Voir Section 2 : L’organisation judiciaire

&5 Les source du Droit


C’est le terme générique désignant l’ensemble des règles juridiques applicables dans un Etat,
à un moment donné.
L’étude des sources du Droit conduit à plusieurs distinctions :
. le Droit français est un Droit écrit : les principales sources de droit sont des textes.
. mais, d’autres sources, non écrites, jouent également un rôle. Elles servent à
préciser, compléter, interpréter les règles de droit.
D’où la distinction entre sources écrites ou sources directes (A) et sources non écrites ou
sources indirectes (B).

A Les sources écrites du Droit


1) La Constitution du 4 octobre 1958

a. Principe
C’est la source suprême du Droit national. La constitution comprend également un
préambule qui fait référence à la « Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen ».
La constitution regroupe les règles de droits fondamentaux qui fixent l’organisation de l’Etat.

La constitution est un ensemble d’articles qui définit les pouvoirs de l’Etat ; la répartition
des pouvoirs de l’Etat se fait entre trois pouvoirs : le pouvoir législatif, le pouvoir exécutif et
le pouvoir judiciaire.
Par ailleurs, la constitution va également régir les rapports entre ces trois pouvoirs et,
définir leur compétence respective.

La Constitution s’applique sur tout le territoire de la République et, son contenu s’impose à
tous, y compris au législateur : donc une loi ne doit pas être anticonstitutionnelle !

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b. Les trois pouvoirs de l’Etat

1° Le pouvoir législatif composé du Parlement (Assemblée Nationale composée de 577


députés et Sénat composé de 348 sénateurs) légifère càd élabore et vote les lois.
Il peut aussi censurer le gouvernement (motion de censure) mais pas renverser le
Président de la République !
2° Tandis que le pouvoir exécutif, composé du Président de la République et du
gouvernement, a pour fonction de mettre en œuvre, d’exécuter les lois, adoptées par le
pouvoir législatif et, prendre des textes autonomes (règlements).
Enfin, il a la direction de l’Etat.
3° Enfin, le pouvoir judiciaire est celui du respect de l’application de la loi.

c. Les matières couvertes par le pouvoir législatif et exécutif


La constitution va ainsi, déterminer les matières couvertes par la loi (art 34 de la
Constitution) (pouvoir législatif) et celles, qui relèvent du pouvoir exécutif (pouvoir
règlementaire). (art 37 de la Constitution).
Pour connaitre ce qui est de la loi, il suffit de se reporter à l’article 34 de la Constitution qui
est limitatif ; ainsi, les droits civiques, le droit du travail, l’état et la capacité des personnes,
les successions, la détermination des crimes et des délits, la propriété…
Tout ce qui n’est pas du domaine de la loi est du domaine du règlement = règlement
autonome comme la procédure civile, le régime des contraventions, …

2) Les lois organiques


Elles fixent les modalités d’organisation des pouvoirs Publics.
Elles peuvent compléter ou modifier la Constitution.

3) Les lois ordinaires (loi)


Ces lois émanent du pouvoir législatif.
En effet, il s’agit d’un texte général et permanent, voté par le Parlement dont le domaine est
délimité par l’article 34 de la constitution. Cet article est une liste exhaustive des domaines
réservés à la loi.
Exemple : la détermination des crimes et délits
Voir schéma « Le vote de la loi »
Parfois, une loi aura besoin d’un décret d’application pour qu’elle puisse s’appliquer sinon
elle reste « lettre morte ». (voir ci-dessous 6)).
La loi a un effet immédiat et n’est pas rétroactive…sauf en matière fiscale !

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4) Les règlements ou décrets autonomes
Ceux sont des textes émanant du pouvoir exécutif
Un règlement est pris dans « les matières autres que celles qui sont dans le domaine de la
loi ».
Exemple : la détermination des contraventions

5) Les ordonnances
L’article 38 de la Constitution prévoit que le gouvernement peut, pour l’exécution de son
programme, demander au Parlement l’autorisation de prendre par ordonnance, pendant un
temps limité, des mesures qui normalement relèvent du domaine de la loi.
On dit que le gouvernement est autorisé à légiférer par ordonnance.
Exemple : les ordonnances Macron de septembre 2017en matière de Droit du Travail

6) Les autres textes réglementaires


Ces textes ont une valeur inférieure à la loi et aux règlements autonomes.
a. Les décrets d’application de la loi et des décrets d’application des
règlements autonomes
Un décret d’application émane du pouvoir exécutif.
Ils ont pour vocation de fixer les modalités concrètes d’application de la loi ou du règlement.

b. les arrêtés ministériels, arrêtés préfectoraux et, les arrêtés municipaux


Un arrêté émane d’un ou plusieurs ministres, d’un préfet ou d’un maire.
Il s’agit de textes de portée générale ou individuelle mais ayant une portée limitée càd un
territoire donné, un champ professionnel donné.
Selon son auteur et son sujet, il s’appliquera sur tout le territoire, un département, une
commune ou à un seul destinataire (nomination d’un préfet)

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B Les sources non écrites du droit

1) La coutume/ les usages

a. Principe
La coutume est l’usage prolongé d’une même règle de droit non écrite.
Il s’agit de règles qui se dégagent lentement et spontanément de faits ou pratiques
professionnelles et dont, l’application apparaît comme obligatoire.
Exemple : la femme mariée porte le nom de son mari
On parle de « coutume » pour le droit civil et, « d’usages » en matière de droit du travail, ou
de droit commercial.

La coutume résulte d’un usage général et prolongé, faisant naitre une règle reconnue comme
étant le droit.
Les usages résultent d’une pratique répétée, généralement dans un champ professionnel bien
défini

La coutume créatrice de droits n’existe que très rarement.

b. La coutume ou les usages peuvent créer une règle de droit pour


combler un vide juridique.
En effet, lorsque l’usage est une disposition si habituelle, dans la vie économique et
professionnelle, elle n’est même plus exprimée dans les contrats : les parties au contrat
considèrent l’usage comme obligatoire !

Ces dispositions deviennent alors obligatoires sauf si les parties en décident autrement.
Exemple : en matière commerciale, on présume la solidarité en matière de responsabilité
(paiement)

c. L’intervention de la coutume ou des usages sur renvoi de

Par ailleurs, la loi va renvoyer aux usages lorsque la loi de prévoie pas de dispositions légales.
Exemple : en droit du travail, à défaut de dispositions légales, de convention ou accord
collectif relatifs au préavis, la loi renvoi aux usages professionnels pour déterminer la durée
du préavis

L’usage n’est pas en soi obligatoire mais il le deviendra si il présente 3 caractères : constance,
fixité et durée.
Exemple : prime de Noël versée au bon vouloir de l’employeur, chaque année, avec le même
montant et ce, pendant plus de 4 ans deviendra obligatoire !!!

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2) La jurisprudence
Il arrive que la loi soit incomplète, obscure, imprécise, voire inexistante face à l’évolution
des mœurs ou l’évolution technologique.
Or, le juge face à une affaire a l’obligation de juger ; dans ces cas-là, il va être amené à
préciser le sens de la règle de droit : soit en interprétant une loi, soit en palliant un vide
juridique.

La jurisprudence désigne l’ensemble des décisions rendues par les tribunaux, à propos
d’affaires similaires càd la solution donnée par les tribunaux à une question de droit.
De la constance de ces décisions semblables va se dégager la conviction que la solution est
juridiquement établie.

Cependant, la jurisprudence n’a ni le caractère général de la loi, ni son caractère obligatoire.


Aussi, n’est-on pas à l’abri d’un revirement de jurisprudence !
Exemple : la loi prévoit qu’un licenciement doit avoir une cause réelle et sérieuse. Par un
arrêt de 2001, la Cour de cassation a décidé qu’un employeur n’était pas autorisé à licencier
un salarié en invoquant « la perte de confiance ». Or, jusqu’à cette décision les licenciements
pour perte de confiance étaient validés par les juges !

3) La doctrine
C’est l’ensemble des opinions émises par les juristes spécialisés : leurs travaux sont publiés
dans les ouvrages ou la presse spécialisée.
Ils commentent les textes législatifs, les décisions de justice.
Leurs réflexions peuvent influencer le juge ou le législateur.

4) Le droit conventionnel ou négocié


Ce droit résulte d’un accord conclu entre les partenaires sociaux : convention collective,
accord professionnel ou interprofessionnel. C’est une source très importante en droit du
travail
Ils s’imposent aux partenaires sociaux

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C Les sources internationales du Droit
Les sources internationales du droit sont des sources écrites résultant d’accords entre Etats ou
émanant d’autorité internationales.
1) Les traités internationaux hors Union Européenne
Un traité international peut établir des dispositions concernant les rapports entre les
ressortissants de ces Etats contractants.
Exemple : règles applicables au divorce entre un canadien et une française
Une fois ratifié, le traité a autorité supérieure à la loi existante, si la condition de réciprocité
est respectée !
2) Les traités communautaires
Les règles de droit émanant des institutions européennes n’ont pas, à être ratifiés et, sont
applicables directement dans le droit national.

&6 La hiérarchie des textes


A 1ier niveau : la Constitution du 4/10/1958
La Constitution s’impose à tous les autres textes.

B 2ième niveau : les traités et accords internationaux


Les traités et accords, régulièrement ratifiés et approuvés s’imposent au droit français dès leur
transposition dans le droit interne.
Quant au droit communautaire, il est d’applicabilité directe : il peut donc être invoqué
directement par les particuliers devant les juridictions nationales.
Le droit communautaire prime sur le droit national : aussi, une loi antérieure à un traité et,
contenant des dispositions contraires est implicitement abrogée !

C Troisième niveau : les lois organiques


Rappel : ces lois précisent et complètent la Constitution.

D Quatrième niveau : les lois et règlements autonomes, les


ordonnances
E Cinquième niveau : les règlements d’application
Il s’agit des décrets ministériels, des arrêtés ministériels, préfectoraux, municipaux

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Section 2 : L’organisation judiciaire

&1 La preuve des droits


Il peut s’agir de prouver un droit subjectif : il s’agira alors de faire la preuve de ses droits,
d’établir la véracité d’une situation car pour agir en justice il faut concrètement rapporter la
preuve de ce que l’on avance.

A Qui doit prouver ?


1) Principe : le rôle des parties

C’est au demandeur càd à la personne qui introduit une action en justice d’apporter la
preuve de ce qu’elle avance.
On dit que la charge de la preuve incombe au demandeur.
Exemple : le demandeur exige le paiement de ses congés payés, c’est à lui de rapporter la
preuve de ceux-ci

Mais, la charge de la preuve incombera également à l’autre partie (le défendeur) puisqu’il
devra apporter la preuve des allégations qu’il apporte en réponse.
.Exemple : l’employeur prétend avoir déjà payé les congés payés : il doit prouver sa
libération de son obligation

2) Le renversement de la charge de la preuve


Il arrive fréquemment qu’un fait que l’on désire prouver ne soit pas matériellement prouvable
ou ne le soit plus. Dans ce cas, la loi peut établir des présomptions légales qui lient le juge.
On distingue deux sortes de présomptions a et b
a. Les présomptions simples
Le demandeur n’a pas à rapporter la preuve de ce qu’il avance car la loi présume que ce
qu’il dit est vrai.
Exemples : la loi présume que les bâtiments implantés sur le terrain appartiennent au
propriétaire
La loi présume que les enfants de la femme mariée sont les enfants de son mari

Ces présomptions renversent donc la charge de la preuve car ce qui est invoqué par le
demandeur est présumé être vrai jusqu’à preuve du contraire : on parle alors de
présomptions simples lorsqu’elles admettent la preuve contraire.
.

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b. Les présomptions irréfragables
On parlera de présomption irréfragable lorsque la présomption n’admet pas la preuve
contraire;

Ces présomptions présument que ce que le demandeur prétend est vrai mais ici, on n’admet
pas la preuve contraire !
Exemple : un contrat de travail conclu oralement est présumé être à durée indéterminée

3) Le rôle du juge

C’est aux parties d’apporter au juge les éléments pour établir la preuve de leur droit :
éléments matériels ainsi que leurs arguments juridiques.

Mais, le juge peut ordonner toutes mesures utiles comme une expertise pour arriver à statuer.

B Que doit-on prouver ?


Sur quoi la preuve doit- elle porter ? Les éléments de fait, des actes préétablis ou des règles de
droit ?
Il est important que le demandeur sache exactement ce qu’il doit prouver pour être entendu du
juge.

1) Le principe : la preuve des éléments de fait

Le plaideur n’a pas à prouver la règle de droit càd le droit objectif : le juge la connait !
Les parties n’ont à prouver que les faits.

2) Les exceptions
Mais, pour ce qui est des usages, des coutumes, c’est aux parties de rapporter leur existence.

C Comment prouver ?
Les moyens de preuve ou modes de preuve sont les méthodes admises par le droit afin que le
plaideur fasse entendre ses arguments.
Les procédés de preuve se classent en 2 catégories voir 1 et 2

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1) Les moyens de preuve parfaits

Il peut s’agir de preuves écrites ou verbales ; Dans les deux cas, elles se suffisent à elles-
mêmes et, n’ont pas à être complétées par d’autres données.
Exemple : lors d’une vente d’un immeuble, l’acte notarié est obligatoire et assure les parties
de la pérennité de la preuve de leur transaction.

Ces modes de preuves lient le juge et sont utilisables en toutes circonstances : elles se
suffisent à elles-mêmes !
Il s’agit de :
. La preuve par écrit : acte authentique, acte sous-seing privé, écrit sous forme
électronique
.L’aveu : c’est reconnaitre comme vrai, l’affirmation de la partie adverse ; on ne peut
avouer que des faits et la rétractation de l’aveu est impossible !
. Serment décisoire : c’est l’affirmation solennelle par une partie, d’un fait qui lui est
favorable dans l’instance engagée.il s’agit d’un moyen de preuve auquel le juge peut
avoir recours en dernier lieu et, qui est très peu utilisé en droit actuel !
. Présomptions légales

2) Les moyens de preuve imparfaits

On les appelle ainsi car elles laissent au juge un pouvoir d’appréciation.

Il s’agit :
.du témoignage
. des présomptions du fait de l’homme = présomptions simples : il s’agit de faits qui
permettent d’établir un raisonnement logique au demandeur
. du serment supplétoire : il s’agit pour le juge de proposer à l’une des parties de
prêter serment lorsque les preuves présentées sont insuffisantes. Le juge appréciera…
. du commencement de preuve par écrit : il s’agit d’un document qui ne présente
pas les conditions d’une preuve écrite parfaite.
Exemple : un courrier personnel

3) La preuve des faits et des actes juridiques en matière civile

Un acte juridique est la manifestation de la volonté d’une ou plusieurs personnes destinée à


produire des effets de droit.
Exemple : un contrat de mariage
Un fait juridique est un évènement volontaire (fraude fiscale) ou non (accident de voiture),
produisant des effets de droit càd des conséquences juridiques non voulues !

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En matière civile, les faits juridiques se prouvent par tous moyens.
Tandis que, les actes juridiques se prouvent à l’aide d’une preuve parfaite, lorsque l’acte
a une valeur supérieure à 1500 euros.
Les actes juridiques d’une valeur inférieure à 1500 euros se prouvent donc par tous moyens !

Notons qu’il existe des exceptions et, que l’on peut prouver un acte juridique par tous
moyens, même si il a une valeur supérieure à 1500 euros :
. s’il y a impossibilité matérielle ou morale de produire un écrit.
Exemple : prêt d’argent à la grand-mère
. en cas de perte de l’écrit pour force majeure
. en cas de possession d’un commencement de preuve par écrit

&2 La procédure et la preuve


L’objectif du juge confronté à un besoin de preuve est d’établir au mieux et au plus vite les
éléments de fait ou de droit qui manquent pour l’éclairer.

A En droit privé : procédure accusatoire et principe du


contradictoire
1) Une procédure accusatoire
La procédure est l’ensemble des règles qui régissent le déroulement d’une action en justice.
Il existe deux sortes de procédure accusatoire et, inquisitoire

En droit privé, la procédure est accusatoire càd que c’est aux parties d’apporter au juge
les éléments de preuve nécessaires et, le juge peut leur demander de produire certaines
pièces, demander une expertise.
Dans tous les cas, le juge reste neutre ce n’est pas à lui d’aller chercher la règle de droit
correspondante, ni les preuves. !

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2) Le principe du contradictoire

Pour pouvoir apporter des éléments pertinents dans le déroulement de la procédure, il est
indispensable de connaitre les arguments de la partie adverse.
Aussi, durant toute la procédure, chaque partie doit être en mesure de connaitre et, de
discuter les éléments apportés par la partie adverse : arguments, prétentions, preuves.

3) Une procédure écrite et orale et publique


La procédure est écrite en ce sens que, les conclusions des avocats sont écrites et, transmises
à la partie adverse.
Et, elle est orale en ce sens que, les conclusions écrites sont reprises à l’oral lors des
plaidoiries des avocats.
Le principe est que la procédure est publique mais dans certains cas, comme la procédure de
divorce, les affaires concernant les mineurs, elle est à huis clos.

B En droit pénal et droit administratif : procédure inquisitoire


L’audience est publique, orale mais la procédure est inquisitoire.

En matière pénale, c’est au ministère public d’apporter la preuve de l’infraction : l’accusé n’a
pas à démontrer son innocence !
En effet, c’est au juge d’organiser la recherche des preuves: on parle d’instruction du juge.

&3 Les principes généraux du système judiciaire français


A Les deux ordres de juridictions
L’organisation judiciaire repose sur deux ordres de juridictions : l’ordre administratif et
l’ordre judiciaire.
1) L’ordre administratif
L’ordre administratif juge les procès concernant l’administration.
Les juridictions administratives comprennent les tribunaux administratifs, les cours
administratives d’appel et le conseil d’Etat : elles ont compétence en droit public.

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2) L’ordre judiciaire
L’ordre judiciaire juge les litiges opposant les personnes privées et, sanctionne les auteurs
d’infractions.

L’ordre judiciaire comprend donc les juridictions civiles ainsi que les juridictions pénales
ou répressives.
Ces juridictions appliquent le droit privé.

La cour d’appel et la cour de cassation leurs sont communes mais leurs « chambres » sont
spécialisées : chambre civile, chambre sociale et chambre commerciale.
Pour les juridictions pénales, on trouve la Chambre correctionnelle devant la Cour d’appel et,
la chambre criminelle devant la Cour de cassation.

3) Le Tribunal des conflits


Les deux ordres de juridictions suscitent parfois des conflits d’attribution de compétence entre
les juridictions administratives et les juridictions judiciaires. Aussi, pour veiller à cette
séparation, ces conflits sont résolus par une juridiction particulière : le Tribunal de conflits.

B Le double degré de juridiction


La hiérarchie des juridictions comprend 3 niveaux:
. le premier degré de juridiction est constitué des tribunaux judiciaires et des
tribunaux d’exception comme les conseils des prud’hommes et les tribunaux de commerce
. le deuxième degré de juridiction est constitué par les cours d’appel qui rejugent
l’affaire soumise au premier degré.
. et la cour de cassation : elle juge uniquement le droit et non l’affaire càd les faits

En définitive, il n’y a que DEUX degrés de juridictions : ce double degré de juridiction


assure le contrôle des décisions rendues puisque les cours d’appel rejugent l’affaire.
La cour de cassation n’est PAS un troisième degré de juridiction car elle ne rejuge pas
l’affaire : elle regarde uniquement si les juges du fonds càd de première instance ou si les
juges de la cour d’appel ont bien appliqué le Droit. Et, si ce n’est pas le cas, elle renvoie
l’affaire devant une autre cour d’appel puisqu’elle n’a pas le droit de juger !

Voir schéma « Organisation de la Justice »

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C La collégialité des juridictions
En principe, les jugements doivent être rendus par au moins 3 juges.
Par exception, ils sont rendus par un juge unique.

D L’indépendance des magistrats


En principe, les juges sont des fonctionnaires recrutés par l’Etat.
Toutefois, les juges des tribunaux de commerce et les juges prud’homaux ne sont pas des
juges professionnels.
Il y a deux catégories de magistrats ayant le statut de fonctionnaire : les magistrats du siège et
la magistrature debout ou magistrats du Parquet ou Ministère public.

1° Les magistrats du siège ou magistrature assise jugent càd rendent la justice. Certains
juges sont spécialisés.
Ils sont indépendants du Pouvoir.
2° La magistrature debout ou magistrats du Parquet ou Ministère public ne juge pas
mais représente l’Etat et défend les intérêts de la Société ; la magistrature debout demande
justice (en prenant la parole debout) au nom de la Société.
Le Procureur de la République veille à l’application de la loi et si, nécessaire propose une
sanction. Il dirige les enquêtes des services de police et gendarmerie.
Le Procureur Général est le chef du Parquet auprès d’une cour d’appel ou de Cassation.
Ils ne sont pas indépendants.

A côté des magistrats, on trouve les auxiliaires de justice: les greffiers, huissiers de justice,
avocats, avoués et, experts auprès des tribunaux.

E La gratuité de la justice
En principe la justice est gratuite : les magistrats ne sont pas rémunérés par les plaideurs.

Mais ceux-ci sont tenus d’assurer leur frais personnels de défense.


Il existe l’aide juridictionnelle et la loi permet de condamner la partie qui perd à rembourser
à son adversaire une partie ou la totalité de ses frais de dépense.

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F Règlement d’un litige à l’amiable
1) Le médiateur
Notons qu’avant de faire un procès, il est tout à fait possible de faire appel à un médiateur qui
sera chargé d’aider les parties à trouver une solution amiable ; ce médiateur qui est un
tiers indépendant, qui facture sa prestation.

Il exerce ses fonctions dans le cadre de la justice civile ou pénale càd que le juge déjà saisi du
litige désignera un médiateur, sur demande des parties.

2) Le conciliateur de justice
De même, qu’il est possible d’avoir un conciliateur de justice qui est un bénévole nommé
par le Premier Président de la Cour d’Appel : c’est un auxiliaire de justice assermenté.
Il ne donne pas de consultation juridique et l’exercice de ses fonctions est gratuit.
Il a pour mission de favoriser et de constater le règlement amiable des conflits qui lui
sont soumis. Il est saisi avant d’amener le conflit devant une juridiction ;
Son rôle est de tenter de rapprocher les points de vue des parties de manière à parvenir à un
accord : il n’a donc pas un rôle de jugement, ni de faire des propositions.
Il n’intervient pas dans les affaires relatives à l’état des personnes, le domaine du droit de la
famille (divorce, garde d’enfants, …), les procédures pénales et les litiges entre particulier et
Administrations.
3) Le défenseur des Droits
Il intervient dans tous les litiges concernant un particulier et l’Etat ou une administration ou
un service public

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