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Genesis

Manuscrits – Recherche – Invention 


37 | 2013
Verbal - Non verbal

Jean-Louis Jeannelle, Résistance du roman, Genèse du


« Non » d’André Malraux, Paris, CNRS Éditions, 2013,
328 p.
Sylvie Howlett

Édition électronique
URL : http://journals.openedition.org/genesis/1010
DOI : 10.4000/genesis.1010
ISSN : 2268-1590

Éditeur :
Presses universitaires de Paris Sorbonne (PUPS), Société internationale de génétique artistique
littéraire et scientifique (SIGALES)

Édition imprimée
Date de publication : 15 décembre 2013
Pagination : 205-206
ISBN : 9782840509196
ISSN : 1167-5101
 

Référence électronique
Sylvie Howlett, « Jean-Louis Jeannelle, Résistance du roman, Genèse du « Non » d’André Malraux, Paris,
CNRS Éditions, 2013, 328 p. », Genesis [En ligne], 37 | 2013, mis en ligne le 29 octobre 2014, consulté le
21 janvier 2021. URL : http://journals.openedition.org/genesis/1010  ; DOI : https://doi.org/10.4000/
genesis.1010

Tous droits réservés


chroniques ii

Salpêtrière et placer l’ensemble du texte se répondre, dans trois perspectives diffé- seconde guerre mondiale, l’un des prota-
sous le signe d’une méditation plus abs- rentes  : une suite aux Noyers de l’Al- gonistes de « Non » et/ou le colonel Berger,
traite et plus universelle sur la mort » tenburg, la matière de pages à travailler nom de guerre forgé par Malraux dans son
(p. 332). pour une « suite des Antimémoires » et un maquis du Périgord en mars 1944 ?
À l’épisode de la Vistule s’ajoutent projet de roman sur la Résistance. Or il est Deux pistes romanesques se présen-
d’autres emprunts à l’œuvre romanesque, impossible de les séparer : aussi, au-delà tent : soit, dans les années cinquante, la
notamment La Condition humaine, des scènes du dossier « Non », rédigées poursuite des Noyers ; soit, et jusque dans
Le Temps du mépris et L’Espoir. En inten- pour la plupart entre 1970 et 1972 et qui les années soixante-dix, l’écriture d’un
sifiant ainsi le réseau intratextuel dans constituent le cœur de cette recherche, roman sur la Résistance. Soit Vincent
Lazare, et en multipliant les renvois aux étudie-t-il les traces laissées par la Berger reprend, pendant la seconde guerre
différentes scènes et aux divers épisodes Résistance, en amont dans les archives des mondiale, ses luttes entamées pendant la
évoqués dans les Antimémoires – comme Noyers de l’Altenburg et dans celles des première – et ces pages constituent une
en témoignent les folios 1494-1496 –, Antimémoires, puis en aval dans les suite des Noyers de l’Altenburg ; soit un
Malraux donne à lire son identité profonde archives de Lazare, l’idée d’écrire sur cette Berger, qui ne serait pas plus Malraux que
d’écrivain, identité avec laquelle le lecteur période de l’histoire et de sa carrière ayant le narrateur homodiégétique, permet,
est en parfaite osmose, puisqu’il partage occupé Malraux à plusieurs moments de comme chef de maquis, de relier les
avec l’écrivain une mémoire textuelle : son existence. La première question qui se diverses parties du roman « Non ». À ces
« […] le passé que Malraux livre dans pose alors porte sur les raisons de l’aban- pistes romanesques répond la seule certi-
Lazare, doit pour toute une partie, moins don des deux projets romanesques. tude d’un Lazare publié qui réinterprète
à l’exercice de sa mémoire qu’à sa relec- Quand Malraux décide de ne publier trois scènes des dossiers autour de « la
ture attentive des volumes précédents » qu’un chapitre de sa biographie – ou bio- dérision de la fraternité » : une réunion des
(p. 337). fiction ? – de T. E. Lawrence3, Le Démon chefs dans un bistrot du marché noir avec
On ne saurait recommander avec plus de l’absolu, il l’intitule « N’était-ce donc un « colonel collectionneur de sonnets » ;
d’insistance la multiplication de ce genre que cela ? » – formule qu’il prête à son l’arrestation de Violette ; l’affrontement
d’études génétiques, qui viendraient lever héros découvrant dépité l’incapacité des entre Berger et Camaret, chef d’un groupe
beaucoup de malentendus sur l’œuvre de Sept Piliers de la sagesse à rendre la gran- franc, devenu fou après avoir été torturé
Malraux, dont la signification ultime se deur épique de la Révolte arabe. Quand il par la Gestapo. Évidemment, le Berger de
joue dans le choix de formes et de mots. reconstitue ce qu’aurait pu devenir « Non » Lazare s’est mué en « Je5 ».
Jean-Louis Jeannelle retrouve une même On le voit, le palimpseste de « Non »
interrogation  : Malraux, relisant les présente tant de couches – encore ne sont-
Jean-Louis Jeannelle, Résistance du feuillets rédigés à différentes époques,
roman, Genèse du «  Non  » d’André réécrits, raturés ou fermement réduits,
paraît s’être convaincu que, si ce n’était 2.  Le titre n’apparaît pas en italique sur la
Malraux, Paris, CNRS Éditions, 2013, couverture de Gallimard. Sont conservés des
328 p. « que cela », mieux valait encore renoncer
guillemets puisque la reconstitution du roman
au roman et en insérer une infime partie, constitue une hypothèse proposée par Jean-
Compte rendu par Sylvie Howlett au même titre que certains chapitres de ses Louis Jeannelle et Henri Godard. Malraux écrit
Avec Résistance du roman, Jean-Louis romans publiés, dans Le Miroir des limbes. pour sa part « Non » en soulignant le titre, ver-
Mais si l’analogie situationnelle s’ar- sion manuscrite de l’italique.
Jeannelle entre dans la genèse du projet 3.  Gallimard publie en 1996 la totalité des
qu’avait Malraux d’écrire un «  grand rête là, le dialogue entre les biographies,
biofictions et antimémoires se poursuit. chapitres sous le titre prévu par Malraux,
roman sur la Résistance ». Il ouvre son Le Démon de l’absolu.
étude en présentant le protocole de lecture C’est en récrivant les souvenirs de 4.  « Du mal que contient cette histoire » ouvre
et de sélection qui l’a conduit, avec Henri Lawrence et en leur insufflant une dyna- Les Sept Piliers de la sagesse, mais Malraux
Godard, à publier chez Gallimard en 2013 mique dostoïevskienne 4 que Malraux regrette que Lawrence abandonne immédiate-
une succession de scènes réparties en trois semble concevoir les prémices des ment cette tonalité tragique. Il s’appuie alors
Antimémoires ; parallèlement, il écrit Les sur une lettre de Lawrence considérant l’œuvre
temps (Paris ; Maquis ; Alsace), sous le de Dostoïevski comme « cinquième évangile »
titre « Non2 ». Confronté à deux dossiers Noyers de l’Altenburg. Or plusieurs
pour conférer une dimension dostoïevskienne
de la Bibliothèque littéraire Jacques feuillets des deux dossiers de la aux interrogations et aux dialogues de l’auteur.
Doucet, l’un intitulé «  Non, 1971  »  ; Bibliothèque Doucet mettent en scène un 5.  André Malraux, Le Miroir des limbes, dans
l’autre « Anti II – en cours, Morceaux chef de maquis nommé Berger. Qui est-il ? Œuvres complètes III, dir.  Marius-François
Maquis », il voit des scènes se répéter et Vincent Berger, père du narrateur des Guyard, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque
Noyers, reprenant ses activités pendant la de la Pléiade », 1996, p. 863-868.

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elles que fictives, puisqu’il s’agit de lorsque certaines scènes sont fondues dans d’occulter une résistance certes minori-
feuillets dispersés, voire de réécritures le creuset de Lazare, titre adéquat pour une taire, mais qui pouvait précisément redres-
inscrites dans divers discours ou dans résurrection du roman. J.-L.  Jeannelle ser les têtes et les consciences.
Lazare – qu’il faut bien des précautions, recense les commentaires que l’on a pu faire Toutefois, seul le travail de paléo-
des vérifications et des intuitions lumi- sur le « tarissement de l’inspiration roma- graphe opéré par J.-L. Jeannelle pouvait
neuses pour les retrouver quand on nesque » chez Malraux, la « crise de la fic- opposer, à toutes les supputations psycho-
cherche, en grattant l’Histoire et les his- tion » et les promenades dans l’autofiction logiques ou idéologiques, la réalité d’un
toires, à découvrir le projet originel sans depuis la fin de la seconde guerre mondiale, dossier hétérogène et par là ouvert à toutes
céder aux illusions téléologiques. avant de s’interroger sur la persévérance de les interprétations. Mais ce qui l’emporte
Le choix est d’emblée crucial, la res- Malraux, jusque dans ses dernières années, reste la découverte du processus créateur :
ponsabilité propice aux procès divers : à évoquer son projet, en établir des variantes l’on voit Malraux puiser dans le dossier
privilégier un «  roman en cours  » ou ou le piller pour ses discours. roman pour alimenter le dossier mémo-
constater les premiers états de scènes fort Le premier projet romanesque – une rial ; supprimer les discours d’escorte du
réduites dans l’œuvre antimémoriale. suite aux Noyers de l’Altenburg – persiste narrateur ou des personnages ; faire éclater
J.-L. Jeannelle suit les deux pistes, offrant jusqu’à l’ultime intégration de certaines la chronologie au profit d’une composition
concurremment l’esquisse d’un roman et scènes dans Lazare. Berger y rachète l’Al- contrapuntique et préférer le « dialogue de
l’analyse génétique des scènes fixées dans tenburg ; l’entretien sur le Mal entre un scène » à l’exposé – autant de principes de
Le Miroir des limbes. Il en vient alors à chef de maquis et un prêtre est redistribué, composition cinématographique et litté-
formuler plusieurs hypothèses éclairantes la remontée de la colonne Das Reich, « le raire qu’il explicite dans Esquisse pour une
sur le laboratoire d’écriture de Malraux et convoi du sucre » et « les femmes noires psychologie du cinéma. L’analyse de
prévient toutes les dérives polémiques en de Corrèze  », tous développés dans J.-L. Jeannelle ressemble à la mise au jour
rappelant d’emblée que « Non » est un « Non », sont préservés – avec des renvois d’un site archéologique syncrétique et
projet de fiction, non pas un témoignage au Temps du mépris et aux Noyers – et incite à relire toute l’œuvre. Tandis que le
du type Alias Caracalla de Daniel Cordier, constamment admonestés par l’injonction colonel aux sonnets ou le délire de Camaret
et que, en tant que projet, il ne saurait se «  Attention aux Antimémoires  ». renvoient aux romans farfelus, les scènes
soustraire aux imperfections stylistiques J.-L. Jeannelle rappelle que, symétrique- de combat et les rencontres des résistants
ou structurelles. Olivier Todd ne semble ment, les Antimémoires occultent certaines retrouvent les schèmes-signatures des
pas l’avoir compris, car sa biographie de scènes cruciales de la Résistance, comme romans de guerres (insectes cheminant sur
2001, qui avait pourtant l’heur de révéler si Malraux les conservait pour ses projets les armes  ; fenêtres découpées par la
l’existence de « Non », s’est figée en pro- romanesques. Jusqu’en 1973, le fictionnel lumière dans la nuit inquiète ou entretiens
cès à charge, confondant qui plus est l’au- et le mémorial se confrontent, argumentent esthétiques et métaphysiques sur fond de
teur et ses personnages. Ces précautions et s’élaborent ; c’est de cette dialectique tirs d’obus). Tous ces effets d’endogenèse
liminaires et ces analyses scrupuleuses des que naît Le Miroir des limbes, véritable – remplois et récupération, suppressions et
dossiers, des œuvres de Malraux et des Aufhebung de la création malrucienne. expansions – rappellent Le Miroir des
témoignages de résistants mènent La lutte avec l’ange mémorial limbes, qui fait dialoguer les souvenirs de
J.-L. Jeannelle à inscrire ce roman in pro- témoigne à la fois de la persistance chez Malraux avec ses discours et les scènes de
gress dans la lignée des romans publiés, l’écrivain du désir d’écrire un roman et des ses romans, quand ce n’est pas avec leur
des discours et oraisons, du Miroir des modalités créatives d’un Malraux perclus farfelu emblématique : Clappique.
limbes, mais aussi des essais et notamment d’obligations ministérielles et commémo-
de L’Homme précaire et la littérature, où ratives, mais ravaudant les multiples Il semble bien alors que ce soit encore
Malraux s’attarde souvent sur les domaines de l’art – romans, antimémoires, la mort qui « transforme la vie en destin7 ».
brouillons des grands romanciers. essais sur l’art et la littérature – avec le fil Ce sont la convulsion et l’hospitalisation
L’exergue du premier chapitre de thématique de l’anti-destin. Car il s’agit de 1972 qui précipitent le transfert des
Résistance du roman privilégie d’ailleurs toujours de « tenter de donner conscience cendres8 de « Non » dans l’œuvre antimé-
une remarque de Malraux sur «  les aux hommes de la grandeur qu’ils ignorent
épreuves de Balzac […] plus instructives en eux6 » – d’autant plus quand, dans les 6.  Formule de la préface au Temps du mépris,
qu’aucun exposé ». années soixante-dix, sous l’effet de ce seule rescapée de l’entreprise de dénigrement du
roman.
On comprend alors la polysémie du qu’Henri Rousso a nommé le « retour du
7.  Formule de L’Espoir.
titre  : c’est un projet de roman sur la refoulé » (celui des camps d’extermination 8.  Plusieurs images de l’oraison funèbre de
Résistance ; mais le roman résiste à toute et de la collaboration), on se met à dénon- Jean Moulin sont développées en scènes dans
interprétation et il résiste même à son oubli cer l’hagiographie résistancialiste au point les feuillets de « Non ».

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moriale ; c’est la réflexion sur la mort qui riche dossier génétique et des explications de la philologie classique pour compléter
supprime les souvenirs au profit de déve- méticuleuses. Joliment illustrée, cette édi- son étude des outils de la critique génétique :
loppements philosophiques ; c’est enfin la tion de Paisajes después de la batalla est on constate ainsi les apports de la constitu-
mort de Malraux, en 1976, qui fixe défini- une véritable réussite parce qu’elle consti- tion patiente du dossier génétique de
tivement l’abandon de «  Non  ». Mais tue un travail de référence pour qui veut Paisajes después de la batalla qui éclaire
J.-L. Jeannelle avance la thèse bien plus comprendre l’écriture de cet illustre auteur admirablement la lecture du roman en expli-
dynamique d’une continuité et d’une poro- du xxe siècle ; en effet, les mécanismes citant le processus scripturaire dans sa dia-
sité de tous les registres : la fiction enrichit sont analysés preuves à l’appui, grâce à chronie et dans son rapport, synchronique,
le mémorial parce que c’est une « modéli- des témoins génétiques qui se déploient à l’ensemble de la production de
sation de tous les possibles éthiques, esthé- sous les yeux du lecteur. On imagine bien Goytisolo. Pour elle, cette édition peut être
tiques et idéologiques9 » malruciens. qu’une telle édition a dû compter sur le vue comme un modèle pour éditer le dossier
S’il conclut en posant « Non » comme soutien et la confiance indéfectibles des génétique d’une œuvre, car si la réponse est
«  signe vers un désir d’œuvre 10   », Ediciones de la Universidad, comme le « partielle » (p. 174), elle peut être suivie et
J.-L. Jeannelle en tire une notion qui s’ap- signale l’éditrice dans les prolégomènes développée13.
plique à la totalité de l’œuvre malrucienne, qui ouvrent l’introduction  : l’ouvrage
celle de « mise en crise », avec toute la résulte d’un véritable travail d’équipe avec La sixième édition de Paisajes
dynamique créatrice, les contradictions et la maison d’édition. Il s’agit d’une édition después de la batalla
les contrepoints qu’elle implique, passant soignée, claire et fonctionnelle, accompa-
ainsi d’une interrogation sur le « statut gnée de planches qui reproduisent les Les quatre cent quarante-deux pages
opéral » de « Non » à une mise en scène manuscrits et de montages efficaces qui qui constituent cette édition de Paisajes
opératique de l’œuvre entière. permettent de déplier les transcriptions después de la batalla sont structurées en
pour les comparer et de visualiser les dif- deux parties bien différenciées ; la pre-
férents états génétiques. Cette édition me mière comprend l’introduction à l’édition
semble ouvrir une porte vers une rénova- et s’appuie sur une importante analyse
Juan Goytisolo, Paisajes después de la tion – sans doute un prototype – du modèle
b a t a l l a , é d .   B é n é d i c t e Va u t h i e r, éditorial d’éditions critiques et génétiques 9.  Résistance du roman, op. cit., p. 306.
Salamanca, Ediciones de la Universidad des manuscrits des écrivains12. 10.  Ibid., p. 312.
de Salamanca, coll.  «  Acta 11.  L’œuvre a été traduite en français en 1985
Salmanticensia, Estudios filológicos, et éditée chez Fayard.
no 334 », 2012, 442 p. Comment réaliser une édition 12.  Cette question est au cœur de la réflexion
critique et génétique ? menée par le collectif de recherche du sémi-
Compte rendu par Fatiha Idmhand naire «  Manuscrits hispaniques xix e -
Il faut donc féliciter l’inquiétude scien- xxie siècles », constitué depuis 2009 à l’ITEM
C’est une très belle réédition du roman tifique qui a conduit Vauthier à éviter pour diffuser les méthodes et procédés de la
Paysages après la bataille 11 , de Juan l’écueil des éditions philologiques tradition- critique génétique au sein de l’hispanisme.
Goytisolo, que propose Bénédicte Vauthier nelles à l’apparat critique très lourd : pour Depuis 2010, ce séminaire international a ac-
cueilli les plus grands spécialistes d’archives et
dans l’ouvrage récemment publié à cette sixième édition de Paisajes después de manuscrits d’Espagne et d’Amérique latine.
Salamanque. Cette œuvre, qui fut éditée la batalla, elle propose quelques notes nour- Les résultats de ces rencontres ont été, en
pour la première fois en 1982, rééditée ries des informations issues de la comparai- partie, consignés dans deux publications diri-
quatre autres fois entre 1985 et 2006, est son rigoureuse des cinq éditions antérieures, gées par Bénédicte Vauthier : Crítica genética y
proposée pour la sixième fois au lecteur un descriptif qui permet de localiser les frag- edición de manuscritos hispánicos contemporá-
dans une édition éclairée par la lecture des ments dans les brouillons et surtout, une neos, Ediciones Universidad, Salamanca, 2012
et Archivos y manuscritos hispánicos. De la crí-
manuscrits. L’importante introduction per- importante introduction critique et géné- tica textual a la « critique génétique », Versants,
met de mieux cerner les enjeux de ce tique. C’est ce projet éditorial qui a mis Revista suiza de literaturas románicas, n° 59:3,
roman complexe et fragmentaire, Vauthier Vauthier, en 2007, sur la voie des manuscrits 2012.
y décrypte, à l’aune des brouillons, docu- déposés par Juan Goytisolo à Almería. 13.  Pour elle, cette édition représente la « cime
ments et manuscrits de travail de l’écri- L’examen scrupuleux de ces huit cents de l’iceberg » (p. 174) : l’important travail gé-
vain, la genèse d’un texte complexe. Elle feuillets, leur transcription consciencieuse nétique a sans aucun doute un avenir hors de la
« galaxie Gutenberg », dans les possibilités
parcourt le processus de l’écriture en et la recherche d’une méthodologie pour les
qu’ouvre le numérique. Vauthier travaille sur
dévoilant les secrets de ses principales analyser l’ont ensuite conduite vers l’Institut une possible édition numérique des brouillons
opérations (suppressions, substitutions, des textes et manuscrits modernes (ITEM, et du dossier génétique de Paisajes después de
déplacements, ajouts…), soutenue par un CNRS-ENS). Vauthier s’est alors éloignée la batalla (voir la note 7, p. 104).

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