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Hebdomadaire international

FINANCE

EN SELLE
L’AFRIQUE
ISLAMIQUE
Parce que l’information a de la valeur
N° 311 - 19 au 25 février 2015
ALIKO DANGOTE SE LANCE DANS LA PRODUCTION DU RIZ

DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : ABDERRAZZAK SITAIL

SOMMAIRE

LES AFRIQUES Parce que l’information a de la valeur

N° 311 - 19 au 25 février 2015

EDITORIAL Afrique Idrissa Nassa,

L’incroyable Poutine, que veut-il ? 04
BAROMÈTRE à la tête du Club des
Le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad dirigeants de banques
Javad Zarif, a déclaré qu'il semble grandement possible
d'arriver à un accord sur le sujet du nucléaire iranien 06 Les Journées annuelles du Club des
BRUITS DE MARCHÉ Dirigeants de Banques et
Gabon : Un parti d’opposition de nouveau autorisé 08 établissements de crédit d’Afrique,
VERBATIM 12 achevées à Kinshasa, ont débouché
ARRÊT SUR IMAGE
sur l'élection à la présidence du
Après une disette de 23 ans, la Côte d’Ivoire vient de Burkinabé Idrissa Nassa. Un signal
remporter la 30ème Coupe d’Afrique des Nations 2015 14 fort qui met sur orbite la banque
BANQUES & ASSURANCES africaine de demain. 19
BURKINA FASO Du bon cru pour Ecobank Burkina 16
GABON
Patricia Danielle Manon quitte le groupe BGFI Bank 17 Côte d'Ivoire L’Etat
CAMEROUN
Prochaine sortie sur le marché des capitaux 18 cherche à lever 1 Mrd de $
AFRIQUE Idrissa Nassa, à la tête du Club des dirigeants sur le marché international
de banques 19
ACTIVA ASSURANCES Expansion en Afrique de l’Ouest 20 Abidjan se prépare à émettre un
FRANCE Lancement d’un projet de Banque Export 21 eurobond mi-février prochain.
TUNISIE Amen Bank prévoit une croissance de 10,62% L'Etat a pris toutes les dispositions
de sa marge d'intérêts 22
pour entamer le road-show sur les
BOURSES & FONDS
CÔTE D'IVOIRE L’Etat cherche à lever 1 Mrd de $ sur le places financières internationales.
marché international 23 La première opération émise en
GUINÉE-BISSAU Conférence des donateurs à Bruxelles 24 2014 a été une belle moisson. 23
ENTREPRISES & MARCHÉS
NIGÉRIA
Aliko Dangote se lance dans la production du riz 26
INTERVIEW IMAD BOUSAID «Pour les infrastructures, Nigéria
nous avons Orange à nos côtés» 27 Aliko Dangote se lance
MAURITANIE dans la production du riz
Rachat de Mattel, France Télécom fixe l'ultimatum 28
AFRIQUE Tigo brasse plus de 1 milliard de $ de revenus 29 Le magnat de l’économie nigériane
RDC Pullman ouvre le Kinshasa Grand Hôtel 30 annonce un vaste programme
POLITIQUE ECONOMIQUE AFRICAINE d’investissement dans le secteur
MALI agricole, notamment la production
Alger sort le grand jeu dans le dialogue inter-malien 31
du riz, pour résorber l’énorme déficit
CAMEROUN 30 milliards de f CFA pour le retour de la
paix en Centrafrique 32 qu’accuse son pays.
FRANCE-MAROC Visite du Roi Mohammed VI à Paris 33 26
ARRÊT SUR IMAGE Sommet des ministres
des Finances du G20 à Istanbul 34
Finance islamique
DOSSIER
Finance islamique L’Afrique en selle 36
L’Afrique en selle
La finance islamique a de beaux
FOCUS Vers où nous mène le «roi» pétrole ? 52
jours devant elle. En témoignent les
ZOOM
Lampedusa L’horreur perdure 60
chiffres de cette nouvelle branche
LE COIN DE L’EXPERT Le véritable nationalisme des qui enregistre pas moins de 18 à
Algériens se mesurera par leur contribution à la valeur 30% de croissance par an. Ses actifs
ajoutée nationale, hors rente 68 financiers ont doublé en 5 ans, pour
RELATIONS INTERNATIONALES atteindre 1 800 milliards de $ en
Ukraine Accord de Paix au Sommet de Minsk 70 2013, alors qu’ils n’étaient que de
Le pilote jordanien brûlé vif par Daech, un crime 800 milliards de dollars en 2010.
barbare 72 L’Afrique compte en profiter. 36-51
PIED DE LETTRE Et SwissLeaks révéla l’évasion ! 74

19 février 2015 Les Afriques .3

ÉDITORIAL

Abderrazzak Sitaïl,
Directeur de Publication

L’incroyable Poutine,
que veut-il ?

N
ous avions posé dans la Une de
notre magazine numéro 279 la
question de savoir «Qui arrêtera
Poutine ?». La semaine dernière, le
monde avait applaudi les
discussions qui avaient abouti à un
accord de paix, après 16 heures de négociations dossiers de la Géorgie, de la Tchétchénie ou de la
marathon entre la chancelière allemande Angela Crimée. Tout cela ressemble à une véritable
Merkel, le président français Hollande, le stratégie de la part de Poutine qui est
président ukrainien Petro Porochenko et Vladimir ouvertement en train de recréer la «Grande
Poutine. Force est de constater que les différentes Russie», au nez et à la barbe de l’Occident. Je n’irai
déclarations à l’issue de cette rencontre ne sont pas jusqu’à comparer cette situation à celle de la
pas en phase. Tout le monde a accueilli cet accord Seconde Guerre mondiale, même s’il apparaît
comme une lueur d’espoir, mais clairement que ces deux situations ont démarré de
malheureusement, moi je reste sceptique. la même manière.
D’ailleurs, les Américains ne s’y sont pas trompés, Je reste sceptique et je ferai certainement sourire
car ils n’étaient pas présents autour de la table des beaucoup de lecteurs. Mais ne vaut-il pas mieux
négociations. Bien au contraire, ils ont soufflé le parler de l’hypothèse la plus grave afin d’inciter
chaud et le froid en annonçant tantôt qu’ils l’Europe à revenir à des négociations plus fermes?
allaient livrer des armes tantôt non, selon les D’ailleurs, la prudence des Etats-Unis n’est qu’une
interventions de John Kerry ou du président stratégie pour donner la chance à un accord de
Obama. paix entre l’Europe et la Russie, et ensuite se
Avec les Russes, la prudence doit être de mise. positionner en adversaire intraitable si nécessaire,
N’oublions pas ce qui s’était passé dans les le moment venu.

LES AFRIQUES Parce que l’information a de la valeur

Rédaction
Olivier Tovor, Lomé, Sanae Taleb, Casablanca, François
Bambou, Yaoundé, Mohamed Masmoudi, Casablanca,
Carlos Laye, Bordeaux, Abdel Malik (AEM), Dakar, Moha-
Responsable e-Marketing
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Responsable Communication et Marketing

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Mohamedou Ndiaye, Dakar Impression
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Chroniqueurs Dépôt légal : novembre 2010
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Commission paritaire : 1017 C 89135
daouda.mbaye@lesafriques.com Philippe Bourgeois, Paris. Matières premières et coton. Edition Maroc
B.O.N°5618-26 rabii 1429 (3-4-2008)
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Rédacteur en chef : Achille Mbog Pibasso, CEMAC. Libasse Ka Crédit photos AFP, DR
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L’ACTUALITÉ AFRICAINE ET INTERNATIONALE SUR : LESAFRIQUES.COM /LESAFRIQUES @LESAFRIQUES_COM

4 Les Afriques . 19 février 2015

BAROMÈTRE

Chiffres
36 119
MILLIARDS DE
Copa Barry DOLLARS Goodluck Jonathan
Copa Barry a offert à la Côte d’Ivoire la vic- Suite à une demande officielle, la Commission
toire, arrêtant le tir du gardien ghanéen Brai-
Montant record des fonds électorale au Nigéria a annoncé que les élec-
mah, avant de marquer le sien. Il s’agit d’un de pension mondiaux tions présidentielles et parlementaires, prévues
destin incroyable pour ce gardien de 35 ans, (cabinet Towers Watson) le 14 février, se tiendront le 28 mars. Le report
toujours critiqué auparavant en Côte d’Ivoire, du vote «semble destiné à tronquer le proces-
qui ne devait pas jouer la finale avec les Elé- sus démocratique au Nigéria», a dénoncé un
phants le 8 février en Guinée équatoriale. groupe d’associations nigériennes. Les raisons
de ce report sont liées aux difficultés logis-
tiques et craintes sécuritaires des attaques de
21 Boko Haram que le régime n’a pas réussi à
éradiquer.
MILLIARDS
D’EUROS
Coût des sanctions contre
la Russie
Mohammad Javad Zarif
Le ministre iranien des Affaires étrangères, Mo-
hammad Javad Zarif, a déclaré qu'il semble
grandement possible d'arriver à un accord sur
EN FORME

le sujet du nucléaire iranien et qu'il n'y avait Joseph Kabila

pas besoin de prolonger les pourparlers entre
10,75 On ne peut que s’étonner de la rapidité avec

son pays et le groupe P5+1. Le ministre iranien
a indiqué que son pays veut montrer au monde
que son plan nucléaire est uniquement paci-
fique, et a souligné que les négociations et le
respect représentaient le seul moyen de parve-
nir à un accord sur ce sujet.
EN PANNE
laquelle le président de la République démo-
MILLIARDS DE cratique du Congo, Joseph Kabila, a promul-
DOLLARS gué une loi sans consulter la Cour
Emission d’un emprunt constitutionnelle. Le chef de l’Etat, en ayant
obligataire Microsoft promulgué dans un temps record et en toute
discrétion ladite loi électorale, a voulu décris-
per la situation déjà très tendue dans le pays
au point de susciter l’inquiétude de la com-
munauté internationale.

2,8
MILLIARDS DE
DOLLARS
Thierry Tanoh
La justice togolaise a elle aussi donné raison à OPA de Canon sur le
Thierry Tanoh. Le groupe Ecobank est suédois Axis
condamné à verser 8,7 millions d’euros (5,7 Denis Sassou Nguesso
milliards f CFA) à son ex-directeur général Le président du Congo, Sassou Nguesso, et sa
pour licenciement abusif. Cette décision de famille sont visés depuis 2009 par une enquête
justice intervient moins d’un mois après celle sur leur patrimoine français. Elle a été déclen-
du Tribunal d’Abidjan qui avait condamné
conjointement le groupe bancaire et Daniel
Matjila, CEO du fonds de pension sud-afri-
1 chée par une plainte de l’association Transpa-
rency International qui le soupçonnait
«d’avoir détourné, à son profit et au profit de
MILLIARD DE
cain Public Investment Corporation, à verser sa famille et de son clan, une partie substan-
11 millions d’euros à Tanoh pour l’avoir dif-
DOLLARS tielle de la rente pétrolière» du pays d’Afrique
famé dans un courrier reproduit par le Fi- Amende Qualcomm centrale. Récemment, une quinzaine de véhi-
nancial Times. en Chine cules de luxe ont été saisis à Neuilly-sur-Seine.

6 Les Afriques . 19 février 2015

Le soja et le colza en baisse Agenda
Dans un marché, marqué par le début des récoltes Congo : Le 5ème Forum internatio-
au Brésil (second producteur mondial) et des in-
vestisseurs attentifs aux estimations des stocks
nal sur le green business
Le 5ème Forum international sur le green
mondiaux, le cours du soja s’est inscrit en baisse.
business se tiendra du 20 au 30 mai pro-
Sur Euronext, en début de semaine dernière, la
chain à Pointe-Noire, au Congo. Cette nou-
tonne de colza s’échangeait sur l'échéance de mai
velle édition discutera les défis de
à 356,25 euros, perdant 1,25 euro et 50 centimes
l’économie verte en Afrique centrale. Le
sur celle d'août à 348,25 euros.
forum sera animé par plus de 30 interve-
nants venus du monde entier.
Pétrole brut : vers un redressement des cours ?
Alors que sur le marché ICE, le cours du pétrole brut s’inscrivait Maroc : Casablanca abrite le 1er
en baisse, en début de semaine dernière (Brent à 57,37 $ cédant Salon de l’entreprise en Afrique
0,83% par rapport à la séance du 9 février, et le WTI à 51,07 $ re- Hubafrica, le premier Salon des entrepre-
culant de 2,63%), l’Agence internationale de l’énergie tablait sur neurs et de l’entreprise en Afrique, sera
un redressement du cours dans les prochaines années. Ainsi, après organisé à Casablanca, les 2 et 3 avril. Il
une dégringolade spectaculaire, les prix de l'or noir vont se redres-
s’agit d’un rendez-vous des dirigeants et
ser. Toutefois, les analystes de l’AIE assurent qu’il ne faudra pas
des chefs d’entreprise avec plus de 60
s’attendre à ce qu’il atteigne de nouveaux sommets. Ils croient que
rencontres B to B et des conférences.
désormais le marché va miser sur une baisse de production à
moyen terme, résultat des coupes opérées par les compagnies pé-
trolières dans les investissements pour faire face à la faiblesse des Tunisie : Le Forum social
prix qui rognent la rentabilité des projets. mondial 2015

Première centrale électrique nucléaire

russe en Egypte
Le projet de construction d'une centrale électrique nucléaire à
Dabaa, dans le nord de l'Egypte, envisagé au début des années
80, sous le régime de Moubarak, et qui avait été mis en stand
après la catastrophe de Tchernobyl en 1986, est remis en selle.
Au cours de la récente visite du président russe Vladimir Poutine
en Egypte, Le Caire et Moscou ont signé un accord pour
construire la première centrale nucléaire de ce type en Egypte,
au même endroit.
La Tunisie va recevoir l’édition 2015 du
Cours des monnaies et devises Forum social mondial. La décision du
Conseil international d’organiser l’édition
100 dinars Algérie (DZD) = 1,078 $ 100 nairas Nigéria (NGN) = 0,518 $ 2015 à nouveau en Tunisie a été prise lors
100 rands Af. du Sud (ZAR) = 8,681 $ 100 shillings Somalie (SOS) = 0,135 $ de la réunion de Casablanca en novembre
100 kwanzas Angola (AOA) = 0,969 $ 100 leones S. Leone (SLL) = 0,0238 $ dernier. Elle répond à une demande formu-
100 livres Egypte (EGP) = 13,402 $ 100 dinars Tunisie (TND) = 51, 588 $ lée par les mouvements sociaux régionaux
100 birrs Ethiopie (ETB) = 4,885 $ 100 shillings Tanzanie (TZS) = 0,053 $ et internationaux.
100 cedis Ghana (GHS) = 30,047 $ 100 shillings Ougan (UGX) = 0,034 $
100 shillings Kenya (KES) = 1,071 $ 100 francs Zone CFA = 0,171 $
100 dollars Libéria (LRD) = 1,086 $
Abidjan : Le Sara de retour
100 dirhams Maroc (MAD) = 10,407 $ en avril 2015
100 Ariarys Madag (MGA) = 0,0346 $ Le Salon international de l'agriculture et des
100 ouguiyas Maurit (MRO) = 0,337 $ ressources animales d'Abidjan (Sara) se tien-
100 roupies Maurice (MUR) = 2,928 $ dra du 3 au 12 avril autour du thème «Promo-
100 kwachas Malawi (MWK) = 0,213 $ tion de l'investissement agricole». Le Sara
100 kwachas Zambie (ZMK) = 0,018 $ 2015 attirera 600 à 800 exposants et près de
100 dinars Libye (LYD) = 74,821 $ 500 000 visiteurs avec un budget institution-
100 dollars Namibie (NAD) = 8,681 $ nel estimé à 500 millions de f CFA.

19 février 2015 Les Afriques .7

BRUITS DE MARCHÉ

Brésil : Le parti au pouvoir impliqué dans

une affaire de corruption
Le système de corruption organisé autour de Petrobras,
le géant pétrolier brésilien, a permis de détourner 431
millions de dollars des contrats les plus importants si-
gnés au profit du parti au pouvoir PT et des dirigeants
du groupe. Selon la presse brésilienne, environ 1,3% des
89 plus importants contrats signés par le groupe entre
mai 2004 et février 2011 ont été perçus sous forme de
pots-de-vin. Ces contrats représentent près de 35 mil-
liards de dollars aux taux de changes actuels, desquels
431 millions ont été détournés. Le bénéficiaire le plus
important aurait été le Parti des Travailleurs au pouvoir,
avec 164 millions de dollars.

Gabon : Un parti d’opposition de Rwanda : Une croissance moyenne

nouveau autorisé
Le principal parti d’opposition gabonais l’Union natio-
nale (UN), dissous en 2011, a été à nouveau autorisé,
un geste d’apaisement du pouvoir dans un climat
tendu marqué par des heurts récents entre manifes-
tants et forces de l’ordre, à un an de la présidentielle
2016. «Le parti politique Union nationale est réhabilité
et autorisé à exercer ses activités sur l’ensemble du
territoire national», a déclaré le ministre de l’Intérieur
Guy-Bertrand Mapangou dans un communiqué. L’UN
avait été dissous en 2011 après l’autoproclamation
comme président de la République en janvier de son
chef André Mba Obame dit «AMO», ancien baron du ré-
gime qui contestait l’élection en 2009 d’Ali Bongo On-
dimba, fils d’Omar Bongo Ondimba, décédé après 42
ans au pouvoir.
André Mba Obame, leader du parti UN Gabon
8 Les Afriques . 19 février 2015
du secteur des TIC
Un rapport de 2014 sur le secteur rwandais des TIC montre
que le nombre d'utilisateurs de services financiers sur des
appareils portables a doublé depuis 2012, jusqu'à attein-
dre 2,5 millions. Dans le secteur agricole, plus de 11 000
agriculteurs communiquent sur la plateforme «e-soko»
pour renseigner le prix de leurs produits. Les PME du sec-
teur des technologies de l'information et de la communica-
tion (TIC) au Rwanda ne sont pas suffisamment fortes
financièrement pour concurrencer les grandes entreprises
dans le secteur du e-commerce.
MGI : L’endettement mondial explose
et menace la croissance
L’endettement augmente très rapidement dans le monde de-
puis la crise financière de 2008, notamment en Chine où il a
quadruplé, faisant planer une nouvelle menace sur la crois-
sance planétaire, selon une récente étude publiée. «Plutôt
que de réduire leur dette, toutes les principales économies
empruntent aujourd’hui davantage par rapport à leur PIB
qu’en 2007», d’après les économistes du McKinsey Global
Institute (MGI), qui estiment que «cela amène de nouveaux
risques pour la stabilité financière et pourrait saper la crois-
sance mondiale». En volume, l’endettement de tous les ac-
teurs économiques a progressé de 57 000 milliards de dollars
entre 2007 et 2014 pour frôler les 200 000 milliards de dol-
lars. Les dettes pesaient l’an dernier 286% du PIB mondial,
contre 269% en 2007.
Ethiopie : Essais
officiels du tramway
d'Addis-Abeba
Les essais du tramway d'Addis-Abeba
ont débuté en présence des responsa-
bles et des résidents locaux sur une dis-
tance de 9km entre Kality et Meskel
Square. Le tramway d'Addis-Abeba est
l'un des grands projets de développe-
ment de l'Ethiopie dans le cadre du plan
quinquennal de croissance et de trans-
formation du pays. Ce tramway élec-
trique de 34km
est construit
par le groupe
China Railway
Group Limited
(CREC).
Burkina Faso : Manifestation
contre la vie chère
Plusieurs centaines de personnes se sont
réunies à Ouagadougou, récemment, de-
vant le ministère en charge du Commerce
du Burkina Faso, pour exiger du gouver-
nement de la transition une baisse «si-
gnificative» des prix des hydrocarbures.
Face aux multiples interpellations des
syndicats, le gouvernement de transition
avait procédé à une réduction de 25 f
CFA sur le litre du carburant jugée «déri-
soire» par les consommateurs. Pour les
syndicats, le coût du baril ayant baissé
sur le plan mondial, le prix du litre du
super pouvait passer de 750 f CFA à 467,
soit une réduction de 282,67 f CFA et
celui du gasoil de 656 f CFA à 408,75 f
CFA, soit une réduction de 247,25 f CFA.
Cameroun : Les dépenses publiques en hausse
de 22% en 2014
L’'insécurité due aux attaques de Boko Haram
dans la région de l'Extrême-Nord du Cameroun
et des mesures de prévention contre la maladie
d'Ebola, les dépenses publiques du Cameroun
ont enregistré une hausse de 21,9% en 2013 à
22,7% en 2014, rapporte une étude de la Banque
mondiale. En dépit de la morosité persistante de Yaoundé
l'économie mondiale accentuée par la baisse des
cours du pétrole, les 5,3% de taux de croissance du produit intérieur brut
(PIB) camerounais en 2014 sont le signe d'un résultat «appréciable même
s'il y a certains pays qui croissent plus vite que le Cameroun», selon la
Banque mondiale pour l'Afrique centrale. D'après les chiffres annoncés par
le ministre des Finances, Alamine Ousmane Mey, le pays a clôturé l'année
par une collecte de recettes douanières de 700,8 milliards de francs CFA, en-
viron 1,4 milliard de dollars, largement au-dessus des 636 milliards de
francs, environ 1,2 milliard de dollars, d'objectif fixé en début d'exercice.
Botswana : La croissance du PIB
attendue à 4,9 % en 2015
Le gouvernement du Botswana a annoncé
que la dynamique de l'économie nationale
resterait positive en 2015 et que le PIB réel
du pays devrait afficher une croissance de
4,9, soit un peu moins que les 5,2% annon-
cés par les estimations précédentes remon-
tant à l'année dernière. Cette croissance est
principalement attribuable aux secteurs
non miniers comme le commerce, l'hôtelle-
rie et la restauration, les services financiers
et bancaires, les services sociaux et ser-
vices à la personne. L'augmentation de l'ac-
tivité de taille et de polissage de diamants, Les EAU approuvent
l'établissement de l'usine sidérurgique et le stationnement de F-16
du site de transformation agroalimentaire en Jordanie
et d'horticulture à Selebi-Phikwe, ainsi que Les Emirats arabes unis (EAU) ont
l'extension des services postaux et ban- approuvé le stationnement d'un es-
caires dans les régions rurales, devraient cadron de F-16 de leur armée de l'air
contribuer à la croissance des secteurs non en Jordanie pour soutenir ce pays
miniers à l'avenir. Ces secteurs devraient dans les frappes contre le groupe
contribuer à la croissance et à la diversifica- armé extrémiste Etat islamique (EI).
tion économique de la Botswana. L'ordre portant sur ce stationnement
a été donné par le prince héritier
d'Abou Dhabi, Cheikh Mohamed Ben
Zayed Al-Nahyane. La mesure a réaf-
firmé la «solidarité inébranlable et
constante» des EAU avec la Jordanie
et son rôle de premier plan et ses im-
menses sacrifices pour la sécurité et
la stabilité de la région incarnés par
Gaborone, capitale du Botswana
le pilote Maaz Al-Kassasbeh.
19 février 2015 Les Afriques .9
BRUITS DE MARCHÉ

Afrique du Sud : L’ANC veut accélérer

la redistribution des terres
Le parti sud-africain African National Congress (ANC) a ap-
pelé le gouvernement à accélérer le rythme de la redistribu-
tion des terres. «L'ANC s'est engagé à ce que les terres
reviennent à notre peuple et le gouvernement doit agir assez ra-
pidement pour mettre la législation en place à cet effet», a dé-
claré le secrétaire général de l'ANC, Gwede Mantashe. A la fin
de l'Apartheid en 1994, l'ANC avait promis de remettre 30%
de toutes les terres agricoles à la majorité noire d'ici à 2014.
Mais le gouvernement n'a pas réussi à atteindre cet objectif.
Mantashe a expliqué que le gouvernement devrait développer
le cadre politique 50/50, concernant les droits des personnes
travaillant et vivant sur les terres afin d'assurer que les terres
soient divisées entre les personnes qui y travaillent.

Huawei maintient sa croissance Maroc : La filiale de Vinci remporte

en 2014
Huawei a annoncé maintenir une bonne croissance en
2014. En 2014, le chiffre d’affaires devrait atteindre
entre 287 et 289 milliards de yuans chinois entre 39,3
milliards et 39,5 milliards d’euros, enregistrant ainsi
une hausse de près de 20% par rapport à 2013. Meng
Wanzhou, directrice financière de Huawei (CFO), a an-
noncé que les bénéfices des principales activités du
groupe devraient atteindre, en 2014, entre 33,9 mil-
liards et 34,3 milliards de yuans chinois, environ 4,6
milliards et 4,7 milliards d’euros, avec une marge de
12% s’alignant avec l’année 2013. Le cash-flow, prove-
nant des activités opérationnelles et des biens ou bien
du ratio des créances, est resté stable et soutenu. Cha-
cune des activités de Huawei a enregistré de fortes
performances en 2014.
10 Les Afriques . 19 février 2015
un appel d’offres en Tchèquie
La filiale marocaine du groupe
français VINCI, Sogea Maroc, a
remporté un appel d’offres en Ré-
publique tchèque. Par le biais de
ce contrat, la filiale marocaine as-
surera la construction de châteaux
d’eau en Tchéquie. L’entreprise
sera accompagnée d’autres filiales
du groupe Vinci, en l’occurrence
SMP CZ et Eurovia, pour une enve-
loppe de cinq millions d’euros.
Sénégal : Le FIDA investit plus de 248
milliards f CFA en 36 ans
Le Fonds international du développement agricole (FIDA) a
investi 428, 600,000 dollars, environ 248 milliards 521 millions
de f CFA, en 36 ans de coopération avec le Sénégal. «L’ouver-
ture du bureau du FIDA à Dakar, en 2009, a consolidé notre
partenariat avec le Sénégal. Un partenariat fécond qui résulte
d’excellents rapports avec le gouvernement sénégalais, les pro-
ducteurs et les acteurs du secteur privé», a déclaré son repré-
sentant, Luyaku Loko Nsimpasi. «Le bilan est positif. Les
analyses faites montrent que les projets et programmes ont
contribué de façon significative à la sécurité alimentaire, à
l’emploi des jeunes et des femmes, plus de 6 000 emplois créés,
et à l’amélioration de la résilience des populations rurales», a
fait savoir le représentant de la FIDA.
FMI : La croissance rapide des banques
panafricaines pourrait avoir des risques
Le Fonds monétaire international (FMI) a déclaré que l'expansion des
banques panafricaines avait soulevé des problèmes réglementaires sus-
ceptibles, si ces problèmes ne sont pas résolus, d’augmenter les risques de
propagation des crises. Dans son rapport, le FMI a déclaré que l'expan-
sion des activités bancaires transfrontalières en Afrique, ces dernières an-
nées, était bénéfique pour le développement du secteur financier mais
que leur supervision était limitée dans certaines pays. Un rapport du FMI
relève que les banques panafricaines ont une implantation systémique
dans quelque 36 pays et qu'elles sont désormais plus importantes que les
banques européennes et américaines établies de longue date sur ce conti-
nent. D'après ce rapport, les banques panafricaines (BPA) ont connu une
expansion rapide ces dernières années, et sept grandes BPA sont implan-
tées dans au moins dix pays d'Afrique. Trois d'entre elles ont leur siège au
Maroc, deux au Togo, une au Nigéria et une en Afrique du Sud.

Guinée-Bissau : La BAD annonce
un plan stratégique 2015-2019
La Banque africaine de développement
(BAD) a annoncé un plan stratégique de
cinq ans 2015-2019 en faveur de la Gui-
née-Bissau, basé «sur le renforcement de
la primauté du droit, la construction d'in-
frastructures de soutien à la population»,
indique un communiqué de la BAD. Le
plan, dont le financement n'a pas été chif-
fré, fait suite au retour de la Guinée-Bis-
sau à une vie constitutionnelle normale,
après le coup d'Etat du 12 avril 2012. La
BAD a fixé comme priorité «la revitalisa-
tion des partenariats, dans laquelle l'Etat
peut faire confiance pour renforcer une
plus grande participation des acteurs non
étatiques dans la vie du pays, ainsi que la
coordination efficace des opérations des
bailleurs de fonds et le dialogue sur les
politiques gouvernementales». Le taux de
croissance du PIB
de la Guinée-Bis-
sau a chuté de
5,3% en 2011 à
1,5% en 2012, a
indiqué la BAD,
qui a souligné que
les conditions de
vie de la popula-
tion en général se
sont également
détériorées.
La France a emprunté 6,84 mil-
liards d’euros à court terme
La France a emprunté au total 6,84 mil-
liards d'euros à court terme, à des taux
toujours négatifs mais quasiment stables,
a annoncé lundi l'Agence France Trésor
(AFT). Lors de cette émission, la France
entendait emprunter entre 5,8 et 7 mil-
liards d'euros. Dans le détail, le pays a
levé 3,492 milliards d'euros à échéance 3
mois (12 semaines) au taux de -0,108%
contre -0,103%, lors de la dernière opéra-
tion similaire le 2 février. Le Trésor a éga-
lement emprunté 1,355 milliard d'euros à
échéance 6 mois (21 semaines) au taux de
-0,111% contre -0,104% et 1,993 milliards
d'euros à un an (51 semaines) au taux de -
0,117% contre -0,111%. La France s'en-
dette depuis fin août 2014 à des taux
négatifs sur des échéances de court
terme, ce qui signifie que les investis-
seurs, qui cherchent à tout prix des place-
ments sûrs, perdent de l'argent en
prêtant à la France.
OCDE : Des réformes
structurelles pour booster
la croissance économique
L'Organisation pour la coopération écono-
mique et le développement (OCDE) a ap-
pelé les pays en voie de développement et
les pays développés à mettre en place un
programme de réformes structurelles pour
rétablir une croissance économique saine
alors que le monde doit faire face à un ra-
lentissement économique. «Des réformes
ambitieuses peuvent créer une forte crois-
sance», a déclaré l'OCDE dans son rapport
annuel intitulé «2015 : en route pour la
croissance». Le rapport a été publié à Is-
tanbul avant une réunion des ministres des
Finances du G20 et des gouverneurs de la
Banque centrale. Le rapport de l'OCDE a in-
diqué que, depuis 2013, le rythme des ré-
formes politiques a ralenti dans la plupart
des économies avancées. Les économies
émergentes ont, au contraire, accéléré le
rythme des réformes. Une faible demande,
une marge budgétaire limitée et un chô-
mage élevé sont considérés comme les
principaux défis que de nombreux gouver-
nements rencontrent.
Istanbul

19 février 2015 Les Afriques . 11

VERBATIM
Cohésion
«Ce qui est fantastique au-
jourd’hui, c’est que quiconque
pense s’attaquer à l’Etat ou
au modèle de société tuni-
siens, sait désormais qu’il se
heurtera à une défense impla-
cable : les institutions de l’Etat,
les forces sécuritaires et armées, la société civile et les
médias, tous unis dans une solide cohésion nationale»
Mehdi Jomâa, chef de gouvernement tunisien sortant.
Fantastique
«J’avais dit avant la demi-fi-
nale qu’il serait présent, et
on l’a vu: son but fantastique
n’est pas venu par hasard.
Ce genre de joueurs fantas-
tiques sont toujours prêts
pour les matches importants,
ils n’ont pas la pression. L’adrénaline de la compé-
tition les rend différents»
Hervé Renard, entraineur de Côte d’Ivoire.
Russophones
«La Crimée a choisi la Russie,
on ne peut pas le lui repro-
cher… Il faut trouver les
moyens d'une force d'interpo-
sition pour protéger les Rus-
sophones d'Ukraine»
Nicolas Sarkozy, ex-président
français.
Progrès
«Les progrès dont a besoin
l'Ukraine ne peuvent se réali-
ser par davantage d'armes»
Angela Merkel, chancelière
allemande.
Lutte
«Il faut qu'on arrive à lutter
contre ce dérèglement clima-
tique à la fois pour des raisons
environnementales, pour des
raisons de capacité de vivre
mais aussi pour des raisons de
santé et de sécurité»
Laurent Fabius, ministre français des Affaires étrangères.
12 Les Afriques . 19 février 2015
Confiants
«Le Ghana s’est engagé dans un pro-
gramme d’aide avec le FMI, et nous
sommes confiants que nous allons
parvenir à un accord à ce sujet à la
fin du trimestre en cours»
John Dramani Mahama, président
du Ghana.
Responsabilités
«Si dans l’avenir, comme ça a été le
cas en 2002, pour une élection locale
ou une élection nationale, j’ai à choi-
sir entre un candidat de l’UMP et un
candidat du Front national, je n’hé-
siterai jamais, pas une seconde…
Face à une formation qui tourne le
dos à ce qu’est profondément la France… Il faut prendre tou-
jours ses responsabilités»
Manuel Valls, Premier ministre français.
Alliés
«L'Europe est non seulement le foyer
de nos plus proches alliés. Elle est la
pierre angulaire de l'engagement des
Etats-Unis avec le reste du monde»
John Biden, vice-président américain.
Position
«La position défensive sur laquelle
étaient nos hommes depuis plus de
trois mois n'est pas une bonne posi-
tion… Avec l'appui de nos frères
tchadiens, nous pensons que nous al-
lons éradiquer la région de ce fléau
Boko Haram»
Karidjo Mahamadou, ministre nigérien de la Défense.
Austérité
«Le gouvernement n'a aucun droit
de demander une prolongation des
mémorandums et une prolongation
de l'austérité. Il n'a aucun droit de
demander une prolongation du pro-
gramme d'austérité qui a été récem-
ment rejeté par le peuple grec»
Alexis Tsipras, Premier ministre grec.
ARRÊT SUR IMAGE

Côte d’Ivoire
Le 9 février 2015. Après une disette de 23 ans, la Côte d’Ivoire
vient de remporter la 30ème Coupe d’Afrique des Nations 2015.
Les Eléphants sont accueillis triomphalement à Abidjan. Au
premier plan, le président ivoirien Alassane Ouattara (gauche)
et Yaya Touré, milieu de terrain et capitaine de l’équipe
ivoirienne, présentent le trophée aux populations en liesse.

14 Les Afriques . 19 février 2015

19 février 2015 Les Afriques . 15
BANQUES & ASSURANCES
BURKINA FASO
Du bon cru pour Ecobank Burkina
La filiale burkinabè d’Ecobank a amassé à la clôture de
ses comptes financiers certifiés fin 2014 un total bilan
de plus de 600 milliards de francs CFA. Une croissance
en hausse qui positionne l'institution comme leader sur
la place financière de Ouagadougou.
E
cobank Burkina blinde ses
coffres. Après avoir réalisé, fin
2013, un total bilan de l'ordre
de 528 milliards de f CFA, la filiale
burkinabè de la banque panafri-
caine poursuit sa montée en puis-
sance sur le marché bancaire de
Ouagadougou. En trois ans, Eco-
bank Burkina a pris de la voilure
avec plus de 167 milliards de f CFA
en termes de total bilan en hausse
graduelle.
Les états financiers certifiés font
ressortir que les dépôts sont en
hausse de 14%, le crédit distribué à
la clientèle s'établit à +9% avec un
bénéfice avant impôts atteignant
7%. Seul écueil, son résultat net fait
deux fois moins la taille de Coris
Bank International qui a réalisé
16 Les Afriques . 19 février 2015
une belle moisson avec 15 milliards
de f CFA, première banque «ru-
brique RN» sur la place financière
de Ouagadougou.
Cette performance est liée par le ré-
seau fidélisé de sa clientèle au nom-
bre de 250 000 clients et l'expansion
de ses agences passées à 40. Eco-
bank Burkina, qui compte passer à
la vitesse supérieure, affiche de sé-
rieuses ambitions pour 2015 via un
ambitieux projet d'ouverture de 25
guichets automatiques en s'alliant
avec des sociétés de lubrifiants. Une
première expérience qui, si elle
s'avère concluante, devrait permet-
tre de la dupliquer sur les marchés
où opèrent les filiales du groupe
bancaire panafricain.
Ismael Aidara, Ouagadougou
Les banques congo-
laises entendent ac-
croître leur concours
à l’économie
Deogratias Mutombo, gouverneur
de la Banque centrale du Congo
(BCC) et Michel Losembe, prési-
dent de l’Association congolaise
des banques (ACB), ont tour à tour
exprimé, vendredi 6 février, leurs
intentions d’accélérer leur soutien
à la croissance économique de la
République démocratique du
Congo (RDC). Pour le président de
l’ACB, les banques ont fait beau-
coup de progrès. De son avis, elles
doivent bénéficier du soutien du
gouvernement et de la BCC de
sorte que le partenariat public-
privé soit une réalité et que celles-
ci soient capables d’augmenter
leur investissement, le nombre de
leurs agents et améliorer la banca-
risation à travers le pays. Il a ajouté
que c’est à ce seul prix que le sec-
teur bancaire sera en mesure de
contribuer à la croissance écono-
mique de la RDC de manière pé-
renne. Quant au gouverneur de la
BCC, il a présenté un tableau com-
plet du cadre macroéconomique et
financier de la RDC, saluant la
croissance économique qui avoi-
sine un taux annuel de 9%.
Introduction
d’Equity Group
Holdings à la Bourse
Avec l’émission de 3 702 777 020 ac-
tions ordinaires, Equity Group en-
tame son introduction à la Bourse
du Rwanda (Rwanda Stock Ex-
change), au prix de 0,50 shilling ke-
nyan. A terme, Equity Group
En trois ans, Holdings va devenir la plus grande
Ecobank société cotée à la RSE, avec une ca-
pitalisation boursière de plus de 2
Burkina a pris milliards de $, soit 183 milliards de
de la voilure shillings kenyans. Le but de la cota-
avec plus de tion croisée est de faciliter la dispo-
nibilité des parts sur le marché plus
167 milliards large de l'Afrique orientale. Confir-
de f CFA. mation de James Mwangi, directeur
général d’Equity Group Holdings.
 Fondation
GABON Patricia Danielle Manon quitte BGFIBank promeut
le groupe BGFI Bank l'excellence chez
les ONG
A moins d'un mois avant la tenue du conseil d'adminis-
tration du groupe BGFI, Patricia Danielle Manon, qui
occupait depuis 2010 les fonctions de directrice
générale de la filiale gabonaise du groupe BGFI Bank, a
décidé de quitter le groupe. Sans explication.

S’inscrivant dans le cadre de la cé-

lébration de la Journée interna-
tionale de la solidarité humaine,
la Fondation BGFIBank a orga-
nisé, le 7 février à Libreville, une
Journée de formation sur l'entre-
preneuriat social, dispensée aux
différentes ONG locales. Rappe-
lons que cette Journée internatio-
nale a été proclamée par
l’Assemblée générale des Nations
unies, en 2005, pour rappeler
l’importance de la solidarité à
réaliser les objectifs internatio-
naux, afin d’éliminer la pauvreté
et de promouvoir le développe-
ment humain et social dans les
pays en développement. La Fon-
dation BGFIBank, qui apprécie à
sa juste valeur le rôle important
des ONG en tant que relais de
l'Etat dans le développement de

A
près vingt trois années de
bons et loyaux services au
sein du groupe BGFI Bank,
où elle occupa successivement d'émi-
nentes fonctions, Patricia Danielle
Manon, celle-là même que ses col-
lègues surnomment l'égérie du
groupe, quitte le navire.
Elle a dirigé la filiale du groupe au
Gabon avec engagement, rigueur et
dévouement. Elle a beaucoup contri-
bué, ergote-t-on dans les couloirs de
la filiale à Libreville, au renforcement
du premier conglomérat financier de
la zone Cemac. Pourquoi a-t-elle pris
l'option de jeter l'éponge subitement ?
Le groupe BGFI Bank qui n'a pas
donné de détails de son départ s'est
contenté de signaler ses regrets et ses
remerciements distingués à Patricia
Manon pour sa précieuse et longue
collaboration aux côtés des adminis-
trateurs du groupe.
Dans l'attente du prochain conseil
d’administration, prévu en mars
prochain, date à laquelle le rempla-
çant de l'ex-administrateur directeur
général sera désigné, c'est Marie-
Ange Ndougou, directeur général
adjoint de BGFI Bank Gabon, qui
assurea l’intérim.
Ismael Aidara, Libreville
Agence BGFI Bank l'économie et la lutte contre les
inégalités, a initié cette formation
pratique pour promouvoir l'ex-
cellence opérationnelle auprès
des acteurs de l'économie sociale.
L’objectif est aussi de renforcer
leurs capacités sur les théma-
tiques liées au modèle écono-
mique, au plan stratégique, aux
questions juridiques et fiscales,
entre autres. A l’issue de la for-
mation, la Fondation a pu identi-
fier et positionner un écosystème
d'ONG performantes et poten-
tiellement partenaires sur des
projets concrets ayant un impact.

19 février 2015 Les Afriques . 17

BANQUES & ASSURANCES
CAMEROUN
Prochaine sortie sur le marché des capitaux
La dépréciation des cours du pétrole a amené le gouvernement
camerounais à réorienter la politique économique du pays, à travers une
Ordonnance présidentielle qui revoit à la hausse le seuil d’endettement sur
le marché international.
L
e gouvernement camerounais
a annoncé qu’il recourait cette
année au marché des capitaux
dans la perspective de lever 900 mil-
liards de f CFA en vue de permettre
le financement des infrastructures,
en l’occurrence la matérialisation
du Programme d’urgence triennal
décidé en fin d’année dernière par le
président de la République, Paul
Biya. Au lieu des 320 milliards de f
CFA à mobiliser initialement en
2015 par le Trésor public, à travers
les émissions de titres publics sur le
marché des capitaux, ce sont finale-
ment 900 milliards de francs CFA
que le Cameroun tentera de lever
cette année, soit une rallonge de 580
milliards de f CFA. Un endettement
revu à la hausse au terme d’une or-
donnance du chef de l’Etat signée le
6 février dernier, précisant que les-
dits financements devraient être
mobilisés à travers des émissions
18 Les Afriques . 19 février 2015
d’obligations du Trésor, qui sont des
titres de créance de long terme.
Cette décision du gouvernement sur-
vient dans un contexte marqué par la
baisse des cours mondiaux du pétrole
brut, dont les recettes représentent
20% du budget de l’Etat camerounais
et 40% des exportations du pays. A
terme, le Cameroun pourrait enregis-
trer une perte sèche de 300 milliards
de f CFA, d’où ce réajustement afin de
poursuivre le programme de
construction des infrastructures, no-
tamment des projets structurants
dont la réalisation nécessite
d’énormes moyens financiers. Dans
ce cadre, l’acte présidentiel habilite le
ministre des Finances à signer des let-
tres de mandat autorisant cinq
banques nationales et internationales
à lever sur le marché des capitaux,
pour le compte du Cameroun, un
montant total de 893,5 milliards de f
CFA. En pole position, la Standard
Chartered Bank Cameroun et Société
Générale Paris favorables pour la mo-
bilisation de 750 milliards de f CFA
sur le marché des capitaux, tandis que
le second décret, lui, autorise le gou-
vernement à mandater BGFI Came-
roun, la Société Générale Cameroun
et Afriland First Bank Cameroun, à
lever 143,5 milliards de f CFA, tou-
jours pour le compte de l’Etat.
Notation «BB»
Des fonds qui serviront également au
refinancement de la Société nationale
de raffinage (Sonara), l’unique raffi-
nerie du pays en proie à des difficultés
financières à cause des manque à ga-
gner enregistrés du fait de la politique
de subvention des prix des produits
pétroliers à la pompe instituée par
l’Etat, ainsi que la lourde ardoise de
l’Etat vis-à-vis de cette entreprise. Or,
Yaoundé, capitale depuis quelques années, la Sonara a
du Cameroun engagé les travaux de modernisation
et d’agrandissement de sa raffinerie,
l’objectif étant de doter cette entre-
prise d’une usine capable de raffiner
toutes sortes de brut. Un gigantesque
programme d’investissement évalué à
650 milliards de f CFA. Il y a quelques
semaines, l’agence de notation amé-
ricaine Standard & Poors, qui a attri-
bué au Cameroun la note «BB», pour
les emprunts souverains de longue et
de courte maturité, prévoit que «la
Ce sont croissance du PIB réel du Cameroun se
finalement 900 situera aux alentours de 5,6 % ou 5,7
milliards de % par an entre 2014 et 2017, prévision
fondée notamment sur l’augmentation
francs CFA que de la production du pétrole» Du coup,
le Cameroun on comprend pourquoi la déprécia-
tentera de tion des cours peut constituer un obs-
tacle à la réalisation du programme
lever cette de développement du pays.
année. Achille Mbog Pibasso,
Yaoundé

AFRIQUE Idrissa Nassa, à la tête du Club
des dirigeants de banques
Les Journées annuelles du Club des Dirigeants de
Banques et établissements de crédit d’Afrique,
achevées à Kinshasa, ont débouché sur l'élection à la
présidence du Burkinabé Idrissa Nassa. Un signal fort
qui met sur orbite la banque africaine de demain.
A
Kinshasa, les professionnels
du secteur bancaire ont mis
les petits plats dans les
grands. Ce raout de haut niveau des
dirigeants de banques et établisse-
ments de crédit d’Afrique, qui
constitue un tournant majeur dans
le développement du métier de ban-
quier en Afrique, a été sanctionné
par l’adoption du rapport-synthèse
des travaux et la tenue de l’assemblée
générale du club. Ces professionnels
de banques ont procédé, au terme
des discussions au renouvellement
du Bureau et à l’approbation des
rapports d’activité et financier 2014.
Le Burkinabé Idrissa Nassa, PDG de la
panafricaine Coris Bank Internatio-
nal, en pleine expansion au sud du Sa-
hara, a été élu nouveau président du
Club. Réputé discret, rigoureux, grand
connaisseur du secteur, le président
Nassa qui veut sortir du bois compte
mettre en avant le concept de banque
africaine de demain, celle qui s'affirme
comme étant la voie royale de l'émer-
gence économique inclusive du conti-
nent africain. Un des défis majeurs de
son mandat réside dans la réalisation
d'une parfaite combinaison alliant fi-
nancement efficient et durable de
l'économie et soutien au développe-
ment des pays pour l’avenir.
A priori, la montée en puissance de
la classe moyenne africaine est un
argument de taille pour que les diri-
geants de ce secteur innovent en
proposant des services financiers
agressifs et accessibles, à cet impor-
tant segment de marché, une niche
à fort potentiel. A noter que Félici-
tée Singa Boyenga, administratrice
déléguée à la Fi Bank, a été mainte-
nue à la vice-présidence du Club des
dirigeants de banques et des établis-
sements de crédit d’Afrique. Jean-
Claude Masangu, ancien gouverneur
de la BCC, occupe toujours les fonc-
tions de membre honoraire du Club.
Ismael AIDARA, Kinshasa
Soutien de la Banque
mondiale à la gestion
des déchets solides
au Maroc
Le conseil d’administration de la
Banque mondiale a approuvé, la
semaine dernière, le 4ème Prêt de
politique de développement, en
soutien au secteur des déchets so-
lides. Cette rallonge de 130 mil-
lions de $ permettra au Maroc
d’atteindre un double objectif à
l’horizon 2022, à savoir évacuer
les déchets solides urbains dans
des décharges contrôlées et recy-
cler 20% de la totalité des déchets.
Dans un communiqué, qui nous
est parvenu, la BM indique que le
Idrissa Nassa, PDG 4ème prêt à l’appui des politiques
du groupe Coris de développement, dans le secteur
Bank International
des déchets solides urbains, vise à
appuyer le programme national
marocain de gestion des déchets
solides qui s’étend sur 15 ans. Les
responsables assurent que le pro-
jet s’attachera à promouvoir les
services de gestion des déchets so-
La réalisation lides dans les zones urbaines, tout
d'une parfaite en améliorant les conditions de
combinaison travail et les revenus des per-
sonnes occupant des emplois tra-
alliant ditionnels dans le secteur de la
financement gestion des déchets solides et en
efficient et créant des entreprises et des em-
plois dans le domaine du recy-
durable de clage. Simon Gray, directeur du
l'économie et Département Maghreb de la
soutien au Banque mondiale, a confirmé un
développement soutien continu à un programme
de réformes novateur dans un
des pays pour secteur aussi crucial pour la santé
l’avenir. et le bien-être de la population
marocaine.
19 février 2015 Les Afriques . 19
BANQUES & ASSURANCES
ACTIVA ASSURANCES
Expansion en Afrique de l’Ouest
La conquête du marché de l’assurance en Afrique de
l’Ouest a dopé les activités d’Activa Assurances, avec
l’arrivée de la Société financière internationale au sein
de l’actionnariat de cette entreprise.
L’
année qui s’achève a été un
succès pour la compagnie
camerounaise Activa Assu-
rances, engagée depuis quelques an-
nées dans la conquête du marché de
l’Afrique de l’Ouest. Ainsi, cette en-
treprise, membre du réseau Globus,
a pu réaliser un chiffre d’affaires de
37,3 milliards de f CFA, soit environ
57 millions d’euros. Des chiffres en
hausse de 2 milliards de f CFA, par
rapport aux 35,3 milliards de f CFA
engrangés un an plus tôt. Une per-
formance qui aurait pu être plus
importante, si les filiales guinéenne,
libérienne et sierra-léonaise de cette
compagnie d’assurances n’avaient
pas connu un ralentissement de
leurs activités, à cause de l’épidémie
de la fièvre hémorragique Ebola, qui
avait durement sévit dans ces pays
l’année dernière.
Selon certains analystes, les résultats
encourageants réalisés par Activa As-
surances apparaissent comme l’une
des matérialisations concrètes de
l’augmentation de son capital en juil-
let 2013, avec notamment l’arrivée de
nouveaux actionnaires, à l’instar de la
20 Les Afriques . 19 février 2015
Société financière internationale (SFI),
cette filiale du Groupe de la Banque
mondiale étant spécialisée dans le fi-
nancement du secteur privé. Cette ins-
titution financière avait indiqué que sa
prise de participation dans le capital
d’Activa a pour objectif de permettre à
cette compagnie d’assurances de déve-
lopper de nouveaux marchés en
Afrique de l'Ouest et centrale, «où peu
de personnes sont en mesure d'accéder à
des produits d'assurance ou de les payer,
en raison des mauvais canaux de distri-
bution, des coûts de transaction élevés,
du manque d'innovation dans les pro-
duits, et de la faible éducation financière
des consommateurs».
En tout état de cause, la compagnie
dirigée par le Camerounais Richard
Lowé peut s’attendre à une amélio-
ration des activités de ses filiales
africaines, avec la fin de l’épidémie
Ebola en Guinée, au Libéria et en
Sierra Leone, où l’on a officielle-
ment dénombré plus de 9000 morts
selon l’OMS (Organisation mon-
diale de la santé) qui a également
confirmé la fin de la pandémie.
Achille Mbog Pibasso, Douala
Abidjan compte ac-
croître sa participa-
tion dans le tour de
table de la BAD
La Côte d’Ivoire, qui détenait en
1999 une part de 5,0363% des ac-
tions de la Banque africaine de dé-
veloppement (BAD), a vu ses
participations chuter pour se situer
à 3,634%, après une décennie de
crise. Au sortir du Conseil des mi-
nistres du mercredi 11 février 2015,
l’Etat ivoirien a annoncé son inten-
tion de souscrire à 36 016 actions
disponibles à la banque internatio-
nale. Confirmation d’Affoussiata
Bamba-Lamine, ministre ivoi-
rienne de la Communication et
porte-parole adjointe du gouverne-
ment, qui a précisé que cette opéra-
tion permettra de relever le niveau
de l’actionnariat de la Côte d’Ivoire
au capital de la BAD et aussi de ren-
forcer le pouvoir de vote du pays au
sein de cette institution bancaire.
Investir la
sous-région
ouest-africaine
Entretiens Borloo-
Ouattara sur un
ambitieux plan
d’électrification
Jean Louis Borloo, ex-ministre
français de l’Ecologie et de l’énergie
et président de la Fondation Ener-
gies pour l’Afrique, poursuit son
périple africain pour défendre son
programme Energie pour l’Afrique.
La semaine dernière, il s’est juste-
ment entretenu avec Alassane
Ouattara, président ivoirien, dans
ce sens. , A sa sortie d’audience, il a
Permettre à confié à nos confrères : «Nous avons
cette continué à travailler sur un plan
d’électrification de tout le continent
compagnie africain qui est un programme
d’assurances d’électricité pour tous. Un pro-
de développer gramme que vous savez au cœur du
président Ouattara pour la Côte
de nouveaux d’Ivoire, pour la sous-région, mais
marchés en aussi pour tout le continent afri-
Afrique de cain». Il n’a pas manqué de préciser
que pour ce plan, financé par l’exté-
l'Ouest et rieur, chaque pays aura la latitude
centrale. de choisir la nature et la qualité de
l'énergie souhaitée.

FRANCE
Lancement d’un projet de Banque Export
Le chef de l'Etat François Hollande a annoncé, le 6 février,
à l'occasion du Forum franco-africain de Paris-Bercy, la
création avant fin mars 2015 d'une banque de l'exporta-
tion qui traitera des gros contrats internationaux des
entreprises françaises en faveur de l'Afrique.
P
aris compte aller plus vite
dans les échanges franco-afri-
cains. Le président François
Hollande a émis l'idée de création
d'une banque de l'exportation au
profit des grands contrats interna-
tionaux qui seront scellés avec le
continent. «L'Afrique, c'est notre
avenir. Sa fabuleuse progression dé-
mographique, sa forte croissance ces
dernières années, ses ressources natu-
relles et ses capacités d'assurer son dé-
veloppement nous poussent à
davantage tenir en compte ce conti-
nent», telle est l'intime conviction
du président Hollande qui s'adres-
sait à ses pairs africains, aux 700 dé-
légués venus participer au Forum
franco-africain de Bercy. Chef d'or-
chestre de ce grand projet à la fois
futuriste et réaliste, François Hol-
lande a dit que la banque d'expor-
tation permettra de mieux
promouvoir les exportations des en-
treprises françaises, via des finance-
ments structurants, innovants et
très accessibles, en étroite collabora-
tion avec le ministre des Finances,
Michel Sapin. La banque d'exporta-
tion internationale qui reliera la
France à l'Afrique devra intervenir
fin mars 2015.
«Ce dispositif concernera tous les
pays, tous les secteurs économiques
sans restriction et chaque fois qu'il y
aura un contrat qui dépasse un cer-
tain volume, 100 ou 200 millions
d'euros», a affirmé le président Fran-
çois Hollande.
Début décembre 2013, lors du
Sommet France-Afrique de l'Elysée,
Paris s'était engagé à verser, par l'in-
termédiaire des guichets de l'AFD,
une ligne d'investissement à hau-
teur de 20 milliards d'euros sur 5
ans. Le président Hollande a rassuré
devant un parterre de dirigeants
africains que les promesses seront
tenues. A cette enveloppe s’ajoutera
une autre de 1 milliard d'euros des-
tinée à promouvoir les nouvelles
technologies et la transition énergé-
tique en Afrique.
Ismael Aidara, Paris
Les banques prêtes à
financer la culture du
tabac au Zimbabwe
Plus de la moitié des prêts accordés
par les banques au secteur agricole,
soit une part de 58%, est allée à la
production de tabac. Cela se traduit
par environ 1,6 milliard de $ de
soutien des banques à la produc-
tion de tabac pour la campagne
2014-2015. L’engouement des
banques pour financer le tabac n’a
d’égal que l’attrait irrésistible de la
«feuille d'or» au niveau des agricul-
teurs. Pour la présente campagne,
ce sont quelque 88 500 exploitants
qui ont été enregistrés contre 6 500
en 1999. Il faut noter que c’était
bien avant le programme de ré-
forme agraire. Aujourd’hui, le Zim-
babwe est en train de figurer parmi
les meilleurs producteurs de tabac
premium et compte produire 222
000 tonnes de tabac cette saison
contre 216000 tonnes, lors de la
précédente campagne. Paul Zaka-
riya, secrétaire général du syndicat
des fermiers du Zimbabwe (ZFU),
a confirmé l’intérêt des banques
François Hollande, pour la culture du tabac, en raison
président de la des risques limités.
France
Le gouvernement
angolais promeut
l’investissement
dans l’agriculture
Botelho de Vasconcelos, ministre
angolais du Pétrole, vient de décla-
rer au Cap Town en Afrique du Sud,
que son pays gagnerait à investir
dans le développement du secteur
minier, en saisissant les secteurs
productifs potentiels agricoles et
autres qui peuvent contribuer à la
diversification de l'économie. Pro-
fitant de son passage à la Confé-
rence internationale des mines qui
se déroule à Cape Town, il a défendu
la nécessité d'investir dans la diver-
sification. Dans ce sens, le gouver-
nement angolais a fait une sélection
L'Afrique, c'est de projets ou programmes à mettre
notre avenir. en œuvre au détriment d’autres
jugés moins pertinents.
19 février 2015 Les Afriques . 21
BANQUES & ASSURANCES
TUNISIE Amen Bank prévoit une croissance
de 10,62% de sa marge d'intérêts
Le directoire de l’institution financière tunisienne Amen
Bank a prévu, d’ici à 2018, une croissance moyenne de
10,62% de sa marge d'intérêts. Elle projette également
une hausse de 10% de ses commissions nettes et
10,71% des revenus du portefeuille.
S
elon les projections financières
élaborées par Amen Bank (Tu-
nisie), le produit net bancaire
atteindra 279,654 millions de dinars
(MD), à fin 2014 et évoluera en
moyenne annuelle de 10,52% pour se
situer à 417,203 MD en 2018.
En ce qui concerne le résultat net, il
serait à hauteur de 104,945 MD, à fin
décembre 2014, pour s’établir à envi-
ron 149,108 MD, en 2018. Le busi-
ness plan prévoit, à terme, un taux de
distribution de dividendes à 20%.
Par ailleurs, Amen Bank projette de
garder une part de marché des dépôts
stabilisés à 10% et leur recomposition
en faveur des dépôts d’épargne ainsi
que ceux des particuliers et des entre-
prises privées. Elle prévoit, également,
une part de marché des crédits de
22 Les Afriques . 19 février 2015
10%, des crédits qui devront bénéfi-
cier surtout aux secteurs des services
et des particuliers.
Au niveau des principaux ratios, le
coefficient d'exploitation d'Amen
Bank sera de 33,27% en 2014, puis
33,62% en 2015, et 33,65% en 2018.
Le taux de créances classées passera
de 12,05% à fin 2014, à 11,32% en
2015 et diminuera à 9,38% en 2018
selon les prévisions. Le taux de cou-
verture est attendu à 69,58% cette
année. Il atteindra les 74,95% en 2015
puis 93,18% en 2018.
Par ailleurs, la banque envisage de
renforcer sa présence dans les diffé-
rentes régions du pays, en poursui-
vant l’extension de son réseau jusqu’à
183 agences en 2018.
Anas Amine, Tunis
Nigéria : Un millier
de tonnes de coton
en souffrance
à Taraba
Sani Marke, directeur général de
Global Investment Supernova, a ré-
cemment déploré que plus de 1 000
tonnes de coton, produites par les
agriculteurs, au cours de la précé-
dente campagne, sont en souffrance
dans l'Etat de Taraba. Ces lots im-
portants de coton sont ainsi
stockés, en raison des niveaux très
bas du prix sur le marché, soit
moins de 50 nairas. Ce responsable
a enjoint le gouvernement fédéral à
intervenir d'urgence pour aider les
agriculteurs à obtenir un meilleur
prix, en leur rachetant la produc-
tion. A défaut d’une telle mesure, les
fermiers seraient découragés de
s’engager dans la production de
coton cette année. Le directeur gé-
néral de Global Investment Super-
nova a rappelé que les exploitants
agricoles de Taraba dans 6 zones
ont été pris en charge par son en-
treprise grâce à la fourniture d'in-
trants, tels que des plants, de
l’engrais et des herbicides.
Assistance du Wbirf
à des communautés
agricoles de l’Etat
Siège Amen Bank,
Tunis
de Borno
Le Fonds de secours de la Banque
mondiale (Wbirf) a décidé de dé-
caisser 787 millions de nairas au
profit de 4 communautés agricoles
touchées dans l'Etat de Borno. Des
investissements pour soutenir la
production agricole et l'élevage
Le produit net dans la sous-région Nord-est du Ni-
bancaire géria en proie à d’incessantes incur-
évoluera en sions de la secte fondamentaliste
Boko Haram. Des fonds qui ont été
moyenne accueilli avec un ouf de soulage-
annuelle de ment par les agriculteurs de com-
10,52% pour munautés agricoles, situées dans 15
se situer à zones de cet État, y compris dans les
zones du Bassin du lac Tchad et de
417,203 MD en Marte Kala-Balge. Confirmation de
2018. Hajiya Inna Galadima, commissaire
à l'agriculture à Maiduguri.
BOURSES & FONDS
CÔTE D'IVOIRE L’Etat cherche à lever 1 Mrd
de $ sur le marché international
Abidjan se prépare à émettre un eurobond mi-février
prochain. L'Etat a pris toutes les dispositions pour
entamer le road-show sur les places financières
internationales. La première opération émise en
2014 a été une belle moisson.
L
a Côte d'Ivoire sollicite pour la
seconde fois consécutive après
l'émission des titres eurobond
de juillet 2014 qui a été un franc suc-
cès. Le Premier ministre ivoirien Da-
niel Kablan Duncan, argentier du pays
et chef d'orchestre de l'opération, a
annoncé que la Côte d'ivoire comptait
lever «au moins un milliard de dol-
lars» sur les marchés internationaux à
compter de mi- février 2015. «Le dis-
positif est en place et les discussions sont
très avancées pour la partie conseil et
co-arrangeur», a précisé le chef du
gouvernement Daniel Kablan Dun-
can. A priori, Abidjan, qui entend
jouer sur un timing qui lui convient,
mise sur la date du 28 février 2015
pour boucler la levée des fonds et pro-
céder aux premiers décaissements aux
investissements prioritaires.
Le budget 2015 CI sera alimenté en
partie par les ressources de cette émis-
sion qui s'élève à plus de 5 000 mil-
liards de f CFA (7,6 milliards d'euros),
a assuré le chef du gouvernement.
Cette émission sur les marchés finan-
ciers internationaux est la deuxième
que sollicite le pays en moins d'un an.
En juillet 2014, le pays avait émis avec
succès un eurobond de 750 millions
de dollars. Cette opération avait été
souscrite avec succès à un taux d'in-
térêt de 5,625 % par an, remboursable
sur 10 ans.
Ismael Aidara, Abidjan
Angola : Endiama
investit dans le po-
lissage du diamant
La Société nationale du diamant
(Endiama) en Angola compte parmi
ses projets prioritaires la construc-
tion d’une unité de polissage de dia-
mants et d’orfèvrerie. Conformation
d’Antonio Carlos Sumbula, PDG
Endiama, à la 21ème Conférence in-
ternationale sur les mines, Mining
Indaba (Cap en Afrique du Sud).
L’objectif est de transformer sur
place les diamants bruts, en produits
finis et les vendre. Le développement
de métiers liés au polissage du dia-
mant, et la création d’un marché du
diamant en Angola apporteront plus
de valeur ajoutée. Les responsables
ont soutenu que les importantes ré-
serves de kimberlites minéralisées
sont autant de raisons pour intéres-
ser les entrepreneurs angolais et les
investisseurs canadiens
Cap-Vert :
Conférence de la
météorologie
africaine à Praia
Praia, capitale du Cap-Vert vient d’ac-
cueillir la 3ème Session de la Confé-
rence ministérielle sur la
météorologie africaine. Pour les res-
ponsables de la météorologie en
Afrique, la rencontre permettra de
coordonner et d’accélérer les efforts
Abidjan, capitale régionaux, à même de renforcer la ré-
de la Côte d’Ivoire silience face aux aléas météorolo-
giques extrêmes et de s’adapter au
changement climatique. En effet, les
travaux ont été axés sur l’améliora-
tion des services météorologiques et
climatiques, essentiels à la sécurité ali-
mentaire, la gestion de l’eau, la réduc-
tion des risques de catastrophe et de
Abidjan mise la santé. Rhoda Peace Tumusiime,
Commissaire de l'Union africaine
sur la date du (UA) pour l'économie rurale et l'agri-
28 février 2015 culture, a tenu à souligner que
pour boucler la «chaque pays africain doit être impli-
qué dans l'effort collectif en faveur du
levée des développement socio-économique du
fonds. continent pour construire l'Afrique
dans l'Agenda 2063 de l'UA».
19 février 2015 Les Afriques . 23
BOURSES & FONDS
GUINÉE-BISSAU
Conférence des donateurs à Bruxelles
Une table ronde internationale des donateurs sous
l'égide de l'Union européenne et de la Banque
mondiale se tiendra le 25 mars 2015, à Bruxelles,
pour la mobilisation des fonds en faveur de la
Guinée-Bissau post-crise politico-militaire.
D
es gouvernements et des or-
ganisations internationales
se réuniront à Bruxelles le 25
mars prochain afin de lever des res-
sources financières en appui au gou-
vernement post-transition de
Guinée-Bissau. Le pays a renoué
avec la légalité constitutionnelle
après plusieurs décennies de ten-
sions politico-militaires.
Un groupe de bailleurs internatio-
naux en faveur de la Guinée-Bissau,
qui inclut l'Union européenne, le
groupe de la Banque mondiale et
d'autres institutions de finance-
ments régionales africaines, discu-
tera à Bruxelles du financement des
projets de développement ciblés et
aidera le pays à les réaliser d'ici à
l'horizon 2019.
Quelque 45 délégations devraient
assister à la réunion, a appris Les
Afriques, de source gouvernemen-
24 Les Afriques . 19 février 2015
tale bissau-guinéenne dont des re-
présentants d'institutions finan-
cières et de fonds de développement,
de la Cedeao, et un pool de prêteurs
(BEI, groupe Banque mondiale,
Boad). Mi-mai 2013, le gouverne-
ment malien avait réussi à lever, à
Bruxelles, un montant de 3,5 mil-
liards d'euros auprès des prêteurs in-
ternationaux.
En prélude à la table ronde des do-
nateurs, une délégation du groupe
de la Banque mondiale a séjourné
en Guinée-Bissau du 5 février au 7
février dernier en vue de mieux ou-
tiller le gouvernement à réussir son
grand oral. L'IFC, après un gel de ses
guichets, compte se reconnecter à
Bissau via des financements majeurs
dans des domaines clés, tels que
l'énergie, l'agriculture et les indus-
tries de services.
Ismael Aidara, Paris
Ethiopie : Entrée en
lice de la plateforme
mobile d'argent
HelloCash
Lion Bank International et Somali
MicroFinance viennent de lancer, en
partenariat avec BelCash Solution
Technology, le pilote officiel des ser-
vices d'argent mobile HelloCash en
Ethiopie. Pour rappel, HelloCash est
une plateforme d’argent mobile, à
même de fournir des services finan-
ciers à tous les Ethiopiens. Le service
de HelloCash permet aux clients
existants et potentiels de ces deux en-
tités financières d’effectuer des
transactions financières, notamment
déposer, retirer, transférer et/ou ef-
fectuer des paiements. A noter que ce
service d'argent mobile est fourni
conformément aux directives de la
Banque nationale de l'Éthiopie.
Mountaga Vince Diop, PDG de Bel-
Cash International, a indiqué que
c’est le début de ce qui semble être
une étape irréversible de renforcer
l'inclusion financière dans le pays.
On peut le croire dans la mesure où,
BelCash Technology Solutions four-
nit des solutions clé en main dans le
MBanking aux banques et établisse-
ments de microfinance, Go-to-
Market, mais aussi le matériel, sa
Bissau, capitale de récupération en cas de catastrophe,
la Guinée-Bissau et l’installation de centres d'appels.
Afrique du Sud :
Réception de nou-
velles locomotives
à la Prasa
Le pays a Dipuo Peters, ministre sud-africain
renoué avec la des Transports, a difficilement dissi-
mulé sa satisfaction, la semaine der-
légalité consti- nière, lors de la réception d’un
tutionnelle nouveau lot de locomotives diesel au
après port de Cape Town. Pour ce respon-
sable, la livraison des locomotives
plusieurs fut un moment excitant pour le gou-
décennies de vernement et la compagnie ferro-
tensions viaire sud-africaine (Prasa). A noter
que cette arrivée de 4 locomotives est
politico- consécutive à celle de la première lo-
militaires. comotive diesel Afro4001, à Cape
Town au mois de décembre.
ENTREPRISES ET MARCHÉS
NIGÉRIA Aliko Dangote
se lance dans la production du riz
Le magnat de l’économie nigériane annonce un vaste
programme d’investissement dans le secteur
agricole, notamment la production du riz, pour
résorber l’énorme déficit qu’accuse son pays.
L’
industriel nigérian Aliko
Dangote, dont des investis-
sements dans le secteur de
l’agriculture se multiplient, à l’ins-
tar du projet de construction de la
plus grande unité de transformation
de tomates du continent dans l’Etat
de Kano, a annoncé sa volonté d’in-
vestir dans la riziculture. Il s’agit
d’après l’homme qui caracole au pe-
loton de tête des grandes fortunes
d’Afrique, si ce n’est de combler le
déficit en besoins de riz, de le rame-
ner tout au moins à sa plus simple
expression. Pour matérialiser ce
projet agricole, le groupe Dangote a
acquis 150 000 hectares de terrain
dans cinq Etats du Nigéria, entre au-
tres Edo, Jigawa, Kebbi, Kwara et le
Niger State.
26 Les Afriques . 19 février 2015
Dans un premier temps, il est prévu
la construction de deux unités de
production d’une capacité totale de
240 000 tonnes, l’objectif étant de
doubler cette quantité d’ici à deux
ans. Au sein du groupe, on affirme
que ce projet constituera le plus
grand investissement réalisé dans le
secteur de la production rizicole en
Afrique, d’autant qu’il s’agit pour
Dangote de produire à terme 950
000 tonnes de riz, ce qui équivaut à
45% du total des importations ac-
tuelles du Nigéria. Pour le président
nigérian Goodluck Jonathan, «cela
requiert beaucoup de travail, d’inves-
tissement personnel et de discipline
pour réaliser ce qu’a fait Aliko Dan-
gote», a-t-il affirmé.
Achille Mbog Pibasso
Angola : Reformula-
tion des projets
d’habitation Imo-
gestin à Benguela
A en croire Rui Cruz, président du
conseil d'administration d’Imoges-
tin, (entreprise responsable de la ges-
tion des cités, de nouvelles
urbanisations et des résidences pu-
bliques), cette entité va reformuler le
plan des projets de forme progressive
des habitations dans la province de
Benguela. Après s’être enquis de
l’avancement des travaux dans les
municipalités de Baia Farta, Lobito et
de Catumbela, où différents projets
d’habitation sont en cours, il a assuré
que pour surmonter les difficultés
constatées dans les projets d’habita-
tion, notamment en termes de retard
dans la livraison, des techniciens spé-
cialisés pour repenser l’actuel plan
des infrastructures seront envoyés
dans une semaine dans la province de
Benguela. Le PCA d’Imogestin a sou-
tenu que l’entreprise, en partenariat
avec le gouvernorat local, travaille
avec les techniciens sur le terrain, afin
que les logements de Lobito, Baia
Farta et de Catumbela puissent être
achevés et soient commercialisés,
courant 2015.
Tanzanie : Plus de
10 000 emplois at-
Aliko Dangote,
PDG groupe
Dangote
tendus à la cimente-
rie Dangote Mtwara
L’usine Dangote Cementry, prévue
dans le secteur de Msijute dans la ré-
gion de Mtwara, en Tanzanie, permet-
tra de générer au mois d’août 2015
plus de 10 000 emplois directs et indi-
rects. L'usine, qui vise à améliorer les
infrastructures sociales dans la région
de Mtwara, va s’atteler à la construc-
tion d’un hôpital, un marché mo-
derne, une école et un poste de police.
Esther Baruti-Kroll, représentante de
Dangote en Tanzanie, a justement
Combler le soutenu lors d’une récente réunion du
CA de la Société de développement Pe-
déficit en troleum Tanzanie (TPDC), que cette
besoins de riz. cimenterie sera la plus grande dans la
région de l’Afrique de l'Est.
INTERVIEW IMAD BOUSAID
«Pour les infrastructures, nous avons Orange à nos côtés»
A la veille de la 2ème édition du Forum Afrisanté, Imad Bousaid, directeur du
développement de la Compagnie générale de téléradiologie en France (CGTR),
nous dévoile l’intention de la CGTR d’investir dans le secteur de la santé en
Afrique, en partenariat avec un opérateur de taille, Orange.
L
es Afriques : Quel est l’inté-
rêt recherché à travers votre
participation à la 2ème édi-
tion du Forum africain des pro-
fessionnels du secteur de la santé,
Afrisanté ?
Imad Bousaid : Nous sommes une
société qui développe la téléméde-
cine en France depuis 6 ans, exacte-
ment depuis 2008. Nous avons une
croissance soutenue et nous voulons
exporter cette expertise à l’interna-
tional. Maintenant que nous avons
atteint nos objectifs, nous voulons
aller au continent africain. Puisque
les participants à Afrisanté viennent
de toute l’Afrique, nous avons voulu
avoir un premier contact avec eux à
travers notre participation. Puis,
nous voulons aussi rencontrer les dé-
cideurs, vu que le forum connaît la
participation de plusieurs ministres
et de conseillers techniques pour, jus-
tement, connaître leur vision des
choses et comment ils pensent déve-
lopper le secteur dans leurs pays res-
pectifs. Avoir la vision de ses
responsables à moyen et long terme
va nous permettre de prendre la dé-
cision en tant qu’industriels si on
pouvait, dans l’avenir, être ancrés
dans cette évolution et y participer.
LA : Votre mission consiste à met-
tre la technologie au service de la
médecine, sachant que le continent
africain enregistre un gros besoin
en termes d’infrastructures des
TIC. N’est-ce pas un investisse-
ment risqué de venir en Afrique ?
I.B. : Justement, nous avons déjà plu-
sieurs obstacles au niveau juridique et
technique. En effet, pour les infra-
structures, nous avons Orange à nos
côtés qui va nous soutenir pour dé-
ployer les solutions de la téléméde-
cine. Evidemment, nous ne pouvons
pas transposer ce que nous faisons en
France en termes de rapidité, d’agi-
lité et de gestion de projets. Il faut
tout construire, le réseau technique,
le réseau filière, satellitaire ou par
GSM. Pour tous ces détails, il nous
faut vraiment être sur place pour
comprendre exactement les besoins
de nos partenaires locaux.
LA : Quels sont, dans ce cas, les
pays que vous ciblez d’emblée ?
I.B. : Il faut dire que nous avons été
sollicités par les responsables du Ma-
ghreb, notamment du Maroc, de la
Tunisie et de l’Algérie. Disons, toute
l’Afrique francophone. L’idée est par-
tie du constat qu’il existe beaucoup
d’étudiants de ces pays en médecine
en France et qui souhaitent revenir et
collaborer ensemble, pour garder le
lien entre les deux pays.
Imad Bousaid,
directeur du LA : En tant que professionnels de
développement
de la Compagnie la santé et si vous devez apporter
générale de un conseil, une vision sur la santé
téléradiologie africaine, qu’est-ce que vous allez
(CGTR)
transmettre aux responsables gou-
vernementaux africains ?
I.B. : Je sollicite d’abord leur soutien
et faciliter l’importation des projets
réussis en matière des TIC de
l’Afrique ou d’ailleurs. Il ne faut pas
oublier qu’il y a de gros industriels
américains, comme Google et Face-
book, qui souhaitent connecter toute
Nous avons l’Afrique, comme il y a plusieurs so-
lutions trouvées en matière de
atteint nos connexion à Internet pour le monde
objectifs, nous rural, surtout dans les pays anglo-
voulons aller phones. Le cadre juridique doit dans
ce sens répondre aux besoins des in-
au continent vestisseurs étrangers.
africain. Propos recueillis par
Sanae Taleb, Casablanca
19 février 2015 Les Afriques . 27
ENTREPRISES ET MARCHÉS

MAURITANIE
Rachat de Mattel, France Télécom fixe l'ultimatum
L'opération de vente de Mattel, filiale mauritanienne de Tunisie Télécom, avec
51% des parts du capital, à France Télécom Orange, amorce sa dernière ligne
droite. Selon des informations, l'offre de rachat présentée par l'opérateur
français, fixée à 50 millions d'€, est irrévocable avec ultimatum pour le 31
mars. L'arbitrage du ministre de tutelle devra intervenir avant fin février.

L
es tractations sont allées très
vite. Après plusieurs mois de
flottements et de divergences
sur le montant de la transaction
entre France Télécom et les diri-
geants de Mattel, le dossier de la
vente de la filiale mauritanienne de
Tunisie Télécom refait surface.
Selon des sources autorisées,
contactées par Les Afriques, l'opé-
rateur historique français, France
Télécom Orange, a mis sur la ba-
lance la bagatelle de 50 millions
d'euros pour racheter le consor-
tium Mattel, fruit d'une joint-ven-
ture mauritano-tunisienne. Alors
que celle-ci facture sa cession à près
de 75 millions d'euros. Une source
française proche du dossier a révélé
que l'offre de l'opérateur France Té-
lécom, d'un montant de 50 millions
d'euros, et qui a pris l'option d'en-
trer sur le marché de Nouakchott
via sa filiale sénégalaise Sonatel as-
sociée à Orange, est irrévocable et
devra être validée avant le 31 mars
2015. Et de poursuivre, «notre offre
de 50 millions d'euros est une ligne
infranchissable et nous ne comp-
tons pas au-delà, car nous devons
prendre le passif d'endettement qui
est élevé à plus de 25 millions d'eu-
ros, moderniser la plateforme et
doubler le parc des abonnés dans la
première phase».
A l'évidence, du côté de Paris, si les
dirigeants de Mattel n'agréent pas
leur offre irrévocable, l'opérateur
Du nouveau français optera, le cœur serré, de
dans le secteur jeter l'éponge et se tourner vers
mauritanien des
télécommunica- d'autres projets d'expansion por-
tions ? teurs. Dans ce deal de Nouakchott,
Sonatel et Orange vont fusionner.
Selon nos informations, des pour-
parlers sont en cours pour le bou-
clage du tour de table. Le dossier de
la vente de Mattel qui est sur la table
France du ministre des Télécommunica-
Télécom tions devra livrer son verdict avant
fin février 2015. Le groupe France
Orange a mis Télécom dont la cote monte en
sur la balance bourse depuis début janvier 2015
la bagatelle de (16%) après la baisse de son cours
est en compétition avec le marocain
50 millions Inwi, alors que l'émirati Etisalat est
d'euros. hors course.
Ismael Aidara, Nouakchott

28 Les Afriques . 19 février 2015

 Atelier régional BAD
AFRIQUE sur les Dynamiques
Tigo brasse plus de 1 milliard de $ de revenus du marché du loge-
ment en Afrique
L'opérateur international de télécoms, Millicom, coté à Le groupe de la Banque africaine de
la Bourse de Stockholm, opérant en Afrique et en développement (BAD), en collabo-
ration avec ONU-Habitat, a orga-
Amérique latine, a réalisé, fin 2014, un chiffre d'affaires nisé, les 12 et 13 février 2015 à
consolidé de près de 6,39 Mrds de $, avec plus de 1 Mrd Casablanca, un Atelier régional, en
vue de consulter les différentes par-
de $ en termes de revenus engrangés sur le marché. ties prenantes au secteur du loge-
ment dans la région d’Afrique du
Nord et du Centre. Partant des ana-
lyses et conclusions préliminaires
sur les principaux thèmes abordés
dans l’étude en cours et portant sur
les Dynamiques du marché du lo-
gement en Afrique, les participants
ont fait un examen critique des
évolutions de ce marché. Une ana-
lyse qui a permis de pallier le déficit
de connaissances sur le marché du
logement en Afrique, de mettre en
lumière les principaux défis et op-
portunités auxquels ce marché fait
face, de fournir des recommanda-
tions de politique qui soutien-
draient le développement du
secteur du logement en Afrique. Ils
ont pu apporter des réponses
concrètes aux questions straté-
giques, relatives au rôle que de-
vraient jouer la BAD et les autres
institutions financières de dévelop-
pement, ainsi que sur les approches
à adopter pour que le secteur privé
puisse être mis à contribution, de

T
igo blinde ses coffres. Ses ré-
sultats certifiés fin 2014 révè-
lent un bond de 14,9 %
contre l'exercice précédent. Une
forte croissance du groupe qui s'ex-
plique par l'acquisition de l'opéra-
teur colombien UNE, en août 2014.
Autre prouesse du groupe, le nom-
bre de ses abonnés mobile sur le
continent croît de 24,1 % à 25,35
millions à la date du 30 novembre
2014. S'agissant du nombre d'utili-
sateurs de services financiers (Mo-
bile Money) dans la région, les
lignes ont bougé. Car les statistiques
font état d'une progression régulière
atteignant 49,6 % en un an à 6,1
millions d'usagers.
Signe d'embellie de son portefeuille
requinqué par la percée fulgurante
en termes de stratégie commerciale
et de taux de pénétration du réseau
de sa marque Tigo sur les marchés
du Tchad, Ghana, Sénégal, RD
Congo, Rwanda et Tanzanie.
Rappelons que le groupe télécom
qui a procédé courant 2014 au lan-
cement de la 4 G au Tchad et au
Rwanda et franchit le cap des 25
millions abonnés a conclu en juil-
let dernier un accord pour la cession
de ses parts (50 %) dans l'opérateur
mauricien Emtel au consortium
Currimjee Jeewanjee & Co. La part
de l'Afrique sur son chiffre d'affaires
représente la bagatelle de 1 milliard
de dollars.
Ismael Aidara, Dakar
manière substantielle en vue de
fournir des logements décents à
coûts abordables aux nécessiteux.
Au terme de l’Atelier, une publica-
tion devrait être produite donnant
des messages clairs et concis, des re-
Percée commandations de politique et
éventuellement un plan d’actions
fulgurante en sur l’approche à suivre pour soute-
termes de nir le développement inclusif du
stratégie marché du logement en Afrique,
abordant aussi bien le financement
commerciale de l’offre et la demande de loge-
et de taux de ment, le foncier et l’infrastructure,
pénétration du les problèmes des coûts de
réseau de sa construction et de la productivité,
les logements alternatifs pour les
marque. plus pauvres et la réhabilitation des
bidonvilles.

19 février 2015 Les Afriques . 29

ENTREPRISES ET MARCHÉS
RDC Pullman ouvre le Kinshasa Grand Hôtel
Pullman, l’enseigne internationale du groupe Accor, annonce l’ouverture du
Pullman Kinshasa, première unité hôtelière de la marque en République
démocratique du Congo et cinquième en Afrique.
A
près le Maroc, la Côte
d’Ivoire et le Sénégal, la
marque hôtelière Pullman
s’installe en République démocra-
tique du Congo. Ouverte en 1971,
cette unité hôtelière de Kinshasa est,
depuis 2011, une propriété de
«Grands Hôtels du Congo», une so-
ciété détenue à parts égales par la
holding de droit luxembourgeois
African Hospitality et l’Etat de la
République démocratique du
Congo. L’établissement est géré par
le groupe Accor depuis octobre
2014. Après sa rénovation, cet hôtel
5 étoiles a ouvert ses portes, sous en-
seigne Pullman, et devient le Pull-
man Kinshasa Grand Hôtel.
Le Pullman Kinshasa Grand Hôtel
est situé dans la commune de
Gombe, centre administratif et di-
plomatique de la capitale. L'hôtel
offre plus de 1 500 m2 d'espaces mo-
30 Les Afriques . 19 février 2015
dulables avec des vues sur le fleuve
Congo ainsi qu’un accès rapide à
l'aéroport international de N'Djili.
«L’aile historique a été totalement
rénovée et propose 190 chambres
dont 24 suites, 3 restaurants, 3 bars,
5 salles de réunions…», précise un
communiqué de Pullman.
En 2013 et 2014, le réseau Pullman a
connu une accélération de sa crois-
sance, notamment avec des ouver-
tures dans de grandes capitales
comme Londres, Bruxelles, Bang-
kok, Jakarta, Shanghaï ou Sydney.
En Afrique, la marque est déjà pré-
sente en Côte d'Ivoire, au Maroc, au
Sénégal. «Déjà présent dans 17 pays
d’Afrique et en océan Indien avec 89
hôtels, Accor signe avec cette reprise
du Grand Hôtel de Kinshasa sa vo-
lonté d’asseoir définitivement sa place
de leader sur le continent Africain. La
marque haut de gamme Pullman
Un des hôtels de la constitue un premier point d’ancrage
chaîne Pullman idéal pour développer par la suite des
hôtels sur les autres segments : moyen
de gamme avec Novotel et Mercure,
économique avec Ibis, le marché des
«longs séjours » avec la marque Ada-
gio Apart hôtel, et bien sûr, quand le
marché le permet, le segment du luxe
En 2014, outre avec Sofitel», souligne Antoine
le Pullman de Guego, directeur général Accor
Kinshasa, 2 Afrique et océan Indien.
En 2014, outre le Pullman de Kins-
autres contrats hasa, 2 autres contrats de manage-
de ment ont été signés sous l’enseigne
management Pullman dans des villes clés où
Accor n’était pas encore présent :
ont été signés Nairobi et Addis-Abeba, 300 cham-
sous l’enseigne bres chacun avec espaces meeting,
Pullman à banqueting et conférence. Dès 2015,
il est également prévu des travaux
Nairobi et de rénovation des hôtels Pullman
Addis-Abeba. Dakar et Abidjan.
Sanae Taleb
POLITIQUE ECONOMIQUE AFRICAINE
MALI Alger sort le grand jeu dans
le dialogue inter-malien
Les discussions sur le processus de règlement de la crise
au Nord Mali ont repris, le 7 février, sous les auspices du
chef de la diplomatie algérienne, Ramtane Lamamra.
Alger, chef de file de médiation, qui abrite pour la 5ème
fois les pourparlers, veut faire bouger les lignes.
L
e temps presse pour un re-
tour à la paix au Nord Mali.
Les parties engagées autour
de la table ronde pour un retour dé-
finitif de la paix dans la région Nord
Mali ont manifesté leur volonté
d'apaisement de la crise, suite à la
dégradation sécuritaire qui sévit
dans cette partie du pays, totale-
ment coupée en deux. Alger, chef de
file de la médiation, qui abrite de-
puis samedi le round des discus-
sions inter-maliennes, veut aller
vite. Lors de l'ouverture des négo-
ciations, le ministre algérien des Af-
faires étrangères, Ramtane
Lamamra, a souligné que ces
concertations engagées constituent
un moment critique du processus
de dialogue inter-malien. Alger a
mis à contribution sa diplomatie au
service du gouvernement et du peu-
ple maliens pour une rapide sortie
de crise qui perdure.
L'équipe de médiation, cette task
force mixte, est constituée du repré-
sentant spécial du secrétaire général
des Nations unies et chef de la Mi-
nusma, Mongi Hamdi, du chef de la
Mission de l'Union africaine pour le
Sahel (Misahel), du Haut représen-
tant de l'Union européenne pour le
Sahel, du représentant de la Cedeao,
des ambassadeurs du Burkina Faso,
du Nigéria, de la Mauritanie et de
plusieurs experts sectoriels.
Après avoir déploré la dégradation ra-
pide, depuis novembre, de la situation
sécuritaire dans les zones du Nord et
particulièrement à Tabankort, les plé-
nipotentiaires ont convenu de la ces-
sation immédiate des hostilités et
d'amener les parties concernées à
considérer la feuille de route comme
seule voie de sortie de crise.
«Nous devons poursuivre les efforts
collectifs pour faire aboutir ce pro-
cessus à un Accord global et défini-
tif», a déclaré Mongi Hamdi, se
référant à l'injonction du Conseil
de sécurité qui exhorte les diffé-
rentes parties à ne plus violer les
accords de cessez-le feu.
Ismael Aidara, Alger
Afrique du Sud
Lancement d’un
nouveau laboratoire
d’IBM Research
IBM vient d’annoncer l’ouverture
d’un nouveau laboratoire IBM Re-
search à Johannesburg en avril 2015.
Dans un communiqué qui nous est
parvenu, les responsables ont pré-
cisé que ce nouveau laboratoire sera
axé sur la promotion des technolo-
gies des données volumineuses, du
nuage et mobiles pour soutenir les
priorités nationales de l'Afrique du
Sud. L’objectif est aussi de stimuler
le développement des compétences
et favoriser la croissance écono-
mique grâce à l'innovation. En
outre, le nouveau centre de re-
cherche sera basé dans l'institution
University of Witwatersrand (Wits).
Un programme qui rentre dans le
cadre d'un programme d'investisse-
ment de 10 ans au travers du De-
partment of Trade and Industry
(ministère du Commerce et de l'In-
dustrie) et d'un travail, en étroite
collaboration avec le Department of
Science and Technology (ministère
Une région de la Science et de la Technologie).
toujours sous
tention
Angola : Production
pétrolière estimée
à 1,8 million de
barils/j en 2015
La production pétrolière attendue
en Angola en 2015 devrait tourner
autour de 1,8 million de barils par
jour. Job Graça, ministre angolais
du Plan et du développement terri-
torial, qui a apporté cette précision,
avance un taux de croissance de
9,8% pour la production du pétrole
brut. Le responsable de l’exécutif a
aussi assuré qu’outre le secteur pé-
Les plénipoten- trolier, une évaluation rigoureuse a
été faite dans les secteurs primaire,
tiaires ont secondaire et tertiaire. Il a aussi mis
convenu de la en relief l'importance de combiner
cessation les instruments politiques budgé-
taire et monétaire, afin que les
immédiate des moyens de paiement se développent
hostilités. au cours de cette période à un taux
considéré comme cohérent.
19 février 2015 Les Afriques . 31
POLITIQUE ECONOMIQUE AFRICAINE
CAMEROUN 30 milliards de f CFA pour
le retour de la paix en Centrafrique
Le gouvernement camerounais obtient un prêt financier auprès de
Comerzbank Paris, afin d’assurer la présence de ses troupes déployées en
Centrafrique dans le cadre de l’opération de pacification sous l’égide de l’ONU.
D
éjà présent en Centrafrique
à travers le déploiement des
militaires dans le cadre de la
stabilisation et de la sécurisation de
ce pays déchiré par une guerre fra-
tricide depuis quelques années, le
Cameroun qui a souvent apporté
une perfusion financière à ce pays
frère entend mobiliser d’énormes
moyens financiers pour tenter de
ramener la paix en République cen-
trafricaine (RCA), empêtrée dans
une crise politique, sociale et insti-
tutionnelle, notamment depuis le
renversement de François Bozizé en
mars 2013 par une coalition de
mouvements rebelles, la Séléka.
Dans cette perspective, le gouverne-
ment camerounais a annoncé, le 2
février 2015, qu’il procédera à la si-
gnature d’une convention finan-
cière avec la Comerzbank Paris,
pour un montant de 30,5 milliards
de f CFA. A cet effet, le chef de
32 Les Afriques . 19 février 2015
l’Etat, Paul Biya, a habilité le minis-
tre de l’Economie à signer une
convention de financement avec
cette banque française.
Le Cameroun est le pays qui subit
plus les effets de l’instabilité en
RCA, non seulement parce qu’il ac-
cueille plus de 150 000 réfugiés cen-
trafricains sur son sol, mais,
également parce que le Cameroun a
souvent été l’objet des attaques
dans sa partie orientale par des re-
belles, qu’ils soient de la Séléka, des
Anti-Balaka, ou d’autres bandes ar-
mées. Une dizaine de sites ont été
aménagés dans la région de l’Est
pour abriter les réfugiés, entière-
ment pris en charge par le gouver-
nement camerounais et le
Haut-commissariat aux réfugiés
(HCR) avec l’appui de certaines or-
ganisations humanitaires à l’instar
de la Croix-Rouge. Depuis le dé-
clenchement de la crise en RCA, le
Eléments Cameroun a envoyé près d’un mil-
de l’armée lier de soldats pour participer aux
camerounaise
efforts de pacification. C’est d’ail-
leurs un général camerounais Mar-
tin Tumenta Chomu qui dirigeait
les troupes de la Mission interna-
tionale de soutien à la Centrafrique
(Misca) avant d’être nommé, le 15
septembre 2014, par le secrétaire
général de l’ONU Ban Ki-moon à la
à la tête de la Mission multidimen-
sionnelle intégrée de stabilisation
des Nations unies en République
centrafricaine (Minusca).
Pays d’hinterland, l’essentiel du ra-
vitaillement de la Centrafrique pro-
Le Cameroun vient du Cameroun. En effet, plus
est le pays qui de 80 % des exportations et des im-
subit plus les portations de ce pays transitent par
effets de l’in- le port de Douala, au Cameroun,
avant d’être acheminées par route
stabilité en jusqu’à Bangui, la capitale.
RCA. Achille Mbog Pibasso,
Douala

FRANCE-MAROC
Visite du Roi Mohammed VI à Paris
Le chef de l'Etat français, François Hollande, s’est
entretenu lundi 9 février au palais de l'Elysée avec le
souverain marocain Mohammed VI. Rabat et Paris ont
décidé de tourner la page et ouvrir de nouvelles
perspectives économiques et judiciaires.
U
n vent nouveau souffle sur
l'axe Paris -Rabat. Après ce
que l'on pourrait considérer
comme une période de flottement
qui a presque duré un an, le fil di-
plomatique est renoué. D'après un
communiqué de l'Elysée, le souve-
rain marocain a été reçu à l'Elysée,
lundi 9 février à 17h. Signalons que
Paris et Rabat avaient décidé, le 31
janvier, de «tourner la page» après
une année de brouilles, en rétablis-
sant leur coopération judiciaire et
anti-djihadiste. Beaucoup de spécia-
listes des relations internationales
avaient évoqué une crise bilatérale
majeure sur certaines questions
d'ordre stratégique qui opposaient
les deux pays. Ce froid avait été ma-
térialisé par la position radicale du
Maroc, lequel avait décidé de sus-
pendre, fin février 2014, sa coopéra-
tion avec la France, motivée par la
cascade de plaintes en France auprès
des juridictions françaises contre de
hauts dignitaires marocains.
Dégel diplomatique
Le 1er février, la princesse Lalla Me-
ryem, sœur de Mohammed VI, avait
décoré trois personnalités reli-
gieuses emblématiques qui incar-
naient les trois principales religions
monothéistes dont un rabbin, un
imam et un prêtre.
Le sherpa du gouvernement français,
Manuel Valls, très touché par cet acte
symbolique, avait magnifié «l'ami-
tié» entre la France et le Maroc, en
qualifiant ce lien de «fort et de résis-
tant» aux vicissitudes du temps.
Ismael Aidara, Dakar
Approbation de
l’orientation budgé-
taire 2015 Angola
Au cours d’un Conseil des ministres,
présidé la semaine dernière à Luanda
par le président angolais José
Eduardo dos Santos, il a été approuvé
une stratégie visant la révision du
budget général de l'Etat et la pro-
grammation macroéconomique
pour 2015. Entre autres objectifs,
cette stratégie vise le maintien de la
stabilité du niveau général des prix, le
contrôle et le maintien du niveau des
réserves internationales nettes, ainsi
que la réduction des dépenses pu-
bliques, la diversification de l'écono-
mie nationale, le maintien du rythme
de croissance économique, la renégo-
ciation des actuels accords de la dette
et la négociation de nouveaux ac-
cords. La stratégie adoptée vise éga-
lement à maintenir les ressources
pour répondre aux besoins mini-
maux des 54 programmes du secteur
social prévus pour 2015 et l’augmen-
tation des recettes non pétrolières.
L’Erythrée accusée
de menacer la paix
sous-régionale
Pour Hailemariam Desalegn, Pre-
mier ministre éthiopien, l’Érythrée
Rencontre déstabilise la paix et la sécurité dans
Hollande- les pays de la région, y compris Dji-
Mohammed VI au
palais de l'Elysée bouti. Il s’est ainsi exprimé, la se-
à Paris maine dernière, au cours d’une
conférence de presse conjointe avec
Ismaël Omar Guelleh. A Djibouti, il a
soutenu que les deux pays vont s’unir
pour défendre leurs frontières. Outre
le maintien des sanctions en vigueur
sur l’Érythrée, le chef du gouverne-
ment éthiopien a indiqué que les res-
ponsables de la sécurité des deux
pays vont discuter sur cette question
et finaliser une position commune. A
noter que Djibouti et l’Érythrée se
Un lien fort et sont engagés dans 2 conflits fronta-
résistant aux liers au cours des dernières années,
tandis que l’Éthiopie et l’Érythrée se
vicissitudes du sont affrontées pendant une guerre
temps. de 2 ans sur un triangle des fron-
tières en 1998.
19 février 2015 Les Afriques . 33
ARRÊT SUR IMAGE

Turquie
Le 10 février 2015. Sommet des ministres des Finances du
G20 à Istanbul. La Turquie a abrité pour la première fois
la présidence tournante du G20.

34 Les Afriques . 19 février 2015

19 février 2015 Les Afriques . 35
DOSSIER

Finance islamique
L’Afrique en selle
La finance islamique a de beaux jours devant elle. En témoignent les
chiffres de cette nouvelle branche qui enregistre pas moins de 18 à
30% de croissance par an. Ses actifs financiers ont doublé en 5 ans,
pour atteindre 1 800 milliards de $ en 2013, alors qu’ils n’étaient que
de 800 milliards de dollars en 2010. L’Afrique compte en profiter.

L
a finance islamique a de beaux jours
devant elle. En témoignent les chiffres
de cette nouvelle branche qui enregis-
tre pas moins de 18 à 30% de crois-
sance par an. Ses actifs financiers ont
doublé en 5 ans, pour atteindre 1 800 milliards
de dollars en 2013, alors qu’ils n’étaient que de
800 milliards de dollars en 2010. Selon les spé-
cialistes, les actifs de la finance islamique pour-
raient atteindre les 4 000 milliards de dollars à
l’horizon 2020.
Depuis la crise de 2008 qui a frappé le monde
économique et financier, la plupart des Etats
Pour le continent cherchent de nouveaux leviers pour stimuler
leurs économies. Beaucoup de pays tentent d’at-
africain qui fait tirer les investisseurs du Golfe qui donnent une
priorité aux projets d’investissement islamiques.
face à des Notons que les pétromonarchies du Golfe font
problèmes de partie des rares pays disposant d’assez de liqui-
dités au lendemain de la crise financière. En
financement, la plus, les produits de la finance participative qui
finance islamique s’adressent en premier lieu aux consommateurs
musulmans ont un potentiel de développement
est donc une du fait de l’importante communauté musul-
mane dans le monde qu’on estime à 1,6 milliard
véritable de personnes, dont plus de 400 millions en
aubaine. Afrique.
Pour le continent africain qui fait face à des pro-
blèmes de financement, la finance islamique est
donc une véritable aubaine. Notamment pour fi-
nancer les grands projets d’infrastructures et
pour proposer aux populations musulmanes
(qui représentent 44% de la population totale du
continent) des services financiers qui corres-
pondent mieux à leurs convictions religieuses.
Certains pays africains comme l’Afrique du Sud,
le Soudan, Djibouti, etc., ont déjà montré un vé-
ritable intérêt pour ce secteur. Dans d’autres
pays (tels que le Maroc, la Côte d’Ivoire, la Tu-
nisie, la Mauritanie, le Mali, le Soudan), l’année
2015 sera marquée par le démarrage de nou-
veaux projets ou la mise en place du cadre légis-
latif qui va rendre possible le développement des
services financiers participatifs.
Les professionnels de cette nouvelle industrie af-
fichent leur engouement et multiplient les ren-
contres, afin de mieux explorer les opportunités
qu’offre le secteur pour le contient. Ce fut le cas
lors de la 6ème édition du Forum africain de la
finance islamique (FAFI), tenu récemment à Ca-
sablanca, du 28 au 29 janvier 2015. Autant dire
que les acteurs africains aussi s’y sont mis et ten-
tent de prendre le train en marche. En tout cas,
une chose est sûre, les experts sont formels, la fi-
nance islamique constitue un créneau porteur
pour l’Afrique.
Ibrahim Souleymane,
Casablanca

36 Les Afriques . 19 février 2015

19 février 2015 Les Afriques . 37
DOSSIER

Finance islamique Etat des lieux

dans quelques pays d’Afrique
Les experts s’attendent à un essor de la finance participative en
Afrique. En 2015, beaucoup de projets et initiatives en faveur des
services financiers islamiques sont en cours dans plusieurs pays.
La City n’a pas hésité

D
epuis quelques années, on peut noter
un certain développement de la fi-
nance islamique sur le continent.
«Suite à la crise de 2008-2009, on s’est
rendu compte que la finance conven-
tionnelle, telle qu’elle est pratiquée, n’est ni éthique,
En Afrique du ni solidaire, ni transparente, ni adossée à des actifs
Nord, les acteurs tangibles, avec une prise de risque irresponsable», sou-
ligne Sami As-Soulaimani, directeur associé à Fi-
de cette région néapolis Consulting, cabinet spécialisé en Finance
islamique, coorganisateur du FAFI (Forum africain
ont d’ailleurs de la finance islamique).
créé en 2013 la En Afrique du Nord, les acteurs de cette région ont
d’ailleurs créé en 2013 la Ligue maghrébine de la fi-
Ligue maghrébine nance islamique. Un regroupement qui rassemble
l’Association tunisienne de la finance islamique, le
de la finance Centre de Changuite en Mauritanie, l’Association
islamique. marocaine de l’économie islamique et l’Association
marocaine pour les études et les recherches sur la
Zakat et l’Association libyenne. La Ligue maghré-
bine compte aussi deux membres d’honneur : un
organisme du Sénégal et un autre de Barcelone.
En plus des banques islamiques, dont le nombre ne
cesse d’augmenter d’année en année, les pays afri-
cains se tournent de plus en plus vers le sukuk, qui
est le produit de la finance islamique le plus connu.
Il s’agit d’un emprunt obligataire pour financer un
actif tangible, comme un immeuble ou des projets
d'infrastructures (autoroutes, voies ferroviaires,
etc.). Il permet ainsi de diversifier les sources de fi-
nancement. D’où l'intérêt croissant qu’il suscite
dans beaucoup de pays. Au niveau international, par
exemple, le Royaume-Uni et le Luxembourg ont
tous lancé des obligations sous forme de sukuks. Ce
produit financier est véritablement une solution al-
ternative pour les Etats, les entrepreneurs ou les éta-
blissements financiers, afin de diversifier leurs
investissements.
De nombreux pays africains sont en marche vers la
finance islamique. «Il y a un retour aux fondamen-

38 Les Afriques . 19 février 2015


Pour financer son
pipeline pétrolier
partant des
champs pétro-
liers d’Heglig au
terminal de Port
Soudan, le
Soudan avait
opté pour
l’émission d’un
sukuk de 1,5 Mrd
de $ en 2012.
Financements
de projets structurants
(chantier pipeline Heglig au
terminal de Port Soudan)
taux et un retour de tous les pays vers la finance
éthique, qui se base sur une approche inclusive pour fi-
nancer l’économie, créer de la richesse et la répartir
équitablement», note Sami As-Soulaimani. Ainsi, on
peut noter l’émergence de projets dans la finance
participative dans de beaucoup de pays.
Au Soudan
Le Soudan est le pays africain qui compte le plus
grand nombre de banques islamiques. Pour finan-
cer son pipeline pétrolier partant des champs pé-
troliers d’Heglig au terminal de Port Soudan, le
Soudan avait opté pour l’émission d’un sukuk de
1,5 milliard $ en 2012. L’agence de gestion de la
dette soudanaise envisage d’émettre d’autres su-
kuks, en devise ou monnaie soudanaise, qui seront
adossés sur le rendement d’actifs miniers aurifères.
Selon Azhari Eltayeb Elfaki, directeur général de
Soudan Financial Services Co, le pays émet en
moyenne quatre fois par an un sukuk musharaka
offrant un rendement entre 16 et 19%.
Au Sénégal
La première banque islamique a été créée en 1983.
Le gouvernement sénégalais et la Société islamique
pour le développement du secteur privé (SID), fi-
liale de la Banque islamique de développement, ont
émis le premier sukuk du pays, d’un montant de
100 milliards de f CFA (environ 200 millions de dol-
lars) en 2014. Le sukuk a été adossé à des actifs sous-
jacents constitués de trois immeubles dont la valeur
a été estimée à 100 milliards de f CFA. Les investis-
seurs sont rémunérés grâce au profit lié au rende-
ment de ces actifs. Notons qu’au Sénégal, il existe
aussi un Institut africain de la finance islamique qui
forme des professionnels souhaitant faire carrière
dans cette spécialité.
A Djibouti
4 banques islamiques se sont installées dans le pays
à partir de 2006 et détiennent déjà 20 % de parts du
marché. Grâce à un cadre juridique favorable au dé-
veloppement de la finance islamique, Djibouti
pourrait devenir un hub sous-régional pour la fi-
nance participative. La taille du marché des quatre
banques islamiques est évaluée à environ 312 mil-
lions de dollars (55,5 milliards de francs djibou-
tiens), en hausse de 20% depuis 2013.
En Afrique du Sud
En 2014, l’Afrique du Sud a lancé un premier sukuk
de 500 millions de dollars qui a eu un grand succès,
puisque le carnet d’ordre a atteint 2,2 milliards de
dollars. L’opération a été réalisée avec un taux plus
favorable que les eurobonds. L’emprunt qui arrive à
maturité dans 5,75 ans est rémunéré au taux de
3,9%. Selon les responsables du Trésor public sud-
africain, 59% des investisseurs ayant souscrit à ces
obligations islamiques sont originaires du Moyen-
Orient et d’Asie, 25% d’Europe et 8% des États-
Unis et du reste du monde. Des entreprises
publiques du pays ont également manifesté leur in-
tention de recourir aux produits islamiques pour se
financer. C’est le cas de la société d’Etat en charge
de la gestion des ports, de l’Eskom (dans l’énergie),
de Transnet (dans le transport).
Au Nigéria
Le Nigéria, qui compte quelque 80 millions de mu-
sulmans dont la majorité ne sont pas bancarisés,
19 février 2015 Les Afriques . 39
DOSSIER
Emission prochaine
de sukuks en Tunisie
veut devenir un pôle mondial de la finance isla-
mique. Le pays a lancé récemment des initiatives
pour créer un cadre règlementaire favorable à
l’émission obligataire (sukuk), l’assurance islamique
(takaful), ainsi que les produits de trésorerie inter-
bancaires. Pour le moment, le pays compte une
seule banque islamique, Jaiz Bank, qui a un total
bilan de 129 millions de $ et qui ambitionne de
créer 100 agences d’ici à 2017. Par ailleurs, Stanbic
IBTC, filiale de Standard Bank, compte aussi lancer
des produits financiers islamiques dans ses 165
agences dès que la Banque centrale lui délivre l’au-
torisation requise.
En Mauritanie
Selon le gouverneur de la Banque centrale de Mau-
ritanie, Sid’Ahmend Ould Rais, le marché financier
du pays sera bientôt prêt à offrir des services de fi-
L’Etat tunisien nance islamique à côté des produits financiers
conventionnels. Les autorités mauritaniennes comp-
envisage tent développer la finance islamique pour faire face
d’émettre des au déficit de financement dont souffre le pays.
sukuks au cours En Egypte
L’Egypte a mis en place de nouveaux cadres régle-
de l’année 2015 mentaires notamment pour favoriser l’émission de
pour attirer une sukuks. Barclays Bank Egypt SAE, filiale de la
banque britannique, a annoncé sa volonté de lan-
nouvelle classe cer des services de finance islamique.
d’investisseurs. En Tunisie
En Tunsie, la première banque islamique a été créée
40 Les Afriques . 19 février 2015
en 1983, il s’agit de Albaraka bank. Le pays compte
aujourd’hui plusieurs banques islamiques, dont la
plus connue reste la Banque Zitouna, qui vient de
se lancer dans la microfinance islamique en parte-
nariat avec la Banque islamique de développement
(BID). Par ailleurs, l’Etat tunisien envisage d’émet-
tre des sukuks au cours de l’année 2015 pour attirer
une nouvelle classe d’investisseurs, et diversifier les
sources du financement de son budget. Selon le mi-
nistre de l'Economie et des finances, Hakim Ben
Hammouda, le montant des sukuks (obligations is-
lamiques) s’élèvera à quelque 500 millions de dinars
(environ 264 millions de dollars).
Au Maroc
La finance participative devra représenter entre 3 et
5% du total des actifs en 2018 au Maroc, selon les
estimations des experts. Jusqu’en fin 2014, c’est uni-
quement Dar Assafaa, une société de financement
filiale du groupe Attijariwafa bank qui commercia-
lisait un produit financier islamique, représentant à
peine 1% des actifs bancaires du pays. Mais avec
l’entrée en vigueur de la nouvelle loi en 2015 qui au-
torise la création de banques islamiques, le secteur
devrait connaître rapidement un véritable essor.
Selon Sami As-Soulaimani, directeur associé à Fi-
néapolis Consulting, la finance islamique n’est qu’à
ses débuts sur le continent africain qui doit
construire son propre modèle, car l’Afrique a une
économie spécifique qui n’est ni celle du Golfe, ni
celle de l’Asie du Sud-est, ni celle du Moyen-Orient.
Ibrahim Souleymane
DOSSIER
Youssef Baghdadi «Avec la transformation
de Dar Assafaa en banque islamique, nous
allons lancer de nouveaux produits»
Youssef Baghdadi, président du directoire de Dar Assafaa, filiale d’Attijariwafa
bank, parle du nouveau cadre réglementaire qui ouvre la voie à la création des
banques islamiques au Maroc. Selon lui, les professionnels marocains nourrissent
beaucoup d’ambitions pour le développement de la finance islamique.
L
Youssef Baghdadi es Afriques : Dar Assafaa a été précurseur au
Maroc en commercialisant les produits fi-
nanciers islamiques. Qu’est-ce qui explique
cet intérêt particulier ?
Youssef Baghdadi : C’est une décision courageuse de la
part du groupe Attijariwafa bank qui a décidé de créer
une entité dédiée à la finance participative pour pouvoir
commercialiser les produits alternatifs, tel que stipulé
dans la circulaire de Bank-Al-Maghrib de 2007. C’est
ainsi que Dar Assafaa a été créé en 2010 dans l’objectif
de répondre à une clientèle qui demande ce type de fi-
nancement. Et compte tenu du marché, il fallait se pré-
parer à la loi qui vient d’être promulguée en fin 2014.
LA : Avec quels types de produits avez-vous com-
Nous ambition- mencé ?
Y.B. : Nous avons commencé par commercialiser Mu-
nons être le hub rabaha immobilier et maintenant nous avons Mura-
de la finance baha automobile, parce que c’est une demande présente
sur le marché. Avec l’installation de la banque, nous al-
islamique en lons développer d’autres produits.
Afrique. LA : Pendant cette période qui a précédé la nou-
velle loi sur la banque islamique, Dar Assafaa a
42 Les Afriques . 19 février 2015
fonctionné avec quel statut alors ?
Y.B. : Nous avons démarré en tant que société de fi-
nancement. La société s’appelle Dar Assafaa Litamwil.
LA : Vos produits s’adressent-ils aux particuliers
ou aux institutionnels ?
Y.B. : Pour le moment, nos produits s’adressent aux
particuliers, mais avec la transformation en banque
participative, nous allons lancer une offre plus globale.
LA : Selon vous, quel sera l’impact de cette nou-
velle loi sur le paysage financier marocain ?
Y.B. : Cette nouvelle loi va compléter le cadre régle-
mentaire déjà existant. Nous avons un système bancaire
bien solide, qui a fait ses preuves. Donc, la finance par-
ticipative viendra compléter tous les produits que nous
avons déjà au niveau de la banque conventionnelle,
pour répondre à la demande d’une population qui au-
jourd’hui est exclue du système bancaire classique.
LA : Est-ce qu’il y aura beaucoup de banques qui
vont se lancer dans la finance islamique avec ce
cadre réglementaire ?
Y.B. : C’est possible. Mais ce qui est sûr au niveau des
banques marocaines, il y aura beaucoup qui vont se
mettre à la finance participative.
LA : Depuis quelques années, le Maroc tente de se
positionner comme hub financier en Afrique, no-
tamment avec Casablanca Finance City. Est-ce que
ce statut est viable pour la finance islamique ?
Y.B. : C’est ce que nous ambitionnons, être le hub
de la finance islamique en Afrique, et pourquoi pas
le hub financier de tous les pays francophones.
LA : Quels sont les atouts du Maroc dans ce sens ?
Y.B. : Nous avons un système bancaire solide qui a fait
ses preuves et qui a résisté malgré la crise mondiale.
Ensuite, nous avons un savoir-faire bancaire prouvé
et une bonne expérience sur l’Afrique.
Propos recueillis par Ibrahim Souleymane
Panorama des produits islamiques
Il est en train d’être dépassé le temps où la finance islamique était à la mode.
Actuellement, avec un périmètre qui représente plus de 2 000 milliards d’euros
d’investissements, à travers le monde, elle est de plus en plus considérée
comme une branche à part entière de la finance.
L
es produits de la finance islamique re-
groupent l’ensemble des transactions et
produits financiers conformes aux prin-
cipes de la Charia (loi islamique). Il
s’agit des produits qui interdisent l’inté-
rêt, assimilé à l’usure (riba), l’incertitude, la spécu-
lation. Les produits financiers islamiques prohibent
aussi les investissements dans des secteurs considé-
rés comme illicites, tels que l’alcool, les paris et jeux
de loterie, le tabac… En outre, ils respectent le
principe du partage des pertes et des profits. On en
distingue plusieurs sortes.
La Mourabaha, ou vente avec bénéfice, est un contrat
de vente au terme duquel un vendeur cède un actif à
un financier qui le revend à un investisseur moyen-
nant un prix payable à terme. Il s’agit d’une vente à
tempérament. Généralement, l'emprunteur ou la
banque achète la marchandise ou le produit au four-
nisseur à la suite de l'ordre d’un client pour les re-
vendre au même client avec une marge de bénéfice
Dubai,
une place liquide
fixée à l’avance. Le délai de remboursement dépend
des revenus et varie entre 6 et 24 mois.
Les Sukuks (obligations islamiques) et produits fi-
nanciers assimilés sont des titres représentants
pour les titulaires des titres de créances ou un prêt,
dont la rémunération et le capital sont indexés sur
la performance d’un ou de plusieurs actifs pour
l’émetteur. Ces actifs sont affectés au paiement de la
rémunération et au remboursement des sukuks ou
des produits assimilés.
Quant au Bai Mouajjal, ou vente reportée, il signi-
fie que la banque achète des équipements/maté-
riaux pour les revendre à terme au co-contractant
sur la base d’un contrat à moyen terme, entre 2 à 5
ans. Dans les opérations d’export-import, la
banque achète des marchandises à un importateur
pour les revendre à un exportateur. Les opérations
d’investissement concernent les crédits à moyen et
long terme.
La Moucharaka est une participation d’une banque
19 février 2015 Les Afriques . 43
DOSSIER
Jakarta, capitale
de l’Indonésie,
une longue pratique
de la finance islamique
au capital d’un projet, chaque partie recevant les bé-
néfices proportionnellement à son apport. C’est une
formule de financement participatif. Elle implique
une parfaite connaissance du marché et des clients
afin de minimiser les risques de pertes de la banque,
d’autant plus que le financement peut être à court,
moyen et long terme.
A Ne pas confondre avec la Moudaraba qui est un
financement de fiducie. C’est une contribution au
fonds de roulement. La banque participe à un pro-
Le financement jet par une injection de capital. Le promoteur du
Kard Hassan est projet fournit son travail et peut faire un apport en
capital. Le partage des bénéfices est convenu entre
un financement les parties, et les pertes sont supportées par le four-
nisseur des fonds, sauf s’il y a faute, négligence ou
consenti à titre violation des conditions acceptées par la banque.
gratuit par la Pour bien distinguer Moudaraba de Moucharaka, il
est utile de savoir que le financement Moudaraba
banque qui ne est accordé aux clients jouissant d’une bonne mo-
ralité et d’une parfaite maîtrise de leur domaine
reçoit du d’activité, mais ne disposant de ressources finan-
bénéficiaire cières leur permettant d’exploiter leur expertise.
Ainsi, dans le contrat de Moudaraba, le client ap-
aucune porte son expertise et la banque apporte le finan-
cement nécessaire à la réalisation de l’opération.
rémunération. L’Istisna’a est un contrat d’entreprise en vertu du-
quel une partie, appelée Moustasni’i, demande à
44 Les Afriques . 19 février 2015
une autre, Sani’i, de lui fabriquer ou construire un
ouvrage moyennant une rémunération payable
d’avance, de manière fractionnée ou à terme. C’est
une formule qui peut revêtir l’aspect d’une opéra-
tion triangulaire, faisant intervenir aux côtés de la
Banque, le maître de l’ouvrage et l’entrepreneur
dans le cadre d’un double Istisna’a.
La Ijara ou crédit-bail consiste pour la banque à
acquérir des biens qu’elle met à la disposition du
client en location. Dans ce cas, la banque perçoit
un loyer pour le service rendu.
Avec la Ijara wa Iktina, ou location vente, la
banque achète des biens qu’elle met à la disposition
du client sur la base d’un contrat de location-vente,
moyennant paiement de loyer convenu entre par-
ties. Le client verse les loyers dans un compte d’in-
vestissement islamique, dont le solde créditeur sera
affecté au terme de l’opération à l’achat du bien
objet du contrat. Ce compte d’investissement dans
lequel sont déposés les loyers est rémunéré par la
banque au profit du client.
Enfin, le financement Kard Hassan est un finance-
ment consenti à titre gratuit par la banque qui ne
reçoit du bénéficiaire aucune rémunération. La
seule obligation du client consiste à rembourser à
l’échéance le montant du capital qui lui a été prêté.
Daouda MBaye
Laurent Marlière
«L’essor de la finance islamique dépendra
de la pédagogie dans la communication»
En marge de la 6ème édition du FAFI, Laurent Marlière, CEO du cabinet Isfin et
expert international en marketing des marchés musulmans, explique les leviers
sur lesquels communiquer afin de mieux vulgariser les produits de la finance
islamique. Selon lui, l’Afrique est un marché qui a beaucoup de potentiel.
Laurent Marlière
A propos
Isfin est un cabinet de conseil leader dans le
conseil pour les marchés musulmans avec une
présence dans 75 pays sur les cinq continents. Le
cabinet accompagne les investissements éma-
nant du monde musulman vers l’Occident, mais
L
es Afriques : Malgré le montant important de
ses actifs financiers, l’industrie de la finance
participative manque de visibilité pour
beaucoup. Comment expliquez-vous ce paradoxe ?
Laurent Marlière : C’est vrai que la finance isla-
mique est une activité qui peut susciter des interro-
gations. Mais cela dépend si on a un regard de
musulman ou de non musulman. C’est vrai qu’en
Occident, dans certains milieux, les gens confon-
dent finance islamique et religion. Alors que d’au-
tres arrivent à percevoir l’intérêt qui va au-delà du
concept mélangeant les mots finance et islamique.
Si vous évoquez finance islamique en France, les
gens entendent «islamique» alors que si vous allez à
Londres les gens vont entendre «finance». Avec le
temps, les observateurs vont aller au-delà des per-
cepts religieux et comprendre la finalité, le contenu
et les mécanismes de la finance islamique qui a deux
éléments forts en lui. D’abord le côté éthique, à ce
niveau la finance conventionnelle doit se redéfinir
au niveau éthique. Mais aussi le côté liquidité,
puisque l’Occident a ce que j’appelle des solidités,
c’est-à-dire des opportunités d’investissement alors
que le monde musulman a beaucoup de liquidités.
C’est là-dessus que la finance islamique va pouvoir
se développer.
LA : Quels sont vos conseils pour vulgariser la fi-
nance islamique afin de rendre accessibles ses pro-
duits à un large public ?
aussi l’intérêt croissant des sociétés occiden-
tales et des multinationales pour les marchés
musulmans. Le cabinet travaille sur l’économie
islamique et l’industrie du halal dont la finance
islamique fait partie.
19 février 2015 Les Afriques . 45
DOSSIER
Laurent Marlière et Fawaz
Alkhateeb, au cours d’une
précédente conférence à
Dubai en 2014
L.M. : Il faut travailler sur une proposition de va-
leur qui ne soit pas seulement religieuse. On ne
peut pas vendre au consommateur que de la reli-
gion. Si on vend le concept religieux au lieu de la fi-
nance, on va limiter l’achat du produit bancaire
islamique au segment ultrareligieux. Alors que
d’autres acheteurs potentiels vont être convaincus
des bénéfices de la banque ou de la finance isla-
mique, au-delà du segment religieux. Ca peut être
la qualité du service, la sécurité des transactions, et
des capitaux, l’éthique liée à des produits non
toxiques, etc. Donc, il va falloir décliner la finance
islamique sur autre chose que du religieux en tant
que proposition de valeur.
LA : Autrement dit, les produits financiers isla-
miques s’adressent aussi bien aux musulmans
Si on vend le qu’aux non musulmans ?
L.M. : Oui, tout à fait. Mais à condition qu’on ne
concept religieux les vende pas comme une finance religieuse. Parce
que dire aux non musulmans d’acheter de la fi-
au lieu de la nance islamique, c’est comme demander d’acheter
finance, on va un frigo catholique ou une voiture juive. Pour
acheter ça, il faut donc pouvoir faire de la pédago-
limiter l’achat du gie et expliquer aux gens que derrière le vocable is-
produit bancaire
islamique au Bio-express
segment Laurent Marliere, CEO du cabinet Isfin, est spé-
ultrareligieux. cialiste du marketing des marchés musulmans.
Une discipline qu’il enseigne à l’Université Pa-
46 Les Afriques . 19 février 2015
lamique, il y a une série d’atouts et de faire-valoir
qui vont répondre aux besoins de différents types
de consommateurs. Je pense que les non musul-
mans peuvent être convaincus par les produits ban-
caires islamiques.
LA : Est-ce que l’Afrique est un terrain propice
pour le développement de la finance alternative ?
L.M. : Oui, elle l’est à plusieurs égards. Tout
d’abord, la finance islamique jusqu’à présent est
une affaire de riches, et donc très souvent il y a ce
mythe que la finance islamique est faite pour les
masses. Ça n’a pas été prouvé en dehors de la Ma-
laisie et de quelques pays du Golfe. Mais la finance
islamique c’est pour les riches et les gouverne-
ments. Là où la finance islamique va pouvoir faire
ses preuves, je crois ce sera en Afrique où on a de
réels besoins en retail. Il va falloir que la finance is-
lamique segmente les produits qu’elle offre. On va
l’avoir sous forme d’investissements souverains, de
sukuks, en Afrique, mais on doit aussi l’avoir dans
la microfinance, le crownfunding, le private equity,
le retail. Parce que les besoins sont différents ici par
rapport aux pays du Golfe et en Asie.
Propos recueillis par Ibrahim Souleymane
ris-Dauphine (en France), à l’Université de Ra-
bat, à l’Essec à Tunis, et à l’université Catho-
lique de Louvain (en Belgique).
DOSSIER

Finance islamique Une solution

pour financer le développement ?
Selon plusieurs experts qui ne cachent pas leur engouement pour
l’essor de cette nouvelle industrie, la finance participative serait une
solution idéale pour les pays africains afin de financer leurs
nombreux projets.
Financer les infrastructures

Pour des pays

africains qui
présentent
d'énormes

L’
besoins en immense potentiel des activités ban-
financement, les caires et financières islamiques consti-
tue un instrument de financement
Sukuks pour le développement en Afrique. La
finance islamique pourrait ainsi com-
pourraient leur pléter le système financier conventionnel. Les pays
permettre africains sont confrontés à des besoins considérables
en termes d’investissement pour assurer leur déve-
d’attirer des loppement, en finançant notamment des infra-
structures. La finance islamique pourrait ainsi
investisseurs constituer un nouveau moyen de financement, per-
étrangers et mettant de lever des fonds en captant une partie des
flux d’investissement en provenance des pays pétro-
diversifier leurs liers du Golfe et du Moyen-Orient.
sources de Sukuks et financement
financement. des infrastructures
Selon l'agence de notation américaine Standard &
Poor's, depuis quelques années, de plus en plus de
pays africains lancent ou songent à émettre des Su-
kuks (obligations conformes à la Charia) pour sti-
muler leur croissance et réduire leurs déficits.
Notons que les émetteurs de Sukuks s'engagent à ne
pas spéculer avec les fonds levés ou à les investir dans
des secteurs «haram», comme l’industrie du jeu.
«Nous croyons que les obligations islamiques émises
par les pays africains pourraient intéresser une base
d'investisseurs du Conseil de coopération du Golfe
(CCG) ou de la Banque islamique de développement
(BID), qui cherchent des opportunités d'investisse-
ments charia-compatibles», souligne Christian Esters,
analyste chez S&P, auteur de l'étude sur la finance is-
lamique. Selon lui, «Les pays membres du GCC dis-
posent d'excédents budgétaires, lesquels, nous croyons,
pourraient être investis éventuellement dans les Sukuks
émises par d'autres régions».
Pour des pays africains qui présentent d'énormes
besoins en financement, les Sukuks pourraient leur

48 Les Afriques . 19 février 2015

 permettre d’attirer des investisseurs étrangers et di-
Pour bien réussir versifier leurs sources de financement, dans des
en Afrique, la projets comme les infrastructures, selon S&P.
Les pays africains qui s’intéressent aux Sukuks
banque islamique pourraient capter ainsi les fonds de la BID, l’une
des banques pionnière dans la finance islamique et
doit prouver sa qui finance des projets d’infrastructures, d'agricul-
valeur ajoutée. ture et d'énergie.
Les pays africains bien intéressés
L'Afrique du sud, le Nigéria, le Sénégal et la Mau-
ritanie ont tous montré un véritable intérêt pour
l'émission des obligations islamiques Sukuks. Les
pays membres de l’Uemoa et de la Cemac se sont
dotés de cadre juridique pour rendre possibles des
opérations de finance islamique. Dans ce sens, la
Bceao et la BID (Banque islamique pour le déve-
loppement) avaient signé un accord en 2012 afin
d’assurer la promotion et le développement de l’in-
dustrie de la finance islamique au sein de la zone
économique de l’UEMOA. La BID et sa filiale SID
(Société islamique pour le développement du sec-
teur privé) ont réalisé beaucoup d’investissements
en Afrique de l’Ouest depuis 2008. Ces deux
banques ont un réseau de plusieurs filiales en
Afrique. Elles détiennent notamment les Banques
islamiques de Guinée, de Mauritanie, du Niger, du
Sénégal. La SID opère à travers la société Tamweel
Africa Holding qui est son bras financier pour in-
vestir. En 2012, son portefeuille de crédits est es-
timé à plus de 400 millions d’euros. La BID compte
D’importantes perspectives
aussi se développer à travers la banque islamique
au Bénin et au Mali et créer une société de crédit-
bail au Tchad.
Défis à relever
Si le marché reste porteur, le secteur devra néan-
moins surmonter un certain nombre de défis. Selon
Zoubeir Ben Terdeyet, business development ma-
nager chez Temenos, pour bien réussir en Afrique,
la banque islamique doit prouver sa valeur ajoutée
sur le plan sociétale et diversifier ses produits. Pour
Khalid Ismaili Idrissi, conseiller juridique à la BID
(Banque islamique pour le développement), le
cadre juridique reste également un point impor-
tant à régler pour permettre l’essor de la finance al-
ternative. Selon lui, un cadre juridique et fiscal
adapté conditionne le succès des produits isla-
miques. Dans la finance participative, le transfert
de propriété peut grever les charges fiscales et coû-
ter bien plus cher que les opérations de la finance
conventionnelle, si le cadre réglementaire n’est pas
optimisé pour les opérations Charia compatibles.
Selon les spécialistes, la microfinance islamique et
l’Istisna’a offrent d’importantes perspectives de dé-
veloppement pour le financement des projets im-
mobiliers et agricoles, notamment dans les pays de
la zone franc. Par contre, les instruments financiers
plus complexes seraient plus adaptés aux projets à
forte valeur ajoutée et aux grandes entreprises.
Ibrahim Souleymane,
Casablanca
19 février 2015 Les Afriques . 49
DOSSIER

Maroc Quel intérêt derrière la

création des banques islamiques ?
Le Maroc disposera enfin dans un futur proche de plusieurs banques
participatives dites islamiques. Après l’adoption du projet de loi relatif
à ces institutions participatives, comment ce nouveau moyen va-t-il
financer l’économie marocaine et participera-t-il au développement du
secteur bancaire ?
Après un timide démarrage,
la place financière résolue
à développer la branche

La Banque
centrale du
Maroc, Bank Al
Maghrib, avait

I
donné depuis l est certes vrai que par rapport à d’autres
pays africains, la finance islamique a tardé à
2007 son aval à s’installer au Maroc. Pour Belkheiri Mansour,
docteur en sciences économiques, «il n’y avait
certains établis- pas de volonté politique ni économique favora-
sements de ble à cette installation». En effet, pour ce spécialiste
en matière de la fiscalité internationale, le Maroc
crédits conven- avait une réticence visible vis-à-vis des banques is-
lamiques. Ainsi, derrière cette réticence se cachait le
tionnels pour souci du rétrécissement probable des parts de mar-
commercialiser chés et des marges bancaires. Il est à souligner dans
ce cadre que la Banque centrale du Maroc, Bank Al
trois produits Maghrib, avait donné depuis 2007 «son aval à cer-
islamiques. tains établissements de crédits conventionnels pour
commercialiser trois produits islamiques pour le fi-
nancement des opérations (et non pour les dépôts) :
Mourabaha, Moucharaka et Ijara. Cette opération
s’est presque soldée par un échec flagrant faute prin-
cipalement de la sensibilisation et de la cherté de ces
produits», affirme Belkheiri Mansour.
Aujourd’hui, alors que le projet de loi sur les
banques participatives est adopté, les trois pre-
mières banques marocaines, à savoir Attijariwafa
bank, BMCE Bank et la Banque Populaire, ont an-
noncé leur intention de créer des produits de la fi-
nance islamique, voire des filiales dédiées. Il
convient de rappeler qu’il n’existe aucun texte d’or-
dre législatif ou réglementaire qui interdisait la
mise en place des banques islamiques au Maroc. La
loi bancaire, la loi sur la société anonyme, le code
de commerce et l’ensemble des textes de lois impo-
sent certaines conditions à remplir sans pour au-

50 Les Afriques . 19 février 2015

 tant interdire la création de la banque islamique.
Un nouveau Pour les banques islamiques, le respect des règles
souffle, une de la Charia doit être observé, en plus de la législa-
tion bancaire en vigueur. «Il s’agit notamment de la
opportunité à condamnation des prêts à intérêt, du partage des pro-
fits et pertes et de l’interdiction du financement des
saisir pour activités illicites», clarifie encore Belkheiri.
drainer des Il est tout à fait légitime de se demander quel est
l’intérêt de la création des banques islamiques alors
capitaux. que le Maroc dispose d’une multitude de banques
classiques qui contribuent au financement de l’éco-
nomie et qui répondent au besoin des Marocains
avec un taux de bancarisation de plus de 35%.
Il s’agit d’un nouveau souffle, une opportunité à
saisir pour drainer des capitaux, avec la possibilité
d’engendrer sûrement un accroissement du taux de
bancarisation au Maroc en appréhendant le poten-
tiel d’épargne qui échappe encore au circuit ban-
caire traditionnel pour des raisons de convictions
religieuses. Par ailleurs, la concurrence entre les en-
tités bancaires islamiques et classiques va impliquer
nécessairement les meilleures prestations qualité-
prix, une hausse du taux de bancarisation, un ren-
forcement de la transparence et de la traçabilité des
transactions. Le contexte marocain interne et ex-
terne marqué notamment par l’alourdissement du
déficit budgétaire, la carence de liquidités bancaires
et le ralentissement de la croissance de l’Union eu-
ropéenne constitue un autre motif pour activer la
création des banques islamiques au Maroc.
Finance islamique : Un investissement productif
Plus qu’une alternative,
un refuge
Selon les professionnels du secteur bancaire, plus
que les autres modes de financement de l’écono-
mie, la finance islamique s’appuie sur des valeurs
morales et éthiques islamiques. Un financement is-
lamique a l’avantage de s’orienter vers l’investisse-
ment productif au lieu de la spéculation et «des
bulles financières». On a toujours à l’esprit la crise
financière de 2007 déclenchée aux Etats-Unis à
cause de l'octroi massif de prêts immobiliers à des
ménages surendettés et insolvables. En principe, les
institutions financières islamiques disposent d'un
comité de conformité, appelé communément «Sha-
ria Board», ce comité établit de façon indépendante
les conditions de validité des transactions au regard
des règles et principes de la Charia. Le nombre de
banques islamiques dans le monde a atteint, en
2010, 300 implantées dans plus de 75 pays. Ce chif-
fre demeure très insuffisant eu égard à la popula-
tion musulmane qui constitue 25% de la
population mondiale, soit 1,5 milliard.
Néanmoins, le développement actuel de la finance
islamique constitue une opportunité pour apporter
des réponses appropriées en matière de disciplines
budgétaires, aux crises de la dette et des surprises
malheureuses des Bourses de valeurs. La crise fi-
nancière de 2008 a remis en cause le système de la
finance conventionnelle. Ce qui a forcé l’Occident
à s’intéresser davantage à la finance islamique
considérée comme refuge contre toute sorte de tur-
bulences financières.
Sanae Taleb, Casablanca
19 février 2015 Les Afriques . 51
FOCUS
Vers où nous mène
le «roi» pétrole ?
L’année 2014, qui vient de s’achever, aura été marquée dans le
monde par la montée d’un risque géopolitique qui sans nul doute
continuera son petit bonhomme de chemin en 2015. C’est celui
de l’omniprésent et indispensable «roi» pétrole. Phénomène
conjoncturel ou tendance structurelle ? Décryptage.
L
a désormais permanente crise pétrolière
pour certains ou nouvel ordre pétrolier
mondial pour d’autres, tous caractérisés
par la brutale chute du prix du pétrole
de plus de 40% à la fin de l’année, res-
tera probablement comme l’un des principaux
événements marquants de 2014. C’est spectacu-
laire ! De juin 2014, où le baril valait 115 dollars, il
est retombé à 53 dollars le 31 décembre 2014, pour
être en dessous de la barre de 50 dollars le mercredi
7 janvier 2015. Si le prix du pétrole était resté élevé
Mahaman Laouan jusqu’en juin 2014, ce n’est pas parce que la pro-
Gaya, expert duction était insuffisante, mais parce qu’on avait
international en anticipé une forte demande difficile à satisfaire
énergie et pétrole dans les années à venir. Les experts évoquent dés-
ormais un basculement du marché. Comment en
est-on arrivé là ? Sommes-nous face à un phéno-
mène conjoncturel ou une tendance structurelle ?
Et quelles incidences sur les économies africaines ?
Quel impact sur la transition énergétique ? Ce qui
est impressionnant dans cette affaire, c’est que tous
les économistes, prévisionnistes et autres stratèges
des marchés refont mouliner tous leurs modèles
La manipulation pour analyser les conséquences de cet effondre-
ment. Mais en fait, les raisons de cette baisse et son
des prix du impact sur les économies tant des pays produc-
pétrole reste une teurs nets que celles des pays consommateurs sont
plus complexes qu’ils n’y paraissent.
composante
Arme de destruction économique
fondamentale. Ressource stratégique suprême, le pétrole le restera
encore très longtemps, car, contrairement aux
52 Les Afriques . 19 février 2015
nombreuses analyses sur l’atteinte du pic pétrolier
ou même la fin du pétrole, la planète regorge
d’abondantes réserves (hydrocarbures conven-
tionnels et non conventionnels) économiquement
exploitables maintenant et bien plus tard. Ce n’est
donc pas demain que l’on songera à détrôner le
«roi» pétrole. C’est la matière première qui suscite
le plus de convoitises au point où elle exige des
gouvernements de certaines puissances occiden-
tales une surveillance permanente qui les conduit
à des comportements parfois extrêmes pour s’as-
surer de son approvisionnement régulier, mais
aussi pour l’utiliser comme arme de destruction
économique. Pour y arriver, diverses méthodes
sont utilisées dans le maniement de cette redouta-
ble arme qu’est le pétrole. Au nombre de ces mé-
thodes, la sécurisation des approvisionnements
constitue une sorte de bouclier de guerre (depuis
les deux chocs pétroliers de 1973 et 1979, ces puis-
sances n’ont plus jamais souffert de pénurie de pé-
trole) et la manipulation des prix du pétrole reste
une composante fondamentale.
Du marché physique
au marché financier
Le cours du pétrole, qui est la base du marché pé-
trolier, est constitué d'un ensemble de prix déter-
minés par les opérateurs de ce marché et qui
concernent principalement sa valeur propre, mais
aussi sa valeur spéculée à différents termes. Rap-
pelons que les pétroles selon leurs qualités (on
compte plus de 300 qualités de brut différentes
19 février 2015 Les Afriques . 53
FOCUS
Tankers pétroliers
dans le monde) sont cotés comparativement à des
pétroles de référence, dont principalement quatre
pétroles bruts ; le Brent de la Mer du Nord et le
WTI (West Texas Intermediate) américain étant les
deux principaux (les markers). Les prix (spot) de
l’essentiel de la production pétrolière de la planète
s'alignent sur ces deux références. Au cours des
trente (30) dernières années, le marché du pétrole
est devenu le plus grand marché des matières pre-
mières du monde et a évolué d’un marché de com-
merce physique vers un marché financier
sophistiqué où les horizons des échanges s’éten-
dent au-delà de dix ans. Les fondamentaux du
marché qui caractérisaient jusqu’alors l’ordre
mondial du pétrole semblent quelque peu dépassés
ou en voie de l’être, depuis 2001-2002. Ce que
nous considérions jusqu’ici comme «crise énergé-
tique», qui alterne chocs et contre-chocs pétroliers,
semble s’éterniser et ne plus ressembler aux chocs
pétroliers de 1973 et 1979. Depuis bientôt quinze
ans, on assistera à des mouvements d’oscillation
des prix du baril dans des amplitudes inquiétantes,
Les prix du tantôt pour les consommateurs et tantôt pour les
producteurs de pétrole. Le système que nous avons
pétrole sont jusqu’alors connu était celui de la domination du
marché du pétrole par l’OPEP qui détenait la po-
aujourd'hui litique de la stabilisation des prix du pétrole sur le
déterminés dans marché mondial, grâce à ses capacités de produc-
tion excédentaires. Mais aujourd’hui, l’OPEP as-
les salles de siste, impuissante à une transition vers une tout
marché. autre réalité. Le monde rentre dans une nouvelle
phase, où certes les fondamentaux du marché ont
encore leur mot à dire, mais où la domination de
54 Les Afriques . 19 février 2015
la géopolitique et de la spéculation prend de plus
en plus le dessus, si ce n’est déjà fait.
Prix à huis clos
De nos jours, le marché de pétrole s’identifie aux
marchés financiers, et à ce titre, il comprend des
opérations «physiques» à livraison immédiate ou
différée, et des opérations dites "papier" qui per-
mettent d’échanger des intentions d’achat ou de
vente de pétrole brut ou de produits raffinés. Seu-
lement, le marché «physique» ne représente au
mieux que 10% des transactions totales réelles du
pétrole dans le monde, l’essentiel reste sur des
mouvements fictifs, pour lesquels les contrats peu-
vent aller jusqu’à quinze ans. Dans cette ambiance
hautement spéculative, de nouveaux intervenants
à la solde de puissants groupes de pression et des
lobbys qui font et défont la politique internatio-
nale sont apparus. Contrairement à il y a quelques
années, les prix du pétrole sont aujourd'hui déter-
minés à huis clos dans les salles de marché où
outre les grandes compagnies pétrolières (majors
et indépendants) et les géants groupes parapétro-
liers (Schlumberger, Halliburton dont l’ancien pa-
tron n’est autre que l’ancien vice-président
américain, Dick Cheney...), on retrouve les inves-
tisseurs institutionnels au nombre desquels des
méga-institutions bancaires et financières (telles
que les américaines Goldman Sachs, Morgan Stan-
ley, JP Morgan Chase, Citigroup, l’allemande
Deutsche Bank ou la suisse UBS), les plus grands
traders mondiaux de matières premières (Vitol,
Glencore, Trafigura,…), les compagnies d’assu-
 rance (AIG) et les plus grands fonds spéculatifs du
Le London ICE a monde (Citadel, Tudor Jones). Dans ces salles, les
prix du pétrole sont fixés via un processus com-
été fondé en plexe et peu transparent à travers une accumula-
tion des règles successives imposées par les agences
partie par la très (Platts et Petroleum Argus) chargées d'établir des
puissante et cotations dont le mécanisme reste entièrement
manipulé par ces institutions. Les bourses-clé dans
redoutable ce jeu sont le Nymex et l’Amex de New York, le
banque London ICE, et dans une moindre mesure le
Tocom de Tokyo. Il faut noter que le London ICE
d’investissement a été fondé en partie par la très puissante et re-
doutable banque d’investissement Goldman Sachs
Goldman Sachs. qui se trouve être aussi l'indice des prix des ma-
tières premières le plus utilisé au monde, le GSCI
(Goldman Sachs Commodity Index), qui est sur-
lesté par le prix du pétrole. Outre le Nymex, la
place de New York anime à travers l’Amex, l’Arca
Oil & Gas Index (OIX) qui est un indice composé
d’une douzaine des plus grandes compagnies pé-
trolières mondiales (Exxon Mobil, Chevron, BP,
PetroChina, ConocoPhilips, Statoil…). Ces géants
pétroliers ont des capitalisations boursières de l’or-
dre de dizaines, voire des centaines de milliards de
dollars. Il est donc clair que les plus grands enjeux
mondiaux du pétrole se jouent plus dans cette
place de New York que nulle part ailleurs.
Un actif financier
Dans les mains des investisseurs institutionnels, le
pétrole est devenu un actif financier qui rentre
dans la diversification de leurs portefeuilles de ti-
tres. La fluctuation actuelle du prix du pétrole est
alimentée par des milliards de dollars des contrats
à termes sur le pétrole et le gaz spéculés sur ces
Des capitalisations
boursières de l’ordre
de centaines de milliards
de dollars
places de New York et de Londres. Cette financia-
risation du marché pétrolier a ajouté beaucoup de
volatilité sur les cours, c’est-à-dire qu’ils peuvent
varier fortement d’un jour à l’autre, à la hausse
comme à la baisse, selon l’orientation des intérêts
économiques, financiers et politiques des puis-
sants intervenants dont je parlais tantôt, qualifiés
(à raison d’ailleurs) de faire partie du gouverne-
ment mondial invisible. N’est-ce pas eux qui vien-
nent de se réunir à Davos ? Bien évidemment, les
profondes variations des prix de l’or noir, comme
je le disais ci-haut, restent encore liées aux fonda-
mentaux, mais au-delà de l'offre et de la demande
en pétrole, plusieurs autres éléments alimentent
la spéculation pétrolière. Ce sont, entre autres, les
variations du cours du dollar américain, les prises
de décisions politiques des gros pays producteurs,
des coûts d'investissement croissants (les re-
cherches des hydrocarbures non conventionnels
dans des zones très difficiles d’accès et leur traite-
ment), les politiques de transition énergétique, le
marché du carbone, etc. C’est donc dans ce
contexte extrêmement complexe que l’on peut re-
trouver les vraies explications à la récente fluctua-
tion à la baisse des prix du pétrole, qui peut aussi
changer de tendance à tout moment. Le débat qui,
aujourd’hui, agite les spécialistes sur le sujet est
devenu très passionnant avec des argumentaires
souvent contradictoires. Si certaines des raisons
de l'effondrement des prix du pétrole avancées
sont évidentes, d’autres le sont moins.
Une transition
Une chose au moins est certaine, nous sommes
dans le processus de transition de l’ancien vers un
19 février 2015 Les Afriques . 55
FOCUS
Puits de pétrole offshore
nouvel ordre pétrolier mondial. La spéculation
boursière et la guerre de tranchées que se livre tout
le monde (les pays producteurs se battent entre
eux, les pays producteurs contre les pays consom-
mateurs, et vice-versa, etc.) y vont de cette logique.
Manifestement, au sein de l’OPEP, le bras de fer sur
la question de la production n’est plus un secret de
Polichinelle. Les membres du cartel se livrent en ce
moment une bataille larvée sans merci. Il y a aussi
l’attitude quelque peu «inamicale» de l’Arabie
saoudite qui encourage la baisse des cours du pé-
trole, pour «mettre à mal» le développement des
hydrocarbures de schiste américains, dont la pro-
duction envisagée serait de 9,5 millions de barils
en 2015 (d’après l’agence américaine d’informa-
tion sur l’énergie). «L'Arabie saoudite est bien en-
gagée dans une guerre des prix contre le pétrole de
schiste américain», a d’ailleurs affirmé Mr Ali Bin
Ibrahim Al-Naimi, ministre saoudien du pétrole
durant la réunion à huis clos de l'OPEP, le jeudi 27
novembre 2014 à Vienne. Selon d’ailleurs certaines
Ce jeu de «coups indiscrétions, l’Arabie saoudite aurait décidé de
soutenir un cours du pétrole anormalement bas,
bas» n’a pas jusqu’à faire sombrer l’industrie de la fracturation
hydraulique américaine.
pour autant
empêché les deux Plusieurs fronts
Déjà, avec la baisse continue des cours du pétrole,
«belligérants» de certaines banques américaines commencent à res-
circonstance de serrer leurs conditions de crédit, forçant les en-
treprises à rembourser leurs dettes plutôt qu’à
s’entendre sur un réinvestir dans de nouveaux forages. Une fois que
les cours actuels auront causé suffisamment de dé-
autre front. gâts à l’industrie des hydrocarbures de schiste
américaine, l’OPEP (l’Arabie saoudite en tête) va
56 Les Afriques . 19 février 2015
très certainement réduire graduellement sa pro-
duction et ramener le pétrole à un prix «raison-
nable». Aussi, avec 750 milliards de dollars (soit
375 000 milliards de f CFA) de réserves de change,
l’Arabie saoudite peut encore longtemps encais-
ser le choc d’une plus grande baisse des cours et
mieux, ce «trésor de guerre» lui assure de pouvoir
faire face à une impitoyable guerre d’usure éco-
nomique (avec un baril à 20 dollars, les Saoudiens
affirment ne pas s’en émouvoir). Disposant des
premières réserves exploitables de la planète, ainsi
que des coûts d'extraction des plus faibles (envi-
ron 5 dollars le baril), ils semblent vouloir s’impo-
ser comme l'unique reine au centre de l'échiquier
pétrolier mondial. Il ne faut pas aussi perdre de
vue que les relations jadis très excellentes entre les
Etats-Unis et l’Arabie saoudite ont pris un sérieux
coup après les attentats du 11 septembre 2001 pi-
lotés pour l’essentiel par des citoyens saoudiens
avec à leur tête Oussama Ben Laden. Depuis, les
Etats-Unis ont choisi de développer l’industrie des
hydrocarbures de schiste pour ainsi amorcer leur
indépendance énergétique, ce qui du coup fait per-
dre à son principal client une bonne part de son
marché et, visiblement, cela n’a pas été du goût des
Saoudiens. Mais ce jeu de «coups bas» n’a pas pour
autant empêché les deux «belligérants» de cir-
constance de s’entendre sur un autre front pour li-
vrer bataille à la Russie de Poutine (pour son
implication dans la guerre en Ukraine), à l’Iran des
Ayatollahs (dans l’éternel conflit religieux entre
chiites et sunnites et à cause de son entêtement à
développer une industrie nucléaire), et au Vene-
zuela, avec l’arme des prix du pétrole. Cette situa-
tion ne peut pas être sans lien avec la remontée du
 cours du dollar qui a atteint son plus haut niveau
Le pétrole le 9 mai 2014 (son pic depuis octobre 2011) par
s’achetant et se rapport à l’euro et aux autres devises et qui favo-
rise la dégringolade des cours de l’or noir : le pé-
vendant en trole s’achetant et se vendant en dollars, son prix
baisse quand le dollar monte et inversement.
dollars, son prix
baisse quand le Vers une importante récession ?
La situation que le monde vit aujourd’hui s’inscrit
dollar monte et parfaitement dans cette dynamique et ses consé-
quences feront que l’effondrement des prix de l’or
inversement. noir va durablement se répercuter sur toute la
chaîne de valeurs pétrolière ; de l’exploration-pro-
duction (E&P) jusqu’à la distribution des produits
pétroliers, aux services, aux équipementiers et à
l’industrie pétrochimique. Cette chute va sans
aucun doute entraîner une "importante récession"
dans le secteur des hydrocarbures et de l’économie
en général ; déjà le Venezuela, la Russie, le Nigéria
et l’Algérie connaissent des tensions sur leurs
monnaies et si cela persiste, il est à craindre pour
eux un défaut de paiement. La baisse des prix du
baril pourrait remettre en cause les projets pétro-
liers à hauteur de 1 000 milliards de dollars, selon
Goldman Sachs et les groupes pétroliers et para-
pétroliers, grands comme petits, se préparent déjà
à une année 2015 très difficile. A titre illustratif, le
groupe parapétrolier américain Baker Hughes, en
cours de rachat par Halliburton, a annoncé qu’il
allait supprimer 7 000 emplois à fin mars 2015, soit
11,3% de ses effectifs, tandis que le grand rival de
ce dernier, Schlumberger, lui va se séparer de 9 000
salariés. En effet, dans la continuité de 2014, 2015
devrait être un mauvais millésime pour le pétrole,
et le cours du baril devrait rester sur des niveaux
Quand les producteurs
trinquent
anormalement bas jusqu’à ce que se tassent les
contradictions entre les gros pays producteurs et
que les conséquences de l’effondrement des prix
du pétrole entament sérieusement leurs économies
respectives. L’industrie des hydrocarbures non
conventionnels est devenue le canard boiteux de
l’économie américaine, les unes après les autres, les
compagnies renoncent à de multiples investisse-
ments et/ou annoncent des centaines, voire des
milliers de licenciements pour réduire leurs coûts
d’exploitation. Avec un baril autour de 55 dollars,
la plus grande part des revenus perdus par ces
compagnies affecteront les investissements dans
l’amont pétrolier, car elles auront moins de cash-
flow à réinvestir.
Gare au syndrome hollandais
Tous les modèles s’accordent à conclure qu’un prix
du pétrole plus bas est globalement porteur de
croissance (selon le FMI, une baisse de 20 dollars
du prix du baril entraînerait, ceteris paribus, une
hausse de 0,5% du PIB mondial en 2015). Cepen-
dant, les situations diffèrent selon l’exposition au
secteur pétrolier : les économies importatrices
nettes devraient être favorisées aux dépens des éco-
nomies exportatrices nettes. En Afrique, la situa-
tion se présente diversement. Les pays africains
réunis au sein de l’Association des Producteurs de
pétrole africains (APPA) produisent 9,3 millions
de barils par jour, soit 10% de la production mon-
diale. Cinq de ces pays, le Nigéria, l’Algérie, l’An-
gola, la Libye et l’Egypte, représentent ensemble
84% de la production totale du pétrole du conti-
nent et quatre (l’Algérie, l’Egypte, le Nigéria et la
Libye) assurent 86% de la production gazière afri-
19 février 2015 Les Afriques . 57
FOCUS
Seul le Niger va échapper
à la tempête pétrolière
caine. Pour les pays producteurs-exportateurs,
l’impact (dans tous les cas négatif) de cette chute
varie selon les quantités et les qualités du pétrole
brut mises sur le marché international. Certains
pays ont fait des hydrocarbures le pilier de leur
économie. En effet, les parts de leurs recettes pé-
trolières dans les recettes budgétaires totales sont
par exemple de 90,7% pour la Guinée équatoriale
et plus de 90% pour la Libye, suivies du Congo
(80%), de l’Angola (70%), le Tchad (62,9%), le Ni-
géria (63,7%), l’Algérie (60%), le Gabon (53,9%)
et dans une moindre mesure l’Egypte, les deux
Soudan, ou encore le Ghana. Des pays comme le
Nigéria, le Gabon, le Congo, et la RD Congo
avaient inscrit dans leurs prévisions budgétaires
2015 un baril proche de 100 dollars, il faudra à
présent faire avec deux fois moins dans un
contexte social tendu et une contestation politique
à l’approche des échéances électorales. Ce sont là
déjà les cruelles conséquences du tristement célè-
bre «syndrome hollandais» pour ces pays à écono-
mie presque exclusivement tirée par la
monoproduction et l’exportation pétrolière.
Une baisse de 20
dollars du prix du De profonds déficits budgétaires
L’autre phénomène qui va aussi frapper tous les
baril entraînerait, pays producteurs de pétrole, c’est la réduction de
manière logarithmique des bénéfices exceptionnels
ceteris paribus, (qu’on appelle «windfall profits» ou profits "tom-
une hausse de bés du ciel" dans le jargon pétrolier) et qui sont un
élément de la rente pétrolière qui profite beaucoup
0,5% du PIB aux contrats de partage de production. Cette si-
tuation va donc occasionner une importante
mondial en 2015. baisse des revenus à ces Etats, ce qui à terme va
aboutir à des profonds déficits budgétaires ; et en
58 Les Afriques . 19 février 2015
pareille circonstance, l’on fait tout simplement re-
cours à l’endettement extérieur. Et le redoutable
cycle d’endettement, qui a précédé les programmes
d’ajustement structurel des années 80, risque de
reprendre à nouveau au grand plaisir des créan-
ciers occidentaux. Une fois dans cette spirale, les
maillons faibles pour réajuster le budget sont les
secteurs sociaux (éducation, santé, hydrau-
lique…), les salaires des fonctionnaires et les sub-
ventions accordées aux produits de première
nécessité qui vont connaître des coupes dans leurs
prévisions de dépenses. Dans le lot des pays pro-
ducteurs, seul le Niger qui produit (les 20 000 ba-
rils par jour de production sont entièrement
raffinés sur place) mais qui n’exporte pas son brut
va échapper à cette tempête pétrolière. Mieux, une
éventuelle reprise des calculs du prix de cession du
brut à la raffinerie donnerait peut être un peu plus
de bouffée d’oxygène à l’économie nationale. Mais
en Afrique, on s’aperçoit que très peu de pays ont
profité des bonnes années pour diversifier leur
économie, mettre en place des investissements
structurants ou disposer de réserves de devises
et/ou de fonds souverains suffisants pour mainte-
nir leurs efforts budgétaires en pareille circons-
tance. Par contre, pour les pays importateurs nets
de produits pétroliers, l’impact serait positif avec
des factures moins salées et un véritable souffle
pour le budget national. Mais cet impact positif va
être légèrement atténué par l’appréciation du
cours du dollar américain par rapport aux princi-
pales devises. Ailleurs dans le monde, la baisse du
prix du pétrole agit comme une baisse d’impôts
pour les consommateurs. Ce qui ne sera pas dé-
pensé en facture d'énergie pourra être dépensé au-
 trement, et relancera de ce fait la consommation.
Si le pétrole est Seulement, en pareille situation, les consomma-
moins cher, ces teurs africains à l’instar de ceux des pays occiden-
taux ne bénéficient presque jamais de la révision à
énergies la baisse des prix à la pompe (peut-être qu’ils ne
comprennent pas encore !). Par pur «égoïsme» ? -
alternatives sont lorsque le prix du baril monte, les gouvernements
forcément moins n’hésitent pas à l’indexer tout de suite sur les prix
à la pompe ; ils doivent pourtant être aussi réactifs
compétitives et dans un sens comme dans l’autre.
donc moins Gel des investissements
attractives. dans la recherche
L’autre revers de la médaille pour nos pays, c’est le
gel des investissements dans les recherches pétro-
lières. Au cours des cinq dernières années, un tiers
des nouvelles découvertes d’hydrocarbures dans le
monde a été réalisé en Afrique subsaharienne, pro-
mettant de nouveaux investissements étrangers
dans l’amont pétrolier à l’Angola, à la Côte
d’Ivoire, au Libéria, à la Mauritanie, au Niger, au
Sénégal, au Sierra Léone, etc. Mais dans un
contexte mondial marqué par le tassement de la
demande, l’urgence est désormais… d’attendre.
Dans cette situation de «crise», les plus grands per-
dants sont sans conteste l'environnement et les
énergies renouvelables. Au-delà de toute considé-
ration, un pétrole cher incite les entreprises comme
les consommateurs à se tourner vers des sources
d’énergies alternatives au premier rang desquelles
figurent les énergies renouvelables. Et si le pétrole
est moins cher, ces énergies alternatives sont forcé-
ment moins compétitives et donc moins attractives.
La crainte est que la décrue du prix du pétrole
Le raffinage,
à développer en Afrique
vienne infléchir la tendance au développement des
énergies renouvelables. Un pétrole bon marché
n’est pas une opportunité pour la transition éner-
gétique et, en définitive, c’est toute la stratégie éner-
gétique mondiale qui risque de prendre un coup.
Un coup dur pour le développement
propre
L’autre conséquence pour un pétrole bon marché
est la consommation excessive industrielle, de
transport et résidentielle en énergies fossiles, et son
corollaire, la quantité des gaz à effet de serre (GES)
rejetés dans l’atmosphère. On constate déjà que les
valeurs boursières des groupes industriels du sec-
teur des énergies alternatives se sont effondrées
(Vestas dans l’éolien, les producteurs chinois de
panneaux solaires ou encore des constructeurs de
véhicules électriques…). Autrement dit, le pétrole
bon marché risque d’avoir un véritable effet dé-
mobilisateur pour les initiatives et les partenaires
qui avaient des programmes d’investissements dans
le cadre de la transition énergétique en Europe, de
l’Initiative SE4All (Energie durable pour tous) et
de l’objectif de RIO+20 pour les pays en dévelop-
pement. Mais si la communauté internationale
veut véritablement continuer à faire progresser au
même rythme la part des énergies renouvelables
dans les mix énergétiques respectifs (ceux des pays
du Nord et ceux des pays en développement), les
puissances économiques devront faire preuve d’un
peu plus de volontarisme. Comme on le voit, la
baisse du prix du pétrole, bonne ou mauvaise nou-
velle, la réponse n’est pas évidente ; difficile de sa-
voir où nous amène le «roi» pétrole.
19 février 2015 Les Afriques . 59
ZOOM

60 Les Afriques . 19 février 2015

Lampedusa
L’horreur perdure
Au large de Lampedusa, la terrible tragédie se poursuit. Aux milliers de
morts noyés, avec un triste record en 2014, est venu s’ajouter, en
moins de 4 jours, le drame de 29 migrants morts d’hypothermie et de
200 morts noyés.
E
n ce début d’année 2015, la «saison du tra-
fic de personnes» dans la Méditerranée dé-
marre pire que jamais. N’eût été
l’intervention des gardes-côtes italiens, le
drame qui vient de se dérouler au large de
l’île italienne de Lampedusa, et qui s’est soldé par le
décès par hypothermie de 29 ressortissants de pays
d’Afrique au sud Sahara, aurait été plus grave. Ils ont
en effet pu secourir un groupe de 105 migrants… En-
core une fois, William Lacy Swing, directeur général de
l’OIM (Organisation internationale pour les migra-
tions), a assuré que ce qui s’est passé montre la néces-
sité des opérations de secours dans la Méditerranée. Il
a défendu que des bateaux plus gros, comme ceux uti-
lisés dans le cadre de l’opération Mare Nostrum, au-
raient facilement permis de secourir et d’aider ces
migrants. Un chef de la mission OIM sur place a mar-
telé que ces drames sont la preuve que les traversées ma-
ritimes peuvent être mortelles. Les gardes-côtes italiens
ont mené à bien une opération de secours très coura-
geuse, loin des côtes italiennes, dans des eaux agitées.
Malheureusement, a-t-il déploré, leurs bateaux étaient
trop petits pour fournir l’aide d’urgence nécessaire à
bord aux migrants secourus qui étaient déjà en très
mauvais état physique, certains à peine en vie.
Ces décès, en plus de près de 200 autres dans les eaux
au large de l’Afrique, de la Turquie, de Cuba et de la
Péninsule arabe, marquent l’un des débuts d’année les
plus meurtriers de ces dernières années, en termes de
décès de migrants. A cette même période, l’OIM rap-
portait seulement 41 décès en 2014, alors que plus de
5 000 migrants ont péri dans le monde entier cette
année-là. Généralement, les mois de janvier et février
sont creux sur les itinéraires migratoires, qui sont de
plus en plus fréquentés à l’approche du printemps.
Des conditions inhumaines de traversée
Les témoignages apportés par les secouristes font
état d’une interception du bateau des naufragés à
160 km au large des côtes, dans les eaux internatio-
nales. Il s’agit d’une zone où les forces de protection
des frontières de la Mission Triton n’opèrent pas, et
toutes les opérations de secours sont donc déployées
uniquement par les gardes-côtes italiens.
Malgré les conditions hivernales, 3 528 migrants ont
déjà traversé la Méditerranée au mois de janvier, d’après
les chiffres récemment publiés par le ministère italien de
l’Intérieur. Bien que ce nombre représente une baisse,
par rapport au nombre d’arrivées enregistrées en dé-
cembre (6 732), les responsables de l’OIM à Rome font
remarquer que ces chiffres sont très inhabituels pour le
mois de janvier : l’année dernière, pendant la même pé-
riode, les migrants arrivés étaient 2 171, contre seule-
ment 217 en 2013. Les conditions météorologiques
étaient très difficiles, avec un vent de force 7 et des
vagues de 8 mètres de haut, lorsque deux petits bateaux
des gardes-côtes se sont approchés des migrants,
presque tous originaires de pays d’Afrique au sud du Sa-
hara. Bon nombre étaient en très mauvaise forme phy-
sique et sont décédés peu de temps après leur sauvetage,
ont rapporté les gardes-côtes italiens. Les survivants ont
été transférés vers l’île italienne de Lampedusa, où ils re-
çoivent une aide médicale. Le personnel de l’OIM reste
sur l’île pour fournir de l’aide aux migrants arrivés.
Plusieurs points de départ
Le mois dernier, la Libye -où l’agitation et l’instabilité
politique empirent- était le principal point de départ. Le
principal pays d’origine reste la Syrie (avec 764 mi-
grants), suivie de la Gambie (451), du Mali (436), du Sé-
négal (428), de la Somalie (405) et de l’Erythrée (171).
Bien que de nombreux Syriens soient arrivés début
janvier depuis la Turquie à bord du cargo «Eza-
deen», de nombreux autres sont également arrivés
Des chiffres très de Libye. D’après plusieurs témoignages recueillis
par les responsables de l’OIM, de nombreux Syriens
inhabituels pour le se rendent en Libye en passant par le Soudan, par-
tant par avion depuis la Turquie.
mois de janvier. L’itinéraire via l’Algérie, qui était l’un des principaux
pays de transit vers la Libye, n’est plus disponible de-
19 février 2015 Les Afriques . 61
ZOOM
William Lacy Swing,
directeur général de l’OIM
puis que les autorités algériennes ont imposé un visa
pour tous les Syriens qui tentent d’entrer dans le pays.
L’itinéraire maritime, depuis la Turquie, a apparem-
ment été stoppé. En janvier, les quelques cargos qui ont
tenté de partir pour l’Europe ont été arrêtés par les au-
torités turques après leur départ.
De nombreux Syriens seraient donc bloqués dans le
port de Mersin, au sud de la Turquie, en attendant
de partir pour l’Italie, alors que certains témoi-
gnages relayés par le personnel de l’OIM indiquent
qu’un nombre croissant de Syriens tente désormais
d’atteindre l’Europe par la Grèce.
Elargir la limite de Triton
D’après Federico Soda, chef de mission de l’OIM en
Italie, avec les guerres et les conditions géopolitiques
difficiles dans la région, il va falloir s’attendre à ce que
l’afflux de migrants et de demandeurs d’asile se pour-
Evacuation de la forêt de Gourougou
Cette dernière Les autorités marocaines ont mené, le 10 février
tragédie prouve 2015, une opération pour évacuer la forêt de
Gourougou, située près de la ville de Nador, de
l’importance des migrants qui y vivaient dans des conditions très
opérations de précaires. Cette opération, qui s’est déroulée
dans de bonnes conditions avec le concours des
secours comme autorités administratives locales et des diffé-
Mare Nostrum. rents corps de sécurité, sous la supervision du
Parquet compétent, a permis la libération de
62 Les Afriques . 19 février 2015
suive pendant un certain temps. Les arrivées de ba-
teaux en Europe sont en effet le résultat de la dégra-
dation de nombreuses situations, telles que la guerre
en Syrie, la crise libyenne, la présence de Boko Haram
au Nigéria, ou la crise en Iraq. Il a notamment insisté
sur le fait que l’Europe doit «être prête à aider ceux qui
risquent leur vie en mer, en élargissant la limite géogra-
phique de l’opération Triton de l’UE, et en trouvant des
alternatives pour ces migrants qui n’ont d’autre choix
que de quitter leur pays».
Il a ajouté que cette dernière tragédie prouve l’impor-
tance des opérations de secours comme Mare Nos-
trum. Aussi, la Méditerranée doit faire l’objet de
patrouilles avec les moyens et les ressources nécessaires
pour les opérations de sécurité et de secours en mer, et
l’Europe doit réagir plus efficacement et avec plus de
ressources face à cette urgence humanitaire.
Abdelmalek El Mekkaoui, Casablanca
plusieurs migrants, notamment des femmes et
des enfants, qui étaient contraints de vivre au
sein de cette forêt par les réseaux de passeurs
et de traite des êtres humains. Des opérations
similaires seront systématiquement conduites
pour évacuer tous les endroits squattés par les
migrants qui planifient d'organiser des tenta-
tives d'émigration irrégulière.
(Source : Ministère marocain de l’Intérieur)
ZOOM
Migration Face à la multiplication
des drames, quels soutiens ?
Entre les assauts vains de migrants sur la triple barrière de barbelés dans
les enclaves espagnoles de Sebta et Melilla, au nord du Maroc, et les
naufragés quotidiens de bateaux partant de la Libye pour traverser la
Méditerranée, quelles mesures apportées ? Face à des Etats, aux abonnés
absents, des programmes d’assistance sont timidement mis en place.
L
Déplacés du Darfour e conflit au Darfour (Soudan) qui dure
depuis 10 ans ainsi que les catastrophes
naturelles ont déplacé plus de 2,2 mil-
lions de personnes. La population, tout
entière de la région, subit l’instabilité qui
en résulte. Afin de réaliser une étude sur les com-
munautés, les conditions économiques et sociales
et le marché du travail au Darfour, l’Organisation
internationale pour la migration (OIM) a signé, la
semaine dernière, un accord avec l’Agence japonaise
pour la coopération internationale (JICA). Il s’agit
du premier projet de ce type de l’OIM financé par la
JICA au Soudan. L’étude de 6 mois, qui aura lieu
jusqu’en juillet 2015, sera mise en œuvre en coopé-
ration étroite avec les ministères d’Etat soudanais
concernés dans les Etats du nord, du sud et de
l’ouest du Darfour, et sera centrée sur l’eau, l’assai-
nissement et l’hygiène (WASH), la santé et l’emploi,
64 Les Afriques . 19 février 2015
apprend-t-on. Les résultats de l’étude seront utili-
sés dans le prochain programme de la JICA au Dar-
four intitulé : «Projet pour la consolidation de la paix
à travers l’amélioration des services publics dans trois
Etats du Darfour».
Une assistance supplémentaire
L’organisation internationale défend œuvrer pour
sauver la vie des populations vulnérables déplacées
de force par le conflit ou les catastrophes naturelles.
Pour mémoire, le Soudan est un Etat membre de
l’OIM depuis 1998, un bureau y a été ouvert en
2000 et a depuis établi 6 antennes, à travers le pays.
Au Soudan, en partenariat avec le gouvernement et
d’autres partenaires humanitaires, elle a déjà fourni
une aide d’urgence aux déplacés internes, aux ra-
patriés et aux autres populations mobiles au Sou-
dan, notamment des secours d’urgence et un suivi
des déplacements par le biais de sa Matrice de suivi
des déplacements. Dans ce pays, les activités WASH
et les activités de génération de moyens d’existence
pour les populations vulnérables au Soudan depuis
2013 sont coordonnées par l’OIM et la JICA.
Pour une grande efficacité, 7 employés du gouver-
nement ont été formés aux activités WASH au Kor-
dofan du Sud par l’OIM. Une formation sur le
terrain à la planification et au contrôle des activités,
à l’évaluation et à la réponse face aux besoins d’ur-
gence, à la mobilisation communautaire… Avec les
experts techniques de la JICA, la collaboration a
permis d’améliorer la capacité de gestion financière
du personnel du Service des eaux de l’Etat souda-
nais travaillant sur les projets financés par la JICA à
l’est du Soudan. L’année dernière, quelque 160
jeunes des camps de déplacés internes et des zones
urbaines au nord du Darfour et à l’Ecole technique
El Fasher ont reçu une formation professionnelle,
dont le programme et les activités sont financés par
la JICA, depuis 2009.
Abdelmalek El Mekkaoui,
Casablanca
ZOOM
Malawi Formation à la gestion
des données migratoires
Le nombre important de décès parmi les migrants, les terribles
tragédies, qui sont devenues le quotidien de déplacés et de
populations en quête de vie meilleure, sont autant de prétextes pour
former les responsables à la gestion des données migratoires.
P
Malawi, un pays carrefour our outiller des responsables du gouverne-
ment du Malawi à la gestion des données
migratoires, l’Organisation internationale
pour les migrations (OIM) a dispensé, au
début du mois de février, en coopération
avec son partenaire, le ministère malawite des Affaires
internes et de la sécurité intérieure, la première de 2 for-
mations. Ainsi, plus de 30 fonctionnaires ont suivi à Li-
longwe, capitale du Malawi, une formation, financée
par le Fonds de développement de l’OIM. Si la première
formation était centrée sur la gestion des données mi-
gratoires, la seconde session sera axée sur l’utilisation
des données migratoires. Pour Charles Mphande, sous-
secrétaire du ministère des Affaires internes et de la sé-
curité intérieure, «ces formations arrivent à point
nommé, au moment où le Malawi anticipe le lancement
de son tout premier profil migratoire d’ici quelques se-
maines, en fonction de la politique migratoire qui sera
conçue. La formation permettra d’accroître notre capa-
cité nationale non seulement à formuler une politique ef-
ficace mais également à la mettre en pratique».
Lancement du premier profil migratoire
Les formations font partie du projet de profil migratoire
financé par le Fonds de développement de l’OIM qui
66 Les Afriques . 19 février 2015
vise également à accroître la capacité du gouvernement
à recueillir, analyser et utiliser les données migratoires.
Le tout premier profil migratoire préparé dans le cadre
du même projet devrait être lancé en mars 2015. Pour
David Ndegwa de l’OIM, qui a établi le profil et permis
la formation, l’objectif est de promouvoir l’élaboration
d’une politique basée sur des éléments concrets et de
soutenir l’intégration de la migration dans le processus
de décision politique. Il a ajouté que ces formations les
rapprochent un peu plus de cet objectif. Les formations
ciblent plus particulièrement les responsables des insti-
tutions-clés du gouvernement, telles que le Bureau na-
tional des statistiques, le Département de l’immigration
et la Banque de réserve du Malawi.
Des dynamiques migratoires complexes
Il ne faut pas perdre de vue que les dynamiques migra-
toires au Malawi sont complexes. Il s’agit d’un pays
d’origine, de transit et de destination pour des milliers
de migrants. En effet, ce pays est particulièrement tou-
ché par les flux de migration composite et caractérisé
par des itinéraires de trafic complexes depuis la Corne
de l’Afrique vers l’Afrique australe. Les problèmes as-
sociés à ces flux et la migration de main-d’œuvre à l’in-
térieur et hors du pays provoquent une nécessité
urgente d’élaborer une politique migratoire nationale
globale. Les inondations récurrentes provoquent régu-
lièrement des déplacements internes. Mettre en place
des systèmes de collecte et de gestion des données mi-
gratoires est donc une priorité du gouvernement pour
garantir l’élaboration de politiques sur la base d’élé-
ments concrets. A noter que le Malawi est devenu un
Etat membre de l’OIM en 2013. Les activités principales
de l’OIM dans le pays comprennent jusqu’ici le renfor-
cement des capacités à la gestion des frontières, la ges-
tion des flux migratoires composites et l’organisation
de la conférence du Dialogue 2014 sur la migration en
Afrique australe (Midsa). En tant qu’organisation prin-
cipale du Cluster chargé de la coordination et de la ges-
tion des camps en cas de catastrophe naturelle, l’OIM
participe actuellement activement à la réponse natio-
nale face aux inondations permanentes dans le pays,
qui ont déplacé près de 200 000 personnes.
Abdelmalek El Mekkaoui, Casablanca
Somalie Assistance
aux écoles primaires de Baidoa
Dans la région de Bay, récemment libérée au sud de la Somalie, des
populations restent néanmoins victimes de latence du conflit et de
l’insécurité alimentaire. Les écoles pour les enfants déplacés à Baidoa,
en Somalie, assez vulnérables, bénéficient du soutien de l’OIM.
D
epuis mars 2014, il y a eu une recrudes-
cence des combats entre, d’une part, la
milice Shebab et, d’autre part, les forces
loyales somaliennes, secondées par les
Casques bleus de la Mission de l’Union
africaine en Somalie (Amisom). Entre les mois de
mars et août 2014, quelque 1 780 familles déplacées
sont arrivées à Baidoa à la recherche d’aide. Cette lo-
calité, la capitale de la région, accueille un grand nom-
bre de déplacés internes vivant dans 77 installations.
Elle est aussi l’une des principales zones de retour pour
un grand nombre de rapatriés volontaires et forcés qui
choisissent de s’y installer. Selon les humanitaires, en
raison des nouvelles arrivées, les écoles sont sous pres-
sion. En janvier 2015, l’OIM a remis des équipements
scolaires, notamment des bureaux desservant 360 étu-
diants, à l’Ecole primaire et secondaire de Baidoa. Il
s’agit d’une institution de libre apprentissage, dirigée
par la communauté pour répondre aux besoins des
enfants principalement orphelins ou issus de familles
vulnérables, indique-t-on.
Des miliciens shebab au
cours d’un entraînement
militaire au nord
de Mogadiscio
Décourager la migration irrégulière
C’est au cours d’une visite in situ au mois d’octobre
2014 que des responsables de l’organisation huma-
nitaire ont constaté un certain nombre d’inquié-
tudes, notamment un manque de tables-bancs. A
noter que cette visite faisait partie d’une campagne
d’informations de l’OIM visant à décourager la mi-
gration irrégulière, financée par le ministère norvé-
gien de la Justice et de la sécurité publique.
Sur ce projet d’assistance, les tables-bancs ont été
produites par 25 jeunes actuellement en formation
en menuiserie, dans le cadre d’un projet basé à Bai-
doa, financé par le Fonds humanitaire commun et
mis en œuvre par l’OIM et l’Organisation de l’édu-
cation rurale et de l’agriculture, un partenaire local.
Les responsables ont salué le fait que 206 jeunes dé-
placés bénéficient actuellement du programme.
L’acquisition des matériaux servant à monter les
tables-bancs ont été financés par le gouvernement
japonais, nous apprend-t-on.
Abdelmalek El Mekkaoui, Casablanca
19 février 2015 Les Afriques . 67
LE COIN DE L’EXPERT

Le véritable nationalisme des Algériens

se mesurera par leur contribution à la
valeur ajoutée nationale, hors rente
Abderrahmane Au moment où l’Algérie fait face aux tensions géostratégi-
Mebtoul, ques à ses frontières, à la chute du cours du brut qui
expert international
représente 71% du pouvoir d’achat, de la valeur du dinar avec
98% de ses exportations hors hydrocarbures, l'on doit éviter la
division. Ce qui ne saurait signifier unanimisme...

P
ersonne ne peut se targuer d’être plus
nationaliste qu’un autre et de détenir
la vérité, d’où le dialogue permanent,
vertu de la bonne gouvernance devant
favoriser tout débat productif contra-
dictoire pour réaliser la transition d'une économie
hors rente dans le cadre des valeurs internationales.
Les pays fondateurs du communisme, à savoir la
Russie et la Chine, membres de l’OMC, (ainsi que la
majorité des pays de l’OPEP) qui totalisent 85% de
la population mondiale et 97% du commerce mon-
dial, sont en transition vers une économie de mar-
ché concurrentielle à finalité sociale maîtrisée. Il est
entendu que la démocratie économique, entendue
économie de marché concurrentielle, est insépara-
ble de la démocratie politique et sociale. L’objectif
stratégique est le développement des libertés poli-
tique, économique et sociale, fondement de tout pro-
cessus de développement. Selon le Wall Street Journal
(quotidien très influent) et la Heritage Foundation,
qui donne la même image que le dernier rapport de la
Banque mondiale sur le climat des affaires, dans leur
rapport 2015, se fondant sur des critères comme le ni-
veau de corruption, liberté d'entreprise, liberté des
échanges, poids des taxes et impôts, dépenses du gou-
vernement, stabilité monétaire, liberté d’investisse-
ment, dérégulation financière, protection de la
propriété privée, les procédures réglementaires entra-
vant le développement du secteur privé, lutte contre la
corruption et libéralisation du travail, l’Algérie a été
Alger à la croisée déclassée de onze rangs occupant la 157ème position
des chemins ? sur 178 pays, le 14ème rang parmi les 15 pays de la ré-
gion Moyen-Orient et Afrique du Nord, avec une note
de 48,9 points, soit 1,9 point de moins que 2014.
L’économie de marché véritable repose sur la valeur
du travail, la concurrence, loin de tout monopole pu-
blic ou privé, qu’il s’agit de codifier dans la future
Constitution, comme je l’ai préconisé, lors de la ren-
contre avec Ahmed Ouyahia, directeur de cabinet de
la présidence de la République lors des consultations
pour la révision constitutionnelle, afin d’éviter des dé-
bats stériles. En économie de marché, le rôle de l’Etat
régulateur et non propriétaire gestionnaire (pouvant
détenir des minorités de blocage au niveau de certains
conseils d’administration) est stratégique devant
concilier les coûts sociaux et les coûts privés, l’effica-
cité économique et une profonde justice sociale, et ce,
dans le cadre des valeurs internationales. L’adaptation
des pays émergents, qui maîtrisent de plus en plus le
savoir technologique et managérial, prenant de plus
en plus de poids dans l’économie mondiale doit être
méditée par l’Algérie. Loin de tout discours idéolo-
gique, il faut préciser concrètement ce qui est straté-
gique et ce qui ne l’est pas, car le concept de secteurs
stratégiques est historiquement daté. Ce qui est stra-

68 Les Afriques . 19 février 2015

tégique aujourd’hui avec la révolution technologique
et l’interdépendance des économies peut ne pas l’être
demain. Dans ce contexte, la règle des 49/51% est à
revoir pour des segments non stratégiques, n’ayant
pas permis, contrairement aux discours, de réduire la
facture d’importation qui a implosé (plus du double-
ment) depuis sa mise en œuvre dans la loi de Finances
complémentaire de 2009, ni d’ailleurs le passage du
Remdoc au Credoc (crédit documentaire) comme
source de financement.
A ce titre, tenant compte des nouvelles mutations
mondiales, un large débat national sur le futur rôle de
l’Etat 2015-2025, dans le développement économique
et social devient urgent. C’est nécessaire pour avoir
une cohérence et visibilité dans la démarche de la po-
litique socio-économique, éviter les instabilités juri-
diques perpétuelles, qui découragent tout investisseur
potentiel. Certains bureaucrates, déconnectés des réa-
lités mondiales et locales, croient que c’est en chan-
geant d’organisations sans vision stratégique que l’on
résout les problèmes de blocages structurels : des di-
zaines d’organisations du secteur public depuis indé-
pendance politique et toujours 98% d’exportation,
d’hydrocarbures. Cela suppose la réhabilitation du
travail et de l’intelligence, l’économie de la connais-
sance et la bonne gouvernance, fondement du déve-
loppement au XXIème siècle. Les propositions
utopiques des monopoleurs rentiers et l’étatisme in-
tégral ne feront que marginaliser l’Algérie dans le
cadre du concert des Nations.
Je pense fermement avec bon nombre d’amis du
secteur public-privé, d’universitaires, de bon nom-
bre de gens s’activant dans les partis politiques de
différentes sensibilités (étant non partisan) et asso-
ciations, de toutes les régions du pays, que l’Algérie
a besoin de tous ses enfants pour traverser la crise
multidimensionnelle actuelle, n’étant pas seule-
ment économique et politique mais aussi morale.
L’Algérie a l’ambition de ses moyens, pouvant de-
venir, sous réserve d’une bonne gouvernance, un
vecteur actif au niveau du bassin euro-méditerra-
néen et africain. La mobilisation de tous les Algé-
riens est la condition fondamentale de la transition
L’Algérie a d’une économie de rente à une économie hors hy-
l’ambition de ses drocarbures. Elle doit reposer sur des entreprises
compétitives publiques, qu’il faut également d’en-
moyens, pouvant courager en leur donnant plus d’autonomie (dépé-
devenir un vecteur nalisation de l’acte de gestion), du secteur privé
national et international en termes de coût et de
actif au niveau du qualité. Car en cette ère de mondialisation, où le
poids économique est déterminant en ce XXIème siè-
bassin euro- cle, dans les relations internationales, toute nation
méditerranéen et qui n’avance pas recule forcément. Aussi, le vérita-
ble nationalisme des Algériens se mesurera quant à
africain. leur capacité à contribuer à la création de la valeur
ajoutée nationale et mondiale.
19 février 2015 Les Afriques . 69
RELATIONS INTERNATIONALES

Ukraine Accord de Paix

au Sommet de Minsk
Après une rencontre marathon de 16 heures de tour
d’horloge, le quartette composé de la chancelière Angela
Merkel, des présidents russe, Vladimir Poutine, ukrainien,
Petro Porochenko, français, François Hollande, est
parvenu à la signature d’un Accord de paix.

P
our mettre un terme à la crise ukrai-
nienne, c’est finalement au forceps que
le duo franco-allemand a amené le pré-
sident Vladimir Poutine à accepter un
Accord de paix pour mettre un terme
aux tensions à l’Est de l’Ukraine. Les présidents
français et russe ont tour à tour confirmé la signa-
ture de l’Accord. Ainsi, à partir de dimanche 15 fé-
vrier à minuit, entrera en vigueur le cessez-le-feu.
Le document signé, qui reprend pour l’essentiel les
différentes clauses de l’Accord de septembre dernier,
comprend le retrait des troupes et des armes

70 Les Afriques . 19 février 2015

lourdes, la création d’une zone tampon dans l’Est
de l’Ukraine…
L’Ukraine n’a pas hésité à signer l’Accord. Les élé-
ments de l’armée ukrainienne étaient en mauvaise
posture autour des villes de Donetsk, Marioupol,
Lougansk. Aussi, cette guerre fratricide qui a déjà
fait plus de 5 000 morts n’a que trop duré. Il est vrai
que l’Allemagne et la France ont pesé de leur poids
pour arriver à un Accord de paix, mais le conflit gre-
vait de plus en plus la croissance de part et d’autre
de cette zone de guerre.
Daouda MBaye
19 février 2015 Les Afriques . 71
RELATIONS INTERNATIONALES

72 Les Afriques . 19 février 2015

Le pilote jordanien brûlé vif
par Daech, un crime barbare
Pour comprendre le crime barbare contre le pilote Maaz Al
Kassasbeh, brûlé vif, il est nécessaire de faire un bref historique de la
situation en Irak et en Syrie. Après l’invasion américaine de l’Irak en
2003, la Jamaat Attawhid wa Al Jihad a été créée, en 2004, et avait
fait allégeance à Al Qaïda…
E
n 2006, la Jamaat Attawhid wa Al Jihad
rompt avec Al Qaïda et fut créé l’EII (Etat
Islamique en Irak). De l’autre côté de la
frontière en Syrie, est apparu contre le ré-
gime de Bachar Al Assad, le Front Nosra,
mouvement extrémiste d’obédience islamique. EII
et le Front Nosra fusionnèrent pour constituer EIIL
(Etat Islamique en Irak et au Levant). Le 5 juillet
2014, dans la Grande Mosquée de Mossoul en Irak,
Abou Bakr Al Baghdadi s’est proclamé calife des
musulmans, et EIIL s’est transformé en EI (Etat Is-
lamique) appelé aussi Daech. EI a réussi à conqué-
rir plusieurs villes dont Mossoul et Tikrit, occupant
40% du Nord de l’Irak et 25% de la Syrie. Daech a
pour objectif d’établir un Etat islamique en impo-
sant la Charia, et ce, par l’attaque des armées éta-
tiques d’Irak et de Syrie, et des exactions contre les
chiites et les non musulmans, notamment chrétiens
et yazidis. Face à cette situation dangereuse pour la
stabilité du Moyen-Orient et du monde, le président
américain a exprimé dans un discours du 10 sep-
tembre 2014 sa détermination à détruire l’Etat isla-
mique par des frappes aériennes mais sans troupes
américaines en sol. Il a réussi à constituer une co-
alition d’une vingtaine de pays dont la Jordanie.
Valeur aujourd’hui, malgré les frappes aériennes de la
coalition et les opérations terrestres menées par les
Kurdes et le régime syrien, Daech n’a pas été éradi-
qué. Au contraire, par une intense campagne de com-
munication, l’Etat islamique a réussi à rallier à sa
cause des milliers de combattants, venant des pays
arabes et même d’Europe, tandis que des mouve-
ments extrémistes ont proclamé leur allégeance au ca-
lifat islamique, notamment en Algérie et au Nigéria.
Les terroristes, qui ont commis les attentats en janvier
2015 à Paris, se sont également revendiqués de Daech.
Afin de frapper les esprits, Daech a exécuté par déca-
pitation 7 otages, dont 3 Américains, 2 Britanniques
et 2 Japonais. Le 24 décembre 2014, un avion jorda-
nien, qui participait aux frappes aériennes de la co-
alition en Syrie, s’est écrasé au sol. Son pilote Maaz Al
Kassasbeh fut fait prisonnier par Daech, qui a proposé
au gouvernement jordanien son échange contre la li-
bération d’une terroriste irakienne Sajida Al Rishawi
détenue en Jordanie et condamnée à mort après des
attentats commis à Aman en 2005. Devant l’émotion
du peuple, le gouvernement jordanien donna son ac-
cord pour l’échange, mais a demandé au préalable des
signes de vie du pilote jordanien. Il s’est avéré en fait
que le pilote jordanien a été exécuté par Daech dès le
3 janvier 2015. Ce qui a été corroboré par la diffusion
d’une vidéo le 1er février 2015 montrant le pilote
brûlé vif dans une cage. L’exaspération fut à son com-
ble en Jordanie qui fit exécuter immédiatement par
pendaison la terroriste irakienne et un responsable
d’Al Qaïda, Ziad al-Karbouli. Dès le 5 février 2015,
des dizaines d’avions jordaniens ont attaqué les posi-
tions de Daech en Syrie, notamment des camps d’en-
traînement et des dépôts d’armes.
On ne peut que condamner avec la plus grande fer-
meté le crime barbare commis par Daech contre le pi-
lote jordanien, ainsi que la décapitation des autres
otages. Ceci d’autant plus qu’un rapport du CRC
(Comité des droits de l’enfant des Nations unies)
On ne peut que vient de révéler que Daech enrôle, torture, exerce des
sévices sexuels et tue des enfants, y compris handica-
condamner avec la pés, appartenant aux minorités. La communauté in-
plus grande ternationale ne peut rester passive contre ces actes
horribles et contraires à la civilisation. Il est temps de
fermeté le crime constituer une brigade internationale pour combattre
barbare commis Daech sur le plan terrestre, en complément des
frappes aériennes qui se sont révélées inopérantes
par Daech contre jusqu’à maintenant.
Par Jawad KERDOUDI,
le pilote jordanien. Président de l’IMRI
(Institut marocain des relations internationales)
19 février 2015 Les Afriques . 73
PIED DE LETTRE
Et SwissLeaks
révéla l’évasion !
C’
est par le dynamitage du secret
bancaire de la filiale suisse de
HSBC que les révélations sur
un système d’évasion fiscale de
niveau mondial ont été mises
au grand jour. Un peu moins
de 160 journalistes d’une cinquantaine de
médias, réunis au sein d’ICIJ (International
Consortium of Investigative Journalists)
sont l’auteur de l’enquête, publiée le 8
février 2015. SwissLeaks est le résultat du
travail d’investigation qui dévoile une fraude
fiscale estimée à plus de 180 milliards
d’euros, suite à l’analyse de 120 000 comptes
bancaires de HSBC suisse, sur une période
entre 2005 et 2007.
Le déclencheur, ex-informaticien de cette
banque, se veut un «lanceur» d’alerte. Au vu
du très large spectre des différentes
personnalités qui sont incriminées, allant de
personnalités politiques à des stars du showbiz
en passant par des grands noms de la
joaillerie, des sportifs… on peut lui accorder
cette caution. Dans tous les cas, si certains, par
74 Les Afriques . 19 février 2015
HSBC Swiss
Daouda MBaye,
rédacteur en chef exécutif
souci de ne pas mettre tous les œufs dans le
même panier, ont jugé bon de constituer un
«matelas de sécurité» dans des comptes loin
de chez eux, d’autres ont pu largement
profiter d’un tel système pour blanchir de
l’argent, financer le terrorisme…
L’Afrique à l’instar d’autres continents figure
malheureusement dans le listing, même si
c’est à un degré moindre, notamment en
termes de volumes financiers. Le cumul des
avoirs de clients de certains pays européens
dépassant largement celui des Africains.
Toutefois, notre continent, en voie de
développement, a besoin plus que jamais de
tous ses moyens…
Autre constat et non des moindres, la relative
faible présence de Chinois parmi les clients de
HSBC mis en cause. Excepté Li Xiaolin,
surnommée «Power Queen», fille de l’ex-
Premier ministre Li Peng, les Chinois n’y sont
pas légion, proportionnellement à la taille de
leur économie. Il est vrai que l’enquête ne
concerne pas ces trois dernières années qui
ont vu la Chine arriver sur le toit du monde…