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TION

GUIDE DES MÉTIERS DU

S0N

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LE GUIDE DES MÉTIERS DU SON
// de l’ingénieur du son au bioacousticien
SOMMAIRE
Ce guide de voca on(s) édité par Seine Ouest Entreprise et Emploi pour le site événemen el de sa
Mission Locale (radiosoee.com) — s’adresse aux passionnés de musique et de sons qui souhaite- 004 LES PROFESSIONNELS DU SON
Entretiens avec ceux qui fabriquent le son — ils
raient s’orienter vers les mé ers du son et de l’acous que. Ils trouveront dans les témoignages des racontent leurs métiers et leurs parcours.
professionnels réunis ici, des exemples de parcours à travers lesquels s’expriment la passion du mé-
er et l’exigence.

Secteur d’ac vité difficile, parfois précaire, bousculé par le numérique, les mé ers du son se manifes-
124 ÉCOLES & FORMATIONS
Toute l’offre de formation disponible sur le
tent ici présents au cœur du territoire de Grand Paris Seine Ouest, par culièrement vivants — ouverts territoire de Grand Paris Seine Ouest
sur de nombreux domaines : audiovisuel, arts & spectacles, recherche, industrie, presse, high-tech...

Les ressources pour bien s’orienter, le détail de l’offre de forma on disponible sur le territoire de 134 S’ORIENTER VERS LES MÉTIERS DU SON
Quelques repères : les sites de référence pour
Grand Paris Seine Ouest, et un zoom sur la protec on sociale dans le secteur audiovisuel cons tuent
s’informer et s’orienter.
la deuxième par e de ce guide.

137 PROTECTION SOCIALE ET INTERMITTENCE


CONTRIBUER AU PROJET RADIOSOEE.COM Zoom sur la protection sociale dans le secteur de
l’audiovisuel et le régime de l’intermittence du
« la webradio musique et mé ers du son », spectacle
Vous êtes une entreprise ou un profession-
est dédiée à la promo on des jeunes talents et
nel du territoire de Grand Paris Seine
à la découverte des mé ers du son
Ouest, contribuez au projet radiosoee.com sur le territoire de Grand Paris Seine Ouest.
→ Ce guide est disponible au format PDF en télé-
en partageant avec nous sous forme de chargement gratuit sur : www.radiosoee.com
Radiosoee.com
podcast une interview mé er ou une démo rubrique « Métiers du son »
est un projet pédagogique, collabora f,
de votre savoir-faire ini é par la Mission Locale Seine Ouest,
→ Retrouvez dans la même rubrique l’Annuaire
en proposant une visite d’entreprise, qui accompagne les jeunes de 16 à 25 ans dans des entreprises de Grand Paris Seine Ouest
une découverte mé er ou une masterclass leur accès au monde professionnel. « Spécial Son »
pour des jeunes ou habitants du territoire
Volume # 01 — publié le 1er décembre 2016
Contact :
Entre ens réalisés entre mai et septembre 2016
webradio@seineouest-entreprise.com

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Prise de son LES MÉTIERS DU SON

Les intitulés de métiers sont très nombreux et

studio varient en fonction du domaine d’activité.


Le terme d’ingénieur de son, si embléma-
tique, recouvre à lui seul quantité de com-
live pétences (sans forcément être rattaché à
un diplôme en particulier).

On peut cependant identifier quelques mé-


tiers repères rattachés traditionnellement à
l’une des trois phases du cycle de produc-
tion du son : la prise de son (captation) — le
traitement du son (montage, mixage, post-
production) — la diffusion.

Cinéma, TV, Production audiovisuelle

Traitement Opérateur de prise de son (preneur de son,


perchman) — Assistant son — Opérateur
son / technicien son — Chef opérateur son
du son Radio Technicien d’antenne / technicien
chargé de réalisation — Journaliste reporter
radio
Post-production Monteur son — Mixeur son
— Bruiteur — Doubleur — Sound-designer
(habillage sonore, création musicale) —
Diffusion Technicien mastering et restauration sonore
Studio de musique Ingénieur du son studio
Spectacle vivant Régisseur son — Sonorisa-
teur (retour et façade)

Les plus grandes structures font appel à des


LES MÉTIERS CONNEXES fonctions de supervision et de direction
technique (Directeur d’antenne — Directeur
Nous avons souhaité faire figurer dans le présent guide, aux côtés des métiers techniques de prise et de traite- de production — Responsable d’exploita-
ment du son, une série de métiers qui ont recours aux technologies du son ou qui participent à sa diffusion. tion) ou artistique (Réalisateur — Directeur
artistique — Directeur de création).
Il en est ainsi des domaines de l’acoustique (appliquée à l’environnement, aux bâtiments, à l’industrie), de la
recherche (perception et design sonore, bioacoustique), des nouvelles technologies (développement d’appli- Il existe enfin des métiers très techniques liés
cations mobiles musicales), de l’industrie (équipements audio), de l’édition musicale (librairie musicale), de à l’exploitation des équipements électro-
l’événementiel (organisation de spectacles vivants), de la communication et du marketing (radio d’entreprise / niques et numériques (ex : contrôle du son
de marque), de la presse spécialisée, de la documentation (phonothèque), du commerce (vente de produits en sortie de système de codage...).
musicaux et high-tech), ou encore de l’art...

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LES PROFESSIONNELS DU SON
ENTRETIENS
RADIO / JOURNALISME
DOCUMENTALISTE / ARCHIVISTE RADIO INGÉNIEUR DU SON (MUSICIEN)
Janine Marc-Pezet p. 07 Clément Barda p. 54
(INA / Radio France)

JOURNALISTE RADIO INGÉNIEUR DU SON (MIXAGE TÉLÉVISION)


Nathalie Amar-Mathivet p. 12 Pascal Wuyts p. 57
(RFI) (AudioW)

TECHNICIENNE-RÉALISATRICE RADIO OPÉRATEUR SON (TÉLÉVISION)


Pauline Leduc p. 16 Benoît Stefani p. 61
(RFI) (France 3)

RADIO D’ENTREPRISE / DE MARQUE RESPONSABLE D’EXPLOITATION SON


p. 21 Salim Amrani p. 65
Guillaume Gicquel
(Goom) (Éclair|Groupe Ymagis)

PRODUCTION / POST-PRODUCTION SPECTACLE VIVANT / ART


COMÉDIEN VOIX ORGANISATION DE FESTIVAL
Thierry Legrand p. 28 Ludovic Jean p. 71
(SUM / Festival les Aiguilleurs)

CONSEILLÈRE MUSICALE INGÉNIEUR DU SON (RÉGIE RETOUR)


Delphine Joutard p. 30 Roland de Cazotte p. 73
(Kapagama) (Tremplin Go West)

DIRECTEUR DE CRÉATION INGÉNIEUR DU SON (RÉGIE FAÇADE)


Philippe Fabrici (Lucille — Atelier de contenus p. 33 Jean-Louis Norscq p. 76
audiovisuels) (Tremplin Go West)
INGÉNIEUR DU SON (FICTIONS RADIO) ARTISTE PLASTICIENNE
Guy Senaux p. 36 p. 78
Milène Guermont
(Radio France)

INGÉNIEUR DU SON (STUDIO DE MUSIQUE)


Julien Bassères p. 47
(Studio de Meudon)

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LES PROFESSIONNELS DU SON
ACOUSTIQUE / RECHERCHE / HIGH-TECH PRESSE SPÉCIALISÉE
ACOUSTICIEN p. 81 ÉDITEUR PRESSE SPÉCIALISÉE
p. xx Stéphan Faudeux
p. 106
Didier Blanchard
(Synacoustique) (Mediakwest / Sonovision)

p. 84 RÉDACTEUR PRESSE SPÉCIALISÉE (AUDIO)


L’acoustique p. 109
Benoît Stefani
(Mediakwest / Sonovision)
CHARGÉ DE RECHERCHE ET DÉVELOPPEMENT
Nicolas Misdariis p. 85
(IRCAM) DOSSIERS
p. 89
L’acoustique appliquée à l’automobile LA SEINE MUSICALE
Le geste architectural et l’acoustique p. 111
LES MÉTIERS DU SON AU CNRS
Meudon p. 90
LA SAGA NAGRA
Marie Mora Chevais La marque culte du reporter radio p. 116
(responsable du service production)

Christophe Gombert
(ingénieur du son / réalisateur)

Thierry Aubin
(bioacousticien)

DÉVELOPPEUR D’APPLICATIONS MOBILES


Thibaut Taupin p. 100
(Tracktl)

FORMATION HIGH-TECH & AUDIOVISUEL


Stéphan Faudeux p. 102
(Think Factory Formation)

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LES PROFESSIONNELS DU SON
RADIO /
JOURNALISME

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DOCUMENTALISTE / ARCHIVISTE RADIO
(INA / RADIO FRANCE)
ENTRETIEN

Collaboratrice des grands noms de la radio qu’il existait un service de documenta on Chaque document était associé à une cote
— Chouquet, Dhordain, Mermet, Jullian, au service de la Recherche — ce qu’on fai- qui renvoyait à l’année et surtout à l’endroit
Aschero, Amouroux, Villers... — Janine sait était pra quement underground. Ils ont où il était rangé. À l’époque c’était dans la
Marc-Pezet a contribué durant toute sa car- organisé des stages sur le mé er de docu- tour centrale de la Maison de la Radio, prin-
rière à construire les contenus et la mémoire mentaliste à Montrouge qui se concluait par cipalement aux 8ème, 11ème, 12ème et 13ème
des vénérables ins tu ons de la Maison de un examen. Une fois mon examen réussi, et étages. Avec le temps on savait que les
la Radio et de l’INA. comme j’habitais Meudon-la-Fôret à « 231P » étaient des journaux parlés stockés
l’époque, j’ai demandé à être mutée à Radio au 11ème ; que les Radioscopies avaient tel
© DR

France, dans le 16ème arrondissement de autre numéro (c’était une manne ces Ra-
DE L’ORTF À L’INA Paris mais sans savoir ce que j’allais précisé- dioscopies, on savait qu’on y trouverait tou-
« Je suis entrée à l’ORTF en 1965 à la docu- ment y faire. C’est ainsi que je me suis re- jours des passages importants sur telle ou
Janine MARC-PEZET
menta on du service de la Recherche, à une trouvée affectée sur ce poste de documen- telle personnalité !) Pour aller vite, en l’ab-
Documentaliste, archiviste taliste à la phonothèque INA au sein sence de magasiniers, on apprenait à se
époque où il n’y avait pas de diplôme de
radio (>?@ / B@C>D EB@?FG) documentaliste (il devait exister un diplôme de Radio France. » repérer dans les étages. »
de bibliothécaire délivré par l’Ecole Catho-
lique). J’avais quant à moi une forma on LA PHONOTHÈQUE INA DE RADIO FRANCE LE MÉTIER DE DOCUMENTALISTE RADIO
CURSUS
d’aide-soignante et de secrétaire médicale. « J’y ai trouvé des salles immenses remplies « J’ai commencé à travailler pour le produc-
Aide-Soignante Le service de la Recherche, créé par Pierre de fichiers en bois qui dataient de l’après- teur Jean-Charles Aschero qui faisait un ma-
Documentaliste Schaeffer, faisait de la prospec ve — de fait guerre. Ces archives avaient été cons tuées gazine dans la nuit du samedi au dimanche
Productrice on était en avance sur tout le monde ! Et par des personnes qui n’étaient pas vrai- sur France Inter. On traitait de tout. En fonc-
c’est là-bas que j’ai fait mes classes. ment documentalistes — il s’agissait le plus on des sujets, il pouvait me demander de
WEB
souvent de comédiens qui écoutaient en trouver une interview de Truffaut, ou une
www.ina.fr À l’éclatement de l’ORTF en 1974, l’État a direct les émissions de radio et qui établis- interview d’un homme poli que sur tel ou
www.radiofrance.fr créé 7 sociétés : Radio France, TF1, A2, FR3, saient ce qu’on appelait des rapports tel sujet… J’allais alors voir chaque respon-
www.fremeaux.com TDF et la SFP, mais ils avaient oublié la for- d’écoute. sable de secteur (cinéma, liVérature,
ma on professionnelle, la recherche et les À par r de ces rapports d’écoute d’autres sciences poli ques…) pour trouver l’archive
archives télé et radio. Ces ac vités ont alors personnes relevaient des mots-clés et cons- sonore correspondante. Il y avait une per-
été regroupées dans une 7ème en té qui a tuaient des fiches. Les premières fiches sonne dédiée au théâtre, une à la liVéra-
pris le nom d’INA (Ins tut Na onal de l’Au- écrites à la main avaient été mises dans des ture, une autre à la poli que etc., tout était
diovisuel). boîtes à chaussures — c’était empirique très cloisonné. Après 1974, au sein de la
La direc on de l’ORTF ne savait même pas mais cela avait le mérite d’exister. phonothèque de Radio France deve-
...

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DOCUMENTALISTE / ARCHIVISTE RADIO
(INA / RADIO FRANCE)
ENTRETIEN

nue INA nous avons fait en sorte de bouscu- Ce qui m’intéressait, c’était le rendu à l’an- j’étais surtout contente de voir que les
ler un peu tout ça. tenne — « Ce document est bien mais qui grands noms de la radio m’avaient acceptée
pourra en faire bon usage ? ». Je savais dans leur famille. C’est mes César à moi.
Il y avait plusieurs façons de se promener qu’avec Daniel Mermet je n’avais pas trop Huit ans après être par e à la retraite, on
dans les fichiers : si c’est Truffaut qui parle, de soucis à me faire, il construirait toujours m’appelle encore parfois pour me deman-
on cherche une voix ; si on parle de Truffaut, à par r de ce que j’allais lui donner. Mais der si je ne saurais pas où trouver telle ar-
il devient un sujet ; si c’est un film de quand des pe ts jeunes de 20 ans arri- chive...
Truffaut, il a la qualité d’auteur. C’était fas - vaient, comme Thierry Becarro à la nais-
dieux mais c’était fabuleux, le bonheur, je sance de Radio Bleue par exemple, je leur LA PROFESSIONNALISATION DU MÉTIER
n’en revenais pas. Je ne comptais pas mes disais — « Je te donne un bon document ! « À l’INA, nous avons adopté un principe
heures. Mon expérience au service de la C’est du Jean Villars, tu sais qui est Jean Vil- absolu qui perdure encore aujourd’hui : on
Recherche fait que j’avais la connaissance lars ? AVen on, ne dis pas de bê ses... ne sort pas les originaux. On prenait une
de tous ces noms, que ce soient des psycha- (rires) ». Pour les jeunes j’avais un rôle de bande, on repérait sur le magnétophone le
nalystes, anthropologues, auteurs ou ci- référent, et pour les anciens je permeVais passage qui nous intéressait en précisant
néastes — et d’un seul coup j’étais en liai- d’éclater un peu les choses. sur une fiche spéciale par exemple « à 38:10
son directe avec leurs voix ! mn - mot de début, et à 40:05 mn - mot de
À force de travail, je suis devenue un état fin », et le technicien nous copiait l’extrait
Progressivement j’ai été raVachée à de dans l’état à l’INA. Les gens venaient dans le — un bleu de début, un jaune de fin — ter-
nombreuses émissions : celles de Jean- bureau de « Janine ». Toute l’équipe travail- miné, et on rangeait la bande originale et on
François Kahn, Claude Villers, Jacques Pra- lait dans la bonne humeur et on ne comptait délivrait le bobino. Parce qu’avant l’INA, un
del, Marcel Jullian, Bernard Rapp... et je pas nos heures. C’est comme ça qu’on a producteur pouvait venir chercher une
travaillais en équipe avec leurs assistantes. commencé à nous remercier à l’antenne. émission, coupait le passage qui l’intéres-
Celle de Jean-François Kahn par exemple, Claude Villers nous citait tous les jours en fin sait, et partait avec…
qui préparait l’émission Avec tambours et d’émission. C’était une vraie collabora on.
trompeKes, pouvait m’appeler pour me dire Le mé er de documentaliste a commencé à
qu’il voulait faire un sujet sur la jus ce mais Dans les années 80/90 j’ai travaillé avec les être reconnu avec les IUT et les INTD
sans me préciser quoi — « Ce que tu veux ! » plus grands. Jean Chouquet – qui a inventé (Ins tuts Na onaux des Sciences et Tech-
me disait-elle. Alors je partais en apnée la radio pour ainsi dire avec Roland Dhor- niques de la Documenta on), et des thesau-
dans les archives pour trouver quatre, cinq dain — ne voyait que par moi : « L’INA c’est rus ont été adoptés de sorte que tout le
ou peut-être dix bons documents. Janine » disait-il – parce qu’il savait que je monde s’est mis à travailler de la même
remuerai ciel et terre et que je ne m’avoue- façon, plus méthodique. Le thesaurus
rai jamais vaincue – j’étais pugnace. Et
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DOCUMENTALISTE / ARCHIVISTE RADIO
(INA / RADIO FRANCE)
ENTRETIEN

INA permet d’avoir une nomenclature com- prises comme ça, le fonds a été ratissé, événements (les 100 ans de Prévert, la
mune pour rédiger les fiches et retrouver écouté, répertorié, mais à cette époque, chute du mur de Berlin, la journée des
facilement les informa ons. On apprend à c’était le bonheur. » femmes, la journée des poètes…) je propo-
par r de l’essen el (définir la voix, le sujet sais à l’ensemble des antennes des pe ts
et le lieu) pour aller au détail mais aussi à L’USAGE DES ARCHIVES EN RADIO modules de 30 secondes ou 1 mn. Je les
u liser le même langage : sur un salon du « Dans les années 1980/90, Radio France apportais aux producteurs en fonc on de la
livre par exemple, il faut savoir si on indique s’est servie énormément des archives, couleur de leur émission pour que personne
« livres », « liKérature » ou « lecture » en n’ait les mêmes. Ça demandait une connais-
toutes chaînes confondues. Pour exemple,
mot-clé. j’avais réalisé un travail exhaus f sur sance de l’antenne et des archives. »
Jacques Prévert, et devant la richesse de ces
Avant l’INA, chacun faisait un peu comme il LA SAUVEGARDE DU PATRIMOINE RADIO
documents, j’avais proposé à Pierre Bouteil-
voulait, ce qui avait l’avantage de réserver — UNE MISSION ESSENTIELLE DE L’INA
ler, alors Directeur de France Inter, une sé-
des surprises : un jour par exemple, je fai- rie qui verra le jour l’été 1990, animée et « Dans les années 80, la phonothèque a
sais un gros travail sur Jacques Brel, en produite par Alain Poulanges. effectué un travail considérable de reprise
graVant dans les vieilles fiches écrites à la d’antériorité des disques 78 tours. Avec
plume avec des pleins et des déliés, et je On peut u liser les archives de plusieurs l’aide de deux techniciens spécialisés ca-
vois « Breslet le diable » – ça me dit quelque façons : il y a les émissions réalisées en ère- pables de reproduire des 78 tours sur
chose — je fais descendre la bande magné- ment à base d’archives comme «L’histoire a bandes magné ques pour qu’ils soient au-
que et c’était en fait bien un inédit de dibles et à disposi on.
40 ans » d’Henri Amouroux pour laquelle
Jacques Brel au cabaret Sainte-Geneviève. nous avons exploité tout le catalogue de la
Celui qui avait écouté et rédigé la fiche ne le Avec les techniciens son, et avec l’aide
période de guerre ; il y a les émissions qui d’Henri Amouroux, j’ai travaillé sur toutes
connaissait pas et l’avait orthographié à
vont u liser les archives juste pour illustrer les archives qui auraient dû servir au procès
l’oreille. un propos (on reprend un discours ou une du Maréchal Pétain. Un technicien et un
cita on) ; et pour d’autres émissions on journaliste le suivaient lors de tous ses pé-
Pour des raisons d’économie, les commis- recherche une archive pour embellir le con-
sions de sélection des émissions décidaient riples à travers la France et Dieu sait qu’il a
tenu (certains producteurs veulent trouver sillonné la France. Et on a tout, tout le off !
de garder ou de détruire certaines émis- la pépite, le document impossible).
sions gravées sur 78 tours. Certains d’entres C’est un grand moment.
Coffrets édités par Fré-
meaux & associés, à par r du eux ont été oubliés et c’est comme ça que Quand Jean-Marie Cavada est arrivé, je lui ai
j’ai retrouvé des séries de Pierre Dac et À l’époque, le journaliste sélec onnait le
travail de Janine Marc-Pezet proposé de créer un nouveau secteur. On a
Francis Blanche des années 1946 à 48. passage a diffuser le soir dans le journal
créé « L’atelier mémoire ». Pour les grands parlé en dessinant un escargot au
Maintenant il n’y aura plus de grosses sur-
...

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DOCUMENTALISTE / ARCHIVISTE RADIO
(INA / RADIO FRANCE)
ENTRETIEN

crayon gras sur le disque. Il faisait un lance- poser des pièces de monnaie sur la tête de Ayant la connaissance du fonds, j’ai proposé
ment dans le style : « Le Maréchal Pétain a lecture... On essayait tout. À la fin des an- aux édi ons Frémeaux, un coffret sur Fran-
été accueilli par la fédéra on ouvrière de nées 90 sont arrivées des machines qui en- çoise Dolto (j’ai écouté plus de 300 émis-
Clermont-Ferrand et s’exprimait face à la levaient le bruit de surface tout seul alors sions, tout scripté avec mon assistante — ce
foule en ces termes... » et il envoyait l’extrait qu’on s’est épuisé des années à recopier le qui n’avait jamais été fait — on a ressor les
sonore. Et ce qu’on a retrouvé c’est tout le fonds Pétain en travaillant de façon ar sa- mots-clés et ré de ce travail une collec on
reste — on a l’intégralité du reportage. Et nale. de 9 CD). J’ai proposé « L’anthologie du
on découvre qu’il était complètement gâ- XXème siècle par la radio » (ça commence
teux le pauvre homme : quand on lui appor- Au détour d’un couloir, j’avais fait part de ce avec le son de la première rame de métro
tait un mouton il s’exclamait « Oh encore un fonds Pétain à Daniel Mermet qui quelques en 1900), et puis un coffret pour les 100 ans
mouton, mais qu’est-ce que je vais en faire ? mois plus tard m’appelle un jour de Londres de Jacques Prévert... »
Et qu’est-ce que je dois dire ? ». Un jour, en pour me dire que la série qu’il avait prévue
visite à Lyon, on lui présente une femme la semaine suivante ne pourrait se faire et L’ÉVOLUTION DU MÉTIER
dont les deux enfants sont prisonniers et qui qu’il aimerait lancer une série sur Pétain —
« Le mé er a énormément changé, la pho-
demande ce qu’il pourrait faire pour eux. Le le samedi soir pour le mercredi suivant. En-
nothèque de l’INA ayant rejoint le siège à
Maréchal lui répond : « Mais ma pauvre core une fois il me laissait lui proposer ce
Bry-sur-Marne, les documentalistes sont
dame, tous les soldats sont mes enfants ». À que je voulais. J’ai préparé quelques extraits
coupées de la produc on aujourd’hui. Les
un soldat qui a perdu son bras il lance à par r des bandes déjà cons tuées, et il n’y
producteurs ou leurs assistants pianotent
« Mon brave, mais il vous en reste un ». Et avait que Daniel Mermet pour valoriser ces
sur l’ordinateur, et c’est ques on/réponse.
de rétorquer quand on lui dit que des gens archives uniques.
On peut faire une recherche depuis chez soi,
dorment sous les ponts « Mais heureuse-
tout écouter, tout retrouver sur la plate-
ment qu’il y a beaucoup de ponts à Lyon ». C’est avec des projets comme ça que vous
forme www.inamediapro.com. Une fois les
gagnez en légi mité en tant que documen-
extraits sélec onnés ( mecodés, découpés)
On meVait parfois une journée pour reco- taliste pour devenir force de proposi on. »
on récupère exactement ce dont on a be-
pier 3 minutes d’une face de disque parce
soin. Ça a du bon, c’est rapide mais ce que
que la cellulose partait au fur et à mesure. PARTAGER...
je regreVe c’est qu’on perd le contact hu-
Les techniciens de l’époque n’avaient pas « Mon plaisir, c’est de meVre les archives main et le contact avec les matériaux. Une
les techniques de maintenant alors ils radio à disposi on des autres. Ça ne sert à bande, ça une odeur, c’est quelque chose de
avaient inventé des astuces : on meVait de rien de se dire qu’on a un beau document et vivant. Et moi j’aimais bien communiquer,
la laque sur le disque pour que ça ne s’ar- qu’on va se le garder. Je suis plutôt archéo- travailler en équipe.
rache pas, on bidouillait avec de l’eau sa- logue, j’ai besoin de découvrir et meVre à la
vonneuse et un pinceau, il nous est arrivé de vue et à l’ouïe des autres. ...

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DOCUMENTALISTE / ARCHIVISTE RADIO
(INA / RADIO FRANCE)
ENTRETIEN

Malgré tous ces changements, je pense que LES QUALITÉS DE DOCUMENTALISTE J’en ai vu arriver des diplômés de l’INTD
les opportunités peuvent être les mêmes si « Il faut être curieux — très curieux, avoir avec bac+ quelque chose mais qui n’avaient
on en a « l’envie ». Il y a des lourdeurs admi- une bonne culture générale, une espèce de pas le feeling. Je ne sais pas comment vous
nistra ves, c’est sûr, il y a des lourdeurs dire mais on me disait — « Il faudrait deux
globalité. Il faut un raisonnement logique, il
juridiques, soit, mais on y trouve un grand faut être pa ent et ne jamais baisser les jolies minutes de tel écrivain », je meVais
plaisir intellectuel. On s’enrichit énormé- bras. On finit toujours par trouver. Et si je ne une Radioscopie sur le magnéto et tac j’ar-
ment, c’est une Sorbonne à ciel ouvert que trouvais pas, je proposais autre chose, voire rêtais pile au bon moment, ça ne s’invente
de pouvoir entendre Cocteau le ma n, Pré- pas, c’est un ins nct comme ça, qu’on a ou
l’inverse — « Tu voulais ça mais ça n’y est
vert l’après-midi, Blaise Cendrars, Léau- pas, je vais te faire réagir par rapport à pas.
taud… Quel bonheur d’entendre parler Ro- autre chose... ». Et ça marche. C’est une
main Gary. Je ne peux pas dire que j’étais faite pour ce
qualité pour un documentaliste de ne pas
rester dans les clous, d’être force de propo- mé er, je ne savais même pas que ça exis-
Un documentaliste peut travailler chez Re- si on. tait. Et c’est vrai que maintenant les docu-
nault, au CNRS, dans un grand hôpital ou mentalistes ont des bagages, mais pour
dans une radio il suffit de s’adapter à son beaucoup il leur manque ceVe étendue de
Il nous arrivait aussi de travailler pour des
environnement. C’est la même base de for- films ou de grandes expos. Pour Andrew Orr culture radio et de culture tout court. Même
ma on, mais si on veut travailler sur le son (co-fondateur de Radio-Nova), je suis allée à sans les connaitre par cœur, je peux trouver
ou la radio en par culier, il vaut mieux ai- Bordeaux pour une exposi on in tulée du Blaise Cendrars, du Léautaud. Buren, je
mer et connaitre un peu cet univers, savoir sais qui c’est. C’est pour cela que je n’ai ja-
« Députés, Députés ». Je leur avais préparé
qui sont José Artur ou Jacques Chancel. des bandes avec des extraits un peu inaVen- mais voulu me spécialiser. Je disais à Jean-
dus, au feeling, et le fait de ne pas travailler Luc Hesse — « Je suis spécialiste pluridisci-
Les diplômes prévalent aujourd’hui, mais on plinaire » ■
au service poli que par exemple pour une
veut des jeunes bardés de diplômes et avec exposi on sur des députés, ça permet
de l’expérience, ça ne va pas. Si on cherche d’avoir des audaces. Et c’est comme ça que
l’expérience on peut aussi bien faire appel à c’est surprenant. Il faut être audacieux. »
des gens du sérail — des collaborateurs qui
ne sont peut-être pas diplômés mais qui
connaissent le mé er, l’univers de la radio, LE TRUC EN PLUS...
et qui sont un peu organisés. « À Radio France, par généra on il y a en
toujours un ou une qui a ceVe fibre-là,
comme Florence Dartois par exemple au-
jourd’hui.

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JOURNALISTE RADIO
ENTRETIEN

Nathalie Amar-Mathivet exerce depuis 20 de l’économie, des conférences (je me sou- médiateté. C’est à mes yeux un medium
ans le mé er de journaliste radio au sein de viens particulièrement de la venue du géné- plus humain que la feuille de papier ou
RFI. Son émission Décryptage s’arrête ticien Albert Jacquard). Nous avions des l’écran télé — il y a cette incarnation de la
chaque soir sur un fait marquant de l’actua- sessions avec des professionnels de la voix. »
lité, analysé et commenté par un ou plu- presse écrite notamment et des stages de
sieurs spécialistes. découverte radio, télé, et presse écrite. Il ACCÈS AU MÉTIER
est aussi une tradition en première année « J’ai commencé à travailler au sein de RFI,
PARCOURS de faire partir l’ensemble de la promo en quasiment en sortant de l’école. J’y ai fait
© RFI

« J’ai avancé dans ma scolarité sans savoir province pour fabriquer un vrai-faux hebdo- mon stage de fin d’études, et j’ai enchaîné
précisément ce que je voulais faire. Comme madaire, pour lequel les personnalités poli- ensuite par ce qu’on appelle des piges. J’ai
j’avais un goût prononcé pour les lettres, j’ai tiques locales acceptent généralement le connu d’autres expériences et y suis reve-
Nathalie AMAR-MATHIVET
suivi une classe préparatoire en lettres au jeu des interviews. C’est un exercice très nue jusqu’à y être embauchée en 1995, il y a
Journaliste radio (RFI) formateur pour de jeunes élèves journa-
lycée Condorcet à Paris, puis j’ai enchaîné à donc plus de 20 ans maintenant en qualité
la Sorbonne avec une Maîtrise en Lettres listes. de rédacteur-reporter.
CURSUS modernes.
À partir de la deuxième année, c’est le mo- J’ai fait quelques passages au reportage au
Centre de Forma on
À ce stade j’avais ce goût pour l’actualité ment du choix. Un choix qui se fait aussi par service France, mais il y avait des besoins à
des Journalistes (Paris)
mais je ne savais pas encore si je voulais en élimination. Je savais que la télé n’était pas l’antenne, j’ai donc rapidement bifurqué
Maîtrise de LeVres
faire mon métier, je pensais aussi à l’ensei- faite pour moi : il faut être impeccablement vers la présentation pour assurer des flashs,
modernes
gnement. Je me suis alors inscrite à l’agréga- coiffé, maquillé, apprêté, il faut avoir l’air, des points d’actualité, des synthèses puis
tion en Lettres modernes et à tous les con- et cela me déplaisait, j’avais choisi ce métier des journaux, le journal de 8h dans la mati-
WEB pour d’autres raisons.
cours d’entrée des écoles de journalisme qui nale etc.
www.rfi.fr existaient à l’époque (à savoir Paris, Lille et
Strasbourg). J’ai peu travaillé l’agrégation et J’adorais l’écrit, bien sûr par ma formation, RFI possède deux grands canaux de diffu-
de fait, je ne l’ai pas obtenue, en revanche mais j’avais découvert la radio dans mon sion, l’un vers Paris-Monde et l’autre vers
j’ai été acceptée au Centre de Formation adolescence, dans les années 80, à la pé- l’Afrique. J’ai commencé sur le canal Paris-
des Journalistes (CFJ) à Paris. C’est ainsi que riode des radios libres. J’ai fait de la radio Monde puis il y a cinq ans j’ai rejoint le canal
cela a commencé. comme on n’en fait plus maintenant, dans Afrique pour assurer notamment la grande
une pièce informelle, au sein de radios asso- session d’info du soir qui s’appelle RFI Soir /
La première année de formation portait sur ciatives à Grenoble, la ville où j’ai grandi. Je Afrique Soir. »
l’enseignement général — avec de l’histoire, conservais donc au fond de moi un attrait
pour la radio, pour sa simplicité et son im-
...

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JOURNALISTE RADIO
ENTRETIEN

LE MÉTIER saient à la frontière. parler, qu’on puisse fixer un rendez-vous


« Je suis aujourd’hui toujours sur la session téléphonique etc. C’est ainsi qu’on a pu
d’information du soir de deux heures, entre Vient alors pour moi un travail de documen- choisir Béatrice Bourcier, une volontaire
19h et 21h (heure de paris) avec une partie tation, de recherche d’interlocuteurs et de allemande francophone qui a accepté de
généraliste qui traite de l’actualité interna- mise en forme du contenu — le sujet peut parrainer une famille de réfugiés. Elle ex-
tionale et une demi-heure d’actualité afri- remplir 45 pages d’un journal, il faut qu’on plique qu’elle s’est engagée parce qu’elle ne
caine. en fasse 20 minutes en radio : c’est toute la pouvait pas rester inactive en voyant ce qui
difficulté. se passait à 20 minutes de chez elle ; elle
À l’intérieur de cette session d’info j’ai en raconte aussi ses doutes et comment elle a
charge l’émission Décryptage : l’idée est Nous avons eu l’idée de faire témoigner une essayé de se détacher un peu de cette fa-
d’arrêter la cavalcade de l’info, de prendre volontaire allemande qui s’était engagée mille pour la laisser prendre son envol
un fait d’actualité marquant, et d’essayer de auprès de réfugiés. Il fallait bien sûr qu’elle seule ; elle réagit à la victoire de l’extrême-
l’expliquer. On se limite à l’intervention d’un soit francophone, qu’elle soit d’accord pour ...
seul spécialiste, parfois deux, mais pas plus,
pour leur donner le temps de parler et d’ap-
profondir le sujet. C’est quelque chose qui
est vraiment apprécié des auditeurs et at-
tractif aussi pour les personnes que l’on
sollicite, car elles savent qu’elles auront du
temps pour s’exprimer
Le choix des sujets se fait collectivement
avec les rédacteurs en chefs du service
Monde, et du service Afrique.

L’émission du 5 septembre 2016, par


exemple, était consacrée à l’Allemagne, au
lendemain d’une importante victoire de
l’extrême-droite aux élections locales, un an
après l’annonce par Angela Merkel de sa
volonté d’accueillir les migrants venus de
Syrie et du Moyen-Orient et qui se pres-
Décryptage est accessible en direct, rediffusion et podcast audio sur www.rfi.fr

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JOURNALISTE RADIO
ENTRETIEN

droite dans une région où il y a le moins de qu’on a l’habitude de penser. Avoir la facul- sur l’émission qui suit ! En presse écrite,
réfugiés, le moins d’immigrés mais qui est la té de s’étonner et de se remeVre en ques- même si celui-ci est court, vous disposez
plus raciste et xénophobe… Son témoignage on sur le fond et la forme, sur la façon d’un certain temps entre le moment où
finit par constituer le fil rouge de l’émission. dont on conçoit une émission. vous prenez connaissance d’une informa-
on et celui où vous la res tuez. En radio ça
Ce témoignage est complété par l’éclairage Il faut aussi être en capacité de gérer le di- peut être immédiat !
d’un universitaire, Hans Stark, professeur à rect — le direct, le rouge antenne ne par-
la Sorbonne, spécialiste des relations franco donne pas. Il faut être prêt à réagir. Et réagir Enfin, il faut aussi un talent d’écriture, c’est
-allemandes, qui analyse la victoire de à l’imprévu, c’est comme tout, ça s’apprend. de la radio, on est certes dans l’oral, mais
l’extrême droite avec le recul nécessaire. J’ai moi-même dispensé des forma ons sur quelques par es sont écrites. Il faut pouvoir
ce thème dans l’école où j’ai étudié. Les être clair, concis, et précis. »
La volontaire avait été enregistrée vers midi, modules que j’ai animés avaient été mis au
j’ai ensuite réalisé le montage l’après-midi point par Gérard Courchelle, un ancien de SOUVENIRS DE RADIO
et à 18h, nous avions tous les éléments pour France Inter, et impliquait une comédienne « Avec le recul, je garde deux souvenirs de
commencer le direct avec le spécialiste pré- qui incarnait un personnage de l’actualité l’année 2008. En juillet d’abord, une longue
sent en studio (l’émission est diffusée à (un ministre, un docker de calais mécontent interview avec Ingrid Betancourt à son re-
18h10 sur le canal Paris-Monde, et rediffu- parce que des réfugiés l’empêchent de tra- tour de déten on. Interview qui était à la
sée sur le canal Afrique à 21h10). vailler etc.). Elle répondait aux étudiants fois très émouvante et très instruc ve —
dans l’exercice de l’interview pour tester elle ne parlait pas que de ses émo ons, elle
Mon travail, pendant le direct, consiste à leur capacité à réagir et à s’adapter (à faire parlait aussi de la poli que, de la Colombie.
animer l’émission, savoir quand va interve- avec quelqu’un qui ne veut pas parler, qui
nir l’illustra on sonore, équilibrer témoi- veut trop parler, qui est très ému et qui Et puis en novembre, la première élec on
gnages et analyses, bref à dynamiser le con- s’effondre, qui ne sait répondre que oui ou de Barack Obama. Nous avons enchaîné
tenu pour ne pas lasser l’auditeur avec des non…). plusieurs heures d’émission (une nuit améri-
interven ons parlées de 20 minutes. » caine avec l’interven on de politologues et
La conduite d’une interview, c’est à vrai dire de représentants des Démocrates et Répu-
LES QUALITÉS DU JOURNALISTE RADIO beaucoup de technique. blicains à Paris. On a vécu l’événement en
« La curiosité me parait fondamentale, cela direct, de la montée en pression vers 22h00
fait vingt ans que je fais ce mé er, et j’ap- Dans le direct, il y a quelque chose d’essen- jusqu’à l’annonce du résultat à 5 ou 6h du
prends tous les jours. Il faut être curieux el de l’ordre de la maîtrise : maîtrise de ses ma n.
pour aller chercher autre chose que ce émo ons, de sa façon de parler, de son lan-
gage, du temps aussi, pour ne pas empiéter
...

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JOURNALISTE RADIO
ENTRETIEN

Ce qui est gra fiant pour moi, c’est quand blique. Ils sont curieux de tout ce qui con- avons une exigence de qualité sur le fond et
j’ai l’impression qu’on apprend et quand on cerne le jeu poli que, les duperies, les ruses la forme, sur le contenu, sur la rigueur jour-
a aussi un peu d’humanité et d’incarna on, des uns et des autres, cela fait écho ou ré- nalis que, et l’objec vité.
au-delà de la simple analyse. Le pari est pond en miroir à leur propre scène poli-
réussi lorsqu’il y a un mélange des deux. » que. Ici ou là-bas c’est la même chose. Et En lisant les commentaires, on se rend
puis il y a beaucoup de Français de l’étran- compte aussi qu’il est parfois u le de re-
RFI DANS LE MONDE ger qui votent et s’intéressent à ces sujets. prendre à la base des choses qui d’ici nous
« Le mé er est le même dans toutes les semblent évident. C’est souvent une leçon
grandes radios, mais la spécificité de RFI est Lorsque j’ai eu le bonheur d’aller faire des d’humilité. On retrouve alors pleinement
pour moi ce lien par culier que nous avons émissions en Afrique, c’était incroyable ! RFI notre mission de service public. » ■
ssé avec les auditeurs du monde en er. Ils fait vraiment par e de la vie, du quo dien.
sont parfois à des milliers de kilomètres de J’ai vu un jour à Dakar, sur une échoppe, un
nous, mais ils sont là. On le sait parce qu’ils pe t poste radio à l’ancienne, hors d’âge,
nous écrivent, ils nous téléphonent, ils u li- sur lequel était diffusé le journal que ma
sent les pages Facebook, et se saisissent de copine journaliste était en train de faire à
toutes les occasions d’interac on avec la Paris, c’était très émouvant.
rédac on — et ça c’est extraordinaire.
RFI c’est aussi la référence quand il n’y a pas
L’émission de Juan Gomez, Appels sur l’ac- d’informa on libre. C’est le cas encore dans
tualité qui est diffusée tous les ma ns, per- un certain nombre de pays. Le paysage au-
met de donner la parole aux auditeurs. Et diovisuel s’ouvre mais pas partout. Et là on
on se rend compte qu’en dehors des grosses touche à notre responsabilité, dans la me-
actualités comme la semaine dernière sur sure où on fait référence, on se doit plus
l’élec on Présiden elle au Gabon, dans des qu’ailleurs de surveiller nos propos, de re-
temps plus tranquilles, nos auditeurs sont couper les informa ons et de pouvoir jus -
demandeurs de tous les sujets. Ils sont par fier ce qu’on avance. On a dans la maison de
exemple au fait de la poli que française, ils grands journalistes rompus à cet exercice.
la suivent à travers nous. On peut leur parler
d’Emmanuel Macron qui démissionne du Lorsque les auditeurs pensent que leur in-
gouvernement pour préparer une possible forma on locale est manipulée, ils vont
candidature à la Présidence de la Répu- écouter RFI parce qu’ils savent qu’ils y trou-
veront l’info juste, sans par pris. Nous

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TECHNICIENNE CHARGÉE DE RÉALISATION
RADIO
ENTRETIEN

Formée à l’école de radio d’Issy-les- Durant les premiers mois les élèves font cor d'une grande radio comme RTL et tout
Moulineaux, Pauline Leduc a rejoint la bri- tous de l’anima on, du journalisme et de la ce qui concerne la publicité.
gade des techniciens chargés de réalisa on technique-réalisa on pour découvrir chacun
de RFI, la radio française interna onale de ces mé ers, mais je savais déjà que je Sur Voltage, j’étais assistante d’antenne du
d’actualités diffusée en 15 langues et qui voulais faire de la technique — c’est une Happy Morning (la ma nale de 6h à 9h). Je
réunit chaque semaine près de 40 millions idée qui mûrissait en moi depuis très long- travaillais avec un animateur (qui assurait
© P. Leduc

d’auditeurs. temps. directement la réalisa on) et un journaliste.


Je faisais des recherches pour trouver des
PARCOURS Le programme de forma on de deux ans de infos insolites qui alimentaient l’émission. Je
« J’ai beaucoup écouté la radio étant plus Studec (Studio École de France) prévoit d’al- montais les best-of. Je gérais les sons, je
jeune, surtout les libres antennes, le soir. terner forma on théorique et stages, entre faisais des medleys (lors de l’annonce de la
Pauline LEDUC
Mes parents écoutaient eux aussi beaucoup le ma n et l’après-midi. Je n’ai pas fait de mort de Whitney Houston par exemple, on
Technicienne Chargée de
de choses différentes. Mais en première stage tout de suite parce que je ne me sen- a diffusé une sélec on de ses plus grands
Réalisa on (RFI)
inten on, je ne souhaitais pas spécialement tais pas prête, pas sûre de moi. Je me suis tubes).
faire un mé er lié à la radio. Passionnée de lancée finalement la deuxième année avec
CURSUS trois stages sur Radio FG, RTL et Voltage. Sur Radio FG j’ai travaillé sur différentes
musique, je voulais être ingénieure du son.
Bac scien fique Je visais Louis Lumière, une école très diffi- tranches de 7h à minuit. Je réalisais les
Studio École de France cile d’accès dans laquelle on rentre au ni- Sur RTL, j’étais assistante régie pub — cela émissions en direct avec des Voice Tracks
veau Bac +2 par voie de concours. C’est consiste à vérifier les pubs et les heures de (messages d’animateurs enregistrés) et de
WEB pourquoi après un bac scien fique, j’ai enta- passage (les modalités de diffusion sont très la musique pour une diffusion généralement
mé une première année de licence Phy- réglementées. On ne doit pas dépasser six le week-end. C’était mon premier travail de
www.rfi.fr
sique-Chimie-Science de l’ingénieur à Lyon. minutes de publicité par demi-heure par réalisa on, en autonomie — réaliser l’émis-
Mais j’ai complètement décroché au bout exemple). Il y avait aussi des opéra ons sion, envoyer le micro enregistré, lancer la
de 6 mois. L’enseignement était trop sco- spéciales qui permeVaient à des annonceurs musique, faire des enchaînements de mu-
laire et théorique pour moi. J’avais besoin de cibler les heures d’écoute (durant les sique…
d’apprendre en faisant. soirées de match par exemple, on pouvait
insérer une pub promo onnelle après l’an- J’ai sen que j’étais vraiment devenue tech-
C’est à ce moment que je suis tombée sur nonce d’un but). C’est une mission pendant nicienne chargée de réalisa on à la sor e de
une publicité pour Studio École de France, laquelle je suis restée à l’arrière, à observer, l’école, lorsque j’ai été lâchée dans le grand
l’école de radio d’Issy-les-Moulineaux. Je sans avoir d’ac on sur l’antenne. C'était très bain, à RFI. Sur radio FG le statut de sta-
m’y suis inscrite en 2010. instruc f, pouvoir découvrir l'envers du dé- giaire nous protégeait, et à l’école on fait
beaucoup d’émissions diffusées sur la
...

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TECHNICIENNE CHARGÉE DE RÉALISATION
RADIO
ENTRETIEN

webradio, mais la diffusion est restreinte — LE MÉTIER Le mé er de technicien-réalisateur sur une


sur RFI il fallait vraiment diriger l’émission « À RFI, il y a des techniciens-réalisateurs radio d’informa on consiste d’abord à
avec le stress de se dire qu’on est respon- pour l’info, des techniciens-réalisateurs meVre à l’antenne des journaux : on réalise
sable de ce qui est diffusé à l’antenne, et ce, les journaux, on monte les reportages en-
pour les magazines, des techniciens de re-
avec une large audience. » portage et une brigade (dont je fais par e) voyés par les correspondants (qui peuvent
qui tourne sur tous les postes chaque se- être au téléphone à l’autre bout du monde),
ACCÉS AU MÉTIER
maine en fonc on d’un planning prédéfini. on y ajoute si nécessaire les traduc ons. On
« Je suis rentrée chez RFI à la sor e de fait à la fois du montage et du mixage son.
l’école grâce aux réseaux et aux partenariats Nous travaillons
de Studio École de France et de Sylviano de façon assez Sur le direct on
Marchione, son Directeur. C'est dans ce autonome en envoie l’habillage:
contexte que RFI a organisé une session de lien étroit avec les jingles, les ta-
recrutement de techniciens. CeVe année-là les journalistes pis (ces musiques
nous é ons quatre à être choisis. Dans ce et sous la res- de fond qu’on
secteur, les places sont peu nombreuses, il ponsabilité d’un entend sur le lan-
faut être pa ent et persévérant, et au-delà chargé d’unité cement des tres),
des compétences techniques, il faut pouvoir de produc on. À on lance les repor-
s’appuyer sur des références solides ac- l’info par culiè- tages, on appelle
quises souvent au cours des stages pour un rement, les an- les correspon-
premier emploi et s’appuyer sur le réseau. tennes fonc on- dants, on règle les
nent avec des voix et les télé-
J’aurais pu postuler dans d’autres radios, schémas déjà phones, et parfois
mais RFI a été un vrai choix personnel. Ce bien définis, il y on fait tout cela
qui est intéressant quand on travaille sur a une grille des en même temps.
une radio comme RFI, c’est l’ouverture sur programmes et © P. Leduc
le monde, la découverte de cultures diffé- des horaires à Nous sommes les
rentes et variées dont on ne parle pas beau- respecter. premiers auditeurs
coup ailleurs. On y apprend beaucoup de de l’antenne, c’est à nous de juger de la
choses. » On est plus libre en termes de réalisa on qualité du son et d’apporter les correc fs
sur le format magazine, on peut travailler un nécessaires. Nous devons aussi gérer le
peu plus sur les montages et les mixages. temps. Il y a plusieurs formats d'antenne :
les journaux qui durent 10 minutes,
...

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TECHNICIENNE CHARGÉE DE RÉALISATION
RADIO
ENTRETIEN

les flash de 3 min, les émissions qui durent phone de France Médias Monde, et le mon- semble-t-il. Il permet de classer les sons et
de 20 à 50 minutes. Il ne faut pas qu'un tage en arabe me semble plus compliqué faire du montage directement. De fait, RFI
journal dépasse 10 minutes, et c'est à nous qu’en chinois. Je ne parle aucune des deux organise pour chaque nouveau salarié une
de calculer les temps de parole pour le jour- langues mais on reconnait à l'oreille que ce forma on de 3 semaines sur tous les ou ls.
naliste, voir si on peut passer tel ou tel re- ne sont pas les mêmes façons de parler. La Le reste c’est la pra que habituelle du mé-
portage. dic on en chinois est beaucoup plus sacca- er.
dée qu’en arabe où les sons s’enchaînent
Ce que j’aime dans l’info c’est l’adrénaline plus facilement — il est donc plus difficile de Le montage s’apprend à l’école et en forma-
du direct : il faut toujours être capable de repérer les césures et les bons mots. Dans on, la technique est quasiment toujours la
proposer quelque chose, on ne peut pas tous les cas, c’est rare, mais si on n’y arrive même. Ce qui peut changer c’est générale-
laisser de blancs à l’antenne (des silences) pas, les journalistes en langue étrangère ment l’appren ssage des raccourcis ou de
— il faut se débrouiller pour enchaîner les nous aident, c’est un travail d’équipe. quelques appella ons.
reportages, ou retrouver les correspondants
même lorsque les condi ons sont difficiles Quant à la ges on de l’antenne en langue Pour ce qui est des consoles, Studio École de
(en zone de conflit par exemple). » étrangère, ce n’est pas forcément plus com- France à l'avantage d'en avoir plusieurs,
pliqué parce que la base de la radio est de donc nous sommes formés dès l'école à
LES LANGUES ETRANGÈRES parler par signes — des signes pour dire nous servir des différents types. Au début,
« Il y a au moins une heure d’émission par qu’il faut un jingle, ou qu’il est temps d’en- ça peut paraitre impressionnant, il y parfois
jour dans chacune des 14 langues étran- voyer le bob (ce qu’on appelait avant la bo- beaucoup de boutons, mais on apprend
gères parlées sur RFI. Et comme on ne peut bine dans notre jargon, c’est-à-dire un do- assez vite à s'en servir.
pas connaître toutes les langues, pour le cument enregistré, prêt-à-diffuser). Et on
montage des reportages en langue étran- suit un conducteur, prédéfini à l'avance avec Dans ce mé er on apprend chaque jour, en
gère on essaye de reconnaître certains le journaliste, on sait à l'avance ce que l'on pra quant, sur le tas. Par exemple récem-
mots, de reconnaître les intona ons, et de va diffuser. Une par e du travail est faite en ment j’ai découvert que je pouvais enregis-
suivre les indica ons du journaliste qui nous amont. » trer quelqu’un au téléphone depuis le stu-
prévient par exemple qu’il répète un bout dio alors qu’une émission était en cours de
de phrase qu’il faudra remonter.
MATÉRIEL diffusion. Sans rentrer dans le détail, c’est
« Pour la diffusion, nous u lisons le logiciel une histoire de câbles et d’auxiliaires. C’est
C’est plus compliqué pour moi avec cer- NETIA, qui est très répandu. En revanche le genre de choses qui ne s’apprend pas à
taines langues. Je travaille par exemple pour pour le montage nous u lisons le logiciel l’école mais sur le tas, en discutant avec des
Monte Carlo Doualiya (MCD), la radio arabo- DALET qui est plus spécifique à RFI, me collègues, qui échangent astuces et tech-
niques. Personnellement, j'apprends
...

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TECHNICIENNE CHARGÉE DE RÉALISATION
RADIO
ENTRETIEN

beaucoup en regardant mes collègues, nuer d’écouter toutes les radios même
chaque TCR à une façon différente de tra- après l'école, autant pour sa culture person-
vailler. » nelle que professionnelle. » ■

QUALITÉS
« Il faut être ponctuel, pour ne pas rater
l’antenne !

Il faut accepter la flexibilité des horaires,


surtout en radio d’informa on con nue
24h/24 — on est amené à travailler sur des
tranches horaires variables (on peut com-
mencer ou finir à 2h du ma n).

On doit aussi gérer son stress (car on peut


vite se trouver débordé). Il faut être
mul tâche — écouter l’antenne d’une
oreille, préparer ce qui va suivre et commu-
niquer avec les journalistes, cela demande
un peu de coordina on. Il faut savoir
s’adapter et travailler en équipe.

Avoir une bonne oreille est indispensable.


C'est quelque chose qui se travaille, et qui
vient avec le temps et la pra que. Avoir une
culture musicale est un plus, un technicien
chargé de réalisa on par cipe au choix ar-
s que avec le mixage des sons sur les ma-
gazines (les émissions de 50 min). Avoir une
culture radio est u le au moment de rentrer
à l’école (qui peut vous tester sur la culture
© P. Leduc
radio et la culture générale). Il faut con - ...

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RFI
GROUPE FRANCE MÉDIAS MONDE

www.rfi.fr
RFI en chiffres :
En té du groupe France Médias Monde
(incluant France 24 et Monte Carlo Doua- 40 millions d’audi-
liya), RADIO FRANCE INTERNATIONALE est teurs chaque semaine
une radio française d’actualités, diffusée
mondialement en français et 14 langues 733 journalistes,
étrangères (anglais, cambodgien, chinois producteurs, techni-
simplifié, chinois tradi onnel, espagnol, ciens et administra fs
hausa, kiswahili, mandingue, persan, portu-
gais, portugais du Brésil, roumain, russe et 42 na onalités
vietnamien). représentées

Ses rédac ons basées à Issy-les-Moulineaux 19 studios


s’appuient sur un réseau de 450 correspon-
dants répar s sur les 5 con nents. 1 labo dédié à la
produc on de pro-
Les coulisses de la radio grammes sonores en
hVps://marfi.rfi.fr mul canal : 5.1 ou bi-
naural.

Photo : Campagne Les voix du Monde © Gédéon / Soe Than Win / AFP

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RADIO D’ENTREPRISE / DE MARQUE
ENTRETIEN

Qu’il soit tourné vers les clients ou les sala- rela on privilégiée peut être de faire appel ramène à la musique pure, la sonorisa on
riés d’une entreprise, le média radio se ré- à un média propriétaire, qui devient vecteur des lieux de vente (sur les réseaux de distri-
vèle par culièrement adapté aux enjeux de de la culture de la marque. bu on Monoprix, Célio, Peugeot et Toyo-
la communica on et du marke ng, par sa ta). »
capacité à créer du lien et de la valeur. Chemin faisant, nous nous sommes rendu
compte que ce modèle éprouvé pour les LES ATOUTS DU MEDIA RADIO
marques, se déclinait fort bien à l’intérieur « La première qualité qui me vient à l’esprit
GOOM de l’entreprise elle-même. La probléma- est sa réac vité. Nous avons une facilité à
© DR

« Goom a été créée en 2008 par Emmanuel que des ressources humaines a beaucoup produire des contenus et les meVre à dispo-
Jayr (ancien Vice-Président de la communi- évolué depuis une quinzaine d’années et si on sans commune mesure avec la vidéo
ca on du groupe NRJ) et son associé Rober- aujourd’hui les collaborateurs, notamment par exemple. Les ou ls de produc on ont
Guillaume GICQUEL
to Ciurleo. L’objec f était de lancer un nou- dans les très grands groupes, aspirent à beaucoup évolué et le numérique permet
Directeur Commercial
veau groupe radio numérique, capable mieux maîtriser la culture d’entreprise, à une distribu on très flexible. Un contenu
(\DD])
d’éditer des radios théma ques, y compris avoir une meilleure prise sur la vision, la audio peut être disponible en une heure,
pour des publics très ciblés. Mais le marché stratégie de l’entreprise et mieux connaître quel que soit le moment ou l’endroit où
publicitaire sur le secteur purement numé- les gens qui les entourent. Le bien-être vous vous trouvez. Cela parle beaucoup aux
CURSUS
rique n’était pas mûr. Il ne l’est d’ailleurs dans l’entreprise passe par une meilleure grands groupes qui rencontrent des difficul-
École de commerce (ESCE) toujours pas — les acteurs historiques hert- compréhension du rôle de chacun (savoir tés à maîtriser l’informa on (les collabora-
ziens conservent toujours très bien leur pourquoi on travaille, développer une fierté teurs d’une entreprise en situa on de crise
place auprès des annonceurs. d’appartenance etc.). C’est ainsi que nous vivent très mal par exemple le fait d’ap-
WEB avons commencé à travailler avec les direc- prendre de l’extérieur des informa ons
www.goom.fr Goom a donc opéré un virage stratégique ons de la communica on interne et des qu’ils auraient dû recevoir en interne — la
pour proposer son exper se radio à ses ressources humaines de groupes tels qu’Al- radio permet de corriger cela). On constate
clients historiques (SNCF, le Crédit Mutuel, catel (devenu Nokia) ou Solocal. même qu’une communica on orale peut
SFR) mais sur une autre offre, tournée vers être plus rapide qu’une communica on
le développement de marque auprès du Goom propose ainsi aujourd’hui trois ser- écrite — la radio fait sauter des sas de vali-
grand public : dans un environnement con- vices s’appuyant sur le média radio : le dé- da on. On accepte que la radio soit un me-
curren el très fort, créer de la préférence veloppement de marque (tourné vers le dia avec un circuit de produc on très court,
de marque pour émerger ne peut plus pas- consommateur) ; la communica on interne sans tous ces processus de valida on qui se
ser uniquement par la communica on clas- (tournée vers les salariés) ; et une troisième meVent en place dans les entreprises dès
sique — l’un des leviers pour créer ceVe ac vité que nous avions commencé à déve- qu’on a affaire à l’écrit.
lopper dès la créa on de Goom et qui nous
...

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RADIO D’ENTREPRISE / DE MARQUE
ENTRETIEN

La deuxième qualité est la convivialité. Il y a si une personne passe bien à l’image le ré- le terrain de la crédibilité vous aurez fait
quelque chose de très chaleureux et in me sultat est percutant, mais si elle passe moins plus de la moi é du chemin. »
dans la voix. C’est un vecteur d’émo on très bien, on va se laisser distraire par ses af-
juste. L’auditeur radio n’a pas l’impression tudes, saisir le moindre geste qui trahit une LES FORMATS
de consommer un media de masse, il est émo on ou une hésita on. « Nos formats s’adaptent aux besoins —
dans un rapport très individuel. La personne c’est ce que permet parfaitement le numé-
qui reçoit le contenu a le sen ment de le Enfin, chaque année, le Baromètre de con- rique en radio. En communica on interne,
recevoir individuellement et d’avoir presque fiance des français dans les médias réalisé nous travaillons sur un format podcast dont
une conversa on avec celui qui parle. C’est par TNS-SOFRES, rappelle que la radio est la périodicité dépend de la volonté et des
un facteur de valorisa on très puissant. perçue comme le media le plus crédible. En ressources du client. Cela peut être hebdo-
L’impact de la prise de parole est décuplé terme de communica on, si vous gagnez sur madaire, bimensuel, ou mensuel.
lorsqu’on a un dirigeant qui s’adresse à ...
toute l’entreprise y compris les salariés très
éloignés de lui et qui n’auraient jamais eu
l’occasion de lui parler autrement.

La radio nous aide aussi à produire un con-


tenu plus authen que et spontané. On se
rend bien compte que lorsqu’on branche
des caméras dans les studios, celles-ci peu-
vent devenir source de stress. La parole est
moins fluide, le message moins clair. C’est
plus flagrant encore si l’on va chercher des
témoignages de collaborateurs mois habi-
tués à la prise de parole que des dirigeants.
À l’inverse, avec un journaliste rela vement
habile, le micro posé sur la table se fait ou-
blier en quelques minutes. On retrouve une
conversa on très authen que surtout lors-
qu’on cherche à avoir un ressen , un vécu
sur une trajectoire en entreprise. C’est aussi
vrai pour la personne qui reçoit le contenu :

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RADIO D’ENTREPRISE / DE MARQUE
ENTRETIEN

En radio de marque, nous pouvons travailler à la poli que de l’entreprise et à leurs ma- temps de trajet. La radio étant installée de-
sur de la radio en flux mêlant musique et nagers. Il fallait résoudre ce problème de puis longtemps dans les véhicules, le réflexe
contenus. Nous produisons pour BNP Pari- communica on avec des salariés i nérants, était acquis, il suffisait juste de changer de
bas une radio grand public nommée Séance essen els à la bonne marche de l’entreprise canal de distribu on. Un support vidéo au-
Radio dédiée exclusivement au cinéma. Sa puisqu’ils réalisent la plus grosse part du rait nécessité quant à lui de s’immobiliser
grille est composée de 80% de programma- chiffre d’affaires. D’autant plus que le pour visionner le contenu, ce qui n’était pas
on musicale (avec des bandes-originales de groupe traversait une phase importante de idéal.
films) et 20% de contenus (Séance Live, un muta on.
direct quo dien enregistré dans nos studios Nous avons donc travaillé à la créa on
de 14 à 17h ; La grande séance, un direct le La radio s’incluait parfaitement bien dans d’une série de contenus pour nourrir les
mercredi soir qui réunit des bloggeurs ciné leur probléma que. Les commerciaux salariés d’informa ons sur
discutant de l’actualité ; et un journal quo - étaient principalement disponibles sur leurs ...
dien de 5mn diffusé du lundi au vendredi).
Pour la SNCF, nous réalisons l’InfoTrafic
diffusé sur les quais du réseau francilien
avec une prise de parole très rythmée
(toutes les 5mn) qui informe de l’état du
trafic et des solu ons de contournement en
cas de difficulté. »

ÉTUDE DE CAS : LE PROJET SOLOCAL


« La Direc on du groupe Solocal (ex Groupe
Pages Jaunes) nous a posé une probléma-
que qui nous permet d’exploiter ce qu’il y
a de plus riche dans le modèle de la radio
d’aujourd’hui.

Solocal, possède la plus grosse floVe com-


merciale d’Europe, avec 2 500 commerciaux
qui sillonnent les routes tous les jours mais
qui avaient peu de points de raVachement

© DR
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RADIO D’ENTREPRISE / DE MARQUE
ENTRETIEN

l’entreprise et les accompagner sur leurs Il y a peu d’entreprises et d’occasions qui légi mité difficile à aVeindre autrement que
performances quo diennes — contenus qui permeVent à un commercial installé dans le par cet exercice. En communica on interne,
restent accessibles sur leurs smartphones sud de la France par exemple, d’échanger — le direct est le disposi f le plus fort et le plus
professionnels, via une applica on dévelop- sans filtre — avec son Directeur Général (qui authen que que je connaisse — la seule
pée spécialement par nos équipes. plus est dans un groupe aussi important que réserve est cependant d’avoir ce qu’on ap-
Solocal). On a ainsi assisté à des scènes in- pelle dans le jargon audiovisuel un bon
Supports de réunions commerciales, des croyables, avec des commerciaux interpe- client capable d’assurer l’exercice (sinon
messages quo diens peuvent être ainsi lant leur Direc on sur leurs primes, leurs cela peut être à double tranchant).
transmis pour lancer des opéra ons com- salaires. Par son franc-parlé, son authen ci-
merciales sur le terrain, faire passer des té, et sa transparence sur la stratégie d’en- Au final, vous avez des salariés qui se sen-
messages d’encouragement, de mo va on treprise, Christophe Pingard a gagné une tent considérés, valorisés, informés
ou félicita on collec ve ou individuelle. Des ...
chroniques permeVent de communiquer sur
les chiffres d’affaires, les résultats du
groupe.

Ce concept ini alement réservé aux com-


merciaux a été élargi à tous les salariés, no-
tamment sous l’impulsion de quelqu’un
comme Christophe Pingard, Directeur Géné-
ral du groupe, qui a très bien su exploiter ce
média et en rer le meilleur par . Ne crai-
gnant pas d’aborder les sujets les plus épi-
neux de l’entreprise, il a décidé de prendre
la parole tous les mois, puis toutes les se-
maines, puis passer à la parole à d’autres,
en direct pour une série live radio, sorte
d’évolu on radio du web chat. Au disposi f
classique du web chat nous avons ajouté
l’ouverture d’un standard téléphonique et
surtout le principe du direct avec un journa-
liste chargé d’animer la session.

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RADIO D’ENTREPRISE / DE MARQUE
ENTRETIEN

(des bonnes ou des mauvaises nouvelles — Pour la par e éditoriale, nous faisons appel comptes et que les projets s’inscrivent sur
c’est par la radio que le DRH du groupe a à un directeur des programmes des cycles de vente très longs (6 mois au
pris l’ini a ve d’annoncer le plan de départ (responsable de tous les contenus talk), des minimum). »
volontaire en 2015 par exemple). journalistes et des consultants. Sur le ciné-
ma par exemple, n’ayant personne en in- PARCOURS
Avec Solocal, l’étape d’après serait d’aller terne de suffisamment légi me sur le sujet, « J’ai fait une école de commerce assez clas-
jusqu’à implanter un studio dans leurs lo- nous avons recours à deux consultants, Oli- sique, l’ESCE (École Supérieure de Com-
caux pour leur donner plus encore de flexi- vier Benkemoun du groupe Canal+ et Bruno merce Extérieur) à Lyon et Paris. Cela ne me
bilité. » Cras d’Europe 1. En communica on interne prédes nait pas aux médias mais j’ai eu
pour l’Oréal, nous avons sollicité une per- l’opportunité de travailler d’abord au mar-
L’ÉQUIPE GOOM sonne venant de la presse professionnelle ke ng de la régie publicitaire de Canal+. J’y
« La société est aujourd’hui dirigée par Em- pour nous apporter son exper se. suis resté deux ans, puis suis passé à la pro-
manuel Jayr (Président-fondateur) et Pierre gramma on. J’ai rejoint ensuite le groupe
Monnier (Directeur Général, ancien direc- La distribu on du contenu digital nécessite TF1 à la régie publicitaire de TMC et NT1.
teur commercial de la régie publicitaire du parfois des supports de diffusion dédiés Cela fait maintenant cinq ans que je suis
groupe TF1). (applis mobiles, lecteurs, ou mini-sites web) chez Goom. Je n’avais pas d’affinité par cu-
que nous sommes capables de réaliser en lière pour le média audio, mais lorsque
Sur la par e produc on de contenu nous interne. À cela nous ajoutons aussi notre Pierre Monnier m’a contacté pour rejoindre
faisons appel à des ingénieurs du son (qui exper se en termes de viralisa on de conte- son équipe, la probléma que radio appli-
vont travailler sur la par e technique de la nus sur les réseaux sociaux notamment. quée aux marques m’a semblé très intéres-
prise de son, du traitement et de la diffu- sante. Et c’est le cas effec vement, chaque
sion) ; un directeur ar s que qui prend en L’équipe est enfin complétée par des com- marque est une nouvelle iden té, une nou-
charge la programma on musicale ; et un merciaux (que l’on appelle account mana- velle ligne éditoriale, une nouvelle dé-
directeur de produc on responsable de gers) qui gèrent le portefeuille existant et marche ar s que. C’est un renouvellement
l’iden té de nos antennes (la défini on de dont le rôle est d’accompagner les clients permanent. »
l’iden té sonore est une phase méconnue dans le développement des projets en cours
mais très importante s’agissant de la radio. (il y a toujours un travail de pédagogie sur le LES AXES DE DÉVELOPPEMENT
C’est souvent l’occasion de se replonger sur poten el des moyens mis à leur disposi-
on). Je m’occupe quant à moi de la par e « Nous ressentons un véritable engouement
l’iden té de marque de l’entreprise). Le pour le podcast audio aujourd’hui. Il se
Directeur de produc on est aussi celui qui prospec on, c’est-à-dire de la recherche de
nouveaux clients. Il faut savoir que nous passe en audio ce qui s‘est passé en vidéo
contrôle tout ce qui sort en bout de chaîne avec le phénomène des youtubers il y
(qualité du mixage, habillages etc.). travaillons ici généralement avec de grands
...

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RADIO D’ENTREPRISE / DE MARQUE
ENTRETIEN

a 5-6 ans. C’est agréable d’approcher de de la télévision a développé l’externalisa on


nouveaux talents, de faire des choses en- d’émissions. Le modèle économique des
semble. Dans nos axes de développement, radios hertziennes pas bougé depuis long-
en communica on interne, nous essayons temps et il doit être possible d’aller dans ce
de les intégrer pe t à pe t. Ça permet de sens aujourd’hui. » ■
passer de formats très classiques à des for-
mats plus ouverts, plus conviviaux (avec
une dose de décalage et d’imper nence de
nature à capter l’intérêt des collaborateurs).

Ces nouveaux podcasters commencent à


émerger sur Youtube, Soundcloud, iTunes
mais surtout sur des agrégateurs plus pe ts
comme Podcloud et Mixcloud qui meVent
mieux en valeur les contenus d’éditeurs
indépendants. Pascal Clark a lancé BoxSons,
une startup media, plateforme de podcasts ;
Slate s’est lancé sur le sujet et rencontre un
certain succès ; l’ancien directeur des nou-
veaux médias de Radio France, Joël Ronez a
lancé sa plateforme de poscasts, Binge Au-
dio (sur le cinéma, la musique, et la culture
pop). Ce qu’ils font est vraiment intéressant.

S’agissant du développement de notre mo-


dèle économique, dans la mesure où nous
avons la chance d’avoir de belles infrastruc-
tures et des moyens de produc on très
souples, nous espérons pouvoir nous posi-
onner sur une offre de produc on d’émis-
sions clé en main pour les radios histo-

© DR
riques. De la même manière que le marché

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LES PROFESSIONNELS DU SON
PRODUCTION
/ POST-PRODUCTION

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COMÉDIEN VOIX
POST-PRODUCTION AUDIOVISUELLE
ENTRETIEN

Thierry Legrand a posé sa voix sur les ondes théâtre qu’en radio. En radio on apprend à la même façon : certains ne sont que presta-
radio et télé durant 25 ans, marquant l’iden- poser sa voix, à respirer, mais la grande ma- taires, d’autres font les cas ngs, d’autres
té sonore de RFM et MCM, ainsi que jorité de ce qu’on fait en tant que comédien encore fournissent les comédiens. Il faut
voix, on l’apprend au théâtre. avoir une grande liste, élaguer et retravailler
d’innombrables spots publicitaires.
les listes tous les deux ans. C’est à vous de
On galère quand même beaucoup avant de suivre le mouvement.
« J’ai commencé à faire du théâtre dès trouver les premiers spots qui vont nous Ce noyau il faut le cul ver avec les gens
l’école en classe de 4ème. J’ai suivi des cours permeVre de nous vendre. Un jour quel- qu’on rencontre au fil du temps. Même lors-
© DR

d’arts drama que à Gennevilliers et As- qu’un vous fait confiance et cela vous sert qu’on ne travaille pas, on travaille beau-
nières, mais comme il était très difficile de de mètre-étalon dans vos bandes démos coup. C’est une ac vité omniprésente. »
vivre du mé er d’acteur de théâtre je me pour faire autre chose. Avant de commen-
Thierry LEGRAND
suis orienté vers le mé er d’animateur ra- cer à en vivre j’ai mis peut-être 8 ans. » LE MÉTIER
Comédien voix dio. J’ai suivi les forma ons de Studio École « Pour être comédien voix il faut être comé-
de France. LE TRAVAIL DE RÉSEAU dien — ce n’est pas une absolue nécessité
CURSUS Ce n’était pas une voca on à l’origine mais « À l’époque ça marchait avec les k7, puis mais en général les comédiens voix viennent
cela me donnait la possibilité de pouvoir me les envois de CD — ce qui représentait un du théâtre. Aujourd’hui je ne peux plus dire
DEUG Communica on
nourrir d’un art, même si cela restait très certains coût quand il faut graver 300 ou que je suis comédien, je suis comédien voix,
Cours d’arts drama-
éloigné de ce je que faisais au théâtre. J’ai 400 CD, sans compter les droits qu’il faut j’ai fait la bascule pe t à pe t, parce que ce
ques (Gennevilliers et
voyagé un peu partout en France pour trou- payer si on veut faire les choses propre- mé er prend beaucoup de temps, et quand
Asnières)
ver une boite qui pouvait m’embaucher. J’ai ment. ça commence à fonc onner ce n’est plus
Studio Ecole de France
travaillé notamment pour RMC, Nostalgie et Il faut aller au-devant des gens, faire les compa ble.
RFM. » cas ngs. Et un jour on se rend compte qu’on
WEB Le rythme de vie est irrégulier. Il y a des
a un pe t noyau dur, mais qui ne reste ja-
www.thierrylegrand.com LES DÉBUTS moments où on a le temps et d’autres où on
mais longtemps, les boites peuvent fermer,
travaille le 25 décembre, on travaille la nuit,
« Lorsqu’est née la chaîne MCM, la respon- le directeur de communica on ou le chef de
des jours où l’on doit tout rendre en même
sable des programmes de RMC m’a deman- projet peut par r. Ce n’est pas que les gens
temps, il faut sauver des coups... Et c’est
dé de faire un bout d’essai pour les bandes- ne sont pas fidèles, c’est qu’ils bougent
d’ailleurs pour ça qu’on a confiance en
annonces. C’est comme ça que j’ai décou- beaucoup.
vous.
vert ce mé er de comédien voix. Les structures sont toujours différentes,
Quand c’est plus lent, on démarche, on
En tant que comédien voix, je puisais beau- c’est une erreur de croire qu’on peut dé-
cherche, c’est un travail à part en ère, les
coup plus dans ce que j’avais appris au marcher toutes les boites de produc on de
cas ngs ne sont pas payés.
...

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COMÉDIEN VOIX
POST-PRODUCTION AUDIOVISUELLE
ENTRETIEN

On bouge, on n’est pas toujours pris, c’est studio tout est figé. Il y a plein de choses
ultra-concurren el. On ne sait pas toujours qu’on retravaille sur le moment. Et heureu- PETIT LEXIQUE DES VOIX
pourquoi on n’est pas pris, ou même pour- sement, c’est un mé er ar s que.
quoi on est pris. C’est irrégulier. La voix off ou voix hors champs s’ajoute à la scène originale pour
Tout est travail de comédien, même un apporter un commentaire ou une traduc on.
Et franchement il vaut mieux avoir une commentaire neutre, c’est un travail de co-
bonne santé. Les clients doivent pouvoir médien, c’est un ton que l’on doit adopter Le doublage consiste à remplacer la voix de l’acteur en se synchroni-
compter sur nous, si on est malade une par rapport à quelque chose qu’on nous sant sur le mouvement des lèvres (pour traduire ou ré-enregistrer un
fois... il y a même pas de deuxième phrase... demande. Une voix simple, basique, sou- dialogue manquant).
on vous rappelle plus. Un rhume c’est un riante, posée, c’est une composi on. On est
problème : on sait qu’on ne bosse pas. une pate à modeler pour calquer au mieux La voix de dessin animé est
de ce que le client a en tête. » sans doute l’exercice le plus
Les nouvelles technologies permeVent de diver ssant et créa f — pour
travailler à distance, en live, mais ce n’est autant les voix de documen-
pas encore inscrit dans le quo dien en LES QUALITÉS DU COMEDIEN VOIX
taires ou de films ins tu on-
France. On y viendra. Mais j’aime bien les « À mon sens, il faut une bonne dic on, de
nels ou vidéos de e-learning
ambiances de studio, les rencontres, les la disponibilité, être modulable (pouvoir
même neutres dans leur inter-
copains qu’on retrouve, cela permet de gar- changer de registre au fur et à mesure de ce
préta on, sont le fruit d’un vrai
der le réseau. Il ne faudrait pas qu’on perde qu’on nous demande, y compris dans le
travail de composi on.
la chose de base, qui est la rencontre. On même exercice, quiVe même à faire le con-
perdra de l’âme, de la chaleur, on perdra traire de ce qui était prévu), être force de
Les habillages d’antenne,
quelque chose, en même temps qu’il ne faut proposi on, avoir l’envie (qui doit passer
bandes annonces et publicités
pas aller à l’encontre de l’évolu on sinon on avant l’argent), et être sympa (et pas fausse-
forgent l’iden té d’une chaîne
recule – il faut concilier les deux. ment sympa — avoir la banane quand on
radio/tv, d’une marque ou d’un
arrive, se dire qu’on va passer une heure
produit. Elles font appel à toute
Au final, j’aime ce que je fais, j’aime mon ensemble et qu’on va se marrer, parce que
une variété d’inten ons rées
travail et m’en amuse. Travailler me remplit. ce qu’on produit de meilleur lors d’une
de la paleVe du comédien
On est triste quand on ne bosse pas dans séance se passe toujours dans la bonne hu-
(souriant, chaleureux, dyna-
notre mé er.» meur, quand y a tension c’est finit. On se
mique, droit, sensuel,
fait plaisir, tous : la prod’, l’ingé-son, moi et
cartoonesque, espiègle...)
LE PROCESSUS DE CRÉATION
puis ce qui ressort finit par correspondre
exactement à ce que veut le client ! » ■
« Il ne faut pas croire qu’en arrivant dans un

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CONSEILLÈRE MUSICALE
CATALOGUE DE LIBRAIRIE MUSICALE
ENTRETIEN

Installée à Boulogne-Billancourt, la société logique. À l’origine, je suis musicienne et LE MÉTIER


Kapagama, qui fête ses 20 ans en 2016, est chanteuse. J’ai eu l’opportunité de travailler « Sur ma carte de visite il est indiqué res-
une société de produc on et d’édi on de pour des maisons de disques comme Sony, ponsable synchro car au final, ce que je né-
musiques d’illustra on des nées aux profes- puis j’ai monté mon propre label de mu- gocie pour mon client, c’est la licence d’u -
sionnels de l’audiovisuel (cinéma, documen- sique, Dream’up — ce qui m’a obligé à lisa on d’une musique synchronisée sur des
taire, TV, pub, radio, web, films ins tu on- m’intéresser à toutes les faceVes de l’indus- images. Mon mé er nécessite d’abord de
nels, nouveaux médias…). Elle représente trie musicale : la ges on d’une société, la connaître les besoins de mes clients et de
plus de 30 labels de librairies musicales, produc on musicale, mais aussi l’édi on. trouver les musiques parfaitement adaptées
à leur projet.
© DR

pour le territoire Français.


Ma première expérience de produc on de
LES LIBRAIRIES MUSICALES musique pour l’image s’est présentée en Pour trouver une musique, le client peut
Delphine JOUTARD
« Elles sont des nées à l’illustra on sonore travaillant pour Sony Music sur une série tv faire une recherche directement sur notre
Responsable Synchro Pub, de programmes audiovisuels avec des sou- jeunesse diffusée sur France 2 qui s’appelait site Internet, en u lisant des mots-clés mais
Corporate et Web plesses juridiques et tarifaires impossibles à Chante et qui s’apparentait au programme a souvent avantage à faire appel à un con-
(a@b@\@]@) rencontrer sur les répertoires de la musique High School Musical. Mon travail consistait seiller — il est parfois difficile de meVre des
du commerce. à créer des musiques sur-mesure, adaptées mots sur de la musique, voire même sur des
Ce qu’on appelle aujourd’hui librairie musi- aux besoins du scénario. besoins. Un conseiller apprend à lire entre
CURSUS cale s’appelait avant musique au mètre. Le les lignes. En fonc on des programmes, il va
Master 2 Administra on terme était peu flaVeur, on pouvait penser Au sein de mon label Dream’up, nous avons pouvoir décrypter les demandes et être
et ges on de la musique qu’il s’agissait de musiques produites au eu l’occasion de produire des musiques force de proposi on. Cela va être un gain de
(Paris Sorbonne) kilomètre — rapidement et sans grande pour des films publicitaires et des films ins - temps pour le client, qui va se sen r enca-
Master 1 Analyse du aVen on portée à la qualité. Cela faisait tu onnels. Je pense qu’il y a eu un déclic à dré. Ce service fait par e de notre cœur de
jazz (Paris Sorbonne) pourtant simplement référence au fait que ce moment-là. J’ai trouvé ça passionnant de mé er, nos presta ons de recherche musi-
Licence de Musicologie le tarif était calculé en fonc on du minutage lier l’édi on et la réponse au brief d’un cale ne sont pas facturées.
u lisé (un paiement sur mesure, donc). Ce client. Cela m’a aussi permis d’appréhender
terme étant mal compris on lui a préféré la faceVe commerciale du mé er. Une librairie musicale construit un cata-
WEB celui de librairie musicale, traduit de l’An-
logue de musiques d’illustra on variées qui
glais Library music. » Comme ceVe ac vité m’intéressait vrai-
www.kapagama.fr pourront ensuite être u lisées par les
ment, j’ai entrepris de faire un Master 2 à la clients pour différents projets. Il est donc
PARCOURS Sorbonne pour renforcer mes connaissances important de pouvoir an ciper les de-
« Je ne connaissais pas le mé er de conseil- en ma ère de droit des contrats de la mu- mandes, d’être le plus éclec que
ler musical, mais mon parcours est une suite sique. »
...

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CONSEILLÈRE MUSICALE
CATALOGUE DE LIBRAIRIE MUSICALE
ENTRETIEN

possible et de proposer sans cesse des nou- première les nouveautés et de rester au siques (auteurs, compositeurs, arran-
veautés et des produc ons de qualité. Cer- contact de ce qui se fait. » geurs...) et la négocia on du coût de la li-
tains secteurs sont plus consommateurs que cence en proposant une grille tarifaire stan-
d’autres, comme les émissions de télévision LA CLEARANCE dardisée et fixe. Que ce soit un morceau
par exemple qui ont besoin de musique qua- « Pour les professionnels de l’audiovisuel, chanté, un easy-listening années 60, une
siment tout le temps (si vous y faites aVen- l’intérêt de faire appel à une librairie musi- musique d’archive années 20-30, le tarif
on — et ça devient addic f — vous consta- cale est aussi d’avoir un interlocuteur sera le même, et la réponse donnée dans la
terez qu’il y a énormément de fonds musi- unique qui gère l’ensemble des droits : les journée. C’est transparent et représente un
caux dans les émissions TV). droits éditoriaux et les droits phonogra- gain de temps non négligeable dans une
phiques (autrement dit les droits sur le mas- économie toujours plus rapide. Cela permet
Pour cela Kapagama dispose de musiques ter). Si vous voulez u liser du Kavinsky par de ra onaliser les coûts et de gagner du
dans tous les styles (de l’archive à l’électro, exemple sur un long-métrage, il faudra con- temps en phase de produc on et de post-
en versions instrumentales et/ou chantées). tacter l’éditeur de l’œuvre et le producteur produc on. »
La spécificité de Kapagama est aussi de dis- (celui qui possède les droits phonogra-
poser d’un département de musique clas- phiques). Il arrive que la maison de disques ACCÈS AU MÉTIER
sique du commerce qui fait référence. C’est dé ennent les deux types de droits mais ce « Il n’y a pas de règle. Parmi les conseillers
intéressant aussi pour nous en tant que con- n’est pas systéma que. Il faut alors négocier musicaux de Kapagama, il y a des profils très
seillers musicaux : on ne travaille pas avec avec chacun des ayants-droits et aVendre différents : ingé-son, école de commerce,
ce qu’on appelle du back-catalog (c’est-à- leur réponse, qui peut éventuellement être musicologie... Mais le dénominateur com-
dire un stock de musiques qui n’évolue pas), néga ve... Un autre élément à prendre en mun est sans nul doute la passion pour la
mais on a sans arrêt de nouvelles choses à compte pour la musique issue des labels du musique.
écouter et à proposer, on a l’esprit en ébulli- commerce, c’est la valeur de l’ar ste — les
on. prix peuvent monter très haut si vous sou- C’est d’abord mon ac vité de chanteuse qui
haitez intégrer un ar ste coté comme Phar- m’a fait connaitre la librairie musicale. Et
Chez Kapagama, le conseiller fait aussi le rell Williams ou Chris ne and The Queens. comme j’avais envie de travailler dans ce
lien entre les clients et les labels qui produi- domaine, cela s’est fait de façon très natu-
sent des musiques d’illustra on. Cela fait Une librairie musicale va quant à elle per- relle, par le bouche à oreille. L’expérience et
par e de notre rôle de suggérer des pistes meVre d’u liser les musiques paisiblement, le réseau a énormément de poids, mais par
de produc on. Pour suivre les tendances, un en prenant en charge l’ensemble du proces- ailleurs nous avons une salariée, passionnée
bon moyen par exemple est de se rendre sus de clearance des musiques — de musique, qui a postulé pour un stage et
sur les salons dédiés à l’audiovisuel — cela autrement dit l’obten on de l’autorisa on qu’on a gardé en contrat pro pendant
nous permet de découvrir en avant- de l’ensemble des ayants-droits des mu- qu’elle poursuit ses études en école
...

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CONSEILLÈRE MUSICALE
CATALOGUE DE LIBRAIRIE MUSICALE
ENTRETIEN

de communica on. Toutes les voies sont post-produc on, il peut s’écouler 6 mois. Il L’équipe KAPAGAMA :
possibles. » arrive aussi que les projets ar s ques évo-
luent et que la première sélec on ne corres- « Nous sommes une douzaine de salariés : 5 conseillers mu-
LES QUALITÉS DU CONSEILLER MUSICAL ponde plus, il faut alors recoller au nouveau sicaux / 2 personnes s’occupent de ce qu’on appelle l’Income
« La première qualité ne s’apprend pas, ne brief. Ce sont des choses qui arrivent aussi tracking (elles vérifient que les musiques u lisées sont bien
se mesure pas : on a l’oreille ou on ne l’a beaucoup en publicité. déclarées auprès de la Sacem — en tant qu’édi-
pas pour iden fier les musiques qui vont
teur notre rôle est aussi de veiller à la correcte
fonc onner — il faut une sensibilité à la Enfin, il faut être curieux de ce qui se fait, rémunéra on des auteurs-compositeurs que
musique mais aussi aux images. toujours avoir les oreilles ouvertes, être nous représentons) / 1 personne gère les contrats adminis-
alerte. Et, déforma on professionnelle, au tra fs / 2 personnes gèrent le marke ng et la communica on
Cela requiert ensuite une culture musicale cinéma on ne se laisse pas complètement (notamment à travers le site web).
large, sans être forcément encyclopédique. aller, on a toujours l’oreille happée par les
Il faut être éclec que, s’intéresser à plein de musiques, on va scruter les génériques pour Au sein du label Kosinus (notre label maison), nous avons 1
choses. Je suis aidée en cela parce que j’ai voir d’où elles viennent, qui les interprète. directeur ar s que / 1 administra f qui gère les contrats de
fait des études de musicologie — je connais On re ent des idées, des inspira ons. » ■ tous les intervenants de la chaîne de produc-
l’histoire de la musique et des instruments.
on d’un album / 1 personne est chargée de
Cela évite les anachronismes quand on tra-
critériser les musiques — autrement dit
vaille sur un film d’époque qui se déroule
d’associer des mots-clés aux musiques, de les
par exemple sur la période de la Renais-
taguer afin de les retrouver facilement dans notre base de
sance ou celle de la guerre d’Algérie. Mon
données.
point fort sera le Jazz, d’autres conseillers
seront plus pointus en Pop ou en Classique,
chacun a sa spécialité. Nous travaillons enfin régulièrement avec environ 25 com-
positeurs spécialisés dans la musique d’illustra on. Ils pro-
Il faut aussi de la pa ence. La musique est duisent et enregistrent généralement chez eux, dans leur
quelque chose de subjec f. Si nos premières home studio, mais nous louons aussi des stu-
recommanda ons ne fonc onnent pas, on dios d’enregistrement pour des projets de
affine en fonc on des retours du client, jus- plus grande ampleur, par exemple si l’on fait
qu’à ce que cela réponde à ses aVentes. Il appel à un orchestre à cordes ou à une sec on de cuivres. »
faut aussi savoir que sur un long-métrage,
entre le moment où la produc on réfléchit à
la musique et où ils rentrent en phase de

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DIRECTEUR DE CRÉATION SONORE
ENTRETIEN

Formé à l’école des radios libres, amoureux cielle, comme assistant à la revue de presse Il a le même rôle qu’un réalisateur au ciné-
des sons / publicitaire / journaliste, Philippe d’une grande figure du mé er — et le soir ma.
Fabrici évoque son parcours de Directeur de j’allais poser les antennes pirates et faisais
créa on sonore... protéiforme. mon émission de radio. Je passais du punk, Dans la pra que, je reçois le brief qui vient
les premiers Prince, de la musique africaine, soit du client, soit du donneur d’ordre (une
REPÈRES MUSICAUX avec une liberté de parole inimaginable, agence partenaire par exemple) et je con-
© Pierre Sénard

« Premier disque acheté — j’avais 11 ans, j’apprenais le mé er. C’était grisant ! çois à par r de cela, une idée. Je fais ensuite
Blockbuster, de Sweet. C’était du gliVer- appel aux différentes personnes qui vont
rock. J’ai acheté ce disque parce qu’il y avait Tout cela m’a mené à Radio Nova. J’ai com- m’aider à bien le concevoir : un concepteur-
une sirène qui hurlait en intro. Il y avait la mencé avec Marc H'Limi, l’actuel directeur rédacteur, un ingé-son, un compositeur, et
musique bien sûr mais surtout ce son de d’antenne de Radio Nova, avec une émis- un ou plusieurs comédiens.
Philippe FABRICI
sirène... mon amour pour les bidouillages sion en 1984 qui s’appelait Alerte rouge, en
Directeur de créa on sonores vient de là. alternance avec Karl Zéro. On proposait des Je remplis généralement le rôle de concep-
(LdF>eeG — AfGe>GB CG interviews et reportages lancés par des teur-rédacteur et j’essaye le plus souvent de
FD?fG?dg @dC>Dh>gdGeg) Deuxième moment — j’écoutais les radios sketchs. On était les premiers à faire ce travailler avec un ingénieur du son qui est à
anglaises officielles ou pirates (la BBC, Radio genre de choses Et ça, toujours avec une la fois sound-designer et compositeur — on
CURSUS Caroline), ces radios qui émeVaient en exigence du son. On travaillait sur des Revox essaye d’être couteau suisse. Le sound-
grandes ondes, ou en ondes courtes avec ce — ces magnétos à bandes. On coupait les designer c’est la pièce maîtresse, autant que
Bac liVéraire
son si lointain qui me cap vait… bandes aux ciseaux pour le montage, c’était le concepteur-rédacteur ; c’est celui qui va
Études de droit
juste incroyable. On sculptait la ma ère meVre en forme l’idée de ce dernier. Si
Ins tut Supérieur de
Troisième balise — avec mon frangin Joël, sonore. On gagnait en finesse. Je me sou- l’idée n’est pas bien mise en forme, le projet
Forma on au Journalisme
avec qui je travaille toujours, nous faisions viens de ceVe sensa on qu’on avait en mar- sera un échec.
(Paris)
de fausses émissions de radio, tous seuls chant sur les kilos de bandes tombées au sol
dans notre chambre. » — ceVe sensa on de marcher sur des Trouver une idée, c’est de l’impro : on part
WEB feuilles mortes. » sur une impulsion créa ve. Le disque dur
v. références en fin d’ar cle À L’ÉCOLE DES RADIOS LIBRES d’un directeur de créa on est rempli de tout
« En 1980, avant même la libéralisa on des LE MÉTIER un tas de références : de musiques, de films,
ondes j’ai commencé à travailler dans les « Le directeur de créa on a pour mission de sons, de lectures, d’expériences, de vé-
radios libres : en Seine-et-Marne notam- d’organiser l’ensemble du processus de cus. Il y a quelques années il a fallu apporter
ment il y avait Radio Corsaire, une radio créa on sonore d’un produit audiovisuel un côté un peu marrant à une théma que
historique. Le jour, j’étais le gen l Philippe que ce soit un spot de pub, le sound-design de receVes de cuisine pas forcément très
qui travaillait chez Europe 1, la radio offi- d’un film, ou encore une émission de radio. glam — on est alors par sur un
...

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DIRECTEUR DE CRÉATION SONORE
ENTRETIEN

générique très seven es, mi-psyché, mi- sons, c’est de pouvoir créer des sons moi- est quelqu’un d’extrêmement tortueux.
Bhangra intégrant de la cithare, tout ça mêmes, quand on en a la possibilité. Il m’est
pour parler de produits tripiers. Le décalage arrivé il y a plusieurs années pour un docu- C’est sans doute lié à ma double casqueVe
a bien fonc onné ! Cela pour illustrer que le fic on de Radio-Nova de descendre dans un de journaliste défroqué et de pubard, mais
mé er est fait de tas de pe tes choses qui parking public pour y enregistrer un son pour moi un directeur de créa on doit être
passent aussi par la lecture et les voyages. lourd avec la réverb naturelle des lieux — il capable tout autant d’interviewer un mi-
© DR

Intéressez-vous à tout ! Un directeur de fallait illustrer une scène de tabassage d’un nistre (ce qui m’arrive régulièrement) que
créa on n’est pas un ar ste perdu dans son jeune militant poli que et évoquer un son d’écrire des sketchs pour Omar et Fred par
monde. Nous sommes construits par ce brut dans tous les sens du terme. Quand on exemple (ce qui m’est arrivé aussi). Il ne
qu’on a fait, vu, lu, entendu. On est fait de travaille comme ça, ça devient passionnant. faut jamais se prendre au sérieux. La fron-
nos expériences. En ce moment on réalise une web série sur ère est extrêmement poreuse entre l’infor-
les mé ers du Crédit Agricole — pour l’une ma on et le diver ssement. Chez Radio
Dans ma discothèque, on retrouve des sons des scènes qui fait intervenir un joueur de Nova avec Alerte rouge on était déjà par
papous, des chants grégoriens, des muez- poker je voulais qu’on entende le bruit des sur ce concept-là. J’avais créé aussi une so-
zins, de l’électro berlinoise plus que poin- cartes, des jetons, le bruit du roir-caisse. ciété qui s’appelait Journalisme et gaieté,
tue, voire inécoutable (rires)… c’est un véri- On a passé des heures sur ces détails. Que presque un oxymore, à une époque où les
table cabinet de curiosités. Un directeur de ce soit pour une web-série ou tout autre journalistes n’étaient pas très marrants. On
créa on se doit d’avoir son cabinet de curio- support, si on est passionné par le son, il faisait pas mal de rubriques sur France Inter
sités ! La curiosité n’est pas un défaut mais faut avoir une telle exigence. » sur ce ton-là. »
une qualité de base …On doit être ouvert et
© DR

glaner un peu partout du son, mais au-delà, LES QUALITÉS DU DIRECTEUR DE CRÉATION L’ACCÈS AU MÉTIER
il faut pouvoir re-contextualiser l’ensemble, « Le directeur de créa on est quelqu’un qui « Il n’y a pas de parcours classique. Le mé-
en l’intégrant dans la culture en général. doit être curieux de tout, avec une grande er de directeur de créa on sonore existe
ouverture d’esprit. Et être une éponge. d’ailleurs peu. Il existe surtout dans les très
On doit intégrer, digérer les consignes du grandes agences. Dans les structures plus
brief, tenir compte des réserves, des pistes Aujourd’hui, c’est aussi quelqu’un qui doit modestes on fait appel à un directeur de
sur lesquelles le client ne souhaite pas aller, pouvoir intégrer les contraintes. Il faut es- créa on global qui travaille sur le son et
et trouver la voie. Trouver l’idée créatrice et sayer faire passer sa pe te musique à soi au l’image et qui peut même toucher au print,
la presser. Trouver une tessiture de voix, milieu de ce que demande le client et arri- c’est ce que je fais d’ailleurs moi-même.
une musique qui soit en adéqua on, cher- ver à sa sfaire les deux par es. C’est un
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cher un rythme ou un son. cheminement intellectuel qui est un peu À tre personnel, je ne m’intéresse pas aux
Et ce que j’aime, au-delà des banques de long et tortueux. Le directeur de créa on écoles qu’ont pu faire mes collabora-
...

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DIRECTEUR DE CRÉATION SONORE
ENTRETIEN

teurs. Ce qui m’intéresse c’est que l’on me des projets, quasiment à tous. J’ai travaillé veillance dans nos rapports avec les gens et
fasse écouter quelque chose qui me trans- avec la plupart de mes héros. On rencontre meVre sereinement en avant une exper se
porte, qui m’emmène quelque part, voir untel, le maillage s’étend, arrivé à un mo- senior et une académie de jeunes talents.
que vous êtes capable de créer un monde — ment de sa vie on finit par connaitre du Un mix entre notre expérience et des ta-
là je vais être intéressé. Je ne vais peut-être monde… lents qui amènent quelque chose de
pas embaucher la personne, mais au moins frais. » ■
la recevoir, toujours par curiosité. Je donnerai comme conseil à des jeunes qui
aiment ce mé er, ce que je pourrais dire à
WEB
Comme on parle d’un mé er hybride, je ne mon propre fils : soit curieux, soit du côté
peux pas parler de filière : je peux parler de du manche et pas de la cognée, prends l’ini- Lucille produc ons
parcours, d’aftude qu’on doit avoir. Si vous a ve, sollicite des entre ens, soit en veille, sur www.soundcloud.com
faites une école de son, c’est bien, si vous renouvelle ton carnet d’adresses, sors ! » Lucille - Atelier de contenus
faites une école de pub, c’est mieux, si vous sur www.youtube.com
faites une école de journalisme pour mus- LUCILLE - ATELIER DE CONTENUS AUDIOVI- Agence Lucille Produc on
cler un peu votre disque dur c’est encore SUELS sur www.facebook.com
mieux — mais ce n’est pas une obliga on à www.seprem.fr
mon sens. Un seul mot, ouverture d’esprit ! Après 16 ans de créa on chez
Il faut une culture tout court. Une culture Seprem / Sepsonic, Philippe
ar s que, une culture publicitaire, et une Fabrici co-fonde Lucille en sep-
culture sonore. À par r de là vous pourrez tembre 2015.
peut-être, un jour, devenir directeur de
créa on son. » « Lucille est une agence qui produit du con-
tenu bimédia (audio et vidéo) pour toutes
LE RÉSEAU PROFESSIONNEL les plateformes et tous les écrans. Ses con-
« Tout est transverse — c’est le mouvement tenus sont parrainés par des marques, des
perpétuel, le mouvement vers l’autre. Avant fonda ons.
les réseaux sociaux, il fallait rencontrer les
gens. Mais surtout être force de proposi- L’agence a été créée par quatre personnes
on, inonder les gens de projets. J’avais issues du monde de la communica on et
quelques figures tutélaires, et je m’étais fait aux savoirs-faire complémentaires dont
la promesse de tous les rencontrer. J’y suis Marc H’Limi — actuel directeur de radio

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presque arrivé — j’ai réussi à leur proposer Nova. L’idée est d’amener un peu de bien-

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INGÉNIEUR DU SON
FICTIONS RADIOPHONIQUES
ENTRETIEN

Ancien ingénieur du son et mixeur à Radio lante diffusée le ma n sur France Inter, pour ne soupçonnais pas, et que ni mes parents
France, Guy Senaux compte parmi ceux qui savoir à quelle heure précise faire rentrer ni mes professeurs n’avaient su déceler.
ont forgé l’image d’excellence de la Maison les élèves à l’école. C’est ainsi qu’elle est J’ai commencé comme assistant auprès
ronde à travers d’innombrables émissions de tombée un jour sur une annonce de con- d’une quinzaine d’ingénieurs du son diffé-
variétés publiques, fic ons radiophoniques cours na onal pour rentrer dans ceVe ins - rents. J’ai pris le meilleur de chacun et l’ai
et émissions élaborées pour France Culture tu on qui était à l’époque le seul média adapté à ma façon quand je suis passé moi-
et France Inter. radio/télé en France. J’ai passé l’examen à même plus tard ingénieur du son. J’ai enre-
Toulouse en 1967 et me suis retrouvé un gistré des fic ons mais j’ai également fait
Pionnier de la radio en son mul canal il a
© DR

mois après à Paris, sans vraiment savoir ce des prises de son d’émissions en direct aussi
enregistré les quatre premières fic ons et que j’allais y faire… L’ORTF était un orga- bien de variétés, que d’émissions
reportages du genre pour Radio France. ...
nisme de service public — le recrutement se
Guy SENAUX
Il dispensera aussi son enseignement durant faisait au niveau Bac (je me souviens que les
Ingénieur du son et étudiants de l’École Supérieure Louis Lu-
plus de 30 ans dans les plus pres gieuses
mixeur (B@C>D EB@?FG) mière cachaient leur diplôme pour pouvoir y
écoles de son (ENS Louis Lumière — ENS des
Art et Techniques du Théâtre de Lyon — rentrer).
CURSUS Conservatoire Na onal de Musique de Bou-
logne-Billancourt, CREADOC à Angoulême – Nous é ons 60 recrutés dans toute le
Bac France, convoqués pour un stage de forma-
Université Sciences et Techniques à Brest,
Études supérieures en INA...). Il poursuit aujourd’hui encore sa col- on de 4 mois au centre de forma on de

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électronique labora on avec l’ESAV de Marrakech, dans Montrouge, à l’issu duquel nous choisissions
la filière Son dirigée par Franck Rubio. une des trois spécialités : basses fréquences L’oreille en coin (haut) et Claude Dominique (bas)
(son) ou hautes fréquences (les émeVeurs) © Roger Picard / Radio France
Pour le guide des mé ers du son, il revient pour la radio et télévision ou l’image à la
WEB sur son parcours et nous présente l’exercice télévision. J’ai choisi le son à la radio et suis
www.guysenaux.com par culier de la fic on radiophonique. rentré en qualité de technicien d’exploita-
on à la société qui prendra le nom de Ra-
PARCOURS dio France en 1974.
Les images d’archives repro- « Je suis rentré à l’ORTF (Office de Radio-
duites ici sont rées du docu- diffusion et Télévision Française), tout à fait Certaines personnes de radio avec qui j’ai
mentaire « Changement de cap
par hasard — ma mère, qui était ins tutrice, travaillé (comme la productrice de radio
de Guy Senaux » © photos par
avait l’habitude de consulter l’horloge par- Claude Dominique) ont fait ressor r chez

© DR
Roger Picard / Radio France. moi une fibre ar s que et une oreille que je

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INGÉNIEUR DU SON
FICTIONS RADIOPHONIQUES
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élaborées avec orchestres comme L’oreille


en coin (sur laquelle j’ai travaillé pendant 18
ans). Pe t à pe t je me suis créé une car-
rière qui a duré 40 ans et s’est conclue avec
une spécialité : le son mul canal. »

LE MÉTIER D’ASSISTANT SON


« Le technicien qui se des ne à la carrière
d’assistant son à Radio France
doit aujourd’hui connaître les ou ls numé-
riques d’enregistrement et de montage
(notamment Protools et Sadie), avoir une
bonne oreille (je conseille toujours de faire
un audiogramme avant de choisir ceVe voie
pour vérifier qu’on a la capacité de bien
entendre les sons), ainsi qu’une excellente
mémoire audi ve (pour garder en mémoire
les différentes versions d’une prise de son)
et enfin avoir le sens musical (si possible
Cabine Studio 109 Maison de la Radio © Christophe Abramowitz (g.) — G. Senaux et Henri Salvador ©
être musicien, ou du moins avoir le sens du
Roger Picard / Radio France (ht. d.) — Cabine Studio 105, Maison de la Radio © Michèle Gallou (bas. d.)
rythme).

Comme l’assistant est amené à côtoyer Il doit en outre avoir une grande conscience quelques incidents techniques — le travail
beaucoup de personnes de mé ers diffé- professionnelle, et un sens de la ponctualité en direct ne pardonnant pas. Chaque erreur
rents (journalistes, producteurs, comédiens, (surtout dans les centres d’antenne). » est entendue par l’auditeur.
musiciens, réalisateurs, invités, auditeurs,
etc.) il doit aussi posséder une bonne cul- UN MÉTIER DE COMPAGNONNAGE Aussi, à Radio France, les assistants com-
ture générale, un esprit logique et un sens mencent par tourner dans les centres d’an-
« C’est un mé er de compagnonnage où la
rela onnel lui permeVant d’expliquer ses tenne (France Inter, France Musique…) pen-
renommée se façonne posi vement à tra-
inten ons et de s’adapter aux situa ons qui dant deux ou trois ans. Ils se stabilisent en-
vers les années d’exploita on, mais qui peut
se présentent à lui. suite généralement dans un centre et
à l’inverse devenir très vite néga ve après
après 10 ou 15 ans, ils passent ...

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INGÉNIEUR DU SON
FICTIONS RADIOPHONIQUES
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preneur de son (qu’on appelle aussi ingé- L’ART DU MIXAGE À l’école, on m’avait appris à lire des récita-
nieur du son ou chef opérateur). Vers 55 « Le mixage consiste à trouver l’équilibre ons en m’arrêtant au point, au point-
ans, il est possible de passer Directeur du entre le texte, les musiques et les am- virgule, mais quand je suis rentré à Radio
son, c’est-à-dire ingénieur d’exploita on. Il biances. Il s’agit d’arriver à faire vibrer le France j’ai découvert des comédiens comme
doit y en avoir une douzaine. Ce sont eux tout sous ses doigts, faire un mélange ar s- Michel Bouquet, François Perrier, Jean Piat,
qui enregistrent les grandes émissions très que habité par sa sensibilité. Faire en sorte qui ne s’arrêtaient nulle part — ils lisaient à
élaborées de fic on, de variétés, ou les que tout se passe sans accroc, sans percu- leur façon et ça marchait très bien, tout
grands orchestres philarmoniques. » tantes, sans aVaques dures et que de temps filait. Le texte était complètement habité,
en temps il y ait cependant des rebondisse- personnalisé.
LE MÉTIER D’INGÉNIEUR DU SON DE
ments pour que l’auditeur soit un peu s -
FICTION La voix, le ton, le rythme que vous imprimez
mulé et reparte sur une autre scène. Ça ne
« En plus d’avoir une excellente oreille, au- doit pas ressembler à un mixage boîte à sont très importants — écoutez comment
trement dit savoir isoler chaque son suivant rythme, c’est-à-dire mécanique, uniforme, parlait Jacques Chancel lorsqu’il posait ses
sa fréquence et son niveau, l’ingénieur du où il ne se passe rien ; c’est parfois ce qui ques ons. Robert Arnaut ne clôturait jamais
son de fic on doit connaître toutes les ca- arrive quand on mixe à la souris. vraiment ses phrases — sa voix restait tou-
ractéris ques des micros dont il dispose, jours un peu suspendue en l’air pour ne pas
appréhender toutes les possibilités des con- À l’écoute d’une émission on peut recon- lâcher l’auditeur. »
soles numériques, maîtriser l’exploita on naître l’ingénieur du son qui l’a réalisée
des ou ls d’enregistrement informa que, L’APPORT DE LA STÉREO
techniquement car il met toute son expé-
des matériels d’effets, connaître les caracté- rience et sa sensibilité dans chaque sé- « L’intérêt de la stéréo en fic on, c’est loca-
ris ques des limiteurs permeVant quence mixée. Par cularité : l’ingénieur du liser, entre deux enceintes, la spa alisa on
d’aVeindre la qualité requise pour la diffu- son de fic on chez Radio France mixe ses des sons dans différents plans. Les person-
sion selon les normes définies par Radio propres enregistrements. » nages vivent la scène en situa on, rendant
France. Il doit avoir des connaissances en leurs jeux plus crédibles, transportant l’audi-
acous que pour modifier les couleurs so- LE SON ET LE RYTHME teur dans un imaginaire vécu. Évidemment il
nores de la pièce, par exemple en posi on- en est de même en prise de son de mu-
« Pour moi le son apporte beaucoup de
nant des panneaux acous ques. Il doit avoir sique. L’auditeur d’une retransmission d’un
choses dont la sensibilité et le rythme. Le
un bon doigté, rapide, pour la maîtrise des concert de l’Orchestre philarmonique est
blanc, le silence, c’est du son, c’est un texte.
poten omètres de la console, surtout lors- placé presque à la place du chef d’orchestre,
Quand vous meVez 3 secondes de silence,
que les enregistrements se font en prise entendant les violons à gauche, les contre-
c’est habité.
directe. Il doit savoir corriger rapidement basses à droite, et les mbales au fond.
une voix, un son d’instrument. »
...

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INGÉNIEUR DU SON
FICTIONS RADIOPHONIQUES
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Les fic ons à Radio France se font en stéréo teur peut jusqu’à imaginer le lieu avec permanence il faut devancer les interven-
depuis les années 1970. Le slogan de l’ambiance, et avec la voix imaginer le vi- ons des par cipants. Il y a 2 voyants
l’époque était : Maintenant vous pouvez sage, la taille, la corpulence et les gestes de rouges : un pour indiquer que le studio est à
écouter avec vos deux oreilles ! l’interviewé à travers les sons qu’il produit l’antenne et l’autre est branché sur le micro
en parlant. principal du présentateur qui est le chef
Le temps d’enregistrement en stéréo était d’orchestre de l’émission. Dès que son mi-
beaucoup plus long qu’en mono. Les stu- Pour vous dire à quel point le placement en cro est ouvert, il s’allume. On peut parfois
dios, très bien traités acous quement, stéréo est significa ve, et peut changer l’aver r de son ouverture par un coup de
offraient un son pur, sans bruit de fond, votre percep on : quand la stéréo est arri- klaxon qui allume un voyant vert s’éteignant
sans bruit de clima sa on, et comme il y vée à l’antenne au début des années 80, à l’ouverture du micro.
avait peu de chaines sur la bande Modula- j’avais demandé à mon chef de Centre où
on de Fréquence (FM), la qualité de récep- fallait-il que je meVe l’invité dans une émis- On ouvre toujours le micro du présentateur
on était excellente : le c-tac d’un réveil sion poli que de France Inter — la ques on et de l’invité au niveau adéquat, et on ra-
dans une chambre, le bruit du moteur d’un est remontée jusqu’à la Direc on qui a ré- baisse ceux des autres intervenants de 5-6
frigidaire, la main sur sa barbe étaient au- pondu « L’invité poli que : toujours au db, pour éviter le souffle du studio
dibles. centre, qu’on n’ait pas de problème ! ». (important si 7 ou 8 micros sont ouverts) ce
qui altère la prise de son. Dès qu’on entend
Mais de façon générale, à mon goût, la mise LE DIRECT un chroniqueur prendre la parole on pousse
en place sonore qu’offre la stéréo, devrait « L’enregistrement en direct (en public ou le poten omètre rela f à son micro, pour
être plus u lisée sur les antennes, même sur pas) demande plus de concentra on et avoir le bon niveau. Précision : le présenta-
des émissions d’informa on, surtout pour oblige à une certaine gymnas que ar s- teur écoute dans son casque le retour d’an-
les débats. Même si on écoute en voiture, que, mais c’est selon moi un exercice que tenne et les ordres du réalisateur ou de
c’est un plus pour le confort de l’auditeur. doit savoir maîtriser un ingénieur du son. l’ingénieur du son, et peut converser avec
Quand France Info a été créée c’était en Sur une émission en stéréo de France Cul- eux par un circuit d’ordres pendant les diffu-
prise de son mono et ceVe chaine est restée ture, l’ingénieur du son place en principe le sions de musique ou de séquences enregis-
15 ans ainsi. On avait tendance à considérer présentateur légèrement décentré et l’invi- trées. »
que ce qui comptait c’était simplement la té au centre, et il posi onne les chroni-
transmission de l’informa on. En reportage, queurs de gauche à droite en fonc on de LE SON MULTICANAL
c’est beaucoup plus explicite. Par exemple leur placement visuel. Pendant l’émission, il
« J’ai eu la chance de faire la première fic-
dans une prise de son d’une interview dans faut suivre en permanence à l’oreille tout ce
on en mul canal de France Inter (Un Cata-
la rue au couple ORTF (deux micros sépa- qui ce dit, pour que les doigts réagissent vite
clysme sonore) en 1995, ainsi que les
rés), la voix est riche et personnelle, l’audi- sur les poten omètres de la console. En
...

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INGÉNIEUR DU SON
FICTIONS RADIOPHONIQUES
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deux premiers reportages (Le singe soleil, assistant au fes val d’Avignon. On avait déjà Il existe maintenant au moins 7 systèmes de
1996, Bonobo : le hippie des grands singes, installé la veille une trentaine de micros en prise de son mul canal. J’ai u lisé pour
2000) et la première fic on sur France Cul- extérieur. Nous é ons de repos, quand sur- l’enregistrement du Singe soleil, des Bono-
ture (Les sonnets de Shakespeare, 2002). vint un orage. Sans qu’il m’en informe, il a bos et des Sonnets de Shakespeare, deux
C’est un procédé qui existait au cinéma, pris sa moto, s’est rendu au théâtre et a couples ORTF placés dos à dos, formant un
mais pas à la radio. À la commencé à sécher une par une toutes les carré de 17 cm entre les capsules — chaque
radio, ceVe nouvelle prises des micros au séchoir pour qu’il n’y couple étant pour un enregistrement en
Émissions disponibles sur : technologie, permet de ait pas de clocs électriques à l’antenne le extérieur, relié à un enregistreur numérique
nouvoson.radiofrance.fr/guy-senaux transporter l’auditeur soir. Je lui ai dit : Toi tu me plais, tu as la stéréophonique, les deux enregistreurs DAT
dans des univers ima- passion du mé er ! Quand à la rentrée en étant synchronisés par un me code (voir
gés plus personnels. octobre on a abordé ce grand projet inno- photo page suivante) ;
vant de fic on en mul canal, je l’ai choisi C’est au mixage que nous avons mis des
Un Cataclysme sonore a été écrit et produit pour ceVe ini a ve. On l’a formé sur Pro- sons dans le canal central et dans le sub de
par Robert Arnaut. C’est lui qui m’a choisi Tools qui venait d’apparaître. Le cataclysme basses suivant nos désirs ar s ques.
pour travailler sur ce projet, expérimental à sonore l’a fait connaître. J’ai narré ceVe pe-
l’époque. Quand il a fallu que je choisisse à te anecdote pour montrer aux jeunes étu- En mul canal, vous avez près de 20 plans.
mon tour un assistant, je me suis rappelé diants férus de son, que tout est pris en Vous pouvez simuler des travellings sonores,
d’une chose : j’avais travaillé avec un jeune compte dans une carrière — c’est un mé er d’avant en arrière, de gauche à droite, tour-
de compagnonnage qui se forge à travers ner dans le sens des aiguilles d’une montre,
des années. » dans l’autre sens... Quand on met une pi-
rogue à l’eau, on peut donner à l’auditeur
LA TECHNIQUE DU MULTICANAL l’impression qu’elle va de l’arrière vers
« Un son mul canal en 5.1 est un enregis- l’avant, tournant autour de l’auditeur. Vous
trement que l’on diffuse sur 5 enceintes pouvez arriver à faire passer un son au-
disposées autour de l’auditeur : 3 sont de- dessus de lui. Il est au centre du voyage, on
vant : avant gauche / centre / avant droit, l’enveloppe par les sons. Dans Le singe so-
deux enceintes placées en arrière : arrière leil, à la fin, on fait tourner autour de l’audi-
gauche / arrière droit et canal supplémen- teur de plus en plus vite, un danseur indi-
taire, le sub, le canal 1 où l’on met des fré- gène en transe et brusquement le son s’ar-
quences basses pour les renforcer (orage, rête, et Robert Arnaut dit dans le silence :
intérieur voiture…). Pour nous, c’est fini il est par dans l’au-
Robert Arnaut © Roger Picard / Radio France delà ! À ce moment, j’ai vu des gens
...

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INGÉNIEUR DU SON
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regarder le plafond du studio pour voir s’ils


voyaient quelqu’un au-dessus d’eux. C’est la
magie de la radio !

Ces effets peuvent être préparés à la prise


de son directement avec un système de 4
micros, ou être obtenus par le mixage. Il y a
d’ailleurs tellement de possibilités que tout
le monde dans l’équipe doit être force de
proposi on : l’ingénieur du son, le preneur
de son, l’assistant.

Pour Les sonnets de Shakespeare, au mixage


nous avons fait en sorte, sous la volonté du
réalisateur Claude Guerre, que l’auditeur
puisse écouter placé dans n’importe quel
endroit entre les enceintes. Pour cela on a
tenu compte à l’enregistrement et surtout
au mixage, de bien homogénéiser les divers
placements de sons entre l’avant et l’ar-
rière. Pour Un Cataclysme sonore il s’agissait
d’un mixage mul canal à par r de sources
mono ou stéréo.

Autre façon de travailler plus rapide : dans


Bonobo, le hippie des grands singes, réalisé
à Kinshasa avec Chris ne Siméone pour
l’émission Intercep ons, nous avons enre-
gistré les interviews des chercheurs en sté-
réo, et séparément l’ambiance autour en
mul canal. Le résultat est que l’auditeur se Dans le sens des aiguilles d’une montre : Mixage de l’émission Le Singe Soleil, Studio 109, Maison de la Radio © Roger
retrouve au milieu de la forêt avec Picard — Enregistrement en mul canal à Kinshasa — G. Senaux et le réalisateur Claude Guerre, GroKe de Choranche,
... Vercors, enregistrement des Sonnets de Shakespeare — Double couple ORTF © Jean-François Bernard-Sugy

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INGÉNIEUR DU SON
FICTIONS RADIOPHONIQUES
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les chasseurs et chercheurs devant lui, mais fou, fais-moi un mixage fou ! C’était la pre- tout d’un coup ils pouvaient se lâcher à tra-
complètement entouré par les singes et mière fois de ma vie qu’on me demandait vers les fic ons qu’ils enregistraient. Ils pou-
l’ambiance de la forêt. Les possibilités sont d’être fou. J’avais 6 magnétophones sté- vaient diriger des comédiens, en situa on
presque infinies. réos, 3 CD et j’ai fait un mixage comme je le de film, ils devenaient maîtres de leur sujet.
sentais, qui lui a plu. Cela m’a marqué toute Ils parlaient au micro, se découvraient, se
À travers notre expérience nous avons dimi- ma vie. » libéraient physiquement, prenaient de
nué pe t à pe t le temps de produc on (de l’autorité dans la cabine. Ça a très bien mar-
4 semaines pour Un Cataclysme sonore à 15 CLASSE DE SON ché à tel point qu’on m’a demandé d’inter-
jours pour Bonobo : le hippie des grands « Le Directeur de l’époque de la Classe de venir dès le début de l’année en octobre-
singes. » Son du Conservatoire de Boulogne- novembre (plutôt qu’en janvier-février)
Billancourt, Chris an Briguet, m’a fait inter- pour lancer les étudiants sur ceVe dyna-
MIXAGE FOU venir comme enseignant car il avait appris mique individuelle et de groupe.
« Le concours in tulé Mixage fou que je donnais des cours sur la prise de son
de voix aux étudiants de l’École Louis Lu- La Classe de son est une très bonne école.
(www.mixagefou.com), est un concours de Ils ont du matériel très professionnel,
créa on sonore. J’en avais proposé le con- mière.
comme à Radio France. Les étudiants ont
cept à Thierry Dilger, qui était professeur au accès à des concerts une à deux fois par
CREADOC à Angoulême où j’enseignais aus- CeVe Classe de Son avait valeur de décou-
verte pour les jeunes élèves bons musiciens semaine, ils peuvent s’exercer sans le stress
si. L’idée est de meVre une banque de don- de l’antenne et découvrir le milieu profes-
nées de sons à disposi on, et la seule con- de base qui pouvaient se réaliser sur le plan
technique mais aussi ar s que. On travail- sionnel de l’audiovisuel.
trainte est de faire un mixage de 80 se- Chaque année un ou deux jeunes rejoi-
condes en stéréo ou en mul canal, 5.1, 7.1 lait ensemble sur la réalisa on d’une fic on
en stéréo avec des comédiens : prise de son gnaient Louis Lumière ou la FEMIS à la fin du
et 9.1. C’est un concours auquel par cipent cursus. Ceux qui rentraient à Radio France
des internautes de tout âge, venus d’une en intérieur, en extérieur, direc on d’ac-
teurs, enregistrements et composi on, si étaient capables de travailler sur les grands
quinzaine de pays, et c’est incroyable ce concerts de par leur forma on musicale, ils
qu’ils arrivent à créer. possible, des par es musicales puis mixage
final. Les étudiants que j’avais en face de étaient capables de discuter avec les chefs
moi m’apparaissaient au début très discipli- d’orchestres dans les séances de montage,
Ce nom mixage fou vient d’une expérience parce qu’ils avaient ceVe culture musicale et
personnelle — à l’âge de 29-30 ans, quand nés, voire un peu rigides dans leur compor-
tement, un peu formatés par toutes leurs technique. Louis Bouloche ancien élève de
je suis devenu preneur du son, le réalisateur ceVe classe de Son, est le vainqueur du pre-
Claude Roland-Manuel m’a dit : Guy, c’est études classiques et leurs années passées
dans les conservatoires de musique mais mier Grand Prix na onal NouvOson 2014 de
bien ce que tu fais, mais ce n’est pas assez
Radio France.» ■
...

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INGÉNIEUR DU SON
FICTIONS RADIOPHONIQUES
ENTRETIEN

MASTER CLASS — L’ENREGISTREMENT ← Maison de la Radio, Studio


D’UNE FICTION RADIOPHONIQUE 114 (studio de fic on)

PHOTOGRAPHIES © GUY SENAUX Séance de lecture avec la réalisa-


trice Chris ne Bernard-Sugy.
Guy Senaux présente ici de façon détaillée la
logis que et les compétences déployées « La grande salle de fic on est
pour la réalisa on d’une œuvre de fic on traitée acous quement avec de
radiophonique à Radio France. nombreux résonateurs pour que
les sons ne reviennent par sur
eux-mêmes. Pour avoir un son
Composi on de la produc on pur et éviter les réfec ons , ni les
Un réalisateur et son assistant de produc- murs principaux, ni le plafond ne
on — Un ingénieur du son et son assistant sont parallèles — voilà pourquoi
— Un ou plusieurs comédiens — Un brui- la Maison de la Radio a été cons-
teur — Parfois des musiciens. truite ronde ! »

© DR
Planifica on pour une fic on d’1 heure
8h-9h : Installa on technique par l’ingénieur
du son avec l’assistant son (mise en place
des micros, matriçage de la console, essai
de l’installa on).
9h-10h : Lecture de la fic on autour d’une
table avec l’auteur, les comédiens, le réali-
sateur et son assistant, le bruiteur, l’ingé-
nieur du son.
11h-13h et 14h-20h : Enregistrement de la
fic on avec les comédiens et le réalisateur.
L’assistant son prend le script pendant

© DR

© DR
l’enregistrement (il note les différentes
prises et reprises dans le texte ainsi que
« Le bruiteur Bertrand Amiel (à gauche) fait les brui- « Enregistrement d'une séquence de fic on radio
toutes les indica ons techniques ou ar s- tages en direct. Le comédien entend le correspondant dans un séjour recons tué acous quement
ques du réalisateur et du preneur de au téléphone. » avec des paravents. »
son). ...

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INGÉNIEUR DU SON
FICTIONS RADIOPHONIQUES
ENTRETIEN

Les jours suivants, l’assistant son fait le


montage (1 à 2 jours) avec le réalisateur, et
retrouve l’ingénieur du son au mixage (1
jour), toujours avec le réalisateur. Je rap-
pelle que Radio France est la seule grande
entreprise audiovisuelle en France où l’ingé-
nieur du son fait l’enregistrement et le
mixage — on ne trouve cela ni au cinéma ni
à la télévision.

L’émission une fois terminée est écoutée


avec toute l’équipe, mise en PAD (Prêt-À-
Diffuser) sur le disque dur général de la Mai-
son de la radio.

Le rôle du réalisateur
Le réalisateur sélec onne le texte de la fic-
on, qu’il peut adapter radiophoniquement
avec l’auteur et choisit les comédiens, le
bruiteur et l’ingénieur du son. Il procède au

© DR
découpage suivant la nature des studios et
les disponibilités des comédiens. Il dirige les
comédiens pour leur jeu et choisit les diffé- ↑ Chambre sourde pour les scènes d’extérieur
rentes musiques. C’est lui qui donne le der-
nier avis. Prise de son par Guy Senaux avec un couple stéréo ORTF placé sur une perche de reportage pour donner
des mouvements stéréophoniques aux deux comédiens.
Il est assisté par un assistant de produc on « CeVe salle, traitée acous quement pour que les sons soient absorbés, offre plusieurs qualités de sols :
qui effectue toutes les démarches adminis- ciment, pavés, sable, gravier. D’autres revêtements (moqueVe, dalles, bois) sont aussi disponibles en
tra ves, réserve les studios, convoque les fonc on des besoins. »
comédiens, note la durée des séquences et
les remarques du réalisateur ainsi que de
l’ingénieur du son. Il va chercher les
...

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INGÉNIEUR DU SON
FICTIONS RADIOPHONIQUES
ENTRETIEN

musiques à la discothèque et consigne les


droits d’auteur.

Les missions de l’ingénieur du son


Celui-ci reçoit la brochure avant l’enregistre-
ment et fait sur papier son découpage et le
plan d’installa on des micros suivant le stu-
dio dans lequel il va enregistrer. Il choisit le
matériel en fonc on des séquences, des
voix des comédiens, la couleur sonore et le
jeu demandés par le réalisateur.

Pendant l’enregistrement, il calque sa prise


de son sur les désirs du réalisateur, sachant
qu’après il pourra corriger ou améliorer
l’enregistrement au mixage avec des effets

© DR
ou bruitages personnels. Il indique à l’assis-
tant Son tous ses choix techniques pour le
montage. « Fausses portes mobiles, fausses fenêtres
mobiles, escaliers cons tués de matériaux
Il faut savoir que l’ingénieur du son possède différents, une cabine téléphonique, para-
généralement une grande collec on de brui- vents mobiles (absorbants d’un côté et réflé-
tages (et s’il ne peut pas les faire en studio chissants de l’autre) viennent compléter la
avec le bruiteur, il ira les enregistrer de sa liste des accessoires disponibles en perma-
propre ini a ve). Un réalisateur peut choisir nence pour moduler les effets. »
un ingénieur du son pour sa collec on per-
sonnelle de bruitages — il sait que cela lui
fera gagner beaucoup de temps.

La voix étant l’instrument le plus sensible,


l’ingénieur du son prend soin de réaliser des

© DR
prises de son de grande qualité :
...

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INGÉNIEUR DU SON
FICTIONS RADIOPHONIQUES
ENTRETIEN

il règle les micros à 3 cm près pour éviter


des percutantes, des sifflantes, avoir le meil-
leur grain de la voix du comédien.

Il choisit des micros de grande sensibilité et


évite de meVre des écrans pour ne pas alté-
rer le son.

Pour comprendre à quel niveau de précision


nous é ons en enregistrement de fic on
radiophonique à Radio France, il m’est arri-
vé d’entendre le bruit de la valve cardiaque
d’un comédien tellement les micros sont
sensibles. Je me demandais d’où pouvait
venir ce clac-clac que j’entendais… Et ce qui
est amusant c’est que l’acteur comprenant

© DR
que je percevais ce bruit, s’était mis à dire
son texte rapidement pour ne pas laisser de
blanc entre les phrases. Chambre claire, très sonore, de 6m sur 8m, et 5 m de hauteur.
« Sa longueur de réflexion varie en jouant avec les grands rideaux de velours.
Pour une fic on il arrive parfois d’enregis- CeVe pièce est u lisée pour avoir les couleurs d’église ou de cathédrale. »
trer des séquences en milieu naturel, en
extérieur, les comédiens jouant mieux dans
un décor réel, en situa on. L’ingénieur du
son doit alors adapter sa prise de son en
conséquence. Le vent, les passages d’avions,
de voitures, de motos, le bruit des scies et la
pluie … sont entre autres, les ennemis des
ingénieurs du son. » ■

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INGÉNIEUR DU SON
STUDIO DE MUSIQUE
ENTRETIEN

Julien Bassères évoque l’un des mé ers les Mon choix s’est porté sur des écoles pu- avec une forma on et des références so-

© By N-LM / Nathalie Roudier


plus embléma ques du secteur de la mu- bliques car je n’avais pas les ressources lides.
sique : l’ingénieur du son de studio. suffisantes pour aller dans le privé mais il
faut reconnaitre que l’entrée y était et reste Et puis, une forma on apprend à ap-
PARCOURS assez sélec ve — on rentre dans la Classe prendre, et c’est le plus fondamental. Plus la
« J’ai été passionné très jeune par ce mé er. de Son sur concours, de même pour Louis forma on est poussée, plus les gens sont
Je faisais de la musique mais ce qui m’inté- Lumière où le niveau est encore plus haut malléables et les prérequis véritablement
ressait ce n’était pas d’être musicien, c’était (équivalent à Bac+2) — il faut dès lors une assimilés. Une forma on plus légère de-
plutôt la par e technique : bidouiller les très grosse mo va on. mande ensuite, soit plus de travail person-
machines électroniques... J’ai été très vite nel, soit d’être formé par les professionnels
volontaire pour suivre et observer des pro- S’agissant du conservatoire, connaitre le confirmés qui vous encadrent.
Julien BASSÈRES
fessionnels lors de concerts, et arrivé au solfège ou être musicien est un plus, mais il Pour résumer cela aide surtout à s’insérer
Ingénieur du son (gfdC>D
moment des études j’ai décidé de faire un faut surtout savoir entendre, écouter, et plus rapidement dans le mé er parce qu’on
CG ]GdCD?)
BTS audiovisuel au lycée Jacques Prévert de meVre des mots sur les sons. L’audi on est est tout de suite efficace dans ce que l’on
Boulogne-Billancourt. Il existe des filières un sens qui, comme l’odorat, est très peu fait.
CURSUS développé chez la plupart des gens qui n’ont
techniques qui proposent de faire directe-
BTS audiovisuel (lycée ment du son ou du montage, mais à même pas conscience de toute la richesse J’ai commencé à travailler dès l’époque de
Jacques Prévert de Bou- l’époque j’ai fait le choix d’un parcours plu- de cet univers et qui ne savent pas forcé- mon BTS, en intermiVence, en dehors de
logne-Billancourt) tôt généraliste, j’ai choisi la filière exploita- ment en parler. » mes jours de cours, pour des sociétés de
Classe de son du Con- on des équipements audiovisuel. sonorisa on sur des concerts, et un peu
servatoire de Boulogne- ACCÈS AU MÉTIER également sur des montages de films. J’ai
Billancourt J’ai commencé à travailler dans ce domaine « En soi, un diplôme de niveau bac+5 ne sert aussi rapidement commencé à donner des
École Na onale Supé- mais très rapidement j’ai compris que ce à rien : dans ce secteur, on n’est pas pris sur cours alors que j’étais moi-même étudiant.
rieure Louis Lumière n’était pas ma voie. J’ai donc décidé de re- diplôme comme dans une entreprise clas-
prendre mes études pour travailler plus spé- sique, on travaille généralement pour des À la sor e de ma forma on j’ai tapé aux
WEB cifiquement dans le domaine du son. Je me gens qui ont grandi dans le mé er sans avoir portes des entreprises qui m’intéressaient.
suis alors inscrit à la Classe de Son du Con- eux-mêmes de forma on académique. C’est J’avais déjà rencontré le Studio de Meudon
studio-de-meudon.com et j’ai eu la chance d’arriver au moment où
servatoire de Boulogne-Billancourt, puis à quelque chose d’assez récent. Il faut cepen-
l’École Na onale Supérieure Louis Lumière, dant admeVre qu’avoir un diplôme de haut une place se libérait, ce qui est rare dans ces
ce qui m’a donné le diplôme d’Ingénieur du niveau donne une bonne carte de visite. On milieux-là, qui restent assez fermés. J’ai fait
son (Bac +5). prend les candidats un peu plus au sérieux ma période d’essai et ai été engagé, assez
rapidement donc. Aujourd’hui j’ai le
...

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INGÉNIEUR DU SON
STUDIO DE MUSIQUE
ENTRETIEN

statut d’intermiVent, et travaille à la mis- LE MÉTIER D’INGÉNIEUR DU SON un enregistreur. Et puis au fur et à mesure
sion. Cela me permet, à moi, d’avoir « On commence d’abord en tant qu’assis- on devient véritablement ingénieur du son.
d’autres ac vités, et au studio qui est mon tant avec des tâches plus ou moins tech-
employeur, d’avoir une meilleure ges on niques. On apprend autant le mé er en pré- Le travail de l’ingénieur du son en studio de
des coûts en fonc on de l’ac vité. De fait, je parant le café le ma n et en s’aVachant à musique consiste d’abord à savoir enregis-
passe en moyenne 20 jours par mois au stu- meVre à l’aise les musiciens dans des mo- trer de la musique. De façon concrète, dans
dio. ments qui peuvent être stressants pour eux, le cas de la musique acous que, vous avez
qu’en répondant à des problèmes tech- un instrument qui émet des sons et qu’il
La première chose que je conseillerais pour niques comme installer des micros, ou gérer faut arriver à capter. Ce son va pas-
débuter est de faire des stages, et ce dans ...
pleins de domaines différents, pour décou-
vrir ce qui vous plaît le plus. Cela permet de
savoir avec quel mé er vous avez le plus
d’affinités.

Les mé ers de la musique sont des mé ers


de passion, cela demande beaucoup de tra-
vail et cela devient compliqué si vous n’ai-
mez pas vraiment ce que vous faites. Le
stage permet par ailleurs aux futurs em-
ployeurs de juger de vos qualités sur le ter-
rain. Par exemple l’autre technicien qui tra-
vaille aujourd’hui avec moi dans le studio
(Clément Gariel) est quelqu’un que j’ai eu
© By N-LM / Nathalie Roudier

en stage quelques années plus tôt et que j’ai


suivi dans ses études parce qu’il avait un
profil intéressant pour le Studio de Meudon.
Avec les stages on vous voit travailler en
condi on réelle, parce que ce qui fait la
différence au final, ce n’est pas la maîtrise
des ou ls, c’est avant tout la personnalité et
les qualités humaines. »

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INGÉNIEUR DU SON
STUDIO DE MUSIQUE
ENTRETIEN

ser à travers une chaîne technique qui part nant car il y a un côté technique mais sur- on est fondamentale parce qu’évidem-
du microphone et qui arrive jusqu’à un ordi- tout une rela on humaine, qui est pour moi ment on est là pour faire les choses au
nateur pour y être numérisé. fondamentale. Il faut imaginer que l’ar ste mieux, quel que soit le style. Je travaille
arrive extrêmement angoissé — parce que beaucoup sur des musiques que je n’écoute
À côté de ceVe par e technique il y a une c’est le jour J : le jour où il s’agit de meVre pas personnellement et cela me parait tout
par e plus ar s que, que je qualifierais en forme quelque chose de l’ordre du défi- aussi intéressant. Cela permet d’avoir plus
d’esthé que, et qui consiste à meVre en ni f (en concert on joue puis on oublie faci- facilement un regard extérieur et d’être plus
valeur ce qui a été enregistré afin que cela lement les fausses notes le lendemain...). performant, plus compétent dans ce qu’on
corresponde à la vision d’un projet. C’est une angoisse universelle quel que soit vous demande. C’est la base du mé er.
le niveau ou l’expérience du musicien.
Vient ensuite le mixage, qui consiste à mé- Il faut oublier le contexte affec f, que ce
langer les différentes sources, les différents Une des qualités de l’ingénieur du son est soit en ma ère de musique mais aussi de
instruments de sorte qu’on ob enne un donc de savoir entourer l’ar ste, l’entendre, rela ons humaines — les mé ers ar s ques
résultat d’ensemble cohérent. Il correspond le meVre à l’aise ou le laisser tranquille si sont des mé ers ou parfois les égos peuvent
souvent à un cadre précis qui dépend du c’est au contraire c’est ce dont il a besoin. être compliqués à gérer, et les rela ons qui
style musical. Cerner l’ar ste du point de vue psycholo- se lient, deviennent très rapidement in-
gique peut être plus primordial que de sa- tenses. Lorsque le son ne va pas, le preneur
La dernière étape est le mastering, qui con- voir brancher un micro et régler les niveaux. de son est, à tort ou à raison, en première
siste à adapter le fichier final au support de ligne. Souvent, la cause peut venir d’ailleurs
diffusion (cd audio, vinyle, fichier numé- Il est important aussi d’avoir une fibre ar s- — un problème de composi on, des rap-
rique…). que, une qualité, et une culture d’écoute ; ports compliqués entre un ou plusieurs mu-
avoir envie de par ciper à un projet qui siciens, ou tout simplement ce n’était peut-
L’ingénieur du son peut s’occuper, comme n’est pas que technologique. Avoir envie de être pas le bon moment pour enregistrer. Si
je le fais, d’un projet de A à Z raconter tout simplement une histoire à l’ar ste semble manquer de recul, c’est l’un
(enregistrement / mixage / mastering) ou travers la musique. » des rôles de l’ingénieur du son de lui appor-
être appelé pour une tâche en par culier (le ter ceVe distancia on. »
mixage seul par exemple). » OUBLIER LE J’AIME / J’AIME PAS
« Lorsque je dispense des cours sur le voca- RYTHME DE VIE
LES QUALITÉS DE L’INGÉ-SON bulaire d’écoute, la première chose que « Le rythme est très simple : le client arrive
« Ingénieur du son est un mé er mul - j’apprends aux élèves est d’enlever de leur le plus souvent vers 10h et repart vers 20h.
casqueVes — c’est ce qui le rend passion- langage le j’aime ou j’aime pas. CeVe ques- Cela veut dire que nous sommes là
...

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INGÉNIEUR DU SON
STUDIO DE MUSIQUE
ENTRETIEN

un peu avant et un peu après. Les journées qu’il a peut-être peu de moyens pour le mé er par choix. Ce serait sans doute plus
sont très longues et il faut être ultra- faire, alors pour lui, que tout soit condensé, simple et rassurant d’avoir un emploi fixe,
disponible — c’est un euphémisme. Prendre ça n’est pas un problème, c’est une nécessi- de bureau, mais je me sens heureux comme
un rendez-vous avec un médecin, prévoir té. ça, car à ma place et faisant ce que j’aime.
une démarche administra ve, être capable
de dire à son conjoint précisément à quelle Les contraintes du mé er peuvent parfois En tant que formateur, j’enseigne aussi à
heure on rentre etc., ce n’est pas forcément apparaitre comme néga ves aux yeux des savoir dire non, ne pas accepter tout et
simple. Mais c’est compréhensible : imagi- gens, mais dans l’ensemble il y a un vrai n’importe quoi, meVre fin à une session
nez bien que l’ar ste qui vient enregistrer bonheur à rencontrer des ar stes, par ciper parce qu’il est trop tard. Poser des limites
aVend cela peut-être depuis des années, à des projets qui ont de l’intérêt. J’ai fait ce précises, respecter sa vie privée sans pour
autant brider l’élan ar s que est aussi un
des arts de ce mé er . »

ÉVOLUTION DU MÉTIER
« Il y a 30 ans, les connaissances en électro-
nique étaient prépondérantes. Aujourd’hui,
l’informa que a pris le dessus : il y a beau-
coup de musiciens qui deviennent ingé-
nieurs du son, à force de travailler sur leur
musique dans leur home studio qui se ré-
sume de plus en plus à un bon ordinateur et
une carte son. Sans réel bagage technique,
mais à force de pra que, ils sont capables
© By N-LM / Nathalie Roudier

de produire des choses de très bonne quali-


té.

Les ou ls se sont aussi largement démocra-


sés : il m’est arrivé moi-même de mixer
une pièce de théâtre où tout avait été enre-
gistré sur un enregistreur Zoom du com-
merce comme celui que vous u lisez
...

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INGÉNIEUR DU SON
STUDIO DE MUSIQUE
ENTRETIEN

aujourd’hui pour faire vos interviews ; j’ai nieur du son, j’ai toujours gardé une pe te première fois de ce qu’est la largeur d’un
mixé des disques où la voix principale était ac vité de concert (je vais souvent travailler son, la profondeur, ou encore le relief dans
enregistrée par le microphone d’un télé- au Carré Belle-Feuille de Boulogne- l’espace sonore, gra fie énormément le
phone... Billancourt par exemple). formateur.

L’évolu on est donc incroyable — le techni- Je travaille aussi occasionnellement comme À l’INA, j’ai enseigné pendant très long-
cien d’aujourd’hui ne peut la refuser ! Mais acous cien pour le cabinet d’acous que de temps les bases de l’acous que. Si au Con-
heureusement, l’ou l ne fait pas tout. Le Patrick Thévenot, qui a été responsable for- servatoire les élèves sont des jeunes en for-
professionnel possède une réelle maîtrise ma on en électroacous que à l’INA pen- ma on (post-bac) avec un cursus beaucoup
technique qui lui permet d’aller encore plus dant 34 ans et qui conçoit et fabrique au- plus scolaire, à l’INA, on va travailler avec
vite — on est aujourd’hui dans l’efficacité jourd’hui des enceintes acous ques. CeVe des professionnels en spécialisa on ou des
absolue et le temps est important dans un ac vité tout comme l’enseignement, sont gens en reconversion qui décident de chan-
secteur où les marges sont de plus en plus venus à la suite de travaux de recherches ger de voie après 10 ou 30 ans de carrière
faibles et limitées. effectués pendant mes études et qui ont été (je pouvais avoir en face de moi des infor-
publiés. » ma ciens, des secrétaires, ou encore l’an-
L’ingénieur du son doit savoir s’adapter à cien peintre en bâ ment de Ma gnon déci-
toutes les situa ons, au-delà du facteur limi- LA TRANSMISSION dé à devenir ingénieur du son...).
tant que peut avoir l’ou l. Il ne doit pas être « Au Conservatoire de Boulogne-Billancourt,
esclave de l’ou l mais avoir une approche j’interviens en tant que professionnel ingé- Apprendre l’acous que à des gens qui n’ont
globale, comprendre ses limites actuelles et nieur du son. Je donne des cours sur l’enre- aucune no on en maths et qui ne savent
futures. gistrement, le mixage mais aussi sur pas ce qu’est un logarithme, ce n’est pas
l’écoute (Qu’est-ce qu’entendre ?, Qu’est-ce simple mais il faut faire avec car les sta-
J’insiste aussi sur le fait que l’ingénieur du qu’un son ?, Comment meKre des mots sur giaires ont autant le droit de se former que
son de studio assume également un rôle des sons ?). Car finalement, l’audi on est un n’importe quel autre professionnel.
entourant, humain, pour les ar stes, qui sens très peu développé dans notre culture. L’enseignant doit s’adapter, intégrer ceVe
dépasse largement la par e technique » diversité de parcours, de connaissances et
Développer ce sens chez les élèves, c’est points de vue méthodologiques et ne pas se
INGÉNIEUR / ACOUSTICIEN / ENSEI- contenter de transmeVre simplement des
créer des rela ons synap ques entre leurs
GNANT... no ons. Et on apprend beaucoup de cet
sens (leurs oreilles) et leur cerveau.
« Ce qui m’intéresse c’est d’avoir plusieurs échange-là. »
casqueVes. A côté de mon mé er d’ingé- Leur faire prendre conscience au moins une
...

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INGÉNIEUR DU SON
STUDIO DE MUSIQUE
ENTRETIEN

LE STUDIO DE MEUDON
« Le studio de Meudon a été
créé il y a un peu plus de dix
ans. Spécialisé dans l’enre-
gistrement musical acous-
que, centré notamment
autour du piano, il com-
mence à être réputé à
l’interna onal — grâce à cet
endroit, j’ai eu une nomina-
on aux Grammy Awards
2012, et un Cubadisco 2013.

Son propriétaire et fonda-


teur, Bernard Faulon, accor-
deur de piano d’origine, a
souhaité créer un studio où
cet instrument serait par -
culièrement mis en valeur.
C’est ainsi que nous
meVons à disposi on, parmi
d’autres, deux pianos de
concert des marques les
plus réputées (Steinway &
Sons, et Fazioli).

Ces pianos sont réglés


comme des horloges. Ils
sont accordés tous les jours
(c’est le minimum), voire
plusieurs fois par Photographies
... © Studio de Meudon

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INGÉNIEUR DU SON
STUDIO DE MUSIQUE
ENTRETIEN

jour lors de sessions d’enregistrement, et


peuvent être préparés de façon tout à fait
spécifique en fonc on des besoins des musi-
ciens (pour une pièce de piano stride par
exemple, un style de jazz très rapide, il fal-
lait alléger la mécanique car les mains vont
tellement vite sur le clavier que le musicien
n’a pas le temps de meVre de poids sur les
touches). L’idée est d’aller chercher des
choses très fines, très précises.

L’autre spécificité du Studio de Meudon est


son agencement : nous avons la lumière du
jour, un jardin, on a l’impression d’être dans
une maison. C’était une façon de voir qui
était tout à fait novatrice à l’époque et qui
se développe aujourd’hui, cela change des
studios où l’on ne voit jamais le jour.

Aujourd'hui, il est important qu’un studio


puisse apporter une valeur ajoutée, on peut
faire tant de choses dans sa chambre avec
un ordinateur que les clients doivent pou-
voir y trouver une véritable plus-value : ils
viennent chercher un lieu, une ambiance,
les compétences de professionnels qui leur
font gagner du temps, la capacité d’enregis-
trer des pièces complexes avec un orchestre
à cordes etc. » ■ Parmi les références du Studio de Meudon : Barbara Carlot, Daphné, Roberto Fonseca
(Cubadisco 2013 pour la prise de son), Michel Fugain, Johnny Hallyday, Serge Lama, Emily
Loizeau, André Manoukian, Hubert Mounier, Emo fs anonymes (B.O.), Lol (B.O.) ...

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INGÉNIEUR DU SON
MUSICIEN
ENTRETIEN

Clément Barda, qui se définit d’abord d’anciens élèves par exemple au Théâtre du mène jusqu’à l’équivalence du Bac, s’ajou-
comme musicien, est représenta f de ceKe Châtelet, à l’opéra Garnier mais aussi à Ra- tent des ma ères spécifiques, mais toujours
nouvelle généra on d’ingénieurs du son dio France. orientées vers la musique (ini a on au droit
polyvalents, formés à la musique, au son, commercial et de la musique, cours de bu-
mais aussi aux techniques de l’image, ca- L'entrée dans la sec on nécessite d’être reau que, anglais, physique acous que…).
pables d’assurer la conduite de projets ar s- admis en Seconde générale et de réussir les
© DR

ques de A à Z, sur l’ensemble de la chaîne tests de connaissances musicales (lecture de Humainement, cela a été aussi un grand
de produc on audiovisuelle. notes, déchiffrage de par on). J’ai présen- changement dans ma vie. Nous é ons une
té une œuvre au piano, mais on peut jouer classe d’une vingtaine d’élèves, qui a vécu
Clément BARDA LE BREVET DE TECHNICIEN DES MÉTIERS DE de l’instrument de son choix. Ces tests per- ensemble pendant trois ans, partagé des
Musicien / Ingénieur du LA MUSIQUE meVent de meVre en avant sa sensibilité voyages, etc. On est tous encore en rela-
son « J’ai suivi une scolarité générale dans un pour la musique, mais le plus important est on. »
collège de Cergy, et me suis lancé dans la de faire preuve d’une grande mo va on
CURSUS musique en arrivant à Sèvres en 2006 — j’ai lors des entre ens. CERTIFICATION OPÉRATEUR PRISE DE SON
intégré les cursus de prépara on au Brevet « Après le BT musique, j’ai voulu poursuivre
Brevet de Technicien CeVe forma on a été pour moi un atout
de Technicien des Mé ers de la Musique dans ceVe voie. Nous avions des cours
des Mé ers de la Musique (BTMM) au lycée J.-P. Vernant, et commen- extraordinaire, cela m’a ouvert l’oreille et d’enregistrement en studio et c’est quelque
(Lycée de Sèvres) cé à suivre des cours de baVerie à Issy-les- sensibilisé à la musique savante : nous chose qui m’avait beaucoup intéressé. J’ai
Opérateur de Prise de Moulineaux (école Agos ni). avons fait beaucoup d’écoutes d’œuvres de rejoint l’école 3IS (Ins tut Interna onal de
musique classique, d’études instrumentales. l’Image et du Son) de Saint-Quen n-en-
Son – Mixeur (3IS, Saint-
Je connaissais le BT Musique car mon père Une fois sensibilisé à ça, c’est un véritable Yvelines, qui est orientée vers le cinéma
Quen n-En-Yvelines) atout en tant qu’ingénieur du son de studio.
l’avait lui-même fait quarante ans aupara- mais inclut une forma on d’ingénieur du
vant. C’est une sec on vraiment ancienne et Vous êtes capable de repérer les mesures, son. À l’issue des 18 premiers mois qui cons-
WEB assez unique — il n’en existe que trois en les harmonies, les fausses notes, un déca- tuent le tronc commun, et durant lesquels
France (elle a été créée à Sèvres en 1950 et lage du musicien par rapport au rythme. Un j’ai appris tous les mé ers du cinéma
www.clementbarda.com
s’est développée aussi à St Brieuc et Nancy). ingénieur du son qui enregistre des musi- (cadreur, monteur, assistant-réalisateur…)
ciens ne doit pas simplement connaître la j’ai retrouvé la spécialisa on d’ingénieur du
CeVe forma on de trois ans est dédiée à technique d’enregistrement, il doit pouvoir son et tout ce qui m’avait intéressé au BT
l’origine au mé er de régisseur et tous les interagir sur le plan ar s que, parler le musique.
mé ers qui viennent s’y greffer (régie d’or- même langage.
chestre, édi on de par on…). C’est la rai- Au sein de la promo on j’ai pu constater
son pour laquelle on retrouve beaucoup Sur le plan professionnel, en plus de la for- qu’il y avait trois évolu ons
ma on générale assez complète qui nous ...

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INGÉNIEUR DU SON
MUSICIEN
ENTRETIEN

professionnelles possibles : une par e des ont dû trouver des solu ons alterna ves le musique, et presque tous ces aspects me
élèves a profité du réseau de l’école et est temps de développer leurs réseau et pro- passionnent. J’ai fait un stage de deux mois
entrée dans le milieu du cinéma (souvent jets. » avec Alexandre Widmer dans un auditorium
par le bas de l’échelle) pour progresser pe t de mixage, Ink Produc on, dans le 15ème
à pe t et se spécialiser — ils commencent à LE STATUT D’INDÉPENDANT arrondissement de Paris, et j’aurais pu con-
avoir leurs heures d’intermiVence et s’ins- « J’ai fait ce choix de l’indépendance car je nuer dans ceVe catégorie mais je n’aurais
tallent dans le mé er. D’autres élèves n’ont ne souhaitais pas devenir un ingénieur du fait que cela. J’ai préféré m’autoriser à tra-
pas con nué dans leurs domaines et se sont son ultra-spécialisé. Il existe de nombreux vailler dans tous les domaines du son qui
réorientés. D’autres encore, dont je fais aspects du son dans l’audiovisuel et dans la m’intéressent.
par e ont souhaité rester indépendants et
Le fait d’être indépendant (concrètement
d’être inscrit comme auto-entrepreneur),
m’a permis par exemple de travailler avec le
groupe de musique d’un de mes amis du
BTMM, le groupe Einleit (je les ai suivis deux
ans sur leurs concerts pour assurer leur so-
norisa on, et ai travaillé sur leurs ma-
queVes et enregistrements). Mon travail a
été repéré par Jérôme Litré-Froment, pro-
priétaire du studio Montmartre Recording
dans lequel on enregistrait les maqueVes du
groupe, qui m’a proposé de travailler pour
le studio (à la pige) pendant un an et demi.

J’ai également conçu en 2014, avec mon


collègue et ami réalisateur Charles Cheval,
le système domo que d’un hôtel quatre
étoiles situé dans le 3e arrondissement de
Paris (Hôtel 1K). Nous avons imaginé et ins-
tallé tout le système d’enceintes, de diffu-
sion de musique ainsi qu’une grande salle
de projec on pour les évènements.
Prise de son sur le court-métrage Le Boche de Jean Decré, déc. 2013. Photo © Alban Jimenez ...

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INGÉNIEUR DU SON
MUSICIEN
ENTRETIEN

Ce travail a duré six mois, et nous sommes blement de mon ac vité liée au son, je suis ceVe période. J’avais de bonnes notes en
actuellement en contrat de maintenance quand même très heureux de la voie dans musique et mon prof de musique, MaVhieu
avec eux, ce qui m’a permis de retrouver laquelle je suis. Je fais un pari sur l’avenir en Huck, s’est démené pour obtenir mon pas-
rapidement mon ac vité d’ingénieur du son développant un réseau avec des gens pro- sage en seconde générale, parce qu’il
dans le domaine ar s que. meVeurs en qui je crois. Mais surtout je s’avait que c’était la condi on pour que je
réalise tous mes projets de vie et mes pas- rentre au BTMM. Ma vie a vraiment changé
En tant qu’indépendant, je collabore beau- sions. Je ne regreVe pas ce choix. » à par r de ce moment-là, car je vivais enfin
coup avec des réalisateurs de la promo 3IS ma passion. Et puis, cela m’a permis de dé-
sur des courts-métrages (on accède à beau- UNE HISTOIRE DE PASSIONS couvrir une deuxième passion, qu’est le
coup d’annonces via le réseau 3IS). C’est « La musique ent une place très impor- son. Et finalement mené à une troisième
très formateur. J’ai aussi travaillé sur une tante dans ma vie personnelle. Je me sen- passion, qui est aujourd’hui le cinéma. » ■
web-série et sur plusieurs documentaires tais très loin de la vie de collégien à Cergy,
indépendants. Pour stabiliser un peu mes et la musique m’a permis de surmonter
revenus, je fais des presta ons de temps en
temps pour des boîtes de produc on qui
font des publicités ou des films ins tu on-
nels.

Je développe aussi des projets musicaux


pour des ar stes dont j’assure le mixage
dans mon propre studio. Je travaille avec
eux sur la défini on de leur univers sonore.
Lorsque ma compagne Laurence-Pauline
Boileau réalise un documentaire, je suis en
mesure d’assurer le cadre pour elle. Nous
avons également formé un groupe de mu-
sique ensemble depuis deux ans, Avant
l'Aube, où nous composons et produisons
des tres pop-onirique, là encore de ma-
nière indépendante.

Si je n’arrive pas toujours à vivre conforta-


Sonorisa on d’un concert de Einleit, Café de la Plage à Maurepas, sept. 2014 © Florian Bonne

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INGÉNIEUR DU SON
MIXAGE / TÉLÉVISION
ENTRETIEN

Étape finale dans le processus d’élabora on C’est donc à travers ceVe forma on que j’ai lité de la bande son et répondre aux critères
d’une œuvre audiovisuelle, le mixage est une découvert l’art de meVre du son sur des ar s ques du client. Si la technique prend
phase clé pour créer l’alchimie entre images images, et c’est ce qui m’a tout de suite trop le dessus sur l’ar s que, le mixage
et sons — tout autant au cinéma qu’à la intéressé : faire vivre le film par l’apport du risque de ne pas être bon. Pendant que vous
télévision, sur des œuvres de fic on, des son et du mixage. cherchez à comprendre vos ou ls, vos
documentaires ou du diver ssement. oreilles ne fonc onnent plus ! C’est ce qui
Après mon diplôme je suis tout de suite explique que le plus souvent, les inter-
PARCOURS rentré dans la vie ac ve. J’ai d’abord travail- miVents travaillent un peu toujours dans les
© DR

« Étant plus jeune, je faisais beaucoup de lé une quinzaine d’années en qualité d’inter- mêmes studios. »
musique. Après le bac et un DEUG de ma- miVent dans différents studios puis j’ai créé
théma ques, l’idée pour moi était de trou- ma propre entreprise (un peu sur un con- LE MÉTIER
Pascal WUYTS
ver quelque chose qui se rapprochait de la cours de circonstances). Lorsqu’un des stu-
Ingénieur du son (@dC>Du) « Dans le cas d’une produc on télévisuelle
musique sans pour autant devenir musicien dios pour lesquels je travaillais a fermé —
(diver ssement ou documentaire), les mon-
professionnel. Je suis rentré dans une école j’ai poursuivi ma collabora on avec les an-
CURSUS
teurs vidéo qui travaillent sur l’image réali-
qui a disparu aujourd’hui, qui s’appelait le ciens clients qui avaient l’habitude de tra-
sent un premier montage son basique avec
DEUG de mathéma ques CREAR-CERIS (Centre d’Étude et de Re- vailler avec moi.
les différents éléments dont ils disposent,
Chef opérateur de prise cherche de l’Image et du Son) et qui a formé notamment les sons réalisés au moment du
de son de nombreux professionnels du secteur. Quand on est intermiVent, on navigue de
tournage. Ils peuvent aussi rajouter un peu
studio en studio, ce qui n’est pas toujours
de musique, quelques bruitages etc.
WEB J’y ai obtenu un diplôme de Chef opérateur évident parce qu’ils ne sont jamais équipés
de prise de son sur 2 ans. Cela m’a appris à de la même manière. Même si aujourd’hui il
www.audiow.fr Le mixeur son va récupérer ainsi sur un fi-
faire à la fois de la prise de son, du mixage y a moins de diversité dans les ou ls (le logi-
chier (généralement au format AAF) tous les
et de la post-produc on. Pour moi les mé- ciel Pro Tools est par exemple celui le plus
sons (jusqu’à 24 pistes différentes), toutes
ers du son se limitaient à l’enregistrement u lisé), en fonc on du studio, vous aurez
calées sur la me-line et donc synchrone à
de la musique, j’ai pu découvrir dans ceVe des modèles de consoles différents, des
l’image. Il récupère aussi le fichier image du
école les différents mé ers comme sonori- écrans posi onnés différemment etc. Or
film que lui transmet le monteur. Il dispose
sateur de musique, mais aussi de spectacles quand on travaille avec un client il faut pou-
alors de l’ensemble des éléments, images et
vivants, la fabrica on de bande-son pour le voir être à l’aise — notre mé er ne consiste
sons synchronisés, qu’il va pouvoir modifier
théâtre, le travail de prise de son sur les pas simplement à pousser des boutons, il
sur un logiciel de montage de type Pro
tournages de films en cinéma, en télévision, faut une disponibilité ar s que importante,
Tools, Nuendo ou Pyramix.
le mixage de film… dans un ming donné. Il faut être capable
d’analyser rapidement, par l’écoute, la qua-
...

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INGÉNIEUR DU SON
MIXAGE / TÉLÉVISION
ENTRETIEN

Si le monteur vidéo a déjà calé tout ce qu’il les niveaux, doser la musique par rapport rapport de confiance s’est installé entre le
faut entendre sur les images, on commence aux dialogues, doser les ambiances, les brui- mixeur et le client, celui-ci n’intervient qu’à
par une première étape de neVoyage et de tages, rajouter des effets pour que le son la fin, pour écouter, regarder et demander
montage son pour avoir quelque chose de soit cohérent par rapport à l’image (de la les dernières modifica ons qu’il es me né-
plus qualita f : on peut neVoyer et réorga- réverbéra on par exemple) ou appliquer cessaires en fonc on de ses volontés.
niser les pistes, on peut remonter les mu- des correc ons de type équalisa ons, com- Il est à la disposi on ar s que du créateur
siques ou les sonores qui seraient mal mon- pressions ou autres effets. du film.
tés (on peut couper ou réintégrer par
exemple une respira on dans une phrase en Le mixeur travaille généralement seul sur un À l’époque de l’analogique, avoir un assis-
fonc on de ce que veut le réalisateur). Et projet. Peuvent être présents avec lui, soit tant permeVait de gagner du temps sur les
une fois ce premier travail de montage son le réalisateur soit le producteur ar s que branchements des câbles, des patchs, ou
effectué, on passe à la phase de mixage. mais ce n’est pas systéma que — lorsqu’un lorsqu’il fallait charger les défileurs
En revanche, lorsque le montage est incom- ...
plet, on va rajouter nous-mêmes les élé-
ments manquants : les ambiances, les brui-
tages et les musiques, ou enregistrer la voix
du commentaire par exemple.
Selon les différents types de projet, en plus
des pistes classiques sur lesquelles le mon-
teur fait son pré-découpage, on peut récu-
pérer en parallèle d’autres pistes correspon-
dant par exemple aux micros divergés des
comédiens, candidats, animateurs etc...
C’est un travail assez long et complexe que
l’on appelle le montage son et qui va per-
meVre d’aborder sereinement la phase du
mixage. »

LE MIXAGE
« La phase de mixage à proprement parler,
consiste à mélanger les sons, travailler sur
Studio de mixage © Pascal Wuyts

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INGÉNIEUR DU SON
MIXAGE / TÉLÉVISION
ENTRETIEN

mul pistes, aujourd’hui, tout se passe le Il faut à la fois maîtriser la technique et avoir Un premier stage d’observation permet
plus souvent dans l’ordinateur. Un assistant une sensibilité artistique — ce n’est pas souvent de faire connaissance avec les diffé-
peut être u le sur des gros projets audiovi- qu’un métier de technicien ni qu’un métier rentes conditions. Le travail de mixeur est
suels, pour aller rechercher une archive ou artistique, c’est vraiment un mélange des un travail ou l’on est enfermé dans le studio,
des sons addi onnels par exemple. Mais il deux. C’est pour cela qu’une phase de souvent sans voir la lumière du jour, cer-
travaille dans ce cas généralement en paral- mixage d’un film ou d’un gros programme tains préfèreront plutôt travailler en plateau
lèle dans une autre salle ou cabine de mon- est fatiguant — cela nécessite une méca- à l’extérieur.
tage. Chacun travaille de son côté. » nique du cerveau assez importante.
La deuxième étape après le stage, c’est
L’IMPORTANCE DU SON ET DU MIXAGE Être musicien peut aider dans la mesure où d’obtenir une formation technique, il faut
« Le son a une importance énorme dans un on est amené à monter de la musique, à la passer par une école, il en existe beaucoup.
programme audiovisuel ou un film. Dans le caler différemment — il faut donc avoir cer- Cela dépend du niveau que l’on vise — si
processus de fabrication d’une œuvre, taines notions pour savoir à quel moment vous visez le niveau d’ingénieur, vous pou-
l’étape du mixage son est la dernière avant on peut couper ou reprendre. vez tenter l’école Louis Lumière à Paris, mais
la diffusion. Elle est très importante pour on n’est pas obligé d’aller si loin, il y a des
améliorer la qualité du film ou du pro- Enfin, il faut aussi être capable de proposer formations plus accessibles avant cela.
gramme. On peut faire passer par le son au réalisateur ou au producteur ar s que
tout un tas de choses que l’image ne permet des idées ou solu ons qui vont permeVre À la sortie de l’école on n’est pas forcément
pas forcément. de faire avancer le projet. » opérationnel mais on a déjà pu identifier
précisément le domaine dans lequel on vou-
Les grands réalisateurs se servent énormé- ACCÈS AU MÉTIER lait évoluer. Ensuite il faut attaquer dans la
ment du son pour faire passer leurs idées « Il m’est souvent arrivé de prendre des vie active par des stages ou en travaillant
artistiques. » stagiaires en fin de 3ème ou des jeunes pas- comme assistant. C’est un milieu difficile,
sés par un forum des métiers. J’ai rencontré avec beaucoup de monde à l’entrée et peu
LES QUALITÉS DU MIXEUR SON beaucoup de jeunes qui rêvaient d’être DJ de places à la sortie. Et comme dans beau-
mais aucun qui rêvait de travailler spontané- coup de métiers, il faut savoir tisser un ré-
« Il faut être patient, disponible, efficace et seau de connaissance.
avoir la passion ! Comme on est les derniers ment dans la post-production audio, tout
dans la chaîne de fabrication, on est tou- simplement parce que personne ne leur en
avait parlé. Les métiers du son sont des mé- L’important c’est la confiance que l’on vous
jours dans le jus et on nous demande tou- accorde. Un client travaillera avec vous
jours de travailler pour la veille... tiers passionnants pratiqués par des pas-
sionnés ! parce qu’il vous connaît et qu’il apprécie la
qualité de votre travail, et qu’il sait
...

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INGÉNIEUR DU SON
MIXAGE / TÉLÉVISION
ENTRETIEN

qu’il peut vous accorder sa confiance. Cela à la maison, on n’a pas le client dans la pièce Je travaille aussi sur des formations pour les
s’obtient avec le temps. Vous pouvez avoir avec vous, et on peut prendre tout son radios, axés sur la pratique car le plus sou-
du talent, bien connaître votre métier, mais temps pour peaufiner le travail. En condi- vent les techniciens en radio viennent
si on ne vous connaît pas, on ne vous pren- on réelle, on se retrouve souvent avec la d’autres horizons et ont accès à peu de for-
dra pas. commande du client, et un temps limité : si mations techniques adaptées.
on a deux journées pour faire le mix d’un
Je me souviens que quand j’étais jeune documentaire, on a un nombre d’heures et Faire de la forma on avec des profession-
mixeur, ce n’était pas évident : je travaillais pas une de plus. Il faudra donc peut-être nels vous apporte autant que vous leur ap-
avec des clients beaucoup plus âgés et avec faire des concessions sur certaines choses, portez, c’est un échange d’expérience. Les
beaucoup plus d’expérience, assis juste der- ne pas passer 3 heures sur la correc on de mé ers du son, autant que les mé ers de
rière à écouter ce que vous faites — ça vous tel son, mais aller à l’essen el, faire un tra- l’image, sont des mé ers de passion ! » ■
met un peu la pression. D’où l’intérêt de vail propre, acceptable et accepté par le
bien maîtriser l’outil technique pour être client, dans le ming requis. C’est le genre
disponible à 100% pour l’artistique et ré- de choses qu’on apprend en stage ou en
pondre à la demande du client. étant assistant en studio, en voyant les
autres travailler — c’est la meilleure école
Je conseille aussi aux débutants d’accepter qui soit. En cela, l’alternance me parait être
toujours un travail qu’ils sont capables d’ef- une très bonne formule. »
fectuer techniquement. On peut perdre
beaucoup de temps en studio avec une ma- LA TRANSMISSION
chine ou un logiciel que l’on ne maîtrise pas « J’ai commencé assez tôt à faire de la for-
suffisamment. Pour le client, le résultat doit
mation, sur le fonctionnement des consoles
être bon dans tous les cas, qu’il y ait 3 ou notamment.
150 pistes à mixer.
Lorsque la télé HD est arrivée avec le son
Il y a quelques années on était obligé d’aller
multicanal, la technologie utilisée était celle
dans les studios pour se former, ça per- des produits Dolby (Dolby E, Dolby Digital,
meVait d’acquérir de l’expérience et de Dolby Surround). Pendant 8 ou 9 ans j’ai
commencer à se faire son réseau. Les jeunes participé à la formation de tous les techni-
aujourd’hui peuvent s’acheter un Pro Tools
ciens, ingénieurs, directeurs technique qui
pour 300 euros et avoir un studio avant allaient devoir l’utiliser.
même de travailler. Mais quand on travaille

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OPÉRATEUR SON
TÉLÉVISION
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Benoît Stefani évoque la prise de son à en studio, où j’ai découvert le ProTools. J’ai J’assure aussi des forma ons : j’interviens
l’image (news / magazines / documen- assuré de nombreuses séances d’enregistre- auprès des élèves du BTS audiovisuel de
taires) : les ou ls et l’évolu on des tech- ment et de mixage pour divers supports : Rouen. J’encadre des tournages sur la par e
niques. documentaire, mul média, téléphonie, audio, je fais de la forma on MAO pour ex-
pub… pliquer comment u liser les logiciels de pro-
PARCOURS duc on musicale, le format MIDI etc. Même
« Sur les fiches d’orienta on qu’on rédige Comme 80 % de mes confrères, je suis venu si les élèves ne travaillent pas ensuite sur le
au collège, j’avais men onné le mé er au son par le biais de la musique. J’ai joué son, c’est important d’avoir ceVe culture-là.
© DR

d’ingénieur du son même si je ne savais pas en groupe en tant que guitariste, et je con - Je forme également à Pro Tools ainsi qu’à la
vraiment ce que c’était. J’étais surtout inté- nue encore aujourd’hui. Je compose égale- prise de son à l’image pour Vidéo Design,
ressé par la musique – je devais penser à ment, et outre la guitare, je dis souvent que une structure parisienne.
Benoît STEFANI
l’enregistrement de disques. Mon bac en mon instrument est le Pro Tools. Pour mes
Opérateur son (EB@?FG 3) projets musicaux, je dispose comme beau- J’interviens en outre régulièrement sur le
poche, je me suis tourné vers le marke ng
et la communica on — j’ai fait une école de coup de musiciens d’une armada d’instru- SATIS, le Salon du broadcast francophone,
CURSUS commerce op on marke ng. J’ai travaillé 1 ments virtuels sous forme de plug-ins. Pen- pour concevoir et animer les ateliers audio
an et ½ en tant qu’assistant marke ng chez dant plus d’un an, mon ac vité principale a et suis un collaborateur régulier du maga-
École de commerce été la composi on où j’intervenais pour de zine Mediakwest [v. fiche Rédacteur presse
Forma on profession- un distributeur d’instruments de musique
qui avait dans son catalogue les pionniers de nombreux amis qui produisaient des films spécialisée].
nelle mé ers du son d’entreprise pour de grands comptes tels
l’informa que musicale en France. ça fonc-
(INFA) onnait à l’époque sur ATARI ST. Je suis en- que Renault ou France Télécom. LES OUTILS DE L’INGÉ-SON
suite passé chez ATARI France. Au fil des « Le plus courant dans ce mé er est de cap-
rencontres sur des salons professionnels j’ai Mon mé er principal aujourd’hui est ingé-
WEB ter le son avec un ou plusieurs micros
entrepris de me reconver r en suivant une nieur du son spécialisé dans la prise de son à
www.mediakwest.com (perche, micro-cravate, micro-main) et une
forma on de deux ans dans le domaine du l’image. Je suis basé à Rouen où je travaille
www.sonovision.com mixeVe, le tout avec des technologies sans
son. beaucoup avec France 3 Rouen. J’y inter-
www.france3.fr fil HF.
viens régulièrement sur les tournages pour
Dans mon cursus, j’ai été touche-à-tout : j’ai les sujets du journal TV quo dien, les maga-
Soit le son est envoyé par la mixeVe directe-
été assistant sur des plateaux de tournage à zines… En tant que free lance, je suis amené
ment vers le caméscope où il rejoint les
l’époque des télé-réalités et sitcoms. J’ai également à travailler sur des documen-
pistes son du fichier vidéo, soit le son est
beaucoup appris sur les micros HF : com- taires ou des films ins tu onnels pour des
enregistré avec une mixeVe enregistreuse.
ment les placer et les exploiter. Je suis passé produc ons diverses.
Dans le premier cas on a une rapidité
...

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OPÉRATEUR SON
TÉLÉVISION
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dans le montage plus importante puisque ons sont loin d’être ridicules faces aux en- sont même très anciennes. Beaucoup de
tout est synchrone et lié à la vidéo. registreurs pro. » microphones u lisés dans les studios en
Dans le deuxième cas, on a deux possibili- musique et dans les prises de son à l’image
tés : soit on fait coïncider les prises de son LES ÉVOLUTIONS TECHNIQUES sont des microphones qui ont 30 ou 50 ans
et image avec un clap, à l’ancienne, soit on « Dans notre domaine, la technique évolue d’âge en concep on.
Mixeur Enregistreur Sound De- u lise des ou ls de synchronisa on automa- rapidement... et lentement.
vices 633 que image/son de type Plural Eyes dont on On a par exemple toujours un problème de
Rapidement, avec tout ce qu’apporte l’uni-
retrouve les fonc onnalités dans bon sélec vité. Par rapport à l’image on est en
vers de l’informa que. Il faut se rendre
nombre de logiciels vidéo actuels. compte que le monde de la capta on audio- retard. Le comportement du microphone
Jusqu’à très récemment, le son ne faisait visuelle est un pe t marché et le monde de est très différent du comportement de nos
que passer par la mixeVe pour être enregis- deux oreilles. Lorsque vous posez votre
la capta on audio est encore plus pe t — ce
tré sur la caméra avec ou sans fil. sont de pe tes séries. microphone quelque part, le rendu est sou-
vent bien différent de ce que vous pensiez.
Actuellement pour ce type de produc on Si aujourd’hui vous pouvez acheter un pe t Et ça, parce que le micro n’a pas la sélec vi-
vidéo télé, la marque qui progresse le plus té d’une paire d’oreilles reliée au cerveau
enregistreur son (de type Zoom H2N) tout à
est une marque américaine, Sound Devices, fait abordable c’est parce qu’on bénéficie de humain. Si vous décidez d’interviewer une
qui propose une gamme de mixeurs enregis- l’avancée des technos des télécoms et de personne en pleine forêt vous serez sans
treurs avec un très bon rapport qualité prix, l’informa que : votre enregistrement se fait doute gêné par la tronçonneuse d’un garde
Mixeur Enregistreur AETA 4MinX
une prise en main facile et les fonc onnali- fores er qui travaille à un kilomètre de là, et
sur une carte mémoire venue tout droit de
tés que tout le monde aVendait. Leur mo- l’informa que (plus besoin de l’enregistre- ce, quel que soit votre micro. En revanche, à
dèle 633 est un pe t mixeur enregistreur ment sur bandes). Les systèmes de conver- l’image, si vous êtes gêné par une branche
très compact qui doit coûter 4 200 euros d’arbre, il suffit de vous déplacer d’un mètre
sion analogique sont bien connus — se sont
seulement pour 3 entrées micros, 3 entrées de grandes séries. Le numérique s’installe ou de faire un pe t zoom pour faire dispa-
lignes, un enregistreur 10 pistes, la ges on en force partout. Cela n’apporte pas néces- raitre du cadre ce qui vous gêne, et c’est
du me-code, la ges on d’entrées auxi- sairement plus de qualité mais en tout cas réglé.
liaires... c’est assez puissant pour le prix et
plus de souplesse. On peut faire des choses
la taille. qu’on ne pouvait pas faire avant. En son, la sélec vité est donc un défi majeur
avec de plus en plus de pollu on sonore. Il
Il y aussi une marque française que j’aime Ça avance lentement en revanche aux extré- n’y a pas solu on immédiate. Encore que si
beaucoup, AETA, avec son modèle 4MinX. vous regardez un iPhone de plus près vous
Mixeur Enregistreur Zoom F8 mités de la chaîne : le principe du micro-
Après on trouve aussi des solu ons semi- phone n’est pas récent. Nos technologies verrez qu’il y a deux microphones, une intel-
pro TASCAM ou le ZOOM F8 dont les presta- ligence, et un début de réponse de
...

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OPÉRATEUR SON
TÉLÉVISION
ENTRETIEN

sélec vité. Mais on en n’est qu’au début. sur lequel Radio France, Orange Lab , France c’est d’abord parce que les possibilités tech-
L’évolu on viendra peut-être du marché des TV et de nombreuses PME françaises vien- niques le permeVent aujourd’hui pour le
télécoms, qui dispose du budget R&D nent de terminer une expérimenta on en son – avec la banalisa on des systèmes HF,
propre aux très grandes séries. France dans le cadre du projet BiLi (Binaural de moins en moins coûteux et de plus en
Listening — www.bili-project.org). Cela plus simples à u liser. Ensuite il est vrai que
On bénéficie aussi d’une avancée dans touche directement le monde de la radio. la réalisa on d’interviews simples, filmées
l’autonomie des baVeries lithium-ion. On en plan serré ne nécessitent pas de beau-
bénéficie directement des avancées R&D On peut aussi évoquer les procédés de son coup de moyens techniques.
télécom / téléphonie / informa que sur les 3D ou son immersif à même de prendre à
procédés de transport du son et de la vidéo terme la relève du 5.1 (on peut citer Dolby En revanche dans certains cas, l’ingé-son est
(avec les connexions par câble RJ45, les Atmos, DTS : X ou encore Barco 11.1). » précieux, voire incontournable. Faire appel
fibres mul plexées…) et cela change la vie à un professionnel du son, c’est avoir plus
des professionnels au quo dien. » de fluidité et de liberté de réalisa on par
LA PLACE DE L’INGÉ-SON DANS LES NOU- exemple pour filmer une scène de vie avec
LES TENDANCES VEAUX FORMATS MÉDIAS plusieurs intervenants). On ne ramène pas
© DR

« Parmi les tendances importantes dans le « Se passer de chefs opérateurs ou ingé- la même chose avec ou sans ingé-son. C’est
monde de l'audio, je peux aussi évoquer les nieurs du son en reportage et faire appel à un usage différent. Et chacun a sa place.
Benoît Stefani en tournage tenta ves pour obtenir un rendu audio plus des pluridisciplinaires n'est pas nouveau. À
proche de notre système audi f : autrement France 3 Régions par exemple on peut es - En dessous de deux minutes, il n’y a pas
devant l’hélicoptère
dit, comment simuler au mieux l’ac on con- mer que 10 à 20 % des sujets vont faire in- forcément la place pour faire respirer le
du CHU de Rouen
juguée d’une paire d’oreilles placée de part tervenir un ingé-son (on aura en tout trois sujet avec des scènes de vie, du son
et d’autre de notre visage et qui se trouve personnes), le reste de la produc on se fera d’ambiance. Le but est d’aller très vite,
connectée à un système intelligent qu’est le avec un duo JRI (pour l’image) / Rédacteur d’être à chaud, c’est une télé qu’on peut
cerveau. Les études montrent en effet que (journaliste). Lorsqu’on va vers ce que j’ap- écouter même par moment, et il faut
plus on se rapproche de notre système d’au- pelle la radio filmée (de type BFM TV ou I- avouer que la plupart des JRI sont capables
di on, moins on demande au cerveau de Télé), il arrive couramment qu’une seule de produire un son correct.
fournir d’efforts pour comprendre et res- personne s’occupe de l’ensemble des postes Je crois qu’il faut surtout insister sur le fait
sen r les choses. De fait, cela devient plus (Rédacteur / JRI caméraman / preneur de qu’au-delà de la qualité sonore, un ingé-
agréable (ou du moins c’est ressen comme son et même monteur le cas échéant). nieur du son apporte surtout plus de liberté
tel). Parmi ces procédés en peut citer le bi- en terme de cadrage et de réalisa on
naural qui suppose une écoute au casque, et Au-delà des raisons économiques, à la base, d’images ! Plus on va vers les magazines,
plus les sujets sont longs et plus a on
...

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OPÉRATEUR SON
TÉLÉVISION
ENTRETIEN

besoin de varier les cadres, d’avoir du son stages en condi ons réelles. Il y a celui de
intelligible en dehors d’une interview posée. Boulogne-Billancourt, celui de Rouen où
j’interviens, celui de Saint-Quen n et bien
Si vous faites le portrait d’un spor f ou une d’autres partout en France…. Si c’était à
équipe de sport en ac on, on commence refaire, j’aurais bien commencé par ce cur-
par faire un plan de situa on, on s’approche sus. » ■
pe t à pe t, les gens s’habituent à la camé-
ra. Le journaliste pourra se permeVre de
poser une ques on à l’équipe en pleine ac-
on (des gars en train de réparer un moteur
sur un rallye, ou un coach à l’entrainement),
l’interviewé ne s’y aVend pas car il est dans
le feu de l’ac on et ses propos sont plus
naturels, pris sur le vif. Ça évite d’inter-
rompre l’ac on, d’expliquer qu’on va poser
la caméra à tel endroit, placer un micro cra-
vate pour faire l’interview etc. C’est ce que
j’appelle la fluidité.

En faisant appel à un ingé-son, on se réserve


beaucoup plus de possibilités en images et
c’est pour ça qu’en capta on le mé er exis-
tera toujours. »

UN CONSEIL D’ORIENTATION PROFES-


SIONNELLE
« Le réseau des BTS audiovisuels est aujour-
d’hui bien développé et cela cons tue une
bonne base. Les élèves en sortent avec un
bon bagage au bout de deux ans, ils ont
travaillé sur du vrai matériel, et fait des

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INGÉNIEUR DU SON
MIXAGE / CINÉMA
ENTRETIEN

Créé en 1907, Éclair fait par e de ces n’ont pas su ou pu an ciper ceVe transi on de faire un stage chez Auditel, la société
quelques marques mythiques qui ont accom- numérique. Éclair a eu la chance en 2015 pour laquelle il travaillait. C’est ainsi que j’ai
pagné la naissance et le développement de d’être relancée par Ymagis, qui lui a redon- commencé à me former, sur le tas, dans les
l’industrie du cinéma français au même tre né une dimension interna onale. auditoriums de mixage de post-produc on,
que Gaumont ou Pathé. Ses ac vités sont grâce aux monteurs, ingénieurs du son et
aujourd’hui regroupées sur le site de Vanves, Aujourd’hui Éclair structure ses ac vités directeurs techniques toujours très dispo-
près de Paris, mais aussi à Auxerre, Stras- autour de 6 divisions (postproduc on image nibles pour partager leurs connaissances.
bourg et à l’interna onal à Barcelone, et son, restaura on, préserva on, services
© DR

Londres, Liège, Berlin, Karlsruhe, New York distribu on salle, services distribu on nu- J’ai con nué à faire de l’assistanat chez S.I.S
et Rabat au Maroc. mérique, mul lingue et accessibilité). La (Société Industrielle de Sonorisa on), puis
postproduc on lui permet de proposer à ses Jackson. Cela m’a permis de rencontrer et
ÉCLAIR | GROUPE YMAGIS clients la totalité des services dans le pro- travailler avec beaucoup de professionnels
Salim AMRANI
« Jean Mizrahi, l’actuel Président du groupe, cessus de fabrica on d’un film — du tour- du mé er (ingénieurs du son, réalisateurs,
Responsable
est l’ancien Directeur Général d’Éclair. En nage (ges on des rushes) jusqu’à la distribu- bruiteurs...). J’ai rejoint la société
d’exploita on son
on et à la conserva on à long-terme.» ...
(stuvwx | Gxz{|} Y~v•w€) 2007 il fonde Ymagis, qui deviendra rapide-
ment le leader européen des technologies
numériques pour l’industrie cinématogra- PARCOURS
CURSUS
phique. « Plus jeune, je voulais faire du dessin d’art
Assistant son Lorsque l’ensemble du réseau des salles de ou dessin technique. Je rêvais d’être archi-
Ingénieur du son cinéma est passé au numérique en 2010, le tecte mais je me suis retrouvé dans le BTP
marché du photochimique s’est écroulé du dans une filière que je n’avais pas choisie et
WEB jour au lendemain. Le laboratoire Éclair qui qui ne me plaisait pas.
www.eclairgroup.com sortait à l’époque des millions de kilomètres
de copies sur bobines 35 mm, a vu son ac - Au moment de faire mon service militaire
vité chuter brutalement — la fabrica on et en Algérie, j’ai eu l’opportunité d’intégrer le
distribu on de bobines représentait beau- service cinéma et photo de l’armée. Ils
coup de travail et de revenus, bien plus que avaient des studios, des labos, des repor-
la fabrica on de copies numériques DCP ters, du personnel très bien formé — je me
(Digital Cinema Package). souviens d’officiers qui avaient fait de
longues études chez Kodak en Allemagne.
Ce passage au numérique a provoqué la Quand je suis rentré en France à la fin des Logo du laboratoire Éclair apparaissant à la fin
dispari on de nombreux laboratoires qui années 80, un de mes oncles m’a proposé d’innombrables génériques de films français. ...

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INGÉNIEUR DU SON
MIXAGE / CINÉMA
ENTRETIEN

Éclair au fil des rachats (Auditel et Jackson


sont devenues des filiales Éclair à la fin des
années 90). »

LE MÉTIER DE RESPONSABLE
D’EXPLOITATION SON

« En tant que responsable d’exploita on


son, j’ai en charge la supervision des cinq
auditoriums de post-produc on du site
Éclair de Vanves. Je travaille avec un Direc-
teur technique son, un ingénieur de mainte-
nance dédié au son et une équipe de trois
assistants permanents auxquels s’ajoutent
ponctuellement des intermiVents (avec qui
j’ai déjà travaillé, qui me sont recommandés
ou que j’ai repéré durant leurs études en
stages ou en alternance).

Mon rôle consiste d’abord à organiser la


planifica on des audis en fonc on des de-
mandes de l’équipe commerciale et des
chargés de post-produc on. Je rédige les
contrats. Je réserve les audis et affecte le
personnel et ressources nécessaires pour les
différents projets.

En amont des sessions de travail, je prends


contact avec l’ingénieur du son du film pour
savoir quels seront ses besoins en termes de
matériels ou logiciels et déterminer
s’il sera nécessaire de compléter ... ...
© YMAGIS SA. TOUS DROITS RÉSERVÉS

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INGÉNIEUR DU SON
MIXAGE / CINÉMA
ENTRETIEN

l’équipement. Je passe ensuite le relais aux restaura on et la technicienne m’avait solli- Il faut être mo vé, ne pas avoir peur de tra-
assistants qui travaillent de façon autonome cité pour une projec on avec le réalisa- vailler. Quand on accepte le boulot, on doit
avec les équipes des films. teur. » aller jusqu’au bout quelques soient les con-
Sur les fic ons TV et les longs-métrages, di ons, ne pas compter ses heures (même si
l’équipe qu’on accueille est recrutée par la LE MÉTIER D’ASSISTANT EN AUDI je veille à ce qu’ils ne fassent pas plus de
produc on du film — elle est le plus sou- « L’assistant a pour mission l’accueil du 48h par semaine. S’il y a des séances le
vent composée du réalisateur et d’un ingé- client et la prépara on du matériel (il orga- week-end ou le soir, je fais travailler
nieur du son (et éventuellement d’un mon- nise par exemple les sons et les plug-ins sur d’autres équipes). Sur les centaines de films
teur). la console en fonc on des indica ons don- sur lesquels j’ai travaillé, je n’ai jamais vu
nées par l’ingénieur du son). Il assure le suivi quelqu’un s’arrêter et laisser tomber un
En plus de ces missions habituelles, je peux des séances de travail et récupère à la fin du projet. Sur certains films, il arrive même que
être amené à par ciper à des réunions de processus tous les éléments fabriqués par les gens con nuent sans être payés, simple-
travail internes (entre chefs de services), l’ingénieur du son qu’il sauvegarde selon ment parce qu’ils se sentent impliqués,
mais aussi des réunions techniques à la CST une nomenclature spécifique (mise en qu’ils font par e de l’équipe.
(Commission Supérieure Technique de forme et archivage des sessions d’enregis-
l’image et du son) pour parler de problèmes trement). Aimer la technique et être curieux est un
d’exploita on, de normes techniques pour préalable mais c’est quelque chose qu’un
la diffusion TV, etc. Dans ce mé er la ges on humaine est pri- assistant a généralement déjà en lui. Il est à
mordiale. On reçoit des clients qui ont beau- l’affût de la moindre nouveauté, fait des
Ce qui est intéressant aussi pour moi est de coup de pression. L’ingénieur du son doit tests, s’informe sur les dernières technolo-
pouvoir travailler au contact des équipes de pouvoir travailler en confiance et se déchar- gies qui sortent, observe la façon de travail-
la division restaura on. On sort du strict ger de toutes ses inquiétudes et contraintes ler des autres en studio.
cadre des auditoriums car on ne fait pas de matérielles. Il a lui-même à gérer les de-
restaura on sur le son à Vanves (on travaille mandes techniques et ar s ques du réalisa- Les assistants évoluent le plus souvent vers
seulement sur l’image, le son étant traité teur et doit s’ar culer aussi avec le mon- le mé er d’ingénieur du son, de monteur ou
par l’équipe L.E. Diapason), mais il m’arrive teur. de bruiteur. C’est une très bonne école pour
de donner mon avis, simplement parce que Vous pouvez être un très bon technicien, se faire un carnet d’adresses, se faire con-
je connais le travail du réalisateur ou de mais si vous avez un mauvais rela onnel, naître, et choisir sa voix (à l’issue de l’école,
l’ingénieur du son. Cela m’a permis de re- personne ne voudra travailler avec vous. De certains ne savent pas toujours vers quoi
trouver Tony Gatlif avec qui j’avais travaillé fait, c’est très rare parce que ça se sait très s’orienter exactement).
dans le passé. Le labo avait rapatrié les vite.
bandes de Latcho Drom pour un travail de
...

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INGÉNIEUR DU SON
MIXAGE / CINÉMA
ENTRETIEN

Aujourd’hui je remarque que les jeunes sont lisateurs avec qui il allait travailler, ce qui Ce qui est fascinant dans le cinéma, c’est
de plus en plus polyvalents, pouvant passer fait qu’il était complètement inves dans les que ça toujours été une industrie mais une
d’une ac vité de régisseur de théâtre un films qu’il mixait (au point qu’il pouvait y industrie ar sanale, avec une mul tude de
jour, à assistant en audi un autre jour ou avoir des différends dans l’audi avec le réali- mé ers et savoir-faire. Quand un bruiteur
faire de la prise de son sur un tournage... » sateur sur des choix ar s ques…). déballe son matériel, c’est une vraie bro-
cante (il faut avoir de l’imagina on pour
LE MÉTIER DE MIXEUR CINÉMA Il faisait par e de ces cinq ou six ingénieurs faire ce mé er qui a d’ailleurs un statut d’ar-
« La première étape sur laquelle on travaille du son capables de me donner le frisson. Les ste : il faut sans cesse faire des essais,
en mixage est le raccord entre les prises autres sont tous très bons, mais avec des chercher des ma ères, des effets…).
directes et la post-synchro. CeVe prépara- gens comme lui, il se passe quelque chose
on consiste à faire un mélange le plus ho- en plus, d’indéfinissable. Vous pouvez écou- L’inconvénient en revanche quand on est
mogène possible pour ne pas entendre de ter deux musiciens jouer la même chose, dans les coulisses de la fabrica on d’un film
différence entre ce qui a été enregistré en très bien, pourtant l’un va vous toucher et c’est qu’on ne peut plus être bon specta-
direct et les ajouts en studio. pas l’autre, sans savoir dire véritablement teur. Par exemple, j’ai passé tellement de
pourquoi. » temps sur les musiques du film Léon de Luc
L’un des grands ingénieurs du son français Besson, en tant que second assistant chez
avec qui j’avais l’habitude de travailler répé- SECRETS DE FABRICATION S.I.S., que je le connaissais dans le moindre
tait souvent — le cinéma c’est la parole. Il « En mixage j’ai rencontré des gens très détail. Je n’avais plus de recul nécessaire en
s’agit de respecter le plus possible le mbre inven fs et créa fs qui apportent véritable- tant que spectateur, je revivais les séances
de la voix, ne pas neVoyer les enregistre- ment quelque chose au mé er — ce ne sont de travail. Depuis j’évite de rester trop dans
ments au-delà du nécessaire pour ne pas pas simplement des pousse-boutons, ils ont l’audi pour ne pas perdre mon innocence,
dé mbrer la voix disait-il, quiVe à laisser un plus. Les anciens avaient toujours des surtout quand le film me plaît. »
passer un pe t défaut. Tous les gens issus astuces incroyables. Un jour, lorsque j’étais
de son école, ont ceVe façon de travailler, assistant, l’ingénieur du son m’a demandé L’ÉCOLE DU COURT-MÉTRAGE
très respectueuse de la voix des acteurs. d’enlever la tête de lecture du lecteur 35 « Le court-métrage est une très bonne école
C’est quelqu’un qui finissait par s’approprier mm. Cela a produit un souffle qu’il a u lisé pour apprendre et progresser. On travaille
complètement les films sur lesquels il tra- pour créer de toute pièce une ambiance et beaucoup sur ce format. Un court est fait
vaillait, ce qui rend le résultat forcément créer un raccord entre deux séquences. comme un grand film. Le temps de prépara-
meilleur. C’était quelqu’un parmi les plus Après l’avoir dosé, coloré un peu on avait on d’un audi et les ou ls mis à disposi on
demandés dans le mé er et un jour il a déci- l’impression d’entendre une sorte de vent sont d’ailleurs les mêmes.
dé de choisir ses films, les scénarios, les réa- en arrière-plan.
...

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INGÉNIEUR DU SON
MIXAGE / CINÉMA
ENTRETIEN

Ce qui change en revanche c’est qu’il n’y a


généralement pas de moyens pour la post-
synchro — on travaille donc sur des sons
directs avec parfois des montages impar-
faits. On n’a que ceVe ma ère à disposi on
et il faut s’en sor r avec ça. Dans cet exer-
cice, les ingénieurs du son expérimentés
jouent généralement le jeu et apportent
leur concours aux jeunes réalisateurs. » ■

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LES PROFESSIONNELS DU SON
SPECTACLE VIVANT
/ ÉVÉNEMENTIEL
/ ART

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ORGANISATION ÉVÉNEMENTIELLE
FESTIVAL DE MUSIQUE
ENTRETIEN

L’associa on sévrienne la SUM organise et l’autonomie des usagers. C’est-à-dire qu’il que de l’île de Monsieur. Le site est mortel
chaque année le fes val de musique Les n’y a pas toujours de régisseur pour s’occu- parce que tu es en bord de Seine. On ins-
Aiguilleurs. Ludovic Jean, l'un de ses respon- per des groupes, chaque groupe est respon- talle deux scènes, une grande scène et une
sables, revient sur son parcours et les étapes sable du studio et des lieux pendant son plus pe te, des bars, le barbecue et puis on
clés de l'organisa on d'un fes val réunissant u lisa on. Les groupes ont un créneau blo- est par pour huit/neuf heures de musique
tête d'affiche et groupes en développement. qué à l’année, par exemple le lundi soir de non-stop dans ce cadre assez magique. »
21h à minuit dans tel ou tel studio. Plusieurs
groupes ont les clés des studios, parce qu’il L’ORGANISATION
PARCOURS y a souvent un des administrateurs qui ré- « On s’appuie sur la mo va on de nom-
« J’ai fait de l’éco pète dedans. breux bénévoles. Le jour J, on a au moins
pendant de longues une cinquantaine de bénévoles.
années. À la fin de On travaille ac vement pour qu’il y ait tou-
mes études, j’en ai jours un vivier ac f d’adhérents mo vés, et En amont, on doit choisir les ar stes. Pour la
profité pour voya- qu’il y ait un vrai turn over au niveau du programma on, on a une commission qui
ger, tout en com- conseil d’administra on, que ça se renou- s’en occupe. On est une bonne dizaine à se
mençant à dévelop- vèle parce que l’associa on a maintenant 16 réunir disons à par r du mois d’octobre et à
Ludovic JEAN
per des choses au ans. Elle existe depuis l’an 2000. commencer à réfléchir à une tête d’affiche,
AggDF>@f>D? gd]
niveau local. La SUM puis aux groupes en développement et aux
avait été créé à ce moment-là par de jeunes Depuis six ans nous avons développé la par- groupes des différents réseaux franciliens.
FESTIVAL
Sévriens dont je ne faisais pas par e. Il y e école de musique (baVerie, basse, cla-
LES AIGUILLEURS
avait quatre membres fondateurs qui cher- vier, guitare, chant). Il y a aussi des ateliers On a une programma on qui est globale-
Parc nau que départe-
chaient un studio pour répéter. On a com- rock où les jeunes commencent à jouer vrai- ment assez grand public mais sur des esthé-
mental de l’Île de Mon-
mencé à venir répéter ici, avec un autre ment en formule groupe et à monter un ques qui peuvent être très variées. Au-delà
sieur, Sèvres
projet, puis j’ai rapidement pris part au dé- répertoire. À côté de ça on fait des concerts. de la tête d’affiche on a ce côté groupe en
veloppement de l’associa on. Au début il On va peut-être agrandir encore les murs train de percer qu’il faut prendre ceVe an-
www.lesaiguilleurs.fr
n’y avait que des bénévoles, et puis ça s’est pour pouvoir faire ça mieux ici. » née avant qu’il ne devienne trop cher. Il faut
www.sum-asso.com
www.ville-sevres.fr structuré au fur et à mesure. » donc suivre ce qui se fait, les groupes qui
LE FESTIVAL LES AIGUILLEURS commencent à émerger...
LA SUM « Ce fes val, au départ, on l’avait monté en
« Le principe de base, qui est toujours de centre-ville entre 2005 et 2009. Puis on l’a Après il y a la par e partenariat. Il faut né-
mise aujourd’hui, c’est la responsabilisa on relancé sur un nouveau site, au parc nau- gocier avec la mairie qui aide sur le
...

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ORGANISATION ÉVÉNEMENTIELLE
FESTIVAL DE MUSIQUE
ENTRETIEN

fes val, les dossiers de subven on auprès comme Dirty Zoo, un groupe fusion hip hop.
du département et trouver des partenaires The Psycho c Monks qui s’inscrit dans la
privés. tendance rock stoner et qui a été repéré par
plusieurs disposi fs régionaux.
Ensuite il y a des ou ls de communica on à Et puis il y a les groupes des studios SUM :
meVre en place, bosser avec un graphiste Jinx Fish Pool, qui est plutôt folk rock et Jool-
par exemple. Et puis communiquer à fond, sy.
c’est le plus important. À par r d’avril, on
commence déjà à communiquer pour que CeVe année, pe te nouveauté, on fait une
les gens bloquent la date, pour faire venir pe te scène vraiment locale à par r de 16
un maximum de monde et que ce soit sym- heures avec trois groupes (Overground
pa. » Prophet, Mind The Gap et Pomelos).
Juste après eux, on a un concerto pour gui-
LA PROGRAMMATION 2016 tare écrit par un de nos profs (Arthur Ber-
« CeVe année c’est Sinsemilia qui est à covitz). C’est un concerto avec trois pu-
l’honneur. Un des groupes pionniers de la pitres, un pupitre débutant, moyen et con-
scène reggae en France. On sait que c’est firmé pour que tous les guitaristes qui sou-
quelque chose d’assez fédérateur comme haitent jouer puissent s’inscrire. » ■
musique, dans le message notamment. On
espère que ça pourra ramener pas mal de
monde.

S’agissant des groupes en développement,


on a un projet comme La Dame Blanche.
C’est plutôt hip hop la no, assez fes f.
On finit en général par un ar ste dub ou dub
électro pour prendre des grosses basses et
finir le fes val en beauté ! CeVe année c’est
On Dub Ground. Retrouvez ceVe interview en
podcast sur radiosoee.com
Avant cela, on a des groupes franciliens,
...

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INGÉNIEUR DU SON
SONORISATION DE SPECTACLES VIVANTS (RÉGIES RETOUR ET FAÇADE)
ENTRETIEN

Radiosoee.com était partenaire de la 7ème En régie retour l’ingé-son est posi onné sur concert en live, régie retour et façade car je
édi on du tremplin Jeunes Talents Go West scène juste à l’entrée des coulisses — il est ne dispose que d’une console pour ceVe
organisé par le Service Musiques Actuelles en contact visuel avec les ar stes et même à salle.
de la ville de Boulogne-Billancourt. L’occa- portée de voix. C’est avec nous que passe la
sion de découvrir deux faceKes du mé er communica on entre le groupe et l’équipe Je suis arrivé dans ce mé er parce que j’ai
d’ingénieur de sonorisa on sur un concert technique. toujours été fasciné par la musique. J’ai fait
live : la régie retour et la régie façade. beaucoup de musique étant plus jeune — je
Sur un tremplin comme Go West, le défi est suis par deux ans en Australie où j’ai com-
Roland DE CAZOTTE de s’adapter à ce qu’on nous donne, mais il posé un album. De retour en France, j’ai
Ingénieur du son – régie retour n’y a rien d’insurmontable. Une fois les pre- ressen le besoin de compléter ma sensibili-
miers réglages micros effectués avec des té ar s que par une forma on plus tech-
LA RÉGIE RETOUR tests sur ma propre voix, j’arrive à meVre en nique. J’ai suivi les cours de l’EMC à Mala-
« Les musiciens qui place une configura on rela vement stable. koff (École supérieure des mé ers de
sont sur scène ont Il s’agit ensuite d’ajuster les niveaux et les l'image, du son et du web) pendant 3 ans.
besoin d’entendre fréquences en fonc on de ce que le groupe J’ai effectué de nombreux stages en studio
correctement ce envoi. Cela fait appel à des automa smes. et en live. J’étais en contrat pro en alter-
TREMPLIN GO WEST
qu’ils jouent et ce nance au Réservoir la dernière année.
28 et 29 mai 2016
que joue chacun Sur un tremplin qui voit défiler les groupes
des membres du sans essais ni répé ons, le défi réside Aujourd’hui, j’y suis salarié, à tre principal,
Auditorium de l’Espace
groupe. Le rôle de la moins dans la complexité des réglages que mais il m’arrive en plus de réaliser des mis-
Landowski
régie retour est de leur renvoyer un son dans la rapidité avec laquelle on va pouvoir sions ponctuelles comme ce week-end pour
correctement équilibré. les réaliser. » le tremplin Go West ou pour des groupes
WEB
Pour réaliser les premiers réglages, on rencontrés au Réservoir, qui ont aimé le
boulognebillancourt.com écoute tout simplement ce qui se passe sur PARCOURS travail que j’ai fait pour eux et qui souhai-
scène lorsqu’on parle dans le micro. On « Je suis aujourd’hui régisseur de la salle de tent que je les accompagne sur d’autres
s’écoute parler dans le retour, on analyse spectacle le Réservoir, à Paris. C’est un mé- concerts.
les fréquences sonores, et on apporte ce er mul -faceVes : je prends en charge les
qu’on appelle des correc ons afin de suppri- ar stes à par r du moment où ils sont pro- En live ce que j’aime, c’est pouvoir apporter
mer les fréquences gênantes. Dans un deu- grammés et jusqu’à la fin du concert. Je le côté ar s que de l’ingé-son, apporter une
xième temps on peut aussi travailler sur des m’occupe de savoir en amont ce dont ils ont paVe qui va correspondre à la couleur de
aspects plus ar s ques en jouant sur les besoin pour jouer, je les accueille et les aide son du groupe. »
effets de modula ons, les EQ (égaliseurs). à s’installer, et j’assure la sonorisa on du
...

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INGÉNIEUR DU SON
SONORISATION DE SPECTACLES VIVANTS (RÉGIES RETOUR ET FAÇADE)
ENTRETIEN

LE MÉTIER D’INGÉ-SON tant. Ce n’est qu’avec le temps, l’expérience et


« Sur le plan technique, l’ingénieur du son se doit d’abord de com- la pa ence, qu’on apprend à placer son oreille
prendre quel est le parcours du signal, comprendre comment fonc- non pas sur la musique ou sur un instrument,
onnent toute les machines, et en cas de panne pouvoir en iden - mais sur une plage de fréquence, ce qu’on
fier la cause. appelle le rela f fréquen el. » ■

↑ Enceintes retour de scène disposées


en cercle devant les musiciens

Le travail sur le son fait appel à plusieurs disciplines : l’électricité


(puisqu’on travaille sur des équipements électriques et que les
ondes sonores sont transformées en signaux électriques), mais aus- Régie retour
si l’acous que et les mathéma ques. Les problèmes acous ques se
résolvent avec les maths : le son, c’est des décibels qui se déplacent
à une certaine vitesse (340m/seconde). Le calcul du temps de ré-
verbéra on d’une pièce, d’un studio ou d’une salle de spectacles
Régie façade
par exemple — ce qu’on appelle le RT60 — ce n’est rien de plus
que des maths.

La première fois qu’on fait un mix, on ne sait pas du tout ce qu’on


fait, on est incapable de se concentrer sur ce qui est important.
Tout simplement parce qu’on ne sait pas encore ce qui est impor-

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INGÉNIEUR DU SON
SONORISATION DE SPECTACLES VIVANTS (RÉGIES RETOUR ET FAÇADE)
DANS LES COULISSES D’UN CONCERT LIVE
Le fonctionnement de la console (régie retour)
COULISSES

Roland de CazoKe : « La console de mixage peut être impres-


sionnante au premier abord au vu du nombre de boutons,
mais son fonc onnement est plutôt simple.
Il faut d’abord savoir que ce sont les mêmes boutons / les
mêmes fonc ons qui se répètent sur chaque tranche
(autrement dit sur chaque colonne que vous visualisez).

Une tranche se structure ainsi , de haut en bas :

L’entrée du micro
Une alimenta on fantôme (pour les micros sta ques qui
auraient besoin d’une alimenta on électrique)
La phase (inversion de phase) — qui permet, en fonc on
des besoins, d’inverser le sens de l’onde sonore — c’est une ↑ Façade arrière de la console de mixage (régie retour)
fonc on très technique.
Le gain — c’est le bouton le plus important, il permet de
contrôler la puissance électrique qu’on envoie au micro
Les égaliseurs (EQ) ou correcteurs de tonalité — ceVe série Boutons de contrôle (gain et EQ) ↓
de boutons permet de régler le niveau des aigus et des
graves
Les envois — une console de mixage offre la possibilité de
créer plusieurs circuits retours pour les musiciens, qui sont
envoyés par ce qu’on appelle des bus auxiliaires. Cela me
permet par exemple de choisir d’envoyer sur le bus auxiliaire
n°1 la voix du chanteur, vers l’enceinte de retour du guita-
riste.
La fonc on mute permet tout simplement de couper le son
En bas de la console se trouve le contrôle du volume géné-
ral de la tranche (qu’on appelle aussi le fader) » ■

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INGÉNIEUR DU SON
SONORISATION DE SPECTACLES VIVANTS (RÉGIES RETOUR ET FAÇADE)
ENTRETIEN

Jean-Louis NORSCQ voix n’est pas bien percep ble, ça retombe PARCOURS
Ingénieur du son – régie façade sur l’ingé-son. Un peu comme au foot, où ça « J’exerce plein de mé ers qui gravitent
retombe toujours sur l’arbitre ! Pourtant autour de la construc on sonore : je suis
LA RÉGIE parfois, l’ingé-son n’y peut rien parce que ça musicien et ingénieur du son.
FAÇADE ne dépend pas de la salle ou des équipe- J’écris et produis de la musique pour moi, je
« Sur le tremplin, ments, ça dépend de la façon dont joue le travaille avec un meVeur en scène depuis
je mixe le son groupe. une quinzaine d’années pour qui je com-
pour la salle. On pose de la musique de spectacle, je fais de
aVend de moi de Le premier jour du tremplin je fais toujours l’illustra on musicale, j’ai aussi fait de l’ha-
la réac vité et une balance avec le premier groupe qui doit billage musical (pour des radios comme le
c’est beaucoup passer, pendant près d’une demi-heure et Mouv’ par exemple)…
de pression. après je suis sensé simplement m’adapter J’enregistre et je mixe en studio depuis 30
© Foto Sifichi

en fonc on des groupes suivants. Mais ans et mon ac vité principale aujourd’hui
La difficulté de quand arrive un groupe qui joue bien et qui est le mastering — c’est-à-dire la dernière
l’exercice est de a l’habitude de répéter ensemble, je me étape dans le traitement du son avant la
n’avoir aucun retrouve avec des instruments qui sortent fabrica on d’un disque.
temps de ba- hyper fort et tout ce que j’ai balancé, et
lance. Les groupes assurent une presta on bien, je le tue : j’arrête de sonoriser la baVe- Il m’arrive aussi plus occasionnellement
de 15 minutes puis nous avons 3 minutes rie, la guitare, il ne reste plus que la voix d’être ingénieur du son en live, comme c’est
pour changer le plateau et installer le dans la sono. Je ne peux pas combaVre. Il le cas donc sur ce tremplin. Je le fais généra-
groupe suivant — juste le temps pour le jury suffit que le chanteur ne chante pas fort et lement parce que j’aime bien le groupe ou
de donner son avis sur le groupe qui vient je suis mort. le projet, ou parce que j’y suis amené par
de passer. Alors le défi est le suivant : dans Sur une forma on simple — voix, guitare et quelqu’un de mon réseau (en l’occurrence
les 30 premières secondes de jeu, le son boîte à rythme par exemple il n’y a aucune c’est Marie-Pierre Bonniol, créatrice du fes-
doit être écoutable, et au bout d’une mi- raison de ne pas arriver à mixer correcte- val BBmix qui m’a fait venir sur Go West.
nute, il faut qu’il soit à peu près bien… ment le son, mais si le chanteur alterne des C’est une amie et quelqu’un avec qui je col-
passages hyper puissants et des passages labore régulièrement).
Le plus difficile est sans doute de travailler très bas ou se met à chanter à côté du micro
sur l’équilibre entre la voix et la musique. je ne peux pas suivre. Je suis dans une im- À travers mes différentes ac vités, ce qui
Un ingé-son qui mixe en live a une posi on passe, si je pousse, je suis en larsen pendant me parait intéressant c’est de pouvoir ap-
d’arbitre : il choisit de meVre en avant la les passages forts. A ce stade je ne peux plus porter mes compétences techniques mais
voix ou tel ou tel instrument. Et quand la rien… » aussi ar s ques. Je passe mon temps
...

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INGÉNIEUR DU SON
SONORISATION DE SPECTACLES VIVANTS (RÉGIES RETOUR ET FAÇADE)
ENTRETIEN

à sauter ceVe barrière entre les deux fa- ment survivre là-dedans, mais d’apprendre
ceVes du mé er. les choses par chapitre méthodiquement,
cela fixe à mon avis des cloisons. Le risque
FORMATION À L’ANCIENNE est de standardiser les choses. On apprend
« J’ai passé mon bac, mais j’étais l’archétype le son anglais, le son américain et on reste à
du glandeur de 20 balais qui voulait juste ce qu’on sait faire. Heureusement les gens
faire de la musique, et à un moment le ha- qui ont du talent explosent les barrières et
sard a fait que j’ai abordé cela profession- les cloisons. »
nellement et que 30 ans plus tard j’y suis
toujours. Mais je ne crois pas que cela soit LES QUALITÉS DE L’INGÉ-SON EN CON-
possible aujourd’hui. J’ai appris la musique CERT LIVE
sur le tas, comme on le faisait avant, je me « Au fil du temps, de mon expérience, la
sentais musicien, je me suis jeté dedans, je seule qualité vraiment fondamentale, c’est
me suis intéressé à la technique et j’ai ap- l’écoute : la compréhension de ce que cher-
pris les choses comme ça. chent les ar stes. Il faut essayer de capter
ce que les musiciens essayent de faire, cap-
Aujourd’hui on fait des écoles pour être soit ter le niveau technique qu’ils ont et essayer
ar ste, soit ingénieur du son, alors que ce de les servir, faire de son mieux pour qu’on
sont des mondes qui sont ouverts. On n’ap- comprenne la voix. Je ne parle d’écouter la
prend pas à être les deux. Quand j’accueille musique ou les instruments, mais d’écouter
des ingé-sons qui suivent les groupes, ça me les ar stes. C’est une approche différente. ↑ Régies vidéo , lumière et son
permet de voir comment travaillent les installées à mi-hauteur dans les gradins de l’auditorium
jeunes qui débutent dans ce monde. J’avoue Les jeunes qui sortent de forma on ont les
qu’ils sont plus forts que moi en technique yeux rivés sur les niveaux, ou se raccrochent
et sur la théorie, mais je trouve qu’ils sont parfois à des applis sur leurs tableVes qui
cadrés dans un certain sens. Ils ont une permeVent de faire tout un tas de chose,
sorte de sensibilité à l’efficacité, à la perfor- mais vous pouvez avoir tous les ou ls que
mance. Les musiciens ou ingé-sons sont vous voulez, ils ne vous permeVront pas
dans l’efficacité à tout prix, il y a quelque de d’écouter vraiment, de comprendre qu’un
chose de formel, au détriment du fond. Pour musicien bouffe l’autre et de savoir pour- Direc on de la Culture de Boulogne-Billancourt, Ser-
moi c’est un mé er passionnel dans lequel quoi. Écoute et réac vité : c’est l’essen el vice Musiques Actuelles : Carré Bellefeuille, 60 rue de
tu te jeVes. Si la sauce prend tu vois com- car cela englobe tout ! » ■ la Belle-Feuille.

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PLASTICIENNE
ARTISTE
ENTRETIEN

Ingénieure et ar ste, Milène Guermont peau. Nous avons mis au point un certain auberges du Moyen-Âge, Qui dort dîne, pour
donne de la voix au béton, transformant ce nombre de technologies pour que le béton inviter le visiteur, le client, à s’aVabler pour
matériau en œuvres sensibles et animées. soit sensible et qu’il réagisse en fonc on de souper. Mais aussi, paradoxalement, un
vous, de votre champ magné que. L’idée sens presque opposé aujourd’hui, où l’on
PARCOURS était de créer un rapport unique entre vous invite les gens à dormir quand ils ont trop
et l’œuvre comme entre deux êtres. » faim.
« J’ai toujours voulu créer et il m’a semblé
essen el de bien connaître les matériaux et LA POLYSÉMIE DE DORS-DÎNE Citrouille qui évoque la mort dans notre
les procédés pour concré ser mes idées.
© DR

« L’idée de Dors-Dîne, ceVe pe te citrouille culture occidentale avec Halloween, mais


Donc, j’ai fait maths sup et une école d’ingé-
grise en béton, c’est d’abord l’évoca on de qui est néanmoins vivante ici. »
nieur entre la France et les États-Unis puis
Milène GUERMONT une école d’art, les Arts Déco Paris, afin ce dicton que l’on u lisait dans certaines
Ar ste plas cienne d’avoir toutes les clés — en tout cas un cer- ...
tain nombre d’ou ls — pour pouvoir créer
et aller jusqu’au bout de mes idées. »
CURSUS
École Na onale Supé- LA SYNESTHÉSIE Si vous la caressez
rieure des Arts Décora fs « Un jour, j’ai touché un mur banal en béton délicatement, elle se
de Paris meKra à ronfler gen ment.
et j’ai eu l’impression d’être au bord de la
Si vous la touchez
Ingénieur, matériaux mer. Depuis que je suis enfant je suis synes- brutalement,
et procédés, Ins tut Na- thète, j’ai une grande mémoire par le tou- elle se meKra à crier...
onal Polytechnique cher. J’étais à Genève mais j’avais l’impres-
sion d’être à la mer. C’était tellement fort
WEB que je suis revenue à Paris et j’ai fait une
table qui, quand on l’effleure, fait le bruit de
mileneguermont.com
la mer. »

BÉTON ET INTERACTION
« J’u lise des bétons fibreux ultra-haute
performance dix fois plus solides qu’un bé-
ton classique avec une grande qualité de Dors-Dîne au Musée Passager — 2016
© DR

Photo © Milène Guermont

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PLASTICIENNE
ARTISTE
ENTRETIEN

TOUCHEZ SVP CRISTAL A


« Réalisant des œuvres depuis plusieurs « L'autre œuvre en Béton Polysensoriel exposée en
années, déjà interac ves, en béton poly- ce moment, s'appelle CRISTAL A. Elle a bénéficié de
sensoriel, je me suis aperçue que parfois, plusieurs sou ens, autant du CNC (avec le DI-
invitant le public à toucher l’œuvre, cer- CRéAM) que de la SCAM. Elle a été installée dans
taines personnes voyant que s’était du bé- son hôtel par culier, référencée dans le best of de
ton, commençaient à la taper — ce que je la SCAM alors que c'est une œuvre en béton !
n’apprécie pas forcément. D’où l’envie de
faire ceVe citrouille qui, quand on l’effleure Il s’agit ici aussi d’une
doucement dit encore ou ronfle, et si vous œuvre sensible, poly-
venez trop brutalement elle se met à hur- sensorielle, sonore. Sa
ler ! » zone sensible se dé-
place dans le béton.
LE SON COMME SYMBOLE DE L’ÉMOTION Vous êtes vraiment
« Le son comme symbole de l’émo on ? invité(e) à l'effleurer
C’est vrai qu’il en est souvent une manifes- partout et selon votre
ta on. Un symbole, je n’oserais pas le champ magné que,
dire. » quand vous allez être
en contact avec ceVe ↑ Exposi on d’art contemporain i nérante
LE BÉTON VIVANT zone sensible, l’œuvre imaginée par la Région Île-de-France, Le Mu-
© DR

va émeVre un son. sée Passager a fait étape à Boulogne-


« C’est souvent le cas dans mes œuvres :
j’essaie de rendre le béton vivant. On disait Billancourt du 28 mai au 21 juin 2016.
Cristal A à la SCAM Ce son est issu d’enre- www.iledefrance.fr
d’Auguste Perret qu’il faisait chanter le bé- Photo © Milène Guermont gistrements urbains
ton, lui c’était par la lumière, c’est vrai que
pris six mois plus tôt.
moi c’est très liVéralement par le son. Ça
À chaque fois que l’œuvre se déplace, on enre-
c’est une première chose, et comme je
gistre des sons liés à l’environnement. C’est
l’évoquais à travers ma synesthésie, un des
comme nous, quand on voyage, on s’imprègne de
objec fs est de donner vie au béton — et le
notre univers. De la même manière ceVe pièce Retrouvez ceVe interview en
son, la lumière ou les vibra ons peuvent en
enregistre des bribes de son environnement. » ■ podcast sur radiosoee.com
être une expression. »

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LES PROFESSIONNELS DU SON
ACOUSTIQUE
/ RECHERCHE
/ HIGH-TECH

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ACOUSTICIEN
BUREAU D’EXPERTISE ET D’ÉTUDES
ENTRETIEN

En tant que gérant du bureau d’études fique d’acous cien. Aujourd’hui il existe 3 nique, complétée par un Master 1 électroa-
Synacous que, Didier Blanchard assure ou 4 grandes forma ons dont notamment cous que et acous que environnementale
l’interface client et la ges on des projets — celle de l’université du Maine Le Mans qui de l’IUT d’Angoulême.
en qualité d’acous cien, il intervient pour propose des Masters 1 et 2 et une spéciali-
définir l’orienta on des projets et donner les sa on d’un an sur le design sonore. C’est ce Frédéric Fradet – Acous cien / designer
logiques de réponses tel que pourrait le faire que je pourrais recommander le plus. On sonore. Il intervient sur la scénographie et
un directeur ar s que. recrute aujourd’hui des ingénieurs diplômés l’audio. Forma ons : DEA Ambiances Archi-
qui viennent de ces écoles. » tecturales et Urbaines (École polytechnique
de Nantes) et un DEUST Vibra ons et Acous-
© DR

LE MÉTIER
COMPÉTENCES ET FORMATIONS que à l’Université du Maine Le Mans.
Didier Blanchard : « Mon mé er est global
— je suis un concepteur d’environnement Au sein de Synacous que, Didier Blanchard
Didier BLANCHARD sonore. Je n’ai pas une forma on scien - est entouré de 4 professionnels aux compé- L’ACCÈS AU MÉTIER
Gérant / Acous cien fique mais une forma on ar s que, j’ai fait tences spécifiques : « Le recrutement se fait par tous les moyens
(gy?@FDdgf>zdG) les Beaux-Arts de Bordeaux. classiques (candidatures spontanées, ré-
Anne Balaÿ — Acous cienne SIG seau, recrutement d’anciens stagiaires...)
Cela a été possible pour moi car je me posi- Architecte DPLG de forma on, spécialisée mais il existe surtout un site ressources de
CURSUS dans l’acous que environnementale, Anne
onne comme un concepteur lumière par référence : le Centre d’Informa on et de
Beaux-Arts de Bordeaux rapport à un ingénieur en électricité : pour Balaÿ travaille notamment sur la modélisa- Documenta on sur le Bruit (CIDB)
meVre en lumière une ville on fait d’abord on 3D et la cartographie SIG des environ- www.bruit.fr — avec une rubrique
appel à un éclairagiste qui vient des arts nements sonores. « emploi ».
WEB
plas que et non à un ingénieur électrique Le secteur connait une forte progression, en
www.synacous que.com qui vient du monde de l’ingénierie. Les deux MaVhieu Moulin— Ingénieur chargé de
www.didierblanchard.fr projet en acous que. Il est spécialisé en raison des exigences de cer fica on, mais
travaillent sur le même sujet mais les deux aussi beaucoup grâce à la sensibilisa on de
donnent des réponses différentes. C’est la acous que des bâ ments. Forma on : Mas-
ter 2 à l’Université du Maine Le Mans la popula on sur les ques ons de qualité
même chose en acous que : je définis les sonore.
orienta ons des projets et poursuis en bi- (Acous que des Transports, de la Ville et de
nôme avec un responsable de projet, qui lui, l'Environnement).
Un acous cien peut travailler en bureau
travaille sur la par e technique. d’études, dans un bureau de contrôle, ou
Antoine Chantoury — Responsable mé-
trologie. Il réalise sur le terrain l’ensemble encore dans un département spécialisé
Je fais par e des anciens. Quand j’ai com- d’une grande entreprise comme la RATP par
mencé il n’y avait pas de forma on spéci- des mesures. Forma ons : BTS électrotech-
exemple.
...

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ACOUSTICIEN
BUREAU D’EXPERTISE ET D’ÉTUDES
ENTRETIEN

La spécialisa on est un avantage pour être


recruté, le profil est plus recherché que celui
d’un généraliste, mais j’aimerai insister sur
le fait que si l’on choisit une spécialité, il est AMÉNAGEMENT D’UN ÉCO QUARTIER
difficile d’en changer par la suite : si on se
spécialise il faut vraiment aimer ce que l’on
Didier Blanchard : « Dans le cas du chan er Isséane, la prouesse a
fait. » ■
été de faire qu'un chan er qui dure 4 ans, 24/24h, avec 850 com-
pagnons sur place, soit fur f, c’est-à-dire n'impactant pas le voisi-
nage en termes de bruit.
L’ACTIVITÉ D’UN BUREAU D’ÉTUDES ACOUS-
Dans le cas du Parc des Alisiers à Antony (92), il s’agissait de don-
TIQUES couvre 4 grands secteurs : ner vie à un nouvel espace par sa qualité sonore : transformer
une zone de bruit invivable (avec le bruit de l’autoroute et du
l’acous que environnementale train) en zone de qualité.
(ges on d’un chan er — intégra on d’une Notre travail a été de concevoir un environnement sonore à tra-
route, aménagement d’un éco-quar er...) vers la volumétrie du parc. On a travaillé à diminuer le niveau
sonore mais aussi et surtout à le qualifier, de sorte que même
lorsqu’on entend le bruit de la route, par le filtrage de fré-
l’acous que du bâ ment quences, on puisse avoir une sensa on harmonieuse et esthé-
(qualités acous ques extérieures et inté- que. Avec des volumes différenciés, le son de l’autoroute A86
rieures d’un bâ , d’un logement, d’une école, totalement homogène à l’origine devient totalement variable par
de bureaux, d’un auditorium...) son intensité et sa fréquence, et ce, par le simple jeu de la volu-
métrie.

l’acous que industrielle (fonc onnement Sur ce type de projets, nous travaillons en amont avec le paysa-
giste qui va faire siennes nos recommanda ons pour créer un
d’une usine) paysage. Nous créons un fichier 3D du site et transmeVons nos
recommanda ons sur les varia ons volumétriques nécessaires,
les système audio / la muséographique & les différentes hauteurs, les degrés d’inclinaison de pentes, les
hauteurs de merlons, le niveau des masques sonores, avec une
↑ Modélisa on des niveaux de bruit lors de
scénographie l’aménagement d’un éco-quar er.
présence d’eau, de feuillus etc. C’est un travail de collabora on. »
Illustra ons © Ville d’Antony / Synacous que

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ACOUSTICIEN
BUREAU D’EXPERTISE ET D’ÉTUDES
ARTICLE

ACOUSTIQUE ENVIRONNEMENTALE Un capteur de bruit installé au niveau de la


passerelle d'accès au chan er mesurait en
OBSERVATOIRE DE BRUIT
con nu le niveau sonore du chan er 24/24h
(TÉLÉSURVEILLANCE ACOUSTIQUE DES BRUITS
DE CHANTIER) et 7/7j. Les résultats traités en direct par le
bureau d’études permeVait l’établissement
d’un tableau de bord accessible aux rive-
Le bureau d’exper se isséen Synacous que
rains qui pouvaient ainsi consulter les ni-
s’est vu confier entre 2003 et 2007 la mission
veaux sonores moyens journaliers, hebdo-
de surveillance du bruit du chan er de la cons-
madaires et mensuels pour les périodes
truc on de l’usine de traitement de déchets
diurnes et nocturnes.
Isséane.
Sources — www.synacous que.com ;
Mission : Observatoire de bruit et cartographie www.syctom-paris.fr ; Le Moniteur, 3 fév. 2006
sonore du chan er ↑ Mesure con nue du bruit de chan er
Lieu : Issy Les Moulineaux, 47-103 quai du Pré-
sident Roosevelt - www.syctom-paris.fr
Durée du chan er : 4 ans
Surface : 70 000 m²
Ouvriers mobilisés : 850

Le travail du bureau d’études a d’abord consis-


té en une modélisa on acous que du chan er
en iden fiant et en caractérisant le niveau
sonore de toutes les sources de bruits, fixes ou
mobiles. CeVe modélisa on et ce suivi en

© www.syctom-paris.fr
temps réel devaient aider les responsables de
chan er à respecter la charte de qualité envi-
ronnementale définie par le Maître d’ouvrage
(mise en place des scénarios de chan er les
plus acceptables, défini on des plages ho-
raires d’interven on des engins de chan er les
plus bruyants...).

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ARTICLE L’ACOUSTIQUE

Défini on : « L’ACOUSTIQUE est la


science des sons — le mot, qui vient du
verbe grec écouter, inclut donc non seu-
lement les aspects physiques du son,
mais aussi ses aspects percep fs.

C’est Joseph Sauveur qui l’introduisit en


1700. Pour qu’un son soit entendu, il
doit se propager dans l’air, et être dans
une certaine gamme de fréquences, dite
gamme audible (20 à 20 000 Hz). Pour-
tant l’acous que est aujourd’hui la
science des sons dans tous les milieux
(gaz, liquides, solides) et à toute fré-
quence, ce qui inclut les infrasons et les
ultrasons. Dans les solides, le terme
onde élas que est en général préféré à
onde acous que.

L’acous que est une science, mais c’est


L’acous que est présente dans l’ensemble des ac vités (sonars et sondeurs acous ques). aussi une pra que. L’insonorisa on d’un
humaines et notamment dans l’industrie, la santé, la mu- bâ ment, la construc on d’une salle de
sique et les sciences. Les applica ons ne manquent pas dans le secteur de la SANTÉ concert, la prise de son, la sonorisa on
à travers l’imagerie et les thérapies (ultrasons) et la médecine d’un concert, l’audioprothèse ou l’écho-
Ses principales applica ons se retrouvent dans l’INDUSTRIE de l’audi on. L’acous que est enfin naturellement présente graphie médicale, l’écoute des bruits
à travers les secteurs du bâ ment (isola on acous que), dans l’INDUSTRIE DU SPECTACLE et de la reproduc on sonore, sous-marins sont des pra ques, u lisant
des télécommunica ons (traitement des signaux), des la musique et les instruments. de près ou de loin les connaissances
transports automobiles, ferroviaires, aéronau ques et scien fiques. »
mari mes (améliora on du confort et des performances, Les acous ciens travaillent notamment dans l’enseignement et
réduc on des nuisances), mais aussi dans les SCIENCES la recherche, les sociétés d’ingénierie et de services industriels, — Extrait du livre blanc de l’acous que
DE LA TERRE que sont l’océanographie et la géophysique les bureaux d’études. en France, SFA, 2010, www.sfa.asso.fr

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CHARGÉ DE RECHERCHE & DÉVELOPPEMENT
PERCEPTION ET DESIGN SONORES / PROJET DE SONORISATION DU MODÈLE ZOÉ DE RENAULT
ENTRETIEN

Pour sonoriser son véhicule électrique Zoé, PARCOURS tant, pour moi et pour l’ins tu on. J’ai donc
Renault a fait appel à l’équipe Percep on et « J’ai une forma on ini ale d’ingénieur, passé récemment un doctorat en VAE, après
Design Sonores de l’IRCAM. dans une école Na onale Supérieure qui quinze années de travail, sur un thème qui
Un projet d’étude de 3 ans mené entre 2009 s’appelle Supméca, qui était plutôt généra- rassemblait toutes mes expériences profes-
et 2012 devant permeKre de répondre à une liste à tendance mécanique, et qui proposait sionnelles et mes travaux de recherche
ques on inédite mais fondamentale en des modules incluant la vibra on, la vibro- (percep on, reproduc on et synthèse des
terme de sécurité rou ère, notamment pour acous que et l’acous que. J’ai ensuite inté- sons musicaux et environnementaux). Cela a
les piétons : comment faire émerger un véhi- gré le DEA d’acous que du Mans. Dans les pris la forme d’une thèse sur ar cles. »
cule silencieux dans le bruit de fond d’un années 80-90, lorsqu’on voulait faire de
© DR

paysage urbain ? l’acous que en France, il y avait quelques PERCEPTION ET DESIGN SONORES
DEA à Marseille et à Paris notamment, mais « J’ai accompagné la créa on de l’équipe
L’IRCAM celui du Mans était celui qui avait la meil-
Nicolas MISDARIIS Percep on et Design Sonores, avec son res-
Chargé de Recherche & « L’IRCAM (Ins tut de Recherche et Coordi- leure réputa on et l’historique le plus im- ponsable actuel, Patrick Susini. Elle est née
Développement — na on Acous que/Musique), fondé par portant puisque c’est le premier à avoir été au début des années 2000 de la fusion de
Équipe Percep on et De- Pierre Boulez en 1977 et installé à côté du créé. deux anciennes équipes : la première consa-
sign Sonores (IRCAM) Centre Pompidou (Paris), a trois missions : la crée à la percep on et cogni on musicale
créa on, la recherche, et la transmission (la J’ai intégré l’IRCAM à la faveur d’un stage, dirigée par un chercheur de renom, Steve
CURSUS pédagogie). C’est un lieu de rencontre entre dans l’équipe de recherche analyse- McAdams, et la deuxième, dédiée au design
Diplôme d'ingénieur l’art et la science. Notre leitmo v est d’ar - synthèse qui travaille sur les ques ons de sonore, dirigée également par une person-
(SUPMECA — Ins tut culer des projets de créa on musicale ou traitement du signal et de synthèse sonore. nalité de renom dans le domaine du design
Supérieur de Mécanique sonore avec les connaissances scien fiques. J’ai par cipé ensuite à plusieurs projets au sonore et de la composi on musicale, Louis
de Paris) sein des différentes équipes du départe- Dandrel.
DEA d'Acous que Appli- ment (acous que instrumentale, acous que
Le département de recherche Sciences et L’orienta on de notre équipe aujourd’hui
quée (Université du des salles, percep on sonore…), ce qui m’a
Technologies de la Musique et du Son est d’acquérir et développer des connais-
Maine) permis de diversifier mes connaissances et
(STMS), cons tué en UMR du CNRS, compte sances dans le domaine de la percep on
Doctorat en Acous que pérenniser mon statut au sein de l’IRCAM.
une dizaine d’équipes qui travaillent sur des sonore, de la psycho-acous que, de la co-
WEB théma ques allant de l’acous que instru- gni on sonore, pour les appliquer à des cas
mentale jusqu’à la musicologie, en passant Le fait de passer ainsi de projet et en projet
pds.ircam.fr de figures liés au design sonore. »
par l’analyse et synthèse des sons, l’acous- fait que je n’ai pas eu l’opportunité, à la
que des salles, la percep on et le design sor e du DEA, de con nuer en thèse, mais
sonores. » c’est quelque chose qui est apparu impor-
...

www.radiosoee.com / Guide des mé ers du son 85


CHARGÉ DE RECHERCHE & DÉVELOPPEMENT
PERCEPTION ET DESIGN SONORES / PROJET DE SONORISATION DU MODÈLE ZOÉ DE RENAULT
ENTRETIEN

DESIGN SONORE tâche visuelle principale de surveillance de Il a été associé au projet dès le début. Dans
« Le design sonore concerne des applica- la route. Ceci a évidemment un impact posi- ceVe approche d’associa on compositeur-
ons très variées : f en terme de sécurité. Cela a donné lieu à scien fique on ne considère pas le composi-
la publica on d’une étude dirigée par Julien teur comme un prestataire, il est présent
les objets manufacturés — on peut tra- Tardieu et Pascal Gaillard, en collabora on dès la phase d’analyse des probléma ques,
vailler le son d’un objet pour le rendre plus avec Renault et l’Université de Toulouse. » jusqu’à la phase de rendu. Cela est riche
esthé que, plus fonc onnel, ou encore ai- pour les deux par es.
der l’u lisateur à mieux comprendre com- LE PROJET DE SONORISATION DU VÉHI-
ment il fonc onne ou comment on le mani- CULE ÉLECTRIQUE ZOÉ DE RENAULT Pour sonoriser le modèle Zoé, nous aurions
pule. Les vertus sont très diverses. Nous pu, a minima, enregistrer un moteur ther-
« Ce projet répondait à une sollicita on de
travaillons beaucoup avec l’industrie auto- mique et le reproduire (bien que ce ne soit
Renault, mais s’inscrivait de notre côté dans
mobile qui est l’une des premières à s’être pas si simple que cela — l’architecture est
un cadre de recherche — notre équipe n’est
intéressée à la fonc on du design sonore complexe car dynamique ; il faut s’adapter à
pas une agence de design sonore, nous veil-
pour ajouter de l’iden té, de la fonc onnali- l’allure du véhicule). Mais au-delà de ça,
lons donc à toujours associer une compo-
té, de l’esthé que. Récemment nous avons cela ne correspondait simplement pas du
sante recherche dans notre travail.
aussi travaillé pour l’industrie horlogère afin tout au cahier des charges.
de développer des fonc ons nouvelles sur Lorsqu’un projet nous est présenté on com-
des montres ; mence par définir le cadre scien fique, Au début du projet, les réunions de briefing
technologique et méthodologique puis on ont fait émerger ce qui prévalait à la con-
les espaces publics — nous avons travaillé prend soin d’associer dans la phase de con- cep on du véhicule et les grandes valeurs
par exemple avec la SNCF pour traiter des cep on/créa on, des collaborateurs issus de la marque incarnée par ce véhicule. Il
probléma ques de naviga on dans la Gare du monde ar s que (un compositeur ou un s’avère qu’u liser un son thermique pour la
Montparnasse, dans le cadre du travail de designer sonore). C’est une méthodologie plaquer sur la Zoé ne rentrait pas dans la
thèse de Julien Tardieu ; propre à l’IRCAM qui ent à sa rela on par- défini on du cahier des charges design et
culière avec le monde de l’art. iden taire : Zoé devait être la première re-
les interfaces numériques — on sait au- présentante d’une gamme de véhicules
jourd’hui que le son peut faciliter l’interface Pour Zoé, nous avons fait appel à Andrea marquant une sorte de rupture dans le dis-
homme-machine (IHM). Par exemple, le fait Cera, un compositeur classique issu du cur- cours de la marque Renault. Tout cet envi-
d’ajouter du son sur les menus des équipe- sus de composi on de l’IRCAM, dont la cu- ronnement-là : iden taire, esthé que, de-
ments d’un véhicule (tableau de bord, GPS, riosité et l’ouverture d’esprit l’ont amené au sign était à réinterpréter au niveau du son.
autoradio...) permet de naviguer à l’oreille, fil du temps à s’intéresser aux probléma-
et donc de faciliter la concentra on sur la ques de créa on industrielle et appliquée. Nous avons travaillé avec un comité
...

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CHARGÉ DE RECHERCHE & DÉVELOPPEMENT
PERCEPTION ET DESIGN SONORES / PROJET DE SONORISATION DU MODÈLE ZOÉ DE RENAULT
ENTRETIEN

de travail restreint tout au long du projet, La compétence scien fique pour les phases ACCÈS AU MÉTIER
composé chez Renault de membres du dé- d’analyse du problème — il s’agit de formu- « Me concernant, j’ai une double casqueVe
partement Produit (qui avait en charge le ler des ques ons scien fiques comme par d’acous cien (forma on ini ale) et de cher-
projet Zoé de façon globale), du départe- exemple : Comment faire émerger un objet cheur en design sonore. On accède aux thé-
ment acous que (interlocuteur technique sonore dans un bruit de fond urbain ?, puis ma ques sur lesquelles je travaille via diffé-
pour la mise en œuvre du son et des tech- commencer à fournir les éléments d’ana- rentes filières — un master scien fique
nologies embarquées), et du département lyse, analyser le bruit dans lequel est noyé d’acous que (le master ATIAM par exemple
Presta ons Client (qui relayait les aVentes l’objet sonore, comprendre le contenu spec- hébergé à l’IRCAM traite des probléma-
des clients). tral et temporel de ce bruit de fond, extraire ques de traitement du signal, de psycho-
les paramètres du son qui facilitent ceVe acous que, et de composi on), ou une for-
Le résultat est une déclinaison de 3 capacité d’émergence etc. L’objec f étant ma on moins scien fique, plus ar s que
Écoutez les 3 versions versions (Pure, Glam et Sport). au final de livrer des clés au compositeur orientée vers le design sonore (le master du
de sonorisa on sur la pour avancer dans sa créa on.
rubrique podcasts de Mans par exemple, ou le master de Saint-
La ques on s’était posée de savoir É enne qui forme des réalisateurs en infor-
radiosoee.com si le son devait être unique ou per- La compétence technologique s’opère plus ma que musicale). Ce sont deux manières
sonnalisable à volonté (comme on dans la phase de créa on — je me place d’approcher un même problème. »
peut personnaliser une sonnerie de télé- dans une posi on d’assistant du composi-
phone). C’est une solu on intermédiaire qui teur en l’aidant à maîtriser les ou ls de syn- LES QUALITÉS DU CHERCHEUR
a été retenue. L’u lisateur peut choisir par- thèse qui nécessitent des compétences plus
mi trois versions en fonc on de son goût ou techniques. Il s’agit en fait de transposer ici « Je meVrai peut-être en premier la curiosi-
de l’humeur. La sonorisa on peut être dé- au design sonore industriel, le travail que té et la créa vité parce que dans tous les
sac vée par l’u lisateur ponctuellement, peut faire au sein de l’IRCAM, le réalisateur cas on a besoin d’être inven f. Il faut bien
mais elle est réac vée à chaque redémar- en informa que musicale (RIM) qui consiste sûr être rigoureux, savoir mener un projet
rage de la voiture pour des raisons de sécu- à assister le compositeur dans sa phase de de A à Z, (c’est le côté pra que) — mais la
rité. créa on (d’une pièce ou d’un opéra par curiosité est primordiale en ce qu’elle per-
exemple). met de pousser toujours plus loin les ques-
MÉTIER ons scien fiques ou ar s ques, rechercher
J’ai aussi une fonc on d’écoute cri que. de nouveaux sujets d’étude. Cela amène à
« Sur un projet comme celui-là, j’apporte l’expérimenta on, à l’essai, au prototypage
des compétences de deux ordres : scien - Tout au long de projet, je peux donner mon
avis et des indica ons sur le travail de com- etc.
fiques et technologiques.
posi on en cours de réalisa on. »
...

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CHARGÉ DE RECHERCHE & DÉVELOPPEMENT
PERCEPTION ET DESIGN SONORES / PROJET DE SONORISATION DU MODÈLE ZOÉ DE RENAULT
ENTRETIEN

Comme tout scien fique j’ai publié de nom-


« L’équipe Percep on et Design Sonores est composée de cinq chercheurs permanents — trois chercheurs
breux ar cles. Aujourd’hui la publica on est
de l’IRCAM : Patrick Susini (responsable), Nicolas Misdariis (co-responsable), et Olivier Houix (chercheur, et
l’une des compétences et ac vités du cher-
enseignant dans le master de design sonore du Mans (Éc. Sup des Beaux-Arts du Mans) que l’IRCAM a con-
cheur. Il peut y avoir un effet pernicieux
tribué à faire naître et monter) — un chercheur du CNRS, Jean-Julien Aucouturier (qui travaille sur les
dans la course à la publica on et aux indices
ques ons de neurosciences et la rela on entre sons et émo ons) — et Mondher Ayari (chercheur et enseignant raVaché à
de bibliométrie et d’impact factor — il faut
l’université de Strasbourg, orienté sur les sciences humaines, la musicologie, et la percep on de la musique).
réussir à être publié dans les revues les
mieux cotées pour augmenter sa réputa on
En fonc on des projets, nous intégrons aussi sur des contrats à durée déterminée, d’autres chercheurs comme Guillaume
et sa visibilité. Mais quoi qu’il en soit, la
Lemaitre, Michaël Vannier…, et bien sûr des étudiants en master ou doctorat.
publica on scien fique a toujours existé et
Actuellement nous accueillons en outre un compositeur en résidence, Tae Hong Park, pour travailler sur les probléma ques
con nue à être indispensable pour partager
du son dans la ville. »
le résultat de ses travaux. Cet exercice fait
appel à des qualités rédac onnelles et de
synthèse (il y a des formats imposés par
exemple).

Une des missions du scien fique est de


s’ouvrir vers la société et de faire com-
prendre ce qu’il fait. En fonc on de la cible,
on doit pouvoir adapter son discours pour le
partager par exemple sur des revues spécia-
lisées mais qui restent rela vement grand
public, comme Acous que et techniques, ou
Echo Bruit.

Enfin, il est évident aujourd’hui que la publi-


↑ Le moteur de synthèse sonore est piloté par des
ca on (de même que la lecture des ar cles
données de sor e du véhicule (notamment la
des autres chercheurs) se fait en anglais,
vitesse), qui sont transformées en variable de
c’est un pré-requis indispensable. » ■
gain (niveau de lecture) et de hauteur (vitesse de
lecture) pour le synthé seur. © IRCAM
Renault, Boulogne-Billancourt
www.renault.fr

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L’ACOUSTIQUE
APPLIQUÉE À L’AUTOMOBILE
ARTICLE

L’ AC OUSTI QUE APP LI QUÉE fonc on acous que ; ces cahiers des
À L’INDUSTRIE AUTOMOBILE charges orientent les développements d’un
grand nombre de composants automobiles
Extrait du livre blanc de l’acous que dans le sens d’une réduc on du bruit.
en France, SFA, 2010 :
C’est un ssu de rela ons qui s’est ainsi
Le nombre de techniciens et d’ingé-
créé entre acous ciens travaillant pour les
nieurs dont l’ac vité est principale-
constructeurs et les équipemen ers, puis
ment liée à l’acous que des automo-
s’est étendu à des sociétés de service spé-
biles et de leurs composants, est es -
cialisées ou des centres techniques.
mé à environ un millier, pour un
poids économique compris entre 1,5
Le nombre de techniciens et d’ingénieurs
et 4 milliards d’euros.
dont l’ac vité est principalement liée à
l’acous que des automobiles et de leurs
« Les constructeurs automobiles fran-
composants, est es mé à environ un millier.
çais proposent en moyenne, aujour-
L’impact économique de l’ac vité acous-
d’hui, des véhicules qui se situent au-
que dans l’industrie automobile est diffi-
dessus de la moyenne européenne en
cile à évaluer : au-delà des pièces spécifi-
terme de confort acous que. Ceci
quement acous ques les contraintes acous-
traduit l’importance qu’ils accordent à
ques augmentent la valeur de nombreux
l’acous que pour se démarquer de la
autres composants. dus au très bon niveau de forma on technique et scien fique des ingénieurs et
concurrence, et mieux répondre aux
aVentes de nombreux clients. Ce pro- techniciens acous ciens français. Historiquement issus de quelques laboratoires
On es me ceVe valeur entre 2 et 5 % de la universitaires et écoles d’ingénieurs, ils viennent maintenant souvent d’écoles gé-
grès, effectué en 10 ans, est le résultat
valeur de la voiture. Si l’on considère le fait néralistes, ou de mécanique, qui proposent des spécialisa ons en acous que ou
de la cons tu on d’un réseau d’entre-
que l’impact de l’industrie automobile en dynamique des structures.
prises, qui ont développé ensemble
France est de l’ordre de 80 milliards d’eu-
leurs compétences respec ves. L’inté-
ros, le poids économique de l’acous que Un autre facteur de développement de ces réseaux a bien sûr été la collabora on
rêt des constructeurs pour l’acous-
doit être compris entre 1,5 et 4 milliards €. dans le cadre de nombreux projets subven onnés des programmes technologiques
que est transmis à leurs fournisseurs
au travers de cahiers des charges qui français et européens. »
La mise en place de ce réseau, et les progrès
définissent les performances requises
qui lui sont associés, sont en grande par e Le texte et l’illustra on de ceVe page sont reproduits ici avec l’aimable
pour chaque composant ayant une autorisa on de la Société Française d’Acous que www.sfa.asso.fr

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LES MÉTIERS DU SON AU

CNRS
ENTRETIEN

Installé sur les hauteurs de Meudon Belle-


vue, CNRS Images est le service audiovisuel
du Centre Na onal de la Recherche Scien -
fique (CNRS), l’un des plus importants et
pres gieux organismes de recherche dans le
monde.
Marie Mora Chevais, responsable du service
produc on, Christophe Gombert, ingénieur
du son / réalisateur, et Thierry Aubin, direc-
teur de recherche en bioacous que, illus-
Marie MORA CHEVAIS trent la variété des mé ers du son et de
Responsable du service leurs applica ons dans le domaine de la
produc on (CNRS recherche.
IMAGES)
CNRS IMAGES
« Le service produc-
PARCOURS
on de CNRS Images
Chef opérateur ciné- est chargé de pro-
ma (FEMIS) duire pour le grand
Campus de Meudon-Bellevue © CNRS Meudon/Bernard Souty
public des films de
WEB vulgarisa on scien -
fique sur la re- LE MÉTIER demander aux réalisateurs de concevoir des
www.cnrs.fr/cnrs-images films selon les formats déterminés, longs ou
cherche menée par « J’ai une forma on ini ale de chef opéra-
www.facebook.com/ le CNRS et ses parte- courts). Arrive ensuite la ges on des
teur cinéma à la FEMIS et suis aujourd’hui
cnrs.images naires : des films courts d’actualité scien - équipes, des tournages, de la post-
responsable de produc on.
fique, des documentaires scien fiques et produc on, et des financements.
La vidéothèque occasionnellement des films ins tu onnels.
videotheque.cnrs.fr Cela consiste d’abord à travailler sur la par-
Certains films sont faits en interne, d’autres
e éditoriale : développer les projets à par-
Ces films sont des nés à alimenter le site de sont coproduits avec des ins tuts de re-
r des théma ques que veut meVre en
la vidéothèque, le site CNRSLejournal.fr, et cherche ou des sociétés privées pour une
avant le CNRS ; iden fier les laboratoires
la chaîne Dailymo on du CNRS. » diffusion à la télévision (Arte, France 5,
avec lesquels on souhaiterait travailler ;
RMC Découverte, Histoire...). » ...

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LES MÉTIERS DU SON AU

CNRS
ENTRETIEN

L’ÉQUIPE On les recrute pour leur capacité à s’adap-


« Notre équipe compte une dizaine de per- ter à nos spécificités : nos films ne sont pas
sonnes : une chargée de produc on, deux des magazines de télévision, ni des docu-
réalisateurs-chefs opérateurs, un réalisa- mentaires de créa on.
teur-ingénieur du son, trois monteurs (dont
deux font également de la réalisa on), deux Comme nos équipes sont réduites (binômes
personnes chargées du graphisme, et un son et image) il faut aussi être un peu dé-
rédacteur en chef mul média qui gère les brouillard et polyvalent (pouvoir par
contenus du journal du CNRS. exemple s’occuper aussi de la lumière).
Mais surtout avoir la curiosité de s’intéres-
Presque tous sont fonc onnaires tulaires ser aux chercheurs et à leurs travaux. » ■
au CNRS. Les plus récents ont été recrutés
sur concours pour des postes de techniciens
de l’audiovisuel (notamment les monteurs),
les autres avec plus d’ancienneté étaient sur « Le service audiovisuel du CNRS a été im-
d’autres postes et ont évolué au fil des an-
pulsé entre autre par Jean Rouch, un eth-
nées vers leurs mé ers actuels (notamment
les réalisateurs et ingénieurs du son). nologue français très renommé, directeur de
recherche au CNRS, qui a réalisé de nom- ↑ Jean Rouch en 1998 consul-
Nous faisons très régulièrement appel à des tant le fonds filmique du CNRS à
breux films dans les années 50-60, notam-
intermiVents, par culièrement des pre- Meudon. Photo © CNRS Photo-
ment en Afrique. Cela correspond au début thèque, Claude Delhaye
neurs de son et mixeurs, pour des raisons de
planning et de ressources (nous n’avons par du genre documentaire.
exemple qu’un seul ingénieur du son en ← Visuel extrait du film Le Da-
interne, Christophe Gombert, et aucun ma d’Ambara (1974) réalisé par
Ce service est né en 1973 pour répondre aux
mixeur). Jean Rouch et tourné lors d’une
besoins de chercheurs — notamment ethno- cérémonie Dogon au Mali.
La plupart sont des professionnels qu’on a logues — qui souhaitaient pouvoir conserver Photo © CNRS AV (SERDDAV),
connus sur d’autres projets ou bien qui nous un enregistrement des fêtes et cérémonies CFE
sont recommandés par les personnes avec tradi onnelles sur lesquelles ils travail-
qui on travaille régulièrement.
laient. »

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LES MÉTIERS DU SON AU

CNRS
ENTRETIEN

Christophe Gombert a parcouru plusieurs ACCÈS AU MÉTIER lement le son de mes propres films).
fois la planète au cours de ces 25 dernières
« Je suis entré au CNRS comme assistant
années pour suivre les équipes de recherche L’objec f premier de CNRS Images est de
opérateur. J’ai travaillé ensuite pendant une
du CNRS et ramener des images et des sons meVre en lumière ce qui se passe au CNRS,
quinzaine d’années comme ingénieur du
qui par cipent à nourrir l’immense vidéo- avec toujours en tête le respect des équipes
son, et j’occupe désormais la fonc on de
thèque de CNRS Images. scien fiques qui font, eux aussi des mé ers
réalisateur.
de passion.
PARCOURS
Le poste d’assistant opérateur étant assez
© DR

« J’ai commencé mes études par un BTS ouvert, j’étais suscep ble de faire aussi bien Sur un documentaire, l’ingénieur du son est
Ges on des entreprises mais j’ai toujours de l’image, du son ou du montage. Mais chargé de la prise de son (il acquière la ma-
été intéressé par le cinéma. Alors, finale- comme à l’époque il y avait trois chefs opé- ère sonore sur le terrain, construit l’envi-
Christophe GOMBERT
ment je me suis décidé à suivre une forma- rateurs pour seulement un ingénieur du ronnement sonore de l’œuvre) et transmet
Réalisateur / Ingénieur du ensuite ce matériel aux monteurs et
on dans une école privée à Paris, le Conser- son, c’était plus intéressant pour moi de
son (CNRS IMAGES) mixeurs qui sont chargés de finaliser le pro-
vatoire Libre du Cinéma Français, qui for- m’orienter vers le son.
mait notamment des assistants réalisateurs. jet.
PARCOURS
J’ai ensuite complété ceVe forma on tech- Le mé er nécessitait des équipes de trois
BTS Ges on des en- nique par une licence de cinéma à la Sor- personnes : un ingénieur du son, un chef Quand on accompagne une expédi on, on
treprises bonne. opérateur et un assistant opérateur parce s’adapte, on ne tourne pas tout de suite. On
Conservatoire Libre qu’il fallait beaucoup éclairer (les caméras se demande d’abord comment faire pour ne
du Cinéma Français J’ai travaillé un temps dans le domaine asso- étaient peu sensibles) et que le matériel pas gêner la recherche et gagner la con-
Licence d’étude cia f, et l’audiovisuel privé (j’ai fait des films était plutôt lourd et encombrant — il n’était fiance de l’équipe — pour ensuite obtenir le
cinématographique pour des associa ons à une époque où l’on pas compact comme aujourd’hui. Désormais meilleur. Il faut créer un lien solide, car en
(Sorbonne) tournait encore en cinéma — c’était le tout on travaille plutôt sur des équipes réduites expédi on on peut être amené à vivre des
début de la vidéo). de deux personnes. » moments difficiles.
WEB J’ai ensuite effectué un stage de montage
mul -machines pour élargir ma paleVe de LE MÉTIER Durant tout le temps du tournage les scien-
www.cnrs.fr/cnrs-images
compétences quand j’ai appris qu’un poste fiques poursuivent leurs recherches. S’il y a
www.facebook.com/ « 80% de mon temps aujourd’hui est consa- un prélèvement à faire, il faut faire aVen-
d’assistant chef opérateur se libérait au
cnrs.Images cré à la réalisa on (ce qui correspond à une on à ne pas contaminer l’échan llon. Dans
CNRS. Venant d’une famille de scien fiques,
ac vité globale de chef de projet), 20% est un labo de biologie qui travaille sur des virus
videotheque.cnrs.fr et donc depuis toujours un peu baigné dans
consacré à une fonc on de cadre technique il faut respecter les consignes de prudence
la science, allier cinéma et science m’a paru
en tant qu’ingénieur du son (je fais généra- pour ne meVre personne en danger. »
une véritable opportunité.»
...

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LES MÉTIERS DU SON AU

CNRS
ENTRETIEN

LES TECHNIQUES DE TOURNAGE


← (haut g.) Christophe « Peu importe la nature du film (interview ou re-
Gombert à la réalisa on, portage en extérieur), on est toujours sur le même
Claude Delhaye à l'image et mé er, sur la créa on d’un environnement sonore
Nicolas Zwarg au son, par- — que l’on capte des sons dans un bureau, un
tent à la rencontre de l’unité laboratoire, en pleine forêt tropicale, en Antarc-
de recherche sur les mala- que ou dans le désert.
dies infec euses et tropi-
cales émergentes de Mar- Il s’avère que c’est plus ou moins difficile à appré-
seille. Leurs travaux sur les hender et contrairement à ce qu’on pourrait pen-
capacités de régénéra on ser le tournage en laboratoire n’est pas le plus
d'un ver plat aqua que (le simple parce qu’il y a une pollu on sonore causée
planaire) ouvre une nouvelle par les frigos, les ven la ons, qui finalement para-
voie de défense contre les sitent le sens procuré par l’image.
bactéries © Nicolas Zwarg /
CNRS Images À l’inverse dans une forêt équatoriale ou un dé-
← (haut d.) Claude Delhaye sert, il y a toujours des sons intéressants qui facili-
à la caméra et Christophe tent la construc on de l’environnement sonore.
Gombert au son, suivent On cherche le pe t son qui va bien et qui donnera
Aurélie Célérier (CEFE - CNRS de la puissance à l’image. Alors forcément c’est ce
/ Université de Montpellier) que je préfère.
par e au large de Cartha-
gène en Espagne à bord de Dans un village africain, au réveil, je vais capter les
l'Else, pour étudier l'odorat sons de la prépara on du pe t déjeuner, le chant
des globicéphales © Pedro du coq... C’est très riche et très plaisant.
Garcia / ANSE
Pour ce qui est de la maîtrise des techniques, j’ai
← (bas) Prise de son appris au cours des années, avec les collègues et
d’ambiance sur la route vers via quelques stages aux Gobelins (qui formaient
l’Antarc que © CNRS / des sondiers en reportage). Et puis l’expérience :
Claude Delhaye c’est en forgeant que l’on devient forge-
...

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LES MÉTIERS DU SON AU

CNRS
ENTRETIEN

ron — j’ai dû par ciper au tournage de près BOITE À OUTILS en fonc on du contexte : quand les mem-
de 500 films et documents. « Quand j’ai commencé, et jusqu’en 1998, branes des micros sont froides on ob ent
on travaillait en Super 16 (autrement dit sur un son plus métallique, plus dur. Il y a une
Au début on s’intéresse forcément beaucoup pellicule cinéma). Nous sommes ensuite pas- adapta on du matériel qui nous est dictée
à la technique, on veut bien faire. Souvent sés à la vidéo (avec les Betacam) et nous par l’environnement, et pour cela c’est l’ex-
une expérience scien fique, la capta on d’un travaillons désormais en numérique. périence qui fait la différence.
événement, ou celle d’un cri d’animal ne peut
se faire qu’une seule fois — il ne faut pas se Nous ne sommes pas des équipes de cinéma Faire du son, c’est de toute façon beaucoup
louper. On est donc très aVen f à la tech- — quand on part en expédi on il n’y a pas de bricolage, le matériel est toujours beau-
nique mais chemin faisant on arrive à acqué- d’équipe en charge de la logis que pour coup sollicité, les câbles sont rés dans tous
rir ceVe expérience qui fait qu’on est plus nous aider — pourtant, quelles que soient les sens, ils sont de plus en plus fins, on est
dans la créa on, l’ouverture — on est plus à les condi ons, on doit s’assurer de rappor- souvent amené à réparer nos équipements.
écouter et construire. ter des sons. Quand on se retrouve au milieu Mais lorsqu’on a dépassé ces phases tech-
de l’Antarc que par -50°, s’il arrive un pro- niques, c’est l’aspect créa f qui prend le
Ce qui me plaît dans le son, beaucoup plus blème avec votre matériel, que vous n’avez dessus, et on peut imaginer toutes sortes
que dans le cadre (travail du chef opérateur), pas prévu, par exemple, que le microphone d’idées : cacher des micros dans l’environ-
c’est l’ouverture. Dans le son, on a une di- pouvait vous lâcher ou que le câble allait nement, faire de la stéréo, créer des am-
mension qu’on a du mal à retrouver dans durcir à cause du froid et qu’il se casse biances pour apporter de la ma ère pour le
l’image. Le rendu d’une forêt équatoriale comme du verre, eh bien vous vous retrou- montage. »
passe par le son. Une image sans le son don- vez coincé ! Vous êtes celui qui doit an ciper
nera toujours la même chose : du vert avec au mieux tous les incidents qui pourraient LES QUALITÉS DE L’INGÉ-SON EN (GRAND)
des traits de lumière. REPORTAGE
vous empêcher de rapporter vos sons.
Il est rare de n’entendre aucun son (sauf « La première qualité c’est l’écoute, de l’en-
peut-être en Antarc que, si personne ne Certains micros supportent très mal un taux vironnement mais aussi des autres. Quand
bouge et que je suis très loin — je ne capte d’humidité de 95% en forêt équatoriale ou une équipe entre chez des gens ou dans un
que le bruit électronique des amplificateurs). les grands froids. Il m’est arrivé, avant de espace animalier, il faut savoir observer
Mais le plus souvent, même lorsqu’il n’y a, a par r en Antarc que, de tester mon matériel l’environnement et s’adapter en se faisant
priori, pas de bruits d’ambiance, cela ne veut en le plaçant dans un congélateur 48 ou 72 le plus discret possible. L’ingénieur du son
pas dire qu’il n’y a pas de son. Dans un désert heures et de voir si cela fonc onnait encore doit avoir ceVe faculté.
glacé on peut entendre quelqu’un marcher ou bien de voir combien de temps les baVe-
de très loin, la neige qui craque est très per- ries allaient résister. Quand on arrive dans un village africain, et
cutante. » Le matériel ne réagit pas de la même façon qu’on commence à filmer, énormé-
...

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LES MÉTIERS DU SON AU

CNRS
ENTRETIEN

ment de gens vont se diriger spontanément vers le LES CONTRAINTES


cameraman car ils savent ce qu’est une caméra. Le « C’est un mé er difficile pour la vie de famille. Les
preneur de son est moins bien iden fié, même s’il missions peuvent durer de 15 jours à 6 semaines.
y a toujours un pe t garçon ou une pe te fille plus Une année, je suis par alors que ma fille ne mar-
curieux que les autres qui se demande ce que peut chait pas encore, mais elle a aVendu mon retour
bien faire ce type avec une sorte de grande canne pour faire ses premiers pas.
à pêche. Ça m’est arrivé plusieurs fois. Mais globa-
lement comme il ne focalise pas l’aVen on, l’ingé- C’est difficile mais cela s’an cipe et permet de par-
nieur du son peut rester discret, en retrait. Rester tager autrement. Lorsque je rentre, je raconte mes
vigilant aussi pour le chef opérateur. Avec les expériences, ce que j’ai été cherché à travers mes
transmissions HF, il peut même rester très loin. voyages et à l’inverse, ma famille me transmet
C’est un peu un caméléon. d’autres choses. L’éloignement peut procurer des
choses intéressantes, mais il faut que la famille l’ac-
La deuxième qualité serait la sensibilité. Quand un cepte car à certaines périodes, je pouvais par r
cameraman se focalise sur quelque chose, je peux jusqu’à 100 jours par an.
Prise de contact et de son avec des bébés manchots lors d’une travailler sur le hors champ, je vais pouvoir cher-
mission en Antarc que © CNRS / Claude Delhaye cher un son qui ne colle pas forcément à l’image, C’est un mé er souvent difficile sur le plan phy-
mais qui pourrait être intéressant — ça peut être sique, il faut parfois tenir la perche son longtemps,
le bruit d’un animal qui passe et qui fait un bruit il faut pouvoir monter une colline en forêt équato-
sympa. Je me détourne alors et travaille sur le riale avec du matériel par 40° à l’ombre et 95%
hors champ. C’est de la créa on qui alimentera la d’humidité mais ce n’est pas ces critères qui doivent
ma ère sonore pour le film. retenir les gens, tout est toujours ques on d’adap-
ta on.
Dans notre société, l’image ent une grande place
mais dans d’autres sociétés c’est le son qui est le Si on aime ce qu’on fait, on y arrive ! Le but est de
plus important. Il permet de communiquer par vivre sa passion.
exemple en forêt vierge, quand la densité du feuil- C’est un mé er qui a des exigences et qui demande
lage interdit de voir quoique ce soit. La communi- des sacrifices mais qui apporte de nombreuses sa-
ca on se fait alors en tapant sur les arbres parce sfac ons : voir des lieux et vivre des expériences
que c’est un son qui se propage bien en forêt » que très peu d’entre-nous ont l’occasion de voir en
toute une vie est sans doute l’une des plus appré-
ciables ! » ■

www.radiosoee.com / Guide des mé ers du son 95


LES MÉTIERS DU SON AU

CNRS
ENTRETIEN

Directeur de recherche au CNRS, Thierry dans le domaine océanographique. CeVe d’entreprises privées comme Airbus par
Aubin travaille sur les communica ons discipline m’a amené à m’intéresser aux exemple avec qui nous avons travaillé sur la
acous ques animales — une discipline qui animaux, aussi ai-je achevé mes études avec probléma que de l’effarouchement acous-
qui fait appel à la biologie, à la physique et un DEA en éthologie. Ma thèse de neuro- que des oiseaux sur les aéroports (cela
aux technologies du son : micros, magnéto- biologie à l’Université Nancy-Besançon- nous a permis de déposer deux brevets — à
phones, logiciels de traitement du signal, et Strasbourg, avait pour objet le chant des chaque fois que vous aVerrissez en Europe,
haut-parleurs cons tuent la boîte à ou ls du aloueVes. c’est en u lisant notre technologie). Avec le
bioacous cien. Pour résumer j’ai donc une forma on ini- groupe pétrolier Total nous avons travaillé
ale de physicien qui s’est orientée vers la sur la détec on acous que automa que des
© DR

biologie. baleines, ceci afin d’éviter qu’elles ne soient


LA BIOACOUSTIQUE tuées par la puissance des sondages acous-
Thierry AUBIN « Être bioacous cien exige d’être pluri- Au début des années 80 j’ai fait un post-doc ques u lisés pour l’explora on pétrolière
disciplinaire. L’équipe que je dirige est à l’INRA, puis j’ai passé le concours d’entrée dans les fonds marins). Nous travaillons
Bioacous cien
mixte, elle est composée de physiciens et de au CNRS, sur une théma que de bioacous- beaucoup aussi sur les animaux sauvages
Directeur de la Recherche
biologistes. Nous faisons de la physique lors- que.» notamment avec Na onal Geographic.
UMR 9197 CNRS NEUROPSI
UNIVERSITÉ PARIS-SUD qu’on travaille sur le traitement des signaux
acous ques et de l’éthologie lorsqu’on tra- LE MÉTIER Nous travaillons essen ellement sur des
PARCOURS vaille sur le comportement animal. « Il n’y a pas de journée type, mais on peut animaux sauvages, parce que les animaux
évaluer les temps de travail ainsi : comme de laboratoires communiquent peu, pas, ou
Maîtrise de Physique de façon anormale.
Il y a beaucoup d’équipes américaines et tous les chercheurs, je suis occupé 30% de
(océanographie)
allemandes de bioacous que, mais en mon temps à des tâches administra ves,
DEA d’éthologie Le public peut découvrir notre travail sur les
France il n’existe que deux laboratoires dont 30% à la rédac on et recherche de contrats,
Doctorat en neuro- le nôtre. » 20% à l’écriture d’ar cles scien fiques, et documentaires produits par CNRS Images,
biologie 20% au travail sur le terrain avec les ani- notamment Crocodile Melody, Le chant du
LE PARCOURS maux. capitaine de la forêt, et Bonjour les Morses *
(ceVe dernière mission a mal tourné car
WEB « Mon parcours est atypique. J’ai commen-
La recherche de contrats (financements nous nous sommes retrouvés en Arc que,
www.cb.u-psud.fr cé par une première année d’école vétéri- avec notre embarca on échouée sur la
naire mais cela ne me plaisait pas. Grâce à complémentaires), se fait auprès d’ins tu-
ons publiques françaises comme l’Agence glace. Nous finirons secourus par un héli-
un système d’équivalence, j’ai poursuivi en coptère. Cela donne une idée de ce que sont
deuxième année avec des études de maths- Na onale pour la Recherche (ANR), d’ins -
tu ons européennes, mais aussi auprès les missions de terrain).
physique, puis une maîtrise en physique
...

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LES MÉTIERS DU SON AU

CNRS
ENTRETIEN

Ce qui est passionnant c’est de se retrouver


devant un autre animal et comprendre cer-
taines choses au fur et à mesure : com-
prendre que le rouge-gorge défend son ter-
ritoire par son chant ; comprendre qu’il u -
lise des codes pour s’iden fier comme es-
pèce, mais aussi comme un individu appar-
tenant à une zone géographique (avec un
dialecte), qu’il a une iden té individuelle,
↑ Interview d’un jeune caïman en détresse... qu’il peut communiquer un état émo onnel
↓ Étude du chant du Piauhau dans la forêt etc. Tout cela est codé dans le son.
amazonienne (Le chant du capitaine de la fo- Et à chaque fois que vous passez à un autre
rêt, 2011, Réal. : A. Fischet © CNRS Images) animal, c’est un nouvel univers, il n’y a ja-
mais de lassitude.
On se retrouve aussi dans des milieux natu-
Prise de son (en haut) et diffusion (en bas) de cris de détresse de jeunes caïmans rels extrêmement beaux et protégés
(Crocodile Melody, 2013, Réal. : A. Fischet © CNRS Images/Universcience) (Arc que, Amazonie...). »

LES SUJETS D’ÉTUDE


« Le but est de comprendre comment les
animaux communiquent entre eux. Un de
nos grands thèmes de recherche est la com-
munica on animale dans des milieux con-
traignants pour le son.

Les colonies d’oiseaux marins (manchots,


moueVes, fous de bassan…) sont par culiè-
rement bruyantes, mais cela n’empêche pas
les individus de se reconnaître par la voix
entre partenaires, entre voisins. On essaye
de comprendre comment le système
...

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LES MÉTIERS DU SON AU

CNRS
ENTRETIEN

peut fonc onner. On essaye de lier cela à la d’abord le signal non modifié (pour avoir un Ce cri déclenche chez les autres animaux un
théorie mathéma que de l’informa on qui contrôle), puis le son modifié. Si l’animal regroupement (ce qu’on appelle le mob-
donne des solu ons pour que ça marche en développe exactement le même comporte- bing), pour essayer de le faire fuir, et puis
dépit de ces contraintes et on en re des ment face au son modifié, cela signifie qu’on une fuite dans toutes les direc ons.
lois communes de communica on. On re- n’a pas touché à un paramètre important. Un groupe de moueVes qui entend ce son
garde si les animaux suivent ces lois. On C’est ainsi que, par une succession d’inter- va se diriger vers lui quelques secondes puis
étudie aussi les colonies de pinnipèdes roga ons, de ques ons-réponses, nous ob- se disperser au loin.
(otaries, phoques, morses) qui connaissent tenons de l’animal ses lois de code. Nous
les mêmes problèmes. De même que les craquons pour ainsi dire le code des ani- Tout ce travail appliqué à l’avia on est issu
grenouilles, très bruyantes dans les marres maux ! véritablement de la recherche fondamen-
mais qui, également, s’iden fient par la tale. »
voix. » Les solu ons proposées pour l’effarouche-
ment des oiseaux (dans le projet Airbus) BOITE À OUTILS
LE PROTOCOLE DE RECHERCHE reposent sur des cris dits de haute-alarme « Nous u lisons des
« Pour cela, nous commençons par enregis- qui sont beaucoup plus complexes que les micros adaptés à ce
trer le son produit par un animal pour un chants. Ces cris con ennent des harmo- que l’on veut enre-
comportement déterminé. Nous analysons niques et modula ons de fréquences qui les gistrer : micros de
ensuite les sons pour rechercher des diffé- rendent difficiles à analyser et synthé ser. proximité pour enre-
rences entre les popula ons, les individus Mais nous avons procédé selon ce même gistrer des sons de
au niveau acous que (c’est un travail de protocole. Nous avons craqué le code et très près, des mi-

© DR
traitement de signal et de sta s que). nous l’avons amplifié. Cela produit des su- cros-canons qui per-
per-s muli (plus efficaces que les signaux meVent, comme
On s’aVache ensuite à re-synthé ser le si- naturels). Nous avons fait en sorte qu’ils se pour un télé-objec f
gnal pour en maîtriser tous les paramètres – propagent mieux et plus loin, et qu’ils soient de saisir des sons au loin, des paraboles qui
nous avons développé pour cela en interne interspécifiques (c’est-à-dire déclenchant permeVent de centrer le son sur un
des logiciels de synthèse sonore et d’ana- des réponses chez plusieurs espèces). émeVeur d’intérêt, ou encore des hydro-
lyse. phones pour travailler en milieu marin.
Ce cri de haute-alarme qui nous a servi de
Nous modifions ensuite pas à pas les para- référence est commun à de nombreuses Nous avons ensuite des magnétophones
mètres du son (fréquence, intensité…) puis espèces, en par culier d’oiseaux, mais aussi numériques, et pour ce qui concerne les
nous interrogeons l’animal en lui envoyant de chevreuils, sangliers... Il est émis lors- logiciels, nous u lisons soit des solu-
qu’un individu est capturé par un prédateur.
...

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LES MÉTIERS DU SON AU

CNRS
ENTRETIEN

ons de traitement du signal du commerce des post-docs à l’étranger, d’au minimum


(généralement plus adaptés à l’être hu- un an. Cela apporte une ouverture indé- *Les films documentaires Crocodile Melody,
main), soit des logiciels que l’on développe niable et rend nos chercheurs plus perfor- Le chant du capitaine de la forêt, et Bonjour
nous-mêmes en différents langages (C, R, mants. » ■ les Morses peuvent être visionnés en inté-
Matlab…). gralité et gratuitement sur la vidéothèque
du CNRS (hVp://videotheque.cnrs.fr)
Nous avons aussi besoin d’amplificateurs de
terrain (qui doivent être autonomes même
s’il faut beaucoup d’énergie pour fabriquer
de la puissance).
Pour diffuser les sons nous avons recours à
des haut-parleurs plus ou moins adaptés qui
peuvent diffuser des infra-sons, des sons
audibles, et des ultrasons. Sans oublier les
haut-parleurs pour le milieu sous-marin. »

ACCÈS AU MÉTIER
« On recrute généralement des biologistes
mais ils doivent s’intéresser à l’informa que
et à la physique (il y a quelques formules à
connaître). C’est un profil mixte difficile à
trouver y compris dans l’université qui nous
héberge, l’université Paris-Sud orientée en
biologie animale mais plutôt sur les champs
moléculaires et géné ques.

Un étudiant en thèse peut travailler en


France en post-doc jusqu’à 3 ans sur un pro-
jet financé, mais pour rentrer aujourd’hui
dans les grandes ins tu ons de recherche
(INRA, INSERM, CNRS), il faut faire en plus
Sonagramme de chant d'aloueVe © Jean-Luc Wisard (salamandre.net) / Thierry Aubin

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DÉVELOPPEUR
APPLICATIONS MOBILES MUSICALES
ENTRETIEN

Applica on mobile dédiée à la musique, alterna ve digitale et innovante aux DJ’s et retransmis en direct sur l’écran de l’établis-
Tracktl a pour ambi on de devenir la solu- groupes de musique qu’ils proposaient déjà. sement — on met ainsi l’u lisateur au
on de sonorisa on collec ve de la ville con- C’est à par r de là que nous avons commen- centre de l’expérience ;
nectée de demain. Thibaut Taupin, cofonda- cé à créer une entreprise et développer la la fidélisa on — l’établissement peut
teur de ceKe start-up hébergée dans la nur- par e business sur des événements profes- récupérer des data qualifiées sur les u lisa-
serie Audiens à Vanves, revient sur la créa- sionnels. Cela peut aller du cocktail profes- teurs Tracktl. Il peut op miser son offre
on et les phases de développement du pro- sionnel, chez AXA par exemple, jusqu’à l’ani- musicale et fidéliser sa clientèle en en-
jet. ma on d’une marque sur un grand fes val voyant des offres de réduc on ;
© DR

comme la 10ème édi on du Hellfest en le développement commercial — un bar


LE PROJET 2015 sur laquelle nous avons assuré la sono- peut meVre en avant des offres promo on-
risa on de la place centrale. nelles (un happy-hour par exemple), ou
© DR

« Tracktl est un jukebox social qui permet


aux u lisateurs de prendre le contrôle de meVre en avant un sponsor pour dévelop-
leur environnement musical, qu'ils soient Fort de ces expériences en événemen el per des revenus complémentaires.
Thibaut TAUPIN
chez eux ou à l’extérieur dans des bars ou nous avons con nué à travailler sur ce qui
Cofondateur de TRACKTL est l’un de nos objec fs depuis le début : Notre offre grand public est l’un de nos
des restaurants.
proposer une solu on de sonorisa on col- atouts concurren els. Nous sommes les
CURSUS C’est une applica on sur laquelle nous lec ve dans la ville connectée de demain. En seuls à allier une offre BtoB (tournée vers
avons commencé à travailler en 2014, dans 2016 nous nous sommes concentrés sur les les professionnels) et BtoC (tournée vers le
École Centrale de
sa version grand public, avec mon associé bars-cafés-restaurants qui ont besoin à la consommateur). Notre communauté BtoC
Paris
Louis Aubert. L’idée nous est venue tout fois d’afrer plus de clients mais aussi mieux de 60 000 u lisateurs est gage de crédibilité
simplement d’expériences personnelles les connaître et op miser leur expérience pour nos prospects BtoB. »
WEB client. Nous leur proposons un abonnement
vécues lors de soirées privées entre amis —
www.tracktl.com il y avait toujours une personne qui gérait la au mois ou à l’année avec des fonc onnali- LES PARTENARIATS
musique et à qui on demandait d’ajouter tel tés totalement différentes de la version gra- « Pour la par e grand public, qui est gra-
ou tel tre. Et puis nous nous sommes vite tuite grand public. tuite, nous u lisons les catalogues Deezer,
rendus compte que les cas d’usages étaient Soundcloud, Spo fy, Youtube auxquels les
plus complexes et nombreux. Au service de sonorisa on de base (radios, gens sont déjà abonnés et sur lesquels ils
playlists, streaming) nous ajoutons trois pluggent Tracktl en surcouche de leur abon-
Nous avons été rapidement démarchés par services : nement pour pouvoir u liser ceVe fonc on
des entreprises, des marques et agences le diver ssement — la clientèle peut interac ve. On reste donc dans le cadre des
événemen elles qui voulaient proposer une interagir avec le bar, influencer la program- condi ons d’u lisa on familiales de
ma on, poster des photos ou messages
...

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DÉVELOPPEUR
APPLICATIONS MOBILES MUSICALES
ENTRETIEN

ces plateformes de streaming. puis) était orienté sur la par e technique du mercial. En 2015 nous avons été lauréats du
Pour tout ce qui est événemen el on fonc- développement informa que (code), j’étais Prix de l’ini a ve numérique Culture, Com-
onne plus comme un DJ, à savoir qu’on orienté quant à moi sur le produit munica on, Médias, organisé par Audiens.
laisse à l’organisateur le soin de gérer les (l’interface / expérience u lisateur). Louis Cela nous offrait la possibilité de recevoir
droits d’auteurs auprès de la SACEM et la s’occupait de toute la par e business (pitch une dota on de 5 000 euros et l’accès à la
SCPP pour les tres u lisés. commercial, partenariats, vente). nurserie d’Audiens. Nous sommes hébergés
gracieusement dans leurs locaux, en contre-
Pour les lieux (bars-restaurants), on essaye Pour renforcer l’équipe nous avons depuis par e nous travaillons avec eux sur la façon
de monter des partenariats avec des opéra- recruté un ingénieur pour le développement dont ils peuvent innover en termes de com-
teurs tels que Mood Media, qui est le leader front-end (interface), et un ingénieur pour le munica on (sur la protec on sociale tour-
mondial dans la sonorisa on de lieux, pour back-end (côté serveur). Sur la par e com- née vers un public jeune). Le fait d’être dans
créer des catalogues indépendants des pla- merciale, nous avons un responsable événe- ceVe nurserie nous offre un environnement
teformes de streaming. À long terme l’idée men el parce que nous restons ac fs sur très s mulant, un très bon encadrement et
pourrait être de cons tuer notre propre ceVe offre-là. Trois personnes sont chargées nous permet d’être au contact d’autres
catalogue en partenariat avec les grandes du commercial pur terrain pour toucher les start-ups (Rhythm and Town, Invidam, Hirvi,
majors de la musique, mais au stade de bars individuellement. Deux personnes s’oc- Okast, NoMadMusic, Amise) » ■
notre développement, ce n’est pas notre cupent de la par e commerciale grands
priorité. » comptes pour toucher les grandes chaînes
telles que Starbucks ou Pernod-Ricard. Une
LES COMPÉTENCES personne encore est dédiée à la communi-
« Nous avons lancé le projet à trois : ca on, et une à la ges on de projet. »
MaVhieu Achart et moi-même, étudiants à
l'École Centrale de Paris, avec donc un profil LA NURSERIE AUDIENS
d’ingénieur, et Louis Aubert, qui a suivi un « Dès le début du projet, en 2014, nous
double cursus marke ng à l'Université de avons été intégrés dans l’accélérateur de
San Diego et qui avait un profil commercial. Microso| pendant une durée de 6 mois qui
Nous nous sommes rencontrés lors d’un nous a beaucoup aidé sur le démarrage et le
événement entreprenariat à l’Ecole Cen- fonc onnement d’une start-up. Nous avons
trale. ensuite intégré l’incubateur le Pe t Poucet
entre 2013 et 2015, qui nous a plus accom-
MaVhieu Achart (qui a quiVé le projet de- pagné sur la par e développement com-

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FORMATION / HIGH-TECH & AUDIOVISUEL
(THINK FACTORY FORMATION)
ENTRETIEN

Parallèlement à ses ac vités d’éditeur


(Généra on Numérique), Stéphan Faudeux
mène aussi des missions de forma on et de
consul ng pour les professionnels de l’au-
diovisuel à travers sa société Think Factory
Forma on.

THINK FACTORY FORMATION


« Think Factory Forma on est le nouveau
© DR

nom de la branche forma on que j’avais


créée en 2004 au sein de la société Avance
Rapide. CeVe dernière (qui a depuis cessé
Stéphan FAUDEUX son ac vité) avait commencé dès sa créa-
Dirigeant (T}>?a E@FfDBy on, en 1986, à dispenser des forma ons Screen4ALL Forum © www.screen4all.com
EDB]@f>D?) auprès du grand public dans les forums des
Fnac — les clients pouvaient se former à la on, nous avons accompagné des vendeurs quérir des bases dans différents domaines
WEB prise de vue ou au montage image et son. de l’enseigne sur le passage au numérique (univers musicaux, technologie).
www.screen4all.com et les probléma ques liées à la dématériali-
Elle a ensuite développé des anima ons sa on de la musique. Nous les avons for- Nous avons la possibilité de monter des
commerciales sur des points de vente pour més sur les aspects techniques et juridiques ac ons de forma on rapidement et d’être
le compte de constructeurs d’électronique induits par l’arrivée du MP3 et des sites de force de proposi on sur les évolu ons tech-
grand public, accompagnant ainsi le lance- piratage, afin qu’ils puissent sensibiliser le nologiques, comme ça a été le cas par
ment du CD, du DAT ou des mini-discs. Il grand public. exemple avec l’arrivée de l’ultra haute défi-
s’agissait de familiariser les clients avec ces ni on, les produits connectés, ou encore ce
nouveaux produits pour encourager les La baisse du marché du disque a entraîné qu’on appelle le mul room (la diffusion de
ventes. » une réduc on du secteur musique et il a la musique dans différentes pièces d’une
fallu accompagner le report d’une par e maison). Nos formateurs sont des profes-
LA FORMATION DES VENDEURS sionnels — journalistes, musiciens, photo-
des vendeurs sur d’autres rayons comme le
« La Fnac reste l’un des clients historiques gaming ou l’univers jeunesse. De façon gé- graphes — qui sont de fait très informés de
de Think Factory Forma on. Dans les an- nérale, les vendeurs sont aujourd’hui très ce qui se passe dans leurs domaines respec-
nées 2000, à travers nos ac ons de forma- polyvalents et peuvent avoir besoin d’ac- fs.
...

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FORMATION / HIGH-TECH & AUDIOVISUEL
(THINK FACTORY FORMATION)
ENTRETIEN

Nous travaillons aussi sur la forma on de (Mitchell, Éclair…), ou de pellicules (Kodak, quiVer le programme. A contrario si l’image
vendeurs de la marque Apple, en grande Agfa, Fuji…). Comme on peut le voir dans le est médiocre, surexposée ou un peu pixéli-
distribu on ou bou ques spécialisées Guide du tournage, il existe maintenant des sée mais que le son est bon, votre cerveau
(principalement sur les I-Pad et smart- centaines de caméras pour des usages très sera beaucoup plus tolérant.
phones). C’est une école d’exigence, les variés. Et en bout de chaîne il faut aussi
formateurs ont des parcours qualifiants au prendre en compte le canal de diffusion. Sur le plan ar s que, le son peut aussi
siège d’Apple Europe à Londres et u lisent changer votre percep on de l’image. Vous
des méthodes de forma on très spéci- La forma on Screen4All, qui se fait en an- pouvez drama ser une séquence en modi-
fiques : sans support écrit, tout se fait à glais, voit intervenir une dizaine d’experts fiant simplement la musique (en rempla-
l’oral en privilégiant l’interac vité. » — cela peut être un responsable de Neˆlix çant une musique neutre par une musique
qui évoque la diffusion numérique sur leur triste). Et cela marche bien sûr dans les
SCREEN 4 ALL CAMPUS plateforme, ou le chef opérateur d’un réali- deux sens.
« Nous travaillons chaque année sur sateur comme Jacques Perrin qui évoque le
Screen4All Campus, une forma on soute- choix des caméras…). Malgré son importance, le mé er d’ingé-
nue par le Programme Media de l’Union nieur du son reste toujours un peu flou.
Européenne. Nous y parlons beaucoup de la réalité vir- Ingénieur du son est un terme qui ne cor-
Nous nous adressons à des producteurs tuelle parce que nous pensons que cela va respond véritablement à aucun mé er (à
venant d’une quinzaine de pays différents à véritablement bouleverser le marché, de proprement parler il devrait d’ailleurs plu-
qui nous apportons des ou ls pour com- l’écriture à la post-produc on, en passant tôt désigner l’acous cien). La classifica on
prendre et u liser les nouvelles technolo- par la narra on. Le son mul canal est très est plus précise dans l’image entre le ca-
gies (3d stéréoscopique, son mul canal, 4k, important dans la réalité virtuelle. Une dreur, l’assistant opérateur, le réalisateur
réalité virtuelle…) et les nouvelles plate- mauvaise expérience sonore peut ruiner etc.
formes de distribu on et de financement. tout le projet — il est dès lors vraiment pris Sur un tournage ce cinéma, l’opérateur son
à part égale avec l’image. » arrive généralement toujours en dernier
Le producteur d’aujourd’hui ne peut plus se dans la prépara on du plan (on cale
contenter d’être un assembleur de flux fi- LA PLACE DU SON d’abord l’image, le cadre, les comédiens, la
nanciers, il doit prendre des risques et mi- « On est très tolérant vis-à-vis d’une mau- lumière) et puis une fois que tout le monde
ser sur la technologie qui sera la plus adap- vaise image, mais pas du tout vis-à-vis d’un est prêt, après une ou deux heures, l’opéra-
tée à sa créa on. Il y a 50 ans on tournait en mauvais son. Faites l’expérience sur votre teur son se posi onne pour le tournage de
35 mm, point. Les choix se limitaient éven- ordinateur ou télévision : un mauvais son la séquence — et il ne faudrait pas que les
tuellement à quelques marques de caméras ou un son décalé (désynchronisé) vous fait piles ne fonc onnent plus, qu’il fasse une
ombre sur les comédiens avec sa
...

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FORMATION / HIGH-TECH & AUDIOVISUEL
(THINK FACTORY FORMATION)
ENTRETIEN

perche, ou qu’un bruit parasite n’oblige à LE BALANCIER TECHNOLOGIQUE


retourner la scène. « Avec les évolu ons technologiques, vous constatez qu’il y a souvent des mouvements de
balancier, qui vont d’un extrême à l’autre. Lorsqu’on a un nouvel usage, on a une perte à un
J’imagine que ceVe place un peu par cu- moment donné, qu’on récupère ensuite.
lière vient du fait que le cinéma est né
muet, et que depuis les professionnels du Le MP3 a induit une perte de qualité sonore mais a apporté une facilité de ges on de la mu-
son ne cessent de raVraper leur retard. sique (il faut avouer que ceVe baisse de qualité ne s’est pas forcément faite sen r car les
casques u lisés par le grand public n’étaient pas toujours de bonne qualité de toute façon).
Mais c’est bien parce que nous reconnais-
sons la place du son dans les créa ons au- Dans ces domaines, vous pouvez faire tous les sondages que vous voulez, il reste toujours très
diovisuelles que nous veillons à ne pas sé- difficile de savoir quel usage va faire le grand public des technologies que vous apportez. Qui
parer le son de l’image lorsque Think Facto- pouvait imaginer qu’on u liserait un téléphone pour rédiger des sms ? La fonc on était dispo-
ry Forma on travaille comme consultant nible, le grand public l’a massivement adoptée, et l’ou l a été modifié en conséquence pour
sur la programma on des conférences du faire des sms plus facilement. En audio, une valeur d’usage comme la simplicité, la souplesse
salon SATIS. Il n’y a pas de village audio sé- dans la manipula on des fichiers, un stockage très important, a marqué le retour du baladeur
paré afin de décloisonner un peu les sec- après la période walkman/k7.
teurs. Si l’on monte une conférence sur le
son dans les cars régies, le making-off audio Il y a eu des tenta ves pour refaire du très haut de gamme audio avec le super audio cd, le
d’un film, ou le mé er de chef opérateur, Blu-ray mais le support physique n’a pas séduit l’u lisateur.
cela fait par e d’un ensemble plus large de
conférences sur la produc on audiovi- On assiste aujourd’hui à un retour du qualita f parce que la technologie le permet avec no-
suelle. » ■ tamment l’augmenta on de la bande passante. Si on peut avoir la valeur d’usage et la qualité
pour le même prix, personne n’est contre.

On voit aussi se développer des produits très haut de gamme qui trouvent leur public
(enceintes connectées Devialet, casques Parrot qui allient qualité de design et valeur
d’usage). Et quand Sennheiser sort un casque à 50 000 euros, il arrive à enregistrer immédia-
tement 300 pré-commandes — preuve parmi d’autres que le son peut générer beaucoup de
valeur. » ■

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LES PROFESSIONNELS DU SON
PRESSE SPÉCIALISÉE

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ÉDITEUR PRESSE SPÉCIALISÉE
AUDIOVISUEL PROFESSIONNEL
ENTRETIEN

Généra on numérique édite deux maga-


zines de référence dédiés aux usages de
l’audiovisuel professionnel, Mediakwest et
Sonovision.

DE SONOVISION À MEDIAKWEST
« Dans les années 90, on avait en France,
huit à dix magazines consacrés à l’audiovi-
© DR

suel professionnel, dont certains dédiés


uniquement à l’audio. Dix ans plus tard le
Stéphan FAUDEUX marché de la presse s’étant effondré, il ne
restait plus que Sonovision. J’en ai été le
Éditeur et Directeur de
rédacteur en chef de 1997 à 2003.
publica on (G~?~B@f>D?
?d]~B>zdG) Au fil du temps il m’a semblé que la ligne
éditoriale s’était un peu brouillée. Sonovi-
WEB sion avait l’ambi on de parler de tout à la
fois — du cinéma, de la télévision, de la
www.mediakwest.com
communica on corporate, de la muséogra-
www.sonovision.com mediakwest.com
phie etc. — mais de fait, de moins en moins
de lecteurs s’y retrouvaient.
Notre ligne éditoriale est un tryp que Ciné- Alors que le site progressait, nous avons
L’image de marque restait très forte mais à
ma – Télévision – Nouveaux médias. publié une première édi on papier en no-
mon sens la publica on avait perdu ses
leVres de noblesse. L’idée de lancer un nou- Mediakwest s’adresse ainsi aux profession- vembre de la même année à l’occasion du
nels qui travaillent dans l’écosystème au- SATIS (le salon francophone des technolo-
veau tre m’apparaissait dès lors intéres-
diovisuel : dans les chaînes de télévision, les gies de l'image et du son). Le magazine a
sante. C’est ce que j’ai fait avec une pre-
boîtes de produc on et post-produc on, les été très bien perçu et cela a donné un coup
mière édi on web de Mediakwest, lancée
en avril 2012 à l’occasion du salon NAB studios de cinéma, les agences web / webtv d’accélérateur au tre. En terme éditorial,
/ webradios etc. le magazine est plus orienté sur les dossiers,
Show (Na onal Associa on of Broadcas-
ters), à Las Vegas aux États-Unis. la version web est plus axée sur l’actualité.»
...

www.radiosoee.com / Guide des mé ers du son 106


ÉDITEUR PRESSE SPÉCIALISÉE
AUDIOVISUEL PROFESSIONNEL
ENTRETIEN

LA RENAISSANCE DE SONOVISION ques que dans une chaîne de télévision, d’usage : quel matériel pour quel usage et
« Sonovision a con nué à perdre son lecto- avec la ges on des médias, le stockage, dans quelles condi ons ? Le Guide du tour-
rat et ses revenus jusqu’à la liquida on de l’archivage et l’iden fica on des contenus. nage est conçu comme un ou l pragma-
la société d’édi on, après 45 ans d’exis- que qui donne des points de repères, il
tence. Nous avons racheté la marque en LE GUIDE DU TOURNAGE mêle fiches techniques et ar cles pra-
avril 2015. Elle est intégrée aujourd’hui à la « Sur les différents supports et le Guide du ques. »
société Généra on Numérique, éditeur des tournage, nous proposons des bancs d’es-
deux magazines. sais mais nous veillons à dépasser le cadre
du compara f technique pur. LE MODÈLE ÉCONOMIQUE
Sonovision a été reposi onné sur un sec- « En cumulé sur Mediakwest, entre le pa-
teur qui n’avait pas de magazine : la com- Aujourd’hui il existe de très nombreux ma- pier et le web nous comptons 30 à 40 000
munica on et l’intégra on audiovisuelle. tériels de qualité, et pour ainsi dire, nous lecteurs mensuels. Après un an et demi de
On explique par exemple comment une considérons qu’en 2016 toutes les caméras rodage, nous sommes désormais sur une
société comme BNP Paribas peut u liser sont bonnes — ce qui intéresse les profes- croissance à deux chiffres en termes de
l’audiovisuel pour sa communica on ; com- sionnels va plutôt se situer sur la valeur visitorat et de chiffre d’affaires.
ment créer une salle de réunion avec des ...
vidéos-projecteurs et systèmes automa -
sés ; comment un musée comme celui de la
Carte à jouer à Issy-les-Moulineaux peut
ajouter de l’interac vité etc. La muséogra-
phie est devenue un marché important — la
France compte de nombreux musées qui
sont autant de vitrines pour les départe-
ments ou les régions. Ils misent beaucoup
pour se différencier sur l’interac vité et
l’image.

Quant aux entreprises privées, au sein des-


quelles l’image a pris une place très impor-
tante, notamment dans les grands groupes,
on peut rencontrer les mêmes probléma-

www.radiosoee.com / Guide des mé ers du son 107


ÉDITEUR PRESSE SPÉCIALISÉE
AUDIOVISUEL PROFESSIONNEL
ENTRETIEN

Nous commençons à avoir des abonne- parisienne chez des prescripteurs (les
ments papier individuels et ins tu onnels grosses chaînes de télévision, les gros pro-
(notamment pour des lieux d’échanges ou ducteurs, les plateaux de tournage...). On
qui accueillent du public comme les chaînes envoie également des magazines par voie
de télévision, des universités, des gros pro- postale à une sélec on d’autres grands ac-
ducteurs). teurs du secteur pour les inviter à s’abon-
ner.
Nous rédigeons cinq édi ons papier par an
de Mediakwest, plus le Guide du tournage On se donne aujourd’hui deux ans, pour
(édité en hors-série) et quatre édi ons par travailler sur le renforcement de notre lec-
an de Sonovision. Nous imprimons en torat et mieux connaitre le profil des lec-
France chez Corlet, un gros imprimeur basé teurs/visiteurs. Nous réfléchissons à la créa-
en Normandie, à Condé-sur-Noireau. Cela on d’une nouvelle offre de type premium
nous permet d’être plus réac fs, et de pou- et freemium, et le lancement d’un guide
voir intégrer les dernières actualités, au basé sur le principe du Qui fait quoi ? de
dernier moment. Sur l’ensemble des sup- Sonovision qui listait les sociétés de cons-
ports nous sommes sur un rage de 8 à tructeurs, distributeurs et prestataires au-
10 000 exemplaires par an. diovisuels. » ■

Jusqu’à présent nous assurons la distribu-


on nous-mêmes. Pour développer notre
notoriété nous avons mul plié les modes
de distribu on. En plus des abonnements,
nous distribuons le magazine sur des salons
professionnels, c’est important en termes
de visibilité pour nous mais aussi pour nos
annonceurs. Vous nous retrouverez ainsi
sur le NAB de Las Vegas, le SATIS de la Porte
de Versailles, mais aussi au MIP et Fes val
de Cannes. Nous déposons aussi des exem-
plaires sur une centaine de points en région

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RÉDACTEUR PRESSE SPÉCIALISÉE
ENTRETIEN

Benoît Stefani, ingénieur du son pour la télé- chose de formel en discussion entre deux cinéma ou à la télévision : on a des rush et il
vision, collabore régulièrement à la rédac- collègues qui parlent bou que. faut en rer la moelle, en rer le plus inté-
on du magazine Mediakwest. ressant, rendre compte du profil de chacun,
J’ai toujours écrit pour la presse, à commen- présenter les professionnels... Journaliste
« Je suis un ingénieur du son qui écrit ! » cer par des magazines hobbyistes comme dans l’audiovisuel ou pour la presse écrite,
Play Record. On parlait de home studio, on finalement la base est la même.
LE MÉTIER testait des consoles, des micros, les logiciels.
J’ai connu Stéphan Faudeux chez Sonovision J’essaye d’abord de faire l’ar cle pour moi.
© DR

« Les éditeurs avec lesquels j’ai collaboré


— quand il a créé Mediakwest il m’a propo- Si je ne m’amuse pas, si ne n’apprends rien,
ont toujours fait appel à des professionnels
sé d’intervenir sur la par e son à l’image. Le je m’embête, je n’y trouve pas mon compte
de l’audiovisuel en ac vité, capables de ré-
plus souvent Stéphan annonce la théma- et j’imagine que le lecteur non plus. Je
Benoît STEFANI diger des ar cles ponctuellement, plutôt
que du prochain numéro et j’essaye d’être m’iden fie au lecteur. »
Ingénieur du son / Rédac- que de faire appel à des journalistes à qui
force de proposi on en lui soumeVant des
teur presse spécialisée on demande d’apprendre le mé er. Ce sont
sujets (un banc d’essai, l’inaugura on d’un LES TESTS PRODUITS
deux approches possibles dans la presse
(\~?~B@f>D? ?d]~B>zdG) nouvel auditorium, la sor e d’un nouveau
technique, mais je trouve la première plus « La probléma que que j’ai pour le test de
produit audio...). »
intéressante. matériels, c’est que je peux tester moi-
CURSUS même les pe ts matériels (un micro, un
LES QUALITÉS DU RÉDACTEUR
Quand on arrive sur des choses pointues et système HF, un enregistreur...) mais lorsque
École de commerce « Comme tout journaliste, le journaliste
techniques, c’est la meilleure façon d’obte- l’on doit parler d’un gros système Pro Tools
Forma on profession- spécialisé doit avoir une bonne culture tech-
nir de bons résultats. Lorsque j’interroge doté d’interfaces, de carte DSP et d’une
nelle mé ers du son des confrères, le contact s’établit mieux nique. Il faut être curieux, se documenter, surface de contrôle 36 faders motorisé, ça
(INFA) lorsqu’ils se rendent compte au bout de 2 suivre les différents salons, les annonces des devient compliqué. Dans ce cas on a deux
ou 3 ques ons que la personne en face constructeurs, être à l’affut des nouveautés. solu ons, soit on se rend chez l’importateur
WEB d’eux les comprend, qu’elle connait leur Il faut aussi avoir de la méthode, bien con- qui vous fait une démo dans son show-
mé er, qu’elle sait dans quelles condi ons naître son sujet, préparer ses ques ons, se room, soit — et c’est mon par pris — on se
www.mediakwest.com documenter sur les personnes ou sociétés rend chez un u lisateur qui vient d’installer
ils exercent, et quels sont leurs besoins en
www.sonovision.com qu’on rencontre. Il faut avoir le sens de la le système pour le voir en état de fonc on-
condi on d’exploita on. Ils y sont sensibles
www.france3.fr synthèse. Pour préparer un ar cle consacré nement et partager ses réac ons, voir l’en-
et c’est ainsi qu’on ob ent les réponses les
plus justes. Cela permet d’établir une rela- au son dans les cars régies, j’ai interrogé par semble fonc onner dans son environne-
on de confiance. On peut rebondir, aller exemple trois professionnels pendant près ment pour voir comment l’intégra on et
plus loin dans le détail, transformer quelque de 50 mn chacun. Ça représente 3 heures de l’exploita on se font. » ■
rush. C’est un peu la même démarche qu’au

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LES PROFESSIONNELS DU SON
DOSSIERS

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LA SEINE MUSICALE
LE GESTE ARCHITECTURAL ET L’ACOUSTIQUE
DOSSIER

© DR

La Seine Musicale
Boulogne-Billancourt

www.laseinemusicale.com

© DR
Projet phare de la Vallée de la Culture des pôle d'enregistrement et des salles de répé- LE LIEN ENTRE ARCHITECTURE ET ACOUS-
Hauts-de-Seine, La Seine Musicale — conçue on complètent le disposi f offert aux ar- TIQUE
par les cabinets d’architectes Shigeru Ban et stes. Marie-Pierre Ciminelli : « Sur un tel projet,
Jean de Gas nes — cons tue le premier l’enjeu de l’architecte est d’allier perfor-
La Seine Musicale accueillera également en
jalon dans l’aménagement de l’Île Séguin. mance acous que et qualité architecturale,
résidence, la Maîtrise des Hauts-de-Seine
Elle accueillera ses premiers concerts dès le (Chœur d’enfants de l’Opéra Na onal de d’user de la géométrie des espaces pour
printemps 2017. Paris) et Insula Orchestra. réaliser de beaux espaces aux qualités so-
nores excep onnelles. Le par acous que
La grande salle de concert dédiée aux mu- Marie-Pierre Ciminelli, Pilote des perfor- est donc intégré dès le premier coup de
siques actuelles (d’une capacité de 4 à 6 000 mances acous ques et environnementales crayon.
places), en èrement modulable sera en ca- pour Bouygues Bâ ment Île-de-France sur le
Illustra ons © Shigeru Ban
pacité de proposer jusqu’à 6 spectacles en chan er de la Seine Musicale, précise le lien
Architects Europe — Jean de Architecte et acous cien collaborent étroi-
48h. L’auditorium de 1 100 places accueille- entre le geste architectural et le traitement
Gas nes Architectes — tement pour proposer ensemble une géo-
Morphe ra quant à lui les concerts de musique clas- acous que d’un équipement culturel à métrie digne d’une œuvre d’art.
sique ou contemporaine, non amplifiée. Un rayonnement interna onal. ...

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LA SEINE MUSICALE
LE GESTE ARCHITECTURAL ET L’ACOUSTIQUE
DOSSIER

La qualité acous que d’une construc on les différents espaces pour assurer un con- sis notamment pour leur savoir-faire et leur
s’ob ent par un ensemble de principes qui fort absolu. expérience dans le domaine. »
cons tuent ce que l’on peut appeler le par
acous que. Pour être efficaces, ces mesures Géométries des salles, nature des matériaux LE TRAITEMENT ACOUSTIQUE DE LIEUX DÉ-
doivent intervenir méthodiquement tout au (réfléchissants, absorbants, diffusants...) DIÉS À LA MUSIQUE
long de la concep on et de la réalisa on du sont autant de sujets à étudier au sein de la « Une salle de spectacle dédiée à la musique
bâ ment, de l’étude préliminaire jusqu’aux Maîtrise d’œuvre pour abou r au résultat amplifiée est traitée différemment d’une
travaux de fini on. escompté. salle dédiée à la musique classique : volume,
forme, ra o surface absorbante / réfléchis-
Dès la concep on, deux bureaux d’études Au sein de l’entreprise générale Bouygues sante…
acous ques se sont penchés sur le projet : Bâ ment Île-de-France, une personne dé-
Nagata Acous cs, spécialisé dans l’acous- diée pilote la performance acous que en Les éléments qui garan ssent la qualité
que interne des salles de musique et La- s’assurant que toutes les presta ons réali- d’écoute d’une salle de musique amplifiée
moureux Acous cs se concentrant sur la sées répondent posi vement aux aVentes sont surtout associés au traitement
performance acous que entre les salles et acous ques. Les sous-traitants ont été choi- des basses (par des panneaux absor- ...

Vue en coupe de l’auditorium et


de la voile photovoltaïque.

Photos © SAEM Val de Seine /


Alain de Baudus

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LA SEINE MUSICALE
LE GESTE ARCHITECTURAL ET L’ACOUSTIQUE
DOSSIER

bant en laine, des caissons en bois). Les ma- LE TRAITEMENT ACOUSTIQUE DES LIEUX
tériaux et disposi fs u lisés sont : le bois, le NON DÉDIÉS À LA MUSIQUE QUESTION DE SPÉCIALISTE :
plâtre, la laine minérale… « Une exigence a été demandée sur l’en- C’EST QUOI LE SON ?
semble des espaces. La proximité des di- « Le terme son se rapporte à deux événe-
Concernant l'acous que interne, l'élément verses zones d’ac vité qui se jouxtent ou ments liés : l’un, d’ordre psychologique, est
le plus déterminant est la morphologie de la s’interpénètrent a une influence détermi- la sensa on audi ve ; l’autre, de nature
salle et de ses surfaces, dans le but d'op mi- nante sur la nature des difficultés à surmon- physique, est l’excita on qui en est la cause.
ser la distribu on des réflexions sonores sur ter ; celles-ci affectent principalement l’en-
scène et vers le public. veloppe protectrice des construc ons, c’est- Une certaine vibra on de l’air se propa-
à-dire les façades et la toiture voire les fon- geant dans le milieu élas que ambiant, ap-
Le défi majeur consistait aussi à pouvoir da ons. » ■ plique sur le tympan de l’oreille, lorsqu’elle
traiter de façon op male le bruit de fond
aVeint celui-ci, une suite de surpressions et
généré par l’ac vité d’exploita on du site, y
de dépressions, par rapport à la pression
compris le bruit induit par les mouvements
atmosphérique qui correspond à l’état
de la voile photovoltaïque qui tournera au-
d’équilibre du tympan. »
tour de l’Auditorium pour suivre la course
du soleil.

Dans plusieurs salles de musique, des appuis


acous ques permeVent la désolidarisa on
d’une coque par rapport à l’autre (le prin-
cipe d’une salle de musique étant une boîte
dans la boîte). Et pour prendre en compte
les vibra ons de la voile photovoltaïque, en
Construc on de la structure pied, un joint de désolidarisa on la sépare
en nid d’abeille du plafond de de l’Auditorium et en tête, des ressorts
l’auditorium (composée de jouent ce rôle.
bois et carton)
Des répé ons grandeur nature per-
Photo © cite-musicale-ile- meVront à l’orchestre de se familiariser
seguin.hauts-de-seine.fr avec l’acous que unique de l'Auditorium. »
/ Laurent Blossier

© DR
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LA SEINE MUSICALE
LE GESTE ARCHITECTURAL ET L’ACOUSTIQUE
DOSSIER

← Auditorium (construit en
vignoble — permeVant au
public de se répar r tout
autour de la scène sur un
ensemble de balcons et
terrasses) et faux-plafond
en nid d’abeille © Shigeru
Ban Architects Europe —
Jean de Gas nes Architectes
— nmstudio

© DR
← (gauche) Plateau Tuf ©
Shigeru Ban Architects Eu-
rope — Jean de Gas nes
Architectes — Morphe

← (droite) Grande salle de


concert (4000 places assises,
6000 places debout) © Shi-
geru Ban Architects Europe
— Jean de Gas nes Archi-
tectes

© DR
© DR

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LA SEINE MUSICALE
LE GESTE ARCHITECTURAL ET L’ACOUSTIQUE
DOSSIER

© DR
© DR
© DR
↑ Étapes de construc-
on de la structure du
bâ ment (2016) © Shi-
geru Ban Architects
Europe — Nicolas Gros-
mond

← Vue d’ensemble de
La Seine Musicale ©
Shigeru Ban Architects
Europe — Jean de Gas-
nes Architectes —
Morphe

© DR
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NAGRA
LA MARQUE CULTE DU REPORTER RADIO
ENTRETIEN

Directeur de la filiale française d’Audio Tech- mande, il a alors réorienté ses travaux vers ce l’être Klaxon, Kleenex ou Frigidaire dans leurs
nology Switzerland France (A.T.S), Francis domaine et proposé en 1951, le premier en- domaines. En journalisme, même encore
Guerra retrace l’histoire du plus célèbre enre- registreur sur bande, autonome et portable, aujourd’hui, on ne dit pas Je prends mon ma-
gistreur audio portable professionnel — le qui permeVait aux journalistes d’être libres gnétophone, mais Je prends mon Nagra. Un
Nagra — indispensable compagnon de route de leurs mouvements — plus besoin de se lien affec f énorme lie les journalistes à la
des reporters radio du monde en er. déplacer avec un camion et ses kilomètres de marque.
câbles pour enregistrer, le journaliste partait
AUDIO TECHNOLOGY SWITZERLAND sur le terrain sans avoir ce qu’on appelait de LES MODÈLES ANALOGIQUES
« La société A.T.S est issue du groupe Nagra- fil à la paKe. « Après le Nagra I conçu en 1951, ont suivi le
vision (Nagra Kudelski Group) — un très Nagra II et le Nagra III. Ce dernier, fabriqué à
© DR

grand groupe de développement technolo- Il existe des enregistrements mythiques de 15 000 unités, a marqué toute la décennie
gique employant près de 2 500 personnes l’époque, comme celui du bourdon de Notre- 1960. C’était le premier Nagra transistorisé
dans le monde, et dont la principale ac vité Dame réalisé par Kudelski lui-même — c’était (et non plus à tubes). Les transistors au Ger-
Francis GUERRA
aujourd’hui est le développement de solu- la première fois qu’on pouvait accéder au manium permeVaient de réduire la place
Directeur (@dC>D fGF}?D-
ons de contrôle d’accès pour la télévision somment de la cathédrale ainsi pour faire occupée par les circuits internes et d’amélio-
eD\y gu>f‚GBe@?C EB@?FG
numérique à péage (en France, vous retrou- une prise de son, c’était fabuleux pour rer la qualité de res tu on sonore. C’était le
— A.T.S)
vez la technologie Nagravision sur les fameux l’époque. premier modèle intégrant un système
WEB décodeurs Canal+ et CanalSat). d’asservissement du moteur des né à régu-
www.nagraaudio.com L’appareil était robuste, fiable, y compris ler la vitesse de défilement de la bande, assu-
Elle fut créée en 2012 par la famille Kudelski, dans des condi ons très difficiles (froid, cha- rant une régularité hors-norme.
afin de reprendre l’ensemble des ac vités de leur, humidité…), mais son point fort était
la division audio du groupe, à travers trois surtout sa qualité de son analogique. Ku- Le modèle qui a suivi est le Nagra E, un mo-
grands secteurs : l’audio professionnel, la delski maîtrisait déjà très bien la technologie dèle reconnaissable par sa couleur rouge,
Hi-Fi et la sécurité. » analogique à tubes et a réussi à concevoir développé spécialement pour les radios. Des
des pré-amplis micros de grande qualité. années 70 à 90, tous les journalistes en
LA SAGA NAGRA C’est ce qui lui a permis au fil des années de étaient équipés. Le groupe Radio France nous
s’implanter rapidement au sein de toutes les avait commandé une édi on spéciale, bleue,
« La première inten on de Stefan Kudelski, à grandes radios suisses et françaises, puis du
l’origine, était de concevoir un magnéto- gravée à son nom.
monde en er.
phone des né à automa ser des chaînes de
machines-ou ls, mais son inven on n’a pas Le Nagra IV-S (S comme Stereophonic) a par-
Au fil des généra ons, la marque Nagra est culièrement marqué le secteur de la mu-
retenu l’intérêt des industriels. Comme il devenue un nom commun comme peuvent sique. Le modèle est resté pendant
avait des connaissances à la radio Suisse Ro- ...

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NAGRA
LA MARQUE CULTE DU REPORTER RADIO
ENTRETIEN

une vingtaine d’années la référence en ma- ainsi accompagné la numérisa on des radios Sans parler du montage et de la diffusion. À
ère d’enregistrement nomade stéréo de en développant le modèle ARES-C, le premier l’époque des bandes analogiques, le montage
haute qualité. De nombreux ar stes ont en- enregistreur sta que sur cartes Flash. était déjà très simple : en 1968, un journa-
registré leurs concerts sur un IV-S. Encore liste pouvait faire son reportage au cœur des
maintenant, pour certains projets, des ingé- Ce modèle était un modèle trois-en-un : il manifesta ons, faire ensuite lui-même son
nieurs du son vont enregistrer en numérique, permeVait l’enregistrement, mais aussi le montage en découpant les bandes aux ci-
puis coucher la musique sur un IV-S afin d’ob- montage virtuel et la diffusion via le réseau seaux, revenir avec son PAD (Prêt-à-diffuser)
tenir ceVe qualité analogique par culière, Numéris. Vingt ans après il fonc onne encore à la sta on de radio, le placer sur la machine
liée à la bande, à son grain et aux pré-amplis dans toutes les radios. et le faire par r en diffusion.
micros d’origine. » On commence aujourd’hui à changer le parc
d’ARES-C par le Nagra Seven sor en 2013. » Depuis le modèle ARES-C et les possibilités de
LE TOURNANT DU NUMÉRIQUE montage virtuel, ce que le reporter faisait en
« Le modèle RTU (Rotary Transport Unit) dé- LA PRATIQUE DU JOURNALISME une demi-heure, il le fait maintenant en 5
veloppé en 1989 pour Honeywell et Boeing a « Outre le fait que depuis 1951 les journa- minutes. Il peut en outre diffuser de n’im-
cons tué la première expérience digitale. listes ont la possibilité d’emmener leur enre- porte quel point du globe, même en direct : à
L’enregistreur avait une applica on pure- gistreur en tout point, ils sont de plus en plus la technologie Numéris déjà présente sur
ment industrielle. Il servait aux tests et vols mobiles et discrets. l’ARES-C, nous avons ajouté au Seven la liai-
d’essais. son internet (transfert ‰p), la voix sur IP
Avec la numérisa on et donc la dispari on de (VOIP), la connexion WIFI ou GSM 3 ou 4G. Le
Le premier enregistreur numérique audio de la par e mécanique, non seulement nous modèle Seven est un peu le couteau suisse
la marque, le Nagra D, a été conçu en 1992. avons réduit la maintenance (il n’y a plus de du journaliste. »
Numérique, mais toujours sur bande — une changement de pièces d’usure, de roule-
bande digitale similaire aux bandes vidéos. ments etc.) mais nous avons aussi allégé le AXES D’INNOVATION
Ce modèle est resté l’une de nos références poids de l’appareil et son encombrement. Le « Nagra a apporté un nombre considérable
en termes de qualité. Nagra III pesait dix kilos (les épaules des jour- d’innova ons pour la radio, la musique mais
nalistes des années 60 s’en souviennent), le aussi le cinéma. Kudelski par exemple a in-
C’est en 1995 que l’on bascule au tout digital Nagra E six kilos, l’ARES-C pesait trois ou venté le neo-piloton, un signal de synchroni-
avec l’arrivée des premiers supports informa- quatre kilos, le poids d’un Seven aujourd’hui sa on sur la bande, permeVant une synchro
ques : des cartes PCMCIA qui coûtaient n’est plus que de 1kg et le SD se glisse dans la image et son. C’était révolu onnaire pour les
deux ou trois mille francs de l’époque pour poche ! Cela vous offre beaucoup de possibi- usages du cinéma.
une capacité de 20 MO. En collabora on lités en termes de mobilité.
avec les acteurs de la profession, Nagra a
...

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NAGRA
LA MARQUE CULTE DU REPORTER RADIO
ENTRETIEN

S’agissant de la bascule de l’analogique vers ons ou extensions logicielles sans modifier loppements sont effectués dans un contexte
le numérique Nagra a su accompagner le le hardware de l’appareil. » confiden el.
mouvement assez facilement du fait que la
société a toujours su tenir compte des be- HI-FI Je peux simplement dire que c’est un secteur
soins de la profession, par culièrement en « La Hi-Fi ou plus précisément High-End pour lequel nous avons repris le développe-
radio, qui est un secteur plus vaste pour nous (c’est-à-dire la haute-fidélité haut de ment dans les années 90, après l’avoir un peu
que le cinéma ou la musique. gamme), a été développée à la fin des an- abandonné. En effet, dès les années 60, Ku-
nées 90. Cela répondait à la fois à la de- delski avait développé le Nagra SN (SN
Cela ent sans doute pour par e au fait que mande des clients et aux capacités des ingé- comme Série Noire) pour l’usage exclusif de
l’équipe d’ingénieurs basée en Suisse est nieurs. Nagra a développé des pré-amplis, et la CIA pendant quelques années. L’enregis-
restée longtemps la même depuis les années amplis pour des écoutes domes ques de très treur miniature a ensuite été u lisé par tous
70-80 jusqu’au milieu des années 2000. Elle a haute qualité. Le PL-P en 1997 est un pré- les réseaux de services secrets, défense, et
donc toujours su capitaliser sur les avancées ampli ligne et phono. Les amplis VPA de 50 police dans le monde en er. Pour la marine
technologiques de chaque produit et a tou- waVs en classe A, avec des lampes, ont con- française, Kudelski avait également dévelop-
jours eu les ressources pour apporter des nu un énorme succès surtout en Asie. Nagra pé en 1967, un modèle miniaturisé d’enregis-
innova ons majeures. conçoit également des lecteurs CD, amplis et treur bap sé CreveKe, intégré à des torpilles
pré-amplis transistorisés. de sous-marins et des né à enregistrer des
Pour le cinéma et la musique nous avons données de trajectoires. » ■
développé le Nagra VI, un modèle 8 pistes de Ces produits sont importés et distribués par
très très haute qualité dans le domaine audio des réseaux dédiés à la haute-fidélité, grand
dont tout le monde vous dira qu’il possède le public mais aussi professionnels (par exemple
meilleur système de pré-ampli micro. Et ceVe pour des studios qui veulent écouter le résul-
technologie développée sur un enregistreur tat d’un mixage avant pressage). »
très pointu a su être transférée sur les mo-
dèles suivants, plus courants, comme le Se- SÉCURITÉ
ven.
« La sécurité, cons tue le troisième secteur
Dans le domaine informa que, nous u lisons de développement, toujours lié à l’audio. Nos
désormais des plateformes plus ouvertes. Le produits s’adressent aux services de police et
Seven tourne sous Linux, ce qui ouvre l’appa- services secrets qui ont besoin notamment
reil à toutes sortes d’évolu on, il n’est plus de notre savoir-faire en ma ère de miniaturi-
figé. On peut aisément ajouter des améliora- sa on pour l’espionnage. Mais il n’y a pas de
communica on sur ces produits, ces déve-

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NAGRA
LA MARQUE CULTE DU REPORTER RADIO
ENTRETIEN

Nagra I (1951) Nagra III (1958) Nagra IV-S (1971) Nagra E (1976)

Nagra RTU (1989) Nagra D (1992) Nagra ARES-C (1995) Nagra VI (2008)

© Les illustra ons de ceVe page et suivante sont rées de la chrono-


logie et documenta on technique Nagra (www.nagraaudio.com)

www.radiosoee.com / Guide des mé ers du son 119


NAGRA
LA MARQUE CULTE DU REPORTER RADIO
ENTRETIEN

Nagra SD (2011) Nagra Seven (2013)

Amplificateur à lampes Nagra 300 p

www.radiosoee.com / Guide des mé ers du son 120


NAGRA
LE NAGRA VI EN ACTION / CINÉMA
PHOTOGRAPHIES © AUDIO TECHNOLOGY SWITZERLAND FRANCE
ENTRETIEN

Dédié à la musique et au cinéma, le Nagra VI


avec ses 8 pistes audio trouve sa place sur les
plateaux de cinéma des grandes produc ons
françaises.

Prise de son avec le Nagra VI par l’ingénieur du


son François Maurel sur le tournage des films :

Les nouvelles aventures d’Aladin (ci-dessus)


Réal. Arthur Benzaquen, 2015

La promesse de l’Aube (ci-contre et à droite)


Réal. Eric Barbier, 2016

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NAGRA
LE NAGRA VI EN ACTION / CINÉMA
PHOTOGRAPHIES © AUDIO TECHNOLOGY SWITZERLAND FRANCE
ENTRETIEN

Réputé résistant, le Nagra VI de Miguel Rejas


assure les prises de son directes, en plateau
comme en extérieur, dans toutes les condi-
ons...

Les Naufragés (haut)


Réal. David Charhon, 2016

Le voyage de Fanny (bas, gauche et centre)


Réal. Lola Doillon, 2016

Belles familles (ci-contre)


Réal. Jean-Paul Rappeneau, 2015

www.radiosoee.com / Guide des mé ers du son 122


NAGRA
LE NAGRA SEVEN EN ACTION
PHOTOGRAPHIES © AUDIO TECHNOLOGY SWITZERLAND FRANCE
ENTRETIEN

Interview de Mar n Schulz, Président du Parlement européen,


par l’équipe de Radio Campus (radio associa ve étudiante) avec un Nagra Seven.

Fernand Deroussen, audio-naturaliste, a adopté le Nagra Seven pour enregistrer


sur le terrain, cris et chants d’animaux sauvages.
© MussoKe films / Naturaphonia, 2015.

www.radiosoee.com / Guide des mé ers du son 123


ÉCOLES & FORMATIONS

GRAND Découvrez toute l’offre de forma on dispo-


nible sur le territoire de Grand Paris Seine
Ouest :
PARIS INA — Studio École de France — IMDA —

SEINE Classe de Son du Conservatoire de Boulogne-


Billancourt — BTS audiovisuel du lycée J. Pré-
vert — Brevet de Technicien des Mé ers de
OUEST la Musique du Lycée J-P Vernant — Filière
Systèmes Numériques du lycée Les Côtes de
Villebon — Op on Cinéma Audiovisuel du
lycée la Source.

www.radiosoee.com / Guide des mé ers du son 124


INA
(FORMATION PROFESSIONNELLE)

COORDONNÉES FORMATIONS PUBLIC

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fessionnelle et les bons réflexes en situa on de produc on /
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16 étudiants par promo on. ma on : le site historique de Bry-
sur-Marne pour les forma ons
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Forma on professionnelle Objec fs : produire des émissions technico-créa ves (7 000 m2 de
de radio (concevoir des émissions de radio / diffuser en direct salles et studios) et le site d’Issy-
les-Moulineaux dédié à la stratégie
l’antenne / programmer les conducteurs, les grilles d'antenne).
et management des contenus au-
6 étudiants par promo on.
diovisuels, au droit de l’audiovisuel
Animateur(trice) radio et du numérique, à l’écriture, et au
media-training des cadres, diri-
Cer ficat de qualifica on professionnelle (Cer f. RNCP) Objec-
geants et journalistes.
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sa onnelles pour exercer le mé er d’animateur radio sur les
différents formats radiophoniques. 12 étudiants par promo on Implanté dans le quar er d’affaires
d’Issy-les-Moulineaux le centre de
Journaliste reporter d’images média global 1 300 m² s’adresse aux profession-
Cer fica on professionnelle RNCP niveau II - Bac +3/4 nels et entreprises des secteurs
médias et télécoms par culière-
Objec fs : Acquérir une pluricompétences : rédiger, tourner,
ment concentrés sur le territoire de
monter. Concevoir et préparer un reportage d'actualité.
12 étudiants par promo on. Grand Paris Seine Ouest.

www.radiosoee.com / Guide des mé ers du son 125


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(ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR)

COORDONNÉES FORMATIONS PUBLIC


BTS Mé ers de l’audiovisuel — Admission sur dossier. Pré-requis : Bac S,
Site d’Issy-les-Moulineaux L’INA SUP propose 14 diplômes de Bac+2 à Bac+5, dans 5 fil- STI2D, STI op on génie électronique ou génie électrotechnique — Être âgé de
21-23 rue Camille Desmoulins ières de l’audiovisuel : Produc on / Son / Image / Documenta- moins de 26 ans.
on et patrimoine / Ingénierie audiovisuelle. Diplôme INA « Ingénierie sonore » — Admission sur dossier. Pré-requis :
Site de Bry-sur-Marne Diplômes délivrés par l’Educa on Na onale. Bac+2 (BTS mé ers de l’audiovisuel, op on mé ers du son / Diplôme, tre
4 avenue de l'Europe professionnel ou L2 dans le domaine de l’audiovisuel avec expérience profes-
BTS Mé ers de l’audiovisuel — Op on « mé ers du son »
sionnelle).
01 49 83 20 00 Niveau Bac +2 Technicien du son Master LeVres et Arts, Spécialité musique — Admission sur dossier. Pré-
www.ina-expert.com requis : Être tulaire d'une licence ou d'un diplôme de niveau équivalent
Ce diplôme vous forme à la mise en place, au réglage et à l’ex-
ploita on des équipements de capta on du son, au montage, (Bac+3) rela f aux ma ères enseignées. Sensibilité ar s que affirmée.
au mixage, à l’illustra on et à la diffusion sonores de produc-
ons audiovisuelles. Forma on en alternance, en partenariat 12 étudiants par promo on
avec le Lycée Evariste Galois de Noisy-le-Grand (93) et le CFA du
MODALITÉS D’INSCRIPTION / CALENDRIER
spectacle vivant et de l'audiovisuel.
Consulter le site www.ina-expert.com
Diplôme INA « Ingénierie sonore »
Niveau Bac +3 Assistant ingénieur du son CONDITIONS ET PRISES EN CHARGE FINANCIÈRES

Ce diplôme s’adresse aux étudiants souhaitant se spécialiser BTS Mé ers de l’audiovisuel — Pas de frais de scolarité (les frais de forma-
dans la produc on, post-produc on son, ou la sonorisa on, à la on sont pris en charge via le CFA par les entreprises d'accueil).
suite d’un BTS audiovisuel op on Son, ou ayant un niveau équi- Diplôme INA « Ingénierie sonore » — 12 600 € de frais de scolarité pour les
valent et une expérience professionnelle. Forma on en alter- salariés financés (contrat de professionnalisa on). 1 500 € de frais de scolarité
nance (contrat de professionnalisa on). pour les candidats ne bénéficiant d'aucun financement (étude au cas par cas)
Master LeVres et Arts, Spécialité musique — Frais applicables aux masters.
Master Le9res et Arts, Spécialité musique, Parcours acous- Renseignements auprès de l'Université Paris-Est Marne-la-Vallée.
ma que et Arts sonores
INA GRM (Groupe de recherches Musicales)
Niveau Bac +5 Créateur sonore
Créa on et recherche dans le domaine du son et des
Centrée sur le domaine électroacous que et les arts sonores,
musiques électroacous ques
ceVe forma on est des née aux futurs spécialistes de l’écriture
www.inagrm.com
et de la diffusion du son. En partenariat avec l'Université Paris-
Est Marne-la-Vallée et avec le concours de INA GRM (Groupe Espace recherche audiovisuelle et numé-
de recherches musicales de l’INA). rique : www.ina-expert.com

www.radiosoee.com / Guide des mé ers du son 126


STUDIO ÉCOLE DE FRANCE
(ÉTABLISSEMENT PRIVÉ D’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR TECHNIQUE)

COORDONNÉES FORMATIONS PUBLIC


Niveau BAC et +. Bonne culture générale.
145 rue Jean-Jacques Rousseau Studio École de France propose une forma on sur deux ans,
92130 Issy-Les-Moulineaux aux mé ers de la radio dans trois spécialités : MODALITÉS D’INSCRIPTION / CALENDRIER
Animateur Rentrée en septembre. Inscrip on tout au long de l’année après tests et en-
01 46 20 31 31
Journaliste (rédacteur-chroniqueur en expression radiopho- tre en individuel. Calendrier des sessions de recrutement :
www.studioecoledefrance.com
nique) www.studioecoledefrance.com/entre ens.php
Technicien réalisateur / producteur
Dir.: Sylviano Marchione CONDITIONS ET PRISES EN CHARGE FINANCIÈRES
Cer f. professionnelle niveau III
Établissement privé d’Enseignement Supérieur Technique.
À l’issue d’un premier trimestre pluridisciplinaire, l’étudiant Régime de Sécurité Sociale étudiant.
choisit sa spécialité avec l’accord du Conseil des Professeurs. Possibilité de prêts bancaires étudiants.
Les techniques spécifiques de la télévision sont abordées au Renseignements auprès de l’école.
cours de ces deux premières années, mais une troisième année
op onnelle y est en èrement dédiée.

Télévision (3ème année op onnelle)


Journaliste reporter d'images monteur (JRIM). Anima on de-
vant caméra. Prise de son / montage. Produc on.

Forma on professionnelle
Cours du soir en spécialisa on Anima on technico réalisateur
(213h de cours pra ques).

Valida on des acquis de l'expérience (VAE)


Valida on des Acquis de l'Expérience aux mé ers de la radio.

Studio de télévision dédié aux étudiants de 3ème


année

www.radiosoee.com / Guide des mé ers du son 127


IMDA
(INSTITUT DES MÉTIERS DU DOUBLAGE ET DE L'AUDIOVISUEL)

COORDONNÉES FORMATIONS OBJECTIFS

93 rue Thiers « Nos forma ons sont encadrées par des spécialistes connus et unanimement
92100 Boulogne-Billancourt Voix reconnus dans le milieu du doublage, du théâtre et du cinéma. Nous avons mis
Forma on du comédien de doublage (stages de 5 ou 10 jours) au point nos forma ons avec un degré d’exigence et une défini on des objec-
01 46 10 01 28 Forma on voix off (stages de 5 ou 10 jours) fs tels qu’elles répondent parfaitement aux besoins des professionnels qui
infos@imda.fr Forma on mixtes voix off/doublage (stages de 5 ou 10 jours) doivent sans cesse affûter leurs compétences. »
www.imda.fr Forma on voix off (stages de 5 ou 10 jours)
Cours hebdomadaires voix-off / doublage PUBLIC
Contacts : Caroline & Michel
Réalisa on de bande démo voix IntermiVents, salariés, demandeurs d’emplois, indépendants.
Forma on du comédien au chant « L’IMDA a pour voca on de former des professionnels dans tous les mé ers
qui gravitent autour du doublage. »
Son

Pra que du son dans le domaine du doublage MODALITÉS D’INSCRIPTION / CALENDRIER


Ini a on ProTools™ (en groupe ou en individuel) Forma ons tout au long de l’année. Calendrier et formulaire d’inscrip on dis-
ponibles sur www.imda.fr
Écriture

Détec on et adapta on avec Mosaic : de la V.O. à la V.F. CONDITIONS ET PRISES EN CHARGE FINANCIÈRES
Art et pra que de l’audiodescrip on « Nous accompagnons tous nos candidats dans la mise en place de leur dossier
Le sous- trage audiovisuel avec AYATO de prise en charge (financement AFDAS, Audiens, Pôle Emploi, FONGECIF,
etc.). »

www.radiosoee.com / Guide des mé ers du son 128


CONSERVATOIRE À RAYONNEMENT RÉGIONAL
DE BOULOGNE-BILLANCOURT (CLASSE DE SON)
COORDONNÉES FORMATIONS OBJECTIFS

22 rue de la Belle-Feuille Prise de son : L’étudiant acquiert les différentes techniques Créée en 1985, la Classe de Son du Conservatoire de Boulogne-Billancourt pré-
92100 Boulogne-Billancourt de prise de son en présence du professeur et d’un ou plusieurs pare les étudiants aux mé ers du son, en se focalisant plus par culièrement
musiciens à enregistrer (temps pédagogique : tests de plusieurs sur l’enregistrement musical. Le cursus dispense des connaissances théoriques
01 41 31 83 44 méthodes d’enregistrement — temps de produc on : livraison mais il met surtout l’accent sur l’enseignement pra que par de nombreuses
www.bb-cnr.com d’un enregistrement dans des condi ons professionnelles). mises en situa on tout au long de l’année. La place excep onnelle qu’occupe
ceVe forma on au sein d’un Conservatoire de haut niveau musical permet aux
François Latry, Pr coordinateur
Post-produc on : Les étudiants développent des compé- étudiants d’acquérir en peu de temps une solide expérience en lien avec des
Nicolas Auribault, Pr assistant
tences en montage audio, mixage et mastering, en séance de musiciens qui se dirigent vers le monde professionnel.
travaux pra ques, avec un étudiant par poste de travail.
PUBLIC
Théorie appliquée à l’audio : Ces cours, donnés par les ensei-
gnants du Conservatoire ou par des intervenants extérieurs Admission sur concours. Pré-requis :
abordent les no ons indispensables pour pra quer le mé er Avoir un niveau musical proche du C.E.M. d’un C.R.R
d’ingénieur du son (acous que fondamentale, acous que des Être tulaire du baccalauréat
salles, audio analogique et numérique, informa que, écoute Être âgé de moins de 26 ans
cri que, interphonie...).
MODALITÉS D’INSCRIPTION / CALENDRIER
Mise en situa on : Les étudiants enregistrent dans l’année
de nombreux concerts dans le cadre des ac vités du conserva- Les réunions d’informa on ont lieu en juin et septembre de chaque année,
toire et par cipent à des séances d’enregistrement studio. pour une rentrée début octobre. Les dossiers d’inscrip on au concours d’en-
trée sont à télécharger sur le site internet du C.R.R ou à re rer sur place au 22
rue de la Belle-Feuille. La descrip on des épreuves et des exemples sont dispo-
Diplôme délivré D.E.M (Diplôme d’Etudes Musicales)
nibles sur la brochure téléchargeable en ligne.
8 étudiants par promo on

CONDITIONS ET PRISES EN CHARGE FINANCIÈRES


Les tarifs s’échelonnent entre 226 et 763 euros en fonc on du quo ent familial
(tarifs 2016). Les étudiants âgés de plus de 18 ans bénéficient du statut étu-
diant (sécurité sociale étudiants et œuvres universitaires).

www.radiosoee.com / Guide des mé ers du son 129


LYCÉE JACQUES PRÉVERT
BTS AUDIOVISUEL

COORDONNÉES FORMATION CONTINUE OBJECTIFS

Lycée Jacques Prévert Le BTS audiovisuel du lycée Jacques Prévert de Boulogne- Le tulaire du Brevet de Technicien Supérieur des Mé ers du Son a la charge,
163 rue de Billancourt Billancourt propose 5 op ons en forma on ini ale ou en alter- sur des produc ons audiovisuelles, de la capta on sonore, du montage son, du
92100 Boulogne-Billancourt nance : mixage, de l'illustra on sonore et de la diffusion sonore. Il détermine les condi-
Ges on de Produc on ons de mise en œuvre des équipements, adaptées au type et au lieu de réali-
01 41 31 83 83 Montage et Post-produc on sa on.
contact@btsprevert.org Mé ers de l'image
www.btsprevert.org Techniques d'Ingénierie PUBLIC
Mé ers du Son Très réputé et demandé, le BTS audiovisuel de Boulogne-Billancourt a reçu
6 178 demandes en 2016 dans le cadre de la procédure AdmissionPostBac
Diplôme Bac +2 pour 60 places disponibles.

MODALITÉS D’INSCRIPTION / CALENDRIER


La filière mé ers du son couvre les ac vités de produc on
(audiovisuelle, cinématographique, sonore, mul média), presta- Inscrip on sur dossier (voir www.btsprevert.org).
ons de service (sonorisa on), diffusion et radio-diffusion, et les L’examen des dossiers d’inscrip on à lieu en avril, les entre ens de sélec on
structures culturelles (théâtres). ont lieu en mai pour une rentrée en septembre.

Les débouchés professionnels : Assistant son — Assistant studio


— Bruiteur — Chef opérateur son — Contrôle du son en sor e CONDITIONS ET PRISES EN CHARGE FINANCIÈRES
de codage — Habillage sonore, créa on musicale — Ingénieur La filière mé ers du son est ouverte aux tulaires du baccalauréat S ou STI ou
du son studio — Mixeur antenne — Mixeur post-produc on — Bac Pro SN.
Monteur son — Opérateur de prise de son — Régisseur son —
Sonorisateur retour et façade — Technicien d’antenne — Tech- Lycée public.
nicien mastering et restaura on sonore.

FORMATION EN ALTERNANCE
Pour la forma on en alternance, voir le site :
www.greta-92sud.fr/6-audiovisuel

www.radiosoee.com / Guide des mé ers du son 130


LYCÉE JEAN-PIERRE VERNANT
BREVET DE TECHNICIEN DES MÉTIERS DE LA MUSIQUE

COORDONNÉES FORMATIONS OBJECTIFS

Lycée Jean-Pierre Vernant Le lycée Jean-Pierre Vernant prépare depuis 1950 au Brevet de La forma on au Brevet de Technicien des Mé ers de la Musique (BTMM) a
21 rue du Docteur Ledermann Technicien des Mé ers de la Musique. pour objec f de permeVre à de jeunes musiciens lycéens de s’accomplir dans
les mé ers proches de leur passion. CeVe forma on (niveau Bac) permet à la
92310 Sèvres
L'enseignement se déroule sur 3 ans et inclut 4 groupes de disci- fois l'entrée dans la vie ac ve et l'accès aux études supérieures dans des do-
plines : maines aussi variés que le secrétariat musical, l’assistanat de produc on, l’édi-
01 46 26 60 10 1. Forma on musicale et ar s que : Histoire de la musique, on musicale ou phonographique, la régie (orchestres, théâtres), les services
www.lyceevernant.fr discographie comparée, dictée, solfège, analyse harmonique, de presse, la documenta on (discothèques, phonothèques, bibliothèques mu-
technologie instrumentale, chant choral, enregistrement en sicales) ou encore la vente de produits musicaux (disques, instruments).
studio
2. Forma on générale : français, sciences physiques, anglais, Le réseau d’anciens élèves —fortement aVachés à leur passage au lycée et
éduc on physique et spor ve pour beaucoup devenus des techniciens reconnus par la profession — contri-
3. Forma on commerciale : droit (commercial, civil, droits buent à la réputa on de la sec on dans le milieu professionnel.
d'auteur), bureau que (maîtrise des ou ls informa ques, cor-
respondance commerciale) 20 élèves par promo on
4. Stages professionnels : 3 semaines en 1ère et 6 semaines en
Terminale (au sein d’ins tu ons telles que l’Opéra de Paris, Ra- PUBLIC
dio France, la Cité de la Musique, Salle Pleyel, la SACEM, etc.).
Lycéens en 2nde générale (cycle long).

MODALITÉS D’INSCRIPTION / CALENDRIER


Diplôme Équivalent Bac
Un minimum de connaissances musicales étant indispensable, l’admission se
Le B.T.M.M. est officiellement reconnu comme un di- fait à l’issue d’une session de tests d’entrée qui se déroule généralement avant
plôme admissible en dispense du baccalauréat technolo- les vacances de printemps, avec parfois une session de raVrapage début juin
gique pour l’accès aux forma ons où un diplôme de niveau IV ou fin août (test d’écoute sur les plans ar s que et technique, théorie musi-
est exigé. On peut en par culier postuler à l’entrée en Universi- cale, Solfège chanté — clés de sol et fa, exécu on instrumentale et/ou vocale
té sous réserve de cons tuer un dossier de demande auprès de (un morceau au choix du candidat), entre en oral de mo va on).
l’UFR concernée qui statuera sur la demande en commission. L’inscrip on se fait par formulaire sur le site internet du lycée.
hVp://btmmsevres.wix.com/btmmsevres

www.radiosoee.com / Guide des mé ers du son 131


LYCÉE DES MÉTIERS LES CÔTES DE VILLEBON
FILIÈRE SYSTÈMES NUMÉRIQUES

COORDONNÉES FORMATIONS OBJECTIFS

Lycée des Mé ers Les Côtes Le baccalauréat professionnel filière Système Électronique et Le baccalauréat professionnel SN apporte les compétences et connaissances
de Villebon Numérique (SEN) du lycée Eugène Ionesco d’Issy-les- permeVant d’accéder à la vie professionnelle dans des domaines aussi variés
Moulineaux a été transféré en 2016 au Lycée des Mé ers Les que les réseaux informa ques industriels, la téléphonie ou l’électronique in-
3 rue Henri Etlin
Côtes de Villebon.
92360 Meudon-la-Forêt dustrielle. Il permet d’intégrer des forma ons de BTS (SEN, IRIS, Domo que,
Mé ers de l’audiovisuel ou Technico-Commercial) ou DUT (génie électrique et
Le nom de la filière et de ses spécialités sont également modi-
01 46 01 55 00 informa que industrielle).
fiées. La filière se nomme désormais simplement Systèmes Nu-
0921592f@ac-versailles.fr mériques (SN). L’op on Télécommunica on et Réseau (TR) de-
www.lyc-cotesdevillebon- PUBLIC
vient Réseaux Informa ques et Systèmes Communicants (RISC).
meudon.ac-versailles.fr L’op on AudioVisuel et Mul média (AVM) devient quant à elle CeVe filières s’adresse aux élèves issus de classe de troisième.
Audiovisuel, Réseaux et Équipements Domes ques (ARED). Elle compte 2 classes de 24 élèves.

MODALITÉS D’INSCRIPTION / CALENDRIER


Diplôme Bac pro
L’inscrip on se fait via le logiciel AFFELNET (affecta on des élèves par le net)
au moment des demandes d’orienta on au collège (mois de mai / juin). La
L’op on ARED/AVM couvre les domaines professionnels sui- rentrée s’effectue au mois de septembre.
vants : audiovisuel mul média — électrodomes que
— domo que liée au confort et à la ges on des énergies —
éclairage et sonorisa on. CONDITIONS ET PRISES EN CHARGE FINANCIÈRES
Lycée public.
La forma on se déroule sur 3 ans. La classe de seconde est gé-
néraliste. Le choix d’une spécialisa on RISC/TR ou ARED/AVM
concerne les classes de Première et Terminale.

www.radiosoee.com / Guide des mé ers du son 132


LYCÉE LA SOURCE
OPTION CINÉMA AUDIOVISUEL (CAV)

COORDONNÉES FORMATIONS OBJECTIFS

Lycée La Source En classe de seconde, l'op on CAV fait par e des modules d'ex- « L’op on Cinéma Audiovisuel se donne pour finalité l’ouverture culturelle,
4 rue de la Tour plora on — à ce stade, il s'agit de découverte, d'ini a on. proposant une sensibilisa on des élèves à l’univers de l’image et du son.
92190 Meudon Apprendre à décoder et à fabriquer des images, telle est sa voca on.
En classe de 3ème/2nde, l’atelier CAV/vidéo se compose d'envi- Cet enseignement théorique et pra que valorise la créa vité, la réflexion et le
01 46 26 99 88 ron 10 séances sur l'année qui donnent lieu à la réalisa on de travail d’équipe ».
www.ecolelasource.org courts-métrages projetés dans l'établissement et dans le cadre
de spectacles de fin d'année (CAC de Meudon, Les meudonnais PUBLIC
ont du talent).
Lycéens avec un projet lié au cinéma ou à l’audiovisuel.

En classe de première et terminale, l'op on CAV du lycée fonc-


onne obligatoirement avec la filière L, elle n'est pas op on- MODALITÉS D’INSCRIPTION / CALENDRIER
nelle. Elle n'est pas proposée aux autres filières (ES ou S) de « Pour la seconde et 1ère L op on CAV, préinscrip ons ouvertes dès le retour
l’établissement. des vacances de Toussaint (novembre) pour la rentrée suivante.
Dossier à re rer au service des inscrip ons puis à retourner sous huitaine avec
Il s’agit d’une op on lourde présentée au BAC qui commence les pièces demandées (leVre de mo va on famille et élève, bulle ns de l'an-
née précédente et du 1er trimestre de l'année en cours, photo + renseigne-
dès la 1ère, ne pourront être admis les élèves de terminale
ments administra fs). »
n'ayant pas déjà démarré l'op on l'année précédente.

CONDITIONS ET PRISES EN CHARGE FINANCIÈRES

Niveau Bac (op on) La Source est une école nouvelle privée, non confessionnelle, sous contrat
d'associa on avec l'Etat et à voca on expérimentale. Informa on sur les frais
d’inscrip on disponibles sur www.ecolelasource.org

www.radiosoee.com / Guide des mé ers du son 133


S’ORIENTER VERS LES MÉTIERS DU SON
Aver ssement : Décrire ici toutes les possi- numériques et leur accessibilité doivent riences professionnelles de stage.
bilités d’orienta on vers les écoles formant permeVre à ceux qui se des nent aux
en France aux mé ers du son reviendrait à mé ers du son de commencer à faire À travers la lecture de nombreux entre-
recomposer les bases de données de sites leurs gammes très tôt et à peu de frais. ens reproduits dans ce guide, en clair ou
ressources déjà parfaitement documentés entre les lignes, apparaissent de mul ples
(et référencés à la fin de ce chapitre). Nous Les premiers enseignements peuvent être références à ce que l’on pourrait appeler
limiterons donc aussi notre propos aux abordés dans les collèges et lycées (avec le savoir-être ou respect des codes en
quelques étapes clés et aux noms les plus les op ons cinéma/audiovisuel ou mu- entreprise. Insistons auprès des jeunes
couramment cités. sique). lecteurs, sur leur importance. La ponctua-
lité, l’assiduité, la force de travail, l’exi-
Niveau Bac gence professionnelle, la rigueur, la prise
Si l’on veut considérer l’ensemble des par- d’ini a ve, l’humilité, sont des marqueurs
Le BBTM (Brevet de Technicien des Mé-
cours des professionnels interrogés dans puissants dans un monde ultra-
ers de la Musique) présente l’originalité
ce guide, il est à conclure qu’il n’existe pas concurren el et rela vement fermé. Elle
d’offrir une forma on spécialisée dès le
de parcours type, mais une variété de che- condi onnera une réputa on.
lycée, et équivalente au Bac. Elle prépare
mins possibles.
comme son nom l’indique aux mé ers de
Les formations de base (niveau bac+2)
la musique, de façon très large, au-delà du
Si le diplôme ne fait pas le professionnel, Le BTS Mé ers de l'audiovisuel op on
mé er d’ingénieur du son. Il en existe 3 en
l’acquisi on de savoirs académiques (y mé ers du son est très unanimement con-
France, dont celui de Sèvres.
compris dans les ac vités les plus ar s- sidéré comme la forma on de base, per-
ques) reste cependant aujourd’hui plus meVant soit de poursuivre vers des
Pour les filières techniques, un bac scien-
que dans les décennies passées, incontour- études supérieures, soit d’accéder direc-
fique est un pré-requis indispensable si
nable pour évoluer rapidement et au plus tement à un mé er avec de solides con-
l’on souhaite aVeindre un certain niveau.
haut niveau. naissances. Il en existe une trentaine par-
Un bac pro filière Systèmes Numériques
peut également mener au BTS audiovi- tout en France, dont celui de Boulogne-
Avant le Bac
suel. Billancourt, très réputé.
La prépara on aux mé ers du son com-
mence le plus souvent par une pra que Avant et après le bac (... et durant Studio École de France, à Issy-les-
personnelle de la musique ou une immer- toute sa carrière) Moulineaux, forme en deux ans, des tech-
sion dans le monde musical et sonore. Les carrières dans les mé ers du son se niciens chargés de réalisa on, mais aussi
L’incroyable développement des ou ls construisent dès les premières expé- des journalistes et producteurs.
...

www.radiosoee.com / Guide des mé ers du son 134


S’ORIENTER VERS LES MÉTIERS DU SON
Le DMA Régie de spectacle op on son, Les conservatoires peuvent délivrer un L’acoustique
également de niveau Bac+2, forme au Diplôme d’Études Musicales (D.E.M).
Si l’Université du Maine est la référence
mé er spécifique de régisseur de spec- C’est le cas de la Classe de Son du Con-
la plus connue, il existe une vingtaine
tacle vivant. Il en existe 4 en France. servatoire de Boulogne-Billancourt qui
d’autres forma ons de qualité dans le
jouit par ailleurs d’une excellente réputa-
domaine. La Société Française d’Acous-
Les formations supérieures on au niveau na onal.
que en fait une présenta on sur son site
Au niveau bac+3, trois écoles privées sont sfa.asso.fr.
L’INA, couvre un champ très large allant
par culièrement visibles en termes de
de Bac+2 à Bac+5 sur les mé ers du son Les autres voies
notoriété : l’ESRA de Paris qui propose un
et une mul tude de spécialités liées au
DESTS op on son audiovisuel ou sonori- En fonc on des mé ers et secteurs, il est
secteur audiovisuel.
sa on, 3IS à Paris et Bordeaux qui pro- possible d’envisager d’autres voies : le
pose une forma on en 3 ans spécialisée marke ng et la communica on pourront
Les filières d’excellence
dans le son, et l’EMC de Malakoff qui vous mener vers les radios d’entreprises
propose un parcours en 3 ans vers le mé- Quatre écoles supérieures symbolisent et de marques, le droit vers la ges on des
er d’ingénieur du son musiques ac- l’excellence en ma ère de son — et plus droits musicaux et droits d’auteurs.
tuelles. largement dans le domaine du cinéma,
de l’image et des arts. Les filières d’ingénierie et de commerce
Du côté de l’enseignement public il existe pourront vous porter vers le développe-
des forma ons universitaires partout en Elles possèdent toutes des filières de spé- ment d’applica ons mobiles musicales. Et
France. L’Université de Brest propose une cialisa on son : l’École Na onale Supé- des études en électronique vers les sec-
forma on en 3 ans aux mé ers tech- rieure Louis Lumière (Cité du Cinéma, La teurs les plus techniques/technologiques.
niques de l'image et du son (Image & Son Plaine Saint-Denis), la Fémis (École Na o-
de l'Université de Bretagne Occidentale). nale Supérieure des mé ers de l'image et L’INTD (Ins tut Na onal des Techniques
L’Université Blaise Pascal de Clermont- du son de Paris), l’ENSATT (École Na o- de la Documenta on) propose à Paris
Ferrand délivre une licence profession- nale Supérieure des Arts et Techniques une Licence professionnelle des Mé ers
nelle Réalisa ons audiovisuelles et design du Théâtre de Lyon — anciennement de la documenta on audiovisuelle.
sonore. La CinéFabrique, l’École Na o- École de la rue Blanche), et le Conserva-
nale Supérieure de Cinéma et du Mul - toire Na onal Supérieur de Musique et Pour les journalistes, il existe une tren-
média de Lyon, propose un parcours son de Danse de Paris. taine d’écoles publiques et privées dont
etc. 14 sont reconnues par la Commission
...

www.radiosoee.com / Guide des mé ers du son 135


S’ORIENTER VERS LES MÉTIERS DU SON
paritaire na onale de l’emploi des jour-
nalistes.
ONISEP POUR
Beaux-arts, musicologie, recherche... www.onisep.fr
tracent aussi leur voie vers les mé ers du
son. Ils ne ent qu’aux passionnés de
S’ORIENTER
trouver la leur et suivre l’exemple de Retrouvez toutes les infos sur les mé ers du son
leurs aînés. ■ (les forma ons, les établissements, partout en
France) sur ces trois sites références :

♦ Onisep
♦ Les Mé ers .net

LESMÉTIERS.NET ♦ et CIDJ

www.lesme ers.net
ÊTRE
CONSEILLÉ(E)
Les CIO (Centre d’Informa on et d’Orienta on)
s’adressent aux collégiens et lycéens.

CIDJ Les Missions Locales accompagnent les jeunes de


16 à 25 ans qui souhaitent construire leurs pro-
www.cidj.com jets professionnels.

Si vous résidez sur le territoire de Grand Paris


Seine Ouest, retrouvez-nous sur :
www.seineouest-entreprise.com

www.radiosoee.com / Guide des mé ers du son 136


PROTECTION SOCIALE

INTERMITTENCE

PROTECTION SOCIALE
PROFESSIONNELLE

www.radiosoee.com / Guide des mé ers du son 137


LE RÉGIME D'INDEMNISATION DES
INTERMITTENTS DU SPECTACLE
EXPLICATION

L’INTERMITTENCE EN BREF LES AGENCES PÔLE EMPLOI SPECTACLE INTERMITTENCE — UNE CHANCE POUR LA CULTURE
L’intermiVence est un régime par culier En Île-de-France, trois agences Pôle Emploi
d’indemnisa on chômage créé en 1936 sont dédiées aux professionnels de l’audio- Thierry Legrand, comédien voix :
pour les techniciens et cadres du cinéma. Il visuel et du spectacle, une pour l’indemnisa-
s’est progressivement étendu aux techni- on et deux pour le placement : « Heureusement que ce système existe, c’est une chance, cela
ciens et ar stes des secteurs du disque, de permet d’avoir une vraie culture, développée au point que
l’audiovisuel et du spectacle vivant. Indemnisa on l’on connait aujourd’hui en France.
202 rue de la Croix Nivert — 75015 Paris
Elle permet l’indemnisa on de salariés em- Ce sont les intermiVents qui font tourner et alimentent les
Placement Ar stes fes vals par exemple, que ce soit Avignon ou les Vieilles Char-
ployés sous contrat de travail à durée dé-
10 rue Brancion — 75015 Paris rues. Une par e d’entre eux ne travaillent qu’à ceVe période. Le régime des
terminée dit « d'usage », spécifiques de ces
Contact : at.75512@pole-emploi.fr intermiVents permet de compenser les fois où ils ne bossent pas. Même
secteurs d’ac vité et qui présentent une
grande flexibilité. Placement Techniciens du spectacle dans les théâtres de ville, tous les spectacles ne fonc onnent pas 24h/24. On
21 avenue du Stade de France ne pas tout financer au nombre d’entrées, et ne pas tenir compte du temps
Pour bénéficier de ceVe indemnisa on chô- 93210 La Plaine Saint Denis des répé ons et de tout ce qui se joue autour. Sans les indemnisa ons
mage, en cas d’inac vité, l’intermiVent doit Contact : at.93035@pole-emploi.fr spectacle, rien de tout cela ne serait possible.
jus fier de 507 heures de travail cumulées
Et puis je ne connais pas de comédien qui refuse de bosser. Je n’en connais
sur les 10 derniers mois (10 mois et demi SUR INTERNET
pas un qui m’ait dit « J’ai fait mes 507 heures, je ne bosse plus pendant huit
pour les ar stes). Le site de Pôle Emploi Spectacle est acces- mois ». C’est tellement dur ce mé er que lorsqu’on en a l’occasion on est
Une fois validée, l’indemnisa on peut cou-
sible à l’adresse suivante : content de bosser. Et on sait bien que si on ne travaille plus on perd le ré-
vrir une période de huit mois.
seau. Si on ne travaille plus on ne s’améliore plus.
www.pole-emploi-spectacle.fr
Par ailleurs c’est important d’avoir ceVe énergie-là, qu’on perdrait si on ne
Pour plus d’informa-
pouvait pas vivre de notre mé er. Personne ne s’engraisse avec le régime de
on, consultez la fiche ⇒ Actualisa on
l’intermiVence, et si on pouvait en vivre autrement on le ferait.
IntermiKents du spec-
⇒ Espace personnel
tacle : votre alloca on, Il existe d’autres systèmes mais rien n’est comparable d’une société à
accessible en téléchar- ⇒ Offres d’emploi l’autre. Aux USA par exemple les contrats y sont plus précaires dans tous les
gement sur : secteurs, on travaille à l’heure ou à la semaine — on est serveur un jour et
⇒ Cv thèque
Pôle Emploi Spectacle au moindre cas ng on pose sa démission pour faire des essais. Le rapport au
(rubrique No ces régle- ⇒ No ces réglementaires travail n’est pas le même. Mais généralement quand la protec on sociale est
mentaires). réduite c’est toujours au détriment des plus pe ts. » ■

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LA PROTECTION SOCIALE
GROUPE AUDIENS
ENTRETIEN

issus des secteurs de la culture, de la com- Selon l’étude « Sta s ques et indicateurs »
munica on et des médias, dans le respect de février 2015 publié par Pôle emploi, en
du dialogue social. Groupe à but non lucra- 2013 le nombre de salariés intermiVents du
f, il n'a en outre pas voca on à redistribuer spectacle s’élève à près de 254 000 per-
de bénéfices et est piloté à l'équilibre. » sonnes (mé ers ar s ques et techniques
confondus) dont 36 000 techniciens son,
LE MARCHÉ DE L’EMPLOI DANS LE SEC- éclairage, vidéo et image qui regroupent
TEUR DES MÉTIERS DU SON 36,4% de l’ensemble des techniciens. Aussi,
le volume d’heures travaillées au cours de
Entre en avec Eric Breux, AUDIENS « Les mé ers du son sont pra qués par des
l’année 2013 s’élève à 96,5 millions, dont
Directeur du Pôle Entre- Eric Breux : « Audiens est le groupe de pro- professionnels qui travaillent dans le spec- 55,9 millions pour les emplois techniques et
prises et Ins tu ons tec on sociale dédié aux secteurs de la cul- tacle vivant et dans le spectacle enregistré 40,6 millions pour les emplois ar s ques.
ture, de la communica on et des médias. En (audiovisuel, produc on cinématogra- Globalement, il augmente de 1,4% par an.
www.audiens.org pra que, c’est un ensemble d’ins tu ons phique, cinéma d’anima on…). Ces per-
qui sont regroupées au sein d’Audiens : des sonnes sont employées par des entreprises Le spectacle vivant représente 45,7% du
ins tu ons de retraite complémentaire, une du spectacle ou des prestataires techniques. volume d’heures total et l’audiovisuel
ins tu on de prévoyance, une mutuelle, la 41,4%. Les deux champs enregistrent une
caisse des Congés Spectacles, un centre de Ce marché de l’emploi est dynamique, ces
augmenta on quasi iden que du volume
santé… secteurs étant toujours aVrac fs, notam-
d’heures travaillées en un an : +1,8% pour
ment pour les plus jeunes. Ce sont des mé-
l’audiovisuel et +1,7% pour le spectacle vi-
Audiens s’adapte aussi aux besoins de ses ers très techniques, indispensables à la
vant.
entreprises en développant de nouveaux produc on et à la diffusion des œuvres cul-
ou ls comme le programme Movinmo on turelles. Un diplôme n’est pas toujours in-
L’aVrac vité de ces mé ers est toujours très
by Audiens, la première plateforme collabo- dispensable mais il est nécessaire d’avoir
forte, et notamment en France où la culture
ra ve dédié à la ges on des ressources hu- suivi une forma on dédiée, d’ailleurs il
est par culièrement défendue par les ac-
maines et l'embauche des recrutements. existe des cursus et des établissements spé-
teurs poli que et intellectuels. Par exemple
cialisés pour ceVe filière.
selon une étude du site etudiant.lefigaro.fr
La par cularité d’Audiens est d’être un de 2015, 4 des 10 meilleures écoles d’ani-
De nombreux mé ers peuvent être liés aux
groupe dédié aux entreprises et aux salariés ma on sont françaises. »
secteurs du spectacle et du son : les princi-
de ces secteurs. Il est géré de manière pari-
paux emplois concernent des postes de
taire, c’est-à-dire à parité entre les repré-
technicien et ingénieur du son, mixeur et
sentants des employeurs et des salariés
monteur. ...

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LA PROTECTION SOCIALE
GROUPE AUDIENS
ENTRETIEN

LE RÉGIME DE L’INTERMITTENCE AUDIENS ET LES INTERMITTENTS DU SPEC- on des contraintes de l’environnement et


TACLE des choix stratégiques de l’entreprise. Pour
« Un ar ste ou un technicien qui travaille
sur un projet est embauché avec un CDDU. « Les ar stes et les techniciens, dès lors les mé ers du son, la probléma que est liée
Les CDDU sont des contrats de travail à du- qu’ils sont embauchés pour un projet ar s- au fait que ces professionnels sont le plus
rée déterminée dit d’usage : le recours à ce que, co sent à Audiens, via leurs em- souvent embauchés en CDD, donc non liés à
type de CDD est possible dans les secteurs ployeurs. Les co sa ons concernent la re- une structure de manière durable. Ils doi-
d’ac vités autorisés (ex : spectacle vivant ou traite, la prévoyance (ce qui permet d’être vent par eux même assurer leur employabi-
audiovisuel) au sein desquels il est d’usage indemnisé lorsqu’on est en arrêt de travail lité et savoir s’adapter aux évolu ons pro-
constant de ne pas recourir au CDI en raison pour maladie par exemple) et la complé- fessionnelles et sectorielles de leurs mé-
du caractère temporaire de l’emploi. mentaire santé, mais également les congés ers.
payés.
Les salariés travaillent très souvent en mode Audiens est présent sur ce sujet au travers
Nous sommes ainsi leur partenaire social d’un disposi f d’accompagnement social à
« projet » car l’objet de la produc on est
tout au long de leur parcours professionnel finalité professionnelle des ar stes et tech-
temporaire par nature. Dans le langage cou-
et même au-delà, lorsqu'ils sont à la re- niciens intermiVents du spectacle. Il s’agit
rant, on parle d’intermiVents du spectacle.
traite. du fonds de professionnalisa on et de soli-
Cela renvoie finalement au contrat de tra- darité. Ce disposi f, dont Audiens gère le
On les accompagne aussi bien sur le suivi de
vail : les ar stes et techniciens inter- volet social, permet aux intermiVents
leurs droits à la retraite, le versement de
miKents qui travaillent sur des projets dont d'avoir accès à différentes aides profession-
leurs indemnités de congés payés que sur
la durée est déterminée ne sont pas des nelles. »
leurs droits au tre des garan es pré-
permanents dans l’entreprise !
voyance et santé. En effet, les branches pro-
Ces ar stes et techniciens peuvent être em- L’ÉVOLUTION DES MÉTIERS
fessionnelles ont développé des régimes
bauchés par de mul ples employeurs, au spécifiques pour permeVre aux inter- « Il s’agit de mé ers à haute technicité, qui
travers de contrats courts liés à divers pro- miVents d’avoir des garan es complémen- ont beaucoup évolué avec la transforma on
jets ar s ques. Ce qui est souvent retenu taires à l’assurance maladie. Audiens est numérique. Ces professionnels doivent par
par le grand public est le fait que, selon cer- l’opérateur dédié qui gère ces régimes. » conséquent avoir en permanence la possibi-
taines condi ons, ils peuvent bénéficier lité de s’adapter aux nouveaux ou ls et
d’un régime d’assurance chômage spéci- techniques et donc acquérir de nouvelles
fique (annexes 8 ou 10 à la conven on gé- LA GESTION PRÉVISIONNELLE DE L’EMPLOI compétences. À la manière de la GPEC, il y a
nérale de l’Unedic qui régit le fonc onne- ET DES COMPÉTENCES (GPEC), nécessité là aussi, d’une forma on perma-
ment de l’assurance chômage). » « La GPEC est une méthode de ges on et de nente, d’une mise à jour constante et sur-
tout d’une informa on per nente et
prévision des ressources humaines, en fonc- ...

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LA PROTECTION SOCIALE
GROUPE AUDIENS
ENTRETIEN

régulière sur les évolu ons des mé ers et LA NURSERIE AUDIENS


des compétences. »
« Depuis plusieurs années,
Audiens s’implique comme fédéra-
LES SERVICES INNOVANTS D’AUDIENS teur entre les acteurs tradi onnels
« Audiens développe depuis quelques an- de la culture et les nouveaux ac-
nées des services autour de ses mé ers de teurs du numérique au service de
base liés à la protec on sociale. Dernière- la culture.
ment, nous avons conclu un partenariat
avec une startup, Movinmo on, qui permet C’est ainsi qu’a été créé en 2015, le réseau culture et innova on qui a pour
à l’employeur de piloter ses projets et de objec f d’accompagner les nouveaux professionnels de la culture autour de
faciliter ses démarches administra ves liées différentes ini a ves.
à l’embauche et la paie de ses salariés.
Nous avons notamment ouvert la Nurserie, espace de co-working au sein de
Les ar stes et techniciens peuvent égale- nos locaux à Vanves dont l’objec f est d’accompagner des entrepreneurs
ment se créer un compte sur la plateforme - créateurs de start-up, en phase d’amorçage ou de développement, porteurs
full web – qui leur donne accès à un réseau de projets innovants dans les industries culturelles et créa ves. Les entre-
professionnel. Ce service, qui fera bientôt preneurs sont accompagnés en amont même de l’intégra on à une pépi-
en èrement par des ou ls d’Audiens grâce nière ou un incubateur, et peuvent être soutenu sur les plans financier, juri-
à la plateforme « Audiens service 3.0 » per- dique, social et bénéficier d’un réseau »
met une simplifica on de toutes les dé-
marches d’embauche, de ges on et de suivi Pour plus d’informa ons ou pour intégrer la Nurserie, contactez :
des ressources humaines. » ■ culture.innova on@audiens.org

Les membres de la nurserie (promo on 2016)

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CRÉDITS REMERCIEMENTS
Concep on graphique, entre ens & contenus rédac onnels (sauf men on expresse) :
© Seine Ouest Entreprise et Emploi / Mission Locale Seine Ouest / Radiosoee.com Nous tenons à remercier particulièrement les pro-
Photographies et illustra ons : fessionnels qui ont accepté de participer à ce
Les photographies, illustra ons et logotypes sont la propriété de leurs ayants-droits respec fs. projet en évoquant leurs métiers et parcours.
Droits réservés (DR).
Que soient aussi associés à ces remerciements les
personnes qui ont contribué à la réalisation de
cette publication par leurs éclairages et mises en
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