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Aires

géoculturelles
d’Amérique du
Nord
La notion d’ethnocide
« L’ethnocide est la destruction de l’identité culturelle
d’un groupe, sans nécessairement détruire physiquement
ce groupe (génocide) et sans forcément user de violence
physique contre lui.
Un ethnocide peut être la conséquence d’un changement
économique ou social progressif ou d’une politique d’État.
On a qualifié d’ethnocide l’acculturation des Amérindiens
ou des aborigènes d’Australie (également accompagnée
d'actes de génocide), les modifications profondes de la
culture traditionnelle du Tibet en Chine, la russification
des peuples premiers de Sibérie, l’assimilation des Aïnous
du Japon et des Kouriles, la lutte de l’État indonésien
contre l’animisme, l'arabisation des Berbères en Afrique du
Nord ou encore la tentative du général Franco d’éradiquer
les langues catalane et basque dans les années 1930 en
Espagne.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Ethnocide
Tambours Sioux du Sud-Est
Aux USA, on désigne par « native people » les descendants des amérindiens
Ethnomusicologie
Instruments principaux : Flûtes, tambours sur cadre,
tambours bimembranophones, racleurs, arcs musicaux.
1845 : publication d’ Indian Melodies, mélodies
amérindiennes réarrangées dans un style d’hymnes euro-
américaines parThomas Commuck, un indien de la
communauté Narragansett ; livre publié par l’Eglise
episcopale Méthodiste
1876 “Indian Act” : le gouvernement fédéral du Canada
interdit toute manifestation culturelle publique telle que
les danses Indiennes, les chansons et les cérémonies
comme la Danse du Soleil (Sun Dance) ou le Potlatch
1882 Theodore Baker : On the Music of the North American
Indians, première étude extensive de la musique native.
1845, Indian Melodies de Thomas Commuck
Alexander John Ellis : 1884 Tonometrical ; 1885 On the
musical scales of various nations ;
1889.Walter Fewkes : Collecte et enregistrement auprès
des Indiens Zuni ;
1904 : Article numéro 4, Bureau des affaires indiennes :
la danse du soleil et les autres danses sont jugées
criminelles, ce jusqu’en 1934.
1907 Nathalie Curtis The Indian Book (200 chansons de
18 ethnies).
1926. Frances Densmore. The Indians and their music.
1928. Georges Herzog, Musical styles in North
America. Classification des cultures amérindiennes.
1936. Helen Heffron Roberts. Musical Areas in
Aboriginal North America. Yale University Press
Frances Densmore, ethnomusicologue
spécialisée dans la collecte des musiques
Des populations natives des USA
Expressions culturelles des amérindiens aux USA

Wisconsin Historical Society, mai 1926


Pow wow
Réunion familiale, tribale et individuelle autour de la fierté
de l’identité amérindienne.
Ensemble de manifestations culturelles : artisanat, danse,
musique, langue native, costumes.
Phénomène culturel récent
powwow, mot dérivé de l’indien algonquin pau wau, “il
rêve“ (sens premier spirituel)
Le concept de Pow wow est apparu en premier dans les
communautés amérindiennes des grandes plaines, du Sud
du Canada jusqu’au Texas, suite à la formation
d’interalliances tribales.
Ces alliances ont permis l’échange de danses, chansons et
cérémonies qui étaient auparavant spécifiques à chaque
tribu et ont abouti au pow wow inter-tribal
1er powwow intertribal autorisé en Oklahoma : le
Ponca Powwow, en 1879, réalisé dans le Territoire
Indien du Nord. 67 tribus. Certains participants ont
parcouru 1500 km à cheval pour y assister et participer aux
danses et aux chants (Omaha, Ponca, Kaw, Osage, Pawnee
et Otoe-Missouria).
Dans les 1ers pow wow Ponca, prévalence du helushka
(danses guerrières masculines)
Durant la 1ère guerre mondiale, de nombreux indiens
furent enrolés dans l’armée américaine. A leur retour, ils
laissèrent leur différences de côté pour danser avec leur
camarades sur un rythme commun. Ce fut le début des
alliances intertribales qui se déployèrent tout au long du
XXe siècle.
Aujourd’hui, les nombreux pow wow se déroulent
aujourd’hui aux USA selon un calendrier annuel
Musique et danse du pow wow
Au centre de l’évènement se https://www.powwows.com/fancy-shawl-
trouvent le tambour et les dancing/
chanteurs
Les danses du pow wow sont
l’élément le plus spectaculaire
Danses récentes créées au XXe
siècle : fancy dance (hommes) et
fancy shawl dance (femmes)
northern men's traditional dance
(danse traditionnelle des hommes
du nord)
southern men's straight dance
(danse en ligne des hommes du
sud)
men's grass dance (danse de la
prairie des hommes)
women's northern/southern
traditional dance (danses
traditionnelles des femmes du
nord et du sud)
women's jingle dress dance (danse
des robes tintantes)
https://www.powwows.com/jingle-dress- https://www.powwows.com/grass-dancing/
dance/
Pow wow drum
Sundance ou “danse du soleil”
Cérémonie annuelle religieuse, publique et
dramatique réalisée avant l’ouverture de la
saison de la chasse du bison
Grandes Plaines, vers 1800,
Cheyenne, Ponca, Kiowa, Arapaho
Cérémonie de 4 jours incluant danse,
festivités, prières au milieu de l’été
Enclos circulaire à ciel ouvert, au centre
duquel était placé un arbre coupé comme
un pôle, au sommet duquel étaiet fixé un
nid d’oiseau-tonnerre (créature légendaire
à la forme d'oiseau, commune aux
religions de plusieurs populations
amérindiennes d'Amérique du Nord.)
Le dernier jour, un jeune homme
s’attachait au pôle à l’aide de serres
Oiseau-tonnerre
plantées sous la peau de sa poitrine, et
dansait en regardant l’oiseau-tonnerre
dans la quête d’une vision
Cérémonie symbolique de renouvellement du monde,
offrandes de prières pour la paix et le bien-être du monde et
l’augmentation des ressources.
Danse durant 4 jours
Chez les Kiowa, une personne guidée à la recherche d’une
vision devait mener la danse, au bout de laquelle elle recevait
la vision. La danse du soleil était liée au culte du bison.
(premières danses du soleil vers 1860)

Sun Dance Cheyenne


Fin 1800, le gouverment des USA tenta de supprimer la Danse du
Soleil. La cérémonie Cheyenne devint illegale, et réémergera au
XXe siècle.
En Août 1890 la Danse du Soleil Kiaowa fut interdite par la force
(intervention de la police). Au mois de septembre 1890, la Danse
des Esprits (ghost dance) fut initiée et la remplaça.
La dernière Danse du Soleil Ponca eu lieu en 1908.
La répression de la police gouvernementale prit terme avec la
circulaire de 1934 Indian Religious Freedom and Indian Culture/

Bibliographie
George A. Dorsey, The Ponca Sun Dance (Chicago: Field
Museum of Natural History, 1905).
Margot Liberty, "The Sun Dance," Anthropology on the Great
Plains, ed. W. Raymond Wood and Margo Liberty (Lincoln:
University of Nebraska Press, 1980).
Leslie Spier, The Sun Dance of the Plains Indians: Its
Development and Diffusion (New York: The Trustees, 1921).
Gloria A. Young, "Intertribal Religious Movements," in
Handbook of North American Indians, Vol. 13, Plains, ed.
Raymond J. DeMallie (Washington, D.C.: Smithsonian
Institution, 2001).
Ghost Dance ou Danse des Esprits.
Fin XIXe apparait un mouvement spirituel : la ghost dance ou
danse des esprits
Nevada, 1889 : un indien Paiute du nom de Wovoka (ou Jack
Wilson) a émis la prophétie de l’extinction des colons
occidentaux et le retour du mode de vie des indiens américains.
Danse avec foi, droiture comme mode de vie , tentatives de
pacification avec les occidentaux, travail dur, et obéissance aux
leaders indiens devait mener à la résurrection des ancêtres et la
restauration de la prospérité des amérindiens
Cette cérémonie a été disséminée vers 1889 dans l’ensemble des
grandes plaines
4 jours, danses circulaires avec transes provoquées par des
éventails de plumes
Dans la transe, retour à l’ancienne vie du passé
En 1890, 3000 indiens (Cheyenne, Arapaho, Kiowa, Wichita,
Caddo, Apache) se réunirent sur les bords de la South Canadian
River et dansèrent pendant 2 semaines.
29 décembre 1890, le massacre deWounded Knee
massacre des danseurs de la Gosth Dance sur le lieu de la réserve
indienne de Pine Ridge (Dakota du Sud) : plus de 300 hommes,
femmes et enfant Sioux Lakota sont assassinés par l’armée américaine
https://www.britannica.com/event/Wounded-Knee-Massacre

Arapaho Gosth Dance, 1900


Ghost Dance Drum
La danse de l’ours (Ute) ou
Mamaqui Mawats
Colorado/Nouveau Mexique
Nombreuses danses de l’ours différentes avec des rythmes et
des mélodies complexes. Danse sociale.
Performée durant de nombreux jours pendant les festivals (par
exemple, Tam-Nam Nacup Springtime Festival.
Origine
La danse de l’ours serait aussi ancienne que la culture Ute elle-
même. A la fin de l’hiver, un homme Ute s’en fut chassé, et en
voyageant il apperçut un ours sortant d’une grotte, à la fin de
l’hibernation. L’ours dansa de bonheur. L’homme Ute s’inspira
de ces mouvements pour créer la danse.
Musique
Tambour et morache (idiophone raclé, censé reproduire le
grognement de l’ours). Des glissandos et des attaques par en
dessous doivent imiter les cris de l’ours. Xhanté par les
hommes.
Concepts religieux liés à la
danse de l’ours
Les indiens Ute croient dans le
mythe qu’ils descendraient des
ours, et ont toujours une affinité
avec ceux-ci
L’ours est considéré comme le
plus intelligent des animaux.
Il y a longtemps, les Ute
pensaient qu’ils se
transformeraient en ours avant
de mourir. Ils pensent aussi que
cette transformation avait lieu il
y longtemps mais n’a plus lieu
de nos jours.
La danse de l’ours créé un pont
entre le peuple Ute et leurs
ancêtres, et est de ce fait sacrée.
Morache (Ute)
Ceremony, Bear Dance 1914. Ute Indians.
National Anthropological Archives,
Smithsonian Institution
Densmore, Frances. Dans de l’ours. Northern Ute Music. Washington
Government Printing Office: Smithsonian Institution Bureau of American
Ethnology, 1922.
Instruments
Cordophone : Tsii'edo'a'tl ou violon apache
Aérophones : flûtes à bec. et sifflets (musique de séduction) ;
sifflets courts (homme-médecine, cérémonies de guerre, Danse
du Soleil Sioux). Indiens Zuñis : flûtes en poterie ; Arizona :
flûtes en roseau
Membrapnophones : tambour sur cadre (uni ou
bimembranophone) ; grand tambour bimembraphone ; tambour
d’eau (tronçon d’arbre rempli d’eau, recouvert d’une peau de cerf.
Portée du son : 20 km)
Idiophones : poteau ou planche frappée ; bande de cuir frappée ;
panier de vannerie retourné et frappé (Sud des USA) ; hochets ;
sonnailles ; idiophones raclés
Matériaux issus de l’environnement : bois, os, peau, calebasse,
roseau, carapace de tortue, sabots de cervidés, plumes des grands
oiseaux, galets, poterie, fibres, écorce…
Richement décorés
Flûtes Sioux Lakota

Siyotanka (Crows, Lakota)


Chasi, un musicien Warm Springs
Apache (Apache Chirichahua, ou
Chihende, « peint en rouge »)
jouant du violon apache<; 1886,
photo A. Frank Randall

Tsii'edo'a'tl" ou “le bois qui chante”


Tambours sur cadre apache

Tambour d’eau ou water drum (Iroquois)


Tambour sur cadre au Nebraska Tambour sur cadre Apache

Tambour sur cadre Sioux Lakota


Teueikan (Ontario)

Tambours sur cadre améridien (USA)


Cheyennes ou Crow (Montana)
Le son du racleur Morache doit imiter les
Grognements de l’ours

Morache (Ute, bear dance, 1900)

Sonnailles en carapace de tortue pour la


danse des femmes (stomp dancing), 1920.
Oklahoma, Oklahoma History Center, OKC
Esthétique des musiques
amérindiennes des USA
Côte Est boisée : chant antiphonal et responsorial (danse de l’aigle
Iroquois ; Creek Stomp Dance). Schémas mélodiques descendant.
Grandes plaines du Nord : Chansons en deux parties, parfois répétition
incomplète. AABCBC. Accentuation de la pulsation par le tambour.
« Chansons de la danse de l’herbe (grass dance) ou de la danse de la
guerre (war dance) ». mélodies sur plus d’une octave.
Grandes plaines du sud : identiques (chansons en 2 parties) mais
mélodies plus graves et ambitus plus restreint. Round dance song :
danse sociale, chants de danses en cercle.
Sud-ouest : Pueblo et Athabaskan. Pueblo : intro puis chanson en 2
parties. Navajo : style falsetto.
Great Basin : Utah Colorado Nevada Oregon Wyoming
California-Yuman. 2 phrases chantées répétées ou alternées. « Rise »
(Herzog) = 1 partie de la chanson plus aigue que le reste.
Côte Nord-Ouest : Oregon, Washington, British Colombia. Polyphonie,
voix à la 4te, 5te et 6te parallèle.
Amérindiens du Canada
1951 : suppression de l’Act de 1876 qui interdisait toute
manifestation culturelle amérindienne.
Nord-Ouest : Athapaskan, Slavey, Dogrib, Tutchone,
Tlingit.
Côte PacifiqueTsimshian; Haida; Salish; Kwakiutl;
Heiltsuk; Nootka; Nisga'a; Senakw; Gitxsan.
Plaines :Blackfoot; Káínawa; Sarcee; Peigan.
Bois du Nord : Cree et Chipewyan.
Grands lacs :Anishinaabe; Algonquin; Míkmaq; Iroquois et
Huron.
Côte Atlantique :Beothuk, Maliseet, Innu, Abenaki et
Mi'kmaq.
Joutes vocales Inuits
Le katajjaq est une technique vocale singulière caractérisée par
l'alternance d'inspiration et d'expiration audibles, par une émission
vocale gutturale et nasale, et des sons bruités sans hauteur déterminée.
Il est construit sur des motifs répétitifs.
Joute vocale de femmes. Les deux chanteuses se mettent face à face,
presque bouche à bouche. L'objectif à atteindre est de fatiguer
l'adversaire et de le déstabiliser rythmiquement. La pièce s'arrête
lorsque l’une des femmes est à bout de souffle et rit.
Le texte est formé de syllabes sans significations.
Le potlatch
Le potlatch (chinook : donner) est un comportement culturel,
souvent sous forme de cérémonie plus ou moins formelle, basé
sur le don.
système de dons / contre-dons dans le cadre d'échanges non
marchands.
Une personne offre à une autre un objet en fonction de
l'importance qu'elle accorde à cet objet (importance évaluée
personnellement) ; l'autre personne, en échange, offrira en
retour un autre objet lui appartenant dont l'importance sera
estimée comme équivalente à celle du premier objet offert.
pratiqué dans le monde amérindien, l’océan Pacifique, jusqu'aux
Indes
les premiers colons européens ont pu considérablement spolier
les indigènes qui pratiquaient le potlatch, car ils échangeaient de
l'or contre des bibelots ; les Indiens croyant à la valeur
« potlatch » de ces échanges pensaient que ces trocs étaient
équilibrés.
https://indigenouspeoplesatlasofcanada.ca/article/heritage-days/

Formes sociales de la musique


amérindienne au Canada
Musique publique : danses sociales
avec tambours et racleurs.
Privé : musique intimiste, ou rituelle :
chants accompagnés de percussion.
Rituels publics : Sun dance et
Midewivin
Midewinwin ou Grand Medicine
Society est une religion secrète de
certains des peuples autochtones des
régions des Maritimes, de la Nouvelle-
Angleterre et des Grands Lacs en Chanson de guérison
Amérique du Nord. Ses pratiquants Midewiwin du peule Ojibwa
sont appelés Midew, et les pratiques de
Midewiwin sont appelées Mide.
chansons
Personal songs (pisirk) : chansons qui expriment une
émotion ou un point de vue individuel
Chanson pour s’adresser aux esprits et faire agir un
pouvoir
Joutes et jeux vocaux (katajjaq : mpts, cris, imitation
des animaux, fragments de mélodies)
Berceuses (aqausiq)
Chansons liées à la littérature orale (mythes, contes)
Instruments de musique

Kilaut ou Cauyuk (Inuit)


Floyd davidson -
Inupiat drummers, Eskimo Dance, Barrow, AK
Tlingit (Côte Pacifique Nord-Ouest)
Le hochet-corbeau représente
un oiseau sur le dos duquel un
humain tire la langue et
touche la langue d’une
grenouille. L’homme-
médecine en possession du
hochet absorbe le poison
secrété par la grenouille, avec
lequel il peut ensorceler les
gens
Hochet de danse Tlingit
représentant un ours
ANT.005689 Digital Image:
Yale Peabody Museum of
Natural History; photo by J.
Zordan, 2017 metadata
updated: 28 May 2017 18:36:33
Hochet Haida ou Tlingit, 1900
Hochets Tlingit, MET et MMA Museums
Raven Rattle
Raven Rattle ou Hochet corbeau

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