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La Waldorf-Astoria

40° 45′ 23″ N, 73° 58′ 27″ O

Pour les articles homonymes, voir Waldorf, Astoria et hôtel Astoria.

Cet article est une ébauche concernant un hôtel aux États-Unis et New York.
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Waldorf-Astoria

Localisation
Pays États-Unis

Commune New York

Adresse 301 Park Avenue

Coordonnées 40° 45′ 23″ N, 73° 58′ 27″ O


Architecture
Type Établissement hôtelier

Ouverture 1931

Architecte Schultze & Weaver

Style Art déco

Équipements
Niveaux 47

Gestion
Propriétaire Anbang

Gestionnaire Waldorf Astoria Hotels & Resorts

(en) waldorfastoria3.hilton.com/en/hotels/new-
Site web york/waldorf-astoria-new-york-NYCWAWA/index.html

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Le Waldorf-Astoria est un hôtel situé à New York, aux États-Unis, mondialement


connu, notamment pour ses expositions d'art. C'est un gratte-ciel de style Art
déco de 47 étages, soit 191 mètres. Il est situé à Manhattan, sur Park Avenue.

Sommaire
 1Histoire
o 1.1Depuis 1931
o 1.2Ancien Waldorf-Astoria
 2Dans la culture populaire
 3Références
 4Liens externes

Histoire[modifier | modifier le code]


Depuis 1931[modifier | modifier le code]

Entrée de l'hôtel.

L'hôtel Waldorf-Astoria fait partie de la chaîne d'hôtels Waldorf-Astoria Collection, qui


appartiennent au groupe hôtelier Hilton Hotels & Resorts.
Ce gratte-ciel date de 1931. Ses architectes étaient le cabinet Schultze & Weaver. Le
nom de cet hôtel est une référence à William Waldorf Astor (1848-1919).
Une magnifique pendule (qui sonne) est située au centre du hall de réception.
Le groupe hôtelier Hilton a pour projet la construction d'autres hôtels appelés
Waldorf-Astoria en Floride, dans le Walt Disney World Resort et en Californie,
à Beverly Hills.
Les Américains surnomment ce gratte-ciel le Hyphen en référence au trait
d'union (hyphen en anglais) du nom composé de ce gratte-ciel.
L'hôtel est un palace disposant de services et suites de premier ordre. Parmi les très
nombreuses chambres, on peut aussi trouver de toutes petites pièces donnant sur
des arrière-cours peu engageantes.
Le Waldorf-Astoria est situé juste au-dessus de la « Track 61 », un quai de gare privé
relié au reste du réseau de métro de New York et qui permet d'accéder en toute
discrétion à l'hôtel. Le quai en fut construit dans les années 1930 afin de cacher à la
population que le président Franklin D. Roosevelt se déplaçait en fauteuil roulant. Le
train utilisé par l'ancien président est d'ailleurs toujours situé sous l'hôtel1.
Depuis 1954, l'International Debutante Ball se tient tous les deux ans à l'hôtel
Waldorf Astoria.
En octobre 2014, le groupe Hilton vend l'hôtel Waldorf-Astoria à une compagnie
d'assurance chinoise pour 1,95 milliard de dollars, Hilton continuant de gérer l'hôtel2.
En mars 2017, la société chinoise détentrice de l'hôtel annonce sa volonté de mener
des travaux dans l'hôtel, pour une durée de deux à trois ans. À l'issue de ces
travaux, la structure hôtelière devrait être considérablement réduite et la majorité du
bâtiment convertie en appartements de luxe3.
Ancien Waldorf-Astoria[modifier | modifier le code]
Le Waldorf-Astoria actuel est en fait le deuxième immeuble à porter ce nom.
Le journaliste français Jules Huret résidant dans l'ancien hôtel résumait son
impression ainsi :
« Ce Waldorf-Astoria est l'une de ces institutions colossales que l'on ne voit qu'en
Amérique. C'est un monstre qui vaut d'être dépeint.4 »
En 1893, William Waldorf Astor, pour contrarier sa tante Caroline Schermerhorn
Astor (en), véritable arbitre de la haute société new-yorkaise, fit démolir son
château sur la Cinquième Avenue, pour construire à la place le Waldorf Hotel. En
réponse à celui-ci, Caroline Astor autorisa son fils, John Jacob Astor, à détruire sa
demeure voisine et à engager l'architecte du Waldorf, Henry Janeway Hardenbergh,
pour réaliser l'Astoria Hotel (1897). Quand les querelles familiales cessèrent, on relia
les deux édifices par un couloir pour former le Waldorf-Astoria.
L’entrée sur Park Avenue s’appelait the Ladies Lobby (entrée des Dames) et le
bar Peacock Alley (allée des Paons) rappelle une promenade, où paradaient les
élégantes, d’une centaine de mètres de long qui reliait l’hôtel Waldorf, à The Astor.
Ces deux hôtels furent détruits en 1929 et remplacés par l'Empire State Building,
construit en 1931.

L'ancien Waldorf-Astoria en 1904-1908.

Vignettes gravées des hôtels séparés (vers 1897)


L'ancien Waldorf en 1916 peint par Childe Hassam.

Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.

Dans la culture populaire[modifier | modifier le code]


 L'hôtel apparaît dans les jeux vidéos Grand Theft Auto IV et Grand Theft Auto:
Chinatown Wars sous le nom de Nicoise Hotel.
 L'hôtel apparaît dans le film américain Un prince à New York (Coming to America).
 L'hôtel est cité dans la chanson de Michel Sardou Elle en aura besoin plus tard
 L'hôtel est également cité dans la chanson de Serge Gainsbourg New York USA.
 L’hôtel est cité dans la sérié américaine Gossip Girl.
 L'hôtel est cité comme logement de Gregor dans le roman Des éclairs de Jean Echenoz,
fiction basée sur la vie de Nikola Tesla.

Références[modifier | modifier le code]


1. ↑ (en) « The Incredible Secrets Inside the Walls of the Waldorf Astoria » [archive].
2. ↑ (en) Ankit Ajmera, Hilton to sell NY's Waldorf Astoria to Chinese firm [archive], Reuters, 6 octobre 2014.
3. ↑ « La fermeture d’un mythe : l'hôtel Waldorf Astoria à New York, aux USA » [archive], France TV info, 2
mars 2017 (consulté le 28 mars 2017).
4. ↑ Sophie Guerrier et Jules Huret, « Le mythique hôtel Waldorf Astoria ferme ses portes » [archive], Le
Figaro, 28 février 2017 (consulté le 26 novembre 2020).

Liens externes[modifier | modifier le code]


 Notices d'autorité :
o Fichier d’autorité international virtuel
o Bibliothèque du Congrès
o WorldCat Id
o WorldCat
 Site officiel [archive]

 Portail de l'hôtellerie
 Portail de New York
 Portail des gratte-ciel
Catégories :
 Gratte-ciel à Manhattan
 Gratte-ciel mesurant entre 150 et 199 mètres
 Hôtel à New York
 Famille Astor
 Gratte-ciel construit en 1931
 Hilton Hotels & Resorts
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, également connue sous le nom de tour de Wardenclyffe (1901–1917), était une


tour de transmission sans fil conçue par Nikola Tesla, située sur Long Island près
de New York, et prévue pour la téléphonie et la diffusion sans fil transatlantique
commerciales ainsi que pour démontrer la possibilité de transmission d'énergie sans
fil1,2.
Tesla imaginait également pour son système des applications similaires, dans leur
principe, au télécopieur, à la géolocalisation, à la synchronisation d'horloges et à
la radiodiffusion (qui n'existait pas encore à l'époque) de nouvelles et de musique.
La tour n'a jamais été totalement opérationnelle3 et a été démolie en 1917.

Sommaire

 1Histoire
o 1.1Historique de l'idée de transmission sans fil chez Tesla
 1.1.1Premières idées et expériences
 1.1.2Le problème du circuit de retour
 1.1.3Le brevet de 1897
 1.1.4Colorado Springs
 1.1.4.1Ondes stationnaires
 1.1.4.2Le "Magnifying Transmitter"
 1.1.4.3Transmission d'énergie
 1.1.4.4Multiplexage des communications
o 1.2Construction
 2Principes de fonctionnement prévus de l'installation
o 2.1Transmission de l'énergie par la Terre
o 2.2Fonctionnement de l'installation
 2.2.1Mise en vibration stationnaire des courants électriques terrestres
 2.2.2Les récepteurs d'énergie
 3Architecture technique de l'installation
o 3.1La tour
 3.1.1La coupole
 3.1.2Partie souterraine
 3.1.3Le Transmitter
o 3.2Le bâtiment
o 3.3Version avancée de la tour, jamais construite
 4Applications prévues du système
 5La tour aurait-elle pu fonctionner ?
o 5.1Conduction par ondes longitudinales
o 5.2Circuit de retour
 6Notes et références
 7Voir aussi
o 7.1Articles connexes
o 7.2Bibliographie
 7.2.1Sources secondaires
 7.2.2Sources primaires
o 7.3Liens externes

Histoire[modifier | modifier le code]


Historique de l'idée de transmission sans fil chez
Tesla[modifier | modifier le code]
Le projet de la tour Wardenclyffe est l'aboutissement d'une longue démarche de
réflexion et d'expérimentation de Tesla qui rêvait d'un système de distribution
d'énergie électrique et d'information sans fil, qui pourrait couvrir le monde entier.

 Evolution de l'idée de transmission d'énergie sans fil


Brevet 593138 du 20 mars 1897 pour la transmission d'énergie à un seul fil (idée de 1891). Point de
départ de l'idée de transmission d'énergie sans fil. La transmission d'énergie est réalisée par le fil, et
le circuit de retour par le sol.

Brevet 645576 déposé en 1897, accordé en mars 1900 de transmission d'énergie sans fil. L'énergie
Br1 1
est transmise par la haute atmosphère, par les ballons métalliques D et D' .

Vérification expérimentale en 1898 de transmission d'énergie par gaz raréfié, simulant la haute
atmosphère.
Premières idées et expériences[modifier | modifier le code]
L'origine de ce projet remonte à l'idée de Tesla de transmission d'énergie électrique
par un seul fil, sans circuit de retour, de 1891, brevetée en 1897Ca 1. En effet, pour
que l'énergie circule, il est nécessaire d'établir un circuit électrique qui doit se
refermer sur lui-même et doit donc comprendre un circuit de retour et en général
deux fils que l'on trouve dans nos cordons d'alimentation habituels. Le brevet de
1897 utilisait la terre comme circuit de retour, réduisant fortement les coûts de
système de distribution d'énergie. Cette technique est fonctionnelle, et utilisée de nos
jours sous la dénomination de Single-wire earth return (en) (SWER).

Première expérience de Tesla à propos des courants électriques terrestres, à New-York, vers 1895. Cette
expérience lui donne la conviction que la Terre est un réservoir d'énergie, parcourue de courants
électriques.

Puis, pendant les années 1890, l'idée émerge progressivement dans l'esprit de Tesla
que la terre pourrait être utilisée non pas en circuit de retour, mais pour transmettre
l'énergie elle-même par conduction, sans aucun fil. Tesla développe l'idée que les
courants terrestres pourraient être exploités et disciplinés par résonance : en
déterminant la fréquence de résonance de la Terre, considérée comme un énorme
conducteur plein et sphérique, il pourrait être possible, avec une dépense d'énergie
minimale, de faire surgir des "vagues" d'énergie électrique en tout point de la Terre Ca
2
(voir #Transmission de l'énergie par la Terre). Il évoque cette possibilité
en 1893 devant le Franklin Institute et la National Electric Light Association (en)On 1.
Vers 1895, Tesla lance une série d'expériences pour tester les courants électriques
terrestres. Tesla utilise une grande bobine en forme de cône, reliée à la terre à
l'extrémité inférieure et laissée à l'air libre à l'extrémité supérieure. Il ajuste les
paramètres de l'installation afin de produire un minimum d'émission d'ondes
électromagnétiques, en maximisant son inductance et en minimisant sa capacitance,
pour transmettre un maximum d'énergie par la terre Ca 2. La bobine est excitée par un
courant à haute fréquence. Tesla arrive ainsi à produire d'importantes décharges
électriques à l'extrémité supérieure. Pour Tesla, ce phénomène est une preuve qu'il
arrive à exploiter les courants électriques présents dans l'écorce terrestre Ca 2.
Le problème du circuit de retour[modifier | modifier le code]

Pearson's Magazine, mai 1899. Article illustrant l'idée de Tesla de distribuer l'énergie sans fil, en passant
par la terre avec circuit de retour en haute atmosphère.

Comment créer un circuit de retour également sans fil ? Alors que l'air est un isolant
à pression normale, Tesla avait remarqué que l'électricité pouvait circuler dans du
gaz raréfié présent dans un tube de Crookes. Tesla suppose alors que le circuit de
retour pourrait passer par la haute atmosphère, avec des terminaux supportés par
des ballons, ou des stations en haute montagne Ca 1. En 1898, Tesla essaye dans ses
laboratoires de Houston Street à New-York de faire circuler de l'électricité dans un
tube de 15 m de long où il avait baissé la pression jusqu'à 120-150 mmHg (la
pression à 8 000 m d'altitude). C'est un succès. Il découvre que la tension et la
fréquence du courant alternatif doivent être très élevées pour assurer
la conduction du courant dans ces conditionsCa 1.
Ce succès le rend extrêmement confiant dans ses idées de transmission d'énergie
sans fil et Tesla commence à rêver d'un système mondial de distribution d'énergie et
d'information sans fil, et ce projet devient le sujet majeur de ses recherches et de sa
créativité. Tesla communique abondamment dans la presse sur ce sujet et, alors
que Marconi vient tout juste de réussir la première liaison transmanche par radio
en 1899, il promet qu'il pourra bientôt joindre le monde entier,
jusqu'à Manille ou Tokyo à partir de New-York4, non par des ondes
hertziennes comme Marconi, mais par pure conduction d'électricité. Bien qu'ayant
contribué de manière importante aux techniques permettant de générer et contrôler
les ondes hertziennes, Tesla ne croyait pas dans l'efficacité de celles-ci pour
communiquer de l'information, et encore moins pour transporter de l'énergie, et ne
jurait que par la conductionCa 1.
Le brevet de 1897[modifier | modifier le code]
En 1897 il dépose un brevet de transmission d'énergie sans fil (Brevet 645576) Br1 2. Le
schéma ressemble à celui de la transmission à un seul fil, la transmission d'énergie
se faisant par la haute atmosphère, mais le brevet évoque également la possibilité
de transmission par la terreBr1 1. En 1932, dans une interview à John J. A. O'Neill,
Tesla a déclaré qu'il avait envisagé les deux possibilités : transmission de l'électricité
par la haute atmosphère et par la Terre, et qu'il avait abandonné la première
possibilité5.
Le schéma ressemble à celui d'un émetteur d’ondes radioélectriques de l'époque,
avec des antennes, à tel point que c'est ce brevet qui sera retenu en 1943 (peu de
temps après la mort de Tesla) pour établir la priorité de Tesla par rapport à Marconi
dans la découvertes des techniques de diffusion radioUt 1,6. Mais ce dispositif est
"renversé", en cherchant au contraire à minimiser l'émission d'ondes hertziennes et
maximiser les courants de terre : pour cela, Tesla maximise l'inductance du circuit et
minimise sa capacitanceCa 2. C'est cette configuration qui sera retenue pour les
expériences de Colorado Springs et Wardenclyffe.
Colorado Springs[modifier | modifier le code]

Station expérimentale de Tesla à Colorado Springs. Le bâtiment abrite une gigantesque bobine Tesla, un
mât télescopique permet d'élever une boule de cuivre jusqu'à une hauteur de 43 m. Cette installation pose
les bases opérationnelles de la tour de Wardenclyffe.

Mais Tesla a besoin de données complémentaires pour mettre au point ce système.


Quelles tensions, fréquences, altitude sont réellement nécessaires pour des
applications industrielles ? Comment se comporte la conduction terrestre et
atmosphérique à grande échelle, et à des tensions encore plus grandes ? En quête
de fonds, Tesla courtise l'homme d'affaires J.J. Astor qui est fasciné par la science et
la technologie et écrit des nouvelles de science-fictionCa 3. À la suite d'une cour
assidue, il finit par convaincre Astor de prendre la majorité des parts de la Nikola
Tesla Company, ce qui lui assure 100 000 $ (trois millions USD actuels) de fonds.
Bien qu'Astor soit principalement intéressé par un nouveau système d'éclairage
fondé sur des oscillateurs et un nouveau système d'ampoules, Tesla va utiliser ces
fonds pour poursuivre ses recherches sur la transmission d'énergie sans fil.
Muni de ces fonds, Tesla installe un laboratoire à Colorado Springs où il travaille de
mai 1899 à janvier 1900. Cette situation géographique lui paraît idéale car très à
l'écart à cette époque des perturbations électriques omniprésentes à New-York.
Comme il projetait de multiplier par 10 les voltages utilisés à New-York, il avait
besoin d'un lieu isolé et discret. De plus, la présence proche de hautes montagnes
(pic Pikes) lui permet des tests de conductivité à haute altitude et cette région est
fréquemment parcourue par des orages et tempêtes, sources de puissantes
perturbations électriques et électromagnétiques dont il peut étudier les effetsCa 4.
Enfin, il réussit à négocier une alimentation en courant, gratuite pendant la nuit,
en triphasé à 550 VCv 1.
Ondes stationnaires[modifier | modifier le code]
Pendant que son installation est en cours de construction, Tesla commence, fin
juin 1899, des expériences sur la détection des courants telluriques et sur le potentiel
électrique de la Terre. Il construit un détecteur sensible constitué d'un cohéreur,
alimenté par un transformateur dont l'enroulement primaire est profondément
implanté dans le sol. Muni de cet instrument, Tesla découvre que - selon ses termes
- « la Terre est littéralement vivante, parcourue de vibrations électriques »TEE 1, et il
s'absorbe profondément dans leur étude. Cette découverte est heureuse, car cela
signifie, selon l'analogie du ballon, que celui-ci est en effet rempli de fluide, et le
système de Tesla ne peut fonctionner que s'il existe un fluide à animer par
résonanceCa 4.
En étudiant l'effet d'orages et de la foudre, à l'aide de ce détecteur, il s'aperçoit que
son détecteur est plus influencé par des orages lointains que par des orages
proches. Comment cela peut-il être possible ? L'étude d'un puissant orage avec de
très nombreux éclairs, le 3 juillet 1899, confirme le phénomène et produit des
observations complémentaires : alors que l'orage se déplace rapidement, et à vitesse
constante, Tesla observe une montée et descente périodique du potentiel électrique
de la Terre, toutes les demi-heures. Tesla en tire la conclusion qu'il observe
des ondes stationnaires et que la Terre, malgré ses dimensions, se comporte comme
un conducteur de taille limitée ce qui permet aux ondes de se réfléchir et de créer
des ondes stationnaires. De plus, les ondes stationnaires ne peuvent pas se former
s'il y a amortissement des ondes : la Terre se comporte donc - selon son
interprétation - comme un excellent conducteur et lui donne la conviction qu'il sera en
mesure d'atteindre les plus grandes portéesCa 4.
Le "Magnifying Transmitter"[modifier | modifier le code]

Le Magnifying Transmitter à l'intérieur de la station de Colorado Springs. (Cette célèbre photo a été réalisée
par surimpression, mais les arcs électriques sont réels).
La station est un prototype d'un dispositif dénommé par Tesla "Magnifying
Transmitter" ("émetteur amplificateur"), qu'il projette d'installer dans la tour de
Wardenclyffe, dont Tesla conçoit déjà les plans à cette époque. Il s'agit pour
l'essentiel d'une gigantesque bobine Tesla, mais conçue pour pouvoir relativement
facilement changer certains paramètres comme sa capacitance (en élevant la boule
au sommet du mât), ainsi que la tension ou la fréquence du courant généré 7.
L'engin est contenu dans une enceinte circulaire en bois de 15 m de diamètre et
1,8 m de haut. Le long de cette enceinte, deux enroulements d'un gros conducteur
forment la bobine primaire de la bobine Tesla. Au centre de l'enceinte se trouve la
bobine secondaire, constituée de 100 enroulements d'un conducteur plus fin. Cette
bobine est reliée au sommet à la boule de cuivre et à la terre à l'autre extrémité. Un
troisième enroulement (le "magnifier") pouvait être ajouté au dispositif. Cette bobine
Tesla, la plus grande jamais fabriquée à l'époque, permet d'élever la tension du
courant provenant du réseau de distribution de Colorado Springs, stocké dans
d'énormes condensateurs de puissance, jusqu'à 50 millions de voltsCa 5,Ca 6.
Transmission d'énergie[modifier | modifier le code]

Ampoule au centre d'une bobine, allumée sans fil non loin du laboratoire.

Fin juillet 1899 Tesla commence à tester la conduction du courant via le sol, en
reliant la bobine secondaire du transmitter au sol. Il note des étincelles sur les
paratonnerres de l'installation, branchés sur une autre masse que le transmitter, à
chaque fois qu'il décharge celui-ci. Plus tard, il détecte des étincelles de 2,5 cm à
75 m du laboratoire, et de 1 cm à 120 m. Le 11 septembre 1899 il emmène un
récepteur près d'un lac à 1 600 m du laboratoire où il mesure des perturbations et
détermine que les ondes stationnaires générées par le transmitter ont une longueur
d'onde de 1 200 mCa 7.
A la mi-décembre 1899 Tesla arrive à allumer des ampoules à distance lors de deux
expériences : il alimente trois ampoule reliées à un conducteur placé sur le sol,
disposé en un carré de 19 m de côté. Les ampoules sont à 18 m du laboratoire. Il
place également une ampoule au centre d'une grande bobine (voir illustration ci-
contre) mais ne donne pas d'indication de distanceCa 7.
Ces expériences sont les seules pour lesquelles Tesla a documenté la distance
atteinte sans fil. Pour de nombreuses expériences, il néglige de noter les distances et
c'est lui seul qui effectue les mesures distantes, laissant son assistant manipuler
le transmitter au laboratoire. Il n'existe donc ni preuve ni témoin que Tesla a pu
atteindre des distances supérieures à 1 600 m pour les signaux et 18 m pour la
puissanceCa 7.
Tesla a extrapolé, par des calculs, qu'il pourrait allumer des centaines de lampes à
de plus grandes distances avec un transmitter à pleine puissance théorique et en
ajustant la capacitance de la bobine réceptrice, les premiers essais de variation de
capacitance ayant été concluantsCa 8. C'est sur ce calcul que repose la légende,
souvent reprise, que Tesla aurait illuminé un champ d'ampoules à plusieurs
kilomètres de distance mais il n'existe ni note, ni témoignage, ni même d'affirmation
de Tesla lui-même, que cela a réellement été effectué et testéCa 9.
Multiplexage des communications[modifier | modifier le code]

Montage à plusieurs bobines pour créer plusieurs harmoniques afin de pouvoir créer des canaux
indépendants de communication d'information ou d'énergie.

Tesla est conscient que, pour que son système de distribution sans fil soit accepté
industriellement, il faut trouver un moyen d’installer des canaux de communications
privés et adressables, pour les télécommunications bien entendu, mais aussi pour la
distribution d'énergie, dans un système qui est fondamentalement
en diffusion mondiale et pourrait être en théorie utilisé de n'importe où par quiconque
possède un récepteur. Cette dernière propriété est souhaitable pour la diffusion de
programmes radiophoniques par exemple, mais les télécommunications nécessitent
des canaux de communication. Il se met donc à rechercher une technique pour créer
des canaux « secrets, immunes et sélectifs »Ca 10. De plus, cela aurait été un avantage
par rapport au système de Marconi, qui - à cette époque - était aisément brouillable,
avec des communications aisément interceptées.
Inspiré par Herbert Spencer, qui décrit dans ses Principes de Psychologie comment
les cellules nerveuses répondent à de multiples stimuli simultanés, Tesla a l'idée
d'émettre non pas sur une seule fréquence fondamentale, mais sur plusieurs
simultanément, et/ou même successivement, pouvant générer ainsi autant de
"signatures" différentes à chaque signal, réalisant autant de canaux différents que
nécessaire. Le récepteur devrait connaitre à l'avance ces caractéristiques pour être
en mesure de percevoir le signal. Il y arrive en mettant en œuvre deux bobines
tertiaires (voir illustration ci-contre), chacune émettant sur une fréquence différente.
Le récepteur, pour sa part, est pourvu d'un système symétrique qui ne restitue le
signal que s'il reçoit les deux fréquencesCa 10. Leland Anderson estime que Tesla
invente à l'occasion la première porte ET, largement utilisée ensuite en informatiqueCa
11
.
Construction[modifier | modifier le code]

Chantier de la tour en 1902.

Aux environs de 1898, Tesla commence les plans pour la tour de Wardenclyffe.
Le nom de Wardenclyffe provient de James S. Warden, un avocat et banquier ayant
acquis des terres pour l'entreprise à Shoreham (New York) (en), à environ
soixante miles de Manhattan (environ 100 km). Il y a fondé une communauté connue
sous le nom de Wardenclyffe-On-Sound. Warden croyait qu'avec l'implantation du
« système mondial » de Tesla, une « cité radio » émergerait à cet endroit. Il a ainsi
loué à Tesla 200 acres situés près d'un chemin de fer afin qu'il puisse y construire sa
tour et ses laboratoires.
La construction débute en 1901. L'architecte Stanford White conçoit l'édifice
principal, alors que la tour est conçue par l'un de ses associés, W. D. Crow. Au
départ, le projet est financé par J. P. Morgan, qui y investit 150 000 USD8. D'autres
fonds sont fournis par des industriels influents ainsi que par d'autres investisseurs
en capital risque.
En juin 1902, Tesla déménage son laboratoire de Houston Street (Manhattan) à
Wardenclyffe. Cependant, en 1903, alors que la structure de la tour est presque
achevée, les installations ne sont toujours pas opérationnelles. Le projet subit des
dépassements de coûts et les investisseurs sont réticents à fournir des fonds
supplémentaires. En juillet 1904, ils refusent d'accorder un financement
supplémentaire. En mai 1905, les brevets de Tesla sur les moteurs à courant
alternatif ainsi que sur d'autres méthodes de transmission d'énergie expirent, ce qui
diminue grandement ses redevances et, conséquemment, les fonds investis pour la
tour.

Démolition de la tour : états en juillet puis en septembre 1917.

En 1905, Tesla ne trouvant pas d'autres investisseurs, la plupart des activités du site
sont arrêtées. En 1906, les employés sont renvoyés. Une partie du bâtiment
demeure utilisée jusqu'en 1907. En 1908, le bâtiment est fermé pour une première
fois. Tesla obtient une nouvelle hypothèque par George Boldt (en), propriétaire
du Waldorf-Astoria.
Les installations sont en partie abandonnées aux environs de 1911 et commencent à
se détériorer. Entre 1912 et 1915, Tesla éprouve des ennuis financiers et lorsque les
investisseurs veulent savoir comment ils vont récupérer leur investissement, il n'a
aucune réponse satisfaisante à leur donner. Les journaux en parlent comme
de « La folie à un million de dollar de Tesla »trad 1. C'est à la même époque que le
bâtiment principal est fissuré et vandalisé.

Principes de fonctionnement prévus de


l'installation[modifier | modifier le code]
Au retour de Colorado Springs, en janvier 1900, Tesla estime avoir suffisamment
d'éléments pour entreprendre la construction de l'installation qui mettra réellement en
œuvre son système mondial de distribution d'énergie et d'information : pour cela il
faut mettre en œuvre une énergie suffisante et surtout il faut réellement mettre en
résonance le champ électrique de la Terre entière, et accorder une attention
particulière à la "prise de terre". Tel est l'objectif de la tour Wardenclyffe.
Transmission de l'énergie par la Terre[modifier | modifier le code]

Tesla considère la Terre comme une sphère remplie d'un fluide incompressible. Une action de "pompage"
de ce fluide (les courants telluriques), au rythme de la fréquence de résonance de la Terre, produira une
énergie électrique récupérable et égale en tout point de la Terre.

Tesla estime que les courants électriques se comportent comme un fluide


incompressible et que la Terre est parcourue par de tels courants, produits par
le champ magnétique terrestre (les courants telluriques). Prenant l'analogie d'un
ballon rempli d'eau (un fluide incompressible), il calcule qu'une action minime
de pompage de ce fluide, qui extrait et réinjecte périodiquement du fluide à un point
de la sphère, au rythme de la fréquence de résonance de la sphère, produit des
effets importants et égaux en tout point de la sphère (ventres des ondes
stationnaires). En effet, la dilatation et la contraction du fluide sont dans ce cas
simultanées, égales et importantes en tout point de la sphère, quelle que soit sa
taille, et sans atténuation ni perte d'énergieCa 2. C'est cette propriété qui rendra Tesla
si confiant dans la capacité à communiquer avec le monde entier, plus facilement
qu'avec les ondes hertziennes.
Tesla possède toutes les technologies nécessaires (qu'il a lui-même inventées) pour
créer - en théorie - une "pompe" et les récepteurs d'énergie. La "pompe" n'a pas
besoin de stocker et d'injecter énormément d'énergie : Tesla compte sur la
résonance pour organiser et exploiter tout le potentiel des courants telluriques
naturels. Les propriétés de cette "pompe" doivent être de stocker et générer un
maximum de courant électrique, avec un minimum de pertes par dégagement
d'ondes hertziennes, ce qui nécessite une inductance maximale et une capacité
électrique minimale du circuit producteur d'énergieCa 2. La pompe doit également
éviter de perdre de l'énergie par l'émission d'arcs électriques, abondants lorsqu'il
s'agit de haute tension. Enfin, elle devra permettre d'établir un circuit de retour en
destination des récepteurs d'énergie, ce qui nécessite des courants de tension et de
fréquence très élevées.
La tour de Wardenclyffe sera destinée à être une telle "pompe".
Fonctionnement de l'installation[modifier | modifier le code]
Tesla n'a jamais laissé de description complète du fonctionnement de l'installation,
mais les divers éléments retrouvés permettent d'estimer que le fonctionnement
global est le même que celui de l'installation de Colorado Springs et du brevet de
1897Ca 12.
Mise en vibration stationnaire des courants électriques terrestres[modifier | modifier le
code]

Description de la propagation des ondes de courant dans la Terre, d'après Tesla (Famous Scientific
Illusions, Electrical Experimenter, février 1919).

Le rôle de l'émetteur d'énergie - la tour - est d'établir, en régime permanent,


une onde stationnaire de courant électrique à travers la Terre entière. Selon Tesla, le
courant électrique généré par la tour se réfléchit sur le point aux antipodes de la tour
et cette réflexion est responsable du caractère stationnaire de l'onde. Selon Tesla,
les nœuds et ventres de l'onde forment des disques fixes, concentriques et
perpendiculaires à l'axe reliant la tour à son point de réflexion aux antipodes, et
forment donc des parallèles le long du globe terrestre.
Tesla calcule que le temps aller-retour de l'onde du courant électrique est de 0,08484
seconde, ce qui correspond à une vitesse de propagation constante à la vitesse de la
lumière sur l'axe tour/point de réflexion, mais à une vitesse moyenne de l'onde
de 471 240 km/s à la surface de la Terre, plus vite que la vitesse de la lumière Br2 1. En
effet, pour que le front d'onde soit toujours des disques perpendiculaires, il est
nécessaire qu'il se propage plus vite à la surface que sur l'axe : selon Tesla, la
propagation de l'onde à travers la Terre est semblable au passage de l'ombre de la
Lune sur la Terre lors d'une éclipse solaire : l'ombre se déplace dans l'espace à
vitesse constante, mais la vitesse à la surface de la Terre de l'ombre est infinie au
point où l'ombre atteint la Terre, est minimale à l'équateur, et réaccélère pour
redevenir infinie au point opposé (voir figure ci-contre)FSI 1.
Pour que l'onde stationnaire s'établisse, il faut donc que la tour émette un courant
alternatif pendant un temps supérieur à 0,08484 seconde, de manière que l'onde ait
le temps d'interférer avec elle-mêmeBr2 1. Le courant alternatif de N hertz est réalisé
en "pompant" et en réinjectant N fois par seconde les électrons de la Terre. Ces
électrons sont stockés dans la coupole capacitive. La fréquence du courant doit
être « la plus basse possible » pour limiter l'émission d'ondes hertziennesBr2 2. La tour
était conçue pour opérer entre 1 000 Hz et 200 000 HzCa 12 et Tesla calcule que la
fréquence optimale, étant donnée la capacité de la coupole, et pour avoir également
suffisamment de nœuds et ventres pour la géolocalisation, est autour de 25 000 Hz.
Il est nécessaire également pour l'établissement de l'onde stationnaire que la
fréquence soit finement ajustée pour qu'il existe un nombre entier et impair de quarts
de longueur d'onde dans le diamètre de la Terre Br2 3. De cette manière, l'onde
stationnaire est dans un mode de résonance qui permet d'amplifier fortement
son amplitude9.
Les récepteurs d'énergie[modifier | modifier le code]

Tesla imagine des récepteurs légers, sous forme d'ombrelle ou de dispositif portatif (New York American,
22 mai 1904).

Initialement, comme le montrent les premiers brevets, Tesla imaginait des récepteurs
d'énergie symétriques en structure et en taille à l'émetteur, ce qui aurait impliqué
d'autres tours de type Wardenclyffe pour recevoir l'énergie. Mais à un moment,
pendant la construction de la tour, Tesla a décidé que cela n'était pas nécessaire et
que les messages, et même l'énergie, pouvaient être reçus par des récepteurs
beaucoup plus petitsCa 12, mais pouvant uniquement recevoir des messages, de la
géolocalisation ou de la synchronisation d'horloge, ou de petites quantités
d'énergieTEE 2.
Récepteur décrit dans le brevet 787412 de Tesla, pour les messages ou les petites énergies.

Quand il s'agit de signaux ou de petites quantités d'énergie, le récepteur peut


ressembler à celui décrit dans le brevet déposé en 1900Br2 4, très différent de
l'émetteur. Ce dispositif consiste en deux plaques P et P' , soit toutes deux
enfoncées dans le sol à bonne distance, soit une dans le sol et l'autre en hauteur.
Ces plaques sont reliées à un oscillateur consistant en un cylindre rotatif (D)
synchronisé à la même fréquence que l'émetteur, relié à un détecteur (R) par
un condensateur (H). Tesla imagine, avec ce détecteur, un certain nombre
d'applications, notamment de compas de navigation en jouant sur les deux plaques
distantes. En effet, la réception est maximale quand les plaques P et P' sont alignées
sur un méridien dont l'émetteur est un pôle, et nulle quand elles sont alignées
perpendiculairement à ce méridien.Br2 5.

Architecture technique de l'installation[modifier | modifier le code]


L'installation comprend un bâtiment principal, destiné à contrôler et produire de
l'énergie et d'assurer la maintenance de la tour et la tour elle-même qui doit jouer son
rôle de magnifying transmitter, composée d'un réservoir d'énergie (la coupole), d'une
gigantesque bobine Tesla et d'une importante infrastructure souterraine pour la prise
à la terre.
L'installation était prévue pour atteindre une énergie de 10 mégawatts de puissance
transmise, avec une tension maximale de 30 millions de voltsCv 3.
La tour[modifier | modifier le code]
Brevet 1119732 de 1902 (accordé en 1914) indiquant le principe de fonctionnement de la tour. Tesla
changera d'avis sur la forme de l'électrode capacitive au sommet de la tour, passant du tore classique
d'une bobine Tesla à une demi-sphère.

La tour est construite sur les principes du brevet déposé en 1902, décrivant son
architecture technique. La tour réellement construite diffère en un certain nombre de
points techniques, mais le principe de fonctionnement reste celui décrit par le
brevetCa 13.
La tour est conçue autour de deux paramètres principaux : la quantité d'énergie que
peut contenir l'électrode haute de la tour (la coupole, ou le tore dans le brevet), et la
longueur des ondes que la tour doit émettre dans le sol. Tesla avait appris à
Colorado Springs que la longueur de l'enroulement secondaire devait être un quart
de la longueur des ondes émises par le magnifying transmitter (on appelle
aujourd'hui ce mode d'excitation une quasi-antenne monopôle quart d'onde). La
longueur d'onde idéale calculée par Tesla était de 730 m (2 400 pieds) ce qui
implique une hauteur de l'enroulement secondaire de 183 m et une hauteur de la tour
au moins égale. Tesla reçoit en 1901 un devis exorbitant (450 000 $) pour la
construction d'une telle tour. Il est contraint de se rabattre sur une tour plus petite
(57 m), quitte à en construire plusieurs, J.P. Morgan ne voulant plus financer un cent
de plus cette installationCa 13.
La coupole[modifier | modifier le code]
Ainsi, pour rendre cette petite tour plus efficace et en diminuer le coût, il décide de
transformer le tore initialement prévu en coupole de 20,7 m de rayon, destinée à être
recouverte entièrement de plaques de cuivre (mais elle ne l'a jamais été Desc 1), elle-
même recouverte de plus petits hémisphères en cuivre (comme pour le tore du
brevet, lettre P) pour empêcher la production d'arcs électriques et accroître encore
davantage sa capacitance. Selon Tesla, la capacité d'un tel dôme serait équivalente
à celle d'une tour telle qu'initialement prévue qui serait cent fois plus grande, grâce à
une forme de la coupole spécialement étudiéeDesc 2.
Cette vaste coupole dont la structure est constituée de poutrelles d'acier recourbées,
pèse 55 tonnes, et a une grande prise au vent : la structure de la tour doit être
conçue pour supporter ce poids, et supporter les vents forts de cette région, ce qui
est un défi pour l'architecte Stanford White. Comme la coupole doit absolument être
isolée du sol, White ne peut utiliser le fer ou l'acier pour la structure de la tour. Il
conçoit une tour en treillis octogonale à large assise, de forme pyramidale, dont les
poutres de bois sont tenues ensemble par des plaques d'acierCa 13.
Partie souterraine[modifier | modifier le code]
Mais la tour n'est que la partie émergée de l'iceberg. Une composante essentielle de
la tour est la "prise de terre", qui doit être la plus efficace possible pour réellement
agir sur les courants telluriques. Plus de la moitié du budget total de 150 000 $ a été
utilisé pour construire les infrastructures souterraines de la tourCv 4,Desc 3. Tesla veut
atteindre une nappe phréatique pour l'utiliser comme électrode géante en prise avec
la terreCa 13. Pour cela, il construit un puits, centré sur la tour, de 4 m de diamètre et de
30 m de profondeur, le long duquel court un escalier en spirale. Quatre autres
tunnels plus petits sont creusés de la surface jusqu'à la nappe, vraisemblablement
pour évacuer la vapeur que les forts courants auraient généré, avec une dissipation
thermique évaluée à 1 mégawatt, sur les 10 transmis par la tourCv 5.
Au centre du puits descend un fût en acier destiné à transporter le courant, relié au
bobinage secondaire du magnifying transmitter en haut (lettre E du schéma du
brevet), et en bas à seize tuyaux horizontaux en fer de 90 m de long, courant dans la
nappe phréatiqueCa 13,Desc 4. Selon Tesla, ce fût est conçu de telle manière qu'il peut
déterminer précisément les nœuds des ondes stationnaires émises par la tour, ce qui
permet de mettre en œuvre les capacités de géolocalisation de la tour et de
permettre entre autres de déterminer le diamètre de la Terre à 1 m prèsCa 13,Desc 5.
Le Transmitter[modifier | modifier le code]
Le magnifying transmitter aurait été installé à la base de la tour. Le diamètre de la
bobine primaire (lettre C sur le brevet) et secondaire (lettre A) est inférieur à ceux de
Colorado Springs, mais la bobine supplémentaire verticale (lettre B) est bien plus
longue. La bobine supplémentaire est connectée au dôme du sommet de la tour par
un fût en acier (lettre B' ) du même type que celui qui descend dans le puits, et à la
bobine secondaire en bas. L'alimentation en énergie (lettre G) est connectée à la
bobine primaire et provient du bâtiment par un tunnel creusé entre la tour et le
bâtiment, éloigné d'une soixantaine de mètresCa 13.
Cette description est fondée uniquement sur le brevet car il n'existe pas de
photographies ou d'autres documents décrivant le magnifying transmitter réel de
WardenclyffeCa 14, ni même d'indication que le transmitter a jamais été construit, ce qui
semble peu probable étant donné le manque de fonds pour achever la tour, le fait
que celle-ci n'a jamais été fermée aux intempériesDesc 6, et que selon Tesla "aucun
accessoire n'a jamais été placé dans la tour"Desc 1.
Le bâtiment[modifier | modifier le code]
Version avancée de la tour, jamais construite[modifier | modifier le
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Applications prévues du système[modifier | modifier le code]


Tesla, dans son autobiographie, prévoyait les applications suivantes pour le
systèmeSe 1 :
1. Interconnexion des agences de télégraphe à travers le monde.
2. Établissement d'un réseau de communication gouvernemental secret et non-
interférable (sic)
3. Interconnexion des agences de téléphone à travers le monde.
4. Distribution universelle de dépêches d'information par télégraphe ou
téléphone, en plus de la presse.
5. Établissement d'un « Système Mondial (World System) » de transmission
privée d'informations.
6. Interconnexion des places de cotation boursière à travers le monde.
7. Établissement d'un « Système Mondial » de distribution de musique.
8. Synchronisation universelle des horloges avec une précision astronomique.
9. Transmission de textes imprimés ou écrits à la main.
10. Établissement d'un service universel maritime, permettant aux navigateurs
des navires de s'orienter précisément sans boussole, déterminer leur position
et leur vitesse exacte, prévenir les collisions, etc.
11. Inauguration d'un système d'impression mondial.
12. Reproduction de photographies et de dessins à l'échelle mondiale.
Dans ces applications, on reconnait des systèmes similaires, dans leur principe,
au télécopieur, à la géolocalisation, la synchronisation d'horloges et à
la radiodiffusion (qui n'existait pas encore à l'époque) d'informations et de musique.

La tour aurait-elle pu fonctionner ?[modifier | modifier le code]


La crédibilité technique et physique du principe de fonctionnement de la tour, tel
qu'imaginé par Tesla, dépend d'un certain nombre de facteurs.
Conduction par ondes longitudinales[modifier | modifier le code]
Un facteur déterminant est la réaction réelle du "conducteur Terre" à l'injection de
courant électrique. Le principe de Tesla exige que les ondes électriques se
propagent dans un milieu similaire à un fluide incompressible (par exemple comme le
ballon rempli d'eau dans l'analogie de Tesla), de manière à créer des ondes
longitudinales de conduction électrique, susceptible de créer des ondes
stationnaires.
Or, il s'avère que la Terre se comporte plutôt d'un point de vue électrique comme si
elle était remplie d'un fluide compressible, donnant lieu à des ondes
transversales qui finissent par se dissiper et s'amortir rendant impossible
l'établissement d'un régime stationnaire et résonnantCa 15.
La seule possibilité pour que les ondes ne se dissipent pas est qu'elles se propagent
selon un régime non maxwellien connu sous le nom de "ondes scalaires". Mais ce
régime, hautement hypothétique, n'a jamais été mis en évidence expérimentalement
et n'est pas compatible avec les équations et principes de la physique d'aujourd'hui,
par exemple en impliquant des vitesses supraluminiquesCa 15.
Circuit de retour[modifier | modifier le code]
Tesla n'a jamais précisément spécifié comment le circuit de retour allait se faire entre
le récepteur et la tour, surtout pour la transmission de quantités industrielles
d'énergieCa 12. La tour de Wardenclyffe n'était pas suffisamment haute pour atteindre
les couches d'air raréfié, et encore moins les couches d'air ionisé (donc conductrices)
de la ionosphère (dont Tesla ignorait de toute manière l'existence).
Des spéculateurs supposent, sur la base de l'existence d'un trou d'un mètre de
diamètre au sommet de la coupole, que Tesla aurait créé un couloir vertical d'air
ionisé jusqu'aux couches raréfiées de l'atmosphère, voire jusqu'à la ionosphère, en
pointant un faisceau de rayon X ou ultraviolet collimaté vers le cielCa 12,10. D'autres
supposent que la coupole aurait contenu une telle quantité d'énergie que l'air
s'ioniserait spontanément au-dessus de la coupole, conduisant à une induction
électrostatique jusqu'à la haute atmosphère11.

Notes et références[modifier | modifier le code]


1. ↑ (en) « Tesla's million-dollar folly. »

1. ↑ (en) Leland I. Anderson, Nikola Tesla On His Work with Alternating Currents and Their Application to
wireless Telegraphy, Telephony, and Transmission of Power, 21st Century Books, 2002, p. 106, 153,
170
2. ↑ (en) Nikola Tesla, « The Future of the Wireless Art », Wireless Telegraphy & Telephony, 1908, p. 67-
71 (lire en ligne [archive])
3. ↑ (en) Margaret Cheney, Tesla Master of Lightning, New York, Barnes & Noble Books, 1999,
107 p. (ISBN 0-7607-1005-8)
4. ↑ New York Journal, 30 avril 1899, "Tesla says..."
5. ↑ « Tesla Cosmic Ray Motor may transmit Power 'round Earth » [archive] "Cited Two Principles"
6. ↑ Marconi Wireless Tel. Co. v. United States 320 U.S. 1 (1943) [archive]
7. ↑ Le mât est très court par rapport aux longueurs d'onde mises en jeu par le transmitter, et ne génère
donc pas d'ondes électromagnétiques et n'est pas une antenne dans le sens habituel du termeCv 2
8. ↑ (en) William J. Broad, « A Battle to Preserve a Visionary’s Bold Failure » [archive], The New York
Times, 4 mai 2009
9. ↑ « Cours de physique, collège Maisonneuve, p. 10 Résonance » [archive]
10. ↑ Adam Bellows, « Tesla's Tower of Power » [archive], sur damninteresting.com
11. ↑ Gary Peterson, « How does Tesla's tower work? » [archive], sur www.teslainfo.org

Voir aussi[modifier | modifier le code]


Sur les autres projets Wikimedia :
 Tour de Tesla, sur Wikimedia Commons

Articles connexes[modifier | modifier le code]


 Nikola Tesla
 Transmission d'énergie sans fil
 Bobine Tesla
Bibliographie[modifier | modifier le code]
Sources secondaires[modifier | modifier le code]

 (en) Bernard Carlson, Tesla : Inventor of electrical age, Princeton University


Press, 2013 (lire en ligne [archive]) :
Revenir plus haut en :a b c et d
1. ↑ Chapitre 12. Becoming unstuck : solving the puzzle of the return circuit
Revenir plus haut en :a b c d e et f
2. ↑ Chapitre 11. From wireless lighting to resonant power
3. ↑ Chapitre 12. Courting John Jacob Astor IV
Revenir plus haut en :a b et c
4. ↑ Chapitre 13 Taking the Earth's pulse
5. ↑ Chapitre 13 Running the Magnifying Transmitter
6. ↑ Chapitre 13 Relocating to Colorado Springs
Revenir plus haut en :a b et c
7. ↑ Chapitre 13 Tests and Witnesses
8. ↑ Chapitre 13 Photographing power
9. ↑ Chapitre 13, Note 82
Revenir plus haut en :a et b
10. ↑ Chapitre 13 Tuning for Secrecy, Immunity and Selectivity
11. ↑ Chapitre 13, Note 63
Revenir plus haut en :a b c d et e
12. ↑ Chapitre 14 How did Tesla think Wardenclyffe would operate ?
Revenir plus haut en :a b c d e f et g
13. ↑ Chapitre 14 The Laboratory at Wardenclyffe
14. ↑ Chapitre 14, note 69
Revenir plus haut en :a et b
15. ↑ Chap 15. Is the Earth like a water baloon or an ocean ?

 (en) Dr Jovan Cvetić, School of Electrical Engineering University of Belgrade,


Serbia, « Tesla’s High Voltage and High Frequency Generators with Oscillatory
Circuits » [archive] [PDF]

1. ↑ Page 309
2. ↑ p. 315
3. ↑ p. 320
4. ↑ p. 323
5. ↑ p. 324

 (en) Robert Uth, Tesla : Master of Lightning, Barnes & Noble Publishing, 1999 :

1. ↑ p. 68

 (en) A. Waser, « Nikola Tesla's Wireless System » [archive] [PDF]

 (en) Anand Kumar Sethi, The European Edisons : Volta, Tesla, and Tigerstedt,
Palgrave McMillan, 2016 :

1. ↑ p. 67
Sources primaires[modifier | modifier le code]

 (en) Nikola Tesla, « On Light and other High Frequency


Phenomena » [archive], 1893

1. ↑ "On electrical resonance" : « I cannot stretch my imagination so far, but I do firmly believe that it is
practicable to disturb by means of powerful machines the electrostatic condition of the earth and thus
transmit intelligible signals and perhaps power. » [...] « We now know that electric vibration may be
transmitted through a single conductor. Why then not try to avail ourselves of the earth for this
purpose? »

 (en) Nikola Tesla, « Patent US 645,576 System of Transmission of Electrical


Energy » [archive], 1897
Revenir plus haut en :a et b
1. ↑ Le brevet évoque neuf possibilités de mettre en œuvre le système, la plupart par
transmission d'énergie en haute atmosphère. La transmission par la terre est évoquée dans la première.
2. ↑ Ce brevet.

 (en) Nikola Tesla, « Colorado Springs Notes » [archive], 1899-1900


 (en) Nikola Tesla, « The Problem of Increasing Human Energy », Century
Illustrated Magazine, juin 1900 (lire en ligne [archive])
 (en) Nikola Tesla, « Patent US 787,412 - Art of Transmitting Electrical Energy
through Natural Medium » [archive], 16 mai 1900
Revenir plus haut en :a et b
1. ↑ "Third" requirement
2. ↑ "Second" requirement
3. ↑ "First" requirement
4. ↑ « In Fig. 2 I have shown a device for detecting the presence of the waves such as I have used in a
novel method of magnifying feeble effects »
5. ↑ « Evidently the course of a vessel may be easily determined without the use of a compass, as by a
circuit connected to the earth at two points, for the effect exerted upon the circuit will be greatest when
the plates P P' are lying on a meridian passing through ground-plate E' and will be nil when the plates
are located at a parallel circle »

 (en) Nikola Tesla, « Patent US 1,119,732 - Apparatus for Transmitting Electrical


Energy » [archive], 18 janvier 1902

 (en) Nikola Tesla, « The Transmission of Electrical Energy without


Wires », Electrical World and Engineer, 5 mars 1904 (lire en ligne [archive])

1. ↑ « The earth was found to be, literally, alive with electrical vibrations »
2. ↑ « This energy will be collected all over the globe preferably in small amounts, ranging from a fraction of
one to a few horse-power. One its chief uses will be the illumination of isolated homes. »

 (en) Nikola Tesla, « Famous Scientific Illusions », Electrical Experimenter, février


1919 (lire en ligne [archive])

1. ↑ Voir figure 8

 (en) Nikola Tesla, « Tesla's description of Long Island plant and inventory of the
installation » [archive], 1922
Revenir plus haut en :a et b
1. ↑ Paragraphe 527
2. ↑ Paragraphe 524
3. ↑ Paragraphe 529
4. ↑ Paragraphe 531
5. ↑ Paragraphe 530
6. ↑ Paragraphe 526

Liens externes[modifier | modifier le code]


 Ressource relative à l'architecture :
o (en) Registre national des lieux historiques [archive]
 (en)PBS Tower of Dreams [archive]
 (en)Centre des sciences Tesla [archive] à Wardenclyffe
 [vidéo] Reconstitution 3D du bâtiment [archive] sur YouTube

 Portail du Registre national des lieux historiques


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