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Thé

forum | 1 | 2015

Thématiques de l’Association française


de Stérilisation

ultrasons
Les ultrasons constituent une technique de pré-
Les ultrasons
Christophe Lambert, Centre Hospitalier Chambéry, France

L’action des ultrasons repose sur le phénomène ■■ la température : l’augmentation de tempé-


nettoyage utilisable pour le retraitement des dis- de cavitation, cavités contenant des gaz sous rature diminue l’efficacité des ultrasons. Du
positifs médicaux en stérilisation en complément pression négative. Lorsque ces ondes rencontrent fait d’une augmentation de la T° par les
du nettoyage manuel ou en laveur-désinfecteur. une surface solide, celles-ci implosent en libérant ultrasons eux-mêmes, une T° de 20°C parait
Cette technique de pré lavage est insuffisante à une pression élevée pouvant atteindre jusqu’à optimale lors de la préparation de la solution
elle seule pour garantir le nettoyage correct des 100 bar (2) et en formant des micro-jets. C’est et du remplissage du bac.
instruments avant stérilisation. l’effet d’implosion qui est mis à profit pour le
décollement des souillures sur les dispositifs Les propriétes du liquide vont également influen-
A) PRINCIPE DES ULTRASONS médicaux lors de leur retraitement. cer l’effet des ultrasons : tension de vapeur, ten-
Les ultrasons sont des ondes acoustiques dont sion interfaciale et viscosité. Comme pour la
la fréquence se situe entre 16kHz et 10 MHz. Noyau température une augmentation de la tension de
Les ondes ultrasonores se déplacent en milieu vapeur du liquide facilite l’apparition du phéno-
Implosion
liquide de façon sinusoïdale (figure 1) en créant mène de cavitation mais réduit les pressions et
des vagues de compression  / 
dépression. Les les températures atteintes dans la bulle lors de
ultrasons obéissent donc aux lois générales sur son implosion (1).
les ondes sinusoïdales : propagation, atténuation
et réflexion. C) DOMAINE D’APPLICATION
L’utilisation des ultrasons est préconisée pour les
Compression
dispositifs médicaux réutilisables creux dispo-
Variation de pression

B) LES PARAMÈTRES INFLUENÇANT LA sant d’une lumière (alésoirs, trocarts, gaines…),


CAVITATION pour les DM à glissière ou encore ceux dont la
Il existe différents types de cavitation. La cavitation conception ou l’utilisation rendent difficile le net-
acoustique est provoquée par un son de forte inten- toyage manuel ou en laveur désinfecteur. Plus
sité. Les ultrasons de puissance utilisés pour le net- spécifiquement, certaines études démontrent
toyage sont caractérisés par une forte intensité et que les fraises dentaires traitées aux ultrasons
Dépression une faible fréquence. Le phénomène de cavitation présentent significativement moins de débris que
Fig. 1  Onde ultrasonore sinusoïdale. se produit lorsque l’énergie produite est capable de lorsque celles-ci sont exclusivement traitées en
vaincre les forces de cohésion du liquide. laveur-désinfecteur (6).
Un appareil de nettoyage par ultrasons est consti- Les principaux facteurs qui influencent la cavita- Certains DM sont incompatibles avec le pré-net-
tué d’un générateur électronique de puissance tion sont : toyage aux ultrasons :
et de transducteurs piézoélectriques. Les trans- ■■ la puissance : la puissance minimale requise ■■ Les optiques du fait d’un risque d’altération

ducteurs sont reliés entre eux et sont à l’origine pour que se développe le phénomène de des colles et des joints,
des ondes ultrasonores (figure 2). Le nombre de cavitation est appelé seuil de cavitation. L’ef- ■■ Les moteurs du fait d’un risque de détériora-

transducteurs est variable selon la dimension du fet des ultrasons augmente avec la puissance tion des joints toriques et de pénétration de
bac ultrasons. jusqu’à un certain seuil du fait de la créa- liquides dans le compartiment actif,
tion d’un bouclier de bulles se développant ■■ Les instruments chromés (encore en circula-
sur la surface émettrice. Si l’équipement ne tion !) du fait d’un risque de libération des
dispose pas de variateur de puissance, il est particules de surface,
possible d’augmenter artificiellement cette ■■ Les autres systèmes actifs tels que les pièces
dernière en réduisant le volume du bain (3). à main de phacoémulsification et certains
■■ la fréquence  : les basses fréquences sont instruments dynamiques d’odontologie.
reconnues pour favoriser les effets phy-
siques. Une fréquence inférieure à 50 KHz Avant toute utilisation des ultrasons sur un dis-
Fig. 2  Transducteurs piézoélectriques. est recommandée pour le nettoyage (1). positif, l’utilisateur devra rechercher l’absence

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de contre-indication dans la notice du fabricant. dissous pour optimiser le phénomène de cavita- r­emplacée selon l’étendue de la contamination
Selon la norme EN ISO 17664 le fabricant doit tion. Une eau osmosée apporterait une action et a minima de façon quotidienne.
mentionner dans la fiche technique qui accom- nettoyante plus rapide qu’une eau adoucie (8). Afin d’éviter l’émission d’aérosols et d’atténuer
pagne un DM, les méthodes de retraitement pré- Une température de l’eau à 20°C est suffisante le bruit, il est souhaitable de couvrir le bac pen-
conisées. du fait de l’augmentation de température géné- dant son fonctionnement.
rée dans le bain par les ultrasons. Pour un équi-
D) LES DIFFÉRENTS BACS À ULTRASONS pement disposant d’un thermostat, une tempéra- G) CONTRÔLES DE PERFORMANCES
Il existe différents types de bacs à ultrasons : du ture de régulation à 30-35° est proposée. Du fait de l’absence de dispositif de contrôle et
plus simple, dénué de thermostat et de régula- En présence d’un détergent, l’efficacité du net- d’enregistrement sur le bac à ultrasons lors de
teur de fréquence, au plus sophistiqué compor- toyage dans le bain ultrasons est plus importante son fonctionnement, l’appréciation de ses perfor-
tant des tubulures d’irrigation avec raccords de du fait d’une réduction de la tension de surface mances doit faire l’objet d’une cartographie ini-
connexion de type luer et dénommés irrigateurs des liquides. L’utilisation d’un détergent-désin- tiale des zones « actives » et d’un suivi régulier
ultrasoniques (Figure 3). Certains équipements fectant compatible avec les ultrasons sera pré- afin de détecter une éventuelle insuffisance ou
permettent même la réalisation d’une phase de férable afin d’éviter la contamination du bac par l’absence d’efficacité.
désinfection thermique après rinçage. des micro-organismes. Les détergents-désinfec- Différentes méthodes de contrôle des perfor-
tants enzymatiques ne doivent pas être utilisés à mances sont proposées et réalisables à périodi-
des températures supérieures à 45° afin d’éviter cité définie (8).
la dégradation des enzymes et donc la perte de
leur efficacité (se référer aux recommandations G1) Puissance des ondes
du fabricant). ■■ Le test à la feuille d’aluminium : appréciation
Di Gennaro et al. démontrent qu’en présence de l’efficacité des ondes d’après les dété-
riorations et perforations observées dans la
d’un détergent-désinfectant, une durée de trai-
feuille d’aluminium. Ce test n’est pas repro-
tement de 5 min. est suffisante pour éliminer les
ductible.
bactéries à la surface d’instruments contaminés
■■ le Sonochek® permet d’apprécier la puis-
et qu’une durée de 15 min. est nécessaire pour
Fig. 3  Bac ultrasons avec tubulures d’irriga- sance des ondes > 33 kHz d’après le virage
l’élimination des virus (5). D’autres études confir-
tion. d’un indicateur colorimétrique. Il est recom-
ment que l’élimination de sang est améliorée
mandé de suivre les spécifications du fabri-
lorsque la durée est augmentée de 7 à 15 min.
Certains équipements disposent de paniers cant pour le nombre de tests à utiliser en
(7). Pour une efficacité optimale, une durée mini-
internes non grillagés qui amélioreraient l’ampli- fonction du volume de la cuve. Il est néces-
mum de 15 minutes de traitement semble donc
fication et la réflexion des ondes ultrasonores (8). saire de respecter scrupuleusement les
recommandable.
Les bacs à ultrasons ne sont pas toujours des dis- conditions de conservation du test.
positifs médicaux au sens de la directive 93 / 42 CE
et ne disposent donc pas toujours d’un marquage
CE. Il n’est pas toujours proposé de maintenance
préventive pour ces équipements et la mainte-
nance curative est parfois non réalisable, imposant
la réforme et le remplacement de l’appareil.
Certains équipements lourds, tels que les tunnels
de lavage peuvent disposer d’un module ou cuve
à ultrasons positionnable avant ou après le 1er
module de nettoyage. La circulaire n° 138 du 14
mars 2001 imposait le non recyclage des eaux de
F) EN PRATIQUE
Les instruments et dispositifs à retraiter ne
doivent jamais être déposés directement sur le
fond de cuve mais dans un panier adapté. Des
paniers non grillagés sont parfois utilisés et
peuvent favoriser la réflexion des ondes.
Les instruments doivent être ouverts et démontés
en évitant les zones d’ombre par chevauchement.
Les dispositifs de faibles dimensions (fraises den-
taires, vis…) peuvent être déposés dans un réci-
G2) Tests de salissures
forum
■■ le Contrôleur Ultrasons Procyon® permet
de vérifier le fonctionnement et / ou l’ab-
sence de défaillance de chaque transducteur
lorsque leur nombre et leur emplacement
sont connus.

Au même titre qu’un laveur-désinfecteur, certains


tests de salissures pourraient être employés pour
apprécier les performances de nettoyage du bac
ultrasons. De façon non exhaustive, les tests sui-
lavage et nécessitait la vidange totale du module pient en verre rempli de solution détergente et vants sont proposés par les fournisseurs :
entre 2 chariots de lavage. L’instruction n° 449 placé en immersion dans le bac. ■■ le Wash-check US®.
du 11 décembre 2011 qui a abrogé la circulaire ■■ le Tosi et Tosi-lumcheck®
n°138 n’impose plus cette vidange systématique. Attention : Les ondes ultrasonores sont traver- ■■ le Soil test®.
santes pour le verre mais sont arrêtées par les
E) MODALITÉS DE FONCTIONNEMENT matières plastiques (cupules) ou amorties pour H) QUALIFICATION DES PERFORMANCES
La qualité de l’eau utilisée dans un bac US sera de les dispositifs en caoutchouc et silicone. Dans la mesure ou les bacs à ultrasons ne consti-
préférence adoucie ou déminéralisée pour éviter tuent qu’une technique complémentaire de pré
les dépôts calcaires et les phénomènes d’entar- Le remplissage du bac doit être assuré jusqu’au nettoyage des dispositifs médicaux ; il n’est pas
trage. La cavitation est favorisée par la présence niveau requis par le fabricant et dans tous les nécessaire ou justifié d’exiger une qualifica-
de gaz dissous présents dans l’eau (1). Ainsi cas de façon suffisante pour assurer l’immer- tion de ces équipements. Néanmoins, du fait de
l’opération de dégazage préalable à chaque utili- sion du dispositif à nettoyer. Le renouvellement l’évolution conceptuelle de ces appareils (irriga-
sation du bain ultrasons n’est pas obligatoire du de la solution après chaque utilisation n’est tion, rinçage, désinfection thermique), un plan
fait de l’intérêt de maintenir la présence de gaz plus obligatoire (cf. supra) mais celle-ci doit être de qualification inspiré de celui des laveurs

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d­ ésinfecteurs pourrait être proposé (4). Le plan PLAN DE QUALIFICATION D’UN BAC ULTRASONS
proposé en annexe concerne la «  qualifica- I. Qualification installation
tion » d’un bac ultrasons équipé d’un remplis- QI : à la réception du matériel C NC NA Commentaires
sage / vidange automatique et dont les phases DOCUMENTS À RÉCUPÉRER
de fonctionnement sont similaires à celle d’un Certificat de conformité
laveur-désinfecteur. Certificat de garantie
Documents sur les essais réalisés en usine – Certificat d’étalonnage
I) POINTS CLEFS À RETENIR Manuel d’utilisation en français

H
Utilisation d’un détergent ou détergent-désinfec- Manuel de maintenance en français
Selon le contrat : contrat de maintenance ou d’assistance technique
tant compatible avec les US
PROCÉDURE DE VÉRIFICATION
Eau adoucie ou osmosée
Présence du marquage CE
Fréquence : 35-45 KHz
Présence du numéro de référence
Durée : 15 min. minimum Conformité de l’installation sur site (implantation)
Température : 20 à 45 °C Conformité des conditions d’installation (réseau électrique, d’évacua-
Immersion totale des instruments sans surcharge tion, qualité de l’eau, etc.)
du panier Absence de fuite
Ne pas utiliser pour les DM employés chez un Fonctionnement correct des dispositifs de sécurité
patient suspect ou atteint de MCJ Maîtrise des températures et humidité du local
Risque spécifique signalés par des vignettes
DOCUMENT À SIGNER
BIBLIOGRAPHIE
Réception matérielle
(1) Laugier F. Les ultrasons en procédés poly-
Réception électrique
phasiques : transfert gaz liquide et liquide-
liquide. Thèse, Institut national polytech- II. Qualification opérationnelle
nique de Toulouse.
QO : l’appareil fonctionne C NC NA Commentaires
(2) Principes généraux d’utilisation des ultra-
ACTIONS
sons pour le nettoyage des DM. Zentral stéri- Réaliser la mise en service
lisation ; année 18, 2010. Analyser la qualité physicochimique de l’eau (BPPH et EN 285-B)
(3) Ragon A. Nettoyage par ultrasons des dispo- Réaliser un cycle de référence
sitifs médicaux. Comment valider l’efficacité Contrôler les systèmes de sécurité
de la technique ? Intérêts et limites es nou- Doser le volume de produit chimique prélevé : la tubulure d’aspiration
veaux tests physiques. Revue de l’ADPHSO. est placée dans l’éprouvette, le programme est lancé. Le volume aspiré
est lu. Répéter 3 fois.
Tome 31 n°3,2006 : 25-28.
⇒ la variation doit être < 5%
(4) Renaud A, Denis C. Comment qualifier un Tester la vidange du bac à ultrasons
irrigateur ultrasonique ? JNES 2014, Reims. Analyser le système informatique et le bon fonctionnement de
(5) Di gennaro et al. A new methodology for l­’impression (paramètres mesurés ou programmés)
decontamination of dental instruments by
an ultrasonic cleaner based on Sweep sys- III. Qualification de performance
tem technology. Annals of microbiology, QP : l’appareil est efficace C NC NA Commentaires
54(2),233-243 : 2004. VÉRIFIER LA PERFORMANCE
(6) Walker N and al. Comparison of ultrasonic Vérifier l’homogénéité et la répartition des températures. Au mini-
cleaning schemes. Primary Dental Care, 13 mum, placer 6 sondes dans la cuve. 1 à 5 aux points diamétralement
opposés et au centre géographique, 6 à côté du système d’enregistre-
(2), 51-56 : 2006.
ment. ⇒ Lavage : T°C+ / –5°C maximum
(7) Perakaki et al. Comparison of an ultrasonic ⇒ Désinfection thermique : 90°C < T°c < 95°C
cleaner and a washer disinfector in the clea- ⇒ Variation sur 1 capteur < 2°c
ning of odontic files. Journ. Hosp. Inf., 67(4), ⇒ Variation entre les capteurs < 4°c
355-359 : 2007. Tester l’efficacité du nettoyage : à réaliser selon données fabricant.
(8) Fayard C. Méthodes de contrôle des per- Contrôle visuel.
− DM à aspérités : Soil Test®
formances des bacs ultrasons. 2es Journées
⇒ Plus aucune trace visible à la fin du programme
Internationales Francophones de Stérilisa- − DM creux : Tosi-Lumcheck®
tion, Marrakech 2014. | ⇒ Plus aucune trace visible à la fin du prg
Test de cavitation :
Test Sono-check®, répartis dans toute la cuve.
Enregistrer le temps nécessaire pour le virage.
⇒ Tous les tests doivent virer du bleu / vert au jaune en moins de
3 minutes
Enregistrement des fréquences et puissance par sonde
⇒ Fréquence comprise entre 20 et 45 KHz
⇒ Puissance comprise entre10 et 20 Watt / L

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