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Etat et souveraineté

Il est possible de considérer l’existence d’un Etat lorsque sont réunis trois critères
spécifiques. En premier lieu, le territoire. Il permet de poser des limites
géographiques précises dans lesquelles l’Etat pourra exercer ses compétences. Ce
territoire peut être comparé à un cadre où toute une population sera soumise au
même ordre juridique. La population est, en second lieu, également un critère
essentiel pour caractériser l’existence d’un Etat. Cette population peut se définir
comme un regroupement de personnes le plus souvent très différentes (d’un point de
vue social, ethnique et religieux par exemple) mais qui, soumises à un même ordre
juridique, ont le sentiment d’une cohésion, d’une unité. Le troisième et dernier critère
caractéristique de l’Etat est la présence d’une puissance publique effective ; pour
parler d’Etat, il faut en effet que la population soit soumise à une force supérieure en
supposant qu’elle n’ait pas de concurrent sur le territoire en question. Cette
puissance est qualifiée de souveraine.
La souveraineté peut se présenter en premier lieu comme un caractère essentiel de
la définition de l’Etat, dans le sens ou cet Etat est en droit indépendant : la
souveraineté est un caractère qui place l’autorité de l’Etat comme supérieure à toute
entité interne et soumis à aucune entité externe (un autre Etat par exemple). En
second lieu, la souveraineté peut caractériser un organe, situé au sommet d’une
hiérarchie, dont l’exercice n’est soumis à aucun contrôle et qui produit du droit par
l’expression de sa volonté. Dans ce cas, l’entité est suprême ; on qualifie sa
souveraineté d’indivisible car si l’on vient à la diviser, on ne peut plus parler de
suprématie. En troisième lieu, la souveraineté caractérise l’ensemble les pouvoirs
que cette entité supérieure peut exercer, pouvoirs dans ce sens divisibles car ils
peuvent être exercés par plusieurs organes.
Le pouvoir de l’Etat est exercé sous forme de règles s’appliquant à tous. De fait,
l’Etat ne peut s’exprimer de lui-même, puisque entité abstraite c’est la raison pour
laquelle existent des organes traduisant la volonté de cette Etat. L’Etat est souverain
et possède une puissance effective forte. Les organes qui le composent sont
également souverains car ils sont dépositaires de la puissance d’Etat. Le peuple est
considéré comme titulaire de la souveraineté par la constitution du 4 octobre 1958. Il
s’agit de comprendre les différentes formes que peut prendre la souveraineté par
rapport à l’Etat. Comment peut-on définir les rapports entre l’Etat et la souveraineté ?

Si la présence d’une forte puissance publique permet de parler de souveraineté de


l’Etat (I), il n’en demeure pas moins que les titulaires de la souveraineté permettent
de parler de souveraineté dans l’Etat (II)

I - La souveraineté de l’Etat

La souveraineté peut prendre, en tant que caractère de l’Etat, plusieurs sens. La


souveraineté peut être définie comme l’ensemble des pouvoirs et des compétences
que peut exercer l’Etat en question. L’Etat possède une souveraineté dans la mesure
où il possède un pouvoir normatif supérieur mis au service de l’organisation de la
société (A), sa souveraineté est caractérisée par une autorité forte mais qui
nécessite une légitimité (B)

La souveraineté comme un pouvoir d’organisation sociale fort


1) Un pouvoir mis au service de la société

La souveraineté de l’Etat peut se définir comme l’ensemble des compétences que


celui-ci exerce. Cet ensemble est alors appelé, puissance d’Etat. L’Etat est distinct
de la société. Il exerce son pouvoir sur elle et remplit de nombreuses fonctions
nécessaires à l’organisation sociale, politique, économique de la société. L’Etat rend
justice par l’intermédiaire de l’organe judiciaire, institué juridiquement par la
constitution. L’Etat assure la direction de l’économie du pays avec plus ou moins de
présence selon les cas, l’Etat possède un rôle majeur dans l’éducation, la défense du
territoire par l’entretien d’une armée. Toutes ces règles sont traduites par un
ensemble de production de normes juridiques à caractère obligatoire. Les fonctions
de l’Etat nécessitent un réel pouvoir de création du droit.

2) Le pouvoir normatif

L’Etat présente un caractère souverain par le fait qu’il possède un pouvoir supérieur
à tout autre, et qu’il n’existe rien qui puisse le contrôler. Le pouvoir se manifeste par
la formation de règles juridiques, par une production de normes qui s’appliquent à
tous, qui présentent un caractère obligatoire, et qui visent à organiser la vie d’une
société. L’Etat ne peut cependant ordonner et agir par lui-même car il n’est qu’une
entité abstraite.
L’Etat doit donc posséder des organes en mesure de créer du droit. Toutefois, pour
que l’Etat puisse continuer à posséder son caractère de souveraineté, le droit produit
par ses organes doit être un droit supérieur aux autres droits.
Il est ainsi possible de parler de la hiérarchie des normes. Celle ci indique que la
valeur des normes produites correspond à la place de l’émetteur de la norme dans la
hiérarchie. On peut alors, parmi les organes de l’Etat, distinguer les organes qui
seront souverains. La loi est en effet d’une importance extrême, elle est au sommet
de la hiérarchie des normes. La constitution est, elle, le fondement de l’ordre
juridique dans son entier, et est même supérieure à la loi. Le pouvoir législatif et le
pouvoir constituant posséderont par conséquent un caractère souverain, car ils
permettent indirectement de déterminer le contenu de toutes les autres normes
inférieures. L’Etat présente un caractère souverain, car aucun ordre interne ou
externe ne peut s’imposer à lui et que le droit qu’il produit est supérieur à tout autre
en raison de la souveraineté de ses organes.

la souveraineté de l’Etat, autorité et légitimité

1) Un pouvoir coercitif

Il a toujours existé une certaine crainte quant à l’Etat car il est détenteur d’une
puissance de contrainte importante. Il a le monopole de l’autorité. L’Etat a une
fonction primaire d’organisation de la société, il est producteur d’un droit supérieur
aux autres pour traduire l’exercice de ses fonctions, et il doit par conséquent
disposer d’une puissance effective pour faire appliquer les normes produites.
Cependant, l’Etat n’est pas seulement producteur de droit, mais il est possible de
parler de l’Etat comme institué par le droit. L’Etat dispose ainsi de pouvoirs de
contrainte parce qu'ils lui sont conférés par un dispositif juridique : la constitution.
Le pouvoir de contrainte se manifeste à plusieurs niveaux et vise à faire respecter
les normes juridiques émises. Ce pouvoir de contrainte, de violence étant un pouvoir
fort, il est légitime de se demander si l’Etat, détenteur de souveraineté, d’autorité, ne
peut pas, finir par devenir une fin en soi, au lieu de rester un simple moyen
d’organisation d’une société. La légitimité d’un Etat est donc nécessaire, la
population qui est soumise à cet Etat doit pouvoir adhérer au système qu’il propose.

2) La nécessaire légitimité de la souveraineté de l’Etat

L’Etat, pour exister, doit générer une adhésion générale du peuple qu’il soumet à son
autorité. Il ne peut exister sans cette reconnaissance de cet ordre juridique. La
légitimité apparaît comme ce qui est accepté par l'ensemble du peuple. Il y a donc
une référence à l'acceptation du pouvoir, à la reconnaissance par le peuple du fait
que le pouvoir est exercé de façon « honnête » et justifiée.
Il donc également possible de caractériser la légitimité de l’autorité de l’Etat en la
considérant comme résultant d'une adhésion de tous aux principes qui la fondent,
autrement dit, des principes que l’autorité de l’Etat justifie ; par exemple, la création
d’une unité sociale, la protection des droits et libertés fondamentales, un projet
politique à long terme.

L’Etat présente un caractère de souveraineté, car il possède un pouvoir fort, une


puissance publique, et les moyens de faire appliquer les règles de droit qu’il crée
pour organiser la société. On parle de souveraineté de l’Etat comme une
caractéristique. Cependant, la constitution française du 4 octobre 1958 définit le
peuple comme détenteur de cette souveraineté. On peut ainsi parler de souveraineté
dans l’Etat dans le sens ou, bien que l’Etat présente des caractéristiques de la
souveraineté, le détenteur de la souveraineté prend place dans l’Etat.

II - La souveraineté dans l’Etat

Le peuple, en tant que titulaire de la souveraineté, dans les systèmes


démocratiques, est à l’origine de l’organisation du pouvoir, et donc de la
souveraineté de l’Etat. Cette souveraineté est un système démocratique pouvant se
présenter sous différentes formes (A) et présentant des caractéristiques propres (B)

La souveraineté démocratique

1) Souveraineté populaire

L’idée de souveraineté populaire provient d’une doctrine qui vise à attribuer la


souveraineté au peuple, correspondant à l’ensemble d’une population sur un
territoire donné. Jean Jacques Rousseau insiste sur l’importance de l’individu ; la
souveraineté provient selon lui de l’ensemble des citoyens, des individus. La
constitution du 24 Juin 1793 attribue également la souveraineté au peuple, qui doit
pouvoir exprimer sa volonté avec liberté.
Les effets de cette doctrine de souveraineté populaire visent à donner à chaque
citoyen une petite parcelle de la souveraineté. La souveraineté populaire nécessite
une idée de représentation mais très nuancée par des techniques de démocratie
directes, ou semi directes. Par exemple, dans le cas d’une démocratie directe, le
peuple est directement concerné par l’organisation politique, sociale et économique
de la société. Dans les cas de démocratie semi directe, le referendum permet la
participation au pouvoir de façon individuelle.
2) Souveraineté nationale

Avant d’évoquer la doctrine de souveraineté nationale, il est nécessaire de définir la


notion de nation. La nation peut être considérée comme une entité abstraite. Elle
correspond au regroupement d’hommes sur un même territoire. D’un point de vue
juridique ce regroupement se dote d’une signification particulière, qui correspond,
non pas à une addition de volontés individuelles, mais à une volonté générale qui
transcende les intérêts particuliers, et qui prend en compte les générations futures.
Toutefois, en tant qu’entité abstraite, cette nation ne peut s’exprimer par elle-même,
elle nécessite des représentants de cette volonté générale. La démocratie directe
dans ce cas est impossible. La doctrine de la souveraineté nationale correspond
donc à l’exercice de la souveraineté par la nation, ou du moins, par ses
représentants. Le vote, dans cette doctrine n’est pas un droit, mais une fonction
confiée par la nation et le mandat impératif (l’obligation pour les représentants de
rendre de comptes sur leurs activités auprès du peuple) est prohibé.

Caractéristiques de la souveraineté

1) Exercice de la souveraineté

Le peuple n’est titulaire de la souveraineté qu’en vertu de la constitution. Le peuple


ne peut donc exercer cette souveraineté que conformément à la constitution. La
constitution lui donne la possibilité d’exercer sa souveraineté de manière directe,
dans le cas du referendum, et dans les autres cas, il doit exercer sa souveraineté par
ses représentants. La représentation de la souveraineté ne résulte pas de la nature
de l’homme, capable de gouverner, mais de la volonté du constituant qui crée un
système de représentation de la volonté générale du peuple.
Les représentants seulement les traducteurs de la volonté du peuple souverain. La
représentation est la justification de leur compétence, aux yeux du peuple souverain.

2) L’inaliénabilité de la souveraineté

Le fait que la souveraineté nationale appartienne au peuple, comme le précise la


constitution du 4 octobre 1958 interdit les représentants de l’aliéner en les transférant
à des autorités étrangères par exemple ou à des organisations internationales.
Certains transferts de compétence sont possibles, mais seulement avec les
compétences qui ne relèvent pas du bon fonctionnement de l’exercice de la
souveraineté nationale.

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