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L’ESTHÉTISATION
DU MONDE
VIVRE À L ’ ÂGE
DU CAPITALISME ARTISTE
GALLIMARD
©ÞÉditions Gallimard, 2013.
INTRODUCTION
L’artialisation rituelle
L’esthétisation aristocratique
L’âge transesthétique
LA BEAUTÉ PEUT-ELLE
S A U V E R L E M O N D E Þ?
LE CAPITALISME ARTISTE
LEÞCOMPLEXEÞÉCONOMICO-ESTHÉTIQUE
L’INFLATIONÞDUÞDOMAINEÞESTHÉTIQUE
L’escalade de l’éphémère
Le système hypermode
L’hybridation hypermoderne
L’EXPANSION ÉCONOMIQUE
DES MONDES TRANSESTHÉTIQUES
Course à la concentrationÞ:
les multinationales du capitalisme artiste
L’emballement de la communicationÞ:
la machine promotionnelle.
Professionnalisation et spécialisation
des activités artistiques
caux, les entrées record dans les salles de cinéma, les cachets
faramineux des stars, les sommets atteints dans les ventes aux
enchères par les œuvres d’art. Une spectacularisation média-
tique qui, du coup, amplifie encore les inégalités de célébrité
et de rémunération. Le capitalisme transesthétique n’est pas
seulement cette formation qui répand l’art dans les objets de
la vie ordinaire, il est aussi le système qui a réussi à faire du
prix des œuvres et du gain des artistes la marque même de
leur excellence. Damien Hirst est plus célèbre par le prix de
ses œuvres que par le contenu artistique de celles-ciÞ: il a été
ainsi classé comme «Þl’artiste vivant le plus cher du mondeÞ».
Parce que la cote des artistes est devenue le signe ultime de
leur qualité, le triomphe du marché est autant économique
que culturelÞ: il a changé la manière de percevoir, d’appré-
cier, de qualifier l’art et les artistes. Sur ce plan, c’est moins
l’art qui gagne que la logique proprement économique du
capitalisme.
Vitrines magiques
PRODUCTION DE MASSE
ET GOÛTS ESTHÉTIQUESÞ:
DE FORD À SLOAN
Le modèle et la copie
Stylistes et créateurs
Le temps suspendu
CINÉMA ET MUSIQUEÞ:
LA NAISSANCE DES ARTS
DE CONSOMMATION DE MASSE
L’industrie du cinéma
Le septième art
Standard et singularité
Cet esprit même d’un art qui s’adresse à tous apparaît avec
la volonté qu’affichent les producteurs et les metteurs en
scène de proposer des films aisément repérables par un public
qui ne sait trop encore ce qu’est ce nouveau moyen d’expres-
sion. D’où l’idée de recourir aux formes canoniques qui régis-
sent le récit littéraire et l’action théâtraleÞ: les genres.
D’emblée, le cinéma s’accroche aux grands modèles narratifs
et aux grandes formes dramaturgiquesÞ: l’épopée, le récit his-
torique, le vaudeville. Le cinéma américain, tout particu-
lièrement, donne aux genres une importance primordiale,
permettant au grand public de reconnaître et d’identifier faci-
lement ce qui lui est proposé. La codification des genres
intervient dès les annéesÞ1920 et détermine les stratégies de pro-
ductionÞ: la comédie sentimentale, le mélodrame, le film de
guerre, le film d’horreur, le film historique, le péplum, le film
de gangsters, et ce genre qui transforme en légende l’histoire
même du pays, le western. Les genres s’enrichissent encore
avec le parlant puis avec la couleur, mais aussi avec le contexte
social et politiqueÞ: apparaissent ainsi avant et après la
Seconde Guerre mondiale la comédie musicale, le film noir,
le film d’aventures… Les studios s’attachent les réalisateurs
capables de passer d’un genre à un autre, comme Howard
Hawks ou Raoul Walsh, ou en spécialisent certains au vu de
leur maîtrise particulière, comme John Ford dans le western
208 L’esthétisation du monde
Star system
DE LA RÉCLAME À LA PUBLICITÉ
UN MONDE DESIGN
des bancs qui font office de jardinières et des fauteuils qui ser-
vent de lampes. Avec le design de Xavier Moulin et Aldo
Cibic, meubles de maison et appareils sportifs peuvent
s’échangerÞ: les étagères dotées de crampons permettent de
faire de l’escalade et un canapé des exercices de gymnastique.
Même le secteur automobile n’échappe plus à cette logiqueÞ:
la Smart présente un look de BD, elle est une voiture-jouet,
tout à la fois pratique, ludique et écologique. Peugeot a lancé
différents petits modèles de concept cars, les City Toyz, qui
mélangent sportivité et fun. Essor des hybridations qui témoi-
gne de l’affaiblissement des frontières culturelles mais surtout
de la puissance du commercial dans l’univers du design. Car
au principe des nouvelles hybridations se trouvent avant tout
la volonté et l’exigence de surprendre le consommateur
«ÞblaséÞ». Pour cela, il faut de plus en plus exploiter la voie
transesthétique de l’association des univers les plus hétérogè-
nes.
Cette dynamique n’est pas propre au design. Partout
s’affirment les esthétiques de l’hybridation, le mixage des
catégories et des genres, des pratiques, des matières et des
cultures. Sur les podiums de la mode, tout se brouille et
s’interpénètre avec le mélange de l’Orient et de l’Occident,
du sportif et du sophistiqué, du folklorique et du classique,
des dessous et des dessus, du noble et du vulgaire, du rock et
du chic, des jupons en tulle et des vestes cuir (Jean Paul
Gaultier), de la veste en fil d’or et des jeans troués, des
tenues de combat et des vêtements fétichistes, des références
historiques et du trash (Vivienne Westwood). Les installa-
tions et performances mêlent sculptures, musiques, vidéo,
pratiques corporelles. Les métissages musicaux prolifèrentÞ;
la cuisine fusion mixe tous les aliments et toutes les saveurs.
Les architectures de Franck Gehry ressemblent à de fantasti-
ques sculptures poétiques. Les croisements entre le théâtre
et la danse (Pina Bausch), théâtre, peinture et cinéma (Bob
Wilson) s’intensifient. Les émissions à la télévision se mul-
252 L’esthétisation du monde
UN DESIGN ÉMOTIONNEL
LE DESIGN, EXPRESSION
ET VECTEUR D’INDIVIDUALISATION
PLURALISME ET ÉCLECTISME
LE DESIGN DURABLE
L’EMPIRE DU SPECTACLE
ET DU DIVERTISSEMENT
L’ÂGE DE L’HYPERSPECTACLE
Gigantisme
Choc visuel
Provocation
Célébrités
Le sensationnel et l’abject
EXTENSIONS DE L’HYPERSPECTACLE
La réalité «ÞshowÞ»
Expositions-spectacles
est mis en place, qui organise des débats d’avant match, pro-
pose des séquences filmées sur les compétiteurs, multiplie les
interviews, prend le pouls des supporters en direct, retrace
l’historique des grands faits sportifs afférents à la rencontre
qui va avoir lieu. Lors de la compétition, ce n’est plus une uni-
que caméra frontale, comme cela se faisait au temps des bal-
butiements télévisuels, qui l’enregistre, mais toute une batterie
de caméras permettant vision de loin, de près, d’en haut, de
dedans même (avec, par exemple, les caméras embarquées
dans le cockpit des pilotes de FormuleÞ1 ou sur le casque des
skieurs de descente). Chaque temps mort est supprimé par le
recours à des images permettant de revoir l’action au ralenti,
en gros plans, répétée en boucle. Chaque exploit marquant
d’un joueur est accompagné d’incrustations donnant des ren-
seignements sur ses performances, ses réussites, ses échecs,
son influence dans le jeu. Sont longuement filmés les embras-
sades, les cris, les manifestations de joie et de triomphe des
uns, l’abattement et les larmes des autresÞ: une esthétique
nouvelle de la retransmission s’est mise en place, fondée sur
les logiques exacerbées de la narration et de la dramatisation.
À présent, les Jeux Olympiques ou la Coupe du Monde de
football ne se conçoivent pas sans cérémonies d’ouverture et
de clôture, où la présentation des athlètes s’insère dans un
spectacle qui égale en moyens et en féerie les grands specta-
cles hollywoodiens. Ces cérémonies sont d’ailleurs confiées à
des scénographes, des metteurs en scène, des chorégraphes,
comme Philippe Decouflé aux Jeux Olympiques d’hiver
d’Albertville en 1992 puis à la Coupe du Monde de rugby en
2007Þ; il y propose un spectacle qui se veut total, mêlant danse,
funambulisme, voltiges, jeux de lumières, débauche de costu-
mes, effets chromatiques. Aux Jeux Olympiques de Pékin, en
2008, le gouvernement fait appel à un réalisateur phare du
cinéma chinois, Zhang Yimou, qui met en scène une immense
saga historico-chorégraphique mobilisant plus de 600 tech-
niciens et des milliers de figurants pour trois heures d’un
L’empire du spectacle et du divertissement 301
FIN DE LA SURENCHÈRE
S P E C T A C U L A I R E Þ?
UN MONDE KITSCH
LE STADE ESTHÉTIQUE
DE LA CONSOMMATION
LA VILLE À CONSOMMER
Le management patrimonial
LE CONSOMMATEUR TRANSESTHÉTIQUE
LE CADRE DE VIE
ET SES AMBIVALENCES ESTHÉTIQUES
Le home personnalisé
L’EMBELLISSEMENT DE SOI
Dictature de la beauté
Beauté et mondialisation
MODES ET LOOKS
Le look et le corps
Tatouage et piercing
L’INTERNAUTE TRANSESTHÉTIQUE
CONSOMMATION CULTURELLEÞ:
D’HOMO FESTIVUS À HOMO ÆSTHETICUS
Ennui et déception
LA SOCIÉTÉ TRANSESTHÉTIQUEÞ:
JUSQU’OÙÞ?
LES CONTRADICTIONS
DE LA CULTURE HYPERMODERNE
Hédonisme et performance
LES PARADOXES
DE LA SOCIÉTÉ TRANSESTHÉTIQUE
Le virtuel et le sensuel
sisme, qui coupe les individus les uns des autres. Et Internet
aujourd’hui ne ferait qu’amplifier ce processus. Mais c’est un
narcissisme paradoxal qui se déploie, tant celui-ci se montre
dépendant de la relation aux autres. Cependant que se déve-
loppent les jeux vidéos et les communications virtuelles, les
individus ont de plus en plus le goût de sortir le soir, ils se ren-
dent chez leurs amis, vont au restaurant, participent à des fes-
tivals et à des fêtes. L’individu hypermoderne ne veut pas
seulement du virtuel, il plébiscite le «ÞliveÞ». Il est inexact
d’assimiler la vie hyperindividualisée au cocooning, à la ferme-
ture sur soi. Finalement, plus il y a d’outils de communication
virtuelle, d’écrans high-tech, et plus les individus cherchent à
se rencontrer, à voir du monde, à sentir une ambiance17.
Le faux et l’authentique
Tous créatifs
Aménité et violence
SOCIÉTÉ D’ACCÉLÉRATION
ET ESTHÉTIQUE DE LA VIE
INTRODUCTION
LE CAPITALISME ARTISTE
Jan Brand, José Teunissen et Anne Van Der Zwaag (dir.), The Power of
Fashion. About Design and Meaning, Arnhem, ArtEZ Press, 2006.
57.þGilles Lipovetsky, L’Empire de l’éphémère. La mode et son destin dans
les sociétés modernes, Paris, Gallimard, coll. Bibliothèque des Sciences
humaines, 1987Þ; rééd. coll. Folio Essais, 1991.
58.þIl n’est pas toujours facile de faire la différence entre les œuvres
d’art de Murakami et ses produits dérivésÞ: «ÞJ’ai compris que le marché
de l’art peut être comparé à celui de la mode, il est variable, change tous
les six mois. Je suis réactif et je réponds à ce marchéÞ», cité dans Le
Monde, «ÞMurakami, un cas sur le marché de l’artÞ», 22-23Þoctobre 2006.
59.þCe qui entraîne une certaine confusion dans le publicÞ: «ÞÇa roule
vraiment, ou c’est un objet d’artÞ?Þ» se demande un visiteur (Le Monde,
9Þdécembre 2011).
60.þ«ÞEn 1999, on recensait 1Þ043 marques Picasso déposées dans le
monde, dont 700 illégales, 300 déposées par Paloma, 11 dépôts faits
par l’indivision.Þ» (Le Monde, 4Þjanvier 1999).
61.þEngagement dans des opérations artistiques qui mobilise désormais
jusqu’aux marques et enseignes de grande consommation (Disneyland
Paris, JC Decaux, Ariel, Nivea, Unilever, Electrolux…).
62.þLes retombées presse font de la fondation Cartier une source de
visibilité importanteÞ: elle représente 25Þ% de toute la presse Cartier
dans le monde.
63.þSelon l’Admical, de 2008 à 2010, le mécénat de la culture en France
est passé de 975 à 380Þmillions d’euros, accusant ainsi une perte de 63Þ%.
La culture ne représente plus que 19Þ% du budget global du mécénat.
Dans ce contexte, les opérations de prestige demeurentÞ: en témoigne,
pour ne prendre que cet exemple, le financement par Ferragamo de la
spectaculaire restauration du chef-d’œuvre de Léonard de Vinci, La
Vierge à l’enfant avec sainte Anne, qui donne lieu en avrilÞ2012 à une grande
exposition au Louvre, lequel ouvre en contrepartie pour la première fois
les parties historiques intérieures du musée pour un défilé, dans l’aile
Denon, de la collection du chausseur de luxe.
64.þNathalie Moureau et Dominique Sagot-Duvauroux, Le Marché de
l’art contemporain, Paris, La Découverte, coll. Repères, 2006, p.Þ104-106.
65.þPour l’analyse détaillée de ces courants artistiques, Paul Ardenne,
Un art contextuel. Création artistique en milieu urbain, en situation, d’interven-
tion, de participation, Paris, Flammarion, coll. Champs, 2004, p.Þ213-229.
Également, Dominique Baqué, Pour un nouvel art politique. De l’art contem-
porain au documentaire, Paris, Flammarion, coll. Champs, 2006, p.Þ85-97.
66.þCité par Irving Sandler, Le Triomphe de l’art américain, t.ÞII, Les
Années soixante, trad. fr. Frank Straschitz, Paris, Carré, 1990, p.Þ106.
446 L’esthétisation du monde
100.þRichard L.ÞFlorida, The Rise of the Creative Class. And How It’s
Transforming Work, Leisure, Community and Everyday Life, New York,
Basic Books, 2004Þ; et Robert B.ÞReich, Futur parfait. Progrès techniques,
défis sociaux, trad. fr. Agnès Prigent, Paris, Village Mondial, 2001.
101.þRichard E.ÞCaves, Creative Industries, op.Þcit.
102.þEn 2001, on comptait en France quelque 13Þ000 designers. Au
début des années 1970, l’American Institute of Graphic Arts comptait
1Þ700 membresÞ; trente ans plus tard, l’association pouvait déclarer
150Þ000 graphistes designers.
103.þHoward S.ÞBecker, Les Mondes de l’art, op.Þcit.
104.þEmmanuel Levy, «ÞThe Democratic EliteÞ: America’s movie
starsÞ», Qualitive Sociology, vol.Þ12, n°Þ1, printemps 1989, p.Þ31.
105.þPierre-Michel Menger, La Profession de comédien. Formations, acti-
vités et carrières dans la démultiplication de soi, Paris, Ministère de la Cul-
ture et de la Communication, 1997.
106.þFrançoise Benhamou, L’Économie du star-system, Paris, La Décou-
verte, 2002, p.Þ131-152.
107.þIbid., p.Þ85
108.þC’est dans l’univers du sport et de l’art contemporain —Þparce
qu’accusé de «ÞnullitéÞ» et d’«ÞimpostureÞ» — que la hauteur des reve-
nus fait le plus «ÞscandaleÞ». Le contraste est saisissant avec le cinéma et
le showbiz.
109.þLuc Boltanski et Ève Chiapello, Le Nouvel esprit du capitalisme,
Paris, Gallimard, coll. NRF Essais, 1999Þ; rééd. coll. Tel, 2011.
110.þIbid., p.Þ529-546 (coll. Tel, p.Þ587-606).
111.þAlfred D.ÞChandler, La Main visible des managers. Une analyse his-
torique, trad. fr. Frédéric Langer, Paris, Economica, 1988.
112.þSur ces points, Stuart Ewen, All Consuming Images. The Politics of
Style in Contemporary Culture, New York, Basic Books, 1988, p.Þ41-47.
113.þMax Weber, L’Éthique protestante et l’esprit du capitalisme [1964],
trad. fr. Jean-Pierre Grossein, Paris, Gallimard, coll. Tel, 2004.
114.þMarshall Sahlins, Au cœur des sociétés. Raison utilitaire et raison cul-
turelle, trad. fr. Sylvie Fainzang, Paris, Gallimard, coll. Bibliothèque des
Sciences humaines, 1980, p.Þ262.
115.þJean Baudrillard, La Société de consommation. Ses mythes, ses structu-
res [1970], Paris, Gallimard, coll. Folio Essais, 1986, p.Þ312.
116.þLuc Boltanski et Ève Chiapello, Le Nouvel esprit du capitalisme,
op.Þcit., p.Þ585 (coll. Tel, p.Þ650).
Notes des pages 117 à 140 449
II
Shopping (Project on the City, 2), Cologne, Taschen, 2001, p.Þ116 (cité et
traduit par Catherine Grandclément, «ÞClimatiser le marché. Les con-
tributions des marketings de l’ambiance et de l’atmosphèreÞ», ethnogra-
phiques.org, n°Þ6, novembreÞ2004). La première climatisation d’un lieu
de shopping est réalisée en 1919 dans le grand magasin AbrahamÞ& Strauss
Department Store à New York. Elle sera suivie très vite par Macy’s, ibid.,
p.Þ109.
61.þJean Baudrillard, La Société de consommation. Ses mythes, ses structu-
res [1970], Paris, Gallimard, coll. Folio Essais, 1986, p.Þ25.
62.þWilliam Severini Kowinski, The Malling of America, op.Þcit., p.Þ61.
63.þJeremy Rifkin, L’Âge de l’accès. La révolution de la nouvelle économie,
trad. fr. Marc Saint-Upéry, Paris, La Découverte, coll. Cahiers libres,
2000, p.Þ201.
64.þC’est ainsi que nous désignons la période de l’histoire du cinéma
qui recouvre les décennies 1950 à 1970, dans L’Écran global. Culture-
médias et cinéma à l’âge hypermoderne, Paris, Éditions du Seuil, coll. La
couleur des idées, 2007, p.Þ19.
65.þEn 1961, un tiers des films produits par Hollywood sont réalisés à
l’étranger.
66.þPlus longtemps que le cinéma, la photographie a été exclue du
domaine de l’art. Identifiée au milieu du XIXeÞsiècle à une simple copie
du réel, à un enregistrement automatique privé du travail de la main et
de toute dimension spirituelle, la photographie, chez Baudelaire ou
chez Delacroix, est incompatible avec l’art. Le slogan «ÞPressez sur le
bouton, nous faisons le resteÞ», lancé par Kodak en 1888, renforce ce
type d’interprétation.
67.þ«ÞLes masses aiment le mythe, et le cinéma s’adresse aux mas-
sesÞ», note Jean-Luc Godard, in Histoire(s) du cinéma, t.ÞI, «ÞToutes les his-
toiresÞ», «ÞUne histoire seuleÞ», Paris, Gallimard, 1998, p.Þ96.
68.þ«ÞAlors les rêves montent dans la nuit pour aller s’embraser au
mirage de la lumière qui bouge.Þ», Louis-Ferdinand Céline, Voyage au
bout de la nuit [1932], Paris, Gallimard, coll. Folio, 1972, p.Þ201.
69.þMax Horkheimer et Theodor W.ÞAdorno, La Dialectique de la rai-
son. Fragments philosophiques, trad. fr. Éliane Kaufholz, Paris, Gallimard,
coll. Bibliothèque des Idées, 1974Þ; rééd. coll. Tel, 1983, p.Þ130, 134, 143.
70.þScott Lash et John Urry, Economies of Signs and Space, LondresÞ/
Thousand Oaks, SAGE Publications, 1994, p.Þ123.
71.þL’expression est popularisée par le livre qu’Ilya Ehrenbourg con-
sacre à Hollywood dans les années 1930Þ: Usine de rêves, trad. fr. Made-
leine Étard, Paris, Gallimard, 1936. Elle dit bien la double nature —
industrielle et artistiqueÞ— du cinéma.
Notes des pages 196 à 216 455
83.þIbid., p.Þ71.
84.þLudovic Tournès, «ÞReproduire l’œuvre, la nouvelle économie
musicaleÞ», in Jean-Pierre Rioux et Jean-François Sirinelli (dir.), La Cul-
ture de masse en France de la Belle Époque à aujourd’hui, Fayard, 2002,
p.Þ253-255.
85.þHerbert Marcuse, L’Homme unidimensionnel. Essai sur l’idéologie de
la société industrielle avancée, trad. fr. Monique Wittig et Herbert Mar-
cuse, Paris, Éditions de Minuit, coll. Arguments, 1968.
86.þNathalie Heinich, De la visibilité, op.Þcit., p.Þ21.
87.þGabriel Segré, Le Culte Presley, Paris, PUF, coll. Sociologie
d’aujourd’hui, 2003, p.Þ38-39.
88.þLes mêmes impératifs esthétiques se manifestent dans cet autre
dispositif consubstantiel au système de la production et consommation
de masseÞ: le packaging. Là aussi on fait appel à des artistes, peintres,
dessinateurs, graphistes, chargés de décorer les boîtes, rendre attractifs
les emballages, donner par le contenant l’envie du contenu. Dès 1898,
Van de Velde propose pour Tropon, une société alimentaire de Colo-
gne, à la place de la représentation réaliste attendue du produit, une
ligne graphique stylisant à l’extrême les trois moineaux emblème de la
firme, qui s’exprime à travers l’affiche, mais aussi l’emballage et même
le papier à lettres de l’entreprise.
89.þRoman Jakobson, Essais de linguistique générale, trad. fr. Nicolas
Ruwet, Paris, Éditions de Minuit, coll. Arguments, 1963, p.Þ218-220.
90.þOlivier Reboul, «ÞSlogan et poésieÞ», in Art et publicité. 1890-1990,
un siècle de création, Éditions du Centre Georges-Pompidou, 1990, p.Þ88-
97.
91.þBruno Remaury, Marques et récits. La marque face à l’imaginaire cultu-
rel contemporain, Paris, Institut français de la modeÞ-ÞÉditions du Regard,
2004, p.Þ108 et p.Þ16.
92.þIbid., p.Þ108.
93.þLouis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit [1932], éd.Þcit.,
p.Þ206.
94.þ«ÞLes metteurs en scène n’aiment rien autant que de faire figurer
sur l’écran les appels nocturnes de nos modernes capitales, New York,
Paris, Berlin, où triomphent ces mille et un jeux de lumière que la publi-
cité, magnifique et infatigable magicienne, a suscitésÞ», relève G.ÞRenon
dans Le Figaro en 1931.
95.þPaul Valéry, Regards sur le monde actuel [1931], Paris, Gallimard,
coll. Folio Essais, 1988, p.Þ75.
96.þFernand Léger, Fonctions de la peinture [1965], Paris, Gallimard,
coll. Folio Essais, 1997, p.Þ42.
Notes des pages 217 à 244 457
III
UN MONDE DESIGN
IV
1.þLe design, traité dans les deux chapitres précédents, est aussi un
des territoires constitutifs de cette économie créative.
2.þEn 2010, les dix épisodes de The Pacific, produit par Steven Spiel-
berg et Tom Hanks, ont dépassé les 200Þmillions de dollars, soit le coût
d’un blockbuster hollywoodien.
3.þPar exemple, Jean BaudrillardÞ: «ÞNous assistons à la fin de l’espace
perspectif et panoptique, et donc à l’abolition même du spectaculaireÞ»,
Simulacres et simulation, Paris, Galilée, coll. Débats, 1981, p.Þ51-52.
4.þL’hyperspectacle constitue l’une des dimensions de la nouvelle étape
de la modernité ou hypermodernité dans laquelle nous sommes mainte-
nant engagés. Sur cette question, Gilles Lipovetsky, Les Temps hypermoder-
nes, Paris, Grasset, coll. Nouveau collège de philosophie, 2004Þ; rééd. LGF,
coll Le Livre de pocheÞ/ Biblio Essais, 2006. Également, du même auteur,
Le Bonheur paradoxal. Essai sur la société d’hyperconsommation, Paris, Galli-
mard, coll. NRF Essais, 2006Þ; rééd. coll Folio Essais, 2009.
5.þGuy Debord, La Société du spectacle [1967], Paris, Gallimard, coll.
Folio, 1996, p.Þ27.
6.þLe spectacle «Þest le soleil qui ne se couche jamais sur l’empire de
la passivité moderneÞ», ibid., p.Þ21.
7.þDaniel Joseph Boorstin, L’Image, trad. fr. Marie-Jo Milcent, Paris,
UGE, coll. 10/18, 1971.
8.þGuy Debord, La Société du spectacle, op.Þcit., p.Þ181.
9.þIbid., p.Þ38.
10.þB. Joseph PineÞII et James H. Gilmore, The Experience Economy. Work
is Theatre and Every Business a Stage, Boston, Harvard Business School
Press, 1999Þ; Michael J. Wolf, The Entertainment Economy. How Mega-Media
Forces Are Transforming Our Lives, New York, Time Books, 1999Þ; Jeremy
Rifkin, L’Âge de l’accès. La révolution de la nouvelle économie, trad. fr. Marc
Saint-Upéry, Paris, La Découverte, coll. Cahiers libres, 2000.
11.þFrançoise Benhamou, L’Économie du star-system, Paris, La Décou-
verte, 2002.
12.þNeil Postman, Se distraire à en mourir, trad. fr. Thérésa de Chérisey,
Paris, Flammarion, 1986Þ; rééd. Hachette Littérature, coll. Pluriel, 2011.
460 L’esthétisation du monde
des jardins, mais aussi les magazines de mode, les guides touristiques, les
revues et rubriques culinaires, les livres de recettes et d’œnologie.
23.þPierre Bourdieu, La Distinction. Critique sociale du jugement, Paris,
Éditions de Minuit, coll. Le Sens commun, 1979.
24.þJean Baudrillard, Le Système des objets [1968], Paris, Gallimard, coll.
Tel, 1978, p.Þ205-208.
25.þMichel Henry, La Barbarie, Paris, Grasset, 1987Þ; rééd. LGF, coll.
Le Livre de pocheÞ/ Biblio Essais, 1988, p.Þ161.
26.þPaul Virilio, Cybermonde, la politique du pire. Entretien mené par Phi-
lippe Petit, Paris, Textuel, coll. Conversations pour demain, 1996.
27.þLa 10eÞédition de la Nuit Blanche à Paris, qui s’est tenue en 2011,
a connu un record d’affluence avec quelque 2,5Þmillions de visiteurs.
28.þBernard Stiegler, Mécréance et discrédit, Paris, Galilée, coll. Débats,
2004.
29.þEdgar Morin, L’Esprit du temps. Essai sur la culture de masse, Paris,
Grasset, coll. La Galerie, 1962, p.Þ97.
30.þJohn Urry, The Tourist Gaze. Leisure and Travel in Contemporary Socie-
ties, LondresÞ/ Newbury Park, SAGE Publications, 1990Þ; Yves Michaud,
L’Art à l’état gazeux. Essai sur le triomphe de l’esthétique, Paris, Stock, coll.
Les Essais, 2003Þ; rééd. Hachette Littérature, coll. Pluriel, 2004, p.Þ190.
31.þNorbert Elias, La Civilisation des mœurs [1939], trad. fr. Pierre
Kamnitzer, Paris, Calmann-Lévy, coll. Archives des sciences sociales,
1973Þ; La Société de cour [1969], trad. fr. Pierre Kamnitzer, Paris, Cal-
mann-Lévy, coll. Archives des sciences sociales, 1974.
32.þSur la vision du Grand Siècle par la littératureÞ: Patrick Dandrey,
Quand Versailles était conté. La cour de LouisÞXIV par les écrivains de son
temps, Paris, Les Belles Lettres, 2009. Sur la machine curialeÞ: Jacques
Revel, «ÞLa CourÞ», in Pierre Nora (dir.), Les Lieux de mémoire, Paris,
Gallimard, coll. Quarto, 1997, t.ÞIII, p.Þ3141-3197.
33.þNorbert Elias, «ÞLa solitude du mourant dans la société moderneÞ»,
Le Débat, n°Þ12, maiÞ1981, p.Þ93-94.
34.þOn prévoit qu’en 2020, les toits de Paris devraient héberger, au nom
du développement durable, quelque 11Þhectares de verdure et de jardins.
35.þCréé en 1999, le mouvement Cittaslow promeut une gestion munici-
pale centrée sur la qualité de vie, le respect des paysages, l’économie de
proximité. En 2011, il réunit près de 150Þvilles, de petite ou moyenne
importance, dans 21Þpays.
36.þThierry Paquot, L’urbanisme c’est notre affaireÞ!, Nantes, L’Atalante,
coll. Comme un accordéon, 2010, p.Þ79-104.
37.þSur cette problématique, Nathalie Blanc, Les Nouvelles esthétiques
urbaines, Paris, Armand Colin, coll. Émergences, 2012.
466 L’esthétisation du monde
VI
L A S O C I É T É T R A N S E S T H É T I Q U E Þ: J U S Q U ’ O Ù Þ?
Provocation 284
Surenchère dans la violence 285
Célébrités 286
Spectacle dans le spectacle 288
Le sensationnel et l’abject 289
Extensions de l’hyperspectacle 292
La réalité «ÞshowÞ» 292
Expositions-spectacles 296
Le sport comme grand spectacle 299
L’hypershow des podiums 301
Le video-clip, ou l’hyperstimulation visuelle 303
Fin de la surenchère spectaculaireÞ? 304
Requiem pour la pub spectacleÞ? 306
Le bel avenir de l’hyperspectacle communicationnel 309
Un monde kitsch 312
Kitsch, le monde est kitsch 313
Du kitsch aux kitsch(s) 319
APPENDICES
Notes 439
Index 471
Œuvres de Jean Serroy