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L’ÉTUDE DES DECOUVERTES DE MONNAIES D’ÉPOQUE MAURÉTANIENNE

SUR LE SITE DE VOLUBILIS ET DANS SES ENVIRONS

Laurent CALLEGARIN
Université de Pau et des Pays de l’Adour, Identités, Territoires, Expressions, Mobilités
(ITEM)

Introduction

La numismatique maurétanienne – qui concerne l’ensemble des


monnayages produits sur le sol maurétanien avant la conquête claudienne –, même
si elle s’est vue attribuer une place non négligeable dans les quelques travaux
monographiques entrepris depuis le XIXe siècle 1, souffre néanmoins de plusieurs
handicaps.
Le principal demeure le nombre d’individus disponibles et contextualisés
stratigraphiquement, largement insuffisant pour espérer mener une étude
numismatique à la fois globale et fine. En effet, les niveaux maurétaniens ne font
l’objet d’une attention particulière que depuis seulement trois décennies 2. Jusqu’à
cette date, les trouvailles de numéraire préclaudien étaient majoritairement
résiduelles, c’est-à-dire récupérés dans des contextes stratigraphiques qui parlent
davantage de leur perduration à l’époque romaine impériale et non de leur
apparition ou de leur circulation durant la période maurétanienne antérieure. Les
études des monnayages maurétaniens se sont longtemps contentées des
exemplaires disponibles dans les musées du Maroc, d’Europe et des États-Unis ;
l’immobilisme de ce fonds monétaire et le faible accroissement des individus
exhumés en fouilles étaient parvenus à geler en quelque sorte cette numismatique.

1
Müller, 1860-1874 ; Charrier, 1886/1912 ; Mazard, 1955 ; Marion, 1972 ; Jenkins, 1969 ; Burnett et al.,
1992 ; Manfredi, 1995 ; Alexandropoulos, 2000.
2
On peut citer à titre d’exemples les récentes fouilles marocaines menées à Volubilis (notamment le
programme Protars 2002-2008 dirigé par M. Makdoun et M. El Rhaiti), les opérations maroco-françaises de
Dchar Jdid (1977-2002 sous la direction de M. Lenoir et de N. El Khatib Boujibar), de Banasa (années
1990-2000 sous la direction R. Arharbi et d’E. Lenoir), de Rirha (2004-2012 sous la direction de L.
Callegarin et de M. Kbiri Alaoui) et de Kouass (2009-2012 sous la direction de V. Bridoux et de M. Kbiri
Alaoui), mais aussi les chantiers de Thamusida (2000-2007 sous la direction d’Aomar Akerraz et d’E. Papi),
de Lixus (1995-2003 sous la direction de M. Habibi et de C. Aranegui Gascó ; 2005-2009 sous la direction
de H. Hassini et de C. Aranegui Gascó) ou ceux de Ceuta et de Melilla.

201
Pour espérer réaliser des progrès dans la connaissance des monnayages
maurétaniens, deux actions, à mener conjointement, paraissent indispensables :
1- Il est aujourd’hui nécessaire de procéder à un inventaire de la totalité
des individus disponibles. Celui-ci passe par une révision générale des médailliers
marocains et algériens, où se trouvent de très nombreuses pièces préclaudiennes
qualifiées par nos prédécesseurs de «maurétaniennes incertaines». Le récent
réexamen par A. El Khayari des pièces, conservées au musée de Rabat, attribuées
de façon erronée à Bulla Regia a permis de faire un réel bond numismatique
(infra). L’inclusion des collections privées, constituées à l’époque du protectorat
espagnol, dans ce décompte est essentielle 3.
2- La prise en compte du contexte stratigraphique est un élément
primordial qui permet le dépassement d’un traitement numismatique trop étriqué,
fondé exclusivement sur la métrologie et le style de la gravure. En l’absence de
dépôts monétaires mixtes 4 et de monnaies surfrappées 5, l’approche stratigraphique
demeure l’élément le plus fiable pour fixer la chronologie des frappes
maurétaniennes. Là aussi, la révision des données anciennes, quand leur collecte a
été effectuée avec suffisamment de soin, est à conduire à l’échelle de tous les sites
maurétaniens.
Nous ne perdons pas de vue que notre sujet porte sur l’étude du numéraire
maurétanien découvert à Volubilis, mais il convient avant de débuter notre
développement, d’effectuer quelques remarques générales et avertissements
relatifs à la numismatique maurétanienne.
L’espace maurétanien occidental offre deux types d’émissions
monétaires, à légende punique et néopunique, puis latine : celles commanditées par
les souverains maures, simples chefs d’une confédération tribale avant de se muer
en monarques d’un Etat au milieu du Ier siècle a.C. (Gsell, 1927, V, 76-77 et 90-
91 ; Múrcia, 2011) et celles des cités autonomes (fig. 1). La communauté
scientifique est divisée et hésitante sur l’articulation entre ces deux types
d’émissions : J. Alexandropoulos attribue à des ateliers de cités autonomes de
nombreuses émissions royales de Bocchus I du simple fait qu’elles arborent au
droit une tête masculine qu’il qualifie de «royale» (Alexandropoulos, 2000, 196-
203), alors que la majorité des savants s’appuie sur la légende monétaire pour
distinguer les deux types de monnayages. Quoi qu’il en soit, remarquons qu’il
n’existe que deux ateliers, ceux de Lixus et de Tingi, qui développent un système
monétaire complexe, évolutif, avec une gamme d’unités et de diviseurs. Les
frappes des rois et des cités, quasi-exclusivement en bronze, accordent une place

3
Nous renvoyons ici à notre dernier article, écrit en collaboration avec P.P. Ripollès, à propos des émissions
monétaires de Lixus (Callegarin et Ripollès, 2010). L’étude avait bénéficié de l’aide de trois collections
privées espagnoles, dans lesquelles se trouvaient de nombreux exemplaires inédits.
4
Exception faite des trésors de Tanger, Cerro Colorado (Malaga) et X4, tous trois enfouis vers la fin du IIIe
siècle a.C. et qui possèdent des exemplaires de l’atelier de Iol, au milieu d’autres monnayages
méditerranéens (Cf. pour le trésor de Tanger : Villaronga, 1989 ; pour le trésor de Cerro Colorado : Bravo
Jiménez et al., 2009 ; pour le trésor X4 : Villaronga, 2000 ; Sills, 2003 ; Ripollès, 2008).
5
Nous n’en connaissons qu’un seul exemple que nous avons récemment publié (Callegarin 2008, 314, fig.
3). Il s’agit d’un bronze de Timici, conservé à l’Instituto de Valencia de Don Juan (Madrid), frappé sur une
monnaie d’Ebusus.

202
importante aux diviseurs, au point d’être exclusifs dans les ateliers de Zilil,
Tamuda, Shemesh ou Sala.

Il demeure aujourd’hui difficile d’entreprendre une étude numismatique


globale de cet espace de confins car des séries monétaires tant royales que
civiques, et non des moindres, demeurent non attribuées. Nombre d’ateliers ne sont
toujours pas localisés. La bibliographie présente néanmoins quelques timides
tentatives monographiques relatives soit aux découvertes d’un site archéologique
(Banasa, Zilil ou Sala 6), soit à des séries monétaires (Tingi, Shemesh, Rusaddir,
Lixus 7). Malgré cet handicap, il ne faut pas cesser de privilégier les études de site
et éviter autant que faire se peut une approche numismatique par trop globalisante,
qui ne tiendrait pas compte des spécificités régionales de la production et de la
circulation monétaire. La zone septentrionale n’a pas connu la même évolution
dans les pratiques monétaires que la région méridionale de la vallée de l’oued
Sebou.

Fig. 1. Localisation des ateliers monétaires identifiés des cités autonomes


de Maurétanie occidentale.

6
Banasa : El Harrif, 1992 ; Zilil : Depeyrot, 1999 ; Sala : Boube, 1992 et Mazzène, 2000.
7
Rusaddir : Fernández Uriel, 2004 et 2006 ; Tingi : Abaecherli Boyce, 1947, Beltrán Martínez, 1952,
Amandry, 1987 ; Shemesh : Marion, 1972 ; Lixus : Callegarin et Ripollès, 2010.

203
Enfin, il est important de replacer la numismatique maurétanienne dans un
cadre de civilisation qui transcende le territoire africain. En effet, malgré son
relatif isolement géographique, la Maurétanie occidentale est rattachée à la fois au
monde africain numide et à la zone de l’Extrême-Occident, qui a donné naissance
au paradigme du ‘Cercle du Détroit de Gibraltar’. Ce dernier espace a connu une
importante acculturation phénicienne puis punique, tout en parvenant à
développer, autour de la dynamique cité de Gadir (actuelle Cadix), une identité
propre basée sur des ressources naturelles communes (notamment les salaisons de
poisson), une vaisselle et des conteneurs originaux ainsi qu’une typologie
monétaire distincte où l’effigie de Melqart-Héraklès et la figure du thon tiennent
une place importante (Callegarin et El Harrif, 2000 ; Arévalo et Moreno, 2011).
Après ces mises au point nécessaires, il convient à présent d’exposer
l’objet de notre étude. Le site de Volubilis est un centre urbain actif avant l’arrivée
de l’administration et de l’armée romaines vers 41-42 p.C. Plusieurs édifices, de
nombreux artefacts et divers horizons stratigraphiques attestent une activité sur les
lieux à l’époque maurétanienne ; les monnaies font partie de ces témoignages.
Dans ce contexte, nos interrogations seront multiples : les trouvailles monétaires
peuvent-elles aider à délimiter l’espace urbain de la Volubilis maurétanienne et à
saisir son organisation ? Les monnaies apportent-elles des éléments au débat
concernant la chronologie de l’établissement volubilitain ? Qu’en est-il du faciès
monétaire de la cité préclaudienne ? Et enfin, la ville de Volubilis a-t-elle possédé
un atelier de frappe à l’époque maurétanienne ?

I. Historique des découvertes monétaires et des recherches numismatiques


I. 1. Les fouilles et la mise au jour du numéraire préclaudien

Les premières véritables fouilles de Volubilis ont été menées par L.


Chatelain à partir de 1915. C’est durant ces campagnes, dirigées vers le
dégagement du decumanus maximus, du quartier de l’arc de triomphe et de l’area
du forum (Jodin, 1987, 11), que s’effectuent les premières découvertes monétaires
sur le site. Malheureusement, ni les publications (Chatelain, 1916, 1917, 1920,
1926, 1929 et 1944), ni les collections de musée ne gardent en mémoire le détail
précis de ces exhumations.
La reprise des travaux de terrain sous la direction de R. Thouvenot dans les
années 1930 concerne le quartier nord-est, c’est-à-dire celui des maisons
aristocratiques romaines. Un lot monétaire important est ainsi recueilli, dont
l’inventaire est donné dans divers comptes rendus et publications (Thouvenot,
1970 et 1973).
Depuis les années 1960, nombre d’archéologues et historiens vont œuvrer à
l’échelle générale du site avec des approches méthodologiques et des
problématiques sans cesse rénovées 8. Mais la plupart des opérations se sont
arrêtées sur les niveaux d’époque romaine. Néanmoins, outre la mise au jour de

8
Voir un point historiographique détaillé dans Ichkhakh, 2001 et Bouzidi, 2001.

204
nombreux artefacts, autres que monétaires, témoignant d’une activité du site
durant la période maurétanienne 9, quelques vestiges architecturaux, dont certains
ont fait l’objet d’un minutieux examen archéologique, sont également attribués à
cette période. L’ensemble des témoignages archéologiques militent en faveur d’un
positionnement du cœur de l’espace urbain sur le plateau supérieur, caractérisé par
l’implantation de la majorité des édifices religieux et délimité par l’enceinte
préromaine, avant d’assister, durant la deuxième moitié du Ier siècle a.C., à une
extension de l’habitat vers le nord, au moment où l’enceinte ne joue plus son rôle
de limite et où la nécropole septentrionale est désaffectée.
Le dégagement de tous les vestiges datés de l’époque maurétanienne a
parfois donné lieu à des découvertes de monnaies préclaudiennes. Il nous semble
nécessaire de reprendre ici l’inventaire des trouvailles monétaires localisées (fig.
2).
En ce qui concerne les édifices religieux, les travaux de fouilles, entrepris
en 1956 sous la direction de M. Euzennat, ont révélé la présence d’un monument
avec son autel, baptisé sanctuaire A, situé dans l’area du futur capitole. Dans cet
édifice, «un niveau d’occupation plus ancien a fourni des fragments de céramique
campanienne B et des monnaies de Juba II et de Cléopâtre Séléné, autour d’une
construction en grand appareil, respectée par les remaniements ultérieurs, qui
semble bien être un autel monumental de 4 m de côté» (Euzennat, 1957, 207). Ont
été également récupérées, dans le blocage intérieur du podium, «une monnaie de
Hiarbas (108 à 81 av. J.-C.), Mazard 94, et dans le soubassement de l’escalier, qui
lui est chronologiquement postérieur, une monnaie de Juba II, Mazard 351». Les
travaux postérieurs de M. Behel ont confirmé la présence d’un temple dit punique
(Behel, 1993, 117-27 ; Behel, 1997, 25-51), d’environ 1600 m², avec lequel
s’articule l’autel préservé ; sur la base de sondages réalisés par lui-même, l’auteur
date l’ensemble du IIe siècle a.C. (Behel, 1997, 43). Néanmoins, les indications
fournies par M. Euzennat permettent de retenir «le premier quart du Ier siècle av.
J.-C au plus tôt pour la construction du podium et la fin de ce même siècle ou
début du siècle suivant pour l’escalier d’accès» 10 ; le réexamen du matériel issu
des sondages pratiqués par M. Behel par R Arharbi fait dire à ce dernier que seule
une claire occupation du Ier s. a.C. se dégage (Arharbi, 2004, 173).

9
Sans entrer dans les détails, il s’agit essentiellement de documents céramiques et épigraphiques, en
écritures libyque, punique et néopunique (cf. IAM, 1, 61-62 et 82-99). Une inscription funéraire (IAM, 1, n°
4, 89-97), découverte près du tumulus, permet de définir le site avant le règne de Claude comme étant une
cité régie par une organisation municipale (mention du sufétat) et de remonter sa présence au moins au IIe
siècle a.C.
10
Cf. intervention de M. Euzennat après la communication de M. Behel (20 novembre 1995). Behel, 1997,
50.

205
Fig. 2. Les découvertes de monnaies préclaudiennes localisées sur le site
de Volubilis (fond de carte : G. Monthel).

206
Située à proximité de l’aire urbaine centrale, délimitée par les édifices
religieux, la récente fouille d’une zone d’habitat (Projet Protars 2002-2008 dirigé
par M. Makdoun et M. Rhaiti), à l’est de la basilique romaine, a permis
l’exhumation de 14 exemplaires monétaires préclaudiens, essentiellement dans des
niveaux d’époque romaine impériale, mais aussi dans des horizons datables du Ier
s. a.C. 11.
Le sanctuaire B, situé à l’est de la ville, présente des phases préromaines.
L’étude de cet édifice, où furent exhumées des centaines de stèles, fut confié en
1955 par M. Euzennat, alors inspecteur du Service des Antiquités du Maroc, à H.
Morestin. Ce dernier distingue trois phases dans l’histoire de ce monument dont la
plus ancienne remonterait, au mieux, au milieu du Ier siècle a .C. (Morestin, 1980,
111). Outre une inscription punique en remploi dans le soubassement (Morestin,
1980, 255-256 ; IAM 1, n° 5, 98 ; Jodin, 1987, 167), on relève dans ce premier
horizon 12 monnaies préromaines qui attesteraient la fréquentation de cet espace
avant la création du municipe 12. Le sanctuaire B de Volubilis a fait l’objet de
récentes recherches (Brouquier-Reddé et al., 1998, 1999 et 2001) qui confirment la
présence d’une aire sacrée primitive sous le monument construit, qui accueillait au
changement d’ère des stèles (retrouvées en remploi) et des urnes cinéraires
(Brouquier-Reddé et al., 1998, 67).
Des vestiges maurétaniens d’ordre privé, domestiques et funéraires, ont été
repérés sous diverses constructions d’époque romaine dans les quartiers nord
(Ichkhakh, 2001, 131 et 194 ; Chergui, 1992, 68-70) et nord-ouest. Si les niveaux
inférieurs des maisons à la Citerne, aux Colonnes et au Cavalier, datés de l’époque
augustéenne, n’ont pas livré de numéraire préclaudien, R. Etienne a pu quant à lui
recueillir plusieurs monnaies préromaines, notamment dans la maison des fauves et
le Palais de Gordien (Etienne, 1954, 109-128, 152-153 ; Etienne, 1960, 144) 13. Du

11
Avec la collaboration d’A. El Khayari, nous avons effectué le catalogue et l’étude de ces monnaies ; une
étude complète de l’ensemble des découvertes monétaires est à paraître dans l’ouvrage monographique
relatif à ce projet. La ventilation précise des monnaies est donnée dans la figure 3. Nous en profitons pour
remercier les directeurs de la mission pour la confiance qu’ils nous ont témoignée en nous permettant
d’étudier le matériel monétaire.
12
Morestin, 1980, 116 (10 pièces découvertes en 1954-1956 puis en 1960 : 5 néopuniques, 4
maurétaniennes, une du monnayage municipal de Celsa - Espagne citérieure) ; Jodin 1987, p. 168. H.
Morestin inventorie seulement 10 pièces ; deux sont certainement demeurées indéterminées. Le décompte
plus précis est le suivant : Gadir (2), Bocchus I atelier de Shemesh (3), atelier de Shemesh (1), Tingi (1),
Juba II (2), Auguste (Celsa) (1), indéterminées (2).
13
R. Etienne s’interroge à plusieurs reprises sur la monnaie en tant qu’élément archéologique pouvant
fournir une appréciation chronologique. Peu convaincu de son apport du fait de la difficile appréciation de
sa durée de circulation, il n’en établit pas moins un inventaire des trouvailles monétaires par maison
fouillée, sans toutefois apporter des précisions d’ordre stratigraphique, ni signaler le matériel céramique
associé. Aussi, la plupart du temps, seules des indications chronologiques en lien avec l’évolution générale
du bâti nous sont données. La ventilation des découvertes de monnaies préclaudiennes est la suivante : 1
bronze de Massinissa et successeurs (Charrier 30) dans la maison de Flavius Germanus (1954, p. 55) ; 1
bronze de l’atelier de Shemesh et 1 bronze de Carteia (Delgado 49) dans la maison des fauves (1954, p.
127) ; 1 bronze à légende néopunique de Babba (Müller 67 ; Maz. 515 ; SNG 668 ; Alex. 180), 1 bronze de
Ptolémée (Müller 196 ; Maz. 497 ; SNG 664 ; Alex. 353) et 1 bronze de Lixus (Müller 235 ; Maz. 633 ; SNG
694 ; Alex. 168) dans la maison à l’ouest du Palais du gouverneur (1954, p. 152).

207
côté des thermes du Nord, A. Jodin fit faire en 1965 une tranchée de 6,40 m de
longueur et de 2,30 m de profondeur. Le niveau IV, reposant directement sur le
paléosol en argile jaune (niveau V), révèle une occupation maurétanienne avec,
dans une terre organique noire, «sept monnaies maures, dont un bronze de Juba II
et quatre pièces de Lixus ; de la céramique italo-arétine : trois marques et un tesson
décoré (Drag. 11) ; une fibule de la Tène II». L’archéologue date cet horizon de
l’époque augustéenne (Jodin, 1987, 54).

Dans le quartier sud, les insulae 46, 47 et 11 ont également fourni des
témoignages de l’occupation maurétanienne. Les deux ensembles (insulae 46 et
47), séparés par une voie decumane d’orientation est-ouest (Jodin, 1987, 51, fig. 5,
B et 18, 2), ont été dégagés en 1975 et 1976. Dans la coupe nord-est - sud-ouest du
sondage de l’insula 46, le même niveau IV, déjà repéré dans le quartier nord,
constitué d’une douzaine de strates de nature diverse, cailloutis et sol de terre
damée, est daté de l’époque préclaudienne en se fondant sur la présence de
céramiques campaniennes de type B, de céramiques peintes, d’amphores de type
Dressel 18 et de monnaies maurétaniennes (Jodin, 1987, 52) 14. Selon A. Jodin,
«l’étude des appareillages des murs, d’une part, et celle du mobilier découvert,
d’autre part, révèlent que la date de construction de ces maisons correspond à celle
de tout le quartier ouest, c’est-à- dire les environs du milieu du IIe siècle a.C.»
(Jodin, 1987, 52). Considérant l’absence d’étude précise du matériel issu des
fouilles et le fait que le style ne saurait constituer un critère de datation solide, M.
Majdoub a récemment effectué un sondage stratigraphique de vérification ouvert
dans la rue entre les insulae 46 et 47. Celui-ci a révélé la présence d’un niveau
d’époque maurétanienne représenté par «cinq couches intercalées par trois sols»,
contenant «des céramiques à vernis noir, des céramiques à paroi fine, des amphores
Dressel 1 et Dressel 18». Le matériel fourni par ce niveau permet de dater cette
phase maurétanienne entre le début du Ier siècle et 40-30 a.C., date du
commencement de la diffusion des céramiques arétines (Majdoub, 1998, 381-384).
Enfin, dans la zone extra-muros, à côté des thermes d’époque idrisside, B.
Rosenberger avait dégagé en 1965 les vestiges d’un four circulaire (Khatib-
Boujibar, 1966, 544 ; Jodin, 1987, 253). Ce four a été daté par A. El Khayari
d’époque romaine (El Khayari, 1991, 66). Cependant, les fouilles anciennes de ce
four ont livré, outre une monnaie de Lixus, un raté de cuisson d’une amphore de
type Dressel 18 qui atteste la production de ce type d’amphore au Ier s. a.C. à
Volubilis (Jodin, 1987, 253).

En revanche, aucune monnaie n’a été relevée ou n’a été publiée jusqu’à
présent relative aux différentes opérations qui ont concerné les édifices
maurétaniens suivants : les sanctuaires C, D, G et H, l’enceinte maurétanienne, le
mausolée et le monument dit à l’inscription au bouclier punique.

14
A. Jodin donne plus loin davantage de précision sur les monnaies exhumées (p. 290) : une monnaie du
type SNG 757 a été exhumée dans l’insula 46 (12/05/1975) en 1975, à 2 m de profondeur (niveau IV). Sa
description, sommaire, est la suivante : A/ tête à gauche ; R/ V A I ; astre à 5 branches.

208
I.2. Identifications monétaires et publications

Certains travaux d’archéologie susmentionnés ont porté à la connaissance


de la communauté scientifique les monnaies exhumées en les publiant au travers
d’une monographie, dans des comptes rendus ou dans des articles spécialisés. Sur
l’ensemble des exemplaires mis au jour, seul 13 % ont fait l’objet d’une
publication. La plupart des monnaies conservées au musée archéologique de Rabat,
provenant avec assurance du site de Volubilis, ne sont pas rattachées à une
opération particulière.

Ce sont les travaux successifs de J. Marion, portant sur les découvertes


volubilitaines déposées dans le médaillier du musée Louis Chatelain de Rabat, qui
fournissent l’essentiel de notre base de données (Marion, 1960b, 1967 et 1972).
Notons néanmoins que certaines identifications monétaires avaient été faites
antérieurement par le Commandant Marmonnier (Marion, 1960b, 449, n. 1).
L’inventaire d’A. Jodin, publié en 1987, résulte de l’addition de la compilation
réalisée par J. Marion en 1959 (Marion, 1960b) et des découvertes faites par A.
Luquet et lui-même entre 1963 et 1976 (Jodin, 1987, 288). L’inconvénient est que
J. Marion avait publié en 1967 un inventaire réactualisé après le réexamen de
l’intégralité des monnaies présentes dans le médaillier du musée Louis Chatelain
de Rabat – et en tenant compte des premières trouvailles faites par A. Luquet et A.
Jodin. En conséquence, les totaux publiés par A. Jodin en 1987 sont incomplets,
d’autant que l’auteur oublie de reporter dans son tableau les quatre premières
catégories de monnayages, parmi lesquelles se trouvent les monnayages
carthaginois et numides. Il est donc plus pertinent de ne considérer que les
inventaires de J. Marion (1967 et 1972) ainsi que la colonne 1963-1976 du tableau
publié par A. Jodin pour établir la somme des monnaies préclaudiennes
découvertes à Volubilis avant 1976 15. À notre connaissance, seule la récente fouille
Protars a fourni de nouveaux exemplaires de monnaies maurétaniennes qui ont fait
l’objet d’un catalogue raisonné. On note donc un important hiatus entre 1976 et
2003 qui ne saurait refléter l’historique des opérations menées sur le site 16. Au
total, les diverses opérations archéologiques menées sur le site volubilitain ont
recueilli 354 préclaudiennes (fig. 3).

15
L’autorisation d’effectuer, comme nous l’avions initialement prévu, une révision intégrale des monnaies
préclaudiennes découvertes à Volubilis, ne nous a pas été accordée. Un veto nous contraint de nous
contenter des publications anciennes, ce qui est dommageable pour notre étude. Nous nous en excusons.
16
D’autres monnaies maurétaniennes ont pu être découvertes dans les diverses opérations archéologiques
menées depuis 1976 sur le site, et notamment lors des fouilles entreprises par R. Bouzidi dans les années
1990-2000 dans le quartier du tumulus ou par E. Fentress et H. Limane dans le quartier idrisside. Nous
n’avons pas pu y avoir accès et en espérons une publication prochaine.

209
(Marion 1960b)

(Luquet-Jodin)
(Marion 1972)
Marion 1967

Après 1976
1915-1959

1915-1972

1963-1976

(Protars)
Bilan

Total
Emissions monétaires

Monnayage grec 1 17
Monnayages numides
Massinissa et successeurs 6 12 12 1 13
Hiarbas 1 18 1
Mastenissa 1 1 1
Carthage ou Numidie 2 2 2
Monnayages de Maurétanie
occidentale
Lixus 8 9 9 2 11 11
Tingi 6 10 10 3 13 1 14
Shemesh au nom de Bocchus I 9 57 58 19 35 20 58 5 63
Shemesh 31 20 20 20 120 2 22 127
Shemesh au nom de Juba II 7 7 7 7
Sala 2 4 4 4 4
Babbat 1 3 - 21 3 3 6
SNG 755 2 2 2
SNG 757 22 1 3 4 1 5
Bocchus II (atelier de Iol) 1 1 1
Juba II 31 44 8 52 3 55
Ptolémée 5 6 1 7 1 8
Juba II ou Ptolémée 1 1 1
Maurétaniennes indéterminées 18 22 12 34 1 35
Monnayages de Maurétanie
orientale
Siga (Bocchus I) 1 1 1
Caesarea 1 1 1
Camarata 2 2 2

17
Thouvenot, 1940. J. Marion suit l’idée de R. Thouvenot d’en faire une médaille du IIIe siècle p.C., et sort
cet exemplaire de son nouveau tableau (1967, 107). A. Jodin, sans rejeter l’idée d’un médaillon
hellénistique, s’interroge sur l’origine de celui-ci en mettant en avant la Sicile (1987, 287, n. 343).
18
Euzennat, 1957, 207.
19
Dans le nombre, l’une des monnaies a été trouvée à Tocolosida (n° 129) et une autre à Moulay Idriss (n°
345).
20
Du fait que ces 35 monnaies ne sont pas ventilées par l’auteur en fonction des trois séries reconnues, l’on
ne peut établir un décompte précis des émissions de l’atelier de Shemesh. Toutefois le lot est compté dans le
total.
21
J. Marion, pensant qu’il s’agissait de monnaies émises à Bulla Regia, ne les reprend pas ici dans son
décompte.
22
Jodin, 1987, 290. Des précisions sont apportées quant à leur découverte : A. Jodin en a recueilli 3
exemplaires supplémentaires (en plus de l’exemplaire connu par J. Marion 1960b et 1972) : l’une a été
recueillie lors de la fouille de l’insula 46 (12/05/1975) en 1975, à 2 m de profondeur (niveau IV) (supra).
Dans l’un des sondages pratiqués en 1965 dans l’insula 28 (qui correspond à l’aire de la nécropole
maurétanienne), A. Jodin a mis au jour une monnaie type SNG 757 («au pied du rempart nord»).
Description : A/ profil barbu à gauche ; R/ .A.IIII ; astre central. 17 mm / 5 g / épaiss. 3 mm (p. 290). Pas de
précision stratigraphique.

210
Monnayages de péninsule
Ibérique
Gadir 5 10 4 14 14
Carteia (1 de 5 6
3 1 6
Germanicus/Drusus)
Ebusus 1 1 1
Carthago Nova (1 au nom de 1 1
1 1
Tibère)
Laelia 1 1 1
Acinipo ? 1 1 1
Kese 1 1 1
Celsa (au nom d’Auguste) 1 2 2 2
Monnaie romaine
Monnaies républicaines 23 7 8 8 8
Monnaies triumvirales 1 3 3 3
Auguste (dont 2 de Celsa) 5 5 5 5
Auguste posthume 3 3 3
Tibère (Carthago Nova) 1 1 1
Tibère au nom d’Agrippa 1 1 1
Caligula 3 4 4 4
Républicaines indéterminées 2 2
2
(denier)
Ville des Syrtes 1 1 1
Monnaies inédites ? 6 3 9 9
T OTAL 18 354

Fig. 3. Découvertes de monnaies maurétaniennes sur le site de Volubilis.

II. Monnaie, stratigraphie et espace

La plupart des monnaies préclaudiennes ont été trouvées dans des horizons
d’époque romaine impériale. Leur résidualité, plus ou moins forte, ne fait la
plupart du temps aucun doute (cf. le dernier cas mentionné dans la figure 3) ; G.
Depeyrot a bien montré en étudiant les monnaies du site de Dchar Jdid que certains
exemplaires maurétaniens connaissaient une renaissance dans un contexte de
circulation monétaire daté du milieu du IVe siècle p.C. (Depeyrot, 1999, 139-171).
Ces monnaies ne nous apprennent rien sur l’époque de l’apparition du site urbain
de Volubilis, ni sur la chronologie des frappes d’époque maurétanienne et sur la
circulation monétaire à cette même époque. Il faut donc nous concentrer sur les
exemplaires dont les contextes de découverte sont clairement datés de l’époque
préclaudienne pour apporter des éléments de réponse aux trois questionnements
susmentionnés.

23
Lieu de découverte inconnu. A. Jodin s’interroge sur le fait qu’il s’agirait peut-être d’un trésor (1987,
288). Nous en profitons pour dire que ce tableau ne tient pas compte des deux pièces républicaines présentes
dans le trésor du bracelet-bourse, enfoui à l’époque d’Hadrien (Marion, 1978, 180-184).

211
Le constat est que l’usage de l’instrument monétaire à Volubilis, si l’on en
croit la documentation stratigraphique disponible, ne peut remonter au-delà du
milieu du Ier siècle a.C. En effet, le contexte le plus ancien qui a fourni des
témoignages de monnaies préromaines serait celui du blocage intérieur du
sanctuaire A exhumé par M. Euzennat, datable au mieux du milieu du Ier siècle
a.C. L’approche monétaire en stratigraphie fournit un terminus ante quem tardif
par rapport à celui que proposent les autres artefacts 24, et ne saurait être retenue
pour fixer l’apparition de la cité maurétanienne. Un grand débat anime les
chercheurs en ce qui concerne à la fois l’apparition de la monnaie sur le sol
maurétanien et les premières émissions monétaires maurétaniennes occidentales
(Callegarin, 2008, 305-312). Il semble aujourd’hui admis que les frappes
maurétaniennes royales débutent sous le règne de Bocchus I, soit à la fin du II e
siècle a.C. (Alexandropoulos, 2000, 193-203), et que les émissions des cités
autonomes occidentales seraient contemporaines, sinon antérieures (Callegarin,
2008, 305-312). En revanche, certains contextes archéologiques de Maurétanie
occidentale militent en faveur d’une introduction et d’une circulation non
anecdotique de l’objet monétaire 25, sous la forme de bronzes numides frappés par
Massinissa et ses successeurs, plus précoce, à savoir dès le milieu du II e siècle a.C.
Les preuves de cette circulation, qui semble précéder celle des exemplaires sud-
hispaniques à légende néopunique, sont multiples 26. Il semblerait également que
les grandes cités portuaires d’origine phénicienne, à savoir Lixus, Tingi et
Rusaddir, ont débuté leurs émissions dans la seconde moitié du IIe siècle
(Callegarin, 2011 ; Villaverde, 2004).
Le site de Volubilis ne participe pas à nourrir le dossier concernant la
chronologie des frappes africaines ; il n’apporte aucun élément nouveau ni sur la
date d’introduction des bronzes massyles, ni sur les premières frappes
maurétaniennes occidentales. Néanmoins, la présence de bronzes massyles (13) et
la forte proportion de monnaies de Shemesh au nom de Bocchus Ier permettent
d’envisager une vie urbaine sur le site au tournant du IIe et du Ier siècles a.C.

24
Voir dans ces mêmes actes les communications de M. Majdoub et de R. Arharbi. Cela ne saurait signifier
automatiquement une absence d’activité urbaine sur le site de Volubilis avant cette date ; l’objet monétaire
aurait pu faire son apparition plus tardivement si la communauté n’en ressentait pas l’utilité.
25
Nous mettons de côté à la fois le trésor de Tanger, dans lequel se trouve une pièce en argent de l’atelier de
Iol (Villaronga, 1989), et le lot de monnaies carthaginoises trouvé dans le port de Melilla (Alfaro, 1993), car
tous deux, datés de la fin du IIIe siècle a.C., parlent davantage des flux monétaires liées aux besoins
financiers ponctuels en lien avec la seconde guerre punique que d’une véritable circulation monétaire sur le
sol maurétanien occidental.
26
À Banasa, A. Luquet avait récupéré des monnaies massyles dans des contextes qu’il datait du IIe siècle
a.C. : 1/ un «niveau situé au-dessous des fours du quartier méridional nous a livré des monnaies de
Massinissa, découvertes au-dessus d’une couche de tessons peints, elle-même située à quelque 0,50 m au-
dessous de poteries campaniennes» ; 2/ dans le four 1, «jusqu’à -3,40 m, l’on a recueilli trois moyens
bronzes de Massinissa I et des fragments de poterie ibérique à décor de bandes» (Luquet, 1954, 118-120). À
Tamuda, les données de fouilles associent, dans des horizons datés de la seconde moitié du IIe siècle a.C.,
les bronzes numides, les frappes gaditaines et les monnaies de Lixus et de Tingi (Gómez Moreno, 1922 ;
Quintero et Gimenéz Bernal, 1945, 10 ; Gozalbes Cravioto, 2007, 52-53).

212
En l’absence de données monétaires suffisantes, il serait trop audacieux de
vouloir approcher l’organisation spatiale de la ville maurétanienne. Cependant
l’étude de la dispersion monétaire peut donner quelques pistes de recherche, ou du
moins confirmer certaines propositions. Si l’on ne retient que les exemplaires
contextualisés (fig. 4), on observe que leur dispersion est à l’échelle de la future
cité romaine. Tous les secteurs sont concernés, avec certes en priorité le plateau
supérieur où se déploient les principaux édifices publics, mais également la pente
du quartier sud, qui peut marquer une limite de l’extension urbaine, et des espaces
périphériques comme le sanctuaire B ou le four au sud-ouest. L’instrument
monétaire, associé aux autres artefacts, permet de proposer une superficie de
l’agglomération maurétanienne, avant même que celle-ci ne déborde l’enceinte au
nord vers le changement d’ère, désaffectant par la même occasion la nécropole
septentrionale. À ce titre, on peut s’interroger sur les découvertes monétaires
préclaudiennes faites dans les quartiers nord et nord-est : sont-elles liées
obligatoirement à des structures d’habitat d’époque augustéenne ? Ne pourraient-
elles pas être également mises en relation avec l’espace funéraire, et plus
précisément avec les sépultures probablement éventrées lors du réaménagement de
cet espace 27 ?

Nature de la
Provenance Monnaies Artefacts associés Chronologie
couche
Blocage intérieur Occupation Hiarbas (108-81)
du Sanctuaire A (construction) (1) Milieu I er s.
(Euzennat, 1957, a.C.
207)
Est de la basilique Occupation Babbat (type tête -fragments de céramique
(Protars - Us 42, (sol) masculine) (1) peinte, de céramique à
Seconde moitié
ch. 3) vernis rouge pompéien
du I er s. a.C.
-Amphores de types Dr. 1
et Dr. 18.
Quartier sud, Occupation -SNG 757 (1) -Campanienne B
insula 46, niveau -céramique à paroi fine
IV -céramique commune Début I er -40/30
(Jodin, 1987, 52- peinte a.C.
55 ; Majdoub, -amphores Dr. 1 et Dr. 18
1998 et 2001)
Sanctuaire B Occupation -12 monnaies -Inscription punique (IAM
(Morestin, 1980, préromaines, soit : 1, p. 98) en remploi.
116) Gadir (2), Bocchus Activité de
I ŠMŠ (3), ŠMŠ (1) l’état 1 :
Tingi (1), Juba II milieu I er s.
(2), Auguste a.C.-époque
(Celsa) (1), augustéenne
Indéterminées
maurétaniennes (2)
Four (quartier des Occupation -Lixus (1) -raté de cuisson d’une Seconde moitié

27
À Sala, dans l’incinération 343de la nécropole Bab Zaër, J. Boube avait relevé la pratique de l’offrande
aux morts sous la forme de pièces de monnaie. Il s’agissait en l’occurrence de quatre bronzes émis par
l’atelier de Sala (Boube, 1999, 547).

213
thermes idrissides) amphore Dr. 18 du I er s. a.C.
(Jodin, 1987, 253)
Soubassement Occupation -monnaies de Juba -Campanienne B
escalier du (construction + II (2)
Sanctuaire A + fréquentation)
Changement
niveau
d’ère
d’occupation
(Euzennat, 1957,
207)
Thermes du Occupation -7 monnaies -Céramique italo-
Nord, niveau IV maurétaniennes : arétine (trois marques et un
Epoque
(Jodin, 1987, 290) Lixus (4), Juba II tesson décoré de Drag. 11)
augustéenne
(1), indéterminées -Fibule de la Tène II
maurétaniennes (2)
Est de la basilique Remblai Babbat (type aigle) -Céramiques sigillées
(Protars – Us 10, (1) italique, sud-gauloise,
ch. 2) hispanique (Drag. 15/17, 18
et 37), africaine À (Hayes
2, 6, 8B, 14), africaine C
(Hayes 50). III e s. p.C.
-Céramique africaine de
cuisine (Hayes 23, 23B,
185, 196).
-Amphores Dr. 18, 7/11,
BIIB, Dr. 20

Fig. 4. Découvertes de monnaies maurétaniennes en contexte stratigraphique.

III. L’étude numismatique


III.1. Le faciès de la circulation monétaire volubilitaine Thamusida
Volubilis

Banasa

M ONNAYAGES Sala

M ONNAYAGE GREC 1
Total 1
M ONNAYAGES NUMIDES / CARTHAGINOIS
Massinissa et successeurs 13 24 2 2
Hiarbas 1
Mastenissa 1
Carthage ou Numidie 2
Ville des Syrtes (?) 1
Total 18 24 2 2
M ONNAYAGES DE M AURETANIE
Lixus 11 26 5 4
Tingi 14 6 1 5
Zilil 1
Shemesh au nom de Bocchus I 63 36 8 17
Shemesh 22 127 26 78 6 14 12 31
Shemesh au nom de Juba II 7 16 2

214
Sala 4 1 5 28
Babbat 6 1 2 3
SNG 755 2 2
SNG 757 5 3 3
Caesarea 1 5 4
Camarata 2 1
Bocchus I (Siga) 1
Bogud 2 1
Bocchus II 1 4
Juba II 55 65 11 19
Ptolémée 8 7 3
Juba II ou Ptolémée 1 10 1
Maurétaniennes indéterminées 35 7
Total 273 207 58 94
M ONNAYAGES DE PENINSULE I BERIQUE
Gadir 14 18 37 55
Sexs 1
Malaca 1 1 1
Carteia 5 4 1 1
Ebusus 1
Carthago Nova 1
Laelia 1
Irippo 1
Acinipo 1
Corduba 1
Romula 1
Searo 1
Kese 1
Total 23 26 39 60
M ONNAIE ROMAINE
Monnaies républicaines 10 9 15
Monnaies triumvirales 3 1 5
Rome 4 5 2
Lyon 2
Auguste Nîmes 1
Celsa 2
Caesar Augusta 1
Rome 4 4 9 1
Lyon 1
Tibère Carteia 1
Carthago Nova 1
atelier indéterminé 2
Rome 4 4 10
Caesar Augusta 1
Caligula
Segobriga 1
atelier indéterminé 3
Total 29 30 44 3
T OTAL 345 28 287 144 159

Figure 5. Tableau comparatif des faciès monétaires préclaudiens des cités


méridionales de la Maurétanie occidentale (en nombre d’individus).
28
Nous avons retranché de ce total les 9 monnaies dites «inédites» figurant dans le calcul de la figure 3.

215
100%
90%
80%
70%
60%
50%
40%
30%
20%
10%
0%
Volubilis Banasa T hamusida Sala T otal des sites
de Maurétanie
occidentale
M onnayages grecs M onnayages numides / carthaginois
M onnayages de M aurétanie M onnayages de péninsule Ibérique
M onnaie romaine

Figure 6. Tableau comparatif des faciès monétaires préclaudiens des cités


méridionales de la Maurétanie occidentale (en pourcentage).

Avec 345 monnaies, Volubilis est le site qui fournit la plus forte quantité de
numéraire préclaudien, du moins dans la partie méridionale de la Maurétanie
occidentale (fig. 5 et 6) 29. Cela tient probablement au fait que le site volubilitain
est l’un des plus exploités archéologiquement depuis le début du XXe siècle.
Ramené au nombre total de monnaies préclaudiennes isolées découvertes en
Maurétanie occidentale (estimé à 2563 exemplaires), le site de Volubilis représente
près de 13,5 %.
Les tableaux comparatifs appellent plusieurs réflexions :
1. La première chose qui retient notre attention, c’est que le faciès monétaire
préclaudien du site de Volubilis est presque l’exact reflet du profil monétaire
général de la Maurétanie occidentale. Mais l’on ne doit pas s’y tromper, les
disparités de faciès observables dans la figure 5 montrent qu’il est plus pertinent
de raisonner à l’échelle locale, voire du site lui-même, sachant que leur évolution
historique peut être bien distincte. L’exemple de Thamusida est ici patent.
2. L’éventail des monnayages présents sur le site de Volubilis est
particulièrement ample. On remarque d’emblée la place prépondérante occupée par
les frappes purement africaines (carthaginoise et maurétanienne) qui, comme à
Banasa, dépassent les 80 % de l’ensemble du numéraire. Les émissions
maurétaniennes (royales et civiques) sont quantitativement les plus importantes
(79 %). À l’instar des autres sites méridionaux, on observe l’absence des
monnayages maurétaniens à rayonnement local de la partie septentrionale du
royaume (Rusaddir, Tamuda et Zilil) ; les grands ateliers de Tingi et de Lixus, dont
29
Pour élaborer les figures 4 et 5, nous nous sommes appuyé sur la documentation disponible référencée
dans Callegarin, 2008, 328.

216
la durée et le volume des émissions sont importants, sont quant à eux logiquement
représentés. À l’inverse de ce que nous observons sur les sites du nord de la
Maurétanie occidentale, les quatre agglomérations étudiées proposent des
exemplaires monétaires extrêmement rares et non attribuées, ce qui milite en
faveur d’une localisation de l’atelier émetteur au sud de l’oued Sebou (cas des
monnaies à légende BB’L ou des exemplaires SNG 755/RPC 870 et SNG 757/RPC
871) (infra).
3. Proportionnellement, le site volubilitain fournit en abondance deux types
de monnayages : celui provenant de l’atelier de Shemesh (127 individus si l’on
totalise les trois séries) et celui de Juba II/Ptolémée (64 individus). La série au
nom de Bocchus Ier équivaut au moins à la moitié des frappes du premier atelier,
ce qui laisse penser que le site a pu connaître la première émission des rois maures
peu après sa frappe situé entre la fin du IIe siècle et les premières décennies du Ier
siècle a.C. Cependant, comme nous avons pu le voir, les données stratigraphiques
manquent pour le confirmer. Quant aux émissions de Juba II et de son fils, leur
relative quantité trahit la volonté du pouvoir de développer une économie
monétaire. L’extrême faiblesse des émissions à légende latine précédentes,
qu’elles soient royales (Bogud, Bocchus II), datables au plus tôt du début des
années 40 a.C., ou coloniales (Iulia Babba Campestris, Iulia Constantia Zilis),
datables des années 20 a.C., rend encore plus patente cette rupture.
4. La part des exemplaires néopuniques provenant de la péninsule Ibérique est
assez bien marquée à Volubilis (6,7 %), mais il apparaît de manière éclatante
qu’elle s’accroît à mesure que l’on se rapproche du littoral océanique, jusqu’à
atteindre 37,73 % à Sala. Les frappes civiques hispaniques (notamment les ateliers
de Celsa et de Carthago Nova pour Volubilis) au nom des premiers Julio-
Claudiens poursuivront ce mouvement.
5. Le pourcentage dévolu au monnayage romain reste timide (8,16 %).
Jusqu’au règne de Claude, et surtout jusqu’à l’épuration monétaire réalisée sous
Néron, les pièces locales constituent l’essentiel du numéraire en circulation. Avec
les deniers émis par Juba II et les unités et diviseurs de bronze puisés dans les
monnayages numides, sud-hispaniques et maurétaniens, les populations de
Maurétanie occidentale au début du Principat disposaient d’une masse monétaire à
la mesure de leurs besoins.

III.2. Volubilis : centre émetteur ?

La carte des ateliers monétaires de Maurétanie occidentale laisse plusieurs


agglomérations méridionales sans atelier monétaire : Banasa, Thamusida, Rirha et
Volubilis. D’un autre côté, il demeure deux monnayages non attribués : le
monnayage de mqm šmš et celui, exclusivement à légende latine, connu par des
références à deux corpus majeurs, SNG 755/RPC 870 et SNG 757/RPC 871. Nous
nous proposons d’examiner l’un après l’autre ces monnayages pour voir si la cité
maurétanienne de Volubilis pourrait constituer une prétendante à l’une ou l’autre
attribution.

217
III.2.1. Les séries monétaires de l’atelier de Shemesh

Depuis plus d’un siècle, les chercheurs butent sur le cas de l’atelier de
Maqôm Shemesh sans parvenir à apporter les preuves irréfutables et définitives de
sa localisation. Les caractéristiques majeures du monnayage de l’atelier de mqm
šmš sont les suivantes : 1/ c’est l’unique cas d’un monnayage bivalent, c’est-à-
dire qu’il combine à la fois des émissions royales au nom de Bocchus I et au nom
de Juba II, et des émissions civiques au seul de nom de MQM ŠMŠ ; 2/ c’est le
seul monnayage dont la légende ne renvoie pas à un toponyme, mais évoque
davantage un nom allégorique, qui peut être traduit par «lieu du soleil» ou, en
extrapolant quelque peu, «marché du couchant» (Bonnet, 1989, 98 ; Manfredi,
1993, 98) 30 ; 3/ c’est enfin un atelier majeur puisqu’en volume, ses émissions –
toutes séries confondues – représentent plus de 35 % du numéraire maurétanien
occidental (Callegarin, 2008, 307, tab. 1).
Ces constats ont donné lieu à de multiples hypothèses quant à la
localisation du centre émetteur. L. Müller, suivi par F. Mateu y Llopis, pensait à la
ville actuelle d’Azemmour (Müller, 1874, 164-169 ; Mateu y Llopis, 1949, 13) ; J.
Mazard en a fait une annexe de l’atelier lixitain 31. Outre le fait que, dans les
sources arabes, le toponyme conservé de la colline sur laquelle se développe la
ville lixitaine, à savoir ‘Tchemmich’, rappelle le nom punique, le débat s’est
orienté, dans les années 1990, vers le rôle éventuel du temple de Lixus dans ces
émissions monétaires 32, postulant que, dans une même cité, on a pu produire deux
monnayages contemporains, mais qui reflètent une motivation et une finalité
politique différentes 33. Aussi séduisants qu’ils sont, ces arguments restent
néanmoins très fragiles.
Nous avions proposé en 2000 d’ouvrir le débat en y associant les
dimensions littéraire, numismatique – sur la base de la dispersion monétaire
notamment – et archéologique. Deux sites méridionaux potentiels, à savoir
Volubilis et Gilda, avaient été alors retenus et discutés (Callegarin et El Harrif,
2000, 27-29) 34.
Qu’en est-il aujourd’hui ? L’accumulation de récentes données, issues tant
des fouilles archéologiques que des collections privées, brouille quelque peu les
pistes en apportant des éléments contradictoires. La première concerne le nombre
d’individus exhumés et leur répartition géographique. Les nouveaux totaux
témoignent d’une dispersion équilibrée des monnaies entre le nord et le sud du
territoire maurétanien (fig. 7). Il est dès lors impossible de raisonner à partir de la
répartition des exemplaires pour retrouver le centre émetteur. La seconde a trait à

30
Notons que l’on retrouve la même mention mqm’ sur les monnaies attribuées à la cité numide de
Macomada (Maz. n° 520-523).
31
Mazard, 1955, 189. Voir Alexandropoulos, 1993 pour un exposé et une critique des arguments qui
soutiennent cette dernière attribution.
32
Voir Callegarin et El Harrif, 2000, 27-28 pour la bibliographie sur ce thème.
33
Cette idée avait été avancée par J. Marion (1972, 73) et amplifiée par L. I. Manfredi (1993, 95-102).
34
Avant nous, A. Jodin parlait de Volubilis comme la regia Bocchi (1987, p. 303-304), avant qu’il ne la
reconnaisse comme la regia Iubae (1987, 315-317), mais sans véritable argument, et J. Alexandropoulos
avait proposé Volubilis comme localisation, mais sans véritable conviction (1993, 250-251).

218
la connaissance de la ville maurétanienne de Gilda (GLD, la «Royale»), citée par
Alexandre Polyhistor au début du Ier siècle a.C. Une fouille archéologique est
menée depuis 8 ans sur le site urbain de Rirha, qui est supposé être la Gilda des
sources littéraires et des itinéraires (Callegarin et al., 2011). Mais jusqu’à présent
aucun élément, ni archéologique, ni numismatique – sur un total de 39 monnaies
d’époque maurétanienne, le numéraire de mqm šmš représente seulement 10,25 %
–, ne confirme cette hypothèse.

Que peut-on alors avancer comme hypothèses de travail pour alimenter la


réflexion ? mqm šmš est peut-être, à l’image de l’essence du souverain, un atelier
de nature confédérale, symbole de la réunion des tribus. Cette idée pourrait
expliquer : 1/ son nom allégorique qui peut se référer au royaume de Maurétanie
lui-même, situé à l’extrémité du couchant ; 2/ la combinaison des différents types
proprement africains au revers, qui synthétisent les choix iconographiques de
l’ensemble des ateliers maurétaniens (Alexandropoulos, 1988, 11-12 ; Callegarin
et El Harrif, 2000, 28) ; 3/ la volonté de Juba II, exprimée dans un souci de
rassemblement des tribus sur le mode traditionnel autant que de légitimation
personnelle, de marquer la continuité avec le roi maure Bocchus I 35 ; 4/ la très
ample distribution des émissions, localisées néanmoins presqu’exclusivement sur
le sol maurétanien 36 ; 5/ la possibilité qu’il n’existe pas qu’un seul atelier de
frappe, mais plusieurs, peut-être itinérants, si l’on tient compte du nombre
important de coins utilisés, ou qu’il s’agisse d’un type immobilisé repris par les
successeurs de Bocchus Ier, à la manière des Alexandres.
Il faut cependant reconnaître aujourd’hui que les arguments et contre-
arguments ne parviennent pas à démêler les écheveaux de ce qui constitue un
véritable mystère numismatique.

35
La quantité de monnaies émises par l’atelier de Shemesh au nom de Juba II est anecdotique et montre le
caractère strictement politique de cette série. Elle représente seulement 13 % de l’ensemble des séries
émises par l’atelier. Cette série «maure» de Juba II présente à la fois une continuité du pouvoir traditionnel,
avec le prolongement du monnayage bocchusien, mais également une rupture avec les rois maures
précédents (Bogud et Bocchus II) qui eux avaient choisi une typologie clairement gréco-romaine.
36
Nous ne connaissons que 8 exemplaires hors des frontières de la Maurétanie, tous découverts dans le sud
de la péninsule Ibérique (Callegarin, 2008, 308, tab. 4). Ce chiffre place mqm šmš en cinquième position en
ce qui concerne la projection de ses pièces hors du territoire maurétanien, après Tingi (37), Zilil et Lixus
(12) et Tamuda (9).

219
Fig. 7. Carte de dispersion des monnaies issues de l’atelier de mqm šmš.

III.2.2. Le cas RPC 870/871

A. Jodin s’interroge sur la possibilité de l’existence d’un atelier monétaire


à Volubilis. Sans être catégorique, il propose d’attribuer le type SNG 757 / RPC
871 à la cité volubilitaine (Jodin, 1987, 290). Il en avait retrouvé trois exemplaires
supplémentaires entre 1963 et 1976, dont un dans un niveau daté au plus tard du
début de la seconde moitié du Ier siècle a.C. (fig. 3), ce qui porte à cinq le nombre
de pièces. La description du type RPC 871, dont le poids moyen est de 4,34 g (26
exemplaires) pour un module moyen de 18 mm est comme suit : à l’avers, une tête
masculine à gauche entourée d’un grènetis ; au revers, la légende A.III.R.IIII.V. se
développe autour d’un astre à 4, 5 ou 6 rayons.
Dans sa publication de 1946, M. Grant avait rapproché cette série d’une
autre (SNG 755 / RPC 870), en insistant sur leurs similarités, tant stylistiques
qu’épigraphiques. La description du type RPC 870 – poids moyen de 9,60 g (11
exemplaires) ; module de 25 mm – est la suivante : à l’avers, VIR REC devant la
tête de Melqart-Hercule affublé de la massue à gauche ; au revers, IIII·VIR·AV
devant une tête féminine casquée à gauche, avec derrière, un sceptre. Un grènetis
se développe sur les deux côtés. Il est à noter que les légendes ne sont
vraisemblablement que partielles. D’après M. Grant, ces deux séries
appartiendraient à une même cité de Numidie (Thuburnica ou Thunusuda) – il
indique des parallèles avec les monnaies de Simitthu (?) et de Zama Regia (FITA,
185). L’inconvénient, comme le souligne fort justement M. Amandry (RPC, 213),
c’est que l’intégralité de ces séries monétaires a été retrouvée sur le sol de
Maurétanie occidentale. Cependant, M. Amandry reprend l’idée de la connexion

220
des deux séries, en faisant de l’une (RPC 871) un diviseur de l’autre (RPC 870)
(fig. 8).
J. Marion affirmait qu’«il convient de les attribuer à une cité de Tingitane,
peut-être de l’ouest du pays, puisqu’elles sont particulièrement nombreuses à
Banasa et à Thamusida». Il poursuit en écrivant qu’il «serait très tentant, mais
parfaitement chimérique de considérer VA comme le début du nom de VA(lentia
Banasa)» (Marion, 1972, 118-119). J. Alexandropoulos (Alex. 187) ne commente
pas ces deux séries - qu’il rapproche également -, il les inclut seulement dans son
catalogue en proposant, sous une forme interrogative, d’y voir des émissions
banasitaines (Alexandropoulos, 2000, 482). Considérant leur date de fabrication, J.
Marion les place à une «époque relativement basse, puisque, quoique étant les plus
‘maurétaniennes’ par le style barbare de l’effigie et le caractère primitif de la
technique, elles portent une légende non pas même bilingue, mais uniquement
latine» (Marion, 1972, 119). C’est cette même fourchette chronologique qui est
retenue, par défaut, par J. Alexandropoulos 37.

Fig. 8. Monnayage maurétanien indéterminé :


1. SNG 755 / RPC 870 ; 2. SNG 757 / RPC 871 (Coll. Cores 332).

Ce monnayage appelle plusieurs remarques :

1. Connues à travers 41 exemplaires – 11 RPC 870 / 30 RPC 871 –, les deux


séries montrent une dispersion assez limitée, concentrée essentiellement le long de
la vallée du Sebou et au pied du massif du Zerhoun, soit dans la zone où se
trouvent les agglomérations maurétaniennes sans atelier monétaire reconnu. Le site
de Volubilis en possède avec assurance 7 individus, mais ce chiffre pourrait monter
à 12, tandis que la cité de Banasa n’en comptabilise que 2, mais pourrait prétendre
à 7 (Marion, 1972, 118).
2. Les émissions gravent leurs légendes en écriture latine. Celle-ci est utilisée
dans les frappes maurétaniennes depuis les règnes de Bogud et de Bocchus II, soit
depuis le milieu du Ier siècle a.C. La datation proposée par J. Alexandropoulos est
dès lors acceptable.
3. On observe pour la série RPC 870 de fortes homotypies avec certaines
émissions de la cité de Sexi (CNH 107.25 et 26), datées de la fin du IIe siècle et du

37
Alexandropoulos, 2000, 482 : « deuxième moitié du Ier siècle av. J.-C. ? ».

221
début du Ier siècle a.C. L’effigie de Melqart-Hercule, la tête féminine casquée et
l’astre trouvent de nombreux échos dans les monnayages phénico-puniques de la
zone extrême-occidentale.
4. Les légendes des deux séries, problématiques, ont fait l’objet de multiples
interprétations 38. La plus aboutie s’interroge sur une possible mention d’une (ou de
plusieurs) magistrature(s) (FITA, 185). En effet, la mention IIIIVIR est à
rapprocher du quattuorvirat 39, ce qui renvoie à un municipium Augustum 40.
L’ordonnancement des séries latines de Tingi (RPC, 211) montrerait une évolution
logique des émissions, basée sur l’évolution des magistratures en lien notamment
avec les changements de statut civique : IIIIVIR (RPC 857, 859 et 860), puis
IIVIR et AED (RPC 861), et finalement la série avec le portrait d’Auguste (RPC
863 et 864). Si ce monnayage émanait de la colonie de vétérans de Banasa (Iulia
Valentia Banasa), on ne saisit pas bien d’une part la référence à un quattuorvirat,
plutôt qu’au duumvirat qui est la norme habituelle dans une colonie créée ex
nihilo 41, et d’autre part que la colonie banasitaine ne possède pas, à l’instar des
deux autres cités coloniales de Maurétanie occidentale, Iulia Babba Campestris et
Iulia Constantia Zilis (RPC 866 et 868), une série avec la mention d’Auguste. Il
ne nous reste alors que deux hypothèses : soit ces deux émissions ont vu le jour
avant la déduction coloniale de Banasa, intervenue entre 33 et 27 a.C., ce qui
revient à admettre que la cité maurétanienne était déjà auparavant, à l’instar de
Tingi 42, un municipium ; soit les séries ont été frappées avant 27 a.C., date après
laquelle il est impossible de trouver des quattuorviri dans une colonia Augusta,
mais date avant laquelle ce cas semble possible comme le montre M. Grant avec
les colonies de Thapsus et de Parium (FITA, 185, n. 9, et 225 et 248). Aucun
élément ne peut appuyer la première hypothèse ; la seconde implique seulement à
la fois une frappe précoce par la nouvelle colonie, avant 27 a.C., et un arrêt total à
cette même date des émissions. Les deux émissions auraient eu un simple but
commémoratif, sans lendemain.

38
Une hypothèse, que nous ne retenons pas ici dans notre démonstration, a été avancée au sujet des
éléments de la légende de la série RPC 871. L’idée avait été émise par R. Rebuffat que, du fait qu’il y a des
points séparateurs entre les différentes lettres et barres de la série RPC 871, l’écriture abrégée ne renverrait
pas à des magistratures précises, mais serait plutôt le résultat d’une imitation, non comprise, des signes
présents dans les monnayages de Juba II et de Ptolémée. Sur les émissions des rois maurétaniens, les
abréviations renvoient aux années de règne. Mais dans le cas du type RPC 871, qui reprend la totalité des
abréviations employées dans les monnaies royales, et plus précisément encore sur les frappes de Ptolémée
(Alexandropoulos, 2000, 429-435), il semblerait que les éléments soient agencés de façon aléatoire : les
lettres R A V alternent avec les barres exprimant III et IIII. Si l’on admet l’idée de cette non-maîtrise des
codes latins, il n’y aurait que la ville pérégrine de Volubilis, qui pourrait prétendre à cette émission. Cette
proposition ne tient pas compte de l’association des deux séries qui en font un seul et même monnayage ; la
série RPC 870 grave clairement IIII VIR, ce qui lève toute ambiguïté et invalide cette hypothèse.
39
Il s’agit ici plus probablement du quattuorvirat iure dicundo que du quattuorvirat ab aerario.
40
Notons que la mention du quattuorvirat ne l’est jamais dans les inscriptions sur pierre ou sur bronze au
Maroc, on ne la relève que dans l’épigraphie monétaire.
41
A. Degrassi affirme que toute colonie romaine créée ex novo n’a jamais eu un magistrat qui portait le titre
de quattuorvir i(ure) d(icundo) (Degrassi, 1991, 338).
42
La cité de Tingi a été élevée au statut de municipe romain en 38 a.C., alors qu’elle se trouvait dans le
royaume indépendant du roi Bocchus II, certes ami et allié du peuple romain (Dion Cassius, 48.45.3). Voir
Hamdoune, 1994, p. 83. Contra : Rhorfi, 2002, pour qui Tingi reçoit le titre de colonie honoraire en 38 a.C.

222
Quant à la possibilité que la cité pérégrine de Volubilis (Volubile oppidum de
Pline l’Ancien, 5.5, dont la source date de la période augustéenne), qui ne
deviendra municipium qu’à partir de Claude (IAM, 2, n° 369, 370 et 448 43 ;
Gascou, 1982, 148-150), soit le centre émetteur de ces séries, elle est mince car il
faudrait pour cela concilier des données contradictoires. Cependant, M. Grant
affirme qu’il existe des cités pérégrines qui maintiennent leurs institutions
traditionnelles tout en imitant certaines magistratures ou certains titres romains, et
d’évoquer le cas de la cité phénicienne fédérée (Cic., Ver, 2. 1.5.155.) de Lepcis
Magna (FITA, 340 et 346) qui, au travers de son épigraphie, atteste la présence
d’un flamen divi Iuli et d’un patronus dès 8 a.C. Néanmoins, le monnayage de
Lepcis Magna ne portera jamais la mention d’une magistrature municipale et
gravera jusqu’au règne de Tibère son toponyme en écriture néopunique
(Alexandropoulos, 2000, 440-442). En revanche, l’étude menée par M. Christol et
de J. Gascou montre que la «Volubilis prémunicipale avait en partie calqué ses
institutions sur celles des villes romaines» (Christol et Gascou, 1980, 330). En
effet, les auteurs développent une hypothèse, séduisante, qui fait de Volubilis une
cité pérégrine fédérée, avançant la fourchette chronologique dite de l’interrègne, à
savoir entre 33 et 25 a.C. comme période de concrétisation de ce possible foedus
passé avec Rome (Christol et Gascou, 1980, 339). L’émission des deux séries
commémorerait alors ce traité, en même temps qu’elle sanctionnerait la volonté de
romanisation des élites volubilitaines.
Ainsi les arguments avancés ci-dessus ne parviennent pas à résoudre
définitivement la question de l’attribution des séries RPC 870/871 et ne peuvent
empêcher l’excessif usage du conditionnel. Il est plus prudent d’attendre de
nouvelles données de terrain pour confirmer ou infirmer nos différentes
suppositions.

Il est encore aujourd’hui impossible de répondre avec certitude et de façon


argumentée à la question de l’existence d’un atelier monétaire à Volubilis. Nous
aurions aimé pouvoir réexaminer les 35 individus que J. Marion classe dans les
«néopuniques incertaines ou indéterminées». En effet, dans l’un de ses articles
daté de 1960, le numismate présente deux pièces (n° 33 et 34), non encore
attribuées à notre connaissance, qui mériteraient que l’on s’y attarde plus
longuement (Marion, 1960a, 104-105, pl. III). Il n’y a que par la combinaison des
découvertes archéologiques, de la révision des anciens exemplaires connus et de
l’apport des collections privées que nous parviendrons à résoudre cette énigme.

III.3. Volubilis ou la résolution de l’énigme Babbat

Au sujet de l’atelier frappant les monnaies à légende bbʽl, sur lesquelles


figurent au droit un aigle éployé et au revers un croissant avec un globule central,
nous avons aujourd’hui la certitude, au vu de la carte de dispersion des trouvailles

43
L’inscription de M. Valerius Severus (IAM, 2, n° 448), fils de Bostar, montre bien que ce Volubilitain
avait été édile et sufète dans la ville pérégrine avant d’être duumvir du nouveau municipe de droit romain.

223
monétaires, que celui-ci est localisé au sud de l’oued Sebou, en Maurétanie
occidentale (Boube, 1992, 257). L’hypothèse d’une attribution à la cité numide de
Bulla Regia, avancée par L. Müller, puis reprise par J. Mazard, est définitivement
enterrée 44. Récemment, J. Alexandropoulos proposait d’octroyer, en s’appuyant
sur des considérations d’ordre phonologique et archéologique, ce monnayage soit
à Babba, soit à Volubilis (Alexandropoulous, 2000, 338 et 342). Nous-mêmes
avions défendu cette seconde hypothèse (Callegarin et El Harrif, 2000, 31). R.
Rebuffat, quant à lui, propose d’attribuer ces monnaies à Bovalica ou Boballica
(Ravennate, III, 11, 163, 6) qui serait à rechercher sur la côte atlantique au sud de
Sala, si l’on en croit l’énumération qu’en fait le Guidonis geografica (84, 8). Quoi
qu’il en soit, la zone de concentration des 18 exemplaires trouvés en fouilles
décrivent un triangle dont les angles sont Sala, Banasa et Volubilis.
Une nouveauté permet aujourd’hui de rouvrir, et peut-être de clore, ce
dossier, à savoir le réexamen de la lecture de la légende grâce à des exemplaires
de bonne qualité, issus des collections privées (Callegarin et El Khayari, 2011 ; El
Khayari et al., 2012). La lettre finale, identifiée communément à un lamed, est en
réalité un taw, ce qui offre la légende suivant : BB‛T 45. Dans la transcription latine
du nom punique, la chute du taw final est très courante. C’est la lecture renouvelée
de la légende qui permet d’attribuer ces pièces à l’atelier préromain de Bab(b)a.
Babba sera par la suite l’une des trois colonies romaines déduites sur le territoire
maurétanien à l’époque augustéenne, pour laquelle nous connaissions déjà un
monnayage (Amandry, 1984; RPC 867-869) (fig. 9).
La nouveauté numismatique, révélée grâce à une fouille effectuée à
Volubilis en 2003, est que ce monnayage possède deux émissions distinctes :
l’une, la plus ancienne, présentant au droit une tête masculine barbue ; l’autre
l’aigle. Leurs caractéristiques métrologiques diffèrent également. Malgré cette
avancée numismatique, le site n’est toujours pas identifié. Plusieurs hypothèses
ont été formulées à ce sujet : R. Rebuffat propose d’identifier Babba avec le site
de Sidi Saïd, sur le R’Dom, entre les cités de Rirha et de Volubilis (Rebuffat,
1967) ; J. Boube évoque la région de Souk el-Arba (Boube, 1983-84) ; M.
Euzennat, suivant L. Chatelain, penche quant à lui pour une situation dans la haute
vallée du Loukkos (Euzennat, 1989, 95-109), alors que J.E.H. Spaul propose de
confondre Babba avec Thamusida (Spaul, 1994, 198).
En conclusion, nous pouvons dire que Bab(b)a (BB‛T) est une cité
préromaine qui émet des séries monétaires préaugustéennes au Ier siècle a.C.,
avant de frapper des bronzes en tant que colonie à partir de 33 a.C. Cette dernière
donnée événementielle amène à proposer un terminus ante quem pour les deux
séries à légende néopunique. Sur la base de la dispersion des séries monétaires,
Baba devrait être située dans le voisinage de Volubilis. Le site de Sidi Saïd sur
l’oued R’Dom, possède à l’heure actuelle les meilleurs atouts.

44
Les arguments avancés par L. Müller, l’un d’ordre épigraphique, et l’autre d’ordre stylistique (Müller,
1874, 58), avaient déjà été critiqués par le sémitologue J.M. Solá Solé (1958, 12).
45
Nous rendons ici hommage à J. Zobel de Zangroniz qui avait correctement lu la légende (1868). Voir la
vive critique qu’avait apportée L. Müller sur cette lecture (Müller, 1874, 173).

224
Fig. 9. Les séries monétaires de la cité de Babba
Séries à légende néopunique (A) : 1/ Inédit (Vol.03.7101) ; 2/ Mazard 516 ; séries à légende latine
(B) : 1/ RPC 868 : 2/ RPC 869 (Coll. Cores 319) ; 3/ RPC 867 (Coll. Cores 324).

Conclusion

De façon générale, Volubilis présente un faciès «classique» de circulation


monétaire préclaudienne, avec néanmoins une remarquable diversité des
monnayages. L’analyse stratigraphique ne permet pas de remonter au-delà du
milieu du Ier siècle a.C. pour attester la présence de l’instrument monétaire sur les
lieux. Mais l’étude numismatique ne peut se satisfaire de cette conclusion, qui est
très certainement provisoire. En effet, il serait plus juste de se baser sur la
chronologie des frappes numides et de l’émission de l’atelier de mqm šmš au nom
de Bocchus Ier pour dater cette introduction. En comparaison avec les sites
régionaux voisins, et en tenant compte des autres artefacts exhumés à Volubilis, la
datation pourrait être réévaluée et portée à la fin du IIe-début du Ier siècle a.C.
La possession par la cité de Volubilis d’un atelier de frappe n’a pas pu être
démontrée ; le dossier demeure encore en suspens. En revanche, il a été mis en
avant que Volubilis, comme l’agglomération de Rirha, bénéficie de la circulation
limitée des monnaies de la très proche Babbat.
Il est à espérer dans les prochaines années une exploration plus intensive
des niveaux maurétaniennes de la cité volubilitaine ainsi qu’un réexamen de
l’ensemble des monnaies disponibles pour affiner cette première approche.

225
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